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  • Cahiers du CercleProudhon : paraissant

    six fois par an

    Source gallica.bnf.fr / Bibliothque nationale de France

  • Cercle Proudhon. Cahiers du Cercle Proudhon : paraissant six fois par an. 1912-1914.

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  • JM

    Cahiers

    du

    1

    CercIeProudhon

    paraissant sixfois paran

    TttOIStMt ET OUATMM* CAHIKRS. MAt-Aot;T 1912

    SOMMAtR

    ptftt

    PROUDHox. Rousseau jug' par Proudhon t(J5nOM,W~CE GEORGES SOREL

    GEonoKS VALOIS. Soret et ) architecture sociale HtR)tM< nE MARANS. Grandef rectiticattotts sor6)iennes. inHEKRt LAnaANOE. L'oeuvre de Hnre) et tn Cercle

    Proudhon. Pr~dsiona et pf~vision'' i~'

    ALBftt VttCftT. La famiu* chez Proudhon et dansla dmocratie 134

    GMF.MS YAt.O'S. ~OTRE PRR~Rt! AtN~R. Paroles,murmurca et rumeurs dans la Presse et le Monde surle Cercle t'roudhon. M. LagardcUH. M. Maxime Lercy.M. Henn Da~'n.M. Georges Guy-Grand. M MarcSangutet. Nolre position.f'f)urt)U(ji)cCerdoProudho!! & t tonde. Sujets. nou pur~tsans. La terreur n'acttonnaire.Levertuismc.hicnn~nienta et avantages d'une libert provisoire. ~ostrtaut d'une anne i&O

    J~ANDAnvtLLE, MAutocE MAYREL. Ana!ys

  • Cahiers du Cercle Proudhon

    ROUSSEAU JUG l'Ali PROUDHUN

    Au moment o la dmocratie organisait dans tout le pays de* f

  • 106 ROUSSEAU JUH PAR PROUDHON

    l'intelligence, en qui l'ide se troublant, la passion ouaffectivit l'emporte sur la raison, et qui, malgr des

    qualits mincntes, viriles mme, font incliner la litt-rature et la socit vers leur dctia.

    Le bon sens public et t'cxprienco ont prononc dfi-nitivement sur Jean-Jacques caractre faible, memoUe et passionne, jugement faux, diatectiquo contra-

    dictoire, gnie paradoxal, puissant dans sa virtualit,mais fauss et affaibli par ce culte de t'idat qu'un ins-tinct secret lui faisait maudire.

    Son discours sur tes Lettres et les Arts ne contient

    qu'un quart de vrit, et ce quart de vrit, il l'a renduinutile par te paradoxe. Autant l'idalisme HUraire et

    artistique est favorable au progrs de la Justice et desmurs quand il a pour principe et pour but te droit,autant il lui est contraire quand it devient lui-mme pr-pondrant et qu'it est pris pour but vott tout ce qu'ily a de vrai dans la thcse de Rousseau. Mais ce n'est pasainsi qu'il a vu ta chose son discours est une dclama-tion que l'amour du beau style, qui commenait faire

    perdre de vue l'ide, put faire couronner par des acad-miciens de province, mais qui ne mrite pas un regardde la postcritc.

    Lo~t'

  • HOUSSKAU JUG PAR t'ROUDHON iQ7

    dire de pis contre sa thorie de la souverainet du peuple,emprunte aux protestants, que de raconter tes acte"do cette souverainet depuis soixante-dix ans? L:~Rvolution, la Rpubti(;ue et le Peuple n'eurent jamaisdo plus grand ennemi que Jean-Jacques.

    Son disme, sutlisant pour te fairecondamner par lescatholiques et les rforms, est une pauvret de tboto-gastro. que n'osrent fustiger, comme elle mritait del'tre, les chefs du mouvement philosophique, accusspar l'glise et par Rousseau lui-mme de matrialismeet d'immoralit justice est faite aujourd'hui et del'tat ~e nature et de la religion ~tt

  • i08 RQMSMD JUOt PAR PROUMtpN

    dfaite de l'giise et le triomphe de la Rvolution. !1reste form au progrs, dont ,tout parle autour de lui;il ne comprend, il n'aime seulement pas cette libertdont il parle sans cesse. Son idal est la sauvagerie,vers laquelle le retour tant impossible, il ne voit plus,pour le salut du peuple, qu'autorit, gouvernement,discipline lgale, despotisme populaire, intolranced'glise, comme un mal ncessaire.

    L'influence do Rousseau fut immense cependantpourquoi? 11 mit le feu aux poudres que depuis deuxsicles avaient amasses les lettrs franais. C'est quel-que chose d'avoir allum dans les mes un tel embra-sement en cela consistent la force et la virilit deRousseau; pour tout le reste, il est femme.

    P.-J. PROUBHOK*.

    t D. la jMhetdtMt la iMeo~Mt

  • HOMMAGE A GMHGES SOHEL

  • LM membres du Cercle ae sont rnnit.te 27 mai. au Caf de Flore,

    en un dtner intime', pour fter t'anniversaire de la fondationde leur

    Cercle et pour recevoir leur ami Albert Vincent (1).Ils avaientdcid

    de donner ce dtner le (aractre d'un hommage un de leurs

    mattreo, M. Geornee Sorel. La plupart des personnes quiont suivi

    les sance:) de travail du Cercle avaient tenu s'associer cette mani-

    festation et deux amis minent! des fondateurs avaient bien voulu y

    prendre part. t.c dtner tait prcoid part un des ptus anciens et des

    phto (tdtt'8 amo et dieciptes de M. Georges Sorel,Jean t)arv)Hc, l'un

    des fondateurs du Cercle. Au caf, CourRea Valois prit la parole

    au nom des fondateurs du Cercle, et lut une lettre par t~uette Hen

    de Marans. absent, 8e joignait a ses amia pour rendre hommagea

    l'auteur dea Hom)un Dctfottts.

  • SOREL ET L'ARCHITECTURE SOCIALE

    MSCO~ ~0/T.S KiAO~

    MKSS)t!URS.

    Nous avons eu l'honneur de vous dire, il y a quelquesmois, les raisons qui nous ont amens a fonder notreCercle et a le placer sous le patronage de Pierre-Joseph Proudhon. Henri Lagrange vous les rappelleratout l'heure, en y ajoutant les ides et tes sentiments

  • il2 SOREL M L'ARCHITECTURE SOCtA!~

    menant nos travaux, nous avons satu la mmoire du

    grand Proudhon. Aujourd'hui, nous vous invitons rendre hommage au matre dont le nom est si souvent

    prononc parmi nous vous entendez tous que jenomme le grand philosophe Georges Sorel.

    Messieurs, Sorel s'est dfendu de faire des disciples.H se peut qu'il ait raison. Il n'a pas construit un pys-tme de l'univers; il n'a mme pas construit de systmesocial; on ne pourrait morne point dire qu'il impose ceux qui le suivent des mthodes ni des doctrines. Sesadmirateurs sont disperss. Les uns sont catholiques;les autres sont hors de l'glise; d'autres, ils sont nom-

    breux, ont rejoint Maurras etl'Action Franaise. Mais son

    influence, pour n'tre pas dogmatique, n'en est pas moinsextrmement profonde et trs tendue. Et s'il ne setrouve pas de disciples, ceux qui lui sontattachs le regar-dent comme un vritable matre. Ce grand matre sans

    disciples est cout passionnment par une foule nom-breuse et ardente. Cela s'explique par ce fait que, s'iln'a pas donne & cette foule de directions prcises, il luiest apparu comme un prodigieux excitateur intellec-

    tuel, qui rvle chaque esprit qui l'entend ses propresdirections. Jecroisque c'est l un des principaux secretsde la grande influence, de la matrise de Sorel il aveill notre pense, il l'a surexcite, il lui a donn, jene dirai pas des directions, mais des moyens nouveauxdo comprendre le monde, de pntrer dans ses partiesles plus obscures, de relier les phnomnes qui parais-saient spars, de s'enrichir enfin, et do se dpasserachaque dcouverte. Ceux qui ont suivi Sorel ont connude fortes motions c'taient celles qui naissent dans le

    cortge de l'explorateur heureux. J'en appelle au tmoi-

    gnage des hommes de ma gnration qui, ayant passpar le froid dsert de la rue Saint-Guillaume ou par les

  • SOREL ET L'ARCHtTMTUM SOCIALE it3

    marcages de la rue de Tournon, au temps o la juiveDyck May y fondait te Collge libre des Sciencessociales, ont eu le bonheur do rencontrer ta MaMre doBoulogne et se sont attachs a son uvre. A chaquepas, avec lui, ils ont fait de nouvelles dcouvertes.Quelles lueurs projetait t'uvro de Sorel sur ce mondeobscur de l'conomie o d'absurdes calculateurs,dresss par M. Anatole Leroy-Beautieu connatre laprosprit des nations selon les rgles de t'arithm-tique, n'ont jamais pu nous montrer que de sombrestableaux chiSros. Et quelle vie Sorel y fit apparaitretQuels paysages 1 Quels spectacles puissants ordonnspar les plus fortes passions C'est dans ce monde, oles conomistes ne voient gure que de froides mca-niques sans relations avec l'me religieuso ou politiquedes cits, que Sorel nous invitait dcouvrir le plandes grands vnements historiques, l'explication docertains conflits religieux, le champ de bataille desguerres dont vit la dmocratie, le lieu o se joue lesort des civilisations. Ainsi conue, l'tude de l'co-nomie devient aussi anime, aussi passionnante que lestudes historiques et politiques, c'est--dire que l'tudedes faits sociaux o interviennent les passionshumaines. L'histoire conomique, au lieu d'tre domi-ne par les inventions, apparalt soumise aux mmeslois qui dominent la vie politique et o palpite te curde l'homme, nous disons au Cercle, non sans noussouvenir dea premiers enseignements reus chez Sorel,soumise aux lois du sang. D'un mot, elle rentre dansta vie, d'o les conomistes l'avaient exclue.

    Ceci suffirait pour vous expliquer l'extraordinairen tluence de Sorel, la sduction que son uvre exercesur tant d'intelligences. C'est une russite admirableque d'avoir rendu la vie une science qui l'avait per-

  • ii4 BOML ET t.ARCmTMHtM SOCUM

    due. Mais l'uvre de Sorel contient cent fois plus dericbesMa que je ne voua en rappelle, et qui devaientlui assurer le prestige qu'elle a acquis.

    Ren de Marans voua en dira piuaioura, qui sont capi-talaa. Je veut terminer en voua rappelant un desMpecta de l'uvre aorUenne auquel nous attachonsle plus grand prit, parce qu'il dtermine une de noaattitudes, parce qu'il noua aert & tablir une de noapositions 168 plus importantes. Je croia qu'une desgrande* penses de Sorel, en matire d'organisationsociale, est que les constructions socialea doivent natreet crotre d'oUes-mmoa et que rien n'eat plut dange-reut et plus fou que d'en dterminer la structure l'avttnce, ou que de toa faire n~tra rificiellement,selon tM fantaiaiea do l'eaprit. Rien n'est plus tradi-tionnel que cette pense; rien ne s'accorde mieux avec!a constitution de l'ancienne France. Et c'eat ainai queceux d'entre noua qui appartiennent l'Action fran-caiaa conoivent I'organiaation franaise noua la mo-narchie. Rappelez-vous t-desauN un dea principeaqu'nonait Maurraa Les liberts ne s'octroient paa;elles se prennent. Un mme principe m'a guid iorw"que j'ai fait mon enqute aur la monarchie et la clattseouvrire. Sorela donn une vertu extraordinaire acoprincipe et, par la critique qu'il a faite dea utopiste~des constructeurs imaginaires, it a vraiment dmolitoua cas architectes sociaux, quelque groupe qu'ihtappartinssent, qui noua ont, depuis cinquante ans etplus, prpar tant de plans de reconstruction socialecependant que l'on ruinait les fondations de l'antique,de la belle et solide maison o la faveur divine leurmnageait encore un pensoir. Nous sommes alls l'en,terrement de tout ce monde-l, la suite de Sorel. Etc'tait gai, car ce n'tait pas seulement les architactee

  • SOREL ET L'AROttTKCTHXE SOrtAt.E ))~,

    sociaux que nous conduisions au silence, c'tait aussi!curs complices, les philanthropes et [es hommes duUevo.r. je veux parler do ces so)enne)s farceurs qui ontentrepris d'opposer aux volonts ouvrires leurs bonssentiments, qui veulent moraliser tes ctasses hour-geoises et les classes ouvrires, en prchant a ceHcs-cila douceur et la patience, celles-l la bont et lagnrosit; qui repondent aux demandes d'augmenta-tion de salaires par de scandaleuses interprtations deparoles bibliques, et qui font des confrences, d.-s. dis-cours. des ligues dont quelques aigrefins emportent trguhrement ta caisse. C'tait enfin [es .-(.forma-teurs de cabinet et de salon qui ont fait de l'actionsociale un moyen de parvenir soit aune chaire, soit. aumariage riche, et dont toute faction s'estexprimce dansune littrature de prix acadmiques et dans des re.unionsmondaines o l'on invitait parfois des reprsentantede l'lite ouvrire entendez de sa~es ouvriers debons petits employs, doux et courtois envers les per-sonnes des classes suprieures, et qui taient pris leplus souvent parmi ce bas monde de pieds-plats quiveulent sortir de t'atetier ou du bureau par ta bas-sesse, l'hypocrisie, ou le mouchardage. Rveurs sociaux.Utopistes, Intellectuels de la Sociale. A.nis du peuple,Organisateurs do mcaniques sociales, Hirarques de laSorbonno, exploiteurs des pousses de sang et des rveshumains. voi)a tes monstres que Sorel a dtruits. C'estune uvre puissante. Songez que tout ce peupto delarves encombrait tes avenues de nos cites. Songez quela nation franaise accordait ces dbris d'humanit.il n'y a pas vingt ans, un prestige considerabte. Aujour~d'bu). c'est fini. Tout. le papier imprim o ont tlixes les divagations des a.rhitcctes .

  • ii6 SOtUt. Br L'ARCHtTKCTURtSOCtALZ

    des thses. Cela ne donnera plus de titres !a directiondea affaires humaines.

    Avec Sorel, les intellectuels oux-mmesaedmettantdea prtentions de leurs atns. Ils ne conoivent paade plus belle tache que de ruiner dSnitivemont leprestige que leurs prdcesseurs avaient indmentacquis auprs des hommes de mtier. Rntre ce mouve-ment loyal de l'intelligence qu'a dtermina Sorel et !emouvement du sang qui inspire le syndicalisme, leparti intellectuel agonise. La vie publique possde lesprincipes do son aasainissement. Les groupes de la, citpeuvent s'organiser selon leurs lois intrieures. Mes-sieurs, remercions Sorel de la part minente qu'il aprise dans cette uvre o le salut national est si pro-fondment servi. Rendons hommage Georges Sorel,pre spirituel des rpubHquea franaises~

  • GRANDES RECTIFICATIONS SORUENNES

    /7'7/~ /~A'A' /~A' .t/t.V.s

    t''teurincs. te 25 mai 19t2.

    Monctterami,

    Je ne puis, vous le K:ne/. me rendre Paris pourassister la runion d'apres-demain. Vous voudrez bienm'excuser auprs de nos amis et exprimer particutit'-re-ment M. Vincent mon vif regret, de ne point entendu~sa confrence et de ne pouvoir faire sa connaissance.

    J'espre vivement qu'une autre occasion se prsentera.Je m'en voudrais cependant de ne point tre pr-

    sent au milieu de vous, au moins par l'esprit et le

    cur, pour m'associer a l'hommage que le u CercleProudhon )' va rendre notre mattre Georges Sorel.

    Vous verrez, me disait, en 1903. un minentdmocrate-chrtien chez lequel je frquentais alors,aprs avoir lu l'article d'un des principaux collabora-teurs du AfoMueme~ ~octa~if~. vous verrez que ces

    gens-l finiront par rejoindre t'~tc~on Fratt~mf. Il

    Rejoindre n'tait pas le terme propre, mais la haine est

    perspicace et ce que mon interlocuteur redoutait, en le

    dsignant d'un terme incorrect, est maintenant un fait.Cet hommage rendu Georges Sorot au Caf de Flore

    o est ne t'~tcftOH Franaise, par un groupe qui s'appellc-le Cercle Proudhon et qui comprend a la fois desmembres de l'~ctio~ Franaue et d'anciens collabora-teurs du AfottuetMK< Socialiste, et non des moindres,est bien un grand vnement et qui intresse, au pre-mier titre, l'histoire de la pense contemporaine.

  • LKTTRE DE RKN M MARANS

    Je dota, pour ma part, m'en rjouir infiniment puisque,aprs Jacques Bainville qui, des juillet 1902, signaitles

  • LETTRE DE R)tN DE WARANS H 9

    des expriences tentes en Autriche, pardes hommes

    attachs comme leurs amis de France aux communes

    traditions de l'Occident.

    Pour dfinir ce qui y avait t soutenu d'essentiel

    dans l'ordre temporel, ou, du moins, ce que, pour ma

    part, j'y avais peru d'essentiel, jene saurais mieux

    faire, puisque nous sommes en un jouro il s'agit do

    clbrer des accords, que de me reporter aux belles pages

    d'Edouard Berth dans un rcent article de l'Indpen-

    (~fUtce sur la thorie des antagonismes dans Proudhon.

    H y pose le dualisme de lasocit et de t'Htat et indique

    l'utilit d'une limitation de l'tat par une forte

    organisation de la socit grceau dvetoppementdu

    syndicalisme par exemple. Jo cite de mmoire.

    Nous avions donc cette proccupation de distinguer

    la socit de l'tat, de limiter celui-ci par celle-l et il

    n'tait pas possible de voir d'autre moyen, pour y par-

    venir, qu'une nouvelle enlorescencede ces corps et

    communauts qui avaient fait de la socit de l'ancienne

    France quelque chose de si riche et de si divers.Nous

    sentions aussi plus ou moins nettement quele mouve-

    ment syndical tait ce qu'il y avaitde plus vivant dans

    la socit contemporaine, et que c'tait de lui surtout

    qu'il fallait attendre cette renaissancedes corps. Nous

    tablissions ainsi des rapports et nous situions l'un on

    face de l'autre ltat et le mouvement syndical, mais

    avions-nous une connat~a~e intime de ces choses sur

    lesquelles nous mettions des tiquetteset auxquelles

    nous assignions des places Nous rendions-nousbien

    compte, par consquent, de leursCtwdttto~ de t-ie, cela

    est une tout autre question.En ce qui concerne l'tat, Maurras

    a montr sa nature

    intime et fait comprendre que le problme politique

    gouverne et commande touales autres.

  • 120 LtnTM DK REN M MARANS

    Pour quelqu'un vivement proccup par les questionsque je viens de dire, la dcouverte de t'uvre de Horeldevait avoir, en ce qui concerne la comprhension dumouvement ouvrier et du syndicalisme, et l'attitude

    garder vis--vis d'eux, une importance de premierordre.

    Sorel faisait de l'exgse marxiste, et sans piti pour

    l'idologie des innombrables professeurs et glossateursqui avaient trouv dans l'tude du marxisme une car-

    rire, sans piti pour l'idologie de Marx lui-mme, Il

    s'attachait dans le marxisme ce que celui-ci avait

    d'abord prtendu tre, la simple interprtation du

    mouvement proltarien. Et lui, ce grand intellectuel, ce

    bourgeois, cet ingnieur des Ponts et Chausses, il

    savait so tenir cette simple interprtation, il savait

    ne point donner des enseignements, mais au contraireen prendre, regarder, noter et conclure. Sparant peu peu ltude du mouvement ouvrier de toute proccu-

    pation qui lui tait trangre, il nous montrait les

    conditions de vie et de dveloppement do ce mouve-

    ment il fallait qu'il ft libr des influences politi-cionnea et des idologies bourgeoises. Comment faire

    comprendre maintenant l'importance de ce petit chef-

    d'uvre qu'est l'Avenir socialiste d

  • LCITRE DE REN DE MARANS 121

    2

    et avant on pouvait le dsirer, mais on n'en tait rienmoins que certain. Pour que le syndicalisme pt rpondreaux esprances que l'on avait mises en lui, il tait lafois suffisantet ncessaire qu'il ft autonome, c'est--direqu'on fit en sorte qu'on le laisst tranquille et quesoi-mme on comment par donner l'exemple cetgard.

    H y a plus encore. Par cela mme quo Sorel abordaitl'tude du mouvement ouvrier avec des proccupationspurement scientifiques, et qu'il ta menait non en socio-logue, mais en moraliste, il substituait a cette vue dudehors que nous pouvions avoir une vue intrieure etintime, et derrire les mots, les cadres et les formules,il nous montrait les hommes en chair et on os avecleurs sentiments et leurs passions.

    Dire que les institutions font les hommes, cela taitbien, mais il fallait ne pas oublier non plus que, d'abord,ce sont des hommes qui font tes institutions, qu'ils ontbesoin pour cola do passions violentes et que celaentraine bien des consquences.

    Dsirer une renaissance des corps, cela tait bien, etreconnatre, comme on le faisait, que ces corps, pourtre vivants, devaient tre spontans, cela tait mieuxencore; mais il fattait aussi se rendre compte de toutce que cela comportait. Des corps sont une organisationdes diffrences, et ces diffrences, il faut d'abord qu'ellessoient marques et senties. Comment cela peut-il sefaire sans luttes et aussi sans violences f Los paroles doJehovah la femme au dbut de la Gense Tu cn/an-fera.s dans la douleur, sont vraies pour toutes choses.Rien ne naK sans douleur

  • 4oUtTTR)t DE RjtMt D)! MARANS

    ~~~oan.cett. connaissance intime du mouvement ouvrier,eue sa,ss, cela est possible. mais cela n'est pas Ib~~ment ncessaire. il suffit de savoir comment lebime se pose et les fautes que l'on doit viter.Vo,)a ce que je dois essentiellement Sorel; mais cen'est certes pas tout, et je tiens faire remarque tesbienfaisants e~etapour l'esprit que produitmme de ta pense .oriienne. et ses contradiction8par~ ne sont qu'apparente.. Ainsi le mme hommequi a f dur pour la rformisme, est P~ ~liqui aieptuB contribu faire comprendre i'uvre~e~tem; la mme homme qui a port sur le moder-n me des jugements plus svres qu'aucun thologienorthodoxe est, en mme temps, celui qui a port sur laphilosophie de l'assentiment de Newman les jugements~~r~r"& philosophie bergsonienne. que du dehors l'on liaittroitement au modernisme. Cet imprvu con~ dontje ne donne ici que des exemples assez grossiers~l'esprit ne point se contenter de vues extrieures etglobales, distinctions ncessaire" etproduit & certaine gards les mmes effets que produitl'usage d'une philosophie analytique.

    En6n je dois dire tout ce que la lecture de Sorel m'.donn de lumires sur certains aspects de la sciencejuridique il y aurait toute une tude faire sur laphilosophie du droit dans Sorel sur les rapports del'administration et de l'conomie, sur la nature de lacirculation et de la production. L'~r~c~ A ~o-

    moderne est cet gard d'une ~P'sableIl est un autre point de vue encore que je veux

    aignaler quoiqu'il ne ~ntre pas dans l'objet des tudesdu Cercle Proudhon et qu'il ne me concerne que fort peu

  • LETTRE M RtN DE MARANS 123

    personnellement, n'ayant jamais eu grand besoin quel'on me rend!t service cet gard.

    Si, malgr !og scories dont son uvre est pleine, si

    malgr t'exaspration lgitime qu'il suscita la fin desa vie par certaines de ses thses, le nom de nrunctiredoit rester, malgr tout, un grand nom et un nom

    respect, c'est parce qu'il a contribu rendre l'assu-rance la partie de !a nation qui, par position, est la

    ptus riche en rserves morales, parce qu'il l'a encouragea avoir confiance dans ces rserves et a en faire usage.Or, je dis que certaines parties do l'uvrc de Sorel

    peuvent rendre les mmes services et sans les mmes

    inconvnients, parce que. lui, il no pose pas au Pre de

    l'glise et conserve une simple attitude critique.J'ai sous les yeux ici un de ses plus anciens ouvrages

    que je connais depuis quelques jours peine; c'estl'Introduction

  • 124 t.TTKi[ M httN t'E MAhAKS

    Proudhon que l'on voua doit vous et nos communsamis Jean Darville et Henri Lagrange, continue nousfaire profiter de toutes les richesses qu'eue contient.

    Je songe en terminant l'endroit d'o je vous cris.Si chaque parcelle de ta terre franaise est sainte, cetteterre du Valois est sacre entre toutes puisqu'elle estle berceau de la monarchie captienne. Je suis ici deux petites lieues de Senlis o les comtes et tesvques proclamrent Hugues Capet et fondrent la plusgrande dynastie qui fut jamais, au pied du prieur deSaint-Christuphe. (onde par ta reine Anne do Russiequi apporta en France le nom de Philippe. J'ai enviede boire de loin avec vous la sant de Sorel qui, ondblayant t'imcHigencc franaise, aura contribu indi-rectement a ce que nous ayons encore des rois qui por-tent le nom de Philippe.

    A vous bien cordialement.

    RBN [t)t MARAMS.

  • L'UVRE DE SOREL ET LE CERCLE PROUDHON

    pRtcMtoxs rr fRvtsioNs

    DISCOURS D'T/FAW LAGRANGE

    Messieurs, mes chers amis,

    Les fondateurs du Cercle Proudhon ne peuventclbrer le premier anniversaire de leur entente et dumouvement qu'elle a engendr sans une profonde mo-tion.

    Noua ne pouvions imaginer, il y a un an, quand nousnous runissions pour la premire fois chez l'un de nous,qu'un succs aussi rapide viendrait sanctionner notreentreprise, et qu' nous rjouir des destins heureux quiont favoris la naissance et le dveloppement de notreCercle, dans un laps de temps aussi bref, nous serionaaussi nombreux. Mais cette closion fortune, mais cesrsultats ai prompts et qui passent les esprances lesplus optimistes, ce qui les a permis et ce qui les adtermins, ce n'est pas seulement des concours fidleset des amitis constantes que nous ne saurions oublier,c'est, avant tout, l'afli~eante maladresse des hainesacharnes, qui, ds l'origine, ont poursuivi notre mou-vement et ses promoteurs.

    L'indignation de M. Bougl, les protestations deM. Horriot.Ies brusques sursauts du Tempt, les intriguesnoues dans les couloirs de la Sorbonno et qui inspirrentles notes publies sur Proudhon et sur le Cercle Prou-dhon par les journaux doctrinaires de la Dmocratie, lealamentations du pauvre Maxime Leroy, dans la GrandeR

  • 126 DtacoURS D'MNRt LA8RANCE

    toire antidmocratique, et !os pronostics tes plus rassu-rants pour notre avenir.

    Les causes de cette leve de boucliers contre le Cercle

    Proudhon, les motifs de cette terreur empresse et deces dclarations de guerre, c'est que les agents de taDmocratie et les serviteurs de ta Ploutocratie interna-tionate ont vu, dans la constitution mme de notre

    Cercle, une dfaite et une injure personnelles. D'honntes

    dreyfusiens comme M. Guy-Grand ont ressenti une

    co!ro gaie a colle do professeurs brouillons, commeM. Bougie. Les dupes et tes complices furent pareille-ment tonnes, et semblablemont irrits.

    C'est que tes projeta nourris, ta tactique observe, la

    ligne do conduite suivie, depuis dix ans, par !os fondsde pouvoir de la Ploutocratie internationale taient,

    par ta fondation du Cercle Proudhon, percs jour etanantis. Empcher ou,. tout au moins, retarder l'invi-table jonction des nationalistes et des syndicalistesclairvoyants, c'est, en politique, ta pense dominanteot la principalo occupation des puissances financires,matresses de nos destines nationales. Professeurs deta Sorbonne, parlementaires unifis, et syndicalistesministriels, mtes de Motivier, frcrcssiamoisde Jaurs.et disciples de Uasch, furent mobiliss cet onct. Leurs

    ellorts coaliss ot leurs manuvres convergentes leur

    permirent d'obtenir des victoires passagres etdes demi-

    succs. Aux guichets des grandes banques, its purent

    prsenter, comme vateur d'change, tes bannires syn-dicales souilles des noms de Dreyfus et de Ferrer.

    Malgr l'industrie des intellectuels, des traitres et

    des politiciens, malgr la vigilance intresse et la

    svre surveittance exerce par tous tes fonctionnairesot par tous les mercenaires do la Ploutocratie interna-

    tionate, des citoyens franais, nationalistes et syndi-

  • OtSOOCta C'MKM LA6RANOa i27

    c&liatet, franchirent les rrages policiers, et, se rejoi-gnant, connurent qu'ils aient de mme chair et demme langue, et pareill ment ennemis des utopiesdmocratiques et de la tyrannie capitaliste. De cetterencontre naquit le Cercle Proudhon.

    Il tait ncessaire de rappeler aujourd'hui les effortstents en vue de rendre impossible l'alliance des natio-nalistes et des syndicaliste!) considrer les obstaclesrenversa, nous acqurons une plus grande consciencedea services rendre et de l'oeuvre raliser. Qu'il mesoit permis de constater que les craintes dos utilisateurs

    professionnels dos mouvements syndicalistes n'taient

    pas dnues de fondement ds cette anne, il nous at donn de djouer les calcula do la Ploutocratieinternationale. Des policiers mls aux patriotes quisuivent les retraites militaires ayant insult les mili-tants syndicalistes prsents a la Bourse du Travail, leCercle Proudhon dnona, dans une dclaration rendue

    publique, la manuvre tente. Nous emes la satisfac-tion de constater l'avortement de l'intrigue amorcele silence le plus abaolu succda aux rumeurs guer-rires, et lea bagarres qu'on souhaitait et qu'on pr-parait, lee barricades qu~on commenait d'lever entrenationalistes et. syndicalistes furent juges inoppor-tunes, et leur usage remis une date plus favorable.

    H est donc tabli que les agents de la Ploutocratieinternationale, chargs de recruter des dfenseurs au

    rgime, ou d'enrler les ouvriers franais dans lesbandea ferreriatea et dreyfusionnos, rencontreront, auxabords des chantiers, des usines et des magasins, lesmembrea du Cercle Proudhon. Aux abords des rsidencoanationalistes, o ils s'efforcent de transformer des

    patriotes ardents en amateurs de dfense sociale, admi-rateuro de tel ou tel homme d'Etat rpublicain, Mille-

  • i28 DISCOURS n'ttKNRt LAGRANGE

    rand ou Briand, esclave de la Haute Finance, les agentsdo la Ploutocratie internationa!o rencontreront de

    mme les membres du Corcle Proudhon. Une do nos

    fonctions essontielles consiste, en effet, & voiUor soi-

    gneusement a ce que !a Ploutocratie internationale

    ne puisse se soustraireaux mouvements qui la menacent

    on France, on tes dtourna.nt de teur action naturolle.

    et en tes oppusant les uns aux autres, Impatients du

    rgno do t'Or, nous saurons ompcchor qu'il trouve sa

    sauvegarde dans la guerre civile.

    U est un homme, n qui nous devons faire hommagedo ces premiers resu!tats, et que nous devons assurer

    de notre immense gratitude. H eut t, ce me semble,indcent do !o faire, il y a un an, alors que nous repr-sentions seulement des dsirs ardents, et un petitnombre de vobnts rsolues. Mais. aujourd'hui, il serait

    ingrat et profondment injuste, de notre part, de nous

    fliciter de notre alliance et de ses consquences sans

    en reporter l'honneur sur t'uvre qui l'a rendue pos-sible et qui l'a faite t'couvro de Georges Sorel.

    H serait puril de parler ici de fatalit, et de dire

    que la Force des choses conduisait les nationalistes et

    les syndicalistes a un accord. Cette fatalit, cet accord

    logique, encore faitait-H qu'une intelligence suprieure

    pt les dcouvrir inscrits dans l'ordre et dans la nature

    dos deux mouvements.Le bruit puhlic, soutenu d'une lgende dmocratique,

    et qui laisse encore des racines vivaccs dans tes esprits.affirmait que nationalisme et syndicalisme taient deux

    termes contradictoires. Nous savons, aujourd'hui,

    quelles puissantes alunites existent entre ces doux

  • DISCOURS D'HtNR) LAURAN6E i29

    grands courants de i'nergie nationale l'un et l'autre,antitibraux et antidmocratiques, issus de fortes ra-

    lits, ennemis acharns du rgime capitaliste.Mais cette connaissance des caractres communs aux

    deux mouvements, c'est M. Georges Sorel que nousla devons. C'est lui, aussi, qui a rvl aux nationalistes

    que la raison profonde de l'antipatriotismo syndicalrsidait dans la forme capitaliste et antinationale del'tat. Quelqu'autre jour, l'occasion nous sera fournie deremercier les socialistes antidmocrates, comme EdouardBerth, les nationalistes intgraux comme Georges Va-lois, de la part qu'ils ont prise au rapprochement des

    syndicalistes et des admirateurs de l'Knqucte sur laMonarchie.

    Aujourd'hui, c'est M. Georges Sorel que vont tousles tmoignages de notre admiration et de notre recon-naissance. En tudiant, en analysant, en pntrantaussi profondment la vie syndicale, il a permis des

    Franais qui se croyaient ennemis jurs de s'unir pourtravailler de concert l'organisation du pays franais.J'aurais voulu dire de vive voix au grand philosopheet au grand historien des Rflexions sur la Violence etde la ~uch~ton drer/Mjtennc, toute notre atfectionintellectuelle.

    L'oeuvre de Georges Sorel marque une date impor-tante dans l'histoire des ides et dans l'histoire deFrance elle dcouvre soudain aux Franais quirecherchent l'ordre un magnifique terrain d'ententenationale. Sans Georges Sorel, le Cercle Proudhon ne

    pourrait exister il y sera donc toujours honor etadmir comme un matre.

    Ce n'est pas notre ngation des vertus dmocratiques

  • 130 &MCOOM B'MNR! LAORAKQ

    et notre alliance contre l'ordre impose & toutes lesfractions de la socit franaise par la Ploutocratie

    internationale, qui a trouble, inquit, et surpris au

    plus haut degr les derniers dmocrates: c'est la vo-

    lont, affirme dans la Dclaration des fondateurs du

    Cercle Proudhon, de faire uvre constructive et orga-nisatrice.

    Je suis bien sr que M. Antonolli et ses amis de

    la Dmocratie sociale, que le rgne des Poincar et des

    Doschand ne satisfait pas et qui rvent de doter la

    Rpublique d'un parti nouveau et la France d'une

    dmocratie organique, syndicale et fdrale, ont observ

    d'un it attentif les premires dmarches de notre Cercle.

    Mais, tandis que ces messieurs, qui veulent l'impossible,rclament de leurs lecteurs un acte de foi nous

    noua efforons de prouver que notre union peut tre

    fconde. Il importe pou que nous ne soyons pas d'accord

    sur le problme de l'tat ce n'est pas une conceptioncommune do t'Rtat qui a servi nous assembler, mais,en aucune manire, elle ne contribue nous divirer.

    Chacun de nous, dans ses travaux, envisagera l'orga-nisation de l'tat, quand il le jugera ncessaire. Cette

    grande question, que nous examinerons tous sous un

    angle antidmocratique, sera agite entre nous elle

    fera l'objet de recherches et de discussions collectives.

    Mais elle n'occupe et n'occupera jamais dans la vie de

    notre Cercle qu'une ptace de second ordre.

    Ce que nous voulons, c'ost rechercher dans queUesconditions. solon quels principes, et par quels moyensil sera possible de substituer a la fodalit financire

    un ordre social franats.

  • OttCOURS D'HXNRt LAGRANGt i3i

    Nous sommes tous d'accord sur ces points1 A la faveur des institutions dmocratiques, ta

    Ploutocratie internationale fait subir aux provinces,aux classes, aux familles franaises, dans leur vie poli-tique et conomique, religieuse, intolloctuelle et morale,un rgime qui contrarie on elles Je sons mme de la viec'est le rgime de l'or.

    2" Pour le salut de !a vie franaise, il est absolumentncessaire de crer, dans tous les ordres franais, desinstitutions qui conservent et protgent la force qui estaux sources mmes du l'existence le sang.

    3 Le Cercle Proudhon comprend des reprsentantsde la noblesse, de la bourgeoisie et des classes ouvriresfranaises. Ses membres se proposent de rechercherquels organismes permettront aux rpubliques qui ten-dent se substituer aux divisions administratives ta-bhes par la Ploutocratie internationale de remplir, dansles meilleures conditions, l'oflice national qui leur estassign par l'intrt suprme du sang franais.

    4 Ces recherches ne seront pas encctuces dans uneintention de paix sociale. Les membres du Cercle Prou-dhon n'ont pas davantage le dsir de s'riger en doc-teurs orientant les citoyens franais, cherchant s'or-ganiser, vers une solution quelconque. Nos particula-rismes multiples n'auront pas a souffrir de notre travailcommun. Au contraire, la diversit de nos origines etde nos caractres nous autorise nous faire connatreles uns aux autres quels services nationaux les classespeuvent se rendre mutuellement. En maintenant lesclasses distinctes, notre volont est, au nom de nosintrts de famille, de province et de classe, d'affirmerl'existence et de provoquer les manifestations do la soli-darit nationale franaise en face dit rgime capitaliste.qui nous est impos par la Ploutocratie internationale.

  • i32 MSCOORS B'HtNRt LAGRANGE

    Si je n'ai pas exprim d'une manire trop inexacte

    les ides qui se sont dgages de nos entrevues ot de

    nos conversations, si j'ai bien saisi les termes prcisde notre entente en vue d'une action nationale, ce quevous voulez, Messieurs, ce que nous voulons, c'est

    chercher la vertu nationale des institutions que la

    socit franaise produit spontanment, dans ses reac-

    tions contre le rgime capitaliste. Filles du Sang, les

    amitis et les protections nationales peuvent seules t!'op-poser avec efficacit la conqute et l'invasion des

    puissances de l'Or. Un exemple, une uvre dj illus-

    trent notre pense. Georges Valois, ne connaissant paales sentiments qui animent les classes nobles, et t

    incapable d'examiner les titres et les devoirs de la

    Noblesse il a su, dana une confrence~ magnifique,dGnir son office national. Mais ceux de nos amis qui

    appartiennent la Noblesse sont seuls qualifis pourdterminer leurs parents et leurs amis a mettre en pra-

    tique les vues et les conceptions exposes par Valois.

    Ainsi, refusant de conseiller aux classes, aux com-

    munes, aux groupements complexes qui constituent la

    socit franaise, une forme donne d'organisation,nous nous rservons chacun ce soin et ce droit pourles jours o nous dlibrons avec nos concitoyens et

    avec nos camarades des disciplines que nous voulons

    assurer a notre travail et & notre cit. Mais nous savons

    que la force et l'nergie susceptibles de dtruire le

    rgime infme de t'or, ne peuvent surgir que d'une

    circulation rgulire du sang franais. Noua ne pouvonsdtruire le rgime capitaliste qu'on dressant contre

    lui les protections d'une conomie franaise. L'uvro

    qui appelle nos soins, c'est, Messieurs, l'instauration do

    ce rgime nouveau, et de cet ordre social franais, quenotre illustre patron, Pierre-Joseph Proudhon, & espr

  • M8COURS U'HttNRt LAGRAKGE i33toute sa vie, et dont Charles Maurras, dans sa brochuremerveilleuse, ?Y-oM t~M politiques, constate qu'onl'espre vainement depuis un sicle. Toutes les ctassesde la socit franaise sont ici reprsentes quand nostravaux auront abouti, comme j'en ai la ferme esp-rance, chacun de nous ira porter au sein des groupe-ments dont il est membre la conscience des fonctionsnationales que ces groupements doivent assumer. Ainsi,la Ploutocratie internationale se verra prive de sescolonies franaises au lieu de ses fiefs et de ses dis-tricts, nous verrons s'lever sur le sol franais defranches et joyeuses rpubliques, dont noua rendronsl'indpendance durable, en les maintenant dans unealliance fconde, car notre volont, c'est en leur rappe-lant qu'elles ont un office national remplir, de graversur leurs oriflammes innombrables le nom de la Franceimmortelle.

  • LA FAMILLE CHEZ PROUDHON

    ET DANS LA DMOCRATIE

    En me demandant de vous parler de la famille, vousvous tes adress au pre do famille, au militant syndi-caliste, l'instituteur rural que je suis. Dans ces con-

    ditions, j'ai bien volontiers rpondu votre appel. Vousaurez ta bont de ngliger la forme do ma causerie pourne retenir que le fond des rflexions qui suivent.

    1

    Le sort de la famille n'intresse pas forcment

    l'homme d'Etat. Que les divorces augmentent, quel'union libre soit en progrs, que les naissances dimi-

    nuent, il n'y a pas toujours ta de quoi troubler sa sr-

    nit L'ordre maintenu dans la rue crit t'rou-

    dhon la force restant la loi, t'homme d'tat pourraitse reposer sur son uvre, et t'en n'aurait plus qu'rpter le proverbe le monde va tout seul. H

    Mais comment ce sort ne passionnerait-il pas te syn-

    diqu srieux qui sent vivement que le systme capita-liste ne peut pas durer plus longtemps? Le syndiquvoit que nous allons des transformations profondesdont il faut prendre son parti. 11 en est parfois comme

    effray. L'ide lui vient alors de revenir en arrire,d'abandonner son syndicat et de vivre gostement.

    Impossible 1 Il devine que son mouvement de recul

    n'arrterait rien et que le torrent ouvrier poursuivraits~ course irrsistible.

    Cependant, en continuant rnchir, il se tranquillise. Nous pouvons sans crainte marcher de l'avant dit-il

    si noua continuons pratiquer nos vertus tradition-

  • LA FAMtLm CHKZ PROODHON IT DANS LA DMOCRATE 135

    nelles et si, en particulier, la famille reste debout, plusque jamais respecte et honore. En elle, nous trouve-rons la possibilit et la garantie des progrs sociaux lesplus hardis.

    Telles sont les penses qui se droulent naturelle-ment dans l'esprit du syndiqu qui rflchit.

    Tout irait donc pour le mieux la lutte pour le droitpourrait se drouler sans dmagogie comme sans fai-blesse si, ce moment, le syndiqu ne rencontrait sesdeux pires ennemis qui se donnent l'un et l'autre pourses dvous sauveurs j'ai nomm le socialiste politicienet l'anarchiste.

    Pourquoi le syndiqu suspecterait-il le politiciensocialiste et l'anarchiste t n'a rien contre eux. Ils ontgagn sa confiance en prononant d'abord un certainnombre de paroles anticapitalistes qu'il sait justes. Biendispos, il coute avec intrt la suite des discoursqu'on lui tient. H apprend ainsi que la morale esttout simplement un ensemble de prjugs hypocritescontre lesquels il est bien de se rvolter; que la famillea volu et voluera encore; qu'avoir des enfants c'estfaire le jeu des capitalistes M: que les liens du mariagesont de pesantes chaines que l'tre vraiment libre,vraiment fort ne doit pas craindre do rompre. etc., etc.

    Cet enseignement qui russit n'a, remarquez-le, riende proltarien. Dirai-je qu'il est bourgeois? Non. Ceslignes de Proudhon ont plus de vrit aujourd'hui qu'ily a un demi-sicle H n'y a plus de bourgeoisie, il n'ya mme pas de quoi en former une. La bourgeoisie, aufond, tait une cration fodale, ni plus ni moins quele clerg et la noblesse. Elle n'avait de signification etne pourrait en retrouver une que par la prsence desdeux premiers ordres, les nobles et les clercs u.

    Trs prcisment, cet enseignement est donn par

  • 136 LA FAMILLE CHM PROUDHON ff DANS LA DMOCRATtK

    des oisifs, par des rats dont les dboirea ont exasprles passions dmagogiques. On parferait mal en les trai-tant de r~t?o~. il y a dans la rvottc un saint amourde la Justice. Ces dclasss sont dos Mt~-o~cn~ quitrouvent la socit mal faite parce qu'ils ne s'y trou-vent pas bien et parce que la place qu'ils y occupentn'est pas assez belle. Ils sont les frres envieux losfrres tout de mcme des parvenus de la dmocratie(agioteurs de la Bourse, crivains arrivs o et poli ti-ciens considrables) qu'ils attaquent avec tant de ragehaineuse et jalouse.

    Non, ces gens n'ont rien de commun avec le peuple)Il rosteccpondant que leur propagande donne des rosut-tata. Elle touche surtout les jeunes et~ c'est par lqu'clio est trs dangereuse.

    Il faut donc !acombattre. Maiscomment? Croyez-moila lutte est extrmement difficile a conduire, car lemonde ouvrier, inconsciemment mais compltementasservi aux dogmes dmocratiques, a vite fait de voustraiter on suspect et d'invoquer t'autorit des intellec-tuets socialistes et libertaires.

    C'est alors que l'on est heureux de rencontrer Prou-dhon. de faire appel a son bras puissant et d'opposersa noble pense aux basses tucubrations des dmo-crates avancs Impossible, en enot, de traiterProudhon de bourgeois faisant le jeu des capitalistes o.D'autre part, on ne peut songer a l'affronter ce seraitla rencontre du Pygme et du Titan.

    Proudhon gne nos dmocrates. Aussi le taisent-ilsde leur mieux c'est leur faon eux de montrer qu'ilspensent librement.

    Fait significatif entre tous dans son discours de

    Besanon, M. Viviani n'a pas dit un mot des ides deProudhon sur l'amour. le mariage et la famille; ides

  • LA FAMILLE CHEZ PROUDHON ET DANS LA DMOCRATIE 137

    3.

    qui tiennent pourtant une grande place dans la penseproudhonienne. Et~it-ce pudeur? Ktait-ce

  • ~38 LA t'AM)U.)[ CHKZ PROUDHON NT UANS LA DMOCRATE

    rciproque absolu, la puissance et la grce, te vaillanttravailleur et l'active mnagre.

    La famille est le deuxime degr de juridiction Parla progniture, le couple androgyne perptue la justice,en assure l'amplification, le dvetoppemont et nousamne au seuil de la cit.

    Soulev par son sujet, Proudhon trouve sans peine delyriques accents; leur enthousiasme vient rehausserl'exactitude et la finesse des observations psycliologi-ques de notre auteur

    < Par la gnration, l'ide du droit prend un premieraccroissement d'abord dans le cur du pre. La pater-nit est le moment dcisif de la vie morale. C'est alorsque l'homme s'assure dans sa dignit, conoit ta Justicecomme son vrai bien, comme sa gloire, le monument deson existence, l'hritage le plus prcieux qu'il puisselaisser ses enfants. Son nom, un nom sans tache, faire passer comme un titre de noblesse & la postrit,telle est dsormais la pense qui remplit l'me du prede famille.

    Quelle noblesse, quelle beaut, quel accent cornliendans ces quelques lignes si pleines et si profondmenttraditionnelles Comme elles dominent et de quellehauteurl les rampants conseils de nos gnrateursconscients )

    Aujourd'hui, dans notre dmocratie, on ne dsire pasl'enfant on redoute sa venue, on la retarde et ont'empoche par une srie de pratiques sur lesquelles jen'ai pas besoin de m'tendre. M. Vautour et ses loca-taires veulent voie

    la maison sans enfants a.

    Observez un peu nos modernes moroses et dbilesjouisseurs, ils ont une haine presque maladive pour les

  • LA FAMILLE CHRZ PROUDHON ET DANS LA DMOCRATE 139

    petits. Au restaurant, en wagon, il faut voir les airscrisps que prennent les voisins d'une famille normale.Les rires de t'enfant, ses cris, ses caprices, ses pleurs.sa turbulence naturelle horripilont nos contemporainsen troublant leur repos et leur bate digestion.

    Vous le savez tous aussi bien que moi il n'en taitpas ainsi autrefois. On se rjouissait, on se glorifiaitd'avoir une famille nombreuse. Grands-parents etparents accueillaient le nouveau-n aveca!)gresse. Surcc point encore, Proudhon est un homme de l'ancienneFrance. H s'crie

    L'enfant est donne. P

  • 140 LA fAMtLLE CHBt PKOODHON N UANS LA !tMOCRATi