j. r. r. tolkien

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J. R. R. Tolkien Vous lisez un « bon article ». « Tolkien » redirige ici. Pour les autres significations, voir Tolkien (homonymie). J. R. R. Tolkien Tolkien en uniforme de l’armée britannique durant la Première Guerre mondiale (1916). Œuvres principales Le Hobbit (1937) Du conte de fées (1947) Le Seigneur des anneaux (1954–1955) Le Silmarillion (1977, posthume) Les Enfants de Húrin (2007, posthume) Compléments Membre des Inklings John Ronald Reuel Tolkien ([dʒɒn ˈɹʷɒnld ˈɹʷuːəl ˈtʰɒl- kiːn] [N 1] ), plus connu sous la forme J. R. R. Tolkien, est un écrivain, poète, philologue et professeur d’université anglais, né le 3 janvier 1892 à Bloemfontein et mort le 2 septembre 1973 à Bournemouth. Il est principalement connu pour ses romans Le Hobbit et Le Seigneur des an- neaux. Après des études à Birmingham et à Oxford et l’expé- rience traumatisante de la Première Guerre mondiale, John Ronald Reuel Tolkien devient professeur assistant (reader) de langue anglaise à l’université de Leeds en 1920, puis professeur de vieil anglais à l’université d’Ox- ford en 1925 et professeur de langue et de littérature an- glaises en 1945, toujours à Oxford. Il prend sa retraite en 1959. Durant sa carrière universitaire, il défend l’appren- tissage des langues, surtout germaniques, et bouleverse l’étude du poème anglo-saxon Beowulf avec sa conférence Beowulf : Les Monstres et les Critiques (1936). Son essai Du conte de fées (1939) est également considéré comme un texte crucial dans l’étude de ce genre littéraire. Tolkien commence à écrire pour son plaisir dans les années 1910, élaborant toute une mythologie autour de langues qu’il invente. L’univers ainsi créé, la Terre du Milieu, prend forme au fil des réécritures et composi- tions. Son ami C. S. Lewis l’encourage dans cette voie, de même que les autres membres de leur cercle littéraire informel, les Inklings. En 1937, la publication du Hobbit fait de Tolkien un auteur pour enfants estimé. Sa suite longtemps attendue, Le Seigneur des anneaux, est d’une tonalité plus sombre. Elle paraît en 1954-1955 et devient un véritable phénomène de société dans les années 1960, notamment sur les campus américains. Tolkien travaille sur sa mythologie jusqu’à sa mort, mais ne parvient pas à donner une forme achevée au Silmarillion. Ce recueil de légendes des premiers âges de la Terre du Milieu est fina- lement mis en forme et publié à titre posthume en 1977 par son fils et exécuteur littéraire Christopher, en colla- boration avec Guy Gavriel Kay. Depuis, Christopher Tol- kien publie régulièrement des textes inédits de son père. De nombreux auteurs ont publié des romans de fantasy avant Tolkien, mais le succès majeur remporté par Le Sei- gneur des anneaux au moment de sa publication en poche aux États-Unis est à l’origine d’une renaissance popu- laire du genre. Tolkien est ainsi considéré, pour certains, comme le « père » de la fantasy moderne. Son œuvre a eu une influence majeure sur les auteurs ultérieurs de ce genre, en particulier par la rigueur avec laquelle il a construit son monde secondaire. 1 Biographie 1.1 Origines familiales Article détaillé : Famille Tolkien. La plupart des aïeux de J. R. R. Tolkien du côté de son père sont des artisans. La famille Tolkien, originaire de Saxe, est établie en Angleterre depuis le XVIII e siècle, et les Tolkien y sont devenus « profondément anglais [1] ». Leur patronyme est une forme anglicisée de « Tollkiehn », un nom dérivé de l’allemand « tollkühn » signifiant « té- méraire ». Les ancêtres maternels de Tolkien, les Suffield, sont une famille originaire d’Evesham, dans le Worcestershire. À la fin du XIX e siècle, ils vivent principalement à Birmingham, où les grands-parents maternels de Tolkien, John et Emily Jane Suffield, possèdent une mercerie dans un bâtiment appelé « Lamb House », située dans le centre-ville [2] . 1

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Page 1: J. R. R. Tolkien

J. R. R. Tolkien

Vous lisez un « bon article ».« Tolkien » redirige ici. Pour les autres significations,

voir Tolkien (homonymie).J. R. R. Tolkien

Tolkien en uniforme de l’armée britannique durant laPremière Guerre mondiale (1916).Œuvres principales

• Le Hobbit (1937)

• Du conte de fées (1947)

• Le Seigneur des anneaux (1954–1955)

• Le Silmarillion (1977, posthume)

• Les Enfants de Húrin (2007, posthume)

Compléments

• Membre des Inklings

John Ronald Reuel Tolkien ([dʒɒn ˈɹʷɒnld ˈɹʷuːəl ˈtʰɒl-kiːn][N 1]), plus connu sous la forme J. R. R. Tolkien, estun écrivain, poète, philologue et professeur d’universitéanglais, né le 3 janvier 1892 à Bloemfontein et mort le2 septembre 1973 à Bournemouth. Il est principalementconnu pour ses romans Le Hobbit et Le Seigneur des an-neaux.Après des études à Birmingham et à Oxford et l’expé-rience traumatisante de la Première Guerre mondiale,John Ronald Reuel Tolkien devient professeur assistant(reader) de langue anglaise à l’université de Leeds en1920, puis professeur de vieil anglais à l’université d’Ox-ford en 1925 et professeur de langue et de littérature an-glaises en 1945, toujours à Oxford. Il prend sa retraite en1959. Durant sa carrière universitaire, il défend l’appren-tissage des langues, surtout germaniques, et bouleversel’étude du poème anglo-saxonBeowulf avec sa conférenceBeowulf : Les Monstres et les Critiques (1936). Son essaiDu conte de fées (1939) est également considéré commeun texte crucial dans l’étude de ce genre littéraire.Tolkien commence à écrire pour son plaisir dans lesannées 1910, élaborant toute une mythologie autour delangues qu’il invente. L’univers ainsi créé, la Terre duMilieu, prend forme au fil des réécritures et composi-tions. Son ami C. S. Lewis l’encourage dans cette voie,de même que les autres membres de leur cercle littéraire

informel, les Inklings. En 1937, la publication du Hobbitfait de Tolkien un auteur pour enfants estimé. Sa suitelongtemps attendue, Le Seigneur des anneaux, est d’unetonalité plus sombre. Elle paraît en 1954-1955 et devientun véritable phénomène de société dans les années 1960,notamment sur les campus américains. Tolkien travaillesur sa mythologie jusqu’à sa mort, mais ne parvient pas àdonner une forme achevée au Silmarillion. Ce recueil delégendes des premiers âges de la Terre du Milieu est fina-lement mis en forme et publié à titre posthume en 1977par son fils et exécuteur littéraire Christopher, en colla-boration avec Guy Gavriel Kay. Depuis, Christopher Tol-kien publie régulièrement des textes inédits de son père.De nombreux auteurs ont publié des romans de fantasyavant Tolkien, mais le succès majeur remporté par Le Sei-gneur des anneaux au moment de sa publication en pocheaux États-Unis est à l’origine d’une renaissance popu-laire du genre. Tolkien est ainsi considéré, pour certains,comme le « père » de la fantasy moderne. Son œuvrea eu une influence majeure sur les auteurs ultérieurs dece genre, en particulier par la rigueur avec laquelle il aconstruit son monde secondaire.

1 Biographie

1.1 Origines familiales

Article détaillé : Famille Tolkien.

La plupart des aïeux de J. R. R. Tolkien du côté de sonpère sont des artisans. La famille Tolkien, originaire deSaxe, est établie en Angleterre depuis le XVIIIe siècle, etles Tolkien y sont devenus « profondément anglais[1] ».Leur patronyme est une forme anglicisée de « Tollkiehn »,un nom dérivé de l’allemand « tollkühn » signifiant « té-méraire ».Les ancêtres maternels de Tolkien, les Suffield, sont unefamille originaire d’Evesham, dans le Worcestershire.À la fin du XIXe siècle, ils vivent principalement àBirmingham, où les grands-parents maternels de Tolkien,John et Emily Jane Suffield, possèdent une mercerie dansun bâtiment appelé « Lamb House », située dans lecentre-ville[2].

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Page 2: J. R. R. Tolkien

2 1 BIOGRAPHIE

Le moulin de Sarehole. Une plaque bleue y a été dévoilée en août2002[3].

1.2 Enfance

John Ronald Reuel Tolkien naît le 3 janvier 1892 àBloemfontein, dans l’État libre d’Orange, en Afrique duSud. Il est le premier enfant d’Arthur Reuel Tolkien(1857-1896) et de sa femme Mabel, née Suffield (1870-1904). Tous deux ont quitté l’Angleterre quelques annéesplus tôt, au moment de la promotion d’Arthur à la tête del’agence de la Banque d’Afrique à Bloemfontein[4].L’enfant porte le prénom « John » par tradition fami-liale : chez les Tolkien, le fils aîné du fils aîné s’appelletoujours John. « Ronald » est le choix de Mabel, qui avaità l’origine choisi « Rosalind », s’attendant à avoir une fille.Quant à « Reuel », il s’agit, d’après les souvenirs de Tol-kien, du « nom d’un ami de [sa] grand-mère », et quel’on croit « d’origine française » dans la famille, mais quisemble plutôt issu de la Bible (Reuel est un autre nomde Jethro, le beau-père de Moïse)[5]. Tolkien donne à sontour ce prénom à ses quatre enfants, y compris à sa fillePriscilla[6].Le climat de l’Afrique du Sud ne convient pas à Mabel,ni à son fils. En avril 1895, Mabel retourne en Angleterreavec ses enfants (un deuxième fils, Hilary Arthur Reuel,est né le 17 février 1894), mais son mari meurt d’unrhumatisme infectieux le 15 février 1896, avant d’avoir pules rejoindre[7]. Privée de revenus, Mabel s’installe chezses parents, à Birmingham, puis à Sarehole, un hameauau sud de la ville. Le jeune Tolkien explore les alentours,notamment le moulin de Sarehole, ce qui lui inspirera desscènes de ses futurs ouvrages et un amour profond pourla campagne anglaise du Warwickshire[8].Mabel éduque elle-même ses deux fils. Elle enseigne àRonald la botanique, des rudiments de latin, d’allemandet de français, une langue dont il n’apprécie guère lessonorités[9]. Il lit également beaucoup : il n’aime pas L’Îleau trésor de Stevenson ou Le Joueur de flûte de Hamelinde Browning, mais se prend de passion pour les histoiresde Peaux-Rouges et du roi Arthur, ainsi que pour les ou-vrages de George MacDonald et les recueils de contes

édités par Andrew Lang[10].

La King Edward’s School de Birmingham, où Tolkien étudie de1900 à 1911.

Tolkien entre à la King Edward’s School de Birmingham,où son père avait lui-même étudié, en 1900. La même an-née, sa mère se convertit au catholicisme, malgré de vio-lentes protestations de sa famille anglicane, qui lui coupeles vivres[11]. Elle déménage en 1902 pour s’installer àEdgbaston, non loin de l’oratoire de Birmingham, et en-voie ses fils à la St. Philip’s School, l’école rattachée àl’oratoire. Ils n’y restent que brièvement : Ronald obtientune bourse et peut retourner à la King Edward’s Schooldès 1903. Il y apprend le grec ancien, étudie Shakespeareet Chaucer et s’initie en autodidacte au vieil anglais[12].Mabel Tolkien meurt de complications dues au diabètele 14 novembre 1904 — le traitement à l’insuline n’existepas encore. Durant le reste de sa vie, son fils aîné la consi-dère comme une « martyre », sentiment qui influenceprofondément ses propres croyances. Avant sa mort, elleconfie la garde de ses deux fils au père Francis Morgan,de l’oratoire de Birmingham[13].

1.3 Études et mariage

Comme le père Morgan ne peut les héberger, Ronaldet Hilary s’installent au début de l’année 1905 chez unetante par alliance, Beatrice Suffield, qui habite non loinde l’oratoire. Tolkien poursuit ses études à la King Ed-ward’s School et se lie d’amitié avec d’autres élèves, no-tamment Christopher Wiseman (1893-1987) et RobertGilson (1893-1916). Il s’intéresse de plus en plus à laphilologie, apprend le vieux norrois pour pouvoir lire dansle texte l’histoire de Sigurd et découvre la langue gotiqueet le Kalevala. Il joue également au rugby à XV dansl’équipe de son école, avec une telle ardeur qu’il en de-vient le capitaine[14].En 1908, Tolkien rencontre une jeune fille nommée EdithBratt lorsqu’il s’installe avec son frère dans le même im-meuble qu’elle. Malgré leur différence d’âge (elle a troisans de plus que lui), ils ne tardent pas à tomber amoureux,d’autant plus vite que tous deux sont orphelins. Toute-

Page 3: J. R. R. Tolkien

1.3 Études et mariage 3

Les frères John Ronald Reuel et Hilary Arthur Reuel Tolkien en1905.

fois, le père Morgan s’oppose à cette relation et interdità Tolkien de continuer à la voir : il craint que son pupillene néglige ses études. Le protestantisme d’Edith consti-tue un obstacle supplémentaire. Le jeune garçon obéit àla lettre à cet ordre, sinon à l’esprit, mais lorsque le pèreMorgan est mis au courant des rencontres accidentellesentre les deux jeunes gens, il menace de mettre un termeaux études de Tolkien si elles ne cessent pas. Son pupilleobtempère[15].Après un échec fin 1909, Tolkien obtient en décembre1910 une bourse pour entrer à l’université d’Oxford[16].Durant ses derniers mois à la King Edward’s School, ilfait partie des élèves qui « bordent l’itinéraire » durant laparade de couronnement du roi George V, aux portes dupalais de Buckingham[17]. Plus important, il fonde, avecses amis Rob Gilson et Christopher Wiseman, la Tea ClubBarrovian Society ou T. C. B. S., une société officieusedont les membres, bientôt rejoints par Geoffrey Smith(1894-1916) et quelques autres, partagent l’habitude deprendre le thé aux Barrow’s Stores, non loin de l’écoleet dans la bibliothèque même de l’école, ce qui est nor-malement interdit par le règlement. Les quatre amis aucœur du T. C. B. S. restent en contact après leur départde l’école[18].Durant l’été 1911, Tolkien part en vacances en Suisse, unvoyage qu’il se remémore de façon vivante dans une lettrede 1968 dans laquelle il revient sur la façon dont ce voyagea pu l’inspirer pour l’écriture du Hobbit (« la dégringoladele long des pierres glissantes jusque dans le bois de pins »)et du Seigneur des anneaux, appelant le Silberhorn « la« Corne d’Argent (Celebdil) » de mes rêves[20] ».En octobre 1911, Tolkien entame ses études classiques àOxford, à Exeter College ; l’un de ses principaux profes-seurs est le philologue Joseph Wright, qui a une grande

J.R.R. Tolkien en 1911.

Collège d'Exeter, où Tolkien étudie de 1911 à 1915. Il en devientfellow honoraire en 1958[19].

influence sur lui. Il s’intéresse au finnois afin de lire leKalevala dans le texte, approfondit sa connaissance dugallois et s’implique dans la vie sociale de son collège encontinuant à jouer au rugby et en devenant membre deplusieurs clubs étudiants[21]. Cependant, les auteurs grecset latins l’ennuient, ce qui se ressent dans ses notes : la

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4 1 BIOGRAPHIE

seule matière où il excelle est son sujet libre, la philologiecomparée. En 1913, avec la bénédiction de son tutor, levice-recteur Farnell, Tolkien change de cursus au profitde la littérature anglaise, et choisit comme spécialité laphilologie scandinave. Dès lors, Kenneth Sisam devientson nouveau tutor[22].Le jour de sa majorité, en 1913, Tolkien écrit à Edithpour la demander en mariage. La jeune femme s’est entre-temps promise à un autre, mais elle rompt ses fiançailleset se convertit au catholicisme sur l’insistance de Tol-kien. Ils célèbrent leurs fiançailles à Warwick en janvier1914[23].

1.4 Première Guerre mondiale

Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, en août1914, Tolkien est en vacances en Cornouailles ; il ré-dige peu après le poème Le Voyage d'Éarendel, premièregraine de la future mythologie du Silmarillion. En rentrantà Oxford, il s’arrange pour s’entraîner dans les Officers’Training Corps, ce qui lui permet de poursuivre en paral-lèle ses études afin d’obtenir son diplôme avant de devoirpartir au front[24].En décembre, Tolkien, Gilson, Smith et Wiseman seréunissent à Londres. Malgré l’ombre que la guerre faitpeser sur le pays, ils ont foi dans leur potentiel : tous ontdes ambitions artistiques et sont persuadés que le T. C.B. S. peut et va changer le monde. De cette rencontre, dece « concile de Londres », découle la vocation poétiquede Tolkien[25]. Il rédige de nombreux poèmes en 1915 etréussit brillamment ses examens finaux à Oxford, obte-nant les First-class honours[26].Tolkien devient sous-lieutenant dans les fusiliers du Lan-cashire et s’entraîne avec le 13e bataillon de réserve pen-dant onze mois à Cannock Chase, dans le Staffordshire.Durant cette période, il écrit à Edith : « les gentlemensont rares parmi les officiers, et les êtres humains mêmesont rares[27] ». Sachant son départ pour le front proche,il épouse Edith le 22 mars 1916 à Warwick[28]. Trans-féré dans le 11e bataillon de services avec le corps ex-péditionnaire britannique, il arrive en France le 4 juin1916[29]. Par la suite, il écrit : « les officiers subalternesétaient abattus par douzaines. Se séparer de ma femme àce moment-là […] c’était comme mourir[30]. »Tolkien sert comme officier de transmissions pendant labataille de la Somme, participe à la bataille de la crêtede Thiepval et aux attaques subséquentes sur la redoutede Schwaben (en). Victime de la fièvre des tranchées,une maladie transmise par les poux qui pullulent dansles tranchées, il est renvoyé en Angleterre le 8 novembre1916. Ses amis Rob Gilson et G. B. Smith n’ont pas au-tant de chance : le premier est tué au combat le 1er juillet,et le second, grièvement blessé par un obus, meurt le 3décembre[31].Affaibli, Tolkien passe le reste de la guerre entre des hôpi-

taux et des postes à l’arrière, étant jugé médicalement in-apte au service général[32]. Son premier fils, John FrancisReuel, naît le 16 novembre 1917 à Cheltenham. Durantsa convalescence à Great Haywood, dans le Staffordshire,Tolkien entame la rédaction de La Chute de Gondolin,premier des Contes perdus[33].

1.5 Leeds

Lorsque la guerre s’achève, la famille Tolkien s’installeà Oxford. Le premier emploi civil de Tolkien après l’ar-mistice est pour l’Oxford English Dictionary, de janvier1919 à mai 1920. Il travaille sur l’histoire et l’étymolo-gie des termes d’origine germanique commençant par lalettre « W », sous la direction de Henry Bradley, qui loueà plusieurs reprises son travail par la suite[34],[N 2]. Durantcette période, Tolkien arrondit ses fins de mois en servantde tutor à plusieurs élèves de l’université, principalementdes jeunes filles de Lady Margaret Hall, de St Hilda’s, deSt Hugh’s et de Somerville[35].En 1920, alors que naît son deuxième fils, Michael HilaryReuel (22 octobre 1920 – 27 février 1984), Tolkien quitteOxford pour le Nord de l’Angleterre où il devient profes-seur assistant (reader) de littérature anglaise à l’universitéde Leeds, puis professeur en 1924. Durant son séjour àLeeds, il produit le glossaire A Middle English Vocabu-lary, ainsi qu’une édition définitive du poème moyen an-glais Sire Gauvain et le Chevalier vert avec E. V. Gor-don, deux livres considérés comme des références acadé-miques pendant les décennies qui suivent. Tolkien conti-nue également à développer son univers de fiction : lesContes perdus sont laissés inachevés, mais il entreprend larédaction d’une version en vers allitératifs de l’histoire desEnfants de Húrin. C’est également à Leeds que naît sontroisième fils, Christopher John Reuel, le 21 novembre1924[36].

1.6 Oxford

Le 20 Northmoor Road à Oxford, résidence de Tolkien de 1930à 1947. Une plaque bleue y a été dévoilée en décembre 2002[37].

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1.6 Oxford 5

« Après cela, pourriez-vous dire, il ne sepassa vraiment plus rien. Tolkien rentra à Ox-ford, fut professeur d’anglo-saxon aux collègesde Rawlinson et de Bosworth [sic] pendantvingt ans ; fut ensuite élu professeur de langueet de littérature anglaise à Merton ; s’installadans une banlieue d’Oxford très convention-nelle où il passa le début de sa retraite : dé-ménagea dans une ville quelconque du bordde mer ; retourna à Oxford après la mort desa femme ; et mourut paisiblement à l’âge dequatre-vingt-un ans[38]. »

En 1925, Tolkien retourne à Oxford en tant que profes-seur de vieil anglais et fellow de Pembroke College, postequ’il occupe jusqu’en 1945. Durant son passage à Pem-broke, il écrit Le Hobbit et les deux premiers volumes duSeigneur des anneaux, principalement au numéro 20 deNorthmoor Road, dans le nord d’Oxford. C’est là que naîtle dernier enfant du couple Tolkien, leur seule fille, Pris-cilla Mary Anne Reuel (née le 18 juin 1929). Très atta-ché à ses enfants, Tolkien invente pour eux de nombreuxcontes, parmi lesquels Roverandom et Le Hobbit. Il leurécrit également chaque année des lettres censées provenirdu père Noël[39].

Le pub The Eagle and Child, où se réunissent les Inklings.

Tolkien, « Tollers » pour ses amis[40], rencontre pour lapremière fois C. S. Lewis en 1926, à Oxford. Entre euxne tarde pas à naître une amitié profonde et durable. Ilspartagent un goût pour le dialogue et la bière, et Tol-kien invite bientôt Lewis aux réunions des Coalbiters, unclub dédié à la lecture de sagas islandaises en vieux nor-rois. Le retour au christianisme de Lewis est en partie

le fait de Tolkien, même si ce dernier regrette que sonami ait choisi de revenir à l’anglicanisme, et non de lerejoindre au sein de la confession catholique. Lewis necesse d’encourager Tolkien lorsque celui-ci lit des pas-sages de ses livres aux réunions des Inklings, club litté-raire informel qui s’assemble dans les années 1930 au-tour de Tolkien, Lewis, Owen Barfield, Hugo Dyson etd’autres enseignants d’Oxford[41].Le Hobbit est publié en septembre 1937, presque parhasard : c’est une ancienne étudiante de Tolkien, SusanDagnall, enthousiasmée par le manuscrit, qui le met encontact avec la maison d’édition londonienne George Al-len & Unwin et le convainc de le faire publier[42]. Le livrerencontre un franc succès, tant critique que commercial,des deux côtés de l’Atlantique[43], et l’éditeur Stanley Un-win presse Tolkien d’écrire une suite. Ce dernier entre-prend alors la rédaction du Seigneur des anneaux, sans sedouter qu’il lui faudra plus de dix ans pour l’achever[44].En mars 1939, le gouvernement britannique contacte Tol-kien et lui propose de rejoindre une équipe de spécia-listes consacrée au déchiffrement des codes nazis, située àBletchley Park. Il refuse l’offre d’un emploi à plein temps(payé 500 livres, 50 000 livres de 2009 par an), maisd’après un historien des services secrets britanniques, desdocuments non encore publiés attesteraient d’une par-ticipation suivie et importante de sa part à l’effort dedécodage[45].Outre une charge de travail supplémentaire qui empêcheTolkien d’avancer aussi vite qu’il l’aimerait dans la rédac-tion du Seigneur des anneaux, l’éclatement de la SecondeGuerre mondiale a une conséquence inattendue : l’arrivéede l’écrivain londonien Charles Williams, très admiré parLewis, à Oxford, où il ne tarde pas à se faire une placeparmi les Inklings. S’il entretient des relations tout à faitcordiales avec l’homme, Tolkien n’apprécie guère l’écri-vain, dont les romans sont pétris de mysticisme et frôlentparfois la magie noire, ce qui ne peut que faire horreurà un catholique aussi persuadé de l’importance du malque Tolkien. Celui-ci juge défavorablement l’influence deWilliams sur l’œuvre de Lewis[46]. L’amitié de Tolkien etLewis est également refroidie par le succès grandissantrencontré par Lewis en sa qualité d’apologiste chrétien,notamment grâce à ses émissions pour la BBC, qui fontdire à Tolkien vers le milieu des années 1940 que Lewisest devenu « trop célèbre pour son goût ou les nôtres[47]. ».En 1945, Tolkien devient professeur de langue et de lit-térature anglaises à Merton, poste qu’il occupe jusqu’à saretraite. À Pembroke, c’est un autre Inkling qui lui suc-cède comme professeur de vieil anglais : Charles Wrenn.Les réunions du jeudi des Inklings se font de plus en plusrares après la mort de Williams et la fin de la SecondeGuerre mondiale, pour cesser définitivement en 1949[48].Les relations entre Tolkien et Lewis sont de plus en plusdistantes, et le départ de ce dernier pour Cambridge en1954, et son mariage avec Joy Davidman, une Améri-caine divorcée, en 1957, n’arrangent pas les choses[49].

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6 2 OPINIONS

Le 76 Sandfield Road à Headington, résidence de Tolkien de1953 à 1968.

Tolkien est toutefois très choqué par la mort de C. S. Le-wis en 1963, qu’il compare à « un coup de hache portéaux racines[50]. »Tolkien achève Le Seigneur des anneaux en 1948, aprèsune décennie de travail. Le livre est publié en troisvolumes en 1954-1955 et rencontre un grand succèsdès sa publication, faisant l’objet d’une adaptation ra-diophonique dès 1955[51]. Si le succès de son œuvrele met définitivement à l’abri du besoin, Tolkien resteun homme économe et généreux, ne s’autorisant guèred’excentricités[52].

1.7 Retraite et mort

La tombe des Tolkien au cimetière de Wolvercote.

Tolkien prend sa retraite universitaire en 1959. Dans lesannées qui suivent, il acquiert une célébrité croissante entant qu’écrivain. Il écrit tout d’abord des réponses enthou-siastes à ses lecteurs, mais devient de plus en plus méfiantdevant l’émergence de communautés de fans, notammentau sein du mouvement hippie aux États-Unis, où le livre

devient un best-seller après la parution chez Ace Booksd’une édition au format poche non autorisée en 1965 ; laquerelle judiciaire qui s’ensuit offre encore une publicitésupplémentaire au nom de Tolkien[53]. Dans une lettre de1972, il déplore être devenu un objet de culte, mais admetque « même le nez d’une idole très modeste […] ne peutdemeurer totalement insensible aux chatouillements de ladouce odeur de l’encens[54] ! » Toutefois, les lecteurs en-thousiastes se font de plus en plus pressants, et en 1968,lui et sa femme déménagent pour plus de tranquillité àBournemouth, une ville balnéaire de la côte sud de l’An-gleterre.Le travail sur Le Silmarillion occupe en pointillés les deuxdernières décennies de la vie de Tolkien, sans qu’il par-vienne à l'achever. Les lecteurs du Seigneur des anneauxattendent avec impatience cette suite promise, mais ilsdoivent se contenter du recueil de poèmes Les Aventuresde Tom Bombadil (1962) et du conte Smith de GrandWootton (1967). Durant la même période, Tolkien par-ticipe également à la traduction de la Bible de Jérusalem,publiée en 1966 : outre un travail de relecture, il en traduitle Livre de Jonas[55].Edith Tolkien meurt le 29 novembre 1971 à l’âge de 82ans et est enterrée au cimetière de Wolvercote, dans labanlieue nord d’Oxford. Son mari fait graver sur sa tombele nom « Lúthien », en référence à une histoire de sonlégendaire qui lui avait été en partie inspirée par la visiond’Edith dansant dans les bois, en 1917[56].Après le décès de sa femme, Tolkien revient passer lesdernières années de sa vie à Oxford : il est logé gracieu-sement par son ancien college de Merton dans un apparte-ment sur Merton Street. Le 28 mars 1972, il est fait com-mandeur de l’ordre de l’Empire britannique par la reineÉlisabeth II[57]. Lors d’une visite chez des amis à Bourne-mouth, fin août 1973, il se sent mal : il meurt à l’hôpital le2 septembre 1973, à l’âge de 81 ans. « Beren » est inscritsous son nom sur la tombe qu’il partage avec Edith[58].

2 Opinions

2.1 Religion

Après avoir été baptisé au sein de l’Église d’Angleterre,Tolkien est éduqué dans la foi catholique par sa mèreaprès sa conversion en 1900. Sa mort prématurée a uneprofonde influence sur son fils. Humphrey Carpenter sug-gère ainsi qu’il a pu trouver dans la religion une sorte deréconfort moral et spirituel[59]. Il reste fidèle à sa foi sa viedurant, et celle-ci joue un rôle important dans la conver-sion de son ami C. S. Lewis, alors athée, au christianisme— bien qu’il choisisse de retourner à la foi anglicane, augrand désarroi de Tolkien[60].Les réformes du Concile Vatican II suscitent en lui desavis partagés. On a pu dire notamment Paul Airiau (Actesdu Colloque du CRELID de 2007)- que Tolkien approu-

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2.2 Politique 7

L’oratoire de Birmingham, où Tolkien a été enfant de chœur dansles années 1900.

vait les évolutions œcuméniques telles que ce concile in-troduisit dans l'Eglise, mais ce serait là mal interpréterl'unique lettre (lettre 306 -de 1968- dans le recueil TheLetters of J.R.R. Tolkien) où il use de ce terme, sans aucu-nement évoquer directement les réformes conciliaires. Eneffet, si l'on retourne au texte, on remarque rapidementque Tolkien condamne fermement l’œcuménisme inspi-ré par le besoin supposé d'aggiornamento, et fait plutôtréférence à une relation purement personnelle, affirmantqu'il s’agirait, pour les catholiques anglais, si longtempsune minorité persécutée, de faire preuve néanmoins decharité envers les véritables chrétiens dans les autres dé-nominations, anglicans notamment. Faisant également ré-férence à sa propre formation, il rappelle qu'il peut êtreprofitable, dans un tel état de choses, de côtoyer des non-catholiques (pendant sa scolarité), tout en ayant une viede famille profondément catholique, et qu'il serait désas-treux pour l'Eglise militante “d'enfermer tous ses soldatsdans une forteresse”, prenant l'exemple de la ligne Ma-ginot. Pour résumer, l’œcuménisme de Tolkien est forttraditionnel : il insiste sur les relations personnelles (demême que Newman), évoque la situation très particu-lière du catholicisme anglais, et se veut avant tout apos-tolique, militant. Malgré sa vague association, au tempsde la guerre, avec un éventuel United Christian Council àOxford, il est ainsi assez loin du nouvel œcuménisme telque prôné par Vatican II (constitution Lumen Gentium,8, décret Unitatis Redintegratio notamment) : nulle men-tion d'un véritable “dialogue”, mutuellement enrichissantentre communautés chrétiennes (Unitatis Redintegratio,4), pas de référence à la valeur intrinsèque des pratiquesdes autres confessions chrétiennes (Unitatis Redintegra-tio, 3), aucune vision “panchrétienne” telle que suggéréepar Lumen Gentium, 8. À défaut d'éléments plus déci-sifs, ce que l'on sait de Tolkien -son attitude intransi-geante concernant la conversion de sa fiancée, son dédainpour l'Anglicanisme, et son admiration pour le pape PieX (cf l'analyse de A.R. Bossert dans Mythlore, septembre2006 : Surely you don't disbelieve ?, rattachant l'auteur aucourant catholique anti-moderniste - en fait un témoin dela loyauté envers et contre tout au catholicisme le plus tra-

ditionnel (lettre 306 : invitation à prier “pour l'Eglise, leVicaire du Christ et soi-même”, après avoir constaté quel'Eglise lui semblait, du refuge spirituel au sein du mondequ'elle était auparavant, être devenue un piège).Il regrettera ainsi amèrement l’abandon du latin dansla messe, suite aux travaux de réforme liturgique post-conciliaire. Son petit-fils Simon se souvient être allé àl’église avec lui. Il rapporte qu’au milieu des fidèles qui ré-pondaient en anglais, son grand-père mit un point d’hon-neur à faire quant à lui ses réponses en latin, et trèsbruyamment[61]. Clyde Kilby rappelle quant à lui le désar-roi de Tolkien constatant, pendant la célébration d'unemesse dans le nouveau rite, la diminution drastique dunombre de génuflexions, et son départ dépité de l'église.

2.2 Politique

2.2.1 Pensée politique

Tolkien est essentiellement conservateur dans ses opi-nions politiques, au sens où il favorise les conventions éta-blies et l’orthodoxie et non l’innovation et la modernisa-tion. En 1943, il écrit à son fils Christopher : « Mes opi-nions politiques penchent de plus en plus vers l’Anarchie(au sens philosophique, désignant l’abolition du contrôle,non pas des hommes moustachus avec des bombes) —ou vers la Monarchie « non constitutionnelle »[62]. » En1956, il explique ne pas être démocrate « uniquementparce que « l’humilité » et l’égalité sont des principes spi-rituels corrompus par la tentative de les mécaniser et deles formaliser, ce qui a pour conséquence de nous don-ner, non modestie et humilité universelles, mais grandeuret orgueil universels[63]. »S’il aime l’Angleterre — « non la Grande-Bretagne etcertainement pas le Commonwealth (grr !)[64] » —, Tol-kien n’est cependant pas un patriote aveugle. Durant laSeconde Guerre mondiale, il fustige la propagande bri-tannique relayée par les journaux, notamment un article« appelant solennellement à l’extermination systématiquedu peuple allemand tout entier comme la seule mesureadéquate après la victoire militaire[65] ». Après la fin dela guerre en Europe, il s’inquiète de « l’impérialisme bri-tannique ou américain en Extrême-Orient », affirmant :« j’ai peur de ne pas être animé par la moindre étincelle depatriotisme dans cette guerre qui se poursuit. Pour elle jene donnerais pas un penny, encore moins un fils, si j’étaisun homme libre[66]. »Durant la guerre d’Espagne, Tolkien exprime en privé sonsoutien au camp nationaliste en apprenant de Roy Camp-bell que les escadrons de la mort soviétiques se livrentà des destructions d’églises et au massacre de prêtres etde religieuses[67]. À une époque où de nombreux intel-lectuels occidentaux admirent Joseph Staline, Tolkien necache pas son mépris pour « ce vieux meurtrier sangui-naire », ainsi qu’il l’appelle dans une lettre à son fils Chris-topher en 1944[68]. Il s’oppose néanmoins avec virulence

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8 2 OPINIONS

à une interprétation du Seigneur des anneaux comme uneparabole anticommuniste, et dans laquelle Sauron corres-pondrait à Staline : « une allégorie de ce genre est totale-ment étrangère à ma façon de penser », écrit-il[69].

2.2.2 Réaction face au nazisme

Avant la Seconde Guerre mondiale, Tolkien exprime sonopposition à Adolf Hitler et au régime nazi. Dans son ro-man inachevé La Route perdue, écrit vers 1936-1937, lasituation de l’île de Númenor sous le joug de Sauron peuavant sa submersion présente des ressemblances avec lasituation en Allemagne à la même époque, comme le sou-ligne Christopher Tolkien : « la disparition inexpliquée degens impopulaires auprès du « gouvernement », les infor-mateurs, les prisons, la torture, le secret, la crainte de lanuit ; la propagande sous forme de « révisionnisme his-torique », la prolifération des armes de guerre, à des finsindéterminées mais entrevues[70]. »En 1938, la maison d’édition Rütten & Loening, qui pré-pare une traduction du Hobbit en allemand, écrit à Tol-kien pour lui demander s’il est d’origine aryenne. Ou-tré, celui-ci écrit à son éditeur Stanley Unwin une lettreoù il condamne les « lois démentes » du régime naziet l’antisémitisme comme une chose « totalement perni-cieuse et non scientifique » ; il se déclare par la suite dis-posé à « laisser en plan toute traduction allemande »[71].Tolkien envoie à Unwin deux réponses possibles à trans-mettre à Rütten & Loening. Dans celle qui n’a pas étéenvoyée, il pointe le mauvais usage fait par les nazis duterme « aryen » (linguistique à l’origine) et ajoute :

« Mais si je suis supposé comprendre quevous voulez savoir si je suis d’origine juive,je ne peux que répondre que je regrette dene pouvoir apparemment compter parmi mesancêtres personne de ce peuple si doué. Monarrière-arrière-grand-père quitta l’Allemagnepour l’Angleterre au XVIIIe siècle : la majeurepartie de mon ascendance est donc de soucheanglaise, et je suis un sujet anglais — ce quidevrait vous suffire. J’ai été néanmoins habi-tué à regarder mon nom allemand avec fierté,même tout au long de la dernière et regrettableguerre, au cours de laquelle j’ai servi dans l’ar-mée anglaise. Je ne peux cependant m’empê-cher de faire remarquer que si des requêtes decette sorte, impertinentes et déplacées, doiventdevenir la règle en matière de littérature, alorsil n’y a pas loin à ce qu’un nom allemand cessed’être une source de fierté[72]. »

En 1941, dans une lettre à son fils Michael, il exprime sonressentiment à l’égard d’Hitler, « ce petit ignorant rou-geaud […] [r]uinant, pervertissant, détournant et rendantà jamais maudit ce noble esprit du Nord, contribution su-prême à l’Europe, que j’ai toujours aimé et essayé de pré-

senter sous son vrai jour[73] ». Après la guerre, en 1968, ils’oppose à une description de la Terre du Milieu commeun monde « nordique », expliquant qu’il n’aime pas cemot en raison de son association à des théories racistes[74].

2.3 Accusations de racisme

La question du racisme ou du racialisme supposé de Tol-kien lui-même ou de certains éléments de ses œuvres adonné lieu à un débat universitaire[75]. Christine Chismdistingue trois catégories d’accusations de racisme por-tées à l’encontre de Tolkien ou de son œuvre : un racismeconscient, une tendance eurocentrique inconsciente, etun racisme latent dans ses premiers écrits ayant évo-lué vers un rejet conscient de la chose dans ses œuvresultérieures[76].La plupart des accusations de racisme portent sur LeSeigneur des anneaux et peuvent se résumer par cettephrase de John Yatt : « Les hommes blancs sont bons,les hommes « noirs » sont mauvais, les orques sont piresque tout[77] ». Chris Henning affirme même que « toutl’attrait du Seigneur des anneaux réside dans le fait quec’est un ouvrage fondamentalement raciste ». Cette idéea été reprise par des auteurs comme Isabelle Smadja dansLe Seigneur des anneaux ou la tentation du mal (2002), unouvrage critiqué pour son manque de rigueur scientifiqueet pour n’avoir pas tenu compte du reste de l’œuvre deTolkien[78]. Plusieurs accusations de racisme à l’encontredu Seigneur des anneaux portent également sur les adap-tations de Peter Jackson, où les Suderons sont présentéscoiffés de turbans et avec une apparence orientale, ce quia parfois été considéré tendancieux dans un contexte post-11 Septembre[79].En 1944, Tolkien écrit à son fils Christopher, alors enAfrique du Sud avec la Royal Air Force : « Quant à ceque tu dis ou laisses entendre de la situation « locale »,j’en avais entendu parler. Je ne pense pas qu’elle ait beau-coup changé (même en pire). J’en entendais régulière-ment parler par ma mère, et ai pris depuis ce temps unintérêt particulier pour cette partie du monde. La façondont sont traités les gens de couleur horrifie pratique-ment toujours ceux qui quittent la Grande-Bretagne, etpas seulement en Afrique du Sud. Malheureusement, peuretiennent très longtemps ce sentiment généreux[80]. »Il condamne publiquement la politique d’apartheid enAfrique du Sud dans son discours d’adieu à l’universitéd’Oxford, en 1959[81].

2.4 Nature

Tolkien aime beaucoup la nature : sa correspondance etses illustrations témoignent du plaisir qu’il tire à contem-pler les fleurs ou les oiseaux, et surtout les arbres. Sa der-nière photographie, prise en août 1973, le montre appuyéau tronc d’un pin noir du jardin botanique de l’universi-té d'Oxford qu’il aime particulièrement[82]. Cet amour de

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3.1 Influences 9

Le pin noir (Pinus nigra) du jardin botanique de l’universitéd’Oxford au pied duquel a été prise la dernière photographie deTolkien.

la nature se reflète dans son œuvre, notamment avec lesEnts du Seigneur des anneaux, les « bergers des arbres »qui partent en guerre contre Saroumane, « un ennemi ai-mant la machine »[83], ou les Deux Arbres qui éclairent leValinor dans Le Silmarillion. Le symbolisme de l’arbre estégalement au cœur de l’histoire courte Feuille, de Niggle,inspirée par les efforts véhéments (et couronnés de suc-cès) d’une voisine de Tolkien pour que le vieux peuplierpoussant devant chez elle soit abattu[84],[85].Les effets de l’industrialisation déplaisent fortement àTolkien, notamment dans leur invasion des paysages ru-raux de l’Angleterre : en 1933, il est bouleversé de nepresque rien reconnaître des lieux de son enfance lors-qu’il passe par l’ancien hameau de Sarehole, rattrapé parla croissance de la zone urbaine de Birmingham. Lesbrouillons de son essai Du conte de fées contiennent plu-sieurs passages désapprobateurs à l’égard des aéroplaneset des automobiles. Il ne se coupe pas pour autant dumonde moderne : il possède même une voiture dans lesannées 1930, et s’il finit par l’abandonner, ce n’est quelorsque la Seconde Guerre mondiale entraîne un ration-nement de l’essence. Toutefois, dans les années 1950, ils’oppose violemment à un projet de contournement rou-tier d’Oxford qui entraînerait la destruction de nombreuxmonuments[86].

3 L'écrivain

3.1 Influences

3.1.1 Modernes

L’une des principales influences de Tolkien est l’auteuranglais William Morris, membre du mouvement Arts &Crafts. Dès 1914, Tolkien émet le désir d’imiter ses ro-mances au style archaïsant, entrecoupées de poèmes[87],et entame la rédaction d’une histoire de Kullervo que sonbiographe Humphrey Carpenter décrit comme « guèreplus qu’un pastiche de Morris[88] ». Le roman de Mor-ris The House of the Wolfings, paru en 1888, prend placedans la forêt de Mirkwood, nom d’origine médiévale éga-lement repris dans Le Hobbit[89], et Tolkien avoue la« grande dette » qu’ont les paysages des marais des Mortsdans Le Seigneur des anneaux envers The House of theWolfings et The Roots of the Mountains, paru en 1889[90].De nombreux critiques se sont penchés sur les ressem-blances entre l’œuvre de Tolkien et les romans d’aven-tures de H. Rider Haggard, principalement Les Mines duroi Salomon (1885) et Elle (1887). Ce dernier présenteune cité en ruine nommée Kôr, un nom repris tel quelpar Tolkien dans les premières versions du Silmarillion,et la reine Ayesha, qui donne son titre au roman, évoqueplusieurs aspects de Galadriel. Dans Les Mines du roi Sa-lomon, la bataille finale et le personnage de Gagool rap-pellent la bataille des Cinq Armées et le personnage deGollum dans Le Hobbit[91].Les Hobbits, l’une des créations les plus fameuses deTolkien, ont été en partie inspirés par les Snergs du ro-man d’Edward Wyke-Smith The Marvellous Land of theSnergs, paru en 1924. Ce sont des créatures humanoïdesde petite taille, aimant particulièrement la nourriture etles fêtes. Concernant le nom « hobbit », Tolkien suggèreégalement une possible influence inconsciente du romansatirique de Sinclair Lewis Babbitt, paru en 1922, dont lehéros éponyme possède « la même suffisance bourgeoiseque les hobbits[92] ».

3.1.2 Mythologiques

Une influence majeure de Tolkien est la littérature, lapoésie et la mythologie germaniques, notamment anglo-saxonnes, son domaine d’expertise. Parmi ces sourcesd’inspiration, le poème anglo-saxon Beowulf, les sagasnorroises comme la Völsunga saga ou la Hervarar saga,l’Edda en prose et l’Edda poétique, le Nibelungenlied etbien d’autres œuvres liées en sont les principales[93].Malgré les ressemblances de son œuvre avec la Völsun-ga saga et le Nibelungenlied, qui servirent de base à latétralogie de Richard Wagner, Tolkien refuse toute com-paraison directe avec le compositeur allemand[94], af-firmant que « Ces deux anneaux [l’Anneau unique etl’Anneau des Nibelungen] sont ronds, et c’est là leur seuleressemblance[95] ». Toutefois, certains critiques estimentque Tolkien doit en fait à Wagner des éléments comme

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10 3 L'ÉCRIVAIN

le mal inhérent à l’Anneau et son pouvoir corrupteur,deux éléments absents des légendes originales, mais cen-traux dans l’opéra de Wagner[96]. D’autres vont plus loinet estiment que Le Seigneur des anneaux « se trouve dansl’ombre du plus monumental encore Anneau du Nibelungde Wagner[97] ».Tolkien est « formidablement attiré[98] » par le Kalevalafinnois lorsqu’il le découvre, vers 1910[99]. Quelques an-nées plus tard, l’un de ses premiers écrits est une tentativede réécrire l’histoire de Kullervo[88], dont plusieurs carac-téristiques se retrouvent par la suite dans le personnage deTúrin, héros malheureux des Enfants de Húrin. Plus géné-ralement, le rôle important de la musique et ses liens avecla magie sont un élément du Kalevala également présentdans l’œuvre de Tolkien[100].Tolkien connaît bien le mythe arthurien, notamment lepoème moyen anglais du XIVe siècle Sire Gauvain et leChevalier vert, qu’il a édité, traduit et commenté. Tou-tefois, il n’apprécie pas ce corps de légendes outre me-sure : « trop extravagant, fantastique, incohérent, répé-titif » à son goût pour pouvoir constituer une véritable« mythologie de l’Angleterre[99] ». Cela n’empêche pasdes motifs et échos arthuriens d’apparaître de manièrediffuse dans Le Seigneur des anneaux, le plus évidentétant la ressemblance entre les tandems Gandalf-Aragornet Merlin-Arthur[101]. Plus généralement, des parallèlesapparaissent entre les mythes celtes et gallois et l’œuvre deTolkien, par exemple entre l’histoire de Beren et Lúthienet Culhwch ac Olwen, un récit du Mabinogion gallois[102].

3.1.3 Catholiques

La théologie et l’imagerie catholiques ont participé à l’éla-boration des mondes de Tolkien, comme il le reconnaîtlui-même :

« Le Seigneur des anneaux est bien entenduune œuvre fondamentalement religieuse et ca-tholique ; de manière inconsciente dans un pre-mier temps, puis de manière consciente lorsqueje l’ai retravaillée. C’est pour cette raison que jen’ai pratiquement pas ajouté, ou que j’ai suppri-mé les références à ce qui s’approcherait d’une« religion », à des cultes et à des coutumes,dans ce monde imaginaire. Car l’élément re-ligieux est absorbé dans l’histoire et dans lesymbolisme[103]. »

En particulier, Paul H. Kocher affirme que Tolkien dé-crit le mal de la façon orthodoxe pour un catholique :comme l’absence de bien. Il cite de nombreux exemplesdans Le Seigneur des anneaux, comme « l’œil sans pau-pière » de Sauron : « la fente noire de la pupille ou-vrait sur un puits, fenêtre ne donnant sur rien[104] ». Se-lon Kocher, la source de Tolkien est Thomas d’Aquin,« dont il est raisonnable de supposer que Tolkien, médié-viste et catholique, connaissait bien l’œuvre[105] ». Tom

Shippey défend la même idée, mais, plutôt que Thomasd’Aquin, il estime que Tolkien était familier avec la tra-duction de la Consolation de la philosophie de Boèce réa-lisée par Alfred le Grand, également appelée Mètres deBoèce. Shippey soutient que la formulation la plus clairedu point de vue chrétien sur le mal est celle de Boèce :« le mal n’est rien ». Le corollaire selon lequel le malne peut créer est à la base de la remarque de Frodon :« l’Ombre qui les a produits peut seulement imiter, ellene peut fabriquer : pas de choses vraiment nouvelles, quilui soient propres[106] » ; Shippey pointe des remarquessimilaires faites par Sylvebarbe et Elrond et poursuit enaffirmant que dans Le Seigneur des anneaux, le mal appa-raît parfois comme une force indépendante, non commela simple absence de bien, et suggère que les ajouts d’Al-fred à sa traduction de Boèce sont peut-être à l’origine dece point de vue[107]. Par ailleurs, Tolkien appréciant beau-coup les Contes de Canterbury de Chaucer, il est possiblequ'il ait eu connaissance de la traduction que celui-ci avaitfaite de La Consolation de Philosophie en moyen anglais.Certains commentateurs ont également rapproché Tol-kien de G. K. Chesterton, autre écrivain anglais catho-lique utilisant le merveilleux et le monde des fées commeallégories ou symboles de valeurs et de croyances reli-gieuses. Tolkien connaît bien l’œuvre de Chesterton, maisil est difficile de dire s’il a vraiment constitué une de sesinfluences[108].Dans l’essai Du conte de fées, Tolkien explique que lescontes de fées ont cette particularité d’être à la fois co-hérents en eux-mêmes et avec quelques vérités du monderéel. Le christianisme lui-même suit ce modèle de cohé-rence interne et de vérité externe. Son amour des mytheset sa foi profonde se rejoignent dans son affirmation se-lon laquelle les mythologies sont un écho de la « Vé-rité » divine, point de vue développé dans le poèmeMythopoeia[109].

3.2 Œuvres

3.2.1 Poèmes

Tolkien commence à rédiger des poèmes dans les années1910. Il s’agit alors de sa principale forme d’expression,loin devant la prose. Ses vers sont le plus souvent inspi-rés par la nature, ou bien par des ouvrages qu’il étudie etapprécie, comme les Contes de Canterbury de GeoffreyChaucer ou Piers Plowman de William Langland[110]. Untrait caractéristique de ses poèmes de jeunesse est leur re-présentation des fées, d’inspiration victorienne : de petitsêtres ailés vivant dans les prés et les bois. Par la suite, Tol-kien renie cette image traditionnelle de la fée, et ses Elfess’en détachent[111]. Néanmoins, le poèmeGoblin Feet (pu-blié en 1915) connaît un succès honorable et est rééditédans plusieurs anthologies, au grand désespoir de son au-teur pour qui il symbolise tout ce qu’il en est venu à dé-tester au sujet des elfes[112]. Encouragé par ses amis duT.C.B.S., notamment par le « concile de Londres » de

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3.2 Œuvres 11

1914, Tolkien envoie en 1916 un recueil de poèmes inti-tulé The Trumpets of Faery à la maison d’édition londo-nienne Sidgwick & Jackson, mais il est refusé[110].Après son retour de la guerre, Tolkien délaisse quelquepeu les vers pour se consacrer à la rédaction des Contesperdus, en prose. Il continue toutefois à publier despoèmes dans diverses revues au cours des années 1920 et1930[110]. Durant son séjour à Leeds, il entreprend de re-later en vers allitératifs l’histoire de Túrin Turambar. Ceteffort reste inachevé : Tolkien l’abandonne en 1925, aprèsavoir rédigé un peu plus de 800 vers, pour se consacrerau Lai de Leithian, qui relate l’histoire d’amour de Berenet Lúthien en distiques octosyllabiques. Tolkien travaillesur le Lai pendant sept ans avant de l’abandonner à sontour en 1931, au vers 4 175, malgré les commentaires ap-probateurs de son ami C. S. Lewis[113]. Les années 1930le voient s’essayer à de longs poèmes sur la mythologienordique (les deux lais publiés en 2009 sous le titre LaLégende de Sigurd et Gudrún) ou la légende arthurienne(l’inachevé La Chute d'Arthur, publié en 2013).Les œuvres les plus connues de Tolkien, Le Hobbit et LeSeigneur des anneaux, contiennent de nombreux poèmes,décrits par Tolkien comme « partie intégrante du récit(et de la représentation des personnages[114]) », mais quilaissent souvent les critiques circonspects. Le recueil depoèmes Les Aventures de TomBombadil (1962), composéen grande partie de versions remaniées de poèmes écritset publiés dans les années 1920-1930, n’attire guère l’at-tention, mais il est dans l’ensemble bien accueilli par lapresse et par le public[115].

3.2.2 Livres pour enfants

Dans les années 1920, Tolkien commence à inventer deshistoires pour distraire ses enfants. Bon nombre d’entreelles, comme celles du bandit Bill Stickers (littéralement« colleurs d’affiches ») et son ennemi juré, le MajorRoad Ahead (littéralement « croisement avec une granderoute »), dont les noms s’inspirent de panneaux croi-sés dans la rue, ne sont cependant jamais couchées surle papier[116]. D’autres le sont, notamment Roverandom,écrit pour consoler le petit Michael qui avait perdu sonjouet préféré, Monsieur Merveille, qui relate les mésa-ventures du héros éponyme avec son automobile, ou LeFermier Gilles de Ham, qui acquiert toutefois un ton plusadulte au fil des relectures[117]. En outre, Tolkien écritchaque année entre 1920 et 1942 une lettre illustrée cen-sée venir du père Noël à ses enfants ; un recueil de cesLettres du Père Noël a été édité en 1976.Le plus célèbre des livres pour la jeunesse de Tolkien, LeHobbit, est également issu d’un conte imaginé par Tolkienpour ses enfants. À sa publication, en 1937, il reçoit unexcellent accueil de la critique comme du public, est nom-mé pour la Carnegie Medal et remporte un prix décernépar le New York Herald Tribune. Il est toujours considérécomme un classique de la littérature enfantine[118]. Tou-

tefois, quelques années plus tard, Tolkien pose un regardcritique sur son livre, regrettant de s’être parfois laisséaller à un ton trop puéril. « Les enfants intelligents possé-dant un goût sûr (il semble y en avoir un certain nombre)ont toujours distingué comme des faiblesses, je suis heu-reux de le dire, les moments où le récit s’adresse directe-ment aux enfants[119]. »

3.2.3 Le Seigneur des anneaux et Le Silmarillion

Page de garde du Silmarillion.

Articles détaillés : Le Seigneur des anneaux et LeSilmarillion.

Après le succès du Hobbit, l’éditeur de Tolkien, StanleyUnwin, le presse d’écrire une suite. Incertain, Tolkiencommence par lui proposer un ouvrage très différent : LeSilmarillion, un recueil de légendes mythologiques imagi-naires sur lequel il travaille depuis près de vingt ans[120].En effet, c’est vers 1916-1917 que débute la rédactionde la première mouture des légendes du Silmarillion, LeLivre des contes perdus. Il s’agit alors d’un ensemble d’his-toires racontées à Eriol, un marin danois du Ve siècle denotre ère, par les elfes de l’île de Tol Eressëa, située loin àl’Ouest. L’idée de Tolkien est alors de créer « une mytho-logie pour l’Angleterre » : la fin des Contes perdus, jamaisrédigée, devait voir l’île de Tol Eressëa, brisée en deux,devenir la Grande-Bretagne et l’Irlande. Les elfes auraientprogressivement disparu de leur ancien pays, et les chefssemi-légendaires Hengist et Horsa se seraient avérés êtreles fils d’Eriol. Tolkien abandonne assez tôt ce projet am-bitieux de « mythologie anglaise », mais il retient l’idée dumarin humain servant de moyen de transmission des lé-gendes elfiques : ce rôle est par la suite attribué à Ælfwine,un marin anglo-saxon du XIe siècle[121].Dans les années 1920, les légendes du Silmarillion sontdélaissées au profit du Lai des Enfants de Húrin, puis duLai de Leithian. Tolkien retourne à la prose dans les an-nées 1930 et rédige plusieurs textes liés : le mythe cosmo-gonique de l’Ainulindalë, deux ensembles d’annales, desprécis sur l’histoire des langues (Lhammas) et la géogra-

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12 3 L'ÉCRIVAIN

phie du monde (Ambarkanta). Au cœur de l’ensemble setrouve la Quenta Noldorinwa ou « Histoire des Noldoli »,qui prend ensuite le nom de Quenta Silmarillion[122].Cet ensemble de textes reçoit un accueil pour le moinscirconspect de la part d’Allen & Unwin, et dès décembre1937, Tolkien entreprend la rédaction d’une suite au Hob-bit. Il lui faut près de douze années pour terminer Le Sei-gneur des anneaux, un roman qui a presque totalementperdu le ton enfantin de son prédécesseur en se rappro-chant davantage du monde ancien et noble du Silmaril-lion. À sa publication, en 1954-1955, le roman reçoit unaccueil varié de la part de la critique[123], mais le publicle plébiscite, notamment aux États-Unis après sa paru-tion au format poche dans les années 1960. Sa populari-té n’a jamais failli depuis : traduit dans une quarantainede langues, il a été le sujet d’innombrables articles et ou-vrages d’analyse et est sorti vainqueur de nombreux son-dages réalisés auprès du public[124].Le succès du Seigneur des anneaux assure à Tolkien queson Silmarillion, désormais très attendu, sera publié ; maisreste encore à l’achever. L’auteur passe les vingt dernièresannées de sa vie à travailler en ce sens, mais la tâche serévèle ardue et il ne parvient pas à l’accomplir, victimede ses hésitations et de la simple quantité de travail deréécriture et de correction à fournir pour le rendre co-hérent avec les profondes modifications apportées par LeSeigneur des anneaux[125]. Qui plus est, il se laisse fré-quemment distraire en rédigeant des textes sur des pointsde détail en négligeant la trame principale : « La sous-création en elle-même était devenue un passe-temps quiapportait sa propre récompense, indépendamment du dé-sir d’être édité[126]. »

3.2.4 Publications posthumes

Le Silmarillion est toujours inachevé à la mort de Tol-kien, en 1973. Il a fait de son troisième fils, Christopher,son exécuteur littéraire : il lui revient de procéder à l’édi-tion de cet ouvrage. Il y travaille pendant près de quatreans, avec l’aide de Guy Gavriel Kay, et réorganise lesécrits hétéroclites et parfois divergents de son père sousla forme d’un texte continu, sans narrateur externe. LeSilmarillion paraît en 1977 et reçoit des critiques très va-riées : beaucoup jugent négativement son style archaïsant,son absence d’intrigue continue et son grand nombre depersonnages[127].Christopher Tolkien a poursuivi sa tâche éditoriale dansles années qui suivent, tout d’abord avec Contes et légendesinachevés (1980), une compilation de divers textes posté-rieurs au Seigneur des anneaux, de nature essentiellementnarrative, puis avec les douze volumes de l’Histoire de laTerre du Milieu (1983-1996), une étude « longitudinale »des textes de son père ayant servi à l’élaboration du Silma-rillion, ainsi que des brouillons du Seigneur des anneauxet d’autres écrits inédits. Les brouillons du Hobbit, laissésvolontairement de côté par Christopher Tolkien durant

Buste de Tolkien à Exeter College, réalisé par sa belle-fille Faith.

l’élaboration de l’Histoire de la Terre du Milieu, ont étépubliés à leur tour en 2007 par John D. Rateliff dans lesdeux volumes de The History of The Hobbit.Dans les années 2000, Christopher Tolkien a édité deuxouvrages supplémentaires de son père : Les Enfantsde Húrin (2007), une version « indépendante, à partentière[128] » de l’histoire de Túrin, déjà relatée dans LeSilmarillion et Contes et légendes inachevés, puis La Lé-gende de Sigurd et Gudrún (2009), deux longs poèmes ins-pirés de la mythologie nordique[129]. Ont suivi La Chuted'Arthur (2013), une relecture du mythe arthurien, etL'Histoire de Kullervo, reprise d'un épisode du Kalevala(2015)[130].

3.2.5 Illustrations

Tolkien commence à dessiner et à peindre des aquarellesdans son enfance, une activité qu’il ne délaisse jamais to-talement, bien que ses autres obligations ne lui laissentguère le loisir de s’y consacrer et qu’il se considère lui-même comme un artiste médiocre. Dessiner des person-nages n’est pas son point fort, et la plupart de ses œuvresreprésentent donc des paysages, réels ou (à partir des an-nées 1920) imaginaires, inspirés par ses lectures (le Kale-vala, Beowulf) ou la mythologie naissante du Silmarillion.En vieillissant, il délaisse en partie l’art figuratif au profitde motifs ornementaux, où l’on retrouve fréquemment la

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figure de l’arbre, qu’il griffonne sur des enveloppes ou desjournaux[131].Les récits qu’il imagine pour ses enfants sont égalementabondamment illustrés, qu’il s’agisse des Lettres du PèreNoël, de Roverandom ou du Hobbit. Lorsque ce dernierest publié, il inclut quinze illustrations en noir et blanc deTolkien (dont deux cartes), qui réalise également la ja-quette du livre. L’édition américaine comprend cinq illus-trations supplémentaires en couleur. En revanche, Le Sei-gneur des anneaux, livre coûteux à produire, n’inclut au-cune illustration de Tolkien. Trois recueils d’illustrationsde Tolkien ont été publiés après sa mort : Peintures etaquarelles de J. R. R. Tolkien (1979), édité par Chris-topher Tolkien ; J. R. R. Tolkien : artiste et illustrateur(1995), plus complet, édité par Wayne G. Hammond etChristina Scull[132] ; et enfin The Art of the Hobbit (2011),reprenant des illustrations relatives au Hobbit déjà pu-bliées dans les deux ouvrages précédents, ainsi que plu-sieurs dessins et esquisses inédits[133].

3.3 Postérité« Tolkien a redonné vie à la fantasy ; il l’a

rendue respectable ; il a fait naître un goût pourelle chez les lecteurs comme chez les éditeurs ;il a ramené les contes de fées et les mythesdes marges de la littérature ; il a « élevé leniveau » pour les auteurs de fantasy. Son in-fluence est si puissante et omniprésente quepour bien des auteurs, la difficulté n’a pas été dele suivre, mais de s’en dégager, de trouver leurpropre voix […] Le monde de la Terre du Mi-lieu, comme celui des contes de fées des frèresGrimm au siècle précédent, est entré dans lemobilier mental du monde occidental[134]. »

— Tom ShippeyTom Shippey résume l’influence de Tolkien sur la littéra-ture en disant qu’« il a fondé le genre de l’heroic fantasysérieuse » : s’il n’est pas le premier auteur moderne dugenre, il a marqué de son empreinte l’histoire de la fantasygrâce au succès commercial du Seigneur des anneaux, in-égalé à l’époque. Ce succès donne lieu à l’émergence d’unnouveau marché dans lequel les éditeurs ne tardent pasà s’engouffrer, notamment l’Américain Ballantine Books(qui édite également Tolkien en poche aux États-Unis).Plusieurs cycles de fantasy publiés dans les années 1970témoignent d’une forte influence de Tolkien, par exempleL’Épée de Shannara de Terry Brooks (1977), dont l’his-toire est très proche de celle du Seigneur des anneaux, ouLes Chroniques de Thomas Covenant de Stephen R. Do-naldson, dont l’univers de fiction rappelle la Terre du Mi-lieu. À l’inverse, d’autres auteurs se définissent par oppo-sition à Tolkien et aux idées qu’il leur semble véhiculer,comme Michael Moorcock (qui le fustige dans son ar-ticle Epic Pooh (en)) ou Philip Pullman, mais comme lesouligne Shippey, ils doivent eux aussi leur succès à celui

rencontré par Tolkien[135].En 2008, le Times classe Tolkien en sixième positiond’une liste des « 50 plus grands écrivains britanniques de-puis 1945[136] ».En 2012, les archives de l'Académie suédoise révèlent queTolkien faisait partie de la cinquantaine d'auteurs en licepour le Prix Nobel de littérature en 1961. La candidaturede Tolkien, proposée par son ami C. S. Lewis, est rejetéepar le comité des Nobel : l'académicien Anders Österlingécrit que Le Seigneur des anneaux « n'est en aucun cas dela grande littérature ». Le prix revient au Yougoslave IvoAndrić[137].

4 Le philologue

4.1 Carrière académique

Pembroke College, où Tolkien enseigne de 1926 à 1945.

Merton College, où Tolkien enseigne de 1945 à 1959.

La carrière académique de Tolkien, de même que sa pro-duction littéraire, sont inséparables de son amour deslangues et de la philologie. À l’université, il se spécia-lise dans ce domaine et obtient son diplôme en 1915 avecle vieux norrois comme spécialité. Entre 1918 et 1920,il travaille pour l’Oxford English Dictionary et contribue

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14 4 LE PHILOLOGUE

à plusieurs entrées commençant par la lettre « W » ; parla suite, il déclare avoir « appris davantage au cours deces deux années que durant aucune autre période équiva-lente de [s]on existence[138] ». En 1920, il devient profes-seur assistant (reader) de langue anglaise à l’université deLeeds, et se félicite d’y avoir fait passer le nombre d’étu-diants en linguistique de cinq à vingt, soit davantage pro-portionnellement qu’à Oxford à la même date[139], sou-lignant que « la philologie semble avoir perdu pour cesétudiants sa connotation de terreur, sinon celle de mys-tère ». Il y donne des cours sur les poèmes héroïques envieil-anglais, sur l’histoire de l’anglais, et sur divers textesen vieil et moyen anglais, ainsi que des introductions à laphilologie germanique, au gotique, au vieux norrois et augallois médiéval[140].Après son arrivée à Oxford, Tolkien s’implique dans laquerelle séculaire opposant, au sein de la faculté d’an-glais, linguistes (« Lang ») et littéraires (« Lit »). Il sedésole de la situation qu’elle entraîne concernant les pro-grammes : en effet, les règles phonologiques que doiventapprendre les étudiants en linguistique ne s’appuient passur l’étude même des textes en vieil et moyen anglais, dontla lecture n’est pas au programme, ce que Tolkien jugeabsurde. Il propose une refonte des programmes rendantoptionnelle l’étude des écrivains du XIXe siècle, afin delaisser la place aux textes médiévaux[141]. Cette réformedes programmes fait l’objet de violentes oppositions, dontcelle de C. S. Lewis lui-même au début, mais est finale-ment adoptée en 1931[142],[143]. Malgré une oppositioncroissante après 1945, les programmes conçus par Tol-kien restent en vigueur jusqu’à sa retraite[144].Parmi ses travaux académiques, la conférence de 1936Beowulf : Les Monstres et les Critiques a une influencedéterminante sur l’étude du poème Beowulf[145]. Tolkienest parmi les premiers à considérer le texte comme uneœuvre d’art en soi, digne d’être lue et étudiée en tantque telle, et non comme une simple mine d’informationshistoriques ou linguistiques à exploiter. Le consensus del’époque rabaisse Beowulf en raison des combats contredes monstres qu’il met en scène et regrette que le poète neparle pas des véritables conflits tribaux de l’époque ; pourTolkien, l’auteur de Beowulf cherche à évoquer le destinde l’humanité tout entière, au-delà des luttes tribales, cequi rend les monstres essentiels[146].En privé, Tolkien est attiré par « les faits possédant une si-gnification raciale ou linguistique[147] », et dans sa confé-rence de 1955 L’Anglais et le Gallois, qui illustre sa visiondes concepts de langue et de race, il développe des notionsde « préférences linguistiques inhérentes », opposant « lapremière langue apprise, la langue de la coutume » à « lalangue natale »[148]. Dans son cas, il considère le dialectemoyen anglais des West Midlands comme sa « langue na-tale », et comme il l’écrit à W. H. Auden : « Je suis desWest Midlands par mon sang (et j’ai pris goût au hautmoyen anglais des West Midlands comme langue connuedès que je l’ai vu)[149] ».

Tolkien apprend dans son enfance le latin, le français etl’allemand, que lui enseigne sa mère. Durant sa scolarité,il apprend le latin et le grec, le vieil et le moyen anglais, etse passionne pour le gotique, le vieux norrois, le gallois,qu’il découvre dans son enfance à travers des noms ins-crits à la craie sur les trains qui passent non loin de samaison à Birmingham, ainsi que le finnois. Ses contribu-tions à l’Oxford English Dictionary et les instructions lais-sées aux traducteurs du Seigneur des anneaux témoignentde connaissances plus ou moins étendues en danois, enlituanien, en moyen néerlandais et en néerlandais mo-derne, en norvégien, en vieux-slave, en russe, en proto-germanique, en vieux saxon, en vieux haut-allemand eten moyen bas allemand[150].Tolkien s’intéresse également à l’espéranto, alors jeunelangue internationale, née peu avant lui. Il déclare en1932 : « J’ai de la sympathie en particulier pour les re-vendications de l’espéranto […] mais la principale rai-son de le soutenir me semble reposer sur le fait qu’il adéjà acquis la première place, qu’il a reçu le plus largeaccueil[151] ». Cependant, il nuance ultérieurement sonpropos dans une lettre de 1956 ; selon lui, « le volapük,l’espéranto, le novial, etc., sont des langues mortes, bienplus mortes que des langues anciennes que l’on ne parleplus, parce que leurs auteurs n’ont jamais inventé aucunelégende espéranto[152] ».

4.2 Langues construites

A Elbereth Gilthoniel, un poème sindarin écrit en tengwar publiédans Le Seigneur des anneaux et The Road Goes Ever On.

En parallèle à ses travaux professionnels, et parfois mêmeà leur détriment (au point que ses publications acadé-miques restent assez peu nombreuses), Tolkien se pas-sionne pour les langues construites. Amoureux des motsau-delà de son métier, il a une passion qu’il appelle son« vice secret » : la construction pure et simple de toutun vocabulaire imaginaire, avec son lot de notes étymo-logiques et de grammaires fictives. Pas moins d’une di-

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zaine de langues construites figurent dans Le Seigneur desanneaux, au travers des toponymes ou des noms des per-sonnages, de brèves allusions discursives ou de chants etde poèmes. L’ensemble participe à la vraisemblance durécit, chacun des peuples de la Terre du Milieu ayant sestraditions, son histoire et ses langues[153].Tolkien aborde sa conception personnelle des languesconstruites dans son essai Un vice secret, issu d’une confé-rence donnée en 1931[154]. La composition d’une langue,pour lui, relève d’un désir esthétique et euphonique, par-ticipant d’une satisfaction intellectuelle et d’une « sym-phonie intime ». Il dit avoir commencé à inventer sespropres langues vers l’âge de 15 ans, et son métier de phi-lologue n’est qu’un des reflets de sa passion profonde pourles langues. S’il considère avant tout l’invention d’unelangue comme une forme d’art à part entière, il ne conçoitpas qu’elle puisse exister sans avoir une « mythologie »propre, à savoir un ensemble d’histoires et de légendes ac-compagnant son évolution, comme le montre sa remarquesur l’espéranto. Il commence à concevoir ses languesavant la rédaction des premières légendes[98]. Considé-rant qu’il existe un lien fondamental entre une langue etla tradition qu’elle exprime, il est naturellement amenéà concevoir son propre legendarium dans lequel s’ins-crivent ses langues[152] : il affirme ironiquement n’avoirécrit Le Seigneur des anneaux que dans le but d’avoir uncadre rendant naturelle une formule de salutation elfiquede sa composition[155].Tolkien travaille durant toute sa vie sur ses languesconstruites sans jamais véritablement les achever. Sonplaisir se trouve davantage dans la création linguistiqueque dans le but d’en faire des langues utilisables[156]. Sideux d’entre elles (le quenya et le sindarin) sont relati-vement développées, avec un vocabulaire de plus de 2000 mots et une grammaire plus ou moins définie, beau-coup d’autres auxquelles il fait allusion dans ses écritssont tout juste esquissées. Ces diverses langues sont néan-moins construites sur des bases linguistiques sérieuses,avec une volonté de respecter le modèle des langues na-turelles. Par exemple, le khuzdul, langue des Nains, etl’adûnaic, langue des hommes de Númenor, ressemblentpar certains aspects aux langues sémitiques[157], en par-ticulier dans leur structure trilitère ou dans la présencede procédés comme la mimation. Si le quenya des Hauts-Elfes est une langue à flexions (comme le grec et le la-tin), son vocabulaire et sa phonologie sont conçus sur unmodèle proche du finnois. Quant à la langue sindarine desElfes Gris, elle s’inspire très librement du gallois[158] danscertains de ses aspects phonologiques, comme les muta-tions de consonnes initiales ou « lénitions ». Les languesde Tolkien ne sont pas pour autant de simples « copies »des langues naturelles et elles ont leurs propres spécifici-tés.Tolkien imagine aussi plusieurs systèmes d’écriture pourses langues : une écriture cursive (les Tengwar de Fëanor)et un alphabet de type runique (les Cirth de Daeron) sontillustrés dans le corps du Seigneur des anneaux. Un troi-

sième système, les sarati de Rúmil, apparaît dans le cadrede la Terre du Milieu, mais Tolkien l’utilise également, àla fin des années 1910, pour écrire son journal[159].

5 Liste simplifiée des œuvres

Articles détaillés : Liste d'œuvres de J. R. R. Tolkien etÉtudes sur J. R. R. Tolkien.

• 1936 : Beowulf : Les Monstres et les Critiques, essai

• 1937 : Le Hobbit, roman

• 1945 : Feuille, de Niggle, nouvelle

• 1947 : Du conte de fées, essai

• 1949 : Le Fermier Gilles de Ham, conte

• 1954-1955 : Le Seigneur des anneaux, roman

• 1954 : La Fraternité de l’anneau (ancienne tra-duction : La Communauté de l’anneau)

• 1954 : Les Deux Tours

• 1955 : Le Retour du roi

• 1962 : Les Aventures de Tom Bombadil, recueil depoèmes

• 1967 : Smith de Grand Wootton, conte

À titre posthume, ouvrages édités par Christopher Tol-kien et d’autres :

• 1975 : Sir Gawain and the Green Knight, Pearl andSir Orfeo, traduction de poèmes médiévaux

• 1977 : Le Silmarillion, roman

• 1980 : Contes et légendes inachevés, recueil de textessur la Terre du Milieu

• 1982 : Monsieur Merveille, conte

• 1983 : Les Monstres et les Critiques et autres essais,recueil d'articles et de conférences

• 1983-1996 : Histoire de la Terre du Milieu (12 vo-lumes), recueil de textes sur la Terre du Milieu

• 1998 : Roverandom, conte (édité par Wayne G.Hammond et Christina Scull)

• 2007 : Les Enfants de Húrin, roman

• 2007 : The History of The Hobbit (édité par John D.Rateliff)

• 2009 : La Légende de Sigurd et Gudrún, poèmes

• 2013 : La Chute d'Arthur, poème

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16 6 ANNEXES

• 2015 : L'Histoire de Kullervo, récit

En complément de l’Histoire de la Terre du Milieu et sousl’égide de Christopher Tolkien et du Tolkien Estate, lesfanzines américains Vinyar Tengwar et Parma Eldalam-beron et la revue universitaire Tolkien Studies publient ré-gulièrement des textes inédits de J. R. R. Tolkien.

6 Annexes

6.1 Notes

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’ar-ticle de Wikipédia en anglais intitulé « J. R. R. Tolkien »(voir la liste des auteurs).

[1] Du fait de sa prononciation, le nom de Tolkien est par-fois orthographié à tort « Tolkein » dans le monde anglo-saxon : cf. Hammond & Scull, Reader’s Guide, p. 625.À l’inverse, on peut trouver la prononciation /tɔlkjɛn/dans les médias francophones. Le Cambridge English Pro-nouncing Dictionary indique également deux prononcia-tions américaines : /tɒʊlkiːn/ et /tɑːlkiːn/.

[2] Il existe un ouvrage consacré au travail de Tolkien pourl’Oxford English Dictionary : (en) Peter Gilliver, Jere-my Marshall et Edmund Weiner, The Ring of Words :Tolkien and the Oxford English Dictionary, Oxford Uni-versity Press, 2006 (ISBN 978-0-198-61069-4).

6.2 Références[1] Lettres, no 165, p. 218.

[2] Hammond & Scull, Reader’s Guide, p. 984.

[3] Open Plaques, « J. R. R. Tolkien and Matthew Boultonblue plaque in Birmingham » (consulté le 2 septembre2011).

[4] Carpenter, J. R. R. Tolkien, une biographie, p. 21-24.

[5] Lettres, no 309, p. 397-398.

[6] Hammond & Scull, Reader’s Guide, p. 624.

[7] Carpenter, J. R. R. Tolkien, une biographie, p. 26.

[8] Lettres, no 180, p. 230.

[9] Carpenter, J. R. R. Tolkien, une biographie, p. 32.

[10] Carpenter, J. R. R. Tolkien, une biographie, p. 32-33.

[11] Carpenter, J. R. R. Tolkien, une biographie, p. 34.

[12] Hammond & Scull, Chronology, p. 6-8.

[13] Carpenter, J. R. R. Tolkien, une biographie, p. 34, 42-43.

[14] Hammond & Scull, Chronology, p. 11-14.

[15] Carpenter, J. R. R. Tolkien, une biographie, p. 56.

[16] Carpenter, J. R. R. Tolkien, une biographie, p. 63.

[17] Lettres, no 306, p. 391.

[18] Carpenter, J. R. R. Tolkien, une biographie, p. 57-60.

[19] Hammond & Scull, Reader’s Guide, p. 703.

[20] Lettres, no 306, p. 391–393.

[21] Carpenter, J. R. R. Tolkien, une biographie, p. 68-69.

[22] Carpenter, J. R. R. Tolkien, une biographie, p. 77-78.

[23] Carpenter, J. R. R. Tolkien, une biographie, p. 75, 81-84.

[24] Carpenter, J. R. R. Tolkien, une biographie, p. 87-88.

[25] Carpenter, J. R. R. Tolkien, une biographie, p. 89.

[26] Carpenter, J. R. R. Tolkien, une biographie, p. 94.

[27] Garth, p. 94.

[28] Carpenter, J. R. R. Tolkien, une biographie, p. 95-96.

[29] Garth, p. 89, 138, 147.

[30] Garth, p. 138.

[31] Carpenter, J. R. R. Tolkien, une biographie, p. 100-103.

[32] Garth, p. 207.

[33] Carpenter, J. R. R. Tolkien, une biographie, p. 109.

[34] Hammond & Scull, Reader’s Guide, p. 725-727.

[35] Hammond & Scull, Chronology, p. 107.

[36] Carpenter, J. R. R. Tolkien, une biographie, p. 120-126.

[37] Oxfordshire Blue Plaques Board, « J. R. R. Tolkien (1892-1973), Philologist and Author, 20 Northmoor Road, Ox-ford » (consulté le 19 décembre 2010).

[38] Carpenter, J. R. R. Tolkien, une biographie, p. 127.

[39] Carpenter, J. R. R. Tolkien, une biographie, p. 177-182.

[40] Carpenter, J. R. R. Tolkien, une biographie, p. 21.

[41] Carpenter, J. R. R. Tolkien, une biographie, p. 159-165.

[42] Carpenter, J. R. R. Tolkien, une biographie, p. 197.

[43] Anderson 2012, p. 30-37.

[44] Hammond & Scull, Reader’s Guide, p. 530-540.

[45] (en) BST, « JRR Tolkien trained as British spy », TheDaily Telegraph, 16 septembre 2009 (lire en ligne).

[46] Carpenter, The Inklings, p. 120-126.

[47] Carpenter, J. R. R. Tolkien, une biographie, p. 168.

[48] Carpenter, The Inklings, p. 226.

[49] Carpenter, J. R. R. Tolkien, une biographie, p. 255.

[50] Lettres, no 251, p. 341.

[51] Carpenter, J. R. R. Tolkien, une biographie, p. 243.

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6.2 Références 17

[52] Carpenter, J. R. R. Tolkien, une biographie, p. 263-264.

[53] Carpenter, J. R. R. Tolkien, une biographie, p. 248-251.

[54] Lettres, no 336, p. 418.

[55] Lettres, no 294, p. 378

[56] Lettres, no 340, p. 420.

[57] Hammond & Scull, Chronology, p. 761.

[58] Carpenter, J. R. R. Tolkien, une biographie, p. 278.

[59] Carpenter, J. R. R. Tolkien, une biographie, p. 42.

[60] Carpenter, J. R. R. Tolkien, une biographie, p. 162-164.

[61] Hammond & Scull, Reader’s Guide, p. 830-831.

[62] Lettres, no 52, p. 64.

[63] Lettres, no 186, p. 246.

[64] Lettres, no 53, p. 66.

[65] Lettres, no 81, p. 93.

[66] Lettres, no 100, p. 115.

[67] Lettres, no 83, p. 94-96.

[68] Lettres, no 53, p. 65.

[69] Lettres, no 229, p. 307.

[70] La Route perdue et autres textes, p. 77, cité dans Hammond& Scull, Reader’s Guide, p. 668.

[71] Lettres, no 29, p. 37.

[72] Lettres, no 30, p. 37–38.

[73] Lettres, no 45, p. 55.

[74] Lettres, no 294, p. 376.

[75] (en) Steuard Jensen, « Was Tolkien a racist ? Were hisworks ? », Tolkien Meta-FAQ, III. A. 7. consulté le 27 avril2009.

[76] (en) Christine Chism, « Racism (Charges of) », dans Mi-chael D. C. Drout, J.R.R. Tolkien Encyclopedia, p. 558.

[77] « White men are good, 'dark' men are bad, orcs are worstof all. » ; John Yatt, The Guardian, 2 décembre 2002.

[78] Guido Semprini, « Isabelle Smadja ou la Tentation del’Absurde », JRRVF, novembre 2002. Consulté le 4 jan-vier 2011.

[79] David Ibata, Chicago Tribune, 12 janvier 2003.

[80] Lettres, no 61, p. 73.

[81] « I have the hatred of apartheid in my bones », LesMonstres et les Critiques et autres essais, p. 293.

[82] Hammond & Scull, Reader’s Guide, p. 631-634. Photo-graphie reproduite dans Carpenter, J. R. R. Tolkien, unebiographie, cahier central.

[83] Lettres, p. 419-420.

[84] Lettres, p. 321-322.

[85] Hammond & Scull, Reader’s Guide, p. 633-634.

[86] Hammond & Scull, Reader’s Guide, p. 253-258.

[87] Lettres, no 1, p. 7.

[88] Carpenter, J. R. R. Tolkien, une biographie, p. 85-89.

[89] Anderson 2012, p. 216.

[90] Lettres, no 226, p. 303.

[91] Hammond & Scull, Reader’s Guide, p. 355-358.

[92] Carpenter, J. R. R. Tolkien, une biographie, p. 181-182.

[93] David Day, L’Anneau de Tolkien, Christian Bourgois, 2002 (ISBN 9782267013443).

[94] Tolkien aujourd'hui, « La question de l’influence wagné-rienne sur l’œuvre de Tolkien ».

[95] Lettres, no 229, p. 306.

[96] (en) « Spengler », « The 'Ring' and the remnants of theWest », Asia Times Online, 11 janvier 2003 (lire en ligne).

[97] (en) Alex Ross, « The Ring and the Rings », The NewYorker, 22 décembre 2003 (lire en ligne).

[98] Lettres, no 163, p. 214.

[99] Lettres, no 131, p. 144.

[100] Tatjana Silec, « Tolkien et le Kalevala », dans Leo Carru-thers (dir.), Tolkien et le Moyen Âge, p. 31-49.

[101] Claire Jardillier, « Les échos arthuriens dans Le Seigneurdes anneaux », dans Leo Carruthers (dir.), Tolkien et leMoyen Âge, p. 143-169.

[102] Shippey, The Road to Middle-earth, p. 294.

[103] Lettres, no 142, p. 172.

[104] Le Seigneur des anneaux, p. 398.

[105] Kocher, p. 76-77.

[106] Le Seigneur des anneaux, p. 975.

[107] Shippey, The Road to Middle-earth, p. 159-164.

[108] Hammond & Scull, Reader’s Guide, p. 158-159.

[109] Hammond & Scull, Reader’s Guide, p. 982-984.

[110] Hammond & Scull, Reader’s Guide, p. 766-767.

[111] Carpenter, J. R. R. Tolkien, une biographie, p. 91.

[112] Hammond & Scull, Reader’s Guide, p. 340.

[113] Les Lais du Beleriand, p. 1-2.

[114] Cité dans Hammond & Scull, Reader’s Guide, p. 768.

[115] Hammond & Scull, Reader’s Guide, p. 27-28.

[116] Carpenter, J. R. R. Tolkien, une biographie, p. 178.

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18 6 ANNEXES

[117] Hammond & Scull, Reader’s Guide, p. 162.

[118] Hammond & Scull, Reader’s Guide, p. 399-400.

[119] Lettres, p. 297.

[120] Hammond & Scull, Reader’s Guide, p. 530-531.

[121] Hammond & Scull, Reader’s Guide, p. 130-131.

[122] Hammond & Scull, Reader’s Guide, p. 894.

[123] Hammond & Scull, Reader’s Guide, p. 547-551.

[124] Hammond & Scull, Reader’s Guide, p. 551-555.

[125] Hammond & Scull, Reader’s Guide, p. 910.

[126] Carpenter, J. R. R. Tolkien, une biographie, p. 271.

[127] Hammond & Scull, Reader’s Guide, p. 912.

[128] J. R. R. Tolkien (trad. Delphine Martin), Les Enfantsde Húrin, Christian Bourgois, février 2008 (ISBN 978-2-267-01965-0), p. 9.

[129] J. R. R. Tolkien (trad. Christine Laferrière), La Lé-gende de Sigurd et Gudrún, Christian Bourgois, avril 2010(ISBN 978-2-267-02081-6), p. 5-7.

[130] « L'Histoire de Kullervo », un manuscrit inachevé de Tol-kien publié cet été

[131] Hammond & Scull, Reader’s Guide, p. 53-54.

[132] Hammond & Scull, Reader’s Guide, p. 54-55.

[133] (en) Alison Flood, « Tolkien’s Hobbit drawings publishedto mark 75th anniversary », The Guardian, 2011 (consultéle 12 décembre 2011).

[134] (en) Tom Shippey, « Literature, Twentieth Century : In-fluence of Tolkien », dans Michael D. C. Drout, J.R.R.Tolkien Encyclopedia, p. 381-382.

[135] (en) Tom Shippey, « Literature, Twentieth Century : In-fluence of Tolkien », dans Michael D. C. Drout, J.R.R.Tolkien Encyclopedia, p. 378-382.

[136] « The 50 greatest British writers since 1945 », The Times, 5 janvier 2008 (consulté le 3 janvier 2009). Tolkien estdevancé par Philip Larkin, George Orwell, William Gol-ding, Ted Hughes et Doris Lessing.

[137] (sv) Andreas Ekström, « Greene tvåa på listan 1961 »,Sydsvenskan, 4 janvier 2012 (lire en ligne).

[138] Hammond & Scull, Reader’s Guide, p. 726.

[139] Carpenter, J. R. R. Tolkien, une biographie, p. 123.

[140] Lettres, no 7, p. 12–13.

[141] Les programmes proposés par Tolkien sont détaillés dansHammond & Scull, Reader’s Guide, p. 733.

[142] Carpenter, J. R. R. Tolkien, une biographie, p. 153.

[143] Carpenter, The Inklings, p. 22-26, 55.

[144] Hammond & Scull, Reader’s Guide, p. 734.

[145] Carpenter, J. R. R. Tolkien, une biographie, p. 155.

[146] Finn and Hengest, p. 4.

[147] Lettres, no 95, p. 108.

[148] Les Monstres et les Critiques, p. 235.

[149] Lettres, no 163, p. 213.

[150] Hammond & Scull, Reader’s Guide, p. 460-461.

[151] Lettre publiée dans le numéro de mai 1932 du British Es-perantist, cité dans Hammond & Scull, Reader’s Guide, p.474.

[152] Lettres, no 180, p. 231.

[153] Hammond & Scull, Reader’s Guide, p. 475-482.

[154] Les Monstres et les critiques, p. 247-275.

[155] Lettres, no 205, p. 265.

[156] Sauron Defeated, p. 439-440.

[157] Sauron Defeated, p. 241.

[158] Lettres, no 165, p. 218–219.

[159] Carpenter, J. R. R. Tolkien, une biographie, p. 117.

6.3 Bibliographie

• Notices d'autorité : Fichier d'autorité internationalvirtuel • International Standard Name Identifier •Union List of Artist Names • Bibliothèque natio-nale de France • Système universitaire de docu-mentation • Bibliothèque du Congrès • GemeinsameNormdatei • Bibliothèque nationale de la Diète •Bibliothèque nationale d'Espagne • WorldCat

• Ouvrages de J. R. R. Tolkien :

• J. R. R. Tolkien (trad. Francis Ledoux, TinaJolas), Le Seigneur des anneaux [« The Lordof the Rings »] [détail des éditions].

• J. R. R. Tolkien et Christopher Tolkien (trad.Daniel Lauzon, Elen Riot), Les Lais du Bele-riand [« The Lays of Beleriand »] [détail deséditions].

• J. R. R. Tolkien et Christopher Tolkien (trad.Daniel Lauzon), La Route perdue et autrestextes [« The Lost Road and Other Writings »][détail des éditions].

• (en) J. R. R. Tolkien et Christopher Tolkien,Sauron Defeated, HarperCollins, 2002, 482 p.(ISBN 0-261-10305-9).

• J. R. R. Tolkien, Christopher Tolkien etHumphrey Carpenter (trad. Delphine Martinet Vincent Ferré), Lettres [« Letters of J.R.R.Tolkien »] [détail des éditions].

Page 19: J. R. R. Tolkien

6.4 Voir aussi 19

• J. R. R. Tolkien et (éd. Christopher Tolkien)(trad. Christine Laferrière), Les Monstres etles Critiques et autres essais, Christian Bour-gois, 2006 (ISBN 2-267-01820-9).

• (en) J. R. R. Tolkien et Alan Bliss, Finn andHengest : The Fragment and the Episode, Har-perCollins, 2006 (ISBN 0-261-10355-5).

• Bibliographie secondaire :

• Douglas A. Anderson (trad. Daniel Lauzon),Le Hobbit annoté [« The Annotated Hob-bit »], Christian Bourgois, 2012 (ISBN 978-2-267-02389-3).

• Angela Braito, « La question de l'influencewagnérienne dans l'œuvre de Tolkien : résur-gences et traitements des substrats mythiquesdans Der Ring des Nibelungen et The Lord ofthe Rings », dans Michaël Devaux, VincentFerré et Charles Ridoux, Tolkien aujourd’hui(colloque de Rambures 13-15 juin 2008),presses universitaires de Valenciennes, 2011(ISBN 978-2-36424-006-3), p. 181-196.

• Humphrey Carpenter (trad. Pierre Alien), J.R. R. Tolkien, une biographie [« J. R. R. Tol-kien : A biography »], Pocket, coll. « Littéra-ture - Best », novembre 2004, 320 p. (ISBN2266146262).

• (en) Humphrey Carpenter, The Inklings, Har-perCollins, 2006 (ISBN 978-0-00-774869-3).

• Leo Carruthers, Tolkien et le Moyen Âge,CNRS éditions, 2007 (ISBN 978-2-271-06568-1).

• (en) Michael D. C. Drout, J. R. R. Tolkien En-cyclopedia : Scholarship and Critical Assess-ment, Routlege, octobre 2006 (ISBN 0-4159-6942-5).

• (en) John Garth, Tolkien and the Great War,HarperCollins, 2003 (ISBN 0-00-711953-4).

• (en) Wayne G. Hammond et Christina Scull,The J.R.R. Tolkien Companion and Guide :Chronology, Houghton Mifflin, 2006, 996 p.(ISBN 978-0-618-39102-8).

• (en) Wayne G. Hammond et Christina Scull,The J.R.R. Tolkien Companion and Guide :Reader’s Guide, Houghton Mifflin, 2006,1256 p. (ISBN 978-0-618-39101-1).

• (en) Paul H. Kocher, Master of Middle-earth :The Fiction of J.R.R. Tolkien, Houghton Mif-flin, 1972 (ISBN 0-395-14097-8).

• (en) Tom Shippey, The Road to Middle-earth,Londres, HarperCollins, 2005 (1re éd. 1982)(ISBN 978-0-261-10275-0).

6.4 Voir aussi

6.4.1 Articles connexes

• Famille Tolkien

• Edith Tolkien, épouse de J. R. R. Tolkien• Christopher Tolkien, dernier fils de J. R. R.

Tolkien• Simon Tolkien, petit-fils de J. R. R. Tolkien et

fils ainé de Christopher Tolkien• Adam Tolkien, petit-fils de J. R. R. Tolkien et

fils cadet de Christopher Tolkien• Tim Tolkien, petit-neveu de J. R. R. Tolkien

• Tolkien Estate, qui gère les droits des œuvres de J.R. R. Tolkien

• Tolkien Trust, organisme caritatif créé par les4 enfants de J. R. R. Tolkien en lien étroit avecle Tolkien Estate

• Middle-earth Enterprises, qui possède les droits desproduits dérivés et des adaptations cinématogra-phiques du Seigneur des Anneaux et du Hobbit

• Eucatastrophe, néologisme inventé par J. R. R. Tol-kien

• Études sur J. R. R. Tolkien

6.4.2 Liens externes

• (en) Site officiel du Tolkien Estate.

• (en) Le site de la Tolkien Society britannique.

• (en) The Tolkien Professor, site de Corey Olsencontenant des cours de littérature consacrés à Tol-kien.

• (mul) Catégorie Tolkien, John Ronald Reuel de l’an-nuaire DMOZ.

• Yrch ! L'Annuaire international des sites dédiés àTolkien et son œuvre.

• Portail Tolkien et Terre du Milieu

• Portail de la fantasy et du fantastique

• Portail de la littérature britannique

•nk

Portail de la littérature d'enfance et de jeunesse

• Portail des langues

• Portail de l’éducation

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20 6 ANNEXES

• Portail de l’Angleterre

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7 Sources, contributeurs et licences du texte et de l’image

7.1 Texte• J. R. R. Tolkien Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/J._R._R._Tolkien?oldid=122279733 Contributeurs : Anthere, Hashar, Didier, Pa-

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7.2 Images• Fichier:20_Northmoor_Road,_Oxford.JPG Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/e/e7/20_Northmoor_Road%

2C_Oxford.JPG Licence : CC-BY-SA-3.0 Contributeurs : File :20 Northmoor Road, Oxford.JPG at en.wikipedia Artiste d’origine :en.wikipedia user Jpbowen

• Fichier:76SandfieldRoad.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/9/9d/76SandfieldRoad.jpg Licence : CC-BY-SA-3.0 Contributeurs : ? Artiste d’origine : ?

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• Fichier:Books-aj.svg_aj_ashton_01.svg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/4/4b/Books-aj.svg_aj_ashton_01.svg Licence : CC0 Contributeurs : https://openclipart.org/detail/105859/booksajsvg-aj-ashton-01 Artiste d’origine : AJ on openclipart.org

• Fichier:Britishbook-icon.png Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/8/8d/Britishbook-icon.png Licence : CC BY-SA 3.0 Contributeurs : Travail personnel Artiste d’origine : Archibald Tuttle

• Fichier:Disambig_colour.svg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/3/3e/Disambig_colour.svg Licence : Public do-main Contributeurs : Travail personnel Artiste d’origine : Bub’s

• Fichier:Exeter_College,_Oxford.JPG Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/0/0a/Exeter_College%2C_Oxford.JPG Licence : Public domain Contributeurs : Aucune source lisible par la machine fournie. « Travail personnel » supposé (étant donnéla revendication de droit d’auteur). Artiste d’origine : Pas d’auteur lisible par la machine identifié. Greg Stevens~commonswiki supposé(étant donné la revendication de droit d’auteur).

• Fichier:Fairytale_bookmark_gold.svg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/6/66/Fairytale_bookmark_gold.svgLicence : LGPL Contributeurs : File:Fairytale bookmark gold.png (LGPL) Artiste d’origine : Caihua + Lilyu for SVG

• Fichier:Fairytale_bookmark_silver.svg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/a/a0/Fairytale_bookmark_silver.svg Licence : CC BY-SA 3.0 Contributeurs : File:Fairytale bookmark silver.png (LGPL) + Travail personnel Artiste d’origine : Hawk-Eye

• Fichier:Fairytale_bookmark_silver_light.png Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/8/8a/Fairytale_bookmark_silver_light.png Licence : LGPL Contributeurs : ? Artiste d’origine : ?

• Fichier:Flag_of_England.svg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/b/be/Flag_of_England.svg Licence : Public do-main Contributeurs : Travail personnel Artiste d’origine : (Vector graphics by Nicholas Shanks)

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22 7 SOURCES, CONTRIBUTEURS ET LICENCES DU TEXTE ET DE L’IMAGE

• Fichier:Gtk-dialog-info.svg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/b/b4/Gtk-dialog-info.svg Licence : LGPLContributeurs : http://ftp.gnome.org/pub/GNOME/sources/gnome-themes-extras/0.9/gnome-themes-extras-0.9.0.tar.gz Artiste d’origine :David Vignoni

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• Fichier:KES_Free_Grammar_School_Charles_Barry.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/d/d7/KES_Free_Grammar_School_Charles_Barry.jpg Licence : Public domain Contributeurs : The Making of Birmingham : Being a History of theRise and Growth of the Midland Metropolis, Published by J. L. Allday Artiste d’origine : Robert Kirkup Dent

• Fichier:Korrigan.png Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/6/6b/Korrigan.png Licence : CC BY 2.0 Contri-buteurs : Made by me. Artiste d’origine : le Korrigan <a href='//commons.wikimedia.org/wiki/User_talk:Korrigan' title='User talk:Korrigan'>→bla</a>

• Fichier:Merton_college,_front_quadrangle_01.JPG Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/6/69/Merton_college%2C_front_quadrangle_01.JPG Licence : CC BY-SA 3.0 Contributeurs : Travail personnel Artiste d’origine : sailko

• Fichier:Nuvola_apps_gaim.png Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/3/3c/Nuvola_apps_gaim.png Licence : LG-PL Contributeurs : http://icon-king.com Artiste d’origine : David Vignoni / ICON KING

• Fichier:Oxford_Tolkien.JPG Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/6/67/Oxford_Tolkien.JPG Licence : CC BY-SA 3.0 Contributeurs : Travail personnel (own photograph) Artiste d’origine : Julian Nitzsche

• Fichier:Pembroke_College_quad.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/4/44/Pembroke_College_quad.jpgLicence : CC BY 2.0 Contributeurs : originally posted to Flickr as Pembroke College quad Artiste d’origine : David Smith

• Fichier:Peter_Pan_by_nk.svg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/c/c5/Peter_Pan_by_nk.svg Licence : CC BY-SA 1.0 Contributeurs : Travail personnel Artiste d’origine : N. Kasp.

• Fichier:Ronald_and_Hilary_Tolkien.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/2/21/Ronald_and_Hilary_Tolkien.jpg Licence : CC0 Contributeurs : http://tolkiengateway.net/ Artiste d’origine : http://tolkiengateway.net/

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