les fiches du cinéma n°2012

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inéma du C N°2012 10 AOÛT 2011 Sorties des 10 / 17 / 24 août 2011 • 5,00 les Fiches MELANCHOLIA de Lars von Trier et aussi... LA PLANÈTE DES SINGES : LES ORIGINES de Rupert Wyatt CAPTAIN AMERICA : FIRST AVENGER de Joe Johnston

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En couv : Melancholia de Lars von Trier Édito : Charles Tesson et Édouard Waintrop : Cannes et sa nouvelle donne Articles : - Questions de style : question de feeling ? - Nouveaux héros, vieilles recettes : Captain America vs Green Lantern - Chirurgie & esthétique : contre-avis sur La Piel que habito Pour vous abonner, c'est ici : http://www.fichesducinema.com/spip/spip.php?article146

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inémaduC

N°2012 • 10 AOÛT 2011 • Sorties des 10 / 17 / 24 août 2011 • 5,00 €

les Fiches

MELANCHOLIAde Lars von Trier

et aussi...

LA PLANÈTE DES SINGES :LES ORIGINESde Rupert Wyatt

CAPTAIN AMERICA : FIRST AVENGERde Joe Johnston

2012 - 01- Couv_Mise en page 1 04/08/11 02:12 Page1

Les Étoiles de la Rédaction HH

Nico

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l un film désastreux m un mauvais film H un film passable HH un film honorable HHH un bon film HHHH un excellent film HHHHH une œuvre maîtresse

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All Good Children (2011) HH H H

L’Art de séduire (2011) H HHH

L’Artiste (2012) HH H HH HHH

Les Bien-aimés (2012) H H HHH HH HHH HH HHHH HHHH HH

Cadavres à la pelle (2011) H H HH HH

Captain America : First Avenger (2012) HHH HHH

Colombiana (2011) H H

Comment tuer son boss ? (2012) HH HHH HH

Les Contes de la nuit (2011) HHH HH

Cowboys & envahisseurs (2012) H HH HHH

En ville (2011) HHH H HHH HHH HH m

Europolis (2012) HH HH HH

The Future (2012) HHH m H

Green Lantern (2012) H m

Harry Potter et les Reliques... - 2e Partie (2011) HHH HHH HHH

Honey 2 (2011) m m

Impardonnables (2012) HHH HH HH HHH HHH HH HH H

I’m Still Here (2010) HHHH HHH HH

J’aime regarder les filles (2011) HHH HHH H

J’ai rencontré le diable (2010) HHHH HHHH HHH HHHH HHH

Killing Bono (2011) HH H HH

Lourdes (2011) HHH HHH HHH

Melancholia (2012) HHHH HHHH HHHH HHHH HHHHH HHHHH HH HHHHH HHHHH HHHHH HHHH

Mes meilleures amies (2012) HH HHH HHH H H HHH

Michel Petrucciani (2012) H HH HH

M. Popper et ses pingouins (2011) HH HHH HH

The Murderer (2011) HHH HHH HHH HHH HHH HHH HHH HHH HH

Neko, dernière de la lignée (2012) HH HH

One Piece : Strong World (2012) H l

Pain noir (2012) H HH

La Piel que habito (2012) HHHH HHHH H HHHH HH HHHH HH H

La Planète des singes : les origines (2012) HHH HHH HHH

Les Schtroumpfs (2012) m m

Submarine (2011) HHH HH HHH

Super 8 (2011) HHH HH HH

This Must Be the Place (2012) HHH H HHH HHH H

Troll Hunter (2011) HHH H

Tu seras mon fils (2012) H m l

Un amour de jeunesse (2010) HHH HH HHH HH

Voyez comme il dansent (2011) HHH H

2012 - 02- Grille(X8)_Mise en page 1 03/08/11 17:10 Page2

© les Fiches du Cinéma 2011 - N°2012

En l’espace de quelques semaines à peine, la physionomie du festival de Canness’est totalement transformée. La Semaine de la Critique s’est dotée d’un nouveau patron, la Quinzaine des Réalisateurs, d’une nouvelle âme, tandisqu’après une édition 2011 particulièrement réussie et bien accueillie, ThierryFrémaux, garde légitimement la tête de l’Officielle. Ancien rédacteur en chef des Cahiers du Cinéma, Charles Tesson reçoit, des mains du Syndicat de la Critique et de Jean-Christophe Berjon, le précédent Délégué Général, une Semaine de la Critique rutilante, en parfait état de fonctionnement, qui adémultiplié sa capacité à rafler la Caméra d’Or, la seule distinction prestigieuseque le fonctionnement du festival lui permet de briguer. Après vingt-cinq anspassés au service cinéma du quotidien Libération et quatre années remarquéesà la direction artistique du Festival International de Fribourg, Édouard Waintrophérite, quant à lui, d’une Quinzaine qui, ces deux dernières années, a parfoisdonné l’impression de marquer le pas ou de naviguer à vue, c’est selon. Ces deux nominations de cinéphiles endurcis sous toutes les latitudestémoignent quoi qu’il en soit d’un supplément de confiance porté au crédit de la critique quand il s’agit de faire des choix, de construire une programmation,d’aller débusquer les cinéastes de demain, plus-value fondée sur la nécessité,toujours plus impérieuse, de donner du sens aux œuvres, de mettre en évidenceleur manière d’être contemporaines les unes des autres, de donner une chanceà des films novateurs, inventifs, audacieux, vivifiants pour l’esprit. Aussidifférents soient-ils les uns des autres, ce sont trois vieux copains, réunis tout àla fois par une passion fiévreuse pour... le football et une connaissanceapprofondie du cinéma-monde maintes fois démontrée, qui composentdésormais ce nouveau triumvirat appelé à prendre en main les affaires et la destinée du plus grand des festivals de cinéma. Que faut-il en attendre ? Que cessent peut-être les petites rivalités, les querelles sans envergure, qu’unesaine et stimulante émulation intellectuelle se substitue à des antagonismesrien moins que stériles. Bien qu’ils soient amis, ils se piqueront des films,rivaliseront de culot et d’ingéniosité pour garantir une visibilité optimale auxfilms qu’ils se disputeront, pour mettre en avant les mérites de leur maisonrespective. C’est le jeu, faut-il le rappeler ? En attendant, on peut être certainque les deux jeunes promus sauront donner le meilleur d’eux-mêmes, se souvenir que les sélections parallèles dont ils ont pris la direction ont leurvocation propre, leur histoire, leurs lettres de noblesse et leur mission. Qu’ilsauront à cœur d’en prolonger l’esprit de leurs fondateurs tout en s’attachant à en rafraîchir les formes, en renouveler les protocoles, à en briser, quand il le faudra, les automatismes. Bref à surprendre. Avec ces trois vieux copains-là,le festival vient de prendre un sacré coup de jeune. Et c’est tant mieux !

éditopar Roland Hélié

Cannes et sa nouvelle donne

Édouard Waintrop

Charles Tesson

2012 - 03- Édito_Mise en page 1 03/08/11 17:12 Page1

La question du style, aujourd’hui, se pose peu ; ou se posemal. Et pour cause : elle est compliquée. On l’a vu de façonassez flagrante au mois de mai dernier avec le nouveauMalick : face à un cinéma qui mise tout sur la puissance dustyle, l’impact de la beauté, l’exploitation incessante detoutes les ressources de l’image, du montage, du son, aubout d’un moment il n’y a plus tellement de place pour leraisonnement. La sensation prime, et les tentatives pour lajustifier intellectuellement semblent toujours un peuartificielles, dans la mesure où un petit débat contradictoireprouve assez vite que l’on peut argumenter radicalementpour ou radicalement contre en disant à peu près la mêmechose, en prenant à peu près les mêmes exemples. Face à cela,la partie de la critique dont le fonds de commerce est dedéfinir les axes théoriques du bon goût à coups d’avistranchés, laisse apparaître un certain embarras et certainescontradictions. Et chez nous, c’est encore quand le stylismeest poussé dans ses extrêmes que la règle du fameux “les fichesreflètent l’avis général du comité” peut devenir le plusintenable. Vous l’aurez peut-être perçu : sur The Tree of Life,le débat d’idées ayant vite cédé la place à la confrontation desensibilités, la zone de compromis était absolument infime.De la même façon, quand vous lirez la fiche des Bien-aimésde Christophe Honoré dans ce numéro, gardez en têtequ’elle est le fruit d’un travail on ne peut plus compliquépour essayer de définir les termes d’un compromis a priori àpeu près impossible.

À l’instar, jadis, d’un Lelouch, Christophe Honoré a, depuisDans Paris, imposé un style qui, à son apparition pouvaitcréer un consensus assez large (tout en se créant d’emblée un

cercle d’ennemis irréductibles), mais qui, à force de serépéter, concentre plus précisément son audience sur ungroupe de fans radicaux. Dès lors, à chaque livraisonannuelle du cinéaste, on juge de moins en moins un filmindividuel, la question étant avant tout de savoir si on estpro ou anti-Honoré (et éventuellement si le dernier vous afait basculer d’une catégorie à l’autre). “De toute façon jedéteste Honoré” / “De toute façon j’adore” : la discussion amaintenant vite fait de tourner court et de s’acheverprématurément, sur un constat de parfaite incompréhensionmutuelle. Mais dans ce cas de figure, pour ma part, et bienqu’ayant les plus grandes réserves sur la façon dont évolue lecinéma d’Honoré, je ne peux m’empêcher de considérer quele plaisir de ceux qui adorent Les Bien-aimés a finalementbien plus de poids que toute l’argumentation critique que jepourrais opposer au film. Parce qu’il est incontestable...

Il y a dix ans, ceux qui vomissaient le formalisme d’AméliePoulain, s’extasiaient dans le même temps sur celui d’In theMood for Love. Face à la manifestation voyante du style, faceau plaisir du style, chacun voudrait se positionner d’unemanière très tranchée et pouvoir justifier de cette position.Mais fondamentalement, on est toujours ramené vers unequestion de feeling. Quelque chose qui dit rarement sonnom. Le seul argument contre les stylistes a toujours été detourner en ridicule les faiblesses de leurs scénarios et lanaïveté de leur sentimentalisme ou de leur inspirationmétaphysique. Or, de ce point de vue-là, l’honnêteté devraitobliger à reconnaître que les cinéastes “qui ont la carte”(Malick ou Wong Kar-wai) ne sont pas moins exposés auridicule que ceux qui ne l’ont pas (par exemple Jeunet, Van

© les Fiches du Cinéma 2011 - N°2012

Questions de style

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Melancholia

2012 - 04- auteurs(X8)_Mise en page 1 04/08/11 02:15 Page4

Dormael ou Zviaguintsev, pour couvrir un spectre assez large).C’est donc sans doute une erreur, un argument de mauvaisefoi, que d’essayer de se rassurer avec l’idée qu’il existe unstylisme noble et un stylisme vulgaire, un stylismephilosophique et un stylisme pour les cons. Le stylisme,globalement, ne fonctionne pas au niveau de l’intellect mais auniveau des émotions. Et à partir de là, chacun est libre dessiennes et personne n’est à l’abri d’avoir été un peu tropsentimental, ou de s’être fait embobiner par un manipulateur.

À titre personnel, je suis absolument persuadé qu’au départ,Lelouch, Kieslowski, Paul Thomas Anderson, Gaspar Noé,Wong Kar-Wai ou Terrence Malick vibrent tous du mêmefrisson existentiel basique, sensitif et inintellectuel quiconsiste à penser : c’est bizarre... C’est bizarre de se dire quetant de choses arrivent en même temps. C’est bizarre de se direque tout aurait pu être tout à fait autrement à si peu de chosesprès. Enfin bref : c’est tout de même bizarre la vie... Et pas plus.Ensuite les degrés de développement et les niveaux desophistication dans la manière de traduire ça fluctuent, lesstyles et les approches divergent en fonction destempéraments et des talents, mais l’émotion originelle,l’étincelle initiale, je suis convaincu qu’elle est la même pourtous et qu’elle n’est pas plus profonde que ça. Quand Malickfait The Tree of Life ça commence à se voir, mais ça ne se voyaitpas avant. C’est sans doute seulement qu’il s’est approché unpeu plus près. Un peu trop.

Si on parle maintenant de Lars von Trier, lui c’est uncauchemar pour qui essayerait d’établir une charte du bongoût concernant l’usage ou non, de ce qu’on pourrait appelerles “effets de cinéma”. Car, en ce domaine, sa filmographie estun slalom géant, qui échappe à tout système. The Element ofCrime était un essai formaliste et sophistiqué bien de sonépoque (les années 80). Mais dès le film suivant, Epidemic, vonTrier prenait le contrepied en basculant vers une esthétiquecradingue et semi-documentaire, avant de revenir tout de suiteaprès aux sublimes vertiges de la beauté artificielle avec Europa,ses mélanges de couleur et de Noir & Blanc, ses images à deuxniveaux, ses jeux de focales, sa magie de studio... Ensuite,nouveau tour sur lui-même : il se fit le pape du minimalisme,avec les films Dogma (Les Idiots, dans une certaine mesureDancer in the Dark), puis avec Dogville et Manderlay, qui,dans le genre, constituent une sorte d’absolu indépassable. Etle voici à présent, avec le raté Antichrist et le parfaitMelancholia qui tente la synthèse : la caméra DV qui tremble +les splendeurs baroques, le drame psychologique + le cinémafantastique, le quotidien + le fantasme, la réalité + le rêve... Ce film exemplairement libre face à tous les dogmesesthétiques est montré. Et inévitablement il se trouve des genspour qualifier le prologue (des compositions visuellesapocalyptiques noyées sous les déferlements de cordes de cefacho de Wagner) de “pompier”. Inévitablement on pointel’étroitesse de la portée philosophique du film. Inévitablementon tombe dans le piège du réflexe intellectuel en passant à côtéde la compréhension sensitive de ce film limpide, beau, et quioffre à l’époque des images mythologiques qu’elle ne méritepas forcément, mais qui en tout cas lui vont bien.

Que le style (au sens : style voyant) ne soit mis au service quede vertiges existentiels basiques, d’envolées lyriquesdémesurées, d’élans adolescents un peu immatures, tout celan’est pas à blâmer : c’est le principe même. En revanche, s’il y aun cas où le stylisme peut devenir contestable et antipathique,c’est justement quand il se pique de penser, sans assumer qu’iln’est qu’épidermique ou même que graphique. Ou c’est quandil donne le sentiment d’être un cheval de Troie et d’avoir uneidée derrière la tête. Là encore, les choses sont souvent peudémontrables, et restent beaucoup dans le trouble domaine dufeeling. Il convient donc d’en parler en disant “je”. Et donc “je”dis, par exemple, que je déteste radicalement le style deMiranda July ; que ce que j’y pressentais dans Toi, moi et tousles autres me paraît se confirmer dans The Future. Je dis quel’espèce de douceur glaciale qui enrobe ses films me donne lasensation de me faire caresser la main par un macchabé. Quedans ce que son style cherche à imposer comme une “naïvetécharmante”, je ne perçois aucun charme et ne crois pas enl’existence d’une quelconque naïveté. Je dis, pour en venir à cequi me gêne fondamentalement, que cette façon de triturercomplaisamment, à coups de petites astuces scénaristiques etvisuelles, les frustrations urbaines contemporaines endispensant de façon faussement avenante quelques leçons devie (“débranche ton ordinateur”, “va dire bonjour à ton voisin”,“entre dans la lumière”...) m’évoque irrésistiblement l’idée d’unclip promotionnel pour une secte. Question de feeling. Je n’airien de plus rationnel pour appuyer l’impression.

C’est assez idem pour Paolo Sorrentino, mais le cas est un peudifférent. De film en film, l’Italien réussit, à la force du poignet,à imposer l’idée qu’il possède un style. Mais si les “marques de style”sont bien perceptibles, il n’apparaît jamais qu’elles soient le véhiculede quoi que ce soit de cohérent. On a donc le sentiment que,davantage qu’un auteur, Sorrentino est un “montreur d’images”,comme d’autres sont montreurs d’ours. C’est une sorte de forainhigh-tech, composant avec les rebus de la société contemporaine(un usurier libidineux dans L’Ami de la famille, un président duconseil véreux dans Il Divo, une rock-star déchue dans This MustBe the Place) un triste “freak show”, qu’il rêve en tableau baroquemais qu’il met en scène comme une simple attraction de foire. Onsent chez lui une volonté de dire quelque chose, mais sans savoirquoi. On sent qu’il veut que ça tape, qu’il veut se collecter avec lesgrands sujets, les grandes idées, les images fortes… mais le problèmec’est que, fondamentalement, il n’a rien à en dire. Il entretientdonc une sorte de confusion malsaine, où tout est égal à tout(une piscine vide, Sean Penn déguisé en Robert Smith, un nazifilmé comme un déporté : toutes ces images jolies et rigolotes,toutes ces belles idées de poster...), et où les armes du spectacleémotionnel (images choc, climax mélodramatiques, etc.) sefont passer pour les véhicules de la pensée. On le sent ainsi à lafois tellement peu habité et tellement ambitieux, tellementconfus et tellement désireux d’être un “cinéaste qui pense”,qu’on se dit que lui, contrairement à Lars von Trier, seraitcapable d’aller jusqu’à dire vraiment n’importe quoi, dans unfilm et non pas dans une conférence de presse. Je n’aime pasSorrentino. Je n’y comprends rien et n’arrive pas à meconvaincre qu’il y a quelque chose à comprendre. D’autres aimentet comprennent sans doute. Chacun son style...

Nicolas Marcadé

© les Fiches du Cinéma 2011 - N°2012 05

2012 - 04- auteurs(X8)_Mise en page 1 04/08/11 10:31 Page5

06© les Fiches du Cinéma 2011 - N°2011

Les Schtroumpfs (The Smurfs)

de Raja Gosnell Comédie fantastiqueFamille

AvecHank Azaria (Gargamel), NeilPatrick Harris (Patrick Winslow),Jayma Mays (Grace Winslow),Sofía Vergara (Odile), Tim Gunn(Henri), Madison McKinley, MegPhillips, Julie Chang, Roger Clark.Et les voix originales deJonathan Winters (le GrandSchtroumpf), Alan Cumming (le Schtroumpf Téméraire),Katy Perry (la Schtroumpfette),Fred Armisen (le Schtroumpf

à Lunettes), George Lopez (le Schtroumpf Grognon),Anton Yelchin (le SchtroumpfMaladroit), Kenan Thompson(le Schtroumpf Gourmand),Frank Welker (Azraël), TomKane (le narrateur).Et les voix françaises deLorànt Deutsch (le Schtroumpfà Lunettes), Béatrice Martin (la Schtroumpfette), PatrickBéthune (le narrateur).

Équipe techniqueScénario : J. David Sterm, David N. Weiss, Jay Scherick et David Ronn, d’après une histoire de J. David Stem et David N. Weiss et la série de bandes dessinées de Peyo (1958)Images : Phil MeheuxMontage : Sabrina PliscoRéal. 2e équipe : G.A. Aguilar1re assistante réal. : Benita AllenMusique : Heitor PereiraSon : Ropbert L. Sephton

et Will FilesChorégraphies : Keith YoungDécors : Bill BoesCostumes : Rita RyackEffets visuels : Blair Clark et Richard R. HooverProduction : Columbia Pictures et Sony Pictures AnimationCoproduction : Kerner Entertainment CompanyProducteur : Jordan KernerDistributeur : Sony Pictures.

Par la faute du Schtroumpf Maladroit, six Schtroumpfsse schtroumpf en plein New York et cherchent à schtroumpfer chez eux. Un divertissement estivalbien poussif, qui n’a plus grand-chose à voir avec le matériau original.

Commentaire

© Sony

RésuméLe village des Schtroumpfs se prépare pour la fête de la Lune Bleue.Mais le Schtroumpf Maladroit guide par mégarde Gargamel etAzraël jusqu’au lieu tenu secret. Dans leur fuite, six Schtroumpfssont conduits par le même empoté jusqu’à un portail créé par la Lune Bleue. Ils se retrouvent alors tous en plein New York.Les six Schtroumpfs y rencontrent Patrick, un publicitaire, et sa femme enceinte, Grace, qui les accueillent pendant qu’ilscherchent un moyen pour rentrer chez eux. Ils vont devoiréchapper à Gargamel, qui tente de récupérer leur essence pourdevenir un puissant sorcier.

Afin de savoir quand réapparaîtra le portail, le Grand Schtroumpfdoit trouver un moyen d’observer les étoiles. Patrick refuse d’aiderles Schtroumpfs, car il s’occupe d’une campagne importantepour sa carrière. Toutefois, en allant dans un magasin de jouets,les Schtroumpfs parviennent à obtenir un télescope. Il ne leurmanque que la formule magique pour rouvrir le portail au momentpropice. Le Schtroumpf Maladroit gaffe à nouveau en mélangeantles fichiers de la campagne publicitaire que Patrick envoie à sasupérieure. Lorsqu’ils dénichent la formule, le Grand Schtroumpfest capturé. Heureusement, le Schtroumpf à Lunettes ouvre le portail,et avec l’aide du village entier et de Patrick, ils se débarrassent deGargamel. Les Schtroumpfs rentrent alors chez eux et la campagnede pub envoyée par erreur plaît à la direction de Patrick.

D é n o u e m e n t

Comme pour s’inscrire dans la continuité de Hop, Alvinet les Chipmunks ou même M. Popper et ses pingouins, Les Schtroumpfs choisit de mêler les petits êtres en imagesde synthèse à des acteurs bien réels. Un choix regrettable,puisque la scène d’ouverture du film - une fête dans le villagedes Schtroumpfs bientôt gâchée par l’immonde Gargamel -se montrait bien plus sympathique que cet exil à New York.Mais la valeur ajoutée d’acteurs de séries TV en vogue - N. Patrick Harris et J. Mays - a été préférée à la fidélitéaux albums originaux. Or, avec leur arrivée dans la GrossePomme, les créations de Peyo semblent avoir perdu leurcaractère sympathique et leur esprit bon-enfant. Il faudradonc se contenter d’un “humour de toilettes” ressasséjusqu’à la lie (un Schtroumpf mangeant des bonbons bleusqu’il prend pour des crottes de Schtroumpfs...). Tout le NewYork habituel des films pour enfant y passe : Central Park,balade sur le toit d’un taxi, course poursuite dans un grandmagasin de jouets... Mais Les Schtroumpfs prend néanmoinsson temps pour étaler ses placements produits et sa moraleattendue sur la valeur et le rôle de la famille. On gagnerad’ailleurs au passage un improbable discours sur la paternité asséné par le Grand Schtroumpf à un pèrerécalcitrant. Le film déroule ainsi ses passages obligés :scènes musicales indigestes, pseudo-double niveau delecture à destination des adultes (les Schtroumpfs lisantun album des Schtroumpfs)... Pas vraiment amusant pourles plus jeunes et usant pour les autres, cette “grandeaventure” manque décidément d’âme Schtroumpf !

S.A.

86 minutes. États-Unis, 2011. Sortie France : 3 août 2011.Visa d’exploitation : 127309. Format : 1,85 (2D / 3D) - Couleur - Son : Dolby SR SRD DTS SDDS. 530 copies (vo / vf).

2012 - 06- schtroumpfs_Mise en page 1 03/08/11 17:07 Page1

07© les Fiches du Cinéma 2011 - N°2012

L’Artiste (El Artista)

de Mariano Cohn et Gastón Duprat Étude de mœursAdultes / Adolescents

AvecAlberto Laiseca (Romano), SergioPangaro (Jorge Ramírez), AndréDuprat (Emiliano), Ana Laura Loza(Ana), Enrique Gagliesi (Losada),Luciana Fauci (Carmen), DiegoPerdomo (Polo), Arturo Caravajal(Bernardo), León Ferrari, HoracioGonzález et Rodolfo Fogwill(les vieillards), Roberto Tacón(le journaliste), Alejandro Cohn(l’attaché de presse), MarcelloPrayer (l’assistant).

Équipe techniqueScénario : Mariano Cohn et Andrés & Gastón DupratImages : Mariano Cohn et Gastón DupratMontage : Santiago RicciMusique : Diego BlieffeldSon : Adrián De Michele et Aníbal GirbalDir. artistique : Lorena Llaneza

Production : Costa Films et Aleph MediaCoproduction : Barter Films, INCAA et Istituto LuceProducteurs : Fernando Sokolowicz, Eduardo Costantini et Tore SansonettiCoproducteur : León FerrariProducteur exécutif : Alfredo FedericoDistributeur : Bodega Films.

Un infirmier perce dans l’art contemporain enusurpant l’œuvre de l’un de ses patients, un vieilhomme souffrant d’autisme. Duprat et Cohn signentun film soigné mais trop schématique, illuminétoutefois par la présence d’Alberto Laiseca.

Commentaire

© Bodega Films

RésuméJorge est infirmier dans un service de gériatrie. Parmi ses patients,Romano, cloué dans un fauteuil roulant et souffrant d’une formed’autisme, réalise des dessins que Jorge collecte. Soupçonnantleur qualité, il se présente comme leur auteur auprès d’unegalerie d’art. Très vite, les œuvres sont exposées et emportentl’adhésion de la critique. Séduite, Ana, une ravissante danseuse,aborde Jorge au cours d’un vernissage. Elle devient sa petite amie.Jorge quitte son emploi et, pour mieux superviser son travail,accueille Romano chez lui. Quand celui-ci cesse, un temps, de dessiner, Jorge se trouve dans une situation délicate, le directeur de la galerie le poussant à produire de nouvellesœuvres. Jorge tente, sans succès, d’imiter le travail de Romanoet, d’entretiens en conférences, échoue à s’exprimer surl’œuvre qu’il a usurpée. Aussi entreprend-il de se documentersur l’histoire de l’art. Bientôt, Romano reprend le dessin. La critique redouble d’enthousiasme.

Pour Jorge, c’est la consécration. Sa première expositionpersonnelle réunit la fine fleur de l’art contemporain. Le soir du vernissage, dépassé par l’ampleur de son imposture, il révèlela vérité à Ana, mais celle-ci croit à une plaisanterie. Le directeurd’une prestigieuse institution italienne propose à Jorge un juteuxcontrat d’exclusivité. Pour cela, il devra s’installer à Rome. Peuaprès, Romano décède. Jorge s’envole tout de même pour l’Italie.

D é n o u e m e n t

C’est un sentiment contrasté qu’inspire L’Artiste, premierfilm de Gaston Duprat et Mariano Cohn (le second, L’Hommed’à côté, est sorti il y a peu sur les écrans français). Difficile,en premier lieu, de s’attacher au sort d’un personnagesur qui rien ne semble avoir de prise et, plus largement, à une œuvre peu amène avec ses seconds rôles, pesammentcaractérisés (“groupies” et critiques d’art pédants en tête).D’un argument de départ qu’ils peinent à pousser au-delàde l’anecdote, les auteurs font le motif d’un récit redondant.La satire est poussive et le propos, sur la validité variablede l’art contemporain et surtout des discours critiquesadossés à celui-ci, convenu. Dès lors, s’infirme la portéed’un sujet pourtant passionnant : celui de la parole - le pouvoir et la distinction que, pour ceux qui la maîtrisent,elle représente. Ce n’est pas un hasard si, aux professionnelsde l’art, les auteurs opposent un autiste et un taiseux,l’ironie voulant qu’aux premiers, saturés de discours, les silences de Jorge semblent autant de marques dehauteur d’esprit (“Si tu ne sais pas quoi répondre à leursquestions, lui conseille un ami, dis-leur que ton œuvreparle pour toi.”). Dommage, lorsque la mise en scènetémoigne, par ailleurs, d’une modeste mais réellemaîtrise, et qu’échappe au schématisme de l’ensemblel’interprétation puissante de l’écrivain Alberto Laiseca(Romano). À l’observer à l’œuvre, mutique mais bouillantd’une énergie rentrée - le visage crispé, le geste rageur -, on se prend à rêver d’un film au trait aussi libre, et dedeux cinéastes mûs par la même impérieuse nécessité.

T.F.

90 minutes. Argentine - Italie, 2008. Sortie France : 10 août 2011.Visa d’exploitation : 127415. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD.

Semaine du 10 août

2012 - 07- artiste_Mise en page 1 03/08/11 17:12 Page1

08© les Fiches du Cinéma 2011 - N°2012

Green Lantern (Green Lantern)

de Martin Campbell Super-hérosAdultes / Adolescents

AvecRyan Reynolds (Hal Jordan /Green Lantern), Blake Lively(Carol Ferris), Peter Sarsgaard(Hector Hammond), MarkStrong (Sinestro), Tim Robbins(le sénateur Hammond), Jay O. Sanders (Carl Ferris), TaikaWaititi (Tom Kalmaku), AngelaBassett (le docteur Waller), MikeDoyle (Jack Jordan), Nick Jandl(Jim Jordan), Gattlin Griffith (Hal,jeune), Jon Tenney (Martin

Jordan), Leanne Cochran (JaniceJordan), Temuera Morrison (AbinSur), Jeff Wolfe (Bob Banks),Deke Anderson (le généralCaven), Lena Clark (l’assistantedu sénateur), Jenna Craig (Carol,jeune), Griff Furst, Garrett Hines,Marcela Fonseca, RitchieMontgomery, les voix de ClancyBrown (Parallax), GeoffreyRush (Tomar-Re), MichaelClarke Duncan (Kilowog).

Équipe techniqueScénario : Greg Berlanti, Michael Green, Marc Guggenheim et Michael Goldenberg, d’après une histoire de Greg Berlanti, Marc Guggenheim et Michael Green et la série de bandes dessinées de Bill Finger et Martin Nodell (1940)Images : Dion BeebeMontage : Stuart BairdMusique : James Newton Howard

Son : Christopher Assells, Dino Dimuro, Scott Martin Gershin, Harry Cohen et Peter StaubliDécors : Grant MajorCostumes : Ngila DicksonEffets spéciaux : Clay PinneyProduction : De Line Pictures pour Warner Bros. PicturesCoproduction : DC EntertainmentProducteurs : Ronald De Line et Greg BerlantiDistributeur : Warner Bros.

Adaptation dispensable d’un classique des écuriesDC Comics, Green Lantern fait pâle figure en regarddes fleurons du genre. Par moments, Martin Campbellrappelle toutefois qu’en langage hollywoodien,“faiseur” n’est pas nécessairement un gros mot.

Commentaire

© Warner

RésuméHal Jordan, pilote d’essai aussi brillant qu’irresponsable, échappede peu à la mort lors d’un vol de démonstration. Carol, sa collègueet amie d’enfance, désespère de le raisonner. Dans le même temps,dans l’espace, Abin Sur, membre de l’ordre d’élite des GreenLanterns, dont la mission est de veiller à la sûreté de l’univers,livre un combat sans merci contre une ignoble entité : Parallax.Vaincu, il met le cap sur la Terre où, avant de mourir, il fait deHal son successeur. Hector Hammond, fils de l’influent sénateurRobert Hammond, ami de Hal et, depuis toujours, amoureux de Carol, est chargé de mener l’autopsie d’Abin Sur. Infecté par l’esprit de Parallax, il commence bientôt à muter et à nourrirde sombres desseins. Envoyé sur la planète Oa, Hal fait la connaissance de milliers d’autres Green Lanterns qui, commelui, sont dotés d’un anneau leur permettant de matérialiser leursrêves. Mais Sinestro, leur chef, ne croit pas en ses facultés.

Les Green Lanterns échouent à contrer Parallax, qui anéantit deuxplanètes et fait bientôt route vers la Terre. Lors d’une réception,Hector met la vie de Carol en danger. Hal vole à son secours en usant de ses nouveaux pouvoirs. Après avoir un temps doutéde son destin, il se décide à affronter Parallax. Hector assassineson propre père et kidnappe Carol. Après avoir vaincu Hector,Hal défait Parallax et, désormais en couple avec Carol,embrasse son destin de justicier galactique.

D é n o u e m e n t

Après les reboots successifs de la franchise James Bond(par deux fois, avec GoldenEye et, plus récemment, CasinoRoyale) et de la saga Zorro, Martin Campbell confirme sonpetit talent pour reprendre à zéro un matériau cent foistraité et, néanmoins, en peindre les enjeux avec un peude fraîcheur. S’il semble moins à son aise avec les effetsnumériques qu’avec l’action traditionnelle, il conduit sonrécit en honnête faiseur. C’est lorsqu’il faut quitter la Terre,et entrer de plain-pied dans un univers SF qui, s’il évitel’écueil du kitsch, n’en demeure pas moins modérémentconvaincant, que le bât blesse. En effet, Ryan Reynolds,probant dans les aspects fun et romance, s’accommodebien mal des accents solennels que prend soudain le récit.Dès lors, comment justifier la (relative) sympathie qu’inspirepourtant Green Lantern ? Il y a sans doute, chez le spectateurde blockbuster, un plaisir coupable à assister à l’exécutioncorrecte de passages plus convenus les uns que les autres(le héros immature découvrant les vertus de l’engagement,l’Œdipe irrésolu du méchant de service, les amis d’enfancedevenus ennemis jurés). Est-ce encore le charme de BlakeLively, ou le show de Peter Sarsgaard en mutant au crâneproéminent ? Est-ce enfin la dimension cartoonesquedes pouvoirs du héros, grâce auxquels il matérialise à loisir toutes sortes d’objets insolites ? Green Lanternn’a pas la mélancolie teen de Spider-Man, ni la sombreambiguïté des récents Batman (ni même la chargetestostéronée d’Iron Man) ; mais, à des yeux indulgents,il n’en constitue pas moins un divertissement honorable.

T.F.

113 minutes. États-Unis, 2011. Sortie France : 10 août 2011.Visa d’exploitation : 130375. Format : Scope (2D / 3D) - Couleur - Son : Dolby SR SRD DTS.

2012 - 08- greenlantern_Mise en page 1 03/08/11 17:09 Page1

09© les Fiches du Cinéma 2011 - N°2012

Melancholia (Melancholia)

de Lars von Trier DrameAdultes / Adolescents

AvecKirsten Dunst (Justine),Charlotte Gainsbourg (Claire),Kiefer Sutherland (John),Alexander Skarsgård (Michael),Brady Corbet (Tim), CameronSpurr (Leo), Charlotte Rampling(Gaby), Jesper Christensen (le Père Little), John Hurt(Dexter), Stellan Skarsgård(Jack), Udo Kier (l’organisateurdu mariage), James Cagnard(le père de Michael), Deborah

Fronko (la mère de Michael),Stefan Cronwall.

Équipe techniqueScénario : Lars von TrierImages : Manuel Alberto ClaroMontage : Molly Malene StensgaardRéal. 2e équipe : Peter Hjorth1ers assistants réal. : Pontus Klänge et Anders RefnSon : Kristian Eidnes AndersenDécors : Jette LehmannCostumes : Manon RasmussenEffets spéciaux : Peter HjorthEffets visuels : Hummer Høimark

Production : Zentropa Entertainments27 APSCoproduction : Memfils Film, Zentropa Int., Slot Machine, Liberator Prod., Film I Väst, DR et Arte France CinémaProductrices : Louise Veth et Meta Louise FoldagerProducteurs délégués : Peter Aalbæk Jensen et Peter GardeDistributeur : Les Films du Losange.

Une jeune mariée se trouve incapable d’accepterson bonheur présent, tandis qu’une planèteinconnue menace la Terre. Lars von Trier orchestrela fin du monde dans un film-opéra grandiose,complexe et torturé. Superbement nihiliste.

Commentaire

© Christian Geisnaes

RésuméJustine et Michael se rendent en limousine à leur fête de mariagedans le somptueux haras que tient Claire, la sœur de Justine, avecson mari, John. Mais, trop grande, la voiture reste bloquée dansles derniers virages et les deux jeunes mariés arrivent en retard.Claire, organisatrice de la soirée, retient sa colère. Justine, elle,cache difficilement son mal-être. Sa mère, Gaby, crée un scandaleet s’en va. Son père, Dexter, se saoule en charmante compagnie.Son patron, Jack, lui offre une promotion qu’elle refuse. Elle parts’isoler dans le parc et, plus tard, s’enferme dans sa salle de bain.Claire, John et Michael tentent tour à tour de la raisonner. Justinecouche avec Tim, l’assistant de Jack. Au petit matin, Justine se montre distante avec Michael. Ce dernier décide de repartirseul. Dans le ciel, la planète Melancholia se dirige vers la Terre.

Quelques mois plus tard, Claire et John hébergent Justine, en pleinedépression, dans leur propriété. Leo, le fils du couple, est impatientde pouvoir observer l’avancée de Melancholia au télescope. Claires’inquiète de la trajectoire de la planète et craint qu’elle ne heurtela Terre. John rassure toute la famille. Sur la terrasse, ils seréunissent chaque soir pour regarder le ciel. Justine se sentmieux, à l’annonce de l’apocalypse. Bientôt, il ne fait plus de douteque Melancholia se rapproche. John se suicide dans l’étable.Sereine, Justine convainc sa sœur d’accueillir l’inéluctable.Elles s’assoient en cercle avec Leo, et attendent l’impact.

D é n o u e m e n t

La fin du monde selon Lars von Trier. Avec force symboles- la collision de la Terre et de la planète Melancholia -, le réalisateur danois partage sa vision d’une humanitévouée à disparaître pour cause de “mélancolie”. Dans un prologue grandiose, emporté par Wagner, il annoncela destruction à venir en une succession glaçante depanneaux quasi-statiques, convoquant les tableauxcauchemardesques de Bruegel et les photographiesélégiaques de Gregory Crewdson. Puis, il lance le récitproprement dit en commençant par... un gag. Inattendue,cette limousine coincée dans des tournants trop serrésrappelle le tiraillement de l’ensemble du film, partagé entreune certaine grandiloquence et une attention aux plusinfimes méandres. La première partie, véritable analyseclinique d’une dépression, est d’une finesse psychologiquesaisissante. Sans cesse, le récit bute sur le regard absentde Kirsten Dunst, jeune mariée inapte à vivre au présent,incapable d’accepter le bonheur qui pourtant l’inonde. Dansla seconde partie, sa sœur (Charlotte Gainsbourg) se montre,elle, incapable d’accueillir l’avenir. Toujours aussi dialectiquemais moins démiurge qu’à l’ordinaire, la mise en scène devon Trier prend ici ses personnages au sérieux, sans volontéde provocation. La réconciliation finale des deux sœurs, deleurs deux inaptitudes, est bouleversante d’émotion. Le filmrappelle que la mélancolie est la tristesse des génies,comme un trop-plein de lucidité face au monde. Et cetteapocalypse qui vient comme un soulagement est à la foissuperbement nihiliste et profondément porteuse d’espoir.

C.L.

130 minutes. Danemark - Suède - France - Allemagne, 2011. Sortie France : 10 août 2011.Visa d’exploitation : 126761. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SRD. 160 copies (vo [anglaise]).

Semain

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2012 - 09- melancholia_Mise en page 1 03/08/11 17:11 Page1

10© les Fiches du Cinéma 2011 - N°2012

Mes meilleures amies (Bridesmaids)

de Paul Feig ComédieAdultes / Adolescents

AvecKristen Wiig (Annie), MayaRudolph (Lillian), Rose Byrne(Helen), Wendi McLendon-Covey(Rita), Ellie Kemper (Becca),Melissa McCarthy (Megan),Chris O’Dowd (Rhodes), JillClayburgh (la mère d’Annie),Matt Lucas (Gil), Greg Tuculescu(Kevin), Tim Heidecker (Dougie),Franklyn Ajaye (le père deLillian), Lynne Marie Stewart(la mère de Lillian), Andy Buckley

(le mari d’Helen), Jessica St.Clair (Whitney), Richard Riehle(Bill Cozbi), Michael Hitchcock(Don Cholodecki), Joseph A.Nunez (Oscar, le vigile), DanaPowell (Claire, l’hôtesse de l’air),Mitch Silpa (Steve, le steward),Terry Crews (l’instructeur), KaliHawk (Kahlua), Carnie & WendyWilson (elles-mêmes), ChynnaPhillips (elle-même), Hugh Dane,Jon Hamm (Ted [non crédité]).

Équipe techniqueScénario : Annie Mumolo et Kristen WiigImages : Robert YeomanMontage : William Kerr et Mike Sell1er assistant réal. : Matt RebenkoffScripte : Sheila G. WaldronMusique : Michael AndrewsSon : Kenneth P. CunninghamDécors : Jefferson SageCostumes : Christine WadaEffets visuels : Scott M. Davids

Maquillage : Heba ThorisdottirCasting : Allison JonesProduction : Apatow Productions pour Universal PicturesCoproduction : Relativity MediaProducteurs : Judd Apatow, Clayton Towsend et Barry MendelCoproductrices : Annie Mumolo et Kristen WiigProducteur exécutif : Paul FeigDistributeur : Universal Pictures.

Annie accepte d’être la demoiselle d’honneur de sa meilleure amie... pour le meilleur et pour le pire.Voilà un pitch estampillé “film pour fille” !Détrompez-vous : il s’agit de la nouvelle productiontrash, efficace et euphorisante de Judd Apatow.

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© Universal

RésuméAnnie déprime : sa pâtisserie a fait faillite, son compagnon l’a quittéeet son amant est un mufle. Sa meilleure amie, Lillian, lui demanded’être la principale demoiselle d’honneur à son mariage. Auxfiançailles, elle rencontre les autres demoiselles : la peu délicateMegan, la cynique Rita, la candide Becca et la très snob Helen.Une rivalité farouche naît aussitôt entre Annie et Helen. Le soirmême, Annie rencontre un policier : Nathan. Après un déjeuner dansun restaurant choisi par Annie, Lillian et ses demoiselles souffrentd’une intoxication alimentaire dans la boutique chic où Helen lesa amenées. Pour l’enterrement de vie de jeune fille, elles partentpour Las Vegas. Mais Annie, droguée par Helen pour calmer sa peurde l’avion, délire au point qu’elles sont toutes débarquées dansle Wyoming. Lillian préfère qu’Helen organise la suite des festivités.

Blessée, Annie passe une nuit avec Nathan mais se braque quandil lui demande de cuisiner. Lors de la fête en l’honneur de Lillian,Annie réalise qu’Helen lui a volé son idée de thème parisien et offert un cadeau (un séjour à Paris) qui éclipse le sien, personnalisé avecamour. Annie saccage la fête et fâche Lillian. Megan l’encourageantà se ressaisir, Annie tente sans succès de renouer avec Nathan.Le jour du mariage, Helen vient voir Annie : Lillian a disparu. Annieconvainc Nathan de les aider. Elle trouve Lillian, angoissée parl’organisation d’Helen. Elles se réconcilient et Annie reprend sa place au mariage. Puis elle retrouve Nathan, invité par Helen.

D é n o u e m e n t

Avec son affiche française fuschia et son titre plutôt niais,Mes meilleures amies ressemble à un énième “chick flick”.Il s’agit en fait de la nouvelle production de Judd Apatow,qui lui a permis, après quelques échecs, de revenir en hautdu box-office : une comédie très efficace, où les gagss’enchaînent sans temps mort. On reconnaît sa patte :humour trash (la scène d’intoxication alimentaire estmémorable) et répliques crues, un certain réalisme (les dialogues sonnent juste) et des personnages assezordinaires dépeints avec tendresse (le duo formé par K. Wiiget M. Rudolph est touchant). Le film révèle en quelquesorte la face cachée des traditionnelles héroïnes de “chickflicks” en les présentant comme les égales, sur le plan dela vulgarité, de la bassesse ou de la salacité, des hommesque l’on voit dans Very Bad Trip ou chez les Farrelly. Et il estrafraîchissant de voir ainsi des femmes porter des gagsinconvenants, voire scatologiques ! Certes, Mes meilleuresamies reste assez conventionnel, n’omettant pas de seconclure sur une ordinaire morale prônant l’acceptationde soi et retombant dans certains clichés féminins, à commencer par l’obsession du mariage. Mais le talentet l’énergie des seconds rôles (notamment R. Byrne en garcefrustrée et M. McCarthy, totalement désinhibée) fontoublier que chacune des demoiselles d’honneur correspondà une catégorie stéréotypée. Seule l’héroïne reste assezinclassable et moderne. Elle est surtout formidablementinterprétée par Kristen Wiig (également coscénariste),qui s’affirme ici comme une grande comédienne.

An.B.

124 minutes. États-Unis, 2011. Sortie France : 10 août 2011.Visa d’exploitation : 129922. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SR SRD. 350 copies (vo / vf).

2012 - 10- mesmeilleuresa_Mise en page 1 03/08/11 17:09 Page1

11© les Fiches du Cinéma 2011 - N°2012

Neko, dernière de la lignée (Sukunsa viimeinen)

de Anastasia Lapsui et Markku Lehmuskallio Docu-fictionAdultes / Adolescents

AvecAleksandra Okotetto (Neko,enfant), Radik Anaguritsi (le garçon à l’école), Nadezhda Pyrerko (Neko,adulte), Anastasia Lapsui (la grand-mère), Jevgeni Hudi(le père), Ljudmilla Zannikova(la maîtresse).

Équipe techniqueScénario : Anastasia Lapsui et Markku LehmuskallioImages : Johannes LemuskallioMontage : Juho GartzSon : Pekka Karjalainen

Production : Illume Oy et YLEProducteurs : Jouko Aaltonen et Pertti VeijalainenDir. de production : Anastasia LapsuiDistributeur : Baba Yaga Films.

Maladroit dans sa dénonciation du bolchévisme, Neko,dernière de la lignée réussit tout de même, dans sa première partie, à faire partager de bellesémotions grâce au regard humaniste que Markku Lehmuskallio pose sur la famille de Neko.

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© Baba Yaga

RésuméLes Nenets sont un peuple qui, à l’origine, vivait dans le nord-ouestde la Sibérie en Russie. Dans les années 1960, la jeune Neko,encore petite fille, est élevée par ses grand-parents en plein cœurde la toundra. Sa mère est partie pour être soignée dans un hôpitalen ville. Sa grand-mère, qui est chaman, commence à lui enseignerson savoir. Un jour, sa mère revient accompagnée d’un étranger : un Soviétique. La jeune femme propose d’envoyer sa fille suivrel’enseignement bolchévique qu’elle a elle-même reçu en sortantde l’hôpital. À regret, et après une séparation déchirante avecsa grand-mère, Neko rentre à l’école du Parti.

Elle rejoint d’autres enfants, arrachés comme elle à leur peuple,à leurs traditions, à leur culture et se retrouvant face à la propagande d’une idéologie totalitaire. Il n’y a pas de période d’adaptation. Les enseignants se montrent durs avec Neko et la dépossèdent de son nom pour la rebaptiserAnastasia. La langue nenet lui est interdite. Elle se retrouve très vite isolée par rapport à ses camarades, qui la considèrentcomme une arriérée, un animal. Neko tente de résister et deconserver sa culture, tout en faisant des efforts pour intégrerl’éducation fabriquée du pouvoir soviétique. Des années plus tard,Anastasia Lapsui, devenue journaliste et scénariste, décide,avec l’aide de son ami réalisateur Markku Lehmuskallio, de raconter ce moment capital de sa vie de petite fille.

D é n o u e m e n t

La “lignée“ du titre, c’est celle des Nenets, un peuple du nord de la Russie que nous fait découvrir ce nouveaufilm de Markku Lehmuskallio (7 chants de la Toundra), le doyen des cinéastes finlandais. La petite Neko de cette histoire, c’est Anastasia Lapsui, collaboratricerégulière de Lehmuskallio, qui a dû abandonner son nomet sa culture sous la pression de l’éducation bolchévique.À travers son parcours, le film tente de décrire commentun système totalitaire a pu méthodiquement briserl’enfance de jeunes issus de peuples aux traditionsancestrales, et les déraciner pour les contraindre à se conformer à une idéologie via l’éducation.Malheureusement, la démonstration n’est pas totalementréussie. En effet, le film, construit en deux parties,trébuche dans la seconde, consacrée à l’éducation de la jeune Neko. À la grandiloquence de l’interpretétionde la maîtresse d’école s’ajoute un flagrant manque definesse dans la mise en opposition de la vie des Nenetsdans la toundra avec le rude apprentissage scolaireauquel est ensuite soumise la petite fille. Il est évidentque Markku Lehmuskallio et sa coréalisatrice ont voulusouligner la brutalité du système et la violence duchangement ressentie par la fillette. Mais la rupture est,elle, maladroite. Cela est d’autant plus dommage que la première partie du film, qui s’attache à mettre en valeurla toundra du cercle polaire, la langue et la culturenenets, est magnifiquement filmée, et que les auteurs y dessinent alors des personnages réellement attachants.

G.M.

84 minutes. Finlande, 2010. Sortie France : 10 août 2011.Visa d’exploitation : 130585. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD.

Semaine du 10 août

2012 - 11- nekodernierede_Mise en page 1 04/08/11 02:08 Page1

12© les Fiches du Cinéma 2011 - N°2012

La Planète des singes : les origines (Rise of the Planet of the Apes)

de Rupert Wyatt AnticipationAdultes / Adolescents

AvecJames Franco (Will Rodman),Freida Pinto (Caroline), JohnLithgow (Charles Rodman),Brian Cox (John Landon), TomFelton (Dodge), Andy Serkis(César), David Oyelowo (SteveJacobs), Tyler Labine (Franklin),David Hewlett (Hunsiker), ChelahHorsdal (Irena), Leah Gibson(Alyssa Williams), Jamie Harris(Roy), Jesse Reid (Donnie), KarinKonoval (Maurice), Richard

Ridings (Buck), Terry Notary(Alpha), Mattie Hawkinson(Linda), Elizabeth Weinstein (la mère), Christopher Gordon(Koba), Jeb Beach (le père),Devyn Dalton (Cornelia), JamesPizzinato, Robin Nielsen, KisYurij, Monica Mustelier, SonjaBennett, Evans Johnson, GordonDouglas Myren, Madison Bell(Alice Hunsiker [non créditée]),Trevor Carroll [non crédité].

Équipe techniqueScénario : Rick Jaffa et Amanda Silver, d’après le roman La Planète des singesde Pierre Boulle (1963)Images : Andew LesnieMontage : Conrad Buff et Mark GoldblattRéal. 2e équipe : Mark Vargo1er assistant réal. : Pete WhyteMusique : Patrick DoyleSon : Chuck MichaelDécors : Claude Paré

Costumes : Renée AprilEffets spéciaux : WETA DigitalEffets visuels : Joe LetteriProduction : 20th Century Fox et Chernin EntertainmentProducteurs : Rick Jaffa, Amanda Silver, Peter Chernin et Dylan ClarkCoproducteur : Kurt WilliamsProducteur exécutif : Thomas M. HammelDistributeur : 20th Century Fox.

Surprise : voici un pur projet commercial, sentantla fausse bonne idée à plein nez, et dont à ce titreon n’attend rien, qui se révèle finalement être undes blockbusters les plus honnêtes et convaincantsvus ces derniers temps.

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© 20th Century Fox

RésuméAu sein du laboratoire pharmaceutique Gen-Sys, Will Rodmanexpérimente sur des chimpanzés un traitement régénérant les cellules du cerveau. L’une des chimpanzés réagit de façonexceptionnelle. Mais un jour, l’animal devient agressif et est abattu.Dans sa cage, on trouve un nouveau-né. Will le ramène chez lui, oùil vit seul avec son père, Charles, atteint d’Alzheimer. Le vieil hommebaptise le petit singe César. Trois ans plus tard, César, à qui sa mèrea transmis le traitement, développe une intelligence phénoménale.Will utilise en secret son remède pour soigner son père.

Cinq ans plus tard, l’efficacité du traitement faiblit, et Charles perdde nouveau la mémoire. Un jour, il a une altercation avec un voisin,Hunsiker. César, devenu grand, le défend avec violence. Il est arrêtéet mis en cage dans un refuge pour primates. Will obtientl’autorisation de tester un nouveau remède. Franklin, son assistant,inhale le produit et tombe malade. En se rendant chez Will, il infecteHunsiker. D’abord brimé, César parvient à imposer son autorité auxautres singes. Il s’empare des remèdes chez Will pour en fairebénéficier les autres, puis organise leur soulèvement. Charles meurt.Franklin également. Les primates s’évadent. Ils vont libérer leschimpanzés détenus chez Gen-Sys, et provoquent le chaos en ville.La police tente de les exterminer, mais ils réussissent à leuréchapper et à atteindre une forêt : ils sont libres ! Hunsiker prendl’avion. Son virus commence à se propager dans le monde...

D é n o u e m e n t

Marchant à rebours de toutes les modes actuelles (3D,cinéphilie geek ou surenchère pyrotechnique), ce “prequel”de La Planète des singes est un film inattendu, qui, avec unlouable sérieux, s’emploie exclusivement à raconter unehistoire, en mettant tout à son service : les moyens financiers,les effets spéciaux, etc. Durant toute une première partie,il suit un schéma de film social (adoption, crise identitaire,poussée de violence, prison...). Il est lisible ensuite commeune déclinaison du mythe de “l’élu” (de Moïse à LukeSkywalker), ou comme une métaphore politico-historique surle soulèvement des peuples opprimés. Mais il s’assure avanttout de rester toujours lisible au premier degré. Vis-à-vis despersonnages, il se positionne également avec intelligence,en ne jouant jamais sur l’identification directe. D’un côté il focalise son récit sur le singe César en rejetant lespersonnages humains à l’arrière-plan, de l’autre il filme toutde même l’animal d’un point de vue humain, c’est-à-direcomme un objet de fascination et d’inquiétude. Ainsi, parexemple, la scène du colloque entre les singes, qui, filméede l’intérieur aurait pu être ridicule, devient, vue de l’extérieur,une image dotée d’une véritable aura mythologique. Letraitement des singes est de grande qualité, avec un dosagehabile entre réalisme animal et anthropomorphisme. Le récitest, certes, ponctué de clichés (l’entrepreneur cupide, le gentil couple réuni par l’amour des animaux, etc.), maisils restent traités à minima. Bref, cette Planète des singes,à défaut d’être pleinement un “blockbuster d’auteur”, estun véritable exemple de blockbuster intelligent.

N.M.

110 minutes. États-Unis, 2011. Sortie France : 10 août 2011.Visa d’exploitation : 129868. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SR SRD DTS. 700 copies (vo / vf).

2012 - 12- planetedessing7_Mise en page 1 04/08/11 02:11 Page1

13© les Fiches du Cinéma 2011 - N°2012

Captain America : First Avenger (Captain America : The First Avenger)

de Joe Johnston Super-hérosAdultes / Adolescents

AvecChris Evans (Steve Rogers /Captain America), Hayley Atwell(Peggy Carter), Sebastian Stan(James Buchanan “Bucky”Barnes), Tommy Lee Jones (le colonel Chester Phillips), HugoWeaving (Johann Schmidt / Le Crâne Rouge), DominicCooper (Howard Stark), RichardArmitage (Heinz Kruger), StanleyTucci (le docteur AbrahamErskine), Samuel L. Jackson

(Nick Fury), Toby Jones (le docteur Armin Zola), NealMcDonough (Timothy “DumDum” Augan), Derek Luke (GabeJones), Ken Choi (Jim Morita),JJ Field (James MontgomeryFalsworth), Bruno Ricci (JacquesDernier), Lex Shrapnel (GilmoreHodge), Michael Brandon (le sénateur Brandt), NatalieDormer (Lorraine), AmandaRighetti [non créditée].

Équipe techniqueScénario : Christopher Markus et Stephen McFeely, d’après les personnages de la série de bande-dessinées créée par Joe Simon et Jack Kirby (1941)Images : Shelly JohnsonMontage : Jeffrey Ford et Robert Dalva1er assistant réal. : Richard WhelanMusique : Alan SilvestriSon : Stephen Hunter Flick, Jason

W. Jennings et Shannon MillsDécors : Rick HeinrichsCostumes : Anna B. SheppardEffets visuels : Christopher TownsendProduction : Marvel StudiosProducteur : Kevin FeigeProducteurs exécutifs : Alan Fine, Stan Lee, David Maisel, Joe Johnston, LouisD’Esposito et Nigel GostelowDistributeur : Paramount Pictures.

Le plus patriotique des héros Marvel est intelligemmentresitué dans les années 1940, pour un hommagerétro aux vieux “serials” et aux films de guerre. Le résultat est étonnamment respectueux de sonpostulat et, à ce titre, plutôt réussi et rafraîchissant.

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© Marvel

RésuméSeconde Guerre mondiale. Johann Schmidt, le chef de la sectionscientifique Hydra du Reich, s’empare du Cube cosmique. AuxÉtats-Unis, Steve Rogers est encore rejeté par l’armée, qui refusede l’enrôler. Sa persistance et son courage sont remarqués parAbraham Erskine, un scientifique allemand exilé, qui lui permetd’être engagé dans l’unité spéciale que dirigent le colonel ChesterPhillips et la Britannique Peggy Carter. Très vite, il est choisi pourtester un sérum conçu pour créer un super-soldat. L’expérience estun succès, mais un saboteur à la solde d’Hydra tue Erskine, et lesérum est détruit. Devenu un surhomme, Steve est engagé par lesénateur Brandt pour participer à une grande tournée musicaleà travers le pays.

Alors qu’il doit donner un spectacle sur le front italien, Steve apprendque son meilleur ami, Bucky, est porté disparu. Il part à sa rechercheet réussit, seul, à le sauver. À cette occasion, il est confronté àSchmidt, qui est Le Crâne Rouge, le premier “sujet” d’Erskine. Ayantgagné le respect de ses supérieurs, Steve prend la tête d’une unitéd’élite chargée de détruire Hydra. Lors d’une opération, Bucky esttué. L’antre du Crâne Rouge est identifié : les Alliés donnent l’assautjuste avant qu’il lance une offensive mondiale. Un seul avion décolle :à son bord, Steve et Le Crâne Rouge s’affrontent. Le Nazi est détruitpar le Cube cosmique. Steve se sacrifie en jetant l’avion dans labanquise. Il revient à lui. Nick Fury lui révèle que 70 ans ont passé...

D é n o u e m e n t

Le délirant projet de production Marvel - consacrer un filmà chacun de leurs super-héros avant The Avengers quiles réunira tous - se poursuit avec une belle inconscience.La force paradoxale de l’entreprise réside néanmoins dansla variété des films proposés par Marvel Studios.Expliquons-nous. Certes, tous sont des films de superhéros, mais, en choisissant à chaque fois des thématiqueset des cinéastes fort différents, Marvel livre des œuvresqui appartiennent bel et bien à des genres spécifiques àchacune : la screwball comedy pour Iron Man ou le filmépique vaguement shakespearien avec Thor. À présent,voici donc le film de guerre “serial” et rétro, intelligemmentconfié à un spécialiste du genre : Joe Johnston, l’auteurde Rocketeer. Ainsi, évitant un modernisme mal placé, notreCaptain America évolue dans les années 1940, une époqueou la grandeur de l’Amérique et son patriotisme prêtaientmoins à sourire qu’aujourd’hui. Le personnage y est donccomme un poisson dans l’eau, et le récit se permetmême quelques pastiches assez réussis, à l’occasiond’un passage dans une troupe musicale. Pour le reste, la Marvel assure comme d’habitude le spectacle, le cloun’en étant pas tant les scènes d’action que l’effet spécialtransformant l’acteur principal Chris Evans en l’avortonmalingre du début. Mais la vraie force de l’œuvre est derespecter son postulat : pas de sexe, peu d’ironie et uneaction qui démarre doucement avant de monter crescendo.C’est bien un serial des années 1940 que livre Johnston,et cela donne un résultat étrangement sympathique.

S.G.

123 minutes. États-Unis, 2011. Sortie France : 17 août 2011.Visa d’exploitation : 129833. Format : Scope (2D / 3D) - Couleur - Son : Dolby SRD DTS SDDS.

Semaine du 17 août

2012 - 13- captainamerica_Mise en page 1 04/08/11 02:13 Page1

À une semaine d’intervalle, deux films très semblables sedisputent les faveurs du public. Deux films de super-héros,deux franchises potentielles appartenant aux frères ennemisdu comic book américain : Marvel et DC Comics. À magauche, le méconnu Green Lantern (le 10 août [v.p. 08]),membre de l’écurie DC, met en valeur les muscles de RyanReynolds pour faire craquer les filles et pléthore d’effetsspéciaux (en 3D) pour en mettre plein la vue aux garçons. À ma droite, la Marvel sort de ses cartons le poussiéreuxCaptain America (le 17 août [v.p. 13]), avec son fougueuxsuper-soldat combattant des Nazis d’opérette (toujours en3D, c’est la mode). Deux projets de blockbusters auxintentions claires - lancer de lucratives franchises, à l’heureoù le filon du “super” est arrivé à maturité - et aux handicapsidentiques. Car il s’agit de rendre populaires des super-hérosde seconde zone (Green Lantern n’est qu’une sorte deSuperman verdâtre, l’arrogance en plus) ou mésestimé(Captain America reste le symbole suranné d’une Amériqueimpérialiste). Dans leur écriture et dans leur exécutionpourtant, les deux films vont prendre des cheminsdiamétralement opposés.

3 fois 20 ansBien sûr, ce n’est pas un hasard si on retrouve deux vieuxbriscards des studios aux commandes de ces films : MartinCampell (67 ans) et Joe Johnston (60 ans). Le premier arelancé, par deux fois, la franchise James Bond (avecGoldenEye en 1995 et Casino Royale en 2006) et ressuscitéZorro (Le Masque de Zorro, 1998). Le second compte danssa filmographie trois films en prise directe avec l’âge d’ord’Hollywood : Rocketeer (1991) et Hidalgo (2004) pourl’aventure, et Wolfman (2010) pour l’épouvante. Laresponsabilité leur incombe de rendre cohérentes deux“genesis stories” aux ramifications complexes.

Sur ce point, Johnston, en bon faiseur, s’amuse et lorgneostensiblement vers le cinéma d’aventures d’après-guerre.C’est évidemment chez Steven Spielberg (pour lequelJohnston signa Jurassic Park III) qu’il faut chercher sesinspirations : les premier et troisième Indiana Jones, avecleurs Nazis illuminés et leurs reliques de destructionmassive. Le cinéaste orchestre un retour à une formenarrative traditionnelle, où les personnages sont développéspar paliers successifs, et où l’action va crescendo. Trèsjustement, le plus grand défaut de Captain America resteson recours à l’action pure et soi-disant débridée dans le dernier tiers : le fameux syndrome Matrix Revolutions(avec ses combats à rallonge), qui frappe chaqueTransformers.De son côté, Campbell assure le minimum syndical... sansdoute parce qu’en artisan vieille école, il est perdu dans cetocéan d’effets numériques et de scènes tournées sur fondvert (ou bleu si les Schtroumpfs sont de sortie). Condamnéà jouer à fond la carte du film à effets spéciaux, le réalisateurn’a, en conséquence, aucune maîtrise de son espace : les

cadrages deviennent hasardeux, les acteurs sont mal à l’aise,les scènes d’action restent très brouillonnes. La premièrenette erreur de casting (car elles sont nombreuses) se trouvejustement dans le choix du réalisateur : pourquoi engagerun spécialiste du film d’action à l’ancienne (avec ses cascadeset son montage très lisible) pour tourner un film qui enrenie tous les préceptes ?

Avoir choisi Campbell et Johnston ne se justifie donc quepar leurs états de service respectifs, et par la nécessité d’avoirun réalisateur de métier aux commandes pour susciterl’intérêt du public. En effet, hors États-Unis, CaptainAmerica est un reliquat d’un autre âge. Quant à GreenLantern, son prestige, en comparaison à Batman ouSuperman, est plus que relatif... L’un des enjeux décisifs deces deux adaptations était donc dans la manièred’introduire les personnages et de leur apporter unecertaine fraîcheur.

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Nouveaux héros, vieilles recettes

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Captain America

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Yes we can (save the world)Hal Jordan est un vilain garnement, une tête brûlée qui justifieson comportement “à risques” par un traumatisme d’enfance.Un personnage pas très éloigné du Tony Stark des Iron Man,l’enfant gâté incapable d’égaler son père... Sauf quel’interprétation de Robert Downey Jr. permettait de saisir la subtile prise de conscience du milliardaire. Dans GreenLantern, on est proche du néant : le héros prend sesresponsabilités en un claquement de doigts, et on passe à autrechose...

En bien des points, Steve Rogers est un personnage plusintéressant. Petit gabarit pour grosses brimades, celui quihériterait du statut de victime dans une production ordinairechoisit d’être en première ligne. Sa prise de responsabilités estalors pour le moins physique : même métamorphosé ensurhomme, le soldat reste fidèle à ses principes. Mieux, il conserve aussi une certaine transparence, nécessaire pour enfaire une figure fédératrice, plus Captain Freedom ou Justicequ’America...

De fait, c’est bien la vocation “globale” de ces héros qui est aucentre des débats : surlignée à grand coups de séquencesintergalactiques dans Green Lantern (Hal Jordan est pardéfaut le porte-parole de l’Humanité), évoquée par petits clinsd’œil dans Captain America (une bataille dans les Alpesitaliennes, un interrogatoire dans le QG londonien du MI6),aucun des films ne prétend s’inspirer de l’approcheintrospective et réaliste de The Dark Knight. Or, un véritablefossé idéologique se creuse entre les deux œuvres. Récemment,le reboot de Star Trek par J.J. Abrams opposait pendantlongtemps Kirk à Spock, autrement dit la force à la raison.Sans alter-ego, Kirk serait sans doute à l’image d’Hal Jordan :le représentant officiel de l’espèce humaine, et accessoirementun furieux et narcissique va-t’en-guerre que personne ne vacontredire. En abordant Jordan comme un héros moderne, lesscénaristes ont négligé l’angle d’approche qui aurait révélé sanoblesse : celui de la légende arthurienne. Après tout, GreenLantern n’est qu’un chevalier en lutte avec un dragon...

À l’inverse, Steve Rogers, s’il peut paraître irraisonné dans sonincorruptible soif de justice, reste constamment poli etrespectueux, comme un jeune homme du début des années1940. Le contexte “rétro” tourne à plein régime et contribue àétayer la personnalité du héros. Son nom de scène fait de luiun pantin grand-guignolesque, uniquement au service de lapropagande yankee ? Il se réapproprie son costume et se forgeune identité fondée non pas sur un patriotisme béat mais surdes valeurs. Il est à l’image des héros sacrificiels des films deguerre : le soldat qui s’efface pour une cause et met sa vie enpéril pour des inconnus. Cette caractéristique, si elle peutprêter à sourire, le rend également attachant, et laisse présagerdes rapports explosifs (et hilarants) entre ce gentil naïf deRogers et le cynique Tony Stark.

Un retour aux “vieilles” formesLe constat final est sans appel : Green Lantern peinelaborieusement à retenir l’attention là où Captain Americaaffiche une cohérence quasi-parfaite dans ses enjeux, surl’écran comme en dehors. Pour le premier, l’hypothèse d’unesuite reste envisageable, mais est loin d’être assurée : ce sont lesventes en vidéo qui auront le dernier mot ! Le second, enrevanche, a déjà rempli sa double mission : raviver la flamme

du héros à la bannière étoilée en s’épargnant tout messagepolitique, et paver la voie pour la réunion des franchisesMarvel sous l’étendard The Avengers, prévu l’été prochain.Mais si, à force de modernisme et de technologie de pointe,Green Lantern échoue dans son objectif de divertissement,c’est parce que Captain America illustre un net regain d’intérêtpour des formes dites “classiques”. Aux États-Unis, le francsuccès de True Grit, le western minéral des frères Coen, a montré qu’une brèche s’était ouverte. Et les Cowboys &envahisseurs de Jon Favreau (le 24 août [v.p. 24]) de s’y engouffrergaiement ! Privé de 3D (une volonté de son réalisateur, bieninspiré), le film assume avec plaisir les codes du western. Et sile film ne convainc pas pleinement, c’est en partie à cause dudésintérêt visible de Favreau pour les envahisseurs de son titre.Lui ne se laisse pas emporter par la nostalgie, à l’inverse del’appliqué J.J. Abrams dans Super 8 (en salles depuis le 3 août),qui reproduisait sagement les recettes du Spielbergproducteur-réalisateur des années 1970-80.

La surprise du chefContre toute attente, c’est dans un étrange projet de prequelque l’on trouvera finalement la synthèse la plus aboutie de la forme classique et du modernisme hollywoodien. Triomphede l’histoire et du dialogue sur l’action et les effets, La Planètedes singes : les origines (le 10 août [v.p. 12]) ne néglige pas les avancées technologiques effectuées par la motion capture.Le film en fait au contraire un instrument vital à sa narration,en offrant le premier rôle à une créature virtuelle - le singe César,“joué” par l’incontournable Andy Serkis - et en parvenant à le doter d’une âme. Émotion et suspense sont au programmed’un film modeste, ne s’encombrant pas de la sempiternelle3D, et avec un réalisateur inconnu aux commandes (RupertWyatt, 39 ans). En 2011, le blockbuster prouve qu’il a encoredu cœur...

Michael Ghennam

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Green Lantern

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Comment tuer son boss ? (Horrible Bosses)

de Seth Gordon Comédie noireAdultes / Adolescents

AvecJason Bateman (Nick Hendricks),Jason Sudeikis (Kurt Buckman),Charlie Day (Dale Arbus), KevinSpacey (Dave Harken), JenniferAniston (le docteur Julia Harris),Colin Farrell (Bobby Pellitt), JamieFoxx (Dean “MF” Jones), JulieBowen (Rhonda Harken), DonaldSutherland (Jack Pellitt), LindsaySloane (Stacy), Wendell Pierce(l’inspecteur Hagan), Ron White(l’inspecteur Samson), P.J. Byrne

(Kenny Sommerfeld), SteveWiebe (Thomas, le chef de la sécurité), Michael Albala(Mr. Anderton), Meghan Markle(Jamie), Celia Finkelstein(Margie Emerman), BrianGeorge (Gregory / Atmanand),John Francis Daley (Carter),Scott Rosendall (Hank Preston),Ioan Gruffudd, Bob Newhart,Seth Gordon, Dave Sheridan,Chad Coleman, Diana Toshiko.

Équipe techniqueScénario : Michael Markowitz, John Francis Daley et Jonathan Goldstein, d’après une histoire de Michael MarkowitzImages : David HenningsMontage : Peter TeschnerRéal. 2e équipe : Gary Hymes1er assistant réal. : Darin RivettiMusique : Christopher LennertzSon : Jeff WexlerDécors : Shepherd FrankelCostumes : Carol Ramsey

Effets spéciaux : Jeremy HaysEffets visuels : Paul GraffDir. artistique : Jay PelissierMaquillage : Deborah La Mia DenaverProduction : New Line Cinema et Rat EntertainmentProducteurs : Jay Stern et Brett RatnerProducteurs exécutifs : Diana Pokorny et John ChengDistributeur : Warner Bros.

Le titre Comment tuer son boss ? annonçait un filmbien plus décapant que ce sous-Very Bad Trip. Un scénario réglo mais pas très nouveau, un humour passe-partout, des acteurs qui se fontplaisir sans nous surprendre...

Commentaire

© Warner

RésuméNick travaille sans compter ses heures, avec l’espoir d’obtenirune promotion. Mais son boss, Dave Harken, décide de se nommerlui-même au poste qu’il convoitait. Kurt est comptable dans une PME et adore son patron, Jack Pellitt. Mais lorsque celui-cimeurt d’un infarctus, c’est son odieux fils, Bob, junkie notoire,qui lui succède. Dale est assistant dentaire pour Julia Harris,une nymphomane qui le harcèle alors qu’il va se marier. Épuisés,les trois amis décident d’agir : la démission n’étant pas envisageableen temps de crise, ils vont tuer leurs chefs.

La recherche d’un tueur à gage sur Internet est un échec. Dansun bar louche, ils rencontrent “MF”, un ex-taulard qui leur réclame5 000 $... en échange de maigres conseils : observer les habitudesde leurs cibles, et ne pas avoir de mobile apparent. Leur viréechez Bob est catastrophique, et leur “visite” chez Harken n’estpas plus concluante : ils y oublient le portable de Bob. Or, Harkeny voit une preuve de l’infidélité de sa femme, Rhonda. Il se rend chezBob et l’abat sous les yeux de Nick. Soupçonnés par la police,ils vont à l’anniversaire d’Harken pour enregistrer ses aveux. Rienne se passe comme prévu : poursuivis par Harken, qui se tire uneballe dans la jambe pour les accuser, ils sont arrêtés. Les menacesd’Harken ont été enregistrées par Gregory, l’officier du GPSintelligent de la voiture ! Harken arrêté, Nick obtient sa promotion,et Dale parvient (par le chantage) à calmer les ardeurs de Julia.

D é n o u e m e n t

Comment tuer son boss ? : ce titre, plus explicite que le Horrible Bosses américain, promettait une comédievraiment décapante. Hélas, on ne peut qu’être déçu par le manque d’audace du film livré ici par Seth Gordon(à qui l’on doit notamment la série Breaking In). Si le sujetdes relations patrons / employés en tant de crise est porteurd’un fort potentiel comique, les scénaristes le contournent,puisqu’ils font rapidement sortir le récit du cadreprofessionnel et dévier le scénario vers une orientationsemi-policière où les rapports entre les personnageschangent, pour devenir une relation victime / tueur. L’humourreste donc assez sage. Les trois acolytes qui sont au centredu film font largement penser aux compères de Very BadTrip, en beaucoup moins réussis. Car dans ce dernier, les personnages se retrouvent dans des situations délicatespar la force des événements, tandis qu’ici, les protagonistessont largement responsables de leur poisse. Leur stupiditéne force pas l’empathie du spectateur qui, bien vite, sedésolidarise de leur cause. On se demande ainsi ce queJ. Aniston et C. Farrell sont allés faire dans cette galère,tous deux ayant passé l’âge de prouver, pour l’une sonsex-appeal pour l’autre sa fantaisie, et n’ayant rien d’autreà défendre... Seul le personnage de “MF”, interprété parle toujours excellent Jamie Foxx, fait preuve d’une réelleoriginalité et surprend par sa cinéphilie d’intello sous sesairs de caïd. Il s’agit donc d’une comédie américaine demodèle extrêmement basique, pas réellement désagréable,mais n’ayant franchement rien de remarquable.

C.L.L.

98 minutes. États-Unis, 2011. Sortie France : 17 août 2011.Visa d’exploitation : 130480. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SR SRD DTS.

2012 - 16- commenttuerson_Mise en page 1 03/08/11 17:08 Page1

17© les Fiches du Cinéma 2011 - N°2012

The Future (The Future)

de Miranda July FableAdultes / Adolescents

AvecHamish Linklater (Jason),Miranda July (Sophie / la voixde Paw-Paw), David Warshofsky(Marshall), Isabella Acres(Gabriella), Joe Putterlik (Joe, la Lune), Kathleen Gati (le docteur Strauss), Erinn K.Williams (Tammy), Oona Mekas(Sasha), Samantha Milazzo(Jayleen), Ryker Baloun (Barryà 3 ans), Olivia Thiering (Carrieà 3 ans), Taylor Cosgrove Scofield

(Barry à 10 ans), Sara Rodier(Carrie à 10 ans), Brittney Hewitt(Carrie à 15 ans), Matthew Dunn(Barry à 15 ans), Bru Muller(Barry à 35 ans), Aubree Knecht(Carrie à 35 ans), Diana Sandoval(la voisine), Angela Trimbur,Mary Passeri, Clement vonFranckenstein, Tonita Castro,Mark Atteberry, Frank Langley,Andy Forest.

Équipe techniqueScénario : Miranda JulyImages : Nikolaï von GraevenitzMontage : Andrew Bird1er assistant réal. : Ted CampbellMusique : Jon BrionSon : Rainer Heesch et Lars GinzelDécors : Elliott HostetterCostumes : Christie WittenbornEffets visuels : Grant Keiner et Eliza Pelham RandallDir. artistique : Ruth De Jong

Maquillage : Sabine SchumannCasting : Jeanne McCarthy et Nicole AbelleraProduction : Razor Film Produktion, GNK Productions et Film4Producteurs : Gina Kwon, Roman Paul et Gerhard MeixnerProductrice déléguée : Sue Bruce-SmithCoproducteur : Chris StinsonDistributeur : Haut et Court.

Second film de Miranda July, The Future est une fablesur le temps qui passe et la difficulté à construire unevie d’adulte dans ce compte-à-rebours. Le récit fourmilleautant d’idées fantaisistes que d’idées arrêtées. La miseen scène apparaîtra donc inventive ou manipulatrice.

Commentaire

© Haut et Court

RésuméLos Angeles. Jason est téléconseiller informatique à son compte,Sophie donne des cours de danse. Ils décident d’adopter un chat.Au chenil, ils apprennent que leur futur chat, Paw Paw, est encoreen convalescence durant un mois. Dans les couloirs, Jason croiseGabriella et son père, Marshall. Ému par la petite fille, il achète ledessin qu’elle a accroché au mur du chenil. Le soir, le couple prendconscience qu’il a un mois pour réaliser ses rêves, avant d’endosserla responsabilité de maîtres du chat. Tous deux quittent leur travail.

Sophie veut réaliser une chorégraphie par jour devant la webcamde son ordinateur. Mais, ne cessant de comparer ses prestationsaux vidéos sur Internet, elle renonce et fait couper leur connexion.Jason devient démarcheur pour une association écologique. Au dosdu dessin, Sophie trouve le numéro de Marshall. Elle l’appelle et selaisse séduire par lui. Jason fait la connaissance d’un vieil homme,Joe, qui vit dans la mémoire de sa femme défunte. Une nuit, Sophieveut avouer son infidélité à Jason. Comprenant ce qu’elle va lui dire,il arrête le temps... mais seulement pour lui. Sophie part s’installerchez Marshall. Malgré les conseils de la Lune, Jason ne sait pascomment redémarrer le temps. La date fatidique pour récupérerPaw Paw approche... Désespéré, Jason se rend à la plage, où il faitreprendre son cours au temps grâce à la mer. Lorsqu’il arrive auchenil, c’est trop tard : Paw Paw a été piqué. Il rentre chez lui et yretrouve Sophie, qui hésite, part, et revient finalement se coucher.

D é n o u e m e n t

Miranda July est une artiste. Une artiste touche-à-tout :cinéma, sculpture, vidéo, théâtre... Elle crée des pontsentre tous ces arts, et ne s’est donc pas précipitée pourréaliser ce second film, après le très beau succès de Toi, moi et tous les autres (sorti en 2005), à la Semainede la Critique et en salles. Miranda July ouvre grand les yeux sur le monde et transmet dans ses réalisationsl’étroitesse qu’elle y constate en lui opposantl’impérieuse nécessité d’élargir le cadre. À ce titre, The Future apparaît avant tout comme un combat : contrel’incommunicabilité des êtres, pour le réenchantementdu monde. Douée pour observer les détails, détourner les (tout) petites choses du quotidien, dans un style“réal-poétique”, elle place tout d’abord ses personnagesdans une sorte de mesquinerie assez déprimante, puis,lentement, par la fantaisie, par l’humour, elle les amènevers une transcendance. On devine qu’il en va à peuprès de même pour le spectateur. Alors deux possibilitéss’offrent à lui : soit il est touché par la grâce d’une miseen scène inventive, soit il est agacé par la manipulationd’un récit faussement naïf. Et réciproquement. Quoiqu’ilen soit, Miranda July affirme un style et impose unpersonnage. La fable se pique ici de science fiction, mais son recours semble engoncé dans la nécessitéscénaristique pour évoquer une idée plutôt qu’endévelopper les effets. C’est peut-être d’ailleurs là la pattede la cinéaste : faire se succéder des idées, sur la vie,sur le temps, sur le monde. À méditer ou à laisser.

Ch.R.

91 minutes. Allemagne - États-Unis, 2011. Sortie France : 17 août 2011.Visa d’exploitation : 129538. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD. 50 copies (vo).

Semaine du 17 août

2012 - 17- future_Mise en page 1 04/08/11 02:17 Page1

18© les Fiches du Cinéma 2011 - N°2012

Impardonnablesde André Téchiné Drame

Adultes / Adolescents

AvecAndré Dussollier (Francis),Carole Bouquet (Judith), MélanieThierry (Alice), Adriana Asti(Anna Maria), Mauro Conte(Jérémie), Alexis Loret (Roger),Zoé Duthion (Vicky), SandraToffolatti (la comtesse), AndreaPergolesi (Alvise).

Équipe techniqueScénario : André Téchiné et Mehdi Ben Attia, d’après le roman de Philippe Djian (2009)Images : Julien HirschMontage : Hervé de Luze1er assistant réal. : Michel NasriMusique : Max RichterSon : Lucien Balibar et Francis WargnierDécors : Michèle AbbeCostumes : Khadija ZeggaïEffets visuels : Alain Carsoux

Maquillage : Jacques ClementeCasting : Barbara MelegaProduction : SBS Films et UGCCoproduction : CRG International Films, TF1 Droits Audiovisuels, France 3 Cinéma et Soudaine CompagnieProducteur : Saïd Ben SaïdDir. de production : Bruno BernardDistributeur : UGC.

Un écrivain en panne d’inspiration cherche sa filleet se perd entre amour et jalousie dans la Cité des Doges. Impardonnables réactive la plupart des éléments du cinéma de Téchiné : il lui manquepeut-être l’ambition de les dépasser.

Commentaire

© Pedro Usablaga

RésuméFrancis est un écrivain à succès. Pour trouver l’inspiration de son prochain livre, il se rend à Venise. Judith, conseillèreimmobilière, lui propose une maison au calme sur l’île deSant’Erasmo. Francis lui annonce qu’il ne prendra la maison que s’ils habitent ensemble. Un an et demi plus tard. Le couplereçoit Alice, la fille de Francis, et Vicky, l’enfant de cette dernière.Mais Alice disparaît mystérieusement. Francis, qui ne parvientpas à écrire quand il est amoureux, s’inquiète de plus en plus. Il charge alors Anna Maria, ancien amour de Judith et détectiveprivée à la retraite, de retrouver sa fille.

En découvrant les nombreuses relations qu’a connues sa femme,Francis demande à Jérémie, le fils d’Anna Maria, de la suivre.La filature tourne court : Jérémie, sous le charme de Judith, se donne à elle. Empêtré dans ses problèmes, le jeune hommetente de se donner la mort. Lorsqu’Anna Maria revient pour son fils, elle informe Francis qu’Alice est à Paris avec son amant,Alvise, noble ruiné et trafiquant de drogue. Judith s’éloigne de Francis ; de plus en plus seul et inquiet, il parvient alors à écrire. Fatiguée, Anna Maria succombe à un cancer. Francis a enfin terminé son livre, il doit retourner à Paris, même si Judith,toujours amoureuse, souhaite qu’il reste. Alice aussi est revenuepour suivre Alvise, qui s’est rendu à la police. Francis retrouveJudith et lui propose de venir avec lui à Paris.

D é n o u e m e n t

Il semblait naturel pour André Téchiné de transposer le roman de Philippe Djian à Venise - ville maudite pourl’écrivain, ville romanesque et cinéphile par excellence -pourtant la Sérénissime semble irrémédiablement absente.On l’aurait imaginé en symbiose avec cette histoire de grandssentiments et de trahisons. Mais Téchiné ne la filme jamais :Venise ne devient visible qu’à travers le regard de Francisou de son appareil photo, comme séparée du récit. C’estune des belles idées de ce Téchiné, par ailleurs assezclassique, où l’on retrouve sans déplaisir une petite musiqueque l’on ne connaît que trop bien. Solide, le coupleDussollier / Bouquet structure parfaitement l’effervescencepropre au cinéaste. C’est d’ailleurs toute la force dupersonnage de Francis, écrivain en manque d’inspiration,qui va jusqu’à provoquer le romanesque pour pouvoir ànouveau écrire. Car chez Téchiné, tout le monde est pauvrede quelque chose. D’où cette nécessité de l’autre, del’opposé. On retrouve ainsi ces personnalités contrairesqui s’attirent et s’épuisent, poussées à leurs extrêmes. Maisla caméra, malgré une vivacité caractéristique, se fait moinsprès des corps. Dans ses meilleurs moments, lorsqu’il osele romanesque franc, comme dans les jeux de filaturesou lors d’une poursuite en gondole, le film impose toutefoisune vraie atmosphère, à la fois grave et légère. Téchinétravaille ses thèmes habituels, mais le rythme du filmsemble souvent lui échapper. Trop d’intrigues inutiles,une dernière demi-heure qui s’essouffle et un cinéma qui,s’il reste plaisant à retrouver, peine à se réinventer.

S.A.

111 minutes. France - Italie, 2011. Sortie France : 17 août 2011.Visa d’exploitation : 126143. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SR SRD.

2012 - 18- impardonnables_Mise en page 1 03/08/11 17:11 Page1

Le 28 décembre 1962, Michel Petrucciani naît à Orange,dans le sud de la France. Dès ses premiers jours il s’avèreque le nouveau-né souffre d’une ostéogenèse imparfaiterendant ses os très cassants. Son développement osseuxaura différentes conséquences sur sa morphologie. Enparallèle, dès son plus jeune âge, il est initié au jazz parun père semi-professionnel. À l’instar de Mozart, autrejeune prodige, il se produit très tôt en public, avec soninstrument de prédilection : le piano. Le jazz étant apparuaux États-Unis, il ne pouvait manquer de s’y rendre, une foisla reconnaissance artistique acquise grâce à ses concertsdans la vieille Europe, pour aller à la rencontre de sesidoles : les stars du jazz nord-américain. Les musiciensavec lesquels il joue ne sont pas les seuls à tomber sousson charme : le jeune Michel multiplie les conquêtesféminines. Sans rancune, ses femmes se succèdent devantla caméra de Michael Radford pour raconter leurs souvenirsdes moments épanouissants passés à ses côtés. À la findu film, on apprend le décès du musicien, dans une ruede New York, le 6 janvier 1999. Michel Petrucciani : ce portrait du célèbre pianiste s’avèrehélas aussi inventif que son titre ! En effet, Michael Radford(1984, Le Facteur) se contente de mettre en images unebiographie linéaire, débutant par la naissance de l’artisteet se terminant, après avoir scrupuleusement respectéla chronologie, par sa mort. Entre les deux, des imagesd’archives, des interviews, des entretiens, réalisésaujourd’hui, avec les proches de Petrucciani. Tous leprésentent naturellement comme un génie. Autrement dit,

voici une biographie hagiographique, qui ne se démarqueaucunement d’une vision romantique de l’artiste, détruitpar ses addictions mais perpétuellement génial ! MichaelRadford se contente ici de répondre à une commande,justifiée par l’actuel intérêt du public pour les biopics(documentaires ou fictionnalisés). Michel Petruccianiest une célébrité française qui a fait l’essentiel de sacarrière aux États-Unis. Lui consacrer un documentairen’est donc pas une démarche anodine de la part d’unproducteur français. Surtout si le film est réalisé par unAméricain et scénarisé “à l’américaine”, en utilisant le handicap de l’artiste comme le ressort essentiel d’unesuccess story alimentant le mythe du “self made man”(“rien n’arrête celui qui a décidé de suivre sonchemin”)... Le travail de recherche du documentariste(qui n’a jamais rencontré le musicien de son vivant), est très limité : il ne s’intéresse ni au contexte historiqueet social dans lequel se déroule la vie de Petrucciani, ni véritablement à la musique et à la créativité du jazzman.Il en résulte donc un film qui reste toujours au niveau de l’anecdote (avec de lourdes allusions à la sexualité dePetrucciani pour signifier qu’il était un homme tout à faitaccompli) : on était en droit d’attendre plus et mieuxd’un documentaire sur un tel personnage !

Ce.L.

Commentaire

19© les Fiches du Cinéma 2011 - N°2012

de Michael Radford DocumentaireAdultes / Adolescents

AvecAlexandre Petrucciani, EugeniaMorrison, David Himmelstein,le docteur Georges Finidori,Madame Clauzel, PhilippePetrucciani, Tox Drohar, GeorgeWein, Pierre-Henri Ardonceau,Alain Brunet, Lionel Belmondo,Jacques Bonnardel, TonyPetrucciani, Pascal Bertonneau,Frank Cassenti, Aldo Romano,Pascal Anquetil, Jean-JacquesPussiau, Dorothy Darr, Roger

Willemsen, Barry Altschil,Erlinda Montano-Hiscock,John & Lisa Abercrombie, LeeKonitz, Mary Ann Topper, EliotZigmund, Bernard Benguigui,Andy McKee, Victor Jones,Serge Glissant, Marie-LaureRoperch, Francis & HélèneDreyfus, Bernard Ivain, RonMcClure, Geneviève Peyrègne,François Zalacain, Joe Lovano,Judi Silvano.

Équipe techniqueImages : Sophie MaintigneuxMontage : Yves DeschampsSon : Olivier Le VaconProduction : Les Films d’Ici, Liaison Films LLC, Looks Films et Partner Media InvestmentCoproduction : Arte France Cinéma, Eden Joy Music et Noa Noa Film

Producteurs : Serge Lalou, Annick Colomès, Bruce Marks, Gunnar Dedio, Martina Haubrich et Andrea StucovitzCoproducteurs : Alexandre Petrucciani et Roger WillemsenDistributeur : Happiness.

Le nom de Michel Petrucciani résonne dans lesmémoires comme celui d’un jazzman hors normes.Ce documentaire suit scrupuleusement les étapesde la vie du musicien et ne va jamais au-delà d’uneapproche strictement hagiographique.

© Happiness

Michel Petrucciani

102 minutes. France - Allemagne - Italie, 2011. Sortie France : 17 août 2011.Visa d’exploitation : 123218. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby stéréo. 30 copies.

Semaine du 17 août

2012 - 19- michelpetruc_Mise en page 1 04/08/11 02:17 Page1

20© les Fiches du Cinéma 2011 - N°2012

La Piel que habito (La Piel que habito)

de Pedro Almodóvar ThrillerAdultes / Adolescents

AvecAntonio Banderas (RobertLedgard), Elena Anaya (Vera),Marisa Paredes (Marilia), JanCornet (Vicente), Roberto Álamo(Zeca), Eduard Fernández(Fulgencio), Blanca Suárez(Norma), Susi Sánchez (la mèrede Vicente), Bárbara Lennie(Cristina), Fernando Cayo (le médecin), José Luis Gómez(le président de l’Institut deBiotechnologie), Ana Mena

(Norma), Buika (elle-même),Teresa Manresa (Casilda),Isabel Blanco, Violaine Estérez,Guillermo Carbajo, David Vila,Sheyla Fariña, Jordi Vilalta,Chema Ruiz [non crédité].

Équipe techniqueScénario : Pedro Almodóvar, avec la collaboration d’Agustín Almodóvar, d’après le roman Mygalede Thierry Jonquet (1984)Images : José Luis AlcaineMontage : José Salcedo1er assistant réal. : Manuel CalvoScripte : Yuyi BeringolaMusique : Alberto IglesiasSon : Iván MarínDécors : Antxón Gómez

Costumes : Paco DelgadoDir. artistique : Carlos BodelónMaquillage : Karmele SolerCasting : Luis San NarcisoProduction : El DeseoProducteurs : Agustín Almodóvar et Esther GarcíaProducteur exécutif : Toni NovellaProductrice associée : Bárbara PeiróDir. de production : Toni NovellaDistributeur : Pathé.

Deux ans après Étreintes brisées, Almodóvar revientavec une libre adaptation du roman Mygale, de ThierryJonquet. Très alléchant sur le papier, La Piel quehabito semble prisonnier de sa forme et cantonne sonréalisateur dans une inhabituelle et regrettable retenue.

Commentaire

© José Haro

RésuméVera vit séquestrée chez Robert Ledgard - un éminent chirurgienplastique qui se consacre à la création d’une nouvelle peau -sous l’étroite surveillance de Marilia, la gouvernante. Un soir,alors que Robert est absent, Marilia reçoit la visite inopinée de son fils, Zeca. Il découvre la présence de Vera et la viole. À son retour, Robert surprend Zeca et le tue avant de partir se débarrasser du corps. Marilia explique alors à Vera queRobert est son fils illégitime, et que la femme de ce dernier,morte brûlée dans un accident de voiture, a eu une liaison avec Zeca. En rentrant, Robert veut réconforter Vera. Ils passentla nuit ensemble.

Six ans plus tôt. Robert se rend à un mariage avec sa fille,Norma, qui souffre de phobie sociale depuis le décès de samère. Norma flirte avec Vicente puis fait un malaise. Croyantque Vicente a tenté de violer sa fille, Robert le kidnappe et le séquestre. Norma est internée en psychiatrie et se suicide.Robert décide de faire subir une vaginoplastie à Vicente. Il le transforme progressivement en femme et le rebaptise Vera.Aujourd’hui. Robert et Vera passent un marché. Vera peut vivrelibrement dans la maison si elle promet de ne pas quitter Robert.Un jour, Vera parvient à s’emparer d’un révolver et tue Robert,puis Marilia. Vera se précipite chez sa mère qui ne reconnaît passon fils. Vera / Vicente lui explique toute l’histoire.

D é n o u e m e n t

Le nouveau film d’Almodóvar s’annonçait très prometteur.Il marquait ses retrouvailles avec deux acteurs fétichesde sa filmographie : Antonio Banderas (dont la dernièreapparition remontait à Attache-moi, il y a 22 ans) et MarisaParedes, avec laquelle il n’avait pas tourné depuis Parleavec elle, en 2002. De ce point de vue, le contrat est rempli :Banderas, en chirurgien obsessionnel et glacial, et Paredes,en gouvernante implacable et secrète, sont irréprochables.Le choix de la toile de fond, laissant espérer une sorte deretour aux sources, augurait lui aussi du meilleur. La villede Tolède étant, sans doute, un clin d’œil à sa régiond’origine et au Tristana de Buñuel, autre histoire de femmecaptive et mutilée. Mais en s’éloignant de son registremélodramatique habituel et en s’essayant à la mécaniquedu thriller, Almodóvar perd malheureusement en puissance.Il livre un film proche de l’exercice de style, lorgnantouvertement du côté d’Hitchcock ou de Franju. Bien sûr,il imprime sa patte, confirmant son art si personnel et brillant de la mise en scène. On retrouve avec plaisirla photographie dense et flamboyante de José Luis Alcaineet la musique entêtante d’Alberto Iglesias. Mais en collantà son sujet, Almodóvar se désincarne, comme si la froideobsession chirurgicale du personnage principal ne luipermettait pas d’entrer dans son film. Il en découle uneabsence notable d’émotion, à laquelle le réalisateur ne nousa franchement pas habitués. Bref, La Piel que habito a lacouleur d’un Almodóvar mais il n’en a pas l’épaisseur. Cettepeau-là, c’est sûr, le cinéaste ne l’habite pas vraiment.

M.H.

120 minutes. Espagne, 2011. Sortie France : 17 août 2011.Visa d’exploitation : 129169. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD. 290 copies (vo).

2012 - 20- pielquehabito_Mise en page 1 03/08/11 17:12 Page1

Avec La Piel que habito, évocation - plus qu’adaptation - deMygale, le roman de Thierry Jonquet, Almodóvar n’est pasloin de toucher au meilleur de son cinéma, celui où lescoutures sont les moins perceptibles entre ses penchantsfeuilletonesques, son goût pour les récits en chausse-trappes etson art de la transgression. Peu lui importent les codes d’unpolar dont il ne garde que la trame, et dont il élimine le motif,pourtant central, de l’argent. Il a tôt fait, surtout, dedésamorcer la vengeance du personnage interprété parBanderas, laquelle ne semble, en fin de compte, qu’un prétexteà ses expériences, comme l’est évidemment le récit de Jonquetà celles d’Almodóvar (étonnant comme, en la figure d’unchirurgien, le cinéaste semble trouver son alter ego, l’évocationla plus convaincante de son travail). Du processus en lui-même,par lequel Robert / Banderas transforme Vincent en Vera, etlui donne le visage de son épouse défunte, nous ne verronspresque rien, Almodóvar optant pour une audacieuse ellipse.Jonquet, au contraire, plonge les mains dans la saleté. Ce sontles excréments dans lesquels croupit Vincent, puis le descriptif,précis, de sa vaginoplastie, la mention de ses “chairssanguinolentes”. Des cicatrices, la Vera d’Almodóvar, lisseurfaite femme, ne garde pas la moindre trace ; seules, semblents’en faire l’écho les coutures apparentes de ses combinaisons, etces poupées aux jointures hypertophiées (inspirées du travailde Louise Bourgeois) qu’elle réalise. Le roman, qui détaillechaque étape de la métamorphose, n’est jamais, dans le fond,qu’une version cruelle et radicale de My Fair Lady, quand c’estpar le regard - et par lui seul - que le film invite son spectateur,moins à la constater qu’à la parachever. Mais la question duregard est double, qui se fait aussi siège de l’être, persistance deVincent dans le corps de Vera, et dont les yeux paraissent - ainsi que Barthes le disait de ceux de Garbo dans La ReineChristine - “comme deux meurtrissures”. Par ailleurs, si Jonquetancre ses personnages dans un contexte concret, les caractérise

socialement, Almodóvar évacue la question, pour ne garder du monde qu’un plan abstrait, sur lequel projeter idéalementses figures de mélo cruel (de même qu’il abandonne la métaphoreanimale du prédateur et de la proie - dans le roman, “Mygale”est le surnom que donne Vincent à son bourreau - filée parl’écrivain tout du long). Du reste, ce qui, de prime abord,semble, du livre au film, subsister, ne recouvre pasnécessairement le même sens. Ainsi en va-t-il de la question duvoyeurisme. Lorsque le personnage de Jonquet prostitue sa créature et, derrière une glace sans tain, se repaît duspectacle, celui d’Almodóvar se contente d’observer, par écransinterposés, le beau corps endormi de Vera (et dont l’imagerenvoie à l’œuvre du Titien, la Vénus d’Urbino, dont Robertpossède une copie). Dès lors, les deux récits divergent plusencore. Le premier finit par prendre sa créature en pitié, quandle second en tombe amoureux. Pour atroce que soit le sortqu’ils s’infligent, Almodóvar, sentimental retors mais forcené,croit donc, pour ses personnages, en la naissance d’un amour,si bref soit-il. Surtout, si Mygale se concentre sur son récit, La Piel que habito plonge dans un flux d’images dont il ressortempreint, s’inscrit dans une histoire des représentations.Haute couture, assurément, que celle pratiquée par le cinéaste,qui croise le Franju des Yeux sans visage et le Hitchcock deSueurs froides, amalgame le Pygmalion d’Ovide au Frankensteinde Shelley, et questionne le polar pour mieux lui faire avouerson mélo (certes pas le plus aimable de son auteur, qui déploieson récit régulièrement glaçant dans une gamme chromatiqued’une sécheresse inédite). C’est dire la greffe, multiple etaudacieuse, qu’entreprend Almodóvar, la somme d’images iciconvoquées : La Piel que habito - l’hommage que le scalpelrend à la passion - est, à n’en pas douter, un jalon de taille danssa filmographie.

Thomas Fouet

© les Fiches du Cinéma 2011 - N°2012 21

Contre-avis

Chirurgie & esthétique

© José Haro

2012 - 21- almodovar(X8)_Mise en page 1 03/08/11 17:09 Page21

22© les Fiches du Cinéma 2011 - N°2012

Zookeeper (Zookeeper)

de Frank Coraci Comédie animalièreFamille

AvecKevin James (Griffin Keyes),Rosario Dawson (Kate), LeslieBibb (Stephanie), Ken Jeong(Venom), Donnie Wahlberg(Shane), Joe Rogan (Gale), NatFaxon (Dave), Steffania De LaCruz (Robin), Nick Bakay (Franky),Nick Turturro (Manny), ThomaGottschalk (Jurgen), BrandonKeener (Nimer), Robin Bakay(Rebecca), Matthew R. Staley(Glenn), Tara Giordano (Shana).

Et les voix deNick Nolte (Bernie, le gorille),Adam Sandler (Donald, le singe),Sylvester Stallone (Joe, le lion),Cher (Janet, la lionne), JuddApatow (Barry, l’éléphant), JonFavreau (Jerome, l’ours), FaizonLove (Bruce, l’ours), MayaRudolph (Mollie, la girafe), Bas Rutten (Sebastian, le loup),Don Rickles (la grenouille), Jim Breuer (le corbeau), RichiMinervini (l’autruche).

Équipe techniqueScénario : Nick Bakay, RockReuben, Kevin James, JayScherick et David Ronn,d’après une histoire de JayScherick et David RonnImages : Michael BarrettMontage : Scott Hill1er assistant réal. : Michele Panelli-VenetisMusique : Rupert Gregson-WilliamsSon : David MacMillan

Décors : Kirk M. PetruccelliCostumes : Mona MayEffets visuels : Peter G. TraversMaquillage : Corrina DuranProduction : Happy Madison, Columbia Pictures et MGMCoproduction : Hey Eddie etBroken Road ProductionsProducteurs : Adam Sandler, Kevin James, Jack Giarraputo et Todd GarnerDistributeur : Sony Pictures.

Pour reconquérir son ex-fiancée, un gardien de zoo suitles conseils des animaux dont il s’occupe. Laborieuse,marinant dans un humour rarement au-dessus dela ceinture du bedonnant héros, cette comédie neparvient pas à nous donner envie de retourner au zoo !

Commentaire

© Sony

RésuméLorsque Griffin Keyes, gardien de zoo, demande Stephanie en mariage, elle refuse en lui reprochant son manque d’ambition.Cinq ans plus tard, lors des fiançailles de son frère, Dave, Griffinse voit proposer par ce dernier un travail plus rémunérateur.Inquiets de perdre leur meilleur gardien, les animaux du zoo se réunissent alors, bien décidés à aider Griffin. Le lendemain,leur plan pour qu’il reconquiert Stephanie échoue. Le lion grondealors Griffin, qui croit devenir fou en entendant les animaux lui parler. Le soir, ces derniers lui expliquent qu’ils veulentl’aider à devenir le “mâle alpha”.

Les ours lui donnent une leçon de posture. Le loup lui apprend à marquer son territoire. Les animaux lui reprochent de s’effacerface à un autre prétendant de Stephanie : Gale. Il se ridiculise, etles animaux lui suggèrent alors d’essayer de rendre Stephaniejalouse en s’affichant avec une autre au mariage de son frère.Pour cela, il demande l’aide d’une collègue, Kate. Le soir, il réalisele rêve du gorille en l’emmenant dîner en ville. Griffin et Katemassacrent le mariage mais s’amusent beaucoup. Stephanieest séduite. Pour elle, Jerry accepte le travail proposé par sonfrère. Kate et les animaux sont déçus. Peu après, Griffin réaliseson erreur, quitte Stephanie et revient au zoo. Avec l’aide des animaux, il parvient à rattraper Kate avant qu’elle ne partepour Nairobi. Il lui déclare sa flamme. Ils vivront heureux au zoo.

D é n o u e m e n t

Chaque année apporte son lot de grasses comédiesaméricaines sans humour ni ambition. Avant la rentréescolaire, les studios nous ont donc concocté un petit navets’appuyant sur le postulat que faire parler des animauxsuffira à amuser les spectateurs. Zookeeper se voudraitsans doute une déclinaison de l’excellent La Nuit au musée,dont il copie allègrement le scénario (un gardien qui vadevenir ami avec les “créatures” dont il doit s’occuper),en remplaçant les personnages de cire par un lion, un éléphant, etc. Mais au bout du compte, le résultatapparaît définitivement plus proche de niaiseries tellesque La Forêt contre-attaque. Ici, le héros (le grassouilletKevin James) va bénéficier des conseils balourds de sesnouveaux amis animaux pour reconquérir une pimbêcheblonde, avant de tomber dans les bras de sa joliecollègue sympa. Ce scénario très artificiel donne lieu à un certain nombre de séquences assez gênantes, durantlesquelles Jerry va d’abord se mettre à grogner commeun ours avant d’uriner dans les pots de fleurs lors d’unesoirée pour marquer son territoire. Bref, de gentil garçoneffacé il va peu à peu se transformer en gros rustre, ce qui, curieusement, va attiser le désir de la blonde puisde la brune. Si le héros ne se comportait pas comme une caricature de paysan du Middle West, ce parti-prisserait presque avant-gardiste. Pour le reste, on traque en vain la vanne, on grimace devant les piètres tentativesdu scénario pour nous émouvoir et on passe les trois-quartsdu film à se féliciter d’avoir anticipé les scènes.

M.Q.

102 minutes. États-Unis, 2011. Sortie France : 17 août 2011.Visa d’exploitation : 130143. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SR SRD DTS SDDS. 300 copies (vo / vf).

2012 - 22- zookeeper_Mise en page 1 03/08/11 17:10 Page1

23© les Fiches du Cinéma 2011 - N°2012

Les Bien-aimésde Christophe Honoré Fresque musicale

Adultes / Adolescents

AvecChiara Mastroianni (Véra),Catherine Deneuve (Madeleine),Ludivine Sagnier (Madeleine,jeune), Louis Garrel (Clément),Milos Forman (Jaromil), PaulSchneider (Henderson), RashaBukvic (Jaromil, jeune), MichelDelpech (François Gouriot), OmarBen Sellen (Omar), Dustin SegeraSuarez (Mathieu), Gavin Brocker(le propriétaire du nightclub),Kenneth Collard (Adam), Zuzana

Krónerová (Madame Passer),Pavel Liska (Karel), VáclavNeuzil (le frère de Jaromil),Goldy Notay (Nandita), ZuzanaOnufráková (Mladka), AichaKossoko (la traductricefrançaise).

Équipe techniqueScénario : Christophe HonoréImages : Rémy ChevrinMontage : Chantal HymansScripte : Olivia BruynogheMusique : Alex BeaupainChansons : Alex BeaupainSon : Guillaume Le BrazDécors : Samuel DeshorsCostumes : Pascaline ChavanneMaquillage : Tricia TempleCasting : Richard Rousseau

Production : Why Not Productions, France 2 Cinéma, Sixteen Films et NegativProducteur : Pascal CaucheteuxDistributeur : Le Pacte.

Ah l’amour, l’amour ! De 1964 à 2007, il n’est questionque d’amour dans Les Bien-aimés. Amour secret,clandestin ou impossible : Christophe Honoré signeune variation, chantée et épique, sur l’amour éternel,et montre des premiers signes d’essoufflement.

Commentaire

© Why Not Prod.

RésuméParis, 1964. Prostituée occasionnelle, Madeleine tombe amoureusede l’un de ses clients : Jaromil, médecin tchèque, qu’elle épouse.Elle accepte à contrecœur de le suivre à Prague, où ils ont une fille :Véra. Mais, tandis que Jaromil multiplie les infidélités, les troupesrusses débarquent : Madeleine repart seule avec Véra. Paris, 1978.Madeleine s’est remariée avec François, un gendarme. Jaromil vientlui rendre visite et, alors qu’ils envisagent de se remettre ensemble,il disparaît à nouveau. Londres, 1997. Lors d’un concert avec sonami Clément, Véra tombe sous le charme du batteur du groupe :Henderson, Américain exilé à Londres. Henderson est gay, pourtantils couchent ensemble. Clément les surprend et frappe Henderson.

Madeleine revoit régulièrement Jaromil. Mais un jour, il est blessépar une branche d’arbre et meurt. Clément vient soutenir Véra etlui dire qu’il l’aime toujours. Véra le repousse. 1998. Véra retrouveHenderson, en couple avec Omar. Ils s’avouent leur amour, maisHenderson pense avoir le sida. 2001. Véra est coincée dans un hôtelde Montréal à cause des attentats du 11 septembre. Henderson vientla chercher en voiture en compagnie de son petit ami. Véra lui ditqu’elle voudrait un enfant de lui malgré sa séropositivité. Ils fontl’amour à trois. Puis Véra avale des médicaments et meurt. 2007.François invite Clément à Reims pour l’anniversaire de Madeleine.Clément emmène Madeleine à Paris. Si lui a toujours aimé Véra,Madeleine a aimé Jaromil toute sa vie.

D é n o u e m e n t

Christophe Honoré confirme avec Les Bien-aimés qu’ilconstruit une filmographie Marabout-de-ficelle. D’une part,de films en films, il fait valser une troupe d’acteurs fidèles :Louis Garrel, puis Ludivine Sagnier et Chiara Mastroianni,tour à tour sœurs, amants ou ici mère et fille. Auxquels il adjoint un couple de parents, dont il sait parfaitementcomposer le casting en guise d’hommage au cinéma quil’inspire (Guy Marchand / Marie-France Pisier - auquel lefilm est dédié - pour Dans Paris ; Brigitte Roüan / Jean-MarieWinling pour Les Chansons d’amour ; Marie-ChristineBarrault / Fred Ulysse pour Non ma fille... ; et ici CatherineDeneuve / Milos Forman & Michel Delpech). Ce faisant il revendique toujours plus pleinement l’héritage d’uncertain cinéma français (Demy, Truffaut, Godard...).D’autre part, Les Bien-aimés charrie et creuse les mêmesthèmes que les opus précédents. Le film aborde ainsipêle-mêle la filiation, l’amour contrarié, l’homosexualité,en empruntant aux Chansons d’amour sa forme chantée.Enfin, Honoré prolonge l’idée, esquissée dans Homme aubain, d’ancrer son récit dans l’Histoire. Du Printemps dePrague au 11-Septembre, il crée pour la première fois unelongue fresque, sans toutefois parvenir à en tirer autrechose que des repères temporels. Si Les Bien-aimés estla synthèse du cinéma d’Honoré, il peut aussi être vu (ou espéré) comme la fin d’un cycle. Car, plus ouvert, le film s’inscrit moins bien dans une époque, dans un lieuou dans une intimité. Et, devenu familier, le style d’Honorécharme ici davantage par réflexe que par adhésion.

Ch.R.

135 minutes. France - Royaume-Uni - République Tchèque, 2011. Sortie France : 24 août 2011.Visa d’exploitation : 127800. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SRD.

Semaine du 24 août

2012 - 23- bienaimes_Mise en page 1 04/08/11 02:18 Page1

24© les Fiches du Cinéma 2011 - N°2012

Cowboys & envahisseurs (Cowboys & Aliens)

de Jon Favreau Western fantastiqueAdultes / Adolescents

AvecDaniel Craig (Jake Lonergan),Harrison Ford (WoodrowDolarhyde), Olivia Wilde (EllaSwenson), Sam Rockwell (Doc),Adam Beach (Nat Colorado),Paul Dano (Percy Dolarhyde),Noah Ringer (Emmett Taggart),Clancy Brown (Meacham), Keith Carradine (le shérif JohnTaggart), Raoul Trujillo (CouteauNoir), Abigail Spencer (Alice),Chris Browning (Jed Parker), Ana

de la Reguera (Maria), BrendanWayne (Charlie Lyle), GavinGrazer (Ed), Toby Huss (RoyMurphy), Wyatt Russell (LittleMickey), Kenny Call (Greavey),Walton Goggins (Hunt), ChadRandall (Bull McCade), JulioCesar Cedillo (Bronc), DavidO’Hara (Pat Dolan), Troy Gilbert(Red), Buck Taylor, MatthewTaylor, Cooper Taylor, JimmyJatho, Garret James Noel.

Équipe techniqueScénario : Roberto Orci, Alex Kurtzman, Damon Lindelof, Mark Fergus, Hawk Ostby et Steve Oedekerk, d’après le roman graphique de Scott Mitchell Rosenberg (2006)Images : Matthew LibatiqueMontage : Dan Lebental et Jim MayMusique : Harry Gregson-WilliamsSon : David Farmer

Décors : Scott ChamblissCostumes : Mary ZophresProduction : Imagine Ent., Fairview Ent., Platinum Studios et L/O Paper Products pour DreamWorks et Universal Pict.Coproduction : Relativity MediaProducteurs : Brian Grazer,Ron Howard, Damon Lindelof,Roberto Orci, Alex Kurtzmanet Scott Mitchell RosenbergDistributeur : Paramount Pictures.

Un village du Far West est attaqué par de mystérieuxdémons. Jon Favreau s’essaie au western déjanté,sans audace mais avec un sens du rythme certain.Harrison Ford remplit son contrat et le jamesbondienDaniel Craig nous épate une fois de plus.

Commentaire

© Paramount

Résumé1873, Nouveau Mexique. Un homme se réveille dans la campagne :il est amnésique et porte un étrange bracelet. Il se rend à Absolution,où il se met à dos Percy Dolarhyde, le fils d’un puissant propriétaireterrien. Le shérif Taggart découvre que l’inconnu est un banditrecherché : Jake Lonergan. Il est arrêté avant l’arrivée de Woodrow,le père de Percy. Le village subit alors une mystérieuse attaque.Des engins volants capturent plusieurs personnes, dont Percy.Jake parvient à détruire un engin grâce à son bracelet, qui esten réalité une arme puissante, et quitte le village. Un groupeconduit par Woodrow se met en route pour retrouver les disparus.

Jake rejoint le groupe qui se réfugie pour la nuit dans une carcasse de bateau où ils essuient l’attaque d’un “démon”.Jake retrouve ses anciens compagnons hors-la-loi et se fâcheavec eux. Le groupe est attaqué. Jake parvient à libérer Ella, la jeune femme du groupe, mais elle est blessée et meurt. Elle revient à la vie et avoue au groupe et aux Indiens qu’ils ontrencontrés qu’elle est une extraterrestre décidée à venger son peuple, détruit par les démons (d’autres extraterrestres). Le groupe organise l’attaque de leur base. La bataille commence,avec l’aide des hors-la-loi et des Indiens. Jake et Ella parviennentà libérer les prisonniers. Jake, capturé, est sauvé par Woodrow.Ella se sacrifie pour accéder au centre du vaisseau et détruiredéfinitivement les extraterrestres. Le village retrouve la prospérité.

D é n o u e m e n t

Y aurait-il enfin quelque chose de nouveau dans l’Ouest ?En effet, après que les aliens ont débarqué successivementdans une cité londonienne (Attack the Block) et dans unebanlieue américaine (Super 8), c’est cette fois avec uneattaque dirigée contre des cowboys que les rencontresdu troisième type cherchent à se renouveler. Soit donc iciun petit village traditionnel du Far West, dont la populationest capturée par de mystérieux “démons”, avec lesquelsles hommes, armés de leurs lassos, de leurs Colts et de leurs Winchesters, comptent bien en découdre. Sans surprise, le plaisir naît de la confrontation entredeux genres passablement éculés, dont le scénarios’amuse à exploiter tous les poncifs. Jusqu’à l’excès, sansdoute. Car, à trop miser sur le clin d’œil et la connivence,le film en oublie de nous surprendre et de construire un récit. Les extraterrestres, par exemple, manquentcruellement d’originalité. Le résultat n’en est pas moinsspectaculaire, la reconstitution ludique des années 1870- bagarre de saloons, duels dans la rue principale,calumet de la paix etc. - tenant beaucoup du comic. Jon Favreau (Iron Man) prend un plaisir évident à filmerles chevauchées dans les canyons, et peut heureusements’appuyer sur un casting détonnant. Aux côtés d’uneflopée de personnages secondaires assez insignifiants,la sublime Olivia Wilde (Tron : l’héritage) et Daniel Craig,qui n’a pas volé ici la comparaison avec Steve McQueen,réussissent à nous embarquer avec eux et à faire deCowboys & envahisseurs un honorable divertissement.

M.Q.

117 minutes. États-Unis, 2011. Sortie France : 24 août 2011.Visa d’exploitation : 130481. Format : Scope & IMAX - Couleur - Son : Dolby SRD DTS SDDS.

2012 - 24- cowboysetenva_Mise en page 1 03/08/11 17:12 Page1

25© les Fiches du Cinéma 2011 - N°2012

Europolis (Europolis)

de Cornel Gheorghita DrameAdultes / Adolescents

AvecAdriana Trandfir (Magdalena),Áron Dimeny (Nae), Elena Popa(Maria), Jo Dorin Andona (Ata),Seph Otteno (Ovidiu), IonelaNedelea (Liana), Petricia Nicolae(Petricia), Adina Cartianu(l’assistante du notaire), SorinFrancu (le capitaine Pavel),Rada Ixari (Eva), Rudolf Moca(le gitan), Gheorghe Seminaru(l’officier père), Ion Strugari(l’officier fils), Bogdan Marhodin

et Laurentiu Banescu (les douaniers), Eduard Cârlan(le facteur), Georges Mates(Naica), Jean-Pierre Mesnard(le notaire Ribot), Stelian Preda(le prêtre Pavel), Rodion Ghilas,Veronica Gheorghe, EugenIonescu, Sînziana Tanase, RudyVieira, Catherine Chateaux,Monica Ghiuta, Ion Goranda,Mihai Ionescu, la voix deStefan Sileanu.

Équipe techniqueScénario : Cornel Gheorghita, Loïc Balarac et Adina Dulcu, d’après une histoire de Cornel GheorghitaImages : Ovidiu MargineanMontage : Nathalie Mougenot1er assistant réal. : Mihai SofroneaSon : Viorel Ghiocel et Isabelle RougeotDécors : Bogdan IonescuCostumes : Oana MicuDir. artistique : Bruno Dumont

Maquillage : Ronita Glommicu et Cristina IlieProduction : Gheorghita SRLProducteur : Cornel GheorghitaCoproducteurs : Philippe Payet et Laurence DarthosProductrice exécutive : Adina DulcuProducteurs associés : Daniel Burlanc, Tudor Reu et Ovidiu MargineanDistributeur : Kanibal Films.

Un film élégiaque et élégant qui illustre le mytheroumain selon lequel l’âme d’un mort refait enquarante jours de deuil le chemin de sa vie, jusqu’auxdouanes célestes. La force poétique de ce travailest parfois altérée par le didactisme forcé du propos.

Commentaire

© Gheorghita SRL

RésuméNae vit d’expédients à Sulina, petit village à l’est de la Roumanie,entouré de sa vieille mère, Magdalena, de sa sœur, de quelquescamardes de beuverie et de jeux et de maîtresses occasionnelles.Un jour un télégramme en provenance de France informeMagdalena du décès de son frère, Luca, parti en France depuisdes décennies et dont elle n’a plus eu de nouvelles depuis. Le télégramme, qui émane d’un notaire, les convie à se rendresur place. Nae emprunte l’argent du voyage en gageantl’appartement familial et, après un long périple en voiture, ils arrivent dans la maison du défunt, au bord de l’Atlantique. Là ils apprennent du chaman Ata, le meilleur ami de Luca, qu’ilne reste rien de l’héritage supposé mais que l’oncle souhaitaitse faire enterrer dans sa ville natale et ce dans l’étrangecercueil d’inspiration africaine qu’il leur montre. Nae et sa mèreprennent alors le chemin du retour, le cercueil sur le toit, sans savoir que l’âme de Luca profite aussi du voyage et choisitNae pour transiter vers sa dernière demeure.

Arrivés à la frontière roumaine Nae et sa mère se font arrêterpar des douaniers roublards qui exigent que l’oncle soit enterrétoute affaire cessante contre une somme rondelette. Nae ne peuts’y soustraire. L’oncle est enterré puis Nae et sa mère reprennentla route vers Sulina. Lors d’un arrêt dans la campagne roumaineMagdalena meurt soudainement.

D é n o u e m e n t

Premier film du Roumain Cornel Gheorghita, enseignantdepuis 1991 à l’École Supérieure de l’Audiovisuel à Toulouse,Europolis est le rêve d’une Europe avant l’heure, dont le communisme ne fait qu’achever la désintégration maisqui reste riche de ses superstitions nécessaires et deses croyances populaires - ici orthodoxes. C’est un cinémaqui évoque bien plus qu’il ne dit, qui suggère bien plus qu’ilne montre, aidé en cela par une image superbe toujoursbaignée d’une lumière de crépuscule. Les personnages,d’une épaisseur réelle, ont cette fantaisie folle matinée d’undésespoir râpeux qui hante si souvent le cinéma roumain,de Ioana Uricaru à Radu Mihaileanu. La mère est la mémoiredu monde d’hier, de ses rites ancestraux et de ses traditionsindépassables, le fil en est la tendresse, l’approximationsociale et le désordre. Quant au chaman africain, dont la rencontre pourtant improbable avec la culture roumainefait néanmoins sens, réunis qu’ils sont dans la réalitéd’une mystique vivante et colorée, il rappelle que Roumainscomme Africains connaissent la saveur amère de l’exil.Un exil (économique ? Politique ? On ne sait...) qui prendfin avec la mort et l’idée que la terre qui vous a vu naîtreréclame votre dépouille. La boucle est ainsi bouclée, ce quesouligne la construction circulaire de ce beau travail, oùles routes humaines des vivants et des morts se croisent ets’entrelacent dans un éternel retour. Rien de morbide ni demacabre dans ce film, dont la mort reste pourtant le sujetcentral, et on se laisse porter par la pureté des engagementspris et par la force si fragile de la destinée humaine.

N.Z.

98 minutes. Roumanie - France, 2010. Sortie France : 24 août 2011.Visa d’exploitation : 118564. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SR. 25 copies (vo).

Semaine du 24 août

2012 - 25- europolis_Mise en page 1 03/08/11 17:10 Page1

26© les Fiches du Cinéma 2011 - N°2012

One Piece : Strong World (Wan Pïsu Firumu : Sutorongu Warudo)

de Munehisa Sakai AnimationAdultes / Adolescents

Avec les voix originales deMayumi Tanaka (Monkey D.Luffy), Akemi Okamura (Nami),Mika Doi (Roronoa Zoro),Kappei Yamaguchi (Usopp),Hiroaki Hirata (Sanji), IkueOtani (Tony Tony Chopper),Yuriko Yamaguchi (Nico Robin).

Et les voix françaises deStéphane Excoffier (Monkey D.Luffy), Delphine Moriau (Nami),Tony Beck (Roronoa Zoro),Jean-Pierre Denuit (Usopp),Olivier Cuvellier (Sanji), MarieVan Ermengen (Tony TonyChopper), Marcha Van Boven(Nico Robin).

Équipe techniqueScénario : Jyunki Takegami et Eiichiro Oda, d’après la série de mangas One Pieced’Eiichiro Oda (1997)Images : Kazuhiro YamadaMontage : Masahiro GotoAnimation : Kazuya HisadaMusique : Kohei Tanaka et Shiro HamaguchiDir. artistique : Ryuji Yoshiike

Production : Toei AnimationCoproduction : Toei Company, ADK et Fuji Television NetworkProducteurs : Yoshihiro Suzuki, Tsuyoshi Kumagai, Yoko Matsuzaki et Shinji ShimizuDir. de production : Munehisa HiguchiDistributeur : Eurozoom.

One Piece : Strong World, dixième épisode d’une sagaanimée, voit l’arrivée du créateur du manga au scénario.Loin de la richesse du matériau original, le film ne livrequ’une accumulation de combats sans grand intérêt.Qu’est allé faire Eiichiro Oda dans cette galère ?

Commentaire

© Eiichiro Oda / Shueisha - Toei Animation

RésuméLuffy rêve de devenir le roi des pirates. Le gamin a mangé un jourun “fruit du démon” qui a transformé ses os en caoutchouc. Depuis,il utilise ses membres comme bon lui semble. Au fil de ses aventures,Luffy compose son équipe de pirate. Il y a d’abord Nami, jeunevoleuse connue pour être une as de la navigation ; Chopper, un renneau nez bleu qui a mangé un fruit magique lui donnant formehumaine ; Brook, squelette funky revenu à la vie suite à l’absorptiondu fruit de résurrection ; Usopp, tireur d’élite ; Franky le charpentier ;Roronoa, épéïste dépourvue de sens de l’orientation ; Sanji, le cuisinier, et Nico, l’archéologue. Ensemble, ils affrontent ShikiLe Lion d’Or, qui s’était fait passer pour mort depuis 20 ans.

Ce dernier est considéré comme le plus dangereux des pirateset le monde entier le poursuit. Il décide de kidnapper Nami pourque ses plans de domination se réalisent. Pour ce faire, Shiki varuser auprès de Luffy et de ses amis, et les envoyer sur des îlesflottantes où ils devront affronter de gigantesques animaux mutants.Au termes de ces combats, une partie de l’équipage se retrouvecoincé dans une colonne de pierre et Nami doit capituler. Ses amis trouvent finalement un moyen de se dégager. Nami, elle, au péril de sa vie détruit les arbres dont les fruitsservent de répulsifs contre les animaux mutants. Sans frontièrechimique, la forteresse de Shiki est alors prise d’assaut par les animaux, puis par Luffy et ses amis.

D é n o u e m e n t

One Piece : Strong World est la dixième adaptation au cinémadu manga d’Eiichiro Oda, mais la première sortie dansl’hexagone. Ce nouvel épisode arrive à un moment où la popularité de la bande dessinée est, en France, à soncomble. L’intérêt de cet opus réside dans la reprise en mainde la franchise par son créateur. Eiichiro Oda est en effetcrédité au scénario, une première pour la série animée.Pour le scénariste, l’esprit du manga s’est perdu au fildes adaptations cinématographiques. Au départ, il s’agitd’une saga. Celle d’un équipage de pirates bras cassés(et même en caoutchouc pour leur chef), où se mélangentavec brio un humour potache, une approche décontractéemais érudite de l’histoire de la pirateries et une utilisationsanglante de la violence. C’est le cas dans la bandedessinée, tout du moins... Or, One Piece : Strong World nese préoccupe que des fans du manga et perd immédiatementles non convertis. Le scénario n’aide pas à nous familiariseravec les nombreux personnages et le contexte guerrier esttrop flou. Au final, il ne reste qu’un ensemble de combatsse déroulant sur différente îles, comme dans un mauvais jeuvidéo des années 1990 ou dans Dragon Ball Z. Un spectateurqui tenterait de découvrir One Piece avec ce film ne pourraalors qu’être déçu. L’animation est étonnamment bâcléeet les couleurs criardes font mal aux yeux. À cela s’ajouteun humour scatologique spécifiquement nippon, que l’on accepte volontiers dans les films de Takashi Miikeou les comédies de Kitano, mais qui, ici, ne fait querenforcer l’antipathie que l’on éprouve à l’égard du film.

G.M.

113 minutes. Japon, 2009. Sortie France : 24 août 2011.Visa d’exploitation : 130602. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD. 15 copies (vo / vf).

2012 - 26- onepiecestrongw_Mise en page 1 03/08/11 17:08 Page1

27© les Fiches du Cinéma 2011 - N°2012

Pain noir (Pa negre)

de Agustí Villaronga Drame historiqueAdultes / Adolescents

AvecFrancesc Colomer (Andreu),Marina Comas (Núria), NoraNavas (Florència), RogerCasamajor (Farriol), LluïsaCastell (Ció), Merce Arànega(Madame Manubens), EvaBasteiro-Bertoli (CriadaManubens), Marina Gatell(Enriqueta), Elisa Crehuet (Àvia,la grand-mère), Sergi López(Alcalde, le maire), Laia Marull(Pauleta), Eduard Fernandez et

Pep Tosar (les professeurs),Andrés Herrera (Dionís), LázaroMur (Tísic), Jordi Pla (Quirze),Joan Carles Suau (Pitorliua),Ramón Moreno (Ros, le gardecivil), Pere Tomás (MonsieurManubens), Josep Ramon Lloret(Capellà), Jesus Ratera (Vell, le garde civil), Josep MariaCastellví (le père Manubens),Manel Bronchud, Jesús Ramos,Jaume Peracaula, Rubén Arroyo.

Équipe techniqueScénario : Agustí Villaronga, d’après Emili Teixidor (2003)Images : Antonio RiestraMontage : Raúl RománScripte : Glòria BlanesMusique : José Manuel PagánSon : Dani Fontrodona, Fernando Novillo et Ricard CasalsDécors : Ana AlvargonzálezCostumes : Mercè PalomaEffets spéciaux : Oriol TarridaEffets visuels : Jordi San Agustín

Maquillage : Alma CasalCasting : Pep ArmengolProduction : Massa d’Or Prod.Coproduction : Televisió de CatalunyaProductrice délégué : Isona PassolaProducteur exécutif : Lluís FerrandoDir. de production : Aleix CastellónDistributeur : Alfama Films.

Agustí Villaronga pose un regard impitoyable surl’Espagne franquiste, et sur les travers et les vicesdes hommes. Ambitieux, complexe, sombre, le film s’essouffle, malgré une mise en scèneparfois très fine. Un résultat en demi-teinte.

Commentaire

© Massa d’Or Prod.

Résumé1944. Dans un petit village pauvre et rural de Catalogne, Andreu,un jeune adolescent, retrouve les corps d’un homme et de sonfils. Les soupçons se portent vite sur le père d’Andreu, anciencompagnon politique de la victime, catalogué comme “rouge”,et par conséquent mal vu par les autorités franquistes. Tandisque son père se cache, Andreu est envoyé chez sa tante, dansun village voisin, pour soulager sa mère qui s’échine à l’usine.Là, il se rapproche de Nuria, sa cousine, et d’un jeunehomosexuel, confiné chez les prêtres à cause de sa “maladie”.C’est à ce moment que son père est arrêté.

Au fil des jours, Andreu confronte ses idéaux et ses fantasmesd’enfant à la cruauté du monde des adultes, et fait tomber le voile de mensonges dont il est entouré : son père auraitparticipé, quelques années auparavant, et avec la victime, à la castration d’un homosexuel du village, à la demande de Madame Manubens, la riche matriarche employant la tanted’Andreu. Par ailleurs, Nuria lui avoue qu’elle se prostitue avec leur instituteur. Andreu rend une dernière visite à son père,qui va être exécuté. Lorsque Pauleta, la veuve de la victime,vient confirmer la culpabilité de son père, c’est le point de non-retour pour Andreu : rejetant en bloc sa famille et sesorigines, il accepte d’être “adopté” par Madame Manubens, et rejoint le monde de la bourgeoisie et la route des études.

D é n o u e m e n t

Agustí Villaronga aura mis du temps pour revenir au premierplan du cinéma espagnol, après l’échec d’El Niño de la luna, présenté à Cannes en 1989, mais c’est chose faiteavec Pain noir, qui a remporté les Prix du Meilleur film et duMeilleur réalisateur aux Goya 2011. Le réalisateur y dresseun tableau très sombre d’un petit village de Catalogne dansles premières années du franquisme, à travers les yeuxd’un jeune garçon aux portes de l’adolescence. Le filmdécrit la métamorphose d’un regard d’enfant en regardd’adulte, le passage du conte à la chronique : derrièreles histoires idéalisées des adultes se cachent mensonge,violence et trahison. Rien n’est épargné au jeune héros :chaque découverte est une désillusion. Son père se révèleêtre un assassin ; sa mère, une menteuse ; sa cousine,une prostituée. Ici, c’est l’Homme qui est condamné danssa globalité. Les seuls signes de bonté se trouvent chezles laissés pour-compte (comme ce jeune homosexuelenfermé chez les prêtres), ou chez les oiseaux dont Andreus’occupe. Mais cette bonté, il choisira, en fin de compte,de s’en éloigner définitivement. Cette noirceur implacable,à laquelle aucune alternative n’est proposée, finit parlasser. D’autant que la multiplicité des thèmes (politiques,moraux, sexuels, historiques) et des rebondissementsrend l’intrigue indigeste et décousue. Restent des scènesfrappantes entre les jeunes comédiens, très habilementdirigés, et quelques belles idées de cinéma, comme le départ de la mère, vu à travers une vitre sur laquelleAndreu souffle afin que la buée en floute l’image.

F.B-P.

108 minutes. Espagne, 2010. Sortie France : 24 août 2011.Visa d’exploitation : 130342. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD. 30 copies (vo).

Semaine du 24 août

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28© les Fiches du Cinéma 2011 - N°2012

This Must Be the Place (This Must Be the Place)

de Paolo Sorrentino Road-movieAdultes / Adolescents

AvecSean Penn (Cheyenne), JuddHirsch (Mordecai Midler), EveHewson (Mary), Kerry Condon(Rachel), Harry Dean Stanton(Robert Plath), David Byrne(lui-même), Frances McDormand(Jane), Olwen Fouere (la mèrede Mary), Johnny Ward (Steven),Sam Keeley (Desmond), Joycevan Patten (Dorothy Shore), SheaWhigham (Ernie Ray), LironLevo (Richard), Simon Delaney

(Jeffery), Heinz Lieven (AloiseLange), Seth Adkins (Jimmy),Grant Goodman (Tommy), MadgeLevinson (Jackie), Inga R. Wilson(la femme d’Ernie Ray), GordonMichaels (Tattoo Mike), BernCohen (le rabbin Cohen), PeterCarey, Sarah Carroll, AndreaMellos, Ron Coden, Davis Gloff,Kris Graverson, Tim Craiger,Jann Hight, Julia Ho, SarabKamoo, Kef Lee, Gavin O’Connor.

Équipe techniqueScénario : Paolo Sorrentino et Umberto ContarelloImages : Luca BigazziMontage : Cristiano Travaglioli1er assistant réal. : Davide BertoniMusique : David Byrne et Will OldhamSon : Srdjan KurpjelDécors : Stefania CellaCostumes : Karen PatchEffets visuels : Rodolfo MigliariMaquillage : Luisa Abel

Casting : Maureen Hughes,Laura Rosenthal et Carrie RayProduction : Indigo Films, Lucky Red, ARP et Element PicturesCoproduction : France 2 CinémaProducteurs : Nicola Giuliano, Andrea Occhipinti, Francesca Cima, Ed Guiney et Andrew LoweCoproducteurs : Laurent & Michèle PétinDistributeur : ARP Sélection.

Une ancienne star du rock déconnectée de la réalité part sur les traces du bourreau de sonpère déporté. Sorrentino confirme son penchantpour l'extravagance, quand Sean Penn fait de sonmieux pour éviter le ridicule à son personnage.

Commentaire

© ARP Sélection

RésuméAncienne star de rock, Cheyenne vit désormais retiré dans unesomptueuse maison, à Dublin, avec sa femme, Jane. Pour seulami, il a une jeune fan : Mary. Il reçoit la visite d’un jeune musicienqui lui demande de le produire, mais Cheyenne refuse. Puis ilapprend que son père est mourant. Cheyenne décide alors departir en paquebot pour New York pour se rendre à son chevet.Mais, une fois arrivé, il apprend que son père est déjà mort. On lui révèle aussi qu’il a passé sa vie à traquer Aloise Lange,son ancien tortionnaire en camp de concentration. Un amiprofesseur, Midler, oriente Cheyenne, qui part à la recherche dunazi à bord d’un 4x4 qu’il a accepté de conduire jusqu’au Texas.

Cheyenne arrive dans le Michigan où il retrouve l’ex-femme de Lange. Celle-ci, désagréable, prétend que son mari est mort,mais Cheyenne n’y croit pas. Il repart vers l’Ouest. Au NouveauMexique, il rencontre Rachel, la petite-fille de Lange, qui ignoretout des activités passées de son grand-père. Cheyenne se lied’amitié avec la jeune femme et son fils. Il apprend où estLange, et repart. Sur la route, il a un accident et le 4x4 brûle.Cheyenne achète un nouveau véhicule et arrive dans l’Utah, où il est rejoint par Midler. Il retrouve la maison où se terreLange, qui est désormais un vieillard. Il l’humilie comme celui-ci avait humilié son père. Puis Cheyenne revient enIrlande, radicalement changé.

D é n o u e m e n t

Récompensé pour Il Divo par un Grand Prix, Sorrentinoest un habitué des marches cannoises et a su imposeraux sélectionneurs son style flamboyant, choisissanttoujours l’outrance à la mesure, quitte à se mettre à dos une bonne partie de la critique, agacée par un cinéma désinhibé. Sans surprise, This Must Be thePlace est donc un nouvel exercice de caméra, virtuoseou prétentieux selon le point de vue, qui a pour but desublimer un personnage excessif. Après Toni Servillo,c’est Sean Penn qui s’est laissé manipuler par le cinéastepour incarner un rocker maquillé et échevelé à la voix de fausset, sosie assumé de Robert Smith. Le scénarioemmène cet étrange personnage, capricieux et naïfcomme un enfant de sept ans, dans un road-movie qui lui fera traverser les États-Unis sur les traces d’un ancien nazi. Cet aspect de l’histoire, qui ravive les fantasmes d’une jeunesse culpabilisée estmalheureusement traité de manière assez bancale, sanssubtilité (jusqu’aux dernières séquences, maladroites).Malgré tout, le rythme léger du récit et plusieurs scènesassez touchantes (comme celle durant laquelle Cheyennereprend sa guitare pour accompagner un petit garçon),viennent donner un peu de chair à cette invraisemblablehistoire. De fait, l’enthousiasme de la mise en scène etdes acteurs finit par susciter la sympathie. Le scénariosemble alors être avant tout un prétexte, sur lequels’appuie la performance de Sean Penn, tour à tourridicule et émouvant, fantasque et fragile.

M.Q.

118 minutes. Italie - France - Irlande, 2011. Sortie France : 24 août 2011.Visa d’exploitation : 127258. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SRD DTS.

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29© les Fiches du Cinéma 2011 - N°2012

Tu seras mon filsde Gilles Legrand Drame psychologique

Adultes / Adolescents

AvecNiels Arestrup (Paul de Marseul),Lorànt Deutsch (Martin deMarseul), Patrick Chesnais(François Amelot), Anne Marivin(Alice de Marseul), NicolasBridet (Philippe Amelot), ValérieMairesse (Madeleine Amelot),Jean-Marc Roulot (le docteurVermont), Urbain Cancelier(Lacourt père), Xavier Robic(Lacourt fils), Nicolas Marié (le notaire), Hélène de Saint-Père

(la journaliste viticole), ShirleyBousquet (Jessica, la barmaid).

Équipe techniqueScénario : Gilles Legrand et Delphine De Vigan, avec la collaboration de Laure GasparottoImages : Yves AngeloMontage : Andrea Sedlackova1er assistant réal. : Hubert EngammareScripte : Sandrine CayronMusique : Armand AmarSon : Pierre GametDécors : Aline Bonetto

Costumes : Tess HammamiMaquillage : Marie-Hélène DuguetCasting : Constance DemontoyProduction : Épithète FilmsCoproduction : Orange Cinéma SériesProducteur : Frédéric BrillionDir. de production : Philippe RouxDistributeur : Universal Pictures.

Gilles Legrand décrit l’incompréhension etl’affrontement, jusqu’au drame, d’un père et de sonfils dans un vignoble bordelais. S’appuyant sur unedistribution inégale et convenue, Tu seras mon filsest trop schématique et maladroit pour convaincre.

Commentaire

© Épithète Films

RésuméPaul de Marseul est le propriétaire d’un vignoble à Saint-Émilion.Son fils, Martin, qui travaille pour lui à l’administration, l’a toujoursdéçu. Martin, qui a peu de talent pour le vin, souffre des humiliationsque Paul lui fait subir. Malgré les encouragements de sa femme,Alice, il ne lui tient pas tête. À l’approche des vendanges, Paulapprend que son régisseur, François, est atteint d’un cancerincurable. Madeleine, la femme de François, veille à ce qu’il se repose. Très motivé, Martin se propose pour coordonner les vendanges. Averti par Paul, Philippe, le fils de François, quitravaille pour un vignoble californien, revient. Paul est heureuxde retrouver ce jeune homme talentueux et charismatique, le fils qu’il a toujours rêvé d’avoir.

Il l’intègre peu à peu dans la gestion du domaine, jusqu’à luiconfier les vendanges. Martin est bouleversé mais s’entête. Il s’emporte contre son père lors de la fête de fin des vendanges.Paul emmène Philippe à Paris pour une remise de décoration. Il souhaite l’adopter pour lui léguer le domaine. Philippe hésite à accepter. Ivre, Martin a un accident de voiture. Il apprendqu’Alice est enceinte. Ils décident alors de partir. Françoisn’apprécie pas de voir Paul s’accaparer son fils : il l’enfermedans la cave lors de la fermentation du vin et coupe le systèmede ventilation, causant son asphyxie. Sa mort passe pournaturelle. Martin hérite du vignoble.

D é n o u e m e n t

Après Malabar Princess et La Jeune fille et les loups,ses premières réalisations inscrites dans la lignée d’un cinéma populaire et familial classique, modeste etassez efficace, Gilles Legrand tente d’aborder un nouveaugenre avec ce drame psychologique. S’il ne manque pasd’ambition, le résultat déçoit, du fait de ses lourdeurs et deses maladresses. L’atmosphère pesante de la bourgeoisieprovinciale peut rappeler Chabrol et les questions poséessur l’évidence ou non de l’amour parental, sur la filiationet l’héritage, aussi bien culturel que patrimonial, sontintéressantes, mais leur traitement est trop schématique.Tu seras mon fils pèche surtout par les faiblesses de soncasting. Niels Arestrup est évidemment d’embléeimpressionnant et intimidant, donc crédible en viticulteurdominateur, manipulateur et caractériel. Malheureusement,on l’a tellement vu dans ce type de rôles au cours de sacarrière que son personnage ne recèle finalement aucunesurprise. Lorànt Deutsch, quant à lui, se révèle très décevant,en interprétant maladroitement le fils nerveux, humilié et mal dans sa peau. Manquant de finesse, son jeu nousempêche de croire vraiment en son personnage, qui estpourtant un pilier du film. Son opposition avec le “fils idéal”campé par le charismatique Nicolas Bridet est par ailleurstrop caricaturale. Heureusement, Patrick Chesnais illuminequelques scènes avec son personnage plus discret. Maissa présence ne suffit pas pour apporter un peu de forceet de vérité au film, qui reste trop loin du drame dur etoppressant, à la limite du thriller, qu’il ambitionnait d’être.

An.B.

102 minutes. France, 2011. Sortie France : 24 août 2011.Visa d’exploitation : 123684. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SR SRD.

Semaine du 24 août

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30© les Fiches du Cinéma 2011 - N°2012

Un jour (One Day)

de Lone Scherfig MélodrameAdultes / Adolescents

AvecAnne Hathaway (Emma Morley),Jim Sturgess (Dexter Mayhew),Patricia Clarkson (AlisonMayhew), Romola Garai (SylvieCope), Jodie Whittaker (Tilly),Jamie Sives (Mr. Godalming),Georgia King (Suki Meadows),Rafe Spall (Ian Whitehead),Amanda Fairbank-Hynes (Tara),Emilia Jones (Jasmine), TomMison (Callum), Joséphine de La Baume (Marie), Natalie

Hallam (la femme de Ian), HeidaReed (Ingrid), Thomas Arnold(Colin), Sarah Jane O’Neill (la dame), Gino Picciano (le propriétaire du restaurant),Filippo Delauney (le client du restaurant), SeelanGunaseelan (le nettoyeur), Ken Stott, Matthew Beard, Guy C.A. [non crédité], SiobhanDaly [non créditée], DavidOrpheus[non crédité].

Équipe techniqueScénario : David Nicholls, d’après son roman (2009)

Images : Benoît DelhommeMontage : Barney Pilling1er assistant réal. : Barrie McCulloch

Scripte : Sue HillsMusique : Rachel PortmanSon : Glenn FreemantleDécors : Mark TildesleyCostumes : Odile Dicks-MireauxEffets spéciaux : Mark Holt

Dir. artistique : Denis SchneggMaquillage : Ivana PrimoracCasting : Lucy BevanProduction : Color ForceCoproduction : Film4 et Random House Films

Producteur : Nina JacobsonCoproducteurs : Jane Frazer et Raphaël Benoliel

Productrice exécutive : Tessa Ross

Distributeur : SND.

Vingt-trois ans d’amitié et d’amour contrarié entrel’insouciant Dexter et la complexée Emma. Le mélodrame moderne promis reste écrasé par le poids de ses artifices, malgré les efforts conjuguésde ses deux interprètes. Lone Scherfig déçoit.

Commentaire

© SND

Résumé15 juillet 1988. À Édimbourg, Dexter et Emma viennent d’obtenirleur diplôme. Ils finissent par passer la nuit chez Emma... sans pourautant coucher ensemble. Une forte amitié se noue entre eux.1989. Juste avant de partir en Inde, Dexter aide Emma à emménagerà Londres avec son amie Tilly. 1990. Emma est serveuse dans un restaurant Tex-Mex miteux. Dexter entame une carrière dansla production télévisée. 1994. Devenu un animateur populaire,Dexter rend visite à ses parents, Alison et Steven. Sa mère se meurtd’un cancer. Chassé par son père, qui le considère comme un alcoolique, Dexter ne parvient pas à joindre Emma, qui vient dedevenir institutrice et passe la soirée avec Ian, un apprenti comique.

1996. Emma emménage avec Ian, et réalise qu’elle ne l’aime plus.Dexter, accro à la drogue, s’éloigne d’elle. 1998. Has-been, Dexterest viré son émission. 2000. Au mariage de Tilly, Dexter présentesa compagne, Sylvie, à Emma. Ils vont se marier le mois suivant :Sylvie est enceinte. 2001. Dexter s’occupe de sa fille Jasmine, etignore que Sylvie le trompe avec Callum, son ami de fac. 2003.Fraîchement divorcé, Dexter rend visite à Emma, qui vit à Paris.Ils comprennent qu’ils s’aiment. 2005. À Londres, où Dexter tientun café, ils essaient désespérément d’avoir un enfant. 2007. À vélo,Emma est tuée par un camion. Dexter est inconsolable, mais, surles conseils de son père, se reprend. 2011. Dexter emmène sa filleà Édimbourg, en souvenir de la nuit passée avec Emma en 1988.

D é n o u e m e n t

Après le succès d’Une éducation, la réalisatrice danoiseLone Scherfig s’attaque à une nouvelle adaptation littéraire :le roman à succès de David Nicholls, portrait sur vingt ansde deux amis qui n’osent pas se dire qu’ils s’aiment. Elle est mal dans sa peau et romantique, il est beau garçonet frivole ; ils viennent évidemment de milieux sociauxdifférents. Fidèle au roman, le film en reprend la structureparticulière : la relation entre Dexter et Emma est racontéeépisodiquement, au travers d’une seule journée (le 15 juillet,date de leur première rencontre) chaque année. Ce respectpour l’œuvre originale a un prix : la narration éclatée ne laisse pas le spectateur prendre ses aises et le tient à distance des personnages. Pendant trop longtemps, cesderniers restent théoriques (ils sont inconditionnellementréduits à leur allure physique ou à leur emploi) et n’échappentpas aux clichés (devenu producteur télé, Dexter plongeforcément dans l’alcool et la drogue...). À cela s’ajouteun réel problème d’enjeu dramatique, tant il faut d’annéesaux futurs amants pour se déclarer leur flamme ! Scherfig,qui était parvenue à aborder avec légèreté les jeux del’amour et du hasard dans son charmant Italian for Beginners(2000), peine à retrouver la même inspiration. Dans Un jour,les hésitations amoureuses et les jeux de séduction gardenttoujours une dimension très artificielle, si bien que l’émotionn’affleure jamais. Et, malgré leurs efforts appliqués et tropvisibles, Anne Hathaway (Love & autres drogues) et JimSturges (Les Chemins de la liberté) ne parviennent pas à faire “vivre” un film écrasé par les codes du mélodrame.

Mi.G.

108 minutes. États-Unis - France, 2011. Sortie France : 24 août 2011.Visa d’exploitation : 130688. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SRD DTS.

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69, rue du Faubourg Saint Martin 75010 Paris • Tél : 01.42.36.20.70 • Fax : 01.42.36.10.65

• Directeur de Publication : Cyrille Latour • Rédacteur en chef : Nicolas Marcadé ([email protected])• Secrétaire de Rédaction : Michael Ghennam • Ont collaboré à ce numéro : Sélim Ammouche, François Barge-Prieur, Anne Berjon, Thomas Fouet, Michael Ghennam, (Pierre-)Simon Gutman, Roland Hélié, Marine Héligon, Cyrille Latour, Cédric Lépine, Camille Lebert Loiret, Nicolas Marcadé, Gaël Martin, Marine Quinchon, Chloé Rolland, Nathalie Zimra.

Les commentaires des «Fiches» reflètent l’avis général du comité.• Administration : Chloé Rolland ([email protected])• Trésorier : Guillaume de Lagasnerie • Conception Graphique : pinkpunk ([email protected])• Impression : IRO Imprimeur Zone industrielle - rue Pasteur 17185 Périgny cedex Tél : 05.46.30.29.29• Dépôt légal : Août 2011 • Commission paritaire : 0315 G 86313 • ISSN 0336-9331

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Les Étoiles de la rédaction p.2Édito p.3Choc de styles ................................................................ p.4Les Schtroumpfs ............................. ❍ ........................ p.6L’Artiste ............................................ ★★ ..................... p.7Green Lantern ................................. ★ ........................ p.8Melancholia ..................................... ★★★★ ............. p.9Mes meilleures amies ................... ★★ ..................... p.10Neko, dernière de la lignée ......... ★★ ..................... p.11La Planète des singes : les origines ...................................... ★★★ ................. p.12Captain America : First Avenger .. ★★★ ................. p.13Nouveaux héros et vieilles formules ......................... p.14Comment tuer son boss ? ............. ★★ ..................... p.16The Future ........................................ ★ ......................... p.17Impardonnables .............................. ★★ ..................... p.18Michel Petrucciani ......................... ★★ ..................... p.19La Piel que habito ........................... ★★ ..................... p.20Chirurgie & esthétique ................................................. p.21Zookeeper ........................................ ❍ ........................ p.22Les Bien-aimés ............................... ★★ ..................... p.23Cowboys & envahisseurs ............. ★★ ..................... p.24Europolis .......................................... ★★ ..................... p.25One Piece : Strong World ............. ❍ ........................ p.26Pain noir ........................................... ★★ ..................... p.27This Must Be the Place ................. ★★ ..................... p.28Tu seras mon fils ............................ ★ ......................... p.29Un jour .............................................. ★ ......................... p.30

Prochain numérole 31 août 2011

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10 aoûtL’ArtisteVisa : 1274151,85 - Dolby SRDCopies : n.c.Dist. : Bodega Films.Green LanternVisa : 130375Scope (2D / 3D) -Dolby SR SRD DTSCopies : n.c.Dist. : Warner Bros.MelancholiaVisa : 126761Scope - Dolby SRD160 copies (vo)Dist. : Les Films duLosange.Mes meilleuresamiesVisa : 129922Scope - Dolby SRSRD350 copies (vo / vf)Dist. : UniversalPictures.Neko, dernière de la lignéeVisa : 1305851,85 - Dolby SRDCopies : n.c.Dist. : Baba YagaFilms.La Planète des singes : les originesVisa : 129868Scope - Dolby SRSRD DTS700 copies (vo / vf)Dist. : 20th CenturyFox.

17 aoûtCaptain America :First AvengerVisa : 129833Scope (2D / 3D) -Dolby SRD DTSSDDSCopies : n.c.Dist. : ParamountPictures.Comment tuer son boss ?Visa : 130480Scope - Dolby SRSRD DTSCopies : n.c.Dist. : Warner Bros.ConanVisa : en coursInterdit aux -12 ansScope (2D / 3D) -Dolby SR SRD DTSCopies : n.c.Dist. : MetropolitanFilmexport.The FutureVisa : 1295381,85 - Dolby SRD50 copies (vo)Dist. : Haut et Court.ImpardonnablesVisa : 126143Scope - Dolby SRSRDCopies : n.c.Dist. : UGC.Michel PetruccianiVisa : 1232181,85 - Dolby stéréo30 copiesDist. : Happiness.La Piel que habitoVisa : 1291691,85 - Dolby SRD290 copies (vo)Dist. : Pathé.ZookeeperVisa : 130143Scope - Dolby SRSRD DTS SDDS300 copies (vo / vf)Dist. : Sony Pictures.

24 aoûtLes Bien-aimésVisa : 127800Scope - Dolby SRDCopies : n.c.Dist. : Le Pacte.Bienvenue à Monte-CarloVisa : 1302721,85 - Dolby SR SRDDTS10 copies (vf)Dist. : 20th CenturyFox.Cowboys & envahisseursVisa : 130481Scope & IMAX -Dolby SRD DTSSDDSCopies : n.c.Dist. : ParamountPictures.EuropolisVisa : 1185641,85 - Dolby SR25 copies (vo)Dist. : Kanibal Films.One Piece :Strong WorldVisa : 1306021,85 - Dolby SRD15 copies (vo / vf)Dist. : Eurozoom.Pain noirVisa : 1303421,85 - Dolby SRD30 copies (vo)Dist. : Alfama Films.This Must Be the PlaceVisa : 127258Scope - Dolby SRDDTSCopies : n.c.Dist. : ARP Sélection.Tu seras mon filsVisa : 123684Scope - Dolby SRSRDCopies : n.c.Dist. : UniversalPictures.Un jourVisa : 130688Scope - Dolby SRDDTSCopies : n.c.Dist. : SND.

Toutes les critiques de Conan étant soumises à un embargo jusqu’au 12 août, la fiche sera en exclusivité sur www.fichesducinema.com

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