certains - huysmans

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Certains - huysmans

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IIf?/-J.-K. HUYSMANSCERTAINSG. MOREAU DEGAS CHRETWISTHLER ROPS LEMONSTRELE FER. etc.PARISLIBRAIRIE PLONPLON- NOURRIT et C'^ IMPRIMEURS -DITEURS8,RUEGARANCIKE-"Tous drijs rservsDigitizedbythe InternetArchivein 2011 withfundingfromUniversityofTorontohttp://www.archive.org/details/certainsOOhuysCERTAINSDUMMEAUTEUR, ALAMMELIBRAIRIEuvrescatholiquesL'Oblat,roman.35emillei vol. in-i6.Sainte Lydwine de Schiedam.266 millePages catholiques, pages choisies.Prface de M. l'abb A. Mugnier.12emilleLaBivre et Saint-Sverin.8^mille.LaCathdrale,roman.54emilleEnroute,roman. 53^milleLes Foules de Lourdes. 45^mille. ...Trois glises et trois Primitifs.8milleuvres diversesL-Bas,roman.47emille i vol. in-i6.EnRade,roman, ii^ milleL'Art moderne, critique d'art.5emille.Certains,critique d'art (G. Moreau,Degas, Chret, Wisthler, Rops, LeMonstre,LeFer, etc.). 7^ milleCroquisparisiens. Avau-l'eau.UnDilemme.6^milleDetout. II'milleCevolumeat dpos au ministre de l'intrieur en 1908.J.-K. HUYSMANSCERTAINSG. MOREAU DEGAS CHRETWISTHLER ROPS LEMONSTRELE FER, etc.PARISLIBRAIRIE PLONPLON-NOURRIT et C", IMPRIMEURS-DITEURS8,RUEGARANCrRE-6'Tous droits rservs^iy36553.FEB71956'Droits Uo reproduction et Je traJuclioarservespuar tous puys.^u dilettantisme.^uvisde Chavanne,GtstaveMoreau,(Degas.'un des symptmes les plus dconcer-tants de cette poque, c'est la pro-miscuit dans l'admiration. L'arttantdevenu, comme le sport, une des occupationsrecherchesdes gens riches, les expositions sesuivent avec ungal succs, quelles que soientles uvres qu'onexhibe, pourvu toutefois queles ngociants de la presse s'en mlent et queles talages aient lieu dans une galerie connue,dans unesalle rpute de bon ton par tous.Lavoguede cesamusettess'explique.D'abord,,l'aridit des cerveaux dvolus auxgensdumondedcouvredansla rgulire paradedes dessins et des toiles de frivoles ressourcesprtes alterner avec les discussions fripesde la politique et les tarissables potins sur le78CERTAINSthtre;puis les lieuxcommunssurla peinturesupplent parfois aussi, le soir, aux cancansmondainsetconjurentles somnolentesrflexionsdespartiesde bouillotteou les diplomatiquessi-lencesdes joueursde whist.Enfin, et cette raison suffirait elle seulevisiter et soi-disant admirer les uvres lesplusdiffrentes et les plushostiles, implique unelargeur d'esprit, une lasticit d'aise artistique,vraiment flatteuses.Enlittrature, plus particulirement, les con-naisseurs sans prjugs foisonnent. Tout lemonde,eneffet, et qui en doute?est ex-pert juger des phrases. Parfois, il se trouvedes fossiles, des tres arrirs, des bourgeoisnafs qui avouent ne pas tre absolument srsde la vracit des apprciations qu'ils avancentsur la peinture;d'aucuns conviennent, au be-soin,quele sens musical leur chappe et vontmmejusqu'prtendre que lesuvresde Wa-gnerne sont peut-tre pas tout fait insanes,maisaucun n'ajamais confess sa parfaite inep-tie comprendreune page de proseoude vers.Prenez dans la masse de Paris les plus blason-ns desprinces et les plus vreux des fruitiersDU DILETTANTISMEducoin; choisissez, dans le tas, la plus vidan-gredes filles ou la baronne la plus en vue, etaussitt une opinion, assise, voulue, raisonne,ferme,s'chappera d'eux, propos d'un livre.Jamais, augrand jamais, personne neconvien-dra qu'il est absolument inapte apprcier unart quiest cependant le pluscompliqu, le plusverrouill, leplus hautain detous.Aureste,qui de nousn'avuparmiles papiersrelis que les bourgeois et les gens du mondeappellent leur bibliothque le cte cte in--dcentd'un Ohnet etd'un Flaubert, d'un Gon- icourtet d'un Delpit? Qui ne s'est dlicieuse-ment senti remu, alors que le connaisseurjetaitd'untonngligent : Moi,voussavez, jesuis clectique, tout m'intresse, j'ai, l, sansrestrictiond'coles, les spcimens d'art les plusdivers. Un jeune gentlemanqui dit admirertrs sincrement VAssommoir d'Emile Zola n'a-t-ilpastout rcemment encore exprim devantmoil'ardentdsirqueM.Sarcey,le snilematas-sin, le cuistrepluvieux du Temps,runisse enfinen un livre les jaculations thtrales de seslundis!Eh bien ! cesindividussontdes gens esprit1 CERTAINSouvert, des fouille-au-pot dlicats, des dilet-tanti !Ah! l'on a peut-tre tout demme abusdece motde dilettante, dans ces derniers temps!Aufond, en laissant de ct le sens si vaniteu-sement faux qu'on lui prte, l'on arrive, en leserrant de prs, le dcomposer, leddoublerenles deuxrelles parties quile composent:Imbcillitd'unepartlchetde l'autre.Imbcillit pour les gens du monde;lchetpour la presse qui les dirige.Imbcillit, c'est--dire, au point devue ar-tistique quinousoccupe, non-senscomplet del'art, versatileslouangestiresau petit bonheur,ainsi que des boules de loto, d'un sac, parfaiteignorance traduitepard'logieux ponts-neufs.Le plus dcisif exemple de ce que j'avancenousa tfourniau pointde vue pictural, ilyaquelques ans.Lesexpositions deDelacroixetdeM.BastienLepagese touchaient; les damesqui,commechacun sait, s'intressent vivement lapeinture et lacomprennent autantque la lit-traturece qui n'est paspeu dire !pas-saient,sans sourciller,del'exposition desBeaux-Arts l'exhibition de la maison Chimay, etDU DILETTANTISME IIregardaient avec une admiration gale l'entredes Croiss Constantinople de Delacroix etlesbouviresd'oprettes costumes par le Gr-vin de cabaret, parle Siraudindebanlieue, qu'-tait M. Lepage. Lesrengainessvissaient : Onadmire le beau o qu'il se trouve. Parce queDelacroixfut ungrand peintre, est-ce une rai-son pourque M.Bastienn'ensotpas unautre ?Etpersonne, non, personne ne tressaillait de-vantcette ridicule familiarit d'un office et d'unsalon,devant cet incroyable coudoiement dunlaquais et d'unmatre !Mais ces gens-l sont desinconscients. Froi-dement, ils se promenaient, jaugeant l'uvredes deuxpeintres laquelle ils adjoindront cer-tainement,dansleurs besoins d'loges, celles deLobrichonne et d'Adrienne Marie, alors que lamortarrtera enfinle flux dessentimentales vi-gnettes dontces industrieuses personnes nousinondent!Lchet,ce mots'applique la critiqued'art.Demme que le critique littraire qui en faitmtier, le critique d'art est gnralementunhommedelettres quin'apuproduiredesonpro-precrunevritableuvre.Parmieux, quelques-12CERTAINStins ont la vacuit de cervelle des gens dumonde qu'ilsenvientet singent; leurs opinionssontds lors connues. Mais, il en est d'autres,plusouverts, plus russ, quiprofessent, souslenomde dilettantisme, la ncessit dene pas selier,le besoindenerien affirmer,la lchet,pourtout dire, de la pense et l'hypocrisie de laforme.Pourles critiques, c'estunterrain derapportque cefluctueuxterrainsurlequel ilsse meuvent.Vanter oudnigrer les artistes morts; viter desecompromettre,enparlant deceuxquivivent;encenser en de sportulaires phrases les vaches lait acadmiquesdesvieuxprix; baladineravec