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Mars 2013 - N°41 5 ¢ Addictions Magazine de l’Association Nationale de Prévention en Alcoologie et Addictologie DOSSIER LES PETITES PILULES DU BONHEUR ENTRETIEN Avec Chantal Perrichon Zéro accident ! EN DIRECT Les drogues numériques débarquent THÉRAPIE Les jeunes frappent à la porte

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Mars 2013 - N°41 5 ¢

AddictionsAddictionsAddictionsM a g a z i n e d e l ’ A s s o c i a t i o n N a t i o n a l e d e P r é v e n t i o n e n A l c o o l o g i e e t A d d i c t o l o g i e

DOSSIER

LES PETITES PILULES DU BONHEURENTRETIENAvec Chantal PerrichonZéro accident !

EN DIRECTLes drogues numériquesdébarquent

THÉRAPIELes jeunes frappent à la porte

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N°41 - Mars 2013

Magazine trimestriel de l’Association Nationale dePrévention en Alcoologie etAddictologie

20 rue Saint-Fiacre 75002 ParisTél : 01 42 33 51 04www.anpaa.asso.fr

Directeur de la publication Patrick Elineau

Rédactrice en chefElisabeth François

Comité de rédactionDr Michel CrapletDr Patrick DaiméPatrick ElineauFrançoise FacyElisabeth FrançoisDr Alain RigaudChristian Rossignol

AbonnementsCécile Gourapa

Directeur artistiqueWilliam Silva

ImprimerieXL Imprimerie42004 Saint-Etienne Cedex 1

ISSN 1762-1097Dépot légal : Mars 2013

Consultez aussi votre numérod’Addictions en ligne surwww.anpaa.asso.fr

La revue de la l’A.N.P.A.A. bénéficie d’unfinancement de la CNAMTS

Editorial .................................................... Page 3Prévention : une mobilisation de tous les acteurs

Décryptages............................................ Page 4

Entretien ................................................... Page 8 avec Chantal PerrichonObjectif : zéro accident

Présidente de la Ligue contre la violence routière,Chantal Perrichon en présente le programme etl’objectif : zéro accident.

Gros plan ............................................... Page 11Bien vivre à l’école

L’école peut-elle aider l’élève à développer sapersonnalité, mieux s’insérer dans la vie sociale ?

Dossier.................................................... Page 12Les petites pilules du bonheur

Se soigner, c’est bien. Mais pas n’importe comment.Les petites pilules abondent dans notre viequotidienne…

En direct ................................................. Page 18Drogues numériques, faut-il en avoir peur ? par Ariane Langlois

Débarquées des Etats-Unis, les «e-drugs» sontd’étranges fichiers audio censés reproduire lessensations des drogues classiques.

Pratiques thérapeutiques ............ Page 20Quand les jeunes frappent à la porte

Gros plan sur la Consultation jeunes consommateursde Villeurbanne (A.N.P.A.A. 69).

Livres....................................................... Page 22l La cigarette du pauvre l Drogues : sortir de l’impasse l Carnets secrets l Pour arrêter de fumer l Le petit livre pour arrêter de fumer

Sommaire

En direct : page 18

Crédits photos :Chantal Perrichon, tous droits réservés (Couv basgauche, 8) Stocklib : Couv centrale, couv centre bas etdroit, 4, 5, 6, 7, 9,10, 12-13, 14, 15, 16, 17, 18,19, 20).

Entretien : page 8

Pratiques : page 20

Addictions41-Sommaire:AddictN°14/Sommaire 21/03/13 18:05 Page2

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aut-il y voir un symbole ? La mise en liquidation en octobre dernier de l'IREPS (1) Nord-Pas-de-Calais a étépour les opérateurs de prévention un événement grave, révélateur des difficultés de reconnaissance et definancement que rencontre la promotion de la santé. D’autres régions connaissent des réalités similaires,comme le Limousin ou PACA.L’A.N.P.A.A. n’échappe pas à ces difficultés. Autant les activités médico-sociales qu’elle développe dans sesétablissements pour l’accueil, l’écoute ou l’accompagnement des usagers bénéficient de moyens pérennes eten progression constante, autant les programmes d’action en prévention sont soumis à des financements

aléatoires et en diminution progressive. Le rapport de gestion (consultable sur www.anpaa.asso.fr ) présenté lors del’assemblée générale annuelle des adhérents met bien en évidence cette réalité.Les acteurs de prévention ont le sentiment d’une démobilisation des pouvoirs publics alors même qu’ilss’investissent pour accroître leurs compétences, améliorer la qualité de leurs prestations, développer des démarchesd’évaluation. Et la politique de maîtrise des dépenses publiques poursuivie par le gouvernement fait craindre le pire sur les crédits que l’Etat devrait consacrer au financement de la prévention pour les exercices à venir. Les premières notifications de subvention pour 2013 attestent que cette crainte n’est pas le fruit de l’imaginationmais repose sur des faits bien concrets.C’est dans ce contexte que plusieurs acteurs importants du secteur ont pris l'initiative de se mobiliser, espérant mettrefin à ce désintérêt pour la promotion de la santé. Un premier cercle d'appui

vient de se constituer avec la Fédération Nationale de l’Education à la Santé, laFédération Française d’Addictologie, la Fédération Addictions, AIDES et l’A.N.P.A.A.Une lettre commune a été adressée au Ministre des affaires sociales et de la santépour demander qu’une réflexion soit engagée sur les modalités de reconnaissanceet de financement des activités de promotion de la santé et de prévention. C’est sur cette perspective et dans l’attente d’un dialogue constructif que nousrestons mobilisés et que nous appelons tous ceux qui se sentent concernés àsoutenir cette démarche collective.

Editor ial

3 - Mars 2013 - N°41

FPrévention : une mobilisation de tous les acteurs

(1)Institut régional de promotion de la santé

Patrick ELINEAUDirecteur général de l’A.N.P.A.A.

PS. : D’Alcool ou santé à Addictions, elle a toujours eu la volonté de communiquer simplement, enretravaillant les textes des spécialistes pour le grand public, avec le souci du mot juste. Elle, c’est ElisabethFrançois, notre rédactrice en chef, qui prend sa retraite avec ce numéro après 36 ans de fidélité. Elle vamaintenant pouvoir s'adonner à d'autres addictions... le thé et le chocolat par exemple, dont elle nous asouvent parlé, y compris dans ces pages. A moins qu’elle ne privilégie une addiction sans produit, commel’opéra, la lecture ou les musées, ou les trois à la fois, ce que nous lui conseillons sans modération.

Addictions41-Edito-Le bon:Addic N°14/Edito P.3 21/03/13 18:51 Page3

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D é c r y p t a g e s

C’est le premiermois qui coûteSi vous réussissez à ne pas fumerpendant un mois, c’est gagné…ou presque ! Tel est le sens de lacampagne lancée en Grande-Bretagne. En s’engageant à ne pasfumer pendant vingt-huit jours, lesvolontaires, incités via réseauxsociaux ou applicationssmartphone, ont toutes chancesde décrocher le gros lot !Stoptober

Addict au jeuAddict au jeu ? Ce nouveau site(INPES et Adalis) est pour vous.Infos, conseils, adresses utiles,forums, témoignages. A vous dejouer…www.joueurs-info-service.fr

Tous les quartsd’heure Une enquête menée auprèsd’étudiants américains en écolesde commerce a montré qu’ilsrecevaient en moyenne 113 SMSpar jour, ce qui les amenait àconsulter 60 fois leur téléphoneportable. Soit près d’une foistous les quarts d’heure, si onexclue les heures de sommeil…

Fourchette futéeTout arrive…même les fourchettesintelligentes ! Celle-ci tient lesgloutons à l’œil, et mesure letemps qu’ils mettent entre deuxbouchées. Moins de dixsecondes ? Madame la fourchettese met à vibrer, d’un airréprobateur : le mangeur est priéde ralentir le rythme. Ah mais…Hapifork, www.hapilabs.com

Echos

4 - Mars 2013 - N°41

Rappelons les grandeslignes de la loi Evin(1991), intégrée auCode de la santé

publique et encadrant la publi-cité proalcoolique. Les supportsautorisés sont : la presse écrite(adultes), la radio (trancheshoraires), certains supportscommerciaux, les fêtes et foirestraditionnelles, internet, saufpublicités intrusives ou intersti-tielles et à l’exclusion des sitesdédiés aux jeunes et au sport.Ni la télévision, ni les salles decinéma ne sont donc des sup-ports autorisés. Le messagepublicitaire doit se limiter à cer-taines mentions purement infor-matives et s’accompagner d’unmessage sanitaire de mise engarde. Depuis la promulgation de la loi,l’A.N.P.A.A. assure une sur-veillance étroite des publicités

Dans son rapport annuel (février 2013), la Courdes comptes pointe certains gaspillages desfonds publics, et en particulier les «effets d’au-baine» dont bénéficient les buralistes. Ainsi

l’Etat, au prétexte de compenser les pertes de recettesimputables à l’augmentation du prix du tabac, octroiegénéreusement quelque 300 millions annuels à la profes-sion, dont les rentrées n’ont pourtant cessé de croître entre2002 et 2011. Durant la même période, la rémunérationmoyenne des buralistes se serait accrue, en moyenne, deplus de 50%. AFP

pour tous types d’alcool et n’hé-site pas à engager des actionsen justice en se constituant par-tie civile. Retour sur les affaires récentes : l Publicité Ricard («Un Ricard,des rencontres») : la Cour d’ap-pel de Paris a confirmé lacondamnation antérieure de lacampagne (arrêt du 23 mai 2012),ordonnant le retrait du film (toussupports), des applicationsmobiles et des mentions illicitesde l’affiche. Ricard a saisi la Courde Cassation. A suivre…l Publicité Jameson («Jamesonl’Irlandais») : après un très longparcours judiciaire, la Cour d’ap-pel d’Orléans (arrêt du 5 avril2011) a jugé licite la campagnedu whisky reprenant le graphis-me de la BD de Blake et Morti-mer. La Cour de cassationayant rejeté le pourvoi del’A.N.P.A.A. contre cet arrêt,

la décision de la Cour d’Orléansest donc définitive.l Publicité vins de Bordeaux : la Cour de Cassation a cassé unprécédent arrêt de la Cour d’ap-pel de Paris qui avait déboutél’A.N.P.A.A. de son action à l’en-contre d’une publicité montrantde jeunes consommateurs levantleur verre. La Cour de Cassation aestimé que le visuel était étrangeraux indications autorisées par laloi (23 février 2012). L’affaire a étérenvoyée devant la Cour de Ver-sailles. A suivre…Plusieurs procédures sont parailleurs en cours : publicités Hei-neken (H Cup de rugby), Moët etChandon (actrice ScarlettJohansson), champagne Tsari-ne (parrainage de la Cérémoniedes César), bière Desperados(parrainage de sports extrêmes),jeux à boire (Interlude et Asmo-dée, Hachette livre).

Publicité

L’A.N.P.A.A. veille au respect de la loi Evin

Cour des comptes

L’Etat bichonneles buralistes

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GlaçonsélectroniquesBardés d’un microcontrôleuret d’un émetteur-récepteur,ces glaçons ne se contententpas de clignoter en cadencesur la musique. Ils repèrentvotre vitesse d’ingestion etchangent de couleur, passantau rouge si vous videz votreverre avec tropd’empressement.

A dégus-thé-r Vous êtes amateur de foiegras ? Découvrez une nouvellemanière de l’apprécier,avec…une tasse de thé. Qui,selon sa variété ou soncaractère propre, révèlerasubtilement le moelleux oul’épicé de votre foie gras.Encore mieux qu’un vin !

E-réputation«Soyez net sur le net» : la Villede Paris lance un testinteractif en ligne pour inciterles jeunes à une utilisationresponsable et consciente desréseaux sociaux,particulièrement Facebook. http://ereputation.paris.fr/

Or rougeLes détenteurs de fondsdécidés à investir dans le vindisposent de plusieursformules de placement,adaptées à la situationparticulière de chaquefinanceur et le risque qu’il estprêt à courir. Sans toutefois se laisser griser.…

D é c r y p t a g e s

Echos Monde

Boissons

5 - Mars 2013 - N°41

Si la consommationfrançaise de vin dimi-nue régulièrementdepuis 40 ans, il n’en

est pas de même au niveau dela planète, certains pays sedécouvrant même un goût nou-veau pour l’alcool. Les Etats-Unis en particulier, aujourd’huipremier consommateur mon-dial de vin en volume. La Chineaussi, qui non seulement inves-tit dans les vignobles français,mais commence à planter surson propre territoire. Les spiri-tueux connaissent égalementun succès inédit, notammentau niveau du marché asiatique.

AnalyseA l’inverse de cette tendancemondiale, la consommationfrançaise poursuit unedécroissance entamée dansles années 1960, avec uneconsommation annuellepassée de 26 l. à 12 l. d’alcool

Il y en a pour tous les goûts. Pêche, litchi, citronvert, pamplemousse, myrtille, framboise, secombinent au vin (rosé, blanc ou rouge) pourdes alliances inédites, titrant autour de 10°. Leur

succès dans les supermarchés ne fait aucun doute,le volume des ventes ayant triplé en un an.

CommentaireMême si ce type de boisson n’est pas vraimentnouveau, le choix proposé est très étendu, et ilcorrespond au goût actuel. Mais ne nous ytrompons pas. Ces boissons sont aussi, pour leurspromoteurs, une façon d’initier au vin de futursjeunes consommateurs encore adeptes de bonbonset sucreries.

pur (à 100°) par habitant deplus de 15 ans. A l’origine decette désaffection : la prise deconscience des problèmessanitaires occasionnés par lesexcès d’alcool, et, à partir desannées 1980, la législationroutière qui a obligé la plupartdes Français à comptabiliserleur consommation. Entraînantune modification de leurshabitudes apparemment

durable, puisque laconsommation quotidienne,générale après guerre, a cédéle pas à de nouveaux modes deboire, de plus en plusoccasionnels. Une diminutionen volume à relativisertoutefois compte tenu del’augmentation progressive dudegré des vins et del’engouement pour lesboissons à fort degré d’alcool.

Pêche, pamplemousse, framboise…

De nouveaux modes de boire, plus occasionnels.

L’alcool s’envole

Des vins aromatisés aux fruits.

Elysée, Sénat, Quai d’Orsay… toutes ces vénérables maisonspossèdent une cave, où sommeillent des vins triés sur levolet. Lesquels seront débouchés selon un protocole précistenant compte du rang des hôtes que l’on veut honorer.Question d’étiquette

Diplomatie en bouteilles

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D é c r y p t a g e s

Que du bleuAu vu du nombre de seringuesabandonnées sur les quais, lagare de Marseille avait un tempsenvisagé d’équiper seslampadaires de néons bleus, dontla lumière empêche de voir lesveines et dissuade donc lesinjections. Les associationslocales ont protesté contre ceprojet et l’ont fait ajourner.

Sous perfLes photos ont fait le tour del’internet chinois : des étudiantsde l’université de Xiaogan entrain de passer leursexamens…sous perfusion. Unpetit dopant pour ceux qui n’ontpas la science infuse…

Haut de gammeMieux vaut être riche, beau…ethaut gradé. Une étudeaméricaine a montré que lesystème biologique des individusse conformait curieusement àl’échelle sociale, et que leursanté respectait la hiérarchie.Vous voulez vivre longtemps, eten bonne santé ? Montez engrade !

Quality BarC’est le nom d’un label lancé parune association de Lille, enpartenariat avec la ville et leconseil général du Nord, etdécerné aux bars qui souscriventà un code de bonne conduite :fourniture d’eau gratuite, mise àdisposition d’éthylotests, gestiondes conflits face à des clientséméchés, formation du personnelaux premiers secours…

Echos

6 - Mars 2013 - N°41

tabagisme

Vers un contrôle du trafic international de cigarettes

Plus de 170 pays ontsigné fin 2012 un traitéinternational pour lut-ter contre le commer-

ce illicite de tabac. Ce protoco-le, élaboré dans le cadre de laConvention antitabac de l’OMS,prévoit pour la première fois unsystème de suivi et de traçabili-té des produits du tabac, quiseront repérés grâce à un éti-

quetage spécifique. La collabo-ration douanière transfrontière adéjà fait les preuves de son effi-cacité en démantelant en 2011un important réseau européen,écoulant des cigarettes hors cir-cuit commercial. Selon l’OMS,10% de la consommation mon-diale de tabac serait issue de la contrebande ou de la contre-façon.

CommentaireSi le bénéfice d’une telle initiativeest évident en termes de santépublique, il l’est aussi pour la santééconomique des pays concernés :la contrebande coûterait aux Etats40 milliards de dollars de taxesnon perçues (1). Les cigarettierssont très fortement suspectésd’alimenter eux-mêmes le marchénoir. «Dans certains pays, cela leurpermet […] d’installer la demande,avant d’aller voir les autoritéspubliques pour obtenir uneréduction des taxes officielles aunom de la lutte contre unecontrebande qu’ils ont eux-mêmescréée», commente EmmanuelleBéguinot, directrice du Comiténational contre le tabagisme (2).1) Les Echos 12.11.20122) La Croix 14.11.2012

Vigne

La France est en Europele premier pays utilisa-teur de pesticides.Avec, pour la vigne, des

conséquences très concrètes.En témoigne une enquête (fin2012) basée sur l’analyse descheveux d’une population res-treinte et volontaire : en l’occur-rence 25 personnes, dont 15salariés viticoles du Médoc, 5habitants proches du vignoble et5 témoins. Les résultats sont élo-quents : des résidus de pesti-cides viticoles ont été trouvés,en quantité 11 fois supérieure

chez les salariés viticoles com-parés aux riverains, lesquelsavaient 5 fois plus de produitsque les témoins. Quatre des 15salariés viticoles présentaient 10pesticides différents. Commen-taire de Générations futures,association coordonnatriceagréée par le ministère de l’Eco-logie : il est inacceptable de trou-ver dans nos organismes autantde résidus de produits suspectésd’être cancérigènes ou de per-turber le système hormonal. Enquête APACHE. www.generations-futures.fr

Des pesticides de la racine… aux cheveux

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D é c r y p t a g e s

Une amicale de don-neurs de sang deChagny (Saône-et-Loire), qui avait l’ha-

bitude de servir aux donneurs unrepas incluant du vin, s’insurgecontre la récente décision del’Etablissement français du sang

(EFS) visant à interdire l’alcoolaprès les collectes. Décisionmotivée par un risque aggravéde malaise et de chute consécu-tif à l’absorption d’alcool. Leporte-parole de l’amicale s’in-quiète d’une éventuelle désaf-fection des donneurs.

Don de sang

CommentaireEst-ce un argument ? Même dansune commune proche de Puligny-Montrachet, on peut supposer queles donneurs de sang ne sedéplacent pas pour un ou deuxverres aimablement offerts… Laconfusion symbolique entre sang etvin rouge serait-elle une fois deplus à l’œuvre ? Profitons-en pourrappeler que l’alcool est égalementdéconseillé avant le don du sang.Et retenons le commentaire duprésident de l’Union régionale(Bourgogne-Franche-Comté) desAssociations de donneurs de sangbénévoles : «On doit êtreexemplaire et en cohérence avecles politiques de santé, notammentla lutte contre l’alcoolisme».

7 - Mars 2013 - N°41

On rentre à lamaison…Effet de la crise ? On observe enAngleterre une certainedésaffection pour les pubs.Autant de gagné pour les grandessurfaces, qui ne se gênent paspour casser les prix du vin et dela bière. La gueule de boiss’achète désormais en packs.

Whisky contrevodkaEn Russie comme ailleurs, il y ales riches et les autres. Lespremiers se démarquent desseconds. Laissant la vodkanationale aux moins nantis, ilspréfèrent désormais le whisky,dont la consommation aaugmenté de 50% en un an.Santé !

Libre circulationL’alcool et la drogue circulentlibrement sur les routes d’Europe.Selon l’OEDT, qui a contrôlé50 000 conducteurs choisis auhasard, la présence d’alcool a étédétectée dans 3,5% des cas. Cellede drogue chez 2% desconducteurs

Tabagisme endéveloppementLe tabagisme fait de plus en plusde ravages dans les pays endéveloppement. Du moins chezles hommes, dont la moitié sontconsommateurs (contre 25% auxEtats-Unis). Une tendanced’autant plus lourde qu’il n’existepas, ou peu, de mesuresantitabac dans ces pays.

Echos

Communiqué

Depuis 15 ans, le Courrierdes Addictions accom-pagne le développementde l’addictologie franco-

phone en présentant les initiativesde la Société d’addictologie fran-cophone et de la Société françaisede tabacologie, et exploitant les apports de la médecine, mais aussi des sciences socialeset humaines. Les rubriques«Témoignage», «En pratique» ou «Réseau» traduisent lesapproches transversales de pro-fessionnels, en alliance avec leurspatients.Le Courrier des addictions estaussi une revue engagée dans lesdébats qui agitent et nourrissentl’addictologie. C’est ainsi que dansun Entretien, Alain Rigaud, prési-dent de l’A.N.P.A.A., a pu appeler à

Le Courrier des Addictionssauver la loi Evin quand certainsdéputés, dans un Livre blancadressé au premier ministre, pré-tendaient «sauver le vin bénéfiquepour la santé» (septembre 2004).Une offre de souscription de 80 €par an est proposée aux membresdes associations qui bénéficientégalement de l’accès en ligne auxrevues du groupe Edimark. Lessoutiens publicitaires, clairementidentifiés, garantissent l’autonomie

de la revue par rapport aux pou-voirs publics et donc sa libertéd’expression.Dr Didier Touzeau, rédacteur en chefFlorence Arnold-Richez, rédactrice en chef adjointeCourrier des addictions,trimestriel, 36 p. Abonnement : 139€ (collectivités), 91€ (particuliers

Rouge contre rouge

Sans alcool, mais pas sans danger. Les boissons énergisantes, type Red Bull,Monster Energy ou Rockstar, sont des petits concentrés d’ingrédientsstimulants, caféine, taurine, guarana, d’autant moins anodins qu’ils sontconsommés par des jeunes peu conscients de ce qu’ils avalent. Et qui n’hésitentpas à les mélanger à des boissons alcooliques. L’énergie liquide estparticulièrement recherchée durant les périodes d’examen, ou sur la route pourtenir de longues distances, ou tout simplement pour rester éveillé toute la nuit.Avant de devenir une habitude de consommation.

Energisantes, voire dopantes

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nos demandes, nos choix,nos exigences en expliquant-encore et encore- afinobtenir l’adhésion et lamobilisation de tous ceuxqui veulent que le nombrede morts sur nos routescontinue à baisser. Tantauprès des pouvoirs publics,qui reconnaissent la Liguecomme interlocuteurcompétent, que des médiaset de l’opinion en général,nous ne cessons d’apporterles explications nécessairespour lutter contre ladésinformation des troisprincipaux lobbies : lobbyde la vitesse, de l’alcool etplus récemment desopérateurs téléphoniques.Nous sommes l’aiguillon deceux qui ne veulent pas fairebouger les lignes, quipensent que mourir sur laroute est le tribut à payerpour circuler, et que seulesla formation et l’éducationpermettront de fairechanger les comportements.

l Quelles sont les grandeslignes de votreprogramme, en particulierpar rapport aux produitsaddictifs ?Un accident est toujoursmultifactoriel. La vitesse estle premier facteur à

l Comment se situe laLigue contre la violenceroutière par rapport auxautresassociations existantes ? La Ligue conte laviolence routière est néeil y a trente ans del’association de quatrefemmes qui avaientperdu un enfant dans unaccident de voiture. Dèsle départ, les propos ontprivilégié la prévention :tout faire pour quel’accident n’arrive pasaux autres. En 1984,l’association attaquaitfrontalement Citroëndans un procès pourune publicité faisant l’élogede la vitesse. Au cours desannées suivantes, nousavons contribué à fairebaisser les alcoolémiescontraventionnelles etdélictuelles. Mais aussiobtenu l’obligation du portde la ceinture pour tous àl’arrière des véhicules,l’obligation d’un dispositifspécifique pour les enfantsen 1990, la fin de l’amnistieprésidentielle en 2002 etc.Nous sommes uneassociation apolitique,représentative de toutes lescouches sociales, constituéede bénévoles. Depuis 2004,

E n t r e t i e navec Chantal Perrichon

Présidente et porte-parole de la Ligue contre la violence routière, ChantalPerrichon a du dynamisme à revendre. Mais ce n’est pas tout. Elle présente etdéfend le programme de la Ligue. Objectif ? Zéro Accident. Vous n’y croyezpas ? Alors, lisez !

Ojectif : zéro accident

et du CNRS,épidémiologistes,assureurs,statisticiens,sociologues,accidentologues,bref des expertsaux compétencesmultiples etcomplémentaires)s’est constitué.Tous nousconsacrent desheuresbénévolement. Cegroupe se réunitrégulièrementpour travailler surle Palmarès de laVoiture Citoyenne

(2) : Mais également sur desthèmes ou des points quinécessitent des études pourtrouver les réponses ad hoc.La Ligue est aussi unefédération d’associationsdépartementales qui relaientles orientations de notreprogramme (voté chaqueannée) auprès des autoritéscompétentes ; elles lancentdes actions sur le terrain etsont les interlocuteurs de lapresse quotidienne régionale.Réfléchir, analyser avec desexperts avant de proposer dessolutions, nous semble laseule démarche possible. Ilfaut ensuite faire connaître

8 - Mars 2013 - N°41

}Nous sommesl’aiguillon deceux qui neveulent pasfaire bougerles lignes. }

un groupe de réflexionrassemblant desscientifiques d’horizonsdivers (chercheurs del’lFSTTAR (1), de l’INSERM

Addictions N°41-Entretien:Adic N°14/P.8,9 Entretien 21/03/13 18:22 Page8

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combattre, mais il ne fautpas oublier l’alcool (31%des accidents mortels), lenon-port de la ceinture desécurité et l’usage dutéléphone en conduisant.Nous connaissons lescauses principales desaccidents depuis desannées, c’est ce quiexplique notre impatiencedevant l’inertie ou lescraintes des décideurs.Rappelons que la routeconstitue la première causede mort pour notrejeunesse et aussi lapremière cause de mortdans le monde du travail. Al’inertie, l’incompétence, lacouardise, nous opposonsune ténacité sans faille :nous ne lâchons jamais ! Pour donner l’illusion des’attaquer au problème del’alcool, un décret, enattente depuis 1970, estsorti fin 2011 : celui quirendait obligatoire lapossession d’un éthylotestchimique dans sa voiture.Résultat du lobbyingextrêmement efficaced’une société dont lesmarchés étaient en chutelibre ! Rendre obligatoiresdes gadgets non fiables, quine supportent ni la chaleurni le froid, qui contiennentdes produits toxiques, etdont la gestion (aprèsutilisation ou péremption :rien n’a été prévu) était déjàtéméraire. Mais ignorer quedans 80% des accidents,l’alcoolémie est supérieureà 1,2g : le conducteursuralcoolisé n’a pas besoinde se tester pour savoirqu’il est dangereux pour lesautres, signait une

méconnaissanceinquiétante du problème.Les péripéties engendréespar les avis, non validés parles experts, du toutnouveau Conseil Nationalde Sécurité Routière n’ontpas fini de nourrir despolémiques bien inutiles.Pour un décideur politique,rien de fondé ne peut surgirdes papotages de partiesprenantes réunies encommissions. Seulel’expertise permet denourrir des débats etfournir les argumentairesappropriés.

Autre propositionrécurrente : imposer le zérogramme d’alcool pour lesconducteurs novices, déjàsoumis au permisprobatoire. N’est-ce pasprendre le risque de lespriver de leur permis aupremier verre, de fragiliserdes jeunes qui ont besoinde leur voiture pourtravailler, surtout s’ilshabitent à la campagne ?Commençons donc parappliquer la loi en vigueur.Et évaluons avec précision

la qualité des contrôleseffectués : en fonction del’heure, des lieux, du sexedes conducteurs. Onzemillions de contrôles sonteffectués chaque année,mais sont-ils bien ciblés ? Nous aimerions égalementune reprise de l’enquêteSAM (Stupéfiants etAccidents Mortels) pouréviter des chiffres et desrumeurs par tropfantaisistes.Enfin nous devons affronterl’addiction pour letéléphone au volant,responsable de près de 400morts chaque année. Quelgouvernement osera enfininterdire la pratique du kitmains libres, qui s’avèreaussi dangereuse que celledu téléphone tenu en main.Le risque est multiplié partrois dans les deux cas !

l Quelles mesurespréconisez-vous enmatière d’alcool ? L’application stricte de la loiEvin. Il faut interdire lapublicité en faveur del’alcool sur internet, ycompris la publicité

9 - Mars 2013 - N°41

intrusive qui s’impose àtous : les sénateurs se sontdédouanés en objectantque les sites de jeunesseraient épargnés … il estbien connu que les jeunesne vont jamais consulterd’autres sites ! En un clic, pour passer unbon moment, chacun peutse faire livrer la quantitéd’alcool qu’il souhaite àdomicile. Nous demandonségalement l’interdictiontotale de vente d’alcooldans les stations-service (3). Enfin l’application de laLOPPSI2 (4) pour leséthylotests anti-démarrage :peine complémentaire etmesure de compositionpénale en cas d’alcoolémiedélictuelle. Qu’en est-ildans la réalité ? Nousaimerions une évaluation.

l Et en cas de récidive deconduite avec unealcoolémie positive ? Là aussi, nous demandonsl’application systématiquede la loi, et donc la

www.violenceroutiere.org

}A l’inertie, l’incompétence,nous opposonsune ténacitésans faille :nous ne lâchonsjamais ! } lll

Mourir sur la route n’est pas une fatalité.

Ligue contre la violence routière :

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lobbies pro vitesse sontfortes. De simples mises engarde, des campagnes decommunication nepeuvent suffire pour faireévoluer lescomportements. Pourmettre fin à ce scandalequ’est l’acceptation demourir sur la route commesi l’accident était unefatalité, il faut que lespolitiques en charge dudossier prennent denouvelles mesures, commel’avait fait Jacques Chiracdurant son quinquennat.N’oublions pas que lenouveau gouvernements’est lui-même fixé commeobjectif : «moins de 2000morts sur la route en2020» !

1) Institut français des scienceset technologies des transports,de l’aménagement et desréseaux2) http://violenceroutiere.org/vc/3) NDLR. Les stations-servicene peuvent pas vendre d’alcoolà emporter entre 18h et 8h dumatin. Il leur est égalementinterdit de vendre des boissonsréfrigérées (Code de la santépublique, art L3322-9)4) LOI n° 2011-267 du 14 mars2011 d’orientation et deprogrammation pour laperformance de la sécuritéintérieure 5) Voir YouTube « Lesentretiens de la Ligue » : leLAVIA : respect des vitesses et dela vie !

confiscation du véhicule.Les tribunaux n’utilisent pascette mesure, sans pourautant en motiver la non-application alors qu’ils ysont tenus. Combien devéhicules sont-ilsréellement confisquéschaque année ? Il fautécarter de la route cesconducteurs qui mettent lesautres en danger etterrorisent leur entourage.Nous demandons desenquêtes de voisinage pourvérifier si le conducteur ensuspension de permisrespecte bien cetteinterdiction. N’attendonspas ces drames effroyablesque la presse relaterégulièrement pour prendreconscience que notresociété ne se mobilise pascontre ce grand problèmede santé publique. Nousdéplorons l’insuffisance demoyens qui se traduit parun manque de suiviadministratif, judiciaire etmédical. Au final, notresociété paye lourdement sanon-assistance à ceux quiont un problème avecl’alcool.

l Quelle est la mesure laplus urgente ? Obliger les conducteurs àrespecter les limitationslégales de vitesse. La vitesseest à la fois cause d’accidentet facteur de gravité desaccidents. Grâce aux radars,la vitesse moyenne adiminué de 10% et lamortalité de 40% au coursde ces dix dernières années.Il faut poursuivre dans cettevoie : depuis 2002, 36.000vies ont été sauvées, 36.000personnes ont évité unlourd handicap (paraplégie,tétraplégie ou traumatismecrânien). La vitesse est la

première cause de mort surnos routes. Abaisser lavitesse, c’est rendre plusefficaces les améliorationsapportées aux véhicules et àl’infrastructure. Ce sont bienles mesures sur leslimitations de vitesse quiont mis un terme àl’augmentation constantedes morts en France : en1972, on comptait 18 000tués sur les routes !Aujourd’hui, il importe demettre en service descentaines de radars 3èmegénération (radars ditsmobiles-mobiles,embarqués dans des

E n t r e t i e n

voitures banalisées, encirculation). Chacun doitadmettre qu’il peut êtrecontrôlé, en tout lieu et à toutmoment.Mais nous attendons surtoutavec impatience la mise enplace du LAVIA (voir encadré).Cette technologie embarquéeest à terme l’outil quipermettra la suppression detous les radars. Ceux qui s’yopposent montrentclairement leur refus derespecter les limitations devitesse (5).

l Etes-vous optimistes ?Nous sommes surtoutpersévérants. Notre objectif ?Zéro accident ! Grâce auxexperts qui nous conseillent,nous connaissons les mesuresqui permettront d’atteindrecet objectif. Du fait de lacontrainte (les radars) etmaintenant de la crise, lesautomobilistes roulent certesmoins vite. Mais ce n’est passuffisant, et les résistances des

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Le LAVIAIl s’agit d’un limiteur automatique de vitesse. Lavitesse maximale autorisée localement est repéréepar GPS. Dans la version «mode actif» dudispositif, l’accélérateur est bloqué dès que cettevitesse est atteinte.

}Nousdemandons des enquêtesde voisinagepour vérifier sile conducteuren suspensionde permisrespecte cetteinterdiction. }

Nous attendons avec impatience la mise en place du LAVIA.

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G r o s P l a n

est tendu, voire violent. Unétat de choses qui a sonimportance en termes desanté ou santé mentale, lesjeunes qui n’aiment pas l’éco-le ou se sentent déconnectésétant davantage sujets à desproblèmes d’équilibre per-sonnel.

Violence

Quelques faits, tirés d’en-quêtes récentes : à l’école, plusd’un enfant sur dix (8-12 ans)se dit harcelé, victime de vio-lences physiques ou verbales

répétées. Toujours à l’écoleprimaire, se sentir bien,

c’est avoir beaucoupde copains, mais

c’est aussi ne pasavoir été victimeou témoin deviolences.En collège, 6%des élèves

signalent unh a r c è l e m e n t

sévère, 10% unharcèlement modéré

(2011).

11 - Mars 2013 - N°41

40% des élèves ont vécuun vol de fourniture sco-laire, 36% une bouscu-lade intentionnelle(2011). D’une manière géné-rale, les technologiesde l’information et dela communication(TIC) prennent uneplace croissante dans laviolence, et pas seulement àl’école, en propageantrumeurs, mails injurieux,scènes de violence filmées etenvoyées sur internet… 5 à6% des enfants se disent vic-times de cyberviolences àrépétition. Leurs résultats sco-laires s’en ressentent, avec unabsentéisme plus fréquent, etl’apparition de problèmesspécifiques : maux de tête, deventre, insomnies, perte del’estime de soi, anxiété,dépression, idées suicidaires.

Que peut faire l’école ?

L’école peut-elle aider l’élèveà développer sa personnali-té, à mieux s’insérer dans lavie sociale, en un mot luidonner toutes ses chances ? Il existe de nombreux pro-

grammes de prévention : lesplus efficaces sont ceux quivisent au développement descompétences sociales, s’ins-crivent dans la durée, etimpliquent l’ensemble dupersonnel encadrant, préala-blement sensibilisé. Ainsi,des jeux de rôle appropriésrenforceront l’estime de soi,aideront à la gestion des

Un peu, beaucoup, passionnément ? Deuxélèves sur trois aimeraient l’école, laplupart s’y sentiraient bien. Bonne nouvelle, si l’on pense à l’impact dela vie scolaire sur les aptitudes sociales del’élève. Toutefois des écueils, celui de laviolence en particulier, compromettent biendes chances. Réflexions (1).

Finlande : KivaNon à la violence scolaire : ce programmede dix séances s’adresse aux élèves, leursparents et le personnel encadrant. Débats,

videos, jeux de rôle. Les parents reçoivent unguide de bonnes pratiques

Les évaluations montrent une diminution des actes violents, et une plus grande

implication des élèves. L’Académie de Paris expérimente un

programme similaire.

FranceOrchestre à l’école

Les élèves de collège (principalement enZEP) ont la possibilité d’apprendre un

instrument de musique, à raison de 2 h parsemaine. Nombreux bénéfices, en termesde résultats et d’amélioration du climatgénéral. La motivatin des élèves s’en

trouve renforcée.

Etats-UnisShow and tell

Dans ce type de programme, desélèves sont amenés à décrire et

commenter un objet de leur choix : ilsapprennent ainsi à capter l’attentionde leur auditoire, tenir un discours,

transmettre un message.

Bien vivre à l’école

émotions ou au développe-ment de l’empathie. En préalable, il importe ausside connaître et respectercertaines règles : l le principe de l’interdictionde toute forme de harcèle-ment devrait être inscrit aurèglement intérieur.l la responsabilité desparents doit être réaffirmée l il est important de favoriserl’expression de leurs pro-blèmes par les enfants eux-mêmesl les activités sportives etculturelles doivent êtreencouragéesl d’une manière générale,toutes les formes de travailen groupe développent laconfiance : confiance en soi,vis-à-vis des autres élèves oudes professeurs.

1) Source : Favoriser le bien-être des élèves, condition de laréussite éducativePremier Ministre, Centred’analyse stratégique. Noted’analyse, janvier 2013www.strategie.gouv.fr

i, en 2010, deuxélèves sur troisdéclaraient aimerl’école, cette appré-ciation semble s’ef-

friter avec l’âge : la coted’amour décroît sensiblemententre la 6ème et la 3ème… Laconviction, ancrée précoce-ment, selon laquelle l’avenirprofessionnel dépend desrésultats scolaires est souventsource de démotivation pourles moins bons élèves, tandisqu’elle attise la concurrenceentre les meilleurs. Dans cer-tains établissement, le climat

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D o s s i e r

erions-nous lesplus malheureuxdu monde ? Tran-quillisants, anxioly-tiques, somnifères,

antidépresseurs… : pour-quoi les Français consom-ment-ils tant de médica-ments psychotropes ? Avectous les risques de mésusagequi s’en suivent, en termesde doses, de fréquence d’uti-lisation ou d’interaction, ycompris avec l’alcool.

Qui consomme ?

Une récente Expertise col-lective de l’Inserm (1), d’oùsont tirées la majorité desdonnées qui suivent, nouséclaire à ce sujet. D’unemanière générale, lesfemmes absorbent plus demédicaments psychotropesque les hommes. La consommation a tendanceà s’accroître avec l’âge. Cer-taines catégories de patients

sont davantage concernées :les assurés (assurance mala-die) en arrêt de travail pourune affection longue durée etles bénéficiaires de la CMUcomptent parmi les grosconsommateurs. Contrairement à ce qu’onpourrait imaginer, les pres-cripteurs de médicamentspsychotropes sont surtoutdes médecins généralistes,amenés à traiter des troublessomatiques, digestifs et car-diovasculaires par exemple.Mais aussi à répondre auxattentes de certains patients,souffrant de dépression,d’anxiété, ou de malaisesmal définis et qui ne peu-vent ou ne souhaitent pasconsulter de spécialiste, psy-chiatre ou psychothérapeu-te. Les plaintes générées parle monde du travail consti-tuent de plus en plus unmotif de consultation. Mais l’obtention de médica-ments fait parfois l’objet de

12 - Mars 2013 - N°41

M é d i c a m e n t s , e u p h o r i s a n t s , p s y c h o t r o p e s

Les petites pilu lSe soigner, c’est bien. Tenter de

surmonter un moment de fatigue oude déprime, c’est compréhensible.

Mais pas n’importe comment.Médicaments, psychostimulants,

euphorisants, tranquillisants : lespetites pilules abondent dans notre

vie quotidienne.

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13 - Mars 2013 - N°41

détournements, via la pra-tique des prescriptions mul-tiples (“nomadisme médi-cal”). Autres formes d’ac-quisition illégale : le marchéde rue, le don par les pairs,le vol, la falsification d’or-donnance, internet. Ainsi,en 2009, dans les Csapa (2),64% des sujets consom-mant de la morphine ontdéclaré l’avoir obtenueillégalement. Le pourcen-tage est encore plus élevédans les Caarud (3), où,pour l’année 2006, 78%

des consommateurs demorphine se sont approvi-sionnés, partiellement outotalement, en marchéparallèle (1). Arrêtons-nous sur certainespopulations particulière-ment concernées par lerisque des médicamentspsychotropes.

Les jeunesSelon l’enquête Escapad2011 (4), 15% des 17 ans ontdéjà pris des tranquillisants,11% des somnifères et 5,6%des antidépresseurs. Lesfilles plus que les garçons. Sila plupart de ces produitsont été prescrits par unmédecin, les somnifèresrelèvent parfois de l’auto-médication. Une précédenteenquête Espad 2007 (5) avaitmontré que 15% des élèvesde 16 ans avaient expéri-menté tranquillisants etsomnifères de leur proprechef. Un tiers estimaitd’ailleurs que l’accès à cesproduits était “facile”.

Les toxicomanesMême si l’on met à part lestraitements de substitution -130 000 personnes en ontbénéficié en 2007- les toxi-comanes constituent unepopulation fortementconsommatrice de médica-ments psychotropes : som-nifères, tranquillisants,anesthésiques… Selon lesétudes, le taux de prévalen-ce est estimé entre 30 à 50%.

ll ll ll

La France a l’une desutilisations demédicaments psychotropesles plus élevées d’Europe. D’après le rapport del’OICS (a) publié en 2010,comparée aux autres payseuropéens, la France sesitue à un rang élevé pourla consommation desbenzodiazépinesanxiolytiques, et pour leshypnotiques en général.Evaluation corroborée parle Baromètre santé (2010)(b) qui fait état d’uneconsommation depsychotropes auprès de18% de la population de18-75 ans (36% sur la vieentière). a) Organe international de contrôle des stupéfiantsb) INPES

Repères

u les du bonheur

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Une enquête (Prelud)menée en 2006 dans desCaarud montrait que 40%des consommateurs debenzodiazépines recher-chaient l’effet drogue.Idem pour la morphine,avec un pourcentage enco-re supérieur (84%). Cemésusage est renforcé parla présence de certains fac-teurs : polytoxicomanie,précarité, masculinité,absence de sensibilisationà la réduction des risques.Tous les ingrédients de ladangerosité sont alorsréunis, les psychotropess’ajoutant à la toxicomanieet aggravant les troublespsychiatriques.

La population carcéraleAutre population à forteconsommation de médica-ments psychotropes, lapopulation carcérale. Ilpeut s’agir d’usagers chro-niques de produits sereportant par défaut sur cetype de médicaments. Lespsychotropes peuventaussi être utilisés pour sup-

porter la détention, ou enraison d’une pathologiepsychiatrique, ce qui seraitle cas pour 70% des déte-nus. En 2010, 9% des pri-sonniers ont bénéficié d’untraitement de substitution.

Les alcoolodépendantsLes consommations demédicaments psychotropesprescrits (tranquillisants,antidépresseurs, antal-giques) sont souventretrouvées dans les situa-tions d’abus et de dépen-

dance médicamenteuse etinversement” (1, p. 30).

Les seniorsLe risque de démencemenacerait-il les plus de 65ans surmédiqués ? Compa-rés à des sujets non consom-mateurs, les patients ayantconsommé certains benzo-diazépines pendant plu-sieurs années présenteraientun risque de démence accrude 50 à 60% (6). D’unemanière générale, les seniorssont très demandeurs depsychotropes, sur fond dedouleurs chroniques etd’isolement social. D’où desrisques, connus depuis long-temps, de somnolence diur-ne, démotivation, perte demémoire, chute, accident(endormissement au volant)ou dépendance.

Médicament… ou bouée de secours ?Le baclofène est entré dansl’alcoologie à la manièred’un météore. Illuminant leciel de nombreux espoirs,balayant les vieux dogmes,bousculant aussi, non sansbrutalité, pratiques et savoirsconsidérés comme fonda-teurs en alcoologie. Onpourrait se réjouir de cettenouvelle proposition phar-maceutique pour lespatients qui, après avoir“tout essayé”, découvrent laclef de leur problèmes etéchappent enfin à leurdépendance. Leurs mots,recueillis sur AUBES, forumdédié au baclofène, sont élo-quents : “Pas de manque.Même mon apéro sans alcoolne me dit plus rien”. “J’aipassé les fêtes tout seul.C’était dur, mais j’ai tenusans boire”. “Je peux boire un

dance à l’alcool. On peutsupposer l’existence deproblématiques com-munes entre ces deux typesd’abus, corroborée par lesétudes génétiques menéessur des jumeaux, qui ontmis en évidence des fac-teurs communs aux dépen-dances au tabac, à l’alcoolet aux autres substances.“Le sens de l’associationserait bidirectionnel, souli-gnant la vulnérabilité despatients alcoolodépendantsà développer une dépen-

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Usagers de drogues“Il est possible de repérer deux groupes d’usagersde médicaments psychotropes particulièrementmésuseurs : les usagers de drogues les plusdésocialisés, le plus souvent des hommes de plus de35 ans, dont les usages se centrent sur lesmédicaments psychotropes qui constituent lesdrogues les moins chères, et qui fréquentent peu lesystème de soins ou de réduction des risques, et desjeunes particulièrement polyusagers âgés d’environ25 ans, fréquemment en errance, et caractérisés pard’importantes prises de risque”. (1, p. 15)

Les femmes consomment plus de médicamentspsychotropes que les hommes.

D o s s i e rM é d i c a m e n t s , e u p h o r i s a n t s , p s y c h o t r o p e s

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verre ou deux quand je suisinvité, et après c’est fini, je n’ypense plus”. L’Afsaps (aujour-d’hui ANMS) qui, à la lumiè-re des données existantes,s’est déclarée favorable aumédicament en 2012, resteprudente et rappelle que “laprise en charge de l’alcoolo-dépendance implique uneapproche globale”. Car lemiracle n’est pas au rendez-vous : un certain nombre depatients ne recueillentaucun bénéfice de la prisedu produit. En revanche,presque tous subissent deseffets secondaires dangereux(baisse de la vigilance, som-nolence, confusion menta-le…). Par ailleurs, on ne dis-pose pas à l’heure actuelled’un recul suffisant pouraffirmer que les succès enre-gistrés seront transitoires,durables ou définitifs. Il estincontestable en revancheque le baclofène n’auraitjamais connu cet engoue-ment, dont témoigne lamontée vertigineuse de sesventes, sans la forte croyanceque patients et entourageattribuent à ses perfor-mances. Croyance propagéepar internet avec une effica-cité surprenante. Or, si l’es-poir est naturel et légitime, le

15 - Mars 2013 - N°41

réalisme ne doit pas perdreses droits. L’alcoolismerésulte, rappelons-le, demultiples facteurs, liés àl’environnement et au psy-chisme de la personne, qui,eux, ne se dissolvent dansaucun cachet.

Une inflation de médicamentsParu en 2011, un rapport del’IGAS (7) montrait que l’ab-sence de pharmacovigilanceprofite à l’industrie médica-menteuse, soupçonnée decombiner adroitement infor-mation et publicité. Lesnombreux doutes suscités àla suite des “affaires” duMediator et de la pilule detroisième génération ne font

que confirmer cette critique. L’industrie pharmaceutique “impose ses données cliniqueset indications aux agencessanitaires, négocie le prix et leremboursement avec l’Etat”,et assure la promotion de sesproduits auprès des méde-cins comme du public, ren-chérit le Syndicat nationaldes jeunes médecins généra-listes (8).Ce ne sont pas les auteurs duGuide des 4000 médicamentsutiles, inutiles ou dangereux(9) qui diront le contraire : lesfirmes exigent du rende-ment, expliquent-ils, conti-nuent à créer des produitssans justification, élargissentle champ des maladies enexploitant les signes avant-

coureurs des troubles suppo-sés. Avec la complicité decertains médecins, rémuné-rés par les labos, ou mêmede certains experts des com-missions d’évaluation quitouchent des gratificationscontre leur soutien. D’où une“inflation de médicaments”,et des milliards d’euros quel’Etat jette chaque année parles fenêtres. Quant aux modes deconsommation, ils ne sontpas toujours respectés. Lan-cés dans les années 60, lesbenzodiazépines sont et res-tent des médicaments per-formants quand ils sontprescrits à bon escient, surdes durées déterminées. Orpour la moitié des utilisa-teurs de somnifères et tran-quillisants, la durée réelle deprescription s’étalerait surdeux ans (avec ou sans inter-ruption), alors que la duréemaximale recommandée estde 12 semaines pour lesanxiolytiques et 4 semainespour les hypnotiques. L’industrie pharmaceutiquen’est pas seule en causedans ce mésusage générali-sé. L’assurance maladie ver-rouille ses données, empê-

ll ll ll

Rayon bricolage

Les internautes qui fréquentent le forum AUBES (*)n’hésitent pas à bricoler leurs doses et s’échanger des recettes. On trouvera un aperçu de leurs pratiquesdans “Indifférence”, recueil de témoignages d’usagerspublié avec le concours de l’association (références p. 22). Extraits : Je suis montée à 300 mg pour passer le cap. -Une Belge m’a dit qu’il fallait y aller doucement. -J’ai décidé d’arrêter mon hypertenseur car les deux nevont pas ensemble. -J’ai calculé la quantité exacte pourne pas sentir l’appétence et avoir quand même duplaisir à boire. -Mon médecin ne voulait pas augmenterles doses, j’ai dû en trouver un autre. Etc…En revanche, la plupart ne se considèrent pas guéris etparlent plutôt d’accalmie ou de détente.

(*) www.baclofene.fr, réseau patients-médecinsSomnolence, démotivation, perte de mémoire.

La population carcérale, grosse consommatrice de médicaments psychotropes.

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chant de “documenter lesconsidérables gâchis” desabus pharmaceutiques (10).Quant aux patients eux-mêmes -on devrait d’ailleursparler de consommateurs-,ils ont naturellement leur res-ponsabilité dans cette voraci-té qui peut se retournercontre eux.

Les nouveaux produitsde synthèse Ce ne sont pas des médica-ments, même si certains deces produits cultivent la res-semblance avec les produitspharmaceutiques. Les “nou-veaux produits de synthèse”(11) correspondent en fait àun éventail de substancesimitant les différents produitsillicites (ecstasy, amphéta-mines, cocaïne, cannabis…).Jouant sur une compositionlégèrement différente decelles de leurs modèles, cesnouveaux produits, essentiel-lement réservés à l’usagerécréatif, échappent à lalégislation sur les stupéfiants. Les nouveaux produits de

conditionnements témoi-gnant d’une véritabledémarche marketing, etbénéficient de tarifs plusavantageux que leurs homo-logues originaux. A la fin de

l’année 2011, on dénom-brait 30 sites de vente enlangue française, souventanimés depuis le Royaume-Uni ou les Etats-Unis.Fabriqués pour la pluparten Chine ou en Inde, cesproduits circulent dans lemilieu festif, alternatif outechno. Un véritable mar-ché marginal qui s’orientede plus en plus vers lepublic jeune, non initié, etnaturellement ignorant desmessages de réduction desrisques.

Sortir de la logique du tout-médicamentEn matière de surconsom-mation médicamenteuse,le bon exemple viendrait-il…de certaines institutionspour personnes âgées ?Qu’ils soient demandeursou pas, la plupart des rési-dents des maisons deretraite reçoivent quoti-diennement des dosesmassives de médicaments,eux-mêmes générant à lalongue des pathologiesnouvelles, qui seront trai-tées par d’autres médica-ments etc. C’est pour réagircontre cet état de choses,encouragé par l’ignorance,mais aussi les insuffisancesdu personnel encadrant -diluer une poudre dans unverre d’eau est plus facile etprend moins de temps quede parler à la personne oul’aider à marcher- que sontmaintenant développéesdes techniques d’accompa-gnement permettant deprolonger l’autonomie de lapersonne, avec un recoursminimum aux médica-

synthèse, dont la liste s’étof-fe constamment -une nou-velle substance fait sonapparition tous les mois-sont souvent vendus sousdes marques ou dans des

16 - Mars 2013 - N°41

Sortir de l’engrenage

Que peut-on faire pour éviter lesprescriptions inutiles ou dangereusesde psychotropes ? l Moins de prescriptions : Depuisjanvier 2012, la CNAM encourage lesmédecins -rémunération à l’appui- à lanon prescription de certaines BZD àleurs patients âgés de plus de 65 ans.l Des ordonnances sécurisées : surtoututilisées pour les stupéfiantssusceptibles d’être détournés par lestoxicomanes. Avec leur filigrane et leur

numéro de lot, elles sont difficilementfalsifiables. Faut-il en étendre l’usage ?Les recommandations sont préciséesdans l’expertise Inserm. lLa formation des praticiens lL’écoute, l’accompagnement : pourrépondre à l’angoisse ou la dépressiond’un patient, il n’y a pas que lespetites pilules. Tenir compte de sasouffrance, l’encourager à un nouveaumode de vie peut être tout aussiperformant. Mais bien plus long.

D o s s i e rM é d i c a m e n t s , e u p h o r i s a n t s , p s y c h o t r o p e s

Les prescripteurs de médicaments psychotropes sont souvent des généralistes.

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Catalogue des nouveaux produitsde synthèse (11)

Legal highs (“euphorisants légaux”) : produits de synthèse (sans statutjuridique précis) ou dérivés de plantes (stupéfiants)Smart drugs : médicaments (vendus avec ou sans ordonnance) oucompléments alimentaires consommés comme dopants ou stimulantsDesigner drugs : nouvelle molécule imitant un produit stupéfiantResearch chemicals : molécules utilisées dans certaines substancesmédicamenteuses aux propriétés psychostimulantes.Bath salts : sels de bain (ou engrais, ou encens). Termes utilisés sur lessites de vente ou les conditionnements visant à contourner la législationet masquer la nature du produit. Party pills, herbal highs, ecstasy légaux… : termes sans significationprécise, désignant des produits à usage récréatif.

1) INSERM – Médicaments psychotropes.Consommations et pharmacodépendances. Expertisecollective, 2012 www.

2) Centres de soins, d’accompagnement et deprévention en addictologie

3) Centres d’accueil et d’accompagnement à lareduction des risques pour usagers de drogues

4) Enquête sur la santé et les consommations menéelors de la préparation à la défense

5) European school survey project on alcohol andother drugs

6) Etude de Bernard Bégaud, Inserm, citée dans LeMonde 12.01.2013 : Benzodiazépines, une overdosefrançaise

7) IGAS - Rapport sur la pharmacovigilance etgouvernance de la chaîne du médicament, 2011

8) Communiqué du Syndicat national des jeunesmédecins généralistes. Le Monde, Editorial, 12.01.2012

9) Even (Ph.), Debré (B.) -Guide des 4000 médicamentsutiles, inutiles ou dangereux- Coll. Documents, 2012

10) Kervasdoué (J. de), Sicard (D.) – Plus grave que ledébat sur la pilule, l’affaire des données de santépublique. Le Monde 16.01.2013

11) OFDT - Nouveaux produits de synthèse et internet.Tendances 84, janvier 2013

12) Santi (Pascale) - Gériatrie. La révolution du “slowmedoc”. Le Monde, 16.02.2013

ments. Ces techniques,basées sur le regard, le gesteet la parole, seraient béné-fiques y compris… pour lepersonnel soignant, chez quil’absentéisme et le turnoverseraient en diminution. Uneétude menée sur 109 patientsa montré une diminution de88,5% des neuroleptiquesentre 2005 et 2008, après for-mation du personnel à cestechniques (12). Si des pro-grès peuvent être enregistrésauprès de populations enperte d’autonomie, n’est-onpas en droit d’attendre desavancées beaucoup plusspectaculaires de personnesactives et en pleine posses-sion de leur jugement ? Biendes médications pourraientêtre évitées par un dialogueapprofondi et personnaliséavec le patient venu consul-ter, et dont les plaintes sonttrop souvent balayées… àcoup d’ordonnances. Biendes excès médicamenteuxpourraient être évités si cha-cun de nous tentait de réviserses pratiques et son mode devie. Autant que faire se peut…

Des organismes de surveillanceEn Europe, 2 organismes interviennent au niveau des

médicaments psychotropes et des stupéfiants : l’OEDT(Observatoire européen des Drogues et desToxicomanies) et l’EMA (Agence européenne dumédicament).En France, un dispositif officialisé en 1999, en lienavec la MILDT, s’appuie sur un réseau de Centresd’évaluation et d’information sur lapharmacodépendance (CEIP), collectant desinformations aussi bien sur les médicaments que surles substances illicites. Les informations sonttransmises à l’ANSM (Agence nationale de sécurité dumédicament) et au Ministère de la santé.

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E n d i r e c t

eut-on vraimentse droguer par lesoreilles ? A en croi-re les adeptes des«e-drugs» qui car-

tonnent aux Etats-Unis et enFrance depuis plusieursannées, il semblerait que oui.Le principe des «droguesdigitales» est simple : pas deplante à fumer ou de poudreà sniffer, juste un mélange defréquences sonores à télé-charger et à écouter. Dispo-nibles en toute légalité sur

croire aux vertus d’apaise-ment, de relaxation et d’aideà la concentration de cesmorceaux. Baptiste, 22 ans,étudiant, a l’habitude deconsommer du cannabis.Parfois même de l’ecstasy.Lorsque l’occasion s’est pré-sentée à lui d’essayer lesdrogues numériques, il n’apas hésité une seconde. «Mapetite amie me harcèle pourque j’arrête le cannabis, je medisais que je tenais peut-êtreun moyen plus sain de rem-placer mon addiction et delui faire plaisir. » Mais l’écou-te du morceau n’a pas eul’effet escompté. « L’expé-rience a été très désagréable.J’ai fini par jeter le casque tel-lement le son me rendait fou.Franchement, à part ressortiravec un bon mal de tête, jen’ai ressenti aucun effet d’ex-tase ou de vertige, aucunesensation approchant cellesqui sont données par lesvraies drogues. Pour moi,c’est juste une arnaque !».

Un effet hallucinogè-ne non reconnuAucune sensation ? Pour-tant, dans les blogs consa-crés aux drogues numé-riques, le morceau Gates ofHades, qualifié d’ «inexpli-cable» sur I-Doser, est décrit

le traitement de l’autisme,de l’hyperactivité, voire dela dépression. Découvert en1839 par Heinrich WilhelmDove, le battement binaurala été théorisé par le psycho-logue américain GeraldOster, qui découvrequ’écouter deux sons dedeux fréquences différentesdans une oreille produiraitdes effets sur le cerveaucomparables à une hypno-se sonore. Vu leur intensi-té, il est toutefois difficile de

Internet, ces extraits - appelés«doses» - durent entre quin-ze et trente minutes et s’ap-précient dans le calme abso-lu, de préférence avec uncasque et les yeux fermés : lasubstance libère alors tousses effets et vous fait planer.Rapide, strident, le son déga-gé par ces doses est basé surles battements binauraux,un phénomène neurolo-gique bien connu des psy-chologues qui les utilisent àdes fins thérapeutiques pour

Débarquées des Etats-Unis il y a plus de cinq ans, les « e-drugs » sont d’étrangesfichiers audio censés reproduire les sensations d’extase et de vertige des drogues classiques.Véritable danger ou simples placebos, que valent vraiment ces drogues sonores ?

P

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Drogues numériques : faut- i

par Ariane Langlois

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comme un pur «cauche-mar». Picotements, aug-mentation du rythme car-diaque, tremblements, fris-sons, angoisses, états detranse ou d’euphorie, lesadeptes déclarent avoir eule sentiment d’être paraly-sés et avoir manqué des’évanouir durant l’écoutede l’extrait. Pour preuve, lesdizaines de vidéos d’adoles-cents en plein «trip» quis’affichent sans complexesur You Tube. Alors, simpleaffabulation ou réel effethallucinogène ? Dans uneinterview accordée au jour-nal Le Parisien en 2010, laneuropsychologue BrigitteForgeot, auteur d’une desrares études sur les batte-ments binauraux, incite à lavigilance. «Il est possible quecertaines fréquences puis-sent produire une sorted’état de flottement chezl’auditeur. Certains sonsrapides peuvent stimulerl’attention ou l’imagination.Mais les effets hallucino-gènes me semblent davanta-ge relever de l’autosugges-tion. C’est aussi et surtout unargument marketing efficacepour les sociétés qui vendentces fichiers audio. Cela dit,les études manquent. On saitfinalement peu de choses surles effets de ces battements.»Pour le Pr Michel Lejoyeux,chef de service de psychia-trie et d’addictologie àHôpital Bichat et auteur dulivre Changer... en mieux(Livre de Poche), le débatest tranché. «L’impact de cesdrogues n’a rien à voir avec

I-Doser force-t-il la dose ?Leader sur le marché, lesite http://www.i-doser.com/ propose près de150 « doses » différentes,portant parfois le nom devraies drogues (ecstasy,LSD, marijuana, opiumetc.), mais aussi d’autressensations (ex : orgasme).Une application gratuite estégalement téléchargeablesur les I-Phone. Poussantle concept plus loin, le sitepropose aussi unprogramme pour devenir unvéritable «dealer dedrogues numériques» : endevenant rabatteur pour I-Doser, on peut ainsitoucher 20% sur lestransactions effectuées pardes amis !

les drogues majeures quesont l’alcool, le tabac ou lesdrogues dures. La relationque l’on a à ces substancespeut ressembler à une addic-tion dans le sens où il peut secréer une dépendance, maisparler de « drogue » numé-rique, c’est à la limite del’abus de langage.»

Un risque d’isolement

La seule chose qui puisseêtre affirmée avec certitude,c’est qu’à l’instar d’autresdépendances comporte-mentales (comme l’addic-tion aux achats, au télépho-ne portable, à la pornogra-phie...), l’écoute prolongéede ces morceaux peutconduire à des situations

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t- il en avoir peur ?

d’isolement, des risques desédentarité, d’obésité ou detroubles du sommeil.Autant de raisons qui doi-vent pousser les parents àconsulter un psychologues’ils constatent que leurenfant est incapable de«décrocher». Lors de sesconsultations, le Pr MichelLejoyeux incite ainsi sespatients à faire l’expériencedu changement. «Pourvaincre ces dépendancescomportementales, il fautêtre capable de faire despetits exercices de déconnec-tion, c’est-à-dire faire l’expé-rience d’un moment où onne consomme pas ces objetsd’addiction. Une soirée parsemaine peut suffire à réali-ser que l’on est capable de

surmonter la dépendance.»Il recommande par ailleursl’utilisation de la «thérapiepar concurrence» : «Il estindispensable d’opposer detemps en temps à ces objetsvirtuels des activités dans lemonde réel. Si l’on est accroaux sensations fortes soi-disant provoquées par cesdoses de musique, pourquoine pas s’accorder un vraiconcert ? Cela permet derendre à l’objet virtuel saplace initiale.» Et de ne pasrester sourd aux plaisirssimples et authentiques dela vie réelle. n

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Prat iques thérapeut iques

prise en charge peut alorsêtre envisagée. Les jeunessont rarement en dépendan-ce physique. Il s’agit plutôtde travailler avec eux sur lesens du passage à l’acte, etl’influence des produitsdans leurs troubles du com-portement. «Nous insistonsparticulièrement sur l’his-toire familiale, souventmarquée par des carencesaffectives ou des trauma-tismes : divorce des parents,maladie, deuil… Nousvoyons parfois des casgraves, des personnalitésanxio-dépressives voire bor-derline avec passages à l’ac-te autoagressifs, scarifica-tions, tentatives de suicide,conduites sexuelles àrisque…» explique YannCalandras, psychologue auCSAPA depuis 2008. Même si tous les cas nesont pas aussi alarmants,aucune situation ne peut

est l’alcool le plus souvent.Ainsi, les jeunes adresséspar la PJJ se trouvent sou-vent dans une situationd’obligation de soins suite àdes passages à l’acte vio-lents commis sous alcool,ou pour trafic de cannabis.Les addictions comporte-mentales (jeux, écrans)sont parfois évoquées aucours des entretiens, mais

rarement mises en avantd’emblée par les consul-tants.Les jeunes sont accueillispar le chargé de préventionou le psychologue (voirencadré) qui les rassurentquant à l’anonymat et laconfidentialité des consul-tations, garantis par lesecret professionnel, et lagratuité des visites. Une

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ur la porte vitréedonnant accès auCsapa (1), un A4sobrement scot-

ché : Consultation jeunesconsommateurs. Pas dequoi attirer le regard, encoremoins le jugement des pas-sants. Cette porte, desjeunes la franchissent, nonsans quelque appréhensionla première fois. Des trèsjeunes même. Certains ont15-16 ans. D’autres, des étu-diants pour la plupart, seprésentent spontanément,inquiets de leur proprecomportement par rapportaux produits. Mais la plu-part sont orientés sur laConsultation par la PJJ (2)ou d’autres partenaires.

L’alcool le plus souvent

Enfin les stages de sensibili-sation aux dangers des pro-duits stupéfiants, organisésau Csapa à destination desconsommateurs (jeunesmajeur en général) inter-pellés pour détention d’unepetite quantité de canna-bis, suscitent aussi desdemandes qui autrementn’auraient pas été formu-lées. Quels sont les motifs deconsultation ? Le produitmotivant une consultation

S

Les jeunes boivent, les jeunes se droguent… Régulièrement, la presse fait ses titres sur un constat plus ou moins alarmiste. Mais eux, les jeunes, commentvivent-ils leur situation ? que cherchent-ils à travers les produits ? Gros plan surla Consultation jeunes consommateurs de Villeurbanne (A.N.P.A.A.69).

Quand les jeunes frappent

}Le sens du passage à l’acte, l’influence duproduit dans leurcomportement.}

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risques, que l’accompagne-ment proposé est sanscontrainte, que l’abstinen-ce n’est pas exigée. Que lesujet est seul à décider, etqu’il a tout intérêt à pariersur une évolution qui luisera favorable…

1) Centre de soin,d’accompagnement et deprévention en addictologie2) Protection Judiciaire de laJeunesse3) Pour en savoir plus :www.entretienmotivationnel.org

vérité assénée, même sinous fournissons des élé-ments d’explication indis-pensables. On parle avecl’entretien motivationnelde la collaboration de deuxexperts : le sujet expert deson expérience et de sonvécu, le thérapeute expertdans la connaissance.

Le sujet décide

Il faut reconnaître que,même si le nombre deconsultations progressed’année en année, il restesans commune mesureavec la réalité des consom-mations telle que nous lapressentons, poursuit YannCalandras. Indépendam-ment du fait que certainsjeunes ne connaissent pasl’existence de cette Consul-tation, il faut sans douteincriminer le poids des

représentations sociales,véritable frein à l’accès ausoin. J’entends souventdire : «Je ne vais pas allerchez les alcooliques, quandmême»… Il est probableque toutes sortes de peurssont à l’œuvre. Peur du trai-tement, imaginé commecontraignant, voire coerci-tif. Peur de dévoiler aussises motivations, son moiprofond. D’où notre insis-tance à expliquer que nousvisons une réduction des

être banalisée. Démarréeprécocement, la consom-mation de cannabis peutavoir des conséquenceslourdes, perturbationscognitives ou restrictionsdu potentiel aboutissant àune véritable réductiondes chances de l’individu.Afin de faciliter l’expres-sion, nous avons recours àl’entretien motivationnel(3), technique d’entretienvisant au changement decomportement et baséesur une écoute active,relativement directive.L’atmosphère empathiqueet valorisante de l’entre-tien permet de faireremonter les résistancesdu sujet, amené à repérerses contradictions etambivalences face auchangement, et formulerses arguments et sesobjectifs. Donc pas de

Des consultations de proximité

t à la porte

Le cadre des consultations jeunesconsommateurs a été défini par lacirculaire du 28 février 2008 (1), quiabroge et remplace les anciennes«consultations cannabis» instituéespar la circulaire du 23 septembre 2004.Parmi les missions des CSAPA, desconsultations de proximité peuvent êtremises en place pour repérer les usagesprécoces de produits nocifs : elless’adressent donc en priorité auxjeunes, y compris mineurs, endifficulté par rapport à leurconsommation (alcool, cannabis,cocaïne, psychostimulants,polyconsommation) ou un

comportement posant problème (jeux,internet, travail…). L’objectif estd’agir dès les premiers stades de laconsommation. Les usagers seprésentent spontanément ou sontadressés par un tiers (autoritéjudiciaire). L’entourage doit égalementpouvoir être accueilli. Les consultations assurent accueil,information, évaluation, prise encharge brève et si possibleorientation. Elles sont gratuites etdoivent garantir la confidentialité.S’agissant de l’usage de stupéfiants,les personnes se présentantspontanément peuvent demander à

bénéficier de l’anonymat.Les consultations, obligatoirementrattachées au CSAPA ou à uneconsultation hospitalière, sontinvitées à se faire connaître despartenaires et institutions accueillantdes adolescents et des jeunes telsque Education nationale, éducationspécialisée, professionnels de santé,autorité judiciaire, mais aussi desmédecins généralistes.

1) Circulaire DGS/MC2/2008 du 28 février2008 relative à la mise en place des CSAPA etdes schémas régionaux médico-sociaux etd’addictologie

La CJC de VilleurbanneFile active du CSAPA : 600 patients /an.Les jeunes de moins de 25 ans représentent environ 15%des patients. 120 consultants se sont présentés en 2012 à la suite d’unstage de sensibilisation aux produits psychoactifs.Un rendez-vous est proposé dans un délai d’une semaine(avec le chargé de prévention) à 15 jours (avec lepsychologue).Le fonctionnement de la Consultation jeunesconsommateurs s’inscrit dans le cadre de la circulaire du28 février 2008 (voir encadré).

CSAPA ANPAA 69 - 111 rue du 1er mars 1943 - 69100 Villeurbanne

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Nous avons aimé beaucoup ™™™, assez ™™, moyen ™

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Acceptons l’évidence ! L’échecdes pol i t iques prohibit ion-nistes, en France ou ailleurs,l ’augmentat ion des usages

de consommation, les progrès sani-taires et sociaux apportés par les poli-tiques de réduction des risques, sontautant de considérations qui prêchenten faveur d’une révision de nos poli-tiques actuelles, et notamment de ladépénalisation de l’usage de drogue.Telles sont les lignes directrices d’unouvrage aux démonstrat ions com-pactes, surchargées d’informations peuexploitables. Les propositions sont, enrevanche, beaucoup moins évidentes.Quelques points-clés de l’ouvrage : l’ar-gument majeur des politiques de prohi-bition a toujours été la lutte contre l’in-ternationalisation du trafic, qui se déve-loppe sur fond de mafia, de corruptionet de violence. Or c’est plutôt l’inverse quis’est produit, soulignent les auteurs : pouréchapper à la répression, les produitset les pratiques se sont inventé de nou-

veaux circuits, concourant ainsi à unemondial isation sans précédent. EnFrance, le durcissement des mesuresadopté depuis 2003 n’a pas empêché,loin s’en faut, la multiplication despolyusages et des consommations pro-blématiques. En revanche, la capacitédes toxicomanes à saisir les opportuni-tés de soins qui leur sont proposéesest souvent méconnue des politiques.EF

COPPEL (Anne), DOUBRE (Olivier) –Drogues : sortir de l’impasse.Expérimenter des alternatives à laprohibition. – Paris, La Découverte, 2012– 295 p. ™

La cigarette du pauvreseraient surestimée par exemple.Dès lors, la hausse du prix dutabac est-elle une bonne ou unemauvaise chose ? n’est-elle pas aucontraire de nature à accentuer lesécarts ? Témoignages et réflexionsillustrent ce dossier particulièrementsymptomatique des inégalitéssociales de santé.

PERETTI-WATEL (Patrick) La cigarette du pauvre. Enquête auprès des fumeurs ensituation précaire.- Rennes, Presses del’EHESP, 2012 – 140 p. ™

Le tabagisme ne saurait se réduire àla dépendance nicotinique. Fumerest aussi un acte social, porteur desens et de lien. Sociologiquement

parlant, cette habitude n’est d’ailleurs pasindifférenciée : en 2005, on comptait 38% defumeurs parmi les plus pauvres, contre 27%parmi les plus riches. De nombreux chô-meurs consacrent une part très importantede leur budget à l’achat de cigarettes. Lespopulations précaires se montrent particuliè-rement résistantes aux campagnes de pré-vention dénonçant les dangers du tabac. Lastigmatisation de leur tabagisme les incitantà imaginer des parades : les risques pointés

LivresLivres

Drogues : sortir de l’impasse

IndifférenceRecueil de témoignages sur le traitement par le baclofène de l’alcoolisme et autresaddictions.Présenté par l’association AUBES. Réalisé par L. Cuny et B. JoussaumeParis, Le Publieur, 2012 – 198 p.

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Nom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Prénom :. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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VOICI MES COORDONNÉES PERSONNELLES

Que confie-t-on à un jour-nal intime ? Ses préoc-cupations du moment ?Ses obsessions ? Les

Carnets de Jean-Luc Delarueconservent bien des secrets, mêmes’ils livrent aussi quelques bribesessentielles. L’auteur se présentecomme un ex-enfant timide, bous-culé par le divorce de ses parentsquand il avait six ans. «Un tout petitgarçon que j’ai transformé en ogreà coups de grands vins, de vodka etde drogues.» Toute sa vie, il entre-tiendra avec une mère excessive etpeu aimante des relations cin-glantes et jamais clarifiées. Anima-teur vedette et producteur à la radioet la télévision pendant 24 ans, ilsubit de plein fouet les pressionsd’un métier à haut risque. Célèbre,donc exposé, il est la proie des «per-sifleurs et des jaloux». Mais il serégénère aussi dans son activité. Surle plateau, «dès que s’allume levoyant rouge, mes soucis person-nels sont mis entre parenthèses.»Workaholic, donc. Mais pas seule-ment. L’alcool, qu’il consomme enquantité depuis l’adolescence (ilévoque une cuite monumentale l’an-née de son bac, avec son grand-père), l’amène selon ses dires à la

cocaïne. «Quand vous êtes alcoo-lique, le seul moyen de tenir debout,c’est de prendre des stupéfiants.»Produits auxquels s’ajoutent lessomnifères, massivement consom-més. En 2007 survient l’épisode trèsmédiatisé du vol Paris-Johannes-burgh au cours duquel, suralcoolisé,il perd tout contrôle. «Je ne suis plusqu’un amas de colère, tout hurle enmoi. Je me sens totalement aban-donné.» Il fera une cure à La Métai-rie (Genève), type Alcooliques Ano-nymes, et entreprendra plusieurstournées dans des lycées pourtémoigner, devant élèves et parents,et surtout mettre en garde. Dernierparcours qu’il vit semble-t-il pleine-ment, réconcilié avec lui-même,avant d’être terrassé par un cancer.

DELARUE (Jean-Luc) – Carnetssecrets. Paris, L’Archipel, 2012 – 240 p.

Pour arrêter de fumer

Notre vie ne peut évoluer que si nous évoluons nous-mêmes. Ce petit livre, riche en explications et exercices,aidera le fumeur à découvrir et mettre lui-même en pra-tique ses aptitudes au changement. L’envie de fumer

résulte d’une suggestion, interne (les représentations) ou externe(l’environnement). Suggestion qui a créé des habitudes tenaces. Or, siimpératives soient-elles, les compulsions peuvent être «désapprises»et remplacées : notre inconscient automatise tout ce qui est reproduitrégulièrement. Et, bonne nouvelle : le cerveau apprend vite… Peur duchangement ? Allons donc, nous changeons tout le temps !

FINEL (Kevin) – Pour arrêter de fumer.- Paris, Bussière, 2011 – 118 p.

Le petit livre pour arrêter de fumer

Son mini-format invite à le garder en poche, aussi longtempsque nécessaire. Toxicité du produit, coût de revient, faussescroyances… : c’est d’abord aux connaissances et à l’intelli-gence du lecteur qu’il est ici fait appel. Le candidat à l’arrêt

est invité à fixer une date et à anticiper les diverses situations qu’il varencontrer (que ferez-vous après le café du matin, dans votre voiture,face à quelqu’un qui vous énerve ?). Conseils pratiques pour le suivi del’ex-fumeur (premier jour, deuxième semaine…) et sur les méthodesd’aide à l’arrêt.

DAUTZENBERG (Pr Bertrand) – Le petit livre pour arrêter de fumer. –Paris, First, 2011 – 160 p.

Carnets secrets Arrêt du tabacIl existe quantité d’ouvrages et méthodes pour arrêter defumer. En voici deux, tirés des rayons…

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