samarin j william sango langue de l'afrique centrale

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SANGO LANGUE DE L'AFRIQUE CENTRALE PAR W. J. SAMARIN Professeur de Linguistique Université de Toronto Toronto, Ontario, Canada LEIDEN E. J. BRILL 1970

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  • SANGO LANGUE DE L'AFRIQUE CENTRALE

    PAR

    W. J. SAMARIN Professeur de Linguistique

    Universit de Toronto Toronto, Ontario, Canada

    LEIDEN E. J. BRILL

    1970

  • Copyright 1970 by E. J. Brill, Leiden, Netherlands

    All rights reserved. No part of this book may be reproduced or translated in any form, by print, photoprint, microfilm, microfiche or any other means without written permission from the publisher.

    This book was composed on a Siemens perforator, a Philips computor, and a Hell-Digiset composing machine

    by Lumozet Ltd in Amsterdam.

    PRINTED IN THE N E T H E R L A N D S

  • TABLE DES MATIRES

    Introduction I

    1. Les phonmes 7 2. La variation 15 3. L'intonation 2 0 4. Adjonctifs 2 5 5. Connecteurs 43 6. Noms 69 7. Pronoms 74 8. Particules phrasales 83 9. Verbes - 8 9

    10. Locutions substantivales 96 11. Locutions verbales 102 12. Constructions protaxiques 110 13. Locutions subjectivales . 115 14. Phrases non-verbales 119 15. Phrases verbales I 2 2 16. Questions et procds 130

    Textes en sango 1^4

    Index des matires 143

  • INTRODUCTION

    Le sango est une langue inter-tribale d'Afrique centrale: inter-tribale, et internationale aussi du fait qu'elle se parle au Came-roun, au Congo-Kinshasa, au Congo-Brazzaville et au Tchad, aussi bien qu'en Rpublique Centrafricaine, et facilite le contac-te entre les habitants de ces pays. Tous les cinq ont comme lan-gue officielle le franais; mais en dehors de l'administration et de l'enseignement le franais n'est pas connu de tout le monde, et nombreux sont ceux qui dans leur vie quotidienne ne l'em-ploient pas pour ainsi dire jamais, se servant uniquement de lan-gues africaines. Parmi celles-ci, les diffrents gouvernements en ont retenu certaines, qui sont employes la radio et dans des publications administratives; la Rpublique Centrafricaine est le seul pays de la rgion avoir reconnu par dcret officiel une lan-gue africaine comme 'langue nationale': c'est le sango.

    Le statut du sango est donc comparable dans une certaine me-sure celui du lingala, du kitouba, du souahili, du haoussa, du peul ou du bambara, qui, chacun dans sa rgion, permettent aux peuples africains de surmonter les problmes poss par la multi-plicit des langues. Comme ces autres langues, le sango est une langue africaine, et non une langue d'importation: sa grammaire, son vocabulaire aussi, ont leurs racines en Afrique depuis des sicles innombrables. Comme elles encore le sango s'est dve-lopp sans la participation active d'influences venues de l'ex-trieur.

    Aujourd'hui, le sango ne ressemble plus gure que par son nom la langue de laquelle il est driv. S'il est vrai qu'on peut y reconnatre les traits fondamentaux du groupe ngbandi-yakoma-

    S A M A R I N , SANGO 1

  • 2 INTRODUCTION

    sango, dialectes parls encore aujourd'hui par plusieurs milliers de gens, le sango dont nous parlons ici s'est 'panafricanis': il a emprunt des mots au lingala, au souahili, l'anglais, au fran-ais; peut-tre d'autres encore. Ceci est d'ailleurs un phno-mne universel: il y a six cents ans l'anglais empruntait des cen-taines de mots au franais, aujourd'hui le franais en emprunte l'anglais; en Afrique occidentale, plusieurs langues font de larges emprunts au haoussa, qui dans le temps a agi de mme avec l'a-rabe. Il n'y a donc pas lieu de s'tonner quand on trouve a va dans une phrase sango: Ade, h sava ape 'Il n'est pas encore rta-bli'. L'expression franaise est bien devenue un verbe sango, et on pourrait multiplier les exemples. De tels emprunts, quels que soient l'origine ou le niveau d'instruction du sujet parlant, se re-trouvent d'un bout l'autre de l'Afrique centrale.

    D'ailleurs, le prestige du franais dans cette rgion fait que ceux qui l'ont appris introduisent volontiers des mots franais dans leur parler sango: c'est galement un phnomne bien con-nu dans d'autres langues, et qui ne change rien la nature de la langue sango.

    La prsente grammaire est destine tous ceux, Africains ou autres, qui par curiosit intellectuelle dsirent comprendre la structure du sango ou qui voudraient le parler. Effectivement, ceux qui sont chargs de l'enseignement du franais pourraient utilement s'en servir; et galement ceux qui voudraient parler mieux franais pourront en tirer profit; car bon nombre des er-reurs que l'on fait en apprenant une langue proviennent des ha-bitudes linguistiques prises pendant l'apprentissage d'une autre langue. Nous croyons donc pouvoir dire que cet ouvrage a un but tout fait pratique.

    Il n'en est pas moins scientifique, car le linguiste s'efforce d'tudier soigneusement et en profondeur la langue qu'il dcrit.

  • 3 INTRODUCTION

    L'on trouvera donc dans ce livre, non pas ce que l'auteur croit avoir entendu, non pas ce que les sujets parlants auraient d di-re, mais ce qu'ont dit des Africains qui parlent habituellement le sango. L'auteur parle lui-mme sango (et s'est toujours efforc de le parler comme un Africain) mais il ne croit pas qu'il lui in-combe de juger de la 'correction' des textes qu'il a recueillis. Si quelqu'un s'tonne d'une phrase cite dans cette grammaire, qu'il se rassure: un Africain, au moins, s'est ainsi exprim au moins une fois!

    Le corpus des textes sur lesquels nous basons notre analyse, se compose de conversations, contes, anecdotes, missions radio-phoniques, lettres, et autres documents. Si nous faisons remarquer parfois des traits de langage qui apparaissent seulement chez des Catholiques ou chez des Protestants, nous n'avons jamais tenu compte de ce qui aurait pu tre crit ou dit par des Euro-pens. Pour la plupart, nous avons fait enregistrer ces textes au ma-gntophone pour les transcrire par la suite (il a fallu en moyen-ne quelqu 20 heures de travail pour bien transcrire un enregis-trement d'une heure). Les personnes qui ont fourni les textes sont originaires de toutes les rgions de l'Afrique centrale; y sont reprsentes notamment toutes les ethnies de la Rpubli-que Centrafricaine. Ce n'est donc ni un sango occidental ni oriental que nous dcrivons, ni le sango des Gbayas ni celui des Bandas; ce n'est mme pas le sango centrafricain. C'est pure-ment et simplement le sango de l'Afrique centrale.

    Le sango est une langue, et non un ensemble de langues dif-frentes. Comme la plupart des langues, toutefois, il est carac-tris par des variations: le mot pour 'terre' se dit ssi chez les uns, sse (avec les voyelles du franais t) chez d'autres; chez d'autres encore, on entend sse (avec la voyelle de presse dans les deux syllabes). Il y a au moins autant de variation entre les

  • 4 INTRODUCTION

    prononciations parisienne et marseillaise de vingt; la diffrence entre le franais et le sango rside dans le fait que le mot vingt s'crit de la mme faon Paris, Marseille et ailleurs, alors qu'aucune norme n'a t tablie jusqu' prsent pour l'orthogra-phe du sango. Diffrents systmes ont t adopts et modi-fis de temps autre par les missions, et il existe en dehors de ceux-ci des systmes plus ou moins idiosyncratiques, em-ploys pour des besoins particuliers. Nous avons adopt un sys-tme qui se fonde sur ce que nous croyons d'aprs nos enregis-trements tre la prononciation la plus gnralement employe; mais nous n'irons pas jusqu' prtendre que sse, par exemple, soit la faon correcte d'crire (ou de prononcer) ce mot. Nous admettrons mme qu'une tude statistique de la prononciation du sango puisse dmontrer que sisi (ou sse) est plus frquent, donc plus 'correct'.

    Quoi qu'il en soit, l'orthographe que nous employons ici est scientifique: c'est--dire qu'un son donn est reprsent tou-jours et partout par la mme lettre ou groupe de lettres. Dans le mot sse, donc, la lettre e a la mme valeur au milieu qu' la fin du mot, et la lettre s reprsente le son s (et non 'z') tant au dbut qu' l'intrieur du mot.

    Ce n'est videmment pas le seul moyen rationnel d'crire le sango. Il ne serait pas bien difficile, en fait, de mettre au point un systme d'orthographe qui, sans reprsenter toutes les dis-tinctions inhrentes la langue, serait la fois efficace et logi-que, et qu'il serait facile d'apprendre lire. Il nous semble tou-tefois que cette tche revient une commission o seraient re-prsents tous les organismes qui emploient le sango dans leur publications, plutt qu' un particulier dont les dcisions sem-bleraient ncessairement arbitraires, et qui aurait du mal faire universellement admettre ses propositions.

  • 5 INTRODUCTION

    Trs peu de travaux sur la langue sango ont t publis en franais jusqu' prsent. Notre Grammar of Sango (Mouton et Cie., Paris et la Haye, 1967) comporte une bibliographie com-plte des livres et des articles parus. La prsente grammaire pro-fite de la recherche plus approfondie poursuivie sur les langues centrafricaines pendant quatre mois dans la R.C.A. en 1966. Ces deux son bases sur une grammaire qui fut redige en 1963 Hartford, Connecticut pour la Ministre d'Education amricaine. On peut aussi noter notre Basic Course in Sango (Tome I, Lessons in Sango; Tome II, Readings in Sango), 1967, dont le but est l'ap-prentissage du sango chez les anglophones. Ces derniers ouvrages sont distribus par l'Educational Resources Information Center (chez le Center for Applied Linguistics, Washington, D.C.), ERIC Nos. ED-018-784 et ED-018-785.

    Il nous fait grand plaisir de reconnatre ceux qui nous ont rcemment aid dans la rdaction de la prsente grammaire, notamment Messrs. Paul Foky, l'Abb Marcel Dick-Kidiri, et Reginald Usher. Le dernier s'occupa surtout de ce qui concer-nait le texte franais. Je n'oblie pas non plus le gouvernement et le peuple centrafricains de m'avoir permis de poursuivre mes recherches dans la Rpublique Centrafricaine.

  • CHAPITRE 1

    LES PHONMES

    1. Les phonmes du sango comprennent non seulement des lments segmentaux (consonnes et voyelles) mais aussi des lments supra-segmentaux (traits prosodiques et dmarcatifs). Le. ton a une fonction contrastive, servant distinguer de nom-breuses paires de mots autrement homonymes, et jouant aussi, en conjonction avec les pauses, un rle syntaxique. Le rle de l'accent d'intensit est expressif, et non contrastif.

    2. Les phonmes consonantiques peuvent se classer selon le schma suivant:

    P f t s k kp b V d z g gb

    mb (mv) nd nz ng ngb m n b' (d')

    r 1 y w

    Le phonme t devant i est souvent remplace chez les Banda par la mi-occlusive pr-palatale [c] (comme 'tch'), tandis que les Ngamba et Foulani remplacent souvent les labio-vlaires kp, gb et ngb par p, b et mb.

  • 8 LES PHONEMES

    L'articulation nasale des mi-nasales est trs brve. Il est re-marquer que ce sont des units et non des groupes de conson-nes, et que de ce fait le mot kondo 'poulet', par exemple, se compose des syllabes k-ndo, et non kn-do. Les sons que nous reprsentons par ng et ngb sont phontiquement [qg] et [qmgb]. Notre transcription prsente l'avantage d'carter le symbole q qui ne correspond en soi aucun phonme de la langue ; toute-fois certaines personnes remplacent ng et ngb dans certains mots par [q] et [qm].

    Le rle de l'implosion n'est pas encore bien dtermin. Quel-ques personnes emploient deux consonnes implosives dans un petit nombre de mots, par exemple dans kbe ou kb'e 'nourri-ture' et fad ou fad' 'vite'; notre principal informateur, pour-tant, n'employait pas d\ et les seuls mots qu'il prononait tou-jours avec b' taient bongo 'hyne' et b'anda 'mditer'. Nous employons donc b' dans nos transcriptions mais non d\

    Les fricatives f, v, s, z, nz, et h se prsentent avec une diversi-t considrable de ralisation. Ceux dont la langue maternelle est le ngamba, substituent souvent / et v p et b, et vice versa. D'autres, par exemple les Isongo, ralisent / comme fricative bi-labiale [9]. S et z sont parfois des sifflantes, mais assez souvent un peu chuintantes; les Banda ralisent souvent z comme mi-occlusive [}] comme 'dj' de Djibouti, et nz comme [njf], tandis que les Gbaya, et d'autres dont la langue maternelle ignore le phonme nz, le ralisent comme nd. La laryngale h est ralise gnralement comme une occlusive glottale [?]

    Le statut de la labio-dentale mi-nasale mv est douteux. Ce phonme se rencontre chez peu de personnes et dans peu de mots (mvene 'mensonge' et mveni 'propritaire' par exemple), et mme alors on l'entend presque exclusivement aprs voyelle: Lo sra mvene. 'Il ment'. Mais Vsne ti mo! 'Tu mens!' (litt. 'Ton

  • 9 LES PHONEMES

    mensonge!'). Il parat tre plus frquent chez des personnes qui ont reu leur enseignement chez les missionnaires; il s'agit pro-bablement d'un phonme qui est en train de se perdre, et qui est maintenu dans les missions par l'influence de formes crites depuis longtemps tablies.

    La vibrante r et la latrale 1 se confondent ou se remplacent assez souvent; il existe toutefois assez de paires contrastives pour dmontrer qu'il s'agit bien de deux phonmes diffrents. La ralisation de 1 est plus ou moins constante; r, par contre, prsente quelques variantes: les Gbanu emploient souvent une forme un seul battement, mais apico-alvolaire. La forme multiples battements parat avoir une fonction expressive. Le [R] uvulaire du franais apparat chez des personnes bilingues francophones dans des mots d'emprunt et dans un style trs manir, dans des mots proprement sango. Quand / et r se con-fondent, c'est chez des personnes dont la langue maternelle ne distingue pas ces deux phonmes.

    Les continues w et y sont nasalises devant une voyelle nasa-le. Y dans cette position est parfois ralis comme une palatale nasale le 'n" mouill' du franais, par exemple ygma 'ani-mal'. W est parfois ralis comme une fricative bilabiale sonore [P]. (Voir aussi chapitre 1.3 et chapitre 2.3. l)

    Lire 'chapitre 1, section 3'; 'chapitre 2, section 3'.

  • 1 0 LES PHONEMES

    Contrastes minimaux tablissant les phonmes consonantiques

    p 'accuser' ba 'regarder' gba 's'accoupler' p 'tordre' kp 'fuire'

    t 'rencontrer' d 'hacher' ta 'marmite' k 'vendre' g* 'venir' bi 'lancer' mbi 'je ba 'regarder' ma 'entendre' d 'trou' ndu 'toucher' nd 'fin' na 'et, avec' g=> 'cou' ng 'pirogue' gb 'en vain' ngb 'rester' p 'accuser' fa 'montrer' fu 'coudre' vu 'tre trs beau' VD 'acheter' ZD 'brler' SD 'faire mal' Z 'panthre' nze 'lune' mbulu 'poudre' mbru 'palmier' w 'chaleur' y 'ventre' h 'tisser'

    3. Les phonmes vocaliques sont au nombre de onze. Nous traitons d'abord les sept voyelles buccales.

    Il y a trois voyelles antrieures (r, e, e), trois postrieures (u, o, D), et une moyenne (a). Cependant, la ralisation de ces voyelles prsente des diffrences considrables; le degr d'aperture varie pour une mme voyelle d'une personne une autre, tandis que certains emploient un systme qui comprend seulement trois degrs d'aperture au lieu de quatre. Il reste toutefois dans l'en-semble des textes enregistrs suffisamment de contrastes pour permettre de poser l'existence des sept voyelles buccales dnom-bres plus haut.

  • 11 LES PHONEMES

    Les voyelles i et u (comme 'ou' franais) sont fermes, tendues, courtes, et sans dtente. E et o, plus ouverts et moins tendus, mais courts eux aussi, prsentent des allophones avec une dten-te, s'ouvrant la fin de la ralisation; parfois, cependant, avant une pause, e se ralise comme une diphtongue trs brve qui s'approche de i la fin. Cette remarque vaut galement pour e (comme 'e' dans bec). Selon la langue maternelle du sujet par-lant, le degr d'aperture de e et de o (comme 'o' dans bock) est plus ou moins grand. Une voyelle centrale plus ferme que a est mploye par certaines personnes, notemment celles qui parlent banda ou ngamba. Employe gnralement en remplacement de a ou de o, elle est plutt une variante dialectale qu'un nou-veau phonme.

    Dans les mots o deux voyelles succdent, il n'y en a gnra-lement qu'une qui a une valeur syllabique. Si la premire est u, o, ou o elle se ralise comme [w]; si elle est /, elle se ralise com-me [y]. Si la premire voyelle est a, c'est la deuxime qui est ra-lise comme une semi-voyelle, [y] ou [w] selon son articulation antrieure ou postrieure. Le mot d'emprunt bi 'serviteur' (boy de l'anglais) constitue un cas exceptionnel. Nous transcrivons ces semi-voyelles par des voyelles, rservant ainsi les caractres w et 7 leur emploi consonantique. Si la transcription semble arbitraire, il n'en est pas moins vrai que l'on entend [kwa] ct de [koa], [gwe] ct de [goe], etc.

    [w] est attest dans: [y] est attest dans:

    km 'mourir b 'chant' k 'tout' b 'os ko 'cheveu' h h 'vite' ndao 'forgeron' ki 'calmer'

  • 12 LES PHONEMES

    Quand s et z sont suivis de i et d'une deuxime voyelle, / est parfois supprim. (Voir chapitre 2.4.)

    Les voyelles nasales sont au nombre de quatre : , y, p, et y. et p sont plus ouverts que E et D buccaux. Chez certaines personnes il y a un degr indtermin de nasalisation de toute voyelle aprs les consonnes m et n.

    Les voyelles longues, qui ne sont pas nombreuses, sont re-prsentes comme des suites de deux voyelles identiques:

    anda 'autrement dit' ngbii 'longtemps' fa 'couper, tuer' ta 'vrai' ndara 'habilet' ngb 'esclave' ndo 'argile de potier' ngba 'buffle' la 'la ha 'mesurer'

    Contrastes minimaux tablissant les phonmes voaliques

    bi 'nuit' b 'milieu' te 'manger' to 'envoyer' g* 'seulement' ga 'venir' h 'tisser' hu 'respirer' fu 'coudre' fu 'sentir' h 'tisser' h 'mditer' y6 'tre long' y? 'boire' ()ke 'tre' k? 'refuser'

    b 'foie' to 'faire bouillir'

    4. Le ton comprend trois registres: haut, moyen, et bas. Pour des raisons que nous donnerons plus loin, nous ne marquons pas le ton moyen; le ton haut est marqu par l'accent aigu, et le ton bas par son absence. Nous analysons comme une succession

  • 13 LES PHONEMES

    de tons ponctuels les cas qui paraissent prsenter un ton mlodi-que: par exemple, ta 'vrai', fa 'couper'.

    Exemples de l'emploi contrastif des tons hauts et bas

    de 'rester' me 'sein' ngo 'tambour' baba 'orgueil' knga 'prison' buba 'gcher' sara 'poteau fourchu' sra 'faire'

    d me

    'hacher' 'oreille'

    ngo pirogue baba 'pre' knga 'bubale' buba 'stupide' sara 'Sara (tribu)' sra 'dmangeaison'

    On aura remarqu que la diffrenciation est lexicale et non pas grammaticale. Le cas de tn 'parole' et de tene 'parler' ne constitue pas d'exception, cette distinction tant un legs du sa-ngo vernaculaire.

    Il va sans dire qu'il y a beaucoup de variation dans les tons, d'un sujet parlant un autre et mme dans le parler d'une seule personne, tant donn la nature vhiculaire de cette langue. Ceux dont les langues maternelles n'ont que deux tons distinc-tifs auraient tendance rduire les trois tons de langue-source deux: le ton moyen donc est interprt comme le ton haut. Il y a des gens chez qui le ton moyen est toujours assez frquent. L'Abb Dick-Kidiri, par exemple, nous fournit avec une trentai-ne de mots qu'il prononce, d'aprs lui, ton moyen, tandis que nos propres informateurs ne connaissent que le ton haut: par exemple, t 'tomber', p 'accuser', bnd 'mil', ngsa 'cabri', sa-mba 'bire', bur 'saison sche', bong 'vtement', srng 'fabri-cation (de sra 'faire'), mafta 'huile', bmar 'lion'. Dans les tex-

  • 14 LES PHONEMES

    tes que nous avons tudis il y a trs peu de mots rgulirement prononcs ton moyen: par exemple, mb 'je', k 'homme', wl 'femme', ngg 'pinards', it 'frre, soeur', lg 'chemin', et particule phrasale. Il semble inutile donc de reprsenter le ton moyen dans les transcriptions. Il parat en tout cas que le rle distinctif du ton moyen disparaisse en sango.

    Les tons hauts et bas peuvent se succder dans les polysyllabes dans tous les ordres sans restriction. Par exemple:

    pp ngburu kono tara bsgb likong dawl mreng

    milieu' entraner' tre grand' grand'mre' land' sagaie' nom d'une danse' enfant'

    mabko mafuta kphikph kkrke biribiri msargba adornu kutukutu

    'main' 'huile' 'trs noir' 'demain' 'sorte de bire' 'rhinocros' 'sorte de sel' 'automobile'

  • CHAPITRE 2

    LA VARIATION

    1. Comme dans la plupart des langues, la variation entre les parlers de diffrentes personnes dans diffrentes rgions est con-sidrable. Un mme mot peut avoir des ralisations aussi diver-ss que [toqgana] et [t?a] (voir chapitre 5.10), ou [mbirimbin] et [mbumbri] (voir chapitre 4.4). Ceci ne signifie pas que la varia-tion soit libre: au contraire, elle se conforme presque toujours des systmes bien dfinis, et n'empche nullement la communi-cation.

    Nous avons discut au chapitre 1 des variations dans la ralisa-tion des phonmes; la neutralisation de certaines oppositions phonologiques; et la variation des tons. Nous abordons ici les al-ternances stables entre phonmes. (La discussion des variantes non systmatiques, telles celles de tongana 'quand' ou de fades / faas 'maintenant', est une tche qui incombe plutt au lexicographe qu'au phonologue.)

    2. Dans la chane parle, la variation rside dans l'lision dans certaines conditions des voyelles finales. Les mots termins par deux voyelles identiques peuvent perdre la deuxime dans tous les contextes phonologiques: ce qui se produit le plus sou-vent avec ba 'voir', fa 'couper', anda 'autrement dit', et ta 'vraiment '.

    La voyelle finale d'autres mots tombe assez souvent devant la voyelle initiale d'un mot suivant, alors que la chute d'une voyelle initiale n'est atteste que dans eke 'tre' et ape 'ngatif. Ces li-

  • 16 LA VARIATION

    sions n'tant pas obligatoires, nous ne les indiquons pas dans notre transcription sauf dans les exemples cits plus loin pour illustrer l'lision.

    L'lision d'une voyelle finale aprs consonne provoque un changement dans la syllabification. Toto ape 'ne pas pleurer' se syllabifie sans lision corne [to.to.a.pe], mais avec la chute de o final il est ralis comme [tot.a.ps], le t devenu final tant lgre-ment prolong.

    Dans les exemples suivants nous mettons entre parenthses les voyelles susceptibles d elision:

    Lo (e)ke (a)pe. S bongo t(i) la ma. Mbi tene n(a) la k. mbni a(e)ke lnd() nde. Tongan(a) la kono awe ... Mbi b(a) ()pe.

    'Il n'est pas l'. 'Ces vtements-l sont eux'. 'Je l'ai dit vous tous'. 'Les autres vont partir plus tard' 'Quand ils seront grands . . . ' 'Je ne vois pas'.

    3. l'intrieur du mot, on trouve plusieurs sortes de varia-tions. En ce qui concerne les consonnes, l'alternance des pho-nmes 1 et r est atteste dans certains mots seulement, dont les plus importants sont:

    la 'ils/elles' sukula 'laver' bara 'saluer' gal 'march' li 'tte' koli 'homme' nzala 'faim' wle 'femme' ngr 'prix' kobla 'maladie' sra 'faire' mreng 'enfant'

    Chez certains, surtout chez ceux qui parlent une langue du groupe gbaya, il y a alternance entre les sries sourdes et sonores :

  • 17 LA VARIATION

    dans certains mots, p peut remplacer b, ou vice versa, et ainsi de suite.

    Sans qu'on puisse les attribuer l'influence d'une autre langue quelconque, on trouve des alternances entre les phonmes sono-re, mi-nasal, et nasal d'un seul ordre articulatoire : ces alternances caractrisent les mots lge/lnge 'chemin', maboko/mamboko 'main', zeme/zembe 'couteau', mbunzu/munzu/muzu/bunz 'Europen'.

    Devant la voyelle u, la laryngale h alterne avec w dans hu 'res-pirer', hunda 'demander', et hunzi 'achever'. Dans les mmes mots, h alterne parfois avec zro: par exemple, unda. S'il est prcd d'une voyelle antrieure ferme, un y d'appui peut se dgager; on entend donc [mbiyundalo] pour mbi hunda lo 'je lui demande'.

    4. Les alternances les plus frappantes sont sans doute celles qui s'oprent entre les voyelles buccales (c'est dire, non-nasali-ses). Dans certains mots, une voyelle alterne avec une autre, soit de la mme articulation et d'un degr d'aperture voisin, soit du mme degr d'aperture et d'une articulation diffrente, selon le schma suivant, o les flches indiquent les alternances possi-bles:

    S A M A R I N , S A N G O 2

  • 18 LA VARIATION

    Assez curieusement, on trouve parfois des mots o une voyelle est caractris par une alternance, alors qu'une autre voyelle de la mme qualit dans le mme mot, reste constante.

    Les tables suivantes ne prtendent pas tre compltes; on ne saurait pourtant trop insister sur le fait que ces alternances carac-trisent des inventaires limits, et non pas tous les mots de la langue:

    s'entendent avec i ou e: d 'nomnjer' yi 'vouloir', pika 'frap-per', bal 'dix', lingbi 'pouvoir', sse 'terre'.

    s'entendent avec e ou e: de 'rester', ngr 'prix', kt 'petit', lge 'chemin', mbni 'quelque', vek 'gombo'.

    s'entendent avec o ou o: gb 'saisir', kobla 'maladie', gozo 'manioc', kli 'homme', kbe 'nourriture', diko 'compter'.

    s'entendent avec o ou u: bngbi '(se) rassembler', ngunz 'feuilles de manioc', kusra 'travail', lnd 'se lever', ngo-nda 'brousse', makunzi 'chef, luti 'se lever'.

    s'entendent avec i ou u: bngbi '(se) rassembler', yy 'ciel'. s'entendent avec a ou e: ma 'entendre', ape (ou epe) 'ngatif,

    oman 'six', semb (ou samb) 'plat'.

    Un petit nombre de mots se prsentent avec plusieurs voyelles diffrentes, par exemple:

    Une voyelle en contact avec r subit souvent une lision, en-tranant avec elle parfois le r: r() 'nom' sr(a) 'faire', tar() 'an-

    mafuta/mafata/mafota pek/pek/pi ko/pok/poko r/iri/r sambila/sambla/sambula

    'huile' 'dos' 'nom' 'prier'

  • 19 LA VARIATION

    ctre', dor(o)ko 'abattre (des btes de boucherie)', mbmmbm/ mbimbm/mbnmbn 'droit', ndpr(r)/ndpr/ndpr 'matin', k5t(5)r6 village', giri(ri) 'jadis', ki(r)i 'retourner', kir(ijkir(i) 'tordu'.

    Nous avons dj parl (chapitre 1.3) de l'lision de i dans z/a 'poser' et sioni 'mauvais'; il en rsulte les formes z() et sont.

  • CHAPITRE 3

    L'INTONATION

    1. La chane parle est caractrise dans la plupart des lan-gues par des traits tonals, accentuels, et rythmiques. Il en va de mme pour le sango, o ces traits jouent un rle syntaxique. Ils dfinissent les limites des propositions et des phrases. Comme on verra au chapitre 14, la phrase sango est difficile dfinir, et nous avons affaire ici l'un des rares critres valables.

    Nous donnons ici deux exemples de phrases o le rapport en-tre les propositions est fourni uniquement par ces morphmes suprasegmentaux, l'intonation et la pause, marques respective-ment par un symbole entre parenthses et par une virgule ou un point.

    Mo eke ng kotoro ape ( J), mo g tn m aso mo ( J ), mo toto.

    Hmga ape ( ), lo goe bin.

    'Si vous n'tes pas au village, vous arrivez et cette nouvel-le vous afflige, donc vous pleurez'.

    'Peut-tre qu'il est parti hier'.

    2. Il convient de distinguer la pause terminale de la pause non-terminale.

    La premire indique la fin d'un nonc; elle est caractrise par:

    l'absence de traits non-terminaux; la prsence de certains contours d'intonation (voir section 3

    de ce chapitre);

  • L'INTONATION 21

    sa dure relativement longue; l'amussement d'un ton bas final, ou la baisse d'un ton haut; la hausse des premiers tons de l'nonc suivant.

    La prsence d'un faisceau de ces traits est, on l'a dit, l'un des cri-tres de la dfinition de la phrase.

    La pause non-terminale est caractrise par:

    une lgre hausse du ton pendant la ralisation de la dernire syllabe avant la pause, parfois accompagne d'une lgre oc-clusion glottale; ou la lgre baisse d'un ton haut; ou un al-longement de la voyelle sans changement de ton ;

    sa dure relativement courte ; l'absence de traits terminaux.

    La pause non-terminale peut se prsenter aussi bien une jonction syntactique qu' un point o l'interlocuteur hsite. Dans ce dernier cas, videmment elle n'a pas de fonction lin-guistique.

    Elle accompagne diverses units syntactiques; parmi elles, une proposition dpendante en protase:

    Tongana mo sra tongas 'Si tu ne fais pas ainsi, tu t'ex-pspe, la k mo eke wara poses sans cesse de nou-malade. velles maladies'.

    ou les lments d'un enchanement verbal :

    Ad r t lo, lo yi da ape. 'Il l'a appel, mais il n'a pas rpondu'.

    On la trouve aussi avant une proposition dpendante, introduite par tene, par exemple:

  • 22 L'INTONATION 22

    Mbi tens, mbi gi kk ti yoro 'J'ai dit: Je cherche un bton da. pour l'y enfoncer'.

    ou aprs une locution protactique (voir chapitre 12):

    Na kotoro ti mbi, mbni dodo 'Chez moi il y a une sorte de aeke. danse'.

    Quand on la trouve aprs un connecteur, entre un sujet et son prdicat, ou entre les lments de la locution verbale, la pause non-terminale est probablement sans fonction.

    Nous avons fait allusion plus haut des contours d'intonation qui accompagnent la pause terminale. Nous en relevons six, mais notre liste n'est probablement pas complte.

    Une hausse prolonge du ton de la dernire syllabe est une marque d'interrogation. On la trouve dans des phrases qui ne contiennent pas de mot interrogatif, ou avec un mot interrogatif pour solliciter la rptition d'un nonc prcdent: Mo vo awe? 'Tu en as dj achet?'.

    Le ton de la dernire syllabe peut baisser, puis remonter. Ce contour peut avoir une fonction interrogative, mais il parat indi-quer aussi le sarcasme ou une politesse hypocrite : Nd ti tiri ni aeke y sol 'Alors, pourquoi est-ce qu'on se bat ici?'.

    Le ton de la dernire syllabe peut galement monter, puis baisser. Dans une affirmation, ce contour marque l'insistance; dans une question, le sarcasme ou un manque d'intrt: Yor ti nganga ti la so, azia da, fad mo ngb zo? 'Leur ftiche nga-nga, s'ils le mettent l, conserveras-tu ton moi?'.

    Un autre contour parat tre rserv la formule de bienvenue: Mo eke sng.? Tu vas bien?'. En comparant cette forme celle d eLo eke sng. 'Il va bien', phrase affirmative, on constate que les tons de sng sont nettement plus hauts dans la premire.

  • L'INTONATION 23

    La distinction entre la phrase non-verbale Tongas ma 'C'est comme a' et sa forme interrogative est assure par un autre con-tour particulier. L'affirmation cite plus haut est caractrise par les traits terminaux cits la section 2; avec une fonction inter-rogative, cette phrase n'est marque d'aucun de ces traits, sauf de la pause, prolonge.

    Pepe/ape, 'ngatif,' s'ajoute une question pour donner tantt le sens de 'n'est-ce pas?' tantt une connotation exclamative. 11 subit alors une hausse de ses tons bas, qui s'approchent du regis-tre moyen.

    Puisque la reprsentation de ces contours poserait des pro-blmes typographiques, nous l'cartons de nos exemples. De la ponctuation on dduira leur prsence.

    3. L'accent d'intensit ne joue ni un rle contrastif, comme en anglais, ni un rle grammatical. Il a une fonction expressive n'ayant aucun rapport fixe avec l'intonation, et pouvant frapper tous les mots, quelle que soit leur classe. Il peut porter sur une monosyllabe; c'est gnralement la deuxime syllabe des mots plus longs qui le porte, sauf dans le cas de pepe, qui peut tre ac-centu sur les deux syllabes:

    Mbi tens 'vene ape! 'Je n 'ai pas menti!' Mo r zo titene la g atoto 'Tu appelles les gens pour

    lo 'na mo. qu'ils viennent le pleurer pour toi'.

    L tongas / na mbunzu, i 'goe.

    ' l'heure que nous avons, les Blancs et moi nous sommes partis'.

    En outre, dans le cas de pepe, le ton est parfois altr.

  • 24 L'INTONATION 24

    4. Il convient de mentionner que certaines personnes qui ont subi l'influence du franais emploient en sango des contours d'intonation plutt caractristiques du franais. Ils ne paraissent avoir aucune fonction contrastive ni expressive. Dans l'exemple suivant, nous avons remarqu un accent d'intensit, accompagn d'une baisse tonale, sur la dernire syllabe : Kiring ti i Jo so, ti bing gbnda h so ( ). 'Nous venons d'arriver, aprs avoir lanc nos filets.'

  • CHAPITRE 4

    ADJONCTIFS

    1. Nous dsignons par ce terme les mots dont la fonction est surtout de modifier un lment de l'nonc. Ils correspondent donc aux adjectifs et adverbes des langues europenes; mais il serait artificiel d'imposer cette distinction au sango, o la fonc-tion d'un mot se dtermine plutt par la syntaxe que par la mor-phologie, et o l'on trouve plusieurs mots qui peuvent modifier aussi bien un nom qu'un verbe.

    C'est un trait qui entrane parfois des ambiguts: c'est seule-ment le contexte qui peut nous permettre d'interpreter Mbi eke yoro na lo pommes de terre k comme 'Je lui prpare aussi des frites,' plutt que 'Je lui fais frire toutes les pommes de terre.'

    Nous prfrons donc classer les adjonctifs selon des critres d'ordre syntaxique: la table ci-dessous montre la place occupe dans la phrase par chaque adjonctif:

    Adjonctif Pr-nominal Post-nominal Verbal Plurivalent

    nde x ndo x biak x biani x bingb x - - -bub x da x dong yongro - - x -fad x fades x fini x - - -

  • 26 ADJONCTIFS

    Adjonctif Pr-nominal Post-nominal Verbal Plurivalent

    gb X gbnd - X ge - - X & - _ X hiD - - X Jta kt X X X kirikiri X X k . X X kt X X kzo X X kpingba X kpittkphi _ X kp - _ X mbakto X mbni X X mbirimbiri - X mtngi - X X nd - X X nduru X - X ng - X X ngang X - X ngbr X

    X

    ngbii - - X ni - X nombres - X X nzoni X . X ks - X X ko - X X pendere X - X sng X X X sioni X - X so - X . ta _ x tr - - X tongas - X X -'veni - X X vok X - _ vuru X

  • ADJONCTIFS 27

    Adjonctif Pr-nominal Post-nominal Verbal Plurivalent

    wa x yekeyeke - - x -y - x - -yongro x - x -

    2. Le terme 'pr-nominal', employ ci-dessus, signifie vi-demment que l'adjonctif se place devant le nom qu'il modifie. Les adjonctifs pour lesquels cette position est prdominante sont:

    bingb ngang 'dur' bb 'stupide' ngbr fini nzoni 'bon' kt pendere 'jeune, beau' kt sng kzo sioni kpingba vok 'noir' mbakro vuru 'blanc' mbni yongro nduru

    Nous avons traduit ci-dessus seulement ceux qui ne sont pas illustrs ci-dessous:

    Lo eke bingb yma. Mbni da agbi na fini

    ktr.

    Mbi kpo na kt kt yama.

    la sra kt w da.

    'C'est une bte brune'. 'Une (certaine) case brlait

    dans le nouveau quartier'. 'Avec cela je tue des petites

    btes'. 'Ils y ont allum un grand

    feu'.

  • 28 ADJONCTIFS

    Kzo yl ni... .. .si lo te kplngba kbe.

    Mbnl mbakoro wale aeke. Mo tene ng gl nduru tn. Lo lng tl lo na ngbr da. la eke tl la glsng zo.

    Mbnl sionl kobla asra -mbnlzo 6ko ko.

    Tongana lo si na yongro lge...

    'La premire chose...'. ' . . .puis il mange un repas so-

    lide'. 'Il y avait une vieille femme'. 'Tu n'as qu' parler un peu'. 'II couche dans la vieille case'. 'Eux, c'taient des gens sans

    importance'. 'Une certaine maladie grave

    afflige un petit nombre de personnes'.

    'Lorsqu'il arriva sur un chemin lointain . . . ' .

    Pourtant, kt, kt, pendere, sng, et vok, semblent se pla-cer indiffremment avant ou aprs le nom modifi: G/ ngunz sng si lo to s 'Rien que les feuilles de manioc, c'est tout ce qu'elle cuit'.

    Tous les adjonctifs pr-nominaux peuvent avoir une fonction substantivale quand ils sont suivis de ni; d'ailleurs, kt, bub, kz, mbnl, ngang, nzoni, sng, sioni, vuru, et yongro peu-vent avoir cette fonction sans ni:

    Sioni ni la... 'Le mal est cec i . . . ' . Ay tl mrngo mbnl, mbnl 'Ils voulaient en teindre quel-

    agbl na mbge. ques-uns, d'autres se sont al-lums ct'.

    On aura remarqu que quelques-uns de ces adjonctifs mbnl, nzoni et sionl se terminent par la syllabe -ni qui appa-rat ailleurs comme un mot indpendant. Ce sont sans doute des

  • ADJONCTIFS 29

    mots composs; mais l'poque actuelle, sio et nzo se trouvent seulement dans le langage des missions, alors que mb apparat dans, par exemple, mb ngu 'l'autre cte de la rivire', et proba-blement dans mbge 'cte', o son sens est assez loign de celui de mbni Nous trouvons prfrable, donc, de considrer mbni, nzoni, et sioni comme des mots simples prfrence qui est renforce par le sioni ni de l'exemple cit plus haut.

    Les adjonctifs pr-nominaux peuvent aussi fonctionner com-me complments copulatifs des verbes eke et ngb 'tre', et g 'devenir' :

    Mo eke buba mingi. 'Tu es trs stupide'. Mbi g pendere koli na Rafai. 'J'ai grandi Rafai'.

    On aura remarqu (voir table, chapitre 4.1) que kt, kzo, mbni, ngang, nzoni, sng, et sioni peuvent modifier aussi un verbe.

    3. Les adjonctifs post-nominaux forment un inventaire plus restreint:

    k 'tout' oke mingi s 'ce, cela' nd tongas ng 'veni 'mme' ni wa 1 . nombres y J quoi. oko 'un

    La plupart apparaissent dans les exemples suivants:

  • 3 0 ADJONCTIFS

    Tongana ngarag ni aba yama na ti ti zo s, na la te ne, m na mbi yama ni.

    Lo y? ngu na peko ni. Mo eke na nginza ni mingi? L ti kbe nd nd aeke.

    Amu na mbnizo nd. Tere ng lo fa yk awe.

    zo oke ayi tig?

    Mar ti zo tongas, iyia na y ti kotoro ti i pepe.

    K, mingi, ni, oke, s, y, fonction de substantifs:

    Cke ag biri.

    K, mingi, nd, ng, oke, et verbe :

    Awe k. Lo sra ti lo nd. I sra tongas giriri.

    Ng et tongas se prsentent (voir chapitre 12).

    'Quand les initis ngarag voient une bte entre les mains de ces gens, alors ils disent: Donnez-moi la bte!"'

    'Aprs quoi il a bu de l'eau'. 'Tu as beaucoup d'argent?' 'Il y a diffrentes sortes de

    graines'. 'Il l'a donn un autre'. 'L'araigne aussi avait fait un

    jardin'. 'Combien de personnes veul-

    ent venir?'. 'Des gens comme a, nous

    n'en voulons pas dans notre village'.

    et les nombres peuvent avoir une

    'Combien sont venus hier?'

    tongas peuvent aussi modifier un

    'Tout est fini'. 'Lui, il le fait autrement'. 'C'est ainsi que nous le

    faisions autrefois'.

    parfois en tte de la proposition

  • ADJONCTIFS 31

    On peut supposer que tongas est un mot compos; mais to-nga n'est pas attest, et nous voyons pas de rapport smantique entre tongas et tongana (voir chapitre 5.10). Puisqu'il serait im-possible d'attribuer un sens tonga, on est oblig de renoncer voir dans tongas et tongana, l'heure actuelle, des composs.

    Ni

    Ni s'emploie avec une valeur adjectivale ou pronominale. En prsence d'un nom il sert d'anaphorique ou de restrictif, et par cela ressemble l'article dfini des langues europennes dans certaines de ses fonctions; il rattache ainsi le nom qu'il modifie un objet dont on a dj parl. Sa prsence n'exclut pas l'emploi ni du dmonstratif s ni celui de mbnl:

    Mo wara pendere bongo 'O as-tu trouv cette belle ni s na ndo wa. robe ?'

    Auto afa mbnl mreng ni. 'Une voiture avait cras un enfant'.

    En ralit, les facteurs qui rgissent la prsence et l'absence de ni sont plus compliqus que cette tude ne le fait paratre: nous n'en donnons qu'un rsum.

    NI accompagne obligatoirement le nom dans un complment circonstanciel non suivi d'un autre complment:

    Na nd ni, la m mbnl tm.

    Mo tku na nd b ni Nd ni si mbi hnda na mo.

    'Aprs cela, ils prennent des pierres'.

    'Tu le verses dessus'. 'C'est pourquoi je te de-

    mande'.

  • 32 ADJONCTIFS

    Il en est gnralement de mme pour un verbe nominalis (voir chapitre 6.3) sans complment: Mo eke na tn ti tnng ni mingi Tu as beaucoup dire'.

    Certains adjonctifs, employs avec une fonction substantivale, sont suivis, eux aussi, de n/(voir chapitre 10.4).

    Par contre, quand ni et un autre adjonctif post-nominal modi-fient un nom, ni suit immdiatement le nom: la to mbed\ni k gi na direction s 'Envoyez toutes les lettres la direction'.

    Dans une locution substantivale o deux substantifs sont re-lis par ti (voir chapitre 10.2), ni se place toujours la fin, qu'il modifie le substantif principal ou son complment:

    Wle ti lo ni 'Sa femme' (ni modifie wl) Yor ti kobla ni 'Un mdicament contre la

    maladie' (ni modifie kobla)

    Ni dans ses emplois pronominaux peut reprsenter un tre ou une chose; mais dans ce dernier cas c'est presque toujours aprs le connecteur na : la m ko ti mreng ni, la goe na ni 'Ils ont pris le cadavre de l'enfant et l'ont emport'. Toutefois, on trouve parfois ni comme complment d'un verbe pour reprsenter une chose : Koa k, fad la kp ni pp 'Ils n'auront peur d'aucune sorte de travail'.

    C'est dans les citations que ni s'emploie le plus souvent avec une valeur pronominale. Il y remplace souvent les pronoms per-sonnels, et permet surtout de distinguer entre deux substantifs de la troisime personne :

    Wle s atne, ni eke na mbni ko na y ti da ti ni.

    'Cette femme a dit qu'elle n'a-vait qu'un seul (enfant) dans sa case'.

  • ADJONCTIFS 33

    Te re atene na lo, mo lingbi d plka ni?

    'L'araigne lui a dit: "Peux-tu me battre?"'

    Quand ni reprsente le sujet de la citation, il a souvent un ton bas; nous ne transcrivons pas cette particularit.

    Dans l'expression fixe, m la (voir chapitre 8.1), la valeur de m est impersonelle, et plus ou moins semblable celle de ce dans c'est bien.

    Les nombres s'emploient comme les autres adjonctifs post-no-minaux; s'ils peuvent recevoir une valeur substantivale, cet em-ploi est plutt rare.

    Le systme numrique est dcimal; les nombres levs sont de construction syntactique:

    1 ko 2 ose 3 ot 4 osi 5 uku 6 oman 7 mbsmbr 8 miombe 9 ngomby

    10 bal ko 11 bal ko na (nd ni) 5ko 20 bal ose 21 bal ose na (nd ni) ko

    Nombres

    S A M A R I N , SANGO 3

  • 34 ADJONCTIFS

    100 ngbangbu (ko) 1000 ngbangbu bal ko; kutu 2000 ngbangbu bal ose 1031 ngbangbu bal ko na (nd ni) bal ot na ko

    Le systme montaire ncessite quelques remarques sup-plmentaires: ceux qui ont une bonne connaissance du franais expriment en franais la somme accompagne du mot franc; alors que la plupart des gens emploient^comme unit de base le pta de 5 francs. 'Dix francs' devient alors pta ose; 'mille francs' est exprim soit par ski ('sac'), soit par pta ngbangbu ose. Si le chiffre n'est pas divisible par cinq, on ajoute le reste en em-ployant le mot franc, sous le forme gnralement de [farnga]: Ski ko na (pta) ngbangbu ko na nd ni bal ko na ot na fa-rnga ko 'Mille cinq cent soixante-six francs'.

    Le mot ko a plusieurs emplois spciaux qui nous incitent le classer part. Il peut renforcer la marque du ngatif pepe:

    Tr ni aeke na y ti 'Il n'y a point de revenants ngonda ko pepe. dans la brousse'.

    Il a parfois le sens de 'seul':

    Lo goe, lo ko, na li ti ht. 'Il est mont tout seul au sommet de la montagne'.

    ou de 'ensemble':

    I te kbe ko. 'Nous mangeons ensemble'.

    II se trouve aussi dans les locutions fixes la ko et lge ko:

  • ADJONCTIFS 35

    Mbni la ko l tl lo ose k aeke so lo.

    ABanda na Nzakara, la eke lge ko.

    'Un jour il a eu mal aux yeux'.

    'Les Banda et les Nzakara sont pareils'.

    S

    S est surtout dmonstratif, mais a aussi d'autres emplois. Il sert former des locutions substantivales valeur relative;

    mais aucun critre morphologique ou syntactique ne nous per-met de parler de propositions (ou de pronoms) relatives, dans le sens o ces termes s'emploient dans les langues europennes. Nous nous contentons de parler de l'emploi relatif de s, o nous trouvons une locution substantivale suivie d'une proposi-tion qui la modifie. S fait partie de la locution substantivale, et non de la proposition qui suit: Zo s ahinga mbti... 'Une per-sonne qui sait lire . . . ' . Or, ce mme groupe de mots pourrait fonctionner en toute autonomie, avec le sens: 'Cette personne sait lire'. Ce n'est que le contexte qui permet de l'interprter comme une construction relative un lment subsquent ou antrieur, par exemple: Mbi hinga mbni zo s ahinga mbti 'Je connais quelqu'un qui sait lire'. La construction relative peut avoir des rapports divers avec le reste de l'nonc. Elle peut en tre le sujet:

    mbni wle s amu kli... 'Certaines femmes maries

    Mbi s, mbi eke mar ti Zande 'Moi qui suis Zand . . . '

    Dans ce cas le verbe est prcd du prfixe-sujet a- ou plus ra-

  • 36 ADJONCTIFS

    rement d'un pronom. La locution relative peut tre l'objet, com-me dans le premier exemple cit et dans le suivant: Yma s mbi fa . . . 'La bte que j'ai tue . . . ' . Elle peut jouer aussi des rles complmentaires divers par exemple possessif:

    Mbni ngambe ti mbi s r ti 'Un de mes cadets qui s'appel-Io aeke . . . le . . . '

    ou temporel:

    Na la ni s mbi goe na ni... 'Au moment o je suis parti avec cela . . . '

    S se trouve dans sa fonction pronominale, le plus souvent comme sujet d'une proposition, qui peut tre verbale ou non. Sa valeur dmonstrative est alors plus ou moins affaiblie: S amu vundu na mbi mingi 'Cela me donne beaucoup de chagrin'. Quand il reprsente un autre lment de l'nonc, cette valeur ressort plus nettement: Mbi yi s pepe 'Cela ne me plat pas'. Quelle que soit sa fonction syntaxique, s reprsente presque toujours une chose.

    S peut jouer aussi un rle expltif. On le trouve souvent aprs les connecteurs ngbangati, teneti, et tongana (voir chapitre 5) quand ceux-ci prcdent une proposition. Il n'ajoute rien au sens, et son emploi dans ce contexte n'est pas obligatoire; suivi souvent d'une pause, il n'est jamais accompagn d'une intona-tion montante:

    I wara nginza ngbangati s i 'Nous avons reu de l'argent leke terrain. parce que nous avons con-

    struit le terrain (d'aviation)'.

  • ADJONCTIFS 3 7

    Lo goe zia la na knga tenet! 'Il les a mis en prison parce s zo akL que des gens taient morts'.

    Un autre emploi de s est celui qui introduit la protase d'une phrase complexe (voir chapitre 15.2). Il parat n'y avoir aucun rapport syntaxique avec la proposition qui suit; une amorce d'explication de son emploi est fournie par le fait qu'il s'y laisse remplacer par y!s 'cette chose':

    S mo eke goe d s/ na Bangas- 'Si tu allais jusqu' Bangassou, sou, la eke fa tn k na (tu verrais qu') ils font le yng ti Zande. prche en langue zand'.

    S ndo avok awe, lo goe na 'Quand la nuit fut tombe, elle kli s. partit avec cet homme'.

    Il y a certaines indications qu'une telle protase peut jouer seule, sans apodose, un rle exclamatif: Ka s lo hfnga mbd pepe so! 'Mais puisqu'il ne sait pas lire!'. Toutefois, une dclaration ou question de l'interlocuteur peut tre considre comme l'apodo-se:

    Mo wara nginza t! coton na y ngu s mingi?

    yama ate k awe s!

    Vo na mbi bire ma. Pta aeke na mbi ape s!

    'As-tu beaucoup gagn de ton coton cette anne?'

    ' Pas du tout, puisque les btes ont tout mang!'

    'Achte-moi une bire'. ' Pas possible, puisque je n'ai

    pas un sou!'

    On trouve dans ce dernier exemple encore un emploi spcial de s, en fin de proposition o il n'a aucune valeur substantivale

  • 38 ADJONCTIFS

    ni adjonctive. Il semble que son rle ici soit de resserrer les liens entre les membres de la proposition; il existe dans d'autres lan-gues africaines des traits analogues. Il apparat le plus souvent aprs une locution relative, ou aprs la:

    Ala ma wng s mdecin 'Ecoutez les conseils que les asks mu na la s. mdecins vous donneront'.

    NI la mbi ngb ti duti s. 'Voil pourquoi je reste assis'.

    Venf-mme"

    Cet adjonctif est crit avec ton haut initial pour montrer l'effet qu'il a sur la syllabe prcdente: elle est allonge, et son ton est hauss s'il ne l'est dj pas :

    mbi 'veni mo 'veni lo 'veni i 'veni la 'veni nginza 'veni

    [mb veni] [mo veni] [loo veni] [11 teni] [la veni] [nginza veni]

    'moi-mme' 'toi-mme' 'lui/elle-mme' 'nous-mmes' 'eux-mmes' 'l'argent mme'

    Wa et y ont, on l'a vu, une fonction interrogative. Wa se trouve presque toujours ct de zo 'personne', de ndo 'endroit' ou de l 'jour'.

    Lo eke g l wa. Zo wa si am na mo zo wa.

    'Quand est-ce qu'il vient?' 'Qui te l'a donn?'

    ou avec s, dans une phrase dans laquelle on a dj employ s :

    M na mbi yi s. S wa.

    'Donne-moi cette chose-la. ' Quelle chose?'

  • ADJONCTIFS 39

    Y, par contre, jouit d'une plus grande libert syntaxique, et par ce fait est plus frquemment attest. Il peut, par exemple, avoir une fonction substantivale: Mo tene y 'Qu'est-ce que tu dis?' C'est avec les connecteurs tongana, ngbangati, et tenet! (voir chapitre 5) qu'on le rencontre le plus souvent:

    Mo d r t! lo ngbangatfy. 'Pourquoi l'appelles-tu?' Fad la sra tongana y. 'Qu'est-ce qu'ils vont faire?'

    Tongana y peut exprimer aussi l'incrdulit: Mo tene aeke t! mo tongana yl 'Comment, c'est toi!' Finalement, y a un em-ploi qui n'est pas interrogatif: la fin d'une liste d'objets, il a le sens de 'n'importe quoi' ou de 'et caetera': Angunz, gozo, y. K aeke. S k kbe t! yk 'Manioc, feuilles de manioc, et le reste. Il y a tout cela. Ce sont tous des produits des champs'.

    4. Les adjonctifs verbaux s'insrent le plus souvent dans la locution verbale. Ce sont les mots:

    nde ndo biaku 1 blani S da

    'tout fait'

    dongo yongoro 'visqueux' fad fades gb gbnd

    'vite, bientt' 'maintenant' 'en vain' 'dans l'avenir'

    ge h!o

  • 40 ADJONCTIFS

    k kirikiri kpitikpiti kp mbirimbiri ngbii ta r yekeyeke

    'tordu; partout'

    'droit, exactement' 'quelque temps' 'intensment (blanc)'

    Les exemples suivants donneront une'ide du sens des adjonc-tifs non traduits ci-dessus:

    Fad i ba nd ni nde.

    la sra ndo sioni yi mingi na i.

    Mo tuku kpt ti krk s da.

    Mbi sra ngu ose ge. Mbti ni aeke si na i ge hio

    pepe. Lo si k awe. Bi ni a vu kpitikpiti. I eke nrn ndc kitir! yckcyc-

    kr.

    'Nous en verrons la suite un de ces jours'.

    'Autrefois il nous ont fait beaucoup de mal'.

    'Tu y mets ce pte d'arachi-des'.

    'Je suis ici depuis deux ans'. 'Les lettres ne nous parvien-

    nent pas vite ici'. 'Il est dj arriv l'. 'Il faisait trs noir'. 'Nous allons construire le pays

    peu peu'.

    Mbirimbiri est le seul de ce groupe figurer parfois avec une valeur substantivale; et seuls quelques cas douteux suggrent que ge, k, et kirikiri peuvent parfois modifier un nom.

    Biani et son synonyme biaku se trouvent parfois en tte de la proposition: Na biani, mbihinga s 'Et effectivement, je le sais'.

  • ADJONCTIFS 41

    Fad s'emploie aussi comme la marque du futur des verbes (voir chapitre 9.1). Fad et fades sont probablement apparen-ts; mais il ne subsiste aucun rapport smantique entre eux. (Voir cependant fad fad 'trs vite'.)

    Ngbii prsente plusieurs variantes. La voyelle peut se prolon-ger volont, et l'on trouve aussi la forme ngbingbi et mme plusieurs rptitions de la syllabe ngbi-. Ce mot prsente d'ail-leurs la particularit de pouvoir fonctionner comme une propo-sition non-verbale: . . . ngbii; mbni la, mbi tene na lo ... 'Un certain temps (a pass); puis un jour je lui ai dit . . . ' . Le mot franais jusqu' est parfois utilis dans le mme sens. Prononc le plus souvent [zsuka], il s'emploie en remplacement de ngbii ou avec lui: Mo sra kbe ngbii jusqu' . . . 'Tu continues prparer manger pendant un certain temps'.

    La valeur smantique de kpitikpiti et de tr ncessite une re-marque: les deux mots sont l pour renforcer, mais le premier renforce l'ide d"tre noir', alors que le second renforce celle d"tre blanc'. C'est un trait qui rapelle les mots dits 'idophoni-ques' de nombreuses langues africaines.

    5. Les adjonctifs plurivalents n'ont jamais une fonction sub-stantivale.

    Gi modifie un nom :

    Mbi te gi ngunz la k. 'Chaque jour je ne mange que des feuilles de manioc*.

    ou un pronom :

    Ar gi mo.

    ou, plus rarement, un verbe:

    Aekegihnda lo. 'Ils ne font que le dvoyer'.

    'C'est toi qu'ils appellent'.

  • 42 ADJONCTIFS

    ou une locution introduite par un connecteur:

    MD dud gi tongas. 'Tu ne fais que rester assis

    Mbi wara gi kt kt. Ng ni aeke gi osi.

    comme a. 'Je nJen ai reu que trs peu'. 'Il n'y avait que quatre piro-

    gues'.

    Gi est trs difficile traduire exactement, et nous craignons d'avoir fauss le sens de ces phrases. Il est probablement vrai d'affirmer que gi insiste sur ce qui existe plutt que d'carter ce qui n'existe pas. De ce fait, on s'apercevra d'un chevauchement de sens entre gi et ta.

    Ta s'emploie avec un nom :

    Ta yng ti mbi aeke Zande. 'Ma vraie langue, c'est le zan-

    qu'ils ont fait du mal',

    ou avec une locution introduite par un connecteur:

    d'.

    ou avec un pronom :

    Abuba ta i biani. 'Effectivement c'est nous

    Mbi wara ta na 18 avril. 'C'est justement le 18 avril que je l'ai reu'.

  • CHAPITRE 5

    CONNECTEURS

    Le terme de 'connecteurs' englobe les catgories gnralement distinctes dans les langues europennes, de prpositions et de conjonctions. Comme on verra plus loin, cette classification ne convient pas au systme fonctionnel du sango, o les connec-teurs expriment les rapports les plus divers, entre noms, adjonc-tifs, verbes et propositions.

    Les mots que nous analysons comme des connecteurs sont:

    Le tableau suivant rsume les contextes o ils se trouvent:

    1. anda 2 . ka 3. mais 4. na

    5. ngbangati 9. titene 6. teneti 10. tongana 7. si 8. ti

    11. waa

    nom et nom nom et adjonctif nom et verbe verbe et nom verbe et adjonctif verbe et proposition verbe et verbe adjonctif et adjonctif adjonctif et nom proposition et propostion locution protaxique et proposition initiale de phrase finale de proposition initiale de locution

    1 2 3 4 5/6 7 X X

    8 9 10 11 X X X X X X X X X X

    X X X X

    X X X

    X X X X X X X

    X X X X X X X X X X

    X X X X

  • 44 CONNECTEURS

    1. Anda (qui a une variante kanda) a un sens adversatif: il oppose la proposition qu'il prcde une construction antrieu-re, dans la mme phrase, ou dans une autre phrase, mme non-ce par un interlocuteur:

    Mbi goe ti pika lo, anda 'Je suis all l'abattre mais lo kui awe. il tait dj mort.'

    Anda mo lungula tongas ma! 'Alors, c'est comme a qu'on l'ouvre!'

    2. Ka, qui est plutt rare, s'emploie dans deux sens distincts. Il peut introduire l'apodose d'une phrase conditionnelle, la pro-tase tant introduite par (ka) tongana ou par zro, ou tant impli-cite:

    Ka, tongana adu mbunzu pepe, ka l'heure s mbi kui ti mbi awe.

    Tongana adu i, ka i sra nzoni yi mingi.

    Wle ti mbi aeke na ktr, ka mbi na wle ti mbi i causer.

    'Si ce n'taient les Blancs, je serais dj mort, moi'.

    'S'il s'agissait de nous, nous fe-rions beaucoup de bonnes choses'.

    'Si ma femme tait ici au villa-ge, elle et moi nous pour-rions causer'.

    Ka a aussi un emploi exclamatif: on le trouve dans des phrases ngatives, o il parat renforcer l'ide ngative ou souligner la nature surprenante du fait exprim. Il peut s'intgrer faire une proposition verbale ou non-verbale:

    Ka ita gi ni la ape! 'Mais ma sur, ce n'est pas a du tout!'

  • CONNECTEURS 45

    A. Igoe na gala o. A. 'Allons au march. B. Ka la ku mbi k. B. Malheureusement on m'at-

    tend l-bas'.

    3. Mais, videmment emprunt au franais, runit deux pro-positions, qui peuvent tre verbales ou non-verbales. Ces propo-sitions semblent tre indpendantes: on ne trouve pas, par example, de cas o awe (voir chapitre 9.4) ou pepe (voir chapitre 8.1) modifient la phrase entire. Ce fait rappelle la fonction de mais en franais: toutefois les termes ne doivent pas tre consi-drs comme identiques, mais en sango pouvant aussi bien avoir un sens adversatif qu'additif (o il ressemble na, voir plus loin), et pouvant tre suivi d'un autre connecteur:

    Na kak ti giriri kli afa yk, mais wle afa yk pepe.

    Mbni kli ti Banana ko aeke. Mais lo ba ndo pepe.

    Na ngonzo asra mbi mingi pepe, mais ngbangati mbi ngb mreng.

    'Au temps de nos anctres c'taient les hommes qui faisaient des jardins, mais les femmes n'en faisaient pas'.

    'C'tait quelqu'un qui venait de Banana. Et il tait aveu-gle'.

    'Et je ne me suis pas beaucoup fche, parce que j'tais tou-jours jeune'.

    Mais au dbut d'un nonc a sa valeur adversative, rappelant un nonc antrieur:

    A. Mo prier gi na Nzap, A. 'Tu n'as qu' prier Dieu, awe. c'est tout.

  • 46 CONNECTEURS

    B. Mais ka, la k mbi eke B. Mais ma sur, je le prie prier. tous les jours'.

    Une pause peut intervenir aprs mais; si elle s'accompagne d'une intonation montante, elle renverse le caractre adversatif du connecteur.

    4a. Na est d'un emploi frquent c'est pourquoi il est diffi-cile de lui attribuer un sens bien dfinj. Selon le contexte on peut y voir les ides de proximit, d'addition, de lieu, de temps, d'objet indirect, de manire, etc. Certains exemples de na, d'ail-leurs, semblent chevaucher ces catgories, et l'on trouve mme des cas ambigus.

    Dans les exemples que nous citons, il y a parfois plusieurs na; dans ce cas le na dont il est question est en caractre gras.

    Na s'emploie comme coordonnateur ou comme surbordina-teur. Il coordonne deux ou plusieurs propositions, locutions ver-bales en ti, ou locutions substantivales. Son sens est alors gnra-lement additif.

    Comme surbordinateur, il introduit le complment d'une lo-cution verbale (voir chapitre 11); une locution protaxique (voir chapitre 12); ou le complment d'une proposition non-verbale.

    Nous relevons un certain nombre de cas o na pourrait tre omis dans une locution subordonne, sans aucun changement de sens:

    Lo sra (na) i tn. 'Il nous a parl';

    et d'autres o il n'a aucune raison d'tre:

    la k na mbi na la ti 20 'Il m'ont attendu le 20 juin'. juin.

  • CONNECTEURS 47

    4b. Les locutions nominales coordonnes par na sont de di-verses sortes: deux pronoms:

    Mo na lo la dut1 tl causer. Toi et lui, vous tes assis pour causer'.

    Un pronom et une locution nominale:

    Mais nzala ti la si asra mbi 'Mais c'est le dsir de vous voir na wle ti mbi. qui nous anime, ma femme

    et moi'.

    Deux locutions nominales:

    Aeke sra ngu na ngu? 'Est-ce qu'ils le font tous les ans (litt. 'an avec an')?'

    La squence 'locution nominale + na + pronom' est rarement atteste.

    Quand plusieurs locutions substantivales sont coordonnes, on trouve tantt na chaque joncture, tantt son omission spo-radique.

    Parfois un autre lment intervient entre la premire locution coordonne et na, un adjonctif par example: Mbi bara mo mingi na famille k ng. 'Je te salue cordialement, et toute la famille aussi'.

    Quand les locutions sont toutes subordonnes ti, cet lment peut se prsenter avec toutes les locutions, ou plus sou-vent avec la premire seule: Mam ti Pierre na Jean. 'La mre de Pierre et de Jean'. Si une ou toutes les locutions sont pronomi-nales, ti ne se rpte pas.

  • 48 CONNECTEURS

    On trouve parfois na subordinateur avant deux locutions no-minales, elles-mmes coordonnes par na. Le premier na subor-donne alors le groupe entier: Lo eke na baba na mam pepe. 'Il n'a ni pre ni mre'.

    Nous avons relev un cas exceptionnel, o les lments coor-donns par na sont une locution verbale et une locution nomi-nale, toutes deux introduites par ti. Le nom en question exprime une action, et l'on peut considrer qu'il s'agit d'une affinit smantique: nginza ti goe na ni na wl, ti mo, na ti baptme ti mo ng 'de l'argent apporter ta femme, et pour ton baptme aussi'. Il est moins rare, par contre, de trouver deux locutions verbales introduites par ti et coordonnes par na:... ti attaquer ita ti lo na ti kamta la'... pour attaquer sa famille et la pren-dre captive'.

    Na sert aussi former des nombres complexes: ngu bal ko na uku na ot 'dix-huit ans (10 + 5 + 3)'.

    Quand na coordonne des propositions, en elles-mmes capa-bles de jouer un rle de phrase indpendante, toute dcision sur la constitution d'une phrase est dlicate; le problme est trait au chapitre 14, mais dans l'tat actuel des connaissances, la dcision est surtout subjective. On se demande s'il faudrait mettre un point ou une virgule avant na dans : la eke zo s aeke do su-mari, na la m mbni kt kbe ti goe na ni. 'C'taient ceux qui dansaient le sumri, et ils ont pris un peu de nourriture pour l'emporter.' Nous penchons pour la virgule, mais le point serait dfendable. Seules des chanes comme na tongana, et na, mais na, o la prsence ct de na d'un lment prpositionnel, comme tongas ou fades, indiquent assez clairement le dbut d'une nouvelle phrase: Na, fades, i wara mbni nzoni yi. 'Et maintenant nous avons reu quelque chose de bon.'

    Puisque des propositions se succdent dans certains circon-

  • CONNECTEURS 49

    stances sans aucun connecteur (voir chapitre 15.2), il convient de considrer quelles sortes de propositions peuvent tre coordon-nes par na.

    Quand les deux propositions ont le mme sujet, il est gnra-lement exprim dans la deuxime par un pronom personnel: K51i s amu woga s awe, na lo fa kmba na g ti woga awe. 'Cet homme a pris le cphalophe, et a coup la corde qui tait son cou'. Il est plutt rare de trouver ce deuxime sujet rprsen-t par une locution nominale, par a- (voir chapitre 8.2) ou par zro.

    Quand les propositions n'ont pas le mme sujet, celui de la deuxime proposition s'exprime gnralement par une locution nominale ou un pronom personnel:

    I commencer ti sra yl s, na 'Nous avons commenc faire zo aeke g tr ni. ceci, et les gens s'appro-

    chaient'. Mbi lingbi hnde yi ti Afrique 'Je ne peux pas te cacher les

    na mo pepe, na mo lingbi ti choses de l'Afrique, et tu ne hnde yi ti Amrique na peux pas non plus me ca-mbi ng pepe. cher celles de l'Amrique'.

    La deuxime proposition coordonne par na est parfois prcde d'une construction protaxique; la premire, dans d'au-tres cas, est introduite par tongana, qui subordonne ces deux propositions une troisime :

    Lo sukula tr ti wle s k 'Quand elle eut achev la toi-awe, na pendere wle s lette de cette femme, les mingi, la sra kbe. jeunes filles, trs nombreu-

    ses, ont prpar manger'.

    S A M A R I N , S A N G O 4

  • 50 CONNECTEURS

    Tongana mam agoe na ngonda ti m makong, na la m makong k awe, ag asi na ktr fade-s.

    'Lorsque les mres furent al-les dans la brousse ramas-ser des chenilles, et qu'elles eurent fini de les ramasser, alors elles rentrrent au vil-lage'.

    4c. Employ comme subordinateur, na introduit un com-plment, gnralement dans une locution verbale (voir chapitre 11). Ce complment peut avoir des fonctions trs diverses: effec-tivement, tout complment est introduit par na, l'exception de l'objet, du complment copulatif de eke, etc., de certains com-plments temporels forms avec la et ng, et du complment possessif introduit par ti.

    En outre, on retrouve na subordinateur dans les constructions protaxiques (voir chapitre 12) et dans les phrases non-verbales (voir chapitre 14), avec les mmes valeurs.

    Na suivi d'un nom propre ou commun, ou d'un pronom, peut avoir une fonction locative:

    la g na Kelo giriri. Tongana zo ag na mo ...

    Fad lo ngb na ngonda.

    'Ils venaient autrefois Klo'. 'Quand quelqu'un vient chez

    t o i . . . ' 'Il restera dans la brousse'.

    La mme fonction est remplie avec plus de prcision par l'emploi avec na d'un nombre restreint de noms dans des lo-cutions conventionnelles:

    na b (ni) 'au centre' (b 'milieu') na devant 'devant'

  • CONNECTEURS 51

    na gb (ni) 'en dessous' (gb 'dessous') nagigi 'au dehors' && 'extrieur') na l (ni) ' la surface' (l 'visage') na li (ni) 'sur; autour' 'tte') na mbge (ni) ' ct; prs' (mbge 'ct') na nd (ni) 'sur' (nd 'dessus') na ndo s 'ici' (ndo 'endroit') na ndzu 'en haut' (ndzu 'ciel') na peko (ni) 'derrire' (peko 'dos') na pp (ni) 'parmi; entre' (pp 'milieu') na sse 'en bas' (sse 'terre') na tr (ni) 'prs ; ct' (tr 'corps') na y (ni) 'dans' (y 'ventre') na yng (ni) 'au bord' (yng 'bouche')

    remarque que bon nombre de ces noms perdent alors leur sens littral. Certaines de ces expressions, d'ailleurs, s'emploient parfois avec une valeur temporelle: c'est notamment le cas de na peko, qui signifie alors 'aprs'.

    On verra l'aide des exemples cits ci-dessous que ces locu-tions s'emploient, soit seules ou suivies de ni, soit compltes par ti et un nom ou un pronom :

    Mbi tambla na li ni. la fa ngbanga na li ti lo

    awe. Mo kinda mbi na sse? Mo goe na peko ti lo!

    'Je marchais devant'. 'Ils ont dj jug'.

    'Veux-tu m'abattre?' 'Suis-le'!

    Certains autres mots, da 'maison', ktro 'village, pays', lge 'che-min', ngonda 'brousse', semblent tre sur le point de se lexicali-

  • 52 CONNECTEURS

    ser ainsi avec na: ces locutions, d'un emploi frquent, paraissent souvent tre considres comme des units lexicales plutt que des groupes de mots.

    Na introduit aussi des locutions qui expriment une ide ana-logue celle de l'objet indirect des langues europennes. Nous l'appelons car les deux catgories ne sont pas identiques le complment d'avantage; il complte principalement les verbes m 'donner', tene 'dire', fa 'montrer', sra 'faire', Ifngbi 'suffire', et nzere 'plaire'; d'autres verbes sont suivis plus rarement de ce complment:

    Mbi m na ndao. 'Je l'ai donn au forgeron'. Mbi sra koa na lo. 'J'ai travaill pour lui'. Alingbi na lo pepe. 'Cela ne lui a pas suffi'. Anzere na b ti mbi mingi. 'Cela me plat beaucoup'.

    Comme le complment de lieu, celui de temps est souvent exprim par une locution de convention pour plus de prcision. On emploie ainsi:

    na peko (ni) 'aprs' (pek 'dos') na nd (ni) 'aprs' (nd 'fin') na y 'au courant de' (y 'ventre')

    Na peut galement prcder directement une locution nominale dsignant une heure, une date, ou une priode de la journe:

    Fad i ba na y ti nze s. 'Nous verrons dans le courant de ce mois-ci'.

    I m g ti mo na l ni. 'Nous avons entendu ta voix ce jour-l'.

  • CONNECTEURS 53

    Mo vo rognon ni na la km. 'Achetez les rognons le soir'.

    L'ide de possession est exprime par une phrase de forme Si + (a) eke na + S2, o S^ S2, reprsentent deux substantifs. C'est gnralement le possesseur qui est reprsent par S,, mais le cas contraire est attest aussi, quoique rarement.

    On verra plus loin que ti (voir chapitre 5.8) peut marquer, lui aussi, la possession, et parfois dans les mmes contextes que na. Nous relevons donc la diffrence smantique entre:

    Bongo aeke tl lo 'Le vtement est lui',

    et

    Bongo aeke na lo 'II a un vtement'.

    (Il existe aussi la possibilit, pour le deuxime sens, de dire: Lo eke na bongo, tandis que la premire phrase cite est irrversi-ble.)

    L'ge s'exprime au moyen de cette contruction : Lo eke na ngu bal ot na nd ni miombe. 'Il a trente-huit ans'.

    Il reste plusieurs autres emplois subordinateurs de na; ils ne prsentent gure de complexit, et nous ne faisons qu'en rsu-mer les plus importants. On trouve na introducteur d'un com-plment d'accompagnement:

    Mbi eke m na mo nginza ti 'Je te donne de l'argent pour goe na ni na wle ti mo. l'amener ta femme'.

    d'un complment de manire:

    Mam ti mbi aduti gi na vu- 'Ma mre tait en deuil'. nd.

  • 54 CONNECTEURS

    (on trouve dans le mme contexte na ige ti suivi d'une locution substantivale); d'un complment de moyen:

    Lo goe gb kpoko ti yk na 'Il est all prendre la houe la mabko ti lo. main'.

    Mbi tene na la na r ti zo ti 'Je vous dis au nom de toute la k... votre peuple . . . ' ;

    *

    d'un complment que nous appelons 'rfrentiel' en l'absence d'un meilleur terme, qui se rfre un thme antrieurement exprim:

    Mo eke d'accord na mbi na 'Es-tu d'accord avec moi sur tns? cette affaire?'

    d'un complment de but, reprsent typiquement dans une phrase de construction 'sujet-verbe-matire premire-na-pro-duit': la sra w na ngf. 'Ils font avec le fer des houes'.

    Une locution introduite par na, nous l'avons dit plus haut, peut faire partie d'une construction non-verbale. Gnralement il forme le complment d'un nom, s'intgrant ainsi la locution nominale. Les catgories fonctionnelles y sont pareilles celles que nous venons de dcrire: zo ti mbi k lo s na tr ti mbi. 'Voici tout mon peuple, prs de moi'.

    Une locution introduite par na, finalement, peut constituer ou aider constituer un locution protaxique: elle est alors un com-plment smantique du verbe de la proposition qui suit, et peut remplir toutes les fonctions dcrites plus haut. Assez souvent, ces locutions sont renforces par des adjonctifs, tels tongas et fades: Fades na lge ti tongo ti wle, na Bangui (na) ndo s,...

  • CONNECTEURS 55

    'Or, pour ce qui concerne la cuisine que pratiquent les femmes, ici Bangui,..

    5. Ngbangati prsente un grand nombre de variantes phoni-ques: les deux premires syllabes se disent par example comme mbanga, ngba, mba, mbang, et mang (o dans les deux der-niers 'ng' est le son de l'anglais dans sang). L'othographe que nous adoptons reprsente la forme la moins rduite; comme ail-leurs, la graphie initiale ngb- est la reprsentation du phonme labio-vlaire mi-nasale.

    Ngbangati est sans doute un mot compos: ngbanga 'affaire, jugement, parole' + ti. Nous prfrons ne pas l'crire en deux mots, d'abord parce que ti introduirait ainsi des propositions (ce qui n'est attest dans aucun autre contexte), mais aussi et le fait nous semble dcisif parce que ngbangati est souvent spa-r d'une proposition suivie d'une pause, alors que ti seul n'est ja-mais suivi d'une pause.

    Ngbangati, qui exprime la cause ou le but d'une action, intro-duit tantt complment d'une locution verbale (ce complment peut tre une locution nominale ou verbale):

    Aeke ngbangati nginza. Mo lingbi ti k lo ngbangati

    bongo la wa?

    I fono encore ngbangati gi do-le.

    'C'est cause de l'argent'. 'Comment peux-tu le renvoyer

    pour (une histoire de) vte-ments'?

    'Nous nous sommes remis en marche pour chercher des lphants';

    et tantt une proposition, qui peut parfois constituer une phrase indpendante:

  • 56 CONNECTEURS

    Sioni yi s ahunzi awe, ngba-ngati i 'veni, i eke na y ti ktr ti L

    Lo yi kkrke, mbi eke kiri na ko a. Ngbangati mbi eke bab ti mreng fades.

    'Tout le mal a disparu, car nous sommes maintenant dans notre propre pays'.

    'S'il veut, demain je reprendrai le travail. Parce que mainte-nant je suis pre'.

    Dans les deux cas, le connecteur est gnralement prcd d'une pause, ce qui est par contre rare quand ngbangati introduit une locution nominale.

    6. Teneti, avec ses variantes tenti, teti, etc., est syntaxique-ment et smantiquement identique ngbangati. Comme son sy-nonyme, teneti est un mot compos, de tn 'affaire' et ti. Les mmes considrations qui nous ont amens traiter ngbangati comme un seul mot, s'imposent pour teneti, avec le fait non moins significatif que les tons hauts de tn contrastent avec les tons bas de teneti.

    D'un emploi moins rpandu, teneti peut remplacer ngbangati dans tout contexte:

    I kngbi teneti famille.

    Mbi sra mbti s na la teneti la m na tn ti mbi.

    'Nous l'avons partag pour la famille'.

    'Je vous cris cette lettre pour vous donner de mes nouvel-les'.

    7. Si a un sens temporel. Le sango dispose de plusieurs moyens d'exprimer une chane d'actions conscutives, que l'on peut rsumer par les formules suivantes, o A est une proposi-tion dsignant une premire action, B une action ultrieure:

  • CONNECTEURS 57

    A , s / B Tongana A, B (voir chapitre 5.10) A, na peko ni B A, (na) B

    Toutes ces constructions ont la mme valeur smantique, et des nuances ventuelles sont dues surtout au contexte.

    Si se trouve gnralement entre deux propositions: Tene na mbi kzo, si fad mbi ba mo tongana mo si nde na Bangui. 'Dis-le-moi d'avance, puis je te reverrai quand tu arriveras Ban-gui'. Mais il peut galement se trouver entre une locution pro-taxique et une proposition. Son emploi dans ce contexte serait facultatif, et n'ajouterait rien la signification de la phrase:

    zo ti sse ti Bangui k si 'Tout le monde dans la rgion amu confiance ti la na de Bangui me fait confian-mbi. ce'.

    Kzo ni si mbi sra tn na 'Avant de vous parler, je vou-la, mbi yi... drais . . . '

    Il s'emploie aussi pour introduire une proposition indpendante, tablissant ainsi un rapport entre celle-ci et un nonc an-trieur:

    A. Wng s ni mo m s 'J'ai beaucoup apprci le con-anzere na mbi mingi. seil que tu nous as fait l'au-

    tre jour'. B. Oui? 'Oui'? C. Si mbi tens 'Alors je voudrais dire

    Enfin, on trouve si la fin d'une phrase: c'est le seul connec-teur attest dans ce contexte. Cet emploi est elliptique, et il est

  • 58 CONNECTEURS

    gnralement possible de le complter par une nouvelle proposi-tion: Fa na mbi si (fad mbi hinga). 'Dis-moi alors (et je le sau-rai)'.

    8a. Ti, d'un emploi plus frquent mme que na, est aussi po-lyvalent que celui-ci, servant indiquer, entre autres choses, la possession, le lieu, le temps, le but, et l'attribution.

    Sa fonction est exclusivement subordinatrice : il n'introduit pas une proposition, mais constitue le lien entre deux locutions, dont la deuxime est le plus souvent, tfiais non exclusivement, de valeur substantivale. L'inventaire complet des lments unis par ti serait:

    Nom + nom Nom + pronom Verbe + complment nominal Nom + adjonctif Nom + verbe driv en -ng Nom + verbe non driv Adjonctif + verbe driv en -ng Verbe + complment verbal driv en -ng Verbe + complment verbal non driv Zro 4- nom

    Ce dernier cas constitue une locution connective (voir chapitre 10.5) dont la fonction est substantive, comme si elle commenait par un nom.

    8b. Les rles des locutions nominales o apparat ti sont, nous l'avons dit, varis. Les distinctions que nous en dgageons sont d'ordre smantique plutt que morphologique, et partant

  • CONNECTEURS 59

    peu nettes. Il convient de signaler l'existence de plus d'un cas ambigu.

    L'usage le plus frquent marque la possession. Parmi ces cas, nous distinguons trois catgories, qu'on peut formuler ainsi:

    (i) possession de S, par S2:

    (ii) participation de S, dans S2 :

    (iii) parent entre S t et S2 :

    da ti zo s

    li ti zo s

    baba ti zo s

    'la maison de cet homme'

    'la tte de cet hom-me'

    'le pre de cet hom-me'.

    Nous donnons une autre construction de la mme forme, mais d'une signification diffrente, le nom de 'construction dfi-nissante'. Ici, S2 reprsente une sous-classe de l'objet signifi par S, :

    Nze ti novembre s... 'Au mois de novembre . . . ' Na yng ti Sango la. 'a, c'est en langue sango'. Koli tt ita ti mbi ti wle ni... 'Mon beau-frre . . . '

    Il rside parfois une ambigut dans une construction de ce gen-re: mreng ti wle s pourrait tre interprt comme 'cette jeu-ne fille' ou 'l'enfant de cette femme'. Dans un tel cas, c'est le contexte qui en dtermine le sens.

    Une locution introduite par ti est parfois un complment at-tributif du nom qui la prcde. Dans la ba pendere ti ngu. 'Ils voient la beaut de l'eau,' S! reprsente un trait de S2, alors qu'on trouve le contraire dans Aeke tn ti ngi pepe. 'Ce n'est pas une occasion de se rjouir'. De mme, dans Kobla ti au ti mbi 'La maladie de mon oncle', Sj opre sur S2, tandis que dans S aeke

  • 60 CONNECTEURS

    kusra ti wle la. 'Voila le travail des femmes. Comme avec l'emploi 'dfinissant', il y a la possibilit d'ambigut dans l'em-ploi attributif de ti: hors contexte, mabko ti wle peut signifier 'la main gauche' ou 'la main de la femme'. Il va sans dire que le contexte suffit presque invariablement pour claircir le sens d'une telle expression.

    Il convient de traiter ensemble les emplois temporel et locatifs de ti, car ils ne prsentent aucune diffrence de structure.

    On a dj vu que na s'emploie aussi avec un sens temporel ou locatif: les noncs ainsi forms ne sont pas rigoureusement sy-nonymes de ceux construits avec ti, car celui-ci exprime un lien trs troit entre les lments qui le prcdent et le suivent, alors que le lien voqu par na est plus ou moins accidentel, mme parfois fortuit. Nous irons jusqu' dire que, s'il se trouve proxi-mit d'un nom et d'un verbe, c'est plutt ce dernier que na se rattache. On peut ainsi apposer zo na Bangui 'un homme qui se trouve Bangui', zo ti Bangui 'un Banguissois', et / te kbe na la kui 'Le soir, nous avons mang' I te kbe ti la kui 'Nous avons pris le repas du soir'.

    Ti a parfois un sens peu prs quivalent celui de 'concer-nant'; il sert relier un thme un nom tn, par exemple: Tn ti nzi ti mo 'L'affaire du vol que tu as commis'.

    Il peut aussi signaler le rapport existant entre une personne et une institution ou occupation, ou entre une chose et son em-ploi:

    Zo ti leng ni apika li ti mo. 'L'homme du leng t'a frapp la tte'.

    Aeke sra koa ti nginza. 'Ils font un travail rmunr'.

    Il exprime des notions de quantit, y compris celle du prix ou de

  • CONNECTEURS 61

    la valeur: Avo ngutiz ti pta osi. 'Elle a achet pour vingt francs de feuilles de manioc'.

    On a vu, dans l'examen du connecteur na, que dans ses em-plois locatifs et temporels il est souvent complt par un nom valeur conventionnelle, parfois suivi de ti et d'un autre nom. Nous ne ferons ici qu'allusion la liste que nous avons dresse la section 4c de ce chapitre, en ajoutant que les locutions ainsi formes se prsentent parfois sans na, si le rapport entre ce com-plment et le verbe est particulirement troit, voire convention-nel:

    Aho nd ti mbi. 'Cela m'a accabl', (litt. 'a pass sur moi')

    tomba peko ti la. 'Nous les avons poursuivis'.

    Pour rsumer les fonctions de ti dans ses rapports avec une lo-cution substantivale l'intrieur d'une locution verbale (voir cha-pitre 11.8), il peut introduire un complment copulatif:

    Mo penser kbe k aeke na 'Tu penses que tous les ali-gal (na) ndo s gi ti mo? ments ici au march sont

    toi?'

    un objet:

    Lo vo ti pta osi. 'Elle en a achet pour 20 francs'.

    une locution intensificative:

    Lo lng ti lo na da. 'Quant lui, il dort dans la ca-se'.

  • 62 CONNECTEURS

    Une telle locution peut aussi jouer le rle de sujet ou faire par-tie d'une locution protaxique:

    Ti kli aeke so ia mingi 'Celle (la bilharzie) des hom-pepe. mes ne leur fait pas trs

    mal'. Ti la s, i eke ba. 'Quant celui d'aujourd'hui,

    nous allons voir'.

    Dans ce dernier cas (voir chapitre 12) elle peut tre une exten-sion du sujet ou modifier le verbe. Un emploi spcial se prsente dans des comparaisons, aprs tongana (voir chapitre 5.10): r ti la av, tongana tt mbni zo pepe. 'Leurs noms n'taient pas beaux, comme ceux des autres'. On trouve parfois une locution de ce genre dans une phrase non-verbale (voir chapitre 14): Ti ta kotro ti mbi la. 'C'est comme a dans mon propre pays'.

    Ce sont l, nous l'avons dit, des locutions connectives fonc-tion substantivale. Elles sont frquentes, et se suffisent elles-mmes.

    Moins souvent, ti est complt par un adjonctif, avec un sens qualitatif ou temporel. Cette construction peut avoir une valeur attributive, temporelle, dmonstrative ou interrogative, selon l'adjonctif. Le groupe f/-adjonctif peut tre autonome, ou com-plter un nom, un verbe (simple ou driv) ou un autre adjonctif fonction substantivale:

    Mo fa yi tf nzoni na mreg 'Enseigne de bonnes choses timo. tes enfants'.

    Yi tigiriri... 'Les choses de jadis . . . ' S srng yi ti y. 'Qu'est-ce qu'on fait ici ?'

    Ces locutions peuvent constituer en elles-mmes ou aider

  • CONNECTEURS 63

    constituer une locution protaxique: Ti fades, terrain ni ahunzi awe. 'A ce moment-l, le terrain tait termin'.

    8c. Assez souvent, tiest suivi d'un verbe nominalis. Prcd d'un nom, il exprime un but, une activit, etc., et doit tre consi-dr comme un nom d'action. La locution ressefnble donc une locution nominale, et le nom peut jouer le rle de sujet du verbe driv :

    Zo tiging susu sng. 'Un pcheur, rien que a',

    ou de son objet:

    Mo eke na tn ti tnng ni 'Vous avez beaucoup dire'. mingi.

    ou un rle temporel ou locatif:

    L'heure ti kiring ti i. 'L'heure de notre retour'.

    Les locutions de forme 'verbe + ti + verbe nominalis' sont frquentes, ainsi que celles de forme 'verbe + ti + verbe sim-ple'; les deux paraissent tre fonctionnellement et smantique-ment identiques, et nous relevons les deux formes:

    Ces locutions peuvent, comme dans les exemples dj cits, indiquer le but d'une action, ou constituer le complment copu-latif de eke, etc.: Cong s aeke ti mung repos na zo ti kusra. 'Ce cong est pour donner du repos aux travailleurs'.

    'Il est all chercher un bton'.

  • 64 CONNECTEURS

    Une locution de forme 'ti + verbe simple' peut modifer un nom:

    ou complter un autre verbe. Celui-cvse trouve le plus souvent tre g venir',goe 'aller', hinga 'savoir', commencer, iingbi 'pou-voir, suffire', de et ngb 'rester', yi 'vouloir' (voir chapitre 9.2) et eke: mais moins d'une restriction impose par le sens, tout ver-be peut tre ainsi utilis. La locution en ti peut se placer im-mdiatement aprs le verbe :

    Mbi g ti te kbe. 'Je suis venu manger'.

    ou, plus souvent, aprs un autre ou plusieurs complments:

    la m mbni kt kbe ti 'Ils ont pris un peu de nourri-goe na ni. ture emporter'.

    Mbi eke m na mo nginza ti 'Je te donne un peu d'argent goe na ni na wle ti mo. porter chez ta femme'.

    8d. En raison de ce double emploi de ti, comme modifica-teur d'un nom ou d'un verbe, il existe ici encore des possibilits d'ambigut. Dans la phrase, Mbi m lge ti goe na gala, ti goe peut tre considr comme modificateur de m (lge) ou de lge seul, et la phrase subira un lger changement de sens selon l'interprtation qu'on prte sa structure: 'Je me suis mis en route pour aller au march' ou 'J'ai pris la route qui mne au

    zo ti sra w. . . Mbni yi ti te... Nginza ti vo na yingo...

    'Ceux qui forgent le fer . . . ' 'Quelque chose manger . . . ' 'De l'argent pour acheter du

    se l . . . '

  • CONNECTEURS 6 5

    march'. Dans la presque totalit des cas, le contexte suffit pour rsoudre l'ambigut.

    9. Titene parat caractristique du langage des populations urbaines; l il est d'un emploi frquent, alors qu'ils n'apparat dans aucun des textes que nous avons recueillis en dehors des grands centres. Il s'emploie surtout pour assurer la liaison entre deux propositions, et subordonne la seconde la premire. Cette deuxime proposition commence toujours par son sujet.

    Titene est suivi d'une pause; quand il est trs loign du pre-mier verbe de la phrase, une pause le prcde aussi. Nous suppo-sons que titene est compos de ti et du verbe tene 'dire'. Cepen-dant, nous prfrons viter des problmes d'analyse smantique et syntaxique en la reprsentant comme un seul mot.

    Le contenu smantique de ce connecteur est faible: effective-ment, il semble qu'il est toujours possible de le remplacer par ti ou par zro, ou de substituer si au dbut de la deuxime proposi-tion titene la fin de la premire :

    Mbi de titene mbi g wle ape.

    Mbi de mbi g wle ape. Mo k titene la suru li ti

    mabko ti mo. Mo k si la suru li ti maboko ti

    mo. la yi titene asra koa nzoni

    pepe. la yi ti sra koa nzoni pepe.

    Le deuxime de ces cas est le plus frquent, ce qui nous amne coire que la fonction de titene rside surtout dans la pause qu'il

    'Je ne suis pas encore devenue une femme'.

    'Tu refuses de les laisser te couper le doigt'.

    'Ils ne veulent pas bien travail-ler'.

    S A M A R I N , SANGO 5

  • 66 CONNECTEURS

    entrane et qui fournit un temps de rflexion celui qui s'est en-gag dans un nonc de grande complexit.

    L'inventaire des verbes pouvant prcder titene ne parat pas prsenter de restrictions; on remarque toutefois une frquence leve pour les verbes de, eke, goe, hinga, hunda, commencer, lingbi, et yi. Quand eke s'emploie avec na, avec un sens posses-sif, la deuxime proposition est ngative.

    10. Tongana, comme ngbangati, prsente un grand nombre de variantes; nous ne relevons que les formes suivantes: tongana, tangana, tana, taa.

    Il a deux fonctions distinctes: l'une temporelle et condition-nelle, l'autre comparative. Ses sens temporels et conditionnels apparaissent dans:

    Tongana zo s ad r ti mbi pepe, mbi te kbe ti lo ape.

    Tongana mbi te ngunz, mbi te mbni y i da.

    'Si celui-l ne m'appelle pas par mon nom, je ne mange-rai pas chez lui'.

    'Quand je mange des feuilles de manioc, je mange d'au-tres choses avec'.

    Tongana peut se prsenter dans une proposition portant la marque de l'action acheve ou de l'action continue (voir chapitre 9.3,4); mais n'est pas attest avec la marque du futur (voir chapi-tre 9.1). Il se place gnralement en tte de la phrase, mais une construction protaxique peut le prcder: Na ktr ti mbi, to-ngana mam agoe na ngonda ti m makong ... 'Chez moi, quand les femmes vont en brousse chercher des chenilles . . . '

    Dans sa fonction comparative, tongana prcde le plus sou-vent une locution substantivale (voir chapitre 10.5), qui se rap-porte le plus souvent au sujet:

  • CONNECTEURS

    J eke tongana turugu.

    au verbe:

    Kobla asra lo tongana ti giri-ri pepe.

    ou un complment:

    Fad mreng tl mo aeke sioni tongana mo.

    Lo m la tongana ita ti lo.

    67

    'Nous sommes comme de sol-dats'.

    'La maladie ne le tracasse plus comme autrefois'.

    'Ton enfant sera aussi mchant que toi'.

    'II les a reus comme ses pro-pres frres'.

    Il introduit assez rarement une proposition. Dans ce dernier contexte on emploie plus souvent une construction introduite par s (voir chapitre 15.8): Il faut asra koa na ngang tongana s gouvernement atene. 'II faut travailler avec vigueur, comme le gouvernement nous a dit de le faire'.

    Il reste deux expressions conventionnelles auxquelles partici-pe tongana. Lge ko tongana parat n'tre qu'une intensification de tongana dans son emploi comparatif: Lo sra yi ni lge ko tongana mreng. 'II a fait cela tout comme un enfant'. Tongana y fonctionne comme un complment interrogatif circonstan-tiel:

    Mo k tongana y. 'Comment peux-tu refuser?' Mo tene aeke ti mo tongana 'Pourquoi as-tu dit que c'tait

    y. toi ?'

    Avec le verbe sra, il peut tre considr sur le plan smantique

  • 68 CONNECTEURS

    comme l'objet: Tere a tene, fad m sra tongana yf.'"Qu'allons-nous faire"? a dit l'araigne'. L'expression est atteste dans des phrases non-verbales: Kusra ti mbi tongana y. 'Comment va mon travail?'

    11. Wala (on entend aussi wal) a pour fonction primaire la correlation, et peut coordonner deux ou plusieurs lments: lo-cutions substantivales, adjonctifs, locutions en na ou en ti, ou propositions. Il se place le plus souvertt entre les lments mis en corrlation, mais il est attest avant chaque lment, et mme parfois avant le premier seul :

    Li ti la mingi, wala bal ot, wala bal osi, wala bal uk k...

    Mo goe mbni ndo, wala mo eke da biani?

    'Beaucoup d'entre eux, trente ou quarante ou peut-tre cinquante . . . '

    'Es-tu parti ailleurs, ou es-tu toujours l?'

    Parfois le deuxime terme manque; il reste toutefois l'emplica-tion d'une alternative: Mingi aeke goe, wala ti bng yi tongana ngu ti Gbutu s aeke ti na ngang s. 'Beaucoup de gens vont, par exemple, voir les chutes de Gbutu, o l'eau tombe avec telle-ment de force'. Il peut aussi servir introduire une correction: dans l'exemple suivant, notre interlocuteur a substitu ainsi un mot sango un mot franais: Mbi te kbe na place ti la, wala na ndo ti la. 'Je mange chez eux'.

    En fin de phrase, wala, posant une alternative, a une valeur in-terrogative; pourtant l'intonation caractristique des questions est absente: Tongana mo te ngunz, mo te susu mlang na ni wala. 'Quand tu manges des feuilles de manioc, est-ce que tu y ajoutes du poisson ou non ?'

  • CHAPITRE 6

    NOMS

    1. Le nom s'identifie par les traits suivants:

    Il prend la marque du pluriel a-; Il peut tre modifi par tous les adjonctifs figurant au chapi-

    tre 4.2,3; Il apparat dans des locutions introduites par na et ti (voir

    chapitre 10.5); Il forme le sujet, l'objet, ou un complment de temps ou de

    lieu dans une proposition.

    Pour certains noms ou groupes de noms, cependant, il con-vient parfois de formuler des restrictions; les traits relevs ci-des-sus sont ceux de l'ensemble.

    Il est utile de classer les noms dans les catgories suivantes:

    Noms d'tres anims (o ces frquences sont basses); Noms propres (qui ressemblent aux noms d'tres anims,

    mais qui ne sont que rarement modifis par un adjonctif