ostéomyélite dans la maladie des griffes du chat : à propos d’un cas et revue de la...

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Oste ´omye ´lite dans la maladie des griffes du chat : a ` propos d’un cas et revue de la litte ´rature §,§§ Osteomyelitis in cat scratch disease: A case report and literature review P. Dusser a , S. Eyssette-Guerreau b, *, I. Kone ´-Paut a a Service de pe ´diatrie ge ´ne ´rale et rhumatologie pe ´diatrique, CHU de Bice ˆtre, 8, rue du Ge ´ne ´ral-Leclerc, 94270 Le Kremlin-Bice ˆtre, France b Service de pe ´diatrie, centre hospitalier Rene ´-Dubos, 6, avenue de l’I ˆ le-de-France, 95300 Pontoise, France Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com 1. Introduction La maladie des griffes du chat est une affection d’origine infectieuse a ` Bartonella henselae, se manifestant le plus souvent par une ade ´nopathie re ´gionale persistante [1]. Sa pre ´sentation clinique est variable. L’atteinte osseuse sous forme d’oste ´omye ´lite est rare, de ´crite pour la premie `re fois par Adams en 1954 [2]. Nous rapportons le cas d’une enfant de 13 ans avec une atteinte osseuse et he ´patosple ´nique et nous mettons en perspective ce cas avec une revue de la litte ´rature. 2. Observation Une adolescente de 13 ans sans ante ´ce ´dent e ´tait hospitalise ´e pour une fie `vre e ´voluant depuis 1 mois. Les sympto ˆmes avaient de ´bute ´ par des douleurs abdominales, puis des Summary Cat scratch disease is the most common zoonosis in humans and its typical expression is a persistent benign regional adenopathy. In some rare cases, mono- or multifocal osteomyelitis is described. In this paper, we report the case of bone lesions in a 13-year-old girl infected with cat scratch disease. We have also undertaken a literature review and analyzed 60 other such cases. The manifestation of a bone lesion associated with cat scratch disease was characterized by a mono- or multifocal infectious osteomyelitis, fever, and a general alteration of the patient’s health. The most frequent location of osteomyelitis was in the spine. Magnetic resonance imaging appeared the most sensitive test to highlight the bone lesions. Serological findings help reinforce the diagnosis of cat scratch disease caused by Bartonella henselae infection. Osteomyelitis in cat scratch disease is rare but not excep- tional. Therefore, it is essential to think about this hypothesis in case of osteomyelitis associated with a general alteration of the patient’s health, especially if the lesions are multifocal and if there is a known history of cat contact. ß 2013 Elsevier Masson SAS. All rights reserved. Re ´sume ´ La maladie des griffes du chat est la zoonose la plus fre ´quente chez l’homme, sa forme classique e ´tant une ade ´nopathie re ´gionale per- sistante, be ´nigne. Dans de rares cas, il existe des atteintes osseuses. Nous rapportons le cas d’une jeune fille de 13 ans et nous de ´crivons a ` travers une revue de la litte ´rature des atteintes osseuses et oste ´o- articulaires dans cette maladie. L’atteinte osseuse se manifestait par un tableau d’oste ´omye ´lite infectieuse, uni- ou multifocale, tre `s fe ´brile avec une alte ´ration de l’e ´tat ge ´ne ´ral. La localisation osseuse la plus fre ´quente e ´tait le rachis. L’imagerie par re ´sonance magne ´- tique (IRM) semblait e ˆtre l’examen le plus sensible pour mettre en e ´vidence les anomalies osseuses. La se ´rologie Bartonella henselae permettait de conforter le diagnostic. L’atteinte osseuse dans la maladie des griffes du chat, bien que rare, n’est pas exceptionnelle. Il faut savoir l’e ´voquer devant toutes douleurs osseuses dans un contexte d’alte ´ration de l’e ´tat ge ´ne ´ral a fortiori si l’atteinte est multifocale et s’il existe un contact avec un chat. ß 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits re ´serve ´s. § Poster a ` la SFP de juin 2011 : PC-228 Oste ´omye ´lite et maladie des griffes du chat. Dusser P, Eyssette-Guerreau S, Kone-Paut I. §§ Poster a ` la Socie ´te ´ francophone pour la rhumatologie et les maladies inflammatoires en pe ´diatrie de mai 2011. * Auteur correspondant. e-mail : [email protected] Rec ¸u le : 15 avril 2012 Accepte ´ le : 11 mars 2013 Disponible en ligne 28 avril 2013 Fait clinique 624 0929-693X/$ - see front matter ß 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits re ´serve ´s. http://dx.doi.org/10.1016/j.arcped.2013.03.013 Archives de Pe ´diatrie 2013;20:624-628

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Fait clinique

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Osteomyelite dans la maladie des griffes duchat : a propos d’un cas et revue de lalitterature§,§§

Osteomyelitis in cat scratch disease: A case report andliterature review

P. Dussera, S. Eyssette-Guerreaub,*, I. Kone-Pauta

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Recu le :15 avril 2012Accepte le :11 mars 2013Disponible en ligne28 avril 2013

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a Service de pediatrie generale et rhumatologie pediatrique, CHU de Bicetre, 8,rue du General-Leclerc, 94270 Le Kremlin-Bicetre, Franceb Service de pediatrie, centre hospitalier Rene-Dubos, 6, avenue de l’Ile-de-France, 95300Pontoise, Francewww.sciencedirect.com

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SummaryCat scratch disease is the most common zoonosis in humans and its

typical expression is a persistent benign regional adenopathy. In some

rare cases, mono- or multifocal osteomyelitis is described. In this

paper, we report the case of bone lesions in a 13-year-old girl infected

with cat scratch disease. We have also undertaken a literature review

and analyzed 60 other such cases. The manifestation of a bone lesion

associated with cat scratch disease was characterized by a mono- or

multifocal infectious osteomyelitis, fever, and a general alteration of

the patient’s health. The most frequent location of osteomyelitis was in

the spine. Magnetic resonance imaging appeared the most sensitive

test to highlight the bone lesions. Serological findings help reinforce

the diagnosis of cat scratch disease caused by Bartonella henselae

infection. Osteomyelitis in cat scratch disease is rare but not excep-

tional. Therefore, it is essential to think about this hypothesis in case of

osteomyelitis associated with a general alteration of the patient’s

health, especially if the lesions are multifocal and if there is a

known history of cat contact.

� 2013 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

ResumeLa maladie des griffes du chat est la zoonose la plus frequente chez

l’homme, sa forme classique etant une adenopathie regionale per-

sistante, benigne. Dans de rares cas, il existe des atteintes osseuses.

Nous rapportons le cas d’une jeune fille de 13 ans et nous decrivons a

travers une revue de la litterature des atteintes osseuses et osteo-

articulaires dans cette maladie. L’atteinte osseuse se manifestait par

un tableau d’osteomyelite infectieuse, uni- ou multifocale, tres

febrile avec une alteration de l’etat general. La localisation osseuse

la plus frequente etait le rachis. L’imagerie par resonance magne-

tique (IRM) semblait etre l’examen le plus sensible pour mettre en

evidence les anomalies osseuses. La serologie Bartonella henselae

permettait de conforter le diagnostic. L’atteinte osseuse dans la

maladie des griffes du chat, bien que rare, n’est pas exceptionnelle.

Il faut savoir l’evoquer devant toutes douleurs osseuses dans un

contexte d’alteration de l’etat general a fortiori si l’atteinte est

multifocale et s’il existe un contact avec un chat.

� 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits reserves.

1. Introduction

La maladie des griffes du chat est une affection d’origineinfectieuse a Bartonella henselae, se manifestant le plussouvent par une adenopathie regionale persistante [1]. Sa

§ Poster a la SFP de juin 2011 : PC-228 Osteomyelite et maladie des griffes duchat. Dusser P, Eyssette-Guerreau S, Kone-Paut I.§§ Poster a la Societe francophone pour la rhumatologie et les maladiesinflammatoires en pediatrie de mai 2011.* Auteur correspondant.e-mail : [email protected]

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0929-693X/$ - see front matter � 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits reserves.http://dx.doi.org/10.1016/j.arcped.2013.03.013 Archives de Pediatrie 2013;20:624-628

presentation clinique est variable. L’atteinte osseuse sousforme d’osteomyelite est rare, decrite pour la premiere foispar Adams en 1954 [2]. Nous rapportons le cas d’une enfant de13 ans avec une atteinte osseuse et hepatosplenique et nousmettons en perspective ce cas avec une revue de la litterature.

2. Observation

Une adolescente de 13 ans sans antecedent etait hospitaliseepour une fievre evoluant depuis 1 mois. Les symptomesavaient debute par des douleurs abdominales, puis des

Osteomyelite a Bartonella henselae

Figure 1. Imagerie par resonance magnetique (IRM) corps entier : coupes coronales, sequences T2 STIR : hypersignaux (fleches blanches) des teteshumerales gauche et droite, du col et de la diaphyse femoral gauche (heterogene a droite) et des metaphyses tibiales superieures.

douleurs osseuses et des cephalees. On observait des picsfebriles avec fievre jusqu’a 39–40 8C, surtout nocturnes. Ilexistait une alteration de l’etat general, une perte de 4 kget des sueurs nocturnes. L’examen cutane revelait une erup-tion papulovesiculeuse palmoplantaire prurigineuse et l’inter-rogatoire retrouvait une griffure par un chaton 3 moisauparavant. Le bilan biologique montrait un syndromeinflammatoire (proteine C reactive [CRP] a 86 mg/L, vitessede sedimentation [VS] a 100 mm/h). Les radiographies dusquelette et du thorax etaient normales. La scintigraphieosseuse montrait une hyperfixation focalisee de la hanchegauche. L’imagerie par resonance magnetique (IRM) du corpsentier montrait des zones en hypersignal avec lesions osseu-ses (en hyposignal en T1 et hypersignal en T2) des humerus, dusacrum, des femurs, des tibias, ainsi qu’une localisation intra-hepatique associee (fig. 1). L’echographie abdominale mettaiten evidence des micronodules hypoechogenes multiples dufoie et de la rate. La serologie pour B. henselae par immuno-fluorescence indirecte etait positive : anticorps (Ac) de typeimmunoglobuline (Ig) G : 1/8192, Ac de type IgM : positifs. Lediagnostic de maladie des griffes du chat etait retenu. Untraitement par azithromycine (750 mg/j per os) pendant unmois etait instaure. On observait alors une diminution desdouleurs osseuses et une amelioration de l’etat general avecdisparition de la fievre en 48 h. Lors d’une consultation 1 moisplus tard, l’adolescente etait asymptomatique. L’echographieabdominale montrait une disparition des nodules hepatiqueset une stabilite des nodules spleniques. A 10 mois d’evolution,il n’y avait plus de lesion osseuse ni hepatosplenique sur l’IRM.

3. Discussion

Soixante cas d’osteomyelites a B. henselae ont ete publiesentre 1954 et 2010. Ils sont resumes dans le tableau I. Le

sex-ratio homme/femme etait de 1,2 (27 filles). L’age medianetait de 9 ans. Les atteintes osseuses etaient majoritairementunifocales (72 %). Les symptomes les plus frequemmentobserves etaient : des douleurs osseuses (97 %), de la fievre(85 %), une alteration de l’etat general (25 %), des sueurs(13 %). La fievre etait dans 75 % des cas (25/33) superieure a38,5 8C. Une adenopathie etait presente dans 62 % des cas, leplus frequemment cervicale (30 %) ou axillaire (23 %). Lanotion de contact avec un chat etait presente dans 100 %des cas lorsque l’information etait donnee (49/61), 36 % desenfants presentaient une atteinte cutanee lors de la consul-tation, 3 enfants avaient une atteinte ophtalmologique sousforme de conjonctivite ou de syndrome de Parinaud. Lesexamens biologiques mettaient en evidence un syndromeinflammatoire dans 77 % des cas avec une VS en moyennea 65/mm et une CRP en moyenne a 47 mg/L avec les donneesdisponibles (soit 35 VS et 23 CRP). La radiographie standardmontrait des images lytiques dans 54 % des cas. En scinti-graphie, les lesions apparaissaient sous forme d’hyperfixa-tions. L’IRM montrait des hypersignaux T2, evocateurs delesions d’osteomyelites. Le reste du bilan d’imagerie partomodensitometrie (TDM) ou par IRM mettait en evidenceune atteinte hepatosplenique dans 23 % des cas. L’atteinteosseuse concernait le rachis dans plus de la moitie des cas(59 %), le bassin (16 %), les cotes (16 %), le femur (11 %) etl’humerus (10 %). Une masse paravertebrale etait observeedans 16 % des cas, toujours associee a une lesion osseuse durachis. Le test cutane, realise dans 11 cas avant 1992, etaittoujours positif. L’etude histologique (28 biopsies osseuses)montrait une reaction inflammatoire dans 86 % des cas. Lacoloration de Warthin-Starry (coloration argentique mettanten evidence les coccobacilles Gram negatif) etait positive dans4 cas sur 9 mais la culture etait toujours negative. La reactionde polymerisation en chaıne (PCR) etait positive dans les

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P. Dusser et al. Archives de Pediatrie 2013;20:624-628

Tableau IRevue de la litterature. Caracteristiques des patients : age, sexe et description clinique.Auteurs Annee Age

(ans)Sexe Fievre AEG Sueurs Frissons Dlrs

osAdp Atteinte

osseuseunifocale

Atteinteosseusemultifocale

Contactavecchat

Adams 1954 5,0 M + � � � + + + � +Collipp 1959 4,0 M + � � � + + + � +Carithers 1969 6,0 F � � � � + + + � +Carithers 1983 2,5 M + � � � + + + � +Johnson 1985 18,0 M + + + + + + + � +Gregory 1986 25,0 M + + � + + + + � +Muszynski 1987 2,0 M + � � � + + + � +Walterspiel 1987 7,0 F � � � � + + + � +Shanon 1989 11,0 M + � � � + + + � +Goddart 1989 26,0 M � + � � + + � + +Karpathios 1990 8,0 F + � � � + + + � +Conrad 1991 34,0 M + + � � + � + � NDCohen-Abbo 1992 9,0 M + + � � + + � + +Larsen et Patrick 1992 10,0 M + � � � + + + � +Fretzayas 1993 12,0 M + � + + + + � + +Koranyi 1994 4,0 M + � � � + + + � NDBernini 1994 5,0 F + � � � + � + � +Waldvogel 1994 9,0 M + � � � + + � + +Wilson 1995 30,0 F + � + � + + + � +Solder 1995 13,0 M + � � � + � + � NDGallemore 1996 10,0 M + + � � + � � + +Hopkins 1996 6,0 M + � � � + � + � NDHopkins 1996 7,0 M + � � � + � � + NDBruckert 1997 28,0 M + � � + + � + � NDLaRow 1998 10,0 M + � � + + + � + +Ratner 1998 10,0 M + � � � + + � + +Berg 1998 11,0 F � � � � + � + � +Keret 1998 9,0 M � � � � + � + � +Maggiore 1999 7,0 F � � � � + + + � +Robson 1999 9,0 F + + + + + + + � +Hulzebos 1999 10,0 F + � � � + + + � +Ruess 2000 12,0 F + + � � + � + � NDliapi-Adamidou 2000 7,5 F + � � + + + � + NDKrause 2000 29,0 M + + � � + + + � +Fretzayas 2001 9,0 F + � � � + + � + NDModi 2001 4,0 F + � � � + + � + +Verdon 2002 30,0 M + � + � + � + � +Verdon 2002 28,0 M + � + � � � + � +Prybis 2002 6,0 M ND � � � + � + � NDDel Santo 2002 2,0 F + � � � + � + � +Del Santo 2002 2,0 F � � � � + � + � +Pocheville 2002 12,0 M + � � � + + + � +Woestyn 2003 62,0 F + + + � + + + � +Heye 2003 40,0 F + + � � + + + � +Sakellaris 2003 6,0 F + + � � + + + � +Mirakhur 2003 3,0 F + � � � + + + � +Rolain 2003 30,0 M � � � � + + + � +Ledina 2004 2,0 ND ND � � � + � + � NDHipp 2005 10,0 M + � � � + � � + +Hipp 2005 3,0 F + � � � + + + � NDAbdel-Haq 2005 5,0 M + � � � + � + � +Vermeulen 2006 9,0 F + � � � + � + � +De Kort 2006 9,0 F � + � � + � � + +Kodama 2007 11,0 F + � � � + � � + +Rozmanic 2007 11,0 M + � � � � + � + +Hussain 2007 3,0 M + � � � + + + � +

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Osteomyelite a Bartonella henselae

Tableau I (Suite)

Auteurs Annee Age(ans)

Sexe Fievre AEG Sueurs Frissons Dlrsos

Adp Atteinteosseuseunifocale

Atteinteosseusemultifocale

Contactavecchat

Ridder-Schroter 2008 12,0 F + � � � + + + � +Tasher 2009 5,0 M + � � � + + + � +Roubaud-Baudron 2009 61,0 F + � � � + + � + +Oldrini 2009 40,0 F + + � � + � + � +Observationpersonnelle

2010 14,0 F + + + � + � � + +

AEG : alteration de l’etat general ; Dlrs os : douleurs osseuses ; ND : non disponible.

22 cas ou elle avait ete realisee (os, adenopathies, pus, sang,peau et masses paravertebrales). Lorsqu’une serologie avaitete realisee (39 cas), elle etait egalement toujours positive. Lesenfants avaient ete traites par antibiotherapie (89 %) ettraitement chirurgical (37 %). On retrouvait 82 % de guerisoncomplete a 6 mois.Plusieurs diagnostics peuvent etre evoques devant uneatteinte osseuse inflammatoire uni- ou multifocale del’enfant. Les autres osteomyelites infectieuses surviennentpour plus de la moitie avant l’age de 5 ans et concernentd’abord le membre inferieur avec en premier lieu le femur puisle tibia (environ 70 % des atteintes). Certains tableaux sontpeu febriles et l’alteration de l’etat general peut etre peumarquee [3]. Les lesions osseuses d’origine tumorale sont tresrares. Elles peuvent etre osseuses primitives, benignes oumalignes, comme l’osteosarcome, le sarcome d’Ewing, legranulome a eosinophile et plus rarement secondaires aune tumeur du systeme hematopoıetique comme le lym-phome osseux. Enfin, devant un tableau de lesions osseusesmultifocales avec alteration de l’etat general, le diagnosticd’osteomyelite multifocale recurrente (CRMO) peut etreevoque. L’age median de survenue est de 11,5 ans avec 2 lesionsen moyenne au debut de la maladie. L’aspect radiologique deslesions osseuses est peu specifique, de type inflammatoire.Les localisations preferentielles sont le tibia, le bassin, lesmetatarses et les vertebres. Le syndrome inflammatoire estmoins marque que dans la maladie des griffes du chat [4].Dans notre observation, afin de mieux caracteriser l’atteinteosseuse, nous avons realise une IRM corps entier et unescintigraphie osseuse. Dans ce contexte, l’IRM est decritecomme l’examen le plus sensible [5–11]. La localisation desatteintes osseuses chez l’adolescente de notre observation estassez peu decrite dans la litterature contrairement a l’atteinterachidienne.Historiquement, le diagnostic de maladie des griffes du chatreposait sur des criteres cliniques et la positivite de l’intra-dermoreaction (IDR) [12]. Les examens biologiques les plusutilises pour rechercher une infection a B. henselae sont laserologie (immunofluorescence indirecte [IFI] ou Elisa) ouencore la PCR. La specificite de la serologie est superieure a95 % pour un titre d’IgG superieur a 1/128. Les IgM sontpresentes dans 40 % des cas. La sensibilite varie de 30 a

95 % selon les etudes [13]. La PCR ou detection d’ADN bacte-rien par reaction d’amplification genique est une techniquerapide et tres specifique (95 % a 100 %) dont la sensibilite(65 % a 85 %) paraıt meilleure que celle des serologies. Ellenecessite cependant un prelevement tissulaire. La PCR cou-plee a la serologie permet d’obtenir une certitude diagnos-tique dans la majorite des cas mais est reservee aux difficultesdiagnostiques ou aux atteintes inhabituelles [13,14]. Dansnotre observation, seule la serologie avait ete realisee et avaittrouve un titre d’IgG superieur a 1/128. Les lesions hepatiquessont souvent multiples et se traduisent par un aspect denodules bien circonscrits, mesurant de 4 a 10 mm, hypoecho-genes a l’echographie et hypodenses en tomodensitometrie.L’atteinte hepatosplenique chez l’enfant est peu rapporteedans la litterature, elle est exceptionnelle chez l’adulte [15].Dans la litterature, le traitement par antibiotique n’est pasdemontre comme ayant une efficacite certaine que ce soit enmono-, bi- ou tritherapie. De plus, les antibiotiques neseraient utiles que dans les formes systemiques [16]. Quelque soit le traitement, l’evolution de la maladie des griffes duchat est dans la plupart des cas favorable.

4. Conclusion

L’osteomyelite compliquant une maladie des griffes du chatest rare mais merite d’etre connue. Elle peut initialementressembler a une pathologie osseuse tumorale ou a uneCRMO. Il faut l’evoquer et la rechercher devant un tableaud’osteomyelite chez un patient immunocompetent, a for-tiori si elle est multifocale et si l’interrogatoire retrouve lanotion de contact avec un chat. L’evolution est toujoursfavorable chez les patients immunocompetents. L’IRM estl’examen le plus sensible et le moins irradiant pour depisterles lesions osseuses. Enfin, la serologie peut aider au diag-nostic et, dans certains cas, la PCR sur biopsie tissulaire peutle confirmer.

Declaration d’interets

Les auteurs declarent ne pas avoir de conflits d’interets enrelation avec cet article.

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P. Dusser et al. Archives de Pediatrie 2013;20:624-628

RemerciementsNous remercions Stephanie Franchi et Daniele Pariente du service deradiologie pediatrique du CHU de Bicetre, pour l’iconographie.

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