onychodystrophie psoriasiforme sévère liée à l’etanercept au cours du traitement d’un...

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JDP 2014 S437 Patients et méthodes Nous rapportons 3 cas de tbc active chez les patients traités par anti-TNF pour un psoriasis cutané. Nous avons recueillis les données démographiques, la sévérité du psoria- sis, les médicaments en cours lors de la survenue de la tbc, le bilan pré-thérapeutique pour identifier une tbc latente et la conduite adoptée, le délai de survenue de la tbc active, les examens réalisés pour le diagnostic et leurs résultats, les caractéristiques de la tbc et l’évolution. Résultats Les caractéristiques des 3 cas sont: PASI moyen à 27, âge moyen de 63 ans et sexe masculin. Tous les patients étaient trai- tés par infliximab pour une durée moyenne de 5,5 mois (0,5 ; 12). Le bilan réalisé avant instauration de l’anti-TNF était conforme aux recommandations nationales et un patient était traité pour une tbc latente. La tbc active était évoquée sur la clinique, l’imagerie et/ou la présence histologique de granulome ; le diagnostic de tbc était confirmé a posteriori par la guérison sous tuberculostatiques dans 2 cas et sur un critère microbiologique dans 1 cas (positivation tardive des cultures, 6 mois après le début de la maladie). Il s’agissait de tbc extra-pulmonaires ou disséminées dans 100 % des cas. Les examens mycobactériologiques initiaux : 3 à 6 frottis/cas, 1 à 2 cultures/cas, 1 à 2 PCR BK et/ou coloration Ziehl-Neelson sur les coupes histolo- giques/cas, et les tests initiaux de dépistage : IDR à la tuberculine et/ou quantiferon, étaient négatifs chez tous les patients (100 % des cas). Le décès est survenu dans 1 cas (33%). L’interrogation de la base de pharmacovigilance a permis d’identifier 34 cas de tbc active chez les patients exposés aux anti-TNF mais aucun n’était dans l’indication « psoriasis cutané ». Discussion Notre travail souligne la négativité de tests de dépis- tage et de diagnostic mycobactériologique dans les stades initiaux de la tuberculose active chez les patients psoriasiques traités par anti-TNF. Bien que la sensibilité de ces tests soit diminuée chez les patients immunodéprimés, une négativité de tous ces examens dans 100 % de cas s’avère troublante. Conclusion La mise en route d’un traitement adapté chez un patient sous anti-TNF devant une forte suspicion de tbc, sans attendre la positivité des preuves directes, permet probablement de réduire la gravité de la tuberculose. Mots clés Anti-TNF alpha ; Psoriasis ; Tuberculose Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. Iconographie disponible sur CD et Internet. http://dx.doi.org/10.1016/j.annder.2014.09.468 P269 Onychodystrophie psoriasiforme sévère liée à l’etanercept au cours du traitement d’un psoriasis E. Brenaut , A.-C. Davaine , L. Misery , C. Abasq-Thomas Dermatologie, CHU de Brest, Brest, France Auteur correspondant. Introduction Les anti-TNF ont révolutionné le traitement de nombreuses maladies inflammatoires. Les effets secondaires para- doxaux, comme l’apparition de lésions de psoriasis dans des zones où il n’y en avait pas auparavant, sont connus. En revanche l’atteinte unguéale est très rarement décrite, nous en rapportons un cas survenu sous traitement par étanercept pour un psoriasis. Observations Une patiente de 40 ans était suivie pour une mala- die de Verneuil et un psoriasis étendu avec rhumatisme psoriasique, sans atteinte unguéale. Elle avait déjà été traitée par topiques, photothérapie UVB puis ciclosporine. Elle avait rec ¸u ensuite un traitement par infliximab, mais celui-ci a été rapidement contre- indiqué après l’apparition d’un œdème de Quincke lors d’une perfusion. Un traitement par étanercept était initié. Trois semaines après le début du traitement, l’amélioration cutanée était nette mais on notait l’apparition de lésions unguéales sur 4 ongles des mains : dépression de la région proximale de la tablette, leuco- nychie et onycholyse. Les lésions unguéales s’étendaient jusqu’à atteindre la totalité de la tablette alors que les lésions cutanées de psoriasis disparaissaient complètement. Les prélèvements bac- tériologiques et mycologiques étaient négatifs. Cinq mois plus tard, le traitement était suspendu en raison d’une nécrose pulpaire avec abcès d’une dent. Une repousse normale des ongles était notée. Le traitement était repris 8 semaines plus tard, et on observait une récidive de l’atteinte unguéale. Le traitement était alors arrêté au profit de l’adalimumab sans récidive de l’onychopathie avec 1 an de recul. Discussion Chez cette patiente, la sémiologie de l’atteinte unguéale est très évocatrice d’onychopathie psoriasique, et une cause infectieuse a été éliminée par les prélèvements. L’imputabilité chronologique était élevée : survenue peu après l’initiation du traitement, repousse normale à l’arrêt puis récidive lors de la reprise du traitement. Très peu de cas (5 à notre connais- sance) d’atteinte unguéale sous anti-TNF ont été décrits. Dans les 5 cas, la maladie traitée par l’anti-TNF n’était pas cutanée (maladie de Crohn, polyarthrite rhumatoïde, maladie de Behc ¸et) et l’atteinte unguéale constituait une des atteintes du psoriasis cutané paradoxal mais n’était pas isolée. Les lésions élémentaires étaient des ponctuations en dé à coudre, une onycholyse, une coloration jaune ou une hyperkératose sous-unguéale. Chez les patients traités par anti-TNF pour un psoriasis, l’atteinte paradoxale est souvent de localisation et morphologie différentes. Dans notre cas elle se manifeste par une atteinte unguéale isolée. Conclusion Cette observation est particulièrement intéressante du fait de la rareté de l’onychopathie psoriasique paradoxale et de l’imputabilité intrinsèque élevée de l’étanercept dans ce cas. Mots clés Anti-TNF alpha ; Biothérapie ; Onychodystrophie ; Psoriasis Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. Iconographie disponible sur CD et Internet. http://dx.doi.org/10.1016/j.annder.2014.09.469 P270 Étude échographique descriptive de la vascularisation unguéale chez des patients atteints de psoriasis unguéal M. Acquitter 1,, S. Jousse-Joulin 2 , L. Misery 1 1 Service de dermatologie, CHRU de Brest, Brest, France 2 Service de rhumatologie, CHRU de Brest, Brest, France Auteur correspondant. Introduction L’atteinte unguéale est associée à un risque d’évolution vers le rhumatisme psoriasique. Il paraît donc inté- ressant de mieux analyser les processus inflammatoires locaux et c’est pourquoi nous avons souhaité décrire l’atteinte unguéale et sa vascularisation grâce à l’échographie-Doppler. Patients et méthodes Étude prospective, pilote, descriptive, sur l’évaluation par échographie-Doppler de l’atteinte unguéale dans le psoriasis. Des patients atteints de psoriasis unguéal, du cuir chevelu ou des plis ont été inclus de février à juin 2014. Ils devaient être suivi par un dermatologue, indemnes de rhumatisme psoriasique (RP) ayant une expression clinique, et ne pas prendre de traitement systémique. Une échographie-Doppler des 10 ongles des mains et des gros orteils était réalisée par une rhumatologue expérimentée pour cette tech- nique, au cours de laquelle l’enthèse adjacente était aussi analysée. Une hypervascularisation était retenue si 3 hypersignaux étaient vus en mode doppler. L’examen se déroulait dans une pièce à la température de 19 C. Le score NAPSI était calculé (0 à 96). Résultats Sur 25 patients, 10 avaient un psoriasis unguéal, 300 ongles ont donc été analysés. La durée moyenne d’évolution du pso- riasis était de 12,7 ans dans le groupe psoriasis unguéal (19,2 ans dans l’autre). Le score NAPSI moyen était de 20,5 (1 à 46).

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Page 1: Onychodystrophie psoriasiforme sévère liée à l’etanercept au cours du traitement d’un psoriasis

JDP 2014 S437

Patients et méthodes Nous rapportons 3 cas de tbc active chezles patients traités par anti-TNF� pour un psoriasis cutané. Nousavons recueillis les données démographiques, la sévérité du psoria-sis, les médicaments en cours lors de la survenue de la tbc, le bilanpré-thérapeutique pour identifier une tbc latente et la conduiteadoptée, le délai de survenue de la tbc active, les examens réaliséspour le diagnostic et leurs résultats, les caractéristiques de la tbcet l’évolution.Résultats Les caractéristiques des 3 cas sont : PASI moyen à 27,âge moyen de 63 ans et sexe masculin. Tous les patients étaient trai-tés par infliximab pour une durée moyenne de 5,5 mois (0,5 ; 12). Lebilan réalisé avant instauration de l’anti-TNF� était conforme auxrecommandations nationales et un patient était traité pour une tbclatente. La tbc active était évoquée sur la clinique, l’imagerie et/oula présence histologique de granulome ; le diagnostic de tbc étaitconfirmé a posteriori par la guérison sous tuberculostatiques dans 2cas et sur un critère microbiologique dans 1 cas (positivation tardivedes cultures, 6 mois après le début de la maladie). Il s’agissait de tbcextra-pulmonaires ou disséminées dans 100 % des cas. Les examensmycobactériologiques initiaux : 3 à 6 frottis/cas, 1 à 2 cultures/cas,1 à 2 PCR BK et/ou coloration Ziehl-Neelson sur les coupes histolo-giques/cas, et les tests initiaux de dépistage : IDR à la tuberculineet/ou quantiferon, étaient négatifs chez tous les patients (100 %des cas). Le décès est survenu dans 1 cas (33 %). L’interrogation dela base de pharmacovigilance a permis d’identifier 34 cas de tbcactive chez les patients exposés aux anti-TNF� mais aucun n’étaitdans l’indication « psoriasis cutané ».Discussion Notre travail souligne la négativité de tests de dépis-tage et de diagnostic mycobactériologique dans les stades initiauxde la tuberculose active chez les patients psoriasiques traités paranti-TNF�. Bien que la sensibilité de ces tests soit diminuée chezles patients immunodéprimés, une négativité de tous ces examensdans 100 % de cas s’avère troublante.Conclusion La mise en route d’un traitement adapté chez unpatient sous anti-TNF� devant une forte suspicion de tbc, sansattendre la positivité des preuves directes, permet probablementde réduire la gravité de la tuberculose.Mots clés Anti-TNF alpha ; Psoriasis ; TuberculoseDéclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir deconflits d’intérêts en relation avec cet article.� Iconographie disponible sur CD et Internet.

http://dx.doi.org/10.1016/j.annder.2014.09.468

P269Onychodystrophie psoriasiformesévère liée à l’etanercept au cours dutraitement d’un psoriasis�

E. Brenaut ∗, A.-C. Davaine , L. Misery , C. Abasq-ThomasDermatologie, CHU de Brest, Brest, France∗ Auteur correspondant.

Introduction Les anti-TNF� ont révolutionné le traitement denombreuses maladies inflammatoires. Les effets secondaires para-doxaux, comme l’apparition de lésions de psoriasis dans des zonesoù il n’y en avait pas auparavant, sont connus. En revanchel’atteinte unguéale est très rarement décrite, nous en rapportonsun cas survenu sous traitement par étanercept pour un psoriasis.Observations Une patiente de 40 ans était suivie pour une mala-die de Verneuil et un psoriasis étendu avec rhumatisme psoriasique,sans atteinte unguéale. Elle avait déjà été traitée par topiques,photothérapie UVB puis ciclosporine. Elle avait recu ensuite untraitement par infliximab, mais celui-ci a été rapidement contre-indiqué après l’apparition d’un œdème de Quincke lors d’uneperfusion. Un traitement par étanercept était initié. Trois semainesaprès le début du traitement, l’amélioration cutanée était nettemais on notait l’apparition de lésions unguéales sur 4 ongles desmains : dépression de la région proximale de la tablette, leuco-

nychie et onycholyse. Les lésions unguéales s’étendaient jusqu’àatteindre la totalité de la tablette alors que les lésions cutanéesde psoriasis disparaissaient complètement. Les prélèvements bac-tériologiques et mycologiques étaient négatifs. Cinq mois plus tard,le traitement était suspendu en raison d’une nécrose pulpaire avecabcès d’une dent. Une repousse normale des ongles était notée.Le traitement était repris 8 semaines plus tard, et on observait unerécidive de l’atteinte unguéale. Le traitement était alors arrêté auprofit de l’adalimumab sans récidive de l’onychopathie avec 1 an derecul.Discussion Chez cette patiente, la sémiologie de l’atteinteunguéale est très évocatrice d’onychopathie psoriasique, etune cause infectieuse a été éliminée par les prélèvements.L’imputabilité chronologique était élevée : survenue peu aprèsl’initiation du traitement, repousse normale à l’arrêt puis récidivelors de la reprise du traitement. Très peu de cas (5 à notre connais-sance) d’atteinte unguéale sous anti-TNF� ont été décrits. Dansles 5 cas, la maladie traitée par l’anti-TNF� n’était pas cutanée(maladie de Crohn, polyarthrite rhumatoïde, maladie de Behcet) etl’atteinte unguéale constituait une des atteintes du psoriasis cutanéparadoxal mais n’était pas isolée. Les lésions élémentaires étaientdes ponctuations en dé à coudre, une onycholyse, une colorationjaune ou une hyperkératose sous-unguéale. Chez les patients traitéspar anti-TNF� pour un psoriasis, l’atteinte paradoxale est souventde localisation et morphologie différentes. Dans notre cas elle semanifeste par une atteinte unguéale isolée.Conclusion Cette observation est particulièrement intéressantedu fait de la rareté de l’onychopathie psoriasique paradoxale et del’imputabilité intrinsèque élevée de l’étanercept dans ce cas.Mots clés Anti-TNF alpha ; Biothérapie ; Onychodystrophie ;PsoriasisDéclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir deconflits d’intérêts en relation avec cet article.� Iconographie disponible sur CD et Internet.

http://dx.doi.org/10.1016/j.annder.2014.09.469

P270Étude échographique descriptive de lavascularisation unguéale chez despatients atteints de psoriasis unguéal�

M. Acquitter 1,∗, S. Jousse-Joulin 2, L. Misery 1

1 Service de dermatologie, CHRU de Brest, Brest, France2 Service de rhumatologie, CHRU de Brest, Brest, France∗ Auteur correspondant.

Introduction L’atteinte unguéale est associée à un risqued’évolution vers le rhumatisme psoriasique. Il paraît donc inté-ressant de mieux analyser les processus inflammatoires locaux etc’est pourquoi nous avons souhaité décrire l’atteinte unguéale etsa vascularisation grâce à l’échographie-Doppler.Patients et méthodes Étude prospective, pilote, descriptive, surl’évaluation par échographie-Doppler de l’atteinte unguéale dansle psoriasis.Des patients atteints de psoriasis unguéal, du cuir chevelu ou desplis ont été inclus de février à juin 2014. Ils devaient être suivi par undermatologue, indemnes de rhumatisme psoriasique (RP) ayant uneexpression clinique, et ne pas prendre de traitement systémique.Une échographie-Doppler des 10 ongles des mains et des gros orteilsétait réalisée par une rhumatologue expérimentée pour cette tech-nique, au cours de laquelle l’enthèse adjacente était aussi analysée.Une hypervascularisation était retenue si 3 hypersignaux étaientvus en mode doppler. L’examen se déroulait dans une pièce à latempérature de 19 ◦C. Le score NAPSI était calculé (0 à 96).Résultats Sur 25 patients, 10 avaient un psoriasis unguéal, 300ongles ont donc été analysés. La durée moyenne d’évolution du pso-riasis était de 12,7 ans dans le groupe psoriasis unguéal (19,2 ansdans l’autre). Le score NAPSI moyen était de 20,5 (1 à 46).