journal reveil combattants septembre 15

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GATTAZ A MACRON : « VOUS POUVEZ COMPTER SUR LE MEDEF » CRISE DE 1929 CUBA - ETATS-UNIS PAS À PAS Septembre 2015 - N° 817 - 5 e www.le-reveil-des-combattants.fr Aujourd'hui, les fondements de la République Française, de notre histoire, les droits de l'Homme et du Citoyen sont menacés par l'hégémonie de Mme Merkel et le suivisme de M. Hollande

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Le journal le réveil des combattants

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GATTAZ A MACRON :« VOUS POUVEZ COMPTER

SUR LE MEDEF »CRISE DE 1929

CUBA - ETATS-UNIS PAS À PAS

Septembre 2015 - N° 817 - 5 e

www.le-reveil-des-combattants.fr

Aujourd'hui, les fondements de la République Française, de notre histoire, les droits de l'Homme et du Citoyen sont menacés par l'hégémonie

de Mme Merkel et le suivisme de M. Hollande

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2 - LE RÉVEIL - N° 817 - SEPTEMBRE 2015

30 ans d’HumanitéCe que je n’ai pas eu le temps de vous direCe que je n’ai pas eu le temps de vous direJosé Fort aurait voulu écrire son livre avec son grand ami Georges Wo-linski pour l’illustrer, mais la cruauté de l’Histoire en a décidé autrement en ce funeste 7 janvier 2015. Il a donc écrit son livre seul, malgré lui.

C’est un militant communiste, il y en a d’autres. Un journaliste de l’Hu-manité dont il fut chef du service international et éditorialiste, il y a eu d’autres. Un fils de Républicain espagnol, il y en a eu d’autres. Un retraité aujourd’hui très actif, qui continue à offrir son talent à la cause progres-siste, il y en a d’autres. Alors qu’est-ce qu’il a donc d’original notre ami José ?

Il est fort, « trop fort » ! Fort de nous avoir écrit ce livre d’apparence ano-dine, qui nous apprendra certainement beaucoup plus que nombre de prix littéraires de rentrée. Fort de continuer à écrire – certains diraient avec ses tripes – je pense plutôt avec son arme préférée, l’expression écrite, celle qui va direct au but et qui ne s’encombre pas d’un « excusez-moi de vous déranger ». Il nous offre une écriture musclée pour évoquer avec le recul du temps des moments marquants de sa vie de grand reporter dans la grande saga du monde contemporain.

Bien sûr, il a cette tendresse profonde pour la République Espagnole et ses représentants tels que la Pasionaria ainsi que Cuba et l’Amérique Latine, mais il a plus généralement ce naturel penchant pour ceux qui, du bon côté de l’Histoire, savent avoir le « culot » qu’il faut pour empêcher les rivières de l’espoir de s’assécher dans les mauvais chemins, y compris dans les pays de l’ex pacte de Varsovie.

En dessert de cette chronique délibérément désordonnée de ses rencontres, l’humour, le goût de la farce et la force de l’émotion sont omniprésents, des toilettes d’un hôtel à une rencontre avec Fidel Castro en passant par une expérience de chauffeur de foule à la Fête de l’Humanité.

L’introduction de Roland Leroy, ancien directeur de l’Humanité, grand homme de presse, est remarquable. L’évocation de René Andrieu, d’Henri Alleg ainsi que de nombreux autres communistes et progressistes mérite l’intérêt de toutes les générations.

Aragon, Roland Leroy, Georges Wolinski, Ben Bella, Yves Moreau, Henri Alleg, Georges Fournial, Nelson Mandela, Georges Marchais, Yasser Arafat, José Bové, Dominique Baudis, Ernesto Guevara, Fidel Castro, Hugo Chavez, Bernard Guetta, Lise London, Dolores Ibarruri, Santiago Carrillo, Marcelino Camacho, Maria Teresa, Gabriel, Rol Tanguy, François Lescure, Roland Perroton, Alain Audoubert, Guy Martin, Charles Four-niau, Alexandre Dubcek et Madeleine Riffaud, pour ne citer que tout ce monde-là, dessinent les contours de ce dessin que Wolinski aurait certainement créé, à l’image de l’espérance d’un monde meilleur qui ne tiendra jamais de la génération spontanée. C’est un bon livre de chevet avec un plus qui ne trompe pas : il excite autant la curiosité que l’envie de toujours se lever tôt le matin des luttes.

Yvon Huet

Commandez le livre de José Fort « 30 ans d’Humanité » - à : Arcane 17- 107 rue Marcadet – 75018 PARIS www.editions-arcane17.net ou Cuba Si France – 94 Bd Auguste Blanqui – 75013 PARIS (20 euros port compris) – [email protected].

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LE RÉVEIL - N° 817 - SEPTEMBRE 2015 - 3

ÉDITO LE RÉVEIL

SOMMAIRE

www.le-reveil-des-combattants.fr

LE RÉVEIL DES COMBATTANTSFondé en 1931 par Henri-BarbusseMensuel de l’Association républi-caine des anciens combattants et

victimes de guerre.Commission paritaire n° 0713-A 06545ISSN N° 0751-6215 • Édité par les Éditionsdu Réveil des Combattants • SARL au capitalde 45 734,41 € - Siret : 572 052 991 000 392, place du Méridien - 94807 Villejuif cedexTél. 01 42 11 11 11Fax. 01 42 11 11 [email protected]

• Tirage : 60 000 exemplaires• Gérant Directeur de la publication : Raphaël Vahé• Directeur délégué - Rédacteur en chef : Pa-trick Staat• Comité de Rédaction : Brigitte Canévêt, Hervé Corzani, Jean-Pierre Delahaye, André Fillère, Lau-rence Gorain• Service photos : Jean- Claude Fèvre• Administratrice : Annick Chevalier• Conception graphique - Impression : RIVET PRESSE EDITION - 24 rue Claude-Henri-Gorceix, 87022 Limoges cedex 9

REMETTRE LA FRANCE A L’ENDROIT

L’austérité aggrave la précarité de la majorité des pays d’Europe, à commencer par la France. Les

choix de Bruxelles validés par le gouvernement Valls et le Président conduisent à toujours plus d’inégali-tés, de difficultés et de misère.

Depuis juin 2012, la France compte 1,3 million de chô-meurs en plus. Ce sont 3 à 4 millions de familles de chô-meurs supplémentaires qui voient s’installer la précarité. La moitié des 14 millions de retraités vivent avec moins de 1 000 euros.La misère s’est accrue : 9 millions de pauvres, 6,1 mil-lions de chômeurs, voilà la triste réalité de la politique d’austérité.M. Valls va plus loin, il supprime 43,8 milliards de 2014 à 2017 de dotations aux collectivités territoriales. C’est en-core moins de pouvoir d’achat pour chacun d’entre nous, c’est plus d’impôts locaux, moins de service public…L’activité en France tourne à 70 % de ses capacités pro-ductives parce que l’argent va aux banques plutôt qu’aux investissements et au pouvoir d’achat.Les carnets de commande sont vides. Nous sommes en-gagés du fait des choix européens et de notre gouverne-ment dans la même spirale que la crise de 1929 (Cf. notre dossier mémoire).Comme du temps des 400 familles en 1929, l’écart est si grand entre les puissances d’argent et nos concitoyens que l’avenir même du système est posé.M. Bernard ARNAULT a vu sa fortune, en 2014, aug-menter de 7,6 milliards soit 28 % de plus qu’en 2013. Les 500 plus grosses fortunes ont vu leur richesse augmenter de 18 % en un an. Pour rentrer dans ce classement, il faut posséder l’équivalent de 80 millions d’euros contre 16 il y a 20 ans.Visiblement, ni la crise, ni la politique fiscale n’entament la progression des grandes fortunes.C’est cela qui a créé la grande dépression de 1929 et la montée du fascisme en Europe.C’est cette réalité-là que vivent des dizaines de millions de travailleurs qui ne peuvent plus supporter cette situa-tion.Il faut donc avec courage se poser les questions qui re-mettent en cause les fondements de cette Europe, à com-mencer par l’euro, mais également revoir les traités qui ont été signés contre l’avis de certains peuples comme en France en 2005, ou même sans consultation.Il faut remettre les choses à l’endroit, à commencer par respecter la souveraineté populaire et la souveraineté de chaque nation.Nous courrons à la catastrophe et si l’histoire ne se répète jamais de la même manière, les mêmes causes conduisent à des faits similaires. Il est temps de réagir.

Patrick STAAT

Actualités 30 ans d’Humanité Ce que je n'ai pas eu le temps de vous dire ........................................2L’ONU « préoccupée » par la loi sur le renseignement et celle sur le terrorisme ......................................................................4L’Union européenne s’enrôle dans l’Otan ..........................................5Le Parisien, 1er septembre 2015 – « Hollande a tout faux ! » ............6Gattaz à Macron : « vous pouvez compter sur le medef » .................7

International Cuba/Etats-Unis : Pas à Pas ................................................................8Erdogan veut la presse à sa botte ........................................................9Turquie : Double jeu à Ankara ............................................................9Iran/USA : Bras de fer à Washington ................................................10Climat : le double langage d’Obama ................................................11Après la commémoration à Rennes des massacres de Sétif : Un nouveau regard entre la France et l’Algérie ? .............................21

Vos droits La loi Macron ignore les ACVG mais pas le CAC 40 !!! ................22Nouvelle commission nationale d’attribution de la carte du combattant ...................................................................22L'Arac et sa Mutuelle, ensemble pour défendre l’avenir des OPEX .............................................................................23Voyage au Vietnam ............................................................................231er octobre, remise officielle des Cartes du Combattant ...................25

Vie de l’ARAC Le nouveau calendrier .......................................................................25Vie des comités ..................................................................................25Le retour de la Tombola ....................................................................27Tombola ARAC 2015 - Les numéros gagnants ................................28Hommage à Jean Rolland.....................29Nos peines ............................................30

P. 13 . D O S S I E R

La Crise de 1929

Dans ce numéro : un carnet de tombola et une enveloppe T

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4 - LE RÉVEIL - N° 817 - SEPTEMBRE 2015

LE RÉVEIL ACTUALITÉSACTUALITÉS

L’ONU « préoccupée » par la loi sur le renseignement et celle sur le terrorisme

« Le Comité est préoccupé par les pouvoirs conférés aux services de renseignements en matière de sur-veillance digitale à l’intérieur et à l’extérieur de la France » expose-t-il dans son rapport. Il « s’inquiète tout particulièrement de ce que la loi sur le renseignement adoptée le 24 juin 2015 (soumise au Conseil Constitutionnel) octroie des pouvoirs excessivement larges de surveillance très intrusive aux services de renseignement sur la base d’objectifs vastes et peu définis, sans autorisation préalable d’un juge et sans mécanisme de contrôle adé-quat et indépendant »

Selon l’instance installée à Genève, « l’État partie devrait prendre toutes les mesures nécessaires pour garan-tir que ses activités de surveillance, à l’intérieur et à l’extérieur de son terri-toire, sont conformes aux obligations découlant du Pacte, notamment de l’article 17. »

L’article 17 du Pacte des droits de l’homme prévoit que « nul ne sera l'objet d'immixtions arbitraires ou il-légales dans sa vie privée, sa famille, son domicile ou sa correspondance, ni d'atteintes illégales à son honneur et à sa réputation ». De même, « toute per-sonne a droit à la protection de la loi contre de telles immixtions ou de telles atteintes ».

Ce qui inquiète spécialement l’ONU, ce sont les finalités qui permettront de mener à bien ces opérations de surveil-lances ainsi que les personnes suscep-tibles d’être espionnées. Or, comme l'ont dénoncé de nombreux opposants au texte, les dispositions sont jugées trop floues. « L’État partie devrait veiller à ce que la collecte et l’utili-sation de données relatives aux com-munications se fasse sur la base d’ob-jectifs légitimes précis et que soient énoncées, en détail, les circonstances exactes dans lesquelles de telles im-mixtions peuvent être autorisées et les catégories de personnes susceptibles d’être placées sous surveillance. Il de-vrait veiller également à garantir l’ef-ficacité et l’indépendance du système de contrôle des activités de surveil-lance, notamment en prévoyant que le pouvoir judiciaire participe à l’autori-sation et au contrôle des mesures de surveillance ».

Bernard Cazeneuve a démultiplié les arguments pour expliquer que non, le juge n’avait rien à faire en amont de ces opérations de surveillance. D’ail-leurs, lorsqu’on lit le texte on voit que le Conseil d’État n’interviendra qu’optionnellement. De plus, même s’il constatait une violation de la loi, il pourrait s’offrir le luxe de ne pas sanc-tionner l’État.

Le Comité consultatif ne s’arrête pas en si bon chemin. Il torpille également la loi sur le terrorisme de 2014. Plu-sieurs de ses dispositions « sont diffi-cilement conciliables avec les droits consacrés dans le Pacte ». Il se dit là encore préoccupé par :

l « Les implications, en matière de procédure, de l’insertion de délits de provocation et d’apologie du ter-

rorisme dans le Code pénal, notam-ment la possibilité de juger des sus-pects en comparution immédiate » ;

l « l’introduction de mesures d’inter-diction de sortie du territoire et du délit « d’entreprise terroriste in-dividuelle » ainsi que l’utilisation de termes vagues et imprécis pour la criminalisation et la définition de faits constitutifs d’acte de terro-risme, de provocation ou d’apologie du terrorisme »

l « le nombre et la nature des faits qui ont conduit à des poursuites, notamment à l’encontre de mineurs, pour apologie du terrorisme suite aux attentats commis à Paris en jan-vier 2015 et souvent jugées en com-parution immédiate »

Il demande à la France de s’assurer de bien respecter « les principes de présomption d’innocence et de léga-lité » en optant pour des textes énon-cés « de manière explicite et précise ». Dans sa foulée, il lui réclame encore de « s’assurer que si elles conduisent à des restrictions de certains droits de l’homme, comme le droit à la liberté d’expression, d’information ou de mouvement [les] restrictions soient conformes aux dispositions du Pacte, notamment aux exigences de nécessité et de proportionnalité. »

Le comité des droits de l’Homme de l’ONU vient de lourdement critiquer la France. Il critique au passage une autre disposition adoptée en novembre 2014, la loi sur le terrorisme.

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LE RÉVEIL - N° 817 - SEPTEMBRE 2015 - 5

ACTUALITÉSACTUALITÉS LE RÉVEIL

L’Union européenne s’enrôle dans l’OtanIl n’est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir, observe Manlio Dinucci à propos de l’impossibilité des Euro-péens à considérer leur dépendance à l’Otan. Pourtant, tous les signes sont visibles. Depuis toujours, les proposi-tions de la Commission de Bruxelles sont toutes préparées par les services administratifs de l’Otan. Et les Traités de l’UE stipulent la dépendance de celle-ci à l’Otan.

La « Trident Juncture 2015 » (TJ15) ne sera pas seulement un des plus grands exercices Otan qui, du 28 sep-tembre au 6 novembre, verra engagées surtout en Italie, Espagne et Portugal plus de 230 unités terrestres, aériennes et navales et forces pour les opérations spéciales de plus de 30 pays alliés et partenaires, avec 36 000 hommes, plus de 60 navires et 140 avions de guerre, plus les industries militaires de 15 pays pour évaluer de quelles autres armes a besoin l’Alliance. Dans l’exercice de guerre, l’Otan impliquera plus de 12 organisations internationales ma-jeures, agences d’aide humanitaire et organisations non gouvernementales.« Participeront aussi à la TJ15 l’Union européenne et l’Union africaine », an-nonce un communiqué officiel. Parmi les pays de l’UE les plus engagés dans l’exercice Otan figurent, en plus des trois dans lesquels se déroulera le gros des opérations, Allemagne, Belgique et Hollande. D’importantes person-nalités internationales seront invitées à assister à la TJ15 le 19 octobre à Trapani (Sicile), le 4 novembre à Sa-ragosse (Espagne) et le 5 novembre à Troia (Portugal).

Ainsi « l’Otan démontre son en-gagement à adopter une approche multi-compréhensive ». En d’autres termes, son engagement à étendre toujours plus son aire d’influence et d’intervention, de l’Europe à l’Afrique

et à l’Asie, avec des objectifs glo-baux. C’est dans ce cadre que s’in-sère la « Trident Juncture 2015 », qui sert à tester la « Force de réaction » (40 000 effectifs), surtout sa « Force de pointe » (ou "Fer de lance", NdT) à très haute rapidité opérative. La TJ15 montre « le nouveau niveau accru d’ambition de l’Otan dans la conduite de la guerre moderne conjointe », en montrant qu’elle est « une Alliance avec fonction de guide ».

Sur un tel fond, comment peut-on dis-cuter d’Union européenne en ignorant l’influence de l’Otan, et, donc, des États-Unis qui en détiennent le com-mandement ? L’article 42 du Traité sur l’Union européenne stipule que « la politique de l’Union respecte les obligations de certains États membres, lesquels considèrent que leur défense commune se réalise par l’intermé-diaire de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord ». Comme sont membres de l’Alliance 22 des 28 pays de l’UE, la suprématie de l’Otan est évidente. Pour lever toute équivoque, le protocole n° 10 sur la coopération instituée par l’article 42 souligne que l’Otan « reste le fondement de la dé-fense collective » de l’UE, et qu’« un rôle plus fort de l’Union en matière de sécurité et de défense contribuera à la vitalité d’une Alliance atlantique ré-novée ». Rénovée, oui, si bien que de l’Atlantique Nord elle est arrivée sur les montagnes afghanes, mais rigide-ment ancrée à la vieille hiérarchie : le Commandant suprême allié en Europe est toujours nommé par le président des États-Unis et tous les autres com-mandements clés sont aux mains des USA.

Par le biais de l’Otan, à l’intérieur du-quel les gouvernements de l’Est sont plus liés à Washington qu’à Bruxelles, les USA influent non seulement sur

la politique étrangère et militaire de l’UE, mais dans l’ensemble sur ses orientations politiques et écono-miques. En traitant de façon individuelle avec les plus grandes puissances eu-ropéennes – Allemagne, France et Grande-Bretagne – sur la répartition des profits et aires d’influence, en s’as-surant de l’appui inconditionnel des autres grands pays de l’UE à commen-cer par l’Italie.

Sur ce fond, comment peut-on penser que dans l’épisode grec les USA ne jouent pas un rôle considérable par le biais de l’Otan, dont la Grèce est une partie stratégiquement importante ?Comment peut-on séparer les ques-tions économiques de celles politiques et militaires, au moment où, dans le sillage de la stratégie USA, l’Europe se trouve transformée en première ligne d’une nouvelle Guerre froide contre la Russie et en pont de lancement de nou-velles opérations militaires en Afrique, au Moyen-Orient et au-delà, jusqu’à la région Asie/Pacifique ?

Manlio Dinucci

Source : Il Manifesto (Italie)

Manlio Dinucci :Manlio Dinucci : Géographe et géopolitologue. Géographe et géopolitologue.

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6 - LE RÉVEIL - N° 817 - SEPTEMBRE 2015

LE RÉVEIL ACTUALITÉS

Le Parisien – 1er septembre 2015

« Hollande a tout faux ! »Conjoncture. L’économiste amé-ricain Joseph Stiglitz, grande fi-gure de la critique de l’austérité, fustige les choix budgétaires de la France et l’attitude de l’Alle-magne face à la crise grecque.

Sans cravate, les lacets de chaussures dénoués, confortablement installé dans un sofa…Derrière ce style décontracté se cache une sommité. Une superstar de l’éco-nomie. Son palmarès parle pour lui : lauréat en 2001 du très convoité prix Nobel d’économie, ancien conseiller de Bill Clinton à la Maison-Blanche, ancien économiste en chef de la Banque mondiale… De passage en France pour présenter son nouveau livre, « la Grande Fracture* », Jo-seph Stiglitz envoie dans les colonnes du « Parisien » - « Aujourd’hui en France » un message anti-austérité aux dirigeants européens, François Hollande en tête.

L’été a été rythmé en Europe par la crise de la dette grecque. L’accord trouvé avec Athènes est-il, de votre point de vue, un succès ?

Joseph Stiglitz. S’il s’agissait d’affai-blir un peu plus le peuple grec, d’ap-profondir et d’allonger la récession, alors, oui, c’est un succès. (Rires)

N’est-ce pas la fin du feuilleton grec ?

Non, la crise sera de retour dans deux ou trois ans. Peut-être même avant ! Il faut regarder la réalité en face. Les Grecs n’arriveront pas à payer leur dette. Si on la restructure et qu’on as-souplit les mesures d’austérité, alors que la Grèce aura des perspectives de croissance.

« Il faut regarder la réalité en face.

Les Grecs n’arriveront pas à payer leur dette. »

Cette crise nuira-t-elle aussi à la santé des grands pays européens comme la France ?La Grèce est trop petite pour qu’il ait des répercussions directes. Mais le type de politique mise en place en Grèce, à savoir les politiques d’aus-térité, c’est ce qui est en train de tuer l’Europe. C’est le même type de po-litique que l’Allemagne a imposé ces dernières années à la France qui contribue à sa croissance molle.

En France, selon vous, il est temps de dépenser plus d’argent public ?Oui, en investissant dans les in-frastructures, la recherche, l’éduca-tion…

Pour le président, c’est plutôt le moment de faire des économies…François Hollande a tout faux. Sur ce point, en tout cas.

Mais augmenter la dépense pu-blique, c’est prendre le risque de laisser une lourde dette à nos en-fants…

L’addition sera encore plus impor-tante si vous n’investissez pas dans l’éducation, les infrastructures, et que le chômage reste élevé. Pour moi, ce que le gouvernement fait, c’est la pire stratégie pour le futur de la France, cela sape le potentiel de croissance. Les entreprises n’investissent pas s’il n’y a pas de demande. Et s’il n’y a pas de demande, c’est à cause de l’austérité.

L’économie américaine repart. Moins de taxes, moins de dépenses publiques et plus de flexibilité… N’est-ce pas le bon exemple à suivre ?

Si vous voulez une économie qui échoue, oui, c’est un bon exemple. Les entreprises américaines font la plupart de leurs bénéfices à l’étran-ger. Pourquoi ? Car les salaires des Américains sont bas, ils ne peuvent pas consommer. Ce n’est pas le signe d’une économie en bonne santé. Le niveau de vie d’un Américain moyen est inférieur à ce qu’il était il y a vingt-cinq ans ! Les PDG s’en sortent très bien, mais les 99 % de la popu-lation restants, eux, s’appauvrissent.

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LE RÉVEIL - N° 817 - SEPTEMBRE 2015 - 7

ACTUALITÉSACTUALITÉS LE RÉVEIL

« Ce que le gouvernement fait, c’est la pire stratégie pour le futur de la France ».

Après deux années passées à la tête d’Alcatel, Michel Combes devrait recevoir près de 14 M€ sur les trois prochaines années, notamment en stock-options en actions. Est-ce normal ?

Non !

N’est-ce pas logique de bien rému-nérer les grands patrons qui ont des responsabilités ?

Il n’y a aucun lien entre leurs payes

et leur productivité. Les banquiers américains qui ont mené la planète au bord du gouffre en 2008 étaient les pires banquiers du monde. Et pour-tant, ils avaient les plus gros salaires ! Lorsqu’on regarde la manière de ré-munérer les dirigeants de grandes compagnies, la plupart ont des stock-options (NDLR : dont la valeur augmente avec le cours des actions). Or l’évolution du cours des actions ne dépend pas forcément de leurs décisions. Par exemple, si vous êtes à la tête d’une compagnie aérienne et que les prix du pétrole diminuent, vos coûts de production baissent, la va-

leur de vos actions monte et vous êtes mieux payé.

Propos recueillis par Elise Laperdrix et Boris Cassel

* 25 €, Editions Les liens qui libèrent.* 25 €, Editions Les liens qui libèrent.

GATTAZ A MACRON :« VOUS POUVEZ COMPTER SUR LE MEDEF »A l'université d'été du Medef, Pierre Gattaz a exigé une réforme en pro-fondeur « d'ici Noël » du droit du travail. La veille de cette déclaration, le premier ministre Manuel Valls pu-bliait dans « Les Echos » une tribune dans laquelle il déclare qu'il faut « repenser la façon d'aborder une ré-glementation du travail devenue trop complexe ».

Gattaz a expliqué « La raison princi-pale qui me fait penser qu'il faut accé-lérer les réformes c'est une crise asia-tique ou chinoise », où « le reste du monde risque d'être affaibli ». Il avait « très peur de ce qui arriverait au ba-teau France » s'il n'a pas « colmaté les brèches et se retrouve à affronter une deuxième tempête du type subprimes dans six mois ou un an ».

Le gouvernement prépare une « ré-forme » du droit du travail depuis des mois. Il a commandité un rapport sur cette question rédigé par Jean-Denis Combrexelle. Valls attend beaucoup des « propositions audacieuses » faites dans ce rapport, qui doit être remis au mois de septembre.

Les déclarations du Medef et du gou-vernement sont le prélude à un assaut mené sur des droits fondamentaux des salariés en France, à l'image des mesures d'austérité imposées par l'Union européenne au peuple grec.

L'idée du Medef est essentiellement de remplacer la législation du travail existante par des accords faits au ni-veau des seules entreprises. Gattaz invoque « la peur » du patronat d'em-baucher tant que les réformes reste-ront insuffisantes.

Les raisons invoquées par le Medef sont l'amélioration de la compétiti-vité des entreprises françaises face à leurs rivales et la nécessité de ren-forcer l'attractivité de la France pour les investisseurs. Il s'agit en fait pour Gattaz de retirer tous les obstacles posés par la législation du Travail, les baisses de salaire sans limite, la destruction des conditions de travail et de la protection sociale des sala-riés. « Le gouvernement qui réglera ce problème entrera dans l'histoire », a dit Gattaz.

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8 - LE RÉVEIL - N° 817 - SEPTEMBRE 2015

LE RÉVEIL INTERNATIONAL

Cuba/Etats-Unis

Pas à Pas Le rapprochement entre les deux pays se poursuit pas à pas et si une nouvelle étape vient d’être franchie il reste la question cruciale de la levée de l’embargo. La balle est dans le camp du Congrès américain.

C’est fait ! Depuis la mi-août le dra-peau américain flotte de nouveau sur l’immeuble de l’ambassade US à Cuba. Une première depuis 54 ans ! Il a été installé au cours d’une cérémonie symbolique du rapprochement entre les deux pays en présence du chef de la diplomatie américaine, John Kerry. Trois Marines américains ont hissé la bannière étoilée sous les yeux de trois de leurs aînés, aujourd’hui à la retraite, qui l’avaient abaissée en 1961, deux ans après l’arrivée au pouvoir des révo-lutionnaires conduits par Fidel Castro. Conséquence de la guerre froide et des tensions persistantes entre Washing-ton et La Havane, la bannière étoilée n’avait plus flotté depuis cette année-là sur le bâtiment situé sur le Malécon, boulevard en front de mer de La Ha-vane. L’ambassade américaine est res-tée fermée de 1961 à 1977, année de sa réouverture en tant que “section d’in-térêts”.Le retour symbolique du drapeau amé-ricain intervient un peu moins de huit mois après l’annonce par les prési-dents, Raul Castro et Barack Obama, d’une reprise des relations diploma-tiques. Il reste que de profondes diver-gences subsistent entre deux pays et que les efforts diplomatiques en vue

d’une normalisation complète risquent de prendre du temps. Celles-ci n’ont pas manqué de transpirer au cours de la cérémonie. John Kerry, premier se-crétaire d’État US en visite dans l’île, depuis 70 ans, a déclaré qu’il était évident à ses yeux que « le chemin de l’isolement réciproque et de la sépara-tion qu’ont emprunté les États-Unis et Cuba n’est pas le bon ».

Divergences de fondDans une déclaration traduite en espa-gnol et retransmise en direct à la télé-vision cubaine, il a souligné la volonté de Washington de voir aboutir des ré-formes démocratiques à Cuba. « Nous restons convaincus que le peuple cubain pourrait bénéficier d’une vé-ritable démocratie dans laquelle le peuple serait libre de choisir ses diri-geants », a dit le chef de la diplomatie américaine, précisant que l’Amérique continuerait à appeler le gouverne-ment cubain à remplir ses obligations à l’égard de l’Onu et des dispositions sur les droits de l’homme, « obliga-tions partagées par les États-Unis et par chaque pays dans les Amériques », a ajouté Kerry avec un certain cynisme, se posant en défenseur universel des droits de l’homme !

Répondant indirectement à son invité, le ministre cubain des Affaires étran-gères, Bruno Rodriguez, a rappelé que son pays et les Etats-Unis entretenaient « d’importantes divergences sur la sé-curité nationale, les droits de l’homme et les modèles politiques ». Il n’a pas manqué de souligner que les Etats-Unis étaient eux-mêmes confrontés à des problèmes intérieurs non résolus. « Cuba n’est pas le pays où se pro-duisent des actes de discrimination ra-ciale ou des brutalités policières pro-voquant des morts. Le territoire où des gens sont torturés et détenus dans un vide légal ne relève pas de la juridic-tion de Cuba », a-t-il dit en référence à la base militaire de Guantanamo. Le chef de la diplomatie cubaine a précisé « les événements historiques que nous sommes en train de vivre feront sens uniquement avec la fin du blocus éco-nomique, commercial et financier, qui provoque tant de privations et de dé-gâts pour notre peuple, avec la rétro-cession de Guantanamo et le respect de la souveraineté de Cuba.Il reste donc du chemin à faire et le temps presse pour Obama qui doit convaincre rapidement les Républi-cains majoritaire au Congrès de lever l’embargo. Une majorité d’américain le souhaite et les investisseurs ont les pieds dans les starting-blocks sachant qu’ils ne sont pas seuls à convoiter le « marché cubain ». D’ailleurs, dans l’édition de « Granma » - l’hebdoma-daire officiel de la révolution cubaine- du 31 juillet sous le titre « Cuba et la Chine, une alliance aux potentialités infinies » le quotidien affirmait « la Chine est aujourd’hui le deuxième partenaire commercial de notre pays et sa participation dans de nombreuses sphères du développement et de l’éco-nomie nationale la confirme comme un partenaire stratégique »

Jean-Pierre Delahaye

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INTERNATIONAL LE RÉVEIL

Une semaine avant les élections légis-latives turques, le journal d’opposition « Cumhuriet » (centre gauche) a publié dans son édition papier et sur son site des documents et des photos impli-quant les services secrets turcs dans un trafic d’armes destiné à ravitailler des djihadistes syriens liés à l’Etat Isla-mique (EI). Selon « Cumhuryiet » les camions interceptés transportaient un millier d’obus de mortier, 80 000 mu-nitions pour des armes de petits et gros calibre et des centaines de lance-gre-nades (voir notre numéro de juin 2015 sous le titre « du rififi à Ankara »).Aujourd’hui menacé publiquement par le président de la République, Recep Tayyip Erdogan, Can Dundar, 54 ans,directeur du quotidien, risque jusqu’à trente ans de prison pour « révélation de secret d’Etat » et « espionnage ». « Je ne le laisserai pas, je le suivrai et

il devra payer la facture » a éructé le maître d’Ankara !Dans une interview publiée par le quo-tidien « Libération » lundi 17 août, le journaliste a notamment déclaré « Dans ce pays, nous subissons tous les jours les conséquences de l’aide apportée aux groupes islamistes radi-caux de Syrie. Des soldats, des poli-ciers, des civils et des militants armés kurdes sont tués dans les opérations lancées contre le PKK. Personne ne veut la guerre àl’exception d’une seule personne : Recep Tayyip Erdogan… En Turquie, il n’est pas interdit d’envoyer clandesti-nement des armes aux terroristes, mais il est interdit de publier une telle infor-mation.Erdogan est dans une position plus dif-ficile que moi. Moi, je suis jugé pour

ce que j’ai écrit ; lui, il le sera un jour, j’espère, pour ce qu’il a fait ! Le monde entier connaît les relations qui existent entre ces forces des ténèbres et le pré-sident turc. Ce dernier croit pourtant qu’en nous menaçant, il va nous faire taire et que personne ne saura ce qui se passe ».

Turquie

Double jeu à AnkaraAu prétexte de lutte contre le terrorisme, le pouvoir turc veut éradiquer son opposition et vise particuliè-rement les kurdes.

« Le jeu trouble de la Turquie dans la lutte contre Daech », « Recep Erdogan à la manœuvre contre les Kurdes » Ces titres barraient la « Une » du Figaro le 4 août dernier alors que quelques jours auparavant, le gouvernement turc ve-nait enfin, de déclencher des opérations militaires contre l’Etat Islamique (EI)

rejoignant ainsi la coalition internatio-nale dirigée par l’Otan, bras armé de Washington. L’engagement, si tardif, de la Turquie, a été présenté, par l’ad-ministration américaine, comme un « tournant » stratégique d’Ankara dans le combat contre l’EI…En fait, journalistes et observateurs

sont quasi unanimes pour considérer que si la Turquie est bien en guerre, elle s’est lancée dans une offensive tous azimuts contre les Kurdes aussi bien à l’intérieur de ses frontières qu’à l’exté-rieur. Ces dernières semaines la police turque a multiplié les arrestations, ré-primée violemment les manifestations. Selon les journalistes sur place des centaines de militants du PKK ont été tués par Ankara. Certains estiment que la situation rappelle les années 1990, « les années noires d’une guerre civile larvée entre l’armée turque et le PKK qui a fait quelque 40 000 morts et plu-sieurs millions de déplacés ».Le premier ministre, Ahmet Davuto-glu, a lui-même donné l’ordre des prio-rités quand l’armée turque est entrée en campagne :« Nous ne pouvons tolérer que des mi-

Erdogan veut la presse à sa botte

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litants kurdes, d’extrême gauche ou de l’Etat islamique, visent notre pays. » Une déclaration on ne peut plus claire. Si les cibles sont nommées par ordre d’importance, les djihadistes viennent alors en dernier. La « guerre contre le terrorisme » invoquée par Erdogan, n’est qu’un prétexte pour affaiblir les combattants kurdes en Syrie et en Irak ceux-là même qui ont résisté héroï-quement aux djihadistes à Kobane. Sur le plan intérieur Erdogan tente de s’affranchir de la dernière consultation électorale.

L’OTAN et l’Europe détournent L’OTAN et l’Europe détournent les yeuxles yeuxLe résultat du scrutin législatif de juin dernier a privé son parti, l’AKP, qui di-rige la Turquie depuis plus de dix ans, de majorité parlementaire. Le Parti dé-mocratique des peuples (HDP), regrou-pement progressiste d’une vingtaine d’organisations, a créé la surprise avec plus de 13 % des voix et 80 députés. Privé de majorité, Erdogan, toujours

déterminé à modifier la Constitution pour présidentialiser le régime a publi-quement écarté le scénario d’une coali-tion. La population ne s’y trompe pas, selon un sondage de l’institut « Gé-zigi » publié début août, près de deux tiers des turcs voient dans l’engage-ment d’Ankara une opération visant à influer sur le résultat de l’élection anti-cipée de novembre prochain ! Erdogan se verrait bien en rempart contre tous les « terrorismes ». Le président turc, s’est placé dans une stratégie d’ins-trumentalisation des kurdes. La guerre en cours contre le PKK constitue à ses yeux un incontestable moyen de re-conquérir l’électorat nationaliste et de faire peur à une partie de l’électorat de gauche qui a voté pour l’HDP. Pour Di-dier Guillon de l’IRIS « Erdogan veut apparaître comme le seul capable de défendre le pays, agressé par de mul-tiples ennemis, et joue la stratégie de la tension. Seulement, cette logique de guerre est dangereuse car nul n’est,

en réalité, véritablement capable de la contrôler ».Comme à l’habitude, les occidentaux et l’Otan détourne les yeux apportant ainsi leur soutien à Erdogan dans ces opérations de nettoyage. Interrogé par le quotidien l’« Humanité » SelahattinDemirtas, co-président du Parti démo-cratique des peuples (HDP), récem-ment élu à Istanbul, a estimé que « la Turquie est un pays très important pour l’Otan, dont elle est membre. Nous sa-vons que l’Otan ne voulant pas perdre la Turquie, elle fermera les yeux sur les horreurs commises et sa politique. Qui peut dire que l’Otan est elle-même une organisation visant à la protection des droits de l’homme ou de la démocra-tie ? C’est une force protectrice ducapitalisme et des forces impérialistes C’est la raison pour laquelle l’Otan a fait une telle déclaration. Bien que ses membres sachent très bien que l’affai-blissement du PKK ne fera que renfor-cer l’Etat islamique ».

Jean-Pierre Delahaye

LE RÉVEIL INTERNATIONALINTERNATIONAL

Iran/Usa

Bras de fer à WashingtonAprès la signature de l’accord sur le nucléaire la bataille fait rage aux Etats-Unis. Tel-Aviv fait pression sur le Congrès et l’opinion publique américaine. Une ingérence « sans précédent » pour Obama

L’Iran et les grandes puissances ont conclu, mi-juillet, un accord histo-rique mettant fin à douze années de tensions autour du dossier nucléaire iranien et ouvrant, pour la majorité

des observateurs à l’exception d’Is-raël, une “nouvelle page” dans les relations internationales. Cet accord rend quasi impossible la construction d’une bombe atomique par Téhéran et

marque le début d’une normalisation des relations de ce pays de 77 millions d’habitants, aux riches ressources pé-trolières et gazières, avec la commu-nauté internationale.Dans les rues de Téhéran, les Iraniens l’ont célébré à coups de klaxons et de cris de joie après la rupture du jeûne du Ramadan.La communauté internationale s’est réjouie quasi unanimement et même les Emirats arabes unis ont estimé que l’accord pouvait être une « occasion d’ouvrir une nouvelle page dans les relations entre les pays de la région du Golfe ».A l’inverse, Tel-Aviv a immédiatement dénoncé une “erreur historique”,

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INTERNATIONAL LE RÉVEIL

qui va permettre à l’Iran de finan-cer sa machine de terreur ». « Israël n’est pas lié à cet accord avec l’Iran (....) Nous saurons toujours nous dé-fendre », a menacé Netanyahu. Il faut s’attendre également à une forte résis-tance du Congrès des Etats-Unis do-miné par les Républicains. Il a repris ses travaux le 7 septembre et dispose de soixante jours pour se prononcer sur le contenu de l’accord. S’il le re-jette Obama pourra toujours faire jouer son droit de veto et bloquer le vote. Ses opposants auront alors comme ultime possibilité de rassembler les deux tiers du Congrès pour infliger un camouflet historique au président démocrate.

Netanyahu à la manœuvreMais avant d’en arriver là, le locataire de la Maison-Blanche va devoir affron-ter une opposition coriace. Et celle-ci porte un nom : l’American Israël Public Affairs Committee (Aipac). Née en 1951, trois ans après la naissance d’Is-raël, l’Aipac fort de 100 000 membres, est la plus puissante des organisations pro-israéliennes américaines. Dès la si-gnature de l’accord iranien, elle a créé

le mouvement Citizens for a Nuclear Free Iran pour le dénoncer.Selon la presse américaine l’Aipac de-vrait dépenser entre 20 et 40 millions de dollars en clips publicitaires dans une trentaine d’États pour dire tout le mal qu’elle en pense. En plus de cette initiative, elle a aussi organisé durant l’été le voyage en Israël de 58 élus américains.Le 5 août dernier, Obama visiblement excédé a dénoncé sur CNN « une in-gérence sans précédent » dans la poli-tique américaine et déploré la dépense « de dizaines millions de dollars » en publicité négative par les opposants à l’accord. Ces derniers pourront-ils convaincre ? « C’est possible mais pas probable », répond André Kaspi, spé-cialiste de l’histoire des États-Unis. « L’Aipac est très puissante, elle dis-pose de moyens conséquents et d’un pouvoir d’influence important mais Obama peut aussi s’appuyer sur le mouvement J Street qui est une autre organisation juive. Il faut d’ailleurs rappeler que 80 % des juifs américains votent pour les démocrates. Et puis pour bloquer l’accord, il faut réunir deux tiers des législateurs. Il faut donc

que des démocrates votent contre l’ac-cord. Deux ont déjà annoncé qu’ils le feraient mais il en faudrait plus d’une dizaine ». A l’exception de deux séna-teurs, les démocrates soutiennent, pour l’instant, largement l’accord. Le chef de la majorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, qui fait campagne contre l’accord, a estimé récemment que Barack Obama avait “de grandes chances de succès” sur ce dossier ma-jeur de sa présidence. Certes le loca-taire de la Maison-Blanche veut faire taire les critiques sur sa politique étran-gère calamiteuse.Mais les enjeux sont également écono-miques.Les échanges financiers et commer-ciaux entre les puissances occidentales et l’Iran sont limités par des sanctions mises en place par les Etats-Unis, les Nations Unies et l’Union européenne.L’accord est la première étape vers une lente reprise des affaires.La croissance du pays, évaluée à 1,5 % par la Banque mondiale en 2014, pourrait s’élever à 4 ou 5 % en 2016 et atteindre 6 à 8 % à moyen terme. Une sacrée motivation.

Jean-Pierre Delahaye

Climat

Le double langage d’ObamaA quelques mois de la conférence sur le climat (COP 21) qui se tiendra à Paris à la fin de l’année, Obama multiplie lesdéclarations et manifestations pour redorer le blason de l’Amérique en matière environnementale. Début sep-tembre, le déplacement du locataire de la Maison Blanche en Alaska n’est pas passé inaperçu : randonnée sur les glaciers, rencontre avec des pêcheurs et même une incursion dans une émis-sion de téléréalité où les candidats sont abandonnés dans une nature hostile ! Le choix de l’Alaska, frappé de plein fouet par le réchauffement climatique n’est pas anodin car la région est également riche… en hydrocarbures. Aux termes

des gesticulations médiatiques, Obama s’est contenté d’admettre la respon-sabilité des USA dans le dérèglement climatique sans prendre aucun enga-gement. C’est pourtant bien lui qui, le 17 août dernier, à donner son accord à la compagnie pétrolière Shellpour forer dans les eaux qui bordent la côte nord de l’Alaska. Conclusion du New York Times : « Si l’Arctique est une toile de fond qui sied à l’appel du président à agir, c’est aussi un endroitoù les éléments contradictoires de sa politique environnementale s’entre-choquent ». Double langage…

Jean-Pierre Delahaye

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DOSSIERDOSSIER LE RÉVEIL

1931 : la crise économique ébranle le colosse américain, l’Allemagne convalescente, le monde capitaliste. La France célèbre le 50e anniversaire de l’école laïque, inaugure l’Exposition coloniale.Les rêves d’un « avenir semé de fleurs » avec les couleurs de la prospérité, de la paix, de la stabilité, s’évanouissent.Aux années folles, succèdent dépres-sions et orages. Une société ravagée par une crise globale : marasme éco-nomique, bouillonnement des mécon-tentements, montée des dictatures et périls guerriers, ébranlement du ré-gime parlementaire, bouleversement

des valeurs. Cette crise, « globale » de la société, comme celle d’avant la première guerre mondiale, ouvre une époque nouvelle…

Face à cette crise majeure, où les classes populaires et moyennes sont en détresse, surtout les jeunes (« le malheur d’être jeune » titre Paul Vail-lant-Couturier), les ouvriers peu quali-fiés, les salariés agricoles, les fermiers et métayers… Le patronat et le « mur de l’argent », la finance font le choix, aidés en cela par une fraction de l’intel-ligentsia de lever le voile du fascisme, en subventionnant les ligues exis-

tantes et en contribuant à en créer de nouvelles, en s’inspirant des modèles fascistes déjà à l’œuvre en Italie ou en Allemagne…

On connaît la suite funeste autant que tragique qui conduit aux Accords de Munich et à la Seconde guerre mon-diale.

Devant la montée des exigences popu-laires et démocratiques, le patronat et la grande bourgeoisie de l’époque ont préféré le choix : « plutôt Hitler que le Front populaire ». Les enjeux d’au-jourd’hui recoupent pour beaucoup les enjeux d’hier.

Un meeting à l'intérieur des ateliers de la Samaritaine

Crise de 1929

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LE RÉVEIL DOSSIER

La crise de 1929L’ARAC entre 1917 (date de sa création) et aujourd’hui n’a ja-mais cessé d’apporter sa propre contribution au combat contre les mêmes ennemis qui poursuivent les mêmes politiques que ceux qui ont exploité à l’époque la grande dépression, les peuples, au bénéfice des hommes de la finance hier les 400 familles au-jourd’hui ceux du CAC 40.

Il n’est pas inutile de faire un retour d’histoire toujours vive fondé sur des recherches ré-centes, pour mieux comprendre le présent.

1929 : « Un ébranlement général du monde occidental »

l Guerre, crise, guerre(1)

« La crise 1929 est cernée par deux guerres mondiales, elle an-nule les conséquences financières de la première mais amorce les préparatifs de la seconde. Les initiatives militaires commencent dès 1934 par l’avancée japo-naise en Chine, se poursuivent en 1935 avec la mainmise de l’Ita-lie fasciste sur l’Ethiopie, puis le déclenchement de la guerre d’Espagne en 1936. « L’égoïsme sacré » et le nationalisme carac-térisent toute la première moitié du XXe siècle ; les initiatives co-loniales japonaises et italiennes ne font qu’imiter, avec cinquante ans de retard, l’impérialisme an-glais et français. L’autoritarisme et l’antiparlementarisme ont culminé dans les dictatures fas-cistes et nazies, tout autant dans l’URSS léniniste et stalinienne.L’accès au pouvoir de Mussolini date de juin 1921. Le premier essor significatif du Parti natio-nal-socialiste de Hitler date de septembre 1930, lors des élec-

tions anticipées provoquées par le chancelier Brüning : les nazis passent de 12 à 107 députés au Reichstag. On attribue souvent à la crise de 1929 l’arrivée au pou-voir de Hitler en 1933, et il est vrai que les enchaînements précis de 1930 justifient le rapproche-ment : c’est à propos du déficit massif d’un système d’assurance contre le chômage créé en 1927, prévu pour 800 000 personnes et confronté à deux millions de chômeurs dès 1930, que les so-cialistes furent écartés de la coa-lition au pouvoir en mars. Les volontés de restriction budgétaire l’avaient emporté ; l’argumen-tation traditionnelle fait du parti nazi l’ultime espoir des chômeurs entre 1930 et 1933, en même temps qu’est évoqué un finance-ment occulte par le patronat.

Toutefois, les faits semblent bien mal établis. L’homme du patro-nat en 1932 était Von Papen, et le financement par le grand capital lui était réservé pour l’essentiel ; dans le parti hitlérien, les chô-meurs se sont retrouvés au coude à coude avec une classe moyenne désorientée et une armée hé-sitante : autant de groupes aux intérêts et aux préoccupations différentes, séduits par une idéo-logie anticapitaliste ambiguë, soucieuse de redressement natio-nal et obnubilée par l’humiliation de 1914-1918.

En fait, la montée du nazisme est une composante de la crise de 1929 bien plus qu’une consé-quence, et ses racines doivent être cherchées en deçà des boule-versements de 1929-1932 – qui, du reste, ont été plus profonds et violents aux Etats-Unis par exemple…

Radicalement différente est la

situation de l’URSS. Réalité mal connue, elle apparaît tout au long de la période comme un défi per-manent, une alternative évidente aux désordres capitalistes. Si, du-rant les années 1920, les experts du Komintern annoncent à chaque renversement de conjoncture l’ef-fondrement du système, la réalité des années 1930 leur donne raison sur le plan économique.

Mais l’attente de la révolution mondiale est rapidement déçue et donne lieu à un renversement stra-tégique spectaculaire : à la straté-gie « classe contre classe » prônée après 1920, qui faisait de la so-cial-démocratie l’ennemi princi-pal, d’autant plus dangereux qu’il est plus proche des travailleurs, succède après 1934, en réponse à la montée fasciste et à la situation nouvelle créée par la crise, la stra-tégie « frontiste » visant à favori-ser des coalitions « bourgeoises », dont les Fronts populaires espa-gnol et français sont l’expression la plus connue…

Tels sont quelques grands traits de la dramatique toile de fond sur la-quelle se détache la crise.Il est impossible d’en faire abs-traction lorsque l’on désire éta-blir son impact dans le monde et rendre compte des diverses poli-tiques qui ont tenté de la surmon-ter. »

(1) – La crise de 1929 – Bernard Glazier – Que sais-je ? p 56-58

1929-1939 une décennie de misère

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DOSSIER DOSSIER LE RÉVEIL

Extraits du livre Pierre Milza

La crise de 1929La crise économique se déclenche aux Etats-Unis en octobre 1929, avant de s’étendre aux autres pays d’économie libérale et d’ébranler les assises du monde capitaliste, est d’une tout autre dimension que les traditionnelles crises cycliques qui l’ont précédée. La manière dont elle se répand illustre bien la prépondérance nouvelle des Etats-Unis dans le monde puisque c’est l’exportation de la crise américaine qui provoque la dépression mon-diale. C’est donc aux Etats-Unis qu’il faut en rechercher l’origine et les fondements.

Un phénomène cyclique ?Un phénomène cyclique ?- Les mouvements de longue durée

s’étendent sur une période de 25 à 40 ans et comprennent une phase de prospérité et de hausse des prix et une phase de dépression et de baisse.

- Les cycles d’amplitude moyenne d’une durée de 40 mois environ en constituent le rythme fonda-mental de la conjoncture dans les pays industriels au XIXe siècle. La phase de hausse allant de 1896 à 1920, la phase de baisse de 1920 à 1940. La dépression des années 30 correspond bien par son dérou-lement, son scénario et ses consé-quences, à une crise cyclique.

L’une des causes essentielles et une conséquence du déséqui-libre financier qui affecte depuis la guerre 14-18 les échanges in-ternationaux. Les Etats-Unis qui ont accumulé des réserves d’or considérables (près de la moitié du stock mondial) n’ont pas voulu ac-croître parallèlement le volume de papier-monnaie en circulation, ce qui aurait entraîné une hausse des prix intérieurs. Les exportations se seraient trouvées freinées au pro-fit des importations et la balance commerciale aurait alors accusé un déficit, permettant aux pays eu-ropéens d’acquitter leurs dettes et d’acheter des marchandises améri-caines sans s’appauvrir.

Une autre cause profonde est la crise de surproduction ? le krach boursier d’octobre 1929 n’a été que le révélateur d’une crise beau-coup plus profonde qui affecte en premier lieu l’économie des Etats-Unis et qui se traduit par une dis-parité croissante entre une produc-tion de plus en plus abondante et un marché d’autant plus restreint que la distribution des revenus se fait mal.

l Dans le domaine agricole : les pays neufs – et au premier rang d’entre eux les Etats-Unis – four-nisseurs de l’Europe en guerre, ont continué au lendemain du conflit d’accroître leurs rendements. Le rétablissement d’une situation agricole normale en Europe n’a pas tardé à provoquer l’engorge-ment des marchés et à faire baisser les prix, parfois des deux tiers.

l Dans le domaine industriel, le phénomène révèle pas moins, à long terme, des symptômes in-quiétants.

Aux Etats-Unis, où la production industrielle s’est accrue de près de 60 % entre 1920 et 1929, les sa-laires n’ont pendant la même pé-riode augmenté que de 20 % envi-ron et les revenus des agriculteurs ont légèrement baissé.

l Enfin, il y a eu un effet de la spé-culation boursière ? On assiste à partir de 1925 à un boom des va-leurs mobilières américaines. De-vant la prospérité générale et les profits réalisés par les affaires in-dustrielles, confiants en l’avenir il-limité du capitalisme libéral, beau-coup d’Américains se sont mis à acheter des actions. Ils attirent sur la place de New-York nombre de capitaux flottants et rendent à peu près impossibles les emprunts à vocation productive.Bientôt, une véritable fièvre spé-culative s’empare des Etats-Unis. De 1925 à 1929, la valeur totale des titres côtés à la Bourse de New-York passe de 27 milliards à 87 milliards.

La panique boursière d’octobre 1929 n’apparaît donc pas dans un ciel serein. Elle s’inscrit au contraire dans le contexte d’une économie fondamentalement mal-saine.

Extension de la crise àExtension de la crise à l’ensemble du monde capitalistel’ensemble du monde capitaliste

l La contraction des échanges in-ternationaux. En 1929, les Etats-Unis étaient devenus la première puissance commerciale du monde. Or, en trois ans, leur commerce extérieur recule de 9,5 milliards de dollars à moins de 3 milliards, ce qui représente une baisse pro-portionnellement beaucoup plus forte que celle de l’activité écono-mique.

l Les capitaux flottants en quête de profits spéculatifs en 1932, détien-dront 27 % du stock d’or mondial,

USA : recherche d'emploisUSA : recherche d'emplois

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LE RÉVEIL DOSSIER

provoquant une pénurie de liquidi-tés sur le marché de New-York et gênant ainsi le crédit et la hausse continue des valeurs mobilières. C’est précisément le phénomène de rapatriement des capitaux in-vestis en Europe par les banquiers et par les hommes d’affaires amé-ricains qui va accentuer le proces-sus de crise. Le mouvement s’ac-célère en effet en 1931, mettant en difficulté les banques européennes et acculant certaines d’entre elles à la faillite.La crise du crédit se répercute en-suite très rapidement sur l’indus-trie et sur le commerce.

La crise en Europe – Les pays les plus vite touchés sont ceux qui avaient bénéficié le plus largement des crédits américains à court terme.

L’Allemagne est atteinte. Depuis 1930, elle souffre de l’effondre-ment du cours mondial des cé-réales et d’un net fléchissement de ses exportations (13,7 milliards de RM en 1929 ; 9,7 en 1931). La production industrielle diminue de 20 % entre février 1929 et fé-vrier 1931.

Il y a également des raisons po-litiques, la menace d’Anschluss économique et le succès des par-tis extrêmes aux élections de sep-tembre 1930 qui donnent 107 dé-putés aux nazis (6,5 millions de

voix) et 77 aux communistes. Le krach de la Kredit Anstalt porte enfin un coup très dur aux banques allemandes. Le moratoire Hoover (juin 1931-juin 1932) qui suspend pour un an les dettes entre Etats et les crédits accordés par des banques d’émission étrangères ne suffisent pas à redresser la situa-tion. L’industrie allemande s’en-fonce rapidement dans la crise. La production de charbon tombe de 160 à 100 millions de tonnes, celle de fer de 16 à 5,7 millions de tonnes et l’Allemagne a en 1932 près de 6 millions de chômeurs.

En Angleterre, la crise semble moins violente au début parce qu’elle atteint un pays déjà plongé depuis plusieurs années dans le marasme. Cependant, de 1929 à 1931, la production a déjà dimi-nué de 30 % et les exportations de moitié. En juillet 1931, Londres est touchée à son tour par la crise financière.

En France, la crise est à la fois plus tardive (début 1932) et moins profonde. Ceci est dû à une auto-nomie économique plus grande (production agricole suffisante, achats de matières premières limi-tés), à une industrialisation moins poussée, à l’importance très mo-dérée des investissements étran-gers. Cependant la Banque de France, qui possédait des réserves importantes de livres sterling, subira le contrecoup de la déva-luation anglaise (sept 1931) qui a d’autre part pour effet de réduire la compétitivité des prix français et de restreindre les exportations. En 1931, celles-ci avaient déjà di-minué de 40 % par rapport à 1929. En 1932, la baisse est de 60 %. Elle atteindra 70 % en 1935. La chute est plus forte qu’ailleurs dans ce domaine car les gouvernements modérés ayant refusé de dévaluer. Dès lors, deux solutions seulement sont possibles. Soit l’adoption, comme en Allemagne, d’une po-

litique d’autarcie relative, assortie d’un contrôle des changes, et c’est une solution que les milieux finan-ciers refusent parce qu’ils la jugent « totalitaire », soit une dévaluation de la monnaie qui répugne à de larges secteurs de l’opinion pu-blique et qui n’interviendra finale-ment qu’en 1936, c’est-à-dire à un moment où l’économie française se trouvera déjà profondément enlisée dans la dépression.

Les conséquences de la crise

A. Renforcement des antago-nismes sociaux – Toutes les ca-tégories sociales aux USA ont été touchées par la crise mais trois groupes ont particulièrement souf-fert. Les ruraux : ouvriers agricoles réduits au chômage, petits proprié-taires et fermiers incapables d’ac-quitter leurs dettes et chassés de leurs terres par leurs créanciers. De grandes banques parviennent ainsi à implanter dans le Middle West américain une agriculture de type capitaliste aux dépens de la petite exploitation individuelle, provo-quant un nouvel exode rural. Les salariés de l’industrie et du com-merce, victimes de la baisse des sa-laires, de la réduction des horaires et surtout du chômage qui touche en 1932 plus de 30 millions de tra-vailleurs. Leur mécontentement se retournera fréquemment contre les non-qualifiés, contre les travail-leurs étrangers (en France, les Ita-liens et les Polonais), contre les mi-norités raciales (noirs américains, israélites allemands). Les classes moyennes, frappés par les déva-luations (rentiers), par les faillites (artisans, boutiquiers, abandonnés à la concurrence des grosses entre-prises), par la politique de déflation (fonctionnaires).

B. Conséquences politiques – De-vant ce qui apparaît alors comme le « naufrage » du capitalisme, deux attitudes dominent. De nombreux ouvriers et employés, jusque-là peu

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DOSSIER LE RÉVEIL

attirés par le communisme, vont apporter leurs voix à l’extrême gauche. Celle-ci accomplit en France et en Allemagne des progrès importants. Beaucoup de membres des classes moyennes se tournent au contraire vers des formations qui prétendent s’opposer à la fois au communisme et au capitalisme. le « fascisme » gagne ainsi du ter-rain en Allemagne, en Europe cen-trale et balkanique, voire en France et en Angleterre. Par crainte d’une nouvelle flambée révolutionnaire, les classes dirigeantes, la grande industrie, les milieux d’affaires, apporteront souvent leur soutien et leurs fonds à ces mouvements et assureront ainsi leur accession au pouvoir.

C. L’intervention de l’Etat dans la vie économique est un fait à peu près général. La plupart des solu-tions « classiques » ayant échoué, les pouvoirs publics sont amenés à jouer peu à peu le rôle d’arbitre et à prendre des mesures coordi-natrices : réglementation des prix et des salaires qui cessent d’être soumis à la loi de l’offre et de la demande, soutien des cours agri-coles par une politique de primes et de subventions, sauvetage d’entre-prises en difficulté, établissement de plans de grands travaux, etc. On aboutit ainsi, à la limite, à un diri-gisme qui n’est pas admis par tous, de nombreux intérêts demeurant fidèles aux dogmes du libéralisme.

Meeting de solidarité à Villejuif avec Paul Vaillant Couturier

La France de 1932 à 1939Pierre Milza historien « de Versailles à Berlin » - extraits

« La France est le dernier pays touché par la crise et à un degré moindre, semble-t-il, que les autres pays capitalistes. Pourtant les déficiences du parlementa-risme y sont telles que les diffi-cultés économiques et sociales débouchent en France sur une vé-ritable crise de régime.

I. De la crise économique à la crise du régime (1932-1936)

A. Le marasme envahit lente-ment l’économie française.a) D’abord l’agriculture, souffre de surproduction. Deux excel-lentes récoltes en 1932 et 1933 provoquent l’effondrement du prix du blé. L’Etat intervient pour sou-tenir les prix par un système de subventions, de primes aux pro-ducteurs. Toutes ces mesures, ne sont guère efficaces.b) Dans l’industrie, un ralentisse-ment dès la fin de 1930. L’indice de la production industrielle qui était monté à 140 en 1930 (100 en 1913) retombe à 124 en 1931 et à 96 en 1932.c) A partir de 1932, la crise éco-nomique se trouve doublée d’une crise financière. Les rentrées fis-cales diminuent. Dès 1933, le dé-ficit atteint 10 milliards de francs, ce qui oblige l’Etat à émettre da-vantage de papier-monnaie.

B. La crise politique – Il aurait fallu, pour conjurer la crise, s’en-gager dans des voies résolument nouvelles et promouvoir d’impor-tantes réformes de structures. Le Parlement, reflet d’intérêts locaux et divergents, s’oppose à toute ré-forme d’envergure.On assiste ainsi à une véritable « cascade de ministère » : 30 entre 1920 et 1934.

L’instabilité est d’autant plus

grande que le système électoral n’amène jamais à la Chambre une majorité solide capable d’exécuter un programme préalablement dé-fini.Ceci est particulièrement vrai pour les élections de 1932. La droite battue n’a que 260 sièges contre 345 à la gauche dont 330 au Car-tel. Mais qu’y a-t-il de vraiment commun, outre peut-être la laïcité et le souci de la « défense républi-caine », entre les 160 radicaux-so-cialistes, défenseurs d’une petite bourgeoisie économiquement conservatrice et anti-dirigiste et les 132 socialistes dont la cam-pagne a été menée sur le thème des réformes de structures et des nationalisations ?

C. La crise morale – La critique du régime ne porte pas en effet seulement sur les institutions. Elle vise également les mœurs des mi-lieux économiques et financiers qui gravitent autour du monde parlementaire. De 1928 à 1934, plusieurs scandales retentissants vont contribuer au développe-ment de l’antiparlementarisme. En 1928 les députés s’attribuent une augmentation de 33 %, et deux af-faires défraient la chronique.

L’affaire Stavisky. Le scandale éclate en décembre 1933 avec la faillite du crédit municipal de Bayonne. Lorsque le scandale est découvert, on s’aperçoit que des députés, des journalistes, des ma-gistrats comme le procureur de la République Pressard, beau-frère du Président du Conseil Chau-temps, sont de près ou de loin mêlés à l’affaire.

D. Les droites devant la crise – les réactions des trois grandes ten-dances de la droite française.a) La droite conservatrice, offi-

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ciellement ralliée à la République, reste attachée aux traditions so-ciales (elle est paternaliste), poli-tiques (elle est hostile à la centrali-sation) et religieuses de l’ancienne France.b) La droite « libérale », liée aux milieux d’affaires, est d’autant moins hostile aurégime qu’elle en exerce volon-tiers la direction. Certains de ses dirigeants, et non des moindres, pensent cependant que le capita-lisme libéral a fait faillite et que seules de nouvelles méthodes de gestion économique et financière permettront au libéralisme poli-tique de survivre.c) La droite nationaliste mani-feste plus brutalement son oppo-sition au régime. Il faut là aussi cependant distinguer ans l’antipar-lementarisme des « ligues ».

l Il y a ceux qui sont mécontents de la République parlementaire. Ils se groupent dans des associa-tions telles que l’Union Nationale des Combattants, la Fédération des contribuables qui regroupe 700 000 adhérents.

l Une seconde famille rassemble la « droite césarienne et plébisci-taire ». Elle se recrute surtout dans la classe moyenne et plus particu-lièrement dans les secteurs que me-nace l’essor du grand capitalisme : artisanat, petit commerce. Trois groupes jouent un rôle important. Les Jeunesses patriotes de Pierre Taittinger : 100 000 adhérents or-ganisés en formations paramili-

taires. Solidarité française, finan-cée par le parfumeur millionnaire François Coty (maître du Figaro et de l’Ami du Peuple), également transformée en organisation mili-taire par un ancien officier, Jean Renaud. Enfin les Croix de Feu, association d’anciens combattants devenue, sous l’égide du lieute-nant-colonel de La Rocque, la plus puissante des ligues parami-litaires, avec plusieurs centaines de milliers d’adhérents. Faut-il parler de fascisme. Mais s’ils s’en prennent aux éléments corrompus de la classe dirigeante, les parti-sans du Colonel de la Rocque ne remettent en cause ni l’ordre bour-geois, ni les fondements écono-miques du système. Ils recrutent d’ailleurs leurs troupes non seu-lement dans la classe moyenne – même si cette catégorie sociale fournit le gros des effectifs – mais aussi dans la bourgeoisie aisée des « beaux quartiers ».

L’idéologie des Crois de feu et du Parti social français fait songer à un christianisme social patrio-tique. La foi chrétienne militante de son chef et de beaucoup de ses membres, l’action sociale très pa-ternaliste du mouvement, venant s’ajouter au culte de l’armée et à une certaine mystique de l’aven-ture.

l L’action française de Maurras et Daudet, est la seule parmi les ligues à posséder une doctrine ferme. Doctrine tournée vers le passé, proche à bien des égards de celle de la droite conservatrice, dont l’A.F. diffère surtout par son refus avoué du régime républicain et par ses méthodes brutales (ac-tion des « camelots du Roy » au quartier latin). L’Action française fournit fréquemment aux mouve-ments d’inspiration fascisante des cadres qui, après avoir longtemps et profondément subi son attrac-tion, se sont détachés d’elle et de son élitisme conservateur.

l Dernier groupe, des formations de type « fasciste ». En 1934, seule le Francisme de Marcel Bucard mérite une mention particulière. Recrutant ses adhérents dans les rangs de la petite bourgeoisie dé-classée et dans le sous-prolétariat, cet ancien boucher devenu héros de la guerre (10 blessures, 3 cita-tions), puis chef de milices pri-vées, organise militairement ses troupes (chemises bleues, béret) et multiplie les manifestations de force : défilés, exercices de tir, camps d’été, etc. La sympathie des « francistes » pour l’Allemagne hitlérienne et surtout pour l’Italie fasciste s’explique largement par la provenance des fonds qui affluent dans les caisses du parti : en 1934 été en 1935 Bucard touche pour ses besoins personnels 10 000 lires par mois et son parti 50 000 lires men-suellement.

Le 6 février 1934Le 6 février 1934

Les élections de 1932 ont été sui-vies d’une nouvelle « expérience Herriot ». Celle-ci dure sept mois, au cours desquels la situation in-ternationale ne cesse de se dété-riorer. De décembre 1932 à jan-vier 1934 se succèdent en effet 4 ministères à direction radicale ou « républicaine-socialiste » : les cabinets Paul Boncour, Daladier, Albert Sarraut et Chautemps. Le 30 janvier 1934. Il est remplacé par Edouard Daladier et c’est la décision prise par ce dernier de dé-placer le préfet de police Chiappe, jugé très favorable aux ligues, qui va déclencher l’épreuve de force. Le 6 février, jour où la Chambre doit voter la confiance au nouveau

MarcheMarche de la faimde la faim

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DOSSIER LE RÉVEIL

ministère, des manifestations ont lieu sur les Champs-Elysées, à la Concorde et dans le secteur bou-levard Saint-Germain/rue de Bour-gogne.

Daladier, qui a obtenu la confiance de la Chambre sort vainqueur de l’épreuve de force. Mais Daladier démissionne sous la pression.

Pour la première fois dans l’his-toire de la République, un minis-tère capitule devant une émeute de rue. Il est remplacé par un cabinet d’Union nationale, dirigé par l’an-cien président de la République Gaston Doumergue.

Aujourd’hui encore, les historiens s’interrogent sur la signification du 6 février 1934.L’hypothèse la plus vraisemblable est qu’ils ont voulu, comme en 1926, chasser les radicaux du pou-voir sous la pression de la rue, pour y réinstaller la droite sous prétexte d’union nationale.

Il reste que pour la gauche l’émeute du 6 février est aussitôt interprétée comme une tentative de putsch fas-ciste, contre lequel il importe d’or-ganiser une riposte énergique.Le 9, les communistes manifestent dans les quartiers ouvriers de la ca-pitale : les heurts avec la police sont très durs et l’on dénombre plusieurs morts parmi les manifestants.Le 12, le mot d’ordre de grève ne dure que 24 heures mais elle est fortement suivie (les communistes, d’abord réticents, s’y sont ralliés dans la nuit du 10 au 11). Première manifestation d’un « front com-mun » contre le « fascisme », im-posé par la base.

Le 12 février 1934 un rapproche-ment se dessine entre socialistes et communistes. La C.G.T.U. s’est associée au mouvement de grève lancé par la C.G.T. Le 5 mars, un Comité de vigilance des intellec-tuels antifascistes se constitue sous l’égide de Paul Rivet, de Paul Langevin, et du philosophe Alain. Troisième étape, la signature, d’un pacte d’unité d’action socia-lo-communiste le 12 juillet 1934. L’étape la plus importante est le ralliement des radicaux. 14 juil-let 1935 une immense manifes-tation rassemble, de la Bastille à la Nation, socialistes, commu-nistes et de nombreux radicaux. Elle a été préparée par le Comité national du Rassemblement Po-pulaire dans lequel siègent entre autre (l’ARAC) qui prépare un programme commun, publié en janvier 1936. Ce programme de « Front populaire » porte sur la défense de la liberté et de la paix et sur les revendications d’ordre économique : une politique d’aug-mentation du pouvoir d’achat. La dernière étape est la réunification syndicale en mars 1936.

Le premier gouvernement Bluma) Les élections de mai 1936. La campagne électorale se déroula dans une atmosphère de grande agitation et de forte participation à la vie politique. Au premier tour, la gauche ne gagna que 300 000 voix par rapport à 1932. Mais au second tour la « discipline ré-publicaine » permit d’assurer le succès de la coalition. Le Front populaire obtenait 376 élus contre 222 à ses adversaires. Les socia-listes avec 2 millions de voix (147 sièges). Les radicaux n’avaient plus que 106 sièges. Il y avait 51 divers gauche et 72 communistes (pour 1 468 000 voix au lieu de

783 000 en 1932). Succès fragile puisque tout dépend de l’attitude des radicaux.

b) Les grèves de mai-juin 1936. Blum constitue son ministère le 4 juin. Mais dès le 11 mai un puissant mouvement de grèves avec occupation des locaux s’est développé dans le pays. Le point de départ en est l’usine Bréguet du Havre, suivie de Latécoère à Toulouse et de Bloch à Courbe-voie. Le mouvement gagne la mé-tallurgie parisienne, puis de nom-breux autres secteurs d’activité, tel celui des grands magasins. Il y aura au plus fort de la crise de 2 à 3 millions de grévistes : ouvriers, employés, techniciens, mais pas de fonctionnaires.

La classe dirigeante a vu dans les grèves du printemps 1936 les pro-dromes d’une révolution conçue à l’étranger par quelque chef d’or-chestre clandestin et préparer en France même par le parti commu-niste. En fait la thèse du complot n’est plus soutenue aujourd’hui par aucun historien sérieux. Tous s’accordent au contraire à voir dans les événements de 1936 une explosion spontanée où se mêlent, dans une atmosphère de kermesse et de « fête » - qui rappelle la

La France de 1932 à 1939

A Billancourt, chez Renault, dans l'une des cours intérieures.

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Commune et annonce 1968 – l’as-piration à de meilleures condi-tions de travail, la joie d’avoir remporté une victoire électorale qui est à bien des égards défen-sive (le spectre du fascisme paraît écarté) et la volonté – de recueil-lir les fruits du succès. Qu’il y ait eu, de la part des travailleurs en grève, un désir profond de chan-gement, cela ne fait aucun doute.

Encore faut-il s’entendre sur la nature et sur la portée de ce chan-gement, qui est davantage de l’ordre du quotidien (meilleurs salaires, un peu plus de loisirs, etc.) et des revendications ponc-tuelles au sein de l’entreprise, que du projet politique élaboré. Dès son arrivée au pouvoir, Blum s’est attaché à mettre fin au conflit. Le 7 juin, les accords de Matignon étaient signés. Dès la mi-juin, de nombreuses entreprises rouvrent leurs portes et au début du mois de juillet, les choses sont à peu près rentrées dans l’ordre.

Des contraintes internes et ex-ternes ont pesé sur les décisions des leaders du Front populaire : menace de guerre civile en France, poids de la petite bour-geoisie radicale et socialisante dans l’électorat de gauche, né-cessité de maintenir un front uni contre le « fascisme », stratégie d’alliance avec les forces démo-cratiques et antifascistes, aspira-tion des masses à la paix, etc.

c) Difficultés et chute du gouver-nement Blum. Le Front populaire se heurte à de très vives opposi-tions

l D’ordre économique. Le patro-nat s’efforce de limiter la portée de l’Accord de Matignon et de compenser les avantages accor-dés aux travailleurs par une forte hausse des prix (jusqu’à 70 % alors que les charges salariales ont augmenté au maximum de 45 %). Résultat : diminution des exporta-tions et inflation qui contraint le gouvernement à dévaluer le franc le 1er octobre 1936.

l Difficultés politiques. La droite attaque avec une extrême violence le gouvernement Blum : droite conservatrice, l’extrême-droite. Les Ligues, dissoutes dans les premiers jours du Front popu-laire, font leur réapparition sous forme de partis politiques orga-nisés : Parti Social de France du colonel de La Rocque et le Parti Populaire Français fondé en juin 1936, le premier grand parti français d’inspiration proprement fasciste. Une organisation secrète, (« la Cagoule ») complote contre la République.Face à cette agitation, le Front po-

pulaire tend à se dissocier. Les me-sures d’inspiration dirigiste, jugées trop timides par les communistes, sont critiquées par les radicaux. Mais c’est un événement d’ordre extérieur, la guerre d’Espagne, qui provoque l’éclatement. Les com-munistes sont pour l’intervention, la plupart des radicaux pour l’abs-tention totale. Blum choisit une voie moyenne, la « non-interven-tion » officielle, non sans oppo-sition au sein de son propre parti. Le Front populaire est donc déjà très affaibli lorsque le 15 juin 1937 Blum demande les pleins pouvoirs. La Chambre les lui accorde mais il est battu au Sénat et il démissionne le 21. Son gouvernement a duré un peu plus d’un an.

La liquidation du Front popuLa liquidation du Front popu--laire – Le radical Chautemps laire – Le radical Chautemps dirige un gouvernement avec dirige un gouvernement avec puis sans les socialistes (ceux-ci puis sans les socialistes (ceux-ci se retirent lorsque le gouvernese retirent lorsque le gouverne--ment tente par décrets de limiter ment tente par décrets de limiter la portée de la loi de 40 heures). la portée de la loi de 40 heures). Un second gouvernement Blum Un second gouvernement Blum échoue en avril 1938 (toujours échoue en avril 1938 (toujours sur les pleins pouvoirs financiers) sur les pleins pouvoirs financiers) et c’est Édouard Daladier qui deet c’est Édouard Daladier qui de--vient Président du Conseil. Romvient Président du Conseil. Rom--pant avec la majorité du Front pant avec la majorité du Front populaire, Daladier s’appuie sur populaire, Daladier s’appuie sur la droite et fait entrer des modérés la droite et fait entrer des modérés dans son cabinet (P. Reynaud aux dans son cabinet (P. Reynaud aux Finances).Finances).

Léon BlumLéon Blum

Malraux lors d'un meeting en faveur des republicains espagnols Malraux lors d'un meeting en faveur des republicains espagnols en 1936en 1936

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INTERNATIONAL INTERNATIONAL LE RÉVEIL

Après la commémoration à Rennes des massacres de Sétif

Un nouveau regard entre la France et l’Algérie ?Depuis plusieurs années, un collectif d’associations se rassemble square de Sétif à Rennes (villes jumelées) pour commémorer « l’autre 8 mai 1945 ». Ce jour de la victoire des Alliés contre le nazisme, vit aussi l’horreur se ré-pandre dans l’Est Algérien. Des di-zaines de milliers d’algériens, 102 européens, trouvèrent la mort dans d’atroces conditions durant les mois de mai, juin et juillet 1945. Drames, répression aveugle la triste reprise des guerres coloniales s’annonçait déjà.

Ce 70e anniversaire était marqué par une participation plus nombreuse, autour des représentants locaux des associations culturelles, humanistes, d’anciens combattants, de résis-tants. On notait la présence de M. le Consul d’Algérie, de plusieurs repré-sentant(e)s de la Municipalité et du Conseil départemental. Participant pour la première fois à cette com-mémoration les propos de Nathalie Appéré, Députée-Maire de Rennes furent particulièrement écoutés :

« L’amitié entre la France et l’Algé-rie ne peut avoir d’autre chemin que la reconnaissance de ce passé qui nous a trop longtemps divisé, de ce passé qui doit aujourd’hui nous ras-sembler. La vérité, même quand elle est sombre, doit être énoncée pour être acceptée et enseignée. »« Aucune réconciliation ne s’est ja-mais construite sur l’oubli et la dé-négation. »

Pour ouvrir la rencontre qui suivit cet hommage, l’ARAC 35 avait préparé et commentait une série de diapositives sur cette Algérie avant mai 1945 : co-lonisation situation des populations, les discriminations, la vie politique… la montée du fascisme, l’administra-

tion pétainiste, puis Alger devenu le cœur de la France Libre mais des groupes colonialistes et racistes tou-jours présents et armés.

Dans la conférence qui suivit, l’écri-vain et témoin Bachir Hadjadj* rap-pelait par la suite :

« En tant que partie intégrante de l’humanité, des dizaines de milliers de soldats originaires d’Algérie ont, eux aussi, payé le prix du sang pour libérer le Territoire Français ; ils ont participé à la libération de Marseille et de Toulon, remonté la vallée du Rhône, gagné la bataille des Vosges et libéré Strasbourg…/…

Aujourd’hui, cinquante ans après, qu’est-ce qui a changé et qu’a-t-on dit pour que le Français regarde au-trement l’indigène d’hier ? Et les des-cendants d’immigrés, aujourd’hui pour nombre d’entre eux français, que savent-ils de leur passé ? Et leurs pères, leur ont-ils dit ce qui leur est arrivé, ou bien se sont-ils, eux aussi, emmurés dans leur silence ? »

Parmi les participants notamment des jeunes algériennes et algériens étu-diant à Rennes beaucoup nous ont dit être satisfaits de ces axes de réflexion, la nécessité de réfléchir sur notre mé-moire commune.

« C’est à nous de tourner au-jourd’hui, sans en oublier aucune, les pages sombres de l’histoire, pour forger, à notre niveau, dans les en-gagements citoyens, associatifs, poli-tiques, qui sont les nôtres, un nouvel avenir entre la France et l’Algérie. » avait conclu précédemment la Maire de Rennes.

Ses vœux se traduiront-ils concrète-ment par de nouveaux rapports entre nos cités et nos nations ? L’ARAC pour sa part continue de rappeler la nécessité pour nos peuples d’un traité d’amitié et de coopération mutuelle.

Georges PLOTEAU Membre du BN de l’ARAC

*B. Hadjadj est notamment l’auteur primé à *B. Hadjadj est notamment l’auteur primé à plusieurs reprises de l’ouvrage « Les voleurs plusieurs reprises de l’ouvrage « Les voleurs de rêves. 150 ans d’histoire d’une famille algéde rêves. 150 ans d’histoire d’une famille algé--rienne. » (Ed. Albin Michel)rienne. » (Ed. Albin Michel)

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LE RÉVEIL VOS DROITS

La loi Macron ignore les ACVGmais pas le CAC 40 !!!

Pour justifier son refus de revalori-ser la valeur du point PMI servant aux calculs du montant des pen-sions et de la retraite du combat-tant, l’Etat se retranche derrière « la crise ». Dans la situation d’austé-rité renforcée et de rigueur budgétaire, les Ministres appellent « les Anciens Combattants, les Victimes de Guerre et leurs associations à faire preuve de civisme et d’humilité ». Ils devraient « demander » et non « exiger » ; et ne pas mettre en avant des « revendica-tions irréalisables », abandonner les « utopies ». Et certains dirigeants ne font pas la sourde oreille à ce discours qu’ils développent autour d’eux.

Peut-être faut-il leur rappeler que ce sont les « exigences » ; et les « uto-pies » d’hier qui ont permis à nos anciens d’arracher les acquis et les avancées… que les gouvernements successifs s’efforcent de remettre en cause en permanence. Quant à la crise, l’austérité, la faillite finan-cière… qui en est responsable ? Les ACVG ou les politiques des grands profiteurs qui ont renfloué les crashs des banques avec de l’argent public (qui manque aujourd’hui) et qui n’ar-rêtent pas de faire des cadeaux au grand patronat ? Lequel participe de moins en moins à l’effort financier dont a besoin l’Etat pour développer un véritable service public pour tous. Faut-il rappeler que les taxes sur les salaires s’élèvent à 40 % alors qu’elles ne sont que de 15 % sur le grand capital ?

Arrive la loi MacronAu nom du soutien aux PME, son ar-ticle 135 ALLEGE la FISCALITE des ACTIONS GRATUITES DIS-TRIBUEES pour les entreprises à leurs dirigeants. Or, cette pratique ne concerne uniquement QUE LES ENTREPRISES COTEES et sur-tout celles du CAC 40, ce « club doré en Bourse ». Résultat, sur 1 million d’euros perçu en moyenne par chaque patron du CAC 40 en 2014, la loi MACRON leur a permis d’économi-ser 200 000 euros d’impôts chacun (que l’Etat n’encaissera pas), ainsi que 150 000 pour leur groupe (dont les salariés ne verront pas un centime). Pas étonnant que la côte de MACRON soit montée en flèche à 63 % (+ 11 %

en un mois) chez les sympathisants de droite presque à égalité avec Sarkozy. C’est pas moi qui le dit, c’est Jean-Charles Simon, ancien directeur gé-néral du MEDEF dans « Les Echos » des 4 et 5 septembre dernier.

Pas d’argent pour les services pu-blics, pas d’argent pour les droits à réparation des Anciens Combattants et Victimes de Guerre, pour les œuvres de vie et de santé, etc. ? Tu parles ! Et si on changeait d’air, pour que – par l’action résolue, unie, et non « du bout des lèvres » - on fasse des « utopies d’aujourd’hui » et des « avancées de demain », des acquis pour tous, an-ciens et OPEX ?

André Fillère

Nouvelle commission nationale d’attribution de la carte du combattantUn arrêté du Ministère de la Défense, en date du 31 juillet 2015 a officialisé la commission nationale d’attribu-tion de la carte du combattant. Elle est composée de 21 titulaires – parmi lesquels André Fillère (Vice-Président national de l’ARAC) et Jacques Gou-torbe (membre du Bureau national) – auxquels s’ajoutent deux représen-tants de l’Armée de terre, deux de la Marine et deux de l’Armée de l’Air, soit 27 membres en tout. Nouvelle disposition, 12 membres suppléants (dont Henri Pouillot, membre du Conseil national de l’ARAC) ont été également nommés afin de permettre à la commission d’avoir toujours le quo-rum. Tous ses membres (39-45, Indo-

chine, ATM, OPEX) sont titulaires de la carte du Combattant.

La commission tiendra sa première réunion le mercredi 23 septembre prochain aux Invalides ; et, lors de son installation officielle, procédera à l’élection de son Président, ses Vice-Présidents et ses rapporteurs qui constitueront le groupe spécial de travail chargé de l’examen des dos-siers.

Carte du combattant (specimen) © ADCPG CATM

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VOS DROITS VOS DROITS LE RÉVEIL

L'Arac et sa Mutuelle, ensemble pour défendre l’avenir des OPEXPour la plupart d'entre nous, adhérents de l'ARAC et membres de notre Mu-tuelle, voici le retour après un repos bien mérité durant les vacances, c'est le moment de reprendre notre activité militante.

Comme nous le savons tous, la bonne volonté n'est pas obligatoirement au-tomatique et il nous revient la respon-sabilité de nous réunir afin de nous revitaliser à tous les échelons de l'As-sociation.

Ensemble, reprenons donc nos ob-jectifs notamment ceux des derniers Bureaux Nationaux de l'ARAC et du Conseil d'Administration de la Mu-tuelle (voir article d'André Fillère dans l'Espoir Mutualiste), à savoir faire de l'année 2015 une année exception-nelle de renforcement aussi bien pour l'ARAC que sa Mutuelle.

Certes, la situation politique nationale, européenne et internationale – sous la férule des Obama, Merkel, de Gattaz aussi patron du Medef en France - va vers la remise en cause et la suppres-sion des acquis et des valeurs répu-blicaines. Cette situation engendre un nombre de plus en plus important de mécontents et si nous n'y prenons pas

garde les périodes sombres de notre histoire pourraient de nouveau se re-produire. Battons-nous pour le res-pect des Droits de l'Homme de 1789, pour la paix, contre le fascisme et le racisme.

A nous, lors de toutes nos actions, d'agir dans l'amitié et la solidarité pour convaincre du rôle important et utile de l'Arac, de sa Mutuelle, de son Ré-veil des Combattants pour une France libre, démocratique, conservant sa souveraineté nationale.

Dans nos objectifs, rappelons l'Article 87 de la Loi de Finances pour 2015 (loi 2014-1654 du 29 décembre 2014) donnant droit – à partir du 1er octobre 2015 – à la Carte du Combattant au titre des Opérations Extérieures (OPEX) aux anciens combattants ayant parti-cipé durant 120 jours – consécutifs ou non – à une Opex. C'est un nouvel ac-quis, un droit à réparation, pour lequel l'Arac et sa Mutuelle se sont battus ; c'est pourquoi l'Arac doit, une fois de plus, être au rendez-vous, en accord avec nos valeurs. Sans perdre un ins-tant, ouvrons grande notre porte aux Opex comme nous l'avons fait pour toutes les générations du "Feu".

Ils ont toute leur place dans l'Arac, dans notre Mutuelle, dans les pages du "Réveil des Combattants". Soyons clairs, ils ont besoin de nous mais nous aussi nous avons besoin d'eux.Tous ensemble, nous serons plus forts et nous pourrons agir au mieux pour la défense de leurs droits, pour le respect de leur dignité.

Pour toutes ces raisons, agissons pour le renforcement de l'Arac, de sa Mu-tuelle, pour une diffusion massive du Réveil des Combattants.

Alors, bonne reprise de nos objectifs et succès à nos initiatives collectives.

Jacques GoutorbeMembre du Bureau National de l'AracVice-président de la Mutuelle de l'Arac

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LE RÉVEIL VOS DROITS

1er octobre, remise officielle des Cartes du CombattantLa nouvelle Commission de la Carte du Combattant a été officiel-lement nommée par un arrêté du Ministère de la Défense, le 31 juil-let dernier. Elle est composée de 21 membres, de 12 membres suppléants ainsi que 6 représentants de l'Armée de Terre, de la Marine et de l'Armée de l'Air (2 par armes). Tous et toutes - Anciens Combattants 39/45, Indo-chine, Algérie, et Opérations Exté-rieures (OPEX) - sont titulaires de la Carte du Combattant.

Cette commission sera mise en place aux Invalides à Paris le 23 septembre prochain afin de prendre ses fonctions et entreprendre l'examen des dossiers de demande de Carte du Combattant.

Symboliquement, le Ministre de la Défense et le Secrétaire d'Etat en charge des Anciens Combattants devraient remettre officiellement, le 1er octobre prochain aux Inva-lides à Paris, les premières Cartes du Combattant attribuées en fonc-tion des nouveaux critères (120 jours de présence consécutifs ou non,

sur un ou plusieurs territoires recon-nus officiellement opérationnels).Le même jour, dans chaque départe-ment, les préfets devraient faire de même.

➤ Cette mesure nouvelle serait susceptible de permettre à près de 300 000 militaires (hommes et femmes) d'obtenir cette Carte du Combattant, donc la retraite du Combattant dès l'âge de 65 ans.

➤ Rappelons que la Carte du Com-battant accorde automatiquement à l'intéressé la Croix du Combattant et que le Titre de Reconnaissance de la Nation est assorti de la Médaille du TRN.

➤ De plus, Carte du Combattant et Titre de Reconnaissance de la Na-tion autorisent les bénéficiaires à se constituer une rente mutualiste ancien combattant non imposable, subventionnée par l'Etat de 12.50 % à 60 %, bénéficiant en plus chaque année des majorations légales des rentes via-gères, dont les versements constitutifs sont déductibles en totalité du revenu imposable et qui – selon l'option choi-

sie – permettent le reversement du ca-pital constitué à la personne désignée.

➤ Rappelons également qu'il n'y a aucune limite d'âge pour l'attribu-tion de la Carte du Combattant et du TRN et que - par conséquent - les anciens Combattants de 39/45, d'In-dochine, d'Algérie, Tunisie, Maroc et celles et ceux des opérations exté-rieures postérieures à 1962 peuvent faire la demande à tout instant et l'obtenir… s'ils répondent aux cri-tères d'attribution fixés pour cha-cune de ces guerres et conflits.

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Page 25: Journal reveil combattants septembre 15

LE RÉVEIL - N° 817 - SEPTEMBRE 2015 - 25

VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL

Notre calendrier 2016 est disponible, vous pouvez le commander soit auprès de vos comités locaux et départementaux, soit auprès du journal.2016, il y a 80 ans les luttes populaires en France imposent le Front Populaire

les acquis et avancées sociales qui ont changé la vie aujourd’hui encore du nombre de salariés et des familles.L’ARAC était membre du Comité National pour la constitution d’un Front Populaire dès 1934-1935 avec d’autres organisations. Ce formidable engouement a été stoppé par le gouvernement socialiste de l’époque mené par Léon Blum.

2016, c’est également l’attaque par les fascistes de la jeune République Espagnole.Attaque de l’intérieur par le général Franco avec la complicité des fascistes ita-liens de Mussolini et des nazis d’Hitler.L’esprit de soumission de « Munich » de Léon Blum a conduit non seulement à

l’arrêt de marche du Front populaire en France, mais également à la non intervention de la France en Espagne laissant ainsi les portes ouvertes aux ambitions fascistes en Europe.

Seuls les volontaires des Brigades Internationales dont de nombreux membres de l’ARAC avec en tête Paul Vaillant-Couturier, solidaires des républicains espagnols relèveront le drapeau de la résistance devant la montée du fascisme.

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Bouches-du-Rhône (13)L’ARAC des Bouches du Rhône et sa section d’Aix en Pro-vence sont particulièrement honorées qu’un de ses fidèle membre soit promu dans l’Ordre National de la Légion d’Honneur.Antoine Mareschi, ancien résistant vient de recevoir cette suprême distinction à titre militaire pour son combat pour la libération de notre pays en cette année du 70e anniversaire de la victoire.C’est le quatrième membre de l’ARAC 13 qui reçoit cet honneur cette année.L’ARAC qui de par ses combats pour la paix, pour la dé-fense des idéaux républicains, de sa lutte contre le fascisme et le nazisme lui ont valu dans les moments les plus noirs de notre histoire d’en payer un très lourd tribut.Merci Antoine.

Patrick Saintenoy, Président Départemental déléguéRose Compagne, Présidente de la section d’Aix en Provence

Pessac (33)Cérémonie du 6 août, 70 ans après les bombardements de Hiroshima et Nagasaki.

Ce 6 août 2015, un rassemblement à l’appel des pacifistes girondins comprenant l’Appel des Cent pour la Paix, le Mouvement de la Paix, la CGT et l’ARAC, en souvenir de toutes les victimes civiles de Hiroshima et de Nagasaki, à Bor-deaux-Lac au monument Sculpture de la Paix, avenue des quarante journaux pour la commémoration de ces bombardements atomiques.

L’anniversaire des bombardements américains au Japon doit nous inci-ter à réfléchir à l’enjeu de la paix. 150 000 à 250 000 civils ont perdu la vie dans ce bombardement. Les conséquences sanitaires ter-rasseront des dizaines de milliers d’autres civils dans les années qui suivent.

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26 - LE RÉVEIL - N° 817 - SEPTEMBRE 2015

LE RÉVEIL VIE DE L’ARACVIE DE L’ARAC

A Saint-Evarzec (29)Samedi 11 et dimanche 12 juillet, la maison communale a accueilli une exposi-tion dédiée aux espagnols réfugiés dans le Finistère de la guerre d’Espagne à nos jours.Cette exposition a été réalisée par l’association Mémoire de l’exil des Républi-cains espagnols dans le Finistère, avec la participation des Amis de la Résistance du Finistère et l’Association nationale des Anciens Combattants (ARAC).L’exposition retrace le parcours de ces exilés, leur implantation dans le Finistère. « En 1939, près de 500 000 espagnols sont entrés en France et ont rejoint des camps, phénomène connu sous le nom de la Retirada », indiquent Manuel Coli-nas, fils de réfugié et Jean-Yves Mazo.

« Certains seront enfermés au Fort Montba-rey de Brest ou bien à Morlaix, à Roscoff, au Plouhinec, à Roscanvel.En février 1941, les combattants républicains sont regroupés en G.T.E. (groupement de tra-vailleurs étrangers) et livrés à l’occupant nazi pour édifier notamment le mur de l’Atlan-tique et la base sous-marine de Brest.

Brest (29)Notre camarade Charles Paperon, a été fait chevalier de la légion d’honneur par le ministre de la défense Jean-Yves Le Drian en présence de ses proches, de ses camarades de l’ANACR et l’ARAC, des représentants de la ville, de la comédienne Line Renaud et du docteur Irène Frachon.Il n’a que 16 ans lorsqu’il rejoint en 1942 le réseau de résistance José Aboulker en Algérie.Engagé en 1943 il participe à la libé-ration de l’Italie, puis de la France. Prend part à la bataille d’Obenheim avec le BM 24. Fait prisonnier, il est interné à Nuremberg.

Le 4 juillet, l’Association des Amis du Maquis Henri Bar-busse, a célébré, le souvenir du Maquis pour rappeler à tous le sacrifice de jeunes catalans qui ont lutté contre l’envahisseur, le mouvement est représenté par un énorme bloc de granit posé sur un tertre « Honneur aux combattants du Maquis Henri Bar-busse. »Le Président Mas a remercié toutes les personnes présentes, il a salué tout particulièrement M. le Maire de Belesta accom-pagné de son jeune fils et surtout de son père (ancien maire). Trois générations venant affirmer leur engagement dans le combat de la mémoire pour que tous les héros du maquis ne sombrent pas dans l’oubli. Versatilité de l’homme ? Obligations trop sélectives de l’élu ? Il est regrettable que le passé, notre passé, soit trop souvent considéré comme accessoire alors qu’il met souvent en évidence les qualités de l’homme devant le danger de la sou-mission, de la barbarie, de la mort.Les associations telles l’ARAC, l’UDAC, la FNACA, l’ANACR, les Guerrilleros étaient présentes et leurs drapeaux se sont joints à celui des « Amis du Maquis Henri Barbusse ».Un panneau explicatif sur le Maquis a été inauguré avec texte, plans et photos permettant de découvrir ce qu’a été le maquis, son territoire, sa composition, ses faits d’armes, ses sacrifiés, ses martyrs, ses victoires. Il est l’œuvre de notre ami Joseph Almodovar, continuant ainsi le travail du monu-ment érigé par son frère, le regretté Augustin. Le président a salué la présence des deux filles d’Augustin.Un hommage au seul survivant du Maquis : Adrien Vidal alias Jehovah (son nom de résistant) aujourd’hui nonagénaire, actif, passionné, inventif, à la rechercher perpétuelle d’ini-tiatives pour que la mémoire sur le maquis demeure vivante malgré les années. Il est un témoin vivant, source inépuisable de souvenirs incontestables, il est aussi tourné vers l’avenir et la transmission du passé auprès des jeunes générations.Au terme de cet hommage, l’hymne de la résistance est en-tonné par tous : le Chant des Partisans.

Les Amis du Maquis Henri Barbusse

La stèle du maquis Henri Barbusse est l’œuvre d’un tra-vail accompli par des bénévoles résidant dans les villages environnant le Col de la Bataille sur terrain offert gra-cieusement par un propriétaire vigneron Monsieur Cha-luleu.Elle s’inscrit dans le devoir de mémoire à l’égard des combattants qu’animait un même idéal et dont la stèle glorifie le souvenir.Augustin Almodovar, maçon de son état, en fut le concepteur et la maçonna de ses propres mains. Elle est l’inspiration d’un idéal de liberté.

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Le retour de la TombolaPour la 5e année consécutive, le Réveil met en jeu avec la tombola de Noël une voiture.

Après le Pas-de-Calais, les Bouches-du-Rhône, l’Essonne, le Puy-de-Dôme. Qui sera l’heureux gagnant de cette année ?

Cette tombola est une contribution à la vie du journal. Même si la totalité des amis et camarades qui réalisent le journal sont bénévoles. Le tirage coûte cher : impres-sion, routage, maquettes, photos, autant de postes à financer.

Mais Le Réveil est une richesse pour notre ARAC, c’est le lien entre les adhérents, c’est l’image de notre Association vers des milliers d’acteurs des luttes, élus, respon-

sables et militants syndicaux, politiques, associatifs.

C’est le porte-drapeau de notre organisation, le moyen de nous tourner vers de nouvelles générations, les OPEX, mais éga-lement tous ceux attachés à faire vivre les valeurs républicaines, tous ceux attachés à la souveraineté de la Nation, garantie d’une réelle démocratie pour les citoyens.

Vous trouverez ci-joint un carnet de bons de soutien de 20 euros, nous retourner la souche (partie avec vos coordonnées) avec le montant correspondant en utilisant l’enveloppe T mise à votre disposition et mettre le tout dans la boîte aux lettres (sans affranchir).

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28 - LE RÉVEIL - N° 817 - SEPTEMBRE 2015

LE RÉVEIL VIE DE L’ARACVIE DE L’ARAC

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LE RÉVEIL - N° 817 - SEPTEMBRE 2015 - 29

VIE DE L’ARAC VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL

A notre ami et camarade Jean RollandAux côtés de Christine, de la famille et amis se retrouvaient plusieurs re-présentants locaux de la Résistance, de l’ARAC, de diverses associations d’anciens combattants, des militants politiques. On notait notamment la présence d’Edmond Hervé, maire ho-noraire de Rennes et ancien Sénateur – de Lénaïc Briero et Eric Berroche, adjoints au Maire de Rennes – de Jean-Louis Frostin, représentant national du PCF – Georges Ploteau, Bureau National de l’ARAC – Guy Faisant,

ANACR – Renée Thouanel, FNDIRP – Michel Artur, FNACA.

Les drapeaux de l’ARAC, de l’Ordre National du Mérite, de l’associa-tion départementale des Déportés, de l’ANACR, de l’ANCAC étaient pré-sents.

Madame N. Appéré, Maire de Rennes, a déclaré : « avec Jean Rolland dispa-raît une grande figure de la résistance rennaise… » « … Jean Rolland nous lègue un parcours d’engagements

au service des plus hautes valeurs… au moment où les derniers héros de l’ombre s’éteignent, nous avons plus que jamais à maintenir vivant au cœur de nos mémoires, leurs combats… »

Au nom de l’ARAC, Georges Doussin Président Honoraire, a rendu hommage à notre Camarade et Ami Jean RollandJean Rolland a terminé sa longue vie, samedi 25 juillet 2015. Une vie qui fut un combat qui se mêlait à la lutte de ceux et de celles qui défendaient leur dignité de travailleur, de citoyen, pour qui les mots Liberté, Egalité, Frater-nité ne sont pas qu’une devise, mais trois valeurs à respecter pour tous les habitants de la planète.

Né le 27 mars 1921 à Morlaix. Jeune adolescent, il vit le Front Populaire, la guerre d’Espagne, la victoire du fascisme en Espagne, faute à la non intervention du gouvernement Léon Blum, malgré le courage des Brigades Internationales. Il vit aussi la capitula-tion de Daladier à Munich.

Dès l’occupation de la France, Jean entre dans la Résistance. Tout d’abord, distributeur de la « Bretagne Enchaî-née » journal clandestin rédigé par les résistants gaullistes, il n’accepte pas la consigne lancée par le Général de gaulle à Radio Londres « Ne tuez pas d’Allemands ».

Entré comme ajusteur à la SNCF, Jean adhère aux « Jeunesses Communistes Clandestines » devient responsable des groupes de résistants de l’Ecole d’industrie.Arrêté en gare de Rennes par des poli-

ciers français, condamné en juin 1942, par le tribunal de Rennes, il est suc-cessivement enfermé à la prison de Laval, à la Centrale de Fontevrault, puis à la prison de Blois à la caserne Royalieu à Compiègne, il se trouve dans le groupe de Marcel Paul.

« Il part pour le camp de Mau-thausen ». « Ajusteur dans un com-mando envoyé à l’usine Hermann Goering à Linz où sont construits les chars d’assaut allemands « Tigre » et « Panthère ». Jean était de ceux qui sabotaient les pièces pour ralentir la production.

« Libéré de cet enfer le 4 mai 1945. Son premier acte d’homme enfin libre après des années de souffrances et de cache-cache avec la mort fut de se faire porter rentrant à la fédération du Parti Communiste Français d’Ille et vilaine et d’adhérer à l’ARAC. Il pe-sait alors 38 kg au lieu de 83 lors de son arrestation le 2 mars 1942. »

Il devient dirigeant communiste de l’Ille et Vilaine.

Fidèle aux idéaux républicains, à, l’ARAC, Président Départemental de l’ARAC durant de très nombreuses années, il fut membre du Bureau na-tional et Vice-Président National de la

Mutuelle de l’ARAC dont en 1986 il devient Président d’Honneur.

Tous ceux qui l’ont connu n’oublie-ront pas combien il participait à la discussion avec toute la force de ses convictions. Même aux moments les plus difficiles, il ne baissait pas les bras. Il ne comprenait pas les pessi-mistes, il ne comprenait pas le dé-couragement ou la désespérance. Il ne trouvait pas de raison valable à l’échec. Il considérait la retraite du combattant comme le droit le plus important auquel devait bénéficier le maximum des anciens combattants de toutes les guerres subies par les ci-toyens de notre pays.

Ce n’est ni un hasard ni une anoma-lie, si Jean Rolland est le Camarade de l’ARAC qui avait les décorations les plus élevées. Jean est en effet le seul membre de l’ARAC à la fois Commandeur de l’Ordre National du Mérite et Officier de la Légion d’Hon-neur.

J’ai tenu à parcourir, brièvement, la vie de Jean Rolland, non seule-ment pour honorer la mémoire d’un homme véritable, héros permanent d’une longue lutte pour la Liberté, pour l’Egalité et la Fraternité, mais

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30 - LE RÉVEIL - N° 817 - SEPTEMBRE 2015

LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC

parce que, dans cette époque drama-tique pour l’avenir de l’humanité, où partout dans le monde, le système capitaliste, condamné par la morale humaniste, engendre les guerres, les catastrophes humanitaires et écolo-giques. » Nous avons, nous, citoyens de France, d’Europe et du Monde, à résister pour imposer la paix, la dé-mocratie, la justice et la vie pour tous les peuples de la terre.

La mémoire de la Résistance et de la Déportation doit inspirer les généra-tions qui survivent et celles qui sont plus que nous l’avenir de l’humanité.

Jean et ses frères de combat de 1936 à 1945, se sont battus contre les mêmes ennemis que ceux qui aujourd’hui poursuivent les mêmes politiques, que ceux qui ont mis les nazis au pouvoir, qui ont favorisé la victoire franquiste en Espagne, qui ont collaboré avec les

hitlériens, qui ont exploité les peuples au bénéfice des hommes des finances.

Aujourd’hui, les techniques nouvelles au service des puissances financières permettent de donner 99 % des ri-chesses produites par les hommes à 1 % de privilégiés et il reste seule-ment 1 % de ces richesses produites pour 99 % de la population de la terre. Voilà la réalité qui crée la misère et la guerre, la mort et la désespérance. Voilà la réalité qui génère, comme

hier en Allemagne, la montée en puis-sance des sirènes fascisantes.

Chère Christine, nous savons ta peine. Nous exprimons aux êtres chers qui t’entourent combien nous participons au deuil qu’ils partagent avec toi.

Nous continuerons toutes les luttes que Jean a menées. Et nous avons confiance dans la jeunesse qui avec ses forces toutes neuves trouvera les chemins qui feront enfin des lende-mains qui chantent.

George Doussin lors de l'hommage de l'ARAC à Jean

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LE RÉVEIL - N° 817 - SEPTEMBRE 2015 - 31

VIE DE L’ARAC VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL

Nos peinesn AIN (01)Bourg en Bresse : Paul PROUD, 93 ans. En 1941 il s’engage dans la Marine Nationale, il termine son engagement en 1946 sur le croiseur « Emile Bertin » en Indochine.n AISNE (02)Montescourt : Laurent VENET, 49 ans, com-battant pour la paix. Mme Liliane TARDIEUX, 92 ans, veuve.Soissons : Jean FESSLER, 81 ans, AC ATM, Ca-pitaine de réserve. René RONSIN, 84 ans, AC ATM.n ALLIER (03)Commentry : Jean-Claude HIPP, 81 ans, AC ATMDoyet : Camille BERROYER, 97 ans, ACPG, pré-sident de la section.n ALPES-MARITIMES (06)Nice Trinité : Jean POPESCO, 80 ans, AC ATM.Peymeinade : Pierre CHALEAT, AC ATM.n BOUCHES-DU-RHONE (13)Arles : Jean LAURAIN, AC ATM.La Ciotat : Enzo VILLANI.St Barnabé : Louis MACCHIA.Vellutini-St Just : Francis ISNARDON, AC ATMn CHARENTE (16)Ruelle : Mme Renée TESTAGROSSA, veuve.St Cybard : Louis COUZIN, AC ATM.n CHER (18)Bourges : Julien JOUANNEL, 85 ans, AC Indo-chine, président d’honneur du comité du Cher.

n CORREZE (19)Brive la Gaillarde : Marcel LARUEVigeois : Maurice VAYNE, 92 ans, AC Résistant 39-45.n COTES D’ARMOR (22)St Brieuc : Pierre PETIT, AC 39-45, président dé-partemental de l’ANACR.n FINISTERE (29)Brest : Arthur BARON. Mme Virginie BENARD, dite « Jeanne » dans la Résistance, membre des FTPF.n HAUTE-GARONNE (31)Launaguet : Albert RIVES, AC 39-45, sous-offi-cier SPAI algérien, Croix de guerre 39-45, tréso-rier de la section pendant 25 ans.n HERAULT (34)Vias : Jean DE LOS REYES, 71 ans, AC ATM.n INDRE (36)Châteauroux : Mme Lucienne LELOT.n ISERE (38)Bourgoin-Jallieu : Léon BONNET, 96 ans, AC 39-45n LOIRE ATLANTIQUE (44)Doulon : Roger ROBERT, AC 39-45n LOT-ET-GARONNE (47)Fourques s/Garonne : Mme Yvonne BÉHÉ, veuve.n MOSELLE (57)Yutz : René BLUM, 90 ans, AC 39-45. Jean KNOBLOCH, 81 ans, AC ATM.

n NIEVRE (58)Varennes-Vauzelles : Mme Hélène AUBEY, 82 ans, combattant pour la paix. Henri BARBIER, 83 ans, AC ATM. Robert CROTTE, 91 ans, AC 39-45. Didier LOGER, 56 ans, OPEX. Paul MO-REAU, 91 ans, AC 39-45, FFI.

n PUY-DE-DOME (63)Issoire : Marcel BERTONI, 74 ans, AC ATM, blessé de guerre.

n PYRENEES-ORIENTALES (66)Rivesaltes : Robert VILERT.

n PARIS (75)12e : Pierre POUPON, AC ATM.

n SEINE MARITIME (76)Isolés : Michel LEFEBVRE, 82 ans, AC ATM.

n SEINE-ET-MARNE (77)Dammartin-en-Goele : René LANGNY, 75 ans, AC ATM, porte-drapeau.

n SARTHE (72)Allonnes : Emile TOUCHET, 87 ans, AC Indo-chine.

n VAR (83)Gonfaron : Daniel BRUN, AC ATM, trésorier de la section.

n ESSONNE (91)La Ferté Allais : Christian LECOCQ, 92 ans, dit « Willy de Chapizot » dans la Résistance. Membre des FTP dès 1941. Président de la section.

Le Réveil des Combattants adresse aux familles et aux amis de nos camarades décédés ses sincères condoléances.

20 juilletFlamme à l’Etoile, l’ACVGI*, fin de la guerre d’Indochine grâce aux Accords de Genève.Alexandre Perret, OPEX, membre du Bureau National de l’ARAC, eu le grand hon-neur de porter le drapeau de La Flamme.Jean-Louis Giraudou (membre du CN, Président de l’ARAC Villejuif) et Raphaël Vahé, Pré-sident de l’ARAC.

Michel Bassot, Président de l’ACVGI, Liliane Rehby, Secrétaire Nationale de l’ARAC, en présence de M. Alexey Kovalski, conseiller service politique de l’Ambassade de Russie et Paul Markidès, Vice-Président de l’ARAC, ont ravivé la Flamme.

* ACVGI, association des Anciens Combattants et Victimes * ACVGI, association des Anciens Combattants et Victimes de la Guerre d’Indochine – pour tous renseignements ou de la Guerre d’Indochine – pour tous renseignements ou adhésions, adressez-vous au siège de l’ARAC.adhésions, adressez-vous au siège de l’ARAC.

Crouy (02)La section soissonnaise des porte-dra-peaux avec l’arrivée de deux jeunes remplissant parfaitement leur rôle, est en passe d’assurer sa relève et donc ainsi de perpétrer le devoir de mémoire. A l’image, lors de diverses récentes célébrations de la libération, en la cir-constance devant le monument aux morts de Crouy, de Gwanaëlle Segard une Soissonnaise âgée de 11 ans : « je suis fière de rendre hommage lors de cérémonies aux victimes des différents conflits mondiaux » a-t-elle annoncé lors des manifestations commémorant la libération de Crouy, en représentant les couleurs de l’ARAC. Même constat chez son jeune compère, Gabriel Pro-chet, 10 ans. « Je suis les traces de mon père porte-drapeau à Attichy dans l’Oise et je suis fier de nos ancêtres qui se sont battus pour notre liberté ».

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