reveil des combattants novembre 13

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LA PAUVRETÉ EN FRANCE UN MAUVAIS BUDGET 2014 DES ACVG CHILI AU CœUR DES COMBATTANTS l e réveil Pour l’amitié, la solidarité, la mémoire, l’antifascisme et la paix Novembre 2013 - N°798 - 5 e www.le-reveil-des-combattants.fr Le journal des droits de tous les anciens combattants et victimes de guerre LES FRANçAIS DANS L’éTAU DE LA CONSTRUCTION EUROPéENNE

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Le magazine Le Réveil des combattants pour l'antifascisme et la paix.

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Page 1: Reveil des combattants novembre 13

La pauvretéen France

un mauvais budget2014 des acvg

chiLi au cœur

des combattantsle réveilPour l’amitié, la solidarité, la mémoire, l’antifascisme et la paix

Novembre 2013 - N°798 - 5 e

www.le-reveil-des-combattants.fr

Le journal des droits de tous les anciens combattants et victimes de guerre

Les Français dans L’étau de La construction européenne

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LE RÉVEIL - N°798 - NOVEMBRE 20132 -

séance du conseiL généraLdu VaL-de-Marne – 21 octobre 2013pour la réhabilitation collective des« fusillés pour l’exemple »

LE RÉVEIL MÉMOIRE

Vœux présentés par Evelyne Rabardel, au nom de la majorité départementale.

Considérant le rôle déterminant du tra-vail de mémoire quant aux enseigne-ments que nos concitoyens peuvent tirer d’événements constitutifs de notre conscience collective,Considérant que ce travail suppose, au travers d’incessantes recherches, une approche scientifique rigoureuse ne faisant abstraction d’aucun aspect des pages les plus marquantes de notre Histoire,Considérant la nécessité qui en dé-coule de prendre en compte dans sa dimension commémorative l’ensemble des connaissances partagées de notre passé reposant sur des faits avérés,Considérant la prochaine commémo-ration du centenaire de la guerre 14/18 qui donnera lieu dans notre dépar-tement, comme au niveau national, à nombre d’événements tant institution-nels qu’associatifs,Considérant que, dans ce cadre, l’évo-cation de l’horreur des combats de cette Première Guerre mondiale, de ses millions de morts et de blessés, conduira de nouveau à prendre la me-sure des sacrifices, des peurs et des souffrances d’hommes engagés sur un front devenu un immense charnier,Considérant que l’hommage qui leur sera rendu se doit de prendre en consi-dération la totalité de ces victimes,Considérant à cet effet que parmi eux,

plus de 600 soldats, parvenus aux li-mites de leur endurance physique et morale face à un tel massacre ou parce que leur conscience ou leurs valeurs humanistes le leur dictaient, ont refusé de partir à l’assaut,Considérant que ces hommes, inique-ment accusés de trahison et de lâcheté et désignés plus tard sous le vocable de « fusillés pour l’exemple », furent pas-sés par les armes au terme de conseils de guerre réunis dans des conditions ouvrant la voie aux décisions les plus arbitraires,Considérant que cette tragédie conti-nue de porter atteinte à leur dignité et qu’elle a jeté l’opprobre sur des fa-milles entières déjà meurtries par la dis-parition d’un être cher, et aujourd’hui sur leurs descendants,Considérant le mouvement entrepris dès la fin de cette Première Guerre mondiale par de nombreuses associa-tions ayant relayé et conforté les dé-

marches individuelles de leurs familles pour obtenir leur réhabilitation, mou-vement auquel continuent de s’asso-cier de plus en plus de personnalités et d’institutions de la vie civile et poli-tique,Considérant que l’examen juridique d’une réhabilitation au cas par cas n’a plus de sens à ce jour et que seule une réhabilitation collective peut enfin rendre justice à tous ces morts et hono-rer leur mémoire,

Le Conseil général :Demande solennellement au Président de la République de se prononcer pu-bliquement en faveur d’une réhabilita-tion générale et collective des « fusillés pour l’exemple » de la Première Guerre mondiale afin que la Nation puisse en-fin honorer officiellement leur mémoire et que celle-ci puisse perdurer dans l’histoire de notre pays.

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LE RÉVEIL - N°798 - NOVEMBRE 2013 - 3

ÉDITO LE RÉVEIL

SOMMAIRE

P. 13 D O S S I E R

LE RÉVEIL DES COMBATTANTS Fondé en 1931 par Henri-Barbusse

Mensuel de l’Association républicainedes anciens combattants et victimes de guerre.Commission paritaire n° 0713-A 06545Édité par les Éditions du Réveil des CombattantsSARL au capital de 45 734,41 - Siret : 572 052 991 000 392, place du Méridien, 94807 Villejuif cedexTéléphone : 01 42 11 11 12Télécopie : 01 42 11 11 [email protected]

Tirage : 60 000 exemplaires

Gérant Directeur de la publication : Raphaël

Vahé • Directeur délégué - Rédacteur en chef :

Patrick Staat • Comité de Rédaction : Brigitte Ca-

névêt, Hervé Corzani, Jean-Pierre Delahaye, André

Fillère, Laurence Gorain• Service photos : Jean-

Claude Fèvre • Administratrice : Annick Chevalier

• Secrétariat de rédaction, conception gra-

phique : Escalier D Communication • Illustration

de Une : © Ajubel - Paru dans Courrier Internatio-

nal et El Mundo • Impression : RIVET P.E. - 24 rue

Claude-Henri-Gorceix, 87022 Limoges cedex 9

« L e budget national confirme une poli-tique, des choix qui

tournent le dos à l’intérêt de la France. Il porte des coups durs aux familles, aux retraités et aux salariés qui, pour certains, se voient imposés

pour la première fois (1,2 million de foyers supplé-mentaires imposables). Le gouvernement poursuit le choix de ces prédécesseurs : frapper les plus démunis (ce sont les plus nombreux) pour épargner les plus riches.La commission européenne ne s’y est pas trompée en validant le budget de la France. Le rôle de la commis-sion pose deux questions. La première, c’est la perte de la souveraineté des décisions de la France sur son devenir et ses choix. La deuxième, c’est que le gouver-nement fait le choix de la finance, le choix du respect des traités et du pacte de stabilité. Et cela, sur le dos des Français.Plus le pouvoir cède, plus Bruxelles exige de nouveaux engagements. Ainsi pour 2014 / 2015, ordre est donné au gouvernement d’aller plus loin sur la réforme des retraites, sur la baisse du coût du travail. La pression est mise pour que nombre de services publics, liés à l’histoire et aux combats de notre pays, passent sous la coupe de la privatisation et ce, au nom de la concur-rence libre et non faussée : EDF, SNCF, mutuelles, retraites, Sécurité sociale. Toutes les structures mises en place par les salariés puis par le programme du CNR pour mieux répartir la richesse nationale sont mises en cause.Casser ces outils de solidarité, les nationalisations, c’est répondre aux réformes structurelles demandées par Bruxelles. Elles conduisent à l’abandon de la sou-veraineté nationale, au recul de la démocratie. Elles font disparaître la nation française dans une Europe fédérale sous tutelle allemande. Une telle politique mène à la désespérance, au découragement, à une crise des valeurs dont témoignent la montée et la banalisation du Front national.La plus grave des inégalités est celle des rémunéra-tions, bloquées voire en recul pour 24 millions de sala-riés et en hausse de 25 % (pour un an) pour les patrons des plus grandes entreprises d’Europe. De plus, les grands groupes sont les principaux responsables d’une évasion fiscale à hauteur de 60 à 80 milliards.La France tourne à l’envers. La question de la place de notre pays dans l’Union européenne telle qu’elle est construite, avec ses traités, sa commission, est posée.

reFusons de conduireLa France au désastre

actualités p. 4Bonnets rouges... et papier timbré . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41 million de copropriétaires en difficulté ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5La BCE et le contrôle des banques européennes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6L’état de la pauvreté en France . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

international p.8Espionnage américain : espionner le monde . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8Nucléaire iranien ; la France irresponsable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10Comment on justifie les guerres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11

Vie de l’arac p. 21La vie des comités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21Commémorations du 11 novembre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22

Vos droits p. 26Un projet de budget ACVG inacceptable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26Budget ACVG 2014 : déclaration de l’ARAC . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27Carte du Combattant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28Souscription nationale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30

Magazine p. 31

www.le-reveil-des-combattants.fr

Patrick Staat

chiLi au cœurretour sur le chiliquarante ans après le coup d’état contrel’unité populaire

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LE RÉVEIL - N°798 - NOVEMBRE 20134 -

LE RÉVEIL ACTUALITÉS

On sait, peut-être, que ce nom recouvre l’une des plus grandes révoltes de l’Ancien Régime, qui survint en Bretagne sous le règne de Louis XIV en 1675 et qui fut l’une des grandes révoltes populaires, annonciatrice de la Révolution de 1789.

Les bonnets rouges, on les a vus res-surgir en Bretagne, et en particulier ce samedi 26 octobre lors des manifesta-tions qui ont eu des suites tragiques (un blessé avec une grave blessure au cou, un autre avec une main arra-chée). Si ces manifestations ont claire-ment tourné à l’émeute, c’est qu’elles ne font que témoigner du désespoir d’une partie de la population. La Bre-tagne, on le sait, est durement touchée par la crise actuelle. Celle-ci se traduit par la fermeture, ou par des licencie-ments, dans des petites et moyennes entreprises dont le rôle est critique sur des bassins d’emplois très segmentés. Une misère néo-rurale, concentrée dans des bourgs ou des gros villages, liée à la fermeture de l’employeur local, est en train de faire tache d’huile en Bretagne. À ce phénomène, qui dure depuis maintenant deux ans, est venu s’ajouter la crise spécifique de la filière agroalimentaire qui entraîne avec elle une partie de l’agriculture. Ce que l’on appelle la « crise de la filière porcine » est le résultat d’un dumping sauvage pratiqué par l’Allemagne abritée der-rière l’euro. Ce dumping est en train de ravager la Bretagne. On le voit avec les problèmes des abattoirs, de socié-tés comme Doux et Gad. Ces faillites et ces fermetures viennent ajouter la misère à la misère ; très souvent c’est un couple et non seulement la femme ou l’homme qui sont employés sans

ces entreprises. La fermeture d’un site, souvent l’unique employeur du canton, est une véritable condamna-tion à mort.Enfin, goutte d’eau ultime, nous avons l’écotaxe, un impôt fondé sur des prin-cipes justes, mais tellement mal ficelé qu’il pénalise en premier lieu les pro-ducteurs locaux au profit d’un trans-port autoroutier. De plus, des primeurs qui sont produits à 300 kilomètres de Paris vont être plus taxés que des sa-lades ou autres légumes débarquant de l’autre bout du monde par avion à Rois-sy. C’est bien là toute l’aberration d’un impôt dont la mise en place a été livrée au jeu des lobbys européens et à l’in-conséquence de hauts fonctionnaires méconnaissant les réalités locales.Telles sont les raisons de la révolte qui, après avoir couvée pendant de longs mois, est en train d’exploser en Bre-tagne. Face à cette révolte, les mesures annoncées par le gouvernement ne sont même pas de l’ordre du dérisoire ; elles sont une véritable insulte à ces milliers de personnes que la politique gouvernementale jette dans la rue et sur les routes, et où elles ne trouvent en face que les CRS et la répression.Pourtant des solutions sont à la portée de la main du gouvernement. La pre-mière d’entre elle est, bien entendu, la dissolution de la zone euro, sui-vie d’une dévaluation qui seule peut redonner sa compétitivité à l’indus-trie et à l’économie française. Cette dévaluation rendra inutiles les abatte-ments d’impôts qui sont aujourd’hui nécessaires à la survie de nombreuses entreprises. Sur les 70 milliards que représentent ces diverses « niches fiscales », il devrait être ainsi possible d’en supprimer 30 milliards au moins. Ce gain fiscal important (1,5 % du PIB) permettra de réduire le montant

d’autres impôts.Une seconde solution est, bien enten-du, une refonte de l’écotaxe afin d’en faire un mécanisme protecteur des productions locales face aux produc-tions à longues distances. Il est insensé que des produits venant de plusieurs milliers de kilomètres payent moins que d’autres qui sont fait quasiment à la porte des consommateurs.Faute de comprendre l’ampleur du désespoir et la profondeur de la révolte, ce gouvernement et ce Président, dont la popularité est au plus bas et dont la légitimité est aujourd’hui clairement en cause, pourraient bien se réveiller avec une France soulevée contre eux.

Jacques Sapir

bonnets rouges… et papier tiMbréQuand l’histoire se rappelleà notre bon souvenir...

Moi, présidentde La répubLiQueJe n’ai pas dit que je porterai atteinte aux droits des anciens combattants et vic-times de guerre, mais je le fais :- en ne leur versant que 50 % du mon-tant des pensions militaires d’invalidité et des retraites du combattant auxquelles ils devraient avoir normalement droit, et je refuse d’en débattre avec eux !- en maintenant le gel de la valeur du point d’indice de la Fonction publique sur lequel sont indexées les pensions PMI, la retraite du combattant, les rentes mutualistes AC, et je leur interdis ainsi toute revalorisation !- en amputant de 20 % par décret la sub-vention d’État versée depuis 1923 aux rentes mutualistes anciens combattants,et je porte atteinte aux droits inaliénables à réparation dus par la Nation.

Je suis bien un Président « normal » à l’image des précédents.

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LE RÉVEIL - N°798 - NOVEMBRE 2013 - 5

ACTUALITÉS LE RÉVEIL

iMMobiLierVers 1 million de copropriétaires en difficulté ?

L’examen au Parlement du projet de loi sur le logement et l’urbanisme (ALUR) est un moment propice pour faire pas-ser des messages. Cela tombe bien, Dominique Braye, qui préside l’Agence nationale de l’habitat (Anah), voudrait que la « France de propriétaires » redes-cende sur terre : la propriété de son loge-ment, par les charges qu’elle entraîne, devient de plus en plus risquée. « Les co-propriétés sont une bombe à retardement », prévient-il. Selon les estimations de l’Anah, sur les 6,2 millions de rési-dences principales en copropriété exis-tant en France, 15 %, soit 1 million de copropriétaires, présentent des signes de fragilité et pourraient basculer dans les difficultés financières. Avec, à la clef, des impayés de charges pour une part significative des 560 000 copropriétés de l’Hexagone.En l’absence de statistiques nationales sur le sujet, l’Anah évalue les risques des copropriétés via une batterie d’in-dicateurs comme le mode d’occupa-tion du logement (sur-occupation ou présence de squats), l’âge et l’état du bâti, la solvabilité des copropriétaires ou encore la présence ou non de locatif dans l’immeuble. « Un fort taux de loca-tif est mauvais pour une copropriété, car les bailleurs refusent généralement de faire des travaux », souligne l’agence.Certes, la fragilité ne conduit pas tou-jours à la banqueroute. Mais le risque grandit avec le temps. Car une vague de travaux se profile. Pour maintenir en état décent le parc bâti entre 1950 et 1990, il faudra en effet réaliser entre 40 et 70 milliards d’euros de travaux (selon qu’on y inclut ou pas la rénova-tion énergétique) d’ici à dix ans, estime l’Anah. Difficile de savoir comment affronter ce « mur de travaux » vu les difficultés financières croissantes d’une

15 % des 6,2 millions de résidences principales en copropriété sont fragiles. Le projet de loi ALUR ne suffira pas à sécuriser cette « France de propriétaires ».

partie des foyers, et pas seulement les plus modestes.Dominique Braye a réalisé début 2012 un rapport sur les copropriétés qui fait référence, mais n’a pas été totalement traduit dans la loi. Si l’auteur observe avec satisfaction que le projet de loi ALUR, qui a repris 80 % de ses préco-nisations (dont toutes ne sont pas légis-latives), «va dans la bonne direction », le texte a ignoré les mesures les plus fondamentales, qui auraient été... les plus impopulaires. Côté bons points, pour lutter contre l’opposition des copropriétaires-bailleurs à réaliser des travaux, ALUR assouplit les règles de majorité requises pour les voter. Quant au cas des marchands de sommeil, dont l’Anah a constaté qu’ils constituent la majorité des bailleurs ne payant pas leurs charges et ce afin de mettre la copropriété en faillite pour racheter les logements une bouchée de pain, ALUR le traite en interdisant pendant cinq ans à ceux condamnés en justice d’acheter un logement locatif.Toutefois, estime Dominique Braye, « si on veut prévenir les difficultés des copro-

priétés, il y a un triptyque d’obligations à leur imposer » : à savoir, effectuer un dia-gnostic de l’état du bâti et les travaux à effectuer, élaborer un plan pluriannuel de travaux, enfin instaurer pour chaque copropriété un fonds de prévoyance des travaux futurs avec une cotisation an-nuelle obligatoire de tous les coproprié-taires. Mais si le projet de loi reprend bien ce triptyque, en l’état actuel il l’a par trop atténué, estime le président de l’Anah. Ainsi, le diagnostic technique de l’immeuble afin d’identifier les tra-vaux nécessaires dans les dix ans n’est pas obligatoire. Pas plus que la cotisa-tion annuelle à un fonds de prévoyance qui ne s’impose qu’aux copropriétés de plus de 50 lots, excluant de fait 95 % des copropriétés. Quant au montant de la cotisation minimale, Dominique Braye la juge trop faible. Bref, selon lui, «ALUR a surtout une portée pédago-gique». Il s’agit de préparer les esprits à aller, un jour, plus loin.

Les Echos - 10 octobre 2013

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LE RÉVEIL - N°798 - NOVEMBRE 20136 -

LE RÉVEIL ACTUALITÉS

Le contrôle des grandes banques françaises sera assuré à partir de l’année prochaine par la BCE. Le journal Le Monde informait par ailleurs ses lecteurs que l’état des lieux que fera la BCE au moment de sa prise de contrôle, l’audit des banques dont elle devra à l’avenir assumer le contrôle, sera effectué par un cabinet américain, dont les performances récentes ne sont pas avérées.Dans un article de La Tribune, il est bien résumé que ce

n’est pas tout de contrôler les banques, il faut savoir qui paie lorsqu’une faillite arrive. Or, il n’y a pas de régulateur infaillible. On a beau dire et faire travailler tous les cabinets américains que l’on veut, à un moment donné, surtout si la stagnation européenne se poursuit, des banques peuvent faire faillite parce que la conjoncture a dégradé trop forte-ment leur portefeuille de crédits.Si une faillite importante intervient, mettons en Espagne, il faudra expliquer au contribuable espagnol que bien que théoriquement contrôlée par la BCE, en l’absence de méca-nisme de résolution des crises, c’est l’État espagnol qui devra payer. Pire, la BCE étant consciente de ce risque d’impasse, elle risque d’être encore plus sévère dans ses recommandations aux banques, et de contribuer ainsi à la crise.L’Allemagne se réjouirait d’une telle situation où seul le contrôle bancaire serait un peu européanisé, la respon-sabilité financière, la plus importante, restant nationale (on peut noter au passage que les banques allemandes échappent en grande partie au contrôle de la BCE, les landesbanken, régionales, étant trop petites pour relever du contrôle de Francfort).Seulement, en cas de crise bancaire, et dans l’urgence, la tentation serait probablement irrésistible de faire renflouer une banque théoriquement contrôlée par la BCE par le MES (Mécanisme européen de stabilité). Et là le contri-buable allemand ne sera peut-être pas ravi d’apprendre qu’il est tout de même indirectement convié à remettre au pot.Tout ceci pour constater quoi ? D’abord que la construc-tion européenne prend un tour monstrueux. Nul doute qu’avec des débats aussi complexes, le sujet de l’Union bancaire n’intéresse personne. Ensuite que cette obscurité ne profite qu’à une construction européenne intéressée par la seule acquisition de pouvoirs nouveaux, quelles qu’en soient les modalités.Au final les banques européennes ne seront probablement pas mieux contrôlées et, en cas de crise, les enchevêtre-ments de responsabilités (d’irresponsabilité plutôt) sont tels que les dégâts en seront probablement aggravés.

La bce contrôlera l’ensembledes banques européennes

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LE RÉVEIL - N°798 - NOVEMBRE 2013 - 7

ACTUALITÉS LE RÉVEIL

L’Observatoire des inégalités publie une note de synthèse sur la pau-vreté. A l’heure où une partie de la population s’offusque de payer trop d’impôts, la situation est de plus en plus critique pour les plus défavori-sés, dont le nombre grandit.

La capacité est aussi grande dans notre pays à forcer le trait, à exagérer les chiffres pour mobiliser l’attention. On n’assiste pas à une explosion de la pau-vreté et de la misère. Partant de bons sentiments, le catastrophisme finit par décrédibiliser l’information et alimente la critique du modèle social français, alors que notre pays est parmi ceux qui s’en sortent le mieux au monde sur ce plan. Pourquoi dépenser autant si l’on compte tant de pauvres ?Il n’empêche : en considérant la défini-tion la plus restrictive, le nombre de per-sonnes vivant sous le seuil de pauvreté a progressé de 660 000 entre 2008 et 2011. Soit probablement autour de plus de 800 000 personnes si l’on ajoute 2012 et le début 2013. Au cours de la même période, le taux de pauvreté est passé de 7 à 8 % et doit approcher les 9 % aujourd’hui. Un retournement historique qui touche les plus vulnérables.Contrairement à un discours commun selon lequel la crise serait généralisée à tous les milieux, la pauvreté ne frappe pas au hasard. Une large partie de la popula-tion est à l’abri, même s’il est commode à chacun de se l’approprier. En 2010, le taux de pauvreté des employés était 6,3 fois plus élevé que celui des cadres supé-rieurs. Le taux des sans diplôme trois fois supérieur à celui des diplômés d’un bac +2.Face à ce constat largement étayé, il ne reste souvent plus que la compassion et l’aumône. Les caisses de l’État sont vides. Faute de revenu minimum pour tous, le gouvernement expérimente une « garan-tie jeune » à 10 000 moins de 25 ans dans quelques territoires : mais combien sont

ces jeunes qui, faute de soutien, vivent sous le seuil de pauvreté ? 10, 20 ou 30 fois plus ? Combien d’entre eux doivent se contenter de revenir au domicile, dormir chez des amis quand ce n’est pas à la rue ?A l’évidence, les politiques publiques ne sont pas à la hauteur des enjeux. Si le revenu minimum manque pour certains,

l’essentiel n’est d’ailleurs sans doute pas seulement financier. Il s’agit de véritables politiques de l’emploi, de construction de logements, d’accès la santé et, en particu-lier, d’une vraie réforme de l’éducation.

Les Notes de l’Observatoire,N° 1, octobre 2013

Qu’il est loin le rêve d’une France de pro-priétaires exprimé par Nicolas Sarkozy, lors de sa campagne présidentielle en 2007. En 2013, acquérir un bien immo-bilier coûte en moyenne 220 387 euros en France. Un chiffre en hausse de 10 000 euros sur une seule année. Depuis 2004, le prix moyen d’un bien immobilier a augmenté d’environ 60 000 euros. « Avec la disparition des aides à l’acquisition comme le prêt à taux zéro, les jeunes ont de moins en moins accès à la propriété. Ce qui a créé une fracture générationnelle. La fin des droits de muta-tion ou encore la taxation des plus-values de cession a instauré un climat de pessimisme sur le marché. En 2013, 20 % des Français répondaient aux conditions bancaires pour acquérir un bien immobilier, mais par crainte de l’avenir, ils n’ont pas acheté », affirme Maël Bernier, directrice de la communication d’Empruntis.com.Conséquence de l’envolée de ce prix moyen, les Français empruntent des montants de plus en plus élevés pour

devenir propriétaire. Cette année, les banques ont prêté en moyenne 168 409 euros contre 159 768, l’année dernière. Du jamais vu, pour Maël Bernier : « Nor-malement quand les taux sont bas, les prix doivent baisser », explique-t-elle au Pari-sien. « Or, ils stagnent. Ce qui veut dire que les gens qui ont les moyens en profitent pour emprunter plus pour acheter plus grand, d’où l’envolée ».Autre fait marquant de l’étude : le reve-nu net moyen du candidat à la propriété s’établit en 2013 à 4 500 euros, soit 800 euros de plus qu’il y a neuf ans. Or, selon les derniers chiffres de l’Insee, moins de 20 % des ménages français perçoivent plus de 4 467 euros par mois, tous reve-nus confondus. De plus, en neuf ans, l’âge moyen des acquéreurs a augmenté de trois ans, pour se fixer à 37 ans. « Cette tendance montre que l’acquéreur moyen en France n’est plus Monsieur et Madame Tout-le-monde. Si vous n’êtes pas déjà pro-priétaire ou si vous n’avez pas hérité, c’est compliqué », explique Maël Bernier.

obserVatoire des inégaLitésL’état de la pauvreté en France

Il fAUT GAGneR 4 569 eURoS neTS PAR moIS PoUR DevenIR PRoPRIéTAIRe en fRAnCe

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LE RÉVEIL - N°798 - NOVEMBRE 20138 -

LE RÉVEIL INTERNATIONAL

Le Washington Post accuse. Même le Pape est sur écoute. Un budget faramineux est consacré aux activités d’espionnage. Plus de 107 000 personnes y sont employées.

Les données de centaines de millions d’utilisateurs de Google et Yahoo! ont-elles été interceptées par l’Agence de sécurité nationale américaine (NSA) ? C’est ce que révélait le Washington Post, le 30 octobre dernier. Le quotidien amé-ricain avait déjà affirmé, début juin, que neuf entreprises, dont Apple, Google, Facebook et Yahoo! avaient fourni aux services secrets américains un «accès direct» à leurs serveurs. Cette fois, le « Post » évoque un programme baptisé Muscular, opéré conjointement avec l’homologue britannique de la NSA. Il permettrait aux deux agences de ren-

seignements de récupérer des données depuis les fibres optiques utilisées par les géants du net. Le quotidien de la capitale américaine affirme avoir consulté des do-cuments obtenus auprès de l’ex-consul-tant-espion de la NSA, Edward Snowden, devenu aujourd’hui ennemi public et qualifié de traître par la Maison-Blanche. Toujours selon cette source, la NSA agi-rait en dehors des États-Unis pour «plus de latitude». En effet, cette surveillance, hors territoire américain, s’effectuerait grâce à un fournisseur d’accès télécom dont le nom n’a pas été révélé. « Ce qui permettrait à la NSA d’avoir plus de « pos-sibilités » que dans son pays, où la justice doit être saisie pour entreprendre de telles actions » a affirmé le Washington Post.

DeS mIllIonS D’AbonnéS SUR éCoUTe L’ampleur de ce que nous qualifierons de complot contre la démocratie à l’échelle planétaire est assez terrifiante. Qu’on en

juge : en une seule journée de 2012, la NSA aurait ainsi pu intercepter 444 743 listes de contacts courriels de comptes Yahoo!, 82 857 de comptes Facebook, 3 697 de comptes Gmail et 22 881 d’autres fournisseurs Internet, explique une présentation interne publiée par le journal américain. Toujours selon le « Post », « les listes contiennent davantage d’informations que des adresses e-mails car, dans ces fiches contacts, il y a aussi des numé-ros de téléphone, des adresses physiques, des informations économiques ou familiales, et parfois les premières lignes d’un message... » Yahoo! et Google assurent toutefois au journal n’avoir jamais autorisé un tel accès à leurs données utilisateurs. « En juin, il y avait déjà eu cette allégation selon laquelle la NSA s’introduisait dans les serveurs de Yahoo! et Google, mais c’est faux », a démenti le chef de la NSA, le général Keith Alexander, interrogé lors d’une conférence à Washington. En dépit de toutes dénégations, il apparaît

espionnage aMéricain contrôler le monde

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LE RÉVEIL - N°798 - NOVEMBRE 2013 - 9

INTERNATIONAL LE RÉVEIL

aujourd’hui que rien n’échappe « aux grandes oreilles américaines ».

le vATICAn SUR éCoUTe On sait désormais que plus de 35 chefs d’État, y compris alliés, ont fait l’objet de surveillance. L’Union européenne, de grandes entreprises et des millions de particuliers, de par le monde, sont écoutés, leurs conversations parfois analysées au nom de l’antiterrorisme… Et, cerise sur le gâteau, selon l’hebdoma-daire italien Panorama, les 46 millions d’appels téléphoniques interceptés par les renseignements américains en Ita-lie incluent ceux du Saint Siège. Si « les voies du Seigneur sont impénétrables », pas les conversations du pape. Pano-rama a en effet révélé, fin octobre, que les écoutes téléphoniques américaines auraient même visé le Vatican. Sur les 46 millions d’appels interceptés en Ita-lie par l’Agence nationale de la sécurité des États-Unis, « il y aurait également le Vatican », écrit le journal. « On craint que la NSA n’ait continué à capter les conversa-tions des prélats jusqu’au début du conclave » (le 12 mars), qui a abouti à l’élection du pape François. « Y compris les appels de et vers la résidence romaine où habitaient le nouveau pape et d’autres prélats », poursuit

l’hebdomadaire. Le souverain pontife « était déjà, depuis 2005, l’objet de l’atten-tion des services secrets américains, selon les rapports de WikiLeaks », rappelle Pano-rama. « Nous n’avons aucune information à ce sujet et de toute façon nous n’avons au-cune inquiétude », a réagi le porte-parole du Vatican, le père Federico Lombardi. Les États-Unis ont catégoriquement rejeté les accusations d’espionnage des communications téléphoniques en Europe, affirmant que ces données leur avaient été fournies par des agences de renseignements européennes.

Un emPIRe fInAnCIeRQuel budget pour financer de telles opé-rations ? Le 29 août 2013, toujours dans le Washington Post, on pouvait trouver, publié pour la première fois, le détail du budget des 16 agences de rensei-gnements américaines, surnommé « le budget noir » des États-Unis. Des infor-mations obtenues grâce à un document fourni par l’ex-consultant de la NSA, Snowden.Le journal indique que la CIA, la puis-sante agence, a demandé un budget de 14,7 milliards de dollars (11 milliards d’euros) en 2013, et ses effectifs dé-passent les 21 000 personnes. Habituel-

lement, seul le montant global est publié chaque année par le gouvernement sans préciser la façon dont les sommes sont allouées. Le document illustre le double-ment du budget total du renseignement depuis les attentats du 11 septembre 2001, avec une facture estimée à plus de 500 milliards de dollars (377 mil-liards d’euros) depuis cette date. Ainsi, nous apprenons qu’en 2012, le budget du renseignement américain était de 55 milliards de dollars (41 milliards d’eu-ros). Pour l’année budgétaire 2013, le gouvernement réclamait 52,6 milliards au Congrès et, pour 2014, il a demandé 48,2 milliards. A cela s’ajoutent encore les programmes de renseignement militaire du Pentagone (23 milliards de dollars en 2013). La NSA, 10,8 milliards de dollars et le National Reconnaissance Office (NRO), 1,3 milliard de dollars sont les agences les mieux dotées. Le NRO gère les satellites d’espionnage. Au to-tal, 107 035 personnes sont employées. Parmi elle, près de 35 000 sont réservées à la cryptographie, qui inclut l’Agence de sécurité nationale (NSA) chargée des écoutes mondiales et de la surveillance électronique.

Jean-Pierre Delahaye

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LE RÉVEIL - N°798 - NOVEMBRE 201310 -

L’Iran et l’Agence nucléaire de l’ONU se sont accordés, lundi 11 novembre, sur les vérifications que pourront conduire les inspecteurs de l’AIEA, lors de la vi-site à Téhéran du chef de l’Agence inter-nationale de l’énergie atomique, Yukiya Amano. Cette feuille de route prévoit une inspection de l’usine de production d’eau lourde d’Arak, à laquelle l’agence onusienne tente d’accéder depuis 2011. Yukiya Amano a affirmé qu’une visite de la base militaire iranienne de Par-chin, soupçonnée d’avoir abrité des es-sais nucléaires, serait discutée après la finalisation de cet accord préliminaire. Téhéran refusait depuis 2012 à l’AIEA l’accès à des « bâtiments suspects » de cette base, en raison de sa nature militaire et parce que l’agence y a déjà conduit des inspections en 2005, qui n’avaient rien donné. C’est un premier pas dans le processus de détente enga-gée depuis plusieurs semaines après

la visite du nouveau président iranien, Rohani, à l’Assemblée générale des Na-tions unies à New York et son entretien téléphonique avec Barack Obama. En revanche aucun autre accord n’a pu être conclu, ce même week-end à Genève, et c’est le chef de la diplomatie française, le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, qui en est tenu respon-sable, exigeant de l’Iran toujours plus de garanties, alors même que le groupe des 5 + 1 (États-Unis, France, Grande Bretagne, Russie, Chine + Allemagne) « s’estimait sur une bonne voix pour obte-nir un accord ». Cette intransigeance a été relevée par de nombreux observa-teurs et journalistes et saluée, applaudie même par les élus américains les plus conservateurs.

ConveRGenCeS AveC leS néo ConSeRvATeURS US«Vive la France !» a tweeté le sénateur

républicain John McCain, ex-candidat à la Maison-Blanche, pour souligner son approbation de l’attitude de Paris sur le dossier du nucléaire iranien. Pour lui, « les Français ont eu le courage d’empêcher un mauvais accord avec l’Iran». De son côté, Lindsay Graham, élu de Caroline du Sud, a été tout aussi élogieux sur la volonté de Laurent Fabius de ne pas accepter «un accord de dupes» avec Té-héran. «Dieu merci pour la France…», a-t-il lancé sur CNN, expliquant qu’il ne voulait pas « d’une Corée du Nord au Proche-Orient ! ». Le Figaro estime que « cette francophilie en dit long sur les profondes réticences que suscite au Congrès la négociation engagée par l’Administration Obama avec Téhé-ran (…) Une intéressante alliance des «faucons» se dessine de facto entre Paris, Jérusalem, le Congrès et les monarchies du Golfe, anxieuses d’un accord avec la Perse (Iran) qui se ferait sur leur dos ».Pour l’Humanité, la position française est dictée d’abord par cette propension chez Hollande et Fabius à considé-rer que pour être une puissance d’in-fluence, il convient de durcir le ton (…), voire de menacer de la force. « François Hollande avait approuvé l’intervention en Libye, il a fait donner la troupe au Mali, il se verrait bien bombarder Damas », écrit Pierre Barbancey. Et de rappeler que la France « veut aussi complaire à deux de ses alliés : Israël et l’Arabie Saoudite ». On le voit le débat sur le nucléaire iranien ne laisse pas indifférent, tant il est impor-tant pour l’équilibre de la région et peut-être la stabilité du monde.

LE RÉVEIL INTERNATIONAL

nucLéaire iranienLa France irresponsableLes inspecteurs de l’ONU vont avoir accès à l’usine iranienne d’Arak. Les conservateurs américains se félicitent de l’attitude de la France pendant les négociations de Genève. Le général français, Étienne Copel, vice-président du haut comité pour la défense civile, estime que « l’Iran a le droit d’exploiter l’uranium dans ses centrales ».

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LE RÉVEIL - N°798 - NOVEMBRE 2013 - 11

ReSPeCT DU TnP PoUR ToUT le monDeParmi les voix qui s’élèvent, il est inté-ressant d’entendre celle du général Copel*, vice-président du Haut comité français pour la défense civile, qui a estimé mi-novembre dans une tri-bune publiée par le quotidien du soir, Le Monde : l’Iran a le droit d’exploiter l’uranium dans ses centrales. Après avoir rappelé que l’Iran a signé le Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) et relevé des dérives inacceptables de dif-férents gouvernements iraniens y com-pris aujourd’hui dans le conflit syrien, l’ex-sous-chef d’état-major de l’armée française, souligne que depuis la fin du régime du Chah, les gouvernants tiennent un même discours : le traité, tout le traité, mais rien que le traité. « Nous avons signé le traité de non-prolifé-ration nucléaire (TNP). Il marque notre volonté d’accéder pleinement aux bénéfices du nucléaire civil et nous interdit de fabri-quer des armes nucléaires. Ce traité nous le respectons, mais vous n’avez pas le droit de nous imposer des restrictions qui ne sont pas prévues par le traité.»

Le général Copel rappelle ensuite les termes de l’article IV du TNP prévoyant que les signataires non dotés de l’arme nucléaire ont « un droit inaliénable à développer la recherche, la production et l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques, sans discrimination ». Dans ces conditions, estime-t-il, tous les responsables iraniens, modérés ou non, affirment d’une seule voix leur droit à développer un cycle complet du com-bustible pour pouvoir exploiter leurs centrales nucléaires sans dépendre d’un quelconque approvisionnement extérieur. L’officier supérieur en dé-duit alors : « Les procès faits aux Iraniens concernant leurs installations nucléaires manquent donc clairement de base légale. Ce sont des procès d’intention : on soup-çonne l’État iranien de ne développer ses installations nucléaires que pour se doter d’armes atomiques, mais on ne le prouve pas. »Il souligne également que les Iraniens n’ont pas respecté toutes les différentes résolutions, votées depuis le TNP par l’ONU et en particulier la fameuse résolution 1737 exigeant l’arrêt immé-diat des opérations d’enrichissement.

« Mais ces résolutions, poussées en géné-ral par les Américains et leurs alliés israé-liens, manquent elles-mêmes de base légale puisque les inspecteurs de l’Agence inter-nationale pour l’énergie atomique (AIEA) n’ont jamais apporté la preuve que l’Iran ne respecte pas le TNP » écrit-il.Concernant plus directement les négo-ciations entre Téhéran et le groupe des 5+1 il note la défiance et le scepticisme de certaines des parties face à une atti-tude plutôt coopérative des nouveaux responsables politiques iraniens. Pour lui « le ministre des Affaires étrangères français (Laurent Fabius NDLR) comme le Premier Ministre israélien ne croient manifestement pas en cette bonne foi. C’est leur droit. Mais ce droit ne devrait pas leur donner la possibilité de bloquer directement ou indirectement une négociation raison-nable. Le succès de celle-ci permettrait en particulier d’éviter que les Iraniens ne se retirent du TNP en rappelant que les Pa-kistanais, les Indiens et les Israéliens, qui n’ont pas signé le traité, ne subissent, eux, aucune sanction malgré leur armement nucléaire bien réel. »

Jean-Pierre Delahaye

INTERNATIONAL LE RÉVEIL

JAnISSAIReS eT fAUx ChARnIeRChute du régime roumain, 1989. A la veille de Noël, alors que tombe la dic-tature de Nicolae Ceausescu, les télé- spectateurs découvrent les images d’un charnier à Timisoara où, disait-on, gi-saient quatre mille corps affreusement mutilés. Un mythe domine : celui de la conspiration. Celle des « hommes de la Securitate », décrits comme innom-brables, invisibles, insaisissables ; sur-gissant la nuit, à l’improviste, de sou-terrains labyrinthiques et ténébreux

ou de toits inaccessibles ; des hommes surpuissants, surarmés, principale-ment étrangers (Arabes, surtout, Pales-tiniens, Syriens, Libyens) ou nouveaux janissaires, orphelins élevés et éduqués pour servir aveuglément leur maître ; capables de la plus totale cruauté, d’en-trer dans les hôpitaux, par exemple, et de tirer sur tous les malades, d’achever les mourants, d’éventrer les femmes enceintes, d’empoisonner l’eau des villes...Tous ces aspects horribles que la télévision confirmait sont, on le sait aujourd’hui, faux. Ni souterrains, ni Arabes, ni empoisonnement, ni en-fants enlevés à leurs mères, ni charnier de Timisoara... En revanche, chacun des termes de ces récits - « D’un bunker

comment on justifie les guerresQuelques exemples de faux prétextes et de montages qui ont justifié des guerres et des interventions militaires…

mystérieux », racontait une journaliste, « Ceausescu et sa femme commandaient la contre-révolution, ces bataillons noirs, chevaliers de la mort, courant, invisibles, dans les souterrains... » - correspond exactement au fantasme de la conspira-tion, un mythe politique classique ayant servi à accuser, en d’autres temps, les jésuites, les juifs et les francs-maçons.

Ignacio Ramonet, Télévision nécrophile, mars 1990

CoUveUSeS DébRAnChéeSGuerre du Golfe (1990-1991). L’inva-sion américaine fut aussi une vaste entreprise de manipulation. A l’ère proclamée de la libre circulation de l’information, les images et les mots

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LE RÉVEIL INTERNATIONALLE RÉVEIL INTERNATIONAL

furent contrôlés par les états-majors alliés et les spécialistes en commu-nication. L’émirat du Koweït loua les services d’une grande agence qui « mit en scène » le document « amateur » présentant l’entrée des chars irakiens à Koweït Ville, le 2 août 1990. Elle organi-sa le témoignage, massivement relayé, d’une infirmière jurant que les soldats irakiens avaient débranché des enfants dans des couveuses : il fut décisif pour rallier l’opinion américaine à la mobi-lisation contre l’Irak. Quelques mois plus tard, on apprit que le « témoin » en question était la fille de l’ambassadeur du Koweït à Washington...Le Pentagone ne fut pas en reste. Il présenta à l’Arabie saoudite des pho-tos truquées pour faire croire que l’Irak était sur le point de l’envahir et arracher ainsi l’acquiescement de Riyad au déploiement de ses troupes dans le royaume. Il distilla l’idée que les alliés devaient affronter la « quatrième armée du monde ». Il enrôla les journalistes au service de sa seule vérité. Dévoilés petit à petit, ces mensonges créèrent dans les opinions occidentales un solide scepti-cisme. Les médias promirent qu’on ne les y reprendrait plus. Innombrables furent les colloques sur ce thème. Dé-sormais on enquêterait sérieusement...

Alain Gresh, Une guerre si propre, février 2001

« eT noUS, noUS SommeS SI bonS »Guerre du Kosovo (1999). Aux fron-tières [du pays], des journalistes débar-quèrent. Ils découvrirent d’immenses tragédies humaines ; ils ne purent que s’offusquer. Ils clamèrent l’urgence d’une « ingérence humanitaire », asso-cièrent leurs journaux à des collectes, affichèrent des numéros verts, se sentirent confortés par des sondages, image instantanée d’une opinion ins-tantanément confectionnée par des images.Armés de notre générosité et de nos dons, ils poussèrent l’avantage, envi-sagèrent la guerre terrestre qui seule

libérerait ces foules errantes, « cette femme, cet homme, cet enfant à la peau blanche », « la petite fille de 5 à 6 ans qui écrasait son visage en pleurs sur la vitre arrière d’un car ». En vérité, ce n’était ni la couleur de la peau ni les larmes de l’enfance qui comptaient. Mais les déportés erraient devant nos caméras. Et nous, nous sommes si bons (...) La bonne propagande de guerre, ce n’est plus la vieille censure, c’est de savoir attirer les caméras devant des images irrésistibles et manichéennes, devant des scènes qui charrient une émotion mille fois plus docile que l’intelligence, cette machine lente et redoutable qui trie, digère, relativise, compare, inté-grant à la fois le souvenir de très vieilles histoires sans image et l’imagination de conséquences forcément infilmables.

Serge Halimi, Quand le doigt montre la Lune, mai 1999

DU Plomb DAnS leS TêTeSOffensive d’Israël à Gaza (décembre 2008). En 2006, l’offensive de Tsahal contre le Hezbollah au Liban avait été vécue comme un demi-échec, dans l’es-prit de ses généraux, notamment parce que l’information n’avait pas été bien maîtrisée, et que l’opinion internatio-

nale avait vite été gagnée au sort des po-pulations bombardées. Fin 2008, lors de l’offensive « Plomb durci » contre le Hamas, à Gaza, la solution trouvée par le gouvernement israélien consiste donc à étendre aux journalistes le blo-cus de Gaza pendant le conflit qui se prépare. Loin des caméras et du regard des reporters, les dramatiques condi-tions de vie des Palestiniens et les souf-frances endurées par la population sont donc escamotées, autant que possible, aux yeux des témoins directs venus de la presse internationale. En dépit d’un arrêt de la Cour suprême israélienne, les reporters seront ainsi cantonnés en dehors de Gaza dans la zone israélienne exposée aux roquettes du Hamas, sorte de « journalistland » où les confrères tuent le temps en montrant des images d’une sorte de musée des roquettes Qassam ou en filmant à distance très respectable les lueurs des explosions qui parviennent du territoire palesti-nien. D’où un biais désastreux dans la couverture du conflit...

Marie Bénilde, Gaza, du plomb durci dans les têtes, Information 2.0,

Les blogs du Diplo, février 2009

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LE RÉVEIL - N°798 - NOVEMBRE 2013 - 13

des combattantsle réveilPour l’amitié, la solidarité, la mémoire, l’antifascisme et la paix

N° 798NOVEMBRE 2013

Le cahier MéMoire

édité par le Réveil des combattants - 2 place du méridien - 94807 villejuif - Tél. 01 42 11 11 12

ÉDITO

Par Paul Markidès

En septembre 1970, la victoire de l’Unité populaire, autrement dit de la coalition des partis de gauche chiliens, souleva l’enthousiasme du peuple chilien qui voyait enfin s’annoncer la possibilité de vivre dignement.Vivre dignement pour les hommes et les femmes de ce peuple c’était d’abord pouvoir prendre en main l’exploitation de ces richesses minières aux mains de multinationales nord-américaines et disposer enfin des terres accaparées par des grands propriétaires fonciers. Et ce gouvernement populaire, présidé par Salvador Allende, ne ménage pas ses efforts dès son installation pour prendre des mesures concrètes de progrès :

nationalisations, réformes agraires et réformes sociales.Cela ne fut pas du goût des compagnies nationalisées et des gros propriétaires de terres, sans oublier les États-Unis qui n’ont pas admis que s’installe au Chili un régime de justice et de démocratie réelles. Et ces réactions étaient aussi partagées par des privilégiés de l’ancien régime dont les chefs militaires.Et le pays connut le coup d’État mili-taire du 11 septembre 1973 dans lequel périrent non seulement le Président Al-lende mais aussi des milliers d’hommes et de femmes qui soutenaient et agis-saient dans le cadre des actions du gou-vernement de l’Unité populaire. Nous

nous inclinons devant ces martyrs et nous leur rendons hommage.Leur mémoire nous est précieuse à plusieurs titres : leur courage est un exemple qui inspire l’action des forces progressistes chiliennes qui agissent aujourd’hui pour le retour à la justice sociale et la démocratie, autant qu’il l’est pour nous dans nos propres luttes ; nous avons le Chili au cœur.Nous prenons en considération ce qu’ils ont vécu et particulièrement les agisse-ments ignobles des forces réaction-naires pour alimenter notre vigilance dans notre propre action. Ce qui s’est passé au Chili doit nous faire réfléchir pour construire aujourd’hui et demain.

chili au cœurchili au cœur

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LE RÉVEIL - N°798 - NOVEMBRE 201314 -

LE RÉVEIL DOSSIER

Tout d’abord parce que les scrutins de ce pays du cône sud de l’Amé-rique latine surviennent quelques semaines après les commémora-tions du quarantième anniversaire du coup d’État du 11 septembre 1973 qui a mis fin à l’expérience du gouvernement socialiste de Salvador Allende. Ils se déroulent également dans le cadre d’un paysage national marqué par des luttes appelant à des changements structurels, à commencer par la constitution mise en place par le dictateur Augusto Pinochet et tou-jours en vigueur. Une hérésie que la jeune génération, en premier lieu les étudiants, dénonce depuis plus de trois ans, en contestant, no-tamment, la marchandisation de l’enseignement public. A gauche donc, la socialiste Michelle Bache-let, fille d’un général assassiné parce que loyal au gouvernement de gauche de l’Unité populaire (UP), et qui fut présidente de 2006 à 2010. A droite, Evelyn Matthei, fille d’un dignitaire de la dictature, qui s’est imposée au terme de pri-maires disputées. L’une a été elle aussi une « disparue », torturée dans un des centres clandestins de détentions, tortures et dispari-tions forcées qui ont vu le jour au lendemain du « golpe » ; l’autre n’a jamais été inquiétée durant les années de plomb et de terreur du régime « pinochetiste ».

Ce face-à-face était palpable durant les cérémonies du 11 septembre

qui ont rendu hommage aux vic-times de la dictature. A Santiago, comme ailleurs, des dizaines de milliers de Chiliens se sont souve-nus des 40 000 victimes de l’inter-minable dictature d’Augusto Pino-chet, dont 38 000 torturés, 3 000 exécutés et « disparus »... Un indis-pensable travail de mémoire dans un pays qui peine encore à rendre justice et réparation. Quarante ans après, d’infatigables militants des droits de l’homme et de partis politiques de gauche, notamment du Parti communiste du Chili (PCCh) ou encore de l’extrême gauche du MIR (Mouvement de gauche révolutionnaire), entre autres, continuent de répéter que l’oubli est impossible. Qui peut, en effet, gommer les effroyables

images de stades transformés en camps de concentration ? Ou en-core les tortures et autres sévices physiques et psychologiques endurés par les démocrates et les progressistes, la douleur de l’exil, le long chemin du retour à la dé-mocratie après 1988 ? Impossible non plus d’effacer les causes qui ont prévalu au passage de la junte militaire. Le 11 septembre 1973, les généraux félons ont voulu bri-ser l’élan du gouvernement (UP) du socialiste Salvador Allende. Ils ont bénéficié de l’appui des États-Unis, traqué de manière massive puis sélective les opposants, grâce au terrorisme d’État et à l’interna-tionale du crime qu’a constitué le Plan Condor, mise en place par les dictatures dans la région pour

Le chiLi tournéVers L’aVenir ?Cathy CEÏBE

Ce n’est pas un traditionnel duel gauche / droite que départageront les Chiliens le 17 novembre, lors des élections générales. La présidentielle et les législatives ont lieu dans un contexte particulier.

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LE RÉVEIL - N°797 - OCTOBRE 2013 - 15

DOSSIER LE RÉVEIL

tuer toute résistance. Pour la droite chilienne et Washington, il fallait à tout prix mettre à bas les trois années de réformes structurelles, de peur que les transformations sociales et politiques n’inspirent d’autres nations sur le continent et ailleurs. Car l’expérience chilienne de « front populaire latino » a ré-veillé partout dans le monde un élan d’espoir de changement et de ruptures possibles par l’expres-sion des urnes. C’est sans doute ce qui explique la solidarité qui s’est exprimée dès les premières heures du coup d’État.

Entre 1970 et 1973, en effet, «la voie chilienne au socialisme» a suscité une incroyable illusion. D’abord auprès du peuple chilien, condamné jusqu’ici à n’être qu’un peuple de va-nu-pieds, victimes d’un pays défiguré par les inéga-lités sociales et l’insupportable concentration des richesses, notamment terriennes. Il fut le principal artisan de la stratégie de rassemblement de l’UP, une large coalition allant de l’extrême gauche au centre gauche, qui triomphera d’une courte tête, le 4 septembre 1970 (voir article suivant). « La victoire n’a pas été facile. Mais il sera encore plus diffi-cile de consolider notre triomphe », prévient alors, visionnaire, Salva-dor Allende. Trois années durant, son gouvernement va s’employer à corriger les déséquilibres sociaux et économiques. Près de 700 000 hectares sont expropriés au profit de 100 000 familles sans terre. Des conseils paysans vont voir le jour pour soutenir l’application des réformes agraires gouverne-mentales. C’est en juillet 1971 que commence l’immense et symbo-lique chantier de la nationalisation des gisements miniers de charbon et de salpêtre. Alors que le Chili est le principal producteur mon-dial de cuivre, deux compagnies américaines, l’Anaconda Copper

Company et la Kennecott Copper, s’en partagent le contrôle. La natio-nalisation de l’or rouge déchaîne les foudres. Lorsqu’Allende décide de ne pas indemniser les proprié-taires, les États-Unis répliquent en supprimant les crédits financiers et tentent d’imposer un embargo mondial sur le cuivre. La Maison-Blanche ne peut laisser faire sans compromettre là ses intérêts et ceux des multinationales qui ont trusté le Chili, selon la doctrine impériale de l’ex-président amé-ricain Monroe qui veut faire de l’Amérique latine son arrière-cour. Le gouvernement états-unien va activement soutenir toutes les grèves et les actions de blocage orchestrées par l’oligarchie, avec la complicité des grands médias, en vue d’étrangler l’économie. En sous-main, le Pentagone et la CIA suivent de très près les ten-tatives de déstabilisation du pays. Henry Kissinger, secrétaire d’État de l’administration Nixon, avait d’ailleurs expliqué sans sourcil-ler : « Je ne vois pas pourquoi nous croisons les bras sans agir en regar-dant un pays devenir communiste à cause de l’irresponsabilité de son peuple. » Et ces agissements se vérifient encore aujourd’hui dans un certain nombre de pays où des gouvernements de gauche ou de centre gauche ont été élus cette dernière décennie, comme au Ve-nezuela où des pénuries alimen-taires sont sciemment organisées par le patronat hostile à l’exécutif bolivarien.

Dans le Chili de 1973, Pinochet va se charger de mettre à bas l’expé-rience socialiste au prix d’une féroce répression. Il mourra de sa « belle » mort, en 2006, sans jamais avoir à répondre de ses crimes. Après le référendum de 1988, où les Chiliens le poussent dehors (voir article plus loin), il laisse derrière lui un pays ficelé. Sur le plan économique d’abord.

Le Chili a été le laboratoire du mo-dèle néolibéral des Chicago boys. « La mise en œuvre de cette politique a correspondu à deux faits principaux : le virage de l’économie mondiale en crise au début des années 1980 et la mise en place de politiques néolibé-rales, ce qu’on a appelé en 1990 le consensus de Washington. Le but était que le Chili soit un champ d’ex-périmentation. Et, de fait, l’ultrali-béralisme a été appliqué dans trois pays : les États-Unis de Reagan, la Grande-Bretagne de Thatcher et le Chili de Pinochet », rappelle l’éco-nomiste chilien, Hugo Fazio. « Tous les problèmes, c’était au mar-ché de les résoudre et non pas à l’État. Il fallait ouvrir en grand l’économie, le commerce et les finances. Ce que le Chili a fait. Les capitaux ont pu y être transférés sans aucune restric-tion, le secteur financier primant sur l’économie réelle ». L’État s’efface au profit de la dé-centralisation et des privatisations des secteurs stratégiques dont les conséquences sont un désastre social et économique. L’éduca-tion et la santé sont désormais un luxe pour la majorité des Chiliens, contraints de s’endetter à vie. Sur ce plan, le bilan de la dictature est « terrible », selon Hugo Fazio. « La

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LE RÉVEIL DOSSIER

pauvreté a touché la moitié de la po-pulation, le chômage a augmenté », rappelle-t-il. « Les revenus ont été du-rement touchés. Sauf pour les 20 % des plus riches, qui détiennent l’es-sentiel de la richesse nationale. Ces inégalités ne sont toujours pas réso-lues. L’État s’est retiré des services publics, ce qui a ouvert le chemin à une dérégulation totale et aux pri-vatisations. Dans l’éducation, dès 1981, les universités d’État ont été durement frappées ainsi que la re-cherche. La situation est comparable dans la santé, où toutefois le contrôle de l’État n’a pas disparu et a abouti à un système mixte ».Cependant, un déclencheur est en train de bousculer la donne. « La révolution des pingouins » de 2006, en référence à l’uniforme des lycéens, mais surtout, en 2011, le mouvement des étudiants dé-nonçant la libéralisation de l’en-seignement public ont réveillé la société chilienne après des années de peur et de léthargie. La jeune génération ne conteste pas seulement le caractère mar-chand dicté par la constitution, et le corsetage du système politique. Elle remet en cause l’héritage de Pinochet, c’est-à-dire les normes qui régissent encore le pays. De ce fait, elle dénonce aussi la trop longue transition que les gouver-nements de la concertation (coa-lition de centre gauche avec les socialistes), qui se sont succédé au pouvoir depuis le retour de la dé-mocratie, ont savamment ména-gé le statu quo autour du modèle politico-économique. Ce temps-là semble fini. Et Michelle Bachelet, qui est donnée ultra favorite dans les sondages, n’aura pas d’autres choix que de répondre favorable-ment à la volonté populaire de changement de la constitution. Ce qu’elle a d’ailleurs promis. Il s’agit pour le Chili de tourner en-fin la page des avatars des années noires de la dictature.

L’histoire du pays est une montée de l’exaspération des mineurs et des paysans contre les multina-tionales nord-américaines et les grands propriétaires. Depuis un siècle pourtant, les mineurs des gisements de salpêtre, de charbon et de cuivre commencent à s’or-ganiser. Une prise de conscience aiguë se forme au sein de la classe ouvrière. En 1922, le Parti com-muniste du Chili est créé, onze ans plus tard, après une éphé-mère « république socialiste » de douze jours, le Parti socialiste

chilien est formé, se réclamant du marxisme.Lorsque Salvador Allende arrive au pouvoir, en septembre 1970, ce n’est pas la première fois que la gauche entre au gouvernement, comme en 1938, lorsqu’un Front populaire, que préside le radical Aguirre Cerda, prend la tête du pays. Mais c’est la première fois qu’il y a une Unité populaire, composée essentiellement de par-tis de gauche, avec un président qui définira, dans un discours du 21 mai 1971, le socialisme chilien

Les 1000 jours de L’unité popuLaire, une expérience inédite briséeBernard duRAuD

Trois années ont rythmé «la voie chilienne au socia-lisme». Durant cette période bouillonnante de mobili-sations, il y avait un immense besoin de justice sociale. Les Chiliens avaient « hérité de deux grandes tares de la société coloniale », écrit Eduardo Galeano (1), « les richesses minières aux mains de l’étranger et l’injus-tice flagrante de la distribution des terres (600 familles détiennent 60 % du sol) ».

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comme « libertaire, démocratique et pluripartite».L’Unité populaire (UP), formée en 1969, est une large coalition qui comprend le Parti socialiste, le Parti communiste, le Mapu, né d’une scission de la démocra-tie chrétienne, le Parti radical, le Parti social-démocrate, ainsi qu’une petite formation, l’API (Alliance populaire indépen-dante). À l’extrême gauche, le MIR (Mouvement de la gauche révolutionnaire), apparu sous l’influence de la révolution cu-baine dans les années 1960, a souvent apporté son «soutien critique» à l’UP, et prône la gué-rilla urbaine et rurale.Allende veut une « révolution dans la loi ». Il défend un pro-gramme ambitieux de nationali-sations, mais aussi de réformes agraires, et surtout sociales : « quarante mesures » concrètes tournées vers l’avenir. Il bénéfi-cie de la dynamique de soutien des ouvriers, des paysans, des pobladores, des femmes issues des quartiers populaires et des classes moyennes, des syndi-cats, notamment la CUT (Cen-trale unique des travailleurs), d’intellectuels de renom comme Pablo Neruda, Victor Jara, Inti Illimani, Isabel y Angel Parra, ou encore les Quilapayun. Pour les États-Unis, c’est un crime de lèse

émancipation. La victoire d’Al-lende est pourtant fragile, et ce n’est que d’une courte tête qu’il dépasse ses adversaires. De fait, l’Unité populaire gouverne, mais elle ne détient pas réellement le pouvoir : les Chambres, l’appa-reil judiciaire, une bonne partie de l’administration et les médias lui échappent. S’appuyant sur les sociaux-démocrates et les com-munistes face à son propre parti divisé, Allende entreprend néan-moins la réforme agraire. Il s’agit d’expropriations avec indemni-tés de l’État aux propriétaires. En même temps, la création de conseils paysans ouvre la voie à une très large participation dans l’élaboration et l’application de politiques agraires.À partir de juillet 1971, com-mence la nationalisation des grands gisements miniers de charbon et de salpêtre. Reste le principal : le cuivre, contrôlé par deux américains, l’Anaconda Copper Company et la Kenne-cott Copper Company. Après de longs mois d’âpres discussions, la réforme constitutionnelle, in-dispensable à la nationalisation, est votée à l’unanimité. Quand Allende décide que les proprié-taires nord-américains ne seront pas indemnisés, les États-Unis suppriment brutalement tous les crédits, sauf ceux accordés

aux militaires. Le gouvernement veut mettre fin aux grands mono-poles. Il prend le contrôle de l’in-dustrie textile, des cimenteries, de la Compagnie des téléphones, propriété du trust américain ITT, des banques les plus importantes du pays.La première année du gouverne-ment Allende apparaît, dans ces conditions, extraordinaire. En dehors de la distribution gratuite d’un demi-litre de lait quotidien à chaque enfant, l’une des mesures les plus populaires, les salaires augmentent, le niveau de vie s’élève. Des mesures sont prises pour diminuer le chômage (3,8 % fin 1971), améliorer le logement et geler les prix. La demande inté-rieure est dopée permettant aux usines de tourner à plein régime. Dès mars 1971, les résultats des élections municipales sont un premier succès puisque l’UP y recueille 50,9 % des voix.Deux mois plus tard, à la suite de l’assassinat d’un ancien ministre de l’Intérieur sous le gouverne-ment d’Eduardo Frei, le président chilien décrète pour la première fois l’état d’urgence, s’en remet-tant à l’armée. Dès lors, la droite et le patronat préparent la confron-tation. Ils font descendre leurs troupes dans la rue lors d’une manifestation dite des « casse-roles vides » (décembre 1971). Il s’agit de précipiter la déroute économique de cette gauche au pouvoir : blocages parlementaires et judiciaires, sabotages écono-miques et fuite des capitaux, avec la collaboration des grands médias. En fer de lance : le Pen-tagone, le département d’État, la CIA… Une réunion est organisée aux États-Unis entre les dirigeants américains et la CIA. En 1971, le président Nixon donne des ins-tructions directes à la CIA pour faire hurler l’économie chilienne, selon sa formule. Non seulement la CIA va déverser des millions

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de dollars aux partis d’opposition (démocrates-chrétiens et conser-vateurs), mais plusieurs multina-tionales américaines apportent également leur concours à cette stratégie. Une partie des fonds collectés servira à financer la grève des camionneurs.Peu à peu le pays commence à sentir les effets de l’étran-glement : refus de crédits, pressions sur les organismes internationaux, difficultés de ravitaillement et d’approvision-nement en pièces de rechange, marché noir, hausse des prix, puis grève des commerçants et des camionneurs… L’agression économique, la chute brutale des cours mondiaux du cuivre, la stratégie délétère de la démo-cratie chrétienne consistant à utiliser toutes les astuces de la Constitution et de l’appareil d’État pour saper la présidence d’Allende, alors que se profilent les législatives de mars 1973, aggravent les tensions sociales.Entre 1971 et 1973, grèves et ma-nifestations se succèdent sur la droite du gouvernement, occupa-tions de terres et d’usines se mul-tiplient sur sa gauche. En octobre 1972, lors d’une manifestation de 300 000 personnes, les diri-geants de la droite lancent un ap-pel à « lutter par tous les moyens » contre le gouvernement, accusé d’illégalité. Le lendemain, la cor-poration des transports routiers décrète une grève illimitée puis les commerçants et les profes-sions libérales leur emboîtent le pas avec en renfort l’extrême droite fascisante de Patrie et Liberté.En réponse à ce sabotage patro-nal et ces attaques, le pouvoir populaire s’organise. Des comi-tés de ravitaillement et des struc-tures de contrôle ouvrier comme les « Cordons industriels » voient le jour, formés de représentants

de toutes les entreprises, des quartiers, des conseils paysans avec lesquels ils organisent direc-tement la livraison de produits agricoles. Dans les communes, des commandos sont mis en place, élus et révocables par les habitants. Dans l’action, tous se mettent d’accord, militants, sympathisants des différents partis, hors des consignes de la direction de la CUT. La centrale syndicale s’affirme comme la courroie de l’exécutif en prenant en charge le « système de participa-tion des travailleurs » au sein des entreprises nationalisées. Mais, pour l’UP, engagée dans une politique de conciliation avec la démocratie chrétienne, qui ne cesse de durcir son opposition-sédition, il n’est question que de contenir ce mouvement à la base.Allende n’a que peu de marge pour trouver une solution à la crise. Pour préserver l’unité du pays, il opère un remaniement ministériel et confie le ministère de l’Intérieur au légaliste Carlos Prats, le chef des armées. Malgré les tensions et la valse des prix qui dévorent le niveau de vie, les résultats des élections de mars

1973 au Congrès, 44 % pour l’UP, démontrent que le soutien populaire à Allende a augmenté depuis 1970. Des militaires, du régiment des tanks de Santiago, tentent un premier coup d’État le 29 juin 1973. C’est le fameux « tankazo », maté par le général Prats lui-même, qui démission-nera deux mois plus tard. Il est remplacé par Augusto Pinochet qui jure loyauté au gouverne-ment constitutionnel, tandis que se multiplient les protestations des secteurs les plus radicalisés qui s’en prennent au légalisme ti-moré des leaders « réformistes » de l’Unité populaire. Acculé, Allende cherche désespérément une solution politique. Il pré-voit un discours le 11 septembre pour proposer un plébiscite sur la réforme de la Constitution et organiser de nouvelles élections. Il n’en aura pas le temps. Pour les militaires, la bourgeoisie chilienne et Washington, l’heure du coup d’État a sonné. Il faut en finir avec l’UP et ses conquêtes sociales.

(1) Les Veines ouvertes de l’Amérique latine, Terre humaine, Plon, 1981

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Pinochet a fait le vide autour de lui. Qui d’ailleurs pourrait contes-ter le président en uniforme ? Le 11 septembre 1980, alors que tous les partis politiques sont interdits, un référendum (après la farce du plébiscite de 1978), imposé sous régime d’état de siège, approuve avec 67 % de « oui », une nouvelle Constitution. Le texte fixe à huit ans la durée du mandat présiden-tiel. Il prévoit, au terme d’une pé-riode additionnelle de huit autres années, qu’un candidat unique, choisi par la junte, devra être ratifié par un plébiscite. En cas de rejet, des élections générales seront organisées dans un délai d’un an. Le Tribunal constitutionnel et le Conseil de sécurité national sont établis et confèrent désormais au président et à la junte des pouvoirs exorbitants. Les syndicats et les grèves sont interdits, la Sécurité sociale est démantelée, la législa-tion du travail est mise en pièces. L’économie est systématiquement dénationalisée. Seules les mines nationalisées en 1971 sont en partie épargnées. Neuf ans après le coup d’État, le peso a perdu la moitié de sa valeur, 30 % de la population active est au chômage, les exportations ont chuté, l’indus-trie est au point mort. Le pays est exsangue. L’échec du modèle ultralibéral est consommé le 15 décembre 1982 avec une grande manifestation dans les rues de Santiago au cri de : « Pain, travail, justice et liberté ! » La faillite des Chicago Boys entraîne la généra-lisation des « protestas », puis des appels à la grève générale. Pino-chet ne peut empêcher la recons-titution du tissu social et politique. Syndicats et partis se reforment dans la clandestinité. Les milieux

culturels, intellectuels, associatifs sont mobilisés, les universités bouillonnent, la rue gronde. Pinochet cède du terrain. Ses relations avec l’Église, dont le rôle est essentiel à travers les com-munautés chrétiennes de base, se dégradent. Fin 1986 : Luis Maira, pour la gauche chrétienne, Almeyda, pour sa faction du PS, et Luis Corvalan, depuis Moscou, pour le PCCh, se définissent pour une solution politique à la crise du pays. Blâmé à une écrasante ma-jorité à l’ONU, isolé en Amérique latine (fin des dictatures au Brésil, en Uruguay et en Argentine), le Chili voit s’évanouir peu à peu ses derniers soutiens. Même pour les États-Unis de Ronald Reagan, la brutalité de Pinochet est devenue un obstacle, tant leurs intérêts dans la région sont importants. Pour la première fois, en mars 1986, Washington vote une réso-lution de l’ONU condamnant la violation des droits de l’homme au Chili.Fort d’un rebond de l’économie, Pinochet cherche à légitimer sa position. Il se fait désigner can-didat à la présidence pour l’élec-tion de 1989. Un référendum, le 5 octobre 1988, doit confirmer ce choix. En août 1988, l’état d’ur-gence est levé; dans la foulée, les partis sont légalisés et les exilés autorisés à rentrer. Une intense campagne se cristallise autour de deux coalitions, le Cartel del no, les partis d’opposition (des socialistes marxistes à la droite libérale), d’un côté, et, de l’autre, l’Alliance natio-nale. À 56 % des votes, le dictateur est rejeté. Dès lors, le paysage poli-tique devient bipolaire et la junte doit composer politiquement avec les principaux vainqueurs, les dé-

mocrates-chrétiens, les socialistes et les radicaux - la future Concerta-tion - ce qui augure une transition longue et «négociée». Pinochet ac-cepte difficilement le résultat, mais sa retraite est assurée. Il conserve ses fonctions de commandant en chef de l’armée de terre jusqu’en mars 1998, puis devient sénateur à vie. Le 14décembre 1989, le Chili exulte enfin. Patricio Aylwin, candidat unique de l’opposition regroupée au sein de la Concertation des par-tis pour la démocratie, soutenue par le Parti communiste, rem-porte la présidentielle avec 55,2 % des suffrages contre le candidat de la junte, Hernan Büchi (29,4 %). Son gouvernement de « transition vers la démocratie » qui entre en fonction en mars 1990 suivra les rails des militaires avec plus de so-cial, plus de libertés et « beaucoup moins de répression ». En 1994, son successeur, le démocrate-chrétien Eduardo Frei, ne changera pas de ligne. Lancé sur cette voie de la transition, le Chili, depuis, n’en finit plus de se normaliser.

Le président en uniForMeBernard DuRAuD

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LE RÉVEIL DOSSIER

en tête contre la loi organique constitutionnelle de l’enseigne-ment (Loce), héritage du dicta-teur Pinochet qui a instauré le désengagement de l’État, priva-tisant le système éducatif que l’Unité populaire souhaitait ou-vrir en grand à tous les Chiliens.Depuis, l’éducation est deve-nue un bien marchand. Car, le satrape, fidèle à l’esprit néolibé-ral de l’école des Chicago Boys, a théorisé l’entrée des capitaux privés dans les centres d’éduca-tion et à tous les niveaux, au nom de la « liberté d’enseigner ». « La Concertation des gouvernements de centre gauche a poursuivi et appro-fondi ce modèle », rappelle Moises Paredes. En 2008, un ersatz de la Loce, la loi générale d’éducation (LGE), avait valu à l’exécutif so-cialiste de Michelle Bachelet une grève illimitée. Mais la rupture date de 2011. Cette année-là, des centaines de milliers d’étudiants vont contester le legs pinoché-tiste.« L’éducation est en crise », sou-ligne Andres Fielbaum, pré-sident de la Fédération des étu-diants de l’université du Chili (Fech). « Les familles ont cru à une ascension sociale de leurs enfants à travers l’éducation. Mais dans les faits, elles ont été contraintes de s’endetter à vie pour financer les études des leurs. C’est ce qui a motivé le mouvement des étudiants de 2011 qui contestait le système iné-galitaire de bourses, l’endettement, en revendiquant la gratuité pour tous. » Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Les mensualités des

frais d’inscription s’élèvent en moyenne à 550 dollars. Résultat : 70 % des étudiants sont endettés et presque autant sont contraints d’abandonner leurs études en cours de route.Depuis deux ans, les étudiants sont sur le devant de la scène, en dépit du mépris affiché par le gouvernement de droite du président multimilliardaire, Sebastian Piñera, et du recours à la force, comme il est trop de coutume dans le pays. Le mou-vement a gagné la sympathie de la société : plus de 80 % des Chiliens soutiennent sa colère. Il a essaimé, et favorisé l’émer-gence d’une dynamique sociale multisectorielle et unitaire à même de secouer la léthargie ambiante avec des luttes dans le secteur de la santé, par exemple. « Notre mouvement constitue un enjeu générationnel », insiste An-dres Fielbaum. « Nous n’avons pas peur des dissensions héritées de la dictature de Pinochet et que celles-ci s’affrontent politiquement, à la différence des années 1990 où le Chili était gouverné sur la base de consensus entre la droite et la Concertation. Aujourd’hui, l’édu-cation joue un rôle dans la contes-tation du modèle économique. » Au caractère subsidiaire de l’État, le monde éducatif oppose le sou-hait d’un État garant des droits universels et d’une démocratie renouvelée. Ce n’est pas un ha-sard si la jeune génération se fait le porte-voix d’une constituante à même de se libérer du texte fon-damental dicté par le dictateur.

Cathy CEÏBE

Depuis une décennie, les mobilisations lycéennes et étudiantes contestent le modèle néolibéral qui pré-vaut dans l’enseignement. Cette fuite en avant hypo-thèque l’avenir de la jeune génération.

Délaissant leur uniforme noir et blanc à l’origine de leur surnom de « pingouins », les lycéens ont repris,au mois de juin 2013, le chemin de la grève. « Nous sommes face à un problème poli-tique. La Moneda (le palais pré-sidentiel) et le ministère de l’Édu-cation considèrent que l’éducation n’est pas un droit mais un bien de consommation », résume Moises Paredes, porte-parole de la Coor-dination nationale des étudiants du secondaire (Cones). « Nous voulons la démunicipalisation de l’éducation et sa démocratisation, pour qu’elle soit gratuite, publique et de qualité », revendique le ly-céen.Des doléances portées et enten-dues depuis plus d’une décen-nie au Chili. En 2001 déjà, les lycéens et les étudiants ont été à l’origine du mouvement le « mochilazo » (sac à dos), contre les tarifs des transports scolaires et les frais de scolarité. En 2006, la « révolution des pingouins » est revenue à la charge en faveur de la gratuité des transports et de l’examen d’entrée à l’université (PSU), équivalent du bac, mais payant. Puis, ils sont partis bille

L’éducation, Les Lycéens et étudiantsLeurs Luttes au cœurdes enjeux déMocratiQues

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VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL

Édouard Quemper, membre d’honneur du Conseil national de l’ARAC, remet les insignes de Chevalier de la Légion d’honneur à notre camarade Daniel Hecquet du comité départemental des Côtes-d’Armor « ancien résistant particu-lièrement valeureux ».

Le comité départemental ARAC Isère s’est réuni en assemblée générale, le 12 octobre 2013 à Seyssinet-Pariset, en présence de Liliane Rehby secrétaire nationale de l’ARAC, de Renaud Pras, directeur départemental de l’ONAC, de Mme Battistel, députée de l’Isère, de M. Lissy conseiller régional et de MM. les maires de Seyssinet-Pariset et Seyssins.Après les rapports, moral, d’activité

et financier, acceptés à l’unanimité, la quarantaine d’adhérents présents ont pu discuter dans un climat serein de la situation des anciens combattants. Monsieur Cermeno nous a donné des informations de la dernière réunion de l’UFAC, complétées par Madame Re-hby, Monsieur le directeur de l’ONAC a donné des précisions sur toutes les questions posées et a conclu en préci-sant qu’il était à la disposition des asso-

ciations pour régler au mieux tous les problèmes des anciens combattants.Des gerbes ont été déposées aux monu-ments aux morts de Seyssinet-Pariset et Seyssins. Le président départemen-tal, Robert Maeder, a été reconduit dans ses fonctions pour deux années.

Michel Hamon

ARAC Isère (38)

assemblée générale

Trébeurden (22)

Légion d’honneur

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LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC

Près de 200 personnes ont participé aux cérémonies du 11 novembre à Ro-mainville (Seine-Saint-Denis) parmi lesquelles de nombreux élèves costu-més de 3e du collège Gustave Courbet, accompagnés du principal de l’établis-sement Olivier Catayée et de la prin-cipale adjointe Baya Bali et de profes-seurs.Notre camarade Paul Markidès, pré-sident local de l’ARAC, avec le concours de quatre élèves, devait y prendre la parole (notre photo) dans une salle où a été présentée l’exposition 14-18 de l’ARAC et des travaux des élèves.

Ce lundi 11 novembre, des Saint-Jalois s’étaient joints aux nombreux pacifistes corréziens qui convergeaient vers Gen-tioux (23) pour dire « Non à la guerre ! Non à toutes les guerres ! » et exiger la réhabilitation complète et immédiate des 650 fusillés pour l’exemple, dont l’un d’eux est le plus jeune mort de notre commune. Au nom de la section de Saint-Jal de l’Association républi-caine des anciens combattants et vic-times de guerre, Michel Agnoux (notre photo) y intervenait pour évoquer les fraternisations occultées par l’histoire officielle et délibérément minorées alors que, si elles s’étaient généralisées, le conflit eut été rapidement terminé.…

Romainville (93) St-Jal (19)

Vaucluse (84)

Le 5e rassemblement vauclusien organisé par l’Association républicaine des anciens combattants, la Ligue des Droits de l’homme et la Libre Pensée pour la réhabilitation des fusillés pour l’exemple s’est tenu le 9 novembre 2013.Une cinquantaine de citoyens se sont retrouvés rue Alexandre-Blanc (Avignon), un lieu choisi en hommage au député internationaliste du Vaucluse qui fut une des figures emblématiques du combat contre les crédits de guerre et pour la paix immédiate pendant la 1re Guerre mondiale.

coMMéMorationsdu 11 noVeMbre

Nous publierons, dans le prochain numéro du Réveil (décembre-janvier), la suite des différentes commé-morations que nous avons reçue. N’hésitez pas à nous contacter.La rédaction

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VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL

Les 25 et 26 octobre derniers, avec Jean Ianelli, président de la section de l’ARAC et Daniel Mas, président du Comité départemental du Village de l’Amitié en Côte-d’Or, en présence des pionniers de Chenove, deux journées avec exposition, projection de films et débats ont rassemblé près de 50 per-sonnes accueillies par M. Esmonin, maire de Chenove.Chacun a pu apprécier cette manifes-tation pleine de réalisme et d’émotion devant les images des films présentés.Raphaël Vahé, président du Comité na-tional de l’ARAC et du Comité national du Village de l’Amitié, a fait un exposé sur les effets de l’agent orange et a lu le message de soutien de M. Duong Chi Dung, ambassadeur du Vietnam en France, remerciant les organisateurs pour leurs engagements solidaires et le soutien aux victimes de l’agent orange. Georges Doussin, empêché, a tenu à s’associer à ces journées en rappelant son attachement aux pionniers chene-vois.

L’initiative organisée par le Comité local de Malakoff le samedi 12 octobre 2013 a eu un triple objectif :- informer la cinquantaine de partici-pants à la soirée de l’évolution du village de l’Amitié au Vietnam avec le support d’une exposition sur le Village et les ac-tivités proposées aux enfants victimes de l’agent orange,- rappeler les effets catastrophiques de l’agent orange contenant de la dioxine, tant sur la population vietnamienne que sur l’environnement, provoquant un véritable « écocide », récolter des

fonds destinés au village, grâce à une vente d’artisanat vietnamien et à une tombola. A l’issue du repas, préparé par un ami vietnamien, nous avons eu l’heureuse surprise d’apprendre que le gros lot de la tombola est un billet d’avion Paris-Hanoï offert par Vietnam Airlines. Le gagnant participera à notre voyage au Vietnam prévu en avril 2014.L’initiative a reçu le soutien de Cathe-rine Margaté, maire de Malakoff, et de nombreuses personnalités locales et départementales, ce qui récompense nos efforts et confirme notre souhait de poursuivre cette grande œuvre de solidarité, de fraternité et de paix.Notre engagement et le renouvellement de ces manifestations nous permettant d’améliorer la vie au Village de l’Amitié.

St-Jal (19)

Chenove (21)

Hauts de Seine (92)

soutien aux VictiMes de L’agent orange

soutien au ViLLage de L’aMitié

Lors des obsèques de Jean-Paul Méritet en juillet dernier, la famille a collecté 700 € au bénéfice du Vil-lage de l’Amitié.

ARAC Dijon (21)

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LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC

Quelle belle soirée pour notre ARAC que ce 17 octobre 2013 à Vertou, une commune de l’agglomération nantaise ! La section, qui était en sommeil depuis plusieurs années, s’est réunie pour fêter sa renaissance : elle est passée de 3 à 16 membres, un nouveau bureau a été mis en place et les adhérents ont choisi Claude Le Cloarec pour président.Après les interventions de Claude Le Cloarec et du président départemental qui était invité, un échange a eu lieu avec les adhérents, femmes et hommes, autour des valeurs de notre ARAC, de

son engagement dans le mouvement social, la lutte pour la paix, le droit in-ternational, l’ONU et la Charte. En effet sept d’entre eux, compte tenu de leur âge, sont des non combattants, la plus jeune a 32 ans, c’est sur ces bases qu’ils ont adhéré. Une soirée dynamique et porteuse d’avenir qui s’est clôturée par le pot de l’amitié.

Jean-Claude Salomon Président ARAC Loire-Atlantique

A l’invitation des familles, du comité des fusillés de Souge, en présence des au-torités civiles, militaires et religieuses, une trentaine de porte-drapeaux ont défilé devant les stèles, suivis par près de 300 personnes.Moment très émouvant quand trois jeunes ont nommé, un par un, les 256 fusillés identifiés en précisant leur nom et prénom, leur âge suivi de la mention « Mort pour la France ».De nombreuses gerbes des élus et as-sociations présents ont été déposées. La Marseillaise, puis le Chant des Partisans ont clos cette cérémonie.

Hugues Dominguez

ARAC 3369e cérémonie d’hommage auxfusillés de Souge

ARAC Nantes (44) ARAC 72l’ARAC de la Sarthe au 72e anniversaire de la fusilladedes 27 résistants deChâteaubriant

Face à près d’un millier de personnes et sous une pluie battante, chacun reste recueilli face aux poteaux alignés, en écoutant les noms de ceux qui ont péri sous le feu des SS.L’ARAC aidée par deux enfants prit part au traditionnel dépôt de gerbe, faisant nôtre, la dimension du mot Résistance.

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LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC

ARAC Nièvre (58)Hommage au premier fusillé de la Nièvre, Louis Fouchère, avec la présence de notre porte-drapeau Gilbert Lucazeau.

Dimanche 20 octobre 2013 à 11 h, la sec-tion ARAC de Pessac a invité la popu-lation à venir commémorer le souvenir de ces patriotes résistants en présence de Jean-Jacques Benoît, maire de Pessac, conseiller général et vice-pré-sident de la CUB, Odette Eyssautier, adjointe au maire, Édith Moncocut, adjointe et conseillère générale, Do-minique Dumont, adjointe à la vie associative, Maria Fuentes, conseillère municipale, Isabel Vincent-Pereira, conseillère municipale, Didier Sarrat, conseiller municipal, Hugues Caillaud, président du Comité d’entente des anciens combattants de Pessac, André Sourbé, représentant le Comité des

fusillés de Souge, Georges Gili, respon-sable de l’Association pour la mémoire des martyrs de l’aéronautique.Christian Élie, président de la section ARAC de Pessac, a lu une déclaration. Après le Chant des Partisans, a eu lieu les

dépôts de gerbes : municipalité, député, ARAC et PCF. Ensuite, sonnerie aux morts, suivie d’une minute de silence et de recueillement. A la fin de la céré-monie, un vin d’honneur a été servi à tous les participants.

ARAC Pessac (33)

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LE RÉVEIL VOS DROITS

Le projet de budget 2014 pour les ACVG est venu en débat devant l’Assemblée nationale le 4 no-vembre dernier, en présence de 55 députés dont, au départ, une minorité d’élus de la majorité PS-Vert. Lamentable et tragique pour la démocratie et l’image du parle-mentarisme…

Au cours d’une rapide prise de parole, le ministre délégué aux Anciens Combat-tants, M. Kader Arif, a rappelé les avan-cées magnifiques de son projet :- attribution de la carte du combattant aux ATM ayant servi au moins 120 jours « à cheval » sur la date du 2 juillet 1962. Coût prévu 5,5 millions d’euros pour 8 400 personnes…- plafond de ressources de l’ADCS por-té à 932 euros au lieu de 900. Coût : 800 000 euros,- crédits pour l’aide sociale par l’ONAC abondé de 500 000 euros,- crédits pour un appareillage de der-nière génération destiné aux soldats amputés en OPEX. Coût 1 million d’euros,- centenaire de 14-18 et 70 ans de la Seconde Guerre mondiale, crédits de 6 millions d’euros.Tout cela devant « tenir » dans les 13 mil-lions « arrachés » au budget nous dit-il… Sauf que le décret « rabotant » la sub-vention d’État aux rentes mutualistes rapporte déjà 10 millions en 2013, plus 30 millions en 2014 et autant en 2015 !Il y a donc de la « marge » pour faire mieux et accorder la campagne double, le relèvement des pensions des veuves de guerre et de veuves de grands inva-lides et, surtout, le rattrapage du retard de la valeur du point PMI (- 44,41 %) bloqué depuis plus de 3 ans (1 centime de + en 2013 et « autant » en 2014) par le gel du point de la Fonction publique

sur lequel il est indexé.

43 AMENDEMENTS C’est le total des propositions d’amé-liorations présentées par les députés, en majorité PCF, UMP et UDI. deux amendements furent adoptés de façon rocambolesque et le 3e de manière au-toritaire par le gouvernement contre sa propre majorité !Le premier, déposé par l’UMP, vise à accorder 2 points de plus à la retraite du combattant. Voté contre l’avis du gou-vernement et de sa majorité par 27 voix contre 25 !Le second, déposé par l’UDI, vise à por-ter le plafond de la rente majorable à 126 points (au lieu de 125). Lui aussi est adopté contre l’avis du gouvernement.Le troisième est présenté par le gou-vernement, le ministre du Budget lui-même ! Il vise à accorder un supplé-ment de pension de 360 points aux 50 veuves de grands invalides dont le mari avait un taux de pensions de 10 000 points (coût 250 000 euros).En fait, il fut imposé contre l’amende-ment défendu par la rapporteure socia-liste de la Commission de la défense dont le texte concernait plus de 450 veuves de grands invalides et coutait 1 million d’euros.Mesquinerie gouvernementale qui, pour une question de gros sous !, écarte plus de 400 veuves de grands

invalides d’une réparation juste exigée par l’ensemble du Mouvement ancien combattant au premier rang duquel l’ARAC. Mais en même temps, signe de faiblesse d’un gouvernement en dif-ficulté, contraint de faire monter au cré-neau le ministre du Budget lui-même pour faire taire et contrer tous les dépu-tés… emmenés par la rapporteure de sa propre majorité!Mais aussi, premier résultat - trop minime hélas ! - au service de veuves des grands invalides, contraignant le gouvernement, par l’action du mou-vement ACVG, de lâcher du lest face à une pression grandissante et à accorder quelques crédits.

EN TIRER LES LEçONSpour amplifier nos actions revendica-tives, nos initiatives publiques spéci-fiques et les liens avec celles de toutes les victimes d’une inacceptable poli-tique d’austérité, tournant le dos aux valeurs de gauche sur lesquelles furent élus le Président de la République et sa majorité parlementaire.Plus que jamais, exigeons que soient mis en œuvre une politique s’inspi-rant des valeurs de la République et de l’exemple modernisé du programme du Conseil national de la Résistance au service des intérêts des peuples et de la souveraineté nationale de la France.

L’arac dénonce un projetde budget inacceptabLe

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LE RÉVEIL - N°798 - NOVEMBRE 2013 - 27

VOS DROITS LE RÉVEIL

L’ARAC refuse la parodie de débat à l’Assemblée nationale et appelle le Sénat à amender le projet de budget 2014 des An-ciens Combattants et Victimes de Guerre, ou à le rejeter.

L’Association Républicaine des An-ciens Combattants et Victimes de Guerre, des Combattants pour l’Ami-tié, la Solidarité, la Mémoire, l’Antifas-cisme et la Paix (ARAC) dénonce avec force l’adoption, le 4 novembre dernier à l’Assemblée nationale, d’un projet de budget 2014 des ACVG en baisse de 80 millions d’euros sur l’an passé et dont le contenu, malgré quelques maigres avancées, est dans l’incapacité de répondre aux attentes légitimes des anciens combattants et des victimes de guerre.L’ARAC déplore le caractère lamen-table d’un débat manifestement mal préparé par le gouvernement et sa majorité dont les députés ont été (un temps) minoritaires en nombre dans un hémicycle où ne siégeaient pourtant que 55 élus, donnant ainsi une image désolante du rôle parlementaire.L’ARAC dénonce les pratiques antidé-mocratiques de la Constitution de 1958, laquelle donne tout pouvoir à l’exécu-tif au détriment du législatif. Ce qui a amené à ce spectacle incroyable d’un ministre du Budget (M. Bernard Caze-neuve) opposant un amendement du gouvernement à celui présenté par la rapporteure socialiste de la Commis-sion de la défense et des forces armées (Mme Paola Zanetti) et imposant de fait un texte « coûtant moins cher » (250 000 euros pour cinquante bénéfi-ciaires) que l’amendement de la Com-mission (1 million d’euros pour 450 bénéficiaires). Ainsi sans aucun état d’âme, le gouvernement a fait l’impasse

sur le sort de 400 veuves de grands invalides pour lesquelles l’ensemble du Mouve-ment ACVG (au premier rang duquel l’ARAC) réclame enfin justice et réparation.Par ailleurs, l’ARAC condamne avec force l’atteinte au droit imprescriptible à répa-ration qu’est le décret n° 2013-253 du 24 septembre 2013, « rabotant » de 20 % le montant de la subvention d’État accordée pour la constitution d’une rente mutua-listes AC.Cette atteinte à la loi du 4 août 1923, mise en œuvre sans information et encore moins concertation du mouvement ACVG ni des Sociétés de rentes mutualiste (sauf la CARAC et l’UMR « choisies » comme « garanties » par le gouvernement), est inacceptable et repose non sur le droit, mais sur la course aux rentrées finan-cières pour le budget (10 millions en 2013, 30 en 2014 et 30 en 2015), alors qu’au-cune mesure réelle n’est mise en œuvre contre les évasions fiscales ni contre les rentes exorbitantes servies aux actionnaires de la grande finance et du CAC 40.Prendre dans la poche des plus défavorisés à qui est imposée une politique d’austé-rité au service des casseurs de l’économie et de l’emploi est inacceptable ! L’ARAC exige donc avec force l’abrogation de ce décret scélérat.Aussi l’ARAC demande-t-elle aux sénatrices et sénateurs qui vont devoir débattre du projet de budget en question, le 4 décembre prochain, de l’amender de façon significative et concrète ou, si le gouvernement s’y oppose, de le rejeter pour obliger à une révision en hausse des crédits.L’ARAC se déclare prête à rencontrer toutes celles et tous ceux qui souhaitent l’amé-lioration de la justice et le maintien du droit inaliénable à réparation des anciens combattants et victimes de guerre de toutes les générations.

Le Secrétariat nationalVillejuif, le 13 novembre 2013

Communiqué de l’ARAC

budget acVg 2014

Le rassemblement du 30 octobre dernier, devant l’Assemblée nationale, avec M. Candelier, député communiste du nord, Patrick Staat et Paul Markidès.

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LE RÉVEIL - N°798 - NOVEMBRE 201328 -

LE RÉVEIL VOS DROITS

AFGHANISTAN

Un arrêté du 20 septembre 2013 paru au Bulletin officiel des armées du 18 oc-tobre a fixé, pour l’armée de terre et la gendarmerie, la liste des unités et le relevé des actions de feu et de com-bat à prendre en considération pour l’attribution de la carte du combattant au titre des opérations menées en Afghanistan et pays limitrophes du 3 octobre 2001 au 31 décembre 2012.Il s’agit, en clair, des formations toutes armes (TTA), engagées dans les opérations « Enduring Freedom », « Héraclès », « Pamir », « Epidote » et « Arès ». Ce qui comprend les élé-ments de la force de sécurité inter-nationale stationnée sur le territoire de l’Afghanistan, ainsi que les « Opé-rationnel mentoring and liaison teams » (OMLT), « Advisor teams » (AT) et Police opérational mentor and liason teams » (POMLT) au sein des corps, bataillons ou compagnies de l’armée afghane.• Quatre périodes sont retenues, à savoir :- du 24 janvier 2002 au 28 mai 2002, (70 actions feu ou de combats - AFC - et 15 jours de bonification auxquels s’ajoutent 1 AFC et 30 jours le 6 juil-let),- du 12 janvier 2003 au 16 juin 2005, (1 241 AFC et 285 jours de bonifica-tion),- du 1er juillet 2005 au 12 décembre 2006, (554 AFC et 270 jours de boni-fication),- du 15 avril 2007 au 31 décembre 2012, (7 993 AFC et 1 065 jours de bonifications).Ces chiffres témoignent du nombre des engagements et de l’intensité des

combats.S’agissant des AFC, 9 878 sont dé-nombrées de 2002 à 2012, passant de 90 au départ, pour culminer à 2 273 en 2009, puis à 1 388 à 2010 et enfin 1 591 la dernière année 2012.S’agissant des jours de bonifications qui situent l’intensité des combats, 1 815 jours ont été attribués, souli-gnant l’âpreté des engagements en 2009 (2 273 AFC et 375 jours de boni-fications).Pour connaître le détail par mois et par année, contactez le service juri-dique de l’ARAC.

RWANDA, ZAïRE

Un arrêté du 22 juillet 2013 paru au Bulletin officiel des armées du

18 octobre a fixé, pour l’armée de terre et la gendarmerie, la liste des unités et le relevé des actions de feu et de combat à prendre en considération pour l’attribution de la carte du com-battant au titre des opérations menées au Rwanda et pays limitrophes du 15 juin 1994 au 14 juin 1997.Il s’agit, en clair, des formations toutes armes (TTA) de l’opération « Turquoise » et les dispositions prises concernent l’ensemble des person-nels de l’opération au Rwanda, mais aussi des éléments français au Zaïre, y compris les détachements et les per-sonnels isolés. Et le relevé des actions de feu et de combat les décompte ainsi pour 1994 : juin 7, juillet 69, août 59, septembre 31.

Le groupe spécial de travail s’est réuni le 23 octobre 2013 aux Inva-lides, à Paris. André Fillère y parti-cipait. Le groupe a examiné 3 998 demandes auxquelles il a accordé la carte du combattant selon la répar-tition suivante : 18 AC 39-45, Indo-chine, 22 ; AFN, 1 280 (dont 1 192 au titre de l’Algérie, 42 pour le Maroc et 49 pour la Tunisie) ; OPEX, 2 678 (dont 1 080 pour l’ex-Yougoslavie, 754 pour l’Afghanistan, 306 pour le Tchad, 160 pour la Côte-d’Ivoire, etc).Depuis le début 2013, la Commis-sion a examiné 26 146 dossiers, at-tribué 21 862 cartes et rejeté 4 249 demandes.

Par ailleurs, deux arrêtés parus au Bulletin officiel des armées (l’un au 20 septembre 2013) ont publié :- la liste des unités et le relevé des ac-tions de feu et de combat de l’armée de terre et de la gendarmerie pour l’attribution de la carte du combat-tant au titre des opérations menées en Afghanistan du 3 octobre 2001 au 31 décembre 2012,- l’autre du 22 juillet 2013, pour les sections armées engagées dans les opérations menées au Rwanda du 15 juin 1994 au 14 juin 1997.Les prochaines réunions auront lieu les 3 et 4 décembre, puis le 5 février 2014.

carte du coMbattant

Commission nationale de la carte du combattant

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Vous êtes Ancien Combattant titulaire de la Carte du Combattant et/ou du Titre de Reconnaissance de la Nation (TRN), veuve, orphelin, ascendant de “Mort pour la France”.

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Si vous êtes intéressé(e) et si vous souhaitezrecevoir une documentation plus complète,adressez le coupon ci-dessous à :Mutuelle de l’Arac - 2, place Méridien94807 Villejuif cedex - Tél : 01 42 11 11 [email protected]

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Agissant en tant qu’intermédiaire entrela Caisse Nationale de Prévoyanceet ses adhérents :la Mutuelle de Retraites de l’AssociationRépublicaine des Anciens Combattantspermet de se constituer une rente.

• Non imposable et revalorisée chaque année• Subventionnée par l’Etat de 10 à 48% • Cumulable avec toute autre pension ou retraite• Avec des versements déductibles en totalité

de vos revenus imposables• La garantie de votre placement vous est assurée

par la CNP (Caisse Nationale de Prévoyance) • Le capital constitué sera reversé à votre décès,

au(x) bénéficiaire(s) que vous aurez désigné(s) *• Versements à votre convenance

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Page 29: Reveil des combattants novembre 13

VOS DROITS LE RÉVEIL

Le 4 novembre, lors du débat sur le projet de budget 2014 des ACVG à l’Assemblée nationale, le député PS, Régis Juanico, a rappelé avec fougue que, en 2011, un amendement favo-rable aux ACVG avait été voté à l’una-nimité, mais que « le gouvernement de l’époque a demandé une deuxième délibération » pour annuler cet amen-dement pourtant adopté. « Ne venez donc pas nous donner de leçon… » ajou-tait-il. C’est vrai que c’était scandaleux et nous l’avons dénoncé à l’époque.Or, ce 4 novembre 2013, deux amen-dements de l’opposition ont été adoptés par une majorité de députés, contre l’avis du gouvernement. Et, en fin de séance, Kader Arif, ministre

délégué aux Anciens Combattants, a déclaré : « Le gouvernement demande une deuxième délibération sur les amen-dements » en question.Et le « pauvre » député n’a plus qu’à avaler la couleuvre et manger son chapeau ! Que n’a-t-il tenu sa langue ! C’est son propre gouvernement qui lui donne la leçon… Et ce sont les ACVG qui sont perdants, tout comme l’image du Parlement et celle de la majorité PS-Verts qui calque ses pas dans ceux du gouvernement précé-dent.Lamentable, vraiment… Et révoltant !

Pour le 100e anniversaire de la création des écoles de rééducations profession-nelles de l’ONAC (Lyon 1914), le gou-vernement entend les « expulser » de celui-ci. Elles sont neuf, couvrent 25 % de la formation professionnelle en France, ont des résultats exceptionnels et sont les seules à délivrer des diplômes de l’Éducation nationale. Chapeau !Pour le 90e anniversaire de la loi créant, en 1923, le droit à se constituer une rente mutualiste par capitalisation pour les anciens combattants, le gou-vernement « rabote » de 20 % les sub-ventions de l’État, ramenant celles-ci de 10 % à 48 % au lieu de 12,5 % à 60 %. Merci du cadeau !De grâce ! Messieurs de là-haut… Arrê-tez de nous faire notre « fête » ! Ah ! Ça ira, ça ira, ça ira… Ah ! Ça ira, ça ira, ça ira…

eT le DéPUTé vA mAnGeR Son ChAPeAU

le GoUveRnemenT A le SenS DeS AnnIveRSAIReS !

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LE RÉVEIL - N°798 - NOVEMBRE 201330 -

SouScription nationale

a retourner à : arac - 2 place du Méridien - 94800 Villejuif

Merci de préciser Le Mode de règLeMent :

• par chèque à l’ordre de l’ARAC, en un ou plusieurs règlements, avec les dates d’encaissement souhaitées.

• par prélèvement bancaire, avec le montant de votre prélèvement (mensuel ou trimestriel) : dans ce cas merci de joindre un RIB.

• Dès réception de votre règlement, nous vous adresserons une attesta-tion de contribution et un reçu fiscal.

je souhaite faire un don à l’arac et je coche le montant souhaité :

n 50 e n 100 e n 200 e n Autre montant : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

nom et prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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tél. : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .e-mail : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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coMités départeMentaux et Locaux, adhérents, aMis, votre soutien est déterminant pour poursuivre ensemble notre rôle de« haut-parleur de la vérité », comme le disait henri-barbusse.

aLLier (03)Saint-Pourçain-sur-Sioule : Jean-Pierre LARONDE, combattant pour la paix.

aLpes-MaritiMes (06)Nice : Robert PELI, AC ATM.

bouches-du-rhÔne (13)Marseille Centre : Roger HADJADJ. Saint-Barnabé : Katchik HATCHIKIAN. Jean NAÏDA, AC ATM.

charente-MaritiMe (17)La Rochelle : Roger BOUFFENIE.

correZe (19)Lagraulière : Louis CHAUFFOUR, AC 39-45. René RIVASSOU, AC ATM.

cÔte-d’or (21)Chenove : Marcel BAUDRY, AC 39-45.Dijon : René JUSTRABO, Militant anticolonia-liste, Chevalier dans l’Ordre National du Mérite, Officier des Palmes Académiques, ancien Président départemental. Jean-Paul MERITET, AC ATM.

eure-et-Loir (28)Chartres : Roger PINOT, 98 ans, AC 39-45.

hérauLt (34)Lodève : Emile BRINGUIER .

MoseLLe (57)Yutz : Gérard JANIEC, 78 ans, AC ATM.

nord (59)Fenain : Jules BOSSEMAN, AC ATM. Mme Therese PARIS, veuve.

puy-de-dÔMe (63)Pionsat : Michel CHANUDET. Henri DELOUCHE, AC ATM.

hautes-pyrénées (65)Soues : Jacques POCOUS, 77 ans, AC ATM, ancien président de la section.

pyrénées-orientaLes (66)Perpignan : Maurice DEBRUYNE, 76 ans, AC ATM.

saÔne-et-Loire (71)Sanvignes-les-Mines : Mme Odette BOU-TELOUP, veuve.

seine-MaritiMe (76)Le Havre : Jean-Louis TAHON, AC ATM.

Var (83)Sollies-Toucas : Charles MOREL.

nos peines NOVEMBRE 2013

Le Réveil des Combattants adresse aux familles et aux amis de nos camarades décédés ses sincères condoléances.

Page 31: Reveil des combattants novembre 13

LE RÉVEIL - N°798 - NOVEMBRE 2013 - 31

DOSSIER LE RÉVEILMAGAZINE LE RÉVEIL

L’enfant aux sabotsPierre Louty, Ed. de la Veytizou, 23,95 euros

C’est l’histoire de Julien Desforges, en-fant de la métairie de Notre-Dame, qui fréquente l’école de son village de Saint-Pierre. Veuf de son amour de bergère, prisonnier de guerre en 1940, interné dans un camp de travail en Poméranie, il sera maire de son village en retour. Une chronique sympathique pour un Clochemerle en Limousin.

Nous avons reçurécits de guerrede Djoudi Attoumi

Mon combat pour la liberté* Jean Rolland, Éditions Le Baobab, 18 euros

Un récit passionnant de Jean Rolland, préfacé par son épouse Christine.

J’ai lu d’une seule traite le récit passion-nant de notre camarade et ami Jean Rol-land : Mon combat pour la liberté . Quelle Mémoire ! Bravo cher Jean et merci à Christine, ton épouse, de t’avoir encou-ragé vigoureusement à rédiger ces mé-moires, les mémoires de ta vie.On se demande souvent comment des hommes ou des femmes ont pu rester fidèles aux engagements de leur jeu-nesse, certains même jusqu’à subir les pires tortures après avoir vécu les pires souffrance,s sans jamais lâcher une parole d’abandon. Ton récit nous en donne les raisons puisque, jusqu’à ta libération et au-delà, tu as montré par tes actes que tu ne lâcherais rien de tes convictions et de ton « combat pour la liberté ». En effet, ton ouvrage nous éclaire, car comme on dit couramment « les chiens ne donnent pas naissance à des chats » et ton père, ta mère, ta fa-mille avait préparé l’homme debout que tu fus, l’homme toujours debout que tu es. Merci à eux pour leur courage, merci à toi pour le tien.Ton livre fait de toi un témoin histo-rique précieux qui éclaire, pour nous comme pour les générations nou-velles, les années de la vie du peuple de notre pays depuis la décennie 1930 jusqu’à aujourd’hui, en passant par

les combats ouvriers qui précédèrent le Front populaire en 1936, la trahison de Munich, la Résistance sous tous ses aspects y compris les plus modestes, les arrestations, les massacres de résis-tants, les déportations avec leurs lots de souffrances incommensurables, la Libération et la reprise de la vie courante avec ses combats pour la justice et la liberté. Sans oublier la part importante que tu as consacrée dans ce combat au mouvement des anciens combattants et victimes de guerre et particulièrement l’Association républicaine des anciens combattants et victimes de guerre qui mène toujours le combat d’Henri Bar-busse et de ses compagnons pour la jus-tice sociale, les valeurs républicaines et la démocratie.Pour nous, militants de la mémoire et de la citoyenneté, ton ouvrage est un témoignage d’une grande force qui ser-vira dans notre travail de passeurs de mémoire auprès des jeunes scolaires, des étudiants et d’une manière générale des générations nouvelles.Encore merci Jean, encore merci à ton épouse pour ses encouragements effi-caces.

Paul Markidès

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