volumineux kyste biliaire solitaire chez un nourrisson traité par cœlioscopie

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ou associée à d’autres localisations. Les formes secondaires sont causées par un ensemencement par voie péritonéale à partir d’un kyste hépatique en général. Les kystes hydatiques du diaphragme peu- vent être de découverte fortuite. Lorsqu’ils sont symptomatiques ils provoquent des douleurs basitho- raciques irritatives augmentant à l’inspiration et à la toux. La rupture peut être révélatrice de ces kystes [2]. Cette rupture peut se faire dans la cavité péritonéale, induisant souvent une hydatidose péri- tonéale. Elle peut se faire aussi dans la plèvre, don- nant l’aspect d’une pleurésie difficilement étiquetée, comme c’était le cas de notre malade. La radiographie pulmonaire montre souvent une opacité basale ou l’image d’un épanchement pleural. L’échographie précise l’origine hydatique de la masse sans préciser le siège exact. C’est le cas aussi de la tomodensitométrie. Ceci s’explique par le fait de l’existence d’adhérences constantes entre le dia- phragme et les viscères sous-jacents [3]. L’IRM, sur des coupes sagittales, pourrait donner des précisions plus complètes. Une sérologie négative n’élimine pas le diagnostic d’une hydatidose car les muscles répondent mal à l’immunisation. Cependant elle garde un rôle dans la surveillance postopératoire [4]. Le choix de la voie d’abord se discute entre la voie thoracique et la voie abdominale en fonction du développement du kyste vers le thorax ou vers l’abdomen et aussi selon l’existence de complications ou non. La voie combinée peut être indispensable pour traiter les kystes rompus dans la plèvre s’ils sont développés vers l’abdomen. Le traitement de la cavité résiduelle se résume à une résection du dôme saillant évitant toute effraction du diaphragme avec une éventuelle contamination pleurale [2]. La localisation diaphragmatique du kyste hydatique ne semble pas avoir de gravité particulière. Le ris- que de récidive est faible et semble probablement lié à la persistance de vésicules filles dans le champ opératoire, d’où la nécessité de protéger le champ opératoire avec des champs imbibés par les scoli- cides habituels. Références 1 Essadki O, Elhajjam M, Kadiri R. Kystes hydatiques des parties molles. Aspects radiologiques. Ann Radiol 1996 ; 39 : 135-44. 2 Guedj P, Atsamena M, LagoutineV. Kyste hydatique primitif du diaphragme ouvert dans les voies bronchiques. Ann Chir Thorac Cardiovasc 1973 ; 12 : 175-9. 3 Devega DS, Vasquez E, Tamames S. Kyste hydatique du diaphragme. À propos d’un cas. J Chir (Paris) 1991 ; 128 : 76-8. 4 Daali M, Bennani R, Hajji A. Le kyste hydatique du muscle psoas. À propos de trois cas. Lyon Chir 1997 ; 93 : 113-5. Ann Chir 2000 ; 125 : 493-5 Volumineux kyste biliaire solitaire chez un nourrisson traité par coelioscopie H. Tekou, M. Robert Service de chirurgie pédiatrique, centre hospitalier universitaire Tokoin de Lomé, BP 8877, Lomé, Togo Les kystes biliaires sont rares chez l’enfant [1-3]. Les kystes de petite taille et asymptomatiques souvent détectés par échographie ne justifient aucun traite- ment. En revanche le traitement des kystes volumi- neux se discute en raison de leurs complications potentielles [2, 4, 5]. Cette étude avait pour but de rapporter une observation de kyste géant chez le nour- risson, traitée par coeliochirurgie. Observation L. D., un garçon de neuf mois et demi, a été hospi- talisé le 14 juin 1994 pour une masse épigastrique découverte par le médecin traitant lors d’un examen systématique trois mois plus tôt. Une échographie réalisée trouvait une structure liquidienne paramé- diane droite mesurant 9 cm de diamètre sur 5 à 6 cm en profondeur et en hauteur, avec une paroi écho- gène indépendante des reins, de la vésicule et du pan- créas et semblant refouler le foie à droite et en arrière. De même une étude tomodensitométrique réalisée avant l’hospitalisation révélait une masse médiane et antérieure, mesurant 50 × 50 × 40 mm, de siège épi- gastrique et ne paraissant pas individualisable du lobe gauche du foie. À l’admission, l’enfant était eutrophique et en excellent état général ; sa température était à 37,4 °C; la tension artérielle à 123/60 et le pouls à 137/min. Les caractères cliniques de la tumeur étaient restés identiques à ceux notés par le médecin traitant : molasse, indolore et mate. Les examens biologiques étaient normaux. La radiographie pulmonaire de face était normale. Lettres à la Rédaction 495

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ou associée à d’autres localisations. Les formessecondaires sont causées par un ensemencement parvoie péritonéale à partir d’un kyste hépatique engénéral. Les kystes hydatiques du diaphragme peu-vent être de découverte fortuite. Lorsqu’ ils sontsymptomatiques ils provoquent des douleurs basitho-raciques irritatives augmentant à l’ inspiration et à latoux. La rupture peut être révélatrice de ceskystes [2]. Cette rupture peut se faire dans la cavitépéritonéale, induisant souvent une hydatidose péri-tonéale. Elle peut se faire aussi dans la plèvre, don-nant l’aspect d’une pleurésie difficilement étiquetée,comme c’était le cas de notre malade.

La radiographie pulmonaire montre souvent uneopacitébasale ou l’ image d’un épanchement pleural.L’échographie précise l’origine hydatique de lamasse sans préciser le siège exact. C’est le cas ausside la tomodensitométrie. Ceci s’explique par le faitde l’existence d’adhérences constantes entre le dia-phragme et les viscères sous-jacents [3]. L’ IRM, surdes coupes sagittales, pourrait donner des précisionsplus complètes.

Une sérologie négative n’élimine pas le diagnosticd’une hydatidose car les muscles répondent mal àl’ immunisation. Cependant elle garde un rôle dansla surveillance postopératoire [4].

Le choix de la voie d’abord se discute entre la voiethoracique et la voie abdominale en fonction dudéveloppement du kyste vers le thorax ou versl’abdomen et aussi selon l’existence de complicationsou non. La voie combinée peut être indispensablepour traiter les kystes rompus dans la plèvre s’ ils sontdéveloppés vers l’abdomen. Le traitement de lacavité résiduelle se résume à une résection du dômesaillant évitant toute effraction du diaphragme avecune éventuelle contamination pleurale [2].

La localisation diaphragmatique du kyste hydatiquene semble pas avoir de gravité particulière. Le ris-que de récidive est faible et semble probablement liéà la persistance de vésicules filles dans le champopératoire, d’où la nécessité de protéger le champopératoire avec des champs imbibés par les scoli-cides habituels.

Références

1 Essadki O, Elhajjam M, Kadiri R. Kystes hydatiques des partiesmolles. Aspects radiologiques. Ann Radiol 1996 ; 39 : 135-44.

2 Guedj P, Atsamena M, Lagoutine V. Kyste hydatique primitif dudiaphragme ouvert dans les voies bronchiques. Ann Chir ThoracCardiovasc 1973 ; 12 : 175-9.

3 Devega DS, Vasquez E, Tamames S. Kyste hydatique dudiaphragme. À propos d’un cas. J Chir (Paris) 1991 ; 128 : 76-8.

4 Daali M, Bennani R, HajjiA. Le kyste hydatique du muscle psoas.À propos de trois cas. Lyon Chir 1997 ; 93 : 113-5.

Ann Chir 2000 ; 125 : 493-5

Volumineux kyste biliaire solitaire chezun nourrisson traité par cœlioscopie

H. Tekou, M. Robert

Service de chirurgie pédiatrique, centre hospitalieruniversitaire Tokoin de Lomé, BP 8877, Lomé, Togo

Les kystes biliaires sont rares chez l’enfant [1-3]. Leskystes de petite taille et asymptomatiques souventdétectés par échographie ne justifient aucun traite-ment. En revanche le traitement des kystes volumi-neux se discute en raison de leurs complicationspotentielles [2, 4, 5]. Cette étude avait pour but derapporter une observation de kyste géant chez le nour-risson, traitée par cœliochirurgie.

Observation

L. D., un garçon de neuf mois et demi, a été hospi-talisé le 14 juin 1994 pour une masse épigastriquedécouverte par le médecin traitant lors d’un examensystématique trois mois plus tôt. Une échographieréalisée trouvait une structure liquidienne paramé-diane droite mesurant 9 cm de diamètre sur 5 à 6 cmen profondeur et en hauteur, avec une paroi écho-gène indépendante des reins, de la vésicule et du pan-créas et semblant refouler le foie àdroite et en arrière.De même une étude tomodensitométrique réaliséeavant l’hospitalisation révélait une masse médiane etantérieure, mesurant 50 × 50 × 40 mm, de siège épi-gastrique et ne paraissant pas individualisable du lobegauche du foie.

À l’admission, l’enfant était eutrophique et enexcellent état général ; sa température était à37,4 °C;la tension artérielle à 123/60 et le pouls à 137/min.Les caractères cliniques de la tumeur étaient restésidentiques à ceux notés par le médecin traitant :molasse, indolore et mate. Les examens biologiquesétaient normaux. La radiographie pulmonaire de faceétait normale.

Lettres à la Rédaction 495

L’enfant était opéré le 16 juin 1994 par cœliosco-pie. Le kyste siégeait au niveau du lobe gauche dufoie. Dans un premier temps, une ponction du liquidekystique était réalisée ; puis on procédait à la résec-tion du kyste en ne laissant en place que des résidusde sa membrane adhérant au parenchyme hépatique.

L’examen extemporané permettait de préciser lanature bénigne du kyste et l’examen anatomopatho-logique définitif confirmait le diagnostic de kystebiliaire simple. Les suites opératoires ont été sim-ples. Après un recul de quatre ans, l’examen cliniquede l’enfant était normal et l’échographie ne révélaitaucune anomalie du foie.

Commentaires

Les kystes biliaires solitaires peuvent être découvertsà tout âge, même en période anténatale [1]. La majo-ritéest asymptomatique et de découverte fortuite, sur-tout lorsque ceux-ci sont de petite taille. Les formessymptomatiques chez l’enfant sont habituellement degros volume, de diamètre dépassant 8 cm, donnantalors une tuméfaction abdominale. Cette tuméfactionpeut n’entraîner aucun trouble fonctionnel commedans notre observation. À l’examen physique, il s’agitd’une tumeur unique, régulière, lisse, arrondie, indo-lore, de consistance souple semblant faire corps avecle foie. Cette tuméfaction abdominale peut égalements’accompagner de signes fonctionnels qui, chezl’enfant, traduisent souvent déjà la présence d’unecomplication ; il peut s’agir d’hémorragie intrakys-tique, de torsion, de rupture, d’ infection du kyste etplus souvent de compression soit des poumons avecdétresse respiratoire [6], soit de la voie biliaire prin-cipale avec ictère [7].

Quelles que soient les circonstances de découvertede cette tuméfaction abdominale, la confirmation dudiagnostic avant l’histologie postopératoire estapportée habituellement par l’échographie qui meten évidence une image kystique unique, àparoi fine,uniloculaire, de contenu purement liquidien bien encontact avec le foie, permettant d’éliminer les autreskystes intra- et rétropéritonéaux, principalement ceuxd’origine hépatobiliaire comme le kyste du cholédo-que et la polykystose hépatique [1, 8, 9, 10]. Quantau cystadénome biliaire, l’histologie en fera le dia-gnostic.

Le traitement de ces kystes ne se justifie que pourles formes géantes de diamètre supérieur à 8 cm, enraison de leurs complications potentielles [9]. Troistypes de traitement étaient habituellement proposésà savoir la ponction–aspiration sous contrôle écho-graphique, l’alcoolisation échoguidée du kyste et lachirurgie [10]. La cœliochirurgie [7] qui s’est déjàimposée chez l’adulte avec des avantages certains, àsavoir un traumatisme pariétal minime, des suitesopératoires simples et une durée d’hospitalisationcourte [5, 8], apparaît également chez l’enfantcomme le moyen le plus simple et le plus efficacepour traiter ces volumineux kystes biliaires.

Conclusion

Les kystes biliaires solitaires posent un problème dia-gnostique chez l’enfant du fait de leur rareté. Il fauty penser devant une masse kystique abdominale etsavoir s’aider de l’échographie. La résection cœlios-copique des volumineux kystes biliaires chez l’enfantdevrait s’ imposer par sa simplicité et son efficacité.

Références

1 Baunin C, Mechinaud-Puget C, Fajadet P, Vaysse P, Guitard J,Moscovici J, et al. Conduite à tenir devant un kyste biliaire dedécouverte anténatale. Chir Pédiatr 1990 ; 31 : 160-3.

2 Yandza T, Valayer J. Benign tumors of the liver in children: analy-sis of a serie of 20 cases. J Pediatr Surg 1986 ; 21 : 419-23.

3 Plot C, Montagne JP, Picamoles D, Gruner M, Allard JP, Hai-nault F. Un cas de kyste biliaire. Apport diagnostique de l’écho-graphie anté- et postnatale. Ann Radiol 1985 ; 28 : 554-6.

4 Desaint B, Conrad M, Levy VG. Les kystes biliaires noncommunicants. Méd Chir Dig 1986 ; 15 : 389-96.

5 Mutter D, Evrard S, Vix M, Keller P, Vasilescu M, Marescaux J.Une alternative thérapeutique des kystes hépatiques symptoma-tiques : la chirurgie cœlioscopique : quatre observations. Gas-troentérol Clin Biol 1994 ; 18 : 391.

6 Heloury Y, Bouvier S, Nomballais MF, Talmant C, Lopes P. Unkyste hépatique chez le nouveau-né. Pédiatrie 1991 ; 46 : 593-5.

7 Liu KKW, Lee KH. Laparoscopic deroofing of a liver cyst ininfancy. Pediatr Surg Int 1995 ; 10 : 576-8.

8 Quillin SP, McAlister WH. Congenital solitary non parasitic cystof the liver in a newborn. Pediatr Radiol 1992 ; 22 : 543-4.

9 Bruneton JM, Eresue J, Caramella E, Drouillard J, Roux P, FenartD. Les kystes congénitaux du foie en échographie. J Radiol 1983 ;64 : 471-6.

10 Farges O. Kystes biliaires et polykystoses hépatiques. Ann Chir1998 ; 52 : 68-70.

Ann Chir 2000 ; 125 : 495-6

496 Lettres à la rédaction