théories des couts de transactions [coase & williamson]

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  • 5/15/2018 Thories des couts de transactions [Coase & williamson]

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    D O S S I E R.AL E S C O U T S D E T R A N S A C T IO N

    Ce dossiera ete coordonne par Laurence CABY

    R eseaux n 84 C NET - 1997

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    ""'-LE SC OU TS D E TR AN SA CT IO N :E t o t de 1 0 theorie

    Celin e A BECASS IS

    R eseaux n 84 C NE T - 1997

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    La theorie des cofits de transactionappartient 11une sous-branche deI'economie habituellement appeleenouvelle economie institutionnelle. Elledecoule de courants tres divers tels queI' econornie classique et neoclassique, ledroit, la sociologie ...On en presentera ici les grandes lignes

    pour un public de non-specialistes.L'enjeu d'une telle theorie est de partir des

    hypotheses et des resultats de base de I'eco-nomie classique et neoclassique et de rela-cher une partie de ces hypotheses afin deconstruire un courant alternatif.La theorie neoclassique considere que le

    marche est un mode d'organisation optimal,car regule par une concurrence pure et par-faite.

    Tout d' abord, la concurrence est pure, celasuppose les hypotheses suivantes :- Atornicite des agents, les vendeurs et lesacheteurs sont tres nombreux, et aucun d' euxne peut, 11ui seul, influencer la formationdes prix.- Homogeneite des produits, les produitsechangeables sont identiques et substi-tuables les uns aux autres.- Aucune reglementation n' empeche ache-teurs et vendeurs de s' exprimer librement(fluidite).D' autre part, les hypotheses suivantes sont lacondition d'une concurrence parfaite :- Les facteurs sont parfaitement mobiles(mobilite).- L'information est parfaite (transparence,libre acces et absence de cout).C'est cette derniere hypothese qui est parti-culierement discutable, et dont la remise encause est 11' origine de la theorie des cofits detransaction.Cette theorie tente de definir ce que sont

    les notions de marche et de hierarchie (syno-nyme d'entreprise ou d'organisation), enjustifiant leur existence simultanee. En effet,les economistes c1assiques et neoclassiquespartent de l'hypothese selon laquelle le mar-che est Ie mode de coordination optimal, cequi pose la question de la justification deI' existence de I'entreprise.La theorie des couts de transaction fournit

    une grille d' analyse qui permet de repondre 11de nombreuses questions parmi lesquellesl'evaluation des impacts organisationnelsdes nouvelles technologies de l'informationet de la communication, mais aussi au choixrnicro-economique de faire ou faire faire.Elle s'avere egalement tres utile pour expli-quer le mouvement d' externalisation de cer-taines fonctions, encore appele outsour-cing . Cette grille peut aussi permettred'expliquer des choix organisationnels, auniveau de firmes, ou de filieres entieres.Nous allons dans un premier temps expo-

    ser les fondements theoriques de cette grilled'analyse, puis nous tenterons de I'exploiterpour comprendre les impacts organisation-nels de I'introduction des technologies deI'information.

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    P RE SE NT ATIO N D E LA G RILLED'ANALYSE

    Les fondementsavec Ronald H. CoaseC'est Coase 0), considere comme le pere

    fondateur de la theorie, qui en 1937 a essayele premier de repondre a la question poseepar Robertson en 1928 : Pourquoi emer-gent dans l'ocean de la cooperation incons-ciente des Hots de pouvoir conscient ? IIfait allusion aux entites organisees que sontles entreprises.Selon Coase, une firme apparait dans lecas ou la passation d'un contrat a tres court

    terme ne serait pas satisfaisante. II definitune firme comme un systeme de relationsqui apparait quand la repartition des res-sources depend d'un entrepreneur. Uneentreprise tendra as' agrandir jusqu' a ce queles couts d'organisation de transactions sup-plementaires en son sein deviennent egauxau cout de realisation de cette rneme transac-tion par le biais d'un echange sur le marche,ou aux couts d'organisation dans une autreentreprise.On peut definir une transaction comme un

    echange d'information ou de marchandisesayant une valeur economique entre deux par-ten aires aux differentes etapes du cycle deproduction. Remarquons ici qu'une transac-tion peut etre prise en charge par Ie marche(en externe) ou par la hierarchie (equivalentde l'entreprise, en interne). Sur Iemarche, lacoordination se fait par le systeme de prix.Dans l' entreprise, il y a suppression du sys-teme de prix, c'est l'autorite de l'entrepre-neur (la hierarchic) qui joue.A la difference des theoriciens neoclas-siques, Coase met en evidence que Ierecours

    au marche, c'est-a-dire la coordination parles prix, entraine des couts, Done dans cer-taines situations, la coordination administra-tive (le recours a I'entreprise) s'impose, dansla mesure ou elle permet de faire l' economiede ces couts,

    (1) COASE, 1992, in Reseaux n 54.

    C'est cette idee qui fait la particularite dela theorie des couts de transaction par rapportaux autres theories neoclassiques, Conside-rer que le recours au marche a un cout remeten cause l'hypothese neoclassique d'infor-mation parfaite.L'hypothese d'information parfaite sup-

    posait que toutes les informations sont dis-ponibles sur le marche, et qu' elles sontaccessibles a tous sans frais. Par exemple,en theorie, les prix des biens sont connusde tous. Or, en realite, on voit bien quel' agent a connaissance du prix d'un objet, etqu'il va rarement chercher a avoir celui detous les biens de la meme categoric, car celalui coute en temps et en recherche d'infor-mations.Si l' on part de la theorie neoclassique,

    toutes les transactions devraient avoir lieusur le marche, et on ne voit pas de raisons al'existence de l'entreprise (ou de la hierar-chie, ces deux termes sont synonymes). Eneffet, les agents pourraient par exemplerecourir au marche du travail tous les jourspour trouver des salaries, et de merne pourtous les marches.Coase montre que le recours au marche

    coute, car il est difficile de trouver le salarieadequat (si on reprend l'exemple du marchedu travail).Ces couts de marche aussi appeles couts

    de transaction sont les suivants :- les cofits de decouverte des prix adequats(lies a I' information imparfaite),-les couts de negociation et de conclusion decontrats separes pour chaque transaction(lies au probleme de l'asymetrie d'informa-tion et a I'opportunisme des agents).L'opportunisme caracterise les conduites

    de mauvaise foi visant a realiser des gainsindividuels au-dela du profit normal deI'echange, L'opportunisme repose sur unerevelation incomplete, deformee ou falsifieede l'information par un agent, et done surI' existence d' asymetries d' information.Coase se demandait pourquoi les firmes

    existaient alors que le modele neoclassique

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    considerait le mecanisme des prix commeoptimal. Apres avoir d em ontre I' interet de lafirme il se pose la question symetrique deI' interet de I' existence du rnarche.Les limites de la firme proviennent du fait

    que la fonction entrepreneuriale est a rende-ments decroissants. Cela provient de lalimite des capacites de la direction a coor-donner un nombre croissant dactivites.D'autre part, la perte due au gaspillage desres sources peut aller jusqu' a egaler les coutsd'une transaction sur le marche. Cela permetd'expliquer pourquoi I'economie n'est pasreunie en une seule firme, mais que lesmodes de gouvernance (marche et hierarchicou entreprise) coexistent.Comme souvent dans la demarche des

    economistes neoclassiques, Coase a recoursa un raisonnement marginaliste. Ce derniersert a choisir entre coordination marchandeet coordination interne. Ce choix se fera parla confrontation du cofit d'une transactionsupplementaire par le marche et du coutd'organisation interne de la meme transac-tion. Par exemple, une entreprise textile doitdecider si elle prefere faire fabriquer tel typede produit ou le produire elle-meme. La pre-miere alternative reviendrait a recourir aumarche (il y aura en effet un contrat entre lesdeux parties). La seconde alternative seraitde la coordination interne, dans laquelle lesrapports de production seront geres non parles prix, mais par I' autorite hierarchique.Selon Coase, l'existence de la coordina-

    tion par la firme se situe dans l'exercice d'unpouvoir d'autorite. Le marche se caracterisepar un pouvoir de decision decentralise,alors que dans la hierarchic le pouvoir dedecision est centralise dans une personne.L 'a pp ro fo nd is semen t a ve cO l iv er E . W illiamsonC' est ensuite Williamson (2) qui structure

    cette th eo rie , Il va tenter de developper, sur labase proposee par Coase, les differents fac-teurs qui vont permettre d'arbitrer entre mar-che et hierarchic.(2) WILLIANSON, 1979.(3) SIMON, 1959.

    Selon lui, le recours ala hierarchie est sur-tout dev eloppe la oii les transactions:- sont recurrentes,- sont executees dans un climat d'incerti-tude,- necessitent des investissements idiosyn-crasiques (tres specifiques).

    A me sure que l'incertitude augmente, lestransactions recurrentes vont etre soit stan-dardisees et confiees aumarche, soit interna-lisees.Williamson s'appuie sur deux hypotheses

    comportementales que sont I'opportunismeet la r at ional it e l im i te e .II montre que le risque d'opportunismeaugmente les couts de transaction, c' est-a-

    dire le cout de negociation et de supervisiond'un contrat. Done l'existence d'opportu-nisme incite a l'internalisation de la transac-tion. En effet, le recours a l' entreprise se jus-tifie pour se proteger contre le risqued'opportunisme.La notion de rationalite limitee est

    issue d'un courant appele la theorie de ladecision. Herbert Simon (3) definit d'abordles trois etapes de la decision: etablissementde la liste de tous les comportements pos-sibles, determination des consequences dechacun, evaluation separee de ces ensemblesde consequences. I l de f in i t ensuite Ia rationa-lite comme relative a la selection d'un com-portement prefere en face d'une alternativefaite en termes d'un systeme de valeurs parlequelles consequences de ce comportementpeuvent etre evaluees.Pour qu'une decision soit objectivement

    rationnelle, ilfaut que Ie sujet confronte a laprise de decision quant a son comportement:- voie a l'avance synoptiquement tous leschoix de comportements possibles et envisa-geables,- considere I' ensemble total dans toute lacomplexite des consequences qui suivraientchaque choix,- applique son systeme de valeur ou d'utilitecomme criteres a I'ensemble total des conse-quences de chaque choix possible.

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    Or:- la connaissance complete et I'anticipationde toutes Ies consequences qui suivraientchaque choix est impossible. La connais-sance des consequences est fragmentaire,- ces consequences se produisant dans Iefutur, l'imagination doit suppleer Ie manquede connaissances experimentales des senti-ments percus en attach ant des valeurs acelles qui sont connues. De plus des valeursne peuvent qu'etre imparfaitement antici-pees (comportements a risques),- la rationalite exige un choix entre tous cescomportements possibles. En fait seul un tresfaible nombre des comportements possiblesviendra a l'esprit. La plupart ne sontjamaisevalues.Done dans la plupart des cas, confronte a

    un choix, l'individu construit un modelesimplifie de la realite. Cette definition de lasituation est essentiellement basee sur sonexperience passee. La plupart de ses deci-sions sont de routine; il se replie sur dessolutions utilisees deja dans des situationsqui lui apparaissent grossierement similaireset qui s' etaient revelees satisfaisantes.L'individu ne va pas essayer demaximiserles rapports cout/benefice de son comporte-

    ment d'une maniere synoptique, en passanten revue toutes les options et toutes lesconsequences. IIva seulement rechercher unniveau minimum de satisfaction (comporte-ment satisfaiseur et non maximisateur) et ilva passer les quelques solutions de comporte-ment possible qu'il a retenues en revue l'uneapres l'autre (d'une maniere sequentielle etnon synoptique). Des qu'il aura trouve unesolution qui satisfasse ce minimum de satis-faction, il va l' adopter sans aller plus loin.Cette notion rend compte en particulierdes obstacles rencontres par les entreprisespour elaborer des contrats qui prevoienttoutes les eventualites. L' avantage de lafirme est de reduire l'incertitude grace a unreseau structure de communication et un sys-teme hierarchise de prise de decision.Trois dimensions permettent de differen-

    cier les transactions: la specificite des actifs,l'incertitude et la frequence. Williamsonremet ainsi en question l'hypothese neoclas-

    sique d' echange instantane de biens ou servi-ces standardises entre des agents anonymes.Quand un investissement durable doitetre entrepris pour prendre en charge unetransaction particuliere, et que cet investis-sement n'est pas redeployable sur une autretransaction, on parle d'actif specifique. Laspecificite des actifs change radicalementla nature des relations entre agents, elleinduit un lien de dependance personnelledurable entre les parties. Par exemple, unemachine qui ne fabriquerait qu'une catego-rie de produits demandes par un client creeun lien de dependance du foumisseur vis-a-vis de son client. En effet, Ie fournisseuraura plus de mal a reuti liser une tellemachine avec ses autres clients. En ce quiconcerne l'incertitude, les structures insti-tutionnelles (marche ou hierarchic), diffe-rent dans leur capacite a repondre efficace-ment aux aleas.Enfin, l'internalisation est peu probable

    dans Iecas d'une transaction unique.La theorie des couts de transaction

    cherche a expliquer la diversite des formesd'organisation. Elle pose comme hypotheseque Ie choix d'une structure organisation-nelle repond avant tout a un critere d'effica-cite. On choisit l' arrangement institutionnelqui minimise les couts (de production et detransaction).Remarquons tout de merne que cette

    hypothese est tres discutable. En effet, dansde nombreuses situations, on voit plutot dessolutions satisfaisantes prendre Iepas surdes situations optimales.Williamson distingue trois types de

    contrats:- Le contrat classique correspond a une tran-saction ponctuelle d'un objet parfaitementdefini et ou toutes les eventualites sont pre-vues.- Le contrat d'un nouveau type apparait dansIe cas d'une relation a long terme, soumise aune incertitude forte (radicale). Comme iln' est pas possible de prevoir a l' avance l' en-semble des eventualites, il existe un risqued' opportunisme.

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    Le propre du contrat de type nouveau estde recourir it l' arbitrage d'un tiers. Ce contratdoit assurer une certaine flexibilite, il est tou-jours incomplet et implique un certain degrede confiance entre les parties.- Le contrat personnalise s'impose quandla duree et la complexite des liens deviennenttres importantes, de telle sorte que seconstituent des relations personnaliseesdurables prenant en compte les caracteresdes partenaires.Par exemple, le travail peut etre utilise de

    maniere ponctuelle, on passe alors un contratavec un travailleur pour effectuer une tachedonnee. C'est ce qu' on appelle recourir aumarche par un contrat c1assique.Onpeut aussi embaucher le travailleur dans

    l'entreprise, et done lui faire un contrat de tra-vail, il s' agira alors d'un contrat personnalise.On aura alors internalise la transaction.Le contrat d'un nouveau type serait

    par exemple le recours it un travailleurinterimaire.

    Caracteristiques de l'investissementNon specifique Mixte Idiosyncrasique

    Faible frequencc Structure de marche Structure trilaterale Structure trilaterale(Contrat classique) (Contrat de nouveau type) (Contrat de nouveau type)

    Forte frequence Structure de marche Structure bilaterale Structure unifiee(Contrat classique) (Contrat personnalise) (Contrat personnalise)

    Source: WILLIAMSON (1985).

    On voit donc que la firme s' impose dans lecas de tres forte specificite des actifs et detransactions recurrentes.Le choix entre marche et hierarchie repose

    en definitive sur un arbitrage entre la forceincitative propre aux mecanismes de marchefondes sur les regles, et l'adaptabilite qu'ap-porte le pouvoir discretionnaire de la hierar-chie.L'apport de la theorie des couts de transac-

    tion de Coase etWilliamson est qu' el1edefinitles origines et la nature des couts de transac-tion, et qu' elle propose un nouveau cadre ana-lytique pour expliquer l'ensemble des confi-gurations institutionnelles.Cela constitue un renouvellement de la

    micro-economic par une analyse fine descomportements. Williamson satisfait les prin-cipes de l'individualisme methodologique,mais rend compte des comportements demaniere plus realiste que ne le fait la micro-economie standard. II a une vision contrac-tuelle de la firme. II est assez interessant devoir que les economistes neoclassiquesqui idealisent le marche ne peuvent expliquerl' existence de la firme que par les defaillancesdu marche.

    A titre d'illustration, nous allons montrercomment la grille d'analyse de la theorie descouts de transaction peut etre utilisee pouranalyser les modifications provenant de 1uti-lisation des nouvelles technologies de l'infor-mation et de la communication (NTIC).

    UTILIS A TIO N DE CEDE GR IL LED ' A NA LY SE P OU R E VA LU ERL 'IMPACT DE L 'UT IL ISAT ION

    DESNTICCette grille d' analyse semble un bon moyen

    d' apprehender les innovations technlogiques,et particulierement l'introduction des NTICdans certains secteurs.Les technologies de l'information et de la

    communication affectent l' environnementinformationnel des agents et la nature de leurrationalite, qui sont les determinants essentielsdu niveau des couts de transaction.Deux theses qui ont utilise la theorie des

    couts de transaction s'opposent. L'une conc1utitune efficacite accrue des marches et done it ladisparition des grandes entreprises. La secondeconstate un renforcement de l' efficacite inter-ne des firmes etprevoit une intensification desmouvements au sein du systeme productif.

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    Dans la litterature academique, en France,c' est essentiellement Brousseau (4) quicherche a utiliser la theorie des couts de tran-saction pour evaluer l'impact de l'introduc-tion des technologies de l'information et de lacommunication sur les modes d' organisation.L esNTle conduiraienta p lus de morchePour Malone (5) les medias electroniques

    seront des supports de marche plus transpa-rents, done plus concurrentiels. lIs rendent lestransactions moins couteuses et plus effi-caces. L'environnement informationnel etantmoins imparfait, les technologies de l'infor-mation et de la communication devraientconduire Ie systeme economique a se rappro-cher d' un systeme de concurrence pure et par-faite dans lequelle seul mode de coordinationest Iemarche.II cherche a montrer que les innovations

    dans Ie domaine des technologies de l'infor-mation provoquent des modifications dans lamaniere dont les entreprises et Ie rnarcheorganisent Ie flux de biens et services Ie longde la chaine de valeur ajoutee. Les nouvellestechnologies de l'information et de la com-munication (NTIC) permettent une plusgrande integration des stades adjacents dansla chaine de valeur ajoutee.Porter (6) introduit a ce sujet une vision en

    termes strategiques, Les technologies de l'in-formation affectent chacune des cinq forcescompetitives : Ie pouvoir des fournisseurs,des clients, la menace des nouveaux entrants,la menace des produits de substitution, et larivalite entre les firmes existantes. Parexemple, les technologies de l'informationaccroissent Ie pouvoir des acheteurs dans lesindustries qui assemblent des composantsqu' elles achetent, car ils ont plus de facilites aevaluer les differentes sources de materiels eta prendre des decisions pour faire ou fairefaire. D'autre part, l'automatisation du pro-cessus de commande et de facturation a accrules rivalites entre les industries de distri-bution ; les nouvelles technologies accrois-(4) BROUSSEAU, 1992, in Reseaux n 54.(5) MALONE, YATES, BENJAMIN dans ce numero,(6) MILLAR, PORTER, 1985.

    sent les cofits fixes. Enfin, la conception et lafabrication assistees par ordinateur ont eu unimpact sur les menaces de substitution en ren-dant plus facile et plus rapide de changer lescaracteristiques d'un produit.Les nouvelles technologies accroissent les

    capacites a exploiter les liens entre les activi-tes, que ce soit a I'interieur ou a I'exterieur del' entreprise.Les NTIC sont susceptibles de modifier

    deux facteurs qui servent a determiner laforme de structuration (cf.Williamson) :-la specificite des actifs. Plus un actif est spe-cifique, plus cela favorise des relations delong terme autour du produit qui en decoule,plus ce produit est pris en charge par une hie-rarchie,- la complexite de description du produit.Plus la description d'un produit est complexe,plus il a tendance a etre produit par une hierar-chie.Les NTIC agissent sur ces deux dimen-

    sions, elles permettent a des descriptions deproduits plus complexes de circuler, done lesNTIC accroissent Ie champ defficacite dumarche. De meme les technologies de pro-duction flexibles permettent des changementsrapides dans les lignes de production, done lesproduits necessitant des actifs specifiquesn'ont plus besoin d'autant de specificite carles modifications sont plus faciles. Cela aussietend Iechamp d' efficacite dumarche.Les NTIC ont reduit Ie temps et Ie cout de

    communication, c' est ce qu' on appelle l'effetde communication electronique.L' effet de courtage electronique signifie

    qu'avec les NTIC, Ie marche peut remplir lafonction d'agent mettant en relation de nom-breux acheteurs et vendeurs (bases de don-nees centralisees).L'effet d' integration electronique est Iesui-

    vant : lorsqu'un fournisseur et un client semettent en commun pour creer et utiliser del'information (les donnees ne sont entreesqu'une fois). C'est cet effet qui a lieu lors del'utilisation de l'EDI (echange de donneesinformatise),

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    Une these inverse defend toutefois I'ideeselon laquelle les nouvelles technologies del'information et de la communication favori-sent plutot les rapports de hierarchie, soit ledeveloppement des grandes firmes. Si onrevient a la source theorique, qui met l' accentsur la productivite decroissante de la fonctionde direction, cette these semble plutot pen-cher vers la meilleure gestion des hierarchiesgrace aux NTIC.LesNTIC conduiraienta plus de hierarchiePour Antonelli (7), l'observation du passe

    montre que les organisations sont plus aptesque les marches a mettre en place ces techno-logies. Cela accroit la domination des grandesentreprises. La necessite de prolonger les pro-cessus d' optimisation globale au-dela desfrontieres conduit a une integration plusgrande de l' amont et de l' aval. Les relationsde l'entreprise avec ses partenaires devien-nent plus hierarchiques, Cette quasi-integra-tion est renforcee par la nature strategique del'information.De plus, les technologies de l'information

    et de la communication ont ete mises enceuvre par les grandes organisations bienavant les petites, car elles ont les ressourcesfinancieres et elles sont plus dispersees geo-graphiquement. Ces technologies sont un fac-teur de concentration et les instruments d'unapprofondissement de la quasi-integrationdes petites firmes aux grandes car les perfor-mances des petites dependent de facon crois-sante des systemes d'information auxquelsles grandes entreprises leur donnent acces,Les analyses historiques montrent que la dif-fusion de ces techniques est correlee avec unrenforcement de la regulation hierarchique :c'est grace au developpement du telegrapheque les compagnies de transport ont pu sefederer (Chandler). La diffusion du telephonea eu lieu en meme temps que lataille moyennedes firmes croissait sensiblement dans la plu-part des pays industriels.Brousseau, quant a lui, conc1ut que plutot

    que vers plus de marche ou plus de hierarchic,(7) ANTONELLI, 1992.

    on evolue vers des marches plus controles etplus rationalises et des hierarchies pluscontrolees et plus rationalisees.ConclusionCette theorie connait des limites qui sont

    essentiellement liees a sa difficulte d' opera-tionalisation.La theorie des couts de transaction oppose

    c1airement les deux structures que sont lemarche et la hierarchic. Or, il existe des sys-ternes hybrides, ou on est a la fois dans dumarche et de la hierarchic, c' est le cas desreseaux, Ce n' est qu' assez recemment que lestheoriciens ont reconnu l' existence de formeshybrides.Si, pour les theoriciens, l'opposition entre

    marche et hierarchie est fertile, elle devientinadequate des que l'on essaie de rendrecompte des situations de gestion pratiques.II est souvent avance que de multiples

    modalites intermediaires de gestion existententre le marche et la hierarchie, mais leursdefinitions sont rarement precisees, II est dif-ficile de dire ce que sont les modes de coordi-nation intermediaires, d' ou le recours fre-quent a des analogies peu precises (contrat detype joint-venture, organisation en reseau),Ainsi, on peut souligner que les notions demarche et de hierarchie sont largement insuf-fisantes pour decrire les nouvelles modalitesd' organisation de la production ou lesalliances entre firmes.Cet argument remet en question l'interet de

    la theorie des couts de transaction pour discri-miner entre marche et hierarchie, mais ellereste utile pour comprendre le fonctionne-ment des organisations, et les rapports decontrole.De plus, l'opposition entre les deux modesde gouvemance que sont le marche et la hie-rarchie suppose que la hierarchie representeun mode de controle homo gene. Or, pour unoperationnel, c'est surtout le mode d'organi-sation a I'interieur de l' entreprise qui importe.Ace niveau, l'entreprise n'estpas un mode decoordination homogene, car il existe diffe-rentes sortes d' entreprises.

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    Le gestionnaire sinteresse aux organi-sations specifiques, et a l'impact de la divi-sion des taches et de l'organisation des acti-vites,La typologie des structures definie par

    Mintzberg (8), par exemple, a une viseeoperatoire. Elle a ete construite a partir desmecanismes de coordination principaux envigueur a I'Interieur des organisations,et des parametres de conception.En effet, on peut se demander quel est

    I'impact du systeme technique sur I'organi-sation. C' est une des questions auxquellesMintzberg a tente de repondre lorsqu'il aexamine les facteurs de contingence.La technologie est un facteur essentiel dansla conception des structures organisation-nelles.Enfin, la theorie des couts de transaction

    suppose des frontieres de I' entrepriseclaires, mais celles-ci semblent de plus enplus floues. A l'interieur des entreprises, onfait de plus en plus sou vent appel a desnotions de contractualisation interne;il s'agit de faire entrer des relations c1ient-fournisseur a I' interieur de I' entreprise.D'autre part, on parle aussi des cooperations

    (8) MINTZBERG,1981.

    entre les clients et les fournisseurs par desbases de donnees communes par exemple.La notion de frontiere est pertinente pourles economistes, mais elle n' existe pas dansl'absolu. Les notions de frontiere et d' organi-sation ont des definitions qui varient en fonc-tion des problemes donnes. Elles sont contin-gentes, et particulierement sensibles auxmodes de gestion,Tous ces elements tendent a enrichir

    la theorie des couts de transaction, et donea elargir les domaines d ' application.En effet, la prise de conscience de I'existencede formes hybrides, et done de I'interet d' etu-dier ces differentes formes et leur mode d' or-ganisation, tend a rendre la theorie des coutsde transaction d'un plus grand interet pour samise en ceuvre.La theorie des cents de transaction n' est

    plus seulement un instrument de discrimina-tion entre le marche et la hierarchic, c' estune grille d'analyse utile pour comprendrecomment se faconnent les rapports de pou-voir, de controle et donc d' organisationentre les differents agents, qu'il s'agisse derapports a linterieur ou a I'exterieur deI' entreprise.

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    ---------REFERENCES---------Ouvrages de reference.ANTONELLI C. (1992), The economics

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