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folklore REVUE D'ETHNOGRAPHIE MÉRIDIONALE TOME XX 30e Année - N° 1 125 PRINTEMPS 1967

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Page 1: REVUE D'ETHNOGRAPHIE MÉRIDIONALE

folkloreREVUE D'ETHNOGRAPHIE MÉRIDIONALE

TOME XX30e Année - N° 1 125PRINTEMPS 1967

Page 2: REVUE D'ETHNOGRAPHIE MÉRIDIONALE

FOLKLOREREVUE D'ETHNOGRAPHIE MÉRIDIONALEfondée par le Colonel Fernand Cros-Mayrevieille

Directeur :

J. CROS-MAYREVIEILLEDomaine de Mayrevieille

par Carcassonne

Secrétaire Général : Secrétaire :

RENÉ NELLI JEAN GUILAINE

22, Rue du Palais 87, Rue VoltaireCarcassonne Carcassonne

TOME XX

30' Année - N° 1

PRINTEMPS 1967

RÉDACTION : René NELLI, 22, rue du Palais - CarcassonneAbonnement : 7 F par an - Prix au Numéro : 2 F.

Adresser le montant au :« Groupe Audois d'Etudes Folkloriques », 7, Rue Trivalle, Carcassonne

Compte Chèques Postaux N° 20.868 Montpellier.

Page 3: REVUE D'ETHNOGRAPHIE MÉRIDIONALE

FOLKLORE(Tome XX - 30 Année - No 1 - Printemps 1967)

2e NUMÉRO SPÉCIAL

consacré au Compagnonnage

CHANSONS COMPAGNONNIQUESrecueillies

par Antoine MARFAING

" Carcassonne - L'Ami des Compagnons "

Maréchal Ferrand - Compagnon du Devoir

et par Edmond LACROIJX

Languedoc - L'Ami du Devoir"

Compagnon Passant Charpentier - Bon Drille du Devoir

présentées par

Urbain GIBERT

Page 4: REVUE D'ETHNOGRAPHIE MÉRIDIONALE

INTRODUCTION

On chantait beaucoup dans les ateliers, sur la route du Tour

de France et chez la Mère. Aussi étaient nombreux les Compa-

gnons qui « faisaient une chanson », généralement à la gloire deleur Devoir. Ces « poètes » ne cachaient pas leur fierté d'être

Compagnon, leur orgueil d'être dépositaires du «Secret'>; parfoisces chansons avaient un autre thème ; et, si l'on y parlait du Tourde France, on y célébrait les belles filles et le bon vin. A la foisgrandiloquentes et naïves, elles sont maladroites dans l'expressionet leurs auteurs cultivent le pathos. Pour les besoins de la rime,certains mots arrivent inattendus, aussi ces chansons n'auraientcertes pas leur place dans une anthologie poétique ; mais elles

sont un « témoignage », et c'est à ce titre qu'elles méritent d'êtrerecueillies. Deux compagnons ont bien voulu confier leur cahierde chansons, et je les en remercie bien vivement. Le plus ancienest celui d'Antoine Marfaing, il comprend 17 chansons (copiées en1906), parfois incomplètes. « Elles ne peuvent être chantées etcomprises, m'écrit Carcassonne L'Ami des Compagnons (1), que

par nous, Compagnons initiés, et elles laissent indifférents tousles profanes... Mais ces couplets, en bien les étudiant, vous dévoi-leront beaucoup de choses et vous apprécierez à quel point notreassociation ouvrière et antique était belle !... »

Les voici dans l'ordre :

1. Le Rêve (Bordelais La Gaîté).

2. Le Blason (X. L'Ami des Filles). (V.L. L'Ami, des Drilles).

3. Le Roi et le Compagnon (Champagne - La Fierté au Devoir.Compagnon maréchal).

4. Le Tour de France, par Silène (Vendôme. La Clé des Cceurs.Compagnon chamoiseur, ami de Perdiguier).

-2-

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5. Veuvage de Dauphiné (Dauphiné La Gaîté).

6. Leurs lois sacrées et leur Devoir (Agenais. Marche sans Peur.Compagnon maréchal).

7. La nouvelle aurore (Agenais. Marche Sans Peur. Compagnonmaréchal).

8. La Saint Eloi du Fer Décembre 1768 (Agenais. Marche SansPeur. Compagnon maréchal).

9. Souvenir (Agenais. Marche sans Peur. C.-.. maréchal).

10. La plante (Angoûmois. La Belle Pensée. C.. cordier).

11. Conseils d'un père à son fils (Provence. Cceur Loyal. Compa-gnon charron).

12. Derniers adieux d'un Compagnon (Provençal L'Estimable).

13. Les adieux du Tour de France (Provençal. La Clef des Cceurs).(V.L.: La Tranquillité d'Agen).

14. La canne (Languedoc Le Courageux. Compagnon cordier).

15. La chaîne d'alliance, (X.).

16. Adieu à la Touraine (X. Compagnon Tourangeau).

17. Le fils de Noble Coeur (Breton Le Bien Aimé de St-Georges.Compagnon plâtrier stucateur).

Le cahier d'Edmond Lacroux renferme 19 chansons (copiéesen 1910). Huit de ces chansons, sans doute les plus populaires,figurent dans les deux recueils, parfois sous un titre différent (n° 2,3, 11, 12, 13, 15, 16, 17 de la liste précédente). Chaque fois, j'ai notéles variantes (cahier Lacroux). Voici les dix autres chansons :

18. L'Abeille (Vendôme. La Clef des Coeurs).

19. Chant de Départ (Avignon Le Docile. C.. Charpentier).

20. Le Devoir n'est pas la Liberté (X.).

21. Les Adieux de Bordeaux (Bordelais. Le Bien Aimé).

22. La Gloire (Nivernais Sans Regrets. C.-. B.. D.. Charpentier).

23. Les Trois plus beaux jours de ma vie (Vendôme. La Clef desCceurs ).

24. Mon départ (X. Le Bien Aimé de St-Georges).

-3-

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25. Chanson dédié aux Bordelaises (Albigeois. X).

26. Chant de conduite (Auguste. Rochelais X. C.. menuisier).

27. Le Devoir (Robin X. La Clef des Coeurs. C.. Tourangeau).

28. Le Compagnon Bon Drille (Brossier. Nantais Le Soutien desBons Drilles. Compagnon charpentier).

Antoine Marfaing m'a encore donné une chanson qui nefigure pas dans son cahier; elle est insérée sous le n°:

29. Le Chien (X. L'Ami des Filles. Compagnon Tisseur du Devoir).

Toutes ces chansons ne sont pas inédites, mais il est souventassez difficile de les trouver. Transmises oralement, il y a évidem-ment des fautes, je n'ai pas cru avoir le droit de toujours lescorriger. J'ajouterai qu'elles ont toutes une originalité ; commedans certaines chansons populaires, au dernier couplet, l'auteur« signe » son eeuvre, parfois d'une amusante façon.

Lauraguel, août 1966.

URBAIN GIBERT.

4 -

M"d

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1. LE REVE

Dédiée par le C.. Pipeau JosephVendéen L.. P.. C.. M.. F.. D.. D..

à Saint-Nazaire le 28 Mars 1906.

I

Compagnons que je rêveEcoutez en ce jourC'était la nuit dernièreJe rêvais à l'amourJe soupirais encoreQuand un rêve charmantDu D.. que j'adoreMe dicta les serments.

REFRAIN :

Je voyais la LumièreDu Maître qui nous éclaireD'un C.. si beauD.. si beau, si beauAh ! que mon rêve est beau

II

Je voyais les ombragesD'un tableau ravissantTout couvert de nuagesDans ce rêve charmant :« Suis-moi, dit la Déesse,Dans ce sombre manoir (2)Je guide la SagesseD'un fidèle D..

III

Tiens, voilà la barrièreD'où se livre le jourD'où tu vois la LumièreQui guide ton amourEt que ton caeur contempleLes plus fidèles sujets. »Aussi dans le TempleLa Déesse disparaît.

bis

-5-

Page 8: REVUE D'ETHNOGRAPHIE MÉRIDIONALE

IV

Je frappe à la barrièreUne voix me répond :« Apprends que le MystèreN'est dû qu'aux C..Ceux qui par leur ScienceOnt su mériter ce nomEt qui de M.'. J..Ont suivi les leçons. »

V

J'aperçois la DéesseQui vient de s'éveillerMe dit : « Pour la SagesseJe viens de t'appelerSuis toujours avec zèleLa Loi des C..Et si tu es fidèleTu porteras ce nom.

VI

A ce banquet j'assisteUn spectacle enchanteurLà que l'amour présideEt qu'active les coeursLumière et tendresseRespect et FidélitéD'une austère SagesseLes C.. chantaient.

VII

L'auteur de ce beau rêve

Veut déposer son nomPar l'éclat de son rêveComposa la chansonEt sur le T.. D.. F..Fut Bordelais La GaîtéAu Temple des SciencesFut admis pour jamais.

-6-

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2. LE BLASON

I

Sans être Duc, Baron, Marquis ni ComteNous C.. nous avons un BlasonDepuis longtemps nous le portons sans honteCar il est pur de toute trahisonNous n'avons pas large bande de sableNi pesant (3) d'or sur notre champ d'azurNotre Blason est pourtant respectableCar ses couleurs brillent d'un éclat pur. bis

II

Quand Salomon, M.. J.. et S..Au temps jadis bâtirent au SeigneurEn Palestine, une immortelle EgliseOù tout brillait de Gloire et de SplendeurCes grands travaux acquirent à nos MaîtresDans l'avenir un éternel renomLe Sanctuaire en ces lieux l'a vu naîtreL'Ordre Sacré des Nobles C.. bis

III

Ordre éclipsé de la ChevalerieVous qui portiez la lance et la CroixDe vos exploits la Terre était remplieLes plus grands noms s'inclinaient sous vos loisLa faux du temps a fauché la truelleDe ces guerriers et braves championsMaltais, Templiers sont tombés sous vos ailesTous, excepté l'Ordre des C..

IV

Notre Devoir ne craint pas son atteinteCar nous aimons les Grandes VéritésFraternité, Valeur, Amour et CrainteDe nos secrets à nos serments jurésL'Egalité engendre la ConcordeNous rougissons des erreurs du PasséNotre alliance a banni la discordeNous sommes tous liés par l'amitié. bis

bis

-7-

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V

De nos Anciens conservons la CouronneEt nos enfants plus tard la défendront.L'Egalité, c'est l'amour qui la donneAux peuples, aux Rois, à nos Institutions.L'Ami des Filles, Pays qui pour vous chanteGloire immortelle, à notre beau Blason.Dit qu'au seul jour de la Grande TourmenteS'éclipseront Mystère et C..

Variantes

2' couplet - 3' vers : En Palestine, un brillant édifice31 couplet - 5' vers . ... a fauché, la cruelle

6' vers : Ces pieux guerriers, ces nobles champions7' vers : ... sont tombés sous son aile

4' couplet - 5' vers : L'Union seule engendre la Concorde5' couplet - ler vers : De nos ancêtres...

2' vers : Et nos cadets...3' vers : L'Eternité c'est...5' vers : L'ami des Drilles...

3. LE ROI ET LE COMPAGNON

(Voir « Folklore » n° 124)

4. LE TOUR DE FRANCE, PAR SILÈNE

I

Pour tracer le Tour de FranceLe bon Silène jadisGrâce à leur prévoyancePar nos frères fut requis.Vite Silène s'empresseDe satisfaire à nos voeuxEt vers l'antique LutèceIl conduisit nos aïeux.

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II« Commençons par cette villeNotre plan tant bien que malEt croyez-moi : que cette îleNous serve de point centralDe la route qu'il faut suivrePrenons, dit-il, le cheminMais passons pour y bien vivreLà où croît le meilleur vin.

IIILaissons la PicardieLe vin n'y est pas très bon,Le Maine et la NormandieEt le pays Beauceron !Mais côtoyons de la LoireLes bords chéris des buveursBeaugency offre pour boireDu bon vin aux voyageurs.

IV

A Blois, mes amis, sans douteLes vins y sont un peu dursContinuons notre routeVers les coteaux de SaumurEn passant dans la TouraineN'oublions pas mes enfantsD'y bien boire la tasse pleineLes vins y sont excellents.

V

Bientôt l'Anjou se présenteC'est le pays au vin blancIl est très bon jusqu'à NantesMais n'allons pas plus avantVoulez-vous gosier d'épongeMettre à sec tous les tonneauxSuivez-moi dans la SaintongeEt de là droit à Bordeaux.

VI

Nous voilà dans la GascogneC'est ici, mes chers amisQue la vigne offre à l'ivrogneUn des vins les plus exquis.

-9-

Page 12: REVUE D'ETHNOGRAPHIE MÉRIDIONALE

En attendant qu'en ProvenceNous y versions plus d'un brocCroyez-moi goûtons d'avanceLes bons vins du Languedoc.

VII

Salut, beau pays de FranceMon coeur rit à tous aspectsLes vrais buveurs de ProvenceTe doivent tout le respect.Lunel, fameux LunelTes vins de liqueur sont bons

Mais ils troublent la cervelleSouvent à nos compagnons.»

VIII

A ses disciples, SilèneS'avance et dit : « Avignon !Maintenant si je vous mèneIl faut passer par Lyon ! »Soudain, il trace une ligneDont l'aspect les rend contentsC'est toujours de vigne en vigneQu'il guide nos Devoirants !

IX

De la Bourgogne, on s'approcheMais Silène fatiguéLeur dit : « Enfants sans reprocheLe Tour de France est-il bien tracé ?Terminons notre voyageEn traversant ce pays

Ou passons par la ChampagneEt rendons-nous à Paris.

X

D'après un tel plan, mes frèresDevons-nous être suprisSi nous imitons nos pèresQuand nous sommes réunisPour charmer son existenceS'il nous offre tant d'attraitsCroyez-moi du Tour de FranceNe nous écartons jamais. »

- 10-

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XI

Bacchus à l'un de mes frèresUn jour dicta ces coupletsC'est au cliquetis des verresMes amis qu'ils furent faitsL'auteur sur le T.. D... F..Fut Vendôme la Clé-des-CceursFut placé pour récompenseAu rang des premiers buveurs.

5. VEUVAGE EN DAUPHINÉ

I

Vous qui vivez sous des lois inflexiblesAh ! Maître Jacques recevez mes regretsAdoucissons l'existence pénibleD'un fils, hélas ! qui connaît vos secretsEn contractant aux lois du mariageA mon bonheur, j'ai cru m'abandonnerMais j'oubliais celle du CompagnonnageQue vos enfants daignent me pardonner.

II

Lorsque quittant les frères que j'imploreTrop jeune encore, j'obéis à l'amourEn conservant le secret que j'adoreJe vis alors s'écouler d'heureux jours.Lorsque la mort visita ma demeureTout mon bonheur j'ai vu s'évanouirElle m'a ravi l'épouse que je pleureJ'ai reçu d'elle le dernier des soupirs.

III

Avec regret, je fuis ces lieux funestesEt vais revoir mes frères DevoirantsSi d'un enfant le souvenir me resteL'honneur ainsi que la Gloire des champsMais juste ciel le délire m'emporteDans le Devoir la faute est condamnéePour une absence on me ferme la porteLes C.. daignez me pardonner.

-11-

Page 14: REVUE D'ETHNOGRAPHIE MÉRIDIONALE

IV

Sur ma moitié, j'ai versé bien des larmesPour mon enfant, je pleure l'avenirSur le D.. je pleure encore les charmesLes C.%, c'est assez me punirSi du D.. les lois sont si sévèresA l'indulgence dois-je avoir des droitsN'a-t-on pas vu plus d'un millier de F...A son appel implorer comme moi.

V

Sollicitant la noble ToléranceLes C.. c'est en votre pouvoirSi je reprends l'aimable Tour de FranceDaignez m'ouvrir votre illustre ManoirMais si parfois un refus téméraireVenait franchir mes désirs si pressantsAvec regret je foulerais la TerreEn supportant des jours trop languissants.

VI

Si, au contraire, les C.. m'exhortentA satisfaire en honnête DevoirantDès le moment où on m'ouvrira la porteFuyez de moi les remords déchirantsDes C.:. revoyant la bannièreEn reprenant le nom que j'ai portéJe chanterai en revoyant mes frèresReconnnaissez Dauphiné La Gaîté.

6. LEURS LOIS SACRÉES ET LEUR DEVISE

I

Réjouissons-nous, mes amis,Du Devoir chantons la PuissanceProuvons à tous nos ennemisLes grandeurs de son existenceQue notre alliance a d'attraitsEnfants de Jacques et de SoubiseFrères bénissons à jamaisLeurs lois sacrées par leur devise.

- 12-

Page 15: REVUE D'ETHNOGRAPHIE MÉRIDIONALE

IIAmour, Travail, Sincérité,Etre Constant, être FidèleS'entr'aider dans l'AdversitéTelles sont nos lois fraternellesNe consultez que la RaisonMarcher avec PersévéranceQue de bienfaits nous y rendonsSur la Route du Tour de France.

IIILes Compagnons en voyageantSur cette route si charmanteTrouvent en tout lieu en arrivantUne amitié des plus constantesPour lui le couvert fraternelAu rendez-vous sacré se dresseLà plus d'un F.. à son appelVient partager son ivresse.

IV

Après un important récitQue l'arrivant fait du voyageNous chantons en chceur, mes amis,Les bienfaits du CompagnonnageNos fondateurs sont vénérésNous louons leur antique gloireNous chérissons leur foi juréePuis nous buvons à leur mémoire.

V

En dépit de vaines prétentionsDe ces parjures ces faux frèresDu vieux D.. vrais compagnonsNous suivrons toujours la bannièreDans ce palais mystérieuxLà où la Vérité résideTon soleil pur et radieuxNous servira toujours de guide.

VI

A vous C.. MaréchauxSoutiens de ces lois fraternellesDe ces couplets jusqu'au tombeauL'auteur vous restera fidèle

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Le nom qu'il porte avec bonheurFrère, voulez-vous le connaîtreIl se nomme Marche Sans PeurC'est l'Agenais qui l'a vu naître.

7. LA NOUVELLE AURORE

I

Villeneuve, superbe Ville,Je te félicite en ce jourDe toi charmante petite asile (4)Les Devoirants se souviendront toujoursPuisque dans ton sein tu rassemblasUne troupe de CompagnonsQui joyeux de se voir ensembleChanteront tous à l'unisson.

REFRAIN :

Elle est donc née cette nouvelle auroreDepuis longtemps qu'elle devait écloreCompagnons de ce vrai D..A ce banquet venez tous vous asseoir.

IICanne en main, le rouleur en têteDe sur deux rangs nos F.. sont placés

Ce fut une des plus belles fêtesQue nos doyens n'ont vu de leur passéLà chacun portait à sa guiseLes emblèmes de DevoirantsLes enfants de J.. et S..Marchaient sans distinction de rang.

IIISans prétention ni privilègeOn y voit ce groupe imposantMarcher à ce noble cortègeNos vieux et jeunes DevoirantsLes couleurs les plus éclatantesVoltigeaient au gré des ZéphyrsUne harmonie des plus constantesCombla en ce jour nos désirs

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Page 17: REVUE D'ETHNOGRAPHIE MÉRIDIONALE

IV

Jérusalem en PalestineC'est dans ce céleste manoirQu'un jour fut fondée l'origineDe cet immortel DevoirTrop longtemps vous savez mes F..Des corps sont restés ennemisMais éclairés par la LumièreIls sont devenus désormais tous amis.

V

L'auteur des couplets que je chante

Il est dans son pays natal

Il fut dans la ville de NantesReçu jadis Compagnon maréchalSon nom voulez-vous le connaîtreC'est Agenais Marche Sans PeurEtant au lieu qui l'a vu naîtreIl chante encore avec bonheur.

8. LA SAINT ELOI DU 1`7 DÉCEMBRE 1768 (5)

I

La Saint Eloi du ler DécembreEn mil sept cent soixante huit. Agen.Chers C.. daignez ici m'entendreFut célébrée par des toasts sans finAprès avoir assisté à la messeNos C.. satisfaits et joyeuxSe retiraient marchant avec noblesse

De sur deux rangs (bis) calmes et silencieux.

II

Bientôt après de retour chez la Mère

Heureux moment de joie et de gaîtéC'est là qu'on voit une troupe de F..Ensemble en choeur se mirent à chanterJoyeux enfants de ce divin monarque

Espérons tous un joyeux avenir

Chantons honneur, honneur à Maître J..De ses bienfaits (bis) gardons les souvenirs

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III

A ce banquet nous y vîmes la MèreEmue de joie au miileu de tousMêlant sa voix à celle de nos F..Là nous formions un accord des plus douxEt puis la sceur, je crois l'entendre encoreVint nous chanter la Canne ou Vannier (6)Les C.. tous d'une voix sonoreA son refrain (bis) chantaient à plein gosier.

IV

Au festin assistait un bon DrilleQui de Soubise nous vanta la valeurPuis les enfants de la grande familleDe M.:. J.:. louèrent la grandeurJe citerai ici le vieux l'AimableAvec la Flamme, deux C.. voiliers (7)Vrais D.:. et amis de la tableCes couplets sont (bis) faits pour vous remercier.

V

Vous C.. M.. que j'estimeO toi Nantais Le Flambeau Du D..Avec Breton Le Loyal son intimeDans mon pays venez un jour me voirMarche Sans Peur ici le certifieEt vous le dit avec sincéritéCroyez-le bien à sa table il convieTous ses amis (bis) qui viennent le visiter.

9. SOUVENIR

I

Je me souviens lorsque de mon enfanceMes bons amis, un parfait D..Me racontait avec réjouissanceCe temps jadis qu'il fut de sur les champsEcoute bien ce que je vais te direMe disait-il, ce parfait C..Tâche mon fils pour finir de t'instruireDès aujourd'hui suivre bien mes leçons.

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Page 19: REVUE D'ETHNOGRAPHIE MÉRIDIONALE

II

Vois, mon cher fils, cette Canne chérieCe jonc sacré, ces objets précieuxCet ornement que la jeunesse envieDont la beauté éblouit tous les yeuxPendant huit ans de sur le T.. D.. F..Je l'ai portée avec vénérationElle sera un jour ta récompenseSi tu suis bien, mon cher fils, ma leçon.

III

Vois, mon cher fils, ce sublime emblèmeQue sur mon coeur agite le zéphyrContemple-le aujourd'hui sur soi-mêmeDe le porter ai donc ce grand désirPour obtenir ce beau titre que j'aimeDu Devoirant pour mériter le nomPour recevoir le glorieux baptêmeDaigne, mon fils, suivre bien mes leçons.

IV

Demain matin dès l'aurore premièreDès que Phoebus reprendra ses rayonsTous les amis ainsi que ton vieux pèreDe sur les champs, mon fils, te conduirontConçois-le bien, ici, dans ta jeunesseVa voyager, acquérir du renom,Tu reviendras contempler ma vieillesseSi tu suis bien, mon cher fils, ma leçon.

V

En parcourant cette noble carrièrePratique le chemin de la VertuUn jour viendra que du titre de FrèreTu te verras alors revêtuAlors unis par les lois du MystèreAux C.. avec Gloire et HonneurTu leur diras, mon fils, que ton vieux pèreC'est Agenais surnommé M.. S.. P..

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10. LA PLANTE

I

Amis, F.. et DevoirantsJe vais vous chanter avec constanceCe que j'ai trouvé de plus charmantTout en faisant mon Tour de FranceC'est un jardin mystérieuxDont l'entrée me paraît très belleOui, j'ai juré, j'ai fait des viceuxAux Compagnons d'être fidèle.

II

Tout en entrant dans ce jardinPassant par une allée brillanteJ'ai voulu pénétrer plus loinMais j'en aperçus l'assuranceCar la haie qui nous séparaitBrillante se couvrait d'ombragesD'un ceil ravissant, je voyaisLa brise agiter le feuillage.

III

La plante dont je veux vous parlerN'est pas connue en AgricultureNul fleuriste ne la connaîtNi son parfum, ni sa nature,Il n'y a que nous, chers C..C'est par nous qu'elle est cultivéeCe plante que nous parlonsPar M.. J.. fut plantée.

IV

Cette plante est un EquidonSa tige est inébranlableElle est couverte de rejetons

Qui ne craint ni feu ni orage

Si des méchants pour la flétrirOsaient lui faire des injures

A ses pieds les ferait gémirCar elle est belle, je vous l'assure.

18 --

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V

Plus loin mon regard fut fixéJ'aperçus un trône d'allianceQui supportait par un rocherUne source avec violenceRépandue par nos fondateursElle coule rapide et sévèreAllons arroser cette FleurC'est la fleurs des D.. mes F..

VI

Tout en sortant de ce jardinPassant par une allée brillanteSi j'en suis ressorti soudainCe n'est qu'en voyant l'AssurancAh, me dit La Belle PenséeAngoûmois sur le T.. D.. F..Tu es vrai C.. CordierVa donc arroser cette plante

11. CONSEILS D'UN PÈRE A SON FILS

I

Pour toi, mon fils, deux routes sont tracéesL'une de ronces, l'autre semée de fleursIl se pourrait que cette destinéeNe fut pour toi un torrent de malheurs

Ecarte-toi toujours de la premièreQui te conduit au chemin du malheurEt suis toujours celle de ton vieux PèreQui te conduit au chemin de l'honneur.

IISi quelques fois sur une longue routeTu rencontrais un pauvre voyageurQui sans soutien, sans asile, sans routeDemanderait de toi quelque faveurFais-lui du bien pourvu qu'il le mériteQue ces bienfaits partent du fond du cceurVoilà mon fils la première limiteQui te conduit au chemin de l'honneur.

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Page 22: REVUE D'ETHNOGRAPHIE MÉRIDIONALE

IIISi au contraire un ennemi, un traîtreTe demandait quelle est ta professionN'hésite pas à la lui faire connaîtreParle-lui fier et sans émotionEt sur le champ demande lui la sienneS'il te répond d'un air sec et moqueurPardonne-lui et montre-lui que la tienneNe te conduit qu'au chemin de l'honneur.

IV

En arrivant dans une grande villeInforme-toi s'il y a des C..Car chez eux tu trouveras un asile

Franche gaîté et parfaite unionIls tâcheront de te trouver de l'ouvrageTe montreront leurs talents de bon cceurRemercie-les bien, montre leur du courageTu parviendras au chemin de l'honneur

V

Pour toi, mon fils, ces routes sont travéesEmbrasse-moi et mets-toi sur les champs.Il se pourrait que dans quelques annéesTu reviendras en parfait Devoirant.« Oui, je suivrai vos avis salutaires ! »Et de ses yeux s'échappent quelques pleurs.En lui disant : « Au Revoir, mon chère Père,Je vais cueillir le D.., plus l'honneur. »

VIL'auteur ici avec obéissanceD'un C.. a dépeint le portraitAyez pour lui quelque peu d'indulgenceSon style ici n'est pas des plus parfaitsD'être poète n'est pas sa sciencePuisque charron est sa professionIl est né sous le ciel de ProvenceLe Coeur Loyal, Pays, voilà son nom.

VariantesTitre : Les adieux d'un père à son fils.2' couplet - 3' vers : ... sans doute3' couplet - 4' vers : Réponds lui ferme et sans hésitation

6e vers : ... d'un ton sec...

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Page 23: REVUE D'ETHNOGRAPHIE MÉRIDIONALE

5` couplet - leL vers : ... ta route est tracée5' vers : Des Compagnons suis toujours les lois

sages.6' vers : Disant ces mots il verse quelques pleurs.7' vers : « Adieu mon fils, au revoir, bon courage8' vers : Va-t-en cueillir ce Devoir plein d'Hon-

neur (8).61 couplet : manque.

12. DERNIERS ADIEUX D'UN COMPAGNON

IS'en est donc fait, mes amis, je vais mourirDéjà mon sang se glace dans mes veinesAuprès de moi que l'on fasse venirMon fils chéri, ce cher enfant que j'aime.Enfant chéri de mes tendres amoursDe ton vieux père écoute les remontrancesQue dans ton coeur le désir soit un jourDe parvenir comme moi, sur le TourCompagnon, sur le Tour de France.

IIQue l'on m'apporte à l'instant mes CouleursJe veux les voir avant de rendre l'âmeChers C.. placez-les sur mon coeurAfin qu'elle me servent d'oriflammeJusqu'au tombeau je prétends les avoirPour vous prouver mon amour, ma ConstanceEt quand mon cur n'aura plus de pouvoirTâche mon fils toujours par ton savoirC.. sur le T.. D.. F.:.

IIIEt toi ma canne appui de mes vieux ansDepuis longtemps tu suis partout mes tracesTe souviens-tu qu'une fois sur les champsNous dispersâmes une bande de lâchesEn ce temps-là, mon bras était nerveuxJe te portais avec toute assuranceMais maintenant que je quitte ces lieuxCanne chérie, reçois les doux adieuxD'un C.. du T.. D.. F.-.

- 21 -

Page 24: REVUE D'ETHNOGRAPHIE MÉRIDIONALE

IV

Adieu Bordeaux et ton temple sacréLà que réside le plus beau des MystèresDéjà mes yeux se privent de lumièreDans mon tombeau C.:. vertueuxPlacez mon corps avec réjouissanceDe l'Estimable accomplissez les vieuxDe Provençal daignez fermer les yeuxD'un C.. du T.. D.. F.. (9)

VariantesTitre : Les Adieux d'un père à son fils.1` couplet - 1` vers : C'est bien fini, amis,

41 vers: Ce bel enfant51 vers . ... de mes premières amours.

2' couplet - 81 vers . ... d'être par ton savoir31 couplet - 21 vers : Toi qui toujours suivis ma trace

71 vers . ... maintenant que je me suis fait vieux8' vers : Reçois ma canne le dernier des adieux.

41 couplet - Il vers : Adieu Devoir, adieu Temple sacré.

13. LES ADIEUX AU TOUR DE FRANCE

I

J'ai partagé avec vous la ScienceJe vais quitter l'aimable T.. D.:. F...Chers C... recevez mes adieuxC'est qu'elle règne parmi nous en ces lieux (bis)Avec honneur j'ai voyagé la France (10)En qualité de C.. passantAdieu je pars, belle réjouissanceJe me retire auprès de mes parents bis

IIAdieu Bordeaux, Nantes, Paris et BeauneVilles honorées de tous les C.:.Sans oublier les bords chéris du RhôneOù l'on y voit les enfants d'Apollon (bis)Toi Ste-Beaume, j'irai te rendre hommagePour me munir de tes belles couleursEt ces rubans, embelliront, je gageCes liens précieux qui brillent sur mon caeur. bis

- 22 -

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IIIAdieu, Marseille, jolie villeToi qui as su m'embellir de ce nomEn allant voir la bergère jolieSemant l'amour des fleurs de Cupidon (bis)Un soir d'été à l'ombre du feuillageMe délassant des fatigues du jourJe contemplais les plaisirs du villageEt je goûtais les agréments du Tour. bi

IV

Je dis adieu à tout ce que je quitteSuperbe Nîmes, théâtre des RomainsToi Montpellier comme un père de familleDes C.., amis du genre humain (bis)Et toi, Toulouse, tout ce qui t'environneLe Capitole est marqué sur les rangsDe là, je vois les bords de la GaronneFleuve charmant qui court vers mes parents bis

V

Si j'ai chanté sur ma muse stérileLe doux parfum des agréments du TourEtant rendu au sein de ma familleJe chanterai l'hymne de mes beaux jours (bis)Et si quelqu'un désire me connaîtreLa Clef des Cceurs (11), Pays, voilà mon nomEt de retour au lieu qui m'a vu naîtreJe chérirai toujours les C.:.

1` couplet - 3' vers :

2` couplet

3` couplet

4° couplet - 2` vers :6` vers

51 couplet - 1° vers :3` vers :4' vers6e vers :

bis

VariantesCar si je pars, je partage la...Avec honneur, elle règne...Depuis quatre ans, je voyage...Adieu Nantes, Orléans...Chéris aussi des enfants...Adieu Toulon, Marseille la jolieVille renommée et surtout de renomDe là, je vois...Brûlant d'amour des feux de...Le soir assis sous un épais...Antique Nîmes...Ton Capitole ranime tous mes sensSi je chante...Et de retour......l'hymne de mes amoursLa Tranquillité d'Agen, Pays...

4e vers :5' vers :l' vers4e vers :Il vers :2` vers3' vers :4` vers :5` vers :

- 23 -

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24 —

Antoine MARFAINGCarcassonne - I'Ami des Compagnons'

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Edmond LACROUXLanguedoc - I'Ami du Devoir'

—25—

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14. LA CANNE

I

Puisqu'on voit partout ici-basChacun chanter l'objet qu'il aimeMes chers amis, je n'hésite pasDu Devoir vous chanter l'emblème.Le héros chante ses exploitsLe fumeur, son jaune havaneLe buveur, le bon vin qu'il boitMoi, je vais vous chanter la canne

II

La canne gage précieux

De la Valeur et de la GloireLa canne a fait mille envieuxSur les chemins de la VictoireL'esponton (12) vil, tremble et pâlitA son aspect, lui le profane,Aspirants mon coeur a tressailliEn voyant la première canne Ç

III

Respectable par sa hauteurPlus brillante qu'une auréoleC'est le symbole de l'honneurC'est notre Dieu, c'est notre idoleAvec elle on ne craint plus rienAvec elle on se pavaneDu Devoirant, c'est le soutienPour voyager, vive la Canne

bis

bis

bis

IV

Quant au retour de la SaisonQuelqu'un de nos Frères nous quitteEt que Phoebus d'un beau rayonIllumine un champ de conduiteEn tête on y voit le RouleurPrès de lui la Rose se faneL'Arc en Ciel avec ses couleursBrille moins que sa noble Canne. bis

- 26 -

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III

Fière cité, célèbre capitaleDe la Touraine province distinguéeJe me souviens de ta rue NationaleD'où mes regards découvrent la tranchéePays charmant de notre Tour de FranceJe pense à toi la nuit comme le jourDe te revoir je garde l'espéranceAdieu Touraine, adieu brillant séjour

IV

Si dans tes murs la discorde en furieA bien souvent brisé notre unionD'un noble orgueil la Concorde s'écrieVous porterez le nom de CompagnonVous braverez tous ces hommes rebellesEt libres enfin dans la ville de ToursNous chanterons en compagnons fidèlesAdieu Touraine, adieu brillant séjour

V

bis

bis

Je me souviens qu'à table chez la MèreNous Compagnons, honnêtes DevoirantsLe verre en main banissant la chimèreChantant en choeur quelques couplets charmantsLa Mère aussi toujours bonne et joyeusePour ses enfants conservera toujoursCette vertu de femme généreuseAdieu Touraine, adieu brillant séjour bis

VI

Chers C.:. du beau Devoir que j'aimeCette chanson pourra vous convenirL'Enfant Chéri toujours rempli de zèleMet son talent afin d'y parvenirMes chers amis, j'ai chanté la TouraineTel est mon but, payer moi de retourVotre indulgence et j'oublierai mes peinesAdieu Touraine, adieu brillant séjour bis

- 28 -

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17. LE FILS DE NOBLE CCEUR (14)

I

De Noble Coeur écoutez la prièreQu'il fit un jour à l'un de ses enfants« Je me souviens de ces jours de naguèreDe mes beaux jours de dix-huit à trente ansCétait le temps de mon gai Tour de FranceJe voyageais en Compagnon PassantOù j'eus toujours l'Amour et la ConstanceQue doit avoir un parfait Devoirant.

II

Enfin, mon fils, comprends-tu ce langageAutant que moi prends pour ambitionDe parvenir au beau CompagnonnageOù les Vertus font la belle UnionPars dès ce soir, mais songe que ton pèrePar son talent avait pu acquérirUn nom d'Honneur, doux gage salutaireEt des secrets que nul ne peut ravir.

III

Fuis pour toujours la compagnie infâmeQui pourrait bien te corrompre le coeurMéprise-la du fond de ton âmeCar elle salit le sentier de l'honneurVa donc mon fils, préserve ta jeunesseVa ne crains rien Dieu veillera sur toiNe reviens pas affliger ma vieillesseSi tu n'es pas compagnon comme moi. j

IV

Cinq ans plus tard revenait au villageCe fils chéri que Noble Cceur aimaitIl rapportait du beau CompagnonnageCanne et couleurs doux gages de bienfaitsQuand le vieillard l'aperçut sur la routeIl s'écria le coeur tremblant d'émoiC'est mon fils, oh'! je n'ai plus de douteJe te revois compagnon comme moi !

bis

bis

bis

bis

- 29 -

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V

Ecoutez-moi puisqu'en notre familleLa coutume est de vous citer l'auteurIl est Breton et C.. B.. D..De son métier plâtrier-stucateurLe Bien Aimé de St Georges il s'appelleIl a juré d'aimer notre DevoirIl chantera toujours du même zèleSi le Très Haut lui laisse cet espoir. j

bis

18. L'ABEILLE (15) (air de La Canne)

I

Insecte ailé chéri des DieuxToi qui leur fournis l'ambroisieToi dont on admire en tous lieuxEt la Sagesse et l'IndustriePermets que ma Muse aujourd'huiEn lui rappelant ton imageOffre aux yeux de plus d'un amiLe Miroir du Compagnonnage.

II

Or, écoutez, chers CompagnonsJe vous parle ici de l'abeilleCar en fait de comparaisonLe sujet convient à merveilleL'abeille fut de tous les tempsDes C.. le vrai modèleUnion, Sagesse et TalentsEst-il un plus beau parallèle.

bis

bis

III

L'abeille suit la même loi.Qu'ont toujours suivi ses ancêtres

Et toujours fidèle à son roiNe connaît point d'autres maîtresComme l'abeille nous n'avonsQu'un Maître sur le Tour de FranceEt la règle que nous suivonsN'est point soumise à l'Inconstance bis

- 30 -

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IV

L'abeille construit en secretLe chef-d'ceuvre de son génieDe ses travaux l'ceil indiscretN'en connaît pas la symétrieDe même dans notre DevoirQui peut connaître nos mystèresQui peut même jamais savoirCe qui se passe entre notre Frères.

V

Quand la plus belle des saisonsNous ramène Zéphire et FloreJe vois en dépit des frelonsMille essaims d'abeilles écloreEn dépit de nos ennemisLe printemps vient de renaîtreMille aspirants se sont permisDe servir aussi notre Maître. bis

VI

Quand vient le temps de ses travauxJ'entends l'abeille qui bourdonnePour elle, il n'est plus de reposJusqu'au milieu de l'automneChers C.-., c'est en ce tempsQue s'anime notre courageEt que nous cueillons sur les champsLes doux fruits du Compagnonnage

VII

Sur les champs, il est des frelonsQui voudraient détruire nos ruchesComme l'abeille, compagnons,Méfions-nous de leurs embûches.Armons-nous de notre aiguillonComme les frelons pleins de rageVendôme, par cette chansonLa Clef des Cceurs nous y engage. bis

bis

bis

- 31 -

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19. CHANT DE DÉPART (16)

IChers Compagnons, un F.7. qui vous quitteCar le printemps me conduit au départLes grands froids d'hiver ont disparu bien viteLes champs sont verts, on m'appelle, et je pars.Dans mon chemin j'aurai pour compagnieLe doux concert des petits oisillons.La canne en main et ma gourde remplieJe chanterai en chantant mes chansons.

REFRAIN :

Chers C.., un F.. qui vous quitteDisons adieu, mettons-le sur les champsQue nos chansons égayent sa conduiteEmbrassons-le, embrassons-le tous en vrais Devoirants.

IIDans le mystère du beau CompagnonnageUn jour par vous je fus fait aspirantDepuis ce temps de me mettre en voyageFut mon désir le plus ardentEn voyageant j'apprendrai à connaîtreLes belles lois de nos institutionsLe père Soubise je respecterai en maîtreEt mériterai le nom de Compagnon.

III

Adieu Lyon où j'ai vu la lumièreCité joyeuse, agréable séjour

Tu fus pour moi cette station premièreTon souvenir me charmera toujoursJe dis adieu aux amis, à mes F.:.,Vous qui m'avez enseigné le DevoirMais en partant mes voeux les plus sincèresPensant qu'un jour nous puissions nous revoir.

IV

Chers C.. jusqu'ici c'est la règleQue chaque auteur doit signer sa chansonC'est Avignon qui jadis l'a vue naîtreOn lui donne le Docile pour nomIl va partir sur son beau Tour de FranceCes quelques vers sont loin d'être parfaitsIl a besoin de beaucoup d'indulgenceDes Compagnons Charpentiers il fut fait.

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20. LE DEVOIR N'EST PAS LA 'LIBERTÉ (17)

IUn des enfants du vieux père SoubiseA ces Indiens se disant CompagnonsIl dit un jour avec calme et franchiseVraiment Messieurs vraiment nous vous plaignonsDe toutes parts j'entends que l'on vous crieQue votre nom n'est qu'une faussetéA dites-moi, dites-moi, je vous prieQue nommez-vous (bis) Devoir de Liberté.

IILa liberté est un mot que j'honoreMais il n'est pas, vous devez le savoir,Dans notre loi personne ne l'ignoreNous sommes tous esclaves du DevoirC'est donc à tort que vous prenez ce titreMal à propos vous l'avez adoptéPensez-y bien, je me fais votre arbitreDevoir peut-il (bis) être la Liberté.

IIIVous prétendez tirer votre origineD'un Temple ancien d'un roi qui l'a bâtiIl ne faut pas que cela vous chagrineVotre légende en a fort bien mentiJe suis confus pour vous pour votre gloire

Votre nom seul dit votre nouveautéJe dis encore : «'Demandez à l'histoireSi Salomon (bis) parlait de Liberté.

IV

Oh! cessez donc vos injustes bravadesVous ne serez jamais des compagnonsVous ne serez jamais des camaradesAvec lesquels toujours nous nous plaironsVous ne serez admis chez Notre MèreVous ne connaîtrez pas sa douceur, sa bonté,Eloignez-vous la consigne est sévèreCar le Devoir (bis) n'est pas la Liberté.

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21. LES ADIEUX DE BORDEAUX

I

Adieu, Bordeaux, adieu brillant séjourAdieu, je pars pour faire mon Tour de FranceJe dis adieu aux parents, aux amis,Sans oublier mon aimable Constance.Adieu, je pars, je me mets sur les champsEt que mon sang soit pour les devoirants.

II

Mes chers coteries puisqu'il me faut partirPrenez mon sac et remplissez ma gourdeCar en chemin je pourrais rencontrerQuelques coteries nous boirons une goutteAdieu, je pars, je me mets sur les champsEt que mon sang soit pour les devoirants.

III

En arrivant chez la mère à Paris« Bonjour la Mère ainsi que notre PèreSans oublier ces honnêtes C.:.Qui sont logés chez notre MèreMe voici donc dans la SociétéDes Compagnons du Devoir Bien Aimé.

IV

bis

bis

« Mon cher amant puisqu'il te faut partirPrends ces mouchoirs pour essuyer tes larmesEt cet anneau que je sors de mon doigtSera pour toi un gage de mémoireSi tu revient pour réjouir mon cceurApporte-moi la canne et les couleurs. » bis

V

Pour apporter la canne et les couleursIl faut avoir une conduite sageEt travailler avec attentionPour être admis dans le compagnonnageAu P.:. S.:. il faut verser son sangPour être au rang des compagnons passants. 1

bis

- 34 -

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VI

Mes chers amis, l'auteur de ces coupletsMes chers coteries ce n'est pas un poèteAmis, buvons, chantons à sa santéC'est Bordelais que le ciel a vu naîtreLe Bien Aimé, amis, voilà son nomC'est à Bordeaux qu'il fut fait compagnon.

22. LA GLOIRE

I

bis

Mes chers amis, je vais vous chanter la gloireLa gloire de tous nos compagnonsLorsque nous sommes ensemble à boireL'on admire cette belle unionSe soulager dans la détresseVoilà pour nous le plus bel agrémentJamais ne règne la tristesse

bisParmi nos compagnons passants. {

II

C'est à Paris dans une auguste enceinteAux compagnons, je me suis présentéLe cceur agité par la crainteLa crainte d'y être refuséMais cependant prenant courageL'on m'a reçu compagnon charpentierL'on m'arracha à l'esclavagePar le serment de la Fidélité. bis

III

Un vrai Bon Drille sur son Tour de FranceDoit revoir joyeusement ses amisGarder son secret en silence

Tracer sa route, la voiciIl faut avoir une conduite sageEt soutenir ses droits avec raisonMais il en faut bien d'avantagePour être reçu compagnon. ,

bis

35 --

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IV

Mes chers amis ayez de l'indulgencePour l'auteur de ces faibles coupletsJe vous le dis en assuranceC'est un Bon Drille charpentierIl a juré devant Dieu et ses frères

D'être honnête homme vigilant et discretIl tiendra son serment, je l'espèreC'est Nivernais surnommé Sans Regret. bis

23. LES TROIS PLUS BEAUX JOURS DE MA VIE

I

Douze printemps formaient mon âgeQuant un vénérable pasteurPour la première fois m'engageA recevoir mon Créateur (bis)Au Saint Banquet, il nous convieJ'y porte mes pas avec foiEt cet heureux jour fut pour moiLe premier beau jour de ma vie. ,

bis

II

Bientôt, j'entre en apprentissageCar je devais être artisanSous les lois du compagnonnageJe veux acquérir du talentAu Devoirant, je me confieBientôt, je porte un autre nomEt je fus reçu compagnonLe second beau jour de ma vie.

III

bis

Quant pour faire mon Tour de FranceJe m'éloignai de mon paysD'un objet cher à ma constanceChers compagnons, j'étais éprisMais de retour à mon amieL'hymen un jour nous uniraEt ce jour je crois bien sera

bisLe troisième beau jour de ma vie.

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Page 39: REVUE D'ETHNOGRAPHIE MÉRIDIONALE

IV

De cette chanson mes frèresVoulez-vous connaître l'auteurIl participe à nos mystèresC'est un compagnon (18)Soyez indulgent, je vous priePour Vendôme la Clef des CceursCeignant sur les trois couleursLes trois plus beaux jours de ma vie.

24. MON DÉPART

I

Je vous quitte bon père et bonne mèreAdieu, je pars, pour former mon talentL'on vante tant ce beau titre de frèreQu'on n'obtient pas sans être vigilantJe le saurai, j'en aurai le courageParents, amis, je vous dis : « Au revoir ! »Je veux partir, il est temps qu'à mon âgeDe devenir Compagnon du Devoir.

II

Adieu vallon, adieu brillante campagneAdieu berceau de mon premier amourAdieu ma belle et joyeuse compagneConsole-toi songeant à mon retour.D'être fidèle envers toi je m'engagePlus de chagrin, ma chérie, au revoirJe veux partir, il est temps qu'à mon âgeDe devenir Compagnon du Devoir.

III

Bientôt admis dans cette belle fêteOù l'on reçoit tout nouveau compagnonPour moi ce fut une grande conquêteOn me donna privilège et surnomLà j'eus besoin de force et de courageDe fermeté, mais grâce à mon savoirJe connaîtrai le vrai compagnonnageJe suis élu Compagnon du Devoir

bis

bis

bis

bis

- 37 -

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IV

Joyeux enfants de la classe ouvrièreSoyons unis par la FraternitéAvec amour portons notre bannière

Soutenons-la tous avec fermeté.A nos vertus le public rend hommageNotre union grandit notre pouvoirLes travailleurs dans le compagnonnagePar leur ardeur soutiennent le Devoir.

V

Mes bons amis, ce n'est pas un poèteQui composa ces vers, cette chansonHeureux s'il peut avec cette bluettePlaire un instant ; vous devinez son nomLe Bien Aimé de Saint Georges il s'appelleA composé de son faible pouvoirDe gais refrains sur le compagnonnageQuelques couplets aux enfants du Devoir. bis

25. CHANSON DÉDIÉE AUX BORDELAISES

I

Bordeaux la jolie villeC'est un charmant paysIl faut quitter cet asilePour aller à ParisLe Devoir nous engageD'aller faire notre TourAdieu charmante bruneAdieu jusqu'au retour.

REFRAIN :

Vive les BordelaisesC'est le refrain de nos amours.Beau ciel de GirondeAdieu jusqu'au retour.

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Page 41: REVUE D'ETHNOGRAPHIE MÉRIDIONALE

IIAdieu la place d'armesLes allées de TournyEt la place DauphineRien n'est aussi joliDe là on voit la radeCouverte de bâtimentsRien de plus remarquablePour tous nos arrivants.

IIIEt vous jeunes fillettesQui n'avez pas d'amantsFaites donc connaissanceD'un Compagnon PassantIl vous sera fidèleEt vous fera la cour

Et vous rendra heureuse

La nuit comme le jour.

IV

Et vous renards infâmesQui n'avez pas l'honneurSur le beau Tour de FranceD'apporter les couleursNi même le mériteNi même le savoirD'être aspirant dans l'âmeCompagnon du Devoir.

V

Si vous voulez connaîtreL'auteur de ces coupletsAllez dans la GascogneEt vous le trouverezSur les bords de la GaronneQue vous pourrez le voirIl se nomme AlbigeoisCompagnon du Devoir.

REFRAIN :

En voyageant la FranceChantons, rions, gais compagnonsL'Honneur et la ScienceVoilà notre renom.

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Page 42: REVUE D'ETHNOGRAPHIE MÉRIDIONALE

26. CHANT DE CONDUITE

I

Adieu Paris, ville jolieSi je te quitte en ce beau jourEi si bientôt je vais partirC'est afin de continuer mon TourPour tâcher d'acquérir la ScienceQue doit avoir un DevoirantJe vous quitte en vous embrassantChers Compagnons du Tour de France.

REFRAIN :

Partons, chers CompagnonsProfitons du Printemps.Venez m'accompagner me mettre sur les champs.Respectons le devoir ainsi que le compagnonSi vous voulez me voir revêtu de ce nom.

IIChers aspirants, je vous inviteDaignez accourir à ma voixVenez me faire la conduiteCar c'est pour la dernière foisSoyez toujours fidèles et sagesTâchez tous de bien travaillerEt comme moi vous parviendrezUn jour dans le Compagnonnage.

REFRAIN :

Allons chers aspirants,Tâchez que dans peu de tempsJe vous reverrai en parfaits devoirantsAvec de la Sagesse, de la ProspéritéVous serez reçu vite Compagnon Charpentier.

III

La Mère remplissez-moi ma gourdePuisque je me mets sur les champsCar d'ici à Lyon sur la routeJe pourrai rencontrer des devoirants

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Page 43: REVUE D'ETHNOGRAPHIE MÉRIDIONALE

Je leur offrirai une goutteAfin de boire à la santéDes Mères de notre belle SociétéQue nous avons sur le Tour de France.

REFRAIN :Car nous tous C..Lorsque ensemble nous trinquonsPour porter une santé on ne se fait pas prierMaître Jacques et Soubise qui sont nos fondateursRespectons leur Devise : du Devoir à l'Honneur.

IV

Bonjour le Père, bonjour la Mère,Vous qui remplacez mes parentsAcceptez donc d'un fils sincèreQu'il vous embrasse en partantSongez que malgré la distanceQui va bientôt nous séparerEn continuant mon Tour de France

Je n'oublierai pas vos bontés.

REFRAIN :

Et vous tous, chers amis,Que je laisse iciQuand je serai sur les champs, à vous je penserai souventEt pour ne pas vous oublier je vous écriraiPromettez-moi amis de me répondre aussi.

V

Quoique n'étant pas un poèteL'auteur de la faible chansonDevant sa Muse indiscrèteA bien voulu citer son nomC'est à Toulouse dans la Haute-GaronneDevant les Compagnons MenuisiersAuguste le Rochelais il se nommePrêta serment de Fidélité.

REFRAIN :

Et vous tous, chers amis,Encore une fois merci.D'être venus ce soir pour fêter mon départAmis trinquons, buvons tous en vrais compagnonsA la prospérité de notre belle Société.

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27. LE DEVOIR (air du Blason)

I

Mes chers amis, permettez que je chanteDu beau Devoir l'histoire et la grandeurEt si parfois unelangue méchanteDe ces couplets se faisait le censeurQu'on sache bien qu'en fait de poésieL'auteur ici n'a pas grand talentMais que sa Muse pour chanter s'est ravieDe l'amitié qu'il porte aux Devoirants.

II

Vous savez tous que le CompagnonnageEut son berceau sous le Roi SalomonQuand il voulut à Dieu offrir un gageDe sa pitié, de sa vénérationJérusalem vit bâtir ce TempleOù se fonda l'ordre des CompagnonsHiram fut maître et reçut pour exempleTous les secrets de leurs institutions.

III

Le Christianisme en bouleversant le mondeDispersa l'ordre de talent, de scienceMais grâce à Dieu l'on vit un petit nombreDe Compagnons aborder en ProvenceIls perpétuèrent notre CompagnonnageQui se maintient jusqu'en quatorze centsCe fut l'époque où Soubise le Sage )Le reforma sous les Tours d'Orléans. bis

IV

Lorsque Soubise aidé de maître JacquesA Orléans pour l'ordre des travauxRégénérèrent notre compagnonnageQue des méchants destinaient au tombeauIls eurent alors la volonté sublimeDe résister aux sommations d'un roiPhilippe quatre crut par la honte d'un crimePar le bûcher détruire de sages lois.

bis

bis

bis

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V

Jacques Molay succomba au martyreMais plus heureux notre père SoubisePut continuer par toujours nous instruireDe ses secrets de ses sages DevisesLorsqu'il mourut il légua à la FranceDes Compagnons qui surent prospérerEt depuis lors sa mémoire est contenteQuand il nous vit appliquer ses décrets. bis

VI

Depuis ce jour où vit notre familleSubir période de calme et de splendeurMais sachez bien que toujours les B.. D..Initieront de nouveaux sectateursEt si parfois cherchant à nous détruireOn construisait à côté du DevoirAux envieux nous n'avons qu'à redireNotre vieillesse nous donne bon espoir. bis

VIIQuel est l'auteur de ces couplets mes F..C'est un B.. D.. qui reçut à BordeauxDu P.-. S.. le secret des LumièresSon nom Robin en pays TourangeauLa Clef des Cceurs est le nom qu'on lui prêteQuatre vingt treize vit combler son bonheurIl a réuni pour que l'écho répèteDu beau Devoir l'Histoire et la Grandeur. # bis

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28. LE COMPAGNON BON DRILLE

I

En parcourant le beau pays de FranceJe rencontrai, un jour, sur mon cheminUn gai luron tout rempli de vaillanceEn m'avançant, il me tendit la main« Dis-moi pourquoi, dis-moi, cher camaradeUn tel bonheur illumine ton front ! »Il me répondit sans fanfaronnadeC'est que je suis depuis peu compagnon. bis

II

Voulant partir acquérir la ScienceSur le (19) ainsi que mes aïeuxJe rougissais de ma noire ignoranceLorsqu'un matin, je me dis tout joyeuxN'hésite pas car voici la Saint PierrePierre et Joseph, à vénérer ces nomsCar si tu veux enfin voir la LumièreIl faut aller trouver les Compagnons.

III

Tremblant, ému, chez la Mère j'arriveAux compagnons j'expose mon désirMais aussitôt ma voix devient craintiveCar un refus pouvait bien retentirMais avec joie on m'accueille, on me presseOn me fait les honneurs de la maisonMon coeur est plein d'une douce allégressePour mon bonheur, je serai Compagnon.

IV

Le soir venu j'ai subi les épreuvesCompas en main, j'ai montré mon talentDe mon savoir ayant donné les preuvesAyant promis de tenir les sermentsJe fus admis dans la grande familleEn souvenir de ma réception.L'on me nomma le Soutien des Bons DrillesEst-il de plus beau nom de Compagnon.

bis

bis

bis

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V

Et maintenant sans remords ni sans crainteJe vais parcourant le sentier de l'HonneurJe porte au frond l'indélébile empreinteQui m'ennoblit ainsi qu'un grand SeigneurAh ! je n'ai pas comme eux la richesseJe ne suis ni marquis, ni baron,Car pour moi le vrai titre de noblesseC'est de porter le nom de Compagnon. bis

VI

Ainsi parla ce Compagnon honnêteEn me quittant, il me dit : « Au revoir ! »Je dois montrer partout où je m'arrêteQue je suis un Charpentier du DevoirL'Union seule engendre la Concorde (20)Nous rougissons des erreurs du passé.Notre alliance a banni la DiscordeNous sommes tous liés par l'Amitié. bis

VI

Oh`! Coterie ces couplets que je chanteEmanent bien d'un Noble DevoirantMais d'un ancien dans l'Art de la charpenteSi respecté même par l'ignorantMais dans vos yeux je vois qu'un désir brilleC'est de savoir qui fit cette chansonBrossier Nantais Le Soutien des Bons DrillesRima ces vers dignes d'un Compagnon. bis

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29. LE CHIEN

I

Pendant dix ans j'ai voyagé la FranceToujours content ennemi du chagrinJ'ai voyagé le Nord et la ProvenceJ'ai vu des Loups, des Renards et des Chiens (21)A ces derniers j'ai donné préférenceNe sont-ils pas, je dis sans vanité,Par leur courage et leur intelligenceIls sont l'emblème de la Fidélité.

II

Le Loup méchant, hargneux et carnivoreDu chien fidèles est l'ennemi juréPendant mille ans et des siècles encoreIls se livraient des combats acharnésSi le Devoir pouvait dans ces deux racesFaire oublier les erreurs du passéDe ces vieux loups que l'on dit si voracesMais ont aussi de bonnes qualités.

III

Quand je serai de retour dans ma nicheQue le devoir guidera mon destinJe ferai mettre en manière d'afficheUn vieux rouet, un joli petit chienEt cette affiche sera: au chien qui file.

Quant à mon nom, amis, vous le savezMon Maître un jour me dit : L'Ami des FillesTe voilà chien de bonne qualité (bis).

(Compagnon Tisseur du Devoir.)

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NOTES

(1) Voir Folklore n° 124 (Souvenirs de Carcassonne, L'Ami desCompagnons). On chantait également à la fin du repas, lorsqu'on seretrouvait entre Compagnons. « Peut-être te rappelles-tu, écrit à Mar-faing, Tourangeau La Franchise, Compagnon boulanger du Devoir,l'après-midi que nous avons passée ensemble chez le Pays Saunière,Carcassonne, l'Ami du Courage, compagnon boulanger du Devoir, avecquelle ferveur tu nous a chanté nos immortelles chansons compagnon-niques. ».

(2) Manoir = Cayenne = lieu des épreuves.

(3) Mis pour : besant.

(4) Mis pour : charmant petit asile.

(5) Probablement : 1868.

(6) Probablement : Canne du Cordier (sous-entendu du C.. Cor-dier). - Voir n° 14 : La Canne.

(7) Faisaient les voiles pour les bateaux.

(8) Copiée par Lacroux le 20 avril 1910 sur le cahier de Groc.

(9) Mme Raymonde Tricoire a recueilli, en 1950, deux couplets decette chanson (Folklore n° 116).

(10) Voyager la France : expression compagnonnique.

(11) L'auteur de cette chanson est méridional, il ne s'agit donc pasde Vendôme, la Clé des Cceurs, auteur de la chanson n° 4.

(12) Voir les « Muses du Tour de France », n° 5, p. 84. Variante auVI' couplet « L'Ami des Filles est son nom ». L'esponton est un ouvrieren marge du Compagnonnage.

(13) Deux couplets seulement sur le cahier Marfaing. Variante 6'vers du 2° couplet : Trouva Agnès plus belle...

(15) Voir « Muses du Tour de France » n° 5 bis (p. 138).

(16) Copiée le 17 avril 1910 par Lacroux sur le cahier de Caperun.

(17) Reflet des rivalités entre les Devoirs.

(18) Un mot manque : Probablement chamoiseur (voir liste chan-sons n° 4).

(19) Un mot manque.

(20) Voir : Le Blason (n° 2). 4' couplet.

(21) Chien : Compagnon Passant Bon Drille du T.. D.. F.-.Loup : Compagnon Tailleur de Pierre du D.. D.. L..Renard : Compagnon Charpentier Indépendant.

(22) Nous devons à l'amabilité de MM. N. Vaquié et A. Cabrol les

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photographies des deux compagnons qui ont leurs couleurs et leurcanne. M. Marfaing (1958) montre aussi la canne de son frère François« Carcassonne Le Courageux » Compagnon charron du Devoir, tué àl'ennemi en 1914, et un fer à planche forgé en janvier 1906, six moisaprès sa réception. Près de lui, sa chienne, symbole de la fidélité.M. Lacroux (1965) a été reçu compagnon à Toulouse, à la Saint Josephde 1910. A côté, ses chefs-d'oeuvre (un pavillon à deux étaux aveccroupe mansarde et une autre croupe : un arétier chanlaté et autrearétier à devers. Un escalier à double révolution).

M. Roger Lecotté, Bibliothécaire à la Bibliothèque Nationale, prési-dent fondateur de la Fédération Folklorique de l'Ile-de-France, Vice-Président de la Société d'Ethnographie Française, auteur de nombreu-ses études sur le Compagnonnage, a bien voulu nous faire remarquerque la Revue « Les Muses du Tour de France » a donné la musiquenotée des chansons qu'elle a publiées. Il nous fait savoir que « Le Roiet le Compagnon » a été édité 2 fois en disque

- par les Musées Nationaux (A.T.P.) en 1949 (par Tourangeau LaFranchise et Tourangeau La Fierté du Devoir) ;

- plus récemment par la Fédération Compagnonnique du Bâti-ment (61, avenue Jean-Jaurès, Paris). Ce dernier disque comprendencore : Le fils de Noble Coeur, la Conduite, la Chaîne, l'Abeille, leBlason, etc...

Nous remercions bien vivement M. Roger Lecotté.

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Gerant: Ch. PRINCE Imp. Gabefle, Carcassonne