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Chapitre 1 from book New Love

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Extrait du livre: A NEW LOVE - THINKING ALOUD ABOUT PRACTICAL HOLINESS

Shaw Clifton; © 2004 The Territorial Commander; The Salvation Army, New Zealand

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Extrait du livre: A NEW LOVE - THINKING ALOUD ABOUT PRACTICAL HOLINESS

Shaw Clifton; © 2004 The Territorial Commander; The Salvation Army, New Zealand

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CHAPITRE 1 LE SALUTISME La sainteté et les caractéristiques essentielles du salutisme

Une distinction cruciale et fondamentale Une voix retentit : « L’Armée du Salut n’est-t-elle pas dépassée? » J’étais pris à partie en public J’eus l’impression que l’Armée faisait l’objet d’un procès et que j’étais son avocat. Le Seigneur m’est venu en aide. Pour commencer, il fallait clarifier la question. Il s’est avéré que ceux qui l’avaient posée étaient bien informés sur l’Armée. Ils connaissaient nos structures et nos méthodes, nos doctrines et nos politiques. La question ne concernait donc pas tant l’Armée du Salut à titre d’organisation, mais plutôt la nature du salutisme. Il est important de ne pas confondre Armée du Salut et salutisme. Si l’Armée du Salut est l’entité ecclésiastique connue sous ce nom – c’est-à-dire une vaste organisation internationale qui est à la fois une église évangélique et un organisme de services sociaux (voir Who Are These Salvationists? – An Analysis for the 21st Century [Alexandria, Crest Books, 1999], de l’auteur du présent ouvrage) –, le salutisme est la somme ou la combinaison de diverses caractéristiques propres à l’Armée. Le terme « salutisme » connote certaines attitudes, une vision du monde particulière. Il constitue un amalgame de croyances, de prises de position, d’engagements et de vocations qui ne se retrouvent tous ensemble dans aucun autre organisme, religieux ou laïque. En réalité, la question était : « Le salutisme n’est-il pas dépassé? ». Pour répondre adéquatement, il fallait saisir le sens indéfinissable du salutisme. « Qu’est-ce que le salutisme? » et « Qu’est-ce que l’Armée du Salut? » sont deux questions différentes. Il est assez facile de répondre à la deuxième en décrivant notre histoire, nos méthodes et nos structures. Par contre, le salutisme est ce qui sous-tend toutes ces choses. Il fait de nous ce que nous sommes. Le salutisme touche notre pouls, notre coeur qui bat. Il rassemble les caractéristiques qui font de nous un peuple distinct, appelé par Dieu. Dieu est le créateur du salutisme. L’Armée du Salut a été levée par Dieu, qui lui a confié le salutisme comme une responsabilité sacrée. L’Armée est donc la gardienne, désignée par Dieu, du salutisme. Comme nous l’avons déjà dit, il est important de ne pas confondre l’une et l’autre. Par conséquent, le présent essai vise à réaffirmer les notions fondamentales du salutisme. La sainteté se trouve au coeur de ce processus de réaffirmation. Obéissance à Dieu Il est encore important, aujourd’hui, de pouvoir décrire nos caractéristiques à titre d’entité chrétienne. Nous ne devons pas nous laisser perturber par ceux qui demandent que l’on accorde moins d’attention aux distinctions confessionnelles. Il est vrai que le confessionnalisme peut être – et a souvent été – une barrière nuisible entre les chrétiens. Par exemple, en Amérique du Nord, il existe quelque 1 500 confessions et religions. C’est pourquoi chaque génération doit comprendre qui nous sommes en ce qui a trait à notre relation particulière avec Dieu en tant que peuple. Nous ne prétendons pas être meilleurs que les autres, et nous n’accusons personne. Cependant, nous voulons très certainement deux choses : savoir ce que Dieu attend de nous et lui obéir. S’il nous a appelés à être son peuple distinct, nous ne pouvons pas risquer la désobéissance. S’il veut que nous soyons complètement salutistes, c’est ce que nous serons. Nous persisterons à porter les

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traits distinctifs du salutisme, et résisterons aux efforts faits pour les banaliser ou les faire disparaître. Les traits distinctifs que j’ai retenus après avoir rempli des affectations de l’Armée du Salut sur cinq continents et voyagé dans tous les pays où elle est implantée, ne sont peut-être pas ceux dont on entend souvent parler. Ainsi, je ne pense pas nécessairement à des choses comme les fanfares et les grades, ou le vocabulaire et la musique militaires. Nous devons chercher plus profondément. Les caractéristiques durables du salutisme ne sont pas synonymes de méthodes, de programmes ou d’ornements extérieurs. Habituellement, ces choses constituent simplement un moyen d’atteindre une fin, même si nous nous sommes bien légitimement attachés à certaines d’entre elles. La recette du gâteau salutiste? En quoi consiste donc le salutisme? Si nous devions confectionner un gâteau salutiste, quels en seraient les ingrédients essentiels? Certains gâteaux pourraient contenir quelques-uns des éléments de notre gâteau salutiste, mais seul celui-ci pourrait les contenir tous. Je suggère ici huit ingrédients, que j’énumérerai tout d’abord sous la forme substantive :

1. Réalisme 2. Idéalisme 3. Intégration 4. Compassion 5. Simplicité 6. Internationalisme 7. Visibilité 8. Audibilité

Il nous faudra utiliser ces ingrédients en parties égales. Passons-les en revue un à un, mais en employant cette fois-ci la forme adjectivale. Par exemple : Le salutisme est une expression de l’Évangile inventée par Dieu et confiée à l’Armée du Salut. À son meilleur, il est réaliste, idéaliste, intégrateur, compatissant, simple, international, visible et audible. Le salutisme a vu le jour il y a environ 140 ans, s’est implanté dans 108 pays et est présent sur chacun des continents. Cette description (il ne s’agit pas d’une définition) nécessite des explications. À première vue, elle peut sembler un peu faible, car on pourrait croire que toute église recherche naturellement ces qualités. C’est pourquoi nous devons analyser ici chacun des adjectifs ci-dessus. Et c’est ce que nous allons faire maintenant, parce que ce ne sont pas toutes les confessions qui recherchent toutes ces qualités. Puis, à la fin de mon analyse, j’ajouterai un neuvième ingrédient : la vulnérabilité. Car nous devons être honnêtes et dire à voix haute, à notre intention comme à celle des autres : le salutisme est une chose vulnérable. Le salutisme est réaliste (première caractéristique) Le salutisme est réaliste. Il est complètement terre à terre en ce qui concerne la nature humaine et le péché. On dit qu’il est impossible de scandaliser un salutiste chevronné en lui décrivant la noirceur de vos péchés ou l’immoralité de votre mode de vie. Nous croyons la Bible lorsqu’elle nous dit qu’aucune bassesse n’est hors de notre portée.

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Nous avons observé, ou vécu nous-mêmes, la véritable laideur du péché. Certains pourraient se décourager devant une telle situation, mais ce n’est pas notre cas. Encore aujourd’hui, nous demandons à Dieu la grâce de répondre à l’appel de notre fondateur, le général William Booth : « Allez vers les âmes, et choisissez les plus noires! ». Nous sommes appelés à nous engager auprès de la lie de l’humanité. Nous devons donc aller là où elle se trouve. Le salutisme recherche activement ces âmes perdues. Il n’attend pas qu’elles lui demandent son aide. Le salutisme ne fait pas partie non plus de ceux qui estiment que le péché est acceptable de nos jours. Car le péché n’est pas acceptable. C’est la Bible qui nous le dit. Satan se réjouira bruyamment le jour où le salutisme ne maintiendra plus bravement, intelligemment et intentionnellement ses critères de pureté et de droiture. Notre compréhension de l’horreur du péché, de sa nature insidieuse, de sa capacité de nous réduire en esclavage ne doit pas faiblir. Par conséquent, le salutisme est constamment sur ses gardes. Le grand Winston Churchill a dit : « Nous devons être prêts à tout moment à repousser ce que l’ennemi décidera de nous lancer au moment choisi par lui. » Il parlait de guerre matérielle. Mais ses paroles s’appliquent encore mieux à la guerre spirituelle. Le salutisme sait qu’un péché est une désobéissance aux lois ou à la volonté de Dieu. Le péché est essentiellement contre Dieu, même si les premières victimes de nos actions mauvaises sont d’autres personnes. Le salutisme considère que le pécheur est responsable de ses péchés, car même s’il est susceptible de pécher, l’être humain est libre. Nous savons que le péché nous sépare de Dieu. Il entraîne un sentiment de culpabilité et attire la colère divine. Il piège l’être humain et le réduit en esclavage; il assombrit son esprit et avilit son cœur. Il affaiblit la volonté et endort la conscience. Il est puni par la mort, car l’âme pécheresse non repentie ne verra pas Dieu. Le péché est un mal terrible aux conséquences atroces. C’est pourquoi notre travail de sauveurs d’âmes est si urgent. Cependant, le salutisme renferme le symbole de l’âme humaine qui rencontre son Créateur-Rédempteur : le propitiatoire (banc des pénitents) (Exode 25:17; 26:34). Aucun lieu de culte de l’Armée du Salut n’est complet sans un banc des pénitents. Celui-ci correspond à notre pouls, aux battements de notre coeur. C’est là que le pécheur trouve le pardon et le saint se voit offrir une grâce encore plus abondante. Par conséquent, au cœur de notre vision réaliste du péché se trouve un idéalisme optimiste et invincible quant aux hauteurs que l’être humain peut atteindre en Christ. Le salutisme est idéaliste (deuxième caractéristique) Il ne s’agit pas d’un idéalisme naïf. Nous ne sommes pas des romantiques utopistes. Nous avons notre part de rêveurs, mais les rêves et les visions des salutistes ne dépassent pas le domaine du possible. Confiants en la Parole de Dieu, nous misons tout sur l’offre de pardon divin proposée par Jésus de Nazareth, Fils de Dieu, notre Sauveur. Un homme ou une femme peut s’arracher des profondeurs du péché pour atteindre, ici et maintenant, les formes les plus élevées de la droiture et de la pureté. C’est ce que Jésus fait pour l’être humain. Le salutisme croit ardemment au pardon de Dieu en présence d’un repentir sincère. Nous croyons en outre que ce même pardon est offert à chacun. L’expiation vécue par notre Seigneur a été faite au nom de toute l’humanité. Tous ceux qui le veulent peuvent profiter de cette offre miséricordieuse. Dieu n’a exclu personne. Il désire que chacun soit sauvé.

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Ainsi, le salutisme implique une certitude inébranlable que personne n’est exclu de l’amour et du salut de Dieu révélés en Jésus-Christ. Nous devons prêcher, enseigner et communiquer en toute occasion l’amour sans égal de Dieu pour les pécheurs. Jésus a prouvé cet amour sur le Calvaire lorsqu’il a payé le prix de notre salut. Il s’est mis à notre place. Nous proclamons que le sang versé de Jésus est le seul remède au péché. Ce message doit imprégner nos sermons, nos enseignements, nos écrits et nos pensées à tous les niveaux. C’est le fondement de chaque manifestation du salutisme dans le monde. Toutefois, le salutisme ne s’arrête pas là. Nous prêchons le pardon des péchés et la perspective concrète d’une vie de sainteté. Nous sommes une armée du salut et de la sanctification. Cela dit, nous avons atteint un point crucial de notre analyse du salutisme. Le salutisme idéaliste et la sainteté (deuxième caractéristique – suite) Nous sommes un peuple qui aspire à la sainteté. Nous devons retrouver le courage de vivre saintement au quotidien. Le présent ouvrage a pour but de contribuer à ce processus. L’enseignement explicite et avisé de la sanctification risque de devenir un art qui se perd. Et pourtant, Dieu a voulu nous confier cette responsabilité sacrée, qui constitue une facette essentielle de ce que nous représentons dans le monde. La dixième doctrine du salutisme est formulée comme suit : « Nous croyons que c’est le privilège de tous les enfants de Dieu d’être sanctifiés, tout entiers, et que tout leur être, l’esprit, l’âme et le corps, peut être conservé irrépréhensible, pour l’avènement de notre Seigneur Jésus-Christ ». Cet enseignement est tellement caractéristique (peu d’églises y souscrivent, à l’exception de l’Église du Nazaréen, qui comprend encore de nombreux membres en Amérique du Nord) que, outre notre position sur les sacrements (voir plus loin), il constitue à peu près la seule position théologique particulière que nous ayons pu offrir en tant qu’Église. Il se situe au cœur même du salutisme. Si vous me permettez une touche d’exagération rhétorique, on pourrait même dire que le salutisme est la sanctification, tellement notre dixième doctrine nous désigne comme un peuple distinct aux yeux de Dieu. Une explication simple de la foi salutiste en matière de sainteté se trouve dans les chapitres 5 et 8 de mon livre Never the Same Again (Alexandria, Crest Books, 1997). Les écrits classiques du commissaire Samuel Logan Brengle au début du XXe siècle ont été déterminants à cet égard, et ceux du regretté commissaire Edward Read sont également de nature à éclairer la question. L’ouvrage de David Rightmire, Sanctified Sanity (Alexandria, Crest Books, 2003), constitue un rappel particulièrement pertinent de la vie et des enseignements du commissaire Brengle. Ce ne sont là que quelques-unes des ressources écrites accessibles à tous les salutistes. L’Armée a besoin que ses soldats et ses officiers soient imprégnés de cette caractéristique fondamentale, et ne soient pas seulement des enseignants, mais également des modèles de vie sainte. Que notre sainteté personnelle soit contagieuse. Que le fait que « Christ est en nous » ne soit pas une chose ennuyeuse ou contraignante. Que le monde puisse voir des centaines de milliers de salutistes sanctifiés, vivants en Christ, remplis de l’Esprit saint, qui dominent quotidiennement le péché et la tentation sous toutes leurs formes. Que nos existences résonnent de rires saints, que notre idéalisme rayonne alors que nous honorons le Seigneur Jésus-Christ en épousant et en comprenant entièrement ce qu’il a à nous offrir dans cette vie et dans l’autre.

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Le thème des essais contenus dans le présent ouvrage est la sainteté pratique. Chaque auteur s’emploie à démontrer, d’une façon ou d’une autre, qu’il est possible de mener une vie sanctifiée, que celle-ci est une chose attirante, pertinente, efficace et, en fait, plutôt normale. Nous voulons démontrer (du mieux que nous le pouvons) qu’il n’existe aucun aspect de l’existence humaine auquel l’enseignement de la sainteté ne puisse s’appliquer. Il s’agit d’un phénomène quotidien, qui touche notre être et notre vie dans leur totalité. Le salut concerne les péchés passés, alors que la sanctification se rapporte, pour ainsi dire, aux péchés à venir –l’expérience ayant démontré que la plupart des personnes sauvées continuent à pécher après leur conversion. Que les dirigeants de l’Armée fouillent les territoires et les secteurs du monde entier afin de trouver des officiers et des soldats qui connaissent la doctrine de la sainteté, qui l’ont comprise intellectuellement, qui s’en sont imprégnés (comme l’enseignent les Écritures), qui sont devenus habiles à l’expliquer, qui sont capables de la prêcher, de la recommander et de la promouvoir avec une passion inépuisable, dans un langage moderne. Nous avons tant besoin d’une nouvelle génération d’écrivains et d’enseignants sur le sujet de la sainteté. La sainteté fait du salutisme une doctrine idéaliste dans le meilleur sens du terme. Nous croyons en un idéal pratique – ressembler à Jésus – que nous prenons très au sérieux. Nous contractons un engagement solennel à ce sujet lorsque nous devenons soldat de l’Armée du Salut. Nous faisons des promesses relativement à notre mode de vie et à nos actions. Lors de leur consécration, les officiers s’engagent pour la vie à enseigner et à vivre les doctrines de l’Armée. Même les enfants salutistes sont gentiment encouragés à accepter Jésus comme leur Sauveur et à promettre de mener une vie qui plaît à Dieu et ce, dans leurs pensées, leurs paroles et leurs actions – ce qui constitue une description concise et mémorable d’une vie sainte. Si vous avez déjà été jeune soldat de l’Armée du Salut, relisez votre promesse avec l’esprit et le coeur d’un adulte, et constatez sa puissance, sa profondeur toute simple. (Pour de plus amples renseignements sur les alliances sacrées, voir le chapitre 11). Ensuite, lisez le chapitre IV de Une vocation un ministère – Ordres et règlements pour soldats de l’Armée du Salut (Armée du Salut, 1994, 1996) et parcourez la liste des onze questions d’examen de conscience rédigées par William Booth. Notre fondateur estimait qu’il était très utile de procéder à un examen de conscience hebdomadaire. Il croyait fermement au message de Paul (2 Corinthiens 13:5), qui exhorte les croyants à s’examiner eux-mêmes. Voici quelques exemples de la liste de questions du général Booth.

« Est-ce que je me rends consciemment coupable d’un péché? Est-ce que je me permets des pensées, des paroles ou des actes que je sais être mauvais? Mes pensées et mes sentiments sont-ils tels que je n’en ai pas honte devant Dieu? Est-ce que je fais tout en mon pouvoir pour le salut des pécheurs? Le danger qu’ils courent me tourmente-t-il? Suis-je en danger de me laisser entraîner par le désir mondain d’être riche ou admiré? »

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L’Armée idéaliste de William Booth peut donc être perçue, lorsqu’elle est à son meilleur et qu’elle respecte le mandat qui lui a été confié, comme une organisation qui prend la sainteté très au sérieux. Par contre, je ne sais pas du tout dans quelle mesure les salutistes actuels utilisent cette liste de questions. J’en connais quelques-uns qui le font, mais je crois que peu d’entre eux sont au courant de l’existence même de cet outil. Il s’agit d’un exercice spirituel issu d’une longue tradition, que l’on trouve dans les enseignements et les habitudes de John Wesley – qui a employé une liste assez semblable longtemps avant l’avènement du salutisme. Wesley et les premiers disciples méthodistes se posaient régulièrement 22 questions relativement à leur attitude par rapport à la sainteté. Par exemple :

« Est-ce que je fais preuve d’honnêteté dans mes actions et mes paroles, ou ai-je tendance à exagérer? La Bible a-t-elle vécu à travers moi aujourd’hui? Est-ce que j’aime prier? Est-ce que j’échoue dans un domaine de ma vie? »

Idéaliste? Impossible? Non pas en Christ et dans la puissance de son amour. Tous les croyants – et non seulement les salutistes ou les nazaréens – ont le privilège d’être pleinement sanctifiés. Le salutisme est intégrateur (troisième caractéristique) Le salutisme adopte une position d’ouverture aux autres. Il est intégrateur. Laissez-moi vous donner six brefs exemples concrets de la façon dont cette intégration a lieu. Premièrement, le salutisme accepte que l’Évangile s’adresse à tout le monde. Personne n’en est exclu, personne n’est tombé trop bas, personne n’est prédestiné à la damnation. Notre livre de chants déborde d’invitations à aller vers le Sauveur. Ces invitations s’adressent à tous. Deuxièmement, l’aspect intégrateur se manifeste par une absence de snobisme. Le salutisme est un organisme sans classes. Nous sommes rendus égaux du fait que nous avons tous besoin de grâce, que nous avons tous péché et sommes tous privés de la gloire de Dieu. Certains ont fait des études plus avancées, d’autres sont plus à l’aise financièrement, d’autres encore sont nés au sein d’une classe sociale plus élevée, mais rien de tout cela n’a d’importance aux yeux du salutisme, qui est axé uniquement sur Christ. Agenouillés devant lui, nous cherchons tous le même Sauveur. Troisièmement, le salutisme ne fait aucune distinction entre les sexes en ce qui a trait aux possibilités de ministère. Rien n’est réservé aux hommes ou aux femmes, et la fonction d’officier consacré est ouverte également aux membres des deux sexes. Les couples mariés sont généralement affectés ensemble, à titre d’égaux. La discrimination sexuelle est interdite, tout comme la discrimination « universitaire ». Dans sa recherche d’officiers à temps plein, l’Armée ne regarde pas en premier lieu le niveau d’instruction (bien que celui-ci soit pris en compte), mais laisse la porte grande ouverte aux monsieurs et aux madames tout-le-monde susceptibles d’obtenir du succès dans la conquête des âmes pour Christ. L’Armée ne rejettera jamais une sainte passion pour les âmes assortie d’une haine ardente du péché.

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Quatrièmement, le salutisme a le sens de l’humour. Les salutistes rient beaucoup, et souvent d’eux-mêmes. Nous aimons plaisanter au sujet de nos petites manies, qui sont nombreuses. Nous essayons de ne pas nous prendre trop au sérieux. Le rire est présent dans la plupart des services du culte, ce qui constitue un signe de santé. Cinquièmement, le salutisme, tout en assumant avec calme et assurance les caractéristiques reçues de Dieu, accepte la place et les rôles des autres confessions. Le salutisme a quelque chose à offrir à la table œcuménique. Il sait également qu’il a quelque chose à y apprendre. L’échange d’idées est un processus bilatéral. (Le lecteur trouvera un énoncé de position officiel sur l’Armée du Salut en relation avec les autres églises dans l’annexe qui se trouve à la fin du présent chapitre.) Sixièmement et dernièrement, il ne faudrait pas oublier de mentionner l’attitude accueillante de l’Armée à l’égard des membres des autres confessions. Nous désirons ardemment que les membres de ces confessions se convertissent à Christ, mais nous respectons leurs croyances et, conformément au sage conseil de notre fondateur, nous ne les critiquons jamais. Nous préférons offrir un témoignage personnel positif et courtois lorsque l’occasion se présente. Le salutisme est compatissant (quatrième caractéristique) Aujourd’hui, ceux qui connaissent l’Armée s’attendent à ce que salutisme présente un visage compatissant. Le salutisme est l’ami du pauvre. Il affiche un préjugé favorable à l’endroit des opprimés. Le salutisme compatissant est branché sur les besoins. À tel point que, selon un journaliste célèbre – mais néanmoins sympathique à notre cause – de la Nouvelle-Zélande, les salutistes « portent sur eux l’odeur de la rue ». Ces paroles ont été prononcées dans l’intention de nous faire un énorme compliment, et c’est ainsi que nous les avons reçues. La population a des attentes élevées auxquelles l’Armée ne peut répondre qu’avec la puissance de Christ. À titre d’Armée sans classes, nous restons près de la classe ouvrière, de notre Sauveur charpentier, dont les mains étaient salies et usées par le travail manuel, dont les ongles n’étaient pas toujours propres, et dont les disciples connaissaient eux aussi le sens du travail acharné. Nous n’avons pas peur de nous salir les mains dans notre travail auprès des opprimés et des vulnérables. Quelqu’un a déjà décrit l’Armée comme étant « le christianisme aux manches retroussées ». C’est là un objectif très élevé. Dieu a doté l’Armée d’une grande capacité à aimer les sans-amour et à servir les exclus. Ce don représente une telle responsabilité que nous tremblons rien qu’à y penser. La boîte à outils du salutiste compatissant comprend le bassin et la serviette, au propre comme au figuré. Nous lavons des pieds et rétablissons des santés psychologiques par le truchement de programmes qui touchent tous les aspects de la souffrance : dépendances, itinérance, violence familiale, familles brisées, enfants abandonnés, analphabétisme, éducation en matière de santé, activités génératrices de revenus, formation professionnelle, distribution de paniers de nourriture – la liste ne semble pas avoir de fin. C’est Dieu qui permet le maintien de tous ces programmes. Il recueille les ressources. Il fournit l’énergie nécessaire pour continuer. Parfois, il nous prend par surprise et ouvre la voie à des moyens novateurs d’offrir de la compassion. Dans la ville de Christchurch, en Nouvelle-Zélande, Dieu est à l’œuvre par l’intermédiaire d’un club de boxe, et depuis tout récemment, d’un programme d’enlèvement des tatouages – un programme particulièrement important pour les nouveaux convertis, qui risquent de voir leurs tatouages comme des liens indestructibles avec un passé dissolu.

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Le salutisme est simple (cinquième caractéristique) La simplicité fait partie intégrante du salutisme. Dans le présent contexte, l’adjectif « simple » signifie peu compliqué ou peu complexe. On ne doit pas confondre simplicité et superficialité. Le salutisme ne manque pas de profondeur, mais il cherche à éviter les complications. Cela se voit à notre façon de célébrer le culte. Nous n’adoptons pas de liturgies compliquées ni de formules établies. Nous privilégions la spontanéité. Nous accordons beaucoup d’importance à la préparation, mais nous pouvons modifier nos plans sans préavis ou même les abandonner si l’Esprit de Dieu nous guide dans cette direction. La prédication doit être simple –ne pas passer par-dessus la tête des gens – mais suffisamment profonde pour intéresser la personne la plus réfléchie de l’auditoire. Les rencontres et les services du culte présentent un choix très simple : pour Christ ou non, pour la sanctification ou non. Les objectifs sont simples : d’abord, honorer Dieu, puis, susciter chez les membres de la congrégation un verdict, une réponse qui vient du coeur. L’inspiration correspond au modèle établi par Jésus lorsqu’il racontait ses paraboles. Chacune d’entre elles suscitait une réaction décisive de la part de ceux qui l’écoutaient. Simplicité, mais aussi profondeur. La simplicité du salutisme s’observe également dans les cérémonies salutistes. Qu’il s’agisse de consécrations d’enfants, de mariages, de funérailles, d’enrôlements de soldats, etc., on s’en tient volontairement à une cérémonie toute simple. L’objectif consiste à atteindre la dignité de manière accessible. Pas de mystère pour le plaisir de faire des mystères. Pas de battage publicitaire inutile. Pas de complications ou d’idées de grandeur qui pourraient amener le participant à penser que c’est la cérémonie qui transmet la grâce, et qu’il n’est pas nécessaire d’avoir la foi dans son cœur. L’absence simple et volontaire de sacrements est également issue de cette mentalité. Le salutisme profite de la liberté accordée par Dieu en matière de rituels sacramentels. Il préfère témoigner partout dans le monde du caractère immédiat de la grâce divine. Les salutistes se sont épargné les débats tortueux et les disputes qui ont lieu partout où l’on accorde une place importante aux sacrements. Nous n’avons pas à prendre position sur des questions séculaires concernant la forme et la théologie. Nous pouvons nous contenter d’observer, avec une légère perplexité, ceux qui s’efforcent sincèrement d’obéir à des ordres qui n’ont peut-être jamais été donnés, qui suivent des rituels très disparates fondés sur de multiples théologies, tout en proclamant que leurs croyances sont supérieures à celles des autres. Dans sa simplicité, le salutisme est tout naturellement appelé par Dieu à démontrer la viabilité de la sainteté et de la compassion christique dans la vie quotidienne, sans avoir à se soucier de sacrements ou de tout ce qui pourrait être interprété à tort comme un sacrement. (Pour de plus amples renseignements sur le sujet, lire Who Are These Salvationists?, deuxième partie, chapitres 4, 5 et 6.) Les doctrines officielles du salutisme sont également des modèles de simplicité, des énoncés de foi réduits à leur plus simple expression. Les onze articles de foi sont tous brefs et concis. Le langage utilisé est presque monosyllabique, et le contenu est conforme à la doctrine protestante dominante. Chaque édition – en particulier celle de 1940 – du manuel de doctrine salutiste (L’histoire du salut) présente un contenu facile d’accès. C’est un ouvrage profond, qui communique la vérité révélée dans un langage accessible et un style non menaçant. Le salutisme dans toute sa simplicité.

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Le salutisme est international (sixième caractéristique) Lorsque nous disons que le salutisme est international, nous ne voulons pas simplement dire qu’il est implanté dans un grand nombre de pays. Le caractère international du salutisme tient au fait que nous estimons être tous des frères et des sœurs sous la gouverne d’un Père céleste, Créateur de toutes choses. Le salutisme ne fait aucune discrimination fondée sur la race, le groupe ethnique ou la couleur de la peau, et ne considère aucune culture supérieure à une autre. Il croit qu’il est naturel d’afficher des sentiments patriotiques par rapport à son propre pays et à ses réalisations, mais rejette le nationalisme, qui connote une certaine supériorité raciale. Le salutisme enseigne que les chrétiens sont d’abord des citoyens du monde. Le général Bramwell Booth a écrit : « Je suis citoyen de tous les pays, car ils appartiennent tous à mon Père ». Dieu nous a donné la planète entière comme terrain de mission et, par conséquent, nous ne devrions considérer personne comme notre ennemi, même en temps de guerre. Voilà à quel point le salutisme prend au sérieux son caractère international. Le salutisme est visible (septième caractéristique) Un salutisme invisible serait contradictoire. Le salutisme cherche à être vu et entendu partout. Ce désir de visibilité est parfois motivé par le besoin de recueillir des fonds pour financer des programmes sociaux. Mais, mieux encore, il a également pour but d’attirer l’attention sur les paroles de Christ. En restant bien en évidence, nous pouvons avoir une influence plus grande que ne le permettraient normalement la taille de notre organisation et le nombre de nos membres. Le salutisme porte un uniforme pour deux raisons : témoigner de Christ et annoncer aux autres sa disponibilité. Le salutisme vit pour les autres. Il désire qu’ils soient sauvés et ne connaît pas le repos tant qu’ils sont dans le besoin. Seuls les soldats de l’Armée du Salut ont le droit de porter l’uniforme, mais le port de celui-ci n’est pas obligatoire. Cependant, il favorise la visibilité. Il m’a toujours semblé que la chance de porter l’uniforme et d’être vu en tant que représentant de Christ constituait une bonne raison de devenir soldat de l’Armée du Salut. La visibilité est un privilège sacré que le salutisme ne prend pas à la légère. Le salutisme est audible (huitième caractéristique) Le fait de parler du caractère audible de l’Armée du Salut suscitera sans doute des blagues au sujet des fanfares et des tambourins bruyants. Il n’y a pas de mal à cela. Entendre des musiciens et des congrégations salutistes « soulever le toit » en louange à Dieu constitue une expérience extraordinaire. Toutefois, ce n’est pas tout. Un salutisme silencieux serait tout aussi contradictoire qu’un salutisme invisible. Nous devons faire entendre notre message, le message de l’Évangile pour les personnes non sauvées. Rien ne saurait être plus urgent, plus important. Certains d’entre vous, en lisant ces lignes, voudront peut-être « abandonner leurs filets » pour se mettre au service de l’Armée à temps plein. Vous pouvez consacrer votre vie entière, toutes vos énergies, à rendre audible la bonne nouvelle de Christ. Cependant, le caractère audible du salutisme comporte un autre aspect. Nous avons déjà parlé du salutisme compatissant qui répond aux besoins des êtres humains. Le salutisme compatissant n’est pas complet s’il n’est pas également audible. Le salutisme parle au nom des sans-voix. Il accepte de prendre des risques pour faire entendre la voix de ceux qui ne peuvent pas parler. C’est là une conséquence naturelle de son préjugé favorable à l’endroit des pauvres.

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Les besoins se manifestent par des symptômes, mais il n’existe pas de symptôme sans cause. Un salutisme audible et intelligent ne se contenterait jamais de ne traiter que des symptômes. Ce sont les causes des besoins qui doivent retenir notre attention. Pourquoi des enfants ont-ils faim? Pourquoi des femmes sont-elles battues? Pourquoi est-il encore nécessaire de distribuer des paniers de nourriture dans des pays riches, au XXIe siècle? La recherche des causes des carences sociales sur la place publique constitue une entreprise difficile. Certains diront que nous risquons de perdre une partie de notre soutien financier si nous perturbons les gens en proclamant la vérité à haute voix. Nous ne pouvons pas les écouter. Un salutisme qui tenterait d’éviter la question ne serait pas un salutisme authentique. Nous sommes appelés autant à l’action sociale qu’au service social. Le salutisme doit se faire entendre. Il doit faire entendre sa voix dans les assemblées législatives, dans les lieux d’influence, dans les studios de télévision et les postes de radio. Le salutisme a des choses formatives à dire, et ne peut pas se taire. Lorsque le salutisme parle, il le fait au nom de Christ. Le prix du silence est inconcevable. Tout cela nous amène à la dernière caractéristique du salutisme, celle que nous avons ajoutée : la vulnérabilité. Le salutisme actuel est vulnérable Le salutisme actuel est vulnérable pour diverses raisons qui nous ont parfois pris par surprise. En tentant d’établir huit éléments distinctifs (caractéristiques) essentiels du salutisme, j’ai volontairement parlé du salutisme à son meilleur, comme si c’était le cas toujours et partout. Bien entendu, les choses ne se passent pas tout à fait de cette façon. Le salutisme actuel est vulnérable. En terminant notre analyse, examinons sa situation. Nous avons déjà dit que Dieu avait inventé le salutisme, mais qu’il l’avait confié à des gens que nous appelons maintenant « salutistes ». En agissant ainsi, Dieu a pris un risque. Dieu savait ce qu’il faisait lorsqu’il a donné tout cela à des êtres humains imparfaits. Je ne connais aucun organisme religieux qui ne se décrirait pas ainsi. Donc, sur le plan humain, le salutisme se trouve dans les mains de mortels qui sont loin d’être parfaits, et qui ont constamment besoin de grâce et de pardon. Même si l’Armée est en croissance dans le monde, elle connaît depuis assez longtemps des pertes numériques graves dans un grand nombre de pays. L’Armée croît considérablement en Afrique et en Asie du Sud, mais non en Europe ni dans les démocraties occidentales anglophones. Au Royaume-Uni, où le salutisme est né, l’Armée perd chaque année un grand nombre de soldats. Les conversions d’enfants sont également moins fréquentes. Certains officiers de postes à qui j’ai rendu visite à travers le monde ne semblent plus savoir comment mener un enfant à Christ. Nous assistons à un phénomène nouveau : des postes de l’Armée qui ne comportent aucun jeune soldat. Notre négligence aura des répercussions importantes.

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Notre vulnérabilité est également visible dans notre incertitude, ces dernières années, quant à notre identité et à notre mission. Les salutistes ne sont pas tous capables d’expliquer ce que nous devons être sous la direction de Dieu. Certains font moins confiance aux caractéristiques essentielles du salutisme – qui font l’objet du présent essai. Cette baisse de confiance s’est manifestée par des tentatives de diluer l’essentiel du salutisme et de s’éloigner de la beauté et de la pertinence toujours actuelles de la fonction de soldat de l’Armée du Salut. Certains postes ont tenté de se transformer en pâles imitations d’autres églises évangéliques, à notre grand détriment. Nous observons ici et là un manque d’assurance, une diminution de la certitude que Dieu a inventé le salutisme et que c’est lui qui a levé l’Armée du Salut. Lorsque nous aurons repris conscience de ces vérités, le processus de guérison pourra peut-être s’amorcer là où c’est nécessaire. Le salutisme est vulnérable aux pressions financières. Les programmes sociaux sont d’une telle ampleur et d’un coût si élevé que nous avons constamment besoin d’argent. Nous devenons vulnérables lorsque nous commençons à régler nos voiles salutistes pour les adapter aux vents dominants et au dollar. Nous ne devons pas nous attendre à être toujours populaires. Jésus ne l’était pas. Les apôtres ne l’étaient pas. William Booth ne l’était pas. Aujourd’hui, cependant, nous le sommes, en grande partie. Pourquoi? La laïcisation croissante de notre personnel constitue une autre source désastreuse de vulnérabilité. Dès le début, il a été établi que la mission du salutisme devait être réalisée par des personnes sauvées. Chaque employé devait être un partenaire dans la mission. Bien que notre personnel compte de nombreux chrétiens dévoués, le concept initial a pratiquement été abandonné, ce qui a placé le salutisme dans un état de vulnérabilité. Des dangers se présentent également sous la forme d’une incertitude croissante quant à la fonction d’officier. Les rôles qu’exerçaient jadis des officiers appelés par Dieu, formés et consacrés à vie, sont maintenant assurés par des employés laïques, qui ne sont pas tous – comme nous l’avons déjà mentionné – des chrétiens engagés. Le moral des officiers est en danger. L’intérêt que représente la fonction d’officier risque de s’amoindrir à mesure que s’affaiblit son caractère distinctif. La vulnérabilité est donc le résultat d’un effacement des limites entre les fonctions des officiers ordonnés et consacrés, et les rôles assignés à d’autres personnes désireuses de servir à titre de salutistes laïques ou d’employés. Il serait urgent de s’occuper de ce problème dans plusieurs régions du monde. Il ne serait pas alarmiste de dire que dans certains pays, la fonction d’officier est en danger. Ce danger s’accroît partout où ceux qui se sont engagés dans une vocation à vie sont marginalisés en faveur de ceux qui souhaitent clairement s’engager à court terme ou temporairement. Le plus grand danger pour le salutisme actuel est l’abandon perceptible de l’enseignement sur la sainteté. Si rien n’est fait, cette situation risque d’ébranler le cœur même du salutisme. Nous sommes moins sûrs de nous à ce sujet qu’auparavant. William Booth disait qu’il y avait peu de sujets dont nous parlions plus fréquemment, ou dont nous nous glorifiions plus que celui de la sainteté du cœur et du mode de vie. Est-ce encore le cas aujourd’hui? Non. Certains d’entre nous, dont les intentions sont bonnes mais qui se trouvent sur une mauvaise voie, cherchent à offrir un substitut de sacrements comme s’il s’agissait d’enseignements bibliques sur la sainteté et la façon d’y parvenir. On ne parle plus de la bénédiction d’un cœur pur. Un grand nombre (la plupart?) des salutistes actuels ne savent simplement pas ce que signifie l’expression « bénédiction d’un cœur pur ».

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Dieu, qui a levé notre Armée, nous demande d’être ouverts et honnêtes au sujet de l’état actuel du salutisme dans le monde. Toutefois, ce même Dieu est bon et sa puissance accomplit des choses remarquables. Le niveau d’engagement et la cadence de travail des officiers et des employés de l’Armée du Salut que j’ai rencontrés sur les cinq continents sont pour le moins impressionnants. Nous pouvons reconnaître que l’Armée est encore utile à Dieu, dans le saint cœur duquel une émotion, si forte qu’elle a donné naissance à l’Armée du Salut, a surgi autrefois. Nous sommes issus du cœur de Dieu. Nous sommes blottis au creux de ses mains. Nous comptons sur sa force. Il nous bénira comme son Armée si nous restons fidèles à notre première vocation. Paradoxalement, ce sont surtout les anciens qui nous invitent à entrer dans l’avenir. (Pour de plus amples renseignements sur l’alliance salutiste, lisez le chapitre 11, écrit par le capitaine Stephen Court.)

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Annexe

Le texte suivant a été publié et utilisé à des fins officielles par l’Armée du Salut au Royaume-Uni et dans le territoire de la Nouvelle-Zélande, Fidji et Tonga.

L’Armée du Salut par rapport aux autres confessions chrétiennes.

Énoncé de position (Shaw Clifton)

Voir Reflections : How Churches View Their Life and Mission (London, BCC, 1986) Énoncé sommaire

1. L’Église universelle comprend tous ceux qui croient véritablement en Jésus-Christ. 2. Les croyants s’engagent les uns avec les autres dans une relation spirituelle qui ne dépend

d’aucune structure particulière relative à l’église. 3. L’Armée du Salut fait partie de l’Église universelle et d’une confession chrétienne créée et

soutenue par Dieu. 4. La diversité confessionnelle ne s’oppose pas nécessairement à la volonté de Dieu pour

son peuple. 5. L’harmonie et la collaboration entre les confessions permettent d’enrichir la vie et le

témoignage de chaque confession. 6. L’Armée du Salut recherche et accueille toute collaboration entre les églises dans les 108

pays où elle est implantée. Énoncé détaillé L’Église universelle 1. NOUS CROYONS que l’Église, le corps de Christ (Éphésiens 1:23), comprend tous ceux qui sont issus « non du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l'homme, mais de Dieu » (Jean 1:13). L’Église universelle comprend tous ceux qui croient au Seigneur Jésus-Christ et le reconnaissent comme leur Seigneur. NOUS NE CROYONS PAS que l’existence ou la validité de l’Église universelle dépende d’une structure ecclésiastique, d’une forme de culte ou d’un rituel en particulier. 2. NOUS CROYONS que l’Église universelle est composée de l’ensemble de la communauté chrétienne qui a célébré le culte et témoigné au fil des siècles sous la forme de groupes, grands ou petits, acceptés ou persécutés, riches ou pauvres, dont les règles d’adhésion ont été déterminées dans le passé ou sont régies dans le présent. NOUS NE CROYONS PAS qu’une définition adéquate de l’Église puisse se résumer à une structure ecclésiastique, mais qu’elle doit être exprimée sous la forme d’une relation spirituelle. Les membres de l’Église sont ceux qui sont fidèles en Jésus-Christ (Éphésiens 1:1), et par conséquent réconciliés avec Dieu par l’intermédiaire de son Fils. Toutes ces personnes vivent une relation spirituelle les unes avec les autres, qui naît et se poursuit indépendamment de la réalité extérieure, conformément à la prière de Jésus qui voulait que les siens soient parfaitement un (Jean 17:23). Jésus demande une unité semblable à celle qui existe entre le Père et le Fils. Cette unité est spirituelle, et non organisationnelle.

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3. NOUS CROYONS que l’Armée du Salut fait partie de l’Église universelle et représente le corps de Christ. Christ est le vrai cep (Jean 15:1), et les croyants sont ses branches vivantes qui portent des fruits. NOUS NE CROYONS PAS qu’il soit honnête de juger qu’une communauté de disciples véritables de Christ se trouve à l’extérieur de l’Église universelle, quelles que soient son histoire, ses coutumes ou ses pratiques lorsqu’on les compare à celles d’autres communautés chrétiennes. Dieu seul connaît ceux qui lui appartiennent (2 Timothée 2:19). Diversité confessionnelle 4. NOUS CROYONS que les relations que Dieu entretient avec son peuple sont parfaites et conformes à sa volonté, mais que les réactions humaines sont imparfaites et sujettes à l’erreur. La diversité confessionnelle qui existe aujourd’hui est peut-être le fruit de l’attitude de Dieu ou des réactions humaines imparfaites à cette attitude. NOUS NE CROYONS PAS que la diversité confessionnelle ou organisationnelle puisse automatiquement être considérée comme contraire à la volonté de Dieu pour son peuple. 5. NOUS CROYONS que Dieu a levé l’Armée du Salut et inspiré les caractéristiques essentielles du salutisme conformément à ses objectifs, pour sa plus grande gloire et la proclamation de l’Évangile. NOUS NE CROYONS PAS que l’existence de l’Armée du Salut à titre de communauté chrétienne indépendante et distincte, sans liens officiels avec d’autres communautés chrétiennes, soit un affront à l’Évangile de Jésus-Christ ou nécessairement contraire à la volonté de Dieu pour l’ensemble du corps de Christ sur terre. 6. NOUS CROYONS que les pratiques de l’Armée du Salut ont beaucoup de choses en commun avec celles d’autres églises, mais que le fait que l’Armée ait été levée par Dieu en vue d’une oeuvre particulière a obligé celle-ci à adopter les caractéristiques essentielles suivantes :

a) Elle met l’accent sur la religion personnelle et la régénération spirituelle individuelle par la foi en Christ, ce qui entraîne un engagement à gagner des âmes pour Christ. b) Elle offre des enseignements relatifs à un mode de vie saint. c) Elle insiste sur le fait que l’Évangile s’adresse à tous. d) Elle utilise le banc des pénitents. e) Elle évite les formules établies en matière de culte, et encourage la spontanéité. f) Elle enseigne que le fait de recevoir la grâce spirituelle intérieure ne dépend d’aucune pratique extérieure. g) Elle exige que ses membres (soldats) confessent publiquement leur foi en Jésus-Christ et le reconnaissent comme leur Sauveur et Seigneur, et contractent un engagement officiel en matière de doctrine et d’éthique. Le salutiste doit s’abstenir de consommer de l’alcool, du tabac et toute substance non prescrite susceptible d’entraîner une dépendance. h) Elle encourage ceux qui sont incapables de contracter un engagement formel à titre de soldat à se joindre à sa fraternité. i) Elle s’engagement fermement à pratiquer l’évangélisation, y compris l’évangélisation en plein air. j) Elle témoigne par l’intermédiaire du port d’un uniforme distinctif (par la plupart des salutistes). k) Elle reconnaît l’égalité entre les femmes et les hommes dans tous les aspects du ministère et du leadership chrétiens.

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l) Elle a reçu de Dieu la vocation d’aider les pauvres et de parler au nom des sans-voix. m) Elle est implantée dans de nombreux pays et met l’accent sur son caractère international. n) Elle a volontairement renoncé aux pratiques sacramentelles.

Ces caractéristiques essentielles font partie des bénédictions qui ont résulté de l’attitude bienveillante de Dieu avec nous au fil des ans. NOUS NE CROYONS PAS que Dieu demande à l’Armée de rejeter en hâte les bénédictions accumulées au cours des ans. L’église locale 7. NOUS CROYONS que, tout comme la véritable Église universelle comprend tous ceux qui croient dans le Seigneur Jésus-Christ, toute église confessionnelle est composée d’une communauté de croyants véritables qui ont en commun la relation que le Seigneur, par l’entremise de son Esprit saint, entretient avec elle. De la même façon, chaque église confessionnelle comprend des églises locales qui se réunissent régulièrement dans le but de célébrer le culte, de fraterniser et de servir dans un lieu géographique relativement restreint. NOUS NE CROYONS PAS que la validité d’une confession ou de ses églises locales dépende d’une tradition ecclésiastique, d’une structure, d’une hiérarchie, d’une forme de célébration du culte ou d’un rituel. Lorsque deux ou trois personnes sont rassemblées au nom de Christ, il est parmi elles (Mathieu 18:20), et sa présence n’est pas moins réelle que celle qui est perçue dans des assemblées plus nombreuses, plus officielles ou plus ritualistes. L’identité de l’Armée 8. NOUS CROYONS que l’Armée du Salut est une église chrétienne évangélique internationale, au même titre que d’autres confessions chrétiennes, et que les postes de l’Armée sont des églises locales au même titre que celles d’autres confessions. L’Armée est issue du renouveau méthodiste et n’a été assimilée par aucune autre confession. NOUS NE CROYONS PAS que l’histoire, les structures, les pratiques ou les croyances de l’Armée permettent qu’on la considère comme autre chose qu’une confession chrétienne distincte qui a un objectif à atteindre et une vocation à accomplir sous la direction de Dieu. De la même façon, les postes locaux de l’Armée sont des églises locales dont les congrégations se rencontrent régulièrement au nom de Christ dans le but de célébrer le culte, de fraterniser et de servir. Les officiers consacrés (hommes et femmes) de l’Armée du Salut sont des ministres ordonnés de l’Évangile chrétien, appelés par Dieu et habilités par l’Esprit saint à prêcher et à enseigner la vérité apostolique au nom de Christ et par amour pour lui. L’Armée et les autres églises 9. NOUS CROYONS que Dieu désire que des relations œcuméniques harmonieuses soient établies et entretenues, par sa grâce, entre les chrétiens du monde et entre toutes les confessions chrétiennes, y compris leurs églises locales. Les contacts nombreux que l’Armée entretient avec d’autres communautés chrétiennes, en Grande-Bretagne et ailleurs dans le monde, permettent d’enrichir la vie spirituelle de l’Armée et de favoriser sa compréhension de l’œuvre de l’Esprit saint. C’est pourquoi l’Armée accueille ces contacts et cherche cordialement à les étendre et à les approfondir.

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NOUS NE CROYONS PAS que l’étroitesse d’esprit et l’exclusion soient compatibles avec le dessein de Dieu pour son peuple, ou que Dieu n’a rien à nous enseigner dans nos relations avec les membres de son peuple qui appartiennent à d’autres confessions. 10. NOUS CROYONS que chaque unité visible de l’Église universelle a reçu de Dieu des bénédictions et des forces qui lui sont propres. Nous respectons ces forces et, dans bien des cas, nous les admirons. Nous reconnaissons également qu’en raison de la faiblesse humaine, chaque confession, y compris l’Armée du Salut, est imparfaite. NOUS NE CROYONS PAS que ce soit notre rôle de critiquer ou de miner les traditions des autres confessions, particulièrement en ce qui a trait aux sacrements, à l’égard desquels nous avons pris une position inhabituelle, mais non unique. Il est contraire à nos pratiques de faire des remarques défavorables sur le mode de vie d’une autre confession ou d’une église locale. Nous nous efforçons de ne pas dénigrer les doctrines ou les pratiques des autres groupes chrétiens. Dans ses enseignements, l’Armée met l’accent non pas sur les apparences, mais sur la nécessité pour chaque croyant de vivre personnellement la grâce spirituelle intérieure qui se manifeste par l’observance extérieure. Nous maintenons qu’aucune observance extérieure ne peut être essentielle au salut, et que c’est la vérité biblique qui nous permet de rencontrer Dieu et de recevoir sa grâce, partout et en tout temps. 11. NOUS CROYONS que l’Armée du Salut a été créée par la volonté de Dieu, qu’elle est maintenue par sa grâce et habilitée à l’obéissance par l’Esprit saint. Son objectif principal consiste à gagner pour Dieu l’âme d’hommes et de femmes, de garçons et de filles, tout en travaillant, pour l’amour de Christ, à améliorer la situation matérielle de ceux qui sont dans le besoin. NOUS NE CROYONS PAS être les seuls qui ont été appelés à accomplir cette tâche sacrée et impressionnante, et, par conséquent, nous nous réjouissons de trouver en d’autres églises chrétiennes des collaborateurs pour l’œuvre de Dieu.

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