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- Histoires d’art -

Les marionnettes parisiennes

Au XVIIe siècle, sur le pont neuf : les deux BriochéAu XVIIe siècle, sur le pont neuf : les deux Brioché

Les deux Brioché étaient les deux plus anciens directeurs de théâtre de marionnettesqui soient restés dans les mémoires :

et à qui on doit l’arrivée en France de Polichinelle

Pierre Datelin, dit Jean Brioché

François Datelin, dit Fanchon Brioché

1567 - 1671

Le père : Le fils :

Au XVIIe siècle, sur le pont neuf : Jean Brioché (1/3)Au XVIIe siècle, sur le pont neuf : Jean Brioché (1/3)

Jean Brioché s’était établi au début du règne de Louis XIV et avait deux professions : arracheur de dents et joueur de marionnettes.

Parmi les rôles que Brioché représentait, il y avait notamment Polichinelle, avec sa femme Jacqueline, le chien Gobemouche, l’archer, l’apothicaire, le bourreau, le diable...

Arracheur de dent par Perugini Marionnettiste de rue par Lemercier de Neuville

Au XVIIe siècle, sur le pont neuf : Jean Brioché (2/3)Au XVIIe siècle, sur le pont neuf : Jean Brioché (2/3)

Il se produisait avec son singe, dénommé Fagotin.

Ce singe « était grand comme un petit homme et bouffon en diable » : • Coiffé d’un vieux vigogne dont la plume masquait le mauvais état,• Une fraise autour du cou, à la Scaramouche,• Un manteau à 6 basques, garnis de passements et d’aiguillettes.

On raconte que Cyrano de Bergerac aurait cru que le singe était un laquais qui lui fit une grimace. Il l’aurait aussitôt tué d’un coup d’épée.

Depuis lors, tout bon marionnettiste se devait d’avoir son Fagotin jusqu’à la fin du XVIIe siècle.

Au XVIIe siècle, sur le pont neuf : Jean Brioché (3/3)Au XVIIe siècle, sur le pont neuf : Jean Brioché (3/3)

En 1669, Brioché fut appelé à Saint Germain en Laye pour divertir le dauphin.Il y gagna la somme de 1 635 livres, somme très élevée pour un saltimbanque de rue.

Le marionnettiste joua pendant 5 mois devant le fils de Louis XIV mais dut partir chassé par Bossuet qui fut chargé de l’éducation du prince en 1670.

Louis de France par Poilly Bossuet par Pierre Devret et Hyacinthe Rigaud

Au XVIIe siècle, sur le pont neuf : François Brioché (1/2)Au XVIIe siècle, sur le pont neuf : François Brioché (1/2)

François Brioché prit la suite de son père. Surnommé Fanchon, il jouait sur la place au nord de la rue Guénéguaud à proximité du pont neuf, dans un endroit appelé Château Gaillard.

Extrait du plan de Bullet de 1676

Au XVIIe siècle, sur le pont neuf : François Brioché (2/2)Au XVIIe siècle, sur le pont neuf : François Brioché (2/2)En 1676, il semble que le marionnettiste se soit installé de l’autre côté du pont. En effet, il obtint alors l’appui du roi pour y jouer des marionnettes, remettant en cause la volonté d’un commissaire du quartier de Saint Germain l’Auxerrois.Toujours est-il qu’on retrouve François Brioché sur le pont neuf en 1695 !

Extrait du plan de Bullet de 1676

En 1676, un artiste surnommé, la Grille, lança le théâtre des Pygmées et qui fut renommé l’année suivant, théatre des Bamboches. Etabli dans le Marais, il joua tout d’abord une pièce en cinq actes : les Pygmées. Ensuite, il y fut jouer une seconde pièce : opéra féérique des Amours de Microton, ou les charmes d’Orcan. Le théâtre ne connut le succès que deux ans et dut fermer sous les réclamations de l’Opéra

Au XVIIe siècle : les rivaux des Briochés : Au XVIIe siècle : les rivaux des Briochés :

Le jeu de paume de Cercilly

Benoît du Cercle

Le théâtre des

Pygmées

En 1668, Archambault, Jérôme, Arthur et Nicolas Féron, danseurs de cordes obtinrent l’autorisation de rajouter à leurs spectacles une représentation de marionnettes. Ils construisirent une loge au jeu de paume de Cercilly à l’enseigne de la Fleur de Lys. Un autre saltimbanque, François Bodinière eut une autorisation semblable.

De son côté, Benoit du Cercle montrait des figures de cire, représentant souverains et personnes célèbres.

Au début du XVIIIe sur les foires Saint Germain et Saint LaurentAu début du XVIIIe sur les foires Saint Germain et Saint LaurentLa foire Saint Germain commençait début février pour finir le dimanche des Rameaux et se déroulait sur la place du marché, près de Saint Germain des prés.Celle de Saint Laurent s’ouvrait le 9 août et finissait le 29 septembre. Elle était située au bout de la rue du Faubourg Saint Denis près de Saint Lazare.

A partir de 1697, les véritables représentations de marionnettes eurent lieu dans les foires Saint Germain et Saint Laurent.

Brioché y tenta une apparition.

Au début du XVIIIe : Alexandre BertrandAu début du XVIIIe : Alexandre Bertrand

Un maître doreur et faiseur de marionnettes y tenta sa chance. C’était Alexandre Bertrand !A Saint Laurent, Bertrand s’était installé en face de la rue de Paradis. Il y joua en 1701 une pièce de Thésée ou la défaite des Amazones, tout en y rajoutant des intermèdes : les amours de Tremblotins et de Marinette.En 1705, il joua Le Ravissement d’Hélène, ou le siège et l’embrasement de Troie, représentée avec ses agréments au jeu des Victoires.

A cette date, apparurent également les marionnettistes Tiquet et Gillot, qui devaient jouer principalement des petites pièces publiques, en reprenant le répertoire de Polichinelle.

Le gendre de Bertrand, Bienfait le remplaça en 1719. Il profita de l’interdiction faite à tous les théâtres forains, en dehors des marionnettes. Il reprit l’auteur de Bertrand, Carolet et il fit jouer notamment en 1724 les eaux de Passy.

Les marionnettes des foires Saint Germain et Saint LaurentLes marionnettes des foires Saint Germain et Saint Laurent

En 1722, un autre directeur de marionnettes avait obtenu le droit de jouer sur les foires : Francisque. Luttant contre l’opéra comique d’alors, il représentait des pièces jouées avec des marionnettes dans une loge dédiée : l’ombre du cocher poête, le rémouleur d’amour, Pierrot Romulus ou le ravisseur poli.

Les compagnies de théâtre obtinrent ensuite qu’un seul acteur ne put parler lors des spectacles de marionnettes. Francisque embaucha Piron pour écrire ses pièces : Arlequin Deucalion.

En 1723, Piron donna d’autre pièces à Francisque : Colombine Nitetis. A cette époqu

Polichinelle lors de l’ouverture de la Polichinelle lors de l’ouverture de la GrandGrand--mère amoureusemère amoureuse en 1726 :en 1726 :

« Monseigneur le public, puisque les comédiens de France et d’Italie, masculins, féminins et neutres, se sont mis sur le pied de vous haranguer, ne trouvez pas mauvais que Polichinelle, à l’exemple des grands chiens, vienne p....r contre le mur de vos attentions et les inonder des torrents de son éloquence.Si je me présente devant vous en qualité d’orateur des Marionnettes, c’est pour vous dire que vous devez nous pardonner de vous étaler dans notre petite boutique une seconde parodie d’Altis. En voici la raison : les beaux esprits se rencontrent ; ergo, l’auteur de la Comédie italienne et celui des marionnettes doivent se rencontrer. Au reste, monseigneur le public, ne comptez pas trouver ici l’exécution gracieuse de notre ami Arlequin ; vous compteriez sans votre hôte. Songez que nos acteurs n’ont pas les membres forts et souples, et que souvent on croirait qu’ils sont de bois. »

La décadence des marionnettes des foiresLa décadence des marionnettes des foires

Les comédiens praticiens français : Voici le nouveau nom pour la troupe de Bienfait choisi en 1746, pour lutter contre la diminution des visites.

En effet, le public parisien commence à se laisser de ces grandes pièces parlées et est avide des nouveautés offertes par les machines.

Il dut rejoindre en 1749 le théâtre de Prévost et s’installa rue de Saintonge, près du boulevard du temple. En 1750, la loge de Bienfait à la foire Saint Laurent est vendue.

C’est le début de la période des marionnettes sur le boulevard du Temple

L’installation sur le Boulevard du TempleL’installation sur le Boulevard du TempleEn 1736, l’égout qui longeait le muraille du Temple est assaini et devint le boulevard du Temple.

A cet endroit, les saltimbanques des foires Saint Germain et Saint Laurent s’y établirent de manière permanente.

Extrait du plan de Turgot de 1739

Marionnettes du boulevard du TempleMarionnettes du boulevard du Temple

Fourré construisit en 1756 son théâtre sur le boulevard mais en introduisant une nouvelle technique : la pièce à machine, qui faisait déjà fureur dans la salle des Tuileries.

C’est Nicolet qui repris le théâtre en 1760 et y fait jouer Arlequin, amant et valet. En 1767, il ouvre à proximité une nouvelle salle (et qui deviendra en 1792 le théâtre de la Gaieté).

Le théâtre de la Gaieté par Potémont sur le boulevard du temple

Marionnettes du boulevard du TempleMarionnettes du boulevard du Temple

Un ancien comédien de l’Opéra Comique, Audinot repris la salle historique de Fouret en 1769 et y installa ses bamboches : des marionnettes caricaturant ses anciens camarades de l’Opéra Comique.

En 1773, les foires Saint Germain et Saint Laurent furent supprimées, victime du succès de la foire permanente du Temple.

Certaines foires locales essayèrent d’en profiter : la foire Saint Clair qui se tenait rue Saint Victor et celles de Saint Ovide place Vendôme puis place Louis XV (future place de la Concorde). Celles-ci donnèrent d’autres lieux de représentations pour les marionnettistes du Temple.

Les marionnettes du Palais RoyalLes marionnettes du Palais Royal

En 1784, une foire permanente fut fondée dans les galeries du duc de Chartres au Palais Royal. Elle avait vocation à attirer ce qui se faisait de mieux dans l’industrie de l’époque. Au peuple le Temple, aux aristocrates le Palais royal !

Dés 1784, les marionnettistes s’y installèrent : les petits comédiens de M. le comte de Beaujolais pour jouer : Momus, directeur de spectacle, il y a un commencement à tout, et Promethée. Toutefois, les marionnettes furent remplacées par des enfants en 1786.

En 1785, Caron s’établit également dans ces lieux en reprenant le nom du Théâtre des Pygmées. Il conduisait lui-même les marionnettes, les faisait parler...

Les ombres chinoisesLes ombres chinoises

A la place du rideau d’un petit théâtre, on plaçait une toile blanche ou du papier huilé. Derrière, on posait de la lumière et on faisait glisser entre les deux des figures mobiles et plates réalisées dans du carton ou de cuir. Ces figures étaient manœuvrés par une main cachée grâce à des tiges, mais aussi leurs membres à l’aide de fils comme les marionnettes.

Ce genre apparait en France à la fin des années 1760 et prend véritablement son essor à partir de 1770.

Ce fut Dominique Séraphin qui porta haut les couleurs des ombres chinoises en France. Celui-ci s’installa à Versailles avant d’aller au Palais Royal en 1784. Ce théâtre survécut à la Révolution et continua dans la première moitié du XIXe siècle.

L’arrivée sur les Champs Elysées et l’avènement de GuignolL’arrivée sur les Champs Elysées et l’avènement de GuignolVers la fin du XVIIIe siècle, on aménagea progressivement la promenade des Tuileries et de Cours la Reine : les futurs Champs Elysées. C’est là qu’à cette date, des marionnettistes s’installèrent, loin du tumulte du boulevard du Temple.

Plus proches des parisiens, ils y jouèrent Guignol et y connurent le succès pendant tout le XIXe siècle.

Extrait du plan de Jaillot de 1775 - 1778

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Sources bibliographiques : ◦ Magnin, Charles. Histoires des marionnettes en Europe depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours. Paris 1862.

◦ Lemercier de Neuville. Marionnettes.

Crédit image : Bibliothèque Nationale de France

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