la machine a démonter le temps et l'espace 001
DESCRIPTION
Au sommaire de ce premier numéro, un article sur Guy Brunet et un autre sur le quatrième et dernier volet de la série Ghoulies.TRANSCRIPT
GUY BRUNET / JIM WYNORSKI'S GHOULIES IV
Numéro 001 Juillet 2015
Rassurez-vous pour commencer : malgré les
trois premiers quarts de son titre, cette nouvelle
publication n'est pas un hommage déguisé au
film réalisé par Steve Pink en deux mille dix (la
comédie «Hot tube time machine» que nos voi-
sins bouffeurs de camembert ont cru intelligent
de rebaptiser, avec leur pertinence coutumière,
«La machine à démonter le temps». On pourrait
d'ailleurs se mettre tout de suite à discuter des
compétences linguistiques et du bon goût des
distributeurs franchouillards mais ça risquerait
d'en fâcher plusieurs et on a encore le temps
pour ça — ou disons que ça arrivera de toute
façon bien assez vite tout seul sans précipiter
les choses...).
Une question demeure toutefois, peut-être...
Quel intérêt, après une quinzaine d'années de
fanzinat de combat qui ne m'a jamais rien ap-
porté si ce n'est des inimitiés durables (et deux
entrées gratuites à une des premières éditions du
«Nifff», davantage par condescendance qu'autre
chose) bref, quel intérêt, à une époque où n'im-
porte quel crétin à la limite de l'illétrisme se
permet de compiler des listes «imdb» de films
qu'il n'a pas vu mais qu'il sait, pour l'avoir lu
ailleurs, qu'ils sont tout pourris ; quel intérêt,
demanderais-je encore, quand ce même crétin
s'associe à une bande de mous du bulbe tout
autant navrants que lui pour lancer un blog
rempli de pubs (il n'y a pas de petits profits !),
où la quantité de fautes d'orthographe, de gram-
maire et / ou de syntaxe le dispute à la quantité
de lieux communs pseudocinéphiliques, bref,
quel intérêt de vouloir proposer un énième fan-
zine critique ?
Eh ! bien aucun, justement et c'est ça la beauté
du truc. Bonne lecture !
Guy Brunet
En rédigeant cet article, j'aurais assez envie
d'être méchant. Pas tant envers Guy Brunet lui-
même (qui pense et fait ce qu'il veut, de sa vie
comme de son temps libre, bien que je n'aie
aucune sympathie ni pour son oeuvre, ni pour
ses propos) qu'à l'encontre de ses récents lauda-
teurs.
On nous le présente comme un amoureux du
cinéma. Il n'apprécie à la vérité que les grosses
bouses hollywoodiennes d'avant mille neuf cent
soixante et quelques saletés genre «qualité fran-
çaise». Après, il passe direct à la télévision, aux
feuilletons de l'«ORTF» et à Claire Chazal (mi-
sère !), ne se gênant en revanche pas pour affir-
mer publiquement toute son horreur du septiè-
me art moderne et en particulier de son versant
politique ou social dont la violence le choque
(alors que cela devrait plutôt être la violence de
cette société ultracapitaliste, dont Hollywood
est une des émanations les plus fétides, qui
devrait le scandaliser).
On loue son coup de pinceau, alors que tant au
niveau de la ressemblance des acteurs que du
respect des proportions, il peine même à égaler
les résultats pourtant déjà bien peu probants des
si décriées affiches fantaisistes produites au
Ghana.
On loue enfin son érudition, alors que générale-
ment l'énumération tient lieu d'intelligence à
son propos.
Quant à ses films eux-mêmes, il semblerait
qu'il faille au moins avoir le cerveau aussi gril-
lé par l'abus prolongé de drogues diverses que
celui de Jean-Pierre Bouyxou pour y déceler la
moindre once de poésie.
Ainsi, moi qui suis abstème depuis plus de
vingt ans, je n'ai vu, dans son documentaire
«Quand la danse est reine» (diffusé en boucle
tout au long de l'exposition «Guy Brunet réali-
sateur — Les studios Paravision», à la «Col-
lection de l'Art Brut»), qu'une morne suite
d'extraits de comédies musicales entrelardée de
boniments vaseux débités par un Monsieur
Loyal à l'accent impayable.
Et pour ce qui est du reste de son «oeuvre», ces
fameuses fictions «interprétées» par des silhou-
ettes en carton auxquelles il prête sa voix, un
restant de charité chrétienne m'interdit de dire
ce que j'en pense véritablement. Surtout, je ne
voudrais pas être traîné en justice pour insulte,
mon compte de chèque postal n'y résisterait
pas...
En revanche, je ne peux m'empêcher de tirer un
parallèle entre la récupération du travail de ce
pauvre hère par les charognards de la presse
bourgeoise et les glandus branchés de la blo-
gosphère avec ce qui c'était passé, il y a quel-
ques années, pour les «nollywooderies» dont
aujourd'hui plus personne ne parle. Aussi, je
terminerai ce papier, avec ma méchanceté habi-
tuelle, en conseillant vivement à Guy Brunet de
bien profiter de sa récente renommée car elle
ne risque certainement pas, malheureusement
pour lui, de durer très longtemps.
Pour commencer, quelques précisions...
Ce chapitre est considéré comme le pire de la
série. Je ne saurais que vous répondre, je n'ai
pas souvenir d'avoir jamais vu les autres.
Jim Wynorski est volontiers catalogué parmi
les pires cinéastes de tous les temps. Là aussi,
je ne saurais que vous répondre, du moment où,
n'«entendant» pas les infâmes accents ricains et
refusant de me taper les films en vf (autant ju-
ger d'un tableau de maître par sa reproduction
en carte postale !), je n'ai plus vu la moindre de
ses oeuvres depuis bientôt quinze ans.
Ce que je sais en revanche, c'est que le bon
Jim, durant la première décennie de sa carrière
en tout cas (qui s'étend de la moitié des années
huitante à la moitié des années nonante), savait
torcher d'agréables couillonneries décontractées,
telles «Le vampire de l'espace», «La créature
du lagon : le retour» ou, justement, ce «Ghou-
lies IV».
Certes, comme tout un chacun s'est senti obligé
de le faire noter (c'est terrible quand même, le
conformisme des amateurs de fantastique et la
pauvreté de leur pseudoculture cinématographi-
que !), les ghoulies ne sont plus, dans cet opus,
des marionnettes animées mais des «petites
personnes» déguisées. Et certes, on peut le re-
gretter (personnellement, je m'en fous un peu).
Toutefois, condamner le film uniquement (ou
tout au moins principalement) à cause de ça,
relève de l'aberration mentale.
Il y a assez d'autres choses délectables tout au
long du métrage, que ce soit son humour ado-
lescent, lourdement sexué et scato (le braquage
du supermarché, où on sent le plaisir du réali-
sateur à faire exploser des boîtes de céréales ;
les dialogues à double sens entre le héros et son
ex-coéquipière ; cet ahuri de Scotty, traumatisé
après sa première intervention, qui dégueule
partout — il n'y avait pas encore de cellule de
soutien psychologique, à l'époque !) ou l'ap-
pétissante plastique des interprètes feminines
(quoique celle de Peter Liapis ne soit pas mal
non plus).
Bien sûr, on peut se demander l'intêret (à part
purement mercantile d'essayer de capitaliser sur
une franchise rémunérative) de tourner un nou-
veau «Ghoulies» quand la participation desdits
ghoulies est aussi limitée et qu'ils ne semblent
jamais être les vrais protagonistes de l'histoire,
se bornant le plus souvent à interférer vague-
ment avec elle... On peut tout autant ne pas se
le demander et juste profiter du spectacle. Sur-
tout que ce «Ghoulies IV» est aussi vraisembla-
blement le seul titre de la tétralogie qui ait la
moindre connection scénaristique, autre que la
présence des affreux petits démons, avec le
premier chapitre de la saga puisque c'est le seul
où réapparaît le personnage de Jonathan
Graves. Ce qui permet d'ailleurs à Wynorski, ce
vieux roublard éduqué à l'école Corman, de
placer deux stock-shots tirés du film de Luca
Bercovici comme flashback. Pas tant pour éco-
nomiser de la pellicule que pour laisser croire
aux fans, ces nigauds, que les ghoulies auront
toujours la même (sale) gueule (les deux
séquences en question apparaissent d'ailleurs
complaisamment dans la bande-annonce origi-
nale — sacré Jim !).
Personnellement, même si le procédé est fran-
chement malhonnête, il me gêne moins (en cela
que les extraits restent connectés à l'intrigue)
que l'apparition éclair du personnage de la con-
servatrice du musée. Personnage jeté là unique-
ment dans le but de réutiliser l'impressionnante
séquence de voiture possédée du précédent
«976-Evil II» et sans aucune implication scéna-
ristique. L'espèce de sous-sous-intrigue rapide-
ment improvisée pour justifier ce recyclage
avortant à l'instant même où ladite bagnole
explose, puisqu'il ne sera plus question ni de la
conservatrice, ni de son mystérieux commandi-
taire jusqu'à la fin du métrage.
Pour terminer sur une note un peu plus joyeuse,
il y a heureusement encore beaucoup d'autres
choses à signaler, comme le fait que la fliquette
Kate (répétez ça dix fois de suite très vite, ça va
vous faire rire !) mise à part, toutes les femmes
qui apparaissent à l'écran pratiquent ce que cer-
tains nomment le plus vieux métier du monde,
que parmi les seconds rôles, il y a l'hilarant Ace
Mask, «tronche» impayable (qui reprend ici
son personnage du Docteur Rochelle, déjà pré-
sent dans «Le vampire de l'espace») et que si la
scène où Jonathan Graves téléphone à l'asile
d'aliénés ne vous surprend, ni ne vous déride au
moins, je ne sais vraiment plus quoi faire pour
vous — à part vous conseiller de consulter...
Introuvable en DVD zone 2, le film circule sur
le net dans un pathétique repack vf d'époque
(trop la honte !). Bonne vision quand même !
Stéphane Venanzi
La machine à démonter le temps et l'espace Publication mensuelle (si tout va bien) éditée par «Les éditions de la saucisse et du saucisson». Numéro 1, juillet 2015 Tous les textes sont de Stéphane Venanzi. Quant aux photos, qui demeurent la propriété de leurs ayant-droits, elles sont reproduites ici uniquement à titre d'exemple. Abonnement pour 1 année (12 numéros) : 10 francs suisses à verser sur le CCP 87-190546-6 au nom de Stéphane Venanzi.