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Albert Legault La Fête des sens ou L’Importance des cinq sens chez 15 écrivains

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La Fête des sens ou L’Importance des cinq sens chez 15 écrivains

Albert Legault

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Albert Legault

La Fête des sens ou L’Importance des cinq sens

chez 15 écrivains

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Résumé

Cette étude vise trois objectifs. Le premier consiste à décortiquer l’organisation sensorielle des cinq sens (la vue, l’ouïe, le goût, l’odorat et le toucher) chez 15 écrivains, à partir d’une analyse de contenu de leurs œuvres. Le second vise à établir la répartition relative des sens à l’intérieur des œuvres de chacun des 15 auteurs choisis. Et le troisième, à comparer le poids relatif de chacun des sens pour ces mêmes auteurs. Les quinze auteurs retenus sont Balzac, Baudelaire, Corneille, Daudet, Flaubert, Hugo, La Fayette, Molière, Montaigne, Montesquieu, Rabelais, Racine, Sand, Stendhal et Voltaire. À la lumière d’une analyse de contenu poussée, il est possible de tirer les conclusions qui suivent.

Pour la vue, La Fayette, Marivaux, Molière et Montesquieu sont des visuels de première classe, mais quatre auditifs se distinguent des autres : Corneille, Daudet, Hugo et Sand. Les différences d’écarts relatifs entre la vue et l’audition sont les plus faibles chez ces auteurs. En matière d’odorat, Daudet et Baudelaire se démarquent de tous les autres auteurs, mais trois autres possèdent de grandes qualités olfactives. Ce sont Sand, Montaigne et Stendhal. En revanche, La Fayette et Marivaux peuvent être classés dans la catégorie des « littéraires anosmiques ». Sur le plan du « goût » qui reste intimement lié à l’olfaction, les seuls écrivains qui paraissent quelque peu émerger d u g r o u p e sont Montaigne et Baudelaire. Ces deux derniers écrivains accordent aussi une grande attention au « toucher ». Dans la même foulée, Sand, Flaubert et Hugo peuvent aussi être considérés comme des écrivains « tactiles ». Plus globalement cependant, seuls quatre écrivains remportent la palme en matière de multisensorialité. Baudelaire

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et Montaigne s’écartent des normes établies par rapport aux autres auteurs, tandis que Sand et Hugo, mais aussi Flaubert, talonnent de près ces deux premiers écrivains, plus particulièrement en ce qui a trait au toucher et à l’olfaction. Par ailleurs, après la vue et l’ouïe, le toucher reste le sens prédominant pour tous les écrivains. La seule exception au tableau est Baudelaire dont le sens de l’odorat prédomine sur celui du toucher.

ABSTRACT

This study has three objectives. The first objective aims at establishing a pattern of the overall importance of the five senses amongst 15 authors. The second one breaks down the relative importance of each sense for each author. And the third one compares the relative importance of the five senses amongst the 15 authors. The authors studied are Balzac, Baudelaire, Corneille, Daudet, Flaubert, Hugo, La Fayette, Molière, Montaigne, Montesquieu, Rabelais, Racine, Sand, Stendhal et Voltaire. Following a thorough content analysis of the litterary corpus of these authors, the following conclusions emerge.

La Fayette, Marivaux, Molière and Montesquieu are first class visual authors, whereas Corneille, Daudet, Hugo and Sand are more auditory prone than the others. The relative scope of differences between vision and hearing is the least pronounced with these four authors. As regards olfaction, Baudelaire and Daudet stand out as great olfactive authors, but others follow not too far behind, such as Sand, Montaigne and Stendhal. Some, such as La Fayette and Marivaux, are simply « anosmic ». Two authors also emerge for their « tasting » abilities. These are Montaigne and Baudelaire. Three authors, Sand, Flaubert and Hugo, stand out for the importance they attach to the sense of touch. But very few authors, with the exception of Baudelaire and Montaigne, can claim to be multisensorial. Sand, Hugo and Flaubert are those that follow immediately after. For all authors, the sense of touch is the most developed after seeing and hearing, but with one exception : Baudelaire’s sense of olfaction comes before his sense of touch.

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Cette étude vise à décortiquer l’organisation sensorielle des cinq sens (la

vue, l’ouïe, le goût, l’odorat et le toucher) chez 15 écrivains, à partir d’une analyse de contenu de leurs œuvres. La liste des descripteurs retenus figure en Annexe. Cette dernière contient certains éléments explicatifs et quelques ajouts d’information complémentaires. Dans ce texte, nous nous limitons essentiellement à des œuvres choisies d’auteurs ayant vécu au cours des seizième, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles. D’abord parce que nous avons tous eu l’occasion de lire quelques passages des uns et des autres, mais ensuite parce que plusieurs textes sont désormais disponibles « en ligne », grâce au dévouement des copistes de l’ABU (Association des Bibliophiles Universels). Cette dernière, créée en 1993, dispose en 2014 de 288 textes provenant de 101 auteurs (voir http://abu.cnam.fr). Il faut aussi signaler Gallica, la Bibliothèque nationale de France, qui donne accès à 70 000 ouvrages numérisés. En outre, les travaux du professeur Étienne Brunet de Nice, qui a eu l’idée fort à propos de créer Le Dictionnaire des fréquences de Balzac, intégrant plus de 40 romans de cet auteur, nous ont convaincu que nous disposions désormais d’un échantillon de base, à partir duquel il devenait possible de constituer une liste de descripteurs communs d’un corpus d’analyse à un autre. Le Dictionnaire des fréquences de Balzac peut être trouvé à l’adresse suivante : http://134.59.31.1/~brunet/ BALZAC/IMAGES/DICOFREQ/a.htm. Notons enfin l’utilité du logiciel d’analyse de contenu – Hyperbase – capable de traiter des corpus littéraires lourds et complexes. Sans l’existence de ce logiciel, nous ne nous serions peut-être jamais attelé à cette tâche. Le corpus consulté est de taille : pour Balzac, plus de quatre millions de mots ; pour les 14 autres écrivains, plus de deux millions de mots. Sur la méthodologie utilisée, nous renvoyons le lecteur à l’Annexe citée.

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Bien sûr, les profils sensoriels ne représentent pas une image scientifique de l’architecture sensorielle des écrivains. Ils ne font que fournir au lecteur un reflet de l’importance relative que chaque auteur accorde aux différents sens. Il s’agit donc d’une matrice de leurs sens ou, si l’on veut, du degré deux de la symbolique, celui de l’écriture littéraire, celui de l’expression des sens dans la littérature, et partant, celui du rayonnement des sens dans leurs œuvres. L’analyse de contenu nous permet cependant de vérifier deux choses : la répartition relative des sens à l’intérieur des œuvres d’un auteur, d’une part, et le poids relatif de chacun des sens pour ces mêmes auteurs, d’autre part.

Plusieurs ouvrages scientifiques traitent des cinq sens. Mentionnons L’ouvrage des sens de Guy Lazorthes qui ne vieillit pas en dépit de sa date de publication1. Par ailleurs, l’ouvrage de Jean-Didier Bagot sur la vue et l’ouïe2, ainsi que celui d’André Holley sur l’odorat3, nous ont été indispensables pour la rédaction de cette étude. Qu’ils en soient remerciés. Tout autant que la maison De Boeck (Bruxelles) ou les éditions Pradel, dont les ouvrages sur les neurosciences constituent des merveilles de l’édition, tant sur le plan anatomique que sur celui de la qualité des planches et de la présentation graphique des textes4.

Un mot sur la méthode. Aucune méthode d’analyse n’est parfaite et nous soulignons certaines difficultés tout au long de notre parcours, dont notamment le sens polysémique de plusieurs mots. Il a donc fallu « décanter » les corpus littéraires pour les purifier, c’est-à-dire rejeter les expressions utilisées au sens figuré et ne retenir que les « lemmes » (ou descripteurs) qui désignaient les sens ou leurs expressions au sens propre

1 Guy Lazorthes, L’ouvrage des sens, Paris, Flammarion, 1986, 228 p., ci-après cité Lazorthes, op. cit. 2 Jean-Didier Bagot, Information, sensation et perception, Paris, Armand Colin (Collection cursus), 1999, 192p. Ci-après cité, Bagot, op. cit. Voir aussi Jean-Didier Bagot, Christine Ehm, Roberto Casati, Jérôme Dokic et Élisabeth Pacherie, L’ABCdaire des Cinq Sens, Paris, Flammarion, 1998,120p, ci-après cité L’ABCdaire, op. cit. 3 André Holley, Éloge de l’odorat, Paris, Éditions Jacob, 1999, 273p. 4 Voir en particulier Dale Purves, Goerge J. Augustine, David Fitzpatrick, Lawrence C. Katz, Anthony-Samuel LaMantia, James O. McNamara, Neurosciences, Paris, Bruxelles, 1999, 602p., ci-après cité Neurosciences, op. cit. et Mark F. Bear, Barry W. Connors et Michael A. Paradiso, Neurosciences : À la Découverte du cerveau, Paris, Éditions Pradel, 1999, 654p., ci-après cité À la découverte du cerveau, op. cit.