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Objectif Inria 2020 Plan stratégique

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Depuis 1994 Inria conduit régulièrement un exercice de prospective et de stratégie qui se traduit par la rédaction d’un plan stratégique pluriannuel pour l’institut. La réflexion pour ce nouveau plan stratégique, couvrant la période 2013 – 2017, a été marquée par une rupture encore plus fondamentale que les précédentes, car ce sont aujourd’hui la société dans son ensemble, et tous nos concitoyens, qui doivent faire face à une véritable révolution numérique. Les sciences informatiques et mathématiques, au coeur de nos activités, jouent un rôle central dans cette révolution qui impacte ainsi particulièrement notre institut. Le présent plan stratégique vise à positionner nos recherches et les innovations qui en sont issues, afin qu’elles contribuent à cette révolution, mais aussi qu’elles aident nos concitoyens à la comprendre et à y participer pleinement.

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Objectif Inria 2020

Plan stratégique

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introduction • objectif inria 2020

depuis 1994 inria conduit régulièrement un exercice de prospective et de stratégie qui se traduit par la rédaction d’un plan stratégique pluriannuel pour l’institut. La réflexion pour ce nouveau plan stratégique, couvrant la période 2013 – 2017, a été marquée par une rupture encore plus fon-damentale que les précédentes, car ce sont aujourd’hui la société dans son ensemble, et tous nos concitoyens, qui doivent faire face à une véritable révolution numérique. Les sciences informatiques et mathématiques, au cœur de nos activités, jouent un rôle central dans cette révolution qui impacte ainsi particulièrement notre institut. Le présent plan stratégique vise à positionner nos recherches et les innovations qui en sont issues, afin qu’elles contribuent à cette révo-lution, mais aussi qu’elles aident nos concitoyens à la comprendre et à y participer pleinement.

Pour nous accompagner et nous aider à réfléchir à notre futur, nous avons fait appel aux compétences et à la vision de personnalités aux profils très différents : nos personnels bien sûr mais aussi des prospecti-vistes, des industriels, des entrepreneurs, des chercheurs de toutes disciplines, des penseurs et des philosophes. ces témoignages, ces opinions parfois radicales, ont été des éléments essentiels de notre réflexion. Parmi ces grands penseurs, nous avons à plusieurs reprises pu échanger avec Michel Serres. Sa vision de l’évolution des sciences humaines et sociales suscitée par la lecture de notre plan stratégi-que et que nous reproduisons ci-dessous illustre parfaitement les questions difficiles, portant parfois leurs propres contradictions, que collectivement nous ne pouvons et nous ne devons pas ignorer. Son propos personnel, visionnaire et incisif illustre les profondes réflexions et évolutions qui sont en cours et que nos sciences ont pour devoir de contribuer à éclairer.

dans un contexte scientifique extrêmement concurrentiel et pour contribuer au meilleur niveau mondial, nous devons faire des choix, résultats d’une élaboration concertée au cœur de l’institut, et savoir les expliquer à nos partenaires nationaux et internationaux. ce plan stratégique nous permet d’expliciter nos choix et de nous organiser pour contribuer à résoudre les défis, nombreux et difficiles qui se posent à nos sciences et à la société numérique. La dynamique de cette révolution est telle que, tout en avançant dans la résolution des défis que nous nous sommes donnés, nous aurons bien entendu à adapter régulièrement ce plan à des évolutions et sollicitations particulièrement rapides.

ces défis nécessiteront de rassembler toutes les compétences et les collabo-rations nécessaires à leur résolution tant en interne qu’en externe, nationalement et internationalement. comme nous le faisons depuis longtemps avec les chercheurs des sciences de la matière et ceux des sciences de la vie et de la santé, nous souhaitons travailler en partenariat avec les chercheurs et experts des sciences humaines et sociales. nous avons besoin de collaborer avec eux pour mieux com-prendre les évolutions de la société, pour les analyser conjointement et y contribuer, et relever ainsi les défis exaltants qui se posent aux sciences du numérique.

Michel CosnardPrésident directeur général d’inria

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Le langage sculpta l’homme. avec l’écriture, commença l’histoire. L’imprimerie relança tout cela, au point que nous nommons renaissance le temps de son avènement. ces trois transformations majeures du couple sup-port-message – corps-parole, papier-texte, livres imprimés – induisirent des changements globaux plus décisifs dans l’humanité, les collectifs, le droit, la politique, les villes, les sciences et les religions… que ceux, souvent cités mais mille fois moins efficaces, causés par des choses dures, pierre taillée ou polie, âge du bronze, révolution industrielle. L’informatique opère aujourd’hui une quatrième coupure qui ouvre, une fois encore, un monde nouveau, celui dont le programme d’inria fait le bilan et prépare les renouvellements, parfois difficiles à prévoir.

Scientifique, ce nouveau monde mobilise plusieurs disciplines, puisqu’il déploie l’éventail qui sépare et unit les méthodes numériques aux sciences de la vie et de la terre, en passant par la physique et la chimie. technique, il se peuple de réseaux et de machines. il transforme enfin de fond en comble nos conduites et préoccupations sociales, économiques, politiques, environnementales, pédagogiques, médicales, personnel-les, éthiques… nous vivons le moment de bascule entre un ancien monde et le nouveau.

L’informatique crée le monde dans lequel nous travaillons, vivons et pensons. Qu’elle s’occupe des conséquences et du suivi de ses propres inven-tions, quoi de plus normal ? Qu’elle prolonge ses exploits scientifiques et techniques, voilà le programme et ses projets. Qu’elle s’occupe, de plus, des conduites humaines induites par ces technologies, voilà des obligations inattendues, mais rendues nécessaires par le fait même que toute recherche, tout projet, tout développement concernant le numérique touchent aujourd’hui, je l’ai dit, l’ensemble de la société, l’enseignement, la santé, la politique, bref nos relations et nos ins-titutions. or ces conduites humaines se trouvent, jusqu’à présent et, compte tenu des inerties collectives, sans doute encore pour longtemps, formatées dans et par le monde issu des précédentes révolutions, celles du langage oral, de l’écriture et de l’imprimerie… – même l’ordinateur s’ouvre comme un livre, dont l’écran reste encore une page qui se lit souvent ligne à ligne ! donc le moment de bascule se double d’un changement auquel la société n’est pas toujours prête et résiste parfois. ce changement de phase provoque des crises.

d’où la seconde question concernant l’interdisciplinarité. autant la première, fédérant les sciences dures, peut ne trouver d’obstacle que la bonne ou mauvaise volonté de ses participants, autant celle qui cherche à lier les sciences dures aux « douces » ne va pas de soi. Voici pourquoi.

je le répète, les révolutions précédentes, celles de l’écriture et de l’imprimerie, ont si longuement et profondément sculpté, modelé, formaté… nos politiques, notre droit, nos mœurs, idées, relations, bref nos vies personnelles et sociales que nous ne nous rendons plus compte de

La ViSion d’un grand téMoin de notre teMPS • VerS de nouVeLLeS ScienceS huMaineS ?

Michel SerresPhilosophe, historien des sciences

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l’action profonde qu’exercent sur nous les anciens modèles issus de la parole, de l’écrit, de l’imprimé… si profonde même que certains d’entre nous pensent que l’état précédent celui d’aujourd’hui consti-tue notre « nature ». évoqué à plusieurs reprises dans le rapport, le couplage pluridisciplinaire des sciences numériques avec les savoirs sociaux et humains se heurte donc à autre chose qu’à de la bonne volonté. ces derniers, en effet, décrivent les collectifs et les individus qui forment actuellement nos sociétés occidentales, ou ceux des collectifs historiques, voire préhistoriques. or, je le répète encore, tous et toutes furent, depuis des siècles et même des millénaires, longuement modelées, puissamment formatées ou par l’état unique-ment oral ou par les révolutions successives de l’écriture et de l’im-primerie ; les réseaux divers de relations humaines, les institutions de pouvoir, de santé, d’enseignement et de recherche, les organisations collectives, mieux encore, le fond cognitif qu’expriment la littérature, les arts et les philosophies dépendent étroitement de ces pratiques séculaires et même millénaires. du coup, aussi précises, aussi rigou-reuses qu’elles soient, les descriptions qu’en dessinent les sciences humaines et sociales en dépendent, ainsi que les méthodes qu’elles utilisent. heurtées de plein fouet par la nouvelle donne, elles peuvent, outillées par l’état qui la précède, la recevoir et la comprendre mal. comment ces savoirs-là, conditionnés par ces formats, aideront-ils à comprendre le monde nouveau et à en prévoir les développements, issus des techniques numériques ? reflétant donc le changement de phase dont je parlais tantôt, l’interface entre les disciplines dures et humaines entre en crise aussitôt.

autrement dit, l’informatique produit des réseaux de relations inédites et des institutions à l’état naissant, des individus originaux et des collectifs insolites. comme la plupart des recherches scientifiques et techniques d’aujourd’hui, elle pose, de surcroît, des questions d’éthique, concer-nant la vie privée des individus et publique des collectifs. Seul, un renouvellement parallèle des sciences humaines les rendrait capables de comprendre et de décrire ces nouveautés-là, mêlant avantages incontestables et risques imprévus. non seulement pour l’avenir des recherches propres à inria, mais aussi pour le futur de nos sociétés, peut-être vaudrait-il mieux que les artisans de l’informatique forment leurs propres chercheurs aux sciences sociales et aux questions éthiques, quitte à les remodeler, plutôt que d’aller chercher dans ces disciplines telles qu’elles existent aujourd’hui, des chercheurs autrement formatés.

Quitte à les remodeler ? exemple : que la masse énorme des données mondiales concernant la démographie, les transports, l’économie, agriculture, industrie, finance et commerce, l’enseignement et la recherche, l’état de santé des populations, celui de la planète… devienne accessible au plus grand nombre, alors qu’hier même le plus puissant des tyrans ou le plus savant des législateurs n’en disposaient pas, voilà un fait propre à faire bifurquer, peut-être plus vite qu’on ne s’y attend, les institutions politiques et les sciences qui en parlent, l’expertise se déplaçant brutalement du sommet de quelque pouvoir ou des analyses de rares spécialistes, aux anciens sujets dans leur quasi totalité. cela renverse la forme même, séquentielle, de la société. tout se passe alors comme dans un jeu où l’informatique, prenant l’initiative et jouant les premiers coups, en remodèlerait les règles et la forme même de l’échiquier. allégée soudain par ces innovations mobilisatrices, l’inertie socio-politique, massive, peut fondre ou se liquéfier.

j’ajoute un doute à ce pari, trop dynamique et peut-être forcé : cette inertie collective, le frein issu des soupçons, le refus de nouveauté, bref les conservatismes ne jouent pas toujours négativement, car ils peuvent servir aux décideurs et même aux inventeurs de halte réflexive et de ralentissement sapiential.

je persiste cependant : l’avenir politique de nos collectivités est une chose trop sérieuse pour être laissée aux mains et aux réflexions des hommes et des sciences politiques ; et leur destin humain et social est une chose trop sérieuse pour que nous la laissions dépendre des sciences sociales ou humaines actuelles.

1 Introduction Objectif Inria 2020

2 La vision d’un grand témoin de notre temps Vers de nouvelles sciences humaines ?

6 Mission et identité

ProSPectiVe ScientifiQue 11 Des défis des sciences du numérique

• les systèmes• les données• les interactions et les usages • les modèles

18 Les défis posés au numérique par les autres domaines scientifiques ou sociétaux• la santé et le bien- être• l’énergie et les ressources naturelles• l’environnement et le développement durable• la société et l’éducation

objectifS StratégiQueS d’inria 27 Stratégie scientifique

• le positionnement de la stratégie scientifique• les principes d’implication scientifique• Des sciences utiles à l’humain, à la société et la connaissance— L’humain en tant que tel : santé et bien- être— L’humain et ses environnements : de l’individu à la société,

de l’habitat à la planète— L’humain et la connaissance : émergence, médiation et éducation• les recherches prioritaires au cœur de nos sciences— calculer le futur : modèles, logiciels et systèmes numériques

> Le défi de la modélisation multi- échelle intégrant les incertitudes> Le défi des très grands systèmes numériques, embarqués

ou enfouis et des systèmes de systèmes> Le défi de la programmation des très grands logiciels prenant

en compte les impératifs de fiabilité, de sûreté et de sécurité— Maîtriser la complexité : données, réseaux et flux

> Le défi de la transformation du déluge de données en bibliothèques de connaissances dignes de confiance

> Le défi d’une cyber- communication généralisée, sûre et respectueuse de la vie privée

— interagir avec les mondes réels et numériques : interactions, usages et apprentissage

> Le défi de l’apprentissage non supervisé> Le défi d’une interaction transparente entre l’homme

et son environnement numérique

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37 Stratégie de transfert• inria dans un système français en pleine mutation• Partenariats industriels• transfert technologique

40 Stratégie de développement technologique et d’expérimentation

41 Stratégie européenne et internationale• l’europe : une priorité stratégique d’inria• l’international : conforter l’impact de nos collaborations

43 Stratégie de déploiement territorial

MiSe en ŒuVre de La Stratégie 50 Impliquer les équipes- projets dans de nouveaux défis

avec les Inria Labs

52 Faire d’Inria et de ses centres de recherche une référence en sciences du numérique

53 Faire d’Inria un catalyseur du développement de l’économie numérique• augmenter la performance de l’institut pour les partenariats

industriels et le transfert• accompagner la croissance des PMe / eti de l’édition

logicielle• augmenter les interactions avec les leaders mondiaux• assumer le rôle de leader français du transfert

technologique dans le domaine logiciel

56 Faire savoir

57 Consolider les leaderships européen et mondial

58 Développer le capital humain : compétences et potentiels• rester attractif• Développer et capitaliser les compétences• cultiver le sens du collectif

61 Développer la qualité et l’efficience des services de soutien à la recherche et de support• améliorer le pilotage et mettre en place des méthodes

et des processus adaptés• structurer l’offre de service et améliorer sa qualité• bâtir un système d’information plus complet et plus agile• faire évoluer l’information scientifique et technique

et l’organisation des manifestations scientifiques

63 Dynamiser veille, prospective et stratégie

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MiSSion et identité

dans le cadre de son décret fondateur d’ePSt national sous double tutelle des ministères en charge de la recherche et de l’industrie, inria a pour missions de produire une recherche d’excellence dans les champs informatiques et mathématiques des sciences du numérique (voir l’encadré « Sciences du numérique et sciences numériques »), et de garantir l’impact, notamment économique et sociétal, de cette recherche. inria couvre l’ensemble du spectre des recherches au cœur de ces domaines d’activités, et intervient sur les questions, en lien avec le numérique, posées par les autres sciences et par les acteurs économiques et sociétaux.

La société vit une « transformation numérique » dont les conséquences sur l’en-semble des activités humaines sont encore extrêmement loin d’être comprises et maîtrisées et qui met en jeu de nombreux acteurs au-delà du monde de la recherche. Le rôle fondamental de la recherche en numérique et d’inria est de construire des connaissances et d’inven-ter des solutions et des technologies pour la société numérique. La valeur ajoutée d’inria est dès lors sa capacité à amplifier et accélérer les impacts scientifique, technologique, économique et sociétal de la recherche académique française dans le domaine du numérique, en tirant parti de l’assemblage unique de compétences mises en œuvre, de ses savoir-faire et de sa notoriété internationale, au bénéfice du développement économique et social de la france et de l’europe.

Mission statutaire

d’Inria

• Créé en 1967 dans le cadre du plan calcul, l’IRIA est devenu institut national en 1979 et a pris le statut d’EPST en 1985, comme Institut national de recherche en informa-tique et en automatique (Inria), sous double tutelle des ministères en charge de la recherche et de l’industrie.

Ses missions sont : 1 • d’entreprendre des recherches fondamentales et appliquées ; 2 • de réaliser des systèmes expérimentaux ; 3 • d’organiser des échanges scientifiques internationaux ; 4 • d’assurer le transfert et la diffusion des connaissances et du savoir-faire ; 5 • de contribuer à la valorisation des résultats des recherches ; 6 • de contribuer, notam-ment par la formation, à des programmes de coopération pour le développement ; 7 • d’effectuer des expertises scientifiques ; 8 • de contribuer à la normalisation.

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La stratégie d’inria est fondée sur :• une politique scientifique définie au niveau national, basée sur une programmation stratégique et sur la mise en place de dispositifs opé-rationnels de soutien à la recherche ;• une politique de transfert au bénéfice de l’ensemble du système de recherche et d’innovation français ;• une politique d’attractivité, d’originalité et de culture de talents, fon-dée aussi sur l’accueil de personnels en mobilité ;• un ancrage régional au cœur des pôles universitaires et des écosys-tèmes économiques et sociaux innovants ;• un déploiement européen et international à même de donner un effet de levier aux acteurs français ;• une implication dans les dispositifs d’enseignement, de médiation scientifique et de formation.

acteur européen et international, inria est opérateur national de recherches en sciences du numérique et est un interlocuteur privilégié de l’état pour les questions du numérique. il est membre fondateur d’allistene, l’al-liance des sciences et technologies du numérique. L’institut déploie sa politique nationale via ses centres de recherche, en se positionnant comme acteur et partenaire des politiques régionales menées par les entités académiques, économiques et sociétales.

au-delà des structures, ce qui fait l’identité et la force d’inria c’est sa capacité à développer une culture de l’innovation scientifique, à stimuler la créativité de la recherche en numérique en se donnant les moyens de comprendre l’environnement dans lequel nous évoluons, d’anticiper les tendances lourdes qui affectent ses domaines par une veille et une ouverture au monde extérieur fortes, de soutenir les recherches dans lesquelles il croit, en sachant en assumer les risques scientifiques.

Équipes-projets, Inria Labs et

centres de recherche Inria

• Pour conduire ses recherches, Inria s’appuie sur des équipes-projets combinant des compétences au cœur des sciences informatiques et mathé-matiques. Pour permettre la réalisation d’objectifs particulièrement ambitieux, éventuellement pluridisciplinaires, la structuration en équipes-projets est complétée par la mise en place d’Inria Labs donnant la possibilité à plusieurs équipes-projets et à des partenaires extérieurs à Inria de collaborer dans le cadre d’une organisation et d’une direction affirmées, s’articulant avec celles des équipes-projets sous-jacentes.

Sciences du numérique

et sciences numériques

• Dans son accord-cadre fondateur, le périmètre de l’Alliance des sciences et technologies du numé-rique (Allistene) est défini comme l’ensemble des STIC (Sciences et Tech-nologies de l’Information et de la Communication), sur leurs volets logiciels et matériels. C’est cette définition qui sera prise par la suite pour Sciences du numérique, au sein desquelles Inria concentre son action dans le domai-ne des sciences informa-tiques et mathématiques : informatique, automati-que, robotique, traitement du signal, réseaux et com-munication numérique, modélisation, simulation et calcul intensif. Par ailleurs, chaque discipline scientifique a développé au cours des dernières an-nées un volet numérique. Les Sciences numériques (Computational sciences) désignent cette approche scientifique basée sur un recours massif aux modélisations informati-ques et mathématiques et à la simulation : ingénierie numérique, médecine numérique, biologie nu-mérique, archéologie numérique, mécanique numérique en sont des exemples.

• Les équipes-projets, souvent communes avec d’autres acteurs de la recherche, sont déployées au sein de huit centres de recherche. Inria est donc un institut national avec une très forte implication territoriale, qui lui permet de mettre en œuvre des priorités nationales et européennes en s’appuyant sur les spécificités et les dynamiques locales.

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Le monde est devenu numérique !

Toutes les activités humaines, économiques, scientifiques ou industrielles présentent aujourd’hui des enjeux liés, de manière plus ou moins importante, aux progrès scienti-fiques et technologiques des champs informatiques et mathématiques des sciences du numérique.

Bien entendu, et c’est aussi ce qui fait leur richesse et leur inté-rêt, les sciences du numérique interagissent fortement avec les autres disciplines. Il est courant que les avancées d’un autre domaine scientifique irriguent les sciences du numérique, ou qu’une question applicative débouche sur un problème fondamental inédit à résoudre.

Des défis majeurs auxquels les champs informatiques et mathé-matiques des sciences du numérique vont devoir faire face sont présentés ci-après à travers quatre concepts essentiels : les systèmes, les données, les usages et les modèles. Les avancées résultant des travaux sur ces défis influenceront en retour de nombreux domaines applicatifs.

Quelques enjeux jugés essentiels sont ensuite examinés syn-thétiquement. Ils sont issus de problématiques soulevées par la société ou par d’autres disciplines scientifiques. Les sciences du numérique contribuent à les appréhender, le plus souvent dans des approches pluridisciplinaires.

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des défis des sciences du numérique

Les systèmesLes systèmes numériques sont aujourd’hui composés de matériels, de réseaux

et de logiciels dont les tailles se chiffrent en milliards de transistors, en millions de lignes de code et en millions de connexions, dépassant maintenant la complexité de tous les autres systèmes conçus par l’homme. en évolution constante, ces systèmes vont encore connaître des ruptures majeures dans les années à venir : d’une part avec l’ap-parition de calculateurs « partout » autour de nous, souvent de façon imperceptible, quasiment toujours connectés via un réseau ; d’autre part avec la construction de machines dotées d’un très grand nombre de processeurs. ces ruptures généreront des défis scientifiques et technologiques de très grande ampleur.

nous continuerons à être environnés d’un nombre croissant de calculateurs dans les situations de notre vie courante (domicile, voiture, ville…). À brève échéance, des dizaines de milliards d’objets très divers communique-ront. La gestion (au sens large, c.à.d. gestion des accès aux données, de la sécurité, des performances...) de milliards de communications simultanées pose des problèmes considérables allant bien au-delà de ce que les mécanismes de gestion actuels peuvent prendre en compte. un défi, parmi d’autres, est la capacité à programmer ces réseaux. ceci est lié à leur virtualisation permettant, sur une même infrastructure physique, de déployer des réseaux virtuels gérés de façon étanche et paramétrable. L’évolution de l’internet devra par ailleurs permettre de prendre en compte de manière plus fondamen-tale l’information (Information Centric Networking) et va entraîner l’évolution (voire la refonte) de son architecture qui pourra passer du paradigme de recherche d’une machine à celui de la recherche d’une information dans le contexte du web sémantique prenant en compte la signification même des informations stockées ou transportées.

dans ce contexte, les réseaux de capteurs enfouis au sein des objets, voire des personnes, vont se déployer encore plus massivement. Le change-ment le plus significatif réside dans le caractère incertain de leur orga-nisation. initialement parfaitement structurés dans des réseaux, les capteurs ont vocation à être disséminés de façon non supervisée. il devient alors nécessaire de développer des systèmes s’adaptant dynamiquement à ces organisations non planifiées et qui devront, au fil du temps, faire face aux extensions mais aussi aux défauts de fonctionnement tels que des arrêts ou des défaillances.

Par ailleurs, les matériels vont continuer à évoluer en intégrant un nombre crois-sant de processeurs à la fois génériques et spécialisés, et conduire à des machines exaflopiques1, probablement vers 2018. il faut accom-pagner ainsi trois ruptures consécutives, le passage aux multi-cœurs, la diversification des accélérateurs spécialisés et, du fait de la densité d’intégration et des limites induites par les contraintes énergétiques, la capacité à s’adapter aux erreurs des processeurs.

Le développement de matériels offrant un potentiel de traitement de plus en plus important ne conduit plus automatiquement à une augmentation des performances. il est désormais impératif de s’interroger sur leur exploitation et donc sur leur programmation. ces évolutions techno-

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des dizaines de milliards d’objets communiqueront

1. c’est-à-dire capable d’effectuer 1018 opéra-tions par seconde (1015 opérations pour un pétaflop).

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logiques entraînent la création de nouveaux paradigmes permettant de s’adapter à toute la gamme des matériels disponibles : systèmes embarqués, architectures multi-cœurs, machines massivement paral-lèles, ou distribuées.

La prise en compte du caractère dynamique des nouveaux matériels est une des questions-clés. que ce soit au sein d’une machine parallèle, d’un nuage (Cloud) ou d’un réseau de capteurs, l’augmentation du nombre d’unités de traitement ou d’acquisition augmente la probabilité qu’un ensemble de composants devienne indisponible en cours d’exécu-tion. il est donc devenu indispensable d’intégrer la gestion de cette incertitude dans le logiciel. cela amène à la conception de langages adaptés et au développement de techniques de compilation prenant en compte, outre les incertitudes de disponibilité des composants, leur distribution et leur réactivité potentielle.

L’empreinte écologique est un des défis majeurs communs à tous ces matériels (GreenIT) ; il est par exemple fondamental de déterminer un compro-mis entre performance et dépense énergétique tout en maîtrisant la dissipation calorifique, en diversifiant les énergies utilisées et récupérées.

L’omniprésence de ces systèmes numériques dans la plupart des activités humai-nes, professionnelles ou personnelles, pose avec acuité les questions centrales de la sûreté et de la sécurité de ces systèmes. il importe de poursuivre les efforts déjà entrepris pour vérifier, dès la conception, le bon fonctionnement d’un système numérique. Les méthodes de preuve ou de vérification de programmes devront évoluer vers des certifications garantissant que le logiciel fournit les services attendus et définis par les utilisateurs, prenant en compte le cas échéant la dimension « temps-réel » des systèmes, en particulier embarqués. mais, quels que soient les progrès réalisés, il n’est pas raisonnable de prédire la disparition d’erreurs, notamment humaines. Ainsi, il est impératif de continuer à travailler sur l’amélioration de la fiabilité des systèmes numériques, de façon à garantir une résilience accrue aux pannes. La notion « d’adaptation », tant du logiciel que du matériel, à ces défauts s’affirme clairement comme une direction de recherche importante.

La sécurité doit impérativement être prise en compte dès la conception des systèmes pour antici-per les malveillances, de plus en plus nom-breuses, sophistiquées et souvent conduites automatiquement. Les « numérisques » (les risques liés au numérique) doivent faire l’ob-jet d’une attention spécifique tant dans leur analyse scientifique que dans le cadre d’initiatives de transfert et d’innovation.

Les systèmes numériques sont souvent constitués de briques hétérogènes assemblées de manière dynamique, et forment donc en fait des systèmes de systèmes. comme il n’existe généralement pas de conception globale, la maîtrise des interrelations entre toutes ces structures demeure un problème difficile. Les conséquences d’erreurs en cascade ne sont pas réellement appréhendées et la réaction, en cas de crise, difficilement adaptée.

il convient donc de travailler sur la modélisation et la simulation de ces systèmes complexes afin de mieux les concevoir et de mieux les comprendre. il faut aussi développer des méthodes de prévision et de gestion des risques afin de faire face aux inévitables erreurs résiduelles.

numérisques : objets d’une attention spécifique

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Les données dans les systèmes constitués par les matériels, les réseaux et les systèmes que

nous avons évoqués au paragraphe précédent circulent de très gran-des masses de données (Big data) de provenances diverses : don-nées résultant de calculs, issues de capteurs ou bien produites par des saisies humaines. Le stockage, l’échange, l’organisation, l’exploi-tation et la manipulation de ces données soulèvent des défis majeurs. selon leur origine, les données ont des structures, types et formats très variés : il peut s’agir de textes, d’images, de parole, de musique, de contenus audio, de vidéos, mais aussi de données avec une struc-ture particulière (tableau, liste, etc.). Trouver le bon compromis entre généricité et efficacité pour gérer de grandes masses de données variées reste un verrou essentiel. repérer les données dans les espa-ces de stockage ou les flux de transfert requiert souvent d’établir un compromis entre vitesse de traitement et pertinence des données. des réflexions sur des critères de mesure de la qualité des données, dont certaines peuvent être incertaines voire erronées, sont indis-pensables. L’analyse de ces données constitue également un enjeu fondamental.

il convient de distinguer les données brutes existant dans le monde numérique des informations que nous en extrayons et des connaissances que nous pouvons construire à partir d’elles. La création d’une chaîne de traitement données – informations – connaissances est ainsi au cœur de cette problématique et l’utilisation croissante de méta-données, si possible en lien avec des ontologies adaptées à leur sémantique, est un des facteurs de succès. Par ailleurs, les approches basées sur les représentations visuelles, sonores, olfac-tives ou tactiles sont des sources majeures d’amélioration pour mieux comprendre ces informations.

Parmi toutes ces données figurent des informations confi-dentielles (pour un individu, une entreprise, une organisation, etc.). La croissance conjuguée des volumes d’infor-mation et de l’intérêt porté par des industries ou des gouvernements à leur exploitation appelle une vigilance accrue et la mise en place de principes et d’outils garantissant respect de la vie privée, droit à l’oubli ou encore protection de la confidentialité. Pour établir cette confiance indispensable, il importe de combiner différentes approches complé-mentaires, allant du chiffrement des données élémentaires jusqu’à la mise en œuvre d’un véritable droit d’inventaire et d’oubli sur nos informations personnelles, en passant par la conception et l’adoption de protocoles sûrs.

Géopolitique des données

• Les services du web 2.0 ne cessent de se développer. Les moteurs de recherche et les encyclopédies participatives ont complètement modifié notre accès au savoir. Les réseaux sociaux et les blogs révolutionnent nos interactions avec le monde et de nouveaux systèmes ne cessent d’émerger, remettant en ques-tion par exemple la manière d’enseigner, et à terme, notre système éducatif.

• Tous ces services sont d’accès libre. Leur modèle économique repose sur la valeur marchande des données four-nies par les utilisateurs, bien souvent à leur insu. Des inquiétudes se font jour sur le respect des personnes, de leur vie privée. Aujourd’hui, ces données servent essentiellement à profiler les utilisateurs pour cibler efficacement la publicité. Demain, la valeur ajoutée proviendra d’un spectre d’applications bien plus étendu et subtil.

• Les données sociales sont aujourd’hui une ressource pour la société numérique que l’on peut comparer aux matières premières pour l’industrie traditionnelle. Capturer les données sociales est donc un enjeu stratégique pour la société, pour l’économie mais aussi pour la sécurité. Les États-Unis dominent plus des deux tiers des plus grandes sociétés de la toile. L’Asie, et tout particulièrement la Chine, est très active, alors que l’Europe demeure en retrait. Réussir dans la société de l’information s’avère pourtant un des enjeux majeurs du développement économique de notre continent.

gérer de grandes masses de données variées

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La majorité des données, en particulier personnelles, est aujourd’hui stockée dans de grandes centrales numériques (Data centers), essentielle-ment centralisées par quelques acteurs majeurs (centrales d’achat, moteurs de recherche, réseaux sociaux, etc.). de manière alternative, des solutions parallèles ou distribuées se développent, tant pour le stockage que pour le traitement de ces données. ces solutions appellent de nouveaux paradigmes et algorithmes, pour les moteurs de recherche comme pour les réseaux sociaux, tout en posant de nou-velles questions d’hétérogénéité, d’interopérabilité mais également de législation et droit.

de façon complémentaire, les initiatives de type Open Data (et Linked Open Data) donnant librement accès aux données, en particulier collecti-ves, devraient à leur tour se généraliser et concerner de nombreuses facettes du monde numérique, notamment en ouvrant de nouvelles perspectives pour produire des informations à forte valeur ajoutée par intégration de diverses sources de données ouvertes.

Les interactions et les usagesréservés à l’origine à des spécialistes informaticiens, les systèmes numériques

se sont progressivement ouverts à des professionnels non informa-ticiens, puis au grand public. Originellement consacrés à des calculs n’impliquant que la saisie de valeurs numériques via un clavier ou un support magnétique, ces systèmes numériques se sont diversifiés et offrent aujourd’hui une très vaste palette d’applications. cette expan-sion s’est accompagnée de l’apparition de nouveaux périphériques de saisie comme la souris ou le joystick, et plus récemment de surfaces tactiles popularisées par l’iPhone d’Apple, ou encore d’accessoires is-sus du monde du jeu, depuis l’eye Toy de sony jusqu’à la Kinect de microsoft.

La quasi-totalité de ces applications requiert une action motrice explicite de l’utilisateur, par exemple pour saisir un texte sur un clavier, interagir vocalement ou pour glisser son doigt sur un écran. Tout en conservant et en améliorant la robustesse de ce type d’interaction, les années futures verront l’augmentation des usages pilotés par un comporte-ment implicite de l’utilisateur : qu’il s’agisse d’applications impliquant une reconnaissance automatique de personnes, ou bien des systèmes nécessitant la capture du comportement de l’utilisateur tant externe (ses gestes physiques) qu’interne (ses états mentaux).

un autre axe de développement des usages repose sur l’interconnexion entre les systèmes numériques, qui permet une réutilisation de données produites dans une application à l’intérieur d’un autre logiciel. issue du monde professionnel autour du concept d’interopérabilité, cette tendance s’est progressivement étendue au domaine du web et des réseaux sociaux principalement dans des buts commerciaux. Ainsi plus personne n’est surpris de se voir proposer des offres correspon-dant à ses centres d’intérêt dans une application de géolocalisation sur son smartphone. cette évolution va certainement encore s’amplifier et nécessitera bien entendu des réflexions et des démarches pour s’assurer que ces échanges d’information respectent les principes de vie privée et de confidentialité.

un troisième axe de développement des usages dérive directement de l’appari-tion des systèmes distribués et des terminaux mobiles. Aujourd’hui, nous sommes tous habitués à lire nos courriels sur n’importe quelle plateforme et donc dans n’importe quel environnement : domicile, bureau, transports. de plus en plus de logiciels seront développés de façon à être utilisables sur des équipements différents. du smart-phone et de la tablette à l’ordinateur de bureau ou au nuage, il faudra rendre ces capacités multi plateformes toujours plus transparentes à l’utilisateur.

cette augmentation considérable du nombre d’utilisateurs a entraîné la multi-plication d’usages différents, et nécessite la conception d’interfaces Homme – machine (iHm) beaucoup plus ouvertes. il convient en particulier de prendre en compte le degré de spécialisation, l’âge, la langue, la culture numérique, les capacités physiques et mentales, en

Un déluge de données

télévisuelles

• Le marché de la télévi-sion connaît de profonds bouleversements : au côté des acteurs traditionnels (chaînes de télévision) apparaissent maintenant les géants numériques via Internet. Si Apple (avec iTunes store) est déjà le leader des marchés de la vidéo à la demande et Amazon (avec Netflix) celui de la télévision par abon-nement, Google pourrait révolutionner la télévision gratuite avec You Tube.

• Google TV propose un programme varié composé d’émissions, de jeux, d’applications à télécharger, d’un accès aux réseaux sociaux mais aussi des flux You Tube. En 2012, ce site met cha-que seconde une nouvelle heure de vidéo en ligne ; en d’autres termes, une année de production de You Tube correspond en durée à 36 siècles de production d’une chaîne de télévision classique. Autre constat : en 5 ans, You Tube a mis en ligne plus de vidéos que les 3 principaux réseaux de télévision américains en 60 ans. En 2011, le site a ainsi comptabilisé plus de 1000 milliards de vues, soit une moyenne de 140 par habitant.

• Ces chiffres illustrent le changement d’échelle de la création actuelle de contenus numéri-ques par rapport à la production de contenus « conventionnels ». Cette explosion ne se résume pas simplement à une augmentation mais induit des problèmes de mise en œuvre totalement inédits (stockage, mise en ligne pour des millions d’uti-lisateurs, recherche de l’information souhaitée…) et d’une telle complexité que seules des avancées scientifiques permettent de les résoudre.

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particulier les handicaps, des utilisateurs. Plus globalement, il importe maintenant d’envisager des utilisateurs aux « caractéristiques » incon-nues rejoignant ainsi la notion d’incertitude déjà évoquée pour les systèmes et les données.L’acceptabilité par les utilisateurs, liée en particulier au plaisir d’utilisa-tion, s’impose aujourd’hui comme un critère supplémentaire que doi-vent prendre en compte les iHm, s’ajoutant aux concepts plus classi-ques de précision, de facilités d’apprentissage et d’emploi. L’étude de cette acceptabilité passe aussi par des recherches pluridisciplinaires avec des spécialistes de sciences humaines et sociales (ergonomes, psychologues, sociologues…).

d’un point de vue plus technique, les années futures verront la progression des interfaces incluant des dispositifs de capture d’une activité humaine externe, un geste ou une pos-ture, et interne, un état physiologique et en particulier une activité cérébrale, et la création de nouvelles métaphores exploi-tant ces dispositifs. il s’agira par exemple de dépasser l’exploitation actuelle des sur-faces tactiles cantonnée à des tâches 2d simples, telles que le défilement des listes de contacts ou bien le redimensionnement d’une photo, pour les transformer en interface avec des espaces 3d comme ceux d’un jeu ou d’une application de conception assistée.

symétriquement, de nouveaux équipements produisant un phénomène « réel » tel qu’une force ou une sensation vont continuer à se développer dans de nombreux domaines d’application. un défi global sera de combiner diverses modalités d’interaction (tactile, capture de mouvement, de parole) et de restitution (image relief, son spatialisé, forces, vibrations) avec la contrainte d’un coût maîtrisé. Les jeux vidéo et leur extension sous forme de « jeux sérieux » (Serious games) continueront de jouer un rôle moteur dans la mise au point de ces plateformes qui vont vrai-semblablement faire évoluer la notion même de relations humaines, comme ont déjà commencé à le faire les réseaux sociaux.

dans ce contexte, les systèmes robotiques constituent un enjeu majeur de recherches et de technologies. depuis les robots industriels évolués, l’automatisation des moyens de locomotion (voitures, trains, avions) jusqu’aux compagnons humanoïdes pour le jeu ou pour l’assistance, les développements en robotique mettent en jeu des recherches com-binant les techniques évoluées de perception de commande et d’ap-prentissage, la fiabilité, les modélisations du comportement humain incluant par exemple la notion de curiosité. Les robots constituent des plateformes d’intégration complexes des recherches et technologies de tous les domaines du numérique. ils sont également des champs d’investigation particulièrement riches quant à la modélisation et la gestion des comportements sociaux avec d’autres robots ou d’inte-ractions avec des humains en situation individuelle ou collective.

interfaces homme-machine plus ouvertes

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Les modèlesLa démarche des chercheurs pour progresser dans la compréhension et aller

vers une résolution numérique efficace des grands défis scientifiques et sociétaux s’appuie sur le triangle vertueux « modélisation – simu-lation – expérimentation », avec une contrainte centrale de passage à l’échelle à tous les niveaux qui s’est considérablement renforcée avec l’augmentation vertigineuse des moyens actuels de calcul et de la quantité de données expérimentales disponibles.

Les modèles sont des représentations mathématiques ou informatiques issues de l’abstraction plus ou moins importante d’une situation concrète ou virtuelle donnée. Les modèles qui sont au cœur du numérique peuvent être continus ou discrets, déterministes, probabilistes ou non déterministes. Leur simulation numérique s’appuie sur d’autres types de modèles, objets de recherches les plus fondamentales en informatique : les modèles de calcul, depuis des modèles classiques basés sur l’architecture de von neumann jusqu’à des modèles de calcul et de communication quantiques en passant par des modèles biologiques, membranaires ou encore chimiques. Leur étude, leur extension et leur utilisation au sein de dispositifs physiques de traite-ment effectif de l’information sont au cœur de recherches multiples et pluridisciplinaires.

L’augmentation de la complexité physique des systèmes à observer et à com-prendre, l’explosion combinatoire des coûts de calcul associés à leurs simulations en vraie grandeur et la gestion des données nécessaires à ces simulations impliquent maintenant une démarche appropriée hiérarchique dès l’étape de modélisation. Le caractère naturellement multi physique et multi échelle des phénomènes étudiés renforce ce besoin. Ainsi, les modèles seront conçus pour capturer la bonne information à la bonne échelle en décomposant le système complexe global étudié en une combinaison judicieuse de sous-systèmes plus canoniques et/ou plus réduits pour lesquels on pourra utiliser une modélisation appropriée et finement analysée. cette approche de type couplage de modèles permettra d’avoir une démarche hybride permettant des combinaisons variées entre modélisations discrètes et continues, déterministes et probabilistes ou stochastiques, et natu-rellement multi échelles. Les aspects optimisation et contrôle de la dynamique des phénomènes à observer, ainsi que les besoins en analyse de sensibilité et de résolution de problèmes inverses seront naturellement intégrés à cette démarche. On soulignera également l’indispensable et délicate prise en compte, dès la modélisation, de la dimension incertaine des très grandes masses de données issues des dispositifs expérimentaux.

cette approche hiérarchique de la modélisation devra se traduire de manière cal-culatoire en une conception et une mise en œuvre haute performance elle aussi hiérarchique, voire multi résolution, des algorithmes et des codes numériques de simulation à partir d’une approche couplant judicieusement des bibliothèques de codes. Le traitement informa-tique des grandes masses de données constitue dans ce cadre un axe majeur de recherche. La structure physique elle aussi hiérarchique des grandes plateformes de calcul, calculateurs péta/exaflopiques avec différents niveaux de parallélisme ou grilles ou nuages dans une approche plus distribuée, sera naturellement favorable à cette approche hiérarchique globale.

Les modèles

• Le développement de l’informatique a profondément renou-velé une activité qui, depuis le début du XVIIe siècle, est à la base de la démarche scientifi-que : la construction de modèles. Un modèle est simplement la description dans un langage donné d’un phénomène naturel ou d’un objet construit par les hommes. Les équations de Newton ou les équations de Maxwell modélisent ainsi des phé-nomènes mécaniques ou électromagnétiques dans le langage des équations différentielles. Pour qu’ils puissent être confrontés à la réalité expérimentale, il est important que ces modèles soient prédictifs, c’est-à-dire qu’ils per-mettent une simulation des phénomènes décrits et donc la prédiction du résultat d’observations ou d’expériences.

capturer la bonne information à la bonne échelle

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Les défis POsés Au numérique PAr Les AuTres dOmAines scienTifiques Ou sOciéTAux

Les avancées réalisées autour des défis présentés dans la section précédente auront le plus souvent des applications directes en dehors de nos propres sciences. Pour ne prendre que deux exemples, des machi-nes exaflopiques « faciles » d’utilisation pourront aussi bien être employées pour effectuer des prévisions plus précises et à plus long terme en météorologie que pour traiter de nouveaux modèles issus des neurosciences computationnelles. de même, les progrès dans le traitement des grandes masses de données, par exemple par des méthodes d’apprentissage statistique, auront des conséquences sur le traitement des informations provenant aussi bien des réseaux sociaux que des champs de télescopes numériques.

nous abordons donc maintenant des questions-clés posées par d’autres sciences ou par de grands domaines d’application, auxquelles les sciences infor-matiques et mathématiques devront contribuer. Le recours toujours grandissant à des modèles et les possibilités accrues de simulation ont conduit la plupart des sciences à développer une facette numérique (voir l’encadré « sciences du numérique et sciences numériques » p. 7) ainsi que des interactions plus importantes avec les sciences informatiques et mathématiques, au bénéfice de recherches pluridis-ciplinaires aujourd’hui requises pour tous les domaines scientifiques et technologiques.

La santé et le bien-êtreLes modèles numériques sont devenus cruciaux pour les sciences du vivant :

après une période où s’est multipliée la production de très grandes masses de données brutes (génome, protéome, métabolome...), celles-ci posent désormais de nombreux défis liés à leur hétérogé-néité. il faut, en effet, intégrer des données multi-échelles, à la fois temporellement et dans leur représentation spatiale (1d-3d, atome-cellule-organe-organisme) afin d’étudier et modéliser des systèmes biologiques complexes. La modélisation des interactions entre ces données est également indispensable pour les exploiter et mieux piloter leur production future. On assiste par exemple aujourd’hui à une explosion des données produites par les séquenceurs dits de «nouvelle génération» (nGs) qui posent des questions difficiles, tant pour le traitement des masses de données produites que pour la mise au point de modèles numériques pertinents et personnalisables.

dans le domaine de la santé, l’approche numérique complète l’expérimentation et permet un éclairage différent sur les mécanismes biologiques ou biophysiques en jeu. il faut évoquer en premier lieu la contribution au traitement de pathologies (cancer, maladies cardio-vasculaires, diabè-tes…), depuis l’amélioration du diagnostic, plus précoce, plus précis, notamment grâce aux progrès de l’imagerie, jusqu’à l’optimisation du geste chirurgical (planification en réalité virtuelle, assistance sur le plateau en réalité augmentée, robotique chirurgicale) en passant par une meilleure compréhension du fonctionnement des traitements, de façon à minimiser leurs effets secondaires et à les personnaliser pour prendre en compte les variabilités individuelles.

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Les neurosciences et les sciences cognitives se sont elles aussi rapprochées du monde numérique, en développant des modèles du fonctionnement de parties du cerveau humain. Les objectifs sont d’une part de mieux détecter, puis soi-gner certaines pathologies (maladies neuro-dégénératives par exemple) et d’autre part de mieux prendre en compte les handicaps de patients cérébro-lésés, notamment suite à un accident (AVc, traumatisme). en retour, cette meilleure compréhension devrait nous permettre de développer de « meilleurs » systèmes numériques, mieux adaptés aux capacités cognitives des utilisateurs.

dans le domaine de la santé toujours, mais à une échelle planétaire, il convient également d’évoquer l’importance grandissante des pandémies dans un contexte de mobilité humaine croissante. L’enjeu du numérique est ici considérable car il ne s’agit plus de modéliser un phéno-mène biologique ou physiologique circonscrit mais d’intégrer, dans des modèles épidémiologiques globaux, des données biologiques (médicales, vétérinaires), géographiques (pluies, hydrologie) et économiques (implantation et mouvement des populations) avec l’objectif de prédire ou, au moins, de détecter l’apparition de nou-veaux foyers, de simuler leur propagation, d’évaluer des moyens efficaces de les enrayer et de limiter leurs conséquences humaines mais aussi économiques.

La prise en compte des handicaps, qu’ils soient physiques ou mentaux, géné-tiques ou accidentels, est un champ d’applications particulièrement important. en relation étroite avec les acteurs de terrain (praticiens, familles, associations) et en suivant scrupuleusement des principes éthiques de respect de la vie privée, le monde numérique peut et doit proposer des aides (à la déambulation, au changement de posi-tion, à la mise en activité) voire simplement faciliter l’accessibilité numérique.

dans ce contexte général, il faut insister sur l’importance du vieillissement mas-sif de la population, pour l’heure dans les pays à hauts revenus, qui conduit dès à présent à des problématiques sociétales majeures (en termes de confort et aussi de coûts) ; il s’agit notamment de favoriser, dans de bonnes conditions, le maintien à domicile des personnes âgées. dans ce cadre, mais aussi pour des personnes sans handicap, l’augmentation numérique des capacités physiques voire mentales va poser dans la prochaine décennie des questions scientifiques et éthiques relatives à l’humain augmenté.

L’énergie et les ressources naturellesface au caractère fini des ressources énergétiques fossiles, la maîtrise des pro-

ductions de gaz à effet de serre, l’essor de la production des énergies renouvelables, la problématique des réseaux intelligents (smart grids) ou celle des énergies nucléaires produites par fission ou par fusion sont des défis universels.

dans tous ces contextes, l’élaboration de modèles informatiques et mathé-matiques, leur simulation efficace et le traitement des masses de données en entrée comme en sortie de ces systèmes s’avèrent cruciaux.

il faut comprendre comment produire et distribuer les énergies nécessaires au développement humain : qu’il s’agisse de contrôler un aérogénérateur, d’optimiser la production d’électricité ou d’imaginer de nouveaux combustibles ou carburants plus respectueux de l’environnement, les modèles numériques jouent un rôle majeur. ceci concerne, par exemple, la mise en œuvre de méthodes issues du contrôle et de l’optimisation pour la production de biocarburants ou de modèles numériques pour la fusion thermonucléaire contrôlée qui permettront la mise en œuvre

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de tokamak. de nouvelles problématiques basées sur la production d’électricité décentralisée et ubiquitaire, sur l’optimisation de l’ache-minement ou de la consommation électrique aboutissent au concept de smart grids.

Le numérique soulève par ailleurs ses propres questions liées à la consommation d’énergie. Les coûts énergétiques de la mise en œuvre des systè-mes numériques tels que les centres de données, les calculateurs péta- puis exaflopiques, les milliards de dispositifs d’acquisition et de traitement de l’information, depuis les capteurs et actionneurs jusqu’aux téléphones, tablettes et Pc totalisent à l’échelle mondiale une consommation électrique actuellement proche de celle des états-unis. ceci impose une prise en compte de ces éléments dans la conception des machines, dans les algorithmes et les programmes, le critère d’optimisation énergétique devenant central. Par ailleurs les travaux sur la thermodynamique des calculs et sur l’informatique à coût énergétique nul sont prometteurs.

ces éléments sont très souvent en lien avec des modèles des sciences physiques ou chimiques dont plusieurs aspects méritent d’être mentionnés : la possibilité récente de décrire des phénomènes à l’aide de nouveaux langages formels, les recherches sur l’informatique quantique ainsi que celles sur les nanomatériaux.

L’environnement et le développement durableLa préservation de l’environnement constitue un défi fondamental posé à

l’ensemble de l’humanité, dans lequel les sciences numériques ont un rôle clef à jouer, à la fois pour comprendre les évolutions en cours et prévoir leurs conséquences, mais aussi pour imaginer des scénarios d’inflexion, puis ensuite – et ceci est relativement nouveau – convaincre les politiques et les citoyens de leur pertinence afin d’en favoriser l’adoption. cette problématique très transversale se décline en questions plus précises sur la biodiversité, le climat, les risques naturels et industriels, l’alimentation durable, entre autres exemples.

L’Homme, à l’instar de tout organisme vivant, s’inscrit dans un écosystème complexe qu’il modifie par ses activités (industrielles ou agricoles par exemple). L’étude de l’impact de nos activités sur l’environnement et la biodiversité est devenu un sujet sociétal majeur de notre épo-que. du point de vue scientifique, l’objectif est de comprendre les relations entre la biodiversité et la dynamique des écosystèmes afin d’anticiper leur réponse à un changement, de restaurer un état viable et, plus généralement, d’en préserver la valeur patrimoniale pour les générations futures.

La recherche dans ce domaine est essentiellement pluridisciplinaire et vise au développement de modèles numériques prédictifs sur de larges échel-les de temps et d’espace et – ceci constitue une des difficultés majeures – incluant des niveaux de description très variés, allant de la molécule (diversité génétique) aux popula-tions (diversité fonctionnelle).

La problématique du changement climatique et, plus généralement, des «aléas» naturels (inon-dations, sécheresses, incendies, séismes, etc.) est ancienne mais l’impact sur l’Homme des catastrophes naturelles s’est trouvé ampli-fié, dans la période moderne, par l’expansion urbaine et industrielle. si le risque naturel est, par définition, inévitable, il est important de tenter d’en réduire le caractère aléatoire (prédictions) et d’en limiter les conséquences sur les personnes et leur environnement (gestion du risque). ceci passe nécessairement par l’élaboration de modèles prédictifs et de simulations numériques à l’échelle de la géosphère (océans, terre, atmosphère) ou locale (glissement de terrains, inonda-tions, écoulements géophysiques complexes), mettant généralement en œuvre d’importants moyens de calcul.

modèles prédictifs

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La question des nuisances engendrées par les activités humaines (pollution, risques industriels) tant du point de vue de leur production que de leur impact sur la santé, l’environnement et sur la biodiversité en particulier, reste une préoccupation majeure, bien au-delà des seuls pays industrialisés. La lutte contre ces nuisances s’effectue à la fois en aval de leur production (dépollution des sols et des eaux, stockage des déchets) et en amont (mise en place de procédés de production plus propres, moins dangereux ou sur des sites mieux contrôlés). L’objectif est ici de modéliser des phénomènes comme la diffusion de polluants dans l’atmosphère (ozone, aérosols), l’eau ou les sols, éventuellement couplée à des réactions chimiques ou biochimiques.

enfin, l’enjeu mondial de la production alimentaire, avec en perspective une population mondiale de 9 milliards d’humains à l’horizon 2050, génère des conséquences cruciales dans le domaine de l’environnement puisqu’une des questions majeures est de nourrir l’humanité sans épuiser les ressources naturelles et en maîtrisant l’impact sur l’envi-ronnement. Là encore, le numérique apporte une contribution centrale, qu’il s’agisse, par exemple, de déterminer des quotas de pêche par des approches de contrôle optimal, de modéliser la croissance végétale pour optimiser la ressource, d’utiliser des micro-algues pour produire des protéines alimentaires ou même de contrôler le développement de ravageurs par des méthodes de lutte biologique.

La société et l’éducationL’ouverture relativement récente des sciences du numérique vers les scien-

ces humaines et sociales est susceptible de générer une rupture majeure : historiquement, la collaboration a été initiée avec les lin-guistes autour du traitement automatique des langues et avec les archéologues autour de reconstitutions 3d de monuments détruits ; plus récemment, elle s’est engagée avec les économistes, les artistes, etc. La rupture va maintenant venir de la modélisation des aspects psychologiques et sociologiques du vivant, incluant l’humain bien entendu. ces modèles viseront à s’adapter aux individus et à prendre en compte les comportements collectifs ; ils permettront aussi de mieux comprendre, concevoir, exploiter et contrôler les réseaux sociaux à des niveaux de précision dont les conséquences, en particulier éthiques, sont des champs extra-ordinaires de recherche pluridisciplinaire. Le couplage des modèles bio inspirés, en particulier issus des neurosciences avec les modèles psychologiques et sociologiques, devrait aboutir à des simulations réalistes des comportements individuels et collectifs.

Les systèmes juridiques, économiques et politiques sont des systèmes de très grande complexité, que l’expertise humaine n’est souvent plus capa-ble de maîtriser : nombre d’actions dans ces domaines ont des effets induits difficiles à prédire, nécessitent de connaître un grand nombre de règles et s’appliquent souvent dans de nombreux cas présentant des spécificités. même les meilleurs experts ont alors du mal à prévoir les effets exacts des mesures ou actions que peut prendre tel ou tel acteur. ces systèmes font intervenir une multitude d’acteurs et sont souvent interconnectés au niveau mondial, mais avec une forte hétéro-généité entre les pays. On retrouve là des caractéristiques communes avec les systèmes numériques. si une modélisation complète est encore hors de portée, des modélisations partielles deviennent possi-bles et doivent permettre d’étudier certains aspects de ces domaines. un exemple est l’étude de la cohérence de corpus juridiques, qui peut être purement législatif, ou inclure une dimension réglementaire voire jurisprudentielle. un autre exemple est l’étude des systèmes fiscaux ou d’intervention publique les plus adaptés à un objectif comme la préservation de l’emploi ou le développement industriel.

dans un autre registre, l’émergence de l’impression d’objets en 3d - la produc-tion d’objets physiques à partir de modèles numériques, conçus par des outils de conception assistée par ordinateur (cAO) - va affecter

simulation des comportements

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nos sociétés de manière profonde. La production, la logistique et les modèles de distribution d’objets manufacturés vont être modifiés significativement et notre rapport aux objets être durablement affecté. Le numérique sera la pierre angulaire de ce nouveau type de produc-tion dont il est probable qu’il adoptera des modèles de conception collaborative et des formes de licences similaires à ceux et celles aujourd’hui répandus dans le monde du logiciel libre (droit de produire avec ou sans modification un objet à partir de son modèle).

finalement, et c’est essentiel, une grande attention devra être portée à l’éducation. Les méthodes et usages d’enseignement vont changer radicalement, mettant en œuvre des outils et approches numériques basés sur des médias numériques faisant intervenir le réel et le virtuel, utilisant des supports de cours et de communication numériques et s’appuyant sur des techniques que la recherche en numérique continue à enrichir : réseaux sociaux, simulations de type jeux sérieux… Les recherches dans ce domaine généreront une approche radicalement nouvelle de la transmission du savoir et des pratiques. elles permettront également une adaptation fine aux besoins de la société, des entreprises et bien sûr aux individus, à leurs centres d’intérêts et à leurs capacités.

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Comme le décrit la première partie, les défis des sciences du numérique sont multiples dans un contexte en constante rupture technologique. Ils concernent principalement les sciences informatiques et mathématiques, en interaction avec les autres disciplines scientifiques. Ils proviennent également de questions prégnantes, posées par la société dans toutes ses composantes, en particulier économi-ques et organisationnelles. Ils sont enfin au cœur des impératifs de compétitivité, d’adaptation constante, de la culture 2.0 et des enjeux de collaboration pour encore mieux innover.

Cette partie précise les objectifs stratégiques de l’institut : objec-tifs scientifiques, de transfert, de développement et de relations européennes et internationales.

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stratégie scientifique

La stratégie scientifique d’inria est construite autour de deux axes complémen-taires, sur lesquels s’articulera la contribution de l’institut :• Les sciences et technologies du numérique utiles à l’humain, à la société et la connaissance ;• Les développements scientifiques prioritaires au cœur de nos sciences.

La mise en place d’une cellule de prospective et de stratégie (voir p. 63) facilitera le suivi de l’évolution des thématiques abordées et leur mise à jour sur une base annuelle.

Le positionnement de la stratégie scientifiqueDans le contexte de transformation profonde et générale de notre société, Inria

a pour stratégie de développer les recherches en sciences informati-ques et mathématiques lui permettant de jouer un rôle majeur dans la résolution des défis scientifiques, de transfert et d’innovation. Établissement public national, Inria entend placer l’humain au cœur de l’impact de ses recherches pour, d’une part, créer et accompagner les ruptures technologiques, et d’autre part, résoudre les questions issues de domaines critiques pour les citoyens, la société, l’écono-mie, l’emploi et l’environnement, tout en restant particulièrement vigilant sur les questions d’éthique de la recherche et des usages qui en résultent.

Dans ce contexte, les principes qui guident l’action d’Inria sont les suivants :• Les activités d’Inria doivent contribuer dans une large majorité à au moins un objectif stra-tégique et inria doit leur consacrer prioritaire-ment ses ressources ;• Une part significative des activités d’Inria doit porter sur des sujets scientifiques qui ne relèvent pas des objectifs stratégiques ac-tuels mais dont l’originalité et la qualité sont estimées excellentes ;• L’expérimentation et le développement de plateformes et de servi-ces au profit de la recherche publique dans un cadre sociétal ouvert et au meilleur niveau de la compétition internationale doivent bénéficier de moyens renforcés.

Les principes d’implication scientifiqueIl est plus que jamais indispensable pour la recherche publique de prendre en

compte les interrogations et les problèmes majeurs posés par la société et, en particulier, son évolution numérique. Il convient par exemple de réfléchir aux imbrications multiples des systèmes numé-riques et surtout à leurs comportements en cas d’erreurs en cascade, de traiter les questions liées à la confidentialité des données ou encore de contribuer à la résolution des questions soulevées par le vieillis-sement de la population. Les recherches à entreprendre découlent directement de ces questions qui sont souvent des défis scientifiques et technologiques, mais aussi des problèmes aux conséquences majeures : par exemple les numérisques (les risques issus du monde

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l’humain au cœur de l’impact de nos recherches

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numérique) ou la propagation des épidémies, questions auxquelles Inria souhaite apporter des contributions de premier plan en collabo-ration étroite avec l’ensemble des acteurs concernés.

Par ailleurs, en tant qu’organisme de recherche, inria doit aussi être sa propre source de questionnements et de développements, en rupture avec l’existant. L’institut doit jouer un rôle moteur pour entreprendre des recherches dont on ignore a priori comment mesurer l’impact en termes d’application ou de transfert, mais qui pourront irriguer les innovations futures. Il est stratégique de continuer à développer des recherches fondamentales à très haut niveau de qualité. Cela s’ins-crit dans la volonté de contribuer au progrès des connaissances, de manière originale et en visant à créer à terme de véritables ruptures technologiques.

Le rôle joué par les expérimentations et les développements est devenu crucial en sciences du numérique. comme pour les autres sciences, il s’agit de valider des hypothèses, de comprendre en pratique les théories développées. Expérimentation et développement constituent deux éléments fondamentaux de l’avancement des sciences informatiques et mathématiques, en lien avec le transfert et l’innovation. Fortement dynamisés depuis cinq ans, ils continueront à être encouragés et structurés. Ils constitueront une partie identifiée de nos travaux.

Des sciences utiles à l’humain, à la société et la connaissanceComme le soulignent les principes rappelés plus haut, nos recherches sont

directement (mais pas uniquement) stimulées par les contextes socié-taux, économiques et environnementaux. Les chantiers majeurs sur lesquels Inria s’engage mettent l’humain au cœur des problématiques du numérique.

—— L’humain en tant que tel : santé et bien-êtreLa modélisation du vivant et son application à la santé ont conduit à des avancées

remarquables. Le défi majeur est désormais d’intégrer les différentes échelles (spatiales et temporelles) du vivant, de la cellule, l’organe, l’individu jusqu’aux populations et écosystèmes. Ceci passe par le développement de modèles numériques multi-échelles et hybrides (au sens où ils associent plusieurs formalismes) pouvant être paramétrés par des sources de données multiples (génétiques, métaboliques, images biomédicales, cliniques, environnementales). Une dimension incontournable de ce paramé-trage sera la prise en compte de la variabilité inter-individuelle (modèles «personnalisés») ainsi que des incertitudes (de connaissances ou de mesures). Nos contributions numériques devront porter sur les grands défis de santé (cancer, maladies cardio-vasculaires et neurodégéné-ratives, pandémies) à la fois en termes de développement d’outils de description des phénomènes biologiques et physiologiques, d’aide au

compensation de déficiences

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diagnostic et à la prévention (imagerie multimodale), de traitement (pharmacologique, outils d’assistance au geste chirurgical) mais éga-lement d’aide à la rééducation.

Par ailleurs, au delà de la modélisation physiologique, la modélisation numérique de mécanismes cognitifs et psychologiques constitue un champ de recherche pluridisciplinaire en rupture. Inria, en étant particulièrement attentif aux questions d’éthique sous-jacentes, développera significa-tivement, sur ce sujet, ses partenariats scientifiques avec les scien-ces humaines et sociales. Le couplage de modèles physiologique, psychologique et sociologique (abordés dans le paragraphe suivant) sera porteur de questions de recherche dont la résolution permettra de mieux comprendre en particulier la notion de bien-être.

ces éléments combinés pourront conduire à l’élaboration raisonnée d’entités naturelles augmentées numériquement, comme par exemple des régulateurs cardiaques adaptatifs et auto programmables jusqu’à des dispositifs de gestion du stress et du bien-être. L’aide à la compensa-tion de déficiences résultant de l’âge ou de maladies sera également l’objet de recherches spécifiques.

Les sciences et technologies numériques ont aussi un rôle à jouer auprès des personnes en bonne santé pour prévenir ou retarder l’apparition de maladies ou de handicaps. C’est tout l’enjeu du maintien en bonne forme ou du bien-être lié au monitoring d’activités (sportives par exemple), à des dispositifs de conseils ou de recommandations (alimentaires par exemple) ou à des alertes préventives (en cas de dérives de certains indicateurs).

—— L’humain et ses environnements : de l’individu à la société, de l’habitat à la planèteLes défis posés par les relations entre l’humain et ses environnements sont omni-

présents. Il s’agira là de s’attaquer à la problématique des systèmes cyber physiques et cyber sociaux comme par exemple les systèmes de transports, les systèmes de sécurité ou les questions d’habitat et de villes intelligents, tant dans leur consommation ou leur production d’énergie, que dans leur organisation sociale et leur adaptation fine aux besoins des individus et des organisations.

L’intérêt d’inria portera sur les questions relatives à l’impact de l’humain sur la pla-nète, dans ses dimensions climatique et environnementale et l’institut collaborera là aussi avec les scientifiques des domaines idoines.

enfin les aspects sociaux feront l’objet d’une attention toute particulière. D’une part le phénomène des réseaux sociaux va continuer à s’étendre et à se raffiner. Les conséquences pourront être particulièrement profondes sur l’évolution de nos sociétés avec, par exemple, des appli-cations économiques comme les monnaies virtuelles ou des conséquences politiques sur l’organisation et la souveraineté des États. L’étude des réseaux sociaux et leur exploitation s’appuieront sur des modélisations psychologiques et sociologiques beaucoup plus avancées, ainsi que sur des modèles informatiques et mathématiques (théorie des graphes, modèles sto-chastiques de grands ensembles d’individus, etc.) existants, à adapter ou à concevoir.

—— L’humain et la connaissance : émergence, médiation et éducationL’élaboration même de la connaissance devient numéri-

que. En particulier l’extraction d’informations pertinentes des énormes masses de données disponibles est une question scientifique fondamentale à laquelle il faut apporter des réponses. En lien avec le calcul très haute performance, ces travaux se situent clairement au-delà des connaissances actuelles.

Formation, transfert et diffusion des connaissances et du savoir-faire font partie des missions d’Inria depuis sa création. La révolution numérique bouleverse ces éléments. On assiste à des modifications majeures des modalités de transmission, d’assimilation, d’appropriation des

réseaux sociaux

extraction d’informations pertinentes

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connaissances et du savoir : Wikipedia et les expériences d’enseigne-ment mondialisé (MIT, Berkeley, Stanford, etc.) en sont de premiers exemples. Inria sera moteur dans les initiatives pour l’enseignement de l’informatique et dans la médiation des sciences du numérique et veillera à s’associer aux recherches de ces domaines.

Les recherches prioritaires au cœur de nos sciences—— Calculer le futur : modèles, logiciels et systèmes numériquesLa maîtrise des systèmes numériques dont la complexité et l’interdépendance

ne cessent de croître repose sur la combinaison de la conception de modèles informatiques et mathématiques, de logiciels et de pro-cesseurs capables d’exécuter les calculs. Leur mise en œuvre nous permet en particulier de mieux comprendre et planifier et donne lieu aux défis suivants.

> Le défi de la modélisation multi-échelle intégrant les incertitudesinria s’implique dans une réflexion approfondie à tous les niveaux de la démarche

de simulation car, du fait de la très forte augmentation de la taille des problèmes, on ignore en général comment effectuer un calcul com-plet avec une finesse suffisante pour observer les phénomènes sur l’ensemble des données. L’approche multi-échelle avec une démarche hiérarchique permettant de simuler finement « là où il faut » et avec une modélisation judicieusement adaptée à chaque niveau d’échelle (de temps et/ou d’espace) est un enjeu majeur pour le succès des futures grandes simulations. Ces modélisations devront donc être de natures différentes (discrète ou continue, déterministe ou stochasti-que) et la pertinence des données nécessaires à chaque échelle sera aussi un point critique. La capacité à interpréter finement la dynamique des systèmes simulés et à permettre à terme leur contrôle passe nécessairement par une intégration forte de la prise en compte des incertitudes dès la modélisation ; elles sont en effet omniprésentes, tant au niveau des données que des calculs eux-mêmes ou encore des communications.

La conception de tels modèles hiérarchiques, hybrides, multi-échelles intégrant le traitement des incertitudes, et bien sûr avec la conception des algorithmes et des logiciels associés, est cruciale pour les divers défis scientifiques étudiés au sein de l’ins-titut, qu’ils soient de nature strictement scientifique ou de nature sociétale. À noter que cette démarche hiérarchique de modé-lisation et de réalisation d’algorithmes et de codes pourra naturellement tirer parti de la structure elle aussi hiérarchique des systè-mes matériels sur lesquels seront réalisées ces simulations.

Les travaux sur les incertitudes sont déterminants depuis la caractérisation des incertitudes (de mesure, de transmission, de traitement, humaines, etc.) jusqu’à leur intégra-tion dans la conception même des modèles, des systèmes et des langages. Une autre source d’incertitude est liée à la précision des calculs ; cela pourra conduire nos recherches à prendre en compte la capacité de certains processeurs à effectuer des calculs plus précis si on leur délivre davantage d’énergie.

Par ailleurs et de manière complémentaire aux modèles de description, de nouveaux modèles et procédés de calcul (probabiliste, quantique, biologique, chimique pour citer les principaux) se développent. Leur impact scientifique et technologique est difficile à évaluer aujourd’hui. Mais ils apportent des visions alternatives importantes qu’Inria entend accompagner dans leur phase d’émergence, d’étude et de mise en œuvre.

Statut épistémologique

des modèles

• Nous sommes aujourd’hui confrontés au problème de la compréhension par chaque citoyen du statut épistémologique de ces modèles, utilisés par exemple en finance ou en météorologie. Comme les théories scientifiques, ces modèles sont avant tout des hypothèses réfutables. Ce ne sont pas des oracles qui permettent de prédire l’avenir, mais des connaissan-ces conjecturales, qui peuvent être réfutées si leurs prédictions ne sont pas en accord avec le résultat des observations et des hypothèses. Une meilleure compréhen-sion de ces processus de modélisation et de simu-lation est le seul moyen d’éviter ce « fétichisme des modèles ».

intégration des incertitudes dans la conception des modèles

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> Le défi des très grands systèmes numériques, embarqués ou enfouis et des systèmes de systèmesLes très grands systèmes socio-technologiques reposent principalement sur les

sciences et technologies du numérique et se caractérisent par des interactions profondes et souvent en temps réel avec les systèmes physiques. Qu’il s’agisse des systèmes de réseaux électriques à l’échelle d’un pays ou d’un continent, des réseaux téléphoniques, du système de gestion du trafic aérien mondial, ou plus modestement de la gestion d’une ville, d’un immeuble ou d’une maison, ces systèmes sont souvent critiques, particulièrement complexes, politiquement sensibles, et nous posent des questions techniques allant des sys-tèmes embarqués aux systèmes de systèmes. Leur adossement à un nombre croissant de systèmes embarqués et enfouis va encore se renforcer.

Comme pour les architectures, il est devenu indispensable de considérer les applications dès la conception de ces systèmes et c’est une des raisons pour lesquelles nous sommes en mesure d’influer sur ce déploiement massif. Il faut alors considérer la très grande complexité de ces systèmes, l’interaction avec des environnements asynchrones, dynamiques et distribués, les communications par exemple dans les réseaux de capteurs, la fusion de données souvent hétérogènes, les contraintes énergétiques, la composition de services et l’exigence de sûreté critique.

L’interconnexion de la plupart des systèmes numériques est en elle-même une cause supplémentaire de problèmes majeurs si les dysfonctionne-ments se cumulent. Il est donc fondamental de prendre en compte ces enchaînements dès leur conception. Nous pourrons agir à deux niveaux, soit directement dans un système numérique spécialisé dans un secteur d’ac-tivité (médecine, énergie, etc.), soit en tant que spécialistes de modélisation, d’analyse et de simulation en considérant l’ensemble des systèmes génériquement.

quelle que soit la qualité des résultats observés dans la conception de nouveaux systèmes numéri-ques, il est indispensable de développer des méthodes de prévention et de gestion de risques pour les systèmes numériques existants. Cette démarche ne peut être exclusivement réservée à des chercheurs en sciences et technologies du numérique. Notre objectif sera donc d’établir des relations étroites avec les sciences humaines et sociales (sociologie, économie, droit…) pour mener à bien ces travaux.

> Le défi de la programmation des très grands logiciels prenant en compte les impératifs de fiabilité, de sûreté et de sécuritéL’institut possède une très longue expérience dans le développement de logiciels

qui sont au cœur de son histoire. Conjointement aux implications dans la conception de nouvelles architectures, Inria contribuera au développement de modèles de programmation exploitant au mieux les nouvelles capacités de traitement que ce soit pour les réseaux, le calcul haute performance, les architectures multi-cœurs ou bien les systèmes embarqués. La prise en compte des propriétés des programmes dès la conception (by design), telles que la correction, la sûreté de fonctionnement, la fiabilité, la confidentialité, la parcimonie énergétique, dans des contextes faisant intervenir des systèmes mas-sivement distribués et incertains, sera au cœur de nos recherches.

La multiplication des composants de base dans les grands systèmes numériques pose crucialement le problème de la tolérance aux fautes. Que ce soit au niveau de la conception des algorithmes ou dans la réalisation d’environnements de programmation, il faudra intégrer la capacité à prendre en compte les défaillances dans des environnements for-tement distribués et incertains. La programmation des milliards de processeurs équipant tous nos objets, qui doit prendre en compte des dispositifs très bon marché mais peu sûrs, devant par exemple développer des algorithmes de cryptographie faible, constitue un défi

Des modèles

complexes

• La modélisation du vol d’un avion demande de simuler à la fois la physi-que de ses réacteurs, son système de navigation, et la physique de l’air qui s’écoule autour de l’appareil. Autre exemple : la modélisation du cœur, demande de modéliser à la fois un muscle, le mouvement d’un liquide, un champ électrique, et parfois un stimulateur cardiaque.

des systèmes embarqués aux systèmes de systèmes

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que les concepteurs d’environnement de programmation doivent relever. S’agissant d’autre part de grandes simulations, les équipes d’Inria intensifieront leurs travaux aussi bien sur les protocoles de sauvegarde de l’état de l’exécution en limitant au maximum le sur-coût d’une telle opération, qu’au niveau algorithmique où il s’agira par exemple de concevoir des algorithmes « naturellement » tolérants aux fautes, dès lors qu’il est possible de les détecter.

L’utilisation croissante des systèmes numériques a été accompagnée par la prise de conscience de l’importance des erreurs de conception et de leurs conséquences parfois dramatiques. Les systèmes embarqués ou enfouis fournissent un cadre particulièrement complexe puisqu’il est souvent difficile, parfois impossible de reconfigurer dynamiquement suite à une défaillance d’un logiciel en cours d’exécution. Il est donc fondamental de continuer à développer des approches permettant de minimiser ces erreurs en évoluant de la vérification et de la preuve vers la certification.

globalement, inria combinera les recherches en sécurité et celles sur la sûreté, les systèmes numériques étant maintenant sujets à des attaques mettant en cause des enjeux allant de la vie privée individuelle à la souveraineté des États ou la stabilité même de systèmes globaux tels que le système financier.

—— Maîtriser la complexité : données, réseaux et flux

> Le défi de la transformation du déluge de données en bibliothèques de connaissances dignes de confianceLe déluge de données impose de concevoir des approches complètes pour

espérer pouvoir les capturer, les partager, les retrouver et les exploiter. En particulier, les méthodes transformant les données en informations structurées et intégrées, puis en connaissances sont au cœur de cette priorité. Pour transformer les données, il faut d’abord les comprendre. Trois approches complémentaires se révèlent prometteuses : l’exploitation des méta-données pour extraire leur sémantique, par exemple en lien avec des ontologies, la visualisation des données et l’apprentissage à grande échelle de modèles, modèles visuels par exemple, à partir de grandes masses de données en ligne. D’autre part, l’incertitude ou l’imprécision des données ne peut être simplement ignorée, mais au contraire doit être intégrée dans les différentes étapes de gestion de données, par des approches par intervalles, probabilistes ou ensemblistes parmi d’autres. L’intégration à grande échelle et en continu de don-nées hétérogènes, avec sémantiques diverses, nécessite aussi de nouvelles techniques de classification auto-matique. enfin, les relations sociales entre utilisateurs doivent pouvoir être exploitées avantageusement pour améliorer la qualité des recherches, notamment avec des tech-niques de recommandation.

naturellement, l’exploitation des données à caractère personnel doit se faire dans le respect des droits fondamentaux, notamment du droit à la vie privée. La protection de la vie privée est un élément à intégrer dès la conception d’un système en appliquant le principe de privacy by design. Plusieurs approches seront à poursuivre en parallèle : la conception de techniques respectant le caractère privé des données (cryptographie, protocoles de sécurité), la proposition de modèles alternatifs, comme alternative aux data centers centralisés, notamment des architectures distribuées assurant de facto une décen-tralisation du contrôle des données, enfin la définition de techniques de suivi et de responsabilisation (accountability) des collecteurs de données. Comment s’assurer que ces nouvelles architectures passent à l’échelle ? Comment convaincre toutes les parties intéressées qu’el-les sont préférables ? Autant de défis à relever pour Inria qui devra, en collaboration avec toutes les disciplines et tous les acteurs concernés, participer au développement de systèmes (réseaux sociaux, nuages…) respectueux de ces principes.

modèles alternatifs aux data centers

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> Le défi d’une cyber-communication généralisée, sûre et respectueuse de la vie privéeLes réseaux sont au cœur des systèmes numériques. D’ici à 2020, plusieurs dizai-

nes de milliards d’objets communiqueront entre eux via des réseaux filaires ou sans-fil, ce qui va nécessiter une profonde évolution des réseaux tant au niveau matériel que logiciel. D’une part, la possibilité de programmer des éléments du réseau à travers des interfaces ouvertes pourra permettre l’expérimentation et le déploiement rapide de nouveaux protocoles et services, tout en s’affranchissant des spéci-ficités des équipementiers. D’autre part, la généralisation du stockage de données dans le réseau et la conception de nouveaux algorithmes de routage et de contrôle de transmission orientés « contenu » rendra aux utilisateurs mobiles l’accès transparent aux données et services. S’affranchir de la localisation des données tout en assurant l’interfonc-tionnement entre les services implantés dans différentes plateformes hétérogènes constituera alors un défi majeur. Le défi de l’observabilité des réseaux et en particulier de l’Internet, un des systèmes les plus complexes développés par l’homme, s’avère essentiel. Pour in fine pouvoir prendre les meilleures décisions techniques ou politiques, Inria sera moteur dans la proposition de nouvelles méthodes passant à l’échelle pour l’observation, la modélisation et l’analyse du comporte-ment de toutes les couches constituant les réseaux et concernant les services comme les utilisateurs. Enfin, maîtriser la consommation de l’énergie à tous les niveaux des réseaux représentera un véritable défi puisque déjà près de 5 % de la consommation d’énergie dans le monde est imputable aux ordinateurs et à leurs communications.

Le développement de l’informatique dans des domaines tels que la santé, l’énergie, le transport ou la vie domestique est source de progrès. Cette diffusion peut toutefois causer des effets néfastes pour la société, notamment lorsque la protection de la vie privée et la sécurité ne sont pas assurées. En effet, l’Internet et les systèmes embarqués peuvent permettre de tracer, surveiller et profiler les utilisateurs. Les failles de sécurité des réseaux de communication et des systèmes déployés dans les voitures, les implants médicaux, les smart grids peuvent être exploitées à des fins malveillantes. Les informations concernant les flux d’information constituent des données qu’il convient de protéger au même titre que les données personnelles. il s’agit d’assurer la confidentialité de l’ensemble de ces données tout en concevant et développant de nouvelles architectures qui distribuent les données. Il convient également de rendre le contrôle des données aux utilisateurs, et de développer la transparence. Les citoyens doivent être conscients des données qui sont collectées, ainsi que de leur traitement. Le rôle d’un centre de recherche publi-que en informatique comme Inria est de concevoir et développer des systèmes soucieux de la sécurité et de la vie privée des citoyens. Il est aussi de suivre les évolutions et d’alerter la société en cas de dérive ou de danger.

—— Interagir avec les mondes réels et numériques : interactions, usages et apprentissage

> Le défi de l’apprentissage non superviséLes problèmes traités par le monde numérique sont, à l’image du « monde réel »,

particulièrement complexes. Il faudra de plus en plus souvent recourir à des mécanismes automatisés où la machine saura résoudre des problèmes inaccessibles aux humains. L’idée principale est de per-mettre à un système logiciel de s’adapter à son contexte en fonction d’expériences passées. Les techniques d’apprentissage (Machine lear-ning), notamment statistique pour prendre en charge les incertitudes souvent rencontrées dans les systèmes numériques, sont une des illustrations de ce principe qu’il convient d’améliorer et d’étendre.

Les efforts de recherche récents ont permis aux techniques d’apprentissage dit « supervisé » de réaliser des progrès dans de nombreuses dis-

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ciplines scientifiques, notamment dans les sciences de l’ingénieur et du vivant. Cependant, le cadre supervisé ne s’applique que dans les situations dans lesquelles la machine a été exposée à un nombre suffisant d’exemples de bons comportements ou de bonnes prédictions. Or, dans la plupart des applications à venir, d’énormes jeux de données seront disponibles et l’information intéressante sera le plus souvent cachée tandis que peu d’exemples de supervision – voire aucun – ne seront disponibles. C’est un des enjeux majeurs du « big data ». Dans ce cadre non supervisé, une grande quantité de données est alors observée par la machine et les algorithmes d’apprentissage doivent trouver « seuls » les tâches potentiellement intéressantes. Il leur faut établir des représentations internes compactes (comme par exemple la création d’un dictionnaire de « profils-type » dans les approches basées sur la factorisation de matrices) permettant ensuite à une machine de compléter une tâche précise une fois obtenu un petit nombre d’exemples, ou bien à un humain d’interpréter et de tirer parti de cette grande base de données jusqu’alors trop complexe.

Les difficultés et les enjeux de l’apprentissage non supervisé résident dans l’ex-trême hétérogénéité des données, leur caractère massif et souvent incomplet, et la nécessaire interaction avec l’humain, permettant ainsi d’aboutir à un apprentissage « semi-supervisé » à grande échelle, capable d’exploiter au mieux à la fois les grands jeux de données disponibles et l’expertise humaine. Parmi les différents cadres algorithmiques existants, les techniques basées sur l’optimisation convexe doivent permettre de satisfaire les pré-requis de robustesse et de passage à l’échelle. Aussi, afin d’atteindre les performances pratiques et les garanties théoriques attendues, il conviendra de prendre en compte les connaissances a priori, en particulier à l’aide d’une modélisation probabiliste et statistique fine de la structure des processus mis en jeu.

Inria poursuivra donc et amplifiera ses efforts pour développer, analyser et com-prendre ces outils d’apprentissage statistique.

> Le défi d’une interaction transparente entre l’homme et son environnement numériqueÀ mesure que le champ du numérique s’étend, l’utilisateur ne doit plus être inté-

gré après coup mais placé dès le départ au centre du processus de conception des systèmes interactifs. Indépendamment de leur qualité technique, ces systèmes doivent devenir accessibles et utilisables2. Pour cela ils doivent être adaptés à leurs contextes d’usage afin d’exploiter au mieux la complémentarité entre humains et machines. Les recherches d’Inria dans ce domaine portent sur la conception de nouvelles interfaces, c’est-à-dire d’éléments matériels ou logiciels permettant l’échange d’informations entre les deux mondes. Elles portent également sur l’interaction homme-machine résultant de leur utilisation. Ces recherches visent à comprendre le phénomène (l’ob-server, le décrire, l’évaluer, l’expliquer) et à l’améliorer en fournissant les connaissances, méthodes et outils nécessaires pour enrichir la palette d’interactions possibles et permettre aux concepteurs de systèmes de faire des choix avertis.

Deux visions de la machine se sont longtemps opposées, l’une la considérant comme un partenaire intelligent et l’autre comme un outil. La frontière entre ces modèles est aujourd’hui difficile à établir et leur hybridation s’accentuera dans le futur, les systèmes permettant par exemple de déléguer certaines tâches (opératoires ou répétitives) pour se concentrer sur d’autres (plus créatives). Pour permettre le passage à l’échelle, qu’il s’agisse de superviser des tâches déléguées ou d’en contrôler d’autres, l’interaction devra être transparente. Non pas au sens propre (il ne s’agit pas de supprimer les interfaces), mais au sens figuré : l’effort physique et mental devra être suffisamment faible pour que l’utilisateur puisse se concentrer sur ce qu’il fait et non sur la manière de le faire.

2. L’utilisabilité est définie par la norme ISO 9241 comme « le degré selon lequel un produit peut être uti-lisé, par des utilisateurs identifiés, pour atteindre des buts définis avec efficacité, efficience et satisfaction, dans un contexte d’utilisation spécifié ».

un apprentissage « semi-supervisé »

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Concernant les interfaces, il faudra viser à améliorer, diversifier ou adapter les moyens d’action de l’utilisateur. Elles pourront chercher à rendre plus rapides et robustes les méthodes d’interprétation de son comportement ou de son environnement par l’analyse de données visuelles, sonores ou physiologiques, par exemple. elles permettront également d’explorer de nouveaux concepts de périphériques matériels à l’aide d’outils de prototypage (imprimantes 3D et microcontrô-leurs programmables), ou encore d’adapter des interfaces existantes, pour des personnes en situation de handicap. Il faut également chercher à améliorer, diversifier ou adapter les retours d’information produits par les systèmes, notamment dans le cas d’interactions implicites, en exploitant les modalités sonores et haptiques par exemple.

De nouvelles techniques d’interaction combinant moyens d’entrée et retours d’information doivent être inventées pour mieux répondre aux besoins émergents des utilisateurs. ainsi, si les terminaux mobiles permettent un accès rapide et simple à certains types d’informations, ils demeu-rent très inférieurs aux systèmes fixes pour la gestion, la manipula-tion et la création de données. Les recherches devront également s’intéresser à l’utilisation coordonnée de multiples terminaux fixes ou mobiles par une ou plusieurs personnes, pratique qui relève encore trop souvent de l’exploit. Face aux besoins identifiés, il conviendra de proposer des vocabulaires d’interaction et des métaphores appropriés, réduisant l’effort cognitif. Lorsque l’approche outil semblera pertinente, les techniques d’interaction proposées devront assurer un fort cou-plage entre perception et action, celui-ci jouant un rôle essentiel dans le sentiment d’engagement direct (« énaction »). Lorsque l’approche du partenaire intelligent sera privilégiée, le traitement des erreurs et ambiguïtés de l’un ou l’autre des partenaires devra être particulière-ment étudié pour permettre un usage en conditions réelles.

Les robots systèmes de systèmes

en interaction et

apprentissage

• Les dispositifs robotiques sont des systèmes numériques sophistiqués embarquant capteurs, actionneurs et logiciels. Ils permettent notamment de concevoir des dispositifs d’aide à la personne et reposent sur l’intégration de formes d’apprentissage et de raison-nement élaborés, souvent inspirés des mécanismes humains.

couplage perception et action

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Inria, acteur national du transfert dans le domaine du numérique

stratégie De transfert

Inria dans un système français en pleine mutationLe système français de recherche et d’innovation a connu lors de la décennie

écoulée une évolution profonde de l’ensemble des dispositifs dédiés aux partenariats industriels et au transfert technologique, en particulier dans le cadre du Programme Investissements d’Avenir (2010-2012).

inria s’est ainsi engagé de manière délibérée dans la dynamique des pôles de compétitivité, en contribuant également à renforcer les liens, en por-tant des actions communes, entre les pôles du secteur numérique. Inria a fait évoluer son implication dans les pôles en y recherchant en priorité l’identification des PME/ETI innovantes à même de devenir ses partenaires de transfert, comme l’illustre la signature d’un accord stratégique avec OSEO en 2010.

La politique de mutualisation du transfert entre les divers acteurs de la recherche publique, amorcée au sein des pôles universitaires dès 2006, doit se renforcer au travers des SATT (Société d’Accélération de Transfert de Technologie) au niveau régional ou des CVT (Consortium de Valorisation Thématique) au niveau national/thématique. Ces outils ont vocation à structurer le paysage du transfert dans la décennie à venir, indépen-damment de l’évolution possible de leur statut. Inria s’est positionné comme l’acteur national du transfert dans le logiciel, en concevant et portant le projet de CVT CVSTENE dédié au numérique, dans le cadre d’un consortium avec les autres acteurs de l’Alliance Allistene. CVSTENE a vocation, sur la période 2012-2021, à mutualiser au niveau national de nombreuses actions et à apporter aux acteurs régionaux du transfert une expertise dédiée au logiciel.

Au niveau européen, Inria joue un rôle moteur dans la construction de la Communauté de la connaissance et de l’innovation (CIC) EIT ICT Labs, dont l’ambition est « d’aller au-delà de la R&D » et de doter l’Europe d’un dispositif dédié au transfert et à l’innovation dans le numérique, même si la mise en place d’un outil en rupture avec la logique de financement de la R&D est un défi.

Le paysage de la recherche partenariale entre acteurs de la recherche publique et acteurs de la recherche privée a été également profondément remo-delé. La labellisation de l’Institut Carnot Inria en 2011 (pour la période 2011-2015) a consacré la priorité accordée par l’institut aux partenariats bilatéraux avec des acteurs industriels. En parallèle, la participation d’Inria à la conception de deux projets d’Instituts de recherche tech-nologiques (IRT), BCom (Rennes, Bretagne) et SystemX (Saclay), ainsi qu’à un Institut d’excellence pour des énergies Décarbonées (IEED Green Stars) illustre la volonté d’Inria de s’affirmer comme un acteur-clé des partena-riats industriels de la recherche publique.

une politique de partenariats industriels et a fortiori de transfert est une politique de long terme, fondée essentiellement sur des dispositifs appropriés. Inria mettra en œuvre l’ensemble de ces dispositifs, les développera et les fera évoluer en fonction des résultats obtenus.

Transfert technologique

et partenariats industriels

• Le transfert désigne l’ensemble des actions permettant d’augmenter l’impact socio-écono-mique d’Inria, au bénéfice de la société et de la compétitivité nationale et européenne.

• Les partenariats indus-triels s’incarnent en prati-que par des projets de recherche conjoints avec un acteur industriel, effectués soit en direct (relation « bilatérale »), soit dans le cadre d’un projet multi-partenaires subventionné par la puissance publique (Collectivités territoriales, État, Europe).

• Le transfert technolo-gique est le processus qui permet de passer d’un résultat scientifique (connaissance, techno-logie) à un produit ou à un service opérés par un acteur économique ; en pratique, le transfert se réalise par la création d’entreprises, la valori-sation d’actifs technolo-giques, des partenariats avec des PME, l’édition d’un logiciel open source à destination d’une communauté industrielle ou la participation à une action de standardisation en lien étroit avec un ou des partenaires.

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Partenariats industrielsEn matière de partenariats industriels, inria mettra la priorité sur des partena-

riats stratégiques bilatéraux avec des départements R&D de grands groupes avec une base de R&D française existante ou ayant voca-tion à se développer. Ces partenariats stratégiques, fondés sur un engagement fort des deux partenaires, une mobilisation de moyens et la définition d’une feuille de route pluriannuelle conjointe, voire l’implication d’un nombre significatif d’équipes, sont indispensables pour accompagner le positionnement de l’institut sur des sujets de recherche identifiés comme stratégiques par des leaders industriels, avec une granularité de projet à laquelle l’institut ne peut avoir accès de manière autonome.

Dans la continuité des engagements de l’institut carnot inria, les partenariats de recherche, aux fins de transfert, avec les PME françaises restent bien entendu également une priorité forte (cf. la section suivante) car en la matière recherche et maturation sont le plus souvent des étapes indispensables pour réussir un transfert.

En complément à ces priorités, Inria étudiera l’opportunité et la faisabilité d’un programme proactif de valorisation de technologies mûres et de col-laboration bilatérale stratégique ou ponctuelle en vue d’un transfert de connaissances, à destination principalement des grandes groupes européens ou à forte présence européenne mais aussi de PME sélec-tionnées pour leurs capacités à mettre en valeurs nos compétences. Un tel programme permettra de positionner Inria face à la croissance de l’internationalisation des grands groupes, de la tendance à la délo-calisation de certains centres de R&D, et de la mise en concurrence des instituts de recherche dans leurs initiatives d’innovation ouverte (Open Innovation).

Transfert technologiqueDans la continuité de la politique historique de l’établissement, l’institut réaffirme

son rôle d’acteur national du transfert dans le domaine numérique, porteur de dispositifs de transfert pour son propre bénéfice et celui de l’ensemble du système national de recherche et d’innovation.

Le lancement de fonds dédiés au capital-risque (I Source) puis au pré-amorçage (IT2I) par le biais d’IT Translation afin de soutenir le transfert tech-nologique par la création d’entreprises, la conception et le portage d’un Consortium de Valorisation Thématique dédié au numérique (CVSTENE) sont des illustrations de ce positionnement.

La priorité d’Inria pour le transfert technologique issu de ses équipes est donnée aux PME/ETI innovantes du secteur logiciel. Cette priorité stratégique s’accompagne du soutien à des dispositifs appropriés pour les PME/ETI du logiciel (Projet Ambition logicielle, porté par Inria avec le CNRS, OSEO, CDC Entreprise, l’AFDEL, le Syntec et le Comité Richelieu, associant les pôles de compétitivité du domaine) et de l’implication dans des outils de financement de l’innovation (I Source, IT2/IT2I).

Le logiciel libre,

élément essentiel

de l’édition logiciel

• Le logiciel libre est devenu un élément essen-tiel du secteur de l’édition logiciel mais aussi de l’in-dustrie. Gartner rappelle que « 85% des entrepri- ses utilisent déjà des logiciels open source » et que « 80% des logiciels commerciaux contiennent des composants open source ». De par sa nature même, le logiciel libre se prête naturellement au transfert des résultats de recherche, dont il peut être un moyen puissant lorsque les conditions sont réunies, en particu-lier la mobilisation effective d’une commu-nauté d’entreprises. Le logiciel libre issu de la recherche devient alors un outil puissant pour la compétitivité et la capacité d’innovation des entreprises, industrielles et de service.

• Afin de renforcer ce mouvement et l’impact socio-économique de sa production logicielle, Inria fait toute sa place au logiciel libre dans sa stratégie de développe-ment et de transfert, par la qualité de ses pratiques d’édition mais aussi par un effort particulier pour en favoriser l’appropria-tion par les PME.

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stratégie DE DÉVELOPPEMENT TEChNOLOGIQUE ET D’EXPÉRIMENTATION

Technologies et logiciels jouent un double rôle au sein d’Inria : objets de recher-che mais aussi moyens d’apporter validité, robustesse, confiance ou réfutabilité aux résultats scientifiques. Inria a pour cela mis en place les Services d’expérimentation et de développement technologique (SED), animés par une direction nationale, avec le double objectif d’augmenter l’impact et la qualité des productions technologiques de l’institut. Par ailleurs, les plateformes numériques de recherche jouent un rôle croissant pour mener à bien les expérimentations à large échelle dans les sciences du numérique, sur des sujets variés allant de l’observation de l’Internet aux nouveaux modèles d’interactions issus de la réalité virtuelle et augmentée. Pour ces plateformes, Inria sera présent au stade des choix scientifiques et technologiques et prêt à prendre en charge leur hébergement et leur gestion. Cette stratégie sera poursuivie avec à l’esprit une ouverture de ces équipements à des communautés de recherche larges, voire aux entreprises.

La politique de développement technologique continuera à être construite en accompagnement des défis scientifiques définis dans le plan stra-tégique. Chaque « action de développement technologique » y fera référence et sera évaluée en fonction de trois critères : créativité (nouveauté, originalité), valeur (d’estime, d’usage, économique, sociale), socialisation (acceptation par les acteurs, sociétés, marchés, etc.). En y asso-ciant encore plus qu’aujourd’hui les ingénieurs des services d’expérimentation et de déve-loppement, des développements d’envergure sur un nombre limité de sujets devront être privilégiés, dans le but de mettre en place de véritables plateformes d’intégration logicielle, assemblant des composants logiciels servant de support à une large base de travaux de recherche. Ceci garantira l’interopérabilité des codes de façon à enrichir les possibilités d’expé-rimentation scientifique et de transfert, de factoriser les codes pour en augmenter la robustesse et de conférer aux développements la pérennité requise.

cette « socialisation » sera accompagnée par une politique de création et d’ani-mation de communautés autour des développements logiciels, en particulier libres. L’objectif sera d’associer de manière structurée différents contributeurs afin de traiter de façon efficiente le problème posé tout en réduisant le coût des développements et en mettant la solution à disposition des communautés intéressées. Cette politi-que affirmée viendra compléter les dispositifs de soutien au logiciel libre déjà présents et qui seront développés, tels que l’organisation annuelle de la conférence fOSSa (réunissant acteurs de la recherche, de l’économie et décideurs institutionnels), l’activité autour d’IRILL (Initiative de Recherche et Innovation sur le Logiciel Libre) et le concours Boost your code qui offre la possibilité à un jeune diplômé lauréat de passer une année au sein de l’Institut pour développer son projet open source.

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créativité, valeur,socialisation

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Les grands thèmes technologiques feront l’objet d’une veille organisée et parta-gée : moyens de calcul et plateformes d’exécution, gestion des grands volumes de données et visualisation, Internet et sécurité, réalité virtuelle et augmentée, intergiciel et interopérabilité, sans oublier les méthodes de développement et d’analyse de codes.

Les actions de sensibilisation de l’ensemble des acteurs du développement technologique –chercheurs, doctorants et post doctorants et ingénieurs – prendront une autre dimension par la mise en place d’une école du développement logiciel regroupant des moyens de formation (internes et externes) et mettant en œuvre à la fois une stratégie pluriannuelle et des modalités de fonctionnement capables de favoriser une adaptation rapide aux besoins. Cela permettra en par-ticulier de maintenir et d’étoffer un environnement de développement de qualité et d’offrir de façon mutualisée, éventuellement au sein de l’alliance allistene, des outils communs.

stratégie EUROPÉENNE ET INTERNATIONALE

L’Europe : une priorité stratégique d’InriaInria entend donner une nouvelle impulsion à son engagement européen par

l’établissement de relations privilégiées avec des acteurs majeurs pour mieux coordonner et accroître l’impact des programmes de recherche nationaux et européens. Ainsi, l’institut renforcera sa politique de mise en place de partenariats ciblés en liaison avec ses grands partenaires « académiques » comme le CWI aux Pays-Bas, le MPI ou la Fraunhofer Gesellschaft en Allemagne. Des relations privilégiées et une concer-tation programmatique étroite seront développées sur quelques domaines thématiques prioritaires, porteurs d’enjeux économiques et de souveraineté et de nature à contribuer plus visiblement encore à la reconnaissance d’une priorité numérique en Europe.

Inria s’engagera résolument dans horizon 2020, futur programme-cadre pour la période 2014-2020, avec lequel les orientations stratégiques de l’ins-titut sont en phase ; il s’agira de combiner l’excellence scientifique avec une prise en compte plus affirmée des grands enjeux sociétaux européens et mondiaux, pour lesquels inria peut apporter une contri-bution essentielle. L’institut s’impliquera fortement dans les program-mes destinés à faire émerger des problématiques de recherche ou des technologies de rupture (European Research Council, Future and Emerging Technologies, en particulier les initiatives FET Flagships), et dans des thématiques pour lesquelles l’échelon européen est perti-nent (High Performance Computing, initiatives autour de l’Exascale Computing…).

Inria entend assurer aussi un rôle moteur sur les questions liées au transfert et à l’innovation, en participant activement aux programmes d’horizon 2020 pour élargir son champ d’action à l’échelon européen, en par-ticulier dans le cadre de la communauté de la connaissance et de l’Innovation EIT ICT Labs. En parallèle, des actions spécifiques bilaté-rales seront mises en place pour structurer les relations de l’institut avec les industriels européens majeurs de nos domaines.

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Les défis sociétaux

dans le programme Horizon 2020

de l’Union européenne

• On estime qu’environ 30% des moyens consa-crés aux technologies de l’information et de la communication dans Horizon 2020 devront répondre aux défis de la société (santé, évolu-tion démographique et bien-être ; énergies sûres, propres et efficaces ; transports intelligents, verts et intégrés ; lutte contre le changement climatique, utilisation efficace des ressources et matières premières ; sociétés inclusives, novatrices et sûres).

veille organisée et partagée

Initiatives et réseaux européens

• Inria est actuellement engagé dans de nombreu-ses initiatives et réseaux contribuant à la réflexion stratégique en Europe : Plateformes Technologi-ques Européennes, EIT ICT Labs Science Europe, Informatics Europe, ERCIM… Les rôles et objectifs de ces structures sont parfois complémen-taires et parfois redon-dants. Une évaluation s’impose et des choix devront être opérés, après en avoir examiné l’impact sur la politique de l’institut.

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L’international : conforter l’impact de nos collaborationsA l’échelon international, Inria est attentif au contexte de diversification des col-

laborations Nord-Sud engendrant de nouveaux flux de circulation des compétences et de nouveaux pôles d’attraction. Il restera réceptif aux opportunités permettant de construire des relations privilégiées directes avec de grands acteurs internationaux du numérique, et préserver sa faculté d’adaptation à un contexte scientifique extérieur en évolution très rapide.

L’objectif de l’institut est de renforcer son impact en s’alliant avec les meilleurs partenaires pour choisir d’attaquer conjointement certains défis scien-tifiques ou problèmes globaux.

Cet objectif se concrétisera au travers d’un soutien prioritaire à des partenariats forts et équilibrés, dans un nombre limité de pays, et s’appuyant sur des échanges accrus de chercheurs via les différents programmes de mobilité d’Inria (équipes associées, séjours sabbatiques, séjours exploratoires, accueils internships, doctorants, post-doctorants et chercheurs invités).

Chaque fois que possible, partenaires français et européens seront associés, car il convient de s’appuyer sur l’Europe pour amplifier la politique d’alliance, de visibilité et d’attractivité de l’institut.

Le développement des relations internationales ne pourra néanmoins se faire que si certaines conditions indispensables sont réalisées : des frontières ouvertes pour permettre les échanges académiques et la mobilité ; le soutien budgétaire et politique de l’état et de l’Europe ; des structures de recherche collaboratives ; la confiance entre scientifi-ques, l’éthique et le respect de la propriété intellectuelle.

Des partenariats gagnant-gagnant

sur des priorités internationales

• Les thématiques globales sont des enjeux reconnus dans les pays indus-trialisés comme les USA, le Canada, le Japon : il est pertinent de travailler avec eux pour aborder par exemple le traitement des données et calculs massifs, les neurosciences et l’homme augmenté, l’évolution du climat…

• Les pays dont l’économie a émergé plus récemment ont défini également des priorités sur lesquelles ils sont prêts à investir et qui offrent des opportunités de partage équilibré de compétences et de moyens. C’est le cas par exemple de l’Inde (innovations pour les masses), de la Chine (santé et vieillissement, ville numérique), du Brésil (ressources environnementales), du Chili (dévelop-pement des e-technologies) ou des pays d’Afrique (réseaux intelligents et écono-mes en énergie, épidémiologie).

circulation des compétences et nouveaux pôles d’attraction

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stratégie DE DÉPLOIEMENT TERRITORIAL

Les huit centres de recherche d’Inria (Bordeaux – Sud-Ouest, Grenoble – Rhône alpes, Lille – nord europe, nancy – grand est, Paris – rocquencourt, Rennes – Bretagne Atlantique, Saclay – Île-de-France, Sophia Antipolis – Méditerranée) sont des composantes essentielles de l’organisation de l’institut.

Inria a l’ambition que chaque centre joue un rôle de catalyseur dans son écosys-tème d’enseignement supérieur, de recherche et d’innovation, en le faisant en particulier bénéficier de la vision nationale de l’institut. Les centres doivent donc se situer au cœur de ces écosystèmes et les aider à y développer les sciences du numérique, en visant à amplifier leur impact scientifique, économique et sociétal. La valeur ajoutée d’un centre Inria passe aussi par une politique volontariste de partenariats avec tous les acteurs, académiques, industriels et des collectivités territoriales, de son écosystème. À ce titre, le positionnement du directeur de centre inria, membre du comité de direction de l’institut et bénéficiant d’une forte délégation du Pdg d’Inria, est un élément important dans la capacité des centres à développer au meilleur niveau des partenariats forts et pérennes.

Chaque centre Inria affiche des thématiques de recherche pour lesquelles il dis-pose d’une masse critique de grande qualité. La politique suivie depuis des années par l’institut conduit naturellement à ce que ces domaines thématiques privilégiés résultent de la conjugaison entre les grandes orientations stratégiques scientifiques de l’institut et les thématiques dominantes des sites et régions où le centre est implanté. Ainsi, ces principales thématiques de recherche ont vocation à n’évoluer que lentement au cours des années.

En sus, chaque centre définit régulièrement ses priorités scientifiques, sur lesquelles il souhaite faire porter un effort particulier. Ces priorités peu-vent être de nature diverse, être purement internes au centre ou impliquer des partena-riats, relever des sciences informatiques et mathématiques, ou comporter une dimension pluridisciplinaire. Elles peuvent porter sur des actions de recherche, de développement ou de transfert. Il est entendu que ces priorités peuvent ne concerner qu’une partie seulement des nombreuses activités scientifiques d’un centre. Inria et ses centres doivent continuer à savoir pleinement profiter d’opportunités scienti-fiques inattendues, par exemple celles apportées par le recrutement de chercheurs talentueux, en particulier sur des sujets novateurs.

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thématiques de recherche et priorités scientifiques

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Inria Bordeaux – Sud-Ouest

Le Centre de Recherche Inria Bordeaux – Sud-Ouest a été créé en 2008 et est implanté à Talence et à Pau. En 2012, il implique 320 personnes (dont 270 scientifiques), 180 rémunérées par Inria (dont 130 scientifiques) et 21 équipes-projets y sont déve-loppées. • Les partenaires académiques du centre sont le CNRS, l’Université Bordeaux 1, l’Université Bordeaux-Segalen, l’Insti-tut Polytechnique de Bordeaux, l’Université de Pau et Pays de l’Adour, l’ENSTA-ParisTech, l’Institut d’Optique Graduate School, l’Institut des maladies neurodégénératives. • Le centre travaille en collaboration étroite avec les pôles de compétitivité : Aeros-pace Valley, Avenia (Ecotechnologies-Energie) et Route des La-sers. • Ses principaux partenaires industriels sont Total, Thales, Rhodia, Sagem, Snecma, EDF, Airbus, France Télécom, Valeol, Immersion…

Principaux thèmes de recherche

• Modélisation / Simulation numérique / HPC ; • Santé et sciences de la vie ; • Interaction et adaptation à l’environnement humain et physique.

Priorités scientifiques

• Calcul intensif sur nouvelles architectures – passage à l’échelle et prise en compte des incertitudes pour une conception robuste ; • Modélisation et simulation pour la santé : cancérologie, cardiologie… • Systèmes adaptatifs : interaction entre monde réel et monde numérique, aide à la personne, acquisition et visualisation de données…

Inria Grenoble Rhône-Alpes

Le Centre de Recherche Inria Grenoble Rhône-Alpes a été créé en 1992 et est implanté à Grenoble et à Lyon. En 2012, il im-plique 640 personnes (dont 555 scientifiques), 350 rémuné-rées par Inria (dont 270 scientifiques) et 35 équipes-projets y sont développées. • Les principaux partenaires académiques du centre sont le CNRS, l’Université Joseph Fourier Grenoble-I, Grenoble-INP, l’ENS Lyon, l’Université Claude Bernard Lyon-I et l’INSA de Lyon. • Le centre travaille en collaboration étroite avec les pôles de compétitivité Minalogic et Imaginove, est membre des pôles Lyon-Biopôle et Tennerdis et des IRT Bioaster à Lyon et Nanoelec à Grenoble. • Ses principaux partenaires industriels sont ST Microelectronics, Samsung, Toyota, Thalès, Microsoft, FT R&D, Alcatel-Lucent, L’Oréal, Schneider Electric, EDF, Xerox, Staubli, Expway, Edengames…

Principaux thèmes de recherche

• Systèmes répartis et réseaux mobiles ; • Logiciels sûrs et systèmes embarqués pour l’informatique ambiante ; • Modélisation et simulation de phénomènes mul-ti-échelles et multi-composants ; • Perception et interaction avec les mondes réels et virtuels.

Priorités scientifiques

• Des robots partageant notre espace de vie et de travail ; • Internet des objets et Internet des données : la société numérique ; • Modélisation des interactions en biologie ; • Formes, apparences et mouvements pour les mondes virtuels ; • Interface matériel – logiciel ; • Apprentissage et optimisation distribuée pour systèmes à grande échelle.

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Inria Lille – Nord Europe

Le centre de recherche Inria de Lille a été créé en 2008 et est implanté à Lille et Amsterdam. En 2012, il implique 305 person-nes (dont 265 scientifiques), 155 rémunérées par Inria (dont 115 scientifiques) et 12 équipes-projets y sont développées. • Les partenaires académiques du centre sont le CWI, l’Université Lille 1, l’Université Lille 2, l’Université Lille 3, l’Ecole Centrale Lille et le CNRS. • Le centre travaille en collaboration étroite avec les pôles de compétitivité Picom (industries du commerce) et MAUD (matériaux) ainsi que les pôles d’excellence Pôle Ubiquitaire /EuraTechnologies et Pôle Images. • Ses principaux partenaires industriels sont Auchan, Alcatel Lucent, Etinéo, Atos Worldline France Telecom, Idées-3COM, Oxylane, SAP, Thalès.

Principaux thèmes de recherche

• Intelligence des données ; • Systèmes logiciels adaptatifs.

Priorités scientifiques

• Internet des données et Internet des objets ; • Génie logiciel pour les systèmes éternels ; • Modèle patient dynamique ; • Couplage perception/action pour l’interaction homme-machine.

Inria Nancy – Grand-Est

Le centre de recherche Inria Nancy – Grand Est a été créé en 1986 et est implanté à Nancy, Strasbourg, Metz, Besançon et Sarrebruck. En 2012, il implique 445 personnes (dont 375 scien-tifiques), 210 rémunérées par Inria (dont 160 scientifiques) et 22 équipes-projets y sont développées. • Les partenaires aca-démiques du centre sont l’Université de Lorraine, l’Université de Strasbourg, l’Université de Franche-Comté, le CNRS et le Max-Planck-Institut für Informatik. • Le centre travaille en collabo-ration étroite avec les pôles de compétitivité Materalia, Pôle Fi-bres, Hydreos, Alsace Biovalley, Véhicule du Futur (en Région) et System@TIC, Minalogic (hors Région). • Ses principaux partenai-res industriels sont Alcatel-Lucent, Crédit Agricole, EADS, EDF, France Télécom, GDF Suez, General Electric, IBM, PSA, Siemens, Thalès et Acapela, Allegorithmic, ARC Informatique, Artefacto, Diatélic, eRocca, Fireflies, Smartesting, XWiki SAS.

Principaux thèmes de recherche

• Modélisation et simulation de systèmes complexes pour les sciences de l’ingénieur et les sciences du vivant ; • Sécurité et sûreté de fonctionnement des systèmes informatiques ; • Compréhension et émulation des mécanismes de la cognition et de la perception humaines.

Priorités scientifiques

• Impact dans la vie quotidienne des enjeux de la sécurité informatique ; • Image, robotique et instrumentation pour la santé et l’aide à la dépendance ; • Couplage et intégration de méthodes pour la résolution avancée en ingénierie numérique ; • Modélisation de connaissances pour la construction de logiciels éducatifs adaptés à l’apprenant.

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Inria Paris – Rocquencourt

Le centre de recherche Inria Paris – Rocquencourt a été créé en 1967 et est implanté à Rocquencourt et Paris. En 2012, il impli-que 590 personnes (dont 500 scientifiques), 375 rémunérées par Inria (dont 285 scientifiques) et 39 équipes-projets y sont développées. • Les partenaires académiques du centre sont l’ENPC, l’ENS, UPMC, l’université Paris-Diderot, UMLV, l’UVSQ et l’UTT. • Le centre travaille en collaboration étroite avec les pôles de compétitivité Systematic, Cap Digital, Advancity, Finance In-novation, Medicen et Move’o. • Ses principaux partenaires indus-triels sont France Télécom, Dassault Av., Gemalto, Thalès, Sie-mens, EDF, EADS, Renault, Crédit Agricole CIB et Natixis pour les grands groupes et de nombreuses PME – PMI dont Distene, LK2, Numtech, CryptoExpert, IPSIS, KLS Optim, Vera, Kwaga, Spring Technologie, Mandriva, WebSourcing, Helios Biosciences.

Principaux thèmes de recherche

• Réseaux et systèmes de communication ; • Logiciels fiables et sécurité ; • Modélisation du vivant et de l’environnement ; • Simulation & Apprentissage.

Priorités scientifiques

• Vers l’ordinateur quantique ; • Mieux comprendre les maladies neurologiques ; • Auto-organisation des réseaux et des systèmes ; • Risques environnementaux et systémiques ; • Sciences du numérique pour les arts et les lettres ; • Confiance dans les systèmes distribués.

Inria Rennes – Bretagne Atlantique

Le centre de recherche Inria de Rennes-Bretagne Atlantique a été créé en 1980 et est implanté à Rennes, Nantes et Lannion. En 2012, il implique 670 personnes (dont 585 scientifiques), 340 rémunérées par Inria (dont 280 scientifiques) et 33 équi-pes-projets y sont développées. • Les partenaires académiques du centre sont l’Université de Rennes 1, l’Université de Rennes 2, l’Université de Nantes, le CNRS, l’ENS Cachan Bretagne, l’INSA de Rennes, l’École des Mines de Nantes, l’IRSTEA, l’INSERM, Su-pélec, et bientôt l’Institut Curie et l’IFSTTAR. • Le centre travaille en collaboration étroite avec les pôles de compétitivité Images et Réseaux, et ID4CAR. • Ses principaux partenaires industriels sont Alcatel-Lucent, France Telecom, Technicolor, Thalès, EDF, EADS, Airbus, Intel, Microsoft, Canon, Siemens (Grands Groupes) ; BA Systèmes, Artefacto, GenomeQuest, Kereval, CAPS Entre-prise, SenseYou, Golaem, Powedia, Syneika et de nombreuses autres PME et start-ups.

Principaux thèmes de recherche

• Logiciel et matériel pour les systèmes et les réseaux avec des exigences de fiabilité, de sécurité et de performance ; • Données et interaction : données multimédias, gestion des grands volumes de données, interaction entre systèmes, mondes réels ou virtuels et utilisateurs ; • Modélisation mathématique et symbolique pour l’environnement, le climat, l’énergie et l’ingénierie ; • STIC pour les sciences de la vie, de la santé : robotique, bio-informatique, imagerie.

Priorités scientifiques

• Fiabilité du logiciel : du déterminisme au stochastique ; • Bio-imagerie à haute résolution et à haut débit et biologie numérique à grande échelle ; • Humain virtuel : simulation de la performance motrice humaine ; • Anges gardiens intelligents connectés ; • Stockage et exploitation de données massives distribuées.

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Inria Saclay – Île-de-France

Le centre de recherche Inria Saclay – Île-de-France a été créé en 2008 et est implanté à Palaiseau, sur le campus de l’École Poly-technique. En 2012, il implique 460 personnes (dont 400 scien-tifiques), 250 rémunérées par Inria (dont 195 scientifiques) et 27 équipes-projets y sont développées. • Les principaux parte-naires académiques du centre sont l’École Polytechnique, l’ENS Cachan, l’Universite Paris-Sud, Supelec, l’École Centrale de Paris, le CNRS et le CEA. • Le centre travaille en collaboration étroite avec les pôles de compétitivité Systematic, Cap Digital, Medicen, ASTECH, Finance Innovation, mais aussi avec différents réseaux experts tels qu’Opticsvalley et le Centre Francilien de l’Innova-tion. • Ses principaux partenaires industriels sont Microsoft, EDF, Alcatel-Lucent, Safran, Astra-Zeneca, Sanofi, France Telecom, Airbus et Barclays pour les grands groupes, et Artelys et Sylkan pour les PME innovantes.

Principaux thèmes de recherche

• Sûreté, sécurité et fiabilité pour les architectures, les logiciels et les données ; • Des données aux connaissances : modélisation, interrogation et visualisation de données massives distribuées ; • Modélisation, contrôle et optimisation des systèmes complexes.

Priorités scientifiques

• Sûreté, sécurité et fiabilité pour les architec tures, les logiciels et les données ; • Traitement de données et modélisation pour les sciences du vivant ; • Optimisation de la consommation et de la distribution énergétiques.

Inria Sophia Antipolis – Méditerranée

Le centre de recherche Inria Sophia Antipolis – Méditerranée a été inauguré en 1983 et il est implanté à Sophia-Antipolis, à Nice, à Montpellier, à Marseille et à Bologne (Italie). En 2012, il implique 600 personnes (dont 515 scientifiques), 400 rému-nérées par Inria (dont 320 scientifiques) et 38 équipes-projets y sont développées. • Les partenaires académiques du centre sont l’université Nice Sophia Antipolis (UNS), l’université Mont-pellier 2 (UM2), Aix Marseille université (AMU), l’université de Bologne, l’université Paris 6, le CNRS, l’INRA, le Cirad, l’INSERM, partenaires avec lesquels le centre a des équipes-projets com-munes ainsi que l’université d’Avignon et des pays du Vaucluse (UAPV), l’université du Sud Toulon Var (USTV), le CSTB et le Cen-tre International de Valbonne (CIV) avec lesquels le centre a des accords de collaborations. • Le centre travaille en collaboration étroite avec les pôles de compétitivité Solutions Communican-tes Sécurisées, Pégase, Optitec, les associations Incubateur Paca-Est, Plate-Forme Telecom (Com4Innov) et Telecom Valley et est présent dans EIT ICT Labs. • Ses principaux partenaires industriels sont, coté Grands Groupes, France Telecom, Thales, General Electric, Alcatel-Lucent, Galderma, Microsoft Labs, Ar-celor Mittal, Airbus, Crédit Agricole CIB, EADS, EIF, Finrisk SAP, Siemens, SNECMA, Technicolor et coté PME Bertin Technologies, Ipernity, Keeneo, Lemma, Mumiscaphe, Mauna Kea Technolo-gies, MXM, Quantaflow.

Principaux thèmes de recherche

• Communication et calcul omniprésent ; • Médecine et biologie computationnelles ; • Modélisation, simulation et interaction avec le monde réel.

Priorités scientifiques

• Sciences du numérique pour l’assistance à la personne et la santé à domicile ; • Neurosciences computationnelles et expérimentales ; • Modélisation et simulation pour la production et la gestion d’énergie ; • Traitement des données massives et hété rogènes ; • Internet centré utilisateur.

MISE EN œUVRE De La stratégie

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ImplIquer les équIpes-projets dans de nouveaux défIs avec les InrIa labs

le paysage français de l’enseignement supérieur et de la recherche a beaucoup évolué depuis quelques années, et a conduit notamment à la création de nombreux dispositifs et structures. dans ce cadre général, Inria réaffirme avec force sa conviction que le modèle d’équipe-projet est particulièrement adapté aux enjeux des sciences du numérique, tout en étant complémentaire des structures plus pérennes, de type umr, proposées par ses partenaires académiques. qu’elles soient propres ou communes, les équipes-projets continueront donc à être les cellules de base de l’organisation scientifique de l’institut.

l’existence d’un réel projet focalisé, commun à l’ensemble des membres de l’équipe-projet, est fondamentale dans la manière dont Inria souhaite aborder les enjeux des sciences du numérique. chaque équipe-projet doit veiller à contribuer à l’ensemble des activités d’Inria, la recherche et le transfert en premier lieu, mais également la formation par la recherche, le développement technologique et la médiation scienti-fique – la part consacrée à chacune de ces activités dépendant bien sûr de la nature des recherches et des collaborations de chaque équipe-projet. l’évaluation de ses équipes-projets fait partie des fon-damentaux d’Inria, tant, ex ante, au moment de leur création que, ex post, lors de leur renouvellement ou de leur arrêt. cette évaluation sera bien entendu maintenue, avec le souhait d’amplifier, pour les équipes-projets pour lesquelles cela est pertinent, la prise en compte des activités d’expérimentation, de développement technologique ou de transfert. Inria souhaite de plus développer la notion d’équipe exploratoire permettant à un chercheur déjà reconnu de s’engager dans une recherche particulièrement originale et d’explorer pendant un à trois ans des directions de recherche nouvelles et incertaines avant de proposer éventuellement la création d’une équipe-projet.

Inria tient à donner à chaque équipe-projet un environnement de travail de qualité et à lui fournir le soutien nécessaire à la réalisation de ses activités. ainsi, en l’absence d’une augmentation significative de ses moyens, et en particulier du nombre de chercheurs permanents, l’institut consi-dère que le nombre d’équipes-projets doit rester inférieur à 200.

de manière additionnelle, Inria a l’ambition de renforcer les dispositions permet-tant à des équipes-projets de collaborer de manière pérenne, éven-tuellement avec d’autres partenaires, académiques ou industriels, sur des projets ambitieux nécessitant des compétences variées. l’institut se propose ainsi de créer la notion d’Inria lab, qui unifie et renforce un certain nombre d’outils existants. seront en particulier distinguées les entités suivantes :

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les « Inria Project Labs » (nouvelle appellation pour les « actions d’envergure ») qui visent à faire collaborer

plusieurs équipes-projets, éventuellement avec d’autres équipes aca-démiques (françaises ou européennes), avec l’objectif de s’attaquer ensemble à un verrou scientifique ou technologique, via un projet de recherche commun clairement défini. en régime permanent, le nombre d’Inria project labs actifs pourrait être de l’ordre de 15 à 20.

les « Inria Joint Labs », structures communes entre Inria et un partenaire privé (par exemple un grand

industriel), sur la base d’une feuille de route partagée autour de problè-mes issus de la r&d de l’entreprise et auxquels Inria ne pourrait avoir accès seul. les laboratoires communs existants avec alcatel lucent ou microsoft research, ou encore le cerfacs, en sont des exemples. À terme, un Inria joint lab pourrait être constitué avec chacun des grands partenaires industriels de l’institut, soit une dizaine.

les « Inria Innovation Labs » qui associent une équipe-projet et une pme, autour d’un programme de travail

commun, avec l’objectif de conforter la capacité d’innovation de la pme. une dizaine de laboratoires de ce type ont déjà été créés à titre expérimental, sous le nom d’i lab. l’ambition est d’impliquer un grand nombre d’équipes-projets pour avoir, à l’horizon 2020, un nombre d’Inria Innovation labs en forte augmentation.

les « Inria International Labs », qui organisent la présence d’Inria dans une région du monde, associent des équi-

pes de l’institut et celles d’un ou plusieurs partenaires académiques étrangers. le jlpc aux états-unis, le lIama en chine, le lIrIma en afrique, le cIrIc au chili en sont des exemples. une dizaine d’Inria International labs pourrait exister en 2020.

les Inria labs seront créés et évalués en tenant compte de leurs spécificités. chacun d’eux aura vocation à recevoir des moyens humains ou finan-ciers dédiés, s’ajoutant à ceux des équipes-projets participantes, les personnels Inria restant affectés dans des équipes-projets.

l’institut attend de ces structures, équipe-projet ou Inria lab, qu’elles visent à avoir un impact fort dans leur domaine. particulièrement exigeant sur leur création, il affectera en priorité des moyens aux projets ambi-tieux et originaux, qu’ils soient au cœur des disciplines de base ou pluridisciplinaires.

L’évaluation : une étape essentielle

dans la vie des équipes-projets

et une composante fondamentale des Inria labs

• Toutes les actions d’Inria font l’objet d’évaluations régulières et indépendantes. Elles sont réalisées par des évaluateurs extérieurs à Inria, personnalités aca-démiques ou du monde de l’entreprise, françaises ou étrangères. Les évalua-tions sont communiquées aux structures évaluées afin que ces dernières puissent les prendre en compte et y répondre le cas échéant. L’ensemble de ces éléments est com-muniqué à la Commission d’évaluation puis au Conseil scientifique d’Inria dans lesquels siègent des personnalités extérieures à l’institut et des repré-sentants des personnels. In fine, le président d’Inria prend les décisions de poursuite, d’arrêt ou d’évolution des structures évaluées au vu de ces différents éléments.

• Ce processus s’appli-que aussi bien aux équi-pes-projets qu’aux Inria labs. Pour ces derniers, les éléments d’évaluation des équipes-projets impliquées seront pris en compte pour permettre de focaliser sur des critè-res spécifiques à chaque action ou structure (par exemple la réalité de l’intégration des équipes, réalité du travail collectif, visions communes développées en tant que plus-value de l’action évaluée…).

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faIre d’InrIa et de ses centres de recherche une référence en scIences du numérIque

l’ambition, déjà affirmée, d’être l’institut référent dans le domaine des sciences du numérique s’accompagne de la conviction qu’Inria jouera efficacement ce rôle en développant l’ensemble de ses partenariats, académiques et industriels, mais aussi avec les collectivités territoriales et d’autres acteurs de la société civile. seul organisme de recherche spécialisé sur les champs informatiques et mathématiques des sciences du numé-rique, Inria est co-fondateur avec le cea, le cnrs, la cpu, l’Institut mines telecom et la cdefI de l’alliance allistene. dans une logique de complémentarité et non de redondance, il souhaite continuer à jouer un rôle moteur dans la coordination des principaux acteurs nationaux des sciences du numérique et aussi être un membre actif des coor-dinations des autres secteurs dans lesquels la place du numérique se développe, par exemple dans l’alliance aviesan pour les sciences du vivant et la santé. concernant plus spécifiquement les sciences informatiques, Inria renforcera ses interactions avec l’institut Ins2I du cnrs, notamment à travers la structure de coordination mise en place en 2010, afin de conduire des stratégies concertées et de démultiplier leur rôle d’animation et d’entraînement de la communauté nationale.

au niveau régional, Inria se donne comme objectif majeur de participer à la construction de pôles académiques d’excellence de rang international, fortement ancrés territorialement, par le biais de partenariats contrac-tualisés avec les établissements de recherche et d’enseignement supérieur (ou les structures fédératives qu’ils mettront en place).

À l’instar de ce qui se fait à travers le monde, les sciences du numérique sont appelées à jouer un rôle-clé dans ces pôles. en s’appuyant sur ses centres de recherche, et en tirant profit de la forte délégation dont bénéficient les directeurs de centre, Inria s’efforcera de jouer un rôle moteur pour le développement des sciences du numérique dans ces pôles. dans cet esprit, Inria a déjà proposé en 2011, avec le cnrs et la cpu, la création sur chaque grand site universitaire d’un comité de site rassemblant l’ensemble des acteurs académiques et en charge de définir une stratégie coordonnée d’actions et de développement du site dans le domaine des sciences du numérique. Inria œuvrera à la mise en place de ces comités sur tous les sites où il est présent.

par ailleurs, l’institut proposera aux conseils régionaux des sites où ses centres sont implantés, de signer des contrats pluriannuels région - Inria. le contenu précis de ces contrats dépendra évidemment de la politique et des priorités de chaque région et pourra prendre en compte la nou-velle programmation pour les fonds structurels européens. mais un tel contrat a vocation à inclure des actions de développement économique et de l’innovation dans le domaine du logiciel, et en particulier la mise en place d’un volet régional du programme Ambition logicielle (voir ci-après), avec des modalités de soutien aux Inria labs impliquant des industriels de la région, notamment les pme. de manière à renforcer la visibilité et le rayonnement du site, le contrat pourra aussi prévoir le soutien à l’accueil de chercheurs de haut niveau, par exemple via

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la création de chaires région - Inria, ou le financement de l’accueil de doctorants et post doctorants. Il pourra également être pertinent d’inclure dans ces contrats des initiatives visant au développement des enseignements d’informatique dans les lycées, en lien avec les rectorats concernés, ou encore la participation d’Inria à des initiatives régionales de médiation scientifique. le cas échéant, ces contrats pourraient comporter une dimension d’investissement (équipements ou infrastructure immobilière).

Politique patrimoniale

• Un schéma pluriannuel de stratégie immobilière a été approuvé par le Conseil d’administration d’Inria pour la période 2011-2017. Il est essentiel dans ce domaine d’offrir à tous les person-nels, permanents ou temporaires, des conditions d’hébergement et de travail de qualité, sûres et propices à la bonne réalisation de leurs missions. Ceci est un élément primordial pour l’attractivité de l’institut.

• Avec la mise en service de cinq bâtiments en 2011-2012, la situation – relativement précaire jusque là – s’est fortement améliorée pour les nouveaux centres de recherche de Bordeaux, Lille et Saclay. Mais elle est loin d’être optimale pour le site « historique » de Rocquencourt, et il est important qu’elle ne se dégrade pas pour les autres centres anciens.

• Deux projets majeurs devront être menés à terme sur la période du présent plan stratégique : — la réalisation d’un nouvel ensemble immobilier pour une partie du centre de Paris-Rocquencourt et pour le siège (res-tructuration complète du site actuel de Rocquencourt ou nouvelle implantation) ; — la concrétisation du transfert de l’actuelle antenne parisienne du centre (location transitoire dans le 13e arrondis-sement) vers le « Campus Jourdan » de l’École normale supérieure.

• Sera étudiée par ailleurs la consolida-tion des antennes du centre de Grenoble à Lyon et du centre de Sophia Antipolis à Montpellier ainsi que des travaux de rénovation ou de remise à niveau techni-que sur les sites anciens, notamment à Sophia Antipolis.

• Au-delà de ces réalisations, l’institut se dotera d’un schéma directeur Patrimoine et logistique encadrant une évolu-tion d’organisation et une démarche emplois – compétences pour la « ligne métier » des services généraux des centres de recherche et la composante patrimoniale de la direction des affaires financières.

faIre d’InrIa un catalyseur du développement de l’économIe numérIque

Augmenter la performance de l’institut pour les partenariats industriels et le transfertInria a formalisé l’ensemble de ses actions en matière de partenariats industriels

et de transfert. ces programmes donnent un référentiel des pratiques, des processus et des objectifs communs à l’ensemble des acteurs de l’institut. ces programmes sont essentiellement à destination des équipes de recherche et sont structurés autour de six axes :– développer des compétences métiers partenariats industriels et transfert ;– diffuser et conserver la « culture » du transfert dans l’institut ;– susciter toujours plus d’opportunités de partenariats industriels et de transfert pour les équipes de recherche ;– suivre l’activité partenariale des équipes de recherche pour garantir les conditions d’un transfert possible ;– construire et suivre des projets de transfert (au sein du Programme de suivi des actions de transfert technologique depuis 2009) ;– développer des relations structurées avec les grandes entreprises.

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Accompagner la croissance des PME/ETI de l’édition logiciellel’objectif du projet Ambition logicielle est de renforcer et d’accélérer la croissance

par l’innovation des acteurs du logiciel, avec un accent mis sur les éditeurs. les indicateurs de performance sont liés à la création de valeur économique et non à une intensité de r&d ou à un volume de transfert.

le programme s’incarnera par des dispositifs régionaux (Grenoble, sophia antipolis, paris, bordeaux, lille, dans une phase initiale), insérés dans les écosystèmes innovants, autour d’une coordination spécifique au territoire concerné (un pôle de compétitivité ou/et un cluster, oseo, les acteurs du financement public et privé, des acteurs de référence de la recherche publique). un dispositif régional opère comme un catalyseur dont l’objectif est de renforcer et d’accélérer l’efficacité et l’impact de dispositifs existants au bénéfice des acteurs du logiciel, auxquels il ne se substitue pas. chaque dispositif régional accom-pagnera et suivra les projets de croissance d’acteurs du logiciel en s’appuyant sur un ensemble cohérent de dispositifs.

Inria mettra en œuvre ce programme et fera une évaluation des résultats et de l’impact à l’issue d’une première phase.

Augmenter les interactions avec les leaders mondiauxInria utilisera deux outils pour l’implémentation de cette politique. le premier outil est la conclusion de partenariats stratégiques de r&d avec des

grands groupes à forte intensité de r&d dans les domaines d’intérêt d’Inria, les relations bilatérales étant privilégiées. le second outil a pour objectif d’amplifier et d’accélérer l’accès aux « ressources d’Inria » (recherche, capital humain, transfert) à des grands groupes engagés dans une démarche d’innovation ouverte. Il s’incarne par le programme open Inria, qui est complémentaire des partenariats de r&d et s’apparente à un programme d’entreprises affiliées.

ces actions sont cohérentes avec l’engagement de l’Institut carnot Inria d’aug-menter de 40 % le volume de ses partenariats bilatéraux sur la période 2011-2015.

Assumer le rôle de leader français du transfert technologique dans le domaine logicielInria a l’ambition de soutenir des dispositifs au bénéfice de l’ensemble du sys-

tème français et mettra en œuvre le projet de cvt cvstene, qu’il porte au titre de l’ensemble des membres de l’alliance allistene. les bénéficiaires de cvstene seront les satt et, de manière générale, l’ensemble des acteurs du transfert dans les pôles universitaires, les membres d‘allistene dans une démarche de mutualisation, et les donneurs d’ordre publics via une fonction « d’observatoire national du transfert dans le numérique » que portera cvstene. un réseau social entre chercheurs et entreprises du secteur numérique sera également mis en place.

Le consortium de valorisation thématique

CVSTENE

• CVSTENE propose un ensemble de sept programmes : la montée en compétences des personnels de transfert, la promotion de l’offre de la recherche publique et l’identification de la demande auprès des en-treprises, l’analyse straté-gique des marchés à fort potentiel, la mobilisation d’une veille internatio-nale, l’apport d’une exper-tise haut niveau pour les projets de transfert dans le domaine numérique, la standardisation et la constitution d’un observa-toire du transfert dans les sciences et technologies numériques.

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faIre savoIr

depuis sa création, Inria s’est toujours beaucoup impliqué dans le transfert et dans la diffusion des connaissances et savoir-faire, qui font partie de ses missions originelles. la révolution numérique a modifié en profondeur les modalités de création, de propagation, d’assimilation et d’appro-priation des savoirs – quiconque ayant accès à Internet peut s’informer, contribuer et se cultiver en direct et à son rythme. la formation et la médiation scientifique, dans toutes leurs composantes, prennent un tour nouveau, plus collectif, créatif et plus interactif, et une dimension mondiale. Inria considère comme essentiel de développer une culture numérique auprès de tous, collégiens, lycéens, étudiants, grand public et aussi décideurs. l’institut jouera à cet égard un rôle de catalyseur et de référent, comme il le fait depuis des années.

Inria va ainsi amplifier son effort de médiation scientifique sur les recherches, les développements logiciels et les usages des sciences informatiques et mathématiques, en animant deux plateformes complémentaires de contenus et d’échanges. l’institut continuera à porter, comme il le fait depuis plusieurs années le site de culture scientifique Interstices (interstices.info), destiné aux curieux de sciences. Il soutiendra aussi le déploiement d’Inriality (Inriality.fr), dispositif de partage et de débat sur la civilisation numérique, destiné à proposer des initiations, des éclairages et des points de vue à destination du grand public.

par ailleurs Inria souhaite contribuer à la production de cours en ligne massive-ment ouverts (celmo, venant de l’anglais mooc : Massive Open Online Courses) dans le prolongement de l’expérimentation fuscia (http://fuscia.info). d’une part Inria étudiera des associations à des sites de cours en ligne, portés par les grandes universités étrangères (mIt, stanford, berkeley, etc.). d’autre part, en collaboration avec de grandes universités françaises ou européennes, Inria veillera à maîtriser ces technologies et sera moteur dans la constitution d’une plateforme étendue au niveau européen. cette plateforme contribuera en particulier au développement des enseignements de l’infor-matique à l’école, au collège, au lycée et dans les classes préparatoires, mais aussi dans les formations universitaires ou des grandes éco-les, développement qu’Inria considère comme indispensable. elle alimentera la réflexion et les propositions d’actions sur le bon usage de l’informatique dans l’enseignement, à tous les niveaux. elle pourra aussi comporter un volet destiné à la formation continue, si importante pour le développement économique.

Inria intensifiera son rôle d’expert sur les problématiques technologiques et scientifiques de la société numérique. Il convient en effet d’éclairer les choix politiques sur les questions d’éthique, liés par exemple au risque d’atteinte à des données privées pour de bonnes raisons (lutte contre la cybercriminalité ou la pédophilie) ou de mauvaises raisons (e-commerce et publicités envahissants), ou encore les questions économiques liées au droit d’auteur. À cet égard, Inria a promu la mise en place d’une commission de réflexion sur l’éthi-que de la recherche au sein de l’alliance allistene, et s’engage à la faire vivre et à y impliquer ses experts. Inria continuera par ailleurs à s’appuyer sur le coerle (comité opérationnel d’évaluation des risques légaux et éthiques) pour aider les chercheurs, les équipes-projets et l’institut à évaluer les risques éthiques et légaux liés aux

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création, propagation, assimilation et appropriation des savoirs

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recherches, aux développements de systèmes et aux expérimen-tations envisagées.

comme il le fait régulièrement depuis des années, Inria continuera à produire des notes blanches et à répondre aux sollicitations du gouvernement, des parlementaires (par exemple ceux de l’opcest), des entités publiques (comme le conseil économique, social et environnemental) ou des syndicats professionnels (cIGref, syntec, afdel), et s’organisera pour répondre aux questionnements toujours plus nombreux et exi-geants de la société numérique.

consolIder les leadershIps européen et mondIal

l’institut encouragera la présence de ses équipes-projets dans les appels à projets du programme cadre de recherche et développement horizon 2020 en lien avec ses orientations stratégiques de recherche et dans ceux visant à faire émerger des technologies de rupture. en particulier, Inria entend rester très mobilisé sur le programme erc (European Research Council) afin de renforcer sa position en tête du classement des établissements européens dans ses domaines de compé-tence et d’augmenter son attractivité pour l’accueil de scientifiques de très haut niveau. pour cela l’institut mobi-lisera des moyens permettant de créer des chaires juniors et seniors, dans le cadre des « Inria research positions ». l’institut renforcera sa présence dans les thèmes en rupture du programme future and emerging technologies, en soutenant les équipes-projets impliquées. enfin des Inria project labs pourront être créés pour organiser sa par-ticipation à des projets pluridisciplinaires de l’initiative fet flagships, du volet sociétal d’horizon 2020 et dans des programmes prioritaires de programmation conjointe (par exemple hpc, exascale).

les « Inria International labs », fondés sur des principes de projets de recherche conjoints, de co-évaluation et de cofinancement, constituent un levier essentiel pour augmenter la présence et la visibilité d’Inria à l’internatio-nal. Ils sont par ailleurs un élément essentiel pour fertiliser la réflexion scientifique et aborder conjointement des thématiques de recherche partagées, en s’appuyant sur la complémentarité des partenaires et l’échange d’idées dans des conditions privilégiées de proximité.

les échanges scientifiques et humains entre la france et des partenaires étran-gers seront accrus au travers de ces structures grâce à des moyens fléchés sur les programmes équipes associées et sabbatiques ainsi qu’à des échanges de stagiaires, doctorants et post doctorants. le modèle recherche-transfert-Innovation expérimenté au chili pourra être proposé dans d’autres pays, pour renforcer les interactions avec d’autres écosystèmes de recherche et d’innovation.

les programmes « Inria@xx » – coordonnant des équipes associées sur des pôles géographiques ou avec des umI du cnrs auxquelles Inria est associé – ont vocation à évoluer vers une organisation de type Inria International lab. pour construire ces implantations Inria à l’étranger, l’incitation aux séjours longs (type sabbatiques) et prospectifs (type exploratoires) sera renforcée en veillant au retour scientifique, humain et technologique pour l’institut.

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forte implication dans Horizon 2020

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pour accroître les échanges internationaux d’étudiants et de chercheurs, Inria s’impliquera, aux côtés des universités, dans le développement de formations en masters et phd internationaux. les programmes doc-toraux et post doctoraux d’Inria resteront largement ouverts à l’accueil d’étrangers et encourageront par ailleurs des séjours longs à l’étran-ger. un dispositif global sera mis en place au niveau de l’institut pour renforcer l’accueil de chercheurs invités en amplifiant leur nombre et en encadrant ces séjours.

chaque fois que possible, des partenaires français et européens seront associés pour amplifier la politique d’alliances, de visibilité et d’attractivité de l’institut.

développer le capItal humaIn : compétences et potentIels

dans une organisation de la recherche en mutation, Inria doit anticiper et accom-pagner les évolutions des métiers et des personnes pour s’adapter aux défis à venir. cela vaut pour les métiers scientifiques mais aussi pour les métiers de soutien et de support à la recherche avec, en fonction des personnels, des réponses adaptées : intégration, accom-pagnement des carrières, des mobilités et des projets professionnels, préparation des parcours à venir.

Rester attractifl’attractivité pour les meilleurs scientifiques, venant de tous les horizons, doit

rester au cœur de la politique de l’institut. dans une compétition internationale très vive, accroître la capacité à accueillir et/ou recruter des chercheurs, des ingénieurs et des étudiants particulièrement brillants et désireux de participer à des projets originaux est un atout fondamental.

deux voies de recrutement des chercheurs seront condui-tes en parallèle : celle du concours statutaire pour les chercheurs permanents, et celle de l’accueil sur des Research Positions non pérennes selon des modalités variées : séjour post doctoral, délégations d’enseignants-cher-cheurs, chercheurs confirmés, « chaires communes Inria-université », accueil en détachement de fonctionnaires de corps d’enseignants-chercheurs ou de grands corps techniques de l’état, voire de cher-cheurs titulaires d’autres établissement et/ou d’autres disciplines. cette diversification des voies de recrutement, facteur d’ouverture considérable pour l’institut, lui permet aussi de s’adapter à la diversité des parcours professionnels des chercheurs.

sur un registre différent – et pour des activités n’ayant pas un caractère pérenne –, l’institut poursuivra la politique de recrutement d’ingénieurs contrac-tuels qu’il a mise en œuvre depuis de nombreuses années et qui s’est révélée très positive en termes de débouchés pour les ingénieurs qui en ont bénéficié. ceux-ci effectuent des missions d’appui temporaire à la réalisation d’une opération de recherche, de développement ou de transfert ; un programme particulier concerne des jeunes diplômés accueillis avec un objectif de complément de formation par la recher-che, pour un ou deux ans, dans le cadre d’une action de développe-

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capacité à accueillir et /ou recruter

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ment technologique. l’attractivité de ces postes d’ingénieurs devra être amplifiée, en collaborant avec les formations d’ingénieurs (écoles et universités) ainsi qu’avec les communautés technologiques (déve-loppeurs du monde open source, clubs de développement) au moyen d’outils de communication adaptés, comme le concours annuel de développement logiciel (Boost Your Code) récemment mis en place.

Développer et capitaliser les compétencespour tous, scientifiques ou personnels d’appui, collaborateurs permanents ou

temporaires, apporter sa compétence, contribuer à la réalisation des missions de l’institut (sur une période plus ou moins longue) est et doit rester un enrichissement. pour l’institut, savoir, pour ses missions et ambitions de recherche, rassembler, mobiliser et développer des compétences scientifiques de haut niveau est un enjeu majeur. cela est également vrai pour toutes les fonctions de soutien et de support à la recherche. l’objectif de réussir l’intégration des nouveaux recrutés et de proposer une offre de formation professionnelle riche et adaptée restera essentiel, tant pour les personnels de « coproduction » de la recherche (ingénieurs des services d’expérimentation et de dévelop-pement), pour les personnels d’accompagnement (assistanat des équipes, partenariat industriel et transfert, expertise internationale, assistance juridique, information et communication scientifiques) que pour les personnels des fonctions de support administratif et technique.

dans cette perspective, Inria poursuivra l’élaboration de son référentiel des emplois et produira une cartographie des compétences. les dispositifs de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences seront étendus et renforcés. l’institut s’efforcera d’anticiper les évolutions – en identifiant en particulier des compétences « stratégiques » (en termes de spécialité scientifique par exemple) et/ou des compéten-ces « critiques » (du fait par exemple de leur rareté en interne ou sur le marché du travail) – et d’adapter en conséquence ses modes de recrutement pour assurer la continuité de son action.

les parcours d’accueil et d’intégration des nouveaux entrants et le suivi des sou-haits d’évolution professionnelle des personnels seront renforcés.

le bien-être dans la sphère professionnelle est un levier important de la politi-que de ressources humaines et un gage d’efficacité globale pour l’établissement. Inria s’efforcera d’offrir à tous ses collaborateurs un environnement de qualité en s’attachant aussi à traiter les probléma-tiques de la diversité et de la prévention du stress ou des risques psycho-sociaux.

Cultiver le sens du collectifIl est primordial que tous les acteurs internes, qu’ils soient chercheurs, ingénieurs,

personnels de soutien à la recherche ou de support administratif et technique, et, bien sûr, cadres dirigeants, partagent les valeurs du « modèle Inria » : la recherche de l’excellence, l’éthique, l’autonomie et la responsabilisation, la diversité, l’apprentissage collectif – qui fait que « chacun, en grandissant personnellement, fait grandir Inria ».

permettre à chaque agent de comprendre et de s’approprier la politique de l’ins-titut constitue donc un enjeu majeur. la com-munication interne devra être renforcée, en particulier par des actions transverses entre scientifiques et non scientifiques.

cet enjeu conduit aussi à promouvoir un style de mana-gement adapté aux valeurs et ambitions de l’institut, chacun participant à l’atteinte des objectifs stratégiques en positionnant son action selon des repères partagés, en veillant à encourager et reconnaître la motivation et l’efficacité de ses collabo-rateurs. la créativité et l’initiative individuelle seront ainsi stimulées

actions transverses entre scientifiques et non scientifiques

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au bénéfice de la réussite collective. afin de développer le sentiment d’appartenance et de solidarité, l’institut favorisera la mise en place ou le renforcement de réseaux ou lieux d’échanges de pratiques entre les personnes partageant un projet (d’équipe, de service, de « ligne métier », etc.).

le développement de la « politique handicap » initiée ces dernières années et la mise en place d’un cadre d’actions sur l’amélioration du bien-être et de la santé au travail seront aussi des com-posantes importantes de cette dynamique.

ces démarches devront s’appuyer sur un dialogue ouvert et de qualité avec les partenaires sociaux au sein des instances représen-tatives de l’institut. les enjeux structurels et organisationnels auxquels l’institut est confronté (gestion des effectifs, mobilité, aménagement d’activité, etc.) induisent des transformations qui seront d’autant mieux intégrées dans le temps qu’elles auront fait l’objet d’une large concer-tation avec le corps social.

développer la qualIté et l’effIcIence des servIces de soutIen À la recherche et de support

Institut de recherche national, Inria doit mettre en œuvre sa stratégie en s’appuyant sur un schéma matriciel permettant de croiser de façon pertinente et efficace les dimensions régionales des centres de recherche et les orientations générales portées par les directions scientifiques et administratives.

Améliorer le pilotage et mettre en place des méthodes et des processus adaptésles équipes de soutien à la recherche et de support administratif ou technique3

sont au service de la stratégie d’Inria. Il faut donner plus de sens au travail quotidien de ces services de façon à ce qu’ils aient une pleine conscience des enjeux de performance et de création de valeur aux-quels ils sont associés. des tableaux de bord de pilotage permettant de suivre l’activité et l’efficience seront mis en place dans les direc-tions et services de soutien et de support de l’institut. le « pilotage par la maturité » sera progressivement étendu dans les différentes lignes métier – et des benchmarks entre services permettront de mieux partager collectivement les meilleures pratiques identifiées.

Structurer l’offre de service et améliorer sa qualité la bonne marche d’Inria passe aussi par l’étendue et la qualité de l’offre de

ses fonctions de soutien à la recherche et de support administratif et technique. Inria se fait une exigence que chacun de ses centres

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3. l’organisation d’Inria se fonde sur des services ve-nant en appui aux activités de recherche, de transfert et d’innovation. ces services accompa-gnent au quotidien le fonction-nement de l’institut et des équipes-projets par leur expertise propre et leur maîtrise technique.

le transfert, l’information scientifique et technique, la communi-cation, l’as-sistance aux équipes-pro-jets relèvent des fonctions de soutien. le périmètre des activités de support recouvre les fonctions fi-nances, Grh, système d’information, patrimoine et restauration.

originalité, créativité et initiatives individuelles

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puisse offrir aux chercheurs des services de support et de soutien de proximité efficients, appuyés par les directions scientifiques et administratives transverses. ainsi, toutes les lignes de soutien et de support proposeront un catalogue de prestations qui permettra de préciser leur offre de services. ce catalogue évoluera au fil des ans et permettra de gérer le cycle de vie des services offerts. la qualité du service rendu par les entités de soutien et de support sera régu-lièrement mesurée en interne.

Bâtir un système d’information plus complet et plus agileune priorité forte sera donnée au système d’information qui joue un rôle essentiel

pour l’ensemble des activités d’Inria. la réorganisation de la ligne sI doit permettre d’aboutir à la mise en place d’un centre de service national avec une offre de proximité homogène sur l’ensemble des sites de l’institut. le catalogue de services de la ligne sI qui sera mis en place dès 2013 permettra de préciser les contours de l’offre, en cohérence avec ses ressources. ce catalogue évoluera au fil des ans, avec l’enjeu fort pour l’institut d’améliorer les outils mis à disposition des utilisateurs. l’accès aux services applicatifs doit être progressi-vement automatisé via la mise en place d’un portail de services. les maîtrises d’ouvrage travailleront en étroite synergie avec les maîtrises d’œuvre pour répondre à trois défis majeurs sur la durée du plan stra-tégique : la construction d’un « sI ressources humaines » nouveau, la réalisation d’un « sI transfert & innovation », et la montée en version du « sI financier et comptable ».

l’intranet Inria doit également évoluer pour permettre aux équipes d’accéder facilement aux données dont elles ont besoin, et pas seulement par ligne métier. la mise en place d’un réseau social d’entreprise sera proposée.

Faire évoluer l’information scientifique et technique et l’organisation des manifestations scientifiquesune « cellule » nationale sera chargée de l’ensemble des abonnements scientifi-

ques numériques d’Inria et une politique volontariste de mutualisation des fonds documentaires sera conduite sur chacun des sites univer-sitaires où l’institut est présent. Inria s’est engagé depuis longtemps dans la diffusion de ses productions scientifiques via des archives ouvertes, avec un effort tout particulier pour promouvoir l’archive ouverte hal, en liaison avec le cnrs. l’institut poursuivra la mise en place d’outils autour de hal pour interagir avec son système d’in-formation scientifique, rendre encore plus fluide les liens avec arxiv et faciliter les études bibliométriques nécessaires à l’institut pour répondre à des sollicitations externes ou des questions internes de pilotage ou de suivi. en sus, l’institut se dotera des moyens néces-saires à une réflexion continue sur la question des méta-données et des mécanismes d’indexation.

par ailleurs, Inria se dotera d’une cellule d’organisation de grandes manifestions scientifiques pour aider ses chercheurs à organiser les meilleures conférences internationales de ses domaines, au bénéfice du rayon-nement de l’ensemble de la recherche française dans les sciences du numérique.

Les assistant(e)s

d’équipe de recherche

• Du fait d’un choix d’organisation conduisant à mutualiser les fonctions de soutien et de support dans des services d’appui distincts des équipes de recherche, un métier est devenu essentiel pour le bon fonctionnement collectif de l’institut : c’est celui des AER (assistant(e)s d’équipe de recherche). L’AER apporte un soutien de proximité à l’équipe-projet. Il (elle) assure un rôle crucial d’in-terface avec les services et aussi avec les partenai-res extérieurs. Extrême-ment polyvalent(e), il (elle) apporte notamment conseil et aide au pilotage dans les domaines RH, budgétaire, contractuel, en garantissant le respect des procédures, ainsi qu’en matière de com-munication ou « d’évé-nementiel ». En ligne avec le référentiel métier qui a été élaboré, cette fonction a vocation à être renforcée tant sur le plan quantitatif que, par des actions de formation et de promotion, sur le plan des compétences.

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dynamIser veIlle, prospectIve et stratéGIe

dans le domaine scientifique et technologique du numérique, qui évolue très rapidement et a un impact très fort sur la société, la recherche a besoin d’un système d’observation très réactif. Inria mettra en place une cellule clairement identifiée pour assurer la continuité de sa réflexion prospective et stratégique.

cette cellule s’appuiera bien entendu sur l’ensemble des compétences de l’ins-titut, en particulier sur les différentes directions scientifiques, mais aussi sur la commission d’évaluation et le conseil scientifique. elle travaillera en lien étroit avec les cellules de réflexion de même type des autres établissements de recherche, français ou étrangers.

cette cellule jouera un rôle moteur pour que le plan stratégique d’Inria soit un exercice vivant et dynamique tout au long de son exécution. elle aura également en charge la production de notes ou de documents, rédi-gés par des scientifiques d’Inria, tant à destination interne que, le cas échéant, pour répondre à des sollicitations extérieures. pour assurer la cohérence de ses vues et recommandations, elle s’appuiera aussi sur l’observatoire des activités d’Inria.

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Illustrations, © Inria : Photographies : C.Bachelet (p. 46, 60) ; S. Borghi (p. 55) ; C. Dupont (p. 45) ; C. Holguin (p. 32) ; Kaksonen (p. 16, 32, 49, 55) ; C. Lebedinsky (p. 39, 44, 45, 47) ; M.S (p. 44) ; H. Raguet (p. 39) ; S.Tetu – La Compagny (p. 60) ; C. Tourniaire (p. 46)

© J.C. Moschetti (p. 25)

© B. Lachaud (p. 47)

Janvier 2013 • Conception graphique : Grand ensemble / Sandra Chamaret • Croquis en marge : Jean-Philippe Bretin • Impression : Graph 2000 sur papier Arctic the Volume, 130 g/m2 et 250 g/m2.

Domaine de Voluceau – Rocquencourt BP 105 – 78 153 Le Chesnay Cedex – France Tél. +33(0)1 39 63 55 11

www.inria.fr