handicap et migration
TRANSCRIPT
HANDICAP ET MIGRATION entre obstacles et facilitateurs, comment accompagner lâenfant et sa famille ?
SYMPOSIUM
DU 26
SEPTEMBRE
2017
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ARGUMENTAIRELa consultation pluridisciplinaire de neurorĂ©habili-tation pĂ©diatrique de Nyon a Ă©tĂ© crĂ©Ă©e en 1992, afin de favoriser les Ă©changes entre les profession-nels et amĂ©liorer la communication avec les familles des enfants porteurs de dĂ©ficiences physiques dans notre rĂ©gion. Aujourdâhui câest avant tout lâapproche pluridisciplinaire qui est mise en avant. Certains enfants ont avant tout des troubles du dĂ©velop-pement et/ou une dĂ©ficience intellectuelle. Notre dĂ©marche espĂšre amĂ©liorer la prise en charge de ces enfants et mieux rĂ©pondre Ă leurs besoins ainsi quâĂ ceux de leur famille dans un esprit de parte-nariat. Cette consultation implique la prĂ©sence de lâenfant et de sa famille, ainsi que de tous les profes-sionnels qui interviennent auprĂšs de lui.
Dans la continuitĂ© du symposium de 2013 : « Droits de lâenfant en situation de handicap » et de celui de 2015 : « Bientraitance/Maltraitance dans le domaine du handicap. Regard sur les profession-nels » ; nous nous proposons dâaborder la ques-tion des enfants en situation de handicap dans un contexte de migration. Il nous semble important de continuer Ă faire le lien avec la Convention de lâONU relative aux droits de lâenfant (CDE) de 1989, dont le cadre de rĂ©fĂ©rence a Ă©tĂ© complĂ©tĂ© en 2006 par la Convention de lâONU relative aux droits des personnes porteuses de handicaps (CDHP). Elles formalisent le lien entre la santĂ© des enfants et des adolescents et la responsabilitĂ© de la sociĂ©tĂ©. Et nous pouvons citer Jean Zermatten lors du symposium de 2013, « Lâenfant est sujet de droit et lâon passe de lâenfant Ă protĂ©ger Ă lâenfant par-tenaire. Les enfants en situation de handicap sont un des groupes les plus marginalisĂ©s et exclus, qui souffrent de nombreuses violations de leurs droits ».
Durant cette journĂ©e, lâAssociation PENAR souhaite mettre en Ă©vidence les obstacles et les facteurs faci-litateurs pour les nombreux enfants et adolescents en situation de migration et de handicap, lors-quâils arrivent en Suisse et en particulier dans notre rĂ©gion. Ces enfants prĂ©sentent un triple handicap, celui liĂ© Ă leur trajet migratoire (situation dans leur pays dâorigine, voyage et situation dans le pays dâaccueil), souvent dans des conditions prĂ©caires, celui liĂ© Ă leur dĂ©ficience physique, dĂ©veloppemen-tale ou mentale et celui de sâadapter Ă une autre culture. Nous aborderons en particulier leur intĂ©-gration dans notre sociĂ©tĂ©, le rĂŽle des crĂšches et de lâĂ©cole (ordinaire, spĂ©cialisĂ©e et formation dans le post-obligatoire) comme facteur dâintĂ©gration et de rĂ©silience, le logement et leur accĂšs aux services sociaux et de santĂ© (promotion de la santĂ©, prĂ©ven-tion et soins) sans oublier toutes les questions liĂ©es au dĂ©pistage du handicap dans une population allophone avec des reprĂ©sentations diffĂ©rentes des
nĂŽtres. Il nous faut souligner lâimportance des inter-prĂštes communautaires aussi bien pour les enfants et leurs familles, que pour tous les professionnels concernĂ©s. Ils permettent Ă lâenfant dâĂȘtre partenaire, de participer et dâĂȘtre acteur du projet de soins ou du projet pĂ©dagogique. Et pour les professionnels de communiquer, de comprendre et de prendre en compte les besoins spĂ©cifiques et les facteurs cultu-rels. Nous espĂ©rons trouver des instruments com-muns, pour travailler avec les familles migrantes et allophones qui ont un enfant, parfois plusieurs, Ă besoins particuliers et en situation de handicap.
Le terme « migrant » recouvre des rĂ©alitĂ©s nom-breuses et complexes. Durant cette journĂ©e, par « enfants migrants » nous pensons aux enfants et adolescents de moins de 18 ans, accompagnĂ©s ou non de leurs parents, nĂ©s en dehors du pays dâaccueil. Nous souhaitons donner la prioritĂ© aux populations les plus vulnĂ©rables : les requĂ©rants dâasile, les rĂ©fugiĂ©s, les sans-papier, la migration europĂ©enne qui vit dans la prĂ©caritĂ© (en particulier les 16-20 ans) et les mineurs non accompagnĂ©s (MNA). Il est important de tenir compte de leur parcours migratoire, les conditions dâaccueil Ă©tant aussi importantes que les conditions de dĂ©part ou de voyage. Le parcours migratoire a dâimportantes rĂ©percussions sur le dĂ©veloppement de tous les enfants. Dâautres enfants, comme ceux des familles qui migrent dans des conditions favorables, car ils suivent leurs parents qui arrivent en Suisse pour des raisons professionnelles (diplomates, mĂ©de-cins, cadres dans les grandes entreprises interna-tionales) ont Ă©galement leur propre vulnĂ©rabilitĂ©, comme nous le verrons aujourdâhui.
AprĂšs avoir mis en valeur les ressources dispo-nibles, la responsabilitĂ© des professionnels et lâim-portance de la communication, et de la coordina-tion entre les professionnels, et avec lâenfant et sa famille, nous espĂ©rons quâensemble nous pourrons trouver des recommandations de bonnes pra-tiques Ă mettre en commun, pour nous permettre de travailler avec les familles, souvent allophones, dâenfants qui ont un double « handicap », la situa-tion de migration et celle du handicap, ceci dans le meilleur intĂ©rĂȘt de lâenfant.
Dr Yvon Heller PĂ©diatre
Président association Penar
ISBN : 978-2-8399-2372-9
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ENJEUX AUJOURDâHUI ET DĂFINITION DE LA POPULATION CONCERNĂEClaudio Bolzman 5
LE PARCOURS D'UN PARENTKhonaf Abdulkarim et Sherin Zohir 10
RĂLE ET PRESTATIONS DE LâEVAMRenaud VillĂ© et Michel Viret 13
ENFANCE, MIGRATION, HANDICAP : UN DĂFI PUISSANCE TROIS ?Christopher Newman 23
ENFANTS MIGRANTS EN SITUATION DE HANDICAP : RĂLE DE LA CONVENTION DES DROITS DE LâENFANT DE LâONUHynd Ayoubi Idrissi 31
QUELLES RESSOURCES POUR LES FAMILLES DâENFANTS EN ĂGE PRĂSCOLAIRE ?Deborah Brunner-Tavaglione, MaĂ«lle Guyaz et Olga Solovyeva 33
ACCUEIL D'UN ĂLĂVE MIGRANT EN SITUATION DE HANDICAP : RĂLES DE L'INFIRMIER-E ET DU MĂDECIN SCOLAIREMarie-Odile Gubler 35
LETICIA, 15 ANS, NĂCESSITĂ DâUN PROJET MULTIDIMENSIONNELEmmanuelle Bertrand, Sylvia Cunha, Jean-Marie Piemontesi, Suzanne van Rooij 37
ACTIVATION DES RESSOURCES ET CONSTRUCTION DU RĂSEAU APRĂS 16 ANS ; INDISPENSABLE ?Charlotte Cordero, Odile Erard, BĂ©atrice-IrĂšne Kiriacescu 49
RĂADAPTATION DES JEUNES ET ASSURANCE INVALIDITĂCharlotte Cordero, BĂ©atrice-IrĂšne Kiriacescu 55
LES ĂTABLISSEMENTS SOCIO-ĂDUCATIFS (ESE) POUR PERSONNES ADULTES EN SITUATION DE HANDICAP OU EN GRANDES DIFFICULTĂS SOCIALES DU CANTON DE VAUDEric Nagy 59
IMAGE ET REPRĂSENTATION DU HANDICAP DANS DIFFĂRENTES CULTURES, COMMENT TRAVAILLER AVEC LES FAMILLES ?Jean-Claude Metraux 61
POSTFACE â TĂMOIGNAGE AVEC CLĂTURE MUSICALE JosĂ© Barrense-Dias
Modérateurs du symposium : Nathalie Bluteau, Yvon Heller, Cécile Holenweg, Guillaume Tharin
I
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I
Handicap et migration : enjeux aujourdâhui et dĂ©finition de la population concernĂ©eClaudio Bolzman â Prof. Ă la HETS-GenĂšve
Le but de ma présentation est de fournir un aperçu général autour des enjeux liés à la problématique « handicap et migration ». Elle adopte ainsi une vision assez large de la question traitée.
La présentation est divisée en quatre grandes parties.
Tout dâabord il sâagit de sâinterroger sur le fait que ces deux problĂ©matiques sont rarement mises en relation. Alors que lâon trouve des statistiques sur la population Ă©trangĂšre rĂ©sidant en Suisse, ainsi que sur la population vivant avec un handicap. On peut constater quâil nây a guĂšre de chiffres qui croisent les deux phĂ©nomĂšnes. Probablement lâimaginaire collec-tif associe les migrations plutĂŽt Ă une population de jeunes adultes bien portants. Pourtant la population migrante est aussi concernĂ©e par le handicap et des parents migrants peuvent Ă©galement avoir un enfant en situation de handicap.
Le deuxiĂšme point traitĂ© met lâaccent sur le fait que le handicap et la migration constituent deux modalitĂ©s de renvoi Ă lâaltĂ©ritĂ© dans nos sociĂ©tĂ©s. Il sâagit de com-prendre comment ces deux figures deviennent lâAutre dans les interactions quotidiennes et comment ces diffĂ©-rences peuvent devenir source de stigmatisation.
Le troisiĂšme point est consacrĂ© aux changements contextuels dans les reprĂ©sentations et les normes du rapport Ă celles et ceux qui sont considĂ©rĂ©s comme diffĂ©rents. La prĂ©sentation aborde en particulier le passage dâune sociĂ©tĂ© industrielle plutĂŽt uniformi-sante, Ă une sociĂ©tĂ© postindustrielle oĂč la diversitĂ© est davantage valorisĂ©e. Ceci devrait ouvrir Ă une meil-leure acceptation de lâaltĂ©ritĂ© sous toutes ses formes.
Pourtant des obstacles Ă lâacceptation de lâaltĂ©ritĂ© subsistent. La prĂ©sentation sâappuie sur deux cas concrets pour montrer que des populations concer-nĂ©es par la migration et le handicap peuvent ĂȘtre confrontĂ©es Ă des formes de fragilisation. Elle se focalise sur la situation des requĂ©rants dâasile mineurs non accompagnĂ©s et sur celle des parents migrants avec un enfant en situation de handicap. Il sâagit de deux cas a priori assez diffĂ©rents, mais qui peuvent avoir des points communs mis en Ă©vidence dans la prĂ©sentation.
Pour conclure, il sâagit de rappeler lâimportance de ces diffĂ©rents points passĂ©s en revue et de fournir quelques rĂ©fĂ©rences pour aller plus loin dans lâexplo-ration des points traitĂ©s.
PLAN âș Migration et handicap : une mise en relation difficile
âș Un renvoi commun Ă lâaltĂ©ritĂ©
âș Des transformations dans les reprĂ©sentations et les normes
âș Des obstacles lors du passage Ă des rĂ©alitĂ©s concrĂštes : les exemples des mineurs non- accompagnĂ©s et des parents migrants avec un enfant en situation de handicap
âș Remarques finales
MIGRATION ET HANDICAP ⹠Migration et handicap : deux phénomÚnes socia-
lement significatifs, rarement mis en relation
⹠PhénomÚnes traités de maniÚre indépendante, présentés comme deux mondes séparés
âą On parle des migrants, des Ă©trangers
âą On parle des personnes en situation de handicap
⹠On a des statistiques différentes pour chaque domaine
⹠Les données ne sont guÚre croisées
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ConfĂ©rence : Handicap et migration: enjeux aujourdâhui et dĂ©finition de la population concernĂ©e
NATIONALITĂS DES 2 MILLIONS DâĂTRANGERS
STATISTIQUES OFS SUR LES PERSONNES HANDICAPĂES
TOTAL AVEC LIMITATIONS FORTES
MĂ©nages PrivĂ©s Adultes (16 ans et plus)° 1â586â000 319â000 Enfants (0 Ă 14 ans)* 132â000 21â000
Ménages collectifs Etablissements pour personnes handicapées+
42â717 42â717
Home mĂ©dicalisĂ© ou pour personnes ĂągĂ©es : 0â64 ans
5â633 5â633
Home médicalisé ou pour personnes ùgées : 65 ans et plus
113â271 113â271
Total (estimation) 1â862â000 484â000
Notes°SILC 2014, version 24.05.2016. Personnes handicapĂ©es au sens de la loi sur lâĂ©galitĂ©.
*ESS 2012. Selon la personne adulte interrogée.
+SOMED 2014. Total des personnes sur lâannĂ©e (une personne peut reprĂ©senter plusieurs clients).
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ConfĂ©rence : Handicap et migration: enjeux aujourdâhui et dĂ©finition de la population concernĂ©e
RAISONS PROBABLESâą L'imaginaire collectif en Suisse associe migra-
tions et personnes actives sur le marché du travail
âą Travail : voie principale dâentrĂ©e, avec le regrou-pement familial
⹠On associe migration avec jeunesse, santé
LA RĂALITĂ EST PLUS COMPLEXEâą Pourtant : les personnes migrantes peuvent se
retrouver en situation de handicap
âą Des familles migrantes peuvent avoir un enfant en situation de handicap
âą Ces deux catĂ©gories de personnes peuvent ĂȘtre renvoyĂ©es Ă des situations dâaltĂ©ritĂ©, et/ou de mise Ă lâĂ©cart
MIGRATION ET HANDICAP : DEUX FIGURES DE LâALTĂRITĂâą Contacts avec les personnes vivant avec une
dĂ©ficience intellectuelle, physique ou psychique engendrant des handicaps divers, ou avec des personnes migrantes ou Ă©trangĂšres peuvent par-fois dĂ©stabiliser leurs interlocuteurs par manque dâhabitude
âą Pour les membres du groupe majoritaire, leur conduite nâest pas prĂ©visible, nâest pas lisible selon leurs modĂšles habituels dâapprĂ©hension du monde social
âą Ils doivent les adapter Ă des interactions plus incertaines
âą Ils dĂ©couvrent Ă travers la figure de lâAutre, la complexitĂ© du monde social, lâexistence de plu-sieurs modĂšles possibles dâinteractions avec autrui ou mĂȘme lâabsence de modĂšles prĂ©dĂ©finis dâinteraction
SOURCES DIFFĂRENTES POUR LA CONSTRUCTION SOCIALE DES DIFFĂRENCESâą Cas de la personne migrante ou Ă©trangĂšre : la
socialisation dans un autre contexte socioculturel engendre des différences culturelles
⹠Cas de la personne avec une déficience intellec-tuelle ou physique : la différence résulte de divers facteurs biologiques ou physiologiques
PERSONNES MIGRANTES ET DIFFĂRENCESâą La personne migrante ou « Ă©trangĂšre » peut se dis-
tinguer par des caractéristiques phénotypiques spécifiques, une faible maßtrise de la langue majoritaire, un accent particulier, un statut juri-dique déterminé
âą Toutes ces caractĂ©ristiques peuvent donner lâim-pression aux « autochtones » quâils ont affaire Ă une personne Autre
PERSONNES EN SITUATION DE HANDI-CAP ET DIFFĂRENCESâą Pour la personne avec un problĂšme de santĂ©
durable et qui limite (fortement ou faiblement) les activités de la vie ordinaire, la perception des différences peut varier selon le degré et la nature du handicap
âą Celles-ci seront plus ou moins visibles selon lâap-parence physique de la personne, ses modes dâexpression gestuels, sa motricitĂ©, son niveau de maĂźtrise de la langue majoritaire, etc.
RĂDUCTIONNISME DE LâAUTREâą Dans les deux cas, le constat des diffĂ©rences va
souvent de pair avec une prise de distance par rapport Ă lâAutre, voire avec sa mise Ă lâĂ©cart
âą On a tendance Ă sous-estimer sa qualitĂ© de par-tenaire, dâinterlocuteur valable
âą On a frĂ©quemment une prĂ©disposition Ă ne per-cevoir en lui que les traits qui soulignent sa diffĂ©-rence, en oubliant ce quâil a de commun avec les autres membres de la sociĂ©tĂ© : on le rĂ©duit Ă sa « culture », Ă son « handicap »
FONCTIONS DU RĂDUCTIONNISMEâą Ces lunettes grossissantes constituent une forme
de rĂ©duction de lâinconnu au familier
⹠Un manque de reconnaissance de la personne en face dans son intégralité
âą LâaltĂ©ritĂ© reprĂ©sente un miroir nĂ©gatif, un moyen commode pour fournir une identitĂ© commune Ă tous ceux qui ne sont pas associĂ©s Ă la diffĂ©rence
âą Elle leur donne lâimpression dâĂȘtre semblables entre eux, grĂące Ă la rĂ©duction de lâAutre Ă une identitĂ© simpliste, caricaturale
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DES CHANGEMENTS à PRENDRE EN COMPTE⹠Cependant les perceptions des différences et
de leur place dans la société varient selon les contextes socio-historiques
⹠Les changements se font lentement, mais ouvrent des espaces à une plus large inclusion des minorités
LA PLACE DE LâAUTRE DANS LES SOCIĂTĂS INDUSTRIELLES âą Conception dominante de lâintĂ©gration = rĂ©duc-
tion des différences, considérées comme problé-matiques
âą Plus les gens deviendraient semblables et plus ils auraient des chances dâaccĂ©der Ă une plus grande Ă©galitĂ© sur le plan social
âą Les minoritĂ©s, quelle que soit leur nature, devaient renoncer Ă leur spĂ©cificitĂ© pour avoir une chance dâĂȘtre considĂ©rĂ©es comme des membres Ă part entiĂšre de la sociĂ©tĂ©
⹠Il y avait un mode de vie normal, caractérisé par le travail salarié et la vie au sein de la famille nucléaire dans une société plutÎt sédentaire, qui était le modÚle à suivre pour avoir une place reconnue dans la société
âą Ce modĂšle renforçait la vision de lâaltĂ©ritĂ© comme problĂ©matique : on demandait aux migrants de sâassimiler, pour avoir une chance dâĂȘtre accep-tĂ©s, aux personnes en situation de handicap et de ressembler le plus possible aux « normaux »
CHANGEMENTS DE CES DERNIĂRES DĂCENNIESâą Le modĂšle dâintĂ©gration homogĂšne est remis
en question par certains phĂ©nomĂšnes : appari-tion dâun chĂŽmage structurel, Ă©mergence dâune diversitĂ© de familles, augmentation de la mobilitĂ© des populations, mobilisation des minoritĂ©s et de leurs soutiens (pour ne citer que quelques uns)
âą On se rend compte que les diffĂ©rences ne sont pas lâexception, mais que la sociĂ©tĂ© elle-mĂȘme est faite des diffĂ©rences, que nous sommes tous lâAutre de quelquâun
MODIFICATION DU SENS DE LâINTĂGRATIONâą LâintĂ©gration cesse dâĂȘtre une autoroute condui-
sant à une destination standard, pour devenir des multiples chemins menant non seulement à une plus grande égalité des droits et des chances,
mais également à la reconnaissance de la légiti-mité des besoins spécifiques, des modes de vie divers
âą Dans ce contexte, il ne sâagit plus de remettre sur le droit chemin ceux qui feraient « problĂšme », mais de permettre Ă chacun de trouver une place socia-lement reconnue qui fait sens pour lui
âą Vivre ensemble avec nos diffĂ©rences est peut ĂȘtre une formule qui exprime bien le souci de cohĂ©sion sociale, toujours prĂ©sent dans le travail dâintĂ©gration
LâINTĂGRATION COMME UN PROCESSUS SOCIAL âą Les Conventions internationales et parfois les
législations nationales sont des indicateurs de cette évolution
âą Elles soulignent, comme la Convention de lâONU relative aux droits des personnes handicapĂ©es du 13 dĂ©cembre 2006, lâimportance de lâenvironne-ment pour dĂ©finir la place de la personne dans la sociĂ©tĂ©
âą Ce nâest pas lâindividu qui porte la responsabilitĂ© exclusive de sa situation, mais Ă©galement les pos-sibilitĂ©s ou les contraintes Ă©tablies par la sociĂ©tĂ©
ENTRE IDĂAL ET RĂALITĂâą Ces nouveaux principes se heurtent cepen-
dant aux inerties rencontrées sur le terrain : par exemple les mineurs non accompagnés ou les familles étrangÚres avec un enfant en situation de handicap
TRAJECTOIRES ET SITUATIONS DE RAMNAâą VĂ©cu de la violence politique au pays dâorigine
⹠Nécessité de se séparer de leurs parents et de leur famille
âą Routes migratoires semĂ©es dâembĂ»ches, souvent traumatisantes
âą En Suisse : considĂ©rĂ©s dâabord comme des deman-deurs dâasile, puis comme des enfants Ă protĂ©ger
PRISE EN COMPTE LIMITĂE DE LEURS DROITSâą Cela transparait dans les dimensions juridiques et
de prise en charge
âą Exemple procĂ©dure dâasile : non respect de la prĂ©sence dâun reprĂ©sentant lĂ©gal lors des audi-tions concernant la demande dâasile
ConfĂ©rence : Handicap et migration: enjeux aujourdâhui et dĂ©finition de la population concernĂ©e
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STATISTIQUES DE LâASILE ET DES RAMNA (REQUĂRANTS DâASILE MINEURS NON ACCOMPAGNĂS)
2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 Total des demandes dâasile 15â567 22â551 18â631 21â465 23â765 39â765 27â207
Total et pourcentage des requĂȘtes RMNA
235 327 485 346 795 2â736 1â997
1.5% 1.5% 1.7% 1.6% 3.3% 6.9% 7.3%
Hommes Entre 75% et 85%
Femmes Entre 15% et 25%
16-17 ans Entre 63% et 69%
13-15 ans Entre 25% et 34%
Principales origines Erythrée, Afghanistan, Somalie, Syrie
Source : SecrĂ©tariat dâEtat aux migrations (SEM)
âą Exemples de prise en charge : absence de lieux de vie spĂ©cifiques, ou placement dans des lieux surchargĂ©s, longue attente pour entrer en forma-tion, peu dâadaptation du systĂšme Ă leur situation
â risque de crĂ©er des dommages pouvant les handicaper Ă long terme
PARENTS MIGRANTS AVEC UN ENFANT EN SITUATION DE HANDICAP⹠Avoir un enfant porteur de déficiences intellec-
tuelles, physiques et/ou psychiques implique des adaptations et des défis importants pour les parents
âą Cela dâautant plus lorsque les parents sont en contexte de migration
â Ă©loignement physique, social et affectif par rapport au pays dâorigine, Ă lâentourage habituel
âdĂ©couverte de soi comme Ă©tranger, comme un ĂȘtre anonyme, sans passĂ©
âparfois, dĂ©calage entre image du pays de destination et rĂ©alitĂ© du pays de destination
â reprĂ©sentations diffĂ©rentes du handicap dans le pays dâorigine et dans le pays de rĂ©sidence
PRĂCARITĂ JURIDIQUE ET INCERTITUDE âą Pour les parents en situation de prĂ©caritĂ© juridique
(demandeurs dâasile, admissions provisoires, « sans papiers », personnel domestique des Mis-sions diplomatiques) dâautres difficultĂ©s peuvent sâajouter :
â droit Ă rĂ©sider incertain, rĂ©vocable Ă tout moment
â accĂšs limitĂ© ou inexistant aux prestations de la sĂ©curitĂ© sociale (AI par exemple)
â informations restreintes ou manquantes sur les dĂ©marches Ă suivre, sur leurs droits
IMPORTANCE DâUN RĂSEAU DE SOUTIENImportance des personnes ressources :
⹠Dans la communauté ethnique
âą Dans les associations de parents
âą Parmi les professionnels
âą Pour pouvoir Ă©voquer les difficultĂ©s et les doutes, pour formuler des questions et soutenir au mieux lâenfant
Il est important de rapprocher des phĂ©nomĂšnes comme la migration et le handicap. Ils permettent dâenrichir notre comprĂ©hension sur des questions comme le rapport Ă lâaltĂ©ritĂ©, la place de la diver-sitĂ© et de lâĂ©galitĂ© dans nos sociĂ©tĂ©s. Il est important aussi de se pencher sur des situations concrĂštes pour approfondir nos connaissances, notre rĂ©flexion et la qualitĂ© des interventions
ConfĂ©rence : Handicap et migration: enjeux aujourdâhui et dĂ©finition de la population concernĂ©e
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Le parcours d'un parentMme Khonaf Abdulkarim â Maman Mme Sherin Zohir â InterprĂšte communautaire
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II
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Conférence : Le parcours d'un parent
Le parcours d'un parentMme Khonaf Abdulkarim â Maman Mme Sherin Zohir â InterprĂšte communautaire
traduit en français par Mme Khansa Ben Tarjem
« Bonjour à tous,
Je mâappelle Khonaf Abdulkarim, je suis enseignante dâhistoire et mĂšre de trois enfants. Deux dâentre eux souffrent dâun handicap.
Au dĂ©but, on ne pensait pas Ă Ă©migrer, mais aprĂšs la naissance de notre deuxiĂšme enfant, la guerre dans notre pays, la suspension des communications et des services de santĂ©, la situation est devenue trĂšs difficile. CâĂ©tait psy-chologiquement trĂšs dur. A cette Ă©poque, ma sĆur mâa envoyĂ© une invitation. Jâai quittĂ© mon pays pour la Turquie oĂč jâai obtenu un visa pour la Suisse.
Mon mari nâĂ©tait pas avec moi au dĂ©but, jâĂ©tais seule et la situation Ă©tait difficile pour moi. Les enfants pleuraient tout le temps.
JâĂ©tais Ă Crissier, dans un centre pour requĂ©rants dâasile. Je les ai emmenĂ© Ă lâHĂŽpital de lâEnfance Ă Lausanne que je remercie. Alan et Sara y sont restĂ©s pour une longue pĂ©riode. Ils ont Ă©tĂ© soumis Ă une batterie dâanalyses complĂštes. Jâai toujours pensĂ© quâil allaient leur trouver un traitement ou une opĂ©ration ou quelque chose dans le genre. Malheureusement, dans leur situation, il nây avait pas de traitement. Mais il y avait des choses essentielles pour leur assurer une vie stable. Des soins leur ont Ă©tĂ© assurĂ©s tels que la physiothĂ©rapie ou lâergothĂ©rapie. Le service EVAM nous a trouvĂ© une maison adaptĂ©e oĂč nous pouvons tous vivre. Les enfants ont emmĂ©nagĂ© avec nous et ils ont reçu les aides du Centre MĂ©dico-social et du service de relĂšve, Phare de Pro Infirmis. Toutefois certaines choses essentielles, telles que les chaises, Ă©taient prĂ©vues mais elles ont tardĂ© Ă venir.
AprĂšs avoir obtenu notre permis de sĂ©jour B, Mme Bluteau, assistante sociale Ă Pro Infirmis, nous a beaucoup aidĂ© Ă trouver un domicile plus adaptĂ©. Parfois, on passait par des moments difficiles, surtout pour les enfants qui avaient trĂšs peur. Si lâun dâeux tombait malade, il fallait quâon fasse des allers retours avec lâhĂŽpital alors que notre deuxiĂšme enfant avait aussi besoin de nous. TrĂšs souvent, on se partageait les tĂąches, mon mari et moi, pour assurer ce quâil faut faire Ă la maison et ĂȘtre prĂ©sents aux rendez-vous mĂ©dicaux. La nuit, on veille chacun notre tour pour surveiller les enfants, car on craint quâil ne leur arrive quelque chose.
JusquâĂ aujourdâhui, je nâai pas eu le temps de participer Ă des sessions de formation en langue française, câest pour cela que je nâai pas encore appris cette langue. Je comprends un peu, vu que je suis en relation avec les cadres mĂ©dicaux, mais la prĂ©sence dâun traducteur est trĂšs importante. Parfois je me demande ce que jâaurai fait sâil nây avait pas de traducteur.
Jâai toujours cherchĂ© lâoccasion de remercier tous ceux qui nous ont aidĂ©, câest pour cela que je saisis cette occasion pour remercier l'Evam, lâHĂŽpital de lâEnfance, le directeur et les assistantes sociales, le Pivert, Mme Bluteau, lâinfir-miĂšre Ă domicile, le CHUV et Mme HĂ©lĂšne Jomini (Service Educatif ItinĂ©rant).
Peut-ĂȘtre bien que câest leur maniĂšre de travailler, mais pour moi ça reprĂ©sente beaucoup ».
13
III
Handicap et Migration : rĂŽle et prestations de l'Etablissement vaudois d'accueil des migrants (EVAM) M. Michel Viret â Assistant social Ă l'EVAM-LausanneM. Renaud VillĂ© â Chef d'Ă©quipe Ă l'EVAM-Lausanne
INTRODUCTIONPrĂ©senter le rĂŽle et les prestations de lâEtablisse-ment vaudois dâaccueil des migrants (Evam) dans le contexte spĂ©cifi que de la migration et du handi-cap nĂ©cessite dans un premier temps de briĂšvement prendre de la hauteur et de voir dans quel cadre plus large se place lâEtablissement. Ces quelques notions gĂ©nĂ©rales permettront de dĂ©limiter le champ de com-pĂ©tence de lâEvam et par lĂ -mĂȘme ses prestations.
Les objectifs et prestations seront ensuite survolĂ©s avec une emphase sur les prestations sociales, plus proches du sujet que ne le sont les prestations dâas-sistance et dâhĂ©bergement. Nous verrons que lâEvam a un rĂŽle, une fonction « gĂ©nĂ©raliste » ; elle nâest nulle-ment spĂ©cialisĂ©e dans la prise en charge dâune popu-lation particuliĂšre comme le seraient par exemple, les
Statut de réfugié en Suisse (art. 3 LAsi)Condition : droits humains bafoués
1
Motifs dâasile reconnus par la LAsiâą Raceâą Religionâą NationalitĂ©âą Appartenance Ă un groupe social dĂ©terminĂ©âą Opinions politiques
Risque de sĂ©rieux prĂ©judicesâą Mise en danger de la vieâą Mise en danger de lâintĂ©gritĂ© corporelleâą Mise en danger de la libertĂ©âą Pression psychique insupportableâą Motifs de fuites spĂ©cifiques aux femmes
Moyens de preuvesâą DonnĂ©es biomĂ©triquesâą Documents dâidentitĂ©âą Papiers officielsâą Coupures de presseâą Photosâą Lettres
personnes ùgées, les toxicomanes, ou les personnes ayant un handicap.
Il est fi nalement important, pour comprendre comment les prestations de lâEvam sont mises en Ćuvre sur le terrain, de dĂ©crire une situation rĂ©elle, emblĂ©matique. Cela nous aidera Ă mettre en Ă©vidence un certain nombre de pro-blĂ©matiques liĂ©es Ă la migration et aux handicaps.
QUELQUES INFORMATIONS SUR LâASILEEtre migrant en Suisse ne signifi e pas seulement venir dĂ©poser une demande dâasile ; le professeur amĂ©ri-cain qui vient travailler au CERN Ă GenĂšve, le ressor-tissant italien qui vient travailler dans une banque Ă BĂąle ou lâouvrier allemand qui vient passer la saison dâĂ©tĂ© en Valais, sont aussi des migrants devant faire face Ă de nombreux dĂ©fi s.
On peut voir ci-dessus à quelles conditions le « sésame » est octroyé.
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ConfĂ©rence : RĂŽle et prestations de lâEVAM
Dans le sens commun, le migrant est la personne qui quitte son pays sans forcĂ©ment savoir de quoi sera fait son avenir et qui se retrouve sur le chemin de la migration. Lorsque ces migrants arrivent en Suisse ils nâont pas le choix, sâils souhaitent offi cialiser leur prĂ©sence, dĂ©poser une demande dâasile, et espĂ©rer obtenir un permis B de rĂ©fugiĂ© statutaire.
On peut aisĂ©ment imaginer la diffi cultĂ©, sinon lâim-possibilitĂ©, pour de nombreux migrants de remplir les critĂšres nĂ©cessaires exigĂ©s par la Loi sur lâasile (LAsi).
Malgré les risques et les diffi cultés de la route migra-toire, nombreux sont les migrants qui arrivent en Suisse et qui se retrouvent donc intégrés dans un processus qui débute par une demande formulée
dans un des centres dâenregistrement et de procĂ©-dure (CEP) de la ConfĂ©dĂ©ration. Le graphique ci-des-sous montre non seulement les diffĂ©rentes Ă©tapes du traitement de la demande dâasile, mais aussi les dif-fĂ©rents acteurs en charge du migrant, ainsi que les types dâassistance fi nanciĂšre selon principalement le statut des personnes (requĂ©rants dâasile et admis pro-visoires, personnes au bĂ©nĂ©fi ce de lâaide dâurgence, et permis B).
Processus asile et assistanceProcédure fédérale, assistance
2
Revenu dâinsertionCSIR, CSR
8,4% Ăš VaudAide sociale asile
EVAM
Aide dâurgenceEVAM
ConfĂ©dĂ©rationSecrĂ©tariat dâEtat aux migrations
(SEM)
Demande dâasileCEP
Entrée en matiÚreAttribution à un canton
Livret N
Refus Admission provisoireLivret F
Non-entrée en matiÚreAttribution à un canton
Délai de départRenvoi
Statut de réfugiéPermis B
RĂ©gularisationPermis B
15
ConfĂ©rence : RĂŽle et prestations de lâEVAM
Ce que lâon peut aussi mettre en Ă©vidence est illustrĂ© par les pointillĂ©s. Ce sont les possibilitĂ©s, minimes mais bien existantes, de changement de statut. ConnaĂźtre par exemple des personnes qui ont Ă©tĂ© rĂ©gularisĂ©es aprĂšs avoir Ă©tĂ© au bĂ©nĂ©fi ce de lâaide dâurgence entretient lâespoir parmi les migrants ayant reçu une dĂ©cision de non-entrĂ©e en matiĂšre ou de renvoi.
On comprend Ă la lecture de ce graphique que les demandeurs dâasile sont attribuĂ©s aux cantons aprĂšs un sĂ©jour plus ou moins long dans un CEP,
selon une clĂ© de rĂ©partition basĂ©e sur la population cantonale, et la prĂ©sence ou pas sur le territoire de centres liĂ©s Ă la confĂ©dĂ©ration. Le canton de Vaud se trouve donc fi nalement en charge de 8.4% des demandeurs dâasile.
MAIS COMBIEN SONT-ILS ? Le prochain tableau montre quelques chiffres sur le traitement des demandes dâasile en Suisse en 2016, ainsi que lâĂ©volution (en bleu) par rapport Ă 2015.
31â299 demandes dâasile traitĂ©es en 201623% de dĂ©cisions positives
31â299 demandes rĂ©glĂ©es en 1Ăšre instance, avant recours (+ 11% par rap. Ă 2015)
5985 décisions positives (-6%)
10â983 dĂ©cisions nĂ©gatives (+4%)
7369 admissions provisoires (- 5.5%)
9393 décisions non-entrée NEM (+11.5%) dont8874 cas Dublin (+12%)
4938 radiations et retraits (+ 82%)Départs incontrÎlés des CEP, surtout en été 2016
3
5985
10â983 7369 admissions provisoires
9393 NEM 8874 cas Dublin
décisions positivesdécisions négativesnon entrée en matiÚreradiations
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Avant dâaller plus loin, il faut prĂ©ciser un point impor-tant concernant le rĂŽle de chacun. Dans ce que nous pouvons appeler le processus asile, le traite-ment de la demande appartient Ă la ConfĂ©dĂ©ra-tion (et plus prĂ©cisĂ©ment au SecrĂ©tariat dâĂ©tat aux migrations - SEM), alors que la prise en charge des bĂ©nĂ©ficiaires et lâapplication des dĂ©cisions du SEM sont du ressort des cantons. Libre donc aux cantons dâorganiser la prise en charge des migrants, ce qui explique les disparitĂ©s cantonales non seulement au niveau des infrastructures, mais aussi au niveau des prestations dĂ©livrĂ©es.
Le canton de Vaud a dĂ©cidĂ© de mandater lâEvam (ex-Fareas) pour la prise en charge des migrants.
LâETABLISSEMENT VAUDOIS DâACCUEIL DES MIGRANTS (EVAM)LâEvam est un Ă©tablissement cantonal de droit public fondĂ© sur la LARA (loi sur lâaide aux requĂ©rants dâasile et Ă certaines catĂ©gories dâĂ©trangers). Il est mandatĂ© par le canton de Vaud pour remplir deux missions :
âą Octroyer lâassistance aux requĂ©rants dâasile (livret N) et aux personnes admises Ă titre provisoire (permis F)
âą DĂ©livrer lâaide dâurgence aux personnes dĂ©bou-tĂ©es de lâasile qui en font la demande et qui se trouvent en Suisse en situation irrĂ©guliĂšre
Deux domaines importants dans le parcours des migrants ne relĂšvent pas de la compĂ©tence de lâEvam :
âą La procĂ©dure dâasile, qui est du ressort du SEM
âą Lâoctroi dâautorisation de sĂ©jour qui relĂšve, pour le canton de Vaud, du Service de la population (SPOP)
Le prochain graphique montre la rĂ©partition par diffĂ©rents statuts des plus de 6300 migrants dont lâEvam avait la charge Ă la fin de lâannĂ©e 2016. Les chiffres sont plus ou moins identiques Ă la fin du mois dâoctobre 2017.
Population prise en charge par lâEVAM48% de titulaires de permis F
5
6351 migrants au 31.12.2016 6554 au 31.12.2015
884
2409
3058 Aide d'urgence (11%)
Requérants d'asile (N)
Permis F
ConfĂ©rence : RĂŽle et prestations de lâEVAM
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La prise en charge des migrants a fortement Ă©voluĂ© avec le temps, mais lâobjectif reste le mĂȘme, lâauto-nomisation. Pour ce faire lâEvam a mis en place un systĂšme en deux phases schĂ©matisĂ© ci-dessous.
Chaque phase est caractĂ©risĂ©e par des prestations, un encadrement, un type dâhĂ©bergement particu-
liers ; le principe Ă©tant que la prise en charge doit ĂȘtre intense et de proximitĂ© au dĂ©but (phase accueil et socialisation), puis diminuer au fur et Ă mesure que le migrant acquiert les outils pour sâautonomiser (phase sĂ©jour).
Objectif de lâEVAMAutonomie des requĂ©rants dâasile
âą Un parcours en deux phases qui favorise lâautonomie
4
⹠Hébergement collectif⹠Cours de français⹠Modules de sensibilisation⹠Présence sociale forte⹠Assistance financiÚre
âą HĂ©bergement en principe en appartement
âą Aide Ă lâintĂ©grationâą Accompagnement social sur
demandeâą Assistance financiĂšre
6 â 9 mois selon procĂ©dure dâasile
Phase 1 : Accueil et socialisation Phase 2 : SĂ©jour
Les trois prestations principales de lâEvam, sont :âą Assister
âą HĂ©berger
âą Encadrer
Nous allons effl eurer les prestations dâassistance et dâhĂ©bergement, pour nous arrĂȘter plus longuement sur celles de lâencadrement.
LâASSISTANCEUne prĂ©cision sâimpose concernant ce tableau des prestations fi nanciĂšres. Un projet actuellement mis en Ćuvre vise Ă ne prendre en charge les transports
quâen nature. Les bĂ©nĂ©fi ciaires reçoivent donc tous un abonnement rĂ©pondant Ă leur besoin.
Il ne concerne aussi que les personnes au bĂ©nĂ©fi ce dâun Livret N ou F, et aucunement les personnes au bĂ©nĂ©fi ce de lâaide dâurgence. Ces derniers ne reçoivent, gĂ©nĂ©-ralement, que des prestations en nature.
En plus de lâassistance, les migrants dont lâEvam a la charge sont tous affi liĂ©s Ă une assurance maladie de base selon la LaMal, indĂ©pendamment de leur statut. Cela permet un accĂšs aux soins mĂȘme pour les plus dĂ©munis.
ConfĂ©rence : RĂŽle et prestations de lâEVAM
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Normes dâassistance Environ la moitiĂ© du Revenu dâinsertion
MNA Accueil SocialisationSĂ©jourZonesMobilis 11-12
SĂ©jourZone 1(c)
SĂ©jourZone 2(d)
SĂ©jourZone 3(e)
Alimentation (a) 8.00 8.00 8.00 8.00 8.00 8.00
VĂȘtements (a) 1.00 1.00 1.00 1.00 1.00 1.00
Transports (a) (a) (a) (a) 1.60 1.60 1.60
Supplément de transport (b) 0.50 1.00
Forfait séjour 0.50 0.50 0.50 0.50
Complément 1(b) 2.00 2.00 2.00 2.00 2.00 2.00 2.00
Complément 2(b) 1.00 1.00 1.00 1.00 1.00 1.00 1.00
TotalespĂšces: 3.00 12.00 12.00 12.50 14.10 14.60 15.10
Versement hebdo. hebdo. mensuel mensuel mensuel mensuel mensuel
a) Prestation en nature b) Prestation délivrée aux personnes > 16 ans
c) Trajet moins de Fr. 25.- d) Trajet entre Fr. 25.- et Fr. 40.- e) Trajet + de Fr. 40.- 66
LâHĂBERGEMENTLâEvam a lâobligation de mettre un logement Ă dis-position des bĂ©nĂ©ficiaires. Si en situation normale les migrants sont hĂ©bergĂ©s soit en structure collec-tive, soit en logement individuel ; en pĂ©riode dâaf-flux, lâutilisation dâabris de protection civil et dâhĂŽ-tels garanti que chaque bĂ©nĂ©ficiaire a un endroit pour dormir.
Les migrants ne sont pas associĂ©s au choix du loge-ment qui leur est attribuĂ©, mais lâEvam tient compte de la disponibilitĂ© des places, de la situation du bĂ©nĂ©ficiaire et de ses besoins avĂ©rĂ©s. Les attentes des bĂ©nĂ©ficiaires par rapport au logement sont immenses, et les demandes pour un logement indi-viduel Ă Lausanne fort nombreuses. Ne pas pouvoir y rĂ©pondre engendre de grandes incomprĂ©hensions et frustrations.
Si les bĂ©nĂ©ficiaires ont le droit de trouver par eux-mĂȘmes un bail privĂ©, cela reste rare et difficile. Lâac-cĂšs Ă un logement individuel implique aussi de faire le deuil dâun encadrement de proximitĂ©. Il est donc essentiel que les personnes aient atteint un certain degrĂ© dâautonomie avant dâintĂ©grer un logement
individuel, faute de quoi les lacunes en termes dâou-tils visant lâautonomisation se rĂ©percuteront sur du long terme.
La rĂ©partition (arrondie) par type de logement au mois dâoctobre Ă©tait la suivante :
âą 3600 personnes en logement individuel Evam
âą 1300 personnes en foyer
⹠1000 personnes en bail privé
âą 60 personnes en abris PC et Sleep-In
âą 0 personne Ă lâhĂŽtel
Depuis le mois de novembre 2017, plus aucune per-sonne nâest hĂ©bergĂ©e en abris de protection civile.
ConfĂ©rence : RĂŽle et prestations de lâEVAM
19
LâENCADREMENTLâencadrement des plus de 6000 personnes dont lâEvam a la charge est de la responsabilitĂ© de cinq entitĂ©s :
âą Surveillance
⹠Intégration et développement
⹠Mineurs non accompagné
âą Cuisine
âą Social
Les prestations sont nombreuses et complémentaires.
Encadrement des migrantsUn ensemble de prestations complémentaires
7
Cours de françaiset Acquisition de qualifications de
base
Programmes de formation et pratique
professionnelle
Aide Ă lâinsertion
professionnelle ProgrammesdâactivitĂ©s
(utilité publique)
Orientation
Modules de sensibilisation
et dâintĂ©gration
Suivi personnalisé
ConfĂ©rence : RĂŽle et prestations de lâEVAM
Encadrement des migrantsUn ensemble de prestations complémentaires
7
Cours de françaiset Acquisition de qualifications de
base
Programmes de formation et pratique
professionnelle
Aide Ă lâinsertion
professionnelle ProgrammesdâactivitĂ©s
(utilité publique)
Orientation
Modules de sensibilisation
et dâintĂ©gration
Suivi personnalisé
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LâEtablissement assure lâaccompagnement social des demandeurs dâasile. Celui-ci poursuit les objectifs sui-vants (art. 38 LARA) :
âą Informer sur les droits et devoirs
âą Assurer une bonne « intĂ©gration » en encourageant lâaccĂšs aux cours de français et aux modules de sensibilisation, et dâintĂ©gration ; les cours de prĂ©-formation, de formation et des PO proposĂ©s par lâEntitĂ© IntĂ©gration et DĂ©veloppement (EID) ; et lâautonomie sociale, professionnelle et financiĂšre
âą Responsabiliser
âą Autonomiser
Afin de remplir ses objectifs, lâĂ©tablissement peut compter sur les tĂąches sociales suivantes :
âą Effectuer des entretiens individuels dâaide et de mĂ©diation
⹠Informer les bénéficiaires sur leurs droits et devoirs
⹠Soutenir les bénéficiaires dans des démarches spécifiques
⹠Orienter et le cas échéant participer à des entre-tiens de réseau
âą Assurer la communication des informations utiles Ă lâensemble des intervenants
âą Analyser la situation financiĂšre des bĂ©nĂ©ficiaires et proposer des solutions (prestations supplĂ©men-taires ; demandes de fonds, mesures dâintĂ©gration)
âą Soutenir lâapplication du principe de subsidiaritĂ©
âą Effectuer des visites Ă domicile
Concernant la situation financiĂšre des bĂ©nĂ©ficiaires, nous avons dĂ©jĂ vu que lâassistance permet de cou-vrir les besoins de base, identiques pour tous : nour-riture, transport, argent de poche. Ces prestations ne tiennent pas compte des besoins particuliers. Il est donc important que des prestations sociales financiĂšres supplĂ©mentaires soient prĂ©vues, quâelles fassent lâobjet dâune analyse des besoins, quâelles soient octroyĂ©es individuellement, et limitĂ©es dans le temps.
Ces demandes de prestations supplémentaires répon-dant à des besoins spécifiques sont les suivantes :
⹠Etat de santé (garderie, transports, etc.)
âą Formation des 16/25 ans (frais effectifs obliga-toires, transports, etc.)
⹠Scolarité obligatoire (devoirs surveillés, camps, etc.)
âą Situation familiale (mineur accompagnĂ© le WE, nuitĂ©es dâhĂŽpital)
âą Mesures dâintĂ©gration (association et club, gar-derie, etc.)
La liste des besoins spĂ©cifique est exhaustive, mais de nouveaux besoins peuvent ĂȘtre identifiĂ©s, qui feront ensuite lâobjet dâune dĂ©cision Ă valeur juridique.
La derniĂšre option, en cas de besoin justifiĂ© auquel lâEvam ne peut pas rĂ©pondre, reste lâappel aux fonds privĂ©s.
Le principe de subsidiaritĂ© sâapplique bien Ă©vi-demment Ă lâensemble des prestations offertes aux bĂ©nĂ©ficiaires.
Maintenant que nous avons vu, de maniĂšre brĂšve et simplifiĂ©e, le contexte de lâEvam, son champ dâaction et ses limites, voyons maintenant comment peut sây inscrire une situation rĂ©elle. Cela nous per-mettra dâidentifier les forces et les faiblesses, et de mettre en Ă©vidence des pistes de rĂ©flexion et dâamĂ©lioration.
UNE SITUATION EMBLĂMATIQUEMadame R., ressortissante dâAlbanie, arrive en Suisse en avril 2015 accompagnĂ©e de ses deux enfants cadets, des jumeaux. AgĂ©s de 6 ans, les enfants souffrent dĂšs la naissance dâune « pathologie neuro-logique complexe avec une atteinte motrice sĂ©vĂšre ». Permettre aux enfants de bĂ©nĂ©ficier de soins auxquels ils nâont pas accĂšs au pays, tel est le motif de la venue en Suisse.
Pour rĂ©aliser cet objectif sanitaire, la famille de Madame a consenti Ă se diviser. Le mari et pĂšre de famille est restĂ© au pays avec les trois autres enfants du couple car il a un emploi et il entend le conser-ver. Madame a Ă©tĂ© scolarisĂ©e au pays mais nâa aucune notion de français (anglais, allemand ou ita-lien). Exception faite dâun cousin qui habite Lausanne, Madame nâa pas de point dâancrage social dans la rĂ©gion. Entre avril 2015 et juillet 2017, Madame se confronte au monde de lâasile en Suisse et elle fait lâexpĂ©rience dâĂ©cueils de toutes sortes. Les problĂšmes de la langue et de lâisolement constituent indĂ©niable-ment des obstacles qui empĂȘchent Madame dâavoir prise sur sa situation. Cependant, dâautres obstacles dĂ©coulent davantage de la prise en charge institu-tionnelle, de ses moyens et de ses fonctionnements, et de ses limites. Le « projet » de Madame est donc tri-butaire des conditions dâaccueil et de prise en charge des personnes migrantes et, surtout, il dĂ©pend de la tournure prise par sa demande dâasile.
ConfĂ©rence : RĂŽle et prestations de lâEVAM
21
Ci-dessous, quelques éléments pour comprendre comment le projet familial initial se lézarde, faisant place à la désillusion des intéressés :
âą HĂ©bergement : Dâabord en Foyer de premier accueil Ă Ste-Croix, puis en logement individuel Ă Renens, puis Ă Lausanne dans un logement mieux adaptĂ© au handicap, soit trois lieux de vie en 2 ans. A lâEvam, les logements sont attri-buĂ©s en fonction de la particularitĂ© de la situa-tion de la personne mais aussi, bien sĂ»r en fonc-tion des disponibilitĂ©s dans le parc immobilier de lâEtablissement.
âą Identification des problĂšmes mĂ©dicaux, des besoins en soins et en matĂ©riel : Moyens auxiliaires de type fauteuil roulant, attelles, orthĂšses, etc. et orientation sur des spĂ©cialistes et/ou des services spĂ©cialisĂ©s, notamment lâUnitĂ© de neuropĂ©diatrie et neurorĂ©habilitation pĂ©diatrique du CHUV. La situation mĂ©dicale rend lâintervention dâun physiothĂ©rapeute et dâun ergothĂ©rapeute Ă©galement nĂ©cessaire. A noter que se rendre aux rendez-vous mĂ©dicaux ou autres constitue un dĂ©fi pour la personne, et dâautre part que, selon le lieu de rĂ©sidence de la personne, les intervenants mĂ©dicaux et sociaux peuvent changer.
âą Scolarisation des enfants : Forts des moyens auxiliaires reçus, les enfants ont pu dĂ©buter leur scolaritĂ© Ă Ste-Croix. Suite au dĂ©mĂ©nagement Ă Renens, nouvel univers scolaire et social, et pas dâassistant social « sous la main » comme câĂ©tait le cas au Foyer. ScolaritĂ© hybride : A lâEcole publique, et aussi en Ă©cole spĂ©cialisĂ©e.
âą DĂ©cision de refus de prestations AI : Fin 2016. « LâinfirmitĂ© prĂ©cĂšde lâarrivĂ©e en Suisse. »
âą DĂ©cision de refus dâasile : Notion de « non-en-trĂ©e en matiĂšre » en novembre 2016, au motif que lâAlbanie est un pays rĂ©putĂ© sĂ»r et que les soins Ă apporter aux enfants peuvent y ĂȘtre pro-diguĂ©s. En corollaire, les autoritĂ©s organisent le retour au pays pour la famille dâabord en mars 2017, puis en juillet 2017. La famille, qui a refusĂ© dâobtempĂ©rer, nâa pas quittĂ© le territoire et continue Ă bĂ©nĂ©ficier des prestations dâAide dâurgence.
âą Soutien pĂ©dopsychiatrique pour les enfants, et psychologique pour la mĂšre : Il sâagit dâaider à « digĂ©rer » une notion qui est perçue comme un Ă©chec personnel : pas de futur en Suisse.
Durant la pĂ©riode passĂ©e sous revue, on observe que les intervenants dans cette situation sont nom-breux et impliquĂ©s ; ils aident, et ils accompagnent l'« autre » sur un bout de son chemin, pour lui rendre la vie moins difficile. Les intervenants ont tous leur spĂ©cialitĂ© et sont tous nĂ©cessaires. « Lâinformation » est peut-ĂȘtre convenablement partagĂ©e entre les partenaires. Toutefois, le systĂšme mis en place com-porte aussi des obstacles quâon ne peut pas lever tous : le temps dont le professionnel dispose limite son investissement ; il se peut aussi que le profes-sionnel « sorte » soudainement de la situation. Enfin, le professionnel, tout comme les bĂ©nĂ©ficiaires, est limitĂ© par des procĂ©dures (quelquefois longues), par des rĂšglements contraignants, et par des dĂ©ci-sions administratives.
CONCLUSIONSSi le cadre dâintervention de lâEvam comporte cer-taines limites, on voit que celles-ci peuvent ĂȘtre, en partie, compensĂ©es par lâappui, le soutien et lâinter-vention de nos partenaires. Je prĂ©cise « en partie », car les attentes de nos bĂ©nĂ©ficiaires sont importantes et nâobtiendront pas toutes les rĂ©ponses espĂ©rĂ©es. MalgrĂ© les moyens mis en Ćuvre par les profession-nels pour rĂ©pondre aux besoins des migrants ayant un handicap, ces derniers doivent parfois faire le deuil de certaines prestations. Mais il est de notre responsabilitĂ© de sâassurer que les prestations soient dĂ©livrĂ©es de maniĂšre efficiente, et que la collabora-tion et la communication entre les partenaires soit constructive, avec comme objectif principale et ultime le bien-ĂȘtre du bĂ©nĂ©ficiaire-patient.
ConfĂ©rence : RĂŽle et prestations de lâEVAM
23
IV
Enfance, migration, handicap : un dĂ©fi puissance trois ?Dr Christopher Newman â MĂ©decin adjoint, Privat Docent MER UnitĂ© de Neurologie et NeurorĂ©habiliation PĂ©diatrique CHUV - Lausanne
ENFANCE+
MIGRATION+
HANDICAP
ENFANCEMIGRATIONHANDICAP
AGĂISMEXĂNOPHOBIECAPACITISME
ENFANCEx
MIGRATIONx
HANDICAP
=
= ?
3 DĂFIS
ENFANCE+
MIGRATION+
HANDICAP
= 3 ALTĂRITĂS
DĂFIS3
MIGRATIONâą Volontaire ou forcĂ©eâą DĂ©fis et opportunitĂ©sâą Avec et/ou pour lâenfant
avec handicap
The Moeller family were allowed to stay after the then Immigration Minister Chris Evans overturned a deportation ruling following a massive campaign that drew attention to our discriminatory laws and embarrassed Australia. Source : News Limited
24
Conférence : Enfance, migration, handicap : un défi puissance trois ?
Migrants2000 173 millions2010 222 millions2015 244 millions
Réfugiés2014 19,5 millions
26
RESSOURCES LIMITĂES = BARRIĂRES
Conférence : Enfance, migration, handicap : un défi puissance trois ?
30
ENFANCE - EMIGRATION - HANDICAPâą Situations occasionnelles de familles qui quittent
la Suisse pour leur enfant avec handicap :
â motifs scolaires
â motifs rĂ©Ă©ducatifs
ENFANCE+
MIGRATION+
HANDICAP
> 3 DĂFIS
Conférence : Enfance, migration, handicap : un défi puissance trois ?
⹠RÎle du médecin dans les décisions administratives
âą Questionnaire ODM â Constatations, diagnostic, traitement, pronostic
â PossibilitĂ©s de traitement dans le pays dâorigine
⹠AccÚs aux moyens auxi-liaires (aux soins) pour les enfants de familles en situa-tion irréguliÚre
31
V
Enfants en situation de handicap dans le contexte de migrationHynd Ayoubi Idrissi â Membre du ComitĂ© des Droits de lâenfant
INTRODUCTIONLes enfants en situation de handicap et de migration nous mettent devant une problématique majeure et une multiplicité de vulnérabilités :
âą En tant quâenfant
âą En raison du handicap
âą En raison de la situation de migration, qui peut ĂȘtre une migration rĂ©guliĂšre ou irrĂ©guliĂšre
Quelles que soient les spĂ©cificitĂ©s des besoins de lâen-fant et de son statut, ainsi que celui de ses parents, il est avant tout un enfant et par consĂ©quence, il doit bĂ©nĂ©ficier de la garantie des Droits :
âą A la vie
⹠A la survie, au développement
âą A la participation et Ă la protection
PRINCIPES FONDAMENTAUXCes droits doivent ĂȘtre garantis dans le respect des principes fondamentaux de la CDE et bĂ©nĂ©ficier Ă tout enfant ĂągĂ© de moins de 18 ans. Il sâagit de :
âą Non discrimination
âą IntĂ©rĂȘt supĂ©rieur de lâenfant
⹠Droit à la vie, à la survie et au développement
âą Droit Ă la participation
Outre les principes vĂ©hiculĂ©s par dâautres instruments spĂ©cifiques pertinents en la matiĂšre : Convention de protection des Droits des personnes handicapĂ©es et la Convention pour la protection des Droits des tra-vailleurs migrants et des membres de leurs familles, le droit international des Droits de lâHomme est trans-cendĂ© par le principe de :
âș Non discrimination
âș FondĂ© sur lâhumanitĂ© de la personne
SITUATION DES ENFANTS EN SITUATION DE HANDICAP DANS LE MONDE⹠Insuffisance voire absence de données
âą DiffĂ©rentes dĂ©finitions du handicap et diffĂ©rences de mĂ©thodes et de fiabilitĂ© des Ă©tudes et enquĂȘtes
âș UNICEF : 93 millions dâenfants (1 enfant ĂągĂ© de 14 ans ou moins sur 20). Estimations datant de 2004
âș OG du ComitĂ© des Droits de lâenfant No 9 (2006) : entre 500 et 650 millions de personnes handicapĂ©es dans le monde, environ 10% de la population mondiale, 150 millions dâenfants.
⹠Peu scolarisés
⹠Scolarisation dans des structures spécialisées
⹠Faible accÚs aux soins de santé
⹠Institutionnalisation et séparation avec la famille
âą Plus grande exposition Ă la violence (physique, psychologique, sexuelle)
⹠Exclusion de prendre part aux activités sociales et donc au droit à la participation
Environ 80% dâenfants en situation de handicap vivent dans les pays en dĂ©veloppement et la majoritĂ© des enfants en situation de handicap vivent lâexclusion, la prĂ©caritĂ© et lâinvisibilitĂ©. La situation de handicap des enfants aggrave la pauvretĂ© et la prĂ©caritĂ© des familles. Lâexclusion en raison du handicap peut ĂȘtre aggravĂ©e par le sexe (les filles), lâorigine sociale, la culture, etc.
Tout ceci instaure lâinvisibilitĂ©, l'exclusion, l'absence du droit Ă lâĂ©ducation, Ă la santĂ© et Ă une sociĂ©tĂ© inclusive et maintient la perception nĂ©gative quant au handicap, y compris de la part des enfants en situa-tion du handicap eux-mĂȘmes.
QUID DE LA MIGRATION ?La migration peut ĂȘtre un facteur positif dâamĂ©lioration des conditions dâexistence dâun enfant en situation de handicap (meilleurs accĂšs aux droits). Par exemple, la cour constitutionnelle allemande, le 18 juillet 2012, a reconnu « lâinconstitutionnalitĂ© de la loi sur les prestations au bĂ©nĂ©fice des demandeurs dâasile de 1993, consi-dĂ©rant que toute personne a droit au minimum vital ». Toutefois, dans de nombreuses situations, la migration peut constituer un facteur aggravant : exclusion de lâen-fant en situation de handicap, surtout dans les situations dâirrĂ©gularitĂ© ou durant la procĂ©dure de demande de statut de rĂ©fugiĂ©s (DiversitĂ© procĂ©durale selon les Etats).
32
ConfĂ©rence : Enfants migrants en situation de handicap : rĂŽle de la convention des Droits de lâenfant de lâONU
Le rapporteur spĂ©cial sur les droits de lâhomme des migrants a relevĂ© que dans de nombreux cas « Les travailleurs migrants, en situation rĂ©guliĂšre ou irrĂ©gu-liĂšre, sont employĂ©s dans des conditions prĂ©caires et discriminatoires, avec des contrats de travail tem-poraires qui ne leur donnent pas accĂšs aux services de sĂ©curitĂ© sociale ». Rapport du rapporteur spĂ©-cial sur les droits de lâhomme des migrants, Jorge Bustamante : Mission au Japon » (A/HRC/17/33/Add.3), Par.70.
Les conditions des migrants adultes sont Ă©troitement liĂ©es Ă celles des enfants et davantage en situation de handicap :« Les restrictions Ă leur droit au travail et lâabsence de politiques de rĂ©gularisation contribuent Ă marginaliser les migrants. Cette marginalisation, Ă son tour prive leurs enfants du droit Ă un niveau de vie suffisant ». (UNICEF et UniversitĂ© nationale de Lanus (Argentine) « Droits Ă©conomiques, sociaux et culturels des enfants migrants et des enfants nĂ©s de parents migrants : dĂ©fis, bonnes pratiques et recom-mandations », mars 2010 ;
OBLIGATIONS DES ETATSTrilogie dâobligations :
âș Obligation de respecter (ne pas violer, ne pas contrecarrer lâaccĂšs aux droits)
âș Obligation de protĂ©ger (garantir les voies de recours en cas de violation)
âș Obligation de mise en Ćuvre (effectivitĂ© : une sociĂ©tĂ© inclusive avec droit Ă lâĂ©ducation, Ă la santĂ©, Ă la participation et Ă la protection au mĂȘme titre que les autres enfants qui ne sont pas en situation de handicap)
ACTIONS DU COMITĂ DES DROITS DE LâENFANT
⹠Observations et recommandations spécifiques aux Etats (quasiment tous les Etats se voient for-muler des observations et des recommandations portant sur les droits des enfants en situation de handicap)
⹠Observations générales, notamment pour les enfants en situation de handicap et les enfants migrants non accompagnés
⹠Observations conjointes avec le Comité des tra-vailleurs migrants et membres de leurs familles , etc.
âą JournĂ©es de Discussion GĂ©nĂ©rale « Droits de lâenfant en situation de migration », etc.
âą Protocole facultatif Ă la CDE portant sur les com-munications individuelles
RĂLE DES AUTRES ORGANES DE TRAITĂDâautres organes de traitĂ© Ćuvrent Ă©galement pour lutter contre la discrimination et pour la reconnais-sance des droits des enfants et des membres de leurs famille, Ă des conditions de vie descente, quel que soit leur statut :
⹠Comité des Droits Economiques, Sociaux et Culturels
⹠Comité des droits de travailleurs migrants et des membres de leurs familles
⹠Comité de lutte contre la discrimination raciale
âą ComitĂ© de lutte contre la discrimination Ă lâen-contre des femmes
⹠Comité de lutte contre la torture, etc.
CONCLUSIONLes lois sont importantes, mais non suffisantes. Il est nécessaire de disposer de données, de politiques nationales, de mécanismes de coordination et de budgets suffisants. Il est impératif d'agir sur les per-ceptions sociales négatives quant au handicap et quant à la peur de l'étranger.
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VI
Handicap et migration : quelles ressources pour les familles dâenfants en Ăąges prĂ©scolaires ?Deborah Brunner Tavaglione â Besoins SpĂ©ciaux de la Petite Enfance, Pro Infirmis MaĂ«lle Guyaz â Service Educatif ItinĂ©rant Olga Solovyeva â Service Educatif ItinĂ©rant
« Notre prĂ©sentation a Ă©tĂ© crĂ©Ă©e Ă partir de nos expĂ©riences communes, au sein du service Ă©ducatif itinĂ©rant (SEI), de la Fondation de Vernand et du service des besoins spĂ©ciaux de la petite enfance (BSPE) de Pro Infirmis pour les enfants d'Ăąge prĂ©sco-laire, afin d'identifier les diffĂ©rentes ressources pos-sibles Ćuvrant autour des familles migrantes avec un enfant Ă besoins Ă©ducatifs particuliers ».
QUI SOMMES NOUS : SEI (Service Educatif ItinĂ©rant) : dĂ©veloppement des compĂ©tences de lâenfant par des activitĂ©s pĂ©dago-giques ludiques lors de sĂ©ances hebdomadaires au domicile de lâenfant.
BSPE (Besoin SpĂ©ciaux de la Petite Enfance) : Conseil social prĂ©coce de Pro Infirmis Vaud. Offre une sou-tien, un accompagnement aux familles et dĂ©fend les droits de lâenfant en situation de handicap.
HISTOIRE DE LA FAMILLE B, OU COMMENT TROUVER SON CHEMIN EN TERRE INCONNUE ?
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ConfĂ©rence : Quelles ressources pour les familles dâenfants en Ăąge prĂ©scolaire ?
QUESTIONNEMENTS RESSORTANT DE NOS ĂCHANGES
RĂ©seaux pluridisciplinaire :
⹠Apports du réseau pluridisciplinaire
⹠Taille du réseau
âą Pour les professionnels
âą Pour les familles
La/les langue (s) :
âą Le traducteur : un proche ou un professionnel
âą Le traducteur externe
⹠L'impact de la traduction sur la réunion de réseau
âą L'Ă©valuation du langage
âą La langue d'intervention
âą La communication parents-enfants
Différences culturelles :
âą Rythmes
âą Principes Ă©ducatifs
âą Repas
âą Place du jeu/jouets/sortie
âą Questionnements sur nos pratiques Ă©ducatives
⹠S'intéresser à leur culture/principes/valeurs et les intégrer dans les échanges
AccĂšs Ă l'information :
âą Connaissance du systĂšme
⹠Compréhension de la langue
âą Pouvoir se faire comprendre/ĂȘtre entendu/ĂȘtre compris et pris en compte par l'interlocuteur
âą MĂ©fiance mutuelle possible
DĂ©marches administratives/ aspects financiers :
âą Conseil juridique
âą Minimum vital
âą Sortie d'EVAM
âą Frais de traduction
âą Droits AI
C'est une Ă©vidence de travailler ensemble, nous avons tous le mĂȘme objectif. Mais il est toujours pos-sible de mieux faire. Pour cela, il est nĂ©cessaire de faire appel aux compĂ©tences de chacun !
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VII
Accueil dâun Ă©lĂšve migrant en situation de handicap : rĂŽles de lâinfirmier-e et du mĂ©decin scolaireDresse Marie-Odile GUBLER â PĂ©diatre et mĂ©decin rĂ©fĂ©rent pour la scolaritĂ© obligatoire UnitĂ© PSPS/unitĂ© de promotion de la santĂ© et de prĂ©vention en milieu scolaire
Dans les missions du mĂ©decin et de lâinfirmier-e sco-laire, il est Ă©crit : « [Il-elle] rĂ©pond en partenariat avec les adultes, les pairs et les services concernĂ©s aux besoins liĂ©s Ă lâintĂ©gration, Ă lâaccompagnement et Ă la protection des enfants et des adolescents ».Cette mission ne pourrait pas ĂȘtre menĂ©e Ă bien sans lâaide des interprĂštes-mĂ©diateurs-trices culturels. Infirmiers-es et mĂ©decins scolaires sont Ă disposition des familles pour faciliter lâintĂ©gration de leur enfant ou adoles-cent Ă lâĂ©cole. Ils apportent une aide diffĂ©rente pour chaque Ă©lĂšve, de lâinformation aux parents du systĂšme de santĂ© suisse Ă la facilitation des collaborations entre les professionnels de la santĂ© et ceux de lâĂ©cole.
MISSIONS DE LâINFIRMIER-E ET DU MĂDECIN SCOLAIRE
âș Offre son conseil, son expertise et des soins dans les domaines liĂ©s Ă la santĂ© physique, mentale et sociale des enfants et des ado- lescents
âș RĂ©pond en partenariat avec les adultes, les pairs et les services concernĂ©s aux besoins liĂ©s Ă lâintĂ©gration, Ă lâaccompagnement et Ă la protection des enfants et des adolescents
âș DĂ©veloppe des activitĂ©s de promotion et de prĂ©vention en santĂ© communautaire, en parte- nariat avec diffĂ©rents acteurs internes et externes Ă lâĂ©tablissement
MANDAT DE LâINFIRMIER-E ET DU MĂDECIN SCOLAIRECe que lâinfirmier-e et/ou le mĂ©decin scolaires font ou peuvent faire :
⹠Donner des informations sur le systÚme de santé suisse et les ressources à disposition
âą Aider la famille dans la recherche dâun mĂ©decin traitant
âą Faire le lien entre lâĂ©cole et les thĂ©rapeutes
⹠Etablir un protocole pour les enfants ayant des besoins de santé particulier
Ce que lâinfirmier-e et/ou le mĂ©decin scolaire font ou peuvent faire :
âą Rencontrer les familles ou lâĂ©lĂšve, si besoin avec un interprĂšte-mĂ©diateur culturel
âą Contacter le mĂ©decin - ou futur mĂ©decin trai-tant ou spĂ©cialiste, ou un organisme (ProInfirmis, SESAF...) toujours avec lâaccord des parents
Ce que le mĂ©decin et lâinfirmier-e scolaire ne font pas :
âą Effectuer un examen mĂ©dical dĂ©taillĂ© de lâĂ©lĂšve Ă but diagnostic
âą Etablir un diagnostic
âą Prescrire un traitement
INFORMATION DE LâARRIVĂE DâUN ĂLĂVE AVEC BESOIN DE SANTĂ PARTICULIER
âș Par le bilan prĂ©-scolaire effectuĂ© par le mĂ©decin traitant (Ă©lĂšves de 1P et 2P)
âș Par lâentretien infirmier 1P-2P avec les parents et en prĂ©sence de lâenfant (Ă©lĂšves de 1P ou 2P)
âș Par une information directe des parents Ă lâinfir- mier-e scolaire
âș Par une information dâun membre du corps ensei- gnant ou de lâĂ©tablissement Ă lâinfirmier-e scolaire
ARRIVĂE DâUN ĂLĂVE MIGRANT EN SITUATION DE HANDICAP En pratique, le mĂ©decin et lâinfirmier-e ne peuvent intervenir prĂ©cocement quâaux conditions suivantes :
âą LâĂ©lĂšve est inscrit Ă lâĂ©cole
âą Et un membre de lâĂ©cole a informĂ© lâinfirmier-e ou le mĂ©decin scolaire du besoin de santĂ© par-ticulier de lâĂ©lĂšve (pour les arrivĂ©es en cours de scolaritĂ©)
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Conférence : Accueil d'un élÚve migrant en situation de handicap : rÎles de l'infirmier-e et du médecin scolaire
LES INFIRMIER-ES SCOLAIRES DANS LE CANTON DE VAUDScolarité obligatoire et post-obligatoire :
âą Infirmier-e scolaire engagĂ©-e par lâUnitĂ© PSPS ou le Service santĂ© et prĂ©vention de la ville de Lau-sanne
Institutions :
âą Infirmier-e scolaire de lâĂ©cole rĂ©guliĂšre avec faible pourcentage dans lâinstitution
âą Ou infirmier-e de lâinstitution ayant aussi mandat dâinfirmier-e scolaire
LES MĂDECINS SCOLAIRES DANS LE CANTON DE VAUD
âș PĂ©diatres ou spĂ©cialistes en mĂ©decine interne gĂ©nĂ©rale
âș GĂ©nĂ©ralement avec faible pourcentage dâactivitĂ© dans les Ă©coles (de milice)
âș Dans toutes les Ă©coles de la scolaritĂ© obligatoire et post-obligatoire
âș Dans toutes les institutions deux types de mĂ©de- cins : mĂ©decin scolaire ou/et mĂ©decin de lâinstitution
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VIII
LetĂcia, 15 ans : nĂ©cessitĂ© dâun projet multidimensionnelEmmanuelle Bertrand/Deniz Nogueira Dos Santos/Suzanne van Rooij /Silvia Alves Da Cunha/Jean-Marie Piemontesi
Introduction : Mme Emmanuelle Betrand â Inspecteur SESAF, secteur DĂŽle
Je prĂ©sente aujourdâhui cette vignette au nom des intervenants dans ce projet, qui sâexprimeront tout Ă lâheure et en collaboration avec M. Guillaume Tharin, responsable pĂ©dagogique de Vernand, un de nos partenaires privilĂ©giĂ©s sur Nyon, qui mâa aidĂ© Ă prĂ©-parer ce travail en amont.
Dans nos Ă©changes, partages, discussions, beau-coup dâautres situations nous ont animĂ©s. Nous aurions en effet pu vous parler de Georges, Luca, Flavio, Joseph, Jason, ou Kamil et câest en oublier des dizaines. Un point commun les relie : une situa-tion de handicap. Handicap qui touche tous les domaines de ces filles et ces garçons : mĂ©dical, familial, social, culturel, scolaire et chacun Ă un degrĂ© diffĂ©rent.
Ce que nous faisons au quotidien dans lâexercice de nos mĂ©tiers, câest accompagner ces enfants vers une prise en charge globale, pensĂ©e par des profession-nels, qui ont eux aussi, une famille, un rĂ©seau social, une culture, un mĂ©tier. En nous concertant, beaucoup, en nous rencontrant, beaucoup, nous essayons de tisser un projet en tenant compte de tous ces para-mĂštres, visibles et invisibles, les leurs et les nĂŽtres. Ce prisme, Ă©tabli par nos regards croisĂ©s, permet dâap-procher au mieux la meilleure voie pour le dĂ©velop-pement et lâĂ©panouissement scolaire et social de ces enfants. Câest ce que nous visons en tout cas.
Un autre point unit ces fils et ces filles, câest leur passĂ© scolaire. Des enfants qui arrivent en Ăąge scolaire en Suisse ont une famille, un passĂ©, une histoire, comme nâimporte quel autre arrivant, ou « migrant », comme lâĂ©poque sâest chargĂ©e de nommer. Parfois, ces enfants nâont connu que lâĂ©cole ordinaire dans leur pays de naissance. Avec aide, sans aide, câest Ă©gal, ils Ă©taient scolarisĂ©s avec leurs contemporains dans lâĂ©cole rĂ©guliĂšre, inclus au groupe des scolaires. DĂ©li-cat travail donc dâaccompagner dans la justesse et la prĂ©cision, des familles qui frappent Ă la porte de lâĂ©cole rĂ©guliĂšre pour inscrire leur enfant, en arrivant dans un pays Ă©tranger, dont ils ne connaissent, ni lâhistoire, ni les rouages, ni la culture. Câest ici que lâĂ©cole procĂšde Ă lâinscription, sans toujours connaĂźtre le trouble ou le handicap, visible ou invisible et qui va mettre en dĂ©faut, ou au mieux en question, un systĂšme Ă©tabli et huilĂ©.
Puis la classe, la langue, le groupe, le Plan dâĂ©tudes romand (PER), la lenteur, lâincomprĂ©hension, la dif-fĂ©rence. Cette diffĂ©rence, redevenue visible, par un
autre Ă©clairage, si visible quâon ne sait quoi en faire ni comment faire. Des rencontres permettent alors aux acteurs intermĂ©diaires, dâĂ©laborer des projets pour Ă©lever ces enfants vers le mieux de leur pos-sible.
Le SESAF est le service qui accompagne la scolaritĂ© de ces enfants, Ă lâĂ©cole rĂ©guliĂšre, comme à « lâĂ©cole spĂ©ciale », comme traduisent souvent nos contempo-rains allophones. Lâinspecteur est en charge, dans ces situations de handicap et migration, de prĂ©voir un projet scolaire en partenariat direct avec les parents, les mĂ©decins et thĂ©rapeutes, les Ă©coles, quâelles soient ordinaires ou spĂ©cialisĂ©es. Il est en charge de chiffrer ces projets, dâen Ă©valuer les besoins et de rendre pos-sible la concrĂ©tisation des objectifs.
Lorsque jâai rencontrĂ© la famille de LetĂcia, leur dĂ©cou-ragement Ă©tait visible. LetĂcia Ă©tait prĂ©sente, animĂ©e dans la discussion en portugais mais nâallait pas Ă lâĂ©cole. Elle faisait preuve dâune grande motivation et dâun sens de lâhumour trĂšs agrĂ©able. Quelques com-pĂ©tences qui me laissaient penser que le projet des parents visant la poursuite de scolarisation Ă lâĂ©cole rĂ©guliĂšre pouvait fonctionner.
Jâavais donc sur le papier des contraintes et lâidĂ©e dâun projet qui ne pouvait ĂȘtre que multidimensionnel, car obligatoirement construit en rĂ©seau.
Les particularitĂ©s de LetĂcia allaient devenir mes 4 contraintes de base pour rĂ©flĂ©chir Ă un plan :
âą La langue maternelle
âą Le syndrome de Down
âą LâĂąge (15 ans)
âą LâĂ©cole ordinaire en projet parental
Câest sur cette base que jâai donc fait appel Ă Mon-sieur Guillod, directeur de lâĂ©tablissement de Nyon.
Lors de ce 1er échange, nous avons pris le parti de construire un projet sur la contrainte du français langue étrangÚre, et non sur le handicap, ce qui, nous le verrons, se révélera évidemment plus com-plexe que cela.
M. Guillod étant ouvert au challenge, il devait ras-sembler son équipe et obtenir son adhésion.
En effet, les doyens des écoles, soutenus par leurs directions, sont au centre articulatoire de ces projets, de ces réseaux, écoutant les enseignants, évaluant
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ConfĂ©rence : LetĂcia, 15 ans, nĂ©cessitĂ© dâun projet multidimensionnel
les situations et préparant les parents.
Pour prĂ©senter ce projet qui nous a donc animĂ©s Ă diffĂ©rentes lignes dâintervention, je cĂ©derai la parole Ă la maman de LetĂcia, qui nous expliquera le par-cours de sa famille, semĂ© dâembĂ»ches. La doyenne, Madame Von Rooij, nous prĂ©sentera le projet, quâelle a portĂ© et articulĂ© au sein de son Ă©cole de Nyon.
Ce sera ensuite Ă Madame Da Cunha, lâenseignante lusophone qui a accompagnĂ© LetĂcia tout au long de ce projet de nous montrer la nĂ©cessitĂ© dâun tel renfort au sein de la classe, puis Ă M. Piemontesi de nous Ă©clairer sur lâaccompagnement de ces jeunes qui arrivent en fin de scolaritĂ© obligatoire et sur les dif-ficultĂ©s parfois Ă dire non Ă un projet pourtant dĂ©sirĂ© par les parents.
Un travail de dĂ©construction et de construction donc pour finalement arriver Ă un discours commun au centre duquel se joue lâĂ©panouissement cognitif et social de ces jeunes personnes.
MME DENIZ NOGUEIRA DOS SANTOS (MAMAN DE LETĂCIA)« Nous sommes arrivĂ©s en Suisse le 4 Juillet 2016. Mais, avant de dĂ©mĂ©nager en Suisse, l'entreprise oĂč mon mari travaille nous a offert un service de support avec une sociĂ©tĂ© de transfert (relocation services) qui
visait Ă nous expliquer comment Ă©tait en Suisse, en choisissant un lieu pour vivre temporairement et aussi pour trouver une Ă©cole pour notre fille. Lorsque nous avons su que nous allions vivre en Suisse, immĂ©diate-ment, j'ai commencĂ© Ă chercher sur internet une Ă©cole pour LetĂcia ĂągĂ©e de 15 ans, atteinte dâune trisomie et qui Ă©tait en huitiĂšme dans une Ă©cole ordinaire. Pourquoi ? Parce qu'au BrĂ©sil LetĂcia a toujours Ă©tudiĂ© dans les Ăcoles ordinaires, oĂč il y avait la pratique de l'inclusion depuis 1988 avec la nouvelle Constitution. Nous n'avons jamais eu de problĂšme pour avoir une Ă©cole pour elle au BrĂ©sil ».
PRINCIPALE DIFFICULTĂSâą Manque de comprĂ©hension du systĂšme Ă©ducatif
en Suisse
âą Manque de connaissance de la langue
⹠Manque d'information pour les parents « immi-grés » avec des enfants qui ont certaines difficul-tés d'apprentissage (troubles d'apprentissage) ou qui sont handicapés
âą Et pour LetĂcia, elle avait dĂ©jĂ 15 ans
LE PARCOURS« Avant de déménager en Suisse, en juin 2016, j'ai
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ConfĂ©rence : LetĂcia, 15 ans, nĂ©cessitĂ© dâun projet multidimensionnel
envoyé des courriels, mais la réponse que j'ai reçue était que je devrais d'abord avoir une adresse en Suisse et ensuite chercher une école.
L'entreprise de relocation (Relocation Service), nous a envoyĂ© un courriel avec plusieurs noms d'Ă©coles pri-vĂ©es et internationales afin que nous puissions choisir, mais en fait cette option nâĂ©tait pas possible parce notre fille ne parlait pas français, anglais ou allemand. Elle devrait parler au moins une de ces langues pour obtenir une place dans une Ă©cole privĂ©e.
Alors, nous avons expliqué le problÚme à une réfé-rente de Realocation Service, Sara, qui a réussi à organiser une entrevue avec le secteur de Transition du Canton de Vaud vers la fin du mois de septembre.
Donc nous sommes arrivĂ©s en Suisse le 4 juillet, mais c'Ă©tait les vacances d'Ă©tĂ© et toutes les Ă©coles Ă©taient fermĂ©es. Le 26 aoĂ»t 2016, nous avons dĂ©mĂ©nagĂ© Ă Nyon et avec cette adresse dĂ©finitive, j'ai dĂ©cidĂ© de chercher une Ă©cole prĂšs de chez nous. En premier je suis allĂ©e dans une Ă©cole PrivĂ©e Ă Nyon et on a dit Non, parce que LetĂcia ne parlait pas français. AprĂšs je suis allĂ©e Ă l'Ăcole du Rocher et ils ont dit Non parce qu'elle avait dĂ©jĂ 15 ans et que je devrais mâadresser au SESAF ou au secteur de la Transition. Mme Suzanne Van Rooij m'a donnĂ© tous les contacts et immĂ©diatement j'ai Ă©crit un courriel et j'ai envoyĂ© Ă Mme Bertrand dĂ©but septembre, qui m'a rĂ©pondu rapidement et nous avons eu notre premiĂšre rĂ©union le 08/09/2016.
Donc, elle nous a donnĂ© l'option d'une Ăcole Ă Rolle â La Passerelle â mais, M. Piemontesi (13/09/2016) nous a dit qu'il serait difficile de recevoir LetĂcia parce qu'elle ne parlait pas français. Un autre Non !
Puis le 21 septembre et la rĂ©union Ă Lausanne, et le Monsieur responsable nous a dit, aprĂšs avoir analysĂ© toute la vie scolaire de LetĂcia, il a dĂ©cidĂ© que l'Ă©cole de transition n'Ă©tait plus l'endroit pour elle ! Mais qu'il contacte Mme Bertrand pour avoir une Ă©cole prĂšs de chez nous. Notre premier espoir positif ! »
LA SOLUTIONCrĂ©er un projet afin que LetĂcia puisse apprendre le français dans une classe d'accueil au Rocher. Mais, c'Ă©tait nĂ©cessaire de rassembler une Ă©quipe, crĂ©er un projet et plusieurs rencontres, pour recevoir LetĂcia ce qui a pris beaucoup de temps.
« Enfin, LetĂcia a commencĂ© Ă frĂ©quenter l'Ă©cole le 14 de novembre 2016. Pendant ce processus nous avons ressenti beaucoup d'angoisse et de tristesse et nous n'avions pas d'espoir d'une solution ! Et tout ce que nous voulions, c'est que notre fille continue les Ă©tudes quâelle avait dĂ©jĂ commencĂ©es au BrĂ©sil, se faire des
amis, construire une vie ici ! Actuellement, LetĂcia Ă©tudie Ă l'Ăcole Auguste Buchet Ă Etoy, une Ăcole d'enseigne-ment spĂ©cialisĂ©. C'est une Ă©cole qui propose le dĂ©ve-loppement d'un projet pĂ©dagogique individuel (PPI). Elle est heureuse ».
MME SUZANNE VAN ROOIJ (DOYENNE EPS NYON ROCHE-COMBE)Projet dâintĂ©gration de lâĂ©tablissement scolaire de Nyon Roche-Combe, en rĂ©ponse Ă la demande du SESAF de scolariser LetĂcia durant lâannĂ©e scolaire 2016-2017.
LetĂcia est arrivĂ©e Ă Nyon avec ses parents en juillet 2016 en provenance du BrĂ©sil. Elle prĂ©sentait un profil trĂšs particulier par rapport aux Ă©lĂšves qui sont scolari-sĂ©s dans notre Ă©tablissement :
⹠Brésilienne (Rio de Janeiro) - allophone
âą 15 ans rĂ©volus â hors scolaritĂ© obligatoire
âą Porteuse du Syndrome de Down â besoins spĂ©cifiques
AprĂšs les multiples tribulations de ses parents Ă la recherche dâune Ă©cole pour leur fille, et pour faire suite Ă la demande de Mme Bertrand, le directeur de lâEPS Nyon Roche-Combe,
M Guillod, et son conseil de direction, acceptent de ten-ter le projet tout Ă fait exceptionnel pour lâĂ©tablissement, dâintĂ©grer LetĂcia dans une des classes dâaccueil (ACC).
CLASSES DâACCUEIL (ACC)Prenons un moment pour dĂ©couvrir ce quâest une classe dâACC. En effet, câest le contexte dans lequel LetĂcia va se retrouver, le contexte dans lequel nous montons ce projet... et câest un contexte un peu particulier, trĂšs diffĂ©rent des classes rĂ©guliĂšres...
Une classe dâACC est destinĂ©e Ă tout Ă©lĂšve arrivant de lâĂ©tranger ou dâun canton non francophone, en Ăąge de scolaritĂ© obligatoire.
LEO art. 102 : « Les classes dâACC visent lâacquisition par lâĂ©lĂšve des bases linguistiques et culturelles indispen-sables Ă son intĂ©gration dans les classes rĂ©gu-liĂšres de la scolaritĂ© obligatoire ou de la forma-tion professionnelle »
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La classe dâACC est un passage transitoire (en gĂ©nĂ©-ral dâune durĂ©e dâune annĂ©e environ) pour apprendre le français, nouvelle langue de scolarisation.
Le tableau ci-dessous reprĂ©sente la structure de lâĂ©cole vaudoise, ainsi que la structure ACC mise sur pied dans lâEPS Nyon Roche-Combe.
Nos classes regroupent des Ă©lĂšves en Ăąge de 7e Ă 11e annĂ©e de scolaritĂ©. Nous y recevons des enfants de toute la rĂ©gion de la CĂŽte, de Coppet Ă Gland, en passant par St-Cergue, et mĂȘme des enfants domi-ciliĂ©s Ă BiĂšre cette annĂ©e.
Nous visons Ă les prĂ©parer Ă intĂ©grer une classe rĂ©gu-liĂšre qui correspond Ă leur Ăąge et Ă leur potentiel scolaire (7-8P, 9-11 VG â VP, classe ressources ou DES), ou Ă un passage vers la transition (T1) pour les plus ĂągĂ©s. En 1 an environ, il y a beaucoup Ă faire, le temps est comptĂ©... surtout pour les moins jeunes qui ont Ă©normĂ©ment Ă rattraper.
La structure dâACC de lâEPS Nyon Roche-Combe comporte 4 classes, regroupant environ 35 Ă 45 Ă©lĂšves, selon le moment de lâannĂ©e, lâĂ©volution des parcours scolaires, la politique internationale,... Ceci Ă©quivaut Ă un effectif dâenviron 8 Ă 12 Ă©lĂšves par classe, rĂ©partis en fonction de leur niveau de français et besoins.
âą Enseignement intensif du français : le français est enseignĂ© de maniĂšre trĂšs intensive, Ă raison de 15 pĂ©riodes par semaine, par des ensei-gnantes titrĂ©es et expĂ©rimentĂ©es en FLE (Français Langue EtrangĂšre). Sont Ă©tudiĂ©s oral, Ă©crit, com-munication, grammaire, vocabulaire, syntaxe, parfois littĂ©rature,... Le français sera la nouvelle langue de scolarisation, dâintĂ©gration, de commu-nication, dâĂ©tudes...
⹠Enseignement en français : maths, sciences humaines et sociales, arts visuels, musique, éducation physique, natation, option (ACT, TM, informatique). Les maths par exemple sont enseignées à raison de 5 périodes par semaine, en français. Le vocabulaire spéci-fique, les nombres, les opérations, la géo-métrie, la compréhension des consignes, les maniÚres de résoudre des problÚmes ou les codes de présentation de ces résolutions, tout
ConfĂ©rence : LetĂcia, 15 ans, nĂ©cessitĂ© dâun projet multidimensionnel
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doit ĂȘtre appris. Les enseignants sont titrĂ©s et expĂ©rimentĂ©s dans lâenseignement dans les classes rĂ©guliĂšres et lâACC.
âą Enseignement de lâallemand, lâanglais, des sciences : aprĂšs une certaine durĂ©e en ACC, durĂ©e qui varie en fonction du potentiel, de lâat-titude et de la progression de lâĂ©lĂšve, il ou elle doit Ă©tudier Ă©galement lâallemand, lâanglais, les sciences. Ce dĂ©but retardĂ© sâexplique par le fait quâon ne peut pas tout apprendre en mĂȘme temps, et quâil faut Ă©viter la confusion possible pour lâĂ©lĂšve entre 2 voire 3 nouvelles langues !
Profils dâĂ©lĂšves trĂšs hĂ©tĂ©rogĂšnes :
âą Ăge, nationalitĂ© et langue, date dâarrivĂ©e
âą Niveau scolaire, progression
âą Niveau socio-culturel
⹠Difficultés liées à la transition
âą DifficultĂ©s prĂ©sentes avant lâarrivĂ©e en CH
âą Projet de vie
âą Comportement, attitude au travail, discipline
âą Relations sociales, estime
âą ...
Les Ă©lĂšves ont des profils trĂšs divers. Certains ne sont jamais allĂ©s Ă lâĂ©cole ou trĂšs peu, dâautres ne connaissent pas notre alphabet (les asiatiques ou grecs par ex), certains sont trĂšs performants et apprennent vite, ont parfois dĂ©jĂ fait du français dans leur pays dâorigine...
Le groupe est instable car il Ă©volue en permanence en fonction des arrivĂ©es, des dĂ©parts. Les Ă©lĂšves sont souvent en rupture car dĂ©racinĂ©s, et nâoublions que ce sont des adolescents !
Difficultés liées à la migration :
âą Rupture affective
âą Perte des points de repĂšres
âą Estime de soi - frustration
âą Adaptation Ă une autre culture
Tous vivent une rupture. Chacun dâeux nĂ©cessite une prise en compte de ce quâil vit, de qui il est, de ses besoins. Nous disons souvent entre nous que pour que ces Ă©lĂšves puissent apprendre le français, ou entrer dans les apprentissages, il faut que leur cĆur soit arrivĂ©. Tant que leur cĆur reste dans leur pays dâorigine, leur esprit nâest pas disponible... Pour les
professionnels, il est indispensable de prendre en compte ces difficultés des enfants, et de leur famille.
INTĂGRATION DE LETICIA :Le projet est prĂ©sentĂ© Ă lâĂ©quipe des maĂźtresses de classe dâACC : nous ne voulons pas les forcer, souhaitons rĂ©ussir Ă les rassurer, les convaincre. Per-sonne nâest formĂ© Ă lâaccompagnement dâun Ă©lĂšve porteur de handicap, personne ne connaĂźt rĂ©elle-ment le syndrome de Down (Ă part ce que nous savons tous... ou pensons tous savoir...), autant au sein du corps enseignant quâĂ la direction. Les enseignantes ont des craintes, les expriment, elles ne savent pas comment il faudra faire, ont peur de faire faux, rappellent que le contexte des classes dâACC nâest pas simple.
La situation de LetĂcia est tout Ă fait nouvelle dans notre Ă©tablissement. Mais nous allons de lâavant ! Deux enseignantes, Mmes Courbat et Gramm, acceptent de relever ce dĂ©fi quâest lâintĂ©gration dâune Ă©lĂšve porteuse du Syndrome de Down dans leur classe ACC/03.
Nous devons faire une demande de dĂ©rogation Ă la cheffe du dĂ©partement Mme Anne-Catherine Lyon (comme pour tout Ă©lĂšve en Ăąge de 12e qui arriverait en ACC, directive no 147). Nous rece-vrons de sa part « lâautorisation de principe Ă titre exceptionnel ».
Premier entretien avec LetĂcia et ses parents :
Comme pour tout Ă©lĂšve arrivant en ACC, nous faisons connaissance, avec lâaide dâune interprĂšte, prĂ©sentons le systĂšme scolaire vaudois et la structure dâACC, et cherchons Ă dĂ©terminer les besoins de LetĂcia. Ainsi nous pourrons crĂ©er un projet scolaire adaptĂ© et dĂ©ter-miner les objectifs Ă viser. Ils seront simples :
âą Etre Ă lâĂ©cole
⹠Apprendre le français
⹠Préparer la suite...
Cet entretien ainsi que la traduction du rapport de son Ă©cole au BrĂ©sil nous donnent quelques indica-tions sur ses compĂ©tences et ses difficultĂ©s dans sa langue maternelle, et mettent en Ă©vidence son besoin dâun accompagnement individualisĂ©, aussi au sein du groupe classe. Dâailleurs les maĂźtresses dâACC ont Ă©galement sollicitĂ© de lâaide, elles ne parlent pas por-tugais, et il sera indispensable de communiquer avec LetĂcia dans sa langue maternelle.
ConfĂ©rence : LetĂcia, 15 ans, nĂ©cessitĂ© dâun projet multidimensionnel
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Il nous faut donc trouver la personne qui répond aux critÚres suivants :
⹠Enseignante ou enseignante spécialisée
âą Lusophone
âą Ayant une connaissance du Syndrome de Down
âą Disponible tout de suite
Et nous la trouvons !Mme Silvia Alves Da Cunha, enseignante primaire diplĂŽmĂ©e au Portugal, domi-ciliĂ©e dans la rĂ©gion, dont les titres ont Ă©tĂ© recon-nus par la CDIP, vient de terminer un remplace-ment dans une Ă©cole primaire de la rĂ©gion. Elle est disponible tout de suite, et trĂšs intĂ©ressĂ©e par le projet que nous lui proposons. De plus, sans ĂȘtre elle-mĂȘme enseignante spĂ©cialisĂ©e, elle a eu en intĂ©gration dans sa classe primaire au Portugal des enfants porteurs du Syndrome de Down. Pour nous, câest la vraie perle rare !
LâintĂ©gration partielle de LetĂcia en classe ACC/03 dĂ©bute le 14 novembre 2016 avec un accompa-gnement individualisĂ© et permanent de Mme Cunha. Le dĂ©marrage se fait en douceur, nous prĂ©voyons une augmentation progressive en fonction de lâadaptation de LetĂcia. En effet, au BrĂ©sil, elle allait Ă lâĂ©cole par demi-journĂ©e.
Elle commence avec un horaire de 12 pĂ©riodes par semaine, avec du français, des maths, puis de la musique et des arts visuels. Le projet est financĂ© principalement par le SESAF et en partie par lâen-veloppe de lâĂ©cole.
La premiÚre étape vise à déterminer ses connais-sances et compétences dans sa langue maternelle puisque, pour les apprentissages scolaires, il est indispensable de passer par le portugais.
Mme Cunha lâaccompagne en permanence en classe, et Ă©galement dans son adaptation Ă son nouvel environnement : gestes quotidiens, rĂšgles de vie de lâĂ©cole, de la classe, codes (volume sonore, nettoyage de la classe, habits, WC, nourriture,...). Elle participe Ă chaque dĂ©placement et sortie de la classe. Mme Cunha crĂ©e du matĂ©riel et des exer-cices pour LetĂcia pour le français et les maths, adaptĂ©s Ă son niveau scolaire, sa langue mater-nelle et surtout Ă ses intĂ©rĂȘts. Par exemple :
ConfĂ©rence : LetĂcia, 15 ans, nĂ©cessitĂ© dâun projet multidimensionnel
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PARTENARIAT ĂCOLE â MME RODI (HEPL) :En parallĂšle, nous sollicitons lâaide de Mme Anne Rodi, de la Haute Ecole PĂ©dagogique Ă Lausanne. Mme Rodi est « ChargĂ©e d'enseignement dans le domaine de la pĂ©dagogie spĂ©cialisĂ©e et plus par-ticuliĂšrement pour les questions touchant la situation des Ă©lĂšves ayant un polyhandicap ou prĂ©sentant une dĂ©ficience intellectuelle ».
Nous mettons en place avec Mme Rodi une « Forma-tion NĂ©gociĂ©e » Ă lâattention de Mme Cunha et des enseignantes dâACC/03. Mme Rodi se rĂ©vĂšle ĂȘtre une personne ressource trĂšs importante pour nous : visites en classe, observations de lâĂ©lĂšve, des ensei-gnantes, discussions, Ă©changes, pistes, rapports... Et surtout, tout en affirmant que « cette situation est trĂšs particuliĂšre », elle valide la qualitĂ© de notre pro-jet. Cette confirmation nous rassure et nous confirme que nous allons dans la bonne direction. « Cela vaut la peine de continuer ! ».
Mme Rodi atteste de la qualitĂ© de lâenseignement, en particulier celui de Mme Cunha : « Magnifique travail dâapprentissage de la langue, de la culture... Cahiers de progression, activitĂ©s diverses ; pertinent, variĂ©... Remarquable ! »
Autre Ă©lĂ©ment trĂšs important, en tant quâexperte, elle nous donne sa perception des compĂ©tences de LetĂ-cia, qui sont bonnes (mĂ©morisation, lecture, capacitĂ© dâadaptation et transfert sur sa langue maternelle).
ĂVALUATION DU PROJET : Nous avons dĂ» prendre beaucoup de temps au dĂ©part pour la mise en route, et oui, cela a paru long Ă la famille... LâintĂ©gration de LetĂcia sâest dĂ©roulĂ©e avec ses rĂ©ussites, ses limites et ses contraintes. Nous avons voulu rester attentifs Ă Ă©viter une Ă©ventuelle souffrance de LetĂcia mais aussi des autres Ă©lĂšves et des enseignants.
Les enseignants et les Ă©lĂšves dâACC ont dĂ©couvert quelques caractĂ©ristiques du Syndrome de Down. Le travail en Ă©quipe est quotidien en structure dâACC car il est nĂ©cessaire de sâadapter aux difficultĂ©s et besoins des Ă©lĂšves. MalgrĂ© cela, sans Mme Cunha, notre pro-jet nâaurait pas Ă©tĂ© possible. Elle a su rĂ©pondre aux difficultĂ©s et besoins de LetĂcia, et gĂ©rer les problĂšmes qui nâont cessĂ© de se prĂ©senter, trouver les solutions qui ont permis dâavancer rĂ©guliĂšrement.
Au niveau de la direction, en charge de la conduite du projet, nous avons Ă©tĂ© Ă lâĂ©coute de chacun des professionnels autant que possible, et avons cherchĂ© lâadaptation rĂ©guliĂšre Ă leurs besoins.
ConfĂ©rence : LetĂcia, 15 ans, nĂ©cessitĂ© dâun projet multidimensionnel
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Peut-on dire si le projet est une rĂ©ussite ? Reprenons les objectifs de dĂ©part pour LetĂcia :
âą Etre Ă lâĂ©cole
⹠Apprendre le français
⹠Préparer la transition vers la suite...
MĂȘme si lâenseignement a presque toujours Ă©tĂ© indivi-dualisĂ© pour elle, elle avait sa table, sa place dans la salle 311. LâintĂ©gration sociale et les codes de lâĂ©cole ont Ă©tĂ© vĂ©cus tous les jours.
âą LâACC/03 a Ă©tĂ© sa classe
âą Les maĂźtresses = ses maĂźtresses
âą Les Ă©lĂšves = ses camarades
MalgrĂ© tout, nous avons constatĂ© peu dâinterac-tions avec ses camarades de classe. Il y a bien eu quelques Ă©changes avec les enfants dâorigine portu-gaise... mais trĂšs peu avec les autres.
LetĂcia a commencĂ© Ă apprendre le français, oral et Ă©crit, elle continue dâapprendre. Elle a, par exemple, participĂ© aux activitĂ©s dĂ©cloisonnĂ©es de fin dâannĂ©e, avec dâautres Ă©lĂšves que ceux de sa classe, et avec lâaide de Mme Da Cunha, a rĂ©digĂ© son propre conte !
Le dernier objectif Ă©tait de prĂ©parer la suite de son projet de formation, la transition vers lâĂ©tape suivante. Mais quelle Ă©tait cette Ă©tape-lĂ ? Difficile question, encore une... Pour nous aider Ă nous dĂ©terminer, un stage de 4 jours a Ă©tĂ© organisĂ© dans lâatelier de la prĂ©formation Ă Rolle en avril 2017.
MME SILVIA ALVES DA CUNHA (ENSEIGNANTE DE RĂFĂRENCE ET DE RENFORT PĂDAGOGIQUE)Je remercie Mme Bertrand de mâavoir invitĂ©e Ă partici-per Ă cette journĂ©e sur le handicap et migration, un sujet qui me tient particuliĂšrement Ă cĆur.
Les familles migrantes ayant un enfant en situation de handicap vivent une double situation :
âą La migration en elle-mĂȘme
âą La survenue du handicap de son/leur enfant : le regard qui est portĂ© sur le handicap de LetĂcia qui est autre, ici en Suisse
ConfĂ©rence : LetĂcia, 15 ans, nĂ©cessitĂ© dâun projet multidimensionnel
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En effet, les parents de LetĂcia ont Ă©prouvĂ© de rĂ©elles difficultĂ©s Ă comprendre le systĂšme Ă©ducatif suisse. Ce fut la premiĂšre fois quâils se sont trouvĂ©s dans une telle situation. MalgrĂ© son handicap, LetĂcia avait toujours Ă©tĂ© intĂ©grĂ©e dans une classe ordinaire, dâune Ă©cole ordinaire. Son handicap nâavait jusquâĂ prĂ©-sent constituĂ© aucun obstacle Ă son intĂ©gration, sa socialisation et ses Ă©changes au BrĂ©sil. Ils ont appris et mieux compris le fonctionnement du systĂšme Ă©du-catif suisse au jour le jour Ă travers le court parcours scolaire de leur fille ici en Suisse.
Comme cela a dĂ©jĂ Ă©tĂ© expliquĂ© avant, le projet dâintĂ©gration de LetĂcia dans une classe dâACC a dĂ©marrĂ© en novembre.
LE PASSĂ DE LETĂCIA (UN PASSĂ DâINCLUSION)Nous avons tout de suite constatĂ© que LetĂcia savait lire, Ă©crire, quâelle Ă©tait trĂšs cultivĂ©e, sociable et trĂšs scolaire. Une Ă©valuation diagnostique a Ă©tĂ© faite dans sa langue maternelle â le portugais.
PRĂSENTQuelles sont les attentes de lâĂ©quipe, des parents, de LetĂcia ?
Quâelle puisse :
⹠S'épanouir et développer au mieux ses potentia-lités
âą Garder et activer ce quâelle avait appris
âą Et communiquer en français : comprendre, sâexpri-mer et Ă©changer
Les principales difficultés/obstacles rencontrés :
âą La mĂ©connaissance de la culture dâaccueil, le manque de connaissance du fonctionnement du systĂšme scolaire suisse en comparaison avec celui du BrĂ©sil : ici le mĂ©tier dâĂ©lĂšve nâest pas le mĂȘme quâau BrĂ©sil !
âą LâĂ©cart entre lâĂąge chronologique, les aspira-tions, le manque dâun projet professionnel et dâavenir, etc.
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⹠La perte de repÚres : son ancienne école, ses enseignants, ses camarades, tout a été bousculé
âą Lâisolement : la solitude liĂ©e au manque de com-munication. La non maĂźtrise de la langue fran-çaise a conditionnĂ© sa sociabilitĂ©. La barriĂšre de la langue est trĂšs difficile Ă dĂ©passer, dĂ©jĂ quand nous ne sommes pas handicapĂ©s. Câest Ă©videm-ment difficile dâĂ©changer quand on ne peut pas se parler et se comprendre. Ce qui explique son besoin de parler dans sa langue maternelle, en portugais
Les facilitateurs de lâintĂ©gration et de lâĂ©panouisse-ment de LetĂcia :
âą La motivation des intervenants, la dynamique dâĂ©quipe et la qualitĂ© de la collaboration
âą La relation Ă©cole-famille-Ă©lĂšve : facilitĂ©e par la mĂȘme langue maternelle
âą La position favorable de LetĂcia : une Ă©lĂšve sco-laire et motivĂ©e avec de trĂšs bonnes bases
âą Le plus important des facilitateurs : partager la mĂȘme langue maternelle, le portugais. Cela mâa permis de crĂ©er un lien avec LetĂcia (une relation positive, dans un contexte dâattachement). Cela a permis aussi la valorisation de sa culture et de ses intĂ©rĂȘts
Nous avons travaillĂ© diffĂ©remment avec LetĂcia. Dans ma langue maternelle, jâai pu la comprendre, elle a pu comprendre ce quâon voulait et nous avons pu faire le transfert de compĂ©tences dâune langue Ă lâautre.
En partageant la mĂȘme langue, jâai pu toucher lâĂ©mo-tionnel de LetĂcia. On partageait la mĂȘme langue, on se comprenait, on sâexprimait sans limites ni barriĂšres. Un Ă©lĂšve en situation de handicap qui comprend la langue câest dĂ©jĂ difficile ! LetĂcia avait la barriĂšre de la langue en PLUS. Oui, lâobjectif câĂ©tait dâapprendre le français, mais en dĂ©but dâannĂ©e il a fallu faire un choix ! LetĂcia avait besoin de savoir comment ça fonctionne et ça jâai dĂ» le faire en portugais ! Ex. : les aspects culturels, ĂȘtre Ă©lĂšve en Suisse.
LetĂcia a eu lâopportunitĂ© de dĂ©velopper des com-pĂ©tences en français. Mais pour cela jâai dĂ» com-prendre comment elle fonctionnait, ce quâelle aimait, ce qui la touchait !
Ce qui comptait câĂ©tait de la faire progresser, en respectant son rythme, sans la comparer au groupe classe et en renforçant sa confiance (en elle-mĂȘme).
Les objectifs ont été globalement atteints ! Elle a pu trouver sa place à l'école, au milieu de tous !
FUTURCette intĂ©gration fut pour les parents un retour de leur fille/famille Ă la normalitĂ©. LetĂcia intĂ©grĂ©e dans une classe ordinaire, dâune Ă©cole ordinaire. Elle a reprĂ©-sentĂ© aussi lâespoir dâun avenir pour LetĂcia.
JEAN-MARIE PIEMONTESI (ADJOINT DE DIRECTION, LA PASSERELLE) :Les centres de prĂ©formation de Rolle et Morges dĂ©pendent de lâEcole de La Passerelle, institution de Lavigny. LâEcole de La Passerelle accueille des enfants de 4 Ă 18 ans en difficultĂ© de dĂ©veloppe-ment et dâapprentissage. Les centres de prĂ©forma-tion correspondent Ă une pĂ©riode de prolongation de scolaritĂ© et ont comme mission de promou-voir une structure dâaccueil et de prĂ©formation oĂč chaque adolescent trouvera un accompagnement lui permettant de façonner un projet de vie tenant compte de ses qualitĂ©s, de sa culture et des rĂ©ali-tĂ©s sociales.
Ce passage entre lâĂ©cole obligatoire et une entrĂ©e dans une formation professionnelle reprĂ©sente bien souvent pour les jeunes et leur famille une Ă©tape dou-loureuse face aux exigences dâun monde peu enclin Ă lâintĂ©gration des personnes en difficultĂ©s.
Confrontés bien souvent pour la premiÚre fois aux multiples tracas de la vie quotidienne, transports, repas, argent, etc, les apprentissages sont nombreux et représentent pour beaucoup une prise de risque difficile à assumer.
MalgrĂ© une bonne volontĂ©, un dĂ©sir de bien faire et un entourage bienveillant, les lacunes scolaires sont restĂ©es importantes et dâentrĂ©e ferment des portes.
Le passage Ă lâadolescence et lâobligation faite Ă chacun de maĂźtriser, ressentir tous les Ă©mois et vivre toutes les transformations propres Ă cet Ăąge ajoutent encore du piment Ă cette traversĂ©e conduisant Ă la communautĂ© des adultes.
Ce voyage mĂ©rite dâĂȘtre accompagnĂ©, aussi bien pour les personnes souffrant dâun handicap que pour les autres.
Ma premiĂšre rencontre avec LetĂcia remonte au dĂ©but de lâĂ©tĂ© 2016. Avec sa famille, elle vient visiter lâespace de Rolle et je prends le temps dâexpliquer notre fonctionnement et surtout lâĂ©tape qui lâattend. JâĂ©voque aussi dâautres lieux possibles qui selon mon expĂ©rience sont plus adaptĂ©s Ă accueillir les jeunes atteint du handicap dont souffre LetĂcia. Au printemps 2017, une nouvelle rencontre dĂ©bouche sur la propo-sition dâun stage, passage obligĂ© pour valider une admission. LetĂcia sera accompagnĂ©e par son ensei-
ConfĂ©rence : LetĂcia, 15 ans, nĂ©cessitĂ© dâun projet multidimensionnel
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gnante dâappui. Son regard et son lien bien Ă©tabli avec LetĂcia sera dĂ©terminant pour permettre dâaller au bout de la semaine.
Il mâest toujours difficile de penser que nous ne pou-vons pas accompagner un jeune et un lieu spĂ©cialisĂ© refusant une situation, alors que lâĂ©cole « ordinaire » a offert durant une annĂ©e un espace sur mesure, est difficilement comprĂ©hensible.
Pourtant, il a Ă©tĂ© nĂ©cessaire dâoser le « non » pour ne pas mettre LetĂcia dans une situation de mal-ĂȘtre, de stress, de maltraitance. Les compĂ©tences scolaires nâont jamais Ă©tĂ© un critĂšre de refus, mais câest bien plutĂŽt les capacitĂ©s Ă vivre le groupe, Ă Ă©voquer petit Ă petit un avenir moins protecteur, Ă trouver un rythme dâactivitĂ©s dynamiques, Ă reconnaĂźtre ses difficultĂ©s qui sont pris en compte.
LetĂcia a traversĂ© la semaine en solitaire, sâaccro-chant Ă la bouĂ©e que reprĂ©sentait son enseignante dâappui, elle a eu besoin de beaucoup de temps de fuite, sâendormant rĂ©guliĂšrement se disant fatiguĂ©e. Lors du bilan, il a Ă©tĂ© impossible pour elle dâĂ©voquer des nuances, de trier des moments difficiles-faciles, agrĂ©ables-dĂ©sagrĂ©ables, connus-inconnus. Elle a Ă©tĂ© confrontĂ©e Ă des apprentissages aussi bien dans la vie quotidienne que sur le plan scolaire, Ă des demandes trop Ă©levĂ©es et non compatibles avec ses usages culturels et son Ă©tape de vie.
Lors des diverses discussions avec la famille et le rĂ©seau tous ses Ă©lĂ©ments ont Ă©tĂ© repris, imagĂ©s et ont permis de dĂ©boucher sur lâacceptation de se tourner vers un espace plus propice Ă lâaccueil et au projet actuel de LetĂcia. Ce voyage peut paraĂźtre chaotique, long, voire pas acceptable. Et pourtant, comme il fut nĂ©cessaire. NĂ©cessaire pour permettre dâajuster notre vocabulaire, de jumeler nos cultures, de com-biner nos rĂȘves, dâaccommoder nos rĂ©alitĂ©s. De plus, aujourdâhui il continue et offre Ă LetĂcia un paysage suffisamment rassurant pour continuer et oser des che-mins de traverses propices Ă sa progression.
ConfĂ©rence : LetĂcia, 15 ans, nĂ©cessitĂ© dâun projet multidimensionnel
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IX
Activation des ressources et construction du rĂ©seau aprĂšs 16 ans ; indispensable ?Odile Erard â Cheffe de service Pro Infirmis Vaud Charlotte Cordero â Cheffe de service des mineurs, office OAI Vaud Beatrice-IrĂšne Kiriacescu â Psychologue auprĂšs de lâOffice OAI Vaud
PRĂSENTATION DE LA SITUATION FAMILIALEFamille provenant de la communautĂ© europĂ©enne, constituĂ©e dâun couple et de deux enfants, un fils de 14 ans et une fille de tout juste 18 ans. Le pĂšre est arrivĂ© en Suisse une annĂ©e avant de faire venir son Ă©pouse et ses deux enfants en Ă©tĂ© 2014. Il a un per-mis B et travaille dans le bĂątiment.
Lorsque la maman et les deux enfants arrivent en Suisse, ils nâont aucun permis de sĂ©jour. Madame trouve vite du travail comme femme de mĂ©nage et la famille est soutenue par une compatriote Ă©tablie depuis de longues annĂ©es en Suisse. De surcroĂźt, cette famille vit dans un studio, raison pour laquelle notamment, lâĂ©pouse et les enfants peinent Ă obtenir un permis de sĂ©jour.
Lâenfant de 14 ans a une dĂ©ficience intellectuelle lĂ©gĂšre et un trouble du dĂ©ficit de lâattention avec hyperactivitĂ©. DĂšs son arrivĂ©e, il est orientĂ© vers lâĂ©cole ordinaire. TrĂšs rapidement, des constatations sont faites, il doit plutĂŽt suivre un parcours en enseignement spĂ©cialisĂ© et dĂ©but 2015, il est scolarisĂ© au sein dâune structure spĂ©cialisĂ©e pour prĂ©parer une formation professionnelle adaptĂ©e. Les parents possĂšdent un dossier mĂ©dical de mĂ©decins de leur pays dâorigine.
La jeune fille adulte prĂ©sente une maladie congĂ©nitale qui entraĂźne des difficultĂ©s physiques importantes et qui est accompagnĂ©e dâune lĂ©gĂšre dĂ©ficience intellectuelle. Elle se dĂ©place en chaise roulante. Etant majeure, elle nâa pas accĂšs Ă lâĂ©cole et reste toute la journĂ©e seule dans le studio familial. Les parents ont des rapports et certificats mĂ©dicaux de mĂ©decins de leur pays dâorigine.
Famille
Enfant de 14 ans Jeune adulte de 18 ans
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Conférence : Activation des ressources et construction du réseau aprÚs 16 ans ; indispensable ?
AIDE Ă LA FAMILLEâą Proches ou associations
âą CommunautĂ©s du mĂȘme pays
⹠Service comme « la Fraternité » à Lausanne pour les questions de permis et de travail
âą Affiliation LAMAL possible pour toute personne qui a son domicile en Suisse
AIDE Ă LâENFANT DE 14 ANSScolarisation : Ă©tant donnĂ© lâobligation scolaire en Suisse, lâenfant est orientĂ© vers lâĂ©cole publique qui contacte, le cas Ă©chĂ©ant, le Service de lâenseigne-ment spĂ©cialisĂ© et de lâappui Ă la formation (SESAF) qui doit se charger de lâenclassement.
Aspect médical : nécessité de constituer un dossier complet sur l'historique et l'actualité de l'état de santé. Besoin d'un médecin de référence et des contacts avec ces spécialistes.
Assurances sociales : quelles seront les prestations et Ă quelles conditions ?
JEUNE ADULTE DE 18 ANSAspect médical : nécessité de constituer un dos-ser complet, sur l'historique et l'actualité de l'état de santé. Besoin d'un médecin de référence et de
contacts avec des spécialistes. Difficultés de trouver un médecin tant que la question de la caisse-maladie n'est pas réglée.
Assurances sociales : quelles seront les prestations et Ă quelles conditions ?
Activités de jour : quelles sont les offres, avec quel financement et à quelles conditions ?
POUR LES DEUX ENFANTSIntervention du service social de Pro Infirmis :
⹠Informations sur le réseau existant
âą Informations sur les prestations sociales et juridiques
⹠Aide pour les démarches auprÚs de l'OAI et pour les autres
âą Prestations en lien avec le handicap
POUR LES DEUX ENFANTSAttention aux limites de Pro Infirmis : les démarches sont liées au statut des personnes, pour celles qui n'ont pas de papier, notre intervention est limitée strictement aux questions en lien avec le handicap et pour celles qui n'ont pas de droit AI, les interventions sont également limitées pour des raisons de subven-tionnement.
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Conférence : Activation des ressources et construction du réseau aprÚs 16 ans ; indispensable ?
RĂADAPTATION DES JEUNES ET ASSURANCE INVALIDITĂCharlotte Cordero â Cheffe de service des mineurs - Office OAI Vaud
Beatrice-IrĂšne Kiriacescu â Psychologue auprĂšs de lâOffice OAI Vaud
AIDE Ă LâENFANT DE 14 ANS - CADRECet enfant prĂ©sente une dĂ©ficience intellectuelle lĂ©gĂšre et un trouble du dĂ©ficit de lâattention avec hyperactivitĂ©. DĂšs son arrivĂ©e, il est orientĂ© vers lâĂ©cole ordinaire. TrĂšs rapidement, constatations quâil doit plutĂŽt suivre un parcours en enseignement spĂ©cialisĂ© et dĂ©but 2015, il est scolarisĂ© auprĂšs dâune structure de PrĂ©formation prise en charge par le SESAF.
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AIDE Ă LA JEUNE ADULTE DE 18 ANS - CADRELa jeune fille adulte prĂ©sente une maladie congĂ©-nitale qui entraĂźne des difficultĂ©s physiques impor-tantes et qui est accompagnĂ©e dâune lĂ©gĂšre dĂ©fi-
cience intellectuelle. Elle se dĂ©place en chaise roulante. Etant majeure, elle nâa pas accĂšs Ă lâĂ©cole et reste toute la journĂ©e seule dans le studio familial.
Conférence : Activation des ressources et construction du réseau aprÚs 16 ans ; indispensable ?
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AI ... ASSURANCE DE RĂADAPTATIONCadre dâintervention du psychologue AI
âș Travail en rĂ©seau : mĂ©decins, psychologues, assistants sociaux, logopĂ©distes, enseignants spĂ©cialisĂ©s, Ă©coles publiques/privĂ©es/spĂ©cialisĂ©es
RĂŽle du psychologue AI
âș Examiner le potentiel de rĂ©adaptation sur la base des piĂšces et dâune rencontre
âș DĂ©terminer une activitĂ© adaptĂ©e au potentiel du jeune par une orientation professionnelle
âș Mise en place et suivi de la formation profession- nelle initiale : en entreprise ou en centre
AI ... ASSURANCE DE RĂADAPTATION POUR LES JEUNES AUSSI
PRESTATIONS :
⹠Orientation professionnelle : testing + stage en milieu professionnel ou spécialisé
âą Formation professionnelle initiale : prise en charge des frais supplĂ©mentaires liĂ©s Ă lâatteinte et intervention pour tous les niveaux de formation
âą Aide au placement : soutien actif Ă des recherches dâemploi au terme de la formation professionnelle
⹠Mesure de réinsertion : développer la capacité de travail et l'accoutumance au rythme de travail
Conférence : Activation des ressources et construction du réseau aprÚs 16 ans ; indispensable ?
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X
RĂ©adaptation des jeunes et assurance invaliditĂ©Charlotte Cordero â Cheffe du service des mineurs, office OAI Vaud BĂ©atrice-IrĂšne Kiriacescu â Psychologue conseillĂšre en orientation professionnelle, OAI Vaud
PRĂAMBULESLa question de lâinsertion professionnelle pour les jeunes ou les adultes est fondamentale, mais elle lâest encore davantage pour les jeunes qui, au vu de leur Ăąge, commencent tout juste Ă construire leur identitĂ© personnelle future qui ira nĂ©cessairement de pair avec leur identitĂ© professionnelle et sociale.
Faire partie de la sociĂ©tĂ© et donc du monde du travail â et non plus seulement dâun groupe de personnes proches, comme la famille, les amis ou lâĂ©cole â est crucial, car cette appartenance, au sens des besoins et de la pyramide de Maslow, participe Ă la rĂ©ali-sation personnelle qui permet Ă son tour de nourrir lâestime de soi.
Favoriser et soutenir la rĂ©adaptation et notamment celle des jeunes bĂ©nĂ©ficiaires atteints dans leur santĂ© est dĂšs lors nĂ©cessaire en vue de leur permettre dâin-tĂ©grer la sociĂ©tĂ© et dâen faire partie. Câest pourquoi cette problĂ©matique est au centre de nos prĂ©occupa-tions et de cette prĂ©sentation.
1. LES CONDITIONSLâassurance invaliditĂ© est avant tout une assurance « Ă©conomique » qui intervient parce quâen raison dâune atteinte Ă la santĂ© â mentale, physique ou psy-chique â le futur bĂ©nĂ©ficiaire ne peut ou ne pourra plus rĂ©aliser sa capacitĂ© de gain et donc un revenu de façon durable.
Lâatteinte et la durabilitĂ© sont donc des conditions « sine qua non » pour que lâAI puisse intervenir.
Une intervention de la part de lâAI ne signifie pas comme on lâentend communĂ©ment « il est Ă lâAI », mais veut simplement dire que la personne devient bĂ©nĂ©fi-ciaire de nos prestations visant avant tout la (rĂ©)inser-tion professionnelle.
Concernant nos jeunes bĂ©nĂ©ficiaires, les principales prestations dĂ©coulent du fait quâen raison de lâatteinte :
âą Le choix dâune activitĂ© ou dâune formation est limitĂ© (art. 15 LAI)
⹠La formation comportera des coûts supplémen-taires (art. 16 LAI)
DĂšs lors, afin de faciliter et promouvoir leur insertion sur le marchĂ© Ă©conomique, lâAI sâoccupera, dans un premier temps, de lâorientation â qui devra tenir compte des capacitĂ©s intellectuelles, des limitations fonctionnelles dĂ©coulant de lâatteinte et des intĂ©rĂȘts du bĂ©nĂ©ficiaire â et, dans un deuxiĂšme temps, pren-
dra en charge les Ă©ventuels frais supplĂ©mentaires de formation, frais rendus nĂ©cessaire par lâatteinte Ă la santĂ©.
2. LES MESURES AI POUR LES JEUNESUn des principes fondamentaux Ă©tant « la rĂ©adap-tation prime la rente », lâAI dispose pour ce faire de tout un ensemble de palettes de prestations dont les mesures de rĂ©insertion (art. 14a LAI), lâorientation professionnelle (art. 15 LAI), la formation profes-sionnelle initiale (art. 16 LAI) et lâaide au placement (art. 18 LAI).
Les mesures de rĂ©insertion (MR) prĂ©parent Ă la rĂ©a-daptation ou au placement de façon progressive en reconstruisant la capacitĂ© de travail. Il sâagit ici dâame-ner le bĂ©nĂ©ficiaire Ă travailler sur sa rĂ©gularitĂ© (assu-mer un horaire), son endurance physique, psychique et cognitive, ses compĂ©tences transversales (sociales et individuelles), renforcer sa confiance et stimuler sa motivation au travail.
Une fois que le bĂ©nĂ©ficiaire est apte Ă la rĂ©adapta-tion, les mesures suivantes dites dâordre profession-nel (MOP) peuvent avoir lieu.
Lâorientation professionnelle permet, tout dâabord, de dĂ©terminer, Ă lâaide de testing et de stages dâorientation dans diffĂ©rents domaines, une (nou-velle) activitĂ© susceptible dâĂȘtre adaptĂ©e aux limita-tions fonctionnelles, aux capacitĂ©s intellectuelles et aux intĂ©rĂȘts du bĂ©nĂ©ficiaire.
La formation professionnelle initiale (FPI) permet, ensuite, la prise en charge des Ă©ventuels frais supplĂ©mentaires de formation dus Ă lâatteinte Ă la santĂ©, pour autant que la FPI soit reconnue par lâAI comme adaptĂ©e.
Lâaide au placement (PLA) offre, enfin et une fois la FPI achevĂ©e, un soutien actif et personnalisĂ© dans la recherche dâun emploi appropriĂ© :
âą Accompagnement pendant la recherche dâun emploi
âą DĂ©termination du profil de lâassurĂ© (aptitudes - prĂ©dispositions - limitations - motivation)
âą Aide pour lâĂ©tablissement des dossiers de can-didatures
âą PrĂ©paration aux entretiens dâembauche
âą Accompagnement en entreprises
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Conférence : Réadaptions des jeunes et assurance invalidité
Pour soutenir et favoriser lâengagement sur le long terme des mesures de placement Ă lâessai et/ou dâal-location dâinitiation au travail (AIT) peuvent se faire dans ce cadre-ci.
3. LES MOMENTS DE LâINTERVENTION AI DANS LA PRISE EN CHARGE DES JEUNESAvant tout, pour quâune prise en charge puisse ĂȘtre envisagĂ©e, il faut quâune demande de prestations AI pour mineurs soit dĂ©posĂ©e.
Ensuite, et en vertu des processus Ă©tablis avec les Ă©coles spĂ©cialisĂ©es et publiques du canton de Vaud et depuis la pĂ©rĂ©quation financiĂšre (2008), cette demande doit se faire idĂ©alement deux ans avant la fin de la scolaritĂ© obligatoire, soit deux ans avant le dĂ©but des mesures dâordre professionnel (MOP). Cette pĂ©riode est nĂ©cessaire pour faire lâinstruction et vĂ©rifier que les conditions gĂ©nĂ©rales dâassurance sont remplies.
Si la dĂ©marche parait lourde dâun point de vue administratif, il convient toutefois de prĂ©ciser que nos dĂ©lais dâintervention concernant les jeunes sont courts et que nous rencontrons nos jeunes dans les 2 mois qui suivent la demande.
En Ă©troite collaboration avec les Ă©coles spĂ©cialisĂ©es et les structures de Transition I, nous nous tenons tou-tefois informĂ©s de lâĂ©volution de nos jeunes bĂ©nĂ©fi-ciaires que nous rencontrons donc pour la premiĂšre fois deux ans avant la fin de la scolaritĂ©. Par fin de scolaritĂ©, nous nâentendons pas nĂ©cessairement la fin de la scolaritĂ© obligatoire qui nâest pas toujours pos-sible Ă 15 ans compte tenu du retard scolaire ou du manque de maturitĂ© de certains de nos bĂ©nĂ©ficiaires. La fin de scolaritĂ© comprend donc aussi une Ă©ven-tuelle prolongation de scolaritĂ©, rĂ©alisable auprĂšs de certaines institutions spĂ©cialisĂ©es.
Avant mĂȘme la premiĂšre rencontre avec le jeune et Ă©galement lors de celle-ci, nous allons Ă©valuer les pos-sibilitĂ©s de rĂ©adaptation et faire un pronostic quant Ă la suite des mesures Ă mettre en place ou non et Ă quel moment il sera le plus opportun pour ce faire.
4. LE RĂLE DU PSYCHOLOGUE AIComme dit prĂ©cĂ©demment, aprĂšs rĂ©ception de la demande et instruction du dossier, les situations sont attribuĂ©es au psychologue AI qui, sur la base des piĂšces fournies, examine si le jeune est susceptible dâĂȘtre rĂ©adaptĂ© ou non.
Pour ce faire, le psychologue AI, qui collabore Ă©troi-tement avec le rĂ©seau du bĂ©nĂ©ficiaire â les Ă©coles (spĂ©cialisĂ©es ou non), les mĂ©decins/psychiatres, les psychologues ou encore les assistants sociaux â, ana-
lyse (et récolte si nécessaire) les bilans pédagogiques des écoles, les synthÚses des établissements scolaires ou de transition, les bulletins de notes, les rapports de stages découverte ou encore les rapports médicaux et détermine la faisabilité des mesures ou non.
Sâil ressort de ces piĂšces que les mesures et une rencontre sont encore prĂ©maturĂ©es, le psychologue AI prĂ©conise alors la prolongation de la scolaritĂ© et la situation est momentanĂ©ment du ressort du Ser-vice de lâEnseignement SpĂ©cialisĂ© et de lâAppui Ă la Formation (SESAF) ou mĂȘme dâune structure thĂ©-rapeutique comme un centre de jour, par exemple. En dâautres termes, cela signifie que nous diffĂ©rons simplement notre intervention Ă plus tard, une fois que le jeune sera prĂȘt Ă entrer dans des dĂ©marches dâordre professionnel.
Si au contraire, le jeune bĂ©nĂ©ficiaire prĂ©sente le potentiel suffisant, il est rapidement convoquĂ© pour un premier entretien avec ses parents et est soumis Ă un testing permettant dâĂ©valuer ses intĂ©rĂȘts, aptitudes et son niveau scolaire.
Une nouvelle fois, le psychologue AI sâinterrogera sur la faisabilitĂ© ou non des mesures dans lâimmĂ©diat. Si ces derniĂšres sont possibles, le psychologue AI
⹠Déterminera les mesures adéquates et leur mise en place
⹠Vérifiera leur suivi et exécution à court et à long terme
⹠Organisera des stages en entreprises ou en centres spécialisés AI avec essais dans différents secteurs professionnels et
âą Cautionnera alors la prise en charge dâune for-mation adaptĂ©e dâune durĂ©e allant dâune annĂ©e Ă trois ans voire mĂȘme plus
5. LES FACILITATEURS VS LES OBSTACLESLors de la mise en place de lâensemble des mesures AI et de leur suivi, diffĂ©rents Ă©lĂ©ments peuvent ou non favoriser et faciliter leur exĂ©cution et leur bonne marche Ă court et Ă long terme.
Dans un contexte oĂč lâhumain est au centre de lâinterven-tion AI, la collaboration avec le rĂ©seau (enseignants, psychologues, assistants sociaux, mĂ©decins/psychiatres etc.) de mĂȘme quâavec les parents reprĂ©sente un des Ă©lĂ©ments clĂ©s et est nĂ©cessaire dans lâintĂ©rĂȘt-mĂȘme de nos bĂ©nĂ©ficiaires. Cette collaboration donne la possi-bilitĂ© dâoffrir de toute part un soutien adaptĂ©, en vue dâun objectif qui doit ĂȘtre commun : la rĂ©adaptation du bĂ©nĂ©ficiaire. La communication et la transparence entre les diffĂ©rentes parties est alors indispensable. Le dis-cours de chacune des parties devrait ĂȘtre cohĂ©rent afin
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Conférence : Réadaptions des jeunes et assurance invalidité
de faciliter lâadhĂ©sion du jeune bĂ©nĂ©ficiaire au projet et de lui permettre dâĂ©voluer dans un environnement clair, dĂ©nuĂ© de contradictions ou dâincertitudes.
Les composantes intrinsÚques du jeune bénéficiaire comme la maturité, la motivation, les compétences transversales (ponctualité, politesse, sociabilité etc.), le potentiel cognitif, les habiletés manuelles et pra-tiques représentent un des autres éléments clés.
Enfin, les limitations fonctionnelles dĂ©coulant de lâatteinte Ă la santĂ© jouent Ă©galement un rĂŽle, en ce sens oĂč moins elles sont envahissantes et mieux elles sont connues et acceptĂ©es par le jeune bĂ©nĂ©-ficiaire, ses parents et le rĂ©seau, plus aisĂ©e sera la rĂ©adaptation.
Par opposition, en lâabsence de ces Ă©lĂ©ments, le cumul des limitations fonctionnelles et/ou leur dĂ©ni peuvent sâavĂ©rer ĂȘtre des obstacles Ă la bonne marche des mesures mises en place. La stigmatisation ou « lâĂ©ti-quette AI » est Ă©galement un frein important auquel il faut ĂȘtre particuliĂšrement vigilant, en veillant toujours Ă rassurer nos bĂ©nĂ©ficiaires et leur proches sur lâimage et la reprĂ©sentation quâils peuvent se faire ou avoir de notre intervention.
Les Ă©lĂ©ments facilitateurs pouvant Ă tout moment devenir Ă©galement des obstacles, un travail constant de la part du psychologue AI et des diffĂ©rents par-tenaires sur ces diffĂ©rents points est donc indispen-sable durant toute la durĂ©e des mesures et ce, en vue de la rĂ©adaptation et dans lâintĂ©rĂȘt-mĂȘme de notre bĂ©nĂ©ficiaire.
6. CONCLUSION ET ISSUE DES MESURES DE RĂADAPTATIONNotre intervention se compte en annĂ©es. Ces der-niĂšres sont tributaires du temps de lâorientation (3 Ă 6 mois), de la formation (1 an Ă 3 ans) et dâun pla-cement. Et comme rien nâest jouĂ© dâavance, bien au contraire, il sâagit Ă chaque Ă©tape dâĂ©tablir, Ă partir des Ă©lĂ©ments en notre possession (rapports mĂ©di-caux, limitations fonctionnelles, anamnĂšse, bilans pĂ©dagogiques, rapports de centre) un pronostic quant aux possibilitĂ©s dâinsertion et plus concrĂštement de rĂ©alisation dâun revenu qui garantira un maximum dâautonomie Ă terme et lors de lâinsertion.
La fin de la formation est un moment particuliĂšre-ment crucial en ce sens oĂč les compĂ©tences pra-tiques dĂ©veloppĂ©es et acquises lors de la formation doivent sâactualiser par le biais dâune activitĂ© en Ă©conomie libre.
La question se pose alors de lâinsertion en Ă©conomie, du cadre le mieux adaptĂ© et du rendement.
Si rendement et capacité de gain sont compatibles avec les exigences du marché économique, un place-ment en entreprise est alors possible via notre service du placement et une mesure 18 LAI sera octroyée (comme discuté plus haut).
Si au contraire, le rendement et les perspectives de gain sont insuffisants par rapport aux exigences du marché économique, il y aura lieu de procéder à un examen du droit aux prestations financiÚres de notre assurance. A ce moment-là , un emploi protégé en économie ou un placement en atelier protégé est for-tement souhaitable.
Quand bien mĂȘme cette seconde issue paraĂźt de prime abord limitĂ©e ou limitante, il y a lieu de sou-ligner que le potentiel de rĂ©adaptation est rĂ©guliĂšre-ment rĂ©Ă©valuĂ© par lâOAI et quâun passage, un jour, en Ă©conomie libre vers une autonomie financiĂšre nâest jamais exclu, bien au contraire.
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XI
Les Ă©tablissements socio-Ă©ducatifs (ESE) pour personnes adultes en situation de handicap ou en grandes difficultĂ©s sociales du Canton de VaudEric Nagy â Conseiller socioprofessionnel Service de prĂ©voyance et dâaide sociales (SPAS) DĂ©partement de la santĂ© et de lâaction sociale (DSAS)
Dans le cadre de la journĂ©e PeNar, il nous a sem-blĂ© important de prĂ©senter le dispositif cantonal pour les personnes en situation de handicap. Il ne sâapplique pas seulement aux personnes issues de lâimmigration mais Ă toute personne domiciliĂ©e dans le Canton de Vaud quelle que soit sa nationalitĂ©, son statut. Il sâadresse aux jeunes dĂšs 16 ans et aux adultes, et surtout il est incontournable pour toute recherche dâactivitĂ©s de jour ou dâhĂ©bergement. DĂšs lors il est indispensable quâil soit connu de tous ceux qui Ćuvrent dans le domaine du handicap.
1. PUBLIC CIBLE DES ETABLISSEMENTS SOCIO-ĂDUCATIFS (ESE) DU DOMAINE HANDICAP MENTAL, PHYSIQUE ET POLYHANDICAPâą Toutes personnes prĂ©sentant une dĂ©ficience intel-
lectuelle, physique ou multiple
⹠Toutes personnes domiciliées sur le territoire vaudois
âą DĂšs 18 ans et, si possible, jusquâĂ la fin de la vie
⹠Des prestations de soins sont possibles, mais limi-tées
âą DurĂ©e moyenne de sĂ©jour dans le mĂȘme Ă©tablis-sement de plus de 22 ans
2. LES ĂTABLISSEMENTS SOCIO-ĂDUCA-TIFS (ESE)âą 14 Ă©tablissements socio-Ă©ducatifs proposant des
prestations dâhĂ©bergement (~1â500 places)
⹠12 centres de jour (rattachés ou pas à un établis-sement socio-éducatif) (~630 places)
âą 16 ateliers Ă vocation socialisante (~1â000 places)
âą 7 ateliers Ă vocation productives (~990 places)
Prestations dâhĂ©bergement offertes par les ESE
âą HĂ©bergement en ESE : Les ESE sont composĂ©s dâun ensemble dâunitĂ©s de vie pouvant accueillir de 6 Ă 12 personnes, comprenant des chambres individuelles, et des locaux de sĂ©jours communs
âą Foyer (dĂ©centralisĂ©) : Il est gĂ©nĂ©ralement situĂ© en dehors du site principal de lâESE. Les foyers sont organisĂ©s en unitĂ©s de vie pouvant accueillir de 6 Ă 10 personnes
âą Logements protĂ©gĂ©s : Logements individuels ou communautaires dans lesquels les personnes bĂ©nĂ©ficient dâun accompagnement, en principe non continu, du personnel de lâESE. Les baux Ă loyer sont, en principe, au nom de lâESE
âą Logements supervisĂ©s : Ils sont situĂ©s en milieu ordinaire et sont destinĂ©s Ă des personnes seules, en couple ou en colocation. Le personnel de lâESE y fournit un accompagnement socio-Ă©ducatif
Une offre dâactivitĂ©s de jour adaptĂ©es aux besoins et aux capacitĂ©s individuelles
âą Centre de jour : Structure offrant des prestations dâoccupation, dâanimation ou des prestations thĂ©-rapeutiques en journĂ©e Ă des personnes en situa-tion de handicap. Ces prestations ne donnent pas droit Ă un salaire
âą Atelier Ă vocation socialisante : Cellule de pro-duction dont les contraintes de lâactivitĂ© de mar-chĂ© sont moins fortes. Toutefois, les travailleurs en situation de handicap sont au bĂ©nĂ©fice dâun contrat de travail et dâun salaire
âą Atelier Ă vocation productive : Cellule de produc-tion Ă caractĂšre artisanal, industriel ou des entre-prises de service soumises aux contraintes de lâĂ©co-nomie de marchĂ©. Lâatelier Ă vocation productive emploie des personnes en situation de handicap au bĂ©nĂ©fice dâun contrat de travail et dâun salaire
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Conférence : Les établissements socio-éducatifs (ESE) pour personnes adultes en situation de handicap ou en grandes diffi cultés sociales du Canton de Vaud
⹠Accompagnement en entreprise : Insertion dans le marché du travail ordinaire
3. LE DISPOSITIF CANTONAL DâINDICA-TION ET DE SUIVI POUR PERSONNESEN SITUATION DE HANDICAP (DCIS-H)
âș PEUT sâadresser au DCISH : toute personne, tout organisme ou Ă©tablissement qui souhaite obtenir des informations concernant les presta- tions pour personnes en situation de handicap fournies par le rĂ©seau des ESE (type de presta- tions et disponibilitĂ©s) et celles fournies en dehors de ce rĂ©seau
âș DOIT sâadresser au DCISH : toute personne adulte ou mineure (Ă partir de 16 ans rĂ©volus), domiciliĂ©e dans le canton de Vaud et qui prĂ©- sente une dĂ©fi cience intellectuelle, physique ou un polyhandicap et qui souhaite :
âą AccĂ©der aux prestations dâhĂ©bergement, dâac-tivitĂ©s de jour ou dâaccompagnement en milieu ordinaire fournies par le rĂ©seau des ESE pour personnes adultes
âą Changer de prestation dâhĂ©bergement, dâactivitĂ© de jour ou dâaccompagnement en milieu ordi-naire fournies par le rĂ©seau des ESE pour per-sonnes adultes
âș Peut ĂȘtre tĂ©lĂ©chargĂ© Ă lâadresse : www.vd.ch/dcish
âș Doit ĂȘtre signĂ© par le/la reprĂ©sentant-e lĂ©gal-e
âș Doit ĂȘtre adressĂ© (par e-mail ou courrier) au secrĂ©tariat du DCISH au SPAS
Procédure ordinaire
(Hébergement en éta-blissement résidentiel ou
foyer décentralisé)
S-DCISH :RĂ©ception
de la demande
IEBI :Evaluation et
proposition de prestation
CIS :Analyse et
validation de l'indication
SPAS :Ratifi cation
ESE :Mise en
oeuvre du projet
Procédure simplifi ée
(Logement supervisé : accomp. au domicile de la personne - UAT - RAHMO - Centre de
Jour - Atelier Ă vocation social))
S-DCISH :RĂ©ception
de la demande
CIS :Analyse les demandes résumées
et les valide
SPAS :Ratifi cation
ESE :Mise en
oeuvre du projet
Procédure d'urgence(Hébergement
d'urgence)
S-DCISH :Statue de la voie
d'urgence
ESE :Mise en
oeuvre du projet
⧠⧠â§
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â§
Procédurestandard :initiée aprÚs admission
â§
ProcĂ©dures dâindicationProcĂ©dure simplifi Ă©e pour les Centres de Jour et les Ateliers Ă Vocation Socialisante.
Pour toute informa-tion complémentaire ou question relative au DCISH : [email protected]
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XII
Image et reprĂ©sentation du handicap dans diverses cultures : Comment travailler avec les familles ?Jean-Claude MĂ©traux â Psychiatre et psychothĂ©rapeute dâenfants et dâadolescents FMH - Lausanne.
Je tiens dâabord Ă remercier lâassociation PeNar dâavoir organisĂ© cette journĂ©e aussi importante que passionnante et de mây avoir invitĂ© pour donner une confĂ©rence, puis proposer une synthĂšse des discus-sions en fin de journĂ©e. Le prĂ©sident de PeNar, Yvon Heller, connaissant ma longue pratique auprĂšs de familles migrantes, mâavait suggĂ©rĂ© le titre de lâin-tervention (identique Ă celui du prĂ©sent texte) et... je nâai pas lâhabitude de contester les thĂšmes que des collĂšgues et amis me demandent dâaborder. Cependant, pour ne pas Ă©garer lâauditeur (et main-tenant le lecteur) sur la nature de la « marchandise », jâaurais peut-ĂȘtre dĂ» !
CO-CRĂER DES SENS MĂTISSES Je prĂ©fĂšre dâabord le terme monde Ă celui de culture. Ce dernier tend Ă nous induire en erreur. Chaque « culture » serait distincte des autres, et plus ou moins stable. Or nous vivons tous simultanĂ©ment dans plu-sieurs mondes qui se croisent, sâinterpĂ©nĂštrent, se mĂ©tissent. Les reprĂ©sentations dans un monde fami-lial habitĂ© par le handicap dâun enfant - y compris si les parents sont des soignants - ne sont pas les mĂȘmes que celles du monde mĂ©dical, et ceci dans toute sociĂ©tĂ©. De plus, elles varient dâune famille Ă lâautre, dâun lieu Ă un autre, et ne cessent de sa trans-former, dâun Ăąge de lâenfant Ă lâautre, dâune Ă©poque Ă lâautre. Bref, je nâai pas la moindre idĂ©e de la reprĂ©-sentation du handicap dans diverses cultures : seule chaque famille peut nous informer des images qui circulent dans ses divers mondes ; et lorsquâil sâagit de familles migrantes, les interprĂštes, caractĂ©risĂ©s par la pluralitĂ© de leurs appartenances, peuvent les aider Ă les formuler, esquisser la prĂ©sence de possibles traits communs entre les familles dâune mĂȘme origine.
Demeure toutefois une similitude fondamentale entre tout ĂȘtre humain, communautĂ© ou sociĂ©tĂ© : chacun, chacune â partout et toujours â cherche Ă donner sens Ă ce qui lâaffecte et dĂ©fie sa comprĂ©hension, dont une dĂ©ficience. Et le sens dĂ©crĂ©tĂ© par les mĂ©decins, tel le produit dâune anomalie gĂ©nĂ©tique, ne suffit pas Ă rĂ©sorber le sentiment dâacensĂ©, de vide de sens, y compris parmi les familles helvĂ©tiques. Toute reprĂ©-sentation parentale constitue dĂšs lors une crĂ©ation de
sens tĂ©moignant de lâinfinie crĂ©ativitĂ© humaine : Ă ce titre elle ne mĂ©riterait jamais dâĂȘtre dĂ©prĂ©ciĂ©e, voire mĂ©prisĂ©e, Ă lâaune du savoir mĂ©dical.
Câest pourtant ce qui advient trop frĂ©quemment dans le monde des professionnels de la santĂ©. Nous regardons souvent avec la lunette du dĂ©ficit certaines croyances Ă©trangĂšres Ă nos encyclopĂ©dies mĂ©dicales : la diffĂ©rence de lâautre est conçue en termes de manque ; lâautre est suspectĂ© de pĂ©chĂ© dâignorance, dâirrationalisme. Les familles dâautres origines, de mĂȘme que certaines autochtones, en font les frais.
Or, notre devoir consisterait Ă co-crĂ©er avec les familles un sens mĂ©diateur, transitionnel, entre le leur et le nĂŽtre, un sens crĂ©ateur dâun monde nourri dâap-partenances plurielles ainsi que dâune pleine recon-naissance dâautrui.
TROIS SITUATIONS DE HANDICAP Selon lâargumentaire de la journĂ©e (paru dans le dĂ©pliant lâannonçant), les enfants et adolescents en situation de migration et de handicap prĂ©sentent trois handicaps, liĂ©s respectivement Ă leur trajet migratoire, Ă leur dĂ©ficience â physique, dĂ©veloppementale ou mentale â et Ă leur difficile adaptation au monde dâaccueil. Penchons-nous sur eux.
a) Parcours migratoire
A lâĂ©vidence, leur vĂ©cu antĂ©rieur dans un pays dâori-gine frappĂ© par la guerre ou/et la misĂšre, puis leur voyage ponctuĂ© de drames et la prĂ©caritĂ© de leur situation dans le pays dâaccueil reprĂ©sentent une situation de handicap pour de nombreux enfants et parents migrants â nâoublions pas les parents â qui vivent depuis longtemps dans un Ă©tat de survie. Jâai montrĂ© ailleurs1 que les Ă©tats de survie tendaient Ă enrober de gel les familles, Ă les figer dans un prĂ©sent perpĂ©tuel et Ă congeler leurs deuils. Ce gel a dâin-nombrables consĂ©quences concrĂštes : ralentissement de certains apprentissages (en particulier celui de la langue orale et Ă©crite du pays dâaccueil, qui nĂ©ces-
1 Jean-Claude Métraux, Deuils collectifs et création sociale, La Dispute, Paris, 2004, chapitre 5.
62
Conférence : Image et représentation du handicap dans diverses cultures : Comment travailler avec les familles ?
site une projection minimale dans le futur2), prioritĂ©s familiales guidĂ©es par la survie immĂ©diate (bien lĂ©giti-mement, dâautres « besoins » de lâenfant sont alors relĂ©-guĂ©s au second plan), figement des reprĂ©sentations familiales (en matiĂšre entre autres dâenfance, dâĂ©du-cation, de parentalitĂ© et de conjugalitĂ©), refus de la tristesse (et tendance au dĂ©ni du handicap), apprĂ©-hension de tout mĂ©tissage avec le monde dâaccueil (dont ses reprĂ©sentations du handicap). Ces consĂ©-quences ont elles-mĂȘmes de claires incidences sur les dĂ©ficiences dĂ©veloppementales, mentales ou mĂȘme physiques, et leur Ă©volution, accroissant la situation de handicap de ceux qui en sont porteurs.
b) DĂ©ficiences
Les dĂ©ficiences, quâelles soient physiques, dĂ©velop-pementales ou mentales peuvent dessiner et colorer le projet migratoire des familles. En certaines circons-tances elles poussent les parents Ă chercher des cieux plus clĂ©ments, davantage propices aux soins de leur enfant : ainsi, parmi les Roms de Serbie, la recherche dâune contrĂ©e oĂč leur fils ou fille sourd pourra bĂ©nĂ©-ficier dâun enseignement dans la langue des signes. Dans dâautres, lâapparition en exil, chez un enfant, dâune dĂ©ficience peut ruiner les espoirs qui avaient nanti les parents des forces nĂ©cessaires Ă lâabandon des leurs, la traversĂ©e de mers houleuses, le franchis-sement de frontiĂšres barbelĂ©es : ils dĂ©siraient procurer Ă leur progĂ©niture la perspective dâun avenir radieux et aujourdâhui, outre un permis de sĂ©jour peut-ĂȘtre devenu mirage, le grave trouble dâun bambin transforme le rĂȘve en cauchemar. Bien sĂ»r les esprits mal intentionnĂ©s pourraient arguer quâune dĂ©ficience, nĂ©cessitant soins spĂ©cialisĂ©s et coĂ»teux, augmente les chances de se voir octroyer un permis provisoire dit « humanitaire », et que certains pĂšres et mĂšres en useraient et en abuse-raient : mais sâil arrive, en quelques occasions (pas tou-jours, loin de lĂ ) quâun tel permis humanitaire soit attri-buĂ©, le parcours du combattant y conduisant, associĂ© Ă lâexacerbation des mĂ©canismes de survie â « si lâon nous renvoie au pays, mon bĂ©bĂ© mourra » â raffermit le gel plus haut Ă©voquĂ© et renforce la probabilitĂ© de ses multiples consĂ©quences.
Par ailleurs, dĂ©ficiences et dĂ©ficit partagent la mĂȘme Ă©tymologie. Or, rappelons-le, moult professionnels lisent la diffĂ©rence du migrant avec la lunette du dĂ©ficit, que jâai aussi appelĂ© modĂšle des dĂ©ficits3. Exemples
parmi dâautres : ces parents du Portugal, des Balkans ou dâAfrique subsaharienne seraient sous-stimulant avec leurs mĂŽmes ; leur laborieux apprentissage de notre langue relĂšverait dâun manque de volontĂ© et dâefforts, alors que leur vĂ©cu et leur Ă©tat de survie prolongĂ© suffisent Ă lâexpliquer. Cerise sur le gĂąteau, maintes Ă©tudes ont montrĂ© que nos divers tests de QI sont culturellement biaisĂ©s et que les enfants dâautres origines, dâautres langues, obtiennent â Ă compĂ©-tences Ă©gales â des rĂ©sultats systĂ©matiquement infĂ©-rieurs4 : feignant de lâignorer, nous enfonçons le clou de leur dĂ©ficience. En dâautres mots, la mesure de la dĂ©ficience constitue elle-mĂȘme une situation de han-dicap. Avec, en prime, un certain nombre dâenfants migrants erronĂ©ment jugĂ©s mentalement dĂ©ficients et leurs parents amenĂ©s Ă enfouir un nouveau deuil dans leur congĂ©lateur branchĂ© sur la survie.
c) Lâ« adaptation » au monde dâaccueil : tĂąche de lâenfant, des parents et... des professionnels
Lâexigence dâadaptation au monde dâaccueil, unila-tĂ©rale, reprĂ©sente Ă©videmment une situation de han-dicap. Mais il faudrait mettre « adaptation » entre guillemets, la rebaptiser intĂ©gration crĂ©atrice5 : il sâagit, pour tout migrant, de se bĂątir une demeure charpentĂ©e dâappartenances plurielles, tissant son (ses) appartenance(s) Ă son (ses) monde(s) dâorigine avec une nouvelle le reliant Ă son monde dâaccueil. Or, lorsquâils se rencontrent, familles et professionnels migrent simultanĂ©ment, les premiĂšres dans nos insti-tutions, les seconds au sein dâune communautĂ© (la famille dâautre origine) habitĂ©e par une autre maniĂšre de concevoir le handicap, le soin, la parentalitĂ©, etc. Le dĂ©fi, bilatĂ©ral, de lâintĂ©gration crĂ©atrice concerne de façon Ă©quivalente tous les protagonistes de lâin-teraction, parents et enfants dâun cĂŽtĂ©, mĂ©decins, travailleurs sociaux et Ă©ducateurs de lâautre. Si cette symĂ©trie Ă©tait reconnue, si les professionnels admet-taient leur propre situation de handicap, le fardeau, la charge de l'« adaptation » pourrait commencer Ă se rĂ©partir Ă©quitablement et le poids affaissant les Ă©paules des familles sâallĂ©ger.
TRAVAILLER AVEC LES FAMILLESAfin de conjurer ce cumul de situations de handicap, dâen attĂ©nuer au moins les incidences, il sâagirait dâof-frir aux familles des lieux dâaccueil et dâhospitalitĂ©
2 Jean-Claude MĂ©traux, Lâimpact du vĂ©cu des rĂ©fugiĂ©s sur leur apprentissage de la langue dâaccueil, Babylonia, 1/2017, pp 19-22.3 Jean-Claude MĂ©traux, La migration comme mĂ©taphore, La Dispute, Paris, 2011 (deuxiĂšme partie).
4 Claude Mesmin & Pierre Wallon, Regards croisĂ©s sur les familles venues dâailleurs, Paris, Editions Fabert, 2013.5 Jean-Claude MĂ©traux, La migration comme mĂ©taphore, op. cit. (premiĂšre partie)..
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Conférence : Image et représentation du handicap dans diverses cultures : Comment travailler avec les familles ?
dont la chaleur permettrait dâamorcer le dĂ©gel qui faciliterait leur projection dans le futur, si nĂ©cessaire Ă lâaccompagnement dâenfants frappĂ©s de dĂ©ficiences.
Proposer des espaces de sécurité
Au sein mĂȘme de nos hĂŽpitaux, cabinets de consulta-tions, Ă©coles ou associations, nous pouvons proposer Ă ces familles, ces parents, ces enfants, des espaces de sĂ©curitĂ© suffisante, leur offrant un rĂ©pit, une pause, dans leur sempiternelle lutte pour la survie, en don-nant droit de citĂ© Ă leurs reprĂ©sentations du handicap, Ă leurs modes dâĂ©ducations, Ă leur conception de la parentalitĂ© et de la conjugalitĂ©, mĂȘme si nous ten-dions Ă les juger obsolĂštes.
Nous devons surtout nous efforcer de co-construire avec ces familles, ces parents, ces enfants, des rela-tions nourries par une authentique reconnaissance mutuelle (telle que jâen explore la dĂ©clinaison dans La migration comme mĂ©taphore6 je me contente ci-des-sous dâen rĂ©sumer quelques points essentiels).
Fonder nos rencontres sur notre humanité partagée
Les approuver dâabord dans leur humanitĂ© en tĂ©moi-gnant de la nĂŽtre. Nous autoriser par exemple Ă exprimer notre propre dĂ©sarroi, voire notre impuis-sance, lorsque des parents et leur enfant souffrant de dĂ©ficience sont menacĂ©s de retour dans un pays dĂ©pourvu de structures adaptĂ©es, ou à « crier » notre admiration devant lâextraordinaire force, lutte, abnĂ©-gation, endurance, rĂ©silience (peu importe le mot) de ces familles dâailleurs pleinement investies, dĂšs leur dĂ©part de chez elles, dans la quĂȘte dâavenirs pour leurs enfants.
Faire preuve ainsi dâestime Ă lâĂ©gard des parents, Ă lâĂ©gard des enfants, tout en relevant notre conscience du peu dâestime dont la sociĂ©tĂ© et ses reprĂ©sentants, nous-mĂȘmes y compris, parfois les gratifions. Soigner notre langage (oral, mais aussi Ă©crit - comme les cour-riers de lâAI - pour quâil soit accessible au commun des mortels. Nous abstenir Ă©galement dans nos rap-ports de mots ou dâexpressions tirĂ©s du vocabulaire du dĂ©ficit.
Exprimer rĂ©guliĂšrement aux pĂšres et aux mĂšres de la gratitude pour nous faire confiance, nous croire susceptible dâĆuvrer dans leur intĂ©rĂȘt.
Ćuvrer Ă la reconnaissance de leurs droits
Leur offrir les mĂȘmes droits, dans nos institutions, que
ceux octroyĂ©s aux familles dâici. Objectif qui est loin dâĂȘtre atteint : nous avons entendu au cours de cette journĂ©e que des structures telles que Pro Infirmis ou lâAssurance InvaliditĂ© limitent leurs prestations pour certaines catĂ©gories de migrants.
Leur donner le droit de sâexprimer dans leur propre langue (lorsque câest elle quâils maĂźtrisent le mieux). En leur proposant systĂ©matiquement la prĂ©sence dâun interprĂšte communautaire dĂ»ment formĂ©, quel quâen soit le coĂ»t : sinon, nous leur imposons inutilement une situation de handicap supplĂ©mentaire. En octroyant une place Ă leur langue maternelle, nous contribuons Ă accroĂźtre la portĂ©e de leurs voix, de leurs paroles, de leurs actions, trop souvent ignorĂ©es. Le tĂ©moi-gnage â comme intervenante, sur le podium, qui plus est de la salle du Conseil Municipal â de Khonaf Abdulkarim (une maman), grĂące Ă la traduction de Sherin Zohir (son interprĂšte habituelle) lâa bien montrĂ©. Nous avons pu nous apercevoir Ă cette occasion que lâinterprĂšte, pour bien faire son labeur de jongleur dâappartenances, ne saurait se limiter Ă la fonction de « machine Ă traduire », que sa parole propre est indispensable pour que fermente notre humanitĂ© par-tagĂ©e. La magnifique intervention de Sylvia Cunha, enseignante lusophone, avec Leticia, 15 ans, venue du BrĂ©sil, nous a aussi prouvĂ© que la langue mater-nelle est aussi capitale dans nos interventions auprĂšs dâenfants allophones.
Souligner aussi - leur dire que nous le savons - que leurs droits, dans notre monde, ne sont pas toujours Ă©gaux aux nĂŽtres (Claudio Bolzman nous lâa dĂ©mon-trĂ© au cours de son intervention ; Hynd Ayoubi Idrissi nous a aussi signalĂ© que 75% des requĂȘtes dâenfants ou de familles au ComitĂ© des Droits de lâEnfant Ă©taient liĂ©es Ă la « dĂ©portation » dâenfants mineurs, accompa-gnĂ©s ou non-accompagnĂ©s). Ensuite, mais ce nâest que potentielle musique dâavenir - dont tous les indices dâadvenue sont aujourdâhui au rouge -, Ćuvrer au changement de nos lĂ©gislations, de l'« accueil » des familles requĂ©rantes dâasile ou Ă lâaide dâurgence, pour que les conditions que nous leur imposons ne rendent plus nĂ©cessaires la perpĂ©tuation de leur lutte pour la survie.
Apprendre des parents
La prĂ©sentation collective (mĂšre, enseignante luso-phone, intervenants autochtones) intitulĂ©e « Leticia, 15 ans, nĂ©cessitĂ© dâun projet multidimensionnel » mâa beaucoup impressionnĂ©. Les parents venus du BrĂ©sil dans une migration dite « volontaire » (mais toute migration nĂ©cessite du migrant une sacrĂ©e volontĂ©, mĂȘme dans les pires circonstances), certes relativement aisĂ©s, ont su manifester leur pouvoir dire 6 Ibid. (trosiĂšme partie).
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et leur pouvoir agir pour Ă©viter Ă leur fille un ensei-gnement spĂ©cialisĂ© et lâintĂ©grer dans une classe dâaccueil, mĂ©ritant ici une fois encore amplement son nom. Comme quoi, quand la voix des parents est suffisamment forte, et que nous nous donnions la peine de lâentendre... Belle leçon des parents. Belle dĂ©monstration dâintĂ©gration (dans tous les sens du terme), de partenariat avec la famille. Belle initia-tive novatrice.
Par contre, Ă la fin de sa scolaritĂ© obligatoire, au moment dâun stage en prĂ©formation, Leticia fut refu-sĂ©e. « Elle nâĂ©tait pas prĂȘte Ă faire ce voyage avec nous » nous dira Jean-Marie Piemontesi. Voyage... migration... comme quoi le jeune migre aussi, Ă lâado-lescence, dans un nouveau monde (de formation). Et le monde dâaccueil (en lâoccurrence Lavigny), certes peut-ĂȘtre pour des raisons valables, nâest pas forcĂ©-ment prĂȘt Ă lâaccueillir. Car la voix des parents, elle, nâavait semble-t-il pas perdu de sa vigueur.
Cultiver les appartenances communes
Les accueillir dans les collectifs de parents (associa-tions ou autres) dâenfants en situation de handicap, afin que les voix de toutes origines puissent amorcer un chĆur et mieux se faire entendre, pour quâaussi Ă©closent de nouvelles appartenances, de nouvelles communautĂ©s, sans distinction dâorigine et de langue : les mĂšres et pĂšres vaudois ont ici un important rĂŽle Ă jouer. Les familles dâailleurs se sentiront moins seules et pourront nourrir lâaction commune de leurs propres expĂ©riences singuliĂšres.
Nourrir le lien avec le pays dâorigine
Les inciter Ă entretenir les liens avec leur pays dâori-gine, en particulier avec les membres de leur famille qui y sont demeurĂ©s. Leur suggĂ©rer entre autres de communiquer Ă ceux-ci des Ă©lĂ©ments de leur situa-tion que souvent ils prĂ©fĂšrent taire : lâimportance de la dĂ©ficience, leur statut prĂ©caire, voire le refus de leur demande dâasile. Dans le cas contraire, ces silences, ces « mensonges » risquent de fragiliser les liens, diminuer la frĂ©quence des contacts, tarir cette sĂšve essentielle.
HANDICAP + MIGRATION : UN LABORATOIRE DâHUMANITĂOser procĂ©der de la sorte ne va pas de soit. Il sâagit mĂȘme dâune petite rĂ©volution. Tant sur le plan de notre conception du lien avec les familles que de notre pen-sĂ©e des diffĂ©rences (abandon du modĂšle des dĂ©fi-cits) et de nos propres croyances. Professionnels de lâenfance, il faudrait en particulier nous rĂ©soudre, pour
que diminue la frĂ©quence de fausses dĂ©ficiences, Ă rĂ©cuser la prĂ©tention universaliste de certains de nos outils dâĂ©valuation, Ă amorcer le deuil de nos bĂ©quilles mĂ©triques (tests de QI entre autres).
La mise en Ă©vidence de nos similitudes est prioritaire. Elle permet dâestomper les usuels clivages handi-capĂ©/non handicapĂ©, migrant/non migrant, pro-fessionnels/parents, sources de tant dâexclusions, y compris dans nos institutions ou associations. Et sur ce socle, nous pourrons petit-Ă -petit co-crĂ©er avec les familles des liens pĂ©tris dâhorizontalitĂ©, de rĂ©ciprocitĂ©, dâhumanitĂ©, de sens partagĂ©s.
En ce sens le binĂŽme migration/handicap constitue une vraie opportunitĂ© pour repenser nos pratiques. Comme la naissance dâun enfant dĂ©ficient constitue pour les parents une vĂ©ritable migration dans un autre monde, et la migration une vraie situation de handi-cap dans notre monde (tel quâil est conçu), la concep-tualisation croisĂ©e du handicap et de la migration a une singuliĂšre valeur.
A lâinverse, si nous refusons pareilles mĂ©tamorphoses â dâautant plus si en mĂȘme temps nos concitoyens, nos autoritĂ©s, durcissent encore la politique dâasile helvĂ©tique â les actuelles situations de handicap se mueront sous peu en handicaps vĂ©ritables.
Conférence : Image et représentation du handicap dans diverses cultures : Comment travailler avec les familles ?
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HISTORIQUE 1996 - 2017
La consultation pluridisciplinaire de neuroréhabilitation existe depuis 1992. En 2004, l'association PeNar (Association de soutien aux consultations pluridisci-plinaire en Réhabilitation PEdiatrique de la région de Nyon) est créée afin de soutenir l'organisation de ces consultations pluridisciplinaires. Dr Christopher New-man, qui a succédé à la Dresse Jacqueline Nielsen, en assume, encore aujourd'hui, la direction médicale.
L'objectif de PeNar est de permettre un travail de par-tenariat entre l'enfant, sa famille, l'Ă©cole et le monde
de la santé. Mais également de répondre à la demande des parents d'une écoute concertée de la part des professionnels et d'un travail de partenariat, ainsi que d'une prise en compte de tous les facteurs influençant la santé et le développement de l'enfant.
Notre association propose réguliÚrement des confé-rences, des tables rondes et des formations, destinées aussi bien aux professionnels de l'enfance (du monte de la santé, du social et du pédagogique) qu'aux familles et à toutes personnes intéressées par le sujet.
12.11.1996 « PiÚge dans la relation thérapeutique par rapport à l'enfant handicapé et sa famille » Dr Laurent Junier, pédiatre
07.03.1997 « L'hypothérapie »Mme Anne-Marie Ducommun, physiothérapeute
30.05.1997 « Evaluation de la vision fonctionnelle et sa stimulation chez le jeune enfant » Mme Isabelle Mathis, responsable CPHV
14.11.1997 « Le neuro-réhabilitation pédiatrique aujourd'hui » Dresse Jacqueline Nielsen, médecin associé service réha-bilitation pédiatrique
20.03.1998 « Le dépistage et prise en charge de la surdité chez les enfants présentant un handicap moteur en période pré-scolaire »Mme F. Vicky, enseignante école des enfants sourds Mme E. Masson, éducatrice en langue de signes Mme N. Art, logopÚde école des enfants sourds
29.05.1998 « Introduction au concept Bobath »Mme Leonor Antonietti, physiothérapeute Bobath
27.10.1998 « Aspects tactiles dans le développement sensori-moteur de l'enfant » Prof. André Bullinger, faculté de psychologie et des sciences de l'éducation
05.03.1999 « Langage et communication chez les enfants qui ne parlent/ne parlent pas encore/parlent autrement. Bilan et intervention »Mme V.Ducret, logopédiste
28.05.1999 « OrthÚse et pieds chez l'enfant IMC »Dr André Kaelin, orthopédiste
19.11.1999 « Une expérience au Mali avec Handicap International »Mme Marie-Noëlle Gigon, ergothérapeute
24.03.2000 « Le traitement des enfants ayant des difficultés motrices sensorielles, de comportement et d'apprentissage en ergothérapie : présentation de l'intégration sensorielle »Mme Viviane Messiaux, ergothérapeute
19.05.2000 « Partenariat entre parents d'enfants handicapés et professionnels » Mme Isaline Panchaud, responsable formation Prof. Gisela Chatelanat, professeur à l'UNI
21.11.2000 « Partenariat entre famille et professionnels »M. Jean-Marie Bouchard
16.03.2001 « Scolarisation d'enfants porteurs de handicaps : quelles ressources dans le secteur ouest » M. Alexis Margot, inspecteur enseignement spécialisé
18.05.2001« Prise de conscience de la diffĂ©rence par l'enfant porteur de handicap : quel soutien Ă l'enfant et sa famille dans notre rĂ©gion ? » Mme Anna GĂŒrun, psychologue Mme Glauser Bartolini, assistante sociale Pro-infirmis Mme Nathalie Bluteau, assistante sociale Pro-infirmis Mme Corinne Masson, ergothĂ©rapeute Dr Laurent Junier, pĂ©diatre Une maman
Annexes : Historique de la consultation
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Annexes : Historique de la consultation
30.11.2001 « Intégration scolaire d'enfants porteurs de handicaps : besoins et limites de l'école publique » M. Alexis Margot, inspecteur enseignement spécialisé Mme Urler, doyenne école primaire M. Roy, directeur école M. Locatelli, directeur école Dr Eric Masserey, directeur médical ODES
15.03.2002« Handicap mental : causes, diagnostic, conseil génétique »Dr Armand Bottani, médecin spécialiste en génétique médicale
31.05.2002« L'intégration scolaire de l'enfant porteur de handicap. Le point de vue des parents »Mme Niggl-Domenioz
29.11.2002 « Handicap(s) et sexualité(s), ruptures et repÚres » Mme Catherine Aghte-Diserens, sexo-pédagogue spécialisée
07.11.2003 « Michel et sa flûte de pan, sa vie et son parcours »M. Michel Tirabosco, musicien
03.02.2004 « Présentation musicothérapie » M. Roberto Corthesy, La Cassagne Mme Calame Brun, SEI
02.03.2005 « Financement du monde du handicap dans un nouveau contexte économique, suite à l'acceptation de la nouvelle péréquation financiÚre » Mme Nathalie Bluteau, responsable Besoins spéciauxde la Petite enfance, Pro-lnflrmis Dr Laurent Junier, pédiatre M. Philippe Nendaz, inspecteur SESAF M. Roland Rapaz, président AVOP M. Christian Velati, comptable SESAF M. Samoniez, directeur La Cassagne
20.09.2005« Dépistage précoce de l'autisme »Dresse Anne-Michelle Davidson, pédopsychiatre
26.10.2005« Dyspra'quoi »Mme Corinne Masson, ergothérapeute Mme Suzanne Barraud, association « Dyspra'quoi »
2006 « Ressources institutionnelles dans la région pour enfant autistes » Mme Anne Cacciabue, pédopsychiatre, Mme Anne Lavanchy, enseignante spécialisée
7.11.2006 « Tour d'horizon de différentes thérapies proposées aux enfants autistes et à leur famille »Dresse Mandy Barker, pédopsychiatre Mme Anne Amsler, enseignante spécialisée au CT J
7.3.2007 « Mise en place du carnet de santé pour les enfants aux besoins médicaux et paramédicaux spécifiques » Dresse Cécile Holenweg, CHUV
02.05.2007 « Intégration des enfants porteurs de handicap à l'école ordinaire » Mme Anne Lavanchy, conseilliÚre pédagogique Mme Christiane Sauer-Lasserre, enseignante spécialisée
19.11.2007 « Activité physique adaptée dans le monde du handicap : états des lieux et enjeux » M. Cédric Blanc, coordinateur en éducation physique et sportive
05.05.2008« L'enfant maladroit »Dr Christopher Newman, CHUV
29.09.2008 « Présentation d'une nouvelle offre sportive pour les adolescents en situation de handicap mental dans la région de la CÎte » Mme Perrine Binz, licenciée en science du sport et de l'éducation physique
10.03.2009 « ProblÚmes gastro-intestinaux chez les enfants handicapés » Dr Andreas Nydegger, gastro-entérologue
28.04.2009 « Evaluation des potentiels visuels de la personne IMC et possibilités de corrections optiques » Mme Karin Schwarz, opticienne spécialisée en basse vision
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27.11.2009 « SEI : péril en la demeure » Actualisation du rÎle du SEI et coordination avec les autres intervenants M. José Barroso, SEI, Mme Anne-Lise Vulliemin, SEI, Dr Christopher Newman, CHUV
02.03.2010 « Point sur l'intégration des enfants aux besoins spéciaux dans les écoles selon la RPT » M. Paul-Emmanuel Gross, inspecteur SESAF Lausanne
04.05.2010« Smile for all kids »Collaboration Vaud-GenÚve, orthodontie pour les enfants en situation de handicapDresse Catherine Morel, médecin dentiste spécialisée en orthodontie pour enfant en situation de handicap
08.10.2010« Les progrÚs dans le diagnostic génétique des handicaps »Dr Armand Bottani, médecin spécialiste en génétique médicale
05.04.2011« Des soins pédiatriques aux soins adultes dans le domaine du handicap : comment passer le témoin ? » Dr Laurent Junier, pédiatre
10.05.2011« Approches en ergothérapie et en psychomotricité avec les enfants TED, autistes et psychotiques » Quelles différences ? Quelles complémentarités ? Quelles spécificités ? introduction sur la clarification des termes TED, autisme et psychosesMme Valérie Dessiex, psychologue Mme Giliane Pittet, psychomotricienne Mme Aude Hussy, psychomotricienne Mme Nicole Mettler,ergothérapeute M. Josefin Croxatto, ergothérapeute
25.11.2011 « Le handicap, j'en parle... » insieme Vaud présente les groupes de parole pour parents, frÚres et soeurs, ou proches, d'une personne avec handicap Mme Silvia Hyka, secrétaire générale insieme Vaud
12.03.2012« Analyse quantifiée de la marche (cinésiologie). Pourquoi, comment, pour qui ? »Dr Stéphane Armand, responsable laboratoire cinésiologie Willy Taillard HUG Dr Geraldo De Coulon, chirurgien orthopédique et chef de clinique en pédiatrie HUG
07.05.2012 « Intégration préscolaire d'enfants à besoins particuliers » Mme Brigittte Besset, directrice garderie, Mme Karen Heiniger, éducatrice Mme Emmanuelle Seingre, mÚre d'un enfant avec handicap et membre de la commission d'intégration précoce de l'Etat de Vaud, M. Philippe Nendaz, chef OES Vaud Mme Catherine Roulet, députée et co-présidente lnsieme Vaud
28.09.2012 « Présentation de la Fondation Defitech »La fondation Defitech de Morges s'est donnée pour mission de mettre la technologie informatique au service des enfants et des adultes en situation de handicap Fondation Defitech
23.11.2012« ProblÚmes nutritionnels courants rencontrés chez les personnes en situation de handicap »Dr Cécile Holenweg-Gross, médecin agréée Unité de Neu-rologie et de Neuro-réhabilitation pédiatrique CHUV Mme Nicoletta Bianchi, diététicienne HES - CHUV
18.04.2013 Symposium « Droits de l'enfant en situation de handicap »
« Enfants handicapĂ©s et droits de l'enfant » M. Jean Zermatten, Directeur de lâInstitut International des Droits de lâEnfant, Sion. PrĂ©sident du ComitĂ© des Droits de lâEnfant Ă lâONU, GenĂšve
« Droits de l'enfant et Ă©volution de la dĂ©finition du handicap, paradoxes et dĂ©fis face aux changements de paradigme dans l'intervention » JĂ©rĂŽme Laederach, directeur gĂ©nĂ©ral de la Fondation Ensemble. ChargĂ© dâenseignement, FPSE, UniversitĂ© de GenĂšve. PrĂ©sident de la Commission consultative de lâintĂ©gration des enfants et des jeunes Ă besoins Ă©ducatifs particuliers ou handicapĂ©s (LIJBEP)
Annexes : Historique de la consultation
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« Témoignage »M. Malik Touré-Rheinard
« Droits assĂ©curologiques de l'enfant en situation de handicap » Mme Charlotte Cordero Osorio, cheffe du service Mineurs de lâOffice AI pour le canton de Vaud M. Jean-Philippe Ruegger, directeur de lâOffice AI pour le canton de Vaud et prĂ©sident de la ConfĂ©ÂŹrence des offices AI
« Les jeunes assurés et leurs parents face au financement des mesures médicales et de réadaptation » Mme Sophie Rohner-Bacsinszky, Pro Infirmis Vaud
« Droit à la protection (?) : maltraitance chez l'enfant en situation de handicap » Dr Christopher Newman, médecin adjoint, PD & MER, Unité de Neuropédiatrie et Neuroréhabilitation Pédiatrique CHUV Lausanne
« Droit et opportunitĂ© : vers l'employabilitĂ© en milieu ordinaire » Dresse Caroline Hess-Klein, Dresse en droit, Responsable du Centre ĂgalitĂ© Handicap M. SĂ©bastien Kessler, physicien de formation primaire, mili-tant et « possiblement en situation de handicap », il travaille au sein de la direction dâun Ă©tablissement hospitalier et comme formateur dâadultes occasionnel. En 2011, il a fondĂ© la sociĂ©tĂ© de conseil id-Geo, avec deux autres associĂ©s, spĂ©cialisĂ©e dans le domaine du handicap
« Droit Ă l'Ă©ducation des enfants en situation de handicap : exclusion, intĂ©gration et inclusion »M. Jorge Cardona, professeur de Droit International, Univer-sitĂ© de Valencia (Espagne), Membre du ComitĂ© des droits de lâenfant, Nations Unies
« TĂ©moignage » Mme Emmanuelle Seingre, juriste, membre du comitĂ© central Insieme Suisse, ancien membre du comitĂ© insieme Vaud, reprĂ©sentante insieme Vaud au sein de la Commission dâintĂ©gration prĂ©coce
30.05.2013« Pro Infirmis, prĂ©sentation des diverses prestations »Mme Deborah Brunner, assistante sociale aux Besoins SpĂ©-ciaux de la petite enfance M. Pierre Vannod, conseiller en insertion auprĂšs dâ Insert H Mme Karine Vaney, assistante sociale au Conseil social de Pro Infirmis
28.10.2013 « Construisons pour tous » présentation par les délégués techniques de l'AVACAH Association Vaudoise pour la Construction Adaptée aux personnes handicapéesM. Jean-Michel Péclard et M. François Henry
19.05.2014« Dépistage au cabinet, en famille et à l'école, du déficit visuel chez l'enfant en situation de handicap »Dr Jacques Durig, ophtalmologue à Lausanne Mmes Isabelle Mathis et Luisa Gallay du CTHV de Lausanne (Centre thérapeutique pour handicapés de la vue)
03.10.2014« Images et représentations du handicap dans différentes cultures »Dr Jean-Claude Metraux, pédopsychiatre et co-fondateur de l'association « Appartenances »
05.05.2015 Symposium « Bientraitance/Maltraitance dans le domaine du handicap : Regard sur les professionnels »
« Concept théorique concernant la bientraitance »Mme Carol Gachet, psychologue FSP, spécialiste de l'interven-tion psychologique d'urgence, fondatrice et directrice-ICP (intervention de crise et prévention
« Lignes directrices de lâONU pour les conditions appropriĂ©es dâaccompagnement des enfants en milieu institutionnel - Application dans le canton de Vaud ».Mme Anne DĂ©costerd, inspectrice de lâoffice de lâenseigne-ment spĂ©cialisĂ© (OES) M. Paul-Emmanuel Gross, inspecteur de lâoffice de lâensei-gnement spĂ©cialisĂ© (OES)
« Les ressources à disposition des familles ont-elles un impact quant à la bientraitance des professionnels à leur égard ? » Mme Nathalie Bluteau, cheffe de service, case manager, Pro Infirmis Vaud (service - Besoins spéciaux de la petite enfance) Mme Karine Vaney, assistante sociale Pro Infirmis Vaud, case manager
« TĂ©moignages de parents »Mme Sarah Cornaz, maman de Robin (11 ans), prĂ©sentant le syndrome de lâX fragile et membre du comitĂ© dâinsieme Vaud M. Steve Birbaum, papa de MaĂ© (13 ans), jeune fille en situation de handicap et enseignant
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« Ressources associatives bientraitantes »Mme Anne-GaĂ«lle Masson, secrĂ©taire gĂ©nĂ©rale dâinsieme Vaud
« Table Ronde : Conditions structurelles pour une mise en Ćuvre de la bientraitance dans lâaccompagnement dâenfants Ă besoins particuliers » : EN CRĂCHE-GARDERIE : Mme Brigitte Besset, Ă©ducatrice de la petite enfance / Directrice de la crĂšche-garderie « le Colibri » Gland A LâĂCOLE ORDINAIRE : M. Julien Wettstein, directeur de lâĂ©tablissement primaire et secondaire de Begnins - LâEspla-nadeA LâĂCOLE SPĂCIALISĂE : M. Jean-Pierre Counet, chef de dĂ©partement Ecole Auguste Buchet, lâEspĂ©rance Ă Etoy
17.09.2015« Performance physique au quotidien chez l'enfant avec paralysie cérébrale : combler le fossé entre le laboratoire et le quotidien » Dr Christopher Newman, médecin adjoint, PD & MER, Unité de Neuropédiatrie et Neuroréhabilitation Pédiatrique CHUV Lausanne
09.05.2016« L'Equipe Mobile du Développement Mental pour Mineurs (EMDM) » Présentation de leur travail dans le canton de VaudDresse Sylvie Cuenca-Cuendet Mme Laurence Demont et Mme Alexandra Gary
13.05.2016« Les bénéfices du sport pour les personnes en situation de handicap »M. Nicolas Mani, responsable romand de Plusport Mme Nicole Mettler, collaboratrice à Voile et Handicap
10.03.2017« La prise en charge de la surdité chez l'enfant polyhandicapé »Dresse HélÚne Cao Van, responsable unité d'ORL pédiatrique, Service d'ORL et de Chirurgie Cervico-faciale, aux HÎpitaux Universitaires de GenÚve
10.03.2017« Place des interprÚtes en langue des signes, dans le systÚme de santé »M. Valentin Marti, stagiaire en médecine (6e année)
Annexes : Historique de la consultation
08.05.2017« Trisomie 21, des atouts pour une bonne intégration scolaire »Mme Christiane Bauer-Lasserre, enseignante spécialisée et formatrice HEP à la retraite Mme Maëlle Guyaz, pédagogue en éducation précoce spécialisée de la Fondation Vernand Mme Delphine Salino, ergothérapeute- SERN Dr Christopher Newman, médecin adjoint, PD & MER, Unité de Neuropédiatrie et Neuroréhabilitation Pédiatrique CHUV Lausanne
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Mme Khonaf ABUDLKARIM Maman
Mme Hynd AYOUBI IDRISSI Professeur de Droit et membre du comité des Droits de l'Enfant
M. José BARRENSE-DIAS Guitariste, chanteur, peintre
Mme Emmanuelle BERTRAND Inspecteur, secteur la DĂŽle, SESAF
Mme Nathalie BLUTEAU Cheffe de service, case manager, Pro Infirmis Vaud (service Besoins spéciaux de la petite enfance)
Prof. Claudio BOLZMAN Sociologue et enseignant Ă la Haute Ecole de Travail Social/GenĂšve
Mme Deborah BRUNNER-TAVAGLIONE Assistante sociale Pro Infirmis (service Besoins spéciaux de la petite enfance)
Mme Charlotte CORDERO Office OAI, cheffe du service des mineurs office OAI Vaud
Mme Sylvia CUNHA Enseignante spécialisée
Mme Odile ERARD Cheffe de service, Pro Infirmis Vaud
Dresse Marie-Odile GUBLER Pédiatre et médecin référent pour la scolarité obligatoire Unité PSPS/unité de promotion de la santé et de prévention en milieu scolaire
Mme Maëlle GUYAZ Pédagogue en éducation précoce spécialisée du SEI de la Fondation de Vernand
Dr Yvon HELLER Pédiatre, président association PeNar
Dresse CĂ©cile HOLENWEG-GROSS MĂ©decin-responsable de la Cassagne Lausanne
Mme BĂ©atrice-IrĂšne KIRIACESCU Office OAI, psychologue en orientation professionnelle
INTERVENANTS SYMPOSIUM DU 26.09.2017
Dr Jean-Claude METRAUX Pédopsychiatre, co-fondateur de l'association « Appartenances »
M. Eric NAGY Conseillé socioprofessionnel APHAGI(SPAS)
Dr Christopher NEWMAN PĂ©diatre, responsable de lâunitĂ© de neurorĂ©habilitation pĂ©diatrique du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV)
M. Jean-Marie PIEMONTESI Préformation, Lavigny
Mme Olga SOLOVYEVA Pédagogue en éducation précoce spécialisée du SEI de la Fondation de Vernand
M. Guillaume THARIN Responsable pĂ©dagogique, Fondation de Vernand, Ecole pour Enfants Atteints dâAutisme
Mme Suzanne van ROOIJ Doyenne à l'EPS Nyon Roche-Combe, en charge des classes d'ACC et de la pédagogie compensatoire
M. Renaud VILLE Chef dâĂ©quipe, entitĂ© Social, EVAM
M. Michel VIRET Assistant social, EVAM antenne de Lausanne
Mme Sherin ZOHIR InterprĂšte communautaire
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Le CD reprenant l'intervention musicale faite par JosĂ© Barrense Dias peut ĂȘtre obtenu directement auprĂšs de l'association PeNar Ă cette adresse e-mail : [email protected] pour le prix de CHF 15.â.(Pour chaque CD vendu la somme de CHF 5.â sera reversĂ©e l'Association PeNar.)
POSTFACE
Nous remercions trĂšs sincĂšrement JosĂ© Barrense-Dias pour sa participation Ă cette journĂ©e du 26 septembre 2017, consacrĂ©e Ă handicap et migration, et d'avoir permis l'enregistrement de son intervention musicale. JosĂ© Barrense Dias est musicien, guitariste, peintre et gaucher. Il est nĂ© dans la grande forĂȘt du nord-est de Bahia au BrĂ©sil et est arrivĂ© Ă Nyon en 1965. Il a enseignĂ© au Conservatoire de musique de GenĂšve et a
participé à d'innombrables concerts, notamment au Paléo Festival de Nyon et au Montreux Jazz Festival. Par sa trajectoire de migration, de citoyen de Nyon et de gaucher, sa participation à notre journée de conférences allait de soi.
Dr Yvon Heller et comité Association PeNar
L'ASSOCIATION PENAR REMERCIE CHALEUREUSEMENTLES DONATEURS QUI LA SOUTIENNENT :
Pour tout complément d'information ou renseignements sur notre association, vous pouvez joindre notre secrétariat :
Prix de vente brochure imprimĂ©e : CHF 10.â (disponible auprĂšs de notre secrĂ©tariat)
NOUS REMERCIONS CHALEUREUSEMENT TOUTES LES PERSONNES QUI SE SONT INVESTIES POUR LA PRĂPARATION
ET L'ORGANISATION DE LA JOURNĂE DU 26 SEPTEMBRE 2017 :
Mme Emmanuelle Bertrand â SESAFMme Nathalie Bluteau â Pro Infirmis
Dr Yvon Heller â pĂ©diatre / Association PeNarDresse Odile Erard â Pro Infirmis
Dr Marie-Odile Gubler â pĂ©diatre UnitĂ© PSPSMme Françoise Ipekdjian â physiothĂ©rapeute / TrĂ©soriĂšre PeNar
Mme Viviane Messiaux â ergothĂ©rapeute / vice-prĂ©sidente PeNarMme Daniella Negro â secrĂ©taire PeNar
Dr Christopher Newman â pĂ©diatreMme Anissa Oueslati â insieme Vaud
Mme Odile Rossellat â reprĂ©sentante parents PeNar et co-prĂ©sidente insieme VaudMme Delphine Salino â ergothĂ©rapeute / coordinatrice PeNar
M. Guillaume Tharin â Fondation de Vernand
FONDATION Fondation CĂ©cile PĂ©lichet
ISBN
: 97
8-2-
8399
-237
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