c. lambelet-haueter, c. schneider et r. mayor · 2016. 10. 17. · inventaire des plantes...

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Inventaire des plantes vasculaires du canton de Genève avec Liste Rouge C. Lambelet-Haueter, C. Schneider et R. Mayor Conservatoire et Jardin botaniques de la Ville de Genève – 2006

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  • Inventaire des plantes vasculairesdu canton de Genève avec Liste RougeC. Lambelet-Haueter, C. Schneider et R. Mayor

    Conservatoire et Jardin botaniques de la Ville de Genève – 2006

  • Photos de couverture:

    1) Fumana procumbens, D. Aeschimann

    2) Gentiana ciliata, D. Aeschimann

    3) Gentiana germanica, D. Aeschimann

    4) Gratiola officinalis, C. Lambelet-Haueter

    Photo page 4 de couverture: le bassin genevois vu des Pitons (Salève), D. Aeschimann

    Photos intérieures:

    D. Aeschimann, photos 1, 6, 7, 8, 11, 12, 13, 21

    C. Lambelet-Haueter, photos 2, 3, 4, 5, 10, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20

    C. Latour, photo 9

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  • Inventaire des plantes vasculairesdu canton de Genève avec Liste Rouge

  • Directeur :

    Pierre-André Loizeau

    Rédacteur des publications:

    Patrick Perret

    Rédacteurs de ce volume:

    Catherine Lambelet-Haueter & Patrick Perret

    Réalisation technique:

    Gérard Schilling

    ISBN: 2-8277-0116-2

    Publication hors-série no 10

    © CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES DE GENÈVE 2006

    Editions des Conservatoireet Jardin botaniques

  • CONSERVATOIRE ET JARDIN BOTANIQUES DE LA VILLE DE GENÈVE – 2006

    Inventaire des plantes vasculairesdu canton de Genève avec Liste Rouge

    Catherine Lambelet-Haueter, Christian Schneider et Romain Mayor

    avec la collaboration de: Andreas Gygax, Philippe Juillerat, Frédéric Reverchon, Mathias Vust et Nicolas Wyler

    en coordination avec Bertrand von Arx, conservateur de la nature et du paysage, DNP

    Préface de Pierre-André Loizeau et Gilles Mulhauser

    Avant-propos de Bertrand von Arx

  • 1 – Corydalis solida: cette espèce représente unexemple de l’occurrence des orophytes en plaine.Considérée disparue pour l’ouest de la Suisse(Plateau), elle a toujours été rare à Genève etn’occupe que 3 localités actuellement.

    2 – Ludwigia palustris: espèce thermophiletrès rare, répandue dans les marais, les eauxtranquilles, les fossés (Nanocyperion), endanger critique d’extinction dans toute laSuisse. Disparue du temps de Weber, a étéretrouvée récemment en bordure d’un étang.Localité cependant fragile.

    3 – Dactylorhiza incarnata: lorsque leur milieuse raréfie, les espèces disparaissent d’autantplus rapidement que les phénomènes d’hybri-dation sont importants, comme chez les orchi-dées. Les deux à trois derniers exemplaires dece taxon se situent à l’extrémité de l’enclavede Céligny. La seule autre localité connueà Genève est occupée en fait par un hybrideavec D. majalis.

    4 – Laserpitium prutenicum: espèce en dangerdans toute la Suisse, également à Genève avecune perte moyenne de 70% des localités depuisl’époque de Reuter. Attribuée auxMolinion,on la trouve surtout à Genève sur les prairiesmaigres argileuses (Tetragonolobo-Mesobro-mion), milieu menacé en constante diminution.

    5 – Lathyrus aphaca: espèce ségétale archéo-phyte des sols calcaires (Caucalidion), en dangercritique d’extinction dans toute la Suisse.Réfugiée à Genève dans deux à trois localités(ourlets, lisières) où sa survie est très aléatoire(ne supporte pas la concurrence).

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  • Préfacede Pierre-André Loizeau et Gilles Mulhauser ................................................................ 5

    Avant-proposde Bertrand von ArxDe l’utilité d’une Liste Rouge pour la protection de la flore genevoise ............................................. 7

    Résumé/Abstract .................................................................................................................. 13

    1 Introduction .......................................................................................................................... 14

    2 Remerciements ..................................................................................................................... 15

    3 Méthodologie3.1 La flore du canton: élaboration d’une liste des taxons.............................................. 16

    3.1.1 Dition ................................................................................................................ 163.1.2 Histoire des recherches floristiques dans le canton et ses environs.................. 163.1.3 Liste des taxons: nomenclature, origine ........................................................... 20

    3.2 Les catégories de menace ............................................................................................ 243.2.1 Les critères UICN ............................................................................................. 243.2.2 Méthode suivie pour l’attribution des catégories de menace............................ 25

    3.3 Rubriques supplémentaires ......................................................................................... 303.3.1 Source du taxon ................................................................................................ 303.3.2 Epoque d’introduction ...................................................................................... 343.3.3 Epoque de la première observation................................................................... 353.3.4 Statut de naturalisation ..................................................................................... 363.3.5 Fréquence actuelle du taxon ............................................................................. 363.3.6 Evolution des effectifs des populations ............................................................ 37

    4 Liste Rouge ............................................................................................................................ 41

    5 Liste des taxons non évalués ............................................................................................... 67

    6 Résultats et discussion6.1 Résultats généraux....................................................................................................... 856.2 Taxons menacés ........................................................................................................... 866.3 Epoque d’introduction................................................................................................. 906.4 Epoque de la première observation ............................................................................. 916.5 Statut de naturalisation ............................................................................................... 936.6 Evolution de la flore .................................................................................................... 946.7 Conclusion ................................................................................................................... 95

    Bibliographie .............................................................................................................................. 99

    Annexe: commentaires sur un choix de taxons ..................................................................... 103

    Table des matières

  • .

  • Biodiversité: le mot magique de ce début de siècle semble contenir tous les enjeux et toutesles inquiétudes des citoyens sensibles à l’environnement.

    Pourtant, s’appuyer sur cette notion pour protéger l’environnement n’est pas chose aisée.Car la notion de biodiversité n’est pas une valeur absolue. Elle ne se mesure pas simplement àl’aide de quelques chiffres rapidement collectés par une observation isolée. Au contraire, c’estune notion relative. L’état des connaissances actuelles ne permet pas aux scientifiques d’affirmerde façon définitive à travers une observation unique si une diversité de tant d’espèces au mètrecarré dans un type de milieu donné est une bonne chose ou non.

    C’est plutôt l’évolution de la biodiversité qui autorise les scientifiques et les gestionnairesà donner des indications sur la valeur écologique d’un milieu. Il est nécessaire pour cela decomparer des observations effectuées à des époques différentes dans une région bien définie.La Liste Rouge présentée dans cet ouvrage a la grande force de s’appuyer sur plus de 170 ansd’observations effectuées dans le canton de Genève. Aux premiers catalogues de 1832 et 1861et aux quelques inventaires qui suivirent s’ajoutent les récoltes d’échantillons effectuées pendanttoutes ces années et déposés actuellement dans l’herbier des Conservatoire et Jardin botaniquesde la Ville de Genève (CJB).

    Ces «vieux» échantillons souvent recouverts de poussière dans l’imagerie populaire seretrouvent ainsi propulsés à la pointe de l’actualité. Les grandes questions du monde modernetrouvent des réponses dans le «foin» des herbiers et dans les inventaires «ringards» aux yeux decertains dirigeants de la politique scientifique.

    Par ailleurs, cette Liste Rouge n’aurait pas pu voir le jour sans l’énorme travail récentd’inventaire par carré kilométrique effectué par de nombreux bénévoles encadrés par desbotanistes confirmés. Il faut ici remercier particulièrement la Société botanique de Genève,initiatrice du projet au début des années 1990 sous la présidence du Prof. Rodolphe Spichigeret la direction du Dr Jean-Paul Theurillat, avec l’appui des Conservatoire et Jardin botaniques etdu WWF-Genève. Ce travail a été complété dès l’an 2001 par un inventaire des espèces raresmandaté par le Domaine Nature et Paysage (DNP) et soutenu par les CJB et le Centre du RéseauSuisse de Floristique (subventionné par la Confédération et basé aux CJB).

    A l’heure où l’on se demande si l’Homme n’est pas en train de provoquer la sixième extinctionmassive des espèces (les cinq autres ont été repérées par les paléontologues dans les couchessédimentaires remontant aux 600 derniers millions d’années), il est urgent de redonner à la sciencede l’observation des organismes dans leur milieu des moyens qu’elle a perdu au profit de larecherche sur l’infiniment petit.

    Pour cela, la collaboration entre le DNP et les CJB montre l’exemple des relations obligatoiresentre l’analyse scientifique et les besoins du gestionnaire, et nous nous engageons tous deux à cequ’elle se poursuive encore longtemps dans cet état d’esprit.

    Pierre-André LoizeauDirecteur des Conservatoire et Jardin botaniquesDépartement des affaires culturellesVille de Genève

    Gilles MulhauserDirecteur du Domaine Nature et PaysageDépartement du TerritoireRépublique et Canton de Genève

    Liste Rouge Genève 2006 – 5

    Préface

  • Dans le cadre de sa mission de surveillance de l’état de la nature genevoise, le DomaineNature et Paysage (DNP) s’est trouvé confronté au besoin croissant d’un inventaire de la floregenevoise et d’une Liste Rouge des espèces menacées au niveau cantonal. En effet, le règlementcantonal pour la protection de la flore, entré en vigueur en 1995, a montré ses limites et le manqued’informations a parfois empêché la mise en œuvre d’actions de conservation. Enfin, ces listessont également nécessaires dans notre souci d’engager les ressources disponibles d’une manièreefficiente sur des bases factuelles.

    Le DNP a ainsi mandaté les Conservatoire et Jardin botaniques de la Ville de Genève (CJB)en collaboration avec le Centre du Réseau Suisse de Floristique (CRSF) afin qu’ils réunissent,complètent et analysent les informations en leur possession.

    Cette Liste Rouge représente un instrument important pour la protection de la nature,notamment en matière de mise en priorité des actions et comme base de travail pour le suivi desactions de conservation. Elle a aussi une portée de monitoring général de la biodiversité. D’autrepart, elle constitue un levier efficace pour la conservation des espèces, particulièrement en mettanten évidence l’importance de la conservation de telle ou telle plante menacée. La connaissance desstations pour chacune des espèces menacées représente pour l’autorité un apport substantiel dans lecadre d’une planification active et durable. Enfin, la Liste Rouge permet d’évaluer plus précisémentles compensations à mettre en place lors de projets risquant de prétériter la survie d’une ouplusieurs espèces de la liste.

    D’une manière générale, ces Listes Rouges indiquent d’abord le degré de menace de chaqueespèce de plante présente dans un territoire donné. Mais pour cela, il est nécessaire de posséderun état initial afin de pouvoir comparer les relevés subséquents et observer l’augmentation oula diminution des populations. Dans notre cas, bien qu’il s’agisse de la première Liste Rougecantonale, donc a priori de cet état initial, nous avons la chance de posséder un historique importantde relevés. Ceux-ci, publiés par de nombreux botanistes et naturalistes ou déposés dans l’herbierdes CJB de réputation mondiale, nous donnent des repères dans le temps en termes d’échantillonsde référence et cela depuis plus de 200 ans.

    L’établissement de la situation des espèces à un moment donné sur un territoire donné permetensuite de réaliser le suivi biologique des mesures de protection de la nature en observant lescauses et l’évolution des menaces qui pèsent sur les espèces et la diversité biologique en général.De plus, la Liste Rouge constitue une étude de base disponible pour l’aménagement du territoireen localisant les emplacements des espèces les plus menacées afin de garantir la conception deprojets les plus respectueux possibles de la biodiversité.

    Enfin, en tant que source de données et outil de coordination, les Listes Rouges renforcentla collaboration internationale en matière de protection de la nature. Elles permettent d’informerla population sur l’état et l’évolution de la biodiversité, d’indiquer les besoins en matièrede recherche et de donner des recommandations aux divers acteurs de la protection de la nature.

    Au niveau national, les Listes Rouges sont formellement inscrites dans l’ordonnance sur laprotection de la nature et du paysage depuis 1991. On s’y réfère particulièrement pour désignerdes biotopes dignes de protection. La Conception Paysage suisse contient deux objectifs sectoriels:(a) que l’influence de l’homme sur la nature et le paysage se fasse de manière à ce qu’aucuneespèce supplémentaire ne doive être introduite sur les Listes Rouges; (b) que les espèces menacées,ainsi que leur habitat, soient conservés de telle façon qu’aucune espèce ne doive être classée dansune catégorie de menace supérieure, et que le nombre d’espèces sur les Listes Rouges puisse êtrediminué de 1% par année.

    Liste Rouge Genève 2006 – 7

    Avant-propos

    De l’utilité d’une Liste Rouge pour la protection de la flore genevoise

    Bases légales

  • Au niveau cantonal, le DNP est légalement responsable de la conservation de la flore. Il apour mission de préparer la stratégie cantonale et de faire réaliser les mesures nécessaires avecl’aide des partenaires concernés. C’est aussi le DNP qui octroie les autorisations touchant auxprélèvements et réintroductions de plantes dans le canton. Certaines espèces de la flore sontprotégées selon la liste de l’ordonnance sur la protection de la nature et d’autres selon un règlementcantonal sur la protection de la flore datant de 1995. L’évolution des connaissances a rendu cettedernière liste incomplète et la présente Liste Rouge cantonale définira les espèces nécessitantprotection. Par ailleurs la mise à jour en cours du règlement cantonal pour la protection dessites, milieux naturels et de la flore fait référence à cette Liste Rouge cantonale pour identifierles espèces à protéger. Ainsi cette Liste Rouge cantonale, régulièrement mise à jour, remplacela liste statique annexée au règlement et deviendra un instrument dynamique de protection de laflore locale, faisant foi du point de vue légal.

    Finalement, la préparation du chapitre «Nature et paysage» dans les études d’impact envi-ronnementales (EIE) ou les plans directeurs communaux ou sectoriels recquièrent égalementdes outils comme cette Liste Rouge afin de pouvoir évaluer les impacts prévisibles d’un projet etd’en quantifier les compensations nécessaires. De même, les préavis formulés par le DNP dans lecadre des procédures légales pourront être plus précis grâce aux informations contenues dansla Liste Rouge.

    Le document produit par les experts botanistes des CJB vise au moins deux objectifs: d’abordet avant tout, répertorier toutes les espèces de la flore ayant été observées dans le canton de Genèvedepuis la fin du XVIIIe siècle, mais aussi, dresser un état de santé de la flore cantonale en 2006.

    L’inventaire ne se contente cependant pas de faire l’énumération brute des informations.Il nous apprend quelles espèces ont probablement toujours existé, lesquelles sont apparues et àquelle époque, lesquelles ont disparu et finalement quelles sont celles qui peuplent actuellementnotre canton. L’exercice est d’autant plus utile que c’est une première. Ainsi, on sait maintenantqu’environ 45% des espèces suisses sont présentes à Genève, canton dont la surface ne couvreque 0,7% du territoire helvétique. D’autre part, on apprend aussi que la diversité en espèces estgrande, mais qu’il s’agit trop souvent de très petites populations, ce qui se traduit par un fortpourcentage d’espèces menacées à l’échelle cantonale.

    Mais pourquoi une Liste Rouge genevoise s’il en existe déjà une pour la Suisse entière?Ramener l’analyse de la menace pesant sur les espèces à l’échelle cantonale permet de mieuxtenir compte des spécificités locales, notamment en ce qui concerne les milieux présents surnotre territoire. Ainsi, les espèces non menacées au niveau national, liées à des milieux (encore)bien représentés d’une manière générale en Suisse, seront identifiées comme menacées à Genèvesi ces mêmes milieux ont quasi disparu du canton. De même, l’évaluation des espèces en limitede distribution géographique sera plus précise à une échelle plus petite. Enfin, de nombreusesespèces figurant dans la Liste Rouge nationale n’existent pas à Genève et biaisent les estimationsstatistiques en mettant la priorité sur des espèces inexistantes chez nous.

    L’inventaire est aussi utile dans la problématique de la gestion des espèces exotiques envahis-santes (néophytes). D’une part on observe que de tout temps des espèces sont arrivées chez nous,mais d’autre part que certaines de ces espèces ont depuis peu la fâcheuse tendance à se multiplierjusqu’à éliminer leurs congénères indigènes avec l’influence négative sur la biodiversité que l’onpeut deviner, … sans parler des problèmes liés à la santé humaine dans certains cas.

    Pourquoi un inventaire desespèces genevoises et une ListeRouge genevoise?

    8 – Liste Rouge Genève 2006

  • En Suisse, la Liste Rouge des fougères et plantes à fleurs menacées au niveau nationaléditée en 2002 par l’Office fédéral de l’environnement (OFEV) attribue un degré de menace pour31,5% des 3144 taxons suisses, 50 espèces sont même considérées comme éteintes dans le pays!A celles-là s’ajoutent 13,6% d’espèces qui sont potentiellement menacées. Il est donc inquiétantde conclure qu’à peine plus de la moitié des espèces en Suisse ne sont pas considérées commemenacées. A noter au passage qu’il est important de répertorier et protéger également les espèceséteintes, notamment pour garder la trace d’un patrimoine qui a heureusement toujours le potentiel,certes plus ou moins grand, de ressurgir!

    On relèvera d’emblée que les taxons de la Liste Rouge nationale sont présents dans toutesles régions et tous les types de milieux de la Suisse, avec toutefois une menace plus importantesur les espèces du Plateau. Du point de vue des milieux, ce sont les plantes aquatiques, ainsi quecelles qui poussent dans les marais et les prairies maigres qui sont les plus menacées. Les espècesde forêt, de montagne et des prairies grasses présentent un degré de menace moins marqué.

    La comparaison ultérieure des deux Listes Rouges cantonale et fédérale permettra de vérifierau niveau du Bassin genevois les hypothèses faites au niveau du pays portant sur la menacede certaines espèces en fonction de leur appartenance à certains milieux. Une fois les causesdes menaces établies à travers l’identification des espèces menacées, les actions pourront êtremieux ciblées.

    La cueillette de plantes emblématiques a probablement eu une importance dans la raréfactionde certaines espèces – voyez certaines orchidées – mais il semble que de nos jours la prise deconscience de la valeur de certaines d’entre elles les protège, tout au moins sous nos latitudes…

    Par contre, on reconnaît communément comme principale cause du recul ou de la disparitiondes plantes l’altération des milieux naturels, comme par exemple le drainage de zones humides.

    S’agissant des milieux les plus touchés, les zones humides et les prés secs ont particulièrementsouffert, soit de l’intensification, soit inversement de l’abandon de certaines pratiques agricolesextensives comme le pastoralisme, à l’origine de nombreux milieux anthropogènes. La dépriseagricole sur les terrains marginaux exerce une influence négative sur la flore qui est associée àces milieux. En effet, la tendance naturelle des milieux ouverts à s’embroussailler et à devenirde la forêt nécessite une intervention régulière sous forme de fauche ou de pâturage de la part del’homme pour les maintenir en l’état. Autrefois, les accidents naturels, comme les inondationsou les feux de forêt, étaient plus fréquents et assuraient une rotation de ces milieux en recréantailleurs ceux qui disparaissaient par la dynamique naturelle.

    La correction des cours d’eau et les aménagements peu judicieux des rives ont égalementporté un coup fatal à de nombreuses populations de plantes liées aux zones humides dans notrecanton. Heureusement, grâce à la volonté populaire relayée par le politique de renaturer les coursd’eau genevois et leurs rives, cette menace semble être en régression. Cependant, de nouveauxdéfis surgissent avec la nécessité de restaurer aussi la qualité des eaux (certaines espèces souffrentde l’excès de nutriments dans l’eau) et d’ajuster les régimes hydriques. Il est ainsi important deretrouver des fluctuations saisonnières qui favorisent un cortège spécifique de plantes devenuesrares, tout en corrigeant les extrêmes en matière de quantité d’eau lors de crues trop fortes oud’étiages trop sévères.

    La situation en Suisse

    Les causes du reculde la diversité des espècesà Genève

    Liste Rouge Genève 2006 – 9

  • Une autre cause plus insidieuse touche les milieux de transition qui disparaissent peuà peu de par la banalisation du paysage, comme le comblement et la suppression de petites structures«inutiles». Cet isolement des habitats naturels s’oppose aux flux génétiques entre les populations.Heureusement, la dynamique actuellement en place, notamment sur la zone agricole par l’établisse-ment de réseaux agro-environnementaux, semble inverser cette tendance grâce à la recréation detout un chapelet de surfaces naturelles diverses, ceci dans le cadre de l’application de la politiqueagricole.

    Enfin, l’invasion récente de certains milieux par des espèces exotiques est une nouvellemenace à ne pas négliger et dont les effets sont déjà bien visibles dans les milieux les plussensibles.

    La biodiversité floristique de nos habitats naturels du canton dépend de la survie des popu-lations de plantes adaptées à notre micro-climat et aux conditions environnementales locales.Leur protection et celle de la variation génétique au sein de chaque espèce sont donc importantespour la conservation des plantes et de leur habitat. De plus, les zones à haute biodiversité du canton,régions xériques du Sud-Ouest du canton, zone agricole, gravières ou bocages traditionnels, sontaussi des endroits prisés pour l’établissement d’activités anthropiques intensives générées parl’agriculture et l’industrie. Il en résulte un schéma de développement et d’utilisation de la terrequi entre en compétition directe avec les habitats naturels. Il est donc important de pouvoir préciserclairement les priorités au niveau des espèces et des milieux à sauvegarder et de la localisation, lecas échéant, de sites de réintroduction.

    La conservation de la flore au niveau cantonal sera formalisée par un plan d’action globalse déclinant en détail pour chaque espèce concernée. Il représente l’outil principal qui établit àla fois la stratégie cantonale globale et les mesures de détail lors des interventions sur le terrain.

    La stratégie globale est définie à la fois sur le résultat d’expériences antérieures, sur l’analysedes espèces menacées et sur l’identification des causes. Ensuite, chaque espèce retenue dans uneliste prioritaire est analysée pour elle-même et les actions spécifiques déterminées. La cartographiedes stations connues permet d’intervenir sur chaque site concerné et le cas échéant de faciliter laprospection de sites propices à une éventuelle réintroduction. Lorsqu’une population est présentedans un site protégé, le plan de gestion de la réserve naturelle intègrera les mesures à mettre enplace précisées dans le cadre du plan d’action.

    La conservation des populations dans leurs habitats est évidemment largement prioritaire,puisque l’expérience montre qu’il est plus facile et moins onéreux de conserver ce qui existeencore que de recréer de nouvelles stations. Pourtant la réflexion s’étend également sur l’aspectex-situ, à savoir la conservation en dehors du site naturel. On évaluera notamment la pertinencede récolter des plantes ou des semences pour une mise en culture ou un stockage en banque degraines.

    Le plan d’action se compose donc de trois niveaux de lecture: la stratégie cantonale, l’aspectspécifique et les fiches de mesures pour chaque espèce. Il est en voie de rédaction et formalisera lesinterventions nécessaires, les priorités et les moyens nécessaires. Il définira aussi les ressources àprévoir pour garantir la conservation de la biodiversité selon les critères de la Conception paysageSuisse.

    Comment protéger les plantes?

    Le plan d’action

    10 – Liste Rouge Genève 2006

  • En se basant notamment sur les facteurs de menace fournis par la Liste Rouge cantonale, uneliste des espèces prioritaires doit encore être établie. Plusieurs critères seront utilisés, notamment lesprotections déjà en vigueur, l’existence d’autres plans d’action au niveau régional (Coordinationromande de la protection de la flore, Projet transfrontalier Interreg) et d’autres informationsfournies notamment par la Commission pour la Conservation des espèces sauvages (CPS) de laConfédération. Le rôle que doit jouer la Suisse au niveau international pour la conservation de telleou telle espèce est également intégré. Il est prévu que cette liste également élaborée aux CJB servede support pour la consolidation des plans d’action des espèces concernées.

    Lorsqu’on analyse les résultats de la présente Liste Rouge, il ne fait aucun doute que laprotection des espèces, ainsi que la protection et la bonne gestion des biotopes, sont aujourd’huiencore plus d’actualité qu’auparavant.

    Notre flore est digne de protection non seulement pour des raisons d’éthique (ou encored’esthétique), mais surtout pour son rôle prépondérant dans l’environnement naturel de l’homme.Ce n’est que dans un milieu intact, composé d’écosystèmes interconnectés, dont l’équilibre estassuré par la présence de nombreuses espèces différentes, qu’un développement économiqueet culturel acceptable pour tous doit être envisagé à long terme.

    La diversité végétale joue aussi un rôle de révélateur de l’état de l’environnementde l’Homme. Ainsi certaines espèces servent de bioindicateurs (par exemple indication deschangements climatiques ou de certains facteurs environnementaux). Et nombre d’entre elles ontun potentiel économique (plantes alimentaires, médicinales ou utilitaires) qui reste encore àdécouvrir, même sous nos latitudes.

    Le règlement cantonal pour la protection de la flore en vigueur est actuellement en révision àcet effet. Plusieurs notions nouvelles, provenant notamment de la Loi fédérale sur la protectionde la Nature (LPN) y ont été intégrées. La Liste Rouge y jouera un rôle central, puisque ce serontles degrés de menace établis dans cette liste qui serviront à définir les espèces qui seront protégées.

    Afin de pouvoir contrer les menaces qui pèsent sur les espèces et intervenir de manièrecohérente, les autorités exécutives doivent pouvoir disposer à tout moment des informations lesplus récentes comprenant les indicateurs de priorités, tant au niveau des espèces indigènes quedes espèces envahissantes. Ainsi des données récentes concernant la biologie, la distribution et lepotentiel de propagation des espèces néophytes sont également nécessaires afin de pouvoir réagirà temps face à cette menace pour la flore indigène.

    Cependant, ces efforts devront être renforcés au niveau régional car de nombreuses popula-tions possèdent des réservoirs en France voisine avec laquelle nous partageons près de 90%de nos 100 km de frontière. Il serait donc souhaitable de pouvoir étendre le travail effectué surle canton pour établir une liste des plantes de toute la cuvette genevoise et sa Liste Rouge. Lesprotections et la gestion pourraient alors se mettre en place d’une manière coordonnée de part etd’autre de ce trait virtuel sur le terrain que représente la frontière politique.

    Conformément aux recommandations de l’UICN, le canton prévoit de réviser régulièrement sesListes Rouges disponibles. La périodicité de dix ans semble un objectif raisonnable, pour autant queles ressources nécessaires puissent être mises en oeuvre. Afin de continuer à pouvoir bénéficier desinformations récentes, il est important que soient soutenus des organismes comme les CJB ou leCRSF, ce dernier centralisant toutes les informations floristiques au niveau national. Le réseau actuelde collaborateurs bénévoles ou non qui fournissent des informations au CRSF est de première impor-tance. Néanmoins cet effort n’est pas suffisant. Il est indispensable de pouvoir compter sur tous lesprojets de gestion de la biodiversité (plan de gestion, plan d’action et autres cartographies) et sur l’in-tégration du plus grand nombre possible de sources de données.

    Les espèces prioritaires

    Perspectives

    Liste Rouge Genève 2006 – 11

  • Et pour accomplir toutes ces tâches, il est nécessaire de pouvoir disposer à long terme dupersonnel qualifié en encourageant et en soutenant la recherche et la formation dans ce domaine.

    L’édition 2006 de la Liste Rouge cantonale des plantes vasculaires du canton de Genève neconstitue que la fin d’une étape. Il est important que l’effort de collecte d’informations récentessur la distribution et les menaces qui pèsent sur les espèces indigènes soit poursuivi sans relâche.

    Des ressources devront être assurées pour accomplir cette tâche.

    Cette Liste permet aussi un suivi de la situation actuelle. Il s’agit maintenant d’analyserplus avant les solutions à mettre en œuvre pour juguler l’érosion de cette biodiversité. A ce titre,la liste des espèces prioritaires sera le prochain outil incontournable pour préciser une allocationjudicieuse des ressources à disposition.

    Parce que les plantes sont la base de la vie, il est de notre devoir de préserver la diversitébiologique de ce patrimoine, de le transmettre aux générations futures. Chaque plante recèledes potentiels alimentaires, médicamenteux, des souches possibles de résistance aux maladies descultures… A tous ces titres, elles sont un véritable puits de richesses patrimoniales et économiques.Enfin, protéger les plantes, c’est protéger les écosystèmes nécessaires à la survie de l’Homme. Pourtoutes ces raisons, les plantes sont indispensables à l’avenir de l’humanité et le canton de Genèvedoit participer activement à cette démarche commune et globale.

    Bertrand von Arx

    Conservateur de la nature et du paysage, Domaine Nature et PaysageDépartement du TerritoireRépublique et Canton de Genève

    12 – Liste Rouge Genève 2006

  • Cet ouvrage présente les 2061 taxons de plantes vasculaires signalés au moins une foisentre la fin du XVIIIe siècle et 2005 dans le canton de Genève (Suisse). La Liste Rouge propre-ment dite regroupe 1246 taxons avec leur catégorie de menace, 815 taxons, majoritairement destaxons non naturalisés, n’ayant pas été évalués. Outre l’indication du degré de menace en Suisse, àl’ouest du Plateau et à Genève, plusieurs données sont ajoutées pour une meilleure compréhensiondu statut de chaque taxon: époque d’introduction, époque de la première observation, statut denaturalisation, fréquence actuelle et évolution des effectifs. La méthodologie retenue pour le choixdes taxons, leur évaluation et l’attribution de la catégorie de menace (UICN) est décrite en détail.Une liste de commentaires concernant 277 taxons est également disponible en annexe.

    Les résultats concernant la flore évaluée montrent que 158 taxons (13%) ont disparu ducanton, dont 137 indigènes et archéophytes. Les taxons menacés représentent un quart de la flore,soit 327 taxons, dont 156 (soit 48% de la flore menacée) sont en danger critique d’extinction.37 taxons sont potentiellement menacés et 24 sont simplement rares. La flore de Genève tendà se polariser entre deux catégories: les espèces peu concernées (une moitié des effectifs) etles espèces très menacées (un cinquième de la flore). Au point de vue quantitatif, les pertes ontété compensées par les gains sauf durant la période de 1860 à 1940, avec une perte sèche d’unequarantaine de taxons. Au point de vue qualitatif, les espèces des milieux sensibles et menacés(milieux humides, rives des cours d’eau et du lac, sols sableux, milieux maigres et secs) ontdisparu ou sont menacées actuellement, alors que les espèces introduites – banales, ubiquistesvoire envahissantes – sont en revanche toujours plus nombreuses.

    This work sets out 2061 vascular plant taxa recorded at least once between the end of the 18th

    century and 2005 in the Canton of Geneva (Switzerland), while the Red Data List proper enumerates1246 taxa and their threat status. 815 of the taxa recorded, mostly non-naturalised, were not takeninto account. The threat menace for the Canton of Geneva and the west of the Plateau area ofSwitzerland is given. Further criteria, i.e. date of introduction, date of first sighting, classificationas native, current frequency and increase or decrease in numbers, offer a better understanding ofthe status of each taxon. Methods used for the selection of taxa, for their assessment andtheir classification into threat categories (IUCN) are described in detail. Comments on 277 taxaare appended in an annex.

    Of the flora assessed, results show that 158 taxa (13%) can now be considered extinct in theCanton. 137 of these are native or archaeophytes. Endangered taxa make up one quarter of the floraassessed, i.e. 327 species, of which 156 (48% of the vulnerable flora) are critically endangered.37 taxa are endangered and 24 are rare. The Genevan flora tends to fall into two categories: specieswhich are not affected (half of them) and critically endangered species (one fifth). Numerically,losses have been offset by gains except during the period from 1860 to 1940, when there was a lossof 40 taxa. Qualitatively, species of vulnerable and endangered habitats (wetlands, river and lakebanks, sandy soils, dry and poor habitats) have disappeared or are currently threatened, while intro-duced species – commonplace, ubiquitous, even invasive – are on the other hand ever increasing.

    Liste Rouge Genève 2006 – 13

    Abstract

    Résumé

  • La nécessité de disposer d’une Liste Rouge pour le canton de Genève a été illustréepar les résultats de la cartographie floristique entreprise dans le canton et la meilleure connaissancede la répartition des espèces qui en est résultée (LATOUR, 2005). L’augmentation constante despertes en milieux et en espèces que les naturalistes constatent chaque année a été ainsi confirmée.L’urbanisation constante du canton exerce en effet une pression toujours accrue sur la végétationdans une région connue au XIXe siècle pour sa grande diversité floristique.

    Dans le cadre du secteur Conservation et protection de la nature créé en 2000, lesConservatoire et Jardin botaniques (CJB) ont eu très vite la volonté de profiter des connaissancesacquises pour établir une Liste Rouge des taxons menacés du canton de Genève. Il s’agissait depréciser la répartition et l’abondance des taxons, ainsi que la menace qui pèse sur eux.

    La démarche des CJB a rejoint la volonté du Domaine Nature et Paysage (Départementdu Territoire de l’Etat de Genève) de s’engager plus avant dans la connaissance des espècesmenacées du canton. Ce service a participé au financement des travaux nécessaires pour repérersur le terrain les espèces considérées comme rares et pour élaborer cette Liste Rouge. Le DNPveut en effet disposer des connaissances nécessaires pour assurer la gestion des espèces les plusmenacées sur la base d’une démarche rationnelle et bien définie. Une collaboration fructueuseentre les deux services en est issue.

    L’ouvrage que l’on peut consulter aujourd’hui est donc le résultat de cette collaboration.Il présente de manière générale la liste des taxons de plantes vasculaires signalés ou récoltés dela fin du XVIIIe siècle à 2005, en quelque sorte la flore «historique» du canton. La Liste Rougeproprement dite regroupe uniquement les taxons dont il est pertinent d’évaluer le risque d’extinction.

    Cette liste ne constitue évidemment pas un produit fini, mais permet une premièreapproche, la plus précise possible, du degré de menace pesant sur les différentes espèces. Elledevrait à l’avenir constituer un outil de base pour la sauvegarde des espèces menacées (élabo-ration de plans d’action) et l’entretien de leurs milieux (élaboration de plans de gestion), ainsiqu’une aide précieuse pour la hiérarchisation des priorités.

    14 – Liste Rouge Genève 200614 – Liste Rouge Genève 2006

    1. Introduction

    6 – Erythronium dens-canis: unedes espèces emblématiques ducanton de Genève, qui se situe à lalimite de son aire de répartition.Vulnérable, elle est menacée dansses dernières stations naturellespar la densification du couvertforestier.

    6

  • Cet inventaire est issu de l’engagement de très nombreuses personnes qui ont œuvré surle terrain ces 15 dernières années, ainsi que du travail passé de très nombreux botanistes.La somme de travail de toutes ces personnes a constitué un énorme investissement, souventbénévole et désintéressé.

    Nous tenons donc à remercier très sincèrement toutes celles et ceux qui ont collaboré deprès ou de loin, dans le présent ou le passé, à la collecte d’informations sur la flore du canton.Nous voulons citer ici plus particulièrement les personnes qui ont collaboré très directement àl’élaboration de cette publication, en étant conscients que nous ne pouvons mentionner toutes lespersonnes concernées:

    Au DNP (Domaine Nature et paysage): son directeur Gilles Mulhauser ainsi que le conser-vateur de la nature Bertrand von Arx, responsable de l’application des tâches cantonales enmatière de conservation de la flore, pour le mandat reçu en vue de l’élaboration de cette ListeRouge, ainsi que pour leur disponibilité et leur soutien.

    Aux CJB (Conservatoire et Jardin botaniques): leur ancien directeur Rodolphe Spichiger etleur directeur Pierre-André Loizeau pour leur soutien et la relecture du texte, David Aeschimannpour la mise à disposition de ses photographies, André Charpin pour les vérifications d’échantillonsdouteux dans l’herbier G, Nicolas Fumeaux pour son aide si efficace dans la recherche d’échan-tillons d’herbier, Fernand Jacquemoud pour ses indications sur l’inventaire des secteurs genevoisde l’Atlas de Welten & Sutter, Daniel Jeanmonod pour la relecture du texte, Patrick Perret et GérardSchilling pour le travail d’édition.

    Au CRSF (Centre du réseau suisse de floristique): son directeur Beat Bäumler pourl’extraction de données de la BD générale et sa disponibilité pour de nombreuses questions sur laflore suisse, de même que pour sa collaboration à l’inventaire des espèces rares du canton, ainsique ses collaborateurs.

    A la Société botanique de Genève: les bénévoles ayant participé à la cartographiefloristique qui nous ont ensuite activement soutenus en nous communiquant leurs souvenirsde terrain: Cyrille Latour et Jean-Paul Theurillat, les responsables du projet, Patrick Charlier,Patricia D’Amico, Laurent Gautier, Michel Gremaud, Michel Grenon, Elisabeth Hartmann, PaulMuller, Marie-Madeleine Toni, Julie Warrillow. Nous remercions également Patrick Charlierpour la relecture du texte et Julie Warrillow pour la traduction anglaise du résumé.

    Au Botanisches Museum de Berlin, le Prof. H. Scholz pour la détermination des graminéesdifficiles, spécialement les Bromus sp.

    A ASTERS (Conservatoire des espaces naturels de Haute-Savoie): Denis Jordan, spécialistede la flore de Haute-Savoie, pour les vérifications d’échantillons douteux dans l’herbier G et larelecture du texte.

    A la HES de Lullier: Patrice Prunier pour la relecture du texte.

    Liste Rouge Genève 2006 – 15

    2. Remerciements

  • La dition de cette Liste Rouge est le canton de Genève dans ses frontières politiques, soit277 km2 lac compris (avec l’enclave de Céligny). Le point le plus bas du canton à Chancy (sortiedu Rhône) a une altitude de 338 m, le point le plus haut à Monniaz (près de Jussy) 521 m.

    Le canton compte 45 communes (unité chorologique chez WEBER, 1966). La cartetopographique de Genève au 50 000e compte 303 unités kilométriques dont la surface varieentre 9049 et 1000000 de m2 (LATOUR, 2005).

    Le canton de Genève est entièrement rattaché à la région MP1 (Plateau ouest) de lanouvelle subdivision biogéographique de la Suisse (GONSETH & al., 2001).

    Cette Liste Rouge tient compte des limites politiques de Genève. Il n’a pas été possibled’étendre dans ce cadre la dition à ses limites biogéographiques (bassin genevois), limites encoreà définir. Ceci nécessiterait un travail bien plus conséquent en collaboration avec nos voisinsfrançais et vaudois. Dans les commentaires sur les espèces, il est cependant parfois fait allusion àla situation dans les zones limitrophes.

    Les débuts des recherches floristiques

    Les activités des botanistes, au sens moderne du terme, ont débuté à Genève il y a plus dequatre siècles. Les premières herborisations dans la région de Genève datent de la deuxième moitiédu XVIe siècle avec Pierre Pena, Jacques Dalechamp, Dominique Chabrey, Jean Bauhin. Mais lapremière «flore» des environs de Genève est due à John Ray (RAY, 1673). Il s’agit d’un travailélémentaire portant sur trois mois d’herborisation, mais fruit d’un grand travail d’investigation(BURDET, 1974). Cet ouvrage n’a aujourd’hui qu’un intérêt purement historique mais il estintéressant d’y découvrir certaines mentions, comme la découverte au Salève d’Arabis scabraalors nouvelle pour la science, espèce qui a été découverte à Genève (et en Suisse) pour lapremière fois il y a 20 ans (THEURILLAT & AESCHIMANN, 1985). L’ouvrage de Ray, comme ceuxde beaucoup de «pré-linnéens», était cependant pratiquement tombé dans l’oubli à l’aube duXIXe siècle.

    Pendant un siècle et demi on ne recense plus aucune publication qui pourrait recevoir lenom de «flore», exceptions faites de certaines pages consacrées à la région genevoise par JohannGottfried Ebel (EBEL, 1805) ou Jean François Aimé Philippe Gaudin (GAUDIN, 1833), où l’onpeut découvrir par exemple que Sison amomum est déjà cité à cette époque comme une spécialitédu canton de Genève pour la Suisse. En 1830, dans un discours sur l’histoire de la botaniquegenevoise, A.-P. de Candolle déplore que les nombreux botanistes genevois, «nos pères, quiaimaient leur patrie», ne se soient pas plus consacrés à l’étude d’une flore régionale pourtantattractive (DE CANDOLLE, 1832).

    Les catalogues de George F. Reuter

    Le premier ouvrage donnant une liste complète des espèces recensées à Genève est publiédeux ans après le discours de De Candolle par George F. Reuter (REUTER, 1832, 2e éd. 1861). Ladition de REUTER (1861) n’est pas limitée aux frontières cantonales mais couvre toute la régionde Genève et ses environs. Il compte dans sa dernière édition environ 1850 espèces, mais ce chiffren’a pas grande signification d’après l’auteur lui-même. De son propre aveu, Reuter n’a pas puachever l’étude de la totalité des espèces de la région. On trouve dans cet ouvrage de précieusesindications sur la répartition des espèces et sur leur habitat, l’auteur ayant poursuivi sa prospec-tion de la région entre les deux éditions de son catalogue.

    Ces herborisations ont lieu durant l’époque de la destruction des remparts de Genève,commencée dès 1849. De nouveaux quartiers recouvrent les traditionnels fiefs botaniquesqu’étaient les Tranchées et les Pâquis. Le développement de la ville bat son plein. Les deuxéditions du catalogue attestent d’une évolution importante de la flore dans la zone périphériquede la ville, alors que l’on peut supposer que les campagnes plus éloignées sont en grande partiepréservées.

    16 – Liste Rouge Genève 2006

    3. Méthodologie

    3.1 La flore du canton:élaboration d’une listedes taxons

    3.1.1 Dition

    3.1.2 Histoire desrecherchesfloristiques dansle canton et sesenvirons

  • De Reuter aux années 1920

    La parution de l’ouvrage de Reuter a initié une période d’intense activité des botanistes dansle canton pendant plusieurs décennies comme en témoignent les nombreuses récoltes déposéesdans l’herbier de Genève (G) jusque vers 1910-1920 (fig. 1). Certaines zones sont alors plusfréquentées que d’autres. Les alentours de la ville d’alors (moulins et gares, lieux d’introduction), leBois de la Bâtie, le Bois de Bay, le Bois Chebé, le Bois des Frères, les Grands Marais de Sionnet,Rouelbeau, les marais de Troinex et Veyrier, les sables d’Aïre, le secteur Compesière et Bardonnex(prospecté par le très actif abbé Chavin) sont très parcourus. Bien connues également: les communesdes Trois Chênes, les berges de l’Arve, le secteur Bellevue, Genthod, Versoix (le long de la routesuisse). L’Allondon, Dardagny et Chancy sont parcourus plus sporadiquement. En revanche Jussyet les Prés-de-Villette, alors de simples prairies, Hermance, Anières sont peu prospectés. Aucunemise à jour du catalogue n’est cependant publiée au tournant du siècle malgré cette activité, à partun complément au catalogue (SCHMIDELY, 1884). C’est pourquoi les échantillons de l’herbier Gsont une source importante d’information sur cette époque.

    Le catalogue de Claude Weber

    Le deuxième ouvrage floristique ne paraît qu’un siècle plus tard, en 1966. Recensant plusde 2000 taxons, il est issu des travaux de Weber lors d’herborisations successives menées dès1941 dans le canton (WEBER, 1966). Ce catalogue regroupe donc des observations s’étendant surenviron 25 ans, ainsi que des recherches dans les herbiers de Genève et la littérature. Danscet ouvrage, Weber donne des indications phytosociologiques, historiques (elle a effectuéune recherche dans les herbiers), chorologiques (par commune) et sur le degré de naturalisation.A cette époque, Weber note que la flore a subi de grands bouleversements depuis l’époque deReuter (construction du barrage de Verbois, construction de l’aérodrome et de l’autoroute,exploitation intensive de gravières, modernisation de l’agriculture, endiguement des rives du lac,drainage des Grands Marais) avec des disparitions, des appauvrissements et des apparitionsd’espèces, en partie volontaires. Cependant son bilan est plutôt positif, car elle estime quel’ouverture sur le Plateau suisse et la Vallée du Rhône permet l’apport de nouvelles espècesqui compensent continuellement celles qui ont été perdues. Elle note cependant les pertesimportantes parmi la flore paludéenne et la flore messicole. Weber insiste sur le caractère dyna-mique de la flore (d’où le titre de son ouvrage) et précise que quelques espèces seulement sont envoie de disparition «étant limitées à une station unique dans le canton de Genève».

    Liste Rouge Genève 2006 – 17

    500

    400

    300

    200

    100

    0

    1790-99

    1800-09

    1810-19

    1820-29

    1830-39

    1840-49

    1850-59

    1860-69

    1870-79

    1880-89

    1890-99

    1900-09

    1910-19

    1920-29

    1930-39

    1940-49

    1950-59

    1960-69

    1970-79

    1980-89Fig. 1. – Nombre d’échantillons

    de l’herbier G par décennie(pour 188 taxons menacés).

  • BECHERER faisait déjà état en 1957 des importantes pertes subies par certains types de flore.Il mentionnait comme Weber la flore paludéenne des Grands Marais et la flore messicole, spéciale-ment celle des champs sablonneux. Il ajoutait la flore aquatique, la flore méridionale (se résumant àquelques restes dans la région de Chancy et de l’Allondon) et la flore littorale du lac (particulière-ment entre Genthod et Versoix). Il détaillait aussi certains gains et soulignait les importantesfluctuations observées depuis l’époque de REUTER (1832, 1861) et SCHMIDELY (1884).

    La publication des travaux de WEBER (1966) correspond à une certaine recrudescence desactivités de récolte (années 1940-1960) au vu des collections de l’herbier de Genève (fig. 1).Certains échantillons de cette époque ne sont d’ailleurs pas cités dans le catalogue dynamique.Il n’a cependant pas été possible de les inventorier en totalité dans le cadre de notre travail.

    L’Atlas de la flore suisse et le Centre du réseau suisse de floristique

    Seize ans plus tard paraît l’ouvrage de WELTEN & SUTTER (1982), bien connu de tousles botanistes suisses. Pour le recensement de la flore, un découpage en 593 secteurs (de 60à 100 km2 chacun) a été établi. Genève y est divisée en 3 secteurs (les secteurs 201 à 203).Le secteur 211 (qui englobe l’enclave de Céligny) et le secteur 204 (Petit Lac) ne sont quepartiellement genevois. Cet ouvrage, conçu pour une utilisation à l’échelle suisse, donne pourle canton de précieuses indications puisqu’on peut en extraire une liste floristique. Cette listeest cependant entachée d’erreurs qui ne permettent pas de tirer des conclusions certaines surl’évolution de la flore.

    Poursuivant le travail de WELTEN & SUTTER, le Centre du réseau suisse de floristique (CRSF)depuis sa fondation, en 1993, regroupe dans une base de données à l’échelle suisse toutes lesdonnées publiées ainsi que celles qui lui sont signalées. On peut y trouver de nombreuses donnéespostérieures à 1982 et toutes les données de l’atlas WELTEN & SUTTER (1982), y compris lescompléments parus ultérieurement (WELTEN & SUTTER, 1984; WAGNER, 1994), par secteur ou avecune coordonnée précise. Les extractions sur certaines espèces particulières donnent un aperçu deleur évolution historique dans le canton.

    La cartographie floristique du canton (1990-2000)

    En 1989, la Société botanique de Genève a initié un projet de cartographie floristique ducanton (THEURILLAT & SPICHIGER, 1989, 1990, 1993) qui constitue le dernier inventaire de la floredes phanérogames et des ptéridophytes. Le canton a été divisé en 303 mailles kilométriques surla base des cartes de la Suisse et une liste d’espèces a été dressée et utilisée comme bordereau deterrain (THEURILLAT & al., 1990). Le travail de relevé des espèces a été complété en 2000.

    Les données recueillies ont fait l’objet d’une thèse (LATOUR, 2005) et un atlas floristique ducanton est en cours de publication (THEURILLAT & LATOUR, à paraître). Cet important travail menépar de nombreuses personnes, pour la plupart bénévoles (LATOUR, 2005), a permis de recenserla présence effective de 1214 espèces et sous-espèces. Il offre des données chorologiques et phyto-sociologiques par maille kilométrique (chez WEBER, 1966, respectivement par commune etpar espèce). Ces informations ont été intégrées dans la base de données du CRSF. Par ailleurs,les données concernant les espèces dignes de mention ont paru sous forme de notes floristiques(THEURILLAT & al., 1993, 1994, 1995, 1996, 1997, 1998, 1999).

    L’évolution floristique a également été considérable depuis la publication du catalogue deWeber. L’urbanisation croissante du canton a été très forte, avec la construction des cités périphé-riques des années 1960-1970 et les constructions résidentielles autour des villages qui ont suividans les années 1980-1990. L’évolution de l’agriculture s’est poursuivie avec des remaniementsparcellaires et une intensification continue. L’autoroute de contournement a été construite en dixans et de grandes zones industrielles se sont établies (ZYMESA, Plan-les-Ouates). On peut noterpar ailleurs la consolidation de la protection de certains espaces naturels, la création d’une nouvelleréserve aux Teppes de Verbois et l’instauration de la compensation écologique en agriculture, desdéveloppements qui devraient avoir un effet positif sur la conservation de la flore.

    18 – Liste Rouge Genève 2006

  • Le bilan tiré par LATOUR en 2005 montre que l’évolution générale s’est poursuivie dans lemême sens que les conclusions de BECHERER en 1957 et WEBER en 1966: il constate peu de diffé-rences en nombre d’espèces, les pertes étant compensées par de nouvelles arrivées. Les pertes partype de flore sont par contre très différenciées: les espèces messicoles et les espèces des milieuxpalustres et aquatiques continuent à subir de lourdes pertes (43% et 31% d’espèces disparues). Cetauteur relève que 37,3% de la flore recensée a un statut sur la Liste Rouge suisse (catégories V, E etEx selon LANDOLT, 1991) et qu’elle compte 8,6% de plantes rares (statut R selon le même auteur).

    Tous les auteurs insistent donc sur le caractère très dynamique de l’évolution de la flore.Eu égard à l’intensité des changements qu’ils décrivent, les données publiées ne rendentcertainement pas compte de toutes les facettes d’une évolution qui a toujours eu des effets plusrapides que la capacité de travail des botanistes. Par exemple, on ne peut pas exactement compta-biliser les pertes de la flore des Grands Marais ni son évolution suite aux drainages des années1920, car il n’existe aucun inventaire exhaustif de cette zone avant sa transformation (BURDET,1975). Par ailleurs, de nombreuses espèces adventices n’ont fait qu’apparaître et disparaître dansun laps de temps relativement court. Les recherches que l’on peut effectuer dans l’herbier deGenève peuvent compenser ce manque d’information, mais partiellement seulement, en particulierparce que les botanistes avaient tendance à se concentrer sur certaines localités réputées.Les données à disposition sont cependant très conséquentes en comparaison de celles dontdisposent d’autres régions, notamment si l’on tient compte de la petite taille de notre canton.

    Inventaire des espèces rares du canton (2001-2005)

    Afin de mettre sur pied une stratégie de sauvegarde des espèces menacées et dans l’optiquede l’élaboration d’une Liste Rouge, il était indispensable de recenser les populations d’espècesrares du canton. Or, la plupart des résultats de la cartographie floristique sont donnés à l’échelled’une maille kilométrique (présence ou absence dans une maille donnée), ce qui est insuffisantpour évaluer les effectifs des populations et leur localisation.

    Sur la base de la liste des espèces cartographiées, une sélection de 423 taxons à rechercherprécisément a pu être établie. Grâce au mandat du DNP et au soutien du CRSF, des relevés précisde populations ont pu être effectués par les CJB de 2001 à 2005 sur l’ensemble du canton.Il s’agit de 380 taxons présents dans moins de treize mailles kilométriques (soit une fréquencede 4% et moins). Le seuil usuel utilisé pour la rareté dans la littérature est en général de 5%,mais il était un peu élevé dans ce cas, la liste des taxons et des localités à visiter devenant alorstrop importante. La liste a été par la suite complétée de 43 taxons de la Liste Rouge suisseprésents sur 13 à 21 mailles kilométriques à Genève.

    Les populations de chaque taxon ont été systématiquement recherchées dans les maillesoù leur présence avait été signalée. Les notes floristiques publiées en cours de cartographie ontété utilisées (THEURILLAT & al., 1993, 1994, 1995, 1996, 1997, 1998, 1999) pour localiser lespopulations. En l’absence de précisions dans les notes floristiques, les bénévoles ayant participéà la cartographie ont été sollicités afin de recueillir des données supplémentaires, encore présentesdans leurs carnets de terrain ou leurs souvenirs. Grâce à leur aide, certaines localités ont pu êtrerecherchées de manière plus ciblée.

    Pour chaque population, plusieurs données ont été relevées, comme la surface couverte,l’abondance de la population, le nombre de plantes ou de tiges fleuries, les menaces éventuelles.Il est chaque fois indiqué si le taxon a été bien, peu ou pas recherché dans la maille, de même qu’onmentionne s’il n’a pas été retrouvé, s’il a été retrouvé ou s’il s’agit d’une nouvelle localité. Lesbotanistes parcourant le terrain ont aussi noté les localités d’autres taxons dignes d’être mentionnés.Le résultat, une base de données de 7800 entrées, permet une évaluation de l’état actuel des effectifsdes espèces rares du canton.

    Liste Rouge Genève 2006 – 19

  • Nomenclature

    L’ouvrage de référence utilisé est la dernière édition de l’Index synonymique de la floresuisse (IS-2: AESCHIMANN & HEITZ, 2005). A quelques exceptions près, dont on trouvera la listeci-dessous, les noms acceptés ont été retenus.

    Pour faciliter la recherche d’un nom dans la liste alphabétique, le tableau 1 indique leschangements de synonymie les plus importants entre les deux éditions de l’IS (AESCHIMANN &HEITZ, 1996 et 2005).

    Tous les taxons ne figurant pas dans l’IS-2 ont été recherchés dans la Base de DonnéesNomenclaturale de la Flore de France (BDNFF, version 4.02, disponible sur le site http://www.tela-botanica.org sous «Flore électronique») et leur nom accepté a été retenu. La BDNFF a éga-lement permis d’établir les correspondances synonymiques entre les nomenclatures utilisées dansles différentes sources historiques (anciens catalogues, étiquettes de l’herbier de Genève) et lanomenclature moderne.

    Les cas suivants sont traités dans une acceptation différente de l’IS-2 ou de la BDNFF:

    • les noms des agrégats suivants (non acceptés dans l’IS-2) ont été utilisés dans les listes:Erophila verna, Festuca ovina, Festuca rubra, Monotropa hypopitys, Polygonum aviculareet Pyrus pyraster. Il a ainsi été possible de regrouper et commenter de manière plus adéquateles indications des sources historiques ainsi que certains résultats de la cartographie;

    • la nomenclature du genre Rubus est entièrement basée sur WEBER (1995);

    • les taxons infraspécifiques de Rosa canina et de Rosa corymbifera ainsi que les petitesespèces dans l’agrégat de Polygonum aviculare sont traités selon WISSKIRCHEN &HAEUPLER (1998);

    • les petites espèces de l’agrégat de Festuca ovina sont reprises du catalogue WEBER (1966)en attendant une révision de ce groupe pour le canton;

    • quelques hybrides non retenus dans l’IS-2 ou la BDNFF suivent la nomenclature utiliséepar ROTHMALER (2002).

    Par analogie avec la Liste Rouge suisse (MOSER & al., 2002), les taxons sont présentéspar ordre alphabétique. Le numéro IS-2 figure à gauche du nom. Cas particulier: 9 agrégats sontsuivis de leurs petites espèces, soit:

    Amaranthus hybridus, Leucanthemum vulgare,Aster novi-belgii, Monotropa hypopitys,Erophila verna, Polygonum aviculare,Festuca ovina, Pyrus pyraster.Festuca rubra,

    20 – Liste Rouge Genève 2006

    3.1.3. La liste destaxons :nomenclature,origine

  • Liste Rouge Genève 2006 – 21

    Tableau 1. – Liste des changements synonymiques les plus marquants entre IS-1(AESCHIMANN & HEITZ, 1996) et IS-2 (AESCHIMANN & HEITZ, 2005)

    Nom IS-1 Nom IS-2Agropyron caninum (L.) P. Beauv. Elymus caninus (L.) L.

    Agropyron intermedium (Host) P. Beauv. Elymus hispidus (Opiz) Melderis

    Agropyron pungens (Pers.) Roem. & Schult. Elymus athericus (Link) Kerguélen

    Agropyron repens (L.) P. Beauv. Elymus repens (L.) Gould

    Amaranthus cruentus sensu Aeschimann & Burdet Amaranthus hybridus aggr. sensu Aeschimann &

    Heitz (2005)

    Ballota nigra subsp. foetida (Vis.) Hayek Ballota nigra subsp. meridionalis (Bég.) Bég.

    Bromus racemosus subsp. commutatus (Schrad.) Syme Bromus commutatus Schrad.

    Calamintha glandulosa (Req.) Benth. Calamintha nepeta (L.) Savi

    Calamintha nepetoides Jord. Calamintha nepeta (L.) Savi

    Camelina sativa subsp. pilosa (DC.) N. W. Zinger incl. dans Camelina sativa (L.) Crantz

    Carex divulsa subsp. leersii (Kneuck.) W. Koch Carex guestphalica O. Lang

    Carex leersii F. W. Schultz Carex guestphalica O. Lang

    Chrysanthemum leucanthemum L. Leucanthemum vulgare Lam.

    Dactylorhiza fistulosa (Moench) H. Baumann & Künkele Dactylorhiza majalis (Rchb.) P. F. Hunt & Summerh.

    Dactylorhiza fuchsii (Druce) Soó incl. dans Dactylorhiza maculata (L.) Soó

    Epipactis purpurata Sm. Epipactis viridiflora Krock

    Festuca capillata Lam. Festuca filiformis Pourr.

    Festuca curvula Gaudin s.l. Festuca laevigata Gaudin s.l.

    Festuca tenuifolia Sibth. Festuca filiformis Pourr.

    Festuca trachyphylla (Hack.) Krajina Festuca brevipila R. Tracey

    Holoschoenus romanus (L.) Fritsch Scirpoides holoschoenus (L.) Soják

    Knautia sylvatica auct. s.l. Knautia dipsacifolia Kreutzer s.l.

    Matricaria recutita L. Matricaria chamomilla L.

    Odontites vernus (Bellardi) Dumort. s.str. Odontites vernus (Bellardi) Dumort.

    Odontites vernus subsp. serotinus Corb. Odontites vulgaris Moench

    Ophrys apifera subsp. botteronii (Chodat) Hegi incl. dans Ophrys apifera Huds.

    Oxalis fontana Bunge Oxalis stricta L.

    Potamogeton plantagineus Roem. & Schult. Potamogeton coloratus Hornem.

    Ranunculus breyninus auct. Ranunculus tuberosus Lapeyr.

    Rosa vosagiaca N. H. F. Desp. Rosa dumalis Bechst.

    Sanguisorba minor subsp. muricata (Rouy & E. G. Camus) Briq. Sanguisorba minor subsp. polygama

    (Waldst. & Kit.) Cout.

    Sorghum vulgare Pers. Sorghum bicolor (L.) Moench

    Sparganium minimum Wallr. Sparganium natans L.

    Trifolium suaveolens Willd. Trifolium resupinatum L.

    Tripleurospermum perforatum (Mérat) Laínz Tripleurospermum inodorum (L.) Sch. Bip.

    Verbascum thapsus subsp. crassifolium (DC.) Murb. Verbascum thapsus subsp. montanum (Schrad.)

    Bonnier & Layens

    Veronica spicata L. Pseudolysimachion spicatum (L.) Opiz

  • La liste des taxons du canton

    La liste des taxons des fougères et plantes à fleurs est issue de la comparaison des donnéeshistoriques dont nous disposions. Les différentes sources utilisées sont mentionnées dans la fig. 2.

    La source principale est la liste publiée par THEURILLAT & al. (1990). Ces auteurs ontrépertorié les taxons à recenser dans le canton, liste qui a constitué le bordereau de terrain pourles relevés de la cartographie floristique du canton. Ils s’appuient principalement sur l’ouvragede WELTEN & SUTTER (1982) qui constituait à l’époque le standard floristique de la Suisse, ainsique sur AESCHIMANN & BURDET (1989) et WEBER (1966). Leur choix visant plus particulièrementla flore indigène du canton ainsi que les espèces naturalisées les plus fréquentes, quelques centainesde taxons adventices ainsi que nombre de sous-espèces, de variétés et d’hybrides ont été laissésde côté. Plusieurs taxons, désignés dans le bordereau de terrain par un « ? », étaient à rechercherplus particulièrement. Il s’agit soit de taxons déjà signalés dont la présence semblait douteuse,soit de taxons jamais signalés dont la présence était jugée possible.

    Cette première liste a ensuite été comparée aux différentes sources de données à disposition.Les taxons non repris dans la liste de 1990 ainsi que ceux nouvellement signalés depuis ont tousété examinés. Cette démarche s’est révélée particulièrement utile pour l’intégration du cataloguede WEBER (1966), qui comprend 2133 taxons (espèces, sous-espèces, variétés). Après comparaisonavec l’IS-2 et la BDNFF, 1946 taxons de Weber ont été finalement retenus. Parmi eux, 17 nefigurent ni dans l’IS-2 ni dans la BDNFF, mais uniquement chez WEBER (1966); ils ont étéou sont toujours présents dans le canton (par exemple Symphytum tauricum). Les plantes cultivéesne s’échappant pas de culture, les taxons infraspécifiques du genre Hieracium et les taxons dugenre Rubus non mentionnés dans WEBER (1995) ont été éliminés d’emblée. En tout, 536 taxonsnon repris par THEURILLAT & al. (1990) ont été intégrés.

    Parmi les 2174 taxons ainsi rassemblés, 85 n’ont finalement pas été retenus (tableau 2).Les différentes raisons motivant l’exclusion de chacun d’entre eux sont exposées dans lescommentaires en annexe.

    22 – Liste Rouge Genève 2006

    Fig. 2. – Schéma d’acquisition desconnaissances pour l’élaborationde la liste des taxons en fonctiondes sources historiques.Les chiffres concernent uniquementles taxons finalement retenus.

    REUTER (1861)taxons non repris parWEBER (1966) ni par

    THEURILLAT & al. (1990)

    6

    Herbier Grecherches sur les taxons

    rares ou douteux

    14

    WEBER (1966)taxons non repris par

    THEURILLAT & al. (1990)

    536

    WELTEN & SUTTER (1982)taxons non repris par

    THEURILLAT & al. (1990)

    2

    119+20

    Cartographie du canton1990-2000 +

    Inventaire espèces rares2001-2005

    taxons nouveauxpour le canton

    1

    Base de donnéesdu CRSF

    informations absentesdes autres sources

    9

    Littératuresurtout postérieure à 1990

    3

    Autresinformations

    communiquées pardes botanistesdepuis 2000

    Liste des taxons «Genève 2006» (2089 taxons)basée sur

    THEURILLAT & al. (1990) (1353 taxons)

  • Liste Rouge Genève 2006 – 23

    Tableau 2. – Liste des 85 taxons non retenus dans la liste «Genève 2006»

    Acer opalus Mill.

    Alchemilla conjuncta aggr. sensu Binz & Heitz (1990)

    Alchemilla coriacea aggr. sensu Binz & Heitz (1990)

    Alchemilla glabra aggr.

    Anagallis foemina Mill.

    Arctium nemorosum Lej.

    Asplenium viride Huds.

    Ballota nigra L. s.str.

    Betula pubescens Ehrh.

    Buphthalmum salicifolium L.

    Bupleurum falcatum subsp. cernuum (Ten.) Arcang.

    Calamagrostis arundinacea (L.) Roth

    Callitriche palustris L.

    Cardamine bulbifera (L.) Crantz

    Carduus crispus L.

    Carduus defloratus L. s.str.

    Carduus nutans subsp. leiophyllus (Petrović) Stoj. & Stef.

    Carduus personata (L.) Jacq.

    Carex diandra Schrank

    Carex echinata Murray

    Carex mucronata All.

    Carex xpiperiana Junge

    Carex umbrosa Host

    Carlina acaulis L.

    Cerastium brachypetalum subsp. tenoreanum (Ser.) Soó

    Circaea alpina L.

    Epilobium alpestre (Jacq.) Krock.

    Epilobium obscurum Schreb.

    Euphorbia palustris L.

    Euphrasia rostkoviana subsp. campestris (Jord.) Wettst.

    Festuca amethystina L.

    Fritillaria meleagris L.

    Galeopsis ladanum L.

    Galeopsis segetum Neck.

    Globularia nudicaulis L.

    Glyceria maxima (Hartm.) Holmb.

    Hierochloe odorata (L.) P. Beauv.

    Hottonia palustris L.

    Hypericum xdesetangsii Lamotte

    Hypericum maculatum subsp. obtusiusculum (Tourlet) Hayek

    Impatiens noli-tangere L.

    Inula britannica L.

    Juncus acutiflorus Hoffm.

    Lamium album L.

    Lindernia procumbens (Krock.) Borbás

    Luzula luzuloides (Lam.) Dandy & Wilmott s.str.

    Myosotis stricta Roem. & Schult.

    Nuphar pumila (Timm) DC.

    Ononis spinosa subsp. austriaca (Beck) Gams

    Ornithogalum pyrenaicum subsp. sphaerocarpum

    (A. Kern.) Hegi

    Ornithopus perpusillus L.

    Polygonatum odoratum (Mill.) Druce

    Polygonum lapathifolium subsp. brittingeri

    (Opiz) Jáv.

    Potamogeton praelongus Wulfen

    Potamogeton trichoides Cham. & Schltdl.

    Potentilla cinerea Vill.

    Potentilla collina aggr.

    Pulmonaria australis (Murr) W. Sauer

    Pulmonaria officinalis L.

    Ranunculus fluitans Lam.

    Rhinanthus angustifolius C. C. Gmel.

    Rosa caesia aggr.

    Rosa chavinii Rapin

    Rosa majalis Herrm.

    Rosa montana Chaix

    Rumex hydrolapathum Huds.

    Salix appendiculata Vill.

    Salix pentandra L.

    Salix viminalis L.

    Schoenoplectus triqueter (L.) Palla

    Scleranthus perennis L.

    Sedum montanum Songeon & E. P. Perrier

    Sedum spurium M. Bieb.

    Silene viscaria (L.) Borkh.

    Symphytum tuberosum L.

    Thesium divaricatum Mert. & W. D. J. Koch

    Traunsteinera globosa (L.) Rchb.

    Trifolium pratense subsp. nivale (W. D. J. Koch)

    Ces.

    Trifolium repens subsp. prostratum Nyman

    Triticum spelta L.

    Ulmus laevis Pall.

    Veronica peregrina L.

    Veronica serpyllifolia subsp. humifusa (Dicks.)

    Syme

    Vicia cracca subsp. incana (Gouan) Rouy

    Viola tricolor L.

  • La liste finale «Genève 2006» comprend donc 2089 taxons issus des différentes sources(fig. 2). Elle ne prétend pas à l’exhaustivité, de nombreux cas ayant dus être traités sansavoir à disposition toutes les connaissances nécessaires. La liste «Genève 2006» représente uninventaire des taxons ayant à notre connaissance été répertoriés de manière fiable (ou dumoins considérée comme telle) au moins une fois à l’intérieur des frontières cantonales. Il estimportant de relever que la présence dans le canton de nombre d’entre eux, particulièrementcertaines sous-espèces et variétés indiquées dans le catalogue de WEBER (1966), reste à confirmer.

    Certains taxons (désignés par un astérisque) font l’objet d’un commentaire particulieren annexe de cet ouvrage. Ces commentaires éclairent les choix parfois cornéliens qu’il a fallufaire pour attribuer un taxon à l’une ou l’autre liste ou les péripéties «taxonomico-nomenclaturales»qu’ont connues certains d’entre eux (voir notamment les cas assez complexes de Rhinanthusangustifolius et Inula britannica). Les taxons accompagnés de deux astérisques sont quant à euxuniquement mentionnés dans un des commentaires.

    L’Union Mondiale pour la Nature (UICN) a mis au point toute une méthodologie d’évaluationde la menace pesant sur les espèces au niveau mondial. Les critères UICN établis pour la ListeRouge mondiale (UICN, 2001) visent à mesurer le risque d’extinction des espèces, définissantnotamment des catégories couramment utilisées dans la littérature. Ces critères ont été par lasuite retravaillés par la commission pour la sauvegarde des espèces de l’UICN afin de faciliterleur utilisation au niveau régional (UICN, 2003). Ils sont notamment employés dans la dernièreListe Rouge de la Suisse (MOSER & al., 2002).

    Les critères retenus par l’UICN pour mesurer la probabilité d’extinction se basent surune combinaison de facteurs, en premier lieu la taille des populations et l’évolution des effectifsdans un temps déterminé. Plus petite est la population, plus rapide est la diminution de ses effectifs,plus le degré de menace est élevé. D’autres facteurs entrent en ligne de compte, les paramètresles plus importants étant la taille et les modifications de l’aire de distribution, ainsi que la structurespatiale de la population (fragmentation, isolation, concentration).

    Ces critères soulèvent un certain nombre de questions quant à leur application pratiqueen botanique, d’une part parce que les données exigées pour attribuer une espèce à une catégoriede menace sont rarement disponibles, d’autre part parce que la méthodologie n’est parfois pas adap-tée à la démarche traditionnelle des Listes Rouges floristiques. Les différents inconvénients de laméthode UICN sont exposés par exemple chez LUDWIG & al. (2005), auteurs qui proposent unetout autre méthodologie pour établir des Listes Rouges en Allemagne.

    Voici quelques exemples des difficultés rencontrées:

    • les périodes considérées pour estimer le recul des populations se basent sur la durée d’unevoire de quelques générations de l’espèce considérée, alors que les Listes Rouges se basenten général sur des références de temps identiques pour toutes les espèces;

    • la durée des générations est dans la plupart des cas inconnue;

    • la période de 10 ans préconisée pour estimer les variations de populations d’espècesannuelles est souvent insuffisante pour les plantes supérieures. Il a fallu par exempletoute la période de la cartographie du canton et les cinq années consécutives de repéragepour observer plus ou moins correctement les populations d’une annuelle fugace commeLythrum hyssopifolia, soit 15 ans (voir fig. 7);

    • aucune donnée historique n’est disponible sur la taille des populations;

    24 – Liste Rouge Genève 2006

    3.2 Les catégoriesde menace

    3.2.1 Les critères UICN

  • • la taille de la dition est trop faible pour l’application de certains critères (notamment leseffectifs des populations);

    • les connaissances concernant la situation des taxons dans le bassin genevois à l’extérieurde la dition sont insuffisantes.

    En sus de ces difficultés, les données à disposition sur les populations de chaque taxon sonttrop lacunaires pour appliquer les critères tels qu’ils sont définis. Ce cas de figure étant fréquentlors de l’élaboration de Listes Rouges, des règles ont été édictées dans l’annexe 1 du documentUICN pour y faire face. La méthode utilisée doit notamment viser à établir la meilleure estima-tion possible sur la base d’une échelle de valeurs probables et être décrite en détails (voir UICN,2003). En cas d’incertitude, l’UICN incite également les auteurs de Listes Rouges à appliquer leprincipe de précaution plutôt que le principe de la preuve pour attribuer un taxon à une catégoriede menace.

    Au vu du nombre tout de même relativement important de données objectives à dispositionà Genève, les auteurs ont cherché à éviter une démarche basée sur des avis d’experts. Suivantl’esprit et dans la mesure du possible les principes de l’UICN, une méthode spécifique à l’étatdes connaissances floristiques actuelles a donc été développée.

    Parmi les données essentielles pour l’attribution des catégories, la taille des populations estle plus souvent inconnue. En revanche, des données de fréquence plus ou moins précises figurentdans les données historiques et actuelles. Elles permettent d’estimer l’évolution des effectifs destaxons à Genève au cours du temps. La période considérée est la même pour tous les taxons, soitenviron 175 ans (de la première édition du catalogue de Reuter à 2005). Trois critères ont été prisen compte pour évaluer le risque d’extinction des taxons, soit par ordre de priorité:

    – l’évolution des effectifs de l’espèce considérée: régression, stabilité ou expansion.L’évolution des effectifs, soit l’évolution historique du nombre des localités, est estiméegrossièrement en examinant l’évolution au cours du temps des données de fréquence.En schématisant, certaines étapes d’une période d’environ 120 ans de prospection floris-tique plus ou moins continue – mais relativement faible – jusqu’aux années 1950 ont étécomparées à une période de prospection intense – mais brève – de 1990 à 2005;

    – la taille des effectifs de l’espèce considérée. Selon le principe de précaution, l’évaluationdes espèces avec de faibles effectifs doit être plus sévère. Pour la plupart de ces taxons,on dispose de données exprimées en nombre de localités issues de l’inventaire des espècesrares effectué entre 2001et 2005;

    – l’évaluation de la menace pesant sur le milieu où croît l’espèce considérée (destruction,détérioration ou raréfaction). Cette menace n’est évaluée que si les autres critères s’avèrentinsuffisants, soit uniquement dans le cas d’espèces rares aux effectifs plus ou moins stables(voir fig. 3).

    Après évaluation des critères ci-dessus, il a été possible d’attribuer à chaque taxon retenuune catégorie de menace de manière systématique. L’évaluation suit les six étapes présentéesci-dessous, en procédant par élimination selon le schéma général représenté sur la fig. 3.

    Liste Rouge Genève 2006 – 25

    3.2.2 Méthode suiviepour l’attributiondes catégories demenace

  • 26 – Liste Rouge Genève 2006

    La première démarche consiste à éliminer les taxons que l’on renonce à évaluer. Ces taxonscomprennent cinq groupes:

    � les taxons néophytes non naturalisés (voir définition au chap. 3.3.4). Ceux-ci ne formantpas de populations stables, l’évaluation du risque d’extinction est impossible. Par contreles néophytes naturalisées (épécophytes, agriophytes) sont évaluées comme les taxonsindigènes ou les archéophytes, selon le principe présenté par SUKOPP & KOWARIK (1986);

    � les taxons orophytes non naturalisés (même principe que ci-dessus);

    � un grand nombre d’hybrides, de taxons infraspécifiques d’espèces indigènes ouarchéophytes (sous-espèces, variétés) ainsi que les petites espèces des deux agrégatsdu genre Rubus provenant du catalogue de WEBER (1966). Dans le cadre du travaileffectué pour la Liste Rouge il n’était pas possible de rechercher les indications surlesquelles Weber s’était basée. La présence de ces taxons reste à confirmer;

    � les taxons aujourd’hui inclus dans un autre taxon selon l’IS-2, traités comme taxonsautonomes dans les sources historiques. Ils font l’objet d’un commentaire (voir l’annexede l’ouvrage);

    � les taxons considérés comme uniquement cultivés (on exclut de la flore les repoussesdans les champs cultivés par exemple).

    Les taxons non évalués sont au nombre de 843. Une grande partie d’entre eux n’ont étésignalés qu’une seule fois et jamais retrouvés depuis. Ce groupe de taxons alourdit considérable-ment la consultation d’une liste globale, alors que très peu de données leur sont rattachées.Ils sont donc traités à part dans la Liste des taxons non évalués, à l’exception de 28 taxonsuniquement cultivés (chap. 5).

    Les 1246 taxons évalués restants (indigènes, archéophytes et néophytes naturalisées) sont,quelque soit leur catégorie de menace, présentés dans la Liste Rouge proprement dite (chap. 4).Cette catégorie de menace est attribuée au cours des étapes II à VI détaillées ci-après.

    Fig. 3. – Schéma d’évaluation pourl’attribution des catégories demenace UICN. Les chiffres romainsreprésentent les étapes de l’évalua-tion détaillées dans le texte.* Attribution de la catégorie: voirexplication dans le texte, étape VI.

    I. Elimination des taxonsnon évalués

    Taxonsretenus

    Taxonsévalués

    Taxonsprésents

    Evaluationdel’évolution

    despopulationspossible

    Effectifssupérieursà3localités

    (V)Régression

    (VI)Stabilité

    ouexpansion

    Taxonsrares

    4-10

    loc.

    (I) Taxons non évalués (NE)

    (II) Taxons éteints ou disparus (RE)

    (III) Evaluation impossible (DD)

    (IV) Effectifs très faibles, 1-3 localités (CR)

    Régression forte (CR)

    Régression moyenne (EN)

    Régression faible (VU)

    Régression très faible (NT)

    Milieu menacé (EN ou VU*)

    Milieu non menacé (LC/R)

    Taxons fréquents (LC)>10loc.

  • La liste générale des taxons retenus «Genève 2006» est donc séparée en deux entités qu’ilfaut consulter séparément. La lecture de la Liste Rouge elle-même est ainsi plus claire, maisla consultation générale des données est plus complexe. Les commentaires en annexe tententd’atténuer les inconvénients de ce choix éditorial en regroupant certaines informations.

    Pour faciliter la lecture malgré la division en deux listes, certaines petites espèces des agrégatssont maintenues ensemble, ce qui fait problème pour Amaranthus hybridus aggr.: Amaranthuscruentus, dont la présence est à rechercher, devrait en effet figurer sous la liste des taxons nonévalués puisqu’elle a le statut d’éphémérophyte. Elle figure tout de même dans la Liste Rouge avecle statut DD.

    Les taxons non revus depuis 1990 sont considérés comme disparus du canton et reçoiventle statut RE (éteint régionalement). Cette évaluation est parfois difficile lorsque les donnéesmanquent ou que les observations récentes sont douteuses. Une explication est alors donnéedans un commentaire. Sont aussi classés RE les taxons autrefois messicoles ne formant que despopulations instables aujourd’hui (principalement des archéophytes, par exemple Agrostemmagithago, Consolida regalis).

    Lorsque l’évaluation de la menace est impossible, le taxon est inclus dans la catégorieDD (données insuffisantes). Cette catégorie ne dit rien du risque d’extinction et elle peut bienévidemment inclure des espèces menacées. La définition de cette catégorie (UICN, 2003) préciseque si une espèce pour laquelle il manque des données décisives est manifestement menacéede disparition («si l’on soupçonne que l’aire de distribution est relativement circonscrite ou s’ils’est déroulé un laps de temps considérable depuis la dernière observation»), il est justifié de luiattribuer une catégorie de menace. Cela a parfois été le cas (par exemple Callitriche sp.,Sparganium erectum subsp.).

    Au final, 50 taxons ont dû être attribués à la catégorie DD malgré les recherches entreprises.Les raisons de ce classement sont les suivantes:

    • présence incertaine sur le canton, souvent liée à des problèmes de détermination (parexemple Molinia caerulea, Quercus pubescens);

    • taxons non revus depuis 1990, mais non recherchés (absents du bordereau de terrain; parexemple Pastinaca sativa subsp. sylvestris);

    • problèmes taxonomiques insurmontables (par exemple Festuca ovina aggr.);

    • problèmes de conception taxonomique à des niveaux inférieurs à l’espèce ou à l’agrégat.L’évaluation porte alors sur le niveau taxonomique supérieur (par exemple Primula veris,Leucanthemum vulgare aggr., Pyrus pyraster aggr.).

    Comme dans la plupart des Listes Rouges et comme le préconise l’UICN (2001), les évalua-tions se doivent d’être plus sévères pour les espèces avec de faibles effectifs. Par conséquent, lestaxons actuellement présents dans 1 à 3 localités sont considérés comme «en danger critiqued’extinction» (CR).

    Par souci d’évaluer au plus juste la menace d’extinction, seules les localités où le taxonforme une population stable ont été prises en compte. Par exemple, Carduus tenuiflorus estprésent dans plusieurs localités du canton mais il y est éphémère à une exception près. Une seulelocalité est donc considérée pour l’effectif de cette espèce. Autre illustration de cette démarche,seules les localités de Sempervivum tectorum à l’Allondon ont été considérées, sans prendre encompte les stations situées sur les murs en ville de Genève.

    A noter que les taxons avec de faibles effectifs sont classés CR quelque soit l’évolution deleurs effectifs au cours du temps (fig. 5) et quelque soit la menace pesant sur leur habitat.

    Liste Rouge Genève 2006 – 27

    II. Mise en évidencedes taxons disparus ouéteints régionalement

    III. Mise en évidence des taxonsdont les effectifs sontinsuffisamment connus

    IV. Mise en évidence des taxonsavec de faibles effectifs

  • Pour estimer l’évolution des effectifs d’un taxon au cours du temps, quatre sources dedonnées ont été étudiées, dans l’ordre chronologique:

    1. Les données du catalogue de REUTER (1861).

    2. Les données d’échantillons de l’herbier G (période 1860-1920).

    3. Les données du catalogue de WEBER (1966).

    4. Les données des herborisations récentes (1990-2005).4a. Les données de la cartographie floristique du canton (1990-2000).4b. Les données de l’inventaire des espèces rares du canton (2001-2005).

    On dispose pour trois de ces sources des indications de fréquence suivantes:

    1. Indications «très commun», «commun» utilisées par l’auteur. Sans indication de fréquence(quelques localités citées), le taxon est considéré comme ± rare. Sporadiquement on trouve«rare», «très rare», «disséminé», «ça et là», etc.

    3. Indications «très commun», «commun», «assez commun, par exemple …» utilisées parl’auteur. Sans indication de fréquence, le taxon est considéré comme ± rare.

    4a. Catégories de fréquence établies par les auteurs selon la présence du taxon dans les 303mailles kilométriques du canton (voir 3.3.5).

    La comparaison des fréquences chez les différents auteurs permet d’éliminer les taxons auxeffectifs constants ou en expansion (voir étape VI). Six types d’évolution différents peuvent êtredistingués pour les taxons en régression manifeste (fig. 4, A-F):

    • Les types A et B correspondent aux taxons ayant subi une régression forte à très forte,soit anciennement, depuis le XIXe siècle, soit plus récemment, au XXe siècle. Selon la ter-minologie de l’UICN, ils sont considérés comme «en danger critique d’extinction»(CR). Exemples: Aira caryophyllea, Anagallis minima, Oenanthe fistulosa, Rorippaamphibia (A), Thymelaea passerina, Scleranthus annuus (B).

    • Les types C et D correspondent aux taxons avec une régression moyenne à forte (C) oumoyenne (D) au XXe siècle. Ils sont considérés comme «en danger d’extinction» (EN).Exemples: Alyssum alyssoides (C), Petrorhagia saxifraga, Potamogeton natans, Rhinanthus