modifications physiologiques liées à l’âge · 2020. 9. 21. · toute cellule vivante a une...
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Dr. Hassan YOUNESEnseignant-Chercheur en Nutrition, Alimentation et Santé
Institut Polytechnique UniLaSalle, Beauvais
Site HappyVisio, 17 septembre 2020
Modifications physiologiques liées à l’âge
-
Mais de quoi va-t-il nous parler ?!
1 - Terminologie
2 - Vous avez dit modifications
avec l’âge, pourquoi,
comment et quoi ?
Goût Odorat Appétit
Dentition… etc.
3 - Besoins nutritionnels
Transit intestinal
-
Terminologie ?!
Modifications physiologiques ?
Tout changement au niveau du fonctionnement de notre organisme lié à l’âge en dehors de toute pathologie.
→ On parle des modifications âges-dépendantes
Âge ?
- Il n’y a pas d’âge fixe pour le vieillissement : il est surtout "administratif", par convention à partir de 65 ans.
- Bien loin du tournant physiologique du vieillissement que l’on situe actuellement vers 75 ans voire 80 ans.
-
En gérontologie, on distingue les personnes âgées (PA) :
- En bonne santé (65-75 ans) : autonomes, actives,…
→ Besoins plus ou moins semblables à ceux de l’adulte.
- Malades (fin de vie) : une ou plusieurs maladies chroniques
→ Difficultés à se nourrir et soufrent souvent de
dénutrition.
- Fragiles (> 75 ans) : vulnérables, fragilisés par un handicap,
invalidité,...
→ Equilibre nutritionnel précaire que la moindre
pathologie peut rompre brutalement.
-
2 - Vous avez dit modifications
avec l’âge, pourquoi,
comment et quoi ?
Goût Odorat Appétit
Dentition Transit intestinal
… etc.
-
Toute cellule vivante a une durée de vie,
plus ou moins longue,
mais limitée dans le temps…
Il n’existe pas "une vieillesse", mais une infinité de
vieillissements…
Le vieillissement physiologique ?
Accumulation des mutations
dans le matériel génétique et
modification de leur
traduction et expression
Différents mécanismes pour expliquer le vieillissement au niveau
cellulaire et biologique
Diminution quantitative et
qualitative des protéines
synthétisées
-
Du point de vue nutritionnel
Les modifications liées à l’âge sont toujours
perceptibles au niveau de plusieurs fonctions de
l’organisme…
1- Modification des sens
Avec l’âge, les deux sens liés à la perception des aliments (l’odorat
et le goût) vont être modifiés : le processus de régénération
cellulaire se fait plus lentement.
Je ne sais pas ce qui m’arrive… Je ne sens
plus la nourriture comme avant…!!
→ ~ 250 papilles gustatives à 30 ans vs ~ 90 à 70 ans
-
- Diminution de la capacité à
percevoir les odeurs.
- Les odeurs doivent être plus
intenses pour être perçues.
L’odorat
- Une diminution de la capacité
à distinguer les odeurs.
- Débute plus tôt chez les
hommes (~ 40 ans) que chez
les femmes (~ 50 ans).
Ces modifications progressent plus ou moins rapidement en
fonction de l’état de santé globale de la personne
-
- Une diminution de la capacité
à percevoir des goûts.
- Elle est plus importante pour
le salé que pour le sucré.
Le goût
- Une diminution de la capacité
à distinguer les saveurs.
- Débute plus tardivement (~ 60
ans).
Il faut saler 2-3 fois plus à 80 ans qu’à 20 ans
pour percevoir le même goût salé
-
Transformations anatomiques
Diminution du nombre de
bourgeons et de papilles
gustatifs, et de la vitesse de
leur renouvellement.
Ces modifications sont liées à des transformations anatomiques
des bourgeons du goût et/ou à des facteurs exogènes
Facteurs exogènes
- Nutritionnels (déshydratation,
malnutrition, tabac,
alcoolisme,…).
- Prise de certains médicaments
qui peuvent agir sur le goût, soit
directement (antibiotiques, IEC,…)
ou en inhibant la sécrétion
salivaire (psychotropes,…).
-
2- Modification de l’appétit
On observe chez les PA une modification de l’appétit liée à l’âge,
même si elles sont en bonne santé et si on leur offre leurs plats
préférés !
Les PA sont incapables d’adapter leur consommation alimentaire
par rapport aux variations de la consommation antérieure
Dérégulation de l’appétit
-
Exemple :
Si l’on donne un repas une demi-heure après la prise d’un yaourt,
la diminution de la consommation alimentaire d’un sujet de 20 ans
est égale à l’apport énergétique fourni par le yaourt.
Effet de la dérégulation de l’appétit à court terme
A l’inverse une PA, même en bonne santé, n’est plus capable de
modifier sa consommation alimentaire, et donc il va y avoir un
retard dans le déclenchement des mécanismes de satiété.
-
Exemple :
Une restriction calorique de plusieurs semaines chez un sujet
de 20 ans est suivie par une hyperphagie spontanée. La perte
du poids due à cette restriction peut ainsi être corrigée.
Effet de la dérégulation de l’appétit à long terme
A l’inverse, une PA soumise à la même restriction calorique
(volontaire ou pathologique) n’est pas capable d’augmenter sa
consommation alimentaire au-delà de celle qu’elle prend
habituellement.
Ainsi, le poids perdu à cause de la restriction ne peut pas être
corrigé de façon spontanée… Et il doit y avoir une intervention
extérieure pour que la PA puisse récupérer
-
En conséquence de la dérégulation de l’appétit
et des pertes des sens
- Changement dans le comportement alimentaire des PA.
- Les régimes alimentaires sont plus monotones.
- Il y a une augmentation de la fréquence des carences
nutritionnelles, même si elles sont en bonne santé.
-
3.1- Modification bucco-dentaire
50% des PA présentent une édentation totale.
→ conséquences sur le plan physionomique, mais aussi et
surtout nutritionnel.
Tout mauvais état bucco-dentaire,
Ou un dentier qui ne tient pas,
→ problème de mastication → modification des choix des
aliments : suppression des viandes, du pain, des fruits et légumes
crus,…
3- Modification des fonctions digestives
-
- Faire des préparations molles ou liquides : laitages, fromages
frais, yaourts, compote, purée, potages épais, œufs,…
- Prendre de la viande sous forme hachée.
- Remplacer le pain par des biscottes qui au contact de la salive
se ramollissent et peuvent donc être mâchés…
- Même si on ne peut pas vraiment mâcher, ne pas avaler « tout
rond ». Le triturage dans la bouche et l’imprégnation par la
salive sont nécessaires à la digestion.
- Boire beaucoup d’eau pour stimuler la sécrétion salivaire.
- Bien brosser les dents avec un dentifrice fluoré pour prévenir
l’évolution de la détérioration dentaire…
Alors comment faire ?!
-
3.2- Vieillissement gastrique et pancréatique
a- Atrophie de la muqueuse gastrique
Ralentissement
de la vidange
gastrique
Diminution de la sécrétion acide
dans l’estomac
Lésions
ulcéreuses
indolores
-
b- Atrophie des cellules pancréatiques
Moindre digestion
Diminution des sécrétions
enzymatiques pancréatiques (- 40%)
Diminution de la
sécrétion de
l’insuline
-
3 - Besoins nutritionnels
-
Enfin, j’ai du temps pour moi…
pour préparer de bons petits plats !
Mais comment faire pour manger équilibré
et préserver ma santé ?
Les seniors ont des besoins nutritionnels spécifiques
→ Il leur faut une alimentation bien adaptée :
Bonne hydratation Suffisamment d’énergie Eviter les carences
-
1 - Apports hydriques
- L’eau corporelle totale diminue avec l’âge (~ 0,3 L/an).
- Diminution liée à la perte de la masse maigre (diminution des
muscles squelettiques).
- Elle est élevée et débute plus tôt chez l’homme que chez la femme.
15 kg
55 kg
41 L
d’eau
30 ans (70 kg)
25 kg
45 kg
35 L
d’eau
70 ans (70 kg)
Masse grasse
Masse maigre
De 30 à 70 ans
6 L (15%) d’eau en moins
-
Je ne sais pas ce qui m’arrive, je ne sens
pas beaucoup la soif, et pourtant on me dit
qu’il faut boire !!
C’est tout à fait normal avec l’âge !
- Le seuil de perception de la soif devient plus élevé
→ La correction de l’hyperosmolarité sera plus tardive
- Le capacité de concentration des urines diminue avec l’âge
→ Elimination des déchets nécessite une plus grande quantité d’urines
Le risque de déshydratation est donc très élevé, surtout
si le climat est chaud et/ou en cas du fièvre
(+ de 10000 morts en France, dont une bonne partie des
PA par déshydratation / été 2003).!
-
- Les besoins hydriques : au moins 1,5 L/j, à boire avant,
pendant, après et entre les repas sans hésitation.
- Ces besoins augmentent dans certaines situations
particulières, notamment en cas de fièvre : il faut apporter
0,5 L de plus par 1°C au-delà de 38°C.
Alors comment faire ?!
-
J’ai du mal à me contrôler la nuit,
faudrait-il arrêter de boire ?
Les fibres musculaires de la vessie se relachent
avec l’âge, il est donc plus difficile de se retenir !
→ Ne pas absorber un grand volume de liquide dans la soirée
si on veut passer une nuit tranquille !
-
2 - Apports énergétiques
Les besoins énergétiques baissent avec l’âge parallèlement à la
baisse de l’activité physique.
→ Besoins en fonction de l’âge et de l’activité physique.
HOMMES FEMMES
65-75 ans
Actifs
Sédentaires
2 400 kcal
1 900 kcal
1900 kcal
1600 kcal
Plus de 75 ans
Actifs
Sédentaires
2 000 kcal
1 800 kcal
1800 kcal
1500 kcal
A noter :
- Les apports énergétiques ne doivent en aucun cas être < 30 kcal/kg/j.
- En cas d’hypercatabolisme musculaire, il est indispensable
d’augmenter les apports énergétiques surtout sous forme glucidique.
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3 - Apports protéiques
- Le rendement du métabolisme protéique chez la PA étant diminué,
→ les besoins en protéines sont donc plus élevés que chez les
plus jeunes, même si l’activité physique est faible.
- PA en bonne santé → 1-1,2 g/kg/j (20g de protéine/100g de viande)
- PA en dénutrition ou malade (infections, traumatismes,
chirurgies,...) → 1,5 voire 2 g/kg/j.
A noter :
- Des repas riches en protéines à midi et pauvres le soir stimulent
l’anabolisme et réduisent le catabolisme protéique nocturne.
- La part des protéines d’origine animale doit constituer au moins
60% de l’apport protéique total.
-
4 - Apports lipidiques
Les apports lipidiques actuels chez les PA couvrent largement les
besoins avec un déséquilibre dans l’apport en AGI.
En pratique, il faut augmenter l’apport en :
- Acide linoléique (tournesol, margarine, maïs, arachide,…)
- Acide a-linolénique (colza, soja,…)
- Acide arachidonique (viande rouge, foie, œufs,…)
- Acide éicosapentaénoïque (poissons gras et maigres,…)
- Diète plutôt hypocholestérolémiante
-
5 - Apports des fibres alimentaires
Les PA sont fréquemment touchés par une constipation chronique
qui est due au :
- ralentissement du péristaltisme intestinal avec l’âge.
- diminution de l’activité physique.
- augmentation du seuil de la soif et donc l’insuffisance de la prise
de boisson.
- consommation très faible des fibres liée à la difficulté de mâcher
associée souvent à une faible consommation en fruits et légumes
crus.
-
Recommandation :
- 25 g/j de fibres, en particulier sous forme des fruits et
légumes pris en potage ou compote et/ou d’amidon
résistant,…
- Attention la sous-consommation des fibres entraîne en
même temps des carences en micronutriments associés.
Alors comment faire ?!
-
D’autres conseils ?
- Bien surveiller le calcium dont la fuite est fréquente chez les
PA suite à la déminéralisation osseuse (1200 mg/j).
- L’apport du calcium doit être associé à un apport suffisant
de Vit D.
- La consommation des vitamines, notamment la famille vit B
et vit C.
- Le Zinc, le Sélénium, le chrome,…
-
6 - L’alimentation anti-âge existe-t-elle ?
L’alimentation est considérée aujourd’hui par les spécialistes
comme l’un des facteurs essentiels de prévention des maladies
dégénératives et du vieillissement.
Peut-être… !
En attendant la mise au point d’une véritable stratégie
nutritionnelle anti-âge, on peut tirer profit des connaissances
actuelles et du comportement des personnes très âgées
voire centenaires !
Pourra-t-on un jour espérer vivre plus longtemps, et en meilleure forme, grâce
à notre alimentation !!?
-
D’après les données scientifiques, pour mieux lutter contre les
agressions et le vieillissement cellulaire prématuré, il est
conseillé de veiller à un apport suffisant :
En protéines de bonne qualité
(viande maigre, volaille, poisson,
œufs, produits laitiers)
En AGE (huile de colza, de
noix, de soja, poissons gras)
et en AGMI (huile d’olive)
En Ca (produits laitiers), en Zn
(viande et poisson), en K et Mg
(légumes et fruits frais, céréales)
En éléments antioxydants
(vitamine A, C, E, sélénium)
-
Les observations des personnes très âgées ou centenaires
montrent que leur alimentation possède en général trois
caractéristiques marquées :
Une grande variété sans exclusion
systématique de certains aliments
Il apparaît que les centenaires n’aiment
pas la monotonie dans leur assiette
Une réelle modération dans leur consommation
Les centenaires se servent avec sobriété
et mange assez frugalement le soir
Une activité physique modérée
-
Merci bien pour
votre attention
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