afrique review, en kiosque cette semaine, du 2 au 8 février 2016

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HEBDOMADAIRE D’INFORMATIONS INDEPENDANT n°00010 du 02 au 8 février 2016 INFOS CINEMA Nigeria : télévision-VOD : iROKO, Netflix con- tre-attaque Canal+C FACE A NOUS Interview Thierry BARBAUT EGYPTE : CINQ ANS APRES, LA REVOLUTION PAGE :8 A FRIQUE REVIEW France 1,99 e - Maroc 18 DH - Afrique du Sud 20 rands - Tunisie 2.10 DT Mauritanie 800 MRO - RD Congo 2,50 s US - Ethiopie 35 birrs - USA 3, 50 s US - Canada 2,50 S CAN - Belgique 2, 20 e - Suisse 3, 30 FS - Royaume-Uni 2,10 E - Allemagne 2,40 e - Autriche 2, 40 e - Espagne 2,40 e - Grèce 2,40 e Italie 2,40 e - Portugal 2,40 e - Pays - Bas 2,40 e - Norvège 24 NK - Zone CFA 500 F CFA - ISSN 1989 JEAN PING l’homme qui veut à tout prix l’alternance au Gabon » GABON L Axione crée sa filiale au Gabon et lance la concession d’aménagement numérique

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Page 1: Afrique Review, en kiosque cette semaine, du 2 au 8 février 2016

HEBDOMADAIRE D’INFORMATIONS INDEPENDANT n°00010 du 02 au 8 février 2016

INFOS CINEMANigeria : télévision-VOD : iROKO, Netflix con-tre-attaque Canal+C

FACE A NOUSInterview Thierry BARBAUT

EGYPTE : CINQ ANS APRES, LA REVOLUTION PAGE :8

AFRIQUE REVIEW

France 1,99 e - Maroc 18 DH - Afrique du Sud 20 rands - Tunisie 2.10 DT Mauritanie 800 MRO - RD Congo 2,50 s US - Ethiopie 35 birrs - USA

3, 50 s US - Canada 2,50 S CAN - Belgique 2, 20 e - Suisse 3, 30 FS - Royaume-Uni 2,10 E - Allemagne 2,40 e - Autriche 2, 40 e - Espagne 2,40

e - Grèce 2,40 e Italie 2,40 e - Portugal 2,40 e - Pays - Bas 2,40 e - Norvège 24 NK - Zone CFA 500 F CFA - ISSN 1989

JEAN PING l’homme qui veut à tout prix l’alternance au Gabon »

GABONL Axione crée sa filiale au Gabon et lance la concession d’aménagement numérique

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Editorial

Gouvernance en Afrique : obstacle au développement

Depuis la décolonisation, la « mauvaise gouvernance » figure souvent parmi les facteurs qui entravent le développement économique en Afrique et ailleurs. A sa source on trouve la bureaucratie qui, dans la plupart des pays africains, du nord comme de l’ouest, reste dominante mais aussi improductive et incompétente.

Le pouvoir bureaucratique tel qu’étudié dans la sociologie classique de Max Weber désigne au sens politique une forme d’État « moderne » où règne l’appareil administratif constitué essentiellement de fonctionnaires nommés, hiérarchisés et dont le fonctionnement dépend d’une autorité souveraine. Cette concentration d’un maximum de pouvoir entre les mains d’un minimum d’institutions explique, en partie, pour-quoi dans les milieux arabes et/ou africains la bureaucratie a été largement adoptée par les chefs d’État après l’in-dépendance. Pourtant dans ce système concentré, le pouvoir arbitraire ne se retrouve pas qu’en haut.

La réglementation bureaucratique ne peut en effet tout prévoir - ni réglementer. Ainsi se développe une multitude de sources informelles de pouvoir, dites « zones d’incer-titudes », que les bureaucrates cherchent à maîtriser afin d’accroître leur marge de pouvoir. Le système génère naturellement une inflation de règles dans l’intérêt des bureaucrates. Mais les nouvelles règles créent à leur tour de nouvelles zones d’incertitude, d’où la formation des cercles vicieux bureaucratiques : la centralisation et l’impersonnalité des règles rendent inefficace le système ; cette inefficac-ité suscite un renforcement de la réglementation et de la centralisation qui accroissent encore son inefficacité. De là, « le système bureaucratique est un système incapable de cor-riger ses erreurs et dont les dysfonctions sont des éléments intrinsèques ».

Rares sont les statistiques, basées sur des méthodes qualita-tives, sur l’efficacité des administrations et services publics. Mais quelques enquêtes fondées sur des données classiques d’observation ou d’investigation, relevant du domaine de la socio-anthropologie, permettent de comprendre le fonc-tionnement quotidien des bureaucraties. Deux grands traits, observés de nos jours, marquent l’action administrative dans son ensemble et caractérisent le rendement des agents publics en particulier : l’absence de neutralité et le manque de transparence.

Le principe de neutralité professionnelle stipule que les acteurs du système bureaucratique doivent « oublier » leurs propres intérêts personnels au profit de l’intérêt public. Mais, la réalité aujourd’hui est tout autre : ce sont essentiel-lement les intérêts des bureaucrates qui orientent l’action administrative. Le coût réel de celle-ci est surévalué par les bureaucrates pour s’assurer divers avantages, matériels et symboliques, en affirmant que les moyens mis à leur dispo-sition ne sont pas suffisants pour réaliser les programmes prévus, justifiant ainsi des budgets toujours plus importants. L’hyper-réglementation bureaucratique permet en outre aux bureaucrates de prétendre ne pas avoir de réelle « responsa-bilité », et échapper ainsi aux conséquences de leurs actions.

La rigidité des salaires « réglementés » pousse en outre les bureaucrates à chercher à étendre au maximum possible leurs « privilèges » (accès à des services réservés, usage privatif du téléphone, voiture de service « privatisée »…) : on s’éloigne beaucoup de la défense de « l’intérêt collectif ». De cette fâcheuse tendance se nourrissent encore d’autres effets pervers comme la complexité, la lourdeur ou encore la lenteur dans le processus administratif. Un dossier, censé être traité urgemment en quelques minutes, peut prendre, s’il ne s’est pas perdu, des jours ou des semaines. Cela permet aux agents d’exiger une « contrepartie » pour le faire avancer rapidement.

Le manque de transparence permet de faire fleurir ce cli-entélisme. La supposée égalité de traitement s’arrête ainsi là où les réseaux de recommandations s’activent. Dans les établissements publics, on donne toujours la priorité aux personnes recommandées qui se voient rapidement servies. Le résultat étant que, face à un problème à régler, l’adminis-tré « ne cherche plus à prendre connaissance de la procédure à suivre, mais à savoir qui donc on peut aller voir pour être pistonné » : la corruption « passive » du fonctionnaire nourrit la corruption « active » de l’administré. Le citoyen anonyme, non pistonné et non corrupteur, « dérange » presque le con-fort des agents. Le monde bureaucratique, soi-disant celui de « l’intérêt général » semble, au contraire, se fonder sur l’irresponsabilité, les privilèges et le clientélisme. Manque de productivité et corruption y sont institutionnalisés. Avec ce-tte forme hyper-bureaucratique d’administration, on aboutit à « une nouvelle forme de privatisation informelle de l’État ».

Dimitri Ben Béchir

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Editorial

Dimitri By Béchir

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REVOLUTIONCinq ans après8

NIGERIA Tony Elumelu : africapitalismre?5

RENAULT Leader incontesté au Maroc

PHOTOS DE COUVERTURES :ÉDITION GÉNÉRALE: PHOTOMONTAGE PAO SPRINTÉDITION AFRIQUE: © ONS ABID POUR PAO SPRINTÉDITION WEB PAO SPRINT

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5 Entrepreneuriat

10 LE WEEK AND D’AFRIQUE REVIEW

9 Avenir du continent10 Chine-Gabon : plus de visa11 Interview Thierry BARBAUT : crowdfunfing

10 GRAND ANGLEE

8 Egypte : cinq ans après, la révolution

37 MAGHREB & MOYEN-ORIENT

22 Marathon international de Marrakech17 Que serait la France sans les musulmans?

37 AFRIQUE SUBSAHARIENNE

6 Nigeria : télévision-VOD : iROKO, Netflix contre-attaque Canal+13 Axione crée sa filiale au Gabon et lance la concession d’aménagement numérique

37 MAGHREB & MOYEN-ORIENT

15 CIMA : Issofa Ncharé prend officiellement fonction23 Renault conforte sa place de leader incontesté au Maroc 27 « Les potentialités de l’économie camerounaise »28 Croissance - Côte-d’Ivoire : “9,8% attendu en 2016”28 Sénégal-Afrique du Sud : Des opportunités

37 ECONOMIE

37 INTERNATIONAL

30 Les enjeux économiques de la visite de Raul Castro en France31 Déchéance de nationalité: ce que dit Taubira dans son livre32Présidentielle américaine : qui peut encore arrêter Donald Trump ?37 CULTURE

12 La seconde édition d’Airtel Trace Music Star35 Le temps d’un festival, le Mali meurtri rêve d’une renaissance culturelle36 un Africain américain à Paris

AFRIQUE REVIEW NO 50 • DU 2 AU 8 FEVRIER 2016

4 Sommaire

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Le concepteur de L’africapitalisme, L’homme d’affaire nigéri-an Tony Elumelu défend la vision d’une économie africaine tirée par le secteur privée du continent.

L’un des facteurs clés du changement positif au niveau social et politique est l’émancipation économique

Aussi, en tant qu’Africain, si nous voulons faire face aux défis de notre continent et poser les bases d’un développement durable, nous devons être plus solidaires.

De nos jours, lindice le plus visible de l’inégalité économique en Afrique est le problème de l’immigration du continent vers l’Europe.

Pour trouver une solution définitive à ce problème, la communauté internationale se doit d’aider les Etats africains à la mise en place de structures qui pourraient empêcher par leur action cette envie d’aller chercher une meilleure vie ailleurs. Je pense que la philosophie d’ «africapitalisme» pourrait énormément aider à la réalisation de cet objectif.

L’«africapitalisme» repose sur la prémisse selon laquelle le secteur privé africain à un rôle clé à jouer dans la transformation de l’économie du continent.En réalité, la majorité des récents succès économiques du continent a été enclenché par des multinationales étrangères. Nous pouvons remédier à cela en développant la capacité des entreprises à maitriser et assumer les éléments complexes de la chaîne de distribution, ce qui nous permettrait de bénéficier des retombées de l’exploitation de nos propres ressources. Je ne prône pas la nationalisation, mais je propose que le secteur privé africain soit plus audacieux en protégeant et en promouvant ses propres intérêts.

Le Gabon est l’exemple typique du pays africain avec d’importantes ressources naturelles qui a enregistré des performances économiques avec une croissance de 5,1% ces dernières années, au-dessus de la croissance économique du continent à 4,5% sur la même période.

Le Gabon est l’exemple typique du pays africain avec d’importantes ressources naturelles qui a enregistré des performances économiques avec une croissance de 5,1% ces dernières années, au-dessus de la croissance économique du continent à 4,5% sur la même période. Cependant, comme la majorité des économies africaines, le Gabon est dépendant du pétrole qui représente environ 50% du PIB, 60% des revenus de l’Etat et 80% des exportations. Ce déséquilibre joue un rôle important dans le problème du chômage qui touche le pays, et atteint près de 20% des actifs et 30% des jeunes.

Ce problème va au-delà du simple fait de mettre en place de nouvelles politiques d’emplois. Une solution définitive passe par une restructuration de l’économie gabonaise qui permettrait aux entreprises et talents du pays d’exercer de plus en plus de contrôle sur les éléments à valeur ajoutée de la chaine de production de pétrole et favoriser un impact important du secteur pétrolier sur l’économie nationale. Conscient de ce fait, je comprends l’importante démarche innovatrice du Gabon et son effort à actualiser le plan de développement stratégique du pays.

L’adoption de l’«africapitalisme» par les entreprises et les gouvernements faciliterait l’utilisation de business model plus inclusifs, le développement d’un environnement des affaires plus amical et encouragerait aussi tout un chacun à entreprendre. Par ailleurs, l’«africapitalisme» définit le futur du continent en redonnant les clés de développement à l’Africain tout en mettant fin aux problèmes migratoires.

TONY ELUMELU : africapitalisme, le reve d’une économie Africaine

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5 Entrepreneuriat

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AFRIQUE REVIEW NO 50 • DU 2 AU 8 FEVRIER 2016

Pour mieux partir à l’assaut du marché africain, l’entreprise nigériane de distribution de films a signé pour 19 millions de dollars de contrats avec le groupe français.

Les multiples contrats, à hauteur de 19 millions de dollars, représentent des apports en capitaux et du dével-oppement de contenu”, explique iROKO justifiant son accord avec le groupe français. Celui-ci intervient peu de temps après que Netflix, le géant américain de la vidéo à la de-mande, a annoncé avoir poursuivi son expansion pour couvrir désormais 190 pays, devenant un conccurent direct d’iROKO en Afrique. “Nous of-frons Nollywood à l’Afrique”, a déclaré Jason Njoku, le fondateur d’iROKO. “Nous comptons effectuer des tra-ductions en français, swahili, zoulou, donc nous nous différencions de Net-flix (...). “Nous sommes très pointus en termes de contenu local”, a-t-il pour-suivi. “Le fait que Netflix ait décidé de pénétrer le marché africain reste né-anmoins très excitant, parce que cela montre le potentiel énorme que ce marché représente. Quant à

nous, nous sommes très flattés d’être mentionnés dans la même phrase qu’eux”.

iROKO envisage une grosse montée en production originaleiROKO, “le Netflix africain”, dit avoir l’intention de produire “au moins 300 heures de créations originales en 2016, puis de doubler ce chiffre d’ici 2018”. Nollywood, le cinéma “made in Nigeria”, est la deuxième plus grosse industrie du film au monde, générant près d’un million d’emplois et con-tribuant au PIB du pays à hauteur de 1,2%. Au moment où le nombre d’utilisateurs de téléphones porta-ble a explosé en Afrique, et avec lui le nombre d’utilisateurs d’internet via les smartphones, Jason Njoku a eu l’idée de rassembler les films de Nollywood, très populaires sur tout le continent et qui circulent souvent via des VHS et DVDs piratés, et de les rendre accessibles sur internet.

Canal+, un pied dans iROKO iROKO a aussi annoncé l’entrée dans son comité de direction du président

de Canal+ Overseas, Jacques du Puy. Canal+ a indiqué début janvier avoir doublé le nombre de ses abonnés af-ricains en deux ans et compter désor-mais deux millions d’abonnés dans plus de 30 pays du continent. L’Afri-que, dont le groupe a fait une de ses priorités à l’international, rassemble ainsi près de la moitié des abonne-ments internationaux du groupe (5,5 millions). e

5e édition du Forum Afrique à Paris, Au L’explosion de la démographie africaine est bien con-nue, attendue avec espoir par certains et avec beaucoup de craintes par d’autres. De 1,1 milliard d’habitants en 2013, l’Afrique passera à 2,4 en 2050, soit 1,3 milliard de plus en 35 ans, Nourrir, loger, soigner et donner du travail à tant de per-sonnes en si peu de temps semble une gageure. C’est à l’Afrique, mais aussi à la communauté internationale, de relever ce défi. Il exige que tous les acteurs du dével-oppement, entreprises, États, bailleurs, ONG, se concen-trent sur les projets prioritaires et en accélèrent la réalisa-tion : faire utile et vite,

Un deuxième phénomène, lié au premier et aux conséquences tout aussi lourdes voire davantage, con-siste en l’urbanisation du continent. Aujourd’hui, il y a 400 millions d’Africains citadins. Ils devraient être 1,2 mil-liard en 2050, soit un triplement avec une progression de 800 millions. On assistera à la formation de gigantesques mégalopoles. Actuellement, trois villes africaines dépas-sent 10 millions d’habitants, Lagos, Le Caire et Kinshasa, elles devraient être plus de trente en 2050.Autant de thèmes qui seront abordés lors du cinquième Forum Afrique organisé par Le MOCI et le CIAN (Conseils des Investisseurs Français en Afrique), en partenariat avec la Chambre de commerce et d’industrie de région Paris Ile-de-France. Ce forum marquera la parution de l’édition 2015 du rapport annuel du CIAN « Les entrepris-es françaises et l’Afrique » dont le baromètre sur l’envi-ronnement des affaires est un document de référence pour les milieux d’affaires français et africains.

Jason Njoku, fondateur de la société IROKO..

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Nigéria : télévision - VOD : iROKO, le Netflix africain, contre-attaque avec Canal+

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Dossier Business

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Cet ac-

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Révolution et contre-révolution

L’espoir suscité par la révolution a été de courte durée. En juin 2012, Mohammed Morsi, le candidat de la confrérie des Frères musulmans accède au pouvoir à l’issue des premières élections libres de l’histoire du pays. « C’était vraiment très émouvant, les Egyptiens débattaient avec ferveur, ils ont fait des heures de queue devant les bureaux de vote » se souvient Isabelle Mayault, une journaliste française arrivée en Egypte au lendemain de la révolution, qui publie Jours tranquilles au Caire (Riveneuve éditions, 2015).

La place Tahrir est restée vide ce lundi 25 janvier 2016. Il y a cinq ans, noire de monde, cette « place de la libération » au Caire était le point de départ du mouvement de contestation qui a chassé Hosni Moubarak, le 11 février 2011, après 29 an-nées de présidence. Aujourd’hui, l’Egypte est sous la coupe d’un régime autoritaire dirigé par le maréchal Abdel Fattah Al-Sissi. Que reste-t-il de la révolution égyptienne ?

Egypte: Cinq ans après, la révolution. MOHAMMED ABED / AFP

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E-commerceDécollage imminent pour le e-commerce en AfriqueLes ventes en ligne sur le continent ont connu un démarrage timide ces dernières années, couvrant à peine 2 % du marché mondial avec un chiffre d’affaires de 8 milliards de dollars en 2013.

Pourtant, les conditions semblent désormais réunies pour permettre au secteur de se développer de manière exponentielle ; si bien qu’on estime qu’il pourrait connaître une envolée pour culminer à 50 milliards de dollars d’ici 2018.

La 11e édition de l’Africa Telecom People, le salon international des TIC qui s’est déroulé à Abidjan, témoigne du dynamisme grandissant du secteur. Ce salon a réuni acteurs privés et publics du e-commerce dans le but de passer en revue les défis du marché africain et les opportunités à saisir. Nos experts Deloitte, évoluant sur le marché africain depuis de nombreuses années, ont également pris part au débat. La percée fulgurante du mobile en est le principal moteur : avec 350 millions de téléphones portables sur le continent d’ici 2017, le marché des services mobiles est en plein essor. A ce jour, près de 12 % des consom-mateurs d’Afrique francophone ont déjà réalisé des achats via leur mobile. Sans parler de percée comparable, la pénétration d’Internet sur le continent a aussi préparé le terrain au e-commerce pour les 20 % d’Africains désormais connectés à la Toile.

8 Révolution Egypte

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9Le Continent Afro-optimisme et afro-pessimisme

Avenir du continentEntre afro-optimisme et afro-pessimismeFaut-il désespérer de l’avenir d’un continent faisant l’objet de toutes les convoitises ? L’Afrique, après avoir fait l’objet d’analyses marquées par l’émerveillement devant les dynamiques économiques et politiques que connaissent les pays du continent, et ce depuis l’orée des années 2000, semble, à en croire les travaux de nombreux spécialistes, retomber dans les travers et l’impasse caractéristique de la période avant et post ajust-ement structurel.

À Hicham HAFID, Professeur d’économie à l’Institut des études africaines Université Mohammed V, Rabat Mhammed ECHKOUNDI, Professeur d’économie à l’Institut des études africaines Université Mohammed V, Ra-bat.

vulnérabilité de l’État en Afrique est une ques-tion cruciale qui nécessite une conjugaison des efforts de l’Union Africaine et des institutions internationales, afin d’arrêter le phénomène «d’externalités négatives» où la frontière, pass-ablement poreuse, devient le vecteur par le-quel se transmet la vulnérabilité d’un État à un autre. En effet, la dégradation des conditions sécuritaires dans certaines zones africaines, dans un contexte de vulnérabilité croissante de l’État, voire des États, a tendance à occulter le dynamisme économique, politique et social que connaissent de nombreux pays africains.

L’afro-optimisme malgré tout

Face à cet afro-pessimisme qui ne cesse de prendre de l’ampleur au regard de certains phénomènes liés à l’insécurité grandissante et à la tendance à l’émigration et/ou à la radical-isation des jeunes, de plus en plus nombreux par ailleurs, en proie au désespoir, l’état de l’Afrique, à bien des égards, appelle à l’opti-misme. En effet, les dix dernières années ont vu de nombreux pays africains s’engager sur des stratégies de développement basées sur la création des infrastructures, le renforce-ment des institutions, l’investissement dans le développement humain et l’intensification de la coopération dans des domaines liés à la val-orisation de l’agriculture et la transformation des ressources in situ. Il s’agit de stratégies ambitieuses qui ne tarderont pas à porter leur fruit. De même, le nombre important de cad-res africains faisant partie de la diaspora qui regagnent leurs pays est la marque indélébile de la confiance qu’ils placent dans le dévelop-pement du continent. Par-delà les raisons liées aux nouvelles dynamiques de développement économique, politique et social que connaît l’Afrique actuellement, d’autres raisons et pas des moindres plaident en faveur de l’afro-op-timisme. Il s’agit, entre autres :

Les derniers ouvrages parus ces deux dernières années sur l’Afrique se veu-lent des cris d’alarme pour l’avenir du continent, qui est, selon leurs auteurs (Lugan, Michailof et Brunel), en perte de vitesse, voire condamnée, dont le développement relève de l’impossible dans la mesure où l’industrialisation n’a pas eu lieu et reste en butte à des problèmes structurels : un taux de change dissuadant toute stratégie d’industrialisation et une population de plus en plus nombreuse qui double tous les 20 ans, contrairement au PIB qui ne double que tous les 40 ans. De même, les auteurs de ces ouvrages, qui versent à cor et à cri dans le déclinisme africain, mettent en avant des ar-guments tels que la dégradation des conditions sécuritaires, humanitaires, écologiques et institutionnelles au Sahel..

Ce qu’ils qualifient d’«Africanistan» par analogie à la situ-ation chaotique de l’Afghanistan. Force est de constater que le Sahel constitue le point focal de toute réflexion nourrissant l’afro-pessimisme. Comme si l’Afrique se ré-sumait à la situation actuelle qui prévaut dans la bande sahélo-saharienne. Il est opportun de souligner, à cet égard, qu’au-delà de la situation au Sahel qui, certes, devient de plus en plus inquiétante devant l’incapacité de certains pays, à l’instar de Nigeria (un géant

africain tant du point de vue démographique qu’économique), de rétablir l’autorité de l’État et le vide que cela laisse pour que des mouvements ex-trémistes montent en puissance et prolifèrent au nord du Nigeria, à l’ouest du Tchad, à l’extrême nord du Cameroun, en Libye et en Somalie. Cela est d’autant plus préoccupant que ces mouvements remettent en cause le princ-ipe de la souveraineté de l’État et renforcent par là sa vulnérabilité. Effective-ment, la

Est-ce la dictature du court terme qui donne du crédit à cette perception négative de l’Af-rique ?Des efforts importants ont été déployés par les pays africains dans la direction de la di-versification de la structure productive, de développement humain et de mise en place des infrastructures. Peut-être que l’évolution démographique que connaît le continent an-nihile ces efforts et donne l’impression que

Est-ce la dictature du court terme qui donne du crédit à cette perceptionnégative de l’Afrique ?

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Les deux chefs d’État, le 3 avril 2013, en Afrique du Sud?

Chine Gabon : Plus de visas Ce Les détenteurs de passeports diplomatiques ou de service n’au-ront plus besoin de visa pour voyager entre les deux pays, selon les termes d’un accord entre le Gabon et la Chine, signé le 15 décembre à Libreville..

Bonne nouvelle pour les ressortissants gabonais et chinois, détenteurs de passeports diplomatiques ou de service. Ils sont désormais exemptés de visas, conformément à l’accord signé, le 15 décembre dernier à Libreville, entre le Gabon et la Chine. «Répondant au souci de voir les deux nations développer davantage leurs relations d’amitié et de faciliter la circulation de leurs ressortissants respectifs, dans le respect du principe d’égalité et de réciprocité, lequel accord donne en son article premier, la possibilité aux ressortissants des deux pays, détenteurs des passeports diploma-tiques ou de service, y compris passeport pour affaires publiques), validés et délivrés par la République de Chine, d’entrer désormais sur le territoire de l’autre Etat, en sortir ou y transiter sans visa, pour une durée de séjour ne dépassant pas trente jours, à compter de la date d’entrée», a annoncé une source diplomatique à l’issue de la signature de cet accord.

Cet accord précise, en son article 3, que les ressortissants des Etats con-tractants sont dans «l’obligation de demander un visa pour un séjour dé-passant trente jours sur le territoire de l’autre état contractant, ou pour y travailler, étudier, résider, réaliser un reportage ou exercer d’autres activ-ités nécessitant une autorisation préalable des autorités compétentes». Les personnels des missions diplomatiques ou consulaires ainsi que les membres de leurs familles sont dispensés de visa pendant la période d’exercice de leurs fonctions. A condition, toutefois, que «les procédures d’accréditation soient accomplies dans un délai de 30 jours à compter de la date de la première entrée». Dans tous les cas, «cet accord garantit la libre circulation des ressortissants des deux pays non sans tenir compte des spécificités de chaque pays».

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10ILS ONT DIT

« Nous nous réunissons trop souvent, nous parlons toujo-urs trop, mais nous n’agissons pas assez et parfois pas du

tout. »IDRISS DEBY

Président Tchadien

« L’Afrique manque de compétences, Il faut les fonc-tionnaires de l’immigration, il nous faut du courage, il nous

faut travailler et oser. »

DLAMINI ZUMA,Président de la Commission

de l’UA 2015

« Dans la dynamique des changements politiques, bien souvent ces femmes pauvres et analphabètes ont joué un

rôle majeur »ELIKIA M’BOKOLO,historien congolais

« les ethnies sont en grande partie des inventions

coloniales »

JEAN LOUP AMSELLE,Ethnologue français

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par an, seulement 1 % des flux annuels moyens transférés par les migrants. On touche au rêve de tous les bailleurs. Ce serait déjà colossal de parvenir à mobi-liser pour des investissements productifs entre 2% et 3% de tout l’argent qui passe par Western Union ou Moneygram pour la consommation directe des parents restés au pays… Nous sommes conva-incus que le crowdfunding peut y con-tribuer.

Pourquoi les migrants qui transfèrent de l’argent auraient intérêt à se rap-procher des plateformes de crowd-funding ?

Les nouvelles générations évoluent dans l’envie de faire, et plus seulement d’en-voyer de l’argent à la cousine de Bam-ako, pour aller vite. Nous avons fait un test et lancé une application temporaire pour la diaspora béninoise, qui est venue nous solliciter. Sur les 30 000 Béninois qui vivent en France, nous avons réussi à en faire venir 300. Ce n’est pas un chiffre im-portant, mais sur les 300 personnes qui ont cliqué sur notre application, le taux de transformation s’est élevé à 50 %. Au-trement dit, la moitié des gens ont décidé de prêter des montants moyens de 40 euros. Un tel taux représente du jamais vu – quand on passe au journal télévisé, on peut espérer un taux de transforma-tion de 1%… C’est le signe qu’il se passe quelque chose.

Babyloan va-t-il donc s’adresser à des immigrés africains ?

Nous construisons en effet un portail qui va permettre de lancer des mini-sites thématiques. Avec Total, nous lançons Babyloan Access to Energy, consacré aux projets de microcrédit dans l’énergie, pour des panneaux solaires entre autres. Ce portail très simple va figurer dans notre site dans la thématique « microfi-nance verte ».Nous voulons aussi créer une filiale com-merciale de Babyloan, visant à faire entrer les investisseurs institutionnels comme l’AFD. L’objectif est d’ouvrir un site Inter-net comportant

Dossier Business11

Interview Thierry-BARBAUT

Le crowdfunfing ou « finance participative » ouvre de nouvelles perspectives.

Le financement participatif, en anglais « crowdfunding », est-il un outil de fi-nancement d’avenir pour les projets de développement au Sud?

Quand on étudie les potentialités du marché, on peut répondre oui. Le crowd-funding a permis de collecter en cumul 35 milliards de dollars à ce jour à l’échelle mondiale, pour tout type de projet (du financement de films à des start-ups, du micro-crédit, de l’évènementiel en passant du prêt à la consommation). Le potentiel de collecte est estimé à 1000 milliards de dollars à horizon de dix ans. Une étude de la Banque mondiale dédiée au financement participatif estime que sur ces 1000 milliards, 96 milliards pour-raient être affectés aux pays en dévelop-pement. Autrement dit, on en est à l’an-née zéro du crowdfunding pour les pays en développement.

Deuxième point : l’outil est incroyable-ment bien adapté aux collectes solid-aires, faites dans un but de bienfaisance et de philanthropie (du don pour les ONG ou l’action humanitaire, du prêt solidaire, etc). Pas moins de 40 % de la collecte de fonds par le crowdfunding, tous méti-ers confondus, se destinent en effet à des projets solidaires – des ONG au sens large.

Mieux encore, en France et aux Etats-Un-is, entre 5 % et 10 % de la collecte « sol-idaire » via le crowdfunding ne porte pas sur des dons mais des prêts ou de l’inves-tissement en capital – autrement dit, de l’investissement à impact sur le dével-oppement. C’est ce que l’on appelle au-jourd’hui le « crowdimpacting ». Il existe dans le monde une vingtaine de sites de micro-crédits comme Babyloan, qui per-mettent aux contributeurs de récupérer leur capital, mais aussi avec des sites de prêts rémunérés ou d’investissement dans des social business. En sept ans, pas moins de 36 000 membres ont prêté 11,5 millions d’euros via Babyloan, permettant de financer 24 500 micro-entrepreneurs..

D’où viendraient ces 96 milliards de dollars potentiels?

Ils peuvent venir du grand public des pays du nord, dans une logique Nord-Sud, mais aussi des diasporas, le grand sujet actuel pour les bailleurs de fonds, compte tenu de l’importance des trans-ferts de fonds des migrants vers leurs pays d’origine. Troisième axe : le crowd-funding Sud-Sud, qui permettrait aux résidents d’un pays du Sud de financer leur propre développement, des Maliens au Mali par exemple.

Les transferts d’argent des migrants sont en effet colossaux. Comment le crowdfunding peut-il capter ces fonds ?Les statistiques de la Banque mondi-ale nous disent que ces transferts vont s’élever à 450 milliards de dollars par an. Quand on parle d’un potentiel de 96 mil-liards sur dix ans de financements sus-ceptibles d’aller à des projets de dével-oppement, cela représente des volumes financiers moyens de 9,6 milliards par an. Imaginons que 50 % de ces fonds vien-nent des diasporas – soit 4,5 milliards

Thierry Tarbaut sorbonne conference Nigeria Boko Haram

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Grâce à son format innovant, à la puissance des chaînes de télévision TRACE en Afrique et à l’utilisation massive de la téléphonie mobile et des réseaux sociaux, le nombre de can-didats dépasse celui de toutes les compétitions musicales tra-ditionnelles.

Airtel TRACE Music Star 2015 a reçu un Award pour la meil-leure initiative panafricaine dans l’univers média/télécom aux AfricaCom Awards à Cape Town en Afrique du Sud et le vain-queur 2015, Mayunga, a remporté un contrat d’artiste, une session de coaching avec Akon aux États-Unis et un soutien promotionnel sur les médias TRACE pour un montant total de plus de 500 000€.

Son premier single « Nice Couple » s’est hissé à la première place des charts en Tanzanie, son pays d’origine. Son nouveau titre « Please Don’t Go Away » en collaboration avec Akon sortira en février pour le lancement d’Airtel TRACE Music Star saison 2.

Cette année, Airtel TRACE Music Star se déroulera en Répub-lique Démocratique du Congo, au Gabon, au Ghana, au Ken-ya, à Madagascar, au Malawi, au Nigeria, en Tanzanie, en Zam-bie et pour la première fois au Niger.

Le vainqueur de chaque pays sera récompensé et affrontera les gagnants des autres pays lors d’une grande finale panafri-caine à Lagos au Nigeria.

Pour participer, les candidats devront appeler un numéro depuis leurs téléphones portables et enregistrer leurs chan-sons.

Le gagnant 2016 remportera un contrat d’artiste, un voyage à Atlanta (USA) pour une session de coaching avec Keri Hilson, la production d’un titre et d’un clip vidéo en duo avec la chan-teuse et un contrat de promotion sur les médias radio, TV et digitaux de TRACE.

Keri Hilson est la marraine de la seconde saison d’Airtel Trace Music Star

1210 à 15 portails dédiés à des pays différents. Chaque portail aurait un ou deux responsables commerciaux, dont la mission serait de mobiliser les diasporas de son pays sur les applica-tions.

Il faut lever 5 à 6 millions d’euros pour lancer notre filiale com-merciale, un investissement assez lourd. Ensuite, un travail de sélection des IMF partenaires s’impose. Il va falloir trouver dans chaque pays d’Afrique francophone au moins deux ou trois IMF qui couvrent l’intégralité du territoire. Enfin, il faut trouver de vraies belles PME. Dans un premier temps, les por-tails ne seront accessibles qu’aux ressortissants non résidents des pays concernés, par exemple le Béninois de France, mais pas celui du Bénin. La raison ? Les règlementations de l’Un-ion économique et monétaire de l’Ouest africain (UEMOA) interdisent à des personnes physiques de prêter, considérant qu’elles se livrent à des activités bancaires.

Pour attirer les investisseurs, il faut inspirer confiance. Comment faire ?

Notre modèle est intermédiaire : nous agréons les institutions de microfinance (IMF), parce que nous devons inspirer confi-ance dans le choix de nos partenaires. Nous réfléchissons à mettre en ligne directement des PME africaines qui sont suiv-ies par des fonds d’investissement français ou des incubateurs d’entreprises en Afrique qui pourraient être financés en direct par Babyloan. Dans ce cas, nous ne serons plus sur des pro-jets de 400 euros, mais 20 000 à 30 000 euros. La question qui découle de ce choix est celle-ci : comment sélectionner une PME fiable et pérenne ? D’où notre intention de travailler avec des spécialistes comme Jean-Michel Sévérino chez Investis-seurs et Partenaires (I&P) par exemple, pour le premier test.

Nous allons adosser Babyloan Africa à un fonds d’investisse-ment dédié, susceptible de lever de l’argent auprès des in-stitutionnels et de prêter aux IMF en abondement des prêts faits par les internautes. L’idée est de dire qu’à partir d’un cer-tain montant de prêts réalisés par les internautes, le fonds va tripler la mise sous forme de lignes de crédits complémen-taires débloquées au bénéfice de nos IMF partenaires. Nous sommes le premier site de crowdfunding à avoir couplé son activité avec un fonds d’investissement, un projet mené avec le Crédit coopératif et Ecofi sur la base d’un fonds luxembour-geois. Notre idée est de rester modeste sur la mobilisation des diasporas, et d’aller voir les bailleurs de fonds pour leur pro-poser d’investir également en abondement. C’est un projet très complet, totalement focalisé sur les diasporas.

Seconde édition d’Airtel Trace Music Star

La seconde édition d’Airtel TRACE Music Star, la plus grande opération de détection de talents musicaux ja-mais organisée en Afrique, est lancée et démarre le 1er février 2016 dans 10 pays africains

Après Akon en 2015, c’est Keri Hilson, la superstar américaine du R&B, qui est la marraine de cette édition 2016.

Pour sa première édition en 2015, Airtel TRACE Music Star avait enregistré plus de 2,3 millions de candidatures.

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Interview Musique

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Axione crée sa filiale au Gabon et lance la concession d’aménagement numérique

Axione, filiale de Bouygues Energies & Services, annonce la création de sa filiale Axione Gabon. Cette structure permettra d’assurer le contrat de Délégation de Service Public (DSP) numérique, signé avec la Société de Patrimoine des Infrastructures Numériques (SPIN). Ce contrat porte sur l’exploitation technique et commerciale des infrastructures optiques na-tionales et internationales du Gabon.

Les opérations de la DSP numérique signée au Gabon à l’issue d’un ap-pel d’offres international, Axione, filiale de Bouygues Énergies et Services, lance sa filiale Axione Gabon. Implantée à Libreville, elle compte déjà onze collaborateurs. Cette structure lui permettra d’assurer le contrat signé pour une durée de sept ans avec la Société de patrimoine des infrastruc-tures numériques (SPIN). Il comprend une activité d’opérateur de gros et la maintenance des infrastructures optiques dont l’État gabonais est pro-priétaire.

Implantée à Libreville, Axione Gabon compte déjà 11 collaborateurs pour lancer les opérations de la DSP numérique signée avec le gouvernement gabonais à l’issue d’un appel d’offres international.

Associé à Bouygues Energies & Services Gabon, Axione Gabon assurera pendant sept ans l’exploitation technique et commerciale des réseaux op-tiques en tant qu’opérateur de gros auprès de tous les opérateurset fournisseurs d’accès Internet, ainsi que la maintenance des infrastruc-tures optiques dont l’Etat est propriétaire : le câble international sous-marin Africa Coast to Europe (ACE), le câble sous-marin national entre Libreville et Port-Gentil et la liaison optique terrestre traversant le pays d’Ouest en Est, construite en 2016.

« L’objectif est de sécuriser les communications internationales et la con-nectivité à l’internet au Gabon, et de dynamiser le développement de l’in-ternet haut débit fixe et mobile auprès des populations et desentreprises du pays » explique Pierre-Eric Saint André, Directeur Général Power Telecom Afrique de Bouygues Energies & Services. Le pays compte près de 1 million de clients internet (fixe et mobile), sur une population de 1,5 million d’habitants*.

Axione Gabon assure la relation contractuelle avec le délégant, anime la relation commer-ciale avec les opérateurs et pilote les contrats de sous-traitance pour les travaux, l’exploitation et la maintenance. Elle s’appuie sur le savoir-faire d’Axione pour l’ingénierie, la commercialisa-tion, l’exploitation et la maintenance de réseaux optiques. « Cette implantation sur le territoire gabonais confirme la capacité d’Axione à ex-porter son savoir-faire acquis en France dans la gestion d’infrastructures publiques depuis plus de 10 ans »,affirme Pierre-Eric Saint André. Bouygues Ener-gies & Services Gabon réalise les travaux de rac-cordement et des opérations de maintenance sur le réseau fibre optique et les différents sites en matière d’alimentation énergétique et de cli-matisation.

En quelques semaines, déjà 6 opérateurs et fournisseurs d’accès Internet ont souscrit plus 1,5Gbps de trafic sur les infrastructures déléguées à Axione Gabon et pourront ainsi pro-poser leurs meilleurs services à tous leurs clients, entreprises et particuliers. « La neutralité d’inter-vention d’Axione Gabon en tant qu’opérateur de gros est essentielle pour permettre à l’ensemble des opérateurs et fournisseurs d’accès Internet d’accéder aux infrastructures optiques du Ga-bon dans les meilleures conditions ».

Le service public numérique délégué à Axione réduira la fracture numérique territoriale et so-ciale du Gabon, permettant aux opérateurs d’of-frir leurs services sur une large partie du territoire dans des conditions économiques satisfaisantes pour stimuler l’innovation et la compétitivité de l’économie numérique gabonaise.

« Nous avons pris des engagements forts pour le développement local et durable du territoire », ajoute Pierre-Eric Saint André, « avec en par-ticulier une politique de recrutement local et de formation de collaborateurs ayant des profils techniques, commerciaux et administratifs ». A terme, une quinzaine de personnes devraient être recrutées. Le recours aux PME gabonaises pour les besoins de sous-traitance sera égale-ment privilégié.

Ce premier contrat à l’international « confirme la capacité d’Axione à exporter son savoir-faire ac-quis en France dans la gestion d’infrastructures publiques depuis plus de 10 ans », explique Pierre-Éric Saint André, directeur général Power telecom Afrique de Bouygues Énergies et Servic-es. Le Gabon compte près d’un million de clients internet sur une population de 1,5 million d’hab-itants.

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Axione, filiale de Bouygues Energies & Services (France) et la Société de Patrimoine des Infrastructures Numériques (SPIN) du Gabon

Numérique Business

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CIMA : Issofa Ncharé prend officiellement fonction Entre 2006 et 2014, le chiffre d’affaires des com-pagnies d’assurance de la zone CIMA est passé de 472,7 milliards de FCFA à 940,3 milliards de FCFA. Le nouveau secrétaire général de la Conférence interafric-aine des marchés d’assurances (Cima), le camerounais Issofa Ncharé, a officiellement pris les rennes de l’instance fin janvi-er à Libreville, en remplacement de Jean-Claude Ngbwa, en poste depuis deux ans.Au rang de ses principales missions, il devra « poursuivre et finaliser tous les chantiers en cours, notamment l’améliora-tion du cadre réglementaire, le renforcement de la solidité financière des entreprises d’assurances, la fiabilisation de l’in-formation produite par les acteurs, l’adoption et la mise en œuvre d’un dispositif de supervision efficace et harmonieux, préservant à la fois les intérêts des assurés et des bénéficiaires de contrats d’assurance et l’équilibre financier des acteurs du secteur ».

« Vous veillerez, en outre, à intensifier la coopération avec d’autres partenaires intervenant dans le secteur de la régula-tion financière en général, et de la régulation des assurances en particulier… (…) Vous vous assurerez que la Cima contin-ue d’adopter les meilleurs pratiques en cours et les normes applicables au niveau international, en matière de supervi-sion des entreprises d’assurances », devait déclarer Alamine Ousmane Mey, président du conseil des ministres des assur-ances de la Cima, à l’endroit du nouveau secrétaire général.

A noter qu’entre 2006 et 2014, la Cima a connu une progres-sion remarquable de son chiffre d’affaires, passant de 472,7 milliards de francs CFA à 940,3 milliards.

« L’analyse objective de la situation de nos marchés laisse en-core entrevoir d’importants efforts à déployer pour rendre le secteur plus crédible », commente toutefois Jean-Claude Ng-bwa, le secrétaire général sortant.

La Conférence interafricaine des marchés d’assurance (CIMA) est un organisme communautaire du secteur des assurances. Issue de l’évolution de la Conférence internationale des con-trôles d’assurances (CICA), elle regroupe le Bénin, le Burkina Faso, le Cameroun, le Congo, la Côte d’Ivoire, le Gabon, la Guinée Bissau, la Guinée Equatoriale, le Mali, le Niger, la Ré-publique Centrafricaine, le Sénégal, le Tchad et le Togo.

ILS SONT AU SOMMET CETTE SEMAINE 15

ILS SONT EN BAISSE

IDRISS DEBYDésigné « nouveau président en exercice de l’Union Africaine samedi à Addis Abeba.M. Déby, qui occupera la présidence tour-nante de l’organisation continentale pen-dant un an.

LAURENT GBAGBOCPI « ils plaidé non coupable jeudi 28 janvi-er des faits reprochés. La Cour examinait ce vendredi matin, les détails de l’accusation. s.

AMADOU MAHTAR BADésigné « membre du groupe de travail de haut niveau de l’initiative sur l’autono-misation économique des femmes. Cette nomination est rendue publique par le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki Moon.

ISSOTA NCHAREDésigné « Le nouveau secrétaire général de la Conférence interafricaine des marchés d’assurances (Cima), le camerou-nais Issofa Ncharé, a officiellement pris les rennes de l’instance fin janvier à Libreville, en remplacement de Jean-Claude Ngbwa

GUILLAUME SORO

débute est un exercice périlleux, même si les élections, les crises dont l’épilogue se fait attendre ou les événements sportifs et culturels mettront certainement en avant des protagonistes bien connus.

TOKYO SEXWALELa Fédération sud-africaine de football (SAFA) a demandé à son candidat Tokyo Sexwale, seul Africain à se présenter à la présidence de la Fifa, de venir s’expliquer sur la trop discrète campagne qu’il mène en vue de l’élection du 26 février, à Zurich.

PIERRE NKURUNZIZA« l’attitude du pouvoir de Bujumbura, fer-mé à toutes les voies de médiation que sur les solutions envisagées par l’institution communautaire pour régler le problème.

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Depuis de longues années maintenant, la présence des musulmans en France, et leur rôle positif, est régulièrement questionnée, voire remise en cause. Après l’effroyable tuerie de Charlie-Heb-do et de l’épicerie de l’Hyper Cacher, il y a tout juste un an, et plus encore sans doute depuis le 13 novembre 2015, qui a vu de jeunes Français et de jeunes Eu-ropéens se réclamant lâchement de l’Is-lam assassiner froidement et aveuglé-ment des innocents en plein cœur de Paris, ces interrogations se multiplient de manière dangereuse et inquiétante

En effet, pas un jour ne se passe sans qu’un article de presse ou une analyse traitant des musulmans de France ne paraisse dans la presse. Pas une se-maine ne se passe non plus sans qu’un commentaire ou une opinion sur ces mêmes musulmans n’émane d’une femme ou d’un homme politique.Aussi, en ces temps de « musulman-ophobie » galopante qui s’ancre tous les jours un peu plus en France, il est sans doute opportun de rappeler à ces femmes et hommes politiques, essay-istes, polémistes et autres experts du tube cathodique, ce que la France – et l’Europe dans sa globalité – doit aux musulmans.

La maison de la sagesse et du savoir

Alors que l’Europe médiévale était en-tourée de superstition, de fanatisme, de fatalisme, et d’autres irrationalités, le monde arabo-musulman, sous

l’impulsion des dynasties Omeyyade et Abbasside, représentait au contraire la bayt al hikma, ou la « maison de la sa-gesse et du savoir ». Et c’est ce savoir qui a permis aux Européens de sortir des ténèbres de l’ignorance dans laquelle ils étaient plongés, débouchant ainsi sur la Renaissance et les Lumières.

Si l’on parle beaucoup aujourd’hui de la nécessité pour l’islam de se ré-former (ijtihad), n’oublions pas que les divergences entre les philosophes musulmans tels qu’Al-Ghazali (1058-1111), Ibn Rushd (Averroès, 1126-1198), Al-Farabi (827-950) ou Ibn Sina (Avi-cenne, 980-1037) existaient déjà à cette époque, produisant ainsi un terreau fer-tile et dynamique aux débats (ikhtilaf ). Critiquant les travaux d’Aristote (384 av. J.-C.-322 av. J.-C.) dès le XIIe siècle, Aver-roès et Ibn Tumart (1080-1130) furent aussi les précurseurs de la distinction entre la philosophie et le religieux, se-mant les graines des Lumières et de la rébellion contre l’Eglise.

Que seraient aujourd’hui les études so-ciologiques sans l’apport inestimable d’Ibn Khaldoun (1332-1406), le père de la sociologie moderne, dont le con-cept d’asabiya, ou esprit de corps, in-fluença énormément la notion de virtu de Machiavel (1469-1527) ? Et que dire du mathématicien perse Al-Khawarizmi (780-850), le père de l’algèbre

et de l’algorithme, dont les travaux per-mirent notamment de reconstruire la cathédrale de Chartres qu’un incendie avait presque détruite au XIIe siècle ? La liste est longue. Mais comme l’écrit si justement l’anthropologue Robert Briffault (1876-1948) dans son livre The Making of Humanity, « la science [occi-dentale et par extension française] doit bien plus à la culture arabe que des découvertes ; elle lui doit sa propre ex-istence »

Des liens historiques profonds

Qu’en est-il des musulmans et de leurs liens avec la France depuis un siècle ? Et de ces tirailleurs sénégalais qui combat-taient au sein de l’armée française lors de la première guerre mondiale ? Ou bien du rôle des goumiers marocains face à l’Allemagne hitlérienne ?

Des intellectuels, des sportifs, des symboles qui font la France

De son vivant, l’islamologue musulman Mohammed Arkoun (1928-2010) faisait aussi la France avec ses nombreux travaux académiques qui ont énormé-ment contribué à la compréhension de l’islam. Citons aussi au hasard le philos-ophe et anthropologue des religions Malek Chebel, l’écrivain Tahar Ben Jel-loun, la réalisatrice Yamina Benguigui ou les journalistes Sonia Mabrouk et Rachid Arhab, ce dernier ayant été aussi membre du CSA

Que serait la France sans les musulmans?

Un grand flou entoure la date arrêtée pour les législatives. Prévu à l’or-dre du jour du Conseil du gouvernement du jeudi 28 janvier, le projet 2.6.69 de décret fixant date des élections de la Chambre des représentants (les législatives, donc) sus-cite les interrogations. Si nous savons qu’un décret viendra, demain jeudi, mettre fin au sus-pense entourant à

L’ÉNIGME MAROCAINE

17 Religion France

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la date des élections lég-islatives, nous ne con-naissons toujours pas la date exacte à laquelle se-ront tenues ces élections. Contacté par le HuffPost Maroc, le porte-parole du gouvernement et ministre de la Commu-nication Mustapha El Khalfi nous a déclaré que “le décret n’est pas en-core là”. Il indique, en re-vanche, que “le Chef du gouvernement

a précédemment déclaré que les élections auront lieu durant la première semaine d’octobre.” Si la date d’octobre se confirme, Abdelilah Benkirane se sera donc conformé au texte con-stitutionnel qui, dans son article 62, dispose que “les membres de la Chambre des représent-ants sont élus pour cinq ans au suffrage universel direct.

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L’homme qui veut à tout prix l’alternance au Gabon »

Alors que la candidature unique de l’opposition évolue a dou-ble sans, Jean ping a été désigné à l’unanimité par les seize membres (sur 27) du Front uni de l’opposition présents lors d’un vote, en fin de matinée, vendredi 15 janvier, selon les in-formations, confirmées par Jean Eyeghé Ndong, proche sou-tien de Jean Ping. Sachant q’une bonne partie des membres de cette grande coalition rejettent sa candidature.

«Nous devons mettre fin à nos postures. Nous avons besoin d’un citoyen et non d’un homme providentiel. Dans l’éven-tualité d’une élection, un homme s’est révélé à mes yeux, c’est Jean Ping. Je ne dénie nullement les capacités des au-tres membres du Front. J’ai tenu à exprimer clairement ma préférence en la personne de Jean Ping», a-t-il clairement laissé entendre, l’ancien premier ministre Gabonais.

L’ancien président de la Commission de l’UA battait campagne depuis plusieurs mois, arpentant le pays et a l’étrangers pour recueillir les soutiens.

« Il est temps de mettre fin à une situation inédite d’un demi-siècle de pouvoir par une même famille », a déclaré Jean Ping lors d’un passage à Paris, plaisant pour une « alternance » à la famille Bongo. Selon lui, cette alternance est d’autant plus nécessaire que la Constitution gabonaise ne prévoit pas de « limitation du nombre de mandats »

« Ce n’est pas possible, au 21e siècle, on ne peut pas entrer dans l’Histoire en reculant », a insisté l’ancien collaborateur d’Omar Bongo Ondimba, décédé en 2009, et père de deux enfants de Pascaline, fille de l’ancien président

« Où est parti cet argent ? »

« La situation politique, économique et sociale s’est aggravée : il y a des grèves partout, des manifestants, les élèves ne vont plus à l’école, les syndicats sont en grève, le chômage s’ag-grave, les entreprises quittent le pays », accuse Jean Ping. « On n’est pas très loin du chaos. Dans un pays de 1,5 million d’hab-itants avec autant de richesses – pétrole, manganèse, fer, bois – comment comprendre que les Gabonais soient pauvres ? », assène-t-il

« En 52 ans, moins de 3 000 km de routes ont été constru-its dans le pays. Quand nos voisins, la Guinée équatoriale et d’autres, ont construit des autoroutes, il n’y a pas une seule autoroute au Gabon », énumère Jean Ping. Et de poursuivre « Omar Bongo a construit un chemin de fer de 600 km (inau-guré en 1978, NDLR). Depuis lors, il n’y a pas eu un kilomètre de voie ferrée !». Ce qui n’a toutefois pas empêché l’ancien président de la Commission de l’UA de sillonner pour sa cam-pagne électorale.

Que reprochent à Jean Ping ses détracteurs ?

Le fond comme la forme. Ses opposants au sein du Fopa lui re-prochent tout d’abord de ne pas les avoir conviés à la réunion ayant conduit à sa désignation. « Cette consultation est une violation flagrante des procédures du Front », tonne Jean de Dieu Moukagni Iwangou, président de l’UPG. « Nous n’avons même pas été informé de cette réunion. C’est un groupe qui a agi au sein de la coalition », poursuit Jean de Dieu Moukagni Iwangou.

Ces tensions ne sont pas nouvelles. Depuis de longues se-maines, certains membres du Fopa reprochaient ouverte-ment à Jean Ping de faire cavalier seul et de ne pas respecter le calendrier fixé par la coalition.

Ses faiblesses

La première faiblesse de Jean PING à l’élection de 2016 se situe sur son discours au moment de sa démission du PDG. En effet, l’ancien Président de la commission de l’Union Afric-aine a énoncé des raisons d’ordre personnelles expliquant sa démission du parti au pouvoir. Une posture qui n’a pas trouvé un écho favorable auprès des gabonais. Comme la première impression finit toujours par s’installer comme une vérité éternelle et inchangeable, cet aspect risque de le poursuivre comme une hantise en 2016 et là-dessus, les adversaires ne lui feront certainement pas de cadeaux.

Le départ de PING de la commission de l’UA, après son échec alors qu’il était candidat à sa propre succession, est certaine-ment à l’origine de son engagement politique au Gabon. Tout indique ici qu’il sort de l’Union Africaine par la petite porte. Des sources concordantes affirment que Jean PING accuse Ali Bongo de ne pas avoir soutenu sa candidature. Ce qui a tend-ance à confirmer l’hypothèse d’intérêts personnels comme étant la principale source de motivation du natif d’Omboué. Là aussi, les adversaires se feront le plaisir de le rappeler à la population le moment venu.

Jean PING a réussi à réunir les opposants autour du Front Uni de l’Opposition. Une initiative qui rappelle les autres re-groupements et coalitions des leaders de l’opposition qu’il y a eu par le passé. Au-delà de la détermination de certains, mais d’autres risquent d’affaiblir la coalition, non pas par leur pro-pre volonté, mais parce qu’ils seront certainement dans une situation où ils n’auront pas de choix.

Ses forces

Jean Ping a montré sa force en réussissant à rassembler une opposition en mal de leadership. Ce qui traduit ici la volonté de l’homme à savoir faire usage de la diplomatie pour attein-dre ses objectifs. Si au début il était non seulement soupçon-né dans le milieu de l’opposition gabonaise, mais aussi craint vu que la plupart des opposants sont des anciens barrons du pouvoir en place qui se connaissent, mais Jean Ping a su se montrer diplomate et cogner à la porte pour entreprendre des négociations avec ceux qu’il pense être des leaders char-ismatiques de l’opposition.

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20C’est cette force diplomatique qui lui vaut d’ailleurs les relations qu’il pourrait entretenir avec les personnalités et institutions in-ternationales. En tant que diplomate et pour avoir été Président de la Commission de l’Union Européenne, il n’y a pas une porte qu’il puisse frapper sans qu’on ne la lui ouvre. Bien qu’il ne soit plus à la tête de l’UA, mais sa voix est toujours écoutée. Comme en Afrique, une élection ne se gagne pas seulement par les urnes, mais aussi par l’assurance que l’on donne aux investisseurs et bailleurs de fonds internationaux. Pour cela, il faudrait négocier et Jean Ping sait très bien le faire.

Sa force financière. Il a souvent d’ailleurs déclaré qu’il était à l’abri du besoin. Jean Ping a les moyens nécessaires pour négo-cier et pour atteindre ses objectifs. Il n’est donc pas du type à tomber dans le coup de la corruption. Ses passages aux médias internationaux, les tournées à l’intérieur du pays et causeries dans les quartiers de Libreville sont financés sous fonds propres. Il a engagé une vaste campagne de recrutement des militants et d’installation de cellules dans les quartiers de Libreville et à l’intérieur du pays. Tout ceci en moins de 8 mois dans l’opposition. C’est dire ici la capacité de l’homme à pouvoir financer ses projets et sa presqu’impossibilité d’être corrompu.

Jean Ping a dévoilé sa stratégie politique avec sa visite dans la province du Haut-Ogooué. A travers cette sortie politique, il veut s’attaquer prioritairement aux zones difficiles, pour qu’elles lui soient moins préoccupantes en 2016. Mais ce n’est pas pour autant qu’il laisse tomber ses fiefs politiques (les siens et ceux de ses amis de l’opposition). De temps en temps, les délégations passent dans des quartiers, provinces, départements et villages pour mobiliser et rassurer les militants. Cette stratégie lui per-mettra de savoir, à l’approche des élections, quelles sont les zones dans lesquelles il devra concentrer plus de moyens.

Jean Ping avait notamment lancé son site internet de campagne le 18 juin 2015, afin d’exprimer sa « vision du Gabon », de re-prendre « ses interventions récentes », citer « ses déclarations à la presse » et publier « ses communiqués ».

Entouré d’une équipe d’une cinquantaine de personnes, il avait également passé un accord avec la télévision TV+ Gabon, chargée de rediffuser une partie de sa campagne. Alors que des dissensions étaient apparues ces derniers mois au sujet de sa candidature, Jean Ping devrait désormais s’attacher à unir les barons de l’opposition derrière lui.

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La 27e édition du Marathon international de Marrakech, organisée par l’association du Grand Atlas, se déroulera dimanche en mat-inée avec quelque 7.500 athlètes marocains et étrangers sur la ligne de départ, dont 70 ath-lètes de renommée mondiale, spécialisés dans les épreuves du marathon ou du semi-mara-thon. L’objectif affiché par les organisateurs est que le record de la catégorie dames soit battu.

Organisé sous le Haut Patronage de S.M. le Roi Mohammed VI, par l’Association du Grand At-las, le Marathon international de Marrakech, retenu par la Fédération royale marocaine d’athlétisme en tant qu’épreuve du Champi-onnat du Maroc, conviera 7.500 coureurs am-ateurs et professionnels à sillonner les artères de la ville ocre dimanche matin. Cette année, les organisateurs ont décidé d’appuyer la par-ticipation marocaine, en limitant le nombre d’athlètes kényans et éthiopiens, ces derni-ers ayant dominé les précédentes éditions de long en large, occupant souvent la quasi-total-ité des places du Top 10. Lors de la conférence de présentation de l’événement, Mohamed Knidiri, directeur du marathon et président de l’association le Grand Atlas, a également annoncé une autre nouveauté pour l’édition 2016 : l’engagement d’un directeur technique étranger chevronné qui tentera de réaliser de bonnes performances au niveau des chronos pour la catégorie messieurs et visera le record du marathon catégorie dames.

La 27e édition du MIM, à l’instar des précé-dentes, se tiendra sous le signe de la protec-tion de l’environnement, puisque la direction mènera encore une fois une campagne de sensibilisation pour inciter les citoyens à ne pas utiliser leurs voitures durant le marathon. Seule épreuve du continent à être retenue par l’Association internationale des fédérations.

d’athlétisme (IAAF) en 2012 comme étant qualifiante pour les Jeux olympiques de Lon-dres 2012, le Marathon de Marrakech a égale-ment été placé au Top 6 des marathons pen-dant la première moitié de la saison de l’année 2013. Pour rappel, l’édition précédente avait consacré l’hégémonie des coureurs éthiopi-ens et kényans, avec la victoire de l’Éthiopien Tiruneh Workneh Tesfa (2h 8min 51s) chez les hommes et sa compatriote Wolkenech Edesa 2h 31min 6s).

De grosses pointures issues des quatre continents seront attendues, notam-ment les athlètes ayant couru l’épreuve du marathon en dessous de 2h10, dont les Kényans Stephen Tum (2h06min3sec), Kipkoech Kotut (2h07min-3sec) et Felix Kiprotich (2h08min0sec), a-t-il fait savoir.

Cet événement sportif connaîtra également la participation de presque tous les athlètes marocains spécialistes de cette discipline, dont Hassan Ahouchar (2h11min5sec) et Lahcen Mokraji (2h12min2sec).

Côté dames, la 26ème édition du MIM sera marquée par la participation de la Kenyane Lydia Rutto (2h28min4sec), l’Ethiopienne Lemlem Berhe Yachem (2h29’43”), la Kenyane Valary Aiyabei (2h30’18”) ainsi que les Marocaines Hanane Janat (2h34’20”), Soumiya Labani (2h43’39’’) et Malika Benlfakir (2h36’06”).

En marge de ce marathon, une course de trois kilomètres sera organisée au profit des enfants scolarisés âgés de 10 à 13 ans et ce le 24 janvier 2015.

Selon les organisateurs, l’enjeu de cette course est de donner goût à cette jeune population qui constituera une pépinière d’athlètes et de futurs sportifs de haut niveau.

Le vainqueur de l’épreuve du marathon, catégorie hommes, empochera la coquette somme de 15000 dollars alors que côté dames, la vainqueur em-pochera 8000 dollars. Des récompenses spéciales seront décernées aux ath-lètes marocains les mieux classés dans l’épreuve du marathon et du semi-mar-athon en vue d’encourager l’athlétisme national.

Pour rappel, cette édition est placée sous le signe de la sensibilisation à la pro-tection de l’environnement avec l’organisation, le jour même de l’événement, d’une journée sans voitures dans la ville ocre. L’objectif étant de sensibiliser les gens à la nécessité de diminuer le taux de pollution.

Quelques 7.500 sont attendus dimanche sur la ligne de départ du marathon de Marrakech.

Marathon international de MarrakechLes dames sont a la une

22 Sport Maroc

AFRIQUE REVIEW NO 50 • DU 2 AU 8 FEVRIER 2016

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Après une bonne année commerciale sur le marché du neuf, Renault Maroc relève sa cadence sur sa production in-dustrielle. Le groupe boucle l’année sur un volume d’un peu plus de 288.000 véhicules sortis des lignes de montage de son dispositif industriel local. Ce vol-ume est en hausse de 26% par rapport à 2014. L’usine tangéroise Renault-Nis-san, vaisseau amiral de la présenceindustrielle du constructeur français, a 229.000 unités à son actif. Ce chiffre dépasse de près les 250.000 véhicules prévisionnels avancés en octobre dern-ier par Jacques Prost, DG à la retraite du groupe Renault Maroc. L’unité con-solide tout de même son positionne-ment à l’export.

part de 94% de la production de l’usine a été destinée aux marchés étrangers. Ce qui correspond à un volume de 216.057 véhicules. Sur la plateforme casablancaise de Somaca, ce sont quelque 59.000 véhicules qui sont sor-tis des chaînes de production à fin 2015, dont 68% (40.480 unités) expédiés vers les marchés à l’export. Ces flux se sont opérés via les ports de Casablanca et Tanger Med, avec des volumes respec-tifs de 15.750 et 24.730 unités.

Au total, ces performances portent le volume global des exportations de l’industriel à un peu plus de 256.500 voitures. Un volume en progression de 26% par rapport à 2014. La France, l’Espagne et la Turquie forment le top 3 des destinations d’exportation des unités industrielles du groupe. A eux trois, ces marchés ont absorbé un to-tal de 115.877 véhicules en 2015. Cela équivaut à plus de 45% de la produc-tion globale du constructeur. Le succès de Sandero sur le marché européen est un des facteurs de performance sur lequel le groupe a surfé en 2015. Le modèle a d’ailleurs été le plus pro-duit par le constructeur au Maroc avec 143.049 unités.

Il est suivi par le Dokker avec 71.515, Logan avec 40.826 unités et 32.663 Lodgy.

A l’échelle régionale, c’est l’Egypte, l’Arabie Saoudite et la Tunisie qui for-ment le peloton de tête des pays ara-bes importateurs de véhicules produits par le dispositif industriel du groupe de la marque au losange au Maroc.

Sur le segment des pièces automobiles, la plateforme International logistic network

du groupe au Maroc (ILN) a permis l’expédition de pièces manufacturées auprès d’une vingtaine de fournisseurs locaux dont l’usine Renault-Nissan. Ces composantes industrielles sont des-tinées à diverses usines du construc-teur à travers le monde. «Cette activité a permis des expéditions de 86.617 m3 via conteneurs destinés au Brésil, à l’In-de, à la Colombie, à la Roumanie et en Argentine», explique-t-on auprès de Renault-Maroc.Le groupe a aussi franchi un nouveau palier en termes de niveau d’intégra-tion locale de ses compétences et res-sources humaines. «Le nombre des ex-patriés est passé de 315 en 2012 à 32 à fin 2015. Le taux de marocanisation des équipes est de 99,5%», annonce-t-on auprès du management de la représentation locale du constructeur français. Le groupe emploie 9.653 col-laborateurs, avec un taux de féminisa-tion de 15%. Le constructeur s’investit aussi dans la formation. L’Institut de formation aux métiers de l’industrie au-tomobile (Ifmia) a bouclé 2015 avec un total de 280.527 heures de formation dispensées. 8.182 profils ont été formés par la structure depuis le lancement de ses activités. L’entreprise a aussi formé 73 managers dans sa propre école de management, lancée en juin dernier.

Renault conforte sa place de leader incontesté au Maroc 2015

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AFRIQUE REVIEW NO 50 • DU 2 AU 8 FEVRIER 2016

Economie Business

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Manifestants exigeant la libération de Nnamdi Kanu, nouveau champion de la cause bia-fraise, le 18 novembre 2015 à Aba, dans le Sud-Est. © PIUS UTOMI EKPEI/AFP

On croyait la guerre depuis longtemps oubliée, mais un séces-sionnisme biafrais a refait surface dans le sud-est du pays. Signe d’un profond malaise et d’une mémoire toujours à vif.

Près de cinquante ans après la guerre du Biafra, qui a fait 1 million de morts entre 1967 et 1970, la rébellion biafraise a un nouveau visage. Après le colonel Ojukwu, décédé à Londres en novem-bre 2011, voici Nnamdi Kanu, un Anglo-Nigérian de 45 ans, qui s’appuie sur un parti sécessionniste, Indigenous People of Biafra (Ipob), et un média de propagande, Radio Biafra, basé à Londres et interdit au Nigeria depuis juillet 2015. L’objectif de Kanu ? L’in-dépendance des cinq États de la « zone sud-est » du Nigeria, où les Ibos – la troisième communauté du pays – sont majoritaires. Enclavé et sans ressources pétrolières, ce territoire abrite quelque 19 millions d’habitants.

Depuis l’arrivée du nordiste Muhammadu Buhari à la tête du Ni-geria en mars 2015, les messages de Nnamdi Kanu redoublent de violence. Le leader biafrais accuse le nouveau président de ne s’entourer que de conseillers originaires du Septentrion. « C’est faux, répond le général Buhari. Le ministre du Pétrole, celui du Travail et le gouverneur de la Banque centrale appartiennent à la communauté ibo. » Surtout, le chef rebelle n’hésite pas à prôner la lutte armée. En septembre 2015, à Los Angeles, aux États-Unis, devant le Congrès mondial ibo, Kanu déclare : « Nous avons be-soin de fusils et de balles. Si nous n’obtenons pas le Biafra, tout le monde devra mourir.

La nostalgie de la « Republic of Biafra »

Pour Muhammadu Buhari, déjà confronté dans le nord-est du pays à l’insurrection de Boko Haram, cette révolte du Sud-Est tombe au plus mal. Du coup, le chef de l’État nigérian hausse le ton : « Je ne ferai aucun compromis sur l’unité nationale. Il y a une accusation de crime perfide contre Nnamdi Kanu, et j’espère que la justice va instruire ce dossier. » Mais pour Wole Soyinka, la manière forte ne peut suffire. Pendant la guerre de 1967-1970, le célèbre écrivain, issu de la communauté yoruba et soupçonné de sympathie pour la cause biafraise, a fait deux ans de prison. Aujourd’hui, le lauréat du Nobel de littérature 1986 affirme : « Le Biafra est une mémoire qui ne peut être effacée. »

Derrière ce retour de flamme, il n’y a pas que le malaise social d’une région déshéritée. Dans le secret des maisons, beaucoup d’anciens montrent encore à leurs enfants ces billets couleur vert menthe de 1967 portant la mention « Republic of Biafra ». À la fin de la guerre, en 1970, le président du Nigeria, le général Gowon, a déclaré : « Il n’y a ni vainqueur ni vaincu. » Mais, aujourd’hui, beaucoup d’enfants du Sud-Est nourrissent encore un sentiment de revanche. Muhammadu Buhari devra sans doute faire des gestes d’apaisement.AFRIQUE REVIEW NO 50 • DU 2 AU 8 FEVRIER 2016

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AG

END

A

Vous êtes un économiste de grande renommée, très influent dans la re-cherche économique. Pouvez-vous nous dresser un bilan sur la situation économique au Cameroun?

L’appréciation de la situation économ-ique peut se faire à au moins deux niveaux d’analyse. Le premier point de vue pourrait concerner l’état de l’écon-omie telle qu’elle apparaît aujourd’hui en pointant le doigt sur les problèmes de l’emploi, de la création des richesses, des performances sur les marchés inter-nationaux et enfin du moral des affaires. L’autre niveau d’analyse est l’apprécia-tion de ladite situation économique au regard des potentialités de l’économie et de ses objectifs à moyen terme…

Quelle est la politique menée par SEM le président Paul BIYA, pour lut-ter contre le chômage ?

Le Document Stratégique pour la Crois-sance et l’Emploi est à cet égard une sorte de code de référence de la poli-tique d’emploi poursuivie par le Prési-dent Paul Biya.

Trois axes caractérisent la politique de l’emploi menée par le Président Paul Biya

Le premier axe est l’amélioration de l’of-fre d’emplois décents, le deuxième axe est orienté vers la mise en adéquation de la demande d’emploi et le troisième axe vise l’amélioration de l’efficacité du marché de l’emploi. Il s’agit d’assurer ici la transparence qui garantit l’égalité des chances à tous, mais aussi un taux d’insertion professionnelle le plus élevé possible.

Le Cameroun a-t-il toujours besoin de ses partenaires extérieurs pour s’assurer l’émergence en 2035 ?

Bien sûr! Même émergent, la diversi-té des ressources, des compétences et de développement technologique, oblige d’entretenir encore des rela-tions sérieuses avec des partenaires extérieurs. Cela est nécessaire pour par-achever l’industrialisation et pour s’y maintenir.

On n’arrive pas au sommet du dévelop-pement pour se séparer du monde mais pour mieux gérer les opportunités et se maintenir à ces sommets. Autrement dit, même émergent en 2035, le Cam-eroun aura encore besoin de ses parte-naires extérieurs; c’est sans doute la na-ture des rapports avec ces partenaires qui risque de changer, et c’est tout à fait normal.

Comment analysez-vous l’apport des entreprises françaises dans le dével-oppement économique du Camer-oun ?

Cet apport est immense à plusieurs égards, sur le plan de l’emploi, de la contribution à la création des richess-es et du transfert de technologie. Plus de 200 entreprises appartiennent à des ressortissants français, dans tous les secteurs d’activité (pétrole, bois, BTP, distribution, banque, transport…)

Est ce que la baisse des cours du pétrole va peser sur les équilibres budgétaires camerounais?

Bien entendu. Les hydrocarbures rest-ent un élément important de l’écono-mie (8,8% du PIB). Après plusieurs an-nées de déclin, la production pétrolière est repartie à la hausse en 2012 et 2013

et il est logique et normal qu’on en at-tende un effet budgétaire important. Nous savons que les hydrocarbures contribuent aux recettes budgétaires à concurrence de 25%. Une baisse des cours de pétrole a donc forcément un effet négatif sur notre équilibre budgétaire. Toutefois, l’exploitation du gaz offre des perspectives intéressantes à plus ou moins moyen terme, les res-sources minières diversifiées (cobalt, bauxite, fer…) qui font actuellement l’objet de projets permettent d’atténuer le pessimisme qui semble découler de cette baisse de cours de pétrole.

Parlez-nous de l’état d’avancement du projet du terminal à conteneurs de Kribi, initié par SEM le Président Paul BIYA ?

La construction du terminal à conte-neurs est bien avancée. La phase 1 de l’infrastructure est achevée et le gou-vernement camerounais a rendu pub-lic, le 28 août dernier, l’attribution des contrats de concession des terminaux à conteneurs et polyvalent du port, respectivement aux groupements Bol-loré-CMA CGM-CHEC et Necotrans-KP-MO. Il s’agit de concessions de 20 ans qui intègrent la construction dans un délai maximum de 5 ans d’un 2ème terminal à conteneurs de 700 mètres, donc au plus tard en 2020, cette infra-structure sera opérationnelle.

Quelles sont les secteurs qui créent le plus d’emplois ?

On peut distinguer entre secteur pub-lic et privé ou encore, entre secteur primaire, secondaire et tertiaire ou en-core entre secteur moderne et informel. Il est vrai que le secteur informel crée plus d’emplois que le secteur moderne, malheureusement ces emplois sont très précaires.

« Les potentialités de l’économie camerounaise sont réelles »Entretien avec Georges D. Mbondo, chef de département Economie Publique à la Faculté des Sciences Economiques et de Gestion Appliquée de l’Université de Douala.Propos recueillis par Youcef Maallemi,

27 Economie interview

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« Croissance - Côte-d’Ivoire : “9,8% attendu en 2016»Cette prévision est supérieure au taux de croissance qu’avait prévu pour le pays le Fonds monétaire international fin 2015, à savoir 8,4%.

C’est le ministre du Budget en personne, Abdourahmane Cissé qui l’a annoncé. “L’économie ivoirienne devrait croître de 9,8% en 2016 contre 9,5% en 2015”, à -t-il indiqué à Abidjan le 21 janvier dernier. Et de préciser, au-delà du fait que ce chiffre dépasse celui du Fonds monétaire international, que la Côte d’Ivoire a enregistré une crois-sance annuelle moyenne de 9% depuis la fin de la guerre civile en 2011. La recette prévue pour maintenir avoir cette moyenne somme toute élevée : l’adoption d’un nouveau Plan national de développe-ment (PND) qui va aller de 2016 à 2020. Celui-ci prévoit pour 29 311 milliards de F CFA d’investissements (49,24 milliards de dollars amér-icains) dont 62,4% seront financés par le secteur public et 37,6%, par le secteur privé. En finalité, cela devrait permettre d’atteindre l’objec-tif d’un taux moyen de croissance du PIB de 8,7% entre 2016 et 2020, avec à la clef, une réduction appréciable de la pauvreté.

Sénégal-Afrique du Sud : Des opportunités mises en exergue

Des hommes d’affaires sud africains et sénégalais ont organisé, avant-hier, à Dakar, une rencontre qui vise à développer des partenariats et la recherche d’oppor-tunités entre les chefs d’entreprise de ces deux pays. A cette occasion, l’ambassadeur d’Afrique du Sud au Sénégal, Abel Shilubane, a venté les mérites de son pays. Selon lui, l’économie de l’Afrique du Sud repose sur plusieurs piliers dont l’essentiel reste l’agriculture, les mines et la technologie. «Pour nous, il est question, ici, d’ouvrir des affaires sud africaines, des opportunités, au Sénégal pour que les hommes d’affaires du Sénégal puissent investir en Afrique du Sud. Et on ne peut pas dire aux investisseurs : «Allez dans tel ou tel secteur pour investir.»

Notre rôle, c’est de faire en sorte que l’environnement des affaires soit propice», a renseigné M. Shilubane, avant de noter qu’ils ont une économie très diversifiée. Prochainement, l’ambassadeur a annoncé un jumelage entre l’île de Gorée et Robben Island qui va se tenir au Sénégal. Et il se donne également pour ambition d’accompagner la politique énergétique du Sénégal. L’ambas sadeur de dévoiler : «Ce que nous voulons, c’est de faire en sorte que West africa farms (Waf) puisse avoir de l’énergie, de l’électricité. Et nous savons tous que le Sénégal a des contraintes et des difficultés en matière d’électricité. C’est donc l’occasion pour les hommes d’affaires de notre pays et du Sénégal de se parler pour voir comment régler cette question liée à l’électricité.»

Etabli en Afrique du Sud depuis 1994, le Sénégalais Lamine Guèye investit dans le secteur agricole de son pays d’accueil, de même que celui du domaine minier. «C’est aussi un pays qui fournit des usines, des matériels adaptés pour les pays de l’Afrique de l’Ouest. L’Afri-que du Sud est un pays où l’organisation économique repose sur l’efficacité. Mais, je veux juste attirer l’attention sur les possibilités que ce pays regorge, notamment les foires spécialisées qu’il organ-ise régulièrement dans le secteur minier», a témoigné M. Guèye. A ses yeux, c’est un vaste domaine que les acteurs économiques du monde peuvent explorer parce qu’il offre beaucoup d’opportunités telles que la visibilité, avoir des relations, etc.

28 Economie Opportunités

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Sur le plan économique, plusieurs entreprise françaises sont déjà présentes sur l’île. Mais la dette cubaine constituait un frein aux investisse-ments, un frein levé le 12 décembre dernier lors de l’accord du Club de Paris sur l’annulation des intérêts qui formaient 80% de la dette.

La France étant le principal créancier de Cuba, la signature ce lundi 1er février d’un accord bi-latéral pour alléger le reste de la dette sera donc le point d’orgue de cette visite. Cela permettra de relancer les financements des investissements dans l’île. Cuba souhaite privilégier des projets dans le domaine du tourisme, des transports, de l’agroalimentaire et des énergies renouvelables, et compte sur la France pour diversifier ses rela-tions commerciales et diplomatiques alors que son allié vénézuélien fait face à la crise. La Ha-vane veut aussi, grâce à la France, faire évoluer la position commune de l’Union européenne. Selon des sources diplomatiques françaises, la question des droits de l’homme ne sera pas ou-bliée lors de cette première visite d’Etat de Raul Castro en France.

Au plan stratégique

Au plan stratégique Raul Castro veut changer l’image de Cuba et François Hollande entend conserver un lien avec le socialisme historique. Tous deux comptent sur l’économie pour les aid-er.

Le président cubain a entamé ce lundi 1er février sa première visite d’Etat en France. Raul Castro a répondu à l’invitation de François Hollande, qui a été le premier chef d’Etat européen à se rendre à Cuba en mai dernier, quelques mois après le rapprochement de Washington et La Havane an-noncé en décembre 2014. A l’ordre du jour : l’annulation et la reconver-sion de la dette par la France, et une feuille de route des investissements dans l’île. Le président cubain a débuté sa visite d’Etat de deux jours par une cérémonie sur les Champs-Elysées.

Raul Castro a été accueilli ce 1er février par la ministre de l’Ecologie Ségolène Royal sous l’Arc de Triomphe. Il a eu droit aux honneurs mili-taires et a descendu en voiture les Champs-Elysées ornés des drapeaux des deux pays. La France souhaite faire de Cuba un allié stratégique et une porte d’entrée symbolique en Amérique latine. Cuba aurait d’ailleurs joué un rôle non négligeable dans l’accord de Paris sur le climat lors de la COP 21.

Les enjeux économiques de la visite de Raul Castro en France

Poignée de main historique à l’Elysée ce lundi matin avec François Hollande, cérémonie de la flamme à l’Arc de Triomphe, rencontre avec les Présidents de l’Assemblée et du Sénat, tapis rouge et dîner officiel: une semaine après le président iranien, la France reçoit Raul Castro, le chef d’Etat cubain en visite officiel. Un geste diplomatique à usage interne ou une opportunité historique? Que peut-on attendre de cette visite de deux jours?

Côté Cuba, petit pays de 12 millions d’habitants, ruiné par le socialisme autoritaire du leader maximo, aux affaires de 1959 à 2006, et indirectement depuis via son frère cadet Raul à qui il a laissé officiellement les rênes, les avantages politico-économi-ques sont évidents.

Vrai: la reprise, en décembre 2014, des relations diplomatiques avec l’ogre capitaliste américain, la fin d’une « guerre froide trop-icale » qui aura duré un demi siècle, et le retour prochain à des échanges commerciaux après un embargo mortifère devraient sortir l’île de son isolement…à condition que le successeur de Barack Obama n’opère pas un virage spectaculaire.

Une place dans l’histoire

Mais pour en finir avec la glaciation (l’embargo a été assoupli mais pas encore abrogé par le congrès américain dominé par les Républicains), Cuba a besoin de diversifier ses partenariats, afin de contrebalancer l’arrivée en force des investisseurs améric-ains. Avec qui? D’abord avec l’Union européenne puisque son principal allié historique, le Venezuela, n’est plus en mesure de l’assister. Nicolas Maduro, successeur du socialiste Hugo Chavez, est en effet confronté à une forte opposition libérale et l’effon-drement du prix du baril de pétrole a précipité l’économie vénézuélienne dans une grave crise.

La France, en revanche, peut l’aider à se rapprocher de l’Europe. N’est pas grâce à la France qu’aux termes de longues négocia-tions, le Club de Paris a accepté finalement d’apurer la dette cubaine de 11 milliards de dollars? Cet accord sur la restructuration de la dette peut ouvrir la voie à la coopération politico-économique dont rêve Cuba pour retrouver sa place dans le concert international. Et financer des infrastructures (routes, ports…) et une industrie totalement obsolète. La visite de Raul Castro est donc stratégique: en donnant une visibilité nouvelle au régime cubain, elle peut contribuer à changer son image vis à vis des investisseurs étrangers qui ont voulu tourner l’embargo et dont certains gardent un mauvais souvenir des foudres du gouverne-ment américain.

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AFRIQUE REVIEW NO 50 • DU 2 AU 8 FEVRIER 2016

Christiane Taubira convient alors que la mesure tient bien du symbole. Et là Taubira, cite avec une certaine ironie… “Huysmans (pas fréquentable pour ses préjugés misogynes) définit le symbole comme la « représentation allégorique d’un principe sous une forme sensible »”.

Et quelques pages plus loin, elle décrypte ce qu’est cette “forme sensible” selon elle: “une conscience de cible chez les per-sonnes concernées, bien que non visées. Une insécurité alarmante pour leurs en-fants. [...] Un sentiment d’ébranlement de l’essentiel”.

“Une mentalité de forbans, des méth-odes de brigands, les moyens d’un Etat”

L’ex-ministre de la Justice revient aussi en détail sur la menace terroriste. “C’est à nous de dire ce que le monde du temps présent recèle de plus périlleux. Et à coup sûr le terrorisme, propulsée depuis une aire géoculturelle durablement instable, constitue le péril le plus errant, au deve-nir incertain”. Christiane Taubira ne nie pas le danger et se questionne sur l’Etat islamique. “Une mentalité de forbans, des méthodes de brigands et les moyens d’un Etat”.

“Dérisoire, saugrenu, excessif”

Christiane Taubira ne lâche aucun coup contre François Hollande dans Murmures de la jeunesse. Elle loue même son action en période de crise post-attentats. Ma-nuel Valls est lui relativement épargné. Reste la droite et l’extrême droite. Ma-rine Le Pen y est qualifié, sans jamais être citée, de “cheffe d’un juteux négoce fa-milial”.

Quant à la droite, elle fait son apparition dans la postface du livre, intitulée “Que s’est-il passé?” où l’ex garde des Sceaux analyse la réaction de l’exécutif aux 2 séries d’attentats en 2015, “l’incroyable, l’indicible, l’innommable”.,

Politique Livre31

Christiane Taubira

Déchéance de nationalité: ce que dit Taubira dans son livreL’ancienne garde des Sceaux défend dans son livre les raisons qui motivent sa forte opposition à la déchéance de nationalité. Elle aborde également ses rapports avec François Hollande et Manuel Valls.

“Tenter, braver, persister, persévérer, être fidèle à soi-même, prendre corps à corps le destin, étonner la catastrophe par le peu de peur qu’elle nous fait, tantôt af-fronter la puissance injuste, tantôt in-sulter la victoire ivre, tenir bon, tenir tête ; voilà l’exemple dont les peuples ont besoin, et la lumière qui les électrise”. Ce n’est pas du Christiane Taubira mais du Victor Hugo (Les Misérables). C’est pourtant ainsi que s’ouvre son ouvrage Murmures à la jeunesse (Philippe Rey). Imprimé dans le plus grand secret en Espagne et écrit sous X pour éviter les fuites des libraires, la citation inaugurale résonne de manière forcément particu-lière aujourd’hui.

“Etre fidèle à soi-même”, “tenir bon, tenir tête” ou encore “affronter la puissance in-juste”. Autant de formules qui font écho à la démission même de Christiane Taub-ira. A ces tweets sibyllins d’explications ou encore à sa conférence de presse juste avant son départ de la place Vendôme en vélo.

Le livre est daté du 18 janvier 2016. Des épreuves auraient justement été rem-ises au président de la République le 23 janvier dernier. Et d’évidence, Christiane Taubira ne pouvait rester au gouverne-ment avec une telle charge envers la déchéance de nationalité, défendue par le gouvernement d’ici quelques jours à l’Assemblée. La sortie du livre est prévue pour le 2 février, mais certains libraires ont déjà été livrés...

Le timing de la sortie de ce livre a été par-faitement orchestré. Pour peser au max-imum dans le débat. Mais au-delà de la science de la communication maîtrisée, ce livre intéresse le lecteur par sa forte densité. Une centaine de pages. Et au moins autant de références égrenées au fil de la plume. Voici dans le détail ce que

pense Christiane Taubira de la déchéance de nationalité, du terrorisme, de François Hollande, de Manuel Valls, de la droite...

“Ils ne meurent ni Français, ni bina-tionaux mais en morceaux”

Christiane Taubira se questionne avant tout sur l’effet de la déchéance de na-tionalité. “Ils ne meurent, ni Français, ni binationaux mais en morceaux”. Selon l’ex-garde des Sceaux, la mesure créerait une inégalité manifeste entre les Français et les binationaux pour la commission d’actes similaires. Elle pointe également le risque d’apatridie et met en exergue la “différence entre égalitarisme et égalité. Là, où l’égalité élève en élargissant à tous des droits et des libertés réservé à cer-tains, l’égalitarisme nivelle, par le bas et par le pire”.

Christiane Taubira passe donc en revue les inconvénients évidents de la mesure. “Inefficacité immédiate donc, par des effets nuls en matière de dissuasion. In-efficacité différée aussi car au terme de l’exécution de la peine, si la nationalité alternative est celle d’un pays où se pra-tiquent des traitements inhumains et dégradants, où la peine de mort est en vigueur, le droit européen s’opposera à l’extradition, comme ce fut le cas ici en 2009”.

“Un pays doit être capable de se débrouiller avec ses nationaux”

L’ex-ministre de la Justice continue de dénoncer les inconvénients de la déchéance de nationalité. Elle ajoute qu’un “pays doit être capable de se débrouiller avec ses nationaux.

Que serait le monde si chaque pays ex-pulsait ses nationaux de naissance con-sidérés comme indésirables? Faudrait-il imaginer une terre-déchetterie où ils se-raient regroupés?”.

Christiane Taubira au Tribunal de grande instance de Paris, le 18 janvier 2016. (THOMAS SAMSON / AFP)

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Présidentielle américaine : qui peut encore arrêter Donald Trump ?

Personne ne l’avait vraiment vu ve-nir. La plupart des observateurs n’y croyaient pas. Mais impossible d’y échapper désormais : Donald Trump est devenu le personnage incon-tournable des primaires républic-aines, destinées à désigner le candi-dat du parti à l’élection présidentielle de novembre 2016. Ces primaires débutent officiellement le 1er février, avec le caucus de l’Iowa.

Depuis l’été dernier, rien ni personne ne semble être en mesure d’arrêter la progression fulgurante de Don-ald Trump. Le milliardaire fantasque s’est installé dans le fauteuil de favori des sondages, avec plus de 20 points d’avance sur son plus proche adver-saire. Qui peut encore stopper cette ascension ? Francetv info dresse le portrait des quatre principaux con-currents du businessman.

Son parcours. Fils d’un immigré cu-bain et d’une Américaine, il est né au Canada et a étudié au sein des pres-tigieuses universités de Princeton et d’Harvard, avant de devenir avocat général de l’Etat du Texas. Depuis 2013, il siège au Sénat américain.

Son point faible. Comparé aux candi-dats du parti républicain de ces dern-ières années, il est le plus conserva-teur, à en croire une analyse du site FiveThirtyEight (en anglais). Difficile dans ces conditions d’attirer des élec-teurs plus centristes sur son nom, ob-serve le New York Times (en anglais). Il souffre par ailleurs du désamour de l’état-major du parti, comme le note le Washington Post (en anglais).

Ses sondages. Il ne cesse de pro-gresser depuis l’automne, même si Donald Trump le distance encore largement. Avec plus de 18% des in-tentions de vote, il est à l’heure actu-elle son plus proche adversaire.

Son profil. A la sortie du lycée, il vou-lait “conquérir le monde”, tout simple-ment. Quelques années plus tard, en 2013, Ted Cruz est parvenu à accéder au Congrès, “en faisant campagne non seulement contre Barack Obama et son programme, mais aussi contre l’establishment républicain”, dans la lignée du mouvement Tea Party, rap-pelle Politico (en anglais).

L’homme se présente désormais comme le fer de lance des “conserva-teurs courageux”, attachés à limiter le rôle de l’Etat fédéral et, surtout, à défendre la Constitution. “Il nie le rôle humain dans le changement climatique, s’oppose à une réforme générale de l’immigration, rejette le mariage pour tous et, évidemment, demande l’abolition d’Obamacare”, la réforme du système de santé mise en place par Barack Obama, explique le New Yorker (en anglais).

Ted Cruz, l’ultraconservateur

Marco Rubio, le benjamin

Son parcours. Fils d’immigrés cubains, il a commencé sa carrière politique en bas de l’échelle – à l’inverse de ses concurrents – en se faisant élire dans un quartier de Miami, raconte le New Yorker (en anglais).

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Il a fait du chemin depuis, en devenant notamment sénateur en 2010. Il a même été pressenti, en 2012, pour être sur le ticket de Mitt Romney pour la Maison Blanche.

Son parcours. Fils d’immigrés cubains, il a commencé sa carrière politique en bas de l’échelle – à l’inverse de ses concur-rents – en se faisant élire dans un quar-tier de Miami, raconte le New Yorker (en anglais). Il a fait du chemin depuis, en de-venant notamment sénateur en 2010. Il a même été pressenti, en 2012, pour être sur le ticket de Mitt Romney pour la Mai-son Blanche.

Son profil. Plus jeune candidat de ces primaires, à seulement 44 ans, Marco Rubio fait campagne sur l’idée du renou-veau, en promettant à ses soutiens “un nouveau siècle américain”. Fort de son histoire familiale, il n’hésite pas à se poser en exemple du rêve américain, où “le fils d’un barman et d’une gouvernante” peut s’imaginer accéder à la Maison Blanche.

Son point faible. L’ascension de Marco Rubio – porté au Sénat par le Tea Party – ne s’est pas faite sans polémique : en 2011, le Washington Post (en anglais) l’a par exemple accusé d’avoir enjolivé l’his-toire de l’exil de ses parents. Le New York-er le taxe également d’”opportuniste”, en lui reprochant ses positions fluctuantes sur l’immigration. Ce sujet lui a d’ailleurs valu beaucoup d’attaques de la part de ses concurrents, qui lui reprochent d’être trop complaisant avec les sans-papiers.

Ses sondages. Après des mois de hauts et de bas, Marco Rubio repart à la baisse dans les sondages, avec un peu moins de 10% des intentions de vote. Suffisant pour lui permettre d’être aujourd’hui le troisième homme au niveau national.

Son parcours. Ancien chef du service de neurochirurgie pédiatrique de l’hôpital Johns Hopkins de Baltimore, il s’est vrai-ment converti à la politique en 2013, en devenant l’un des héros du monde con-servateur chrétien.

Ben Carson, le novice

“l’orthodoxie républicaine”, comme l’écrit le New York Times (en anglais). Quitte à être parfois décalé, dans une campagne où la plupart des candidats ont mis le vi-rage à droite toute.

Au cours de sa carrière politique, Jeb Bush a par exemple maintenu des liens avec la communauté latino – sa femme est née au Mexique – et défendu une réforme de l’immigration qui offrirait aux sans-papiers actuellement sur le sol américain une voie vers la régularisation. Il a aussi reconnu l’existence du change-ment climatique et évoqué la nécessité, pour les Etats-Unis, de travailler avec le reste du monde pour négocier la réduc-tion des émissions de gaz à effet de serre.

Son point faible. En rassemblant 29 membres du congrès derrière son nom, il est aujourd’hui le candidat qui a le plus grand nombre de soutiens parmi les pontes du parti républicain, selon le décompte du New York Times (en anglais). Cette influence se révèle aujourd’hui une faiblesse, qui lui vaut d’être taxé de candidat de l’establishment. Il doit aussi gérer les questions autour de l’héritage politique laissé par son frère après deux mandats à la tête des Etats-Unis.

Ses sondages. Un temps favori des pri-maires, il s’est peu à peu écroulé. Il n’ob-tient à présent qu’un peu plus de 5% des intentions de vote.

Son profil. Des mains en or. C’est ainsi qu’est résumée sa vie, dans un téléfilm où Cuba Gooding Jr. interprète son rôle. Ben Carson a connu la célébrité dans sa première carrière : en 1987, assisté d’une équipe médicale de 70 personnes, il sépare deux bébés sia-mois attachés par la tête. La longue intervention – 22 heures – est décrite comme une première mondiale. Les deux enfants survivent.

Auréolé de cette réputation d’as du bistouri, il est devenu ces dernières années l’un des principaux pourfen-deurs de l’Obamacare, la réforme du système de santé de Barack Obama, “la pire chose qui soit arrivée aux Etats-Unis depuis l’esclavage”. Face au président américain, en 2013, il ne re-tient pas ses critiques : le discours lui ouvre les portes de sa seconde car-rière.

Son point faible. Loué dans les blocs opératoires pour son attention aux détails, il passe souvent pour imprécis ou mal informé dans l’arène politique, note le New York Times (en anglais). Notamment quand il s’agit d’aborder les questions de politique étrangère. Il est aussi habitué aux déclarations étranges, en affirmant par exemple que les pyramides d’Egypte sont des greniers à grain bâtis par Joseph, le personnage biblique.

Ses sondages. Après une embellie à l’automne, qui l’a amené à moins de 10 points de Donald Trump, sa cote s’est effondrée. Il obtient désormais autour de 7,5% dans les sondages na-tionaux.

Son parcours. Ancien gouverneur de Floride, il est la nouvelle figure d’une dynastie bien connue des Américains : il est le fils de George H. W. Bush, le 41e président des Etats-Unis, et le frère de George W., le 43e. Son profil. Il se distingue de ses cama-rades en prenant parfois ses distances avec

Jeb Bush, l’héritier

Nom : Ted CruzNé : 22 décembre 1970 Lieu : CalgarySondages : 18%

Nom : Marco RubioNé : 28 mai 1971 Lieu : MiamiSondages : 10%

Nom : Ben CarsonNé : 18 septembre 1951 Lieu : DétroitSondages : 7,5%

Nom : Jeb BushNé : 11 février 1953 Lieu : MidlandSondages : 5%

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- Ouverture au monde -

Julien Lebarbu, enseignant français, n’a raté aucun concert du festival: “On a assisté à plu-sieurs échanges très riches au niveau musi-cal: on sent bien que le Mali est un pays ou-vert sur le monde et que le monde est ouvert au Mali”.

Le public a notamment pu apprécier le mé-tissage des répertoires maliens et écossais proposé par Alba Griot Ensemble.

Pour le chanteur malien Habib Koité, “ce fes-tival c’est comme une renaissance, comme le retour du pays vers la culture, vers les ren-contres. C’est ça qu’on a l’habitude de faire ici : inviter le monde entier, les musiques qui viennent d’ailleurs”.

“A un moment donné, on ne pouvait plus être hospitalier, on ne pouvait plus accueil-lir les gens”, regrette-t-il, espérant que cette page sera bientôt tournée.

Derek Gripper, musicien sud-africain qui adapte à la guitare classique le répertoire mandingue de Toumani Diabaté, est très ému de venir pour la première fois jouer au Mali. Au cours de la semaine, “j’ai rencontré tellement de musiciens incroyables”, s’ent-housiasme-t-il.

Gary Dourdan, connu pour son rôle dans la série américaine “Les experts”, partage cette euphorie. “J’aime le Mali. Je ne pensais pas que j’allais aimer ce pays à ce point”, confie-t-il.

“Je savais qu’il y avait beaucoup de grands maîtres ici”, confie l’acteur, qui a montré ses talents de chanteur lors de la soirée inaugu-rale, en présence de la première dame du Mali et de la ministre de la Culture. “J’ai beau-coup voyagé ces derniers années, mais ce sé-jour au Mali est le plus incroyable”.

“On est très heureux de pouvoir faire la fête”, se réjouit Alima Togola, étudiante en arts dramatiques, “on remercie Toumani d’avoir amené” toutes ces stars au Mali”.“Je demande à tout le monde de revenir au Mali car ici il n’y a plus de guerre”, lance-t-elle, en allusion à l’accord de paix signé en mai-juin 2015 entre le gouvernement, les groupes qui le soutiennent et l’ex-rébellion à dominante touareg du nord du pays.Malgré cet accord, les attaques jihadistes persistent et se sont étendues depuis l’année dernière du nord au centre au sud du pays.

Damon Albarn, Tony Allen, Songhoy Blues, Cheick Tidiane Seck...: hôte d’une constellation de gloires de la musique africaine et mondiale pour le Festival Acoustik Bamako, la capitale malienne rêve d’une renaissance culturelle, mal-gré l’état d’urgence instauré après l’attentat meurtrier contre un grand hôtel fin novembre.

“C’est très important pour moi, pour nous, de faire bouger la culture ma-lienne”, explique le maître de la kora Toumani Diabaté, initiateur de cette première édition, close samedi soir après quatre jours de concerts qui ont drainé un public nombreux.

“Le Mali est le coeur de la culture en Afrique”, ajoute Toumani Diabaté, heu-reux que ses invités aient répondu présents malgré la menace jihadiste qui pèse sur le pays

Le 20 novembre, l’attaque du Radisson Blu de Bamako a fait 20 morts dont 14 étrangers.

Un imposant dispositif de sécurité a été mis en place à l’entrée du Conserv-atoire des Arts et Métiers Multimédia et de l’Institut Français où se sont pro-duits les artistes

Selon Fatou Sow, productrice exécutive du festival, les “artistes ont accepté de venir jouer gratuitement pour soutenir le Mali”.

C’est le cas notamment du chanteur britannique Damon Albarn (Blur, Goril-laz), un habitué du Mali, qui en est à son dixième séjour.

C’est lui qui a découvert le groupe malien Songhoy Blues, originaire du nord du pays, tombé sous la coupe des groupes jihadistes jusqu’à l’intervention militaire internationale lancée en janvier 2013 à l’initiative de la France.

“En 2012, lorsque les jihadistes ont envahi le nord du Mali, cela a contraint mes camarades à fuir vers le Sud. Ils sont venus ici. L’idée est venue de créer le groupe. Pour nous c’était un moyen de résister” explique Aliou Touré, le chanteur de Songhoy Blues.

“Jouer à Bamako, ça nous réconforte. Vous savez, le Mali ne peut rien sans sa culture, sans sa musique”, estime-t-il. “Notre rêve est de pouvoir retourner unjour chez nous, animer le peuple meurtri”.En attendant, le groupe, qui connaît un succès fulgurant avec son premier album Music in Exile, s’apprête à repartir en tournée en Australie.

Le temps d’un festival, le Mali meurtri rêve d’une re-naissance culturelle

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Best-seller aux États-Unis, “Une colère noire” sort en librairie. Ren-contre avec l’écrivain, en France pour un an, qui sonde le racisme qui ronge l’Amérique.

Il vit depuis le mois d’août 2015 à Paris, avec femme et fils, un fils prénommé Samori, 15 ans, auquel il adresse une lettre qui a bouleversé l’Amérique : « Between the World and Me », parue en juillet 2015, primée par le National Book Award 2015 en novem-bre qui arrive aujourd’hui en librairie sous le titre Une colère noire, préfacé par Alain Mabanckou (Éditions Autrement). Numéro un des ventes du New York Times, ce livre, désigné d’emblée par Toni Morrison comme un classique, a valu à son jeune auteur d’être placé dans la lignée de l’écrivain noir américain James Baldwin.

On rencontre Ta-Nehisi Coates autour d’une tasse de café non loin de la place de la République, où vit l’intellectuel afro-américain, natif de Baltimore. Il continue d’écrire depuis la France, sur l’ac-tualité américaine pour le journal The Atlantic dont il est le corre-spondant national depuis 2008, et, ces temps-ci, comme auteur d’albums de BD puisque la maison d’édition Marvel lui a proposé d’imaginer de nouvelles aventures pour le héros bien nommé Black Panther. Simple et chaleureux, il profite de l’échange pour améliorer un français qu’il est venu apprendre ici.

Vous racontez dans Une colère noire l’amour que votre femme éprouve depuis longtemps pour Paris. Comment vous a-t-elle convaincu de venir vous y installer pour un an ?

Ta-Nehisi Coates : Quand j’étais jeune, je suivais des cours de français à l’école, mais, à cause de mon quartier, de ma vie, du système éducatif américain, l’éducation et moi, ça faisait vraiment deux… Et particulièrement pour le français, j’en ai un peu honte maintenant. Mais quand j’ai décidé de devenir écrivain, j’ai songé qu’il me fallait apprendre une autre langue, parce que le travail de l’écrivain, ce sont les mots, et que j’allais avoir là un outil, une ouverture, et l’occasion de comprendre beaucoup de choses. Comme ma femme aimait beaucoup Paris, elle m’a dit : “Ta Nehisi, you have to go !” Et quand mon fils a grandi, j’ai dit d’accord, pour qu’à la différence de son père, il apprenne une autre langue. Je n’avais que ce désir d’apprendre en arrivant à Paris, aucune autre attente, je n’étais pas comme les Américains pour lesquels Par-is est une utopie : la culture, les cafés, le vin, le pain, le fromage (rires). Moi je ne connaissais rien de tout cela, mais voilà : quand je suis arrivé en 2013 pour un week-end, je suis tombé amoureux de cette ville, immédiatement. La seconde fois, je suis resté deux mois. Et maintenant, je suis là pour un an. Chaque journée devient une étude d’anthropologie. Par exemple, j’ai remarqué qu’ici les gens s’asseyent au café côte à côte, alors qu’aux États-Unis on ne peut s’asseoir que face à face. J’ai compris cette culture de la rue, très vivante, qui fait qu’ici, on la regarde ensemble. Alors qu’en Amérique, la culture c’est surtout la voiture.

Richard Wright, James Baldwin, nombre d’écrivains noirs américains sont passés par Paris. Effectuez-vous une sorte de pèlerinage ici ?

Non, pas du tout. Je ne suis pas sûr d’aimer Paris pour les mêmes raisons que d’autres écrivains noirs. J’adore Paris pour des raisons plus simples. Je ne veux pas dire à d’autres Africains américains que les choses sont meilleures à Paris ! Elles le sont pour moi : j’adore le Musée Rodin, j’aime cuisiner, la cuisine est très impor-tante pour moi !

- Ouverture au monde - N’avez-vous pas eu peur - c’est le cas de beaucoup d’étrangers malheureusement - de vous installer dans une ville frappée, et tout près d’ici, par les attentats ?

Pas un seul instant, parce qu’aux États-Unis la violence est presque la norme. Ma ville natale, Baltimore, vit avec les armes. Il ne s’agit pas d’attentat bien sûr, mais le nombre de morts est globalement supérieur… Chaque jour quand j’étais jeune et que je marchais dans la rue, à l’école, j’avais peur à cause des armes. À Paris, les attentats ont représenté des événements très importants et tragiques, mais ils rest-ent rares, alors qu’aux États-Unis, mourir par les armes est presque courant. Donc, non, je n’ai pas peur. À New York, après le 11 Septembre, beaucoup de gens parlaient de terrorisme, mais pour les populations noires, le terrorisme est normal : le lynchage par le Ku Klux Klan, c’est du terror-isme, et c’est l’histoire des Noirs aux États-Unis. Le 11 Sep-tembre est évidemment et absolument une tragédie, mais face au terrorisme, les Noirs n’ont pas cette innocence des Américains en général

« Ton corps peut être détruit », écrivez-vous à votre fils. Qu’en est-il de cette peur en tant que Noir, ici, à Paris ?

Je ne la ressens pas ici. En effet, la peur que le noir ressent dans la ville américaine vient en grande partie des armes. Il y a aussi une relation entre la peur que l’on éprouve et le crime commis par la société où l’on vit. Aux États-Unis s’est produit le crime de l’esclavage. En France, je ne ressens pas cette relation entre le pays et moi. (Surtout avec mon accent qui me fait passer d’abord et avant tout pour un Américain.) Ici, vous avez la relation coloniale, que peut ressentir un Sénégalais ou un Maghrébin par exemple. À l’inverse, les Africains qui viennent aux USA apprécient de ne pas sentir de relation historique entre eux et l’Améri-que.

Qu’est-ce qui peut faire changer la condition noire en Amérique telle que vous la décrivez ?

La volonté des Américains blancs. C’est la solution. Plus spécifiquement, il peut y avoir un événement extérieur, qui modifie l’intérêt de cette Amérique blanche. À l’épo-que de la guerre de Sécession, l’esclavage devenait menaçant dans tous les pays, donc il y a eu abolition.

Un Africain américain à Paris

Le livre de Ta-Nehisi Coates a été salué par Toni Morisson comme un “classique”. © AFP/ Anna Webber

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