afrique review n° 51 cette semaine 09 au 15 fevrier 2016

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A FRIQUE REVIEW HEBDOMADAIRE D’INFORMATIONS INDEPENDANT du 09 au 15 février 2016 N°0051 France 1,99 e - Maroc 18 DH - Afrique du Sud 20 rands - Tunisie 2.10 DT Mauritanie 800 MRO - RD Congo 2,50 s US - Ethiopie 35 birrs - USA 3, 50 s US - Canada 2,50 S CAN - Belgique 2, 20 e - Suisse 3, 30 FS - Royaume-Uni 2,10 E - Allemagne 2,40 e - Autriche 2, 40 e - Espagne 2,40 e - Grèce 2,40 e Italie 2,40 e - Portugal 2,40 e - Pays - Bas 2,40 e - Norvège 24 NK - Zone CFA 500 F CFA - ISSN 1989 CPI : Ouattara tiendra t-il ses promesses? À l’issue d’une rencontre jeudi dernier avec le président français, François Hollande, en France, le président Alassane Dramane Ouattara, a déclaré qu’il n’enverrait plus d’Ivoiriens à la Cour pénale internationale (CPI) GABON : LA REMISE DE 13 700 LOGEMENTS LE PROCCES DE SAADI KADHAFI WESTERN UNION 20 ANS EN AFRIQUE NOUVELLES TECH Les seuls succès ne sont pas qu’a la silicon valley ECONOMIE Côte-d’Ivoire : “9,8% attendu en 2016» M 01970 - 2032 - F : 1,50 €

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Page 1: Afrique Review N° 51 cette semaine 09 au 15 fevrier 2016

AFRIQUE REVIEWHEBDOMADAIRE D’INFORMATIONS INDEPENDANT du 09 au 15 février 2016

N°0051

France 1,99 e - Maroc 18 DH - Afrique du Sud 20 rands - Tunisie 2.10 DT Mauritanie 800 MRO - RD Congo 2,50 s US - Ethiopie 35 birrs - USA

3, 50 s US - Canada 2,50 S CAN - Belgique 2, 20 e - Suisse 3, 30 FS - Royaume-Uni 2,10 E - Allemagne 2,40 e - Autriche 2, 40 e - Espagne 2,40

e - Grèce 2,40 e Italie 2,40 e - Portugal 2,40 e - Pays - Bas 2,40 e - Norvège 24 NK - Zone CFA 500 F CFA - ISSN 1989

CPI : Ouattaratiendra t-il ses promesses? À l’issue d’une rencontre jeudi dernier avec le président français, François Hollande, en France, le président Alassane Dramane Ouattara, a déclaré qu’il n’enverrait plus d’Ivoiriens à la Cour pénale internationale (CPI)

GABON : LA REMISE DE 13 700 LOGEMENTS

LE PROCCES DESAADI KADHAFI

WESTERN UNION 20 ANS EN AFRIQUE

NOUVELLES TECHLes seuls succès ne sont pas qu’a la silicon valley

ECONOMIECôte-d’Ivoire : “9,8% attendu en 2016»

M 01970 - 2032 - F : 1,50 €

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Editorial

Impact des échanges économique avec les Etats-Unis et l’Afrique

s’avère d’une importance cruciale pour bon nombre de pays africains..

Le Kenya (première puissance économique d’Afrique de l’Est) a désormais le droit d’effectuer des vols commerciaux directs vers les Etats-Unis, depuis cette année. L’annonce, qualifiée de « solution miracle » par un analyste, a été faite par le min-istre kényan des Transports. Il a cependant fallu des années au Kenya pour obtenir ce précieux sésame. Avant cela, seuls 4 pays africains avaient droit à des vols commerciaux directs vers les Etats-Unis: l’Afrique du Sud, le Nigeria, le Cap-Vert et l’Ethiopie.

L’AGOA, qui constitue le cœur même de la politique com-merciale américaine en Afrique, est susceptible de connaître un essor fortement accru grâce à ces vols. James Shikwati, analyste commercial à Nairobi (Kenya) explique :

“Vous savez, quand vous parlez de l’AGOA, vous parlez de commerçants africains. Ils ont la possibilité de se rendre di-rectement aux États-Unis, d’y faire des affaires et de retourn-er chez eux. Pareil pour les investisseurs américains. Nous sommes dans des fuseaux horaires différents et parfois les fuseaux horaires pourraient décourager un investisseur po-tentiel (…) maintenant, si vous leur offrez une chance avec vol direct, il est plus facile pour eux de prendre des décisions. C’est donc un point important.”

Mais le Kenya a encore beaucoup de travail à faire afin de profiter pleinement de ce pacte.

L’AGOA permet à près de 40 pays en Afrique sub-saharienne d’exporter certaines marchandises en franchise de droits et de quotas aux États-Unis. En 2013, l’huile représentait la ma-jeure partie des 26,8 milliards de dollars de valeur d’exporta-tions du continent. Certaines économies africaines pour leur part, ont du mal à diversifier leurs offres.

Le programme d‘échange a également été critiqué pour ses avantages jugés disproportionnés dont bénéficient certaines industries comme le pétrole et une poignée de pays tels que le Nigeria, l’Afrique du Sud et l’Angola.

Les détracteurs de l’AGOA affirment que les États-Unis ac-cordent seulement l’accès aux exportations qui ne touchent pas les marchés locaux, tandis que les pays africains ont moins de voix.

L’Afrique du Sud est actuellement confrontée à la menace de sa suspension de l’AGOA. Pour les analystes, il ne s’agit ni plus ni moins d’une pression des Etats-Unis sur Pretoria, pour l’obliger à assouplir ses restrictions sur les volailles améric-aines.

Côté kényan, le renouvellement de son adhésion à l’AGOA en 2015 est une aubaine. En effet, ce pays a connu un boom au niveau de son économie, avec par exemple 80 millions de dollars de recettes prévues pour l’industrie textile. D’ailleurs, le Kenya est le premier exportateur de textile en Afrique sub-saharienne, suivi par le Lesotho.

300 000 emplois en Afrique

Les Américains estiment que l’Agoa a créé 300 000 emplois en Afrique contre 120 000 aux Etats-Unis. Mais les Africains, notamment ceux de l’espace francophone, sont un peu sceptiques, les Américains s’intéresseront un peu plus aux produits de l’espace francophone.

En 15 ans, l’Agoa a permis de quadrupler les échanges entre les États-Unis et l’Afrique. Selon les statistiques livrées par les Américains, les 39 pays africains éligibles ont exporté vers les États-Unis pour 480 milliards de dollars américains.

Les Américains expliquent qu’ils ne sont pas exclusivement intéressés par les matières premières de l’Afrique. Par exem-ple en 2014, les échanges non pétroliers ont représenté 4,5 milliards de dollars soit une hausse de 250% par rapport à 2001.

Dimitri Ben Béchir

3

Editorial

Dimitri By Béchir

AFRIQUE REVIEW NO 51 • DU 9 AU 15 FEVRIER 2016

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PROCES Saadi Kadhah23

FRANCE l’africain le plus influent5

GABON LOGEMENT La remise de 13 700 logements

PHOTOS DE COUVERTURES :ÉDITION GÉNÉRALE: PHOTOMONTAGE PAO SPRINTÉDITION AFRIQUE: © ONS ABID POUR PAO SPRINTÉDITION WEB PAO SPRINT

15

5 L’africain le plus influent du monde économique

10 LE WEEK AND D’AFRIQUE REVIEW

9 Avenir du continent10 Chine-Gabon : plus de visa11 Interview Thierry BARBAUT : crowdfunfing

10 GRAND ANGLEE

23 Le procès du fils de Kadhafi, Saadi Kadhafi

37 MAGHREB & MOYEN-ORIENT

13 Le rôle des milices en Libye : l’État face à l’économie de prédatione8 Egypte: 149 islamistes présumés bénéficie de l’annule de la peine de mort

37 AFRIQUE SUBSAHARIENNE

6 Kenya : la rivalité entre Uber et les taxis15 Gabon : la remise de 13 700 logements11 Lorsque l’afrique aspire à être bien gouvernés.18 CPI : Ouattara tiendra t-il ses promesses?.

37 MAGHREB & MOYEN-ORIENT

15 Western Union: vingt ans d’implantation sur le continent africain10 Partenariat pour la prise en charge directe des réparations27 « Les potentialités de l’économie camerounaise »28 Croissance - Côte-d’Ivoire : “9,8% attendu en 2016”

37 ECONOMIE

37 INTERNATIONAL

30 Les enjeux économiques de la visite de Raul Castro en France31 Déchéance de nationalité: ce que dit Taubira dans son livre32Présidentielle américaine : qui peut encore arrêter Donald Trump ?37 CULTURE

17 Les dirigeants politique africains s’associent avec GAVI pour empêcher des morts infantiles?12 Afrique du Sud : lever du soleil secret36 un Africain américain à Paris

AFRIQUE REVIEW NO 51 • DU 9 AU 15 FEVRIER 2016

4 Sommaire

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Du coté des français, hormis Thiam on retrouve l’économiste Thomas Piketty (20e), l’entrepreneur Renaud Laplanche (28e) et la directrice du FMI Christine Lagarde (38e).

Tidjane THIAM est le directeur général du Crédit suisse, lead-er mondial des services financiers, présent partout dans le monde. Cet ivoirien de 53 ans a été désigné comme l’africain le plus influent de la planète.

Devant de grands noms d’hommes d’affaires et de milliar-daires africains tels que le nigérian Aliko DANGOTE ou le soudanais Mohammed IBRAHIM, Tidjane THIAM est désigné comme l’africain le plus influent du monde par l’agence Bloomberg. Respectivement 41ème, 48ème et 23ème de la liste, ces trois africains sont les seuls du continent à figur-er dans ce célèbre classement et considérés par la célèbre agence, comme ceux ayant eu le plus d’impacts économiques et financiers sur le monde en 2015.

Il faut rappeler que déjà en 2012, il devenait le premier afric-ain à intégrer ce classement Bloomberg des 50 personnalités les plus influentes du monde économique.

Derrière ces paires de lunettes pharmaceutiques se cache un expert de la finance. Son parcours est teinté d’émulation. Tidjane a le don d’intégrer des milieux considérés comme in-accessibles aux personnes de race noire. En effet, il fait par-ler de lui pour la toute première fois lors de son entrée à la célèbre École Polytechnique de France. C’était le tout premier ivoirien à fréquenter cet illustre établissement universitaire. En octobre 2009, il devient le premier noir à prendre les com-mandes de Prudential Finance, la célèbre compagnie d’assur-ance anglaise, avant de rejoindre et de prendre la direction générale, six ans après, de l’une des plus influentes institu-tions financières du monde, le Crédit suisse.

Après de brillantes études effectuées à l’École polytechnique et à l’École des mines de Paris, Tidjane fait ses premiers pas dans le cabinet McKinsey & Company en qualité de consult-ant en management de 1986 à 1994.

Economic Forum de Davos, comme l’un des 100 leaders mon-diaux de demain (Global Leaders for Tomorrow).

Il est également élu, un an plus tard, membre du Dream Cab-inet.

L’agence Bloomberg est spécialisée dans l’information fi-nancière et économique créée en 1990. Son classement des hommes les plus riches et les plus influents du monde est très célèbre et très crédible aux yeux des experts.

Il est premier Noir à avoir dirigé un géant de la City - l’assureur Prudential -, le Franco-Ivoirien a été nommé à la tête de l’un des plus grands groupes bancaires au monde, Credit Suisse. Portrait d’un précurseur.

Tidjane Thiam a toujours été en tête : premier au concours général de mathématiques en 1980 ; premier ingénieur ivo-irien de l’École polytechnique de Paris, dont il est sorti major de promo ; premier Noir à diriger une multinationale du FTSE 100, l’équivalent britannique du CAC 40 français, en prenant la tête de Prudential, en 2009.

Il quitte aujourd’hui l’assureur britannique avec un bilan solide. En 2014, celui-ci a dégagé un bénéfice net de 2,8 milli-ards d’euros, contre une perte de 300 millions d’euros au pre-mier semestre 2009, juste avant l’arrivée de l’Ivoirien.

Tidjane Thiam s’est constitué au fil des ans un puissant réseau d’influence. Membre de la Commission pour l’Afrique mise en place par l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair, il a eu l’occasion de travailler avec de nombreux chefs d’État afr-icains.

L’Ivoirien siège aussi au conseil consultatif de David Camer-on, l’actuel locataire du 10, Downing Street, au sein duquel il côtoie des puissants comme le gouverneur de la Banque d’Angleterre ou l’Indien Ratan Tata, patron du conglomérat du même nom.

Source : Yannick DJANHOUN

Tidjane Thiam, l’africain le plus influent du monde économique depuis 2015

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5 EntrepreneuriatIl y supervisera de grands projets et renforça l’image de référence mondiale et de marque du Cabinet McKinsey & Company. Tidjane étoffe sa carrure de professionnel des financ-es en prenant une année sabbatique, qu’il consacra entièrement à la Banque Mondiale, en tant que Young Professionnal. C’était en 1989. Les ivoiriens découvrent véritablement ce technocrate qu’à partir de 1994, année où il prit les rênes du Bureau National d’Études Techniques et de Développement (BNETD). Il fut d’ailleurs le premier ivoirien à diriger cette structure étatique donc la mission consiste à mettre en œuvre les importants chantiers de développement d’infrastructures.

En 1998, il devient ministre de la Planification en Côte d’Ivoire sous la présidence de la Ré-publique d’Henry Konan BEDIE. La même an-née, Tidjane THIAM est désigné, par le World Economic Forum de Davos, comme l’un des

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Pays féru de nouvelles technolo-gies, Uber a fait une entrée fracas-sante sur le marché en 2015, au grand dam des chauffeurs de taxi, accusés de répliquer en multipli-ant les actes de vandalisme et les agressions envers leurs concur-rents.

La société californienne de voitures de tourisme avec chauffeur (VTC) a fait son apparition au Kenya en jan-vier 2015, à Nairobi seulement, et a rapidement trouvé son public, que ce soit les nombreux expatriés de la cap-itale ou la classe moyenne kényane.

Voir des gens recourir à leur smart-phone pour commander une vo-iture sur les nombreuses routes en terre que compte encore Nairobi peut paraître incongru. Mais le Ken-ya est un pays à la pointe en matière de high-tech, avec comme fleuron M-Pesa, un système de transfert d’ar-gent par téléphone mobile

Uber, née en 2009 à San Francisco et déjà présente dans 371 villes et 68 pays, a rencontré une forte résistance des taxis traditionnels au Kenya, comme ailleurs, en France, au Brésil ou en Afrique du Sud notamment.

Ils accusent Uber de concurrence déloyale avec des prix près de deux fois inférieurs aux leurs à Nairobi, mais ont été accusés ces derniers jours de harceler, dévaliser et brutal-iser des chauffeurs Uber, pour la plu-part d’anciens taxis, ou de s’attaquer à leurs voitures.

« Une voiture s’est arrêtée devant moi et m’a bloqué l’accès à la sortie. Quelques gars sont sortis et ont lacéré mes deux pneus gauches, avant et arrière », explique à l’AFP Martin, un chauffeur Uber, qui, comme ses col-lègues, préfère n’être identifié que par son prénom.

« Je comprends leur frustration, mais comme pour tout commerce, il faut autoriser la concurrence pour avanc-er », estime-t-il.

Un de ses confrères, Victor, emploie lui-même pour Uber trois chauffeurs, dont l’un a été agressé. « Ils l’ont éjecté de la voiture. Il a été tabassé et on lui a pris de l’argent et son téléphone », raconte-t-il à l’AFP, avant d’évoquer plusieurs incidents similaires.

« La plupart des chauffeurs Uber ont peur. Pendant la journée, il n’y a pas d’incident. Mais la nuit, il y a des in-timidations, des menaces.

Nous n’avons aucun moyen d’assurer notre sécurité. Certains de ces chauffeurs de taxi se comportent comme des hooligans. »

D’un côté comme de l’autre, on s’accuse mu-tuellement de ne pas respecter la réglemen-tation. Mais chez Uber, on voit la résistance des taxis avant tout comme un refus de s’adapter à la modernité.

« C’est malheureux que la plupart des gens opposés à Uber ne comprennent pas son concept. Uber est une plateforme ouverte. Uber ne ferme ses portes à personne. Tout le monde est le bienvenu », dit-il, tout en es-pérant qu’avec un peu « d’ouverture d’esprit » ce conflit pourra être réglé.

5e édition du Forum Afrique à Paris, Au L’explosion de la démographie africaine est bien con-nue, attendue avec espoir par certains et avec beaucoup de craintes par d’autres. De 1,1 milliard d’habitants en 2013, l’Afrique passera à 2,4 en 2050, soit 1,3 milliard de plus en 35 ans, Nourrir, loger, soigner et donner du travail à tant de per-sonnes en si peu de temps semble une gageure. C’est à l’Afrique, mais aussi à la communauté internationale, de relever ce défi. Il exige que tous les acteurs du dével-oppement, entreprises, États, bailleurs, ONG, se concen-trent sur les projets prioritaires et en accélèrent la réalisa-tion : faire utile et vite,

Un deuxième phénomène, lié au premier et aux conséquences tout aussi lourdes voire davantage, con-siste en l’urbanisation du continent. Aujourd’hui, il y a 400 millions d’Africains citadins. Ils devraient être 1,2 mil-liard en 2050, soit un triplement avec une progression de 800 millions. On assistera à la formation de gigantesques mégalopoles. Actuellement, trois villes africaines dépas-sent 10 millions d’habitants, Lagos, Le Caire et Kinshasa, elles devraient être plus de trente en 2050.Autant de thèmes qui seront abordés lors du cinquième Forum Afrique organisé par Le MOCI et le CIAN (Conseils des Investisseurs Français en Afrique), en partenariat avec la Chambre de commerce et d’industrie de région Paris Ile-de-France. Ce forum marquera la parution de l’édition 2015 du rapport annuel du CIAN « Les entrepris-es françaises et l’Afrique » dont le baromètre sur l’envi-ronnement des affaires est un document de référence pour les milieux d’affaires français et africains.

Jason Njoku, fondateur de la société IROKO..

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Kenya : la rivalité entre Uber et les taxis

Dossier Société

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été tués en quelques heures au centre du Caire, un “possi-ble crime contre l’Humanité”, selon l’organisation de défense des droits de l’Homme Human Rights Watch. Le soir même, 13 policiers étaient massacrés par une foule en colère dans l’attaque d’un commissariat d’un quartier du Caire, Kerdassa, réputé être un fief islamiste.

Un verdict inattendu

Depuis le début des « procès de groupe » très décrié en Egypte, c’est bien la première fois que la justice égyptienne revient sur une décision déjà rendue par ses tribunaux. Pour les 149 islamistes condamnés à la peine de mort le 3 février 2015 lors d’un jugement qualifié « d’expéditif » par de nom-breuses institutions internationales, le verdict est inopiné, presque inespéré.

Ils avaient été condamnés à mort lors d’un procès expéditif le 3 février 2015. Un an plus tard, la Cour de cassation en Egypte a annulé ce mercredi la peine de mort pour 149 personnes accusées du meurtre de 13 policiers en 2013, le jour même où les forces de l’ordre tuaient des centaines de manifestants réclamant le retour du président islamiste Mohamed Morsi destitué par l’armée.

La haute juridiction a ordonné que les accusés soient rejugés par un autre tribunal que celui qui les avait condamnés en première instance il y a un an, mais il n’est pas possible de connaître les motivations de cet arrêt de la Cour de cassation tant qu’il n’est pas rendu public, ont indiqué des responsables de la Justice.

Procès de masseLe 14 août 2013, quelque 700 manifestants pro-Morsi avaient

Egypte: 149 islamistes présumés bénéficie de l’annule de la peine de mort Express.fr

AFRIQUE REVIEW NO 51 • DU 9 AU 15 FEVRIER 2016

E-commerceDécollage imminent pour le e-commerce en AfriqueLes ventes en ligne sur le continent ont connu un démarrage timide ces dernières années, couvrant à peine 2 % du marché mondial avec un chiffre d’affaires de 8 milliards de dollars en 2013.

Pourtant, les conditions semblent désormais réunies pour permettre au secteur de se développer de manière exponentielle ; si bien qu’on estime qu’il pourrait connaître une envolée pour culminer à 50 milliards de dollars d’ici 2018.

La 11e édition de l’Africa Telecom People, le salon international des TIC qui s’est déroulé à Abidjan, témoigne du dynamisme grandissant du secteur. Ce salon a réuni acteurs privés et publics du e-commerce dans le but de passer en revue les défis du marché africain et les opportunités à saisir. Nos experts Deloitte, évoluant sur le marché africain depuis de nombreuses années, ont également pris part au débat. La percée fulgurante du mobile en est le principal moteur : avec 350 millions de téléphones portables sur le continent d’ici 2017, le marché des services mobiles est en plein essor. A ce jour, près de 12 % des consom-mateurs d’Afrique francophone ont déjà réalisé des achats via leur mobile. Sans parler de percée comparable, la pénétration d’Internet sur le continent a aussi préparé le terrain au e-commerce pour les 20 % d’Africains désormais connectés à la Toile.

8 Islamistes Egypte

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9 Afrique Economie

Avenir du continentWestern Union: vingt ans d’implantation sur le continent africainLe groupe Western Union a récemment célébré ses vingt ans de présence sur le marché africain. Pour la circonstance, le PDG du groupe, Hikmet Ersek a effectué une visite dans quelques pays du continent, dont le Ga-bon. Dans ce pays pétrolier d’Afrique centrale, Western Union se porte bien mais subit la concurrence de nouveaux opérateurs.

À Hicham HAFID, Professeur d’économie à l’Institut des études africaines Université Mohammed V, Rabat Mhammed ECHKOUNDI, Professeur d’économie à l’Institut des études africaines Université Mohammed V, Ra-bat.

Un acteur du développement social et économique

Depuis 2014, Western Union a commencé à travailler avec SOS Village, pour soutenir dix enfants de l’ONG à Abobo grâce à la prise en charge de leurs frais de scolarité et l’acces-sibilité à des activités scolaires, comme une excursion à Yamoussoukro. Cette collabora-tion réussie avec une ONG ivoirienne répond aux objectifs d’amélioration des conditions de vie des jeunes Africains, à travers l’éducation, l’émancipation et l’élargissement des oppor-tunités économiques.

Précisons que la société Western Union (NYSE : WU) est un leader dans les services de paie-ment mondial. Avec ses services de paiement Vigo, Orlandi Valuta, Pago Facil et Western Un-ion Business Solutions, Western Union fournit aux consommateurs et aux entreprises des méthodes rapides, fiables et pratiques pour envoyer et recevoir de l’argent partout dans le monde, ainsi que pour faire parvenir des paie-ments et des bons de commande de fonds.

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A l’occasion de la célébration de ses 20 ans de présence de Western Union sur le continent africain, Aida Diarra, vice-présidente de l’entreprise éponyme pour l’Afrique s’est rendue à Libreville avant-hier dans le cadre d’une tournée afin de rencontrer et discuter avec les associés d’affaires locaux. En effet, Western Union, spécialisée dans le transfert d’argent, s’est investie dans des associations stratégiques au Gabon. L’on peut citer des institutions bancaires telles que Bgfi Bank, La Poste, Ecobank, Bicig... Il est donc question pour Aida Diarra de renforcer ces joint-ventures.

«L’industrie des services financiers constitue un relais majeur de croissance économique en Afrique, et grâce à ses associés en Côte d’Ivoire, Western Un-ion joue un rôle phare en déplaçant de l’argent à travers le continent grâce à des procédures innovantes et rentables et en soutenant l’émergence de la

Western Union est opérationnel en Côte d’Ivoire depu-is 1998 et a construit un réseau d’environ 1.300 points de vente sur le territoire, en coopération avec quinze agents. Au fil des années, l’entreprise s’est investie dans des associations stratégiques avec des institutions bancaires, des réseaux mobiles et s’est construite une base clientèle importante. La Côte d’Ivoire est en effet un marché important compte tenu de l’histoire de ses flux migratoires.

Western Union a récemment finalisé d’importantes collaborations en Côte d’Ivoire, augmentant par conséquent l’étendue de ses possibilités de paiement à travers le pays. La BIAO est ainsi devenue en octobre 2014 son quinzième agent en Côte d’Ivoire et, plus récemment, le 16 janvier 2015, le service de transfert d’argent sur compte bancaire (ABMT) a été lancé avec Ecobank.

méthodes rapides, fiables et pratiques pour envoyer et recevoir de l’argent partout dans le monde, ainsi que pour faire parvenir des paie-ments et des bons de commande de fonds.méthodes rapides, fiables et pratiques pour envoyer et recevoir de l’argent partout dans le monde, ainsi que pour faire parvenir des paie-ments et des bons de commande de fonds.

«Nous sommes fiers d’être à la tête du mouvement, et nous sommes heureux d’être sur le terrain, en jouant un rôle qui permet d’ouvrir un monde de possibilités pour l’Afrique”.»

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Le PDG de la SAA, Nacer Saïs (à gauche), et le DG de Renault Algérie, Guil-laume Josselin (à droite)?

Partenariat pour la prise en charge directe des réparationsRenault Algérie et la Société algérienne d’assurance (SAA) ont signé une convention de partenariat qui permet une prise en charge di-recte des réparations de véhicules sinistrés du groupe Renault pour ses clients.

Avec ce contrat, les clients de ces deux entités n’auront désormais au-cune démarche à entreprendre une fois le sinistre arrivé, puisque Renault se charge des réparations dans ses ateliers et la SAA règle directement la facture de ces réparations au concessionnaire.

En effet, selon les termes de cette convention, les clients de la SAA pour-ront faire réparer leur véhicule de marques Renault et Dacia dans les at-eliers carrosserie de Renault Algérie en bénéficiant du système du tiers payant.

La prise en charge des démarches administratives au sein des ces ateliers est également prévue par ce partenariat. Cependant, seuls les clients dis-posant d’une assurance tous risques sont éligibles à ce traitement. Cette démarche représente une rupture avec les processus actuels de prise en charge des sinistres, en permettant aux clients de la SAA de se présent-er directement aux ateliers de Renault sans se soucier de toute autre démarche administrative. Elle démontre également l’intérêt porté par ces deux entreprises pour la qualité de service. Pour les deux partenaires, cet accord va contribuer à améliorer encore davantage l’image de marque des deux entreprises, qui sont, chacune de son côté, leader dans son domaine : la SAA est leader dans le marché des assurances automobile, avec 32% de parts de marché, alors que Renault détient 36% de parts du marché automobile.

«D’autres actions seront réalisées à l’avenir et notre objectif est de faire des prestations de la SAA des prestations de qualité conformes aux standards internationaux», a-t-il indiqué. Sur un autre plan, le PDG de SAA nous a révélé que le projet du système bonus-malus est bien avancé. «Nous sommes en train de finaliser un document portant sur un nouveau système d’assurance automobile», a-t-il affirmé. «Dans ce processus, qui devrait être prêt au plus tard début 2017, les deux conducteurs signent le même document pour ne pas tomber dans des déclarations contradic-toires», a-t-il souligné.

AFRIQUE REVIEW NO 51 • DU 9 AU 15 FEVRIER 2016

10ILS ONT DIT

« Nous nous réunissons trop souvent, nous parlons toujo-urs trop, mais nous n’agissons pas assez et parfois pas du

tout. »IDRISS DEBY

Président Tchadien

« L’Afrique manque de compétences, Il faut les fonc-tionnaires de l’immigration, il nous faut du courage, il nous

faut travailler et oser. »

DLAMINI ZUMA,Président de la Commission

de l’UA 2015

« Dans la dynamique des changements politiques, bien souvent ces femmes pauvres et analphabètes ont joué un

rôle majeur »ELIKIA M’BOKOLO,historien congolais

« les ethnies sont en grande partie des inventions

coloniales »

JEAN LOUP AMSELLE,Ethnologue français

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AFRIQUE REVIEW NO 51 • DU 9 AU 15 FEVRIER 2016

plus généralement, sur l’incapacité de l’Union africaine à prendre des sanctions contre les gouvernements dont le com-portement menace la stabilité du con-tinent. Sans compter que l’attitude de l’Union dénote d’une absence totale de solidarité vis-à-vis du peuple burundais en souffrance. Ce qui, forcément, altère la confiance des autres peuples du con-tinent envers l’organisation panafricaine.

Des constats, des condamnations. Vous savez bien, pourtant, que tout cela n’a plus aucun effet sur les di-rigeants de ces pays...

Peut-être. Mais le temps est compté pour les attitudes qui consistent à se désin-téresser du sort des populations. Il n’est d’ailleurs pas exclu qu’à une échéance pas si éloignée que cela, les mouvements de la société civile finissent par prendre le pouvoir au niveau des nations, parce qu’ils inspirent davantage confiance que les dirigeants politiques..

Vous n’imaginez tout de même pas des coups d’Etat de la société civile !

De gré ou de force, l’Afrique atteindra le moment où ce sont les populations qui choisiront comment et par qui elles veu-lent être gouvernées.

Dossier Gouvernance11

Interview Jean-Baptiste Placca

Lorsque l’afrique aspire à être bien gouvernés.

Rarement les peuples africains auront autant aspiré à être bien gouvernés. Et par des dirigeants qui, non seulement les respectent, mais sachent aussi les aimer un peu.

Le sommet de l’Union africaine s’est achevé, dimanche 31 janvier à Ad-dis-Abeba, sur un certain nombre de décisions qui laissent perplexes et sur quelques absences (de décisions) troublantes. Au même moment, à Ouagadougou, des organisations de la société civile, réunies dans une alli-ance dénommée « Tournons La Page », concluaient un séminaire panafricain par quelques questions pertinentes sur le respect, par les dirigeants, des engagements qu’ils ont ou qu’ils devraient avoir vis-à-vis de leurs peu-ples. En quoi Ouagadougou était-il plus intéressant qu’Addis-Abeba ?

« Tournons La Page », précisons-le, se définit comme un mouvement citoyen transcontinental. C’est une alliance de divers mouvements de la société civile, réunis pour la défense des droits hu-mains et de la démocratie sur le conti-nent. Au séminaire panafricain qui s’est tenu du 25 au 29 janvier à Ouagadougou, on dénombrait quelques mouvements emblématiques, tels « Y en a marre » du Sénégal, « Filimbi », de RDC et « Le Balai citoyen », du Burkina. « La Page », qu’il est question de tourner ici est aussi celle de certaines incongruités qui ponctuent régulièrement les sommets de l’Union af-ricaine (UA). Comme, par exemple, l’élec-tion du Burundi et de la RDC au Conseil de Paix et de Sécurité de l’UA. Un choix dénoncé comme inopportun.

En quoi est-ce inopportun ? N’est-ce pas plutôt le fonctionnement normal des institutions, qui respectent une rotation dans les responsabilités qui reviennent aux pays membres ?

Le fonctionnement normal des institu-tions implique également un certain dis-cernement. « Tournons La Page » s’étonne que l’on intègre dans un organe appelé à se prononcer sur les crises du continent des Etats dont les gouvernements ont, eux-mêmes,

« sciemment trahi leurs engagements au sein de l’Union, mettant à mal la paix et la sécurité sur leurs propres territoires ». « Tournons La Page » estime, non sans raison, qu’en refusant de respecter les limitations légales de mandats, les chefs d’Etat du Congo et du Burundi ont, vo-lontairement, piétiné les principes de la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance. Pour ce mouvement, le passage en force de Pierre Nkurunzinza à l’élection prési-dentielle de 2015 a initié une spirale de violence de plus en plus incontrôlable, dans laquelle la menace du génocide est désormais avérée.

Vous savez bien que le gouvernement burundais réfute toutes ces affirma-tions sur un risque de génocide. Et à Bujumbura, on explique que c’est en raison de la structuration de l’armée, de la police comme du gouverne-ment…

Il n’empêche. « Tournons La Page » sout-ient que la population burundaise subit une répression féroce, des exécutions et des arrestations arbitraires quotidiennes, dont les auteurs et commanditaires jou-issent d’une impunité totale. Si tout cela n’est pas grave, alors, oui, on peut tout relativiser ! Le mouvement évoque aus-si la République du Congo (Brazzaville), où les violences du mois d’octobre 2015 auraient attisé un climat de tension et de frustration au sein d’une population dont l’opinion est systématiquement méprisée par le pouvoir.

Autant de constats qui poussent les par-ticipants au séminaire de Ouagadougou à s’interroger sur l’absence de fermeté de l’UA face aux exactions du gouverne-ment burundais et, s

Jean-Baptiste Placca editorialiste RFI

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Il est 6h00, un jour de la semaine, le quartier financier de Jo-hannesburg abrite le “Secret Sunrise” (lever du soleil secret en français) – une sorte de fête qui se tient à l’aube, sans alcool, ni drogue, et sans déranger les voisins

Selon les organisateurs, le lieu de “Secret Sunrise” est tenu secret jusqu‘à la veille, ainsi que le thème, histoire de “faire monter le suspense”. Il y a deux semaines, rendez-vous avait été donné sur une terrasse en hauteur de Johannesburg pour célébrer les années 70. L’occasion d’un hommage à David Bowie, décédé le 10 janvier dernier. Le thème d’aujourd’hui est intitulé “super héros”, ainsi tous les participants se sont déguisés en leurs héros péférés, pour laisser s’exprimer l’en-fant qui se trouve en chacun d’eux.

“Avec vos écouteurs, vous êtes dans votre monde, ça fait écran à tout ce qui se passe autour, vous êtes dans votre bulle, vous redevenez un enfant dans la cour de récré ou dans sa cham-bre par exemple. Et vous êtes libre, vous remarquez à peine ce que font les autres autour de vous.”, a affirmé Travis Krugern un participant.

“Tu te laisses aller. Tu ne te soucies pas de ce que les gens pensent ou font, parce que tout le monde est fou”, constate entre deux chansons Niki Coetsee, comptable de 38 ans qui a déboursé 100 rands (5,2 euros) pour participer à “Secret Sun-rise”.

“Je me sens toujours super bien après. J’arrive au boulot en sautant dans tous les sens, mes collègues me disent “ça ne va pas la tête ? “ Mais je suis juste heureuse, ça vous donne la perche, c’est formidable.”

C’est à Londres, en 2013, qu’est née la fête matinale baptisée “Morning Gloryville” dont s’inspire ‘‘Secret Sunrise’‘, et elle est reproduite depuis cette période un peu partout à travers le monde, de New York en passant parTokyo.

L’Afrique du Sud, depuis 2015 a véritablement donné une au-tre image au grand concept avec son ‘‘Secret Sunrise’‘, un style silencieux et grandiose.

Afrique du Sud : lever du soleil secret

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Manu Dibango élevé au grade de Commandeur de l’Ordre national en Côte d’Ivoire

L’artiste camerounais Manu Dibango, ex–Directeur de l’Or-chestre de la Radiodiffusion télévision nationale (ORTI) a été élevé, vendredi à Abidjan, au grade de Commandeur de l’or-dre national par la Grande chancelière Henriette Dagri Dia-baté.

« Je suis très honoré parce que je ne m’y attendais pas. J’ai passé 4 ans de ma vie ici à monter quelque chose pour moi, pour l’Afrique, pour monter un orchestre de qualité. Ça devient un commerce mondial, la musique africaine est reconnue dans le monde. Il y a toujours des choses à faire mais au moins, ça a été fait », s’est réjoui Manu Dibango présent sur les bords de la lagune Ebrié dans le cadre d’un concert dénommé « retour en Côte d’ Ivoire » en prélude au Marché des Arts et du spectacle Africain (MASA) dont il a vanté les mérites.

La Grande chancelière de l’Ordre national Henriette Dagri Di-abaté a pour sa part justifié cette distinction de l’artiste : « Vos actions en tant que Directeur de l’Orchestre de la RTI ont été essentielles dans le positionnement d’Abidjan, comme escale décisive, dans la construction internationale de nombreux ar-tistes ».

Toutes les actions de ce spécialiste du saxophone lui ont valu cette nouvelle distinction. Fausseni Dembélé, Directeur de cabinet du ministère de la Culture et de la Francophonie a dans cette même veine indiqué que l’artiste « a porté sur les fonts baptismaux, le célèbre orchestre de la RTI, vivier de talents . (…) Manu Dibango, le Grand ivoirien qui a travaillé à la grandeur et au rayonnement de la Côte d’Ivoire rentre avec cette décoration dans le panthéon de la culture de notre pays », a-t-il souligné.

Ses compagnons Jean Claude Koukougon et Leon Sinan, « tous deux musiciens émérites de l’ORTI» ont également été élevés dans l’ordre du mérite ivoirien au grade de chevalier.

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Interview Musique

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Le rôle des milices en Libye : l’État face à l’économie de prédation

Intervention de M. Moncef Kartas, chercheur à l’Institut de hautes études internationales et du développement de Genève, auteur du rapport de Small Arms Survey intitulé « Sur le fil ? Le trafic et l’insécu-rité à la frontière tuniso-libyenne », au colloque “La Libye” du 26 oc-tobre 2015.

M. Boniface nous a dit que l’intervention en Libye avait été mal préparée. Je dirai que l’état de crise et le conflit armé très violent qu’on déplore aujo-urd’hui en Libye sont le résultat d’une gestion de la transition, dès avant la chute du régime Kadhafi, à la fois très naïve et basée sur une méconnais-sance des structures, de la politique sécuritaire et surtout de la Libye.

La plupart des intervenants s’accordent pour dire qu’il n’y avait pas d’État et quasiment pas d’institutions en Libye. Ce constat largement partagé au-rait dû entraîner la question : Comment intervenir dans une région, dans un espace où il n’y a pas d’État ? Qu’est-ce qui nous attend là-bas ?

En réalité, on ne peut pas parler de vide politique dans la Libye de Kadhafi. Il y avait un ordre politique incarné, comme l’a dit mon collègue, par « les hommes de la tente ». Ce qui est important pour comprendre la Libye de Kadhafi n’est pas tant le tribalisme que la « bédouinisation » de la politique libyenne. À la différence du tribalisme, le point de vue bédouin privilégie l’aspect clanique. Autre élément important, dans le tribalisme les rapports hiérarchiques sont importants alors que, dans la culture bédouine, les re-lations hiérarchiques sont au contraire beaucoup plus plates. C’est ce type de relations qu’on observait en Libye.

Avec la chute de Kadhafi, la première chose que je m’attendais à voir était l’éclatement de cet espace, de cet État à qui on avait donné une souve-raineté légale internationale bien qu’il fût complètement artificiel au mo-ment où il avait été créé. Le grand problème de Kadhafi lui-même était la maîtrise des instruments sécuritaires de son pouvoir, c’est-à-dire des insti-tutions de violence légitime dont il disposait pour contrôler la population et le territoire de la Libye. Dans le processus historique de la formation des États, l’un des facteurs clefs est la capacité de contrôle par le pouvoir de ces institutions de la violence légitime [1], des institutions sécuritaires.

En Libye, on a vu au cours du règne de Kadhafi une paramilitarisation, une fragmentation tou-jours plus importante des corps armés, des forc-es sécuritaires. Il y avait donc une multitude de groupes armés en Libye, tous légitimés par l’or-dre, même si les compétences, les hiérarchies, n’étaient pas toujours très claires surtout d’un corps à l’autre.

Il est très intéressant d’étudier la dynamique que les armes ont représentée dans ce mouvement. Au tout début de la révolution, à l’est surtout, les révolutionnaires avaient principalement des armes prélevées dans les casernes de l’armée nationale libyenne. Mais il ne faut pas s’imaginer l’armée nationale libyenne comme une grande armée bien équipée. Il y avait les brigades d’élite spécifiquement en charge de la protection du régime Kadhafi mais l’armée nationale libyenne avait été progressivement écartée de ce proces-sus à travers les décennies. Les armes que les révolutionnaires avaient accaparées les avaient obligés à gérer leurs ressources militaires, en termes d’armes, de la façon la plus efficace pos-sible. Cela avait contribué à créer un semblant de cohésion dans ce groupe révolutionnaire.

Mais, surtout après la chute de Kadhafi, à la fin du conflit, quand il y eut le moins d’engage-ments armés, on vit l’augmentation du nombre de groupes armés. En effet, la population, les dif-férents groupes, ont eu accès aux armes. Ensuite, la création d’un groupe armé, l’appartenance à un tel groupe, est devenu une façon de s’impos-er dans le futur paysage politique libyen. Si l’on considère que la seule ville de Misrata compte plus d’une centaine de groupes armés et de bri-gades, certaines très grandes, on peut imaginer le nombre de groupes armés, de tailles très dif-férentes, qui sont présents en Libye aujourd’hui. C’est l’accès à un nombre énorme d’armes qui a provoqué cette fragmentation en une multitude de groupes armés.

C’est mon inquiétude principale. Je pense qu’il faudrait maintenant avoir une réflexion qui aille au-delà de ce projet d’accord et se préoccuper beaucoup plus de la façon dont on peut agir sur le local. Il faut trouver des stratégies qui permet-tent très vite de travailler ville par ville, village par village, sur la manière de s’allier avec chaque groupe pour commencer à les aider à dével-opper les institutions de violence légitime qui permettraient progressivement le contrôle du territoire. Je préconise une reconstruction par le bas car il me semble illusoire d’espérer qu’une solution « d’en haut » se traduise « en bas ».

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Libye Crise

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La remise des clés de 13 700 logements sociaux au citoy-ens GabonaisLe Ministre Gabonais de l’urbanisme et du logement, Mon-sieur Désiré Guedon, a remis symboliquement le 5 février dernier aux premiers attributaires du programme des 13 700 logements sociaux en cours de construction la clé de leur nouveau logement. Deux semaines après s’y être engagé à l’occasion de la cérémonie d’attribution qui s’est déroulée en présence d’un huissier de justice, il aura donc tenu parole devant un parterre de bénéficiaires réjouis de l’aboutisse-ment heureux de leur démarche.

En présence du Directeur général de la Société nationale du logement social (SNLS) et des responsables de l’Agence na-tionale des grands travaux d’infrastructures (ANGTI), les futurs locataires de ces logements sociaux sont venus nombreux pour signer leur contrat de location puis visiter leur logement avant l’occupation effective de celui-ci..

« C’est donc un jour particulier pour chacun des 233 premiers bénéficiaires qui ont fait l’objet de notre invitation de ce jour, car il s’agit de la matérialisation d’un vœu cher à Monsieur le Président de la République, Chef de l’État, Son Excellence Ali BONGO ONDIMBA, celui de l’accès au logement pour tous, de l’égalité des chances », a déclaré le Ministre de l’urbanisme et du logement, Monsieur Désiré Guedon, lors de son allocution devant les bénéficiaires.

Par ailleurs un guichet unique permanent a été installé en plein cœur du lotissement Alhambra afin de simplifier les for-malités liées à l’emménagement des nouveaux locataires. Ce guichet comprend la Société nationale du logement social (SNLS), l’Agence nationale des grands travaux d’infrastruc-tures (ANGTI), la Société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG) et les banques.

Les futurs locataires du lotissement Alhambra profiteront également du programme de compteurs électriquessociaux, qui permet d’acquérir à un moindre prix son compteur et d’étaler son remboursement dans le temps.

ILS SONT AU SOMMET CETTE SEMAINE 15

ILS SONT EN BAISSE

IDRISS DEBYDésigné « nouveau président en exercice de l’Union Africaine samedi à Addis Abeba.M. Déby, qui occupera la présidence tour-nante de l’organisation continentale pen-dant un an.

LAURENT GBAGBOCPI « ils plaidé non coupable jeudi 28 janvi-er des faits reprochés. La Cour examinait ce vendredi matin, les détails de l’accusation. s.

AMADOU MAHTAR BADésigné « membre du groupe de travail de haut niveau de l’initiative sur l’autono-misation économique des femmes. Cette nomination est rendue publique par le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki Moon.

ISSOTA NCHAREDésigné « Le nouveau secrétaire général de la Conférence interafricaine des marchés d’assurances (Cima), le camerou-nais Issofa Ncharé, a officiellement pris les rennes de l’instance fin janvier à Libreville, en remplacement de Jean-Claude Ngbwa

GUILLAUME SORO

débute est un exercice périlleux, même si les élections, les crises dont l’épilogue se fait attendre ou les événements sportifs et culturels mettront certainement en avant des protagonistes bien connus.

TOKYO SEXWALELa Fédération sud-africaine de football (SAFA) a demandé à son candidat Tokyo Sexwale, seul Africain à se présenter à la présidence de la Fifa, de venir s’expliquer sur la trop discrète campagne qu’il mène en vue de l’élection du 26 février, à Zurich.

PIERRE NKURUNZIZA« l’attitude du pouvoir de Bujumbura, fer-mé à toutes les voies de médiation que sur les solutions envisagées par l’institution communautaire pour régler le problème.

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Issofa Ncharé , prend officiellement fonction

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Aujourd’hui, les partenaires d’Africa United, notamment la Confédération du Football Afr-icain (CAF), l’Union Africaine, Gavi, l’Alliance du vaccin, le Groupe de la Banque mondiale et la Fondation CDC, ont lancé une nouvelle initia-tive en vue de l’immunisation universelle intit-ulée « Chaque vaccin compte » (« Every Shot Counts ») lors de la 4ème édition du Champi-onnat d’Afrique des Nations Orange, Rwanda en 2016. Il s’agit de la nouvelle campagne des partenaires d’Africa United, qui se sont mobi-lisés pour la première fois l’année dernière face au virus Ebola.

Paul Kagame, président de la République du Rwanda, le président de la Confédération Af-ricaine de Football, Issa Hayatou, et le docteur Seth Berkley, PDG de Gavi, ont présidé une cérémonie au cours de laquelle ils ont mani-festé leur engagement envers un accès univer-sel à la vaccination sur l’ensemble du continent africain. Une vidéo mettant en lumière cet en-gagement a été projetée pour la première lors de la finale du Chan Orange, Rwanda 2016 qui a suivi.

« Nous sommes heureux d’apporter notre sou-tien à cette initiative importante », a déclaré son excellence Paul Kagame, président de la République du Rwanda. « S’assurer que tous les Rwandais bénéficient d’une immunisation universelle a toujours été une priorité pour nous ; il en va de notre responsabilité envers le peuple du Rwanda. Garantir, donc, que les enfants de notre pays ne meurent pas de mal-adies évitables est en tête de nos préoccupa-tions. Nous nous sommes engagés en faveur de l’immunisation universelle parce que les Rwandais le méritent. J’appelle chaque di-rigeant africain à venir nous rejoindre dans la

lutte contre les morts d’enfants évitables et pour l’immunisation universelle. »

La vaccination est essentielle pour sauver la vie des enfants en Afrique et dans le monde. On estime que le nombre de morts dues à la rougeole a chuté de 88 % en Afrique entre 2000 et 2012 grâce à une vaste utilisation du vaccin. Il reste encore un manque à combler. 19 millions d’enfants dans le monde ne sont pas encore vaccinés contre les maladies fréquentes et potentiellement fatales.

« La vaccination est la voie d’accès à la santé de notre communauté toute en-tière. Gavi a l’honneur de se trouver aux côtés de l’un des dirigeants africains les plus distingués, le président Kagame, qui a démontré comment la santé universelle était possible avec un engagement en faveur de la vaccination universelle», a déclaré Seth Berkley, PDG de Gavi. « Nous sommes reconnais-sants envers le président Hayatou et la Confédération Africaine de Football pour leur travail. Comme l’a noté le président Hayatou, des partenaires variés incluant des joueurs de football, des fans et des dirigeants d’entreprise peu-vent donner accès aux vaccins à tous ceux qui en ont besoin, si nous travail-lons ensemble. Chaque enfant en Afrique compte, donc chaque vaccin in-jecté compte. » s

Un grand flou entoure la date arrêtée pour les législatives. Prévu à l’or-dre du jour du Conseil du gouvernement du jeudi 28 janvier, le projet 2.6.69 de décret fixant date des élections de la Chambre des représentants (les législatives, donc) sus-cite les interrogations. Si nous savons qu’un décret viendra, demain jeudi, mettre fin au sus-pense entourant à

L’ÉNIGME MAROCAINE

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la date des élections lég-islatives, nous ne con-naissons toujours pas la date exacte à laquelle se-ront tenues ces élections. Contacté par le HuffPost Maroc, le porte-parole du gouvernement et ministre de la Commu-nication Mustapha El Khalfi nous a déclaré que “le décret n’est pas en-core là”. Il indique, en re-vanche, que “le Chef du gouvernement

a précédemment déclaré que les élections auront lieu durant la première semaine d’octobre.” Si la date d’octobre se confirme, Abdelilah Benkirane se sera donc conformé au texte con-stitutionnel qui, dans son article 62, dispose que “les membres de la Chambre des représent-ants sont élus pour cinq ans au suffrage universel direct.

Les dirigeants politique africains s’associent avec GAVI pour empêcher des morts infantiles?

Président Issa Hayatou de la CAF, Son Excellence le Président Paul Kagame de la Répub-lique du Rwanda et Gavi CEO Dr Seth Berkle k

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CPI : Ouattara tiendra t-il ses promesses?

Adieu le transfèrement d’Ivoiriens à la Haye, c’est au cours d’une grande rencontre jeudi dernier avec le président français, François Hollande, en France, le président Alassane Dramane Ouattara, a déclaré qu’il n’enverrait plus d’Ivoiriens à la Cour pénale internationale (CPI).

À l’issue d’une rencontre avec François Hollande, Le président Alassane Ouattara a affirmé dernièrement qu’ “il n’enverrait plus d’Ivoiriens” à la Cour pénale internationale (CPI).

Cette visite intervient alors que Laurent Gbagbo, l’ancien chef d’Etat ivoirien et adversaire d’Alassane Ouattara lors de la présidentielle de 2010 comparaît devant la CPI. Le prési-dent Ouattara a profité de cette occasion pour faire une an-nonce qui n’est pas passée inaperçue. L’ancien rival à la prési-dentielle de 2010 Laurent Gbagbo, et le chef de milice Charles Blé Goudé comparaissent actuellement devant la Cour Pénale internationale pour leur rôle présumé dans la crise post-élec-torale en Côte d’Ivoire, le président Alassane Ouattara a af-firmé haut et fort je “n’enverrait plus d’Ivoiriens” à la CPI.

Estimant que son pays avait désormais des possibilités de régler ces propres problèmes. « La CPI a joué le rôle qu’il fal-lait. Maintenant nous avons une justice qui est opérationnelle et qui a commencé à juger tout le monde. Et je n’enverrai plus d’Ivoiriens à la CPI puisque nous avons maintenant la capacité de les juger », a déclaré Alassane Ouattara.

Crée une Cour spéciale africaine Mais « la Côte d’Ivoire n’envisage pas de se retirer de la CPI », a assuré Alassane Dramane Ouattara. Alors que dimanche, les dirigeants africains réunis au siège de l’Union africaine à Ad-dis Abeba ont soutenu l’idée d’un retrait commun de la CPI, lui reprochant de « s’acharner » sur l’Afrique. « Ce qu’il faudrait c’est que l’Union africaine mette en place une Cour africaine qui puisse juger les Africains en Afrique », a tranché le prési-dent ivoirien.

Alassane Ouattara avait déjà refusé de livrer à la CPI Simone Gbagbo, épouse de Laurent, malgré plusieurs requêtes de la Cour. Jugée en mars 2015 à Abidjan, l’ancienne Première dame a écopé de 20 ans de prison. Des membres de

l’opposition accusent l’actuel président de ne pas avoir livré l’ancienne première dame afin de pouvoir refuser par la suite l’extradition à La Haye de ses partisans.La procureure de la CPI, Fatou Bensouda, avait assuré la se-maine dernière devant les juges de Laurent Gbagbo que ses services enquêtaient “sur les deux côtés du conflit (...) cela prend du temps et nous demandons de la patience”.Malgré cela, Emmanuel Altit reproche à la procureure de la CPI, Fatou Bensouda, d’avoir ignoré les exactions commises selon lui par les forces pro-Ouattara et le rôle joué de la France dans cette crise. Paris est accusée d’avoir fourni des armes aux forces pro-Ouattara malgré un embargo décrété par l’ONU, et d’avoir appuyé en sous-main l’offensive qui a mené à la chute de Laurent Gbagbo en avril 2011.

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Les seuls succès ne sont pas qu’a la silicon valleyLe « Hollywood des nouvelles technologies » a de quoi faire rêver. Qui n’a pas envie d’être le prochain Steve Jobs ou d’être mil-lionnaire ou milliardaire avant trente ans ? En Afrique, en particulier où tant de choses restent à faire, ce ne sont pas les idées de génie qui manquent. Cela dit, de l’émergence de l’idée à sa réalisation, il y a un fossé que de nombreux entrepreneurs ne prennent plus la peine d’évaluer avant de se lancer.

Depuis quelques années, ici au Sénégal, je vois de jeunes diplômés qui à la fin de leurs études décident d’entreprendre. L’ent-housiasme et l’énergie que l’on peut lire dans leurs faits et gestes est certes séduisante mais avec un regard plus objectif, on ne peut s’empêcher de se dire intérieurement « son idée ne se concrétisera pas » pour plusieurs raisons.

Les promesses de l’école

Après cinq ans d’étude universitaire, je suis forcée de croire que l’école nous fait de bien belles promesses. A la recherche de la formation, on vous fait miroiter le poste de dirigeant, de décisionnaire que votre titre d’ingénieur peut vous amener à occuper. Qui n’aime pas le pouvoir ? Très vite, on convainc les parents et nous voilà élève ingénieur. Mais à un an d’obtenir son diplôme, le discours est tout autre. « L’avenir est dans l’entreprenariat ». Pour cela, on ne manque pas de vous outiller comme il se doit. On parle de cas inspirants, de business model (has been), de motivation et rarement des échecs. Plutôt que d’expliquer aux jeunes entrepreneurs les raisons de ces échecs avec des exemples édifiants, on se cantonne aux citations. « Le succès n’est pas définitif, l’échec n’est pas fatal, c’est le courage de continuer qui compte » W. Churchill. « Ce n’est pas la peur d’entreprendre, c’est la peur de réussir qui explique plus d’un échec » Emil Michel Cioran. Tout ca c’est bien beau, mais tous les cours magistraux que l’on reçoit sont-ils vraiment en phase avec le contexte actuel ? Ceux qui prennent la peine d’orienter les jeunes entrepreneurs ont-ils seulement une idée de ce qu’entreprendre implique de nos jours ?

La démarche entrepreneuriale

La plupart du temps, les jeunes entrepreneurs africains n’ont aucune idée de la démarche entrepreneuriale. Je le dis parce que je ne peux pas comprendre que l’on ait aucune idée de ce que c’est qu’un burn rate ou encore un pitch deck et que l’on soit quand même à la tête d’une startup tout simplement parce que pour 5000FCFA, l’imprimeur du quartier a eu la bonté de vous imprimer une carte de visite où vous avez écrit fièrement « Founder/CEO ». Mes amis entrepreneurs avez-vous seulement une idée de ce que CEO veut dire ??? Il est vrai que ca sonne mieux en anglais mais sans produit ou service, sans visibilité numérique, sans pitch deck et sans une estimation concrète de votre burn rate, je suis désolée, vous n’avez pas fondé une startup. Vous êtes juste un diplômé sans emploi qui se donne l’élégante appellation de « Founder/CEO ». D’un autre côté, « le savant est mort, sur sa tombe fleurit une autre race, celle des chercheurs ». C’est dire que votre idée de génie que vous gardez précieusement dans votre tête a déjà été pensée et parfois même réalisée par d’autres. Le challenge aujourd’hui, à mon humble avis d’employée qui a décidé de mettre ses compétences au service d’un entrepreneur c’est de proposer des solutions adaptées au contexte dans lequel vous entreprenez.

Le besoin de contextualiser

Ce qui marche en Europe ou aux Etats Unis n’est pas forcement la recette à appliquer en Afrique. Oui il y a des opportunités en Afrique mais elles ne sont pas toutes dans les halls d’hôtels luxueux, autour des tables de conférences et déjeuners copieux qui suivent celles-ci. Les opportunités sont dans l’analyse des problématiques locales et dans les solutions que vous pourrez être à même de proposer. Et si vous n’êtes pas en mesure de voir les choses sous cet angle, sans vouloir être impolie, rangez votre carte de visite où il est écrit « Founder/CEO » et allez demander de l’emploi à un « Founder/CEO »Je comprends aisément le besoin des uns et des autres de vouloir entreprendre et diriger. Il est bien vrai que « l’avenir appartient à ceux qui ont des employés qui se lèvent tôt ». De plus, entreprendre devient la solution évidente quand on voit la galère des autres qui décident de chercher un emploi. Entre les employeurs qui recherchent des stagiaires éternels et ceux qui pensent qu’un salaire, parfois ridicule, leur octroie le droit de disposer de l’employé comme de leur bétail, il y a de quoi vouloir se mettre à son propre compte. Mais entreprendre nécessite de la patience et des sacrifices. Entreprendre nécessite de la maturité d’esprit, pas forcement un âge avancé mais de la maturité. Dans le contexte africain, entreprendre nécessite également des moyens. Et pour finir entreprendre nécessite que l’on s’inspire de cas édifiants de succès mais également d’échecs. Même si ce sont les exemples de la silicon valley qui vous inspirent, gardez à l’esprit qu’il y a plus d’échecs que de succès dans cette jungle tech-nologique où les géants avalent sans scrupules les tout petits. Prenez également la peine de contextualiser pour proposer des solutions en adéquation avec les réalités de votre milieu. Et comme mon objectif ici n’est pas de décourager les entrepreneurs, voici pour vous une petite dose de motivation.

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Les footballeurs congolais ont remporté le Championnat d’Afrique des nations de foot-ball pour la deuxième fois, en battant les Ma-liens 3-0 en finale, dimanche à Kigali, sous une pluie battante et dans un stade plein à craquer.

La République démocratique du Congo victo-rieuse du Chan pour la deuxième fois de son histoire. Les Léopards ont remporté dimanche 7 février à Kigali le Championnat d’Afrique des nations en battant le Mali 3-0 en finale. La RDC avait déjà remporté la première édition de ce-tte compétition réservée aux joueurs africains évoluant sur leur continent, en 2009, en Côte d’Ivoire.

Le retour des vestiaires à la seconde mi-temps a donné l’occasion à la recrue du Tout-puissant Mazembe de montrer sa suprématie. Le dou-blé de Meshack sur un crochet à la 62e minute donnait de l’assurance à l‘équipe. Les efforts du Mali n’auront malheureusement pas arrêté les léopards qui ont triplé la mise à la 76e min-ute sur un tir de Lomalisa.

Sous une pluie battante et dans un stade plein à craquer, la RDC a ouvert le score sur un but construit seul par l’ailier gauche Elia Meschak, qui a débordé sur son côté puis expédié le ballon dans la lucarne opposée (29e). Celui-ci a réussi un doublé à la 62e minute, sur une passe en profondeur de Yannick Bangala dans le dos de la défense.

Le défenseur Joyce Lomalisa a terminé le tra-vail en fixant la défense malienne pour centrer dans l’axe à destination de l’attaquant Jon-athan Bolingi, qui trompait le gardien d’une frappe à ras de terre (73e).

Plus tôt dans l’après-midi, la Côte d’Ivoire a battu la Guinée 2-1 dans le match pour la troisième place.

Dès le coup de sifflet final, une grande clameur est montée de la capitale congolaise, Kinsha-sa, avant de faire place à un concert de klax-ons et de cris de victoire, selon des correspon-dants de l’AFP.

Vers 20 h, la police anti-émeute a repoussé un groupe de près de 500 personnes en tirant plusieurs grenades lacrymogènes et quelques rafales d’armes automatiques en l’air, selon un photographe de l’AFP. La police a dispersé les supporters qui scandaient à Kinshasa des slo-gans hostiles au président Joseph Kabila.

Les aigles du Mali ont dû subir 90 minutes d’un jeu orienté et mené par les léopards qui ont remporté pour la deuxième fois le trophée, après celui de 2009 face au Ghana sur le score de 2 buts à 0.La Cote d’Ivoire termine troisième de cette édition, après avoir battu la Guinée sur le score de 2 buts à 1.

La Confédération Africaine de Football a dévoilé à l’issue du CHAN 2016, rem-porté par la RD Congo face au Mali dimanche, l’équipe type de la compétition.

On y trouve que des joueurs qui ont fait partie des équipes qui ont atteint la demi-finale de la compétition pour le onze titulaire, mais aussi des joueurs du Nigéria, de la Tunisie, et du Rwanda du coté des remplaçants.

Onze-type :

Ley Matampi (RD Congo), Abdoul Karim Danté (Mali), Joël Kimwaki (RD Con-go, Cheick Ibrahim Comara (Côte d’Ivoire), Mohamed Youla (Guinée),Ibrahi-ma Sory Sankhon (Guinée), Elia Meschack (RD Congo), N’Guessan Serge (Côte d’Ivoire), Hamidou Sinayoko (Mali), Jonathan Bolingi (RD Congo), Sékou Koïta (Mali)

Remplaçants :

Badra Ali Sangaré (Côte d’Ivoire), Djigui Diarra (Mali), Lomalisa Mutambala (RD Congo), Héritier Luvumbu (RD Congo), Daouda Camara (Guinée), Aka Essis (Côte d’Ivoire), Ernest Sugira (Rwanda), Ahmed Akaïchi (Tunisie), Elvis Chisom Chikataba (Nigeria), Christopher Katongo (Zambie)

Quelques 7.500 sont attendus dimanche sur la ligne de départ du marathon de Marrakech.

Pour la seconde fois les léopards remportent le trophée, sept ans après leur première victoire

22 Sport Kenya

AFRIQUE REVIEW NO 51 • DU 9 AU 15 FEVRIER 2016

Page 22: Afrique Review N° 51 cette semaine 09 au 15 fevrier 2016

Un tribunal de Tripoli a ajourné diman-che le procès de Saadi Kadhafi, fils de l’ancien dictateur libyen Mouammar Kadhafi, au 13 mars 2016, a annoncé le ministère de la Justice du gouverne-ment non reconnu internationalement.

« La deuxième chambre d’accusation de la Cour d’appel de Tripoli (…) a re-porté l’examen de l’affaire (…) au 13 mars prochain », a indiqué un commu-niqué sur le site officiel du ministère de la Justice du gouvernement installé à Tripoli.

Selon le texte, Saadi Kadhafi était présent à la séance de dimanche mat-in et c’est « l’équipe de sa défense qui a demandé le report pour mieux prépar-er la plaidoirie ».

en 2011, laquelle avait abouti à la chute du régime de son père. Dans l’habituelle tenue bleue des prison-niers en Libye, le fils de l’ex-chef d’Etat libyen a comparu au complexe judi-ciaire d’al-Hadba al-Khadara. Celui-ci regroupe différentes instances mais également le centre pénitencier où sont emprisonnés bon nombre de dig-nitaires de l’ancien régime libyen. L’au-dience de dimanche n’aura duré

que quelques minutes, le président de la Cour s’est empressé de s’entretenir avec l’avocat de la défense avant de décider d’ajourner le procès au vendre-di 6 novembre.

Saadi Kadhafi qui a été extradé en Lib-ye, par les autorités du Niger en mars 2014, est poursuivi par la justice lib-yenne, qui le soupçonne d’avoir partic-ipé à la sanglante répression de la ré-volte en Libye en 2011 et assassiné, en 2005, un ancien coach d’Al-Ittihad, un club de football de la capitale libyenne.

Il à 42 ans, est jugé pour son impli-cation présumée dans la répression meurtrière de la révolte ayant mis fin au régime de son père en 2011 et pour le meurtre en 2005 d’un ancien en-traîneur du club de football Al-Ittihad de Tripoli. Parmi les chefs d’accusation dirigés contre lui, le ministère a cité des délits et crimes relatifs à “la séques-tration, l’atteinte à l’honneur (viol), le préjudice grave, l’abus de pouvoir et le financement de groupes armés dans le but d‘étouffer la révolution (du 17) février”. Le troisième fils du président déchu est également accusé d’avoir “importé des mercenaires, identifié et ciblé les villes opposées à l’Ancien

Régime, mettant à mal la sécurité et la stabilité du pays”, selon le commu-niqué.

La prison où il est détenu est contrôlée par Fajr Libya, une coalition de milices dont certaines islamistes, qui a pris le contrôle de Tripoli en août 2014 et y a instauré un gouvernement et un Parle-ment qui ne sont pas reconnus par la communauté internationale.

En septembre dernier, une déléga-tion de Human Watch Rights (HRW) s’est entretenue avec Saadi Kadhafi. D’après cette ONG internationale de défense des droits humains, ce dernier a indiqué être emprisonné « en cellule d’isolement, sans fenêtre mais avec un ventilateur, et n’avoir aucun contact avec les autres détenus ». Un mois au-paravant, une vidéo le montrant en-train de subir de mauvais traitements de la part de ses geôliers avait circulé sur internet.

En août, une vidéo avait circulé sur les réseaux sociaux montrant Saadi Kadhafi subissant de mauvais trait-ements de la part de ses geôliers et l’organisation de défense des droits de l’Homme Human Rights Watch (HRW) avait demandé l’ouverture d’une en-quête.

Libye : le procès du fils de Kadhafi, Saadi Kadhafi ajourné au 13 mars

23

AFRIQUE REVIEW NO 51 • DU 9 AU 15 FEVRIER 2016

Libye Politique

Page 23: Afrique Review N° 51 cette semaine 09 au 15 fevrier 2016

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Des pompiers portent le cercueil de Hocine Aït Ahmed, le 31 décembre 2015 à Alger. CRÉDITS : FAROUK BATICHE / AFP

En Algérie, des dizaines de milliers de personnes réunies pour les funérailles d’Aït Ahmed

Des dizaines de milliers de personnes ont accueilli, vendredi 1er janvier, le corps de l’opposant Hocine Aït Ahmed dans son village natal, à 160 kilomètres au sud-ouest de la capitale. Celui qui fut l’un des pères de l’indépendance de l’Algérie devait être inhumé en début d’après-midi.

La dépouille de Hocine Aït Ahmed, mort le 23 décembre à Lau-sanne, en Suisse, a été rapatriée jeudi à Alger, où l’ensemble du gouvernement lui a rendu hommage. Une veillée mortuaire avait été organisée dans la capitale au siège de son parti, le Front des forces socialistes (FFS), qu’il a fondé en 1963 après avoir rompu avec ses frères d’armes qui ont combattu la puissance coloniale française jusqu’à l’indépendance, en 1962.

A l’arrivée du cortège funèbre dans le village d’Aït Ahmed, l’am-bulance de la protection civile transportant son corps a été ac-cueillie aux cris, en kabyle ou en arabe, d’« aujourd’hui et demain, Hocine restera vivant ! » et « Algérie, libre et démocratique ! ». De nombreuses personnes tentaient de toucher le cercueil, envelop-pé du drapeau national.

Une figure historique de l’Algérie

Le président Abdelaziz Bouteflika, lui-même vétéran de la guerre d’indépendance, a décrété un deuil national de huit jours et des funérailles dignes de celles d’un chef d’Etat. Celles-ci étaient re-transmises en direct par la télévision nationale, ce qui tranche avec le sort de celui qui a été souvent malmené par les médias officiels pour son opposition au régime.

A la suite de la mort de Hocine Aït Ahmed, le président de l’Al-gérie avait rendu hommage à ce « grand homme », qui a « ac-compli avec abnégation et dévouement son devoir de militant et de moudjahid ». François Hollande, le président de la France, a salué « l’une des grandes figures historiques [de l’Algérie], artisan de premier plan de son indépendance, et acteur engagé de la vie politique ».

Aït Ahmed était le dernier survivant des neuf « fils de la Toussaint », les chefs qui ont déclenché la guerre d’Algérie contre la puis-sance coloniale française, le 1er novembre 1954.

AFRIQUE REVIEW NO 51 • DU 9 AU 15 FEVRIER 2016

24 Algerie Politique

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AG

END

A

Vous êtes un économiste de grande renommée, très influent dans la re-cherche économique. Pouvez-vous nous dresser un bilan sur la situation économique au Cameroun?

L’appréciation de la situation économ-ique peut se faire à au moins deux niveaux d’analyse. Le premier point de vue pourrait concerner l’état de l’écon-omie telle qu’elle apparaît aujourd’hui en pointant le doigt sur les problèmes de l’emploi, de la création des richesses, des performances sur les marchés inter-nationaux et enfin du moral des affaires. L’autre niveau d’analyse est l’apprécia-tion de ladite situation économique au regard des potentialités de l’économie et de ses objectifs à moyen terme…

Quelle est la politique menée par SEM le président Paul BIYA, pour lut-ter contre le chômage ?

Le Document Stratégique pour la Crois-sance et l’Emploi est à cet égard une sorte de code de référence de la poli-tique d’emploi poursuivie par le Prési-dent Paul Biya.

Trois axes caractérisent la politique de l’emploi menée par le Président Paul Biya

Le premier axe est l’amélioration de l’of-fre d’emplois décents, le deuxième axe est orienté vers la mise en adéquation de la demande d’emploi et le troisième axe vise l’amélioration de l’efficacité du marché de l’emploi. Il s’agit d’assurer ici la transparence qui garantit l’égalité des chances à tous, mais aussi un taux d’insertion professionnelle le plus élevé possible.

Le Cameroun a-t-il toujours besoin de ses partenaires extérieurs pour s’assurer l’émergence en 2035 ?

Bien sûr! Même émergent, la diversi-té des ressources, des compétences et de développement technologique, oblige d’entretenir encore des rela-tions sérieuses avec des partenaires extérieurs. Cela est nécessaire pour par-achever l’industrialisation et pour s’y maintenir.

On n’arrive pas au sommet du dévelop-pement pour se séparer du monde mais pour mieux gérer les opportunités et se maintenir à ces sommets. Autrement dit, même émergent en 2035, le Cam-eroun aura encore besoin de ses parte-naires extérieurs; c’est sans doute la na-ture des rapports avec ces partenaires qui risque de changer, et c’est tout à fait normal.

Comment analysez-vous l’apport des entreprises françaises dans le dével-oppement économique du Camer-oun ?

Cet apport est immense à plusieurs égards, sur le plan de l’emploi, de la contribution à la création des richess-es et du transfert de technologie. Plus de 200 entreprises appartiennent à des ressortissants français, dans tous les secteurs d’activité (pétrole, bois, BTP, distribution, banque, transport…)

Est ce que la baisse des cours du pétrole va peser sur les équilibres budgétaires camerounais?

Bien entendu. Les hydrocarbures rest-ent un élément important de l’écono-mie (8,8% du PIB). Après plusieurs an-nées de déclin, la production pétrolière est repartie à la hausse en 2012 et 2013

et il est logique et normal qu’on en at-tende un effet budgétaire important. Nous savons que les hydrocarbures contribuent aux recettes budgétaires à concurrence de 25%. Une baisse des cours de pétrole a donc forcément un effet négatif sur notre équilibre budgétaire. Toutefois, l’exploitation du gaz offre des perspectives intéressantes à plus ou moins moyen terme, les res-sources minières diversifiées (cobalt, bauxite, fer…) qui font actuellement l’objet de projets permettent d’atténuer le pessimisme qui semble découler de cette baisse de cours de pétrole.

Parlez-nous de l’état d’avancement du projet du terminal à conteneurs de Kribi, initié par SEM le Président Paul BIYA ?

La construction du terminal à conte-neurs est bien avancée. La phase 1 de l’infrastructure est achevée et le gou-vernement camerounais a rendu pub-lic, le 28 août dernier, l’attribution des contrats de concession des terminaux à conteneurs et polyvalent du port, respectivement aux groupements Bol-loré-CMA CGM-CHEC et Necotrans-KP-MO. Il s’agit de concessions de 20 ans qui intègrent la construction dans un délai maximum de 5 ans d’un 2ème terminal à conteneurs de 700 mètres, donc au plus tard en 2020, cette infra-structure sera opérationnelle.

Quelles sont les secteurs qui créent le plus d’emplois ?

On peut distinguer entre secteur pub-lic et privé ou encore, entre secteur primaire, secondaire et tertiaire ou en-core entre secteur moderne et informel. Il est vrai que le secteur informel crée plus d’emplois que le secteur moderne, malheureusement ces emplois sont très précaires.

« Les potentialités de l’économie camerounaise sont réelles »Entretien avec Georges D. Mbondo, chef de département Economie Publique à la Faculté des Sciences Economiques et de Gestion Appliquée de l’Université de Douala.Propos recueillis par Youcef Maallemi,

27 Economie interview

AFRIQUE REVIEW NO 51 • DU 9 AU 15 FEVRIER 2016

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« Croissance - Côte-d’Ivoire : “9,8% attendu en 2016»Cette prévision est supérieure au taux de croissance qu’avait prévu pour le pays le Fonds monétaire international fin 2015, à savoir 8,4%.

C’est le ministre du Budget en personne, Abdourahmane Cissé qui l’a annoncé. “L’économie ivoirienne devrait croître de 9,8% en 2016 contre 9,5% en 2015”, à -t-il indiqué à Abidjan le 21 janvier dernier. Et de préciser, au-delà du fait que ce chiffre dépasse celui du Fonds monétaire international, que la Côte d’Ivoire a enregistré une crois-sance annuelle moyenne de 9% depuis la fin de la guerre civile en 2011. La recette prévue pour maintenir avoir cette moyenne somme toute élevée : l’adoption d’un nouveau Plan national de développe-ment (PND) qui va aller de 2016 à 2020. Celui-ci prévoit pour 29 311 milliards de F CFA d’investissements (49,24 milliards de dollars amér-icains) dont 62,4% seront financés par le secteur public et 37,6%, par le secteur privé. En finalité, cela devrait permettre d’atteindre l’objec-tif d’un taux moyen de croissance du PIB de 8,7% entre 2016 et 2020, avec à la clef, une réduction appréciable de la pauvreté.

Sénégal-Afrique du Sud : Des opportunités mises en exergue

Des hommes d’affaires sud africains et sénégalais ont organisé, avant-hier, à Dakar, une rencontre qui vise à développer des partenariats et la recherche d’oppor-tunités entre les chefs d’entreprise de ces deux pays. A cette occasion, l’ambassadeur d’Afrique du Sud au Sénégal, Abel Shilubane, a venté les mérites de son pays. Selon lui, l’économie de l’Afrique du Sud repose sur plusieurs piliers dont l’essentiel reste l’agriculture, les mines et la technologie. «Pour nous, il est question, ici, d’ouvrir des affaires sud africaines, des opportunités, au Sénégal pour que les hommes d’affaires du Sénégal puissent investir en Afrique du Sud. Et on ne peut pas dire aux investisseurs : «Allez dans tel ou tel secteur pour investir.»

Notre rôle, c’est de faire en sorte que l’environnement des affaires soit propice», a renseigné M. Shilubane, avant de noter qu’ils ont une économie très diversifiée. Prochainement, l’ambassadeur a annoncé un jumelage entre l’île de Gorée et Robben Island qui va se tenir au Sénégal. Et il se donne également pour ambition d’accompagner la politique énergétique du Sénégal. L’ambas sadeur de dévoiler : «Ce que nous voulons, c’est de faire en sorte que West africa farms (Waf) puisse avoir de l’énergie, de l’électricité. Et nous savons tous que le Sénégal a des contraintes et des difficultés en matière d’électricité. C’est donc l’occasion pour les hommes d’affaires de notre pays et du Sénégal de se parler pour voir comment régler cette question liée à l’électricité.»

Etabli en Afrique du Sud depuis 1994, le Sénégalais Lamine Guèye investit dans le secteur agricole de son pays d’accueil, de même que celui du domaine minier. «C’est aussi un pays qui fournit des usines, des matériels adaptés pour les pays de l’Afrique de l’Ouest. L’Afri-que du Sud est un pays où l’organisation économique repose sur l’efficacité. Mais, je veux juste attirer l’attention sur les possibilités que ce pays regorge, notamment les foires spécialisées qu’il organ-ise régulièrement dans le secteur minier», a témoigné M. Guèye. A ses yeux, c’est un vaste domaine que les acteurs économiques du monde peuvent explorer parce qu’il offre beaucoup d’opportunités telles que la visibilité, avoir des relations, etc.

28 Economie Opportunités

AFRIQUE REVIEW NO 51 • DU 9 AU 15 FEVRIER 2016

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Le plus emblématique reste celui de l’affaire ICC Services, du nom de l’une des sociétés de place-ment qui ont floué des centaines de milliers de petits épargnants pour plus de 100 milliards de F CFA (environ 150 millions d’euros) en 2010, et dont certaines ont profité de leurs entrées au palais de la Marina. « Tout le monde avait averti le pouvoir que c’était une bombe à retardement, explique un bon connaisseur du dossier, mais rien n’a été fait et, à partir de ce moment, l’État n’ayant pas montré l’exemple, la corruption s’est généralisée. »

Un dauphin innatendu

Une fois encore, alors que sa cote déclinait, il a surpris tout le monde en nommant le financier franco-béninois Lionel Zinsou au poste de Pre-mier ministre le 18 juin dernier. Un mois plus tôt, malgré leur victoire aux législatives, où elles ont remporté 33 des 83 sièges de l’hémicycle (con-tre 41 en 2011), les Forces cauris pour un Bénin émergent (FCBE, alliance présidentielle) avaient perdu la présidence de l’Assemblée nationale au profit d’Adrien Houngbédji, leader du Parti du re-nouveau démocratique (PRD). Jusqu’à l’élection de ce dernier au perchoir, le climat était délétère.

De violents affrontements ont même éclaté début mai entre les forces de police et des par-tisans du député d’opposition Candide Azannaï (ancien de la mouvance présidentielle, aujo-urd’hui proche de Patrice Talon), après que des gendarmes se sont rendus au domicile de l’élu pour lui signifier une convocation. « Sur le mo-ment, beaucoup ont vu dans cet incident le signe que les partisans de Talon voulaient pren-dre le contrôle de la rue et faire partir le régime avant la fin de son mandat », relève un membre du gouvernement.

En réussissant à convaincre Lionel Zinsou, une personnalité extérieure au marigot politique béninois, d’intégrer son équipe, « Boni Yayi a pris de court tous ses adversaires », se réjouit un proche du chef de l’État, soulignant la satisfac-tion de ce dernier devant la couverture médi-atique qui a suivi la nomination de son ancien conseiller économique spécial (à titre gratuit) entre 2006 et 2011. En faisant de Zinsou le can-didat des FCBE à la présidentielle, il s’est en re-vanche attiré les foudres de ceux qui, depuis des mois, voire des années, espéraient endosser le rôle du dauphin. Mais ce choix inattendu permet aussi au chef de l’État de rester le maître du jeu jusqu’au bout. « Et s’il parvient à faire élire un président du Sud, il aura réussi sa sortie ! » con-clut un cadre de l’opposition.

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Le 12 décembre, sous un soleil de plomb, les plus hautes personnalités de l’État, du monde des affaires et des médias se sont rassemblées dans le stade de Natitingou (nord-ouest du pays) pour rendre un dernier hom-mage à Mathieu Kérékou, décédé deux mois plus tôt.

Le président togolais, Faure Gnassingbé, dont le père considérait l’ancien chef de l’État béninois comme son frère, a tenu à être présent. La trib-une et les gradins sont bondés, la piste autour du terrain également. Le temps semble s’être arrêté. Jusqu’à ce que le président, Thomas Boni Yayi, s’avance derrière le pupitre pour clore la longue cérémonie. Au moment d’achever son discours, il lève les yeux de son texte, se courbe légère-ment, sourit et improvise. « Mon général, toi tu es resté vingt-sept ans au pouvoir, moi ça en fera seulement dix dans quelques semaines. Et je compte les jours ! » La foule glousse.

Comme il l’assure depuis des mois, respectueux de la limitation du nom-bre de mandats inscrite dans la Constitution, celui qui succéda à Mathieu Kérékou en 2006 ne se présente pas à la présidentielle de février et prépare sa sortie. Arrivé sans étiquette et presque par hasard dans la vie politique béninoise, l’ancien fonctionnaire international aura dirigé le pays pen-dant dix ans. Deux quinquennats au cours desquels cet homme atypique, excentrique et lunatique s’est voulu tantôt bâtisseur, tantôt refondateur, et a beaucoup promis. Six mois après sa réélection, en septembre 2011, il évoquait son second mandat lors d’un discours devant les notables de Parakou et déclarait avec une pointe d’humour : « Je vais donc terminer la veste que j’ai commencé de coudre au peuple béninois en 2006. » L’a-t-il convenablement rhabillé ?

L’ombres de Boni Yayi

Boni Yayi aura indéniablement apporté un certain nombre de réformes, en particulier dans le domaine social, comme la gratuité de l’enseigne-ment primaire et de la césarienne, le Régime d’assurance-maladie univer-selle (Ramu) et le programme de microcrédit. Les avancées en matière d’infrastructures sont également saluées par tous. Pourtant, son bilan laisse un goût amer.

La plupart des observateurs s’accordent pour dire que des efforts ont été faits mais que Boni Yayi a voulu aller trop vite, qu’il a eu de l’ambition pour son pays mais pas forcément les bonnes méthodes. Son élection avait soulevé beaucoup d’enthousiasme et d’espoir. Le nouveau président était notamment très présent dans la lutte contre la corruption. Le problème est que certains dossiers ont créé la confusion.

Bénin : la dernière ligne de Boni Yayi

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AFRIQUE REVIEW NO 51 • DU 9 AU 15 FEVRIER 2016

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AFRIQUE REVIEW NO 51 • DU 9 AU 15 FEVRIER 2016

Christiane Taubira convient alors que la mesure tient bien du symbole. Et là Taubira, cite avec une certaine ironie… “Huysmans (pas fréquentable pour ses préjugés misogynes) définit le symbole comme la « représentation allégorique d’un principe sous une forme sensible »”.

Et quelques pages plus loin, elle décrypte ce qu’est cette “forme sensible” selon elle: “une conscience de cible chez les per-sonnes concernées, bien que non visées. Une insécurité alarmante pour leurs en-fants. [...] Un sentiment d’ébranlement de l’essentiel”.

“Une mentalité de forbans, des méth-odes de brigands, les moyens d’un Etat”

L’ex-ministre de la Justice revient aussi en détail sur la menace terroriste. “C’est à nous de dire ce que le monde du temps présent recèle de plus périlleux. Et à coup sûr le terrorisme, propulsée depuis une aire géoculturelle durablement instable, constitue le péril le plus errant, au deve-nir incertain”. Christiane Taubira ne nie pas le danger et se questionne sur l’Etat islamique. “Une mentalité de forbans, des méthodes de brigands et les moyens d’un Etat”.

“Dérisoire, saugrenu, excessif”

Christiane Taubira ne lâche aucun coup contre François Hollande dans Murmures de la jeunesse. Elle loue même son action en période de crise post-attentats. Ma-nuel Valls est lui relativement épargné. Reste la droite et l’extrême droite. Ma-rine Le Pen y est qualifié, sans jamais être citée, de “cheffe d’un juteux négoce fa-milial”.

Quant à la droite, elle fait son apparition dans la postface du livre, intitulée “Que s’est-il passé?” où l’ex garde des Sceaux analyse la réaction de l’exécutif aux 2 séries d’attentats en 2015, “l’incroyable, l’indicible, l’innommable”.,

Politique Livre31

Christiane Taubira

Déchéance de nationalité: ce que dit Taubira dans son livreL’ancienne garde des Sceaux défend dans son livre les raisons qui motivent sa forte opposition à la déchéance de nationalité. Elle aborde également ses rapports avec François Hollande et Manuel Valls.

“Tenter, braver, persister, persévérer, être fidèle à soi-même, prendre corps à corps le destin, étonner la catastrophe par le peu de peur qu’elle nous fait, tantôt af-fronter la puissance injuste, tantôt in-sulter la victoire ivre, tenir bon, tenir tête ; voilà l’exemple dont les peuples ont besoin, et la lumière qui les électrise”. Ce n’est pas du Christiane Taubira mais du Victor Hugo (Les Misérables). C’est pourtant ainsi que s’ouvre son ouvrage Murmures à la jeunesse (Philippe Rey). Imprimé dans le plus grand secret en Espagne et écrit sous X pour éviter les fuites des libraires, la citation inaugurale résonne de manière forcément particu-lière aujourd’hui.

“Etre fidèle à soi-même”, “tenir bon, tenir tête” ou encore “affronter la puissance in-juste”. Autant de formules qui font écho à la démission même de Christiane Taub-ira. A ces tweets sibyllins d’explications ou encore à sa conférence de presse juste avant son départ de la place Vendôme en vélo.

Le livre est daté du 18 janvier 2016. Des épreuves auraient justement été rem-ises au président de la République le 23 janvier dernier. Et d’évidence, Christiane Taubira ne pouvait rester au gouverne-ment avec une telle charge envers la déchéance de nationalité, défendue par le gouvernement d’ici quelques jours à l’Assemblée. La sortie du livre est prévue pour le 2 février, mais certains libraires ont déjà été livrés...

Le timing de la sortie de ce livre a été par-faitement orchestré. Pour peser au max-imum dans le débat. Mais au-delà de la science de la communication maîtrisée, ce livre intéresse le lecteur par sa forte densité. Une centaine de pages. Et au moins autant de références égrenées au fil de la plume. Voici dans le détail ce que

pense Christiane Taubira de la déchéance de nationalité, du terrorisme, de François Hollande, de Manuel Valls, de la droite...

“Ils ne meurent ni Français, ni bina-tionaux mais en morceaux”

Christiane Taubira se questionne avant tout sur l’effet de la déchéance de na-tionalité. “Ils ne meurent, ni Français, ni binationaux mais en morceaux”. Selon l’ex-garde des Sceaux, la mesure créerait une inégalité manifeste entre les Français et les binationaux pour la commission d’actes similaires. Elle pointe également le risque d’apatridie et met en exergue la “différence entre égalitarisme et égalité. Là, où l’égalité élève en élargissant à tous des droits et des libertés réservé à cer-tains, l’égalitarisme nivelle, par le bas et par le pire”.

Christiane Taubira passe donc en revue les inconvénients évidents de la mesure. “Inefficacité immédiate donc, par des effets nuls en matière de dissuasion. In-efficacité différée aussi car au terme de l’exécution de la peine, si la nationalité alternative est celle d’un pays où se pra-tiquent des traitements inhumains et dégradants, où la peine de mort est en vigueur, le droit européen s’opposera à l’extradition, comme ce fut le cas ici en 2009”.

“Un pays doit être capable de se débrouiller avec ses nationaux”

L’ex-ministre de la Justice continue de dénoncer les inconvénients de la déchéance de nationalité. Elle ajoute qu’un “pays doit être capable de se débrouiller avec ses nationaux.

Que serait le monde si chaque pays ex-pulsait ses nationaux de naissance con-sidérés comme indésirables? Faudrait-il imaginer une terre-déchetterie où ils se-raient regroupés?”.

Christiane Taubira au Tribunal de grande instance de Paris, le 18 janvier 2016. (THOMAS SAMSON / AFP)

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Trump et Cruz chez les républicains, Sanders chez les démocrates, la victoire des radicalités aux États-Unis

”Les habitants de l’Iowa ont envoyé un message au monde politique, au monde économique et aux médias”. Assénée par le sémillant candidat “so-cialiste” Bernie Sanders, auteur d’un surprenant match nul dans son duel avec la favorite démocrate Hillary Clinton, cette sentence implacable aurait tout aussi bien pu être pro-noncée par Ted Cruz, le candidat ultra-conservateur qui fait frémir la direction républicaine, arrivé en tête du caucus républicain avec 27,7% des voix.

“Cette victoire est celle de tous les Américains qui observent avec détresse le refus des politiciens de Washington des deux partis d’écout-er et de tenir leurs promesses envers le peuple”, a en effet triomphé cet apôtre des évangélistes et du lobby pro-armes.

Au milieux à gauche comme à droite, cette primaire toute symbolique (l’Io-wa ne désigne qu’1% des délégués) marque bien la victoire (ponctuelle?) de deux radicalités populaires contre l’establishment incarné, à tort ou à raison, par les favoris des deux partis qui structurent la vie politique amér-icaine.

doutes sur sa capacité à se maintenir dans la course à l’investiture.

Tous trois courtisent en revanche une même catégorie d’électeurs face à leurs adversaires respectifs renvoyés au statut infamant de “candidats du système”: ces classes moyennes qui ont subi de plein fouet la crise de 2008, perdant leur foi dans leurs “élites” dirigeantes qu’elles accusent d’être les porte-voix des multination-ales et de Wall Street et/ou de cet Etat fédéral qui les dépouillent.

“Après une crise d’une extrême vio-lence que personne n’avait vu venir, l’Amérique a retrouvé le plein-em-ploi mais les salaires n’ont pas suivi. Les classes moyennes, quel que soit leur bord politique, ont l’obsession de pouvoir vivre décemment. C’est ce courant souterrain qui emporte tout”, analyse le spécialiste des Etats-Un-is, Jean Eric Branaa qui voit dans l’émergence de ces votes radicaux la marque d’un rejet profond. “Comme en France, les élites politiques disent au peuple: ‘patientez ça ira mieux de-main’ alors qu’ils constatent que le nombre de millionnaires n’a jamais été aussi élevé. Le vote de l’Iowa est

Sanders vs Cruz/Trump, la revanche de l’Amérique des working class

Le score de l’iconoclaste milliardaire Donald Trump (24,3%), relégué à une humiliante seconde place (“Per-sonne ne se souvient qui est arrivé deuxième”, tweetait-il imprudem-ment il y a deux ans), ne doit pas occulter une réalité préoccupante pour les modérés qui saluent la belle troisième place de Marco Rubio: à eux deux, Ted Cruz et Donald Trump raflent plus de 50% des voix répub-licaines exprimées dans l’Etat de l’Io-wa. À gauche, le sénateur démocrate Bernie Sanders n’est pas loin derrière.

Difficile pourtant de mettre sur le même plan le sénateur socialiste, fervent promoteur d’un Etat prov-identiel à l’européenne dans une Amérique allergique à toute intru-sion de Washington, et son collègue du Texas, Ted Cruz, érigé en candidat des protestants évangéliques avec le soutien appuyé du Tea Party. La com-paraison semble encore plus pérille-use s’agissant de Donald Trump dont les élucubrations politiques et les provocations aussi sexistes qu’islam-ophobes ont longtemps nourri les

AFRIQUE REVIEW NO 51 • DU 9 AU 15 FEVRIER 2016

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avant tout un vote d’impatience et d’in-compréhension”, note l’auteur de “Qui veut la peau du Parti républicain? L’in-croyable Donald Trump” (Editions de Passy)..Qu’elle soit démocrate ou républicaine, cette Amérique des working class a d’abord choisi de donner un formida-ble coup de pied dans la fourmilière des dynasties politiques. Jeb Bush, fils de George Bush et frère de George W. Bush, finit sur les rotules avec moins de 3% des voix. Et si l’archi favorite Hillary Clinton a évité le coup de massue de 2008, quand le quasi-inconnu Barack Obama lui avait volé la vedette puis l’investiture, la vague Sanders, portée par un électorat jeune, a bien failli la submerger.

“C’est comme si on avait dû escalader une montagne à mains nues, alors que notre adversaire utilisait un escalator climatisé”, s’enthousiasmait lundi soir un jeune bénévole de la campagne Sanders.

Le dogme, la colère ou la révolution

Cette lame de fond, dont on ignore si elle sera ou non contenue par le jeu du mode de scrutin très favorable aux partis de gouvernement, n’est pas uniquement une réaction et comporte une dimension structurelle. Depuis la première cam-pagne de Barack Obama, “la démocratie des réseaux sociaux bouleverse le jeu des représentations et échappe aux politiques comme aux pronostiques des médias”, assure encore le polito-logue Jean-Eric Branaa. Et elle ouvre un boulevard aux partisans d’une ligne sans concession, jadis filtrée par les corps in-termédiaires, que celle-ci soit ultra-pro-gressiste ou ultra-conservatrice.

Car si les votes Sanders ou Cruz-Trump puisent leur dynamique à la même source sociale, ils incarnent des réponses op-posées à la crise des partis qu’ils révèlent outre-Atlantique. Côté démocrate, le sénateur Bernie Sanders, longtemps perçu comme un doux utopiste, a su habilement capitaliser sur la frustration née de l’impuissance des deux mandats de Barack Obama. En enfermant Hillary Clinton dans le rôle ingrat de candidate du passé et du passif (celui d’Obama mais aussi celui de son époux Bill), le sénateur de 74 ans a réussi le tour de force d’im-poser dans le débat politique l’idée hier encore inconcevable d’une révolution

sagement pris leur parti et accompagné la sono chaque fois qu’il fallait conspuer ces minables de Detroit. Les matchs de la NBA ne sont pas seulement du sport, du basket de très haut niveau. Ils tien-nent aussi de la fête et de la kermesse familiale. C’est du spectacle multimédia où d’immenses écrans de télévision « flashent » en multicolore le score et l’ac-tion, le tout en direct et en musique. Une expérience sensorielle éprouvante, mais réjouissante.

Mais l’essentiel n’était pas sur le parquet de l’Arena. Il était dans ce public multi-ethnique de Floride : Latinos, Noirs, Blancs, Asiatiques, blazers et marcels confondus. Le petit Français de passage ne peut pas ne pas gamberger : qu’ont-ils en commun, ces « Américains » ? Quel roman national, quel socle de mémoire partagée ? Cette fois la réponse était sur le terrain, avant le match. Quand une lycéenne de 16 ans, à la voix trop haut placée, s’avance sur la piste.

“socialiste” et “démocratique”, syn-onyme de congés payés, de congés maternité et d’une véritable sécurité sociale. l

Côté républicain, Ted Cruz et Donald Trump surfent sur le terreau électoral d’une Amérique qui s’est droitisée en réaction à la crise et à la présidence Obama sur un triptyque structurel: toujours moins d’Etat central, toujo-urs moins d’impôts, toujours moins d’immigration. L’un porte la voix d’un électorat religieux jusqu’au-bou-tiste quand l’autre agrège les sout-iens d’une Amérique désenchantée, longtemps réfugiée dans l’abstention et que l’outrance populiste du milliar-daire anti-système a réveillé.

“Cruz c’est le dogmatisme, Trump c’est la colère et Sanders c’est l’alterna-tive au rêve déçu d’Obama”, résume Jean-Eric Branaa. La primaire du New Hampshire nous dira si l’une de ces trois vagues peut tourner au raz-de-marée.

La question de l’identité nationale au cœur de la campagne américaine

Durant tout le match, nous les avons sifflés et hués à perdre haleine. Nous les avons même insultés, de la façon la plus ignoble. Rien n’y a fait. Dans les dernières minutes, les Pistons de De-troit ont encore marqué. Ils ont battu d’un point (93 à 92) le Heat de Miami. Ceux-ci jouaient pourtant sur leur par-quet, dans l’immensité caverneuse de l’Arena, le grand stade couvert de la ville.

C’était le 23 décembre. Ici, le bas-ket est un peu comme la bourrée en Auvergne : une affaire importante – culturelle. Le Heat de Miami est l’une des équipes vedettes de la National Basketball Association (NBA). Comme nous étions dans le public, nous avons

Nom : Ted CruzNé : 22 décembre 1970 Lieu : CalgarySondages : 18%

Nom : Marco RubioNé : 28 mai 1971 Lieu : MiamiSondages : 10%

Nom : Ben CarsonNé : 18 septembre 1951 Lieu : DétroitSondages : 7,5%

Nom : Jeb BushNé : 11 février 1953 Lieu : MidlandSondages : 5%

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- Ouverture au monde -

Julien Lebarbu, enseignant français, n’a raté aucun concert du festival: “On a assisté à plu-sieurs échanges très riches au niveau musi-cal: on sent bien que le Mali est un pays ou-vert sur le monde et que le monde est ouvert au Mali”.

Le public a notamment pu apprécier le mé-tissage des répertoires maliens et écossais proposé par Alba Griot Ensemble.

Pour le chanteur malien Habib Koité, “ce fes-tival c’est comme une renaissance, comme le retour du pays vers la culture, vers les ren-contres. C’est ça qu’on a l’habitude de faire ici : inviter le monde entier, les musiques qui viennent d’ailleurs”.

“A un moment donné, on ne pouvait plus être hospitalier, on ne pouvait plus accueil-lir les gens”, regrette-t-il, espérant que cette page sera bientôt tournée.

Derek Gripper, musicien sud-africain qui adapte à la guitare classique le répertoire mandingue de Toumani Diabaté, est très ému de venir pour la première fois jouer au Mali. Au cours de la semaine, “j’ai rencontré tellement de musiciens incroyables”, s’ent-housiasme-t-il.

Gary Dourdan, connu pour son rôle dans la série américaine “Les experts”, partage cette euphorie. “J’aime le Mali. Je ne pensais pas que j’allais aimer ce pays à ce point”, confie-t-il.

“Je savais qu’il y avait beaucoup de grands maîtres ici”, confie l’acteur, qui a montré ses talents de chanteur lors de la soirée inaugu-rale, en présence de la première dame du Mali et de la ministre de la Culture. “J’ai beau-coup voyagé ces derniers années, mais ce sé-jour au Mali est le plus incroyable”.

“On est très heureux de pouvoir faire la fête”, se réjouit Alima Togola, étudiante en arts dramatiques, “on remercie Toumani d’avoir amené” toutes ces stars au Mali”.“Je demande à tout le monde de revenir au Mali car ici il n’y a plus de guerre”, lance-t-elle, en allusion à l’accord de paix signé en mai-juin 2015 entre le gouvernement, les groupes qui le soutiennent et l’ex-rébellion à dominante touareg du nord du pays.Malgré cet accord, les attaques jihadistes persistent et se sont étendues depuis l’année dernière du nord au centre au sud du pays.

Damon Albarn, Tony Allen, Songhoy Blues, Cheick Tidiane Seck...: hôte d’une constellation de gloires de la musique africaine et mondiale pour le Festival Acoustik Bamako, la capitale malienne rêve d’une renaissance culturelle, mal-gré l’état d’urgence instauré après l’attentat meurtrier contre un grand hôtel fin novembre.

“C’est très important pour moi, pour nous, de faire bouger la culture ma-lienne”, explique le maître de la kora Toumani Diabaté, initiateur de cette première édition, close samedi soir après quatre jours de concerts qui ont drainé un public nombreux.

“Le Mali est le coeur de la culture en Afrique”, ajoute Toumani Diabaté, heu-reux que ses invités aient répondu présents malgré la menace jihadiste qui pèse sur le pays

Le 20 novembre, l’attaque du Radisson Blu de Bamako a fait 20 morts dont 14 étrangers.

Un imposant dispositif de sécurité a été mis en place à l’entrée du Conserv-atoire des Arts et Métiers Multimédia et de l’Institut Français où se sont pro-duits les artistes

Selon Fatou Sow, productrice exécutive du festival, les “artistes ont accepté de venir jouer gratuitement pour soutenir le Mali”.

C’est le cas notamment du chanteur britannique Damon Albarn (Blur, Goril-laz), un habitué du Mali, qui en est à son dixième séjour.

C’est lui qui a découvert le groupe malien Songhoy Blues, originaire du nord du pays, tombé sous la coupe des groupes jihadistes jusqu’à l’intervention militaire internationale lancée en janvier 2013 à l’initiative de la France.

“En 2012, lorsque les jihadistes ont envahi le nord du Mali, cela a contraint mes camarades à fuir vers le Sud. Ils sont venus ici. L’idée est venue de créer le groupe. Pour nous c’était un moyen de résister” explique Aliou Touré, le chanteur de Songhoy Blues.

“Jouer à Bamako, ça nous réconforte. Vous savez, le Mali ne peut rien sans sa culture, sans sa musique”, estime-t-il. “Notre rêve est de pouvoir retourner unjour chez nous, animer le peuple meurtri”.En attendant, le groupe, qui connaît un succès fulgurant avec son premier album Music in Exile, s’apprête à repartir en tournée en Australie.

Le temps d’un festival, le Mali meurtri rêve d’une re-naissance culturelle

AFRIQUE REVIEW NO 50 • DU 9 AU 15 FEVRIER 2016

35 Music Mali

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Best-seller aux États-Unis, “Une colère noire” sort en librairie. Ren-contre avec l’écrivain, en France pour un an, qui sonde le racisme qui ronge l’Amérique.

Il vit depuis le mois d’août 2015 à Paris, avec femme et fils, un fils prénommé Samori, 15 ans, auquel il adresse une lettre qui a bouleversé l’Amérique : « Between the World and Me », parue en juillet 2015, primée par le National Book Award 2015 en novem-bre qui arrive aujourd’hui en librairie sous le titre Une colère noire, préfacé par Alain Mabanckou (Éditions Autrement). Numéro un des ventes du New York Times, ce livre, désigné d’emblée par Toni Morrison comme un classique, a valu à son jeune auteur d’être placé dans la lignée de l’écrivain noir américain James Baldwin.

On rencontre Ta-Nehisi Coates autour d’une tasse de café non loin de la place de la République, où vit l’intellectuel afro-américain, natif de Baltimore. Il continue d’écrire depuis la France, sur l’ac-tualité américaine pour le journal The Atlantic dont il est le corre-spondant national depuis 2008, et, ces temps-ci, comme auteur d’albums de BD puisque la maison d’édition Marvel lui a proposé d’imaginer de nouvelles aventures pour le héros bien nommé Black Panther. Simple et chaleureux, il profite de l’échange pour améliorer un français qu’il est venu apprendre ici.

Vous racontez dans Une colère noire l’amour que votre femme éprouve depuis longtemps pour Paris. Comment vous a-t-elle convaincu de venir vous y installer pour un an ?

Ta-Nehisi Coates : Quand j’étais jeune, je suivais des cours de français à l’école, mais, à cause de mon quartier, de ma vie, du système éducatif américain, l’éducation et moi, ça faisait vraiment deux… Et particulièrement pour le français, j’en ai un peu honte maintenant. Mais quand j’ai décidé de devenir écrivain, j’ai songé qu’il me fallait apprendre une autre langue, parce que le travail de l’écrivain, ce sont les mots, et que j’allais avoir là un outil, une ouverture, et l’occasion de comprendre beaucoup de choses. Comme ma femme aimait beaucoup Paris, elle m’a dit : “Ta Nehisi, you have to go !” Et quand mon fils a grandi, j’ai dit d’accord, pour qu’à la différence de son père, il apprenne une autre langue. Je n’avais que ce désir d’apprendre en arrivant à Paris, aucune autre attente, je n’étais pas comme les Américains pour lesquels Par-is est une utopie : la culture, les cafés, le vin, le pain, le fromage (rires). Moi je ne connaissais rien de tout cela, mais voilà : quand je suis arrivé en 2013 pour un week-end, je suis tombé amoureux de cette ville, immédiatement. La seconde fois, je suis resté deux mois. Et maintenant, je suis là pour un an. Chaque journée devient une étude d’anthropologie. Par exemple, j’ai remarqué qu’ici les gens s’asseyent au café côte à côte, alors qu’aux États-Unis on ne peut s’asseoir que face à face. J’ai compris cette culture de la rue, très vivante, qui fait qu’ici, on la regarde ensemble. Alors qu’en Amérique, la culture c’est surtout la voiture.

Richard Wright, James Baldwin, nombre d’écrivains noirs américains sont passés par Paris. Effectuez-vous une sorte de pèlerinage ici ?

Non, pas du tout. Je ne suis pas sûr d’aimer Paris pour les mêmes raisons que d’autres écrivains noirs. J’adore Paris pour des raisons plus simples. Je ne veux pas dire à d’autres Africains américains que les choses sont meilleures à Paris ! Elles le sont pour moi : j’adore le Musée Rodin, j’aime cuisiner, la cuisine est très impor-tante pour moi !

- Ouverture au monde - N’avez-vous pas eu peur - c’est le cas de beaucoup d’étrangers malheureusement - de vous installer dans une ville frappée, et tout près d’ici, par les attentats ?

Pas un seul instant, parce qu’aux États-Unis la violence est presque la norme. Ma ville natale, Baltimore, vit avec les armes. Il ne s’agit pas d’attentat bien sûr, mais le nombre de morts est globalement supérieur… Chaque jour quand j’étais jeune et que je marchais dans la rue, à l’école, j’avais peur à cause des armes. À Paris, les attentats ont représenté des événements très importants et tragiques, mais ils rest-ent rares, alors qu’aux États-Unis, mourir par les armes est presque courant. Donc, non, je n’ai pas peur. À New York, après le 11 Septembre, beaucoup de gens parlaient de terrorisme, mais pour les populations noires, le terrorisme est normal : le lynchage par le Ku Klux Klan, c’est du terror-isme, et c’est l’histoire des Noirs aux États-Unis. Le 11 Sep-tembre est évidemment et absolument une tragédie, mais face au terrorisme, les Noirs n’ont pas cette innocence des Américains en général

« Ton corps peut être détruit », écrivez-vous à votre fils. Qu’en est-il de cette peur en tant que Noir, ici, à Paris ?

Je ne la ressens pas ici. En effet, la peur que le noir ressent dans la ville américaine vient en grande partie des armes. Il y a aussi une relation entre la peur que l’on éprouve et le crime commis par la société où l’on vit. Aux États-Unis s’est produit le crime de l’esclavage. En France, je ne ressens pas cette relation entre le pays et moi. (Surtout avec mon accent qui me fait passer d’abord et avant tout pour un Américain.) Ici, vous avez la relation coloniale, que peut ressentir un Sénégalais ou un Maghrébin par exemple. À l’inverse, les Africains qui viennent aux USA apprécient de ne pas sentir de relation historique entre eux et l’Améri-que.

Qu’est-ce qui peut faire changer la condition noire en Amérique telle que vous la décrivez ?

La volonté des Américains blancs. C’est la solution. Plus spécifiquement, il peut y avoir un événement extérieur, qui modifie l’intérêt de cette Amérique blanche. À l’épo-que de la guerre de Sécession, l’esclavage devenait menaçant dans tous les pays, donc il y a eu abolition.

Un Africain américain à Paris

Le livre de Ta-Nehisi Coates a été salué par Toni Morisson comme un “classique”. © AFP/ Anna Webber

AFRIQUE REVIEW NO 50 • DU 9 AU 15 FEVRIER 2016

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