a31 n°17 (3.86)

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Article 31 - mars 1986

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  • LA BELGIQUE DANS LE COLLIMATEUR (2e partie)Le mois pass, nous examinions deux

    affaires dfrayant la chronique en Belgi-que depuis plus d'un an : le terrorisme aveugle des tueurs du Brabant et celuiapparemment plus politique des CCC,ainsi que leurs liens avec l'extrme-droiteet certains secteurs de l'Etat.

    Ce dossier-ci se penchera plus particu-lirement sur deux autres facettes de cetteStratgie de la Tension : le Westland NewPost et les grandes manuvres obser-ves au sein de la gendarmerie.

    Qui infiltre qui ?Le Westland New Post (WNP) est uneorganisation no-nazie cre en 1979-1980par Paul Latinus et Michel Libert partirdu noyau dur du Front de la]eunesse. Enaot 1983, alors que -selon ses dirigeants-cette organisation compte de 100 200membres, l'existence du WNP est renduepublique par un de ses responsables, Mar-cel Barbier, arrt pour avoir fait usaged'un colt 45 lors d'une bagarre de rue Forest (Bruxelles). Au domicile communde Barbier et de Libert, la police dcou-vre des armes feu, des documents mili-taires secrets dont des tlex OTAN vols l'Etat-Major de l'arme Evere, desfichiers, des plans d'attentats.

    l'affaire WNP commence; elle va rv-ler les nombreuses connections entre cetteorganisation secrte et cloisonne et lesmilieux de l'arme, de la Sret nationale,de la gendarmerie, ...

    En effet, plusieurs militaires de carrire,membres du WNP, ont travaill au Cen-tre de Transmission du Quartier Gnraldes Forces Armes Evere o ils subtili-saient de nombreux documents. Libert agalement travaill, en 1980, comme dco-deur dans ce centre.

    Chez Barbier, les documents dcouvertsconcernaient des instructions ultra-confidentielles sur les procdures d'ur-gence et de scurit, des systmes decodage et de transmission.

    Ds 1980, le WNP disposait donc denombreuses informations sur les forcesarmes belges et l'OTAN. Rappelons queparmi les actions revendiques par les CCCplusieurs ont vis des installations OTAN.

    z Certains attentats ncessitaient une par-;:;; faite connaissance des lieux (comme ~ Evere) ou de l'existence mme des servi-u~. ces, telle QG de Versailles install dans-e un btiment priv et anonyme. Le frre de

    Pierre Carette, le leader prsum des CCC,est d'ailleurs un officier para-commando,inscrit au WNP.

    Plusieurs agents de la Sret de l'Etattaient aussi au WNP. Le commissaireChristian Smeets, par exemple, formait cesno-nazis aux techniques de contre-gurilla. En fvrier 1982, il dirigea un exer-cice de filature pendant plus d'unesemaine, filature dont Alfons Vandermeu-len, l'ex-mari de la compagne de Bar-bier,tait l'objet. Quelques jours plus tard,Vandermeulen et sa concubine taientabattus et gorgs dans leur appartement.Toutes les traces permettant l'identifica-tion des assassins avaient t effaces.

    En septembre 1983, Barbier avouera(pour se rtracter une semaine plus tard)sa participation ce double meurtre, ainsique celle d'Eric Lammers. Ce dernier avers depuis lors dans le gangstrisme. Ona notamment retrouv chez lui un desgilets pare-balle vols Tamise par la cl-bre Bande des Tueurs du BrabantWallon .

    Une disparition bien commode

    Paul Latinus, fondateur du WNP, taitun informateur de la Sret o il s'taitprsent lors d'une session de recrutementen 1980. A cette poque, il avait dj unlong pass dans l'extrme-droite: c'taitun ancien membre de la WUNS, l'unionmondiale des nationaux-socialistes, avantd'tre cadre du Front de la]eunesse pourlequel il cre le CODO, service de rensei-gnements sur les organisations de gauche,travaillant main dans la main avec lapolice. Par le biais du Parti Social Chr-tien (PSC), il est entr comme permanent l'Office national de l'emploi o il pro-curait du travail aux militants du F]. Ilprofitait de ses contacts pour infiltrerdiverses organisations de jeunesse et leurproposer la constitution, sous sa direction,d'un fichier central commun.

    D'autre part, plusieurs gendarmestaient et sont rests membres du WNP,comme le sous-officier Lucien Marbaix. En1981, il rejoint ce mouvement et lui four-nit des cartouches poinonnes par sessoins. Celles-ci taient destines trechanges contre des explosifs, le mar-quage de ces munitions permettant lapolice de reprer facilement les futurs uti-lisateurs.

    Dans le cadre de ces provocations, les12

    tJ,LJo(~tr~\t-l g

  • moins sous-officier l'escadron logistiquede la Lgion Mobile. Qui plus est, le lieu-tenant gnral Franois donne l'ordre critd'touffer l'affaire. Le 22 aot 1985 paratau journal officiel belge les statuts de l'as-sociation sans buts lucratifs, Les Com-pagnons du Christ Graal . Son prsi-dent? Michel Libert. Son trsorier?Lucien Marbaix.

    Une purationtimide et tardive.

    Quelques jours plus tard, le journal DeMorgen dnonce cette reconstitution duWNP et les protections dont Marbaixbnficie au sein de l'Etat-Major de la gen-darmerie. Son commandant en chef, le

    gnral Bernaert, exclut sa participation un groupe subversif. Pourtant, un anauparavant, le juge d' instruction avait djaverti l'Etat-Major (2).

    Deux mois plus tard, le lieutenant-colonel Grard Lhost dmissionne de lagendarmerie o il tait charg de la disci-pline interne. Il vite ainsi une procduredisciplinaire car depuis des mois circu-laient des bruits selon lesquels il usait de-son poste pour couvrir les lments.d'extrme-droite au sein de la gendarme-rie. Ce dchirant dpart permet demettre fin lgamment une sried'interrogations concernant notamment:- les relations de certains gendarmes avecl'extrme-droite en gnral et le WNP enparticulier ;- une srie de vols de matriel dans les-quels la complicit de gendarmes mem-bres du WNP semble tablie;- des tentatives non dissimules de for-cer le Gnral Bernaert, commandant enchef de la gendarmerie, dmissionner.

    En outre, Grard Lhost, devenu respon-sable des services de scurit de la CEE,n'est pas un inconnu. Souvenons-nousqu'il exera des pressions sur le gendarme(3) qui avait pris le parti de rvler les des-sous de l'affaire Franois.

    Ce dernier, commandant de gendarme-rie, tait responsable d'un service de lutteami-drogue (le BND) et fut au centre

    - d'un scandale concernant un vaste traficd'hrone entre la Thalande et laBelgique.

    De la drogue au WNPForm aux Etats-Unis, le commandant

    Franois employait volontiers une mthodeenseigne par la Drug EnforcementAgency, formellement interdite par la loibelge: la provocation. Lespoursuites enta-mes contre lui n'aboutirent finalementqu' une lgre condamnation eu gardaux mthodes utilises pour, dit-il, infil-trer le milieu. Mais la frontire est tnueentre la provocation et le trafic pur et sim-ple. De trs importantes sommes d'argentsont ainsi entres dans les caisses du BND,et ont mystrieusement disparu. Aprs sacondamnation, le commandant Franoisa t mut la Direction Suprieure dela Logistique et des Finances dont le bti-ment fut vis par les CCC le 6 mai 1985.

    Dans ce trafic, un certain Farcy taitpass matre dans les changes internatio-naux. Or, prcisment, deux associs deFarcy dans l'opration, Andr et Joseph

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    N., frquentaient ce lieu bien trangequ'tait le casino de Namur (4). Parmi leshabitus, on a pu relever Edmond D., tra-fiquant d'armes, Yvonne De Schuyteneer,clbre escroc, et surtout Claude Leroy, ex-premier substitut du procureur du Roi.Cet ancien collaborateur de Jean Goi a tcondamn le 3 dcembre 1985 18 moisde prison ferme pour avoir livr aux int-resss plusieurs dossiers dont celui du traficd'armes et de hashish organis, entreautres, par .Farcy.

    Mais ce n'est pas tout.. Charg de l'en-qute sur les irrgularits au sein du BND,le major Herman Vernaillen, suprieurhirarchique du commandant Franois,fut grivement bless par balles avec sonpouse leur domicile d'Ekelgem. Lesagresseurs sont toujours dans la nature ...Mais, concidence encore, la Mazda qui aservi aux auteurs de l'attentat fut identi-fie comme celle d'un nouveau person-nage qui ne manque pas de piquant luinon plus, Faez Al Ajjaz, un journalistesaoudien rsidant en Belgique. Relationd'affaires de Paul Latinus, il a eu accsaux tlex OTAN dtourns par le WNP.De mme, son nom figure dans le carnetd'adresse de Willy Pourtois, clbre trafi-quant d'armes et agent de la Sret del'Etat. Al Ajjaz, ce correspondant depresse , avait t l'artisan d'un contrat deVente d'armes entre Paul van den Boey-nants et des chrtiens libanais, pour lecoquet montant d'un milliard de francsbelges.

    Le plus tonnant, c'est qu'Al Ajjazdclara la police le vol de sa voiture unmois avant l'attentat contre le major Ver-naillen, mais il fut condamn pour escro-querie aux assurances, la voiture se trou-vant chez son garagiste. De l croire qu'ilne pouvait pas ignorer l'usage qui fut faitde son vhicule, il n'y a qu'un pas que lajustice belge ne semble pas vouloir fran-chir. On murmure dans les couloirs duPalais de Justice qu'un magistrat du par-quet rassemble les dossiers concernant ce journaliste , et en particulier le dossierde l'attentat contre l'adjudant de gendar-merie Goffinon alors qu'il enqutait lui \0

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    aussi sur l'affaire Franois. ~. ~Heysel et autres ~

    ~Autre victime de la restructuration

    de la gendarmerie: le major Michel K~n- ~sier, devenu une gloire nationale ::ldepuis les vnements du Heysel o il ~tait un des responsables du service d'or -

  • dre. Il fallut ces tragiques incidents pourle voir mut la Direction suprieure desEtudes de la gendarmerie. C'est aussi luiqui tait charg du maintien de l'ordre la manifestation contre la venue de Le Penen Belgique en septembre 1984 : il laissa passer la manifestation avant de larprimer trs violemment. Il se distinguaencore par la froce et sanglante rpres-sion dont il usa pour disperser la mani-festation pacifique devant l'ambassade duChili un mois plus tard. Les images dif-fuses la tlvision taient d'une telleviolence que l'opinion publique s'enmut. Il fut enfin la cible de nombreusescritiques quant l'intervention des servi-ces de scurit lors de l'attentat CCC dela rue des Sols, le 1er mai 1985, qui cotala vie 2 pompiers.

    L'affaire Mendez... O l'on retrouve tous nos sympathi-

    ques hros.C'est sur ce fond dj trouble que

    dmarre une nouvelle affaire , vrita-ble toile d'araigne dont les fils aboutis-sent aux diffrents protagonistes des scan-dales voqus prcdemment : l'assassinatdu cadre de la FN (5) charg des ventesd'armes en Amrique Centrale, JuanMendez Blaya.

    Au centre de celle-ci, Daniel MedaniBouhouche, ami de la victime et suspectnumro un aux yeux de la justice. Cetancien agent du service antidrogue de laBSR (6) est connu pour ses sympathiesd'extrme-droite. A ce titre, il fut soup- .onn de complicit dans le plasticage dela voiture de l'adjudant Goffinon quienqutait avec le major Vernaillen.

    Toujours la mme poque, il fr-quente assidment les cercles de tir pra-tique . Cette cole de tir, dveloppeaux Etats-Unis par un ancien marine dela guerre de Core s'apparente fortementaux techniques utilises par les tueurs duBrabant Wallon. lors de plusieurs deleurs agressions. Bouhouche enseignait cesmthodes aux militants du Front de laJeu-nesse et du Westland New Post. C'estd'ailleurs d'une sance d'entranementavec Bouhouhe que Jean-Marie Paul etAlain Weykamp, cadres du FJ, revenaientlorsqu'ils abattirent un travailleur maro-cain et blessrent grivement ses 2 frresen 1980.

    Pour se faire une ide exacte de1' lite qui pratique cette discipline,l'numration de quelques candidats du

    .Z

    Championnat de Belgique 1982 est clai-rante (7) :- Jean Bultot, sous-directeur de la prisonde St-Gilles, arrt pour trafic de titres,d'armes, d'explosifs ... sympathisant deForces nouvelles, il s'apprtait suivre unstage para-militaire au Paraguay aumoment de son incarcration.- Bob Louvigny, patron d'une agence dedtectives dont la gendarmerie sollicita lesservices dans l'enqute sur les tueries duBrabant.- Robert Thomas, membre des services descurit de la CEE. Cet ancien instructeurdu Front de la Jeunesse (avec le militairede carrire Tony Dossogne) s'est reconvertien instructeur du Westland New Post (8).- Alain Weykamp, dj cit- et les amis Mendez et Bouhouche.

    Dans ces mmes cercles, on retrouveencore Francis Millecamp, mdecind'Evere, sa femme Paola Connor et le res-taurateur Pierre Paul De Rycke, tous troiscandidats de Forces nouvelles aux derni-res lections lgislatives.

    En 1983, Bouhouche quitte la gendar-merie pour fonder une agence de pri-vs avec un autre collgue dmission-naire. Mais son pdigr est ce point com-promettant qu'il doit bientt abandonnercette nouvelle carrire. Par bonheur, il sedcouvre une vocation encore plus pro-metteuse: celle de marchand d'armes.Dans son magasin Jette, le PracticalGuns Store , la police dcouvrira l'armeayant servi liquider Juan Mendez.Pour quelle raison? A l'heure o nouscrivons ces lignes, personne ne le saitencore officiellement. Lors de la mmeperquisition, on dcouvre dix armes pro-venant de l'intermdiaire... WillyPourtois.

    Un bilan provisoireNotre premier dossier, synthse de la pr-sence de l'extrme-droite lors des lectionslgislatives de 1985, traitait de ses activi-ts lgales, que ce soit sous une formeavoue ou sous le manteau du libralismedmocratique. Celui qui s'achve ici atent de lever un coin du voile sur la facecache de cette droite fascisante: sonaction clandestine, qui ne lui est pas moinsessentielle.

    L aussi, elle travaille main dans la mainavec une partie de la bourgeoisie qui apignon sur rue, mais surtout en liaisonavec les appareils d'Etat: Sret, gendar-merie et certains secteurs de l'arme.

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    L'enqute sur les CCC ne dvoile-t-ellepas des pistes en direction de l'extrme-droite et des forces de l'ordre? Ne voit-on pas apparatre des hommes de loi etdes membres du WNP dans l'affaire dBrabant Wallon, quand ce ne sont pas dcadres de la Sret ou des officiers sup-rieurs de l'arme et de la gendarmerieautour de ce mme Westland New Post.

    Le ministre de la Justice Jean Gol cou-vrira ces agents en faisant cran au nomde la raison d'Etat , sans parler des Gar-diner, Franois et autres Kensier. .. Depuisdes annes, les noms des mmes. indivi-dus reviennent dans toutes les rentativesde dstabilisation de l'Etat par l'extrme-droite sans tre le moins du mondeinquits. Preuve s'il en est que, dans cesmilieux, les cloisons sont loin d'tre tan-ches. Ceci dmontre combien l'extrme-droite est incrustre dans l'appareild'Etat.

    Ces liens rciproques leur sont d'ailleursmutuellement utiles : la droite pure etdure n'a encore connu qu'une faible per-ce politique et ses activits de servicelui permettent de progresser ; quant l'appareil d'Etat il se renforce par cetteforce d'appoint muscle qui se charge destches qu'un Etat de droit ne peutaccomplir ouvertement.

    Avec la crise et l'accroissement dumcontentement populaire, la tentationdevient de plus en plus forte dans certainssecteurs du pouvoir d'tablir un Etatfort .

    Cependant, si de nombreux lmentspermettent de penser que c'est dans lesrangs du PSC et du PRL, de la Sret etde la gendarmerie ... qu'il faut chercherles responsables de cette Stratgie de laTension , on ignore encore l'tendue etl'avancement de ce projet, comme la per-sonnalit prcise de ses inspirateurs et deses commanditaires.

    Les mcanismes policiers, judiciaires,militaires et paramilitaires d'une dictature civilise pourraient se mettre en placerapidement car leurs bases existent dj.La prise de conscience et la vigilance s'im-posent d'urgence pour s'opposer aux par-tisans de l'Ordre ... ancien.(1) Defense Intelligence Agency, centrale de rensei-gnements de l'arme amricaine.(2) Le baron Benot de Bonvoisin utilisa l'affaire duWNP, comme celle des cee pour accrditer la thseselon laquelle Albert Raes, le patron de.la Sret del'Etat, est un agent du KGB. Pour comprendre lesimplications politiques de cette affaire du WestlandNew Post, relire l'excellente postface au livre de RenHaquin, postface rdige par Walter De Bock. EPO

  • 1984 . Des taupes dans l'extrme-droite .(3) Raes Franois, Un gendarme Don Quichotte.EPO 1983.(4) En ce qui concerne les liens Leroy, Bulto, BrabantWallon ... voir Article 31 n' 16.(5) FN : Fabrique nationale d'armes situe Herstaldans la rgion ligeoise.(6) BSR : Brigade de surveillance et de recherche.(7) Cette liste fut rendue publique par Walter DeBock, journaliste au quotidien De Morgen.(8) Outre cet entraneur au tir et am: techniques anti-guerilla du FJ et du WNP, le Service de scurit dela CEE compte de srieuses recrues: l'ancienlieutenant -colonel Grard Ihost, comme nous l'avonsvu, mais aussi l'ancien adjudanr-chef Louis, Cet ex-membre de la BSR fut charg, avec le major Bouge-rol, autre activiste de l'extrme-droite bien connu,d'une enqute pour le compte du ministre de laDfense nationale de l'poque, Paul Van Den Boey-nants, enqute relative un journaliste de l'hebdo-madaire Knack >, trop curieux du march des ven-

    , tes de blinds. Louis se vit aussi confier d'autres mis-sions de confiance >, entre autres au service du PalaisRoyal.

    Entr plus rcemment dans ce service de scurit,l'ancien chef des services secrets hollandais (BVD) :De Haan. C'est ce dernier qui reconnut ouvertementque le BVD avait urilis Gardiner, alias Paul Wood,comme agent provocateur dans le mouvement paci-fiste. Rappelons que, Gardiner vola plusieurs dizai-nes d'obus dans la base o sont entreposs les missi-les Cruise en Belgique, et tenta de coller ce vol surle dos des pacifistes belges et hollandais.

    EUROTERRORISME :LA BELGIQUEETRANGLEE.

    P Publi quelques jours seulementaprs l'arrestation de quatre mem-bres prsums des CCC, le seul livrequi leur est consacr a retenu toute notreattention, non seulement pour le contenu,mais aussi pour la personnalit de sesauteurs.

    Christian Souris est journaliste au Pourquoi Pas ? , un hebdomadaire dedroite. Il est galement proche de laWACL. En septembre 1983, il tait au 16'congrs de cette organisation Luxem-bourg, et en ramenait des interviews deRoben Close, Marie-France Garaud et Phi-lippe Malaud du CNIP. C'est au sein desdivers instituts d'tude qui gravitentautour de la WACL qu'est ne l'offensivevisant faire de l'URSS et de ses satelli-tes les uniques commanditaires du terro-risme international. Le point culminant decette campagne de lobbying idologiquesur la presse a sans aucun doute t lafameuse filire bulgare , lie la ten-tative d'assassinat du pape Jean-Paul II.Le chantre le plus connu de cette filireest la spcialiste du terrorisme, ClaireSterling. Les auteurs du livre sur les CCCreprennent ainsi une srie d'lments auxjournalistes participant cette oprationde la W ACL, alors que le procs d'Ali

    Aga a dgonfl cette baudruche bulgare.Non loin de Christian Souris, sur les

    bancs des journalistes du mme congrsde Luxembourg, tait assis un cenainClaude M., crivant dans divers journauxde droite et d'extrme-droite franais. Ala fin des annes 70, Claude M. tait bienconnu des tudiants de l'ULB, puisqu'ilfaisait panie de la bande de provocateursavec Didier Sampiri dont on vous parlepar ailleurs. Curieuse et rapide reconver-sion politique que celle de Claude M. Lorsde la venue de Le Pen Schaerbeek, ona pu remarquer les excellents contacts qu'ilavait avec des membres de la BSR deBruxelles.

    Deuxime auteur de cet ouvrage :Jacques Offergeld, journaliste d'un heb-domadaire de la bourgeoisie francophoneanversoise, La Semaine d'Anvers . Maisil ne s'agit l que de la prsentation offi-cielle du personnage. En fait, il colla-bore depuis 1976 au Nouvel EuropeMagazine, le journal d'extrme-droitedirig par l'ancien collaborateur EmileLecerf. En 1981, il devient permanent duNEM, en lieu et place de Francis Dosso-gne, son copain. Ce dernier a en effetd'autres chats fouetter, puisqu'il prsideaux destines du Front de la jeunesse etde Forces Nouvelles. Cette mme anne,il a galement travaill pour PDG, unesocit paravent monte par le haronBenoit de Bonvoisin pour financerl'extrme-droite.

    Offergeld est li aux groupuscules roya-listes et unitaristes belges. Ainsi, en octo-bre 1976, il est candidat libral sur uneliste d'extrme-droite, 1' unit des Bel-ges , qui veut concurrencer Nols Schaer-beek. Avec Jacques de Launay, il panicipe la rdaction de divers ouvrages histori-ques, encensant la royaut. En octobre1982, il se prsente sur les listes du PRL Saint Gilles, et est soutenu dans sa cam-pagne par ... le NEM.

    Le livre, lui, est intressant. Ds le pre-mier chapitre, on est confondu: les ten-tatives de dstabilisation de la Belgiqueont dbut il y a plus d'un sicle. Ontrouve en effet runi dans la mme envo-le lyrique Carette, Mnigon, le passagede Karl Marx Bruxelles de 1845 1848et celui de Victor Hugo avant la Com-mune, fuyant la rpression de NapolonIII. Le livre soutient en fait deux thses.D'une pan, au niveau international, toutce qui explose aux quatre coins de la pla-nte est a mettre au compte de Moscou,

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    au besoin par Kadhafi ou Khomeyni inter-poss. Mme les travailleurs immigrsdeviennent de dangereux terroristespotentiels. CIA, loge P 2, connat pas.

    D'autre part, au niveau national cettefois, ce sont les deux derniers ministres dela justice qui sont les cibles. On peut com-prendre pourquoi dans le cas de PhilippeMoureaux : c'est sous sa houlette que lesfichiers illgaux de la gendarmerieauraient t dtruits, que la loi antiracistea t vote par le parlement. C'estlorsqu'il tait ministre que le Front de laJeunesse et le Vlaams Militanten Orde ontt trans devant les tribunaux. C'est cette poque qu'on a poursuivi pourfraude fiscale les membres du Cepie, l'ailedroite du Parti Social Chrtien qui taittrs lie aux organisations d' extrme-droite. L'attaque contre Jean Goi est plus'subtile : les auteurs proviennent tous deuxdes milieux libraux de la capitale, milieuxtrs droite, voire l'extrme-droite, etqui voudraient bien accueillir dans leurrangs Roger Nols et tous les extrmistesde son entourage. Leur copartidaire JeanGoi s'y oppose formellement. Les librauxbruxellois se mfient de Gol. Tant celui-ci a un itinraire politique louvoyant: ila commenc sa carrire dans les milieuxtrotskystes ligeois avant de passer dans lesrangs indpendantistes wallons, et de ter-miner au PRL, o, en quelques annes,il a pris une place prpondrante. 0

    Le prix du numro: 100 FBLe prix de l'abonnement: 1 000 FB zN" de compte: 001.1902489.07 ~Adresse belge d'Articldl :ARTICLE 31 dBP 210 Bruxelles V .~