webdoc magazine (mémoire e.poupel)
DESCRIPTION
Mémoire de fin de DUT Communication des Organisations soutenu en septembre 2010 à Bordeaux (Université Michel de Montaigne Bordeaux 3).Certains passages, notamment les images sont en basse qualité dans la version ci présentée.N\'hésitez pas à me contacter si vous avez des questions.TRANSCRIPT
LE MAGAZINE DU
NOUVEL OUTIL MULTIMÉDIA
AU SERVICE DE
L’INFORMATION
ET DE LA COMMUNICATION
WEBDOCMAGAZINE
Mémoire de premier cycle universitaire
DUT Information-Communication
Spécialité Communication des Organisations
NU
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RO
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SE
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Sous la direction
d’Alain BOULDOIRES
et de Vincent BENGOLD
Écriture et réalisation : Emma POUPEL
Photographies d’illustration de la couverture tirées des web-documentaires suivants :(de gauche à droite de haut en bas)1ère ligne : Thanatorama / Piraterie en Somalie / Le Challenge : le procès du pétrole en Amazonie2ème ligne : Un Somalien à Paris / L’Obésité est-elle une fatalité ? / Le Challenge : le procès du pétrole en Amazonie / Les Communes de Paris3ème ligne : Les Bras de la France / Le Corps handicapé, vivre après l’accident / Brèves de Trottoirs / Prison Valley / La Vie rêvée des pavillons
L’idée est venue d’elle-même au fur et à mesure des investigations menées
sur le sujet du mémoire. En effet, plus l’étude du format web-documentaire avançait
et plus la linéarité dans le traitement d’un sujet, et en particulier celui du web-
documentaire, semblait obsolète.
Car la forme du mémoire « traditionnel » est très linéaire : le cheminement
présenté au lecteur ne permet généralement pas d’aller-retour entre les parties. Le
lecteur est censé partir du début « point A » pour atteindre la fin, « point B ».
Et cette forme semblait aux antipodes de notre sujet : un nouvel objet multimédia et
délinéarisé.
Dans le web-documentaire, le lecteur peut à tout moment accéder au menu (ici il
s’agit du sommaire) et accéder directement au contenu qui l’intéresse spécialement.
Les sujets sont présentés comme des domaines à explorer, s’appuyant sur une
narration sémantique. Il en découle un rapport privilégié avec le lecteur. C’est ce
rapport que j’ai voulu retrouver dans cette forme magazine.
Cette idée, qui est le fondement du web-documentaire, est appliquée au papier
via le format magazine de ce mémoire. Utiliser le format magazine est donc un apport
de cohérence avec le sujet interactif, c’est la mise en pratique du sujet étudié. La
possibilité de lire les éléments de réponses au sujet de façon indépendante est
proposée au lecteur. Comme dans le web-documentaire la linéarité est rompue. Le
format magazine permet donc de s’exercer à cette pratique délicate avec le défi de
ne pas s’éloigner du sujet, tout en s’approchant au plus près de la forme étudiée.
Cette forme magazine est ainsi une alternative au format web-documentaire
qui lui est tout numérique. Car si l’idée de traiter le sujet du web-documentaire à
travers justement un web-documentaire est apparue, cette idée s’est très rapidement
révélée techniquement irréalisable au regard des compétences pluridisciplinaires
nécessaires à sa réalisation Et surtout, la perte de tout support papier semblait
incompatible avec un mémoire.
C’est ainsi qu’est née la forme magazine de ce mémoire.
Avant-propos
Pourquoi avoir choisi la forme magazine ?
AVA
NT-
PR
OP
OS
P
AG
E 1
Avant-propos 1
Sommaire 2
Éditorial 3
Éléments 4photographie / hyperlien / réseaux sociaux / vidéo / carte...
Interactivité 15navigation / degrés d’interactivité
Questionnements 21définition ? / documentaire ?/ loi ? / médias ? / évolution ?
Sujets 29sujets récurrents / sujets d’actualité
Audience et consommation 31pratiques / fréquentation
Techniques 33compétences / contraintes / logiciels
Formes 37formes identifiées / séries
Écritures 43écriture du récit / usage de l’écrit
Narrations 45Structure narrative / différentes narrations
Jeu 49réel -virtuel / jeu en réalité alternée
Linéarité 51délinéarisation / convictions contradictoires
Acteurs 52réalisateurs / artisans /plateformes / organes de presse / agences de production / figures / internaute
Précurseurs 59Oulipo / hyperfictions / livres-jeu / cinéma photographié / audiorama
Naissance 64terminaux Internet / web journalism
Solution 71surabondance informationnelle /eldorado du photojournalisme
Marketing 72professional branding / storytelling
Économie 73économie d’Internet / business model / financements / subventions
Entreprises et marques 80SFR / Lacoste / Powerade
Institutions 83Ministère de la Défense
Communication 84agences / festivals
Table des matières 87
Sources et Ressources 90bibliographie / webographie
SOMMAIRE
SO
MM
AIR
E
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E 2
Éditorial
Pourquoi s’intéresser au web-documentaire ?
Le web-documentaire est un nouvel outil multimédia en pleine définition dont les
premières grandes productions sont apparues cette année. Certaines se sont même
vues primées lors du dernier festival Visa pour l’image de Perpignan1.
En plein essor sur Internet, son lieu de naissance et d’existence, et exploré tant
par les journalistes, les chaînes de médias (Arte, Canal + et France Télévisions
notamment) que par les agences de communication, cet « ovni » multimédia, encore
méconnu du grand public pose de grandes questions tant au niveau de sa forme que
de ses usages.
De l’écriture aux financements, le web-documentaire est en
pleine définition, mais semble très en avance car il présente déjà
tous les critères des nouveaux médias. Considérés jusqu’il y a
peu comme des gadgets, certains voient en ce nouvel objet
multimédia l’outil qui sauvera la presse de la crise actuelle. Et ce
sans compter les premières applications faites de ce nouvel outil
trans-média par les entreprises et dans les institutions (le format a
déjà du succès auprès des ONG2).
Encore méconnu du grand public le web-documentaire présente cependant
toutes les qualités d’un nouvel outil performant et efficace au service de l’information,
pour le traitement de sujets journalistiques, mais aussi de la communication, dans le
cadre de campagnes de communication internes ou externes.
1 Édition 2009 du festival
2 Comme c’est le cas de la Croix-Rouge avec son web-documentaire sur le Tsunami ou du Samusocial avec la
plateforme Danslapeaudunsansabri.com
Un «ovni multi-
média encore
méconnu du
grand public».
EDIT
OR
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E 3
Une œuvre pluri médiaLe web-documentaire utilise tout ou
une partie des médias disponibles sur
Internet pour traiter un sujet. C’est une
véritable expérience interactive qui est
offerte à l’internaute.
Le web-documentaire intègre ainsi
p l u s i e u r s f o r m a t s e n s o n s e i n :
photographies, textes, illustrations, vidéos,
bande sonore, cartes, hyperliens. Il peut
aussi offrir la possibilité à l’internaute de
laisser des commentaires, ou bien être relié
aux réseaux sociaux.
Cette liste de formats intégrés dans le
web-documentaire n’est pas exhaustive. En
effet, tout ce qui peut illustrer ou expliciter le
s u j e t p e u t f i g u r e r d a n s l e w e b -
documentaire.
Hervé Chabalier3 explique à ce sujet :
« Ce qui est intéressant dans le web-
d o c u m e n t a i r e , c e n ' e s t p a s q u e
l'interactivité mais le fait de pouvoir raconter
une histoire en se servant à la fois de l'écrit,
de l'image, du son, de la photo". Et il insiste
sur la dynamique apportée par l’utilisation
de ces nouveaux médias : "C'est pour ça
que les nouvelles technologies ne sont pas
porteuses que de progrès techniques, elles
enclenchent une nouvelle manière de créer".
Plus loin encore, on peut également
trouver des diaporamas commentés, des
animations en trois dimensions, des croquis
ou encore des émissions de radio.
Encore une fois, il convient de
souligner le format indéfini de notre sujet.
Enfin, avant de détailler tous ces
éléments constituant le web-documentaire,
il est important de préciser qu’il n’y a pas de
présentation type, que ces éléments ne sont
pas reliés entre eux de façon déterminée.
Chaque web-documentaire est « aménagé »
selon son sujet et le choix de ses auteurs.
E n c e s e n s , s i o n o b s e r v e
généralement la présence d’un menu
principal, ce n’est pas systématique.
Le web-documentaire : une oeuvre complète
« Les nouvelles
technologies (...)
enclenchent une
nouvelle manière
de créer».
Hervé Chabalier
3 Hervé Chabalier dirige l'agence Capa
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4
La photographieLa présence de la photographie dans
le web-documentaire semble, dans la plupart
d e s w e b - d o c u m e n t a i re s v i s i o n n é s ,
primordiale.
Alternées avec la vidéo ou enchaînées
en diaporama, les photographies sont
généralement présentées dans un rythme
lent. Le spectateur a le temps de les observer.
Et il y a souvent un effet de focus léger sur les
photographies.
Elles sont souvent de très bonne
qualité (qualité «reflex numérique») ce qui
n’entrave pas la diffusion en Haute Définition
du web-documentaire.
Cependant, si l’image est souvent
qualifiable de « propre » (les plans sont
souvent originaux, les portraits très soignés,
les couleurs vives, le flou maîtrisé) ce n’est
p a s u n e g é n é r a l i t é . D a n s l e w e b -
documentaire « Prison Valley » (Arte) par
exemple l’image sert vraiment le récit et joue
en grande partie sur l’ambiance du web-
d o c u m e n t a i r e . M a i s d a n s l e w e b -
documentaire Concubines (France 5), les
images de nuit sont quasiment toutes ratées.
La série de clichés semble disséminée dans
le récit sans grande logique pour justifier
l’étiquette web-documentaire au projet.
On peut expliquer ces différences de
qualités dans la photographie par la
p r o v e n a n c e d e s a u t e u r s d e w e b -
documentaires : certains sont originellement
photoreporters, d’autres journalistes de
presse écrite. La qualité peut alors s’en
ressentir.
La photographie intégrée au récit
prend toute sa force dans le web-
documentaire lorsqu’elle est associée au son.
C’est d’ailleurs une des principales forces du
web-documentaire : la mise en avant de
clichés photographiques grâce à des effets
sonores percutants.
Enfin, la photographie peut aussi se
présenter sous la forme d’une galerie
d’images accessible depuis le menu principal
du web-documentaire. Elle illustre alors
souvent davantage que les lieux et les
personnages, et complète le sujet en
présentant de nouveaux éléments.
Photographie d’accueil du web-
documentaire «Un somalien à Paris»
Photographie de la série de web-
documentaires «Brèves de Trottoirs»
Photographie extraite de «Voyage au
bout du Charbon»
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5
Capture d’écran du web-documentaire «HomoNuméricus»,
photographie introduisant le portrait de la femme représentée.
Capture d’écran du web-documentaire «Le Corps Incarcéré»,
photographie accompagnant le témoignage (voix) de l’homme représenté.
Capture d’écran du web-documentaire «Les Communes de Paris»,
Photographie extraite de la séquence de présentation de «Chatelêt»,
une des sections du web-documentaire.
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Le 360°Le concept du « 360° » permet de
plonger le spectateur au cœur d’une pièce
ou d’un paysage comme s’il y était. Le web-
documentaire frôle d’encore plus près la
réalité avec cet outil.
En effet, il s’agit de juxtaposer à l’aide
d’un logiciel spécialisé plusieurs clichés
b o rd s à b o rd s p o u r a t t e i n d re u n
panoramique complet. Le lecteur sera alors
projeté au centre de ce 360° lorsqu’il
visionnera le web-documentaire.
Il y a d’ailleurs un web-documentaire,
qui concerne encore le milieu carcéral, dont
le 360° est un outil central utilisé par les
concepteurs.
Il s’agit «360degrees Perspectives on
the U.S. Criminal Justice System » où le
lecteur est plongé dans l’univers des
détenus (visite des cellules ou de leur foyer,
entretiens avec leur psychiatre, leurs
proches ou eux mêmes).
Cette technologie, réalisée avec le
logiciel QuickTime VR, donne une étrange
impression de 3D.
Illustration du 360° avec des captures d’écran du web-
documentaire «360degrees»
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7
L’hyperlienL e w e b - d o c u m e n t a i r e p e u t
également présenter de l’hyperlien. L’atout
principal est de justifier le traitement du
sujet en renvoyant le lecteur vers des
réalisations extérieures renforçant ou
complétant son propos. Il peut aussi s’agir
de réalisations sur lesquelles s’est appuyé
l ’auteur pour construi re son web-
documentaire. Mais encore, il peut s’agir
de documents évoqués dans le récit. En ce
sens, les références uti l isées sont
directement proposées au lecteur.
Dans le web-documentaire, les
h y p e r l i e n s s o n t d e s é c l a i r a g e s
complémentaires sur le sujet que le visiteur
peut, selon ses envies, explorer ou non.
Capture d’écran du menu du web-documentaire
«Brèves de Trottoirs»
Capture d’écran de la rubrique «Infos»
Capture d’écran d’un article sur l’hiver des sans abris à Paris
ILLUSTRATION D’UN CAS D’HYPERLIEN DANS LE WEB-
DOCUMENTAIRE «BRÈVES DE TROTTOIRS»
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3
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Le sonComme évoqué plus haut avec la
photographie, le son a une réelle force dans le
web-documentaire.
Tout type de son peut prendre un rôle
crucial : le claquement d’une porte, une
alarme, un reniflement, ou encore un rire.
Associé à la photographie, l’effet produit sur le
spectateur peut être à couper le souffle. En
effet les sons prennent toute leur dimension
dans le web-documentaire : on y entend des
voix, des extraits radiophoniques ou
télévisuels, de la musique, des sons
d’ambiance, des citations et dans certains cas
la voix du ou des auteurs.
Il y a un véritable travail sur l’ouïe, les
sons retiennent parfois davantage l’attention
que les images. Dans la plupart des web-
documentaires il n’y a jamais de «blanc», les
voix s’enchaînent sur les musiques de fond, le
bruit du véhicule qui sert de trame principale
au récit.
La carte interactiveLa carte est un élément très intéressant
du web-documentaire. Dans la plupart des cas
el le est interactive et sert à repérer
spatialement des faits mais aussi à se repérer
dans le web-documentaire, ce qui est un
véritable double atout.
Concrètement, l’internaute peut afficher
grâce à cette carte des informations qui vont
lui permettre de restituer les événements dans
l’espace, au delà d’une découverte de la
géographie des lieux.
Dans le web-documentaire La Cité des
Mortes par exemple, vous pourrez accéder à
une carte de Ciudad Juarez (la ville « sujet » du
web-documentaire) où sont localisés tous les
meurtres de femmes par quartier. Mais il s’agit
là d’une carte « à la demande », car pour voir
apparaître ces points sur la carte, il vous fait
choisir le type de meurtre que vous souhaitez
visualiser. Pour les meurtres à l’arme blanche
les points sont de couleur, et pour ceux non
élucidés de couleur, et ainsi de suite. Vous
pouvez les faire apparaître les uns à la suite
des autres, ce qui vous donne, une fois tous
les types de meurtres sélectionnés, un aperçu
du nombre total de femmes assassinées dans
cette ville.
Autre exemple, dans «Brèves de
Trottoirs» le menu principal même est une
carte.
Pour accéder aux portraits réalisés par
les auteurs, vous devez déplacer la souris sur
le plan de Paris. Il y a un portrait d’une
personnalité iconoclaste parisienne par
quartier, ils sont localisés sur la carte par un
petit drapeau de couleur. Lorsque vous
survolez l’emplacement de cette personne,
vous pouvez cliquer et accéder au reportage
( de 4 à 10 minutes selon les cas).
Vous choisissez donc grâce à la carte
d’une part de visualiser l’information qui vous
intéresse, et d’autre part vous vous repérez
dans le récit.
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Capture d’écran de la carte de «Prison Valley»
Capture d’écran de la carte interactive de «Cuidad Juarez»
Capture d’écran de la carte de «PIB»
Exemple d’apparition d’un portrait
lors du survol de la carte interactive
Capture d’écran de la carte qui sert d’écran principal au web-
documentaire «Brèves de Trottoirs»
Agrandissement
d e s f o n c t i o n s
proposées par la
carte interactive
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Les réseaux sociauxL’intérêt pour le web-documentaire
d’être « relié » aux réseaux sociaux (Facebook
le plus souvent, ou Twitter) réside dans le
développement de son audience d’une part,
en étendant sa visibilité, mais aussi dans le
renforcement de son critère multimédia ou
« pluri média ».
En effet, la participation
des internautes est, selon
les web-documentaires, plus ou moins mise
en avant, mais souvent perçue comme
valorisante par ses auteurs. Car certaines
interfaces facilitent plus que d’autres le
partage de contenu entre internautes.
En donnant la parole aux internautes sur le
sujet étudié dans le web-documentaire, les
auteurs ont différentes intentions : voir les
internautes contribuer au sujet et apporter de
nouvelles informations d’une part, mais
espèrent d’autre part voir naître le débat.
Le débat se fait soit en interne, c’est à dire
dans le web-documentaire lui même (exemple
dans « Prison Valley ») ou en prolongement
sur les réseaux sociaux.
La connexion à un ou plusieurs réseaux
sociaux valorise l’aspect participatif et « web
2.0 » du web-documentaire.
Plus loin encore, certains web-
documentaires permettent même leur
visionnage intégral ou partiel sur les réseaux
sociaux, qui deviennent alors une « porte
d’accès » au web-documentaire et un
véritable moyen de promotion instantané.
Le réseau social Twitter est par exemple le
5ème4 « apporteur de trafic » pour le web-
documentaire Prison Valley.
Dans la plupart des
cas, les réseaux sociaux
se limitent cependant à la simple fonction de
recommandation, avec par exemple l’option
« J’aime » proposée aux membres du réseau
Facebook.
4 Chiffre avancé par Joël Ronez, responsable du pôle web sur Arte France lors de « La journée du
webdocumentaire de la Communauté française »
Logo Facebook
Logo Twitter
Exemple de proposition de recommandation
d’une page sur le réseau Facebook (ici pour le
journal Libération). Il suffit que l’utilisateur clique
sur le bouton «J’aime» et tout son réseau en sera
informé.
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La présence sur le réseau social n’est pas gage de participation de qualité ? En effet, les web-documentaires sont nombreux et le réseau social est un outil
incontestable dans la course à l’audience pour ces « ovnis » Internet.
Mais la force du réseau social (il s’agit de Facebook ou de Twitter la plupart du temps)
ne réside pas dans la quantité d’internautes abonnés : la force du réseau social vient
de sa qualité.
Cette idée, à laquelle sont confrontées toutes les marques présentes sur les réseaux
sociaux, est absolument centrale dans le succès d’un web-documentaire à caractère
participatif.
Ainsi la crédibilité de la communauté est le pilier central du web-documentaire : la
pertinence des éléments complémentaires publiés et la qualité des commentaires. Ce
sont ces éléments mêmes qui feront la différence entre deux web-documentaires à
l’interface similaire.
Le nombre de membres et de billets postés ne reflète donc en rien la qualité de
participation du web-documentaire. Il s’agit de fédérer une communauté dynamique
autour du web-documentaire.
Capture d’écran du web-documentaire «India in Motion», exemple d’intégration des options de
recommandation des réseaux sociaux dans la barre d’outils inférieure. Les logos Facebook et Twitter sont
précédés de la mention «Share this vidéo on social network» («partagez cette vidéo sur un réseau social»).
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Le commentaireLes réseaux sociaux ne sont pas seuls,
un au t re out i l pa r t ic ipa t i f du web-
documentaire existe. Dans certains cas, le
commentaire est proposé, en complément ou
en alternative aux réseaux sociaux.
Ce commentaire peut être directement
intégré au web-documentaire (la possibilité
de laisser un commentaire est donnée à
certains moments clés du récit), ou bien
souvent à la fin du visionnage dans une
rubrique spécialement créée. Le commentaire
donne une dimension collaborative ou
col lective au web-documentaire. Les
spectateurs peuvent grâce à cet outil donner
directement leur sentiment sur le document
visionné ou sur le thème abordé, sur
d ’éven tue l l es i ncompréhens ions ou
désaccords avec le traitement du sujet.
Cette possibilité est parfois proposée
sous d’autres termes. « Condoléances » est
ainsi le terme employé dans « Thanatorama ».
Le web-documentaire permet, grâce à
cette possibilité, de renvoyer vers des
pétitions ou des votes. Alors que les auteurs
du web-documentaire n’auraient peut-être
pas prévu d’associer ces contenus à leur
web-documentaire. Le rôle que peut prendre
l’internaute peut ainsi être bien réel.
Le web-documentaire peut alors
devenir une arme de militant avec l’apport de
ces réactions à chaud, en pouvant dépasser
l’intention initiale des auteurs.
La question de la modération se pose
donc, et amène avec elle la question de la
censure.
Car n’oublions pas que les sujets
abordés dans les web-documentaires sont
sujets à de fortes polémiques (prostitution,
immigration, milieu carcéral, mort..) et donc
sujets à d’éventuels débordements sur ces
forums.
Capture d’écran des «condoléances» proposées dans le web-documentaire «Thanatorama».
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La vidéoLa présence de la vidéo est, avec la
photographie, prépondérante dans le web-
documentaire.
Il est en effet très rare de rencontrer un
web-documentaire qui n’en fait pas usage.
Les équipes de réalisation de web-
documentaire sont souvent restreintes,
comparativement aux équipes engagées pour
son homologue télévisuel.
Il en découle pour la vidéo des
pratiques spécifiques :
un cadrage plus intime, des plans
serrés et souvent la pratique du regard-
caméra lors d’interviews.
La vidéo est d’ailleurs presque toujours
la trame conductrice du récit. C’est un pilier
central, souvent accompagné de la voix de
l’auteur. Elle fait le lien entre les photos les
cartes et autres outils médias intégrés au
récit.
L’illustrationBien que la photographie et la vidéo
soient deux médias très utilisés dans les web-
documentaires, cet usage n’est pas exclusif.
En effet,des il lustrations sont parfois
présentes et revêtent différents atouts.
Dans «La Crise Du Lait» par exemple,
l e s i l l u s t r a t i o n s , i n t é g r é e s à d e s
photographies en noir et blanc, servent à
accéder aux contenus du web-documentaire.
Capture d’écran du menu principal de
«La Crise du Lait»
Capture d’écran de «La cité des Mortes».
Les vidéos de web-documentaire sont
ancrées dans ce graphisme à la manière
d’une télévision. Pour changer de vidéo il
faut changer de chaine de télévision sur ce
poste.
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L’interactivité au coeur du web-documentaire
5 Fondatrice de l’agence de production Narrative
Si la particularité du web-documentaire est de croiser plusieurs médias au sein
d’une même production, un élément central les connecte entre eux : l’interactivité. Ce
critère donne la force même au web-documentaire, mais n’est pas sans risques.
Aussi, bien que l’interactivité ne se résume pas aux choix de parcours dans le web-
documentaire, nous verrons que certains auteurs choisissent pourtant cette forme
d’interactivité.
Concrètement, l’interactivité dans le web-documentaire consiste à offrir des choix
de navigation à partir d’un menu ou sous forme de liens au sein du récit. Ces choix,
matérialisés par des liens cliquables par l’internaute, permettent d’accéder aux contenus
périphériques du web-documentaire, et sont généralement présentés sous forme
hypertextuelle (parfois ils sont accompagnés d’une image ou d’un symbole).
Différents degrés d’interactivitéL’interaction entre l’usager et le web-documentaire est très aléatoire dans les web-
documentaires. Ainsi, les internautes ont parfois la possibilité de contrôler uniquement leur
cheminement au sein du web-documentaire (qui s’apparente à une exploration). Cécile
Cros5 n’envisage pas de laisser intervenir l’internaute plus que dans les choix à faire avec
l’interface. Elle insiste même sur « le choix de ne rien faire » qui doit être laissé aux
internautes face au web-documentaire.
Mais ils ont parfois la possibilité d’ouvrir des portes vers des éléments multimédias
complémentaires (photos, vidéos, sons…). L’interaction est alors plus poussée car
l’internaute, en plus de décider de son cheminement, va décider d’accéder à des contenus
supplémentaires. Tout va dépendre ensuite de la « maturité Internet » de l’internaute.
Rappelons que ces contenus sont des notes, des photos, des interviews dont les auteurs
se sont servis ou ont réalisé durant leur enquête. C’est alors une visite « à la carte », dont
l’internaute devient le maître.
EXEMPLE DE L’INTERACTIVITÉ PAR
DEGRÉS DANS «360DEGREES»
L’interactivité est présentée dans ce web-
documentaire sous cette forme schématique.
Au centre les récits de détenus (stories), puis des
données relatives au sujet comme le nombre de
détenus par exemple (dynamic data), vient ensuite
une chronologie (timeline), des liens vers des
documents connexes (ressources), un forum de
discussion (dialogue), et enfin une rubrique de
présentation du projet (about).
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7 L’exemple de « Prison Valley » : une interactivité à tiroirs
Dans le web-documentaire « Prison Valley », l’interactivité est poussée car elle se
présente via les différents médias au sein même du web-documentaire mais surtout, elle
s’étale sur différents niveaux. C’est une interactivité « en profondeur ».
On peut qualifier ces niveaux de « tiroirs » car ils s’imbriquent les uns dans les
autres ; pour accéder aux niveaux d’interactivité les plus élaborés, il faut passer par les
premiers stades du récit. Plus vous avancez dans l’exploration du web-documentaire et
plus nombreuses sont les possibilités d’interactions qui s’offrent à vous.
On peut classifier l’interactivité du web-documentaire de cette façon :
1er stade : Le document se regarde d’une traite,
avec de rares interactions indispensables à la
poursuite du récit. Cela consiste pour
l’internaute à cliquer sur « retour au film » (le
terme « film » surprend).
La compréhension de la navigation à ce
stade du récit est aisée. Tout internaute ayant
déjà utilisé un CD-Rom peut arriver à suivre la
trame du récit.
2 è m e s t a d e : L a p o s s i b i l i t é
d’approfondir certains sujets avec
des interviews complémentaires, la
consultation de statistiques, la
géolocalisation des faits rapportés
dans le récit. Puis l’internaute revient
au récit. Ce deuxième niveau est
relativement accessible, surtout par
ce que dans Prison Valley les
graphismes sont très soignés et
l’internaute est visuellement guidé
pour retourner au récit.
3ème stade : L’offre d’un système interne
de discussion en temps réel. Les internautes sont
invités à échanger avec d’autres internautes qui
visualisent eux aussi le web-documentaire. Ce
procédé fait appel à la technologie Facebook
Connect6, car les discussions transitent via le
serveur du site Facebook.
4ème stade : L’accès au forum du web-documentaire et la prise de position dans les
débats lancés. L’internaute est y invité une fois tout le web-documentaire visionné. Ce
niveau d’interactivité est aisé à gérer pour tout internaute ayant déjà participé à un forum
quelconque sur Internet. En effet, la présentation et le fonctionnement du forum sont
classiques et seule sa présence au sein d’un documentaire est une nouveauté.
6 « Facebook Connect » permet aux développeurs de pages Internet et de contenus web d’intégrer Facebook
sur différents sites ou plateformes.
5ème stade : L’entrée en contact
direct avec les personnes présentées dans
le récit. Cette fonctionnalité n’est pas
disponible en continu. Les internautes
avaient cette possibilité seulement au
lancement du web-documentaire. Ils
consistaient à des rendez-vous en direct via
le tchat interne et sur le forum. Ce niveau
d’interactivité est, au regard des autres
web-documentaires étudié, une exclusivité
de « Prison Valley ». On peut en effet
deviner que cette fonctionnalité est assez
lourde à mettre en place pour les
réalisateurs.
6ème stade : Ce stade est la suite
logique du précèdent, une fois les acteurs
du récit interrogés par les internautes, le
web-documentaire présente des rendez
v o u s h e b d o m a d a i r e s a v e c d e s
spécialistes du sujet. Cette continuité
dans l’interactivité proposée à l’internaute
est un véritable atout dans le sens où le
sujet n’est pas uniquement approfondi via
la participation des internautes mais via
l’apport de données spécialisées.
Le fonctionnement est le même que
pour le stade précédent, et est de la
même façon relativement accessible.
7ème stade : Enfin, le web-documentaire invite les internautes à poursuivre le débat
sur d’autres sites reliés (Yahoo, France Inter, Télérama, YouTube) à celui du web-
documentaire.
A ce stade, l’interaction est plus aisée pour un internaute sans grande maîtrise des
fonctionnalités qu’offre Internet. La participation est facilitée car elle ne se fait pas au sein
même du web-documentaire et la présence des vidéos est là pour cadrer l’internaute qui
serait égaré dans toute cette sphère tournant autour du web-documentaire. Mais il
semble tout de même préférable que l’internaute ait visionné le web-documentaire en
intégralité pour prendre part aux débats.
Aussi, on peut imaginer que ce dernier stade d’interactivité attire une nouvelle
audience, celle des sites sur lesquels le web-documentaire est partiellement retransmis.
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Pour l’auteur
P o u r l ’ a u t e u r , l e s
questions liées à l’interactivité du
w e b - d o c u m e n t a i r e s o n t
mu l t ip les . Ces p rob lèmes
d’écriture adaptée au format
sont détaillés plus haut dans
l’écriture du web-documentaire
car elles se posent à l’auteur
précisément au moment de la
rédaction.
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Pour le visiteur
Pour l’internaute, les problèmes d’interactivité sont rencontrés dès l’ouverture du
web-documentaire. Il est en effet très rapidement précipité au cœur d’un document
interactif dont il ne maîtrise pas toujours le fonctionnement. Confronté à une multitude
d’éléments narratifs, à une histoire éclatée en fragments et disséminés tout au long de
l’histoire, l’interactivité doit participer à l’enrichissement de l’histoire sans risquer de
brouiller cette dernière. Et il est très délicat pour les auteurs de mesurer la capacité des
internautes à gérer l’interactivité au sein du web-documentaire. Le risque pour le lecteur
est que le déroulement du récit soit affecté par ses multiples possibilités d’interactivité.
L’internaute est en effet habitué à offrir une audience passive (lors du visionnage
d’un documentaire télévisuel).
Les défis de l’interactivitéL’interactivité, véritable apport de
dynamiques au sein du web-documentaire
doit cependant se confronter à quelques
défis. D’une part pour l’auteur, et d’autre part,
pour le visiteur.
Et ce sans oublier que l’interactivité ne
peut être une fin en soi, elle doit servir le
sujet. Et ce point est peut être le défi central
du web-documentaire : ne jamais laisser le
contenant dépasser le contenu.
Le risque de l’interactivité
forcée
N o u s a v o n s e x p l i q u é q u e
l’interactivité n’est pas une chose aisément
maîtrisée.
Mais un internaute qui maîtrise l’interactivité
ne fait pas forcément un internaute satisfait.
Andrew DeVigal7 dit: « Si elle est forcée,
l’interactivité peut très bien détruire un récit
».
P o u r t a n t l ’ i n t e r a c t i v i t é e s t
fondamentale au web-documentaire.
Dans « Voyage au bout du Charbon » par
exemple, on sent parfois que l’interactivité
est forcée. Elle est assez lourde, présente à
chaque tournant du récit. À force de choix
dans la navigation, elle fait perdre le fil des
événements. Le rythme en est cassé,
l’expérience du web-documentaire devient
anxiogène pour le lecteur et le risque qu’il
décroche est bien réel.
L’interactivité limitée aux
choix de navigation
Dans certains web-documentaires,
pour éviter de rencontrer les problèmes que
nous venons de citer ou par souci de
simplicité dans le montage du web-
documentaire, on constate que les auteurs
ont limité l’interactivité aux choix dans la
navigation.
Et c’est peut être l’interactivité la plus
créatrice dans le web-documentaire. En
effet, si on connaît le concept des jeux de
rôles, des blogs, des réseaux sociaux, le
web-documentaire est le premier outil
multimédia qui permet un tel choix de
navigation dans le traitement d’un sujet réel.
Dans ces web-documentaires, le
pouvoir de l’internaute réside dans l’ordre
qu’il donne au récit. Il choisit quelles
informations visualiser ou non.
Ce choix peut donner au web-
documentaire une ambiance « reporter ». Le
web-documenta i re devient a lors le
documentaire dont vous êtes le héros.
Cet effet a pour conséquence de
renforcer le caractère immersif du web-
documentaire mais ceci n’est pas anodin : le
web-documentaire, bien qu’il traite de faits
réels et souvent graves, n’est alors pas sans
rappeler le jeu de rôle.
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7 Andrew De Vigal est le responsable multimédia du New-York Times.
Illustrations de choix de navigation
dans le web-documentaire «Voyage au
bout du Charbon»
Un concept aux
contours flousLe web-documentaire
est un concept multimédia
a u x f o r m e s e n c o r e
indéterminées.
Ce nouveau concept
associe du texte, des photos,
des cartes, des vidéos, du
son, des animations, et les
réseaux sociaux, de façon
interactive et didactique. On
peut par ler de concept
« hypermédia » : c ’est
l’agencement et l’exploitation
des différents outils qu’offre
In te rnet en une un ique
production autour d’un sujet.
Et chaque nouveau sujet est
l ’ occas ion d ’un nouve l
agencement. Il n’y a pas de
genre unique, de modèle, de
format prédéfini ou identifié.
L’absence de
définition propreE n e f f e t , l e w e b -
documentaire se cherche
encore, il n’y a donc pas de
définition précise. C’est une
nouvelle pratique observée
s u r I n t e r n e t d o n t l e s
principaux acteurs (la presse,
les photo reporters, les
maisons de productions, les
d o c u m e n t a l i s t e s , l e s
journalistes, les agences de
communication entre autres)
cherchent encore la forme
exacte et les limites.
E n c o n s é q u e n c e ,
plusieurs terminologies sont
d o n c e m p l o y é e s p o u r
d é s i g n e r l e w e b -
documentaire : le journal en
ligne LeMonde.fr le qualifie
par exemple de « visuel
i n t e r a c t i f » o u d e
« documentaire multimédia ».
Une définition
proche de celle
d’InternetM a i s s ’ i l y a u n e
déf in i t ion dont le web-
d o c u m e n t a i r e p e u t
s’approcher, c’est la définition
d’ Internet. En effet , les
caractéristiques mêmes du
w e b - d o c u m e n t a i r e
s’approchent fortement de
celles d’Internet. A savoir : un
p ro d u i t d i s p o n i b l e s u r
I n t e r n e t , a s s o c i a n t d e
multiples médias (vidéos,
s o n s , c a r t e s … ) , d o n t
l’agencement est l’œuvre
d’un d’auteur. Tous ces
éléments sont en interaction
avec le spectateur. Le web-
documentaire est donc le
« produit Internet » par
excellence, ou du moins une
f o r m e t r è s a b o u t i e d e
l’association des différents
outils Internet. Plus qu’une
expérimentation multimédia,
c ’est une démarche de
« médium total ».
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1 L’introuvable définition du web-documentaire
Une nouvelle
méthode de
traitement d’un
sujetLe web-documentaire
est une nouvelle forme de
réponse à un sujet : c’est un
t r a i t e m e n t c r o i s é d e
l'information au service d’un
sujet. C’est une nouvelle
façon de traiter un thème,
mais surtout de raconter une
histoire.
Ce nouveau traitement
implique une nouvelle forme
d'écriture multimédia. Il s’agit
en fait d’une histoire que l’on
raconte grâce à l’assemblage
des outils exploitables sur
I n t e r n e t . I l e n r é s u l t e
l ’ a m é n a g e m e n t d ’ u n e
interface autour d’un récit.
Une nouvelle
architecture au
documentaireLe web-documentaire
apporte en effet une nouvelle
architecture8, ou structure au
récit documentaire.
L e d o c u m e n t a i r e
classique, visionné à la
télévision, est défini comme
« u n f i l m d i d a c t i q u e
p r é s e n t a n t d e s f a i t s
réels n’intervenant pas sur le
d é r o u l e m e n t d e s f a i t s
relatés ».
Cette définition peut
s ’ a p p l i q u e r a u w e b -
documentaire à condition de
préciser son caractère pluri
média, apporté par son canal
de transmission, Internet.
E n c l a i r, i l s ’ a g i t
généralement d’une enquête
journalist ique interactive
conçue pour Internet.
Une discipline en
évolution
constanteE n e f f e t , l e w e b -
documentai re n’est pas
encore totalement défini et il
semble qu’il continuera à se
chercher encore. Car il ne
pourra trouver sa forme
propre tant qu’Internet sera
en constante évolution (son
caractère principal étant
l ’exploi tat ion des out i ls
Internet).
A i n s i l e w e b -
documentaire semble être,
pour une durée impossible à
évaluer aujourd’hui, voué a
être un outil protéiforme.
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8 Terme employé par Monique Simard, directrice générale du Programme français de l’Office National du Film
(ONF) dans une interview de Charles Gervais pour alternatives.ca.
Une discipline
méconnue du
grand public Enfin, il est important
de signaler que le web-
documentaire est un outil si
récent qu’il est encore
méconnu du grand public.
Comme le dit Aurélie
Hamelin9 «dans les milieux
de l’audiovisuel, on en parle
beaucoup, mais le grand
public n’identifie pas encore
bien ce genre ».
Ce qui n’est pas
étonnant compte tenu de la
d i f f i c u l t é d e s m i l i e u x
spécialisés (web, médias,
communication…) à définir
le genre.
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La différence entre un documentaire diffusé sur
Internet et un web-documentaire réside dans les caractères
mêmes du web-documentaire. C’est-à-dire la non linéarité
et le caractère pluri média de ce dernier, que ne possède
pas le « simple » documentaire.
En effet, un documentaire diffusé sur Internet n’est autre
que l’utilisation du médium Internet comme un canal de
diffusion, sans agir sur la forme propre du documentaire et
sur son contenu.
Sur Dailymotion10 ou Youtube11, par exemple, il est
possible de trouver des documentaires précédemment
diffusés à la télévision qui trouvent sur Internet un second
public.
Mais le web-documentaire est plus que cela : il détient ses
critères multimédias spécifiques qui le rendent impossible à
qualifier de « simple » documentaire. C’est un nouvel outil
multimédia construit pour Internet et exclusivement diffusé
sous cette forme sur Internet.
En ce sens, un web-documentaire est donc en aucun cas la
rediffusion d’un documentaire sur Internet.
Quelle est la différence avec un documentaire diffusé sur Internet ?
9 Aurélie Hamelin est responsable du pôle contenu média global de France Télévisions
10 Dailymotion est une une plateforme d'hébergement, de partage et de visionnage de vidéo en ligne.
11 YouTube est une plateforme d’hébergement, de vidéos sur lequel les utilisateurs peuvent envoyer, visualiser et
partager des séquences vidéos.
Quelles lois pour le web-documentaire ? Le web-documentaire n’a pas de définition légale propre. C’est
une œuvre multimédia et légalement les œuvres multimédias sont très
difficiles à encadrer. En effet, chaque création ne repose pas
forcément sur les mêmes lois.
Le web-documentaire peut ainsi s’appuyer sur les lois du logiciel, les
lois des bases de données ou encore les lois de l’œuvre audiovisuelle.
Car il peut correspondre à ces trois catégories d’outils numériques.
On constate ainsi l’existence d’un vide juridique.
Le web-documentaire est une création collective. Il s’agit d’un travail
réalisé par des professionnels spécialisés dans des domaines
différents qui ne sont pas protégés par les mêmes lois.
Et cela amène la question du droit d’auteur pour ces différentes
personnes concourant à la réalisation d’un même projet.
Pour cela, il est possible de qualifier le web-documentaire d’œuvre
collective ou d’œuvre de collaboration, ou encore d’œuvre composite.
Il s’agit de qualifications légales. Celles-ci permettent aux différents
artisans ayant contribué au web-documentaire de protéger une partie
de leur travail. Ainsi, bien qu’il soit impossible de qualifier légalement
le web-documentaire dans son intégralité d’œuvre audiovisuelle, il est
possible de considérer les différents éléments le composant comme
des œuvres audiovisuelles indépendantes.
Le web-documentaire est alors considéré légalement comme
une œuvre multimédia collective ou comme un assemblage d’œuvres
audiovisuelles.
À savoir, aux Etats-Unis les règles sont différentes : le producteur du web-documentaire détient tous les droits. Les artisans du projet sont alors considérés comme des techniciens.
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Le multimédia Le multimédia est la combinaison de
médias (textes, images, graphiques, sons,
vidéo) au sein d’un objet numérique
commun. Le multimédia correspond ainsi
au traitement simultané de ces médias
grâce à une programmation informatique.
Cette programmation rend la lecture de
l’objet numérique possible depuis un
ordinateur.
Le web-documentaire correspond bien à
cette définition, dans le sens où la
particularité du web-documentaire est ici
mise en évidence : l’usage de plusieurs
médias.
Cependant, cette définition n’est pas
complète, il manque le caractère interactif
du web-documentaire.
Le pluri-médiaLa déf in i t ion du p lu r i -méd ia
s’approche de celle du multimédia : il s’agit
de la combinaison de plusieurs médias.
Cependant, le traitement de ces
médias n’est pas simultané. Ainsi le pluri-
média désigne l’usage de plusieurs médias
pour un même sujet mais ces derniers
peuvent être utilisés de façon dissociée. La
stratégie pluri-média consiste par exemple
pour une entreprise à penser ses supports
de communication interne (newsletter,
jour na l d ’ent repr ise , événements ,
intranet…) comme un tout et non plus
comme des supports de communication
pris individuellement. L’idée du pluri-média
est de faire que ces outils se complétent
dans une même logique. Ce dispositif peut
s’apparenter à celui d’un plan de
communication mais, plus que ça, il s’agit
de porter une réflexion globale sur un sujet,
en utilisant différents médias. Le pluri-
média implique, dans ce cas d’une
communication interne, une cohérence
éditoriale totale de toutes les productions
de l’entreprise, quelques soient les
supports.
De même pour le cas du web-
documentaire : il s’agit d’une réflexion
d’auteur sur un sujet, mis en forme dans le
web-documentaire en combinant différents
médias de façon à répondre avec le plus
de cohérence possible à ce sujet.
Le web-documentaire au cœur des évolutions des médias On emploie alternativement les termes « multimédia », « pluri-média », « trans-
média », « cross-média » et enfin « rich-média ». Bien que ces termes se rejoignent (et
soient pour certains presque des synonymes) ils peuvent tous plus ou moins
correspondre au web-documentaire.
Il convient donc de les définir plus précisément afin de situer le web-documentaire qui
navigue entre ces différents concepts.QU
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Le cross-média Le cross-média est le principe de la
mise en réseau des médias. Ce terme
désigne l’usage rationnel de plusieurs
médias, mais il se distingue du multimédia
car il ne sollicite pas l’attention de l’individu
depuis un même lieu et à un même moment.
En effet, le cross-média n’a pas le
critère synchronisé du multimédia qui
mélange le son, le texte et la vidéo sur un
seul support numérique. Dans le cross-
média, les médias utilisés sont utilisés les uns
après les autres.
À la différence du pluri-média, le cross média
ne véhicule pas forcément un même
message sur les différents médias utilisés.
Par exemple, pour une agence publicitaire, le
cross-média consiste à décliner une
campagne sur différents médias (radio,
télévision, presse..). C’est la combinaison et
l’utilisation coordonnée de différents médias
au service d’une même stratégie.
L’intérêt du cross média est de créer des
interactions entre les médias utilisés.
Ainsi on peut qualifier le web-documentaire
de cross-média uniquement lorsque celui-là
connaît une version déclinée à la télévision.
En effet, le web-documentaire n’est pas
intrinsèquement cross-média : il fait appel à
différents médias, mais ceux-ci sont
regroupés en un même support.
Le trans-media Le trans-média consiste, comme le
cross-média, à développer un contenu
narratif sur plusieurs médias. Cependant, le
contenu développé sur chaque média est
différent. Les capacités d’interaction et les
spécificités de chaque média sont en effet
prises en compte, ce qui n’est pas le cas du
cross-média.
Ainsi le même contenu n’est pas décliné sur
chaque média, chaque média présentant le
même sujet mais d’une façon qui lui est
propre. L’utilisateur a alors la possibilité
d’entrer dans le sujet par différentes
« portes », c’est-à-dire par différents médias
portant le sujet.
À grande échelle le trans-média peut
correspondre à un jeu à taille humaine où les
événements du jeu arrivent au spectateur via
son mobile Internet ou la radio (comme nous
l’avons expliqué avec les ARG).
À l’échelle du web-documentaire il s’agit
d’utiliser les différents médias qui le
composent en fonction de l’intérêt que revêt
chaque média : le témoignage d’un individu
se transmet avec une plus grande réalité via
le son ou la vidéo que via le texte, le portrait
via la photographie ect..
A savoir, la société de téléphonie Orange a
lancé un laboratoire du trans-média. Il est
explorable à l’adresse :
http://www.transmedialab.org .
Le rich-mediaEnfin, le rich-média désigne un format
numérique composé d’animations utilisant du
son, de la vidéo ou encore des photographies
basés sur la technologie Flash avec la
particularité de proposer des interactions
avec l’internaute. Le rich média est beaucoup
utilisé dans la publicité car il permet de
proposer sur Internet des publicités très
dynamiques à l’internaute. Le rich-média a
cette particularité qui fait aussi la force du
web-documentaire : l’interaction avec
l’internaute.
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Les deux terminologies sont utilisées mais la plus fréquente est « web-
documentaire ».
Il est possible d’utiliser les deux termes, mais le terme web-documentaire semble plus
approprié, c’est pourquoi nous l’utiliserons.
Les différences entre le web-documentaire et le web-reportage sont celles existant déjà
entre le documentaire et le reportage.
Le documentaire relève du champ artistique et cinématographique alors que le reportage
relève quant à lui du champ journalistique.
Ainsi le documentaire se distingue du reportage par l’angle utilisé d’une part, le point de
vue présenté et la pérennité.
L’angle utilisé n’est pas le même : dans le documentaire l'auteur ramène les faits
réels à lui même (« je pars à la rencontre d’ouvriers de la mine ») alors que pour le
reportage c’est l’inverse (« les ouvriers vont à la mine »), la réalité présentée est ramenée
au spectateur. Le point de vue est en ce sens plus affirmé dans un documentaire que
dans un reportage.
Un même sujet n’est donc pas traité de la même façon dans un documentaire et dans un
reportage. Dans ce dernier est présenté un fonctionnement et ses conséquences, alors
que dans le documentaire sont présentées les causes de cette situation, les mécanismes
qui amènent cette situation. Les enjeux ne sont donc pas les mêmes.
Le documentaire présente donc un questionnement plus complexe, il porte une
dimension d’analyse.
Aussi, les sujets du documentaire sont des sujets qui s’inscrivent dans le temps,
les documentaires sont voués à durer. Ils témoignent de leur époque : c’est une mise en
perspective.
Ce n’est pas le cas des reportages qui, eux, sont plus dans l’actualité, ils sont liés au
présent. Ils ne sont pas conçus pour durer, ils sont dans l’instant.
Ainsi la notion de temps est aussi très importante pour différencier ces deux genres.
Cependant, il n’y a aucune hiérarchie entre ces deux genres, le documentaire n’est
en aucun cas d’une meilleure qualité que le reportage. Il existe de mauvais documentaires
et de bons reportages, et vice versa.
Parle-t-on de web-documentaire ou de web-reportage ?
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Depuis l’apparition des premiers véritables web-documentaires en 2007 (qui
n’étaient pas de simples diaporamas accompagné d’une bande son), on observe une nette
progression du genre.
En effet, si comme nous l’avons annoncé plus haut le genre ne sera pas arrêté tant
qu’internet continuera d’évoluer, le web-documentaire a malgré tout significativement
grandi.
Guillaume Blanchot12, décrit bien cette évolution en parlant des projets en demande de
subventions «On ne reçoit plus comme au début des web-docu conçus comme des
compléments, un peu comme des bonus de DVD».
Désormais loin de la présentation de clichés photographiques sur fond de musique
d’ambiance montée sur PowerPoint, le web-documentaire est un genre évolutif à part.En
témoigne Alexandre Brachet, de l’agence de création de web-documentaires Upian, qui
reconnaît aussi cette évolution dans ses propres productions : «En 2002, avec “La Cité des
mortes”, on essayait d'utiliser les contenus différents, vidéos, photos, cartographie. Puis
dans “Thanatorama”, on a vraiment introduit l'interactivité, puisque l'internaute en est le
héros… mort ! Enfin, avec “Gaza/Sderot”, on a intégré graphisme et technologies à
l'histoire, puisqu'il s'agissait de décrire les vies parallèles dans ces deux villes, avec par
exemple une frontière entre deux écrans sur le site».
Le genre web-documentaire est donc un genre expérimental qui se cherche
continuellement une place à la croisée des médias.
Le web-documentaire est donc en constante évolution ?
12 Guillaume Blanchot est Directeur des nouveaux médias du Centre National du Cinéma et de l’image
animée (CNC)
Capture d’écran de la page d'accueil du web-
documentaire «Thanatorama», «une aventure
dont vous êtes le héros mort» précise le site
avant de commencer le récit.
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Quels sujets pour le web-documentaire ?
Les sujets traités par les web-
documentaires sont très variés. Mais on peut
leur reconnaître un dénominateur commun :
les sujets abordés sont audacieux.
On pourrait supposer, au regard de la
charge de travail que demande la réalisation
d’un web-documentaire, que les sujets
abordés seraient légers et divertissants. Bien
au contraire, il s’agit dans tous les web-
documentaires rencontrés de sujets lourds et
complexes. Comme si le web-documentaire
venait répondre aux sujets les plus délicats à
traiter.
La prison, la mort et les grands conflits
politiques actuels sont les trois thèmes
dominants les web-documentaires français,
dont la réalisation est la plus aboutie et
surtout les plus vus.
Avec « Le corps incarcéré », « Prison
Valley », « Thanatorama », « La Cité des
Mortes » ou encore, « Gaza/Sderot » et
Havana/Miami » , le web-documentaire se
présente comme une nouvelle forme de
réponse aux thèmes les plus dérangeants de
notre société actuelle.
Quels sont les risques dans cette nouvelle façon de traiter un sujet ?
Les risques que présente ce nouveau
traitement concernent principalement la
navigation à laquelle l’internaute n’est pas
habitué. Si celle ci est trop complexe le risque
est de « perdre » l’internaute qui, lassé de
chercher comment se déplacer, quittera le
web-documentaire.
Mais ce n’est pas tout, ce traitement
innovant peut aussi « tuer « le sujet si la forme
prend l’ascendant sur le fond. En effet la
forme très interactive peut « polluer » le récit,
le destructurer. Ainsi le contenu, qui est la
substance même du web-documentaire et sa
raison d’être, doit rester maître sur le
contenant, comme dans tout autre projet,
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Sur Internet, l’information est souvent brute, les billets d’actualité ressemblent
énormément à la dépêche AFP et ne sont pas très différents entre les différents journaux
en ligne.
On appelle cela du « flash journalism » : les articles sont courts sans réelle profondeur et
rarement accompagnés d’illustrations multimédias. Pourtant le web-documentaire
pourrait être un réel apport de profondeur en élargissant le traitement de l’actualité au
multimédia.
Mais le web-documentaire coûte cher, c’est un format lourd à mettre en place
(professionnels, matériel, temps de réalisation, investigations..) et il est souvent réservé
aux sujets magazines. Pourtant on peut imaginer que certaines formes de web-
documentaires « allégés » s’adaptent à l’actualité chaude et soient réalisés en un temps
beaucoup plus court. Il s’agirait de
d iaporamas sonores avec une
interactivité un peu plus légère.
Lemonde.fr a par exemple couvert le
sommet de Copenhague en direct sur
son site Internet via le multimédia. Ce
procédé est du « live journalism » qui
vient de la radio et de la télévision. Il
consiste à faire vivre en direct un
événement au public (procès, émission
de télévision, débat politique, match
sportif).
Ainsi la forme du web-documentaire, bien qu’elle soit plus contraignante qu’un
article « classique », semble adaptée aux « news » dans le sens où elle est un véritable
apport de profondeur dans le traitement du sujet. La forme du web-documentaire doit
cependant être un peu allégée pour permettre de raccourcir le délai de création et
permettre aux internautes d’y accéder le plus tôt possible. Il reste aux journalistes à
maîtriser ce nouvel outil et d’en faire un atout, ce qui permettrait aux journaux en ligne
de faire une véritable différence avec les éditions papier.
Le web-documentaire est-il adapté au traitement de sujets d’actualités dits « chauds » ?
Vers une industrialisation du processus de création ?
Selon la rédactrice de la chaîne
France24.com Karine Broyer : «Le but est
d'industrialiser le processus». La chaîne
d’informations internationales France 24
réfléchit en effet à une organisation
spécifique de son équipe web pour
réaliser des web-documentaires en 24 ou
48 heures sur des sujets d’actualité
chaude.
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Quelle est l’audience des web-documentaires ?
L’audience des web-documentaires est, tout comme l’outil en lui-même, encore floue.
En effet, si l’on connaît le nombre de visites uniques et le temps moyen de visite de certains
web-documentaires, on ne sait pas vraiment qui « accroche » à ce nouveau format.
D’une façon générale, il semble que les jeunes générations, habituées à chercher
l’information sur le médium Internet, sont demandeuses de nouveaux formats et de nouvelles
approches de l’information. Le boom des blogs et des réseaux sociaux en témoigne, le « do it
myself » est devenu une banalité, les jeunes générations connaissent le processus de
publication d’une information, aussi futile soit elle, sur Internet.
Elles ont en effet vu naître les nouveaux médias numériques et ont bouleversé les usages des
médias.
La presse traditionnelle n’est plus le seul médium des nouvelles générations qui choisissent
ce qu’elles regardent et veulent participer.
Le web-documentaire semble en ce sens un nouvel outil pour la « digital native generation ».
A cela il faut ajouter les internautes dans leur globalité (la France comptait en 2007 plus
de 30 millions d’internautes) : selon Médiamétrie ce sont 5, 9 millions de français qui
regardent une vidéo par jour. «Voyage au bout du
Charbon» a ainsi reçu la visite de 70 000 internautes,
mais ce chiffre est a prendre avec précaution car ce
web-documentaire a bénéficié d’une large publicité
sur Internet. Il n’est donc pas représentatif de
l’ensemble des web-documentaires qui forment un
ensemble hétérogène.
Affiche du web-documentaire «Voyage au
bout du Charbon»
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Quelles sont les pratiques de consommation et de fréquentation des web-documentaires ?
On observe de grands changements dans les attitudes de consommation des
internautes. En effet, la consommation de contenus audiovisuels s’est individualisé
avec la généralisation des ordinateurs et des terminaux Internet personnels. Les
internautes ont aussi changé leur temps de consommation, désormais leur attention
est sollicitée de toutes parts :ils sont devenus moins attentifs au contenu multimédia
qu’ils visionnent. À cette baisse de l’attention en ligne il faut ajouter le phénomène de
« multi-tasking » : les internautes font plusieurs choses à la fois, ils ne s’attardent pas
sur un sujet mais en « consomment » plusieurs simultanément. C’est dans ce contexte
délicat que le web-documentaire tente de se faire un public.
Pour ce qui est de la fréquentation des web-documentaires, elle est modérée.
En effet, la fréquentation est moindre que certaines vidéos au contenu beaucoup
moins travaillé qui ont fait le buzz13 sur YouTube (extrait d’émissions de télé réalité
entre autres).
Les chiffres sont rares, on sait que la durée moyenne de visite du web-
documentaire « Gaza/Sderot » est de 6,30 minutes14 en moyenne. Cette durée est
comparable à celle observée à la télévision pour un documentaire. Pour « Voyage au
bout du Charbon », plus de la moitié des internautes l’ayant visionné sont restés plus
de 10 minutes15 ce qui est considérable pour Internet.
13 Le buzz (anglicisme de bourdonnement) est un concept marketing traduisant ce que l'on pourrait
décrire en français comme un écho. Il s’agit d’un engouement soudain des internautes pour une vidéo,
un article, ou un site internet. Celui-ci est repris sur des blogs, des sites spécialisés, des réseaux
sociaux et devient notoire en quelques jours voir parfois quelques heures.
14 Durée avancée par Alexandre Brachet de la société Upian ayant produit ce web-documentaire lors
d’un débat diffusé sur le site de la SCAM, intitulé « Doc on Web ».
15 Durée avancée par Samuel Bollendorff lors d’une interview de Canon SA disponible sur le site owni.fr
AU
DIE
NC
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N P
AG
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2
Quelles compétences sont nécessaires à la réalisation d’un web-documentaire ? Les compétences nécessaires à la
réalisation d’un web-documentaire sont aussi
vastes que le panel d’outils que ce dernier
utilise.
L’écriture du sujet, les recherches sur le sujet,
les photographies, les interviews à réaliser,
les outils interactifs à définir, le paramétrage,
l’intégration, l’exploitation, le design du site
l ’ h é b e r g e a n t , l a m o d é r a t i o n d e s
commenta i res… Tou tes ces t âches
concernent énormément de corps de métiers
différents (que nous verrons plus loin). On
peut cependant déjà citer le journaliste, le
photographe, le technicien du son, et le web
designer.
Les compétences requises sont très
nombreuses et transforment les réalisateurs
de web-documentaires en de véritables
hommes-orchestres.
Mais, si les compétences techniques
que demande un tel format sont complexes, il
n’est pas possible de s’improviser expert.
Le web-documentaire est donc très lourd à
mettre en place. C’est un outil qui offre de
nombreux agencements possibles, mais qui
est délicat à organiser, tant les possibilités
sont nombreuses.
Quels changements le web-documentaire amène-t-il dans les conditions de travail ?
Le web-documentaire est très long et très
complexe à réaliser. Il est nouveau et il n’y a
pas de modèle de création défini. Chaque
documentaire disponible aujourd’hui a été
conçu a sa façon.
A cela il faut ajouter le caractère précaire de
la plupart des corps de métiers auquel il fait
appel (journalisme, montage, développement
Internet).
En résulte des mutations importantes dans
les conditions de travail pour les différents
acteurs du web-documentaire : dégradation
du salaire (car bénéfices incertains), réduction
des moyens généralement disponibles (car
pas de modèle économique), standards de
qualité ambigus (car pas ou peu d’historique),
délais imprécis, incompréhensions dans la
répartition des tâches et tâches non
maîtrisées attribuées (pluralité d’auteurs sur
un même projet), format « type » inexistant,
flou sur les financements, absence de
générique de fin, préoccupations juridiques
sur les notions d’auteurs et sur les droits.
Mais surtout, comme il n’y a pas « une »
profession spécialisée en web-documentaire,
les auteurs viennent de différents univers
p a r f o i s i n c o m p a t i b l e s . A i n s i l e s
professionnels d’Internet sont habitués aux
cadences des projets de communication (car
le modèle économique impose une grande
réactivité). Alors que les professionnels issus
du l’univers de l’audiovisuel sont eux habitués
à rythmer leurs projets par des commissions
d’écriture puis par des commissions du CNC,
du SCAM, des régions… Au final, les deux
univers ne vont pas à la même vitesse et
lorsqu’il s’agit de créer un web-documentaire
l’enjeu est de trouver un rythme et des
méthodes de création communes.
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Quelles sont les contraintes techniques rencontrées lors de la réalisation d’un web-documentaire ? Les contraintes techniques sont nombreuses : organisation du travail entre les
différents acteurs (photographes, auteurs, développeurs web, web designers) d’une part,
mais plus concrètement ce sont les questions matérielles qui semblent poser les plus
grands problèmes.
En effet le web-documentaire est une œuvre complexe qui implique une très bonne
organisation de la matière collectée sur le terrain. De plus, il est nécessaire d’anticiper la
forme qu’aura le web-documentaire et de réaliser un très bon travail préparatoire en
amont. Les réalisateurs de « Brèves de Trottoirs » expliquent que pour leurs premiers
portraits, la matière rapportée des rencontres s’est révélée insuffisante une fois le
montage lancé. Ils ont dû retourner plusieurs fois sur le terrain pour reprendre des
photographies et des voix.
La forme du web-documentaire ne peut pas être improvisée.
Ensuite, il faut ajouter les contraintes purement matérielles engendrée par
l’absence de modèle économique. Car, si les financements se font rares, et les bénéfices
engendrés par le web-documentaire encore plus, une des conséquences est la limite
matérielle à laquelle doivent se confronter les auteurs.
Il n’est pas toujours possible d’acheter tout le matériel nécessaire au web-
documentaire : une caméra professionnelle, une perche pour prendre le son, un appareil
photo reflex, un numérique haute qualité, des logiciels de montage et de développement
web, un ordinateur et une connexion Internet puissante ect..
Bien souvent, les auteurs disposent de leur matériel personnel (les photographes
par exemple) mais ce n’est pas toujours le cas et c’est une solution partielle.
Bien heureusement, il est possible de réaliser des web-documentaires avec du matériel
amateur ou semi professionnel (comme en témoigne toutes les nouvelles gammes de
caméras digitales et de reflex numériques) et on trouve d’ailleurs de très belles
réalisations.
On pourra de nouveau citer le très abouti « Brèves de Trottoirs », réalisé avec un
enregistreur numérique et un appareil photo réflex numérique (ses auteurs évaluent ce
matériel à 5000 euros environ).
Mais à long terme, dans une optique de professionnalisation de la discipline du web-
documentaire, ces questions techniques deviendront inévitables. Pour le moment ces
oeuvres ne « rapportent pas », on ne leur demande donc pas une propreté irréprochable,
mais si cela devenait le cas, alors il deviendrait nécessaire d’investir dans le matériel.
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16 Flash est un logiciel conçu par Macromedia. Il permet de créer des animations graphiques et technologiques
interactives pour Internet. Il offre une meilleure perspective que le code HTML.
17 Actionscript est le langage de programmation utilisé par Macromédia Flash pour créer des applications
avancées. Il permet de développer une animation flash et de rendre les animations flash plus interactives.
18 JavaScript est un langage de programmation de scripts principalement utilisé pour les pages web
interactives. C'est une extension du langage HTML. Ce langage de programmation permet d'apporter des
améliorations au langage HTML en permettant d'exécuter des commandes.
19 Un smartphone est un téléphone mobile et un assistant numérique personnel. Il fournit entre autres les
fonctionnalités d'agenda, de calendrier, de navigation Internet, de courrier électronique, de messagerie
instantanée, de GPS.
Quels logiciels sont utilisés au développement d’un web-documentaire ?
Les logiciels utilisés dans le développement de web-documentaires sont variés. Là encore il
n’y a pas de modèle de création défini. Il faut énormément de temps pour développer une
nouvelle forme d’écriture audiovisuelle, surtout quand les outils de création spécifiques
(logiciels) n’existent pas.
Tous les web-documentaires n’ont pas les mêmes interfaces et chaque web-documentaire ne
faisant pas appel aux mêmes médias n’a pas les mêmes « besoins numériques ».
Mais généralement, on observe que le logiciel Flash16 est utilisé (en particulier le
format .swf). En effet, l’assemblage de médias hétérogènes (que nous venons de
décrire) au sein d’un même objet multimédia peuvent s’intégrer et s’organiser via
Flash. Bien que ce logiciel pose un problème de référencement, c’est le plus utilisé dans le
monde de la création web-documentaire. Flash nécessite cependant un apprentissage très
poussé, et la maîtrise de la programmation « actionscript17 ».
Certains réalisateurs parlent aussi de possibilités futures d’utiliser le javascript18 et le HTML5,
mais les terminaux des internautes (smartphones19 et ordinateurs) n’y sont pas
encore préparés.
Logo Flash
Smartphones les plus répandus sur le marché français
(dans l’ordre de présentation) : Iphone d’Apple, HTC,
Blackberry, Nokia.
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20 Prezi est une alternative à PowerPoint. C’est une application de présentation assistée par ordinateur.
21 Netvibes est un portail Internet français personnalisable. Il permet de créer des pages d'accueil
personnalisables comme iGoogle. C’est un portail individuel qui donne accès à une multitude de
contenus en provenance d'autres sites.
22 Ijba : Institut de Journalisme Bordeaux Aquitaine, un des 12 établissements français reconnus par la
profession.
23 Le Html (Hyper Text Markup Language) est aussi appelé langage hypertexte. C’est le langage dans
lequel sont écrites les pages Internet.
D’autres formats ont cependant pu être rencontrés : Prezi20, alternative
à la classique présentation Power Point, mais, plus surprenant,
Netvibes21 est utilisé comme plateforme centralisant tous les médias
utilisés dans un web-documentaire sur Berlin réalisé par des étudiants
l’Ijba22.
A noter, lorsque le web-documentaire utilise Flash, c’est en général en
combinaison avec le Html23. Le web-documentaire est alors intégré à
une page Internet indépendante, où certains chapitres du récit
renvoient vers des pages Internet de son site propre.
Enfin, la société de production audiovisuelle française Honkytonk développe depuis
deux ans le logiciel Klynt. Ce logiciel d’aide au montage est spécialement dédié au
format du web-documentaire. Ce logiciel sert en interne à la société Honkytonk pour
le montage de tous ses web-documentaires. Actuellement, c’est le seul logiciel
spécifiquement dédié au web-documentaire. Des ateliers sont également proposés
par la société Honkytonk pour accompagner les journalistes et créateurs de contenu
multimédia.
Logo Netvibes
Logo Prezi
Capture d’écran de la page d'accueil du web-documentaire «Berlin Kultur Lab», le seul web-
documentaire réalisé grâce à la plateforme de centralisation de contenus Netvibes.
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Quelles formes de web-documentaire observe t-on ?
Comme nous l’avons maintes fois expliqué, la forme du web-documentaire n'est pas
encore totalement élaborée et elle continuera de muter.
Mais la façon dont elle traite les sujets lui est bien particulière et on peut déjà donner
quelques « critères phares » du web-documentaire.
La forme du web-documentaire est une forme libre
O n p a r l e d e f o r m e l i b r e c a r
contrairement aux documentaires diffusés sur
les chaînes de télévision,le web-documentaire
ne connaît pas de « formatage ».
Tout d’abord en ce qui concerne la
durée, il est possible de rencontrer des web-
documentaires allant de 3 minutes à 2 heures.
Et ils ont tous leur place sur Internet, ce qui
ne serait pas le cas, sous cette forme précise,
à la télévision car ils n’entreraient pas dans
les grilles de programmation standardisées.
La forme vient du sujet et des médias qui composent le web-documentaire
Pour être réussi, le web-documentaire
doit s’adapter à son sujet. Et c’est un critère
très délicat à satisfaire. En effet dans nombre
de web-documentaires observés, à force de
vouloir donner une vision globale du sujet à
l’aide de nombreux gadgets et renvois vers
d’autres médias, on perd le fil du récit et on
ne sait plus s’il faut donner la priorité aux
voix, aux vidéos, ou encore aux coupures de
presse intégrées au web-documentaire.
E n r è g l e g é n é r a l e , l e s w e b -
documentaires les plus pertinents sont quand
même ceux où le sujet est traité en
profondeur et où cette profondeur est portée
par l’usage de plusieurs médias.
On ne peut pas tout filmer, et certains
éléments sont beaucoup plus parlant
lorsqu’ils sont présentés en image fixe
(photographie) plutôt que mobile (vidéo). Et
vice et versa.
Par exemple dans « Thanatorama »,
dans les photographies de cadavres, la mort
est plus lisible, plus présente, alors que si ces
corps avaient été filmés il y aurait eu le risque
d’une confusion d’une part (« Est-il vraiment
mort ? », « Est- il déjà mort ? »), et d’autre
part un problème d’éthique (« Est-il moral de
filmer ce corps ainsi à la morgue ? » ).
La photographie instaure une distance
nécessaire à la scène, et lui donne, dans le
même temps, toute sa dimension réelle. Ainsi,
l’effet produit sur le spectateur n’est pas
aussi percutant selon le média utilisé.
Plus concrètement, le défi du web-
documentaire est de faire en sorte que
chaque élément du récit soit présenté sous le
média qui lui correspond le mieux. Et on
observe généralement que chaque média
utilisé prend son sens parce qu’il est (...)
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( . . . ) in tégré au tout qu’est le web-
documentaire. Pris indépendamment, il y a
une perte de sens.
La question du sujet dans la mise en
forme et du choix des médias entrecroisés
est donc cruciale. Et c’est en ce sens que le
web-documentaire trouve un équilibre et
présente une réponse juste et cohérente à un
sujet.
Pour illustrer ces propos, prenons le
web-documentaire « Les Bras de la France ».
On y voit des immigrés maliens travaillant
dans un des plus grands abattoirs européens
en Bretagne. On découvre le village et ces
familles et finalement, après cette promenade
en étoile autour des abattoirs, on se rend
compte qu’on ne sait pas grand chose de leur
mode de travail au sein des abattoirs, (que
l’on suppose à la chaîne).
Parti pris des auteurs, ou faille venant du
format multimédia ?
Encore une fois, réussir à bien traiter un sujet
avec le web-documentaire est un pari risqué.
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Capture d’écran du menu du
web-documentaire
»Les Bras de la France»
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Y a-t-il malgré cette liberté de forme différents types de web-documentaires identifiables ? Quels sont-ils ?
Certains formats, ou combinaison des éléments médias qui le composent, sont
cependant récurrents dans l’univers du web-documentaire. Bien que l’historique soit
récent on peut les regrouper en catégories qui sont indicatives et non exhaustives, car
certains web-documentaires peuvent trouver leur place dans plusieurs d’entre elles.
Les « recyclés » Ce sont des réutilisations de
séries de photos vendues
dans le passé à la presse
écrite ou de témoignages
vidéos inexploités. Ils sont
alors remis en forme autour
d’éléments multimédias qui
leur donnent une nouvelle
lecture et une nouvel le
dynamique, un nouveau
public.
C’est par exemple le cas du
web-documentaire « Voyage
au bout du Charbon » dont
les photos proviennent d’une
a n c i e n n e s é r i e d u
p h o t o g r a p h e S a m u e l
Bollendorff.
Les évolutifs C e s o n t l e s w e b -
documentaires qui ne sont
pas des produits figés une
fois diffusés sur Internet. Au
contraire, dans ces web-
documentaires, des mises à
jour sont e ffectuées e t
permettent une actualité
quotidienne autour du sujet.
On observe alors l’intégration
d’images, de textes, de
vidéos ou encore de sons.
Les collectifs Ces web-documentaires sont
ceux dont les auteurs veulent
j o u e r l a c a r t e d e l a
participation des internautes.
I ls sont par t ic ipat i fs et
exploitent au mieux les
réseaux soc iaux e t l es
c o m m e n t a i r e s . L a
participation dans ces web-
documentaires est mise en
avant et rythme le récit, elle
fait partie intégrante de
l’histoire telle quelle est
racontée. Elle prend part à la
narration. Elle peut prendre la
forme de commentaires, de
liens « relais » ajoutés sur les
réseaux sociaux, mais aussi
de contenus intégrés au web-
d o c u m e n t a i r e p a r l e s
internautes (vidéos, photos,
témoignages).
L’intérêt d’ouvrir le web-
d o c u m e n t a i r e à l a
participation extérieure est
réel : qu’il n’y ait que 100 ou
4000 visites, il y aura un
r e t o u r p a r v o i e s d e
commentaires ou sur les
r é s e a u x s o c i a u x . À l a
télévision, un documentaire
de 3 millions de spectateurs
n’offre pas ce retour. Depuis
peu, il est possible de donner
son avis sur un documentaire
télévisuel, mais cet avis ne se
partage pas en instantané, il
faut que le téléspectateur se
rende sur les sites Internet
des chaînes de télévision
pour le faire.
Attention à ne pas confondre
le commentaire simple, qui
e s t l a p o s s i b i l i t é d e
commenter en marge le
traitement du sujet, avec les
commentaires intégrés, qui
eux interviennent dans le
r é c i t . L e d e g r é d e
participation n’est pas le
même partout. Une fois
encore, tout dépend de la
volonté des auteurs et du
sujet.
On peu t i l l u s t re r ce t t e
catégor ie avec le web-
documentaire américain « The
New Hard Times », réalisé par
le quotidien The New York
Times, qui présente une série
d ’ e n t r e t i e n s a v e c d e s
individus ayant vécu la crise
de 1929. On constate qu’il y a
plus de sujets envoyés par les
internautes que par les
journalistes de la rédaction.
Et ces sujets sont d’une
bonne qualité.
Les immersifs C e s o n t l e s w e b -
documenta i res qui sont
g é n é r a l e m e n t l e s p l u s
bouleversants, au-delà du
c h o i x d u s u j e t . G r â c e
notamment à la technologie
3 6 0 ° ( e x p l i q u é e
précédemment), le lecteur est
plongé dans l’univers auquel
appartient le sujet du web-
documentaire. Son regard et
celui de la caméra ne sont
qu’un, il peut tourner sur lui-
même, avancer, chercher une
issue (qu’ i l ne t rouvera
g é n é r a l e m e n t p a s ) .
L’expérience est très réaliste
et bien souvent troublante.
Certains web-documentaires
s o n t q u a l i f i a b l e s
d’ « immersifs » sans pour
autant avoir recours à la
technologie du 360°. Dans le
web-documentaire immersif,
tous les éléments contribuent
à renforcer le caractère
« total » de l’expérience : le
design, l ’ interface et la
navigation. En effet dans
« V o y a g e a u b o u t d u
Charbon », le lecteur est
l ’enquêteur. C’est-à-dire
vous. Vous menez l’enquête.
Du moins le récit est rythmé
de telle façon que vous avez
le sentiment de découvrir le
sujet à votre rythme et selon
vos désirs. Le reportage
s'ouvre avec cette phrase :
« Vous êtes journa l is te
indépendant. Vous avez
décidé de mener une grande
enquête sur les conditions de
t ravai l des ouvr iers qui
chaque jour recommencent le
"mi rac le ch ino is" . Vous
commencez votre enquête
par les mines de charbon
r é p u t é e s l e s p l u s
dangereuses... Votre voyage
au bout du charbon est basé
sur des faits réels, seuls les
noms ont été changés. »
Nous pouvons également
citer le web-documentaire
Obésité qui en est un autre
bon exemple. En effet dans
ce dernier, l’approche qui est
faite du sujet peut rendre
l’internaute assez mal à l’aise
tant l’interface rend les faits
présentés proches, rendant
difficile une mise à distance.
Les portfoliosBien que la photographie soit
présente dans la grande
m a j o r i t é d e s w e b -
documentaires, certains ont
u n e f o r t e d o m i n a n t e
photographique. A renfort de
galeries d’images ou par
l’absence de vidéos, les web-
d o c u m e n t a i r e s s t y l e
« portfolio » mettent en avant
un véritable travail visuel
autour du sujet.
On peut citer dans cette
catégorie : « Voyage au bout
d u C h a r b o n » e t
« Thanatorama ».
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A savoir, en anglais ces web-documentaires sont qualifiés de « UGC » : « user generated content », que l’on peut traduire par « contenu généré par les usagers ».
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1 Les portraits croisésCette dernière catégorie est
celle qui semble la mieux
nourrie par le pluri média.
En effet, il s’agit de montrer
deux (ou plusieurs) réalités
vécues d’une même situation.
Le web-documentaire connaît
alors plusieurs constructions
possibles : l’écran verra défiler
plusieurs témoignages, ou plus
flagrant, le découpage de
l ’ é c r a n e n d e u x p a r t i e s
distinctes relatant chacune une
réalité. Dans ce type de web-
documentaire, les points de vue
s’opposent donc. Ils répondent
bien souvent à des sujets
d ’ a c t u a l i t é p o l i t i q u e o u
économique.
Pour illustrer notre propos nous
pouvons citer «PIB : l’indice
humain de la crise économique
canadienne», ou sur le modèle
d u p a r t a g e d ’ é c r a n
«Gaza/Sderot». Le web-
documentaire « PIB »
est, par la présentation
d e t r o p n o m b r e u x
personnages, foisonnant
à l’excès. C’est le risque
de ce type de web-
documentaire.
Captures d’écran du web-documentaire «Gaza/Sderot», organisé en portraits
croisés via le partage d’écran.
Les séries de web-documentaires : des traitements multiples pour une même réalité Lorsque le traitement d’un sujet en « portraits croisés » ne suffit plus, une autre
forme existe : les séries. Cette alternative est encore peu exploitée.
Ces web-documentaires sont diffusés au fur et à mesure comme une série télévisée à la
différence qu’ils peuvent être remontés, modifiés ou augmentés.
Car n’oublions pas que le web-documentaire est un produit vivant en évolution constante.
Dans les séries, l’attention des auteurs est portée sur l’intérêt des internautes suscité
par la diffusion des premiers épisodes. Cela leur permet d’affiner la structure narrative et
interactive tout comme la qualité des épisodes suivants. Nous pouvons souligner une fois
de plus que le « à la demande » est une caractéristique vraiment déterminante dans le
genre web-documentaire.
France 5 a, par exemple, lancé « Portraits d’un
Nouveau monde ». Cette série de web-documentaires a
l’ambition de présenter le monde actuel en plusieurs
visages. Les web-documentaires sont classés par
thématiques sur la plateforme : la Chine, Emigration,
Urbanisation, Economie Ecologie, Vivre ensemble. La
qualité des web-documentaires présentés n’est pas
homogène. Peut-être parce que les auteurs sont différents
et la pertinence des sujets variable.
A savoir, les web-documentaires en épisodes sont parfois
qualifiés de « webisodes ». On peut voir en cette forme un
traitement à privilégier pour des expériences de longue haleine.
A savoir, les web-documentaires en épisodes sont parfois qualifiés de « webisodes ».
Capture d’écran du site de la série «Portraits d’un nouveau monde» de France 5
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L’ écriture du web-documentaire Héritée du croisement de différents médias et de l’interactivité, l’écriture dans
le web-documentaire est spécifique. En effet, elle ressemble peu à celle d’un
documentaire télévisuel classique.
Plus proche, plus émotive, l’écriture du web-documentaire intègre la possible
entrée du lecteur à différents stades du récit et sa possible sortie. Ces allers-retours
sont une contrainte majeure dans l’écriture d’un récit. La cohérence du récit est mise
en danger par ces multiples portes d’entrées.
Comment ne pas se répéter, pour éviter des redondances qui feront abandonner le
lecteur ? Comment se répéter pour donner un point d’appui à tout lecteur entrant à un
moment quelconque de l’histoire ?
Lors de l’écriture du sujet, l’auteur doit organiser sa réflexion de façon à satisfaire
l’expérience de l’internaute au sein de son web-documentaire. Et tous les internautes
auront leur propre expérience, leur propre lecture du web-documentaire. Chaque
visite est individuelle car chaque visiteur ne consulte pas les mêmes contenus. C’est
en ce sens que l’écriture du web-documentaire est complexe. L’écriture implique la
considération de tous les éléments multimédias qui composent le web-documentaire
mais aussi toutes les différentes lectures potentielles.
C’est pourquoi, le web-documentaire nécessite de réelles compétences en montage.
Car l’écriture du web-documentaire peut se montrer moins complexe si l’auteur
maîtrise l’interface de son web-documentaire.
En effet, une interface claire et lisible ne peut qu’aider au respect et à la cohérence de
la trame du récit. Notamment pour l’accueil de l’internaute : ce dernier doit
comprendre rapidement comment fonctionne le web-documentaire. S’il ne voit pas
quel est le mode de circulation dans le document, alors la lecture du récit sera
délicate, et la compréhension du sujet encore plus laborieuse.
Mais comme il n’y a pas un seul type de web-documentaire, il n’y a pas une
seule écriture. La narration dépend donc de la navigation (qui peut être
chronologique, en étoile, ou encore chorale) au sein du web-documentaire.
L’auteur doit dans tous les cas avoir en mémoire tous les éléments qu’il veut
placer dans son web-documentaire. Car l’écriture du récit doit préparer le lecteur à
ces possibilités de s’éloigner un temps de la colonne vertébrale du récit. Ainsi, ce que
dit l'image, les personnages déjà présentés, le volume sonore, rien ne doit être laissé
au hasard. Tout, depuis les éléments composant le web-documentaire à l’agencement
de ces derniers, contribue à sa crédibilité.
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L’usage de l’écrit
L’utilisation de l’écrit dans le web-documentaire a plusieurs usages. Il sert à raconter l’histoire en s’affichant simplement à l’écran, par exemple il peut servir à donner des information sur les lieux où se déroulent les faits présentés dans le web-documentaire (exemple «Région du Sichuan »).Mais l’écrit peut aussi apparaître sous forme de textes en documents « supplémentaires ».De plus, l’écrit peut permettre au lecteur d’agir dans le récit (participation aux forums, commentaires).Enfin, les hyperliens présentent également de l’écrit sur lequel l’internaute peut cliquer pour poursuivre son cheminement, par exemple « rencontrer un spécialiste de l’obésité », « entrer dans la maison de droite ». L’écrit est un véritable outil au service de l’interactivité.
Capture d’écran de la chambre de motel de «Prison Valley» où sont
proposés à l’internaute, via différents objets de la chambre, différentes
actions. Ces objets sont signalés par du texte écrit.
Capture d’écran du texte d'accueil de «Voyage au bout du Charbon»,
le contexte est présenté à l’internaute via ce court texte introductif.
Captures d’écran de «L’obésité est-elle une fatalité?». Ici le texte permet
de présenter les personnages et de faire choisir à l’internaute les
questions qu’il souhaite poser.
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De nouveaux usages multimédiasSi Internet permet à n’importe
q u e l i n t e r n a u t e d e
s’ improviser journal is te,
l’écriture journalistique elle,
ne s’improvise pas. Ainsi, si
l’usage des médias a bien
changé avec la révolution
Internet, les formes des
productions elles aussi ont
évolué.
Ces nouveaux usages et
mode de « consommation »
de l’information ont donc
influencé la forme des récits.
Les internautes sont en effet
constamment plongés dans
un flux informationnel continu
(smartphones, PDA, tablettes,
ordinateurs portables…) dans
lequel ils doivent se repérer.
Les formats ont donc changé
et les narrations revues, pour
s’adapter au lectorat d’une
part mais aussi pour attirer
une audience d’autre part.
C’est dans cette voie qu’est
né le web-documentaire.
Une structure particulière Si le web-documentaire s’est
engagé dans cette tendance
de réécriture des standards
narratifs, c’est parce que son
format le permettait.
En effet, la structure du web-
documentaire est unique. La
l i n é a r i t é n ’ e s t p a s
systématique et les contenus,
de tout types, invitent l’auteur
à sortir des traditionnels
m o d e s d ’ é c r i t u r e
documentaires.
L e w e b - d o c u m e n t a i r e
apporte la technique même
nécessaire au changement
d’écriture : interactions entre
médias qui le composent,
interactions avec l’internaute,
é la rg issement poss ib le ,
pa r t i c ipa t ion p roposée ,
intégration au sein de séries
o u d e p l a t e f o r m e s
spécial isées… Tous ces
agrégats permettent ce grand
virage dans la narration : la
l i n é a r i t é n ’ e s t p l u s l a
référence.
P r é c é d e m m e n t , l e s
d o c u m e n t a i r e s n e
présentaient pas une telle
ouverture dans la narration.
Le reportage audiovisuel était
tout d’abord très encadré en
terme de durée et de format
par la chaîne sur laquelle il
était diffusés. Ensuite les
images étaient imposées, tout
c o m m e l e u r d u r é e d e
passage à l’écran. Le seul
con t rô l e poss ib l e é t a i t
binaire : marche ou arrêt. Le
web-documentaire dépasse
e n t o u t p o i n t s e s
prédécesseurs.
La temporalité dans le web-documentaire
L'élément central de
cette nouvelle narration est
une nouvelle temporalité.
On observe que de
n o m b r e u x w e b -
documentaires n’ont parfois
pas de fin véritablement
marquée ni même de début.
S’y ajoute le caractère évolutif
du web-documentaire : mises
à j o u r p o n c t u e l l e s o u
régulières, agrégations de
contenus, changements dans
les débats, apparition de
nouveaux témoignages…
Ainsi, il n’est pas garanti
qu’un web-documentaire
consulté au jour 1 sera
toujours le même au jour 3.
Tous ces éléments
considérés amènent une
t e m p o r a l i t é j u s q u e - l à
inconnue au documentaire.
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45 La structure narrative du web-
documentaire : naissance d’une nouvelle écriture audiovisuelle
COMPARAISON SCHÉMATIQUE DES NARRATIONS DU FILM, DU CD-ROM
ET DU WEB-DOCUMENTAIRE.
On observe que le web-documentaire présente des possibilités de
déplacement beaucoup plus nombreuses (notamment des retours en
arrières ) que le film, tout linéaire, et le CD-Rom ne proposent pas.
Cette représentation est extraite de l’article intitulé «Le web-documentaire» d’Alexandre LÉCHENET et
de Joachim WERNER daté du 12 février 2010. Il est accéssible à l’adresse :
http://www.crossmedias.fr/annee/2010/le-web-documentaire-raconter-la-realite-version-multimedia/
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46
Le cheminement élastiqueLa narration la plus « simple » est la narration
élastique. Elle ressemble à celle d’un
documentaire classique, mais il faut y ajouter
l’interactivité et le caractère pluri média.
Elle permet au lecteur de suivre le récit et
d’avoir parfois l’occasion d’approfondir un
point du récit (rencontre avec quelqu’un, arrêt
sur un lieu ).
On parle d’élasticité car la narration est semi
imposée au lecteur. Celui-ci peut « tendre » le
récit en fonction des contenus additionnels
qu’il souhaite consulter.
La rencontre approfondie (c’est-à-dire le
visionnage d’une vidéo spécifique à une
personne, la lecture d’un texte la concernant)
est optionnelle : il est en effet possible de
cont inuer sans explorer ce contenu
additionnel. Une fois cette rencontre
facultative effectuée, le lecteur revient au récit
et reprend son voyage. Mais il ne revient pas
au menu, ce type de narration est donc
approximativement linéaire. L’histoire est
enrichie, et le caractère interactif renforcé.
Cette forme de navigation est celle, qui,
d’après tous les web-documentaires
observés permet de tenir le lecteur en haleine
et de maintenir la cohérence dans le récit.
De plus, cette forme incite à l’immersion du
spectateur.
C’est le cheminement observé dans le web-
documentaire « Prison Valley » : vous pouvez
continuer a écouter la voix off et découvrir les
prisons du comté ou rencontrer un gardien de
prison.
Le cheminement libre, également désigné « en étoile »
A la narration élastique s’oppose le
cheminement en étoile. Les éléments médias
du web-documentaire sont éparpillés « en
étoile » autour d’un menu. La narration n’est
pas imposée ni continue. Cette navigation
éclatée implique plusieurs passages en un
même « point » du web-documentaire, le
menu. La navigation au sein de ce type de
web-documenta i re s ’apparente à la
navigation au sein d’un site Internet.
L’internaute peut aller où il le veut, et
quasiment quand il le veut. Ce type de
cheminement favorise le visionnage du web-
documentaire par morceaux. C’est le cas du
web-documentaire intitulé « Les Bras de la
France ».
Différentes narrations pour des formes de navigation différenciées
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47
Chaque web-documentaire a sa propre navigation. Cette navigation dépend de la
narration du web-documentaire.
En effet, les propositions de navigation faites au spectateur vont découler de la trame du
récit.
Ces deux types de cheminements, correspondant respectivement à deux types de
narration, illustrent assez bien le caractère adaptatif du web-documentaire. En effet, entre
l’interactivité et le cheminement, les possibilités d’écriture et de conception sont nombreuses.
Ce schéma est extrait de l’article intitulé «Le Storytelling Digital : formes émergentes, nouveaux métiers, business
models» par Nicolas Marronnier daté du 22 avril 2010 et disponible à l’adresse :
http://socialmediaclub.fr/2010/04/le-storytelling-digital-formes-emergentes-nouveaux-metiers-business-models/
EXEMPLE DE CHEMINEMENT NARRATIF À POSSIBILITÉS MULTIPLES :
LA STRUCTURE DE «VOYAGE AU BOUT DU CHARBON»
Ce schéma permet de visualiser la structure que peut avoir le récit dans un web-
documentaire. On y voit les cheminements possibles de l’internaute et les propositions qui
lui sont faites tout au long de son parcours.
Dans ce web-documentaire il y a bien un début et une fin marquée. Il s’agit du cheminement
élastique : un internaute peut visualiser le web-documentaire sans accéder à tout le contenu
si, dans le cas de ce web-documentaire, il a par exemple révélé sa qualité (fictive) de
journaliste.
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24 Les « Alternate Reality Game » sont définis par Marie Lechner de Libération par : « Fictions immersives qui
brouillent les frontières entre le monde réel et imaginaire, se déploient à la fois en ligne et dans la vraie vie, se
propagent par tous les canaux : coups de fils anonymes, chasses aux trésors dans la ville, textos, dans les
journaux, pubs télé, affiches, e-mails, sites Internet, etc. »
Quand le réel frôle le jeu
On aurait pu supposer que le web-documentaire concourrait à un meilleur
traitement de faits réels à l’aide des médias qui le composent, de son caractère interactif,
et de sa nouvelle écriture mais ce n’est pas systématiquement le cas. En effet, si
l’approche est plus complexe et peut sembler plus complète, les sujets ne sont pas mieux
compris.
Ainsi, le format du web-documentaire n’est pas un gage de rigueur dans le
traitement d’un sujet, notamment lorsque le web-documentaire est très interactif. Car
comme nous l’avons supposé précédemment, le caractère interactif est aussi un danger
lorsque celui ci fait perdre au web-documentaire son caractère réel. L’immersion poussée
de l’internaute et les nombreux choix de navigation qui lui sont proposés rendent
l’expérience ludique. Et ce n’est pas sans rappeler l’univers de la fiction, voire même,
l’univers du jeu vidéo.
Pourtant, le web-documentaire se veut plus proche de la réalité.
Si certains internautes développeront bien leur propre réflexion sur le sujet suite à la visite
du web-documentaire, on peut craindre que d’autres au contraire, et peut être les plus
jeunes, ne considèrent pas les éléments présentés comme objectifs puisque très ludiques.
La dérive est à craindre, surtout lorsque l’on considère le caractère participatif des web-
documentaires et les sujets traités.
Ludiques et interactifs les web-documentaires remettent ainsi en question la frontière entre
la fiction et la réalité.
On explique ce risque en partie par le format et la conception du web-
documentaire, dont les cheminements et le visuel rappellent le jeu vidéo, mais aussi par
Schéma représentant les composants
du jeu en réalité alternée.
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49
Et plus que les visuels et les cheminements, il y a même des logiques issues de
l’univers du jeu dans les web-documentaires : l’action, le but, les récompenses, la
compétition, le social, le temps et l’espace. Ces logiques sont, à quelques détails près,
celles même du web-documentaire.
Ainsi, on fait également le lien avec les ARG. Cette nouvelle façon de jouer vient
de la tendance générale d’impliquer les auditeurs / spectateurs / internautes dans tous
les médias. Les expériences participatives et les incitations à la contribution sont en
effet devenues fréquentes dans ces univers.
Ce que les web-documentaires ont en commun avec les
jeux en réalité alternée sont les critères mêmes de
l’ARG : le multimédia et le cross-média, la confusion
entre l’expérience dans le jeu et l’expérience hors du
jeu, la nouveauté dans l’écriture du récit, le
divertissement, l’action, et la découverte.
Ces ambiguïtés amènent des questionnements
quant au rapport de l’internaute à la consultation (qui
ressemble plutôt à une consommation) d'informations
sur Internet.
Image d’illustration tirée d’une Interview de Serge Minet, psychothérapeute spécialisé dans les addictions aux
jeux
http://www.erenumerique.fr/jeu_video_les_lois_de_l_addiction_1_re_partie-art-2346-3.html
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Le risque de la délinéarisation
Mais la délinéarisation, si elle permet
l’interactivité, n’est pas sans failles.
En effet, la narration n’est plus totalement
dirigée et le message est déployé par
saccades. En plus du risque de perdre le
spectateur par une délinéarisation trop
poussée (éparpillement des documents
connexes) ou non accompagnée de
l’interface du web-documentaire, il y a le
risque de ne pas comprendre le sujet. On
exige de l’internaute une gymnastique
intellectuelle périlleuse.
Des convictions contradictoires sur la linéarité
Dans la blogosphère25, la linéarité
dans le web-documentaire fait débat.
On observe que les convictions sont fortes et
souvent contradictoires :
Certains estiment qu’il faut délinéariser au
maximum le récit et ainsi offrir un choix très
large dans le parcours de l’internaute au sein
du web-documentaire.
D’autres au contraire affirment qu’il faut
accompagner au plus près l’internaute dans
sa découverte du sujet. Un début et une fin
fixées ou une forme complètement évolutive,
les avis concernant la linéarité divergent sur
tous les points. Entre emmener l’internaute
dans l’intimité d’un sujet où lui offrir une
vision très large quitte à survoler le sujet, il ne
semble pas y avoir de «bonne recette ». Et
cela est bien compréhensible, car chaque
« école de pensée » du web-documentaire
est en cohérence avec le nouvel outil. Le
w e b - d o c u m e n t a i re s ’ a d a p t e à c e s
contradictions sur la linéarité. Toute écriture
es t poss ib le , sans que ce la n ’ô te
l’interactivité ou l’hypermédia au web-
documentaire.
Ainsi, qu’il soit question du « média à
média » ou du « tout à la fois », le web-
documentaire peut exister dans des
conceptions diamétralement opposées.
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25 Le terme blogosphère désigne l'ensemble de tous les blogs, ou l'ensemble de ses rédacteurs. C'est un
sous-ensemble d’Internet.
Le rôle du « lectacteur »
L e t e r m e d e « l e c t a c t e u r 2 6 » ,
contraction des termes « lecteur » et
« acteur », est une expression intéressante
de la double position que prend l’internaute
face au web-documentaire. En effet, chaque
internaute peut agir sur le déroulement du
web-documentaire en fonction de ses envies
et de ses besoins (ce que nous avons
détaillé avec le caractère interactif du web-
documentaire).
Du point de vue du traitement du
sujet, on a en effet montré que cette
interactivité était incontestablement une
nouveauté et une source de dynamiques au
sein du web-documentaire, mais qu’en est-il
du point de vue de l’internaute ?
On parle de double position car
l’internaute est, comme face à tout autre
documentaire, en mode passif, mais alterne
aussi avec un mode actif où il est très
impliqué dans le déroulement du récit et
dans le choix des contenus visionnés.
C’est ce mélange entre une approche
« classique » de documentaire et l’immersion
active de l’internaute qui est tout particulier.
On peut apparenter le rôle du « lectacteur »
à celui d’un cadre structurant : c’est à lui
d’organiser la lecture du reportage. Ses
choix individuels déterminent le rythme du
déroulement du récit et le tempo de la
narration.
Et non seulement il a ce rôle de
sélection de l’information, mais aussi le rôle
de commenter cette information. Il influe
donc sur la présentation du contenu et, si
ses commentaires sont considérés par les
auteurs du web-documentaire, sur la
pertinence de ce contenu.
Aussi, si ces dispositions sont
spécifiques pour l’internaute, il faut y ajouter
sa place physique par rapport au web-
documentaire : généralement l’internaute
visionne le web-documentaire depuis son
ordinateur personnel. Il est donc à une
distance allant d’environ 50 à 80 centimètres
de l’écran. Il peut aussi porter un casque, ce
qui augmente la sensation d’immersion.
L’internaute n’a pas la même attitude face
au web-documentaire que face à sa
télévision. Sur l’ordinateur, l’internaute
consu l te ra rement des documents
audiovisuels de longue durée : au bout
d’une demi-heure, il est lassé. Par contre, on
peut lui présenter des images fixes pendant
plusieurs secondes d’affilée sans que cela le
fasse partir.
De plus, s’il regarde une vidéo sur
Internet, l’internaute aura tendance à se
« promener » sur d’autres site car il éprouve
le besoin de cliquer. Alors qu’à la télévision
si l’internaute regarde un film il ne changera
pas probablement pas de chaîne. Toutes ces
dispositions de l’internaute favorisent son
rôle au sein du web-documentaire.
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26 Notion développée par Jean-Louis Weissberg, Maître de Conférence en Sciences de l’Information et de la
Communication à l’Université Paris 13
Une place pour le réalisateur dans le web-documentaire
Dans certains web-documentaires, il est possible de consulter une interview du
réalisateur. Cette fonction, qui n’est généralement pas présente dans un documentaire
télévisuel, est un atout indéniable, du moins lorsque cette interview ne consiste pas en une
compilation d’éloges sur le web-documentaire.
En effet, l’ajout du point de vue du réalisateur sur sa propre création apporte à
l’internaute des informations inédites aidant à la compréhension du sujet : conditions de
réalisation, réflexions qu’il a initiées, problèmes rencontrés. Le web-documentaire offre une
place privilégiée au réalisateur qui le souhaite. La mise à disposition de l’interview du
réalisateur renforce la proximité entre le lecteur et le sujet.
Capture d’écran de l’interview de Patrick Alleyn, auteur du web-documentaire «Train de la
désertification» de la série «Portraits d’un Nouveau Monde» de France 5.
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Des artisans et leur talent en mal de reconnaissance Le web-documentaire, parce qu’il recoupe différentes fonctionnalités issues
d’Internet, nécessite l’intervention de différents corps de métier dans sa réalisation. Mais la
combinaison de ces compétences au sein d’une même œuvre amène des questions en
terme de répartition du travail comme nous l’avons vu précédemment mais aussi en terme
de reconnaissance. En effet, si l’auteur - réalisateur a une place prépondérante dans le
processus de création puisqu’il mène l’écriture, il ne peut à lui seul réaliser le web-
documentaire dans son intégralité.
Web masters, web designers, graphistes, développeurs, administrateurs,
ergonomes, photographes, architectes réseau, reporters, journalistes, chefs de projets,
responsable communication, producteurs, ingénieurs du son, techniciens de l’image,
monteurs…
Tous contribuent à l’aboutissement du projet, et il n’y a pas de hiérarchie formelle entre
ces différents professionnels.
Pourtant, les documentaristes fournissent la matière, le sujet. L’auteur a une place
spécifique car c’est lui qui trouve les personnages, gagne leur confiance, construit le récit
autour d’eux. Il prépare ses interviews et les amène à se raconter. Sans lui le web-
documentaire ne pourrait être qualifié de travail d’auteur. C’est un peu l’âme du web-
documentaire.
Les techniciens d’Internet eux sont là pour assurer la viabilité du format et sa transmission.
Les uns dépendent des autres. Comment reconnaître le travail de chacun à sa juste
valeur ? Certaines compétences sont elles à valoriser plus que d’autres ?
C’est la grande question qu’amène, via son format inédit, le web-documentaire. Car
si ces professionnels et leurs contributions respectives ne sont pas reconnues et
valorisées autour du projet, il est évident que la collaboration ne peut être efficace. La
réussite du web-documentaire passe par cette fusion de compétences d’horizons variés.
Le partage des statuts est inévitable, et amène un second problème : celui des droits sur
l’œuvre produite.
La SCAM27 considère d’ailleurs le producteur du web-documentaire comme un co-auteur.
À savoir, il n’y a généralement pas de générique de fin dans le web-documentaire, du
moins aucun de ceux étudiés n’en comporte.
La liste des contributeurs peut néanmoins se consulter si l’internaute le souhaite en
cliquant sur « crédits ».
27 SCAM : Société Civile des Auteurs Multimédia
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Des organes de presse investis dans le web-documentaire Les organes de presse sont de
véritables acteurs du web-documentaire car
ils sont des canaux de diffusion quasi-
exclusifs. Ils sont d’ailleurs les seuls à
s’engager si fortement dans la vague du
web-documentaire.
Ainsi, issus de la presse écrite comme
le magazine Géo, ou de la presse
audiovisuelle (France Télévisions, Arte) ou de
la presse en ligne avec LeMonde.fr, le web-
documentaire suscite l’engouement des
t é l é v i s i o n s c o m m e d e s m é d i a s
traditionnellement davantage tournés vers
l’écriture et l’image.
Et cette tendance ne s’arrête pas aux
frontières : le Washington Post et le New
York Times se sont aussi engagés autour du
nouveau format et proposent désormais sur
leurs sites Internet des web-documentaires.
Ces plateformes créent donc le lien
entre les médias traditionnels et les nouvelles
formes de médias, le web-documentaire
notamment.
Ainsi l’intégration des web-documentaires
faite par les médias est de plus en plus
efficace.
Le magazine géo Le magazine a lancé sur son site
Internet un espace dédié aux web-
documentaires.
Jean-Luc Marty, rédacteur en chef du
magazine, qualifie cependant cette rubrique
de « transjournalisme ». Les reportages
présentés sont complé tés par des
documents, des photos et des hyperliens.
LeMonde.fr Début 2010 le journal en ligne
leMonde.fr a lancé le site « Le Monde
Webdocumentaires ».
Ce site présente des web-documentaire de
qualité, qui ont l’intérêt d’être souvent
a c c o m p a g n é s d e c o m p l é m e n t s
d’information via les Dossiers du Monde.
Arte La chaîne culturelle franco-allemande
a lancé le site « ARTE Webdocs » . Le site
présente les web-documentaires produits
par la chaîne.
ACTE
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Capture d’écran de la page
d'accueil de la plateforme de web-
documentaires «Arte WEBDOCS»
Capture d’écran de la section du site Géo.fr consacrée aux web-documentaires.
Capture d’écran de la rubrique «Webdocus» du site LeMonde.fr
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56
Des agences de production audiovisuelle
Mais les organes de presse ne sont
pas les seuls engagés dans la « vague web-
documentaire ».
En effet, des sociétés de production
a u d i o v i s u e l l e , d e s a g e n c e s d e
d é v e l o p p e m e n t e t d e w e b d e s i g n
s’ intéressent et s’essayent au web-
documentaire, quand elles ne se spécialisent
pas.
E n 2 0 0 8
l’agence Narrative est fondée par Cécile Cros
et Laurence Bagot. Cette petite structure
s’est spécialisée dans l’élaboration de web-
documentaires et a réalisé la série de web-
documentaires « Portraits d’un nouveau
Monde » pour France 5.
Les autres sociétés les plus actives en terme
de création de web-documentaires sont
Honkytonk avec « Voyage au bout du
Charbon »,
e t e n f i n
Upian avec notamment « Prison Valley » et
« Havana-Miami ».
Des plateformes dédiées au web-documentaire
La diffusion des web-documentaire ne
s’arrête pas aux organes de presse et aux
agences précédemment cités. En effet,
d’autres sites se spécialisent dans le web-
documentaire.
Le site Linterview.fr est le plus
conséquent, il est spécialisé et se qualifie
d’ai l leurs de « laboratoire du web-
documentaire ». Il répertorie les web-
documentaires disponibles sur Internet et
propose certaines vidéos ou articles sur le
sujet. Le répertoire de web-documentaires est
conséquent, i l propose notamment 5
classements différents : par thématique, par
genre, par média, par production, et par série.
L’intérêt du site Linterview.fr réside aussi dans
sa rubrique «Actualités» qui est bien fournie
et régulièrement mise à jour. Ce site se veut
ê t re l e s i t e de r é fé rence du web-
documentaire.
ACTE
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Logo de l’agence Narrative
Logo de l’agence Honkytonk
Logo de l’agence
Upian
Capture d’écran de la plateforme
entièrement dédiée au web-documentaire
«Linterview.fr»
Figure du webdoc 1/2Samuel Bollendorff est un ex photographe de l’agence Oeil Public. Il est considéré comme un des pionniers du web-documentaire. Il a en effet réalisé « Voyage au bout du charbon » pour LeMonde.fr ainsi que « Homo Numericus : Portraits d’une révolution invisible » pour SFR.
Figure du webdoc 2/2Jean Abbiateci est journaliste multimédia indépendant. Il est aussi auteur de web-documentaires, et a réalisé pour LeMonde.fr « Africascopie, l’Afrique dans la révolution numérique », mais aussi « Haïti : la route de la faim ». Il est aussi membre de l’Atelier des Médias et collabore au blog consacré au journalisme multimédia Espritblog.com.
Capture d’écran de Samuel Bollendorff lors
d’une interview par Canon France (http://
vimeo.com/9551710)
Portrait de Jean Abbiateci présentée sur
le site du collectif de journalistes
«Objectif Plume» dont il fait partie
Affiche du web-documentaire «Homo Numericus»
réalisé par Samuel Bollendorff pour la société SFR.
Page d'accueil du web-documentaire «Haïti : la route de la
faim» réalisé par Jean Abbiateci
ACTE
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8
Quels sont les précurseurs du web-documentaire ?
Le web-documentaire n’est pas clairement défini et sa forme pluri-média a sans
aucun doute été encouragée avec l’essor d’Internet. Mais on trouve des formes qui
s’approchent de celle du web-documentaire avant même l’essor d’Internet. Ainsi, bien que
les web-documentaires aient une histoire difficile à retracer on peut leur reconnaître
quelques ancêtres.
L’Ouvroir de littérature potentielle et la littérature
combinatoireL'Ouvroir de littérature potentielle, aussi désigné par son acronyme Oulipo, est un groupe
de littéraires et de mathématiciens qui se réunissent pour réfléchir aux contraintes littéraires
et créer de nouvelles structures destinées à encourager la création.
Raymond Queneau, qui faisait partie de ce groupe, en a donné cette définition : «des rats
qui construisent eux-mêmes le labyrinthe dont ils se proposent de sortir ».
Cette définition peut s’appliquer au web-documentaire car le cheminement, découlant de la
non-linéarité et de la navigation comme nous l’avons vu, correspond à cette image de
labyrinthe auto-construit.
Aussi, on retrouve d’autres traces du concept du web-documentaire dans la littérature
combinatoire de Raymond Queneau.
En effet, dans son ouvrage intitulé Cent mille milliards de poèmes datant de 1960, il
présente une combinatoire de vers pouvant donner 100 000 milliards (soit 1014) poèmes.
L'ouvrage de Raymond Queneau s’utilise comme un
instrument qui permet de combiner des vers de façon à
composer des poèmes répondant à la forme classique du
sonnet régulier : deux quatrains suivis de deux tercets, soit
quatorze vers. Les pages sont pour cela séparées en
bandes horizontales portant chacune un vers. Ainsi, le
lecteur peut créer son poème en choisissant les vers qu’il
préfère, il assemble pour cela les bandelettes en tournant
les pages.
Ce qui rappelle là encore le web-documentaire est le
caractère sélectif et interactif de l’œuvre de Queneau.
Photographie de l’intérieur de l’ouvrage
«Cent mille milliards de poèmes»
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En effet, cet ouvrage bien qu’il soit sur support papier, fait intervenir le lecteur et lui
permet de choisir les vers qu’il désire voir apparaître dans le poème qu’il souhaite lire.
C’est le même fonctionnement auquel est confronté le lecteur au sein du web-
documentaire.
Des hyperfictions Le terme hyperfiction est apparu aux Etats-Unis à la fin des années 80.
L’hyperfiction est un genre littéraire que l’on rencontre uniquement sur ordinateur. En
effet, il s’agit d’une fiction interactive lisible depuis un ordinateur dont le déroulement
dépend des choix du lecteur grâce aux hyperliens.
Comme dans le web-documentaire le lecteur fait avancer le récit en cliquant sur
des liens qui le renvoient vers d’autres parties du récit. Cependant, ce genre est
uniquement écrit, il n’y a pas la dimension pluri média comme dans le web-
documentaire. Le contenu de l’hyperfiction est uniquement un texte écrit.
Le travail de l’écrivain américain Michael Joyce en est la référence avec son œuvre
« Afternoon » qui est un véritable labyrinthe narratif.
Capture d’écran d’»Afternoon» de Michael Joyce (1987)
Illustration tirée de l’article «Que sont les hypertextes et les hypermédias de fiction ? «
http://www.olats.org/livresetudes/basiques/litteraturenumerique/8_basiquesLN.php
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Le cinéma photographié28
Un des premiers films réalisés en série d’image fixes est « La Jetée », réalisé en 1962
par Chris Marker. Ce moyen-métrage futuriste a la particularité d’être uniquement composé
d’une voix off et de photographies en noir et blanc. Une histoire est racontée : celle d’une
fictive 3ème guerre mondiale. Comme dans le web-documentaire il y a un récit à suivre. Le
spectateur se laisse porter par les images et la voix off, comme c’est le cas dans de nombreux
web-documentaires portfolios.
D’ailleurs, on remarque que de nombreuses photographies rappellent celles vues dans
certains web-documentaires. Peut-être parce que les sujets sont angoissants et présentent la
détresse humaine.
28 Le terme « cinéma-photographié » est le terme utilisé par la Cinémathèque Française pour désigner les
films réalisés en séries d’images fixes.
Captures d’écran du film «La Jetée»
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Des reportages sonores – audioramas Ces reportages sonores utilisent le même procédé que le cinéma-photographie à la
différence qu’il ne s’agit plus de fictions mais de reportages. Il y a toujours un récit à mener
mais les faits ne sont plus fictifs. Concrètement ils ressemblent à certains web-
documentaires de style portofolio mais n’ont pas de caractère interactif. Les photographies
sont accompagnées de voix, celle du journaliste ou celles de spécialistes ou encore des
voix des individus représentés.
Le New-York Times a ainsi présenté des portraits de New-yorkais qui défilent avec leur
témoignage en fond sonore («One in 8 million»).
À la différence du web-documentaire, ces reportages ne font pas l’usage de différents
médias. Ils se limitent aux photographies et au son, et ce de façon linéaire. Enfin, ils ne sont
pas interactifs.
Captures d’écran de la série «One in 8 million», chaque témoignage sonore est
accompagné de portraits photographiques.
Le documentaire audiovisuel Enfin, il s’agit maintenant d’évoquer le documentaire audiovisuel.
En effet, cette forme de documentaire est dans le paysage médiatique actuel la forme qui
s’approche le plus du web-documentaire.
Que celui-ci soit cinématographique ou télévisuel le documentaire a pour objectif de
représenter la réalité telle qu’elle est.
C’est en cela que le documentaire « classique » rejoint le web-documentaire ; mais c’est
aussi en cela qu’il s’en éloigne : dans le documentaire classique cette réalité est représentée
sans altération de son déroulement alors que dans le web-documentaire le déroulements du
récit change selon les lecteurs.
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Des livres-jeu Les livres jeu, aussi appelés « histoires dont vous êtes le héros » proposent au lecteur
de naviguer au sein du livre selon ses décisions prises en fin de chaque page.
Ces livres s’adressent souvent aux enfants ou aux adolescents et ont pour contexte
l’époque médiévale ou des mondes fantastiques.
À la fin de chaque page il est en effet proposé au lecteur, qui incarne un personnage,
de se rendre dans différents lieux ou de faire différentes actions. Pour chaque action, le
lecteur est renvoyé a une page mais il doit choisir une seule action, il se rend donc a une
seule page où d’autres choix lui seront proposés en fin de page et ainsi de suite.
Par exemple « vous souhaitez rejoindre d’autres chevaliers rendez-vous page 17, pour
retourner au pont-levis allez page 22, pour boire la potion du sorcier rendez-vous page 3 ».
L’histoire se développe donc en fonction de ces actions, et non dans l’ordre des pages.
L’intérêt de ce type de récit est que le lecteur ne sera jamais lassé car il peut relire le
livre de différentes façons. L’histoire ne sera jamais la même bien qu’il n’y ait généralement
qu’une « bonne fin », le héros mourant dans les autres cas de figure.
Ainsi, comme dans le web-documentaire ces livres sont interactifs et le déroulement dépend
des choix du lecteur. La différence réside dans le support qui est papier est non numérique.
Couvertures de livres jeu de la collection
«Vivez l’aventure « des Editions Grund
Schéma d’illustration des cheminements possibles du lecteur dans un livre-jeu.
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Qu’est-ce qui a favorisé la naissance du genre web-documentaire ?
De l’engouement récent pour le genre documentaire aux possibilités offertes par le
médium Internet en passant par la crise de la presse amenant de nouvelles formes
journalistiques, la naissance du genre web-documentaire ne connaît pas un mais plusieurs
facteurs favorisants.
L’engouement pour le genre documentaireLes succès du « Cauchemar de Darwin », d’« Être et avoir », et des documentaires de
Mickaël Moore, montrent que le genre documentaire suscite de l’intérêt et ce jusque dans les
cinémas où il connaît un réel succès. Au regard du nombre d’entrées que ces réalisations ont
occasionnées, on peut imaginer que la forme web-documentaire profite de cette vague
d’intérêt pour le genre documentaire. En effet cet engouement atteste dans un premier temps
que les spectateurs sont sensibilisés au documentaire mais surtout qu’il existe un public.
Les possibilités offertes par le médium Internet Mais cet engouement pour le documentaire ne fait pas tout.
Tout d’abord, il faut souligner la place de plus en plus grande que prend le médium Internet
dans la recherche d’informations. Le moteur de recherche Google est ainsi devenu un réflexe
pour la grande majorité des utilisateurs d’Internet. Ces derniers se servent de ce médium
désormais démocratisé pour chercher l’information au-delà des supports traditionnels de
l’information (papier, radio, télévision) et consulter une offre qui s’enrichit chaque jour.
L’information présentée sous la forme de web-documentaire est donc attractive : elle est
interactive et soignée. Mais surtout, elle est triée, puis synthétisée par le documentariste. Le
« travail » est déjà pré effectué : l’internaute accède à un « produit informationnel » prêt à
consommer, et très différent de ce qu’il peut trouver à la télévision. La nouveauté du web-
documentaire est donc autant née de l’usage qui est fait d’Internet que de l’outil en lui-même.
De plus, les possibilités offertes par le médium Internet constituent un facteur non
négligeable dans la naissance du nouveau format web-documentaire.
Car Internet est le médium de l’hyper sollicitation, et il offre au web-documentaire les outils
nécessaires au spectateur pour que celui-ci mène son introspection et ses interrogations au
sein du document, comme nous l’avons précédemment montré dans la partie interactivité.
De plus, Internet permet une transmission immédiate et continue d’informations, et le web-
documentaire est justement adapté à ce critère : les mises à jour et les actualisations sont
possibles. Le web-documentaire s’adapte donc au rythme Internet.
En ce sens, les usages faits d’Internet et l’offre d’outils que ce médium apporte, favorisent
l’apparition du web-documentaire.
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La multiplicité des supports Internet Actuellement Internet n’est plus uniquement accessible depuis un ordinateur. On
compte aujourd’hui différents supports numériques permettant aux internautes d’accéder
au médium Internet, et donc à la consultation de web-documentaires.
Ainsi, si l’ordinateur reste un outil central il faut aussi évoquer :
Les téléphones mobiles avec accès Internet
Ceux ci sont couramment appelés
« smartphones ». Ils permettent une
consommation limitée et parfois ralentie
de contenus Internet. Cependant,
l’avantage indéniable de ce support est la
mobilité du terminal : Internet est
désormais dans la poche ou le sac à main
des utilisateurs. L’information est alors
partout et tout le temps.
Les tablettes
Ce support est très récent et voit sa
place se faire avec l’arrivée de l’iPad
d’Apple.
Le public n’est pas encore bien habitué à
l’utiliser car c’est un outil récent.
Les tablettes tactiles sont moins mobiles
que les smar tphones, cependant
l’ergonomie est meilleure. La consultation
de contenus Internet est plus confortable.
A la différence d’un ordinateur, les
tablettes sont tactiles : l’interaction passe
par les doigts sur l’écran, il n’y a plus
l’intermédiaire de la souris.
On peut ainsi aisément envisager la
consultation d’un web-documentaire sur
ce type de terminal.
La crise de la presseLa crise actuelle que connaît la presse est liée à plusieurs facteurs. La crise
économique, mais aussi la révolution structurelle de la presse avec le numérique, la
désaffection pour la presse papier ou encore la gratuité de certains journaux, sont donnés
pour responsables de cette crise.
Ainsi les photojournalistes sont par exemple confrontés à une perte de
reconnaissance de leur discipline : leurs images sont mises en concurrence avec celles de
journalistes « multitâches » ou même d’amateurs. Le web-documentaire se présente donc
à eux comme une nouvelle façon de redonner vie à leurs images, et même une nouvelle
appréhension de leur profession.
La crise des médias traditionnels a ainsi favorisé l’émergence du web-documentaire.
Tablette iPad d’Apple
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Le changement des pratiques journalistiques Ainsi l’engouement pour le documentaire, la crise de la presse et la multiplicité
des supports Internet ont concouru à la naissance du genre web-documentaire, mais ce
n’est pas tout : les pratiques journalistiques ont évolué et ont elles aussi favorisé la
naissance du genre.
Et plus loin encore, le web-documentaire a fait naître de nouvelles pratiques comme
l’évoque Jean Abbiateci29 : « La version multimédia du reportage, accouplé au blog que
nous tenions alors que nous étions sur place, a fondamentalement changé notre pratique
du journalisme».
Le web-documentaire est en effet une façon totalement nouvelle pour les
journalistes de faire leur métier. Il s’agit d’une démarche à part qui mélange plusieurs
niveaux d’information : la vidéo, la photographie, le son et le texte. Le journaliste doit
réfléchir bien en amont à la forme qu’il veut donner à son oeuvre, à ce qu’il veut dire sur
son sujet, grâce à quels médias. C’est un réel travail d’investigation.
La réalisation du web-documentaire «Le Corps incarcéré» a ainsi nécessité le
travail de plusieurs salariés du journal LeMonde.fr pendant trois mois.
La mort du mono-journalisme « La mono-information30 est quasi morte »,
estime Lucas Menget31. On parle de mort du mono-journalisme car la mono-information
semble être abandonnée pour le pluri-média. Plus concrètement, cela signifie pour les
acteurs de l’information (chaînes de télévisions, radios, ou agences) leur déploiement
aux autres médias. Car ils ne peuvent exister seuls en tant que tel : la « digital native
generation » est d’abord une génération d’internautes avant d’être une génération de
téléspectateurs. En s’ouvrant ainsi à la sphère Internet ces médias d’envergure
s’assurent l’audience de ce public. Le web-documentaire est dans ce contexte une
forme de « lien » entre le contenu télévisuel classique et le contenu d’Internet.
29Jean Abbiateci est journaliste multimédia et auteur de web-documentaires.
30 La mono-information est l’information apportée par un unique canal de diffusion.
31 Lucas Menget est grand reporter à France 24 et il est l’initiateur du prix du web-documentaire remis pour
la première fois au festival de photojournalisme de Perpignan.
Capture d’écran du web-documentaire
«Le Corps incarcéré»
Le web-journalisme prémisse du web-documentaire Si le web-documentaire est assez utilisé par les journalistes, c’est parce que ceux
ci se sont confrontés les premiers au médium Internet et aux problèmes qu’il amène
quand il s’agit de traiter une information. Il en est même né une « branche » du
journalisme : le journalisme Internet aussi appelé « web-journalisme ».
Et les caractéristiques du web-journalisme sont proches de celles du web-
documentaire : c’est une profession en construction qui connaît un contexte économique
défavorisé ; c’est une discipline évolutive qui suit l’évolution Internet et c’est un
journalisme en devenir dont les supports sont instables. Les web-journalistes sont aussi
bien souvent des hommes orchestres qui doivent maîtriser toutes les formes d’écritures
multimédia et développer tous les types de formats numériques. De plus, la pratique du
web-journalisme n’étant pas unifiée, elle présente comme le web-documentaire des
définitions contradictoires.
Ainsi, le web-documentaire se présente à ces nouveaux professionnels comme l’ « arme
parfaite ».
En effet, la pratique du web-journalisme implique réactivité et créativité : c’est un
journalisme « connecté » avec les internautes tout comme l’est le web-documentaire.
Cette interaction se fait aussi via les commentaires, les réseaux sociaux et les blogs. Le
web-journalisme fonctionne donc avec ces communautés de lecteurs.
Il en est même né un journalisme particulier : le « community manager ». Sa mission
consiste à extraire l’information des échanges réalisés entre les internautes sur les forums.
Le web-journalisme a aussi recours au « travail en progression » : cette pratique
consiste à publier une information « brute » qui par la suite est rectifiée et complétée au
fur et à mesure par le journaliste. Cette pratique peut se recouper en partie avec la forme
du web-documentaire qui présente des contenus additionnels ajoutés par les auteurs ou
les lecteurs.
Surtout, le web-journalisme est un journalisme pluri média: l’information passe par
le texte, les images, les vidéos, les sons, ou encore les diaporamas et les illustrations, le
tout enrichi par les hyperliens. Et c’est exactement le concept du web-documentaire.
Enfin, le web-journalisme connaît lui aussi des problèmes de financement : la
presse en ligne n’a pas de modèle économique stable et la rentabilité des informations est
faible.
On peut détailler plusieurs branches dans le web-journalisme :
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Le “blog journalism”
! Ce journalisme est la logique du blog
appliquée au journaliste : celui-ci poste des
billets courts et souvent assez subjectifs, qui
mêlent du texte et des contenus multimédias
apportant un commentaire personnel sur
l’événement.
Le blog journalisme permet le dialogue avec
les internautes qui ont la possibilité de laisser
des commentaires. Aujourd’hui, on remarque
de nombreux blogs de journal istes,
notamment de journalistes spécialisés
( p o l i t i q u e , m é d i a s ,
automobile,religion,économie,régions du
monde…). Souvent ces blogs sont rattachés
à des sites Internet d’organes de presse
comme LeMonde.fr ou Rue89.
Le « narrative journalism »
! Le narrative journalism est aujourd’hui
reconnu comme un genre littéraire à part
entière. Né aux Etats-Unis dans le contexte
de crise de la presse, ce nouveau genre
littéraire a d’abord été appelé « new
journalism » puis « literary journalism » et
enfin « narrative journalism », tel qu’il est
désormais qualifié.
Le concept du « narrative journalism » est de
faire de la vie quotidienne non plus le sujet
d’un reportage mais un sujet littéraire. Les
sujets sont alors menés comme des sujets de
roman et ne sont plus traités comme dans les
reportages journalistiques.
Ce concept se retrouve justement dans
le web-documentaire : la narration n’est pas
celle d’un reportage classique, il est question
de mener un récit, raconter une histoire.
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Le journalisme de données, ou « data-journalisme »
Le journalisme de données, également appelé « data-journalisme », est aussi une
nouvelle forme de journalisme née conjointement de l’essor d’Internet et de la crise de la
presse. Ce nouveau genre est très en vogue au Royaume Uni et les médias anglo-saxons sont
d’ailleurs très en pointe dans cette discipline alors que la France traîne un peu.
Ce journalisme consiste à utiliser des données pour construire l’information. La donnée
est alors le centre du concept. Cela peut sembler logique pour du journalisme, mais ce
journalisme exploite les données au maximum et en fait l’outil maître du traitement de ses
sujets.
Le journaliste de données a donc pour mission d’exploiter des données dans le cadre
d’un reportage puis surtout de rendre les données lisibles par les lecteurs. Les bases de
données utilisées pour le reportage sont ainsi également présentées aux lecteurs via des
systèmes de visualisation. Par exemple le Guardian propose aux internautes, pour ses articles
en ligne du DataBlog, d’accéder aux données dont le journaliste s’est servi pour réaliser son
article.
Le data-journalism permet ainsi de rendre intelligible de grandes quantités d’informations.
L’usage du data-journalism est très pertinent lorsque les phénomènes étudiés sont
complexes : le présentation des faits en utilisant les données est alors simplifiée.
Cela implique que le reportage n’est plus construit autour du texte mais des éléments visuels
qui présentent ces données. Il s’agit pour le lecteur de visualiser l’information.
Le journalisme de données est donc un nouvel angle journalistique, auparavant le
journaliste avait le choix entre la brève, l’interview, l’enquête… Désormais il a aussi la
possibilité de traiter son sujet via les données.
Un des précurseurs du data-journalisme est Adrian Holovaty qui avait réalisé des cartes du
crime à Chicago grâce à Google Maps32. Le data-journalism consiste donc,comme le fait le
web-documentaire, à raconter des histoires via des données.
Cependant, le journalisme de données n’est pas plus objectif que les autres formes
journalistiques. En effet il est possible de manipuler ces données comme pour tout autre
produit journalistique où l’information est manipulable. Un site russe a ainsi truqué une
carte interactive des lieux de culte en Russie en y augmentant le nombre de mosquées.
Il faut garder à l’esprit que les données sont aussi subjectives que les mots. Il ne s’agit
donc pas d’un journalisme « supérieur » qui serait plus véritable que les autres. Les
données sont présentées comme d’autres éléments, avec la vision du journaliste.
L’intérêt du data-journalisme est de pouvoir raconter des histoires via ces données,
et c’est le concept du web-documentaire : relier des données entre elles au sein d’une
même production pour répondre à un sujet.
Les données permettent, en les maniant, de construire des interprétations, de raconter
comme avec des mots une histoire. Le fait de pouvoir manipuler des données permet de
mieux retenir l’information (rappelez vous de l’exemple de la carte interactive des meurtres
à Juarez dans le web-documentaire La Cité des Mortes).
L’autre intérêt du data-journalism est le même que celui du web-documentaire : la
pérennité du dispositif si celui ci est régulièrement mis à jour. En effet si la base de données
présentée est actualisée, le dispositif ne perd pas sa pertinence avec le temps.
Enfin, le data-journalism présente un autre point commun avec le web-
documentaire :
la participation des internautes. En effet, les internautes sont parfois sollicités pour traiter
des données en grande quantité. Le Guardian a ainsi proposé à des internautes d’analyser
la moitié des 548000 pages de notes de frais des députés britanniques que le journal avait
récupéré.
En France, le site Owni33 a eu besoin d’exploiter des données non mises en forme dans le
cadre d’un projet de localisation des bureaux de vote en France. 300 internautes ont ainsi
saisi 13 000 adresses manuellement pour faire aboutir le projet.
32 Google Maps est un service gratuit de carte géographique interactive et d’itinéraires en ligne. Ce service est
proposé par Google.33 OWNI (http://owni.fr) est un média social créé en avril 2009 auquel participent des journalistes, des blogueurs,
des entrepreneurs, des étudiants et des chercheurs. Ils expérimentent le Digital Journalism et offrent de
l’information et des débats sur l’évolution de la société numérique. OWNI analyse aussi l’impact d’Internet sur la
société, les pouvoirs et les cultures.
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Le même système a été utilisé en Belgique pour évaluer l’état des pistes cyclables.
Le data-journalism, comme le web-documentaire, est donc un concept né des possibilités
offertes par Internet, puisqu’ils utilisent tous deux les données qui sont démultipliées sur
Internet.
Le « slow Journalism"
Ce journalisme consiste en des formats longs. La narration est souvent riche et les
entretiens travaillés. Le slow journalisme est un journalisme lent : il recoupe des
informations, évalue les données, c’est en somme un journalisme beaucoup plus réfléchi
que le flash journalisme qui lui est dans l’instantané (dépêches). Il y a une réelle prise de
recul et c’est en cela que le slow journalism rejoint le web-documentaire : les sujets des
web-documentaires sont réfléchis et très travaillés, il y a un réel travail d’investigation et de
montage des éléments.
Capture d’écran de l’application Facebook «Où
je vote ?» née du projet de localisation des
bureaux de vote d’Owni.fr.
Pour donner un exemple, j’ai fais faire une
recherche à la base de données à partir de
l’adresse de l’IUT.
Voici le résultat de la base de
données : tous les bureaux de
vote de la Gironde n’ont pas été
localisés par les internautes, une
limite au projet collaboratif.
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Le web-documentaire, une réponse à la surabondance informationnelle ?
Depuis une dizaine d’années, on
observe que des milliers d’articles sont
publiés quotidiennement, alors que leur
contenu est quasiment similaire. Ces articles
sont, de plus, rapidement obsolètes et sans
réel fond. Le web-documentaire, par son
format et le traitement des sujets qu’il
apporte peut-être une réponse à ce
problème : il permet à l’internaute d’accéder
à une information complète et approfondie et
regroupe des contenus connexes. Il ne
duplique pas les contenus mais les relie entre
eux via l’interface du web-documentaire.
En ce sens le web-documentaire peut
permettre à long terme de freiner la pléthore
d’articles sur Internet et à court terme de
proposer aux utilisateurs ultra sollicités une
information approfondie.
Le web-documentaire un nouvel eldorado pour les photojournalistes ? Le web-documentaire permet de
mettre l’image au centre de l’enquête.
C’est une des raisons qui fait de ce nouvel
outil multimédia un outil à saisir pour les
photojournalistes. Le photographe Reza parle
déjà de « renaissance » 34.
En effet, dans un contexte économique
d i ff ic i le pour la profess ion le web-
documentaire représente une nouvelle
stratégie pour faire face à la crise.
Symbole de cette crise profonde que connaît
le secteur : le redressement judiciaire en juillet
d e r n i e r, d e l a c é l è b r e a g e n c e d e
photojournalisme Gamma.
Cette crise du photojournalisme découle,
d’une part, de la crise de la presse mais a
aussi d’autres causes : le développement du
libre de droit, et les nouvelles pratiques des
médias qui préfèrent acheter des clichés à
l’unité à l’AFP ou Reuters plutôt que de
financer des reportages photo.
C’est dans ce contexte que le web-
documentaire se présente comme une
véritable opportunité. Mais l’intérêt du web-
documentaire ne se limite pas au contenu
p h o t o g r a p h i q u e . E n e f f e t , l e w e b -
documenta i re permet éga lement au
p h o t o j o u r n a l i s t e d e t é m o i g n e r
personnellement. C’est aussi un moyen de
gérer ses partenariats, et éventuellement la
publicité pour financer leur travail.
Nombreux sont les photojournalistes à voir en
ce nouveau format leur avenir, et certains se
sont déjà reconvertis à l’instar de Brian
Storm, le fondateur de l’agence de création
de web-documentaires Mediastorm, qui était
photojournaliste à l’origine.
Le web-documentaire serait ainsi une
évolution du journalisme de terrain, au-delà
d’une réponse à la crise du photojournalisme.
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34 Terme rapporté dans un article de Sophie Roselli sur Swissinfo.Ch intitulé « Le webdocumentaire, l’avenir du
photojournalisme
Quand le journaliste se crée une « marque de fabrique » : le « Professional branding »
Le « professional branding », aussi
connu sous le nom de « personal branding »,
est une méthode qui utilise les techniques de
communication des marques mais appliquées
aux individus. Ces techniques permettent de
gérer l’image de marque de professionnels,
leur réputation numérique35 et leur notoriété.
Ceci leur permettant par la suite de réaliser
des projets d’envergure.
Les journalistes à travers le web-
documentaire peuvent donc se donner une
« image de marque » que l’on pourrait
familièrement qualifier de « marque de
fabrique ». Le web-documentaire serait donc
un outil leur permettant de gérer leur
réputation, de faire du web-documentaire la
vitrine de leur travail via des réalisations
« marquées », un style d’interface ou
d’aménagement des contenus qui leur serait
propre.
Une histoire à raconter : le « storytelling »
Le storytelling est généralement considéré
comme un art de la persuasion, voire de la
manipulation.
Cette définition correspond au storytelling tel
qu’il existe au sein des sphères politiques et
économiques. C’est la définition que présente
Christian Salmon dans son ouvrage intitulé
« Storytelling, La Machine à fabriquer des
histoires et à formater les esprits ».
Mais le storytelling est plus largement la
capacité à raconter des histoires, à créer de
nouvelles formes de récits qui s’adaptent à
leur contexte spécifique. Et les médias
digitaux présentent justement de nouvelles
formes d’écriture et de lecture.
Le web-documentaire permet de raconter la
réalité, comme l’ont fait auparavant la
peinture, la photographie, puis la radio et la
télévision, mais en utilisant différents médias.
En ce sens le web-documentaire s’inscrit
parfaitement dans ce contexte : il s’agit pour
l’auteur de raconter une histoire en modulant
son récit sur le format numérique Internet.
L’histoire racontée dans le web-documentaire
est donc organisée pour le média Internet,
l’objectif est de transporter l’internaute dans
le récit. L’auteur du web-documentaire doit
présenter les personnages, donner de la
cohérence à son récit, rendre l’histoire
attrayante. Tout ceci fait ainsi du web-
documentaire un outil du storytelling. M
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35 La réputation numérique est, d’après Gautier Barbe rédacteur du site www.boitedeveille.fr « L'image d'une
entité sur le Web. Elle est définie par les internautes qui communiquent sur la toile et elle est perceptible via les
médias en ligne, blogs, espaces de discussion et médias sociaux. Difficilement contrôlable, elle est devenue un
enjeu stratégique tant son impact est puissant sur les ventes et l'image d'un produit, d'une marque ou d'une
personnalité. » La réputation numérique est aussi appelée « e-reputation ».
Les modèles économiques d’InternetAvant de définir les possibles modèles économiques du web-documentaire, il
convient de définir les modèles économiques d’Internet. Actuellement, les plateformes
proposant des web-documentaires sont toutes gratuites. Mais ce n’est pas le cas de tous
les médias en ligne. Il existe plusieurs modèles économiques sur Internet:
Le modèle gratuit C’est le modèle économique le plus
répandu dans le monde de l’information sur
Internet. Ce modèle fonctionne grâce à
l’apport financier apporté par la publicité.
Cette publicité revêt plusieurs formes,
principalement des bannières, des liens
sponsorisés, et des fenêtres pop-up.
Une variante au modèle gratuit financé par
la publicité est le sponsoring professionnel.
Par exemple le journal en ligne Rue89
propose un mur virtuel où il est possible
d’acheter une « brique » pour y mettre son
logo. Écoles privées, entreprises et
particuliers notamment y participent.
Le modèle payant Ce modè le , qu i au x débu ts
d’Internet, était peu utilisé par les médias
en ligne, revient en ce moment sur Internet
pour contrer la faible rentabilité du modèle
gratuit.
Cependant, mis à part le journal en ligne
Mediapart dont tout l’accès est payant, ce
modèle n’est pas très répandu.
Aussi, on remarque désormais que certains
sites ont adopté un modèle hybride : une
partie du site est à accès gratuit, une autre,
payante, est réservée aux abonnés. Ce
modèle est aussi appelé « freemium ».
Parfois, il est également possible de payer
les articles à l’unité, ou de payer l’accès
aux archives pour une certaine durée.
Généralement, on observe que c’est
l’accès aux archives qui est payant,
comme c’est le cas de LeMonde.fr.
Extrait du site Mediapart
Le «mur» de Rue89
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36 Matthieu Mondolini est le co-auteur de « La Mauraude, à l'écoute des sans-abris ».37 Estimation donnée par Boris Razon rédacteur en chef du Monde.fr
Le coût de la réalisation d’un web-documentaire
La réalisation d’un web-documentaire n’est pas moins coûteuse que celle d’un
documentaire télévisuel, bien au contraire. L’idée que ce format serait plus économique
parce qu’il s’agit d’Internet est une grande erreur : la réalisation d’un web-documentaire
coûte généralement autant voire plus qu’un documentaire télévisuel.
C’est ce que souligne Matthieu Mondoloni36 : « Aujourd'hui, un web reportage se
vend trois fois rien alors qu'on utilise trois fois plus de ressources ».
Le budget d’un web-documentaire est variable car ces œuvres sont très différentes
les unes des autres mais il est possible de donner ce chiffre de 60 000 €37 par
documentaire. C’est ce que coûte en moyenne un web-documentaire produit puis diffusé
sur LeMonde.fr.
Cependant les « supers productions » sorties cette année ont des budget beaucoup
plus conséquents : 430 000€ pour « Havana-Miami » (ce budget comprend également la
production d’un film de 52 minutes pour la télévision) , 230 000 € pour « Prison Valley ».
Enfin, il y a des web-documentaires sans grand budget : les deux web-
documentaires de qualité « Brèves de Trottoirs » et « La Maraude à l’écoute des sans
abris » en sont l’exemple.
Capture d’écran du menu de «La Maraude à
l’écoute des sans--abris»
Capture d’écran du menu de Havana-Miami
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Des financements publics pour le web-documentaire ? Ainsi nous avons vu quel était le budget nécessaire à la réalisation d’un web-
documentaire. Intéressons nous désormais aux financements possibles.
Comme pour le documentaire télévisuel, le producteur, ou le journaliste, doit
trouver le financement à son projet dès le début. Car l’auteur d’un web-documentaire ne
peut se financer seul, les sommes à engager étant trop importantes.
Il démarche pour cela les diffuseurs et fait des demandes d’aides publiques auprès du
CNC et de la SCAM ou encore des collectivités territoriales.
Les journalistes n’ont pas l’habitude de se tourner vers ce genre d’instituts publics pour
trouver des financements, mais ils y sont parfois contraints.
En effet, les journalistes ne peuvent pas s’appuyer sur leurs rédactions car les
sommes sont bien trop élevées. Les coûts du web-documentaire sont démesurés par
rapport aux petits budgets alloués aux reportages photo. Et le problème est amplifié
pour les rédactions de journaux en ligne dont les budgets sont encore plus étroits que
ceux des rédactions de journaux papier. D’une façon générale, les diffuseurs sont
difficiles à convaincre car le retour sur investissement est encore très faible.
De plus, le genre documentaire est un genre traditionnellement issu du service public. Il
y a des documentaires diffusés sur les chaînes commerciales, mais l’angle n’est pas le
même que sur les chaînes publiques. C’est un genre qui est hérité du secteur public et
qui le finance plus largement.
Mais, actuellement la situation des web-documentaires en France est,
comparativement aux autres pays européens, très avantagée. Bien que l’on ne puisse
pas encore parler de confort financier, des aides publiques sont déjà mises en place.
Le CNCLe Centre National du Cinéma et de
l ’ image animée (CNC) a en effet
spécifiquement créé en 2007 une
commission « nouveaux médias » et est,
avec les diffuseurs comme Arte, la
première source de financement des
web-documentaires réalisés.
Après deux années d’aides allouées, une
centaine de projets ont été aidés ce qui
représente un montant supérieur à 3,5M
d’€.
Ainsi les sommes allouées par le CNC
sont impor tantes , ma is e l l es ne
représentent jamais plus de la moitié du
budget d’une production.
Par exemple, pour « Prison Valley », le
budget38 est composé de la façon
suivante : 70 000 € viennent d’Arte.tv, 90
000 € du CNC et 60 000 € de l’agence de
production Upian.
38 Budget détaillé par Alexandre Brachet, le fondateur de la société de production Upian
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C’est pourquoi de nombreux projets ne
voient pas le jour faute de financements
suffisants : la deuxième moitié est très
difficile à trouver. Pourtant, l’aide du CNC a
un effet très positif sur la création de web-
documentaires. Sans cette aide, de très
nombreux projets ne verraient pas le jour :
l’aide du CNC est incontournable.
C’est en ce sens que s’exprime Laurence
B a g o t 3 9 : « A u p a r a v a n t l e s w e b -
documentaires se faisaient vraiment avec
des bouts de chandelle (…) là, pour la
première fois, on a pu travailler en
engageant des frais » en parlant de la série
de web-documentaires « Portraits d’un
nouveau monde » de France 5, dont les 24
films ont bénéficié d’un budget global de
450.000 €.
Le CNC a d’ailleurs prévu d’augmenter les
sessions de sélection de projets à financer
à partir du deuxième trimestre 2010, afin
d’adapter le dispositif d’aide au rythme de
production d’Internet.
Le CNC propose deux types d’aides aux
montants différents : l’aide à l’écriture et au
développement et l’aide à la production.
L’aide à l’écriture et au développement
s’adresse aux auteurs et aux producteurs,
elle peut atteindre 20 000 €. C’est une aide
qui intervient en amont de la production.
L’aide à la production quant à elle s’adresse
uniquement aux producteurs et peut aller
jusqu’à 100 000 €. Une seule aide doit être
sollicitée pour un même projet.
Un plafond40 à ces aides est fixé par l’Etat :
200 000 € sur trois ans par entreprise.
Les critères de sélection sont les suivants :
«On prend en compte des critères tels que
l’intérêt du sujet et l’aspect interactif du
web-documentaire. Mais aussi, la présence
d’un diffuseur déjà engagé sur le projet qui
partagera les frais de production» explique
en ce sens Guillaume Blancheau41.
L’aide apportée par le CNC favorise
indéniablement le développement du web-
documentaire en France.
La SCAMLa Scam propose deux bourses d’aide à la
création de web-documentaires.
Tout d’abord, la bourse « Brouillon d’un rêve
numérique » qui est une bourse d’aide à la
création de l’art numérique. Cette bourse a
pour objectif l’aide à l’écriture et au
développement et s’adresse à des auteurs
ayant des projets d’art numérique interactif
ou linéaire. Ces projets peuvent exister sur
support (comme un CD-Rom) ou sur
réseaux (Internet), et doivent être à
caractère expérimental et/ou documentaire.
Le montant maximum de chaque bourse
est de 6 000 €.
La seconde bourse est la bourse « Pierre
Schaeffer ». Cette bourse est une aide à
la création et l’expérimentation numérique.
Pour être éligible à cette bourse, le projet
doit impliquer l’usage de nouvelles
technologies dans les domaines de
l’interactivité, l’usage de la programmation,
la mise en ligne, la haute définition, les
DVD-Rom, la vidéo procédurale.
39 Fondatrice de la société de production spécialisée dans le web-documentaire Narrative.40 D’après le règlement (CE) n°1998/2006 du 15 décembre 2006 qui concerne l’application des articles 87 et 88
du traité aux aides de minimis (d’après le site Internet du CNC).41 Guillaume Blancheau est directeur du multimédia au CNC.
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Les projets doivent également toucher à
un des domaines de la Scam : l’écrit, la
photographie, la vidéo, Internet, et enfin
le logiciel. Cette bourse de recherche est
plafonnée à 3 000 €.
L’auteur doit être accueilli par un
établissement d’enseignement supérieur
(école ou université). Cet établissement
met à la disposition du lauréat des
groupes d’étudiants, des moyens et des
locaux. Cette bourse concerne des
projets beaucoup plus expérimentaux
que la précédente.
Les deux correspondent cependant au
web-documentaire bien que les sommes
ne soient pas réellement à l’échelle du
coût de sa réalisation.
Les collectivités territorialesEn complément des subventions du CNC
et de la SCAM, il est également possible
pour les auteurs de web-documentaires
de se tourner vers les collectivités
territoriales.
C’est le cas d’un web-documentaire sur
Verdun, «L’enfant de Verdun» qui a ainsi
obtenu des fonds de la région Lorraine,
du département de la Meuse ainsi que de
la ville de Verdun.
Mais ces aides sont ponctuelles et
s’allouent au cas par cas selon les sujets,
et selon les propres critères des
collectivités territoriales qui ont leurs
propres bourses à allouer.
Logo du CNC
Logo de la Scam
Capture d’écran de ‘L’enfant de Verdun»
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L’alternative du sponsoring
Bien que l’aide publique soit conséquente, elle ne suffit pas. L’idée de recourir au
sponsoring ne semble pas évidente pour les auteurs, pourtant cette solution semble
plutôt correspondre aux besoins financiers du web-documentaire.
Cependant, on devine que les réticences à ce modèle économique sont d’ordre
« éthique » : la majorité des web-documentaires sont journalistiques, et l’image d’une
grande marque associée à celle du web-documentaire atteint la crédibilité de l’œuvre
produite.
La solution de « branded-content » consisterait à associer une marque à un web-
documentaire. La marque n’est pas à l’origine du processus créatif, mais elle appose son
image à celle de l’œuvre car elle l’a financée. Il est question de sensibiliser les
internautes à la marque en montrant son engagement financier pour une œuvre.
Le web-documentaire intitulé «L’obésité est-elle une fatalité» a ainsi fait appel à Canon
qui a prêté un appareil photo HD à l’équipe de réalisation.
Cependant ce type de modèle ne peut fonctionner que si la marque respecte
l’indépendance des auteurs dans la création du web-documentaire. De plus la marque
associée doit avoir une cohérence avec le sujet du web-documentaire pour préserver la
crédibilité de l’œuvre.
Ainsi si cette solution semble économiquement la plus simple, elle est la plus risquée en
terme d’image.
Aux Etats-Unis un autre genre de sponsoring émerge : le « crowdfunding »42.
Ce sponsoring est un appel au financement du public. Les sujets sont proposés au
public et il choisi ceux qu’il souhaite découvrir, et donc financer. En France ce type
d’initiative n’existe pas pour des sujets journalistiques. Cependant, des sites Internet
proposant ce type de service existent pour la musique (My Major Company43 par
exemple). L’internaute devient producteur.
42 Le « crowfunding » peut se traduire par « mécénat populaire ».43 My Major Company (MMC) est un label musical communautaire à partir duquel les internautes peuvent
devenir des "internautes-contributeurs".
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L’impossible « business model44 » du web-documentaire L’économie d’Internet est régie par le clic : un web-documentaire peut ainsi
dégager le même nombre de clics qu’une dépêche AFP, alors qu’il a pu demander une
année entière de travail. Il est délicat de concilier les contraintes financières d’Internet
avec la logique journalistique qui impose un réel travail sur le fond.
Pourtant cette question du modèle économique est entière et principale, sans
modèle économique bien établi le web-documentaire ne semble pas voué à perdurer.
Seulement l’interactivité coûte cher, et elle ne sert qu’à un seul média : Internet. Les
interfaces immersives et interactives que demande le web-documentaire sont longues et
coûteuses à créer. Plusieurs modèles économiques se dessinent :
L’adaptation télévisuelle
Un des modèles
économiques rencontrés
s’appuie sur l’adaptation
du web-documentaire. En
effet, cette option permet
de financer la réalisation
du web-documentaire par
l a d i f f u s i o n d ’ u n e
adaptation linéaire à la
télévision. C’est le cas du
w e b - d o c u m e n t a i r e
« Prison Valley » qui a été
diffusé sur Arte le 12 juin
dernier. Le documentaire
télévisuel a également été
vendu à l’international à
quelques chaînes. Ceci
concourt à la rentabilité de
l ’ensemble du projet.
« Mais le web-doc ne doit
pas devenir le simple
complément du reportage
télé», précise Alexandre
Brachet45.
Les produits dérivés
Généralement le
web-documentaire est un
produit en soi, il a été
conçu et réfléchi pour
naître sous ce format.
Mais parfois, le web-
documentaire est relayé à
un « second rang » et
accompagne un livre, un
DVD ou une exposition. Il
devient alors en quelque
sorte un « gadget », qui
peut servir à appuyer un
autre produit (favoriser la
v e n t e d ’ u n D V D p a r
e x e m p l e ) . M a i s l e
f inancement du web-
documentaire peut aussi
bénéficier de ces produits
dérivés, par exemple la
création d’un livre peut
permettre de financer une
partie web-documentaire.
Ainsi, bien que la
m u l t i p l i c a t i o n d e s
supports soit risquée, elle
représente malgré cela un
p o s s i b l e m o d è l e
économique pour le web-
documentaire.
La publicitéLa publicité est un
modèle économique peu
r e n c o n t r é . O n p e u t
expliquer cela par les
sujets traités par les web-
d o c u m e n t a i r e s . P a r
exemple pour les web-
documentaires sur Haïti, le
Tsunami, la mort, l’obésité,
on imagine difficilement
une marque de grande
distribution ou de produit
consommable associer
son image au sujet traité.
Les marques qui financent
des programmes ont
généralement un rapport
avec leur contenu.44« business model » : modèle économique45 Alexandre Brachet est le fondateur de l’agence de production Upian
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Les usages du web-documentaire dans l’entreprise SFR est la première entreprise à avoir réalisé un web-documentaire. Celui ci a été
dévoilé à l’occasion de la sortie de son rapport d’activité.
Rappelons que l’entreprise SFR est un opérateur de téléphonie mobile. L’intérêt manifesté
par cette société pour le web-documentaire montre encore une fois le caractère « pluri-
média » du web-documentaire.
Ce web-documentaire, «Homo Numericus», consiste à offrir un autre regard sur la « vie
numérique », à savoir l ’usage du
numérique dans la vie quotidienne.
Réalisé en une série de portraits toutes
générations (enfants, adolescents, grands-
parents, familles) mais aussi à travers des
témoignages de développeurs Internet et
même d’un psychologue. Ce web-
documentaire présente, à travers chaque
individu interrogé, le numérique tel que
nous le vivons.
Il est ainsi l’exemple de l’usage qui peut être fait par une société du format web-
documentaire. On peut deviner qu’il y a différents intérêts à cette initiative pour SFR : d’une
part son image de marque auprès de ses collaborateurs, ses employés, ses clients, mais
aussi le grand public. De plus ce web-documentaire revêt un caractère pédagogique, car il
ne s’inscrit pas dans une logique d’auto-promotion de la société, mais offre une tentative de
dessiner la vie numérique telle qu’elle est vécue dans l’ensemble de la société. Ce web-
documentaire est accessible depuis la plateforme de web-documentaires du journal
LeMonde.fr.
Le format web-documentaire semble être un nouvel outil pour la communication
d’entreprises désirant témoigner de leurs engagements extra-commerciaux. On peut par
exemple penser que les fondations de grandes sociétés pourront utiliser cet outil afin de
promouvoir leurs actions menées dans les domaines de l’environnement, de l’art, du social,
de la santé…
On peut citer pour illustrer ce propos la Fondation Cartier pour l’art contemporain, la
Fondation Véolia, la Fondation Elle, ou encore la Fondation Jean Luc Lagardère.
Accueil d’»Homo Numericus»
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L’usage des web-documentaires par les marques Le web-documentaire n’est pas qu’un outil journalistique : les marques l’utilisent
aussi. En effet, cette nouvelle forme de récit en ligne permet de capter une audience
nouvelle : celle des médias digitaux. Cela permet aux marques d’augmenter leur potentiel
relationnel avec le public. Cela donne également aux clients les moyens ou futurs clients
de la marque d’interagir, de s’approprier le message, et d’associer leur histoire au récit de
la marque en participant. De plus ces web-documentaires peuvent eux aussi être déployés
sur les réseaux sociaux.
On peut parler de storytelling digital de marque, mais cette forme de web-documentaire
présente des limites en termes de liberté d’édition car l’objectif premier reste le travail de
l’image de la marque. En ce sens, ce type de web-documentaire est voué à être un
véritable outil pour les agences de communication.
Lacoste La marque Lacoste, par exemple, a employé le web-
documentaire à l’occasion des 75 ans de la marque, en plein événement
Roland Garros. L’arrivée de ce web-documentaire a été programmée et s’inscrit dans la
stratégie de communication de la marque.
Ce web-documentaire futuriste est réalisé à base d’images vidéos et d’images 3D.
Il retrace l’évolution du tennis, de la marque et propose une vision du tennis en 2083. Une
interview d’un tennisman est proposée et ses sentiments sur la vision du tennis du futur
sont recueillis. Des vidéos d’archives sont aussi disponibles. La taille du terrain, les
équipements mais aussi les techniques du tennis sont évoquées.
La participation des internautes est la bienvenue avec un mur participatif où sont recueillis
les points de vue des internautes sur le tennis en 2083.
Le message que l’on peut tirer de ce web-documentaire est de montrer que Lacoste
a su s’adapter au fil du temps, que la philosophie de la marque et les équipements se sont
adaptés, et que Lacoste a su faire preuve d’innovations.
L’objectif est d’inscrire durablement dans les esprits, à la fois l’histoire de la marque, son
présent et son avenir. L’usage du web-documentaire apporte à l’image de la marque un
caractère relationnel fort et fédérateur.
Ce web-documentaire est accessible à l’adresse http://www.lacoste-future.com/fr.
Logo de la marque
Lacoste
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Vidéo d’archive
présentée dans le web-
documentaire Lacoste
Aperçu de la plateforme du
web-documentaire Lacoste
PoweradeUne autre marque a utilisé le format web-documentaire pour ses
publicités : la marque de boissons rafraîchissantes Powerade.
Le web-documentaire est disponible sur la très fréquentée plateforme de vidéos en
ligne YouTube. Le web-documentaire retrace plusieurs matchs de football dans différents
pays et propose à l’occasion de chacun d’entres eux de découvrir l’état d’esprit des
joueurs, ce que leur moral ou leur corps subit. C’est l’occasion pour la marque de vanter
les mérites de ses boissons énergisantes. Tout au long du web-documentaire, le logo de la
marque est mis en évidence. L’interface de la plateforme YouTube est aussi aménagée
pour la marque, ses couleurs sont utilisées en fond et des bandeaux sont aussi installés de
part et d’autre du web-documentaire. La marque Powerade joue la carte de la proximité,
avec ce web-documentaire tourné dans plusieurs régions du monde, lors de matchs
improvisés dans la rue ou dans des écoles. Au delà de ce coté international que la marque
met en avant, on remarque que la plateforme choisie pour diffuser le web-documentaire n’a
pas été choisie au hasard : c’est, avec Daylimotion, la plateforme la plus visitée de la
sphère Internet, avec une forte proportion d’adolescents, une des cibles de la marque.
Pourtant, la chaîne de vidéos mise en place sur la plateforme par la marque ne détient qu’à
peine plus de 1600 abonnés.
De plus, cette campagne a été lancée à l’occasion de la coupe du monde de football
2010 « 2010 Fifa World Cup » dont Powerade est un des sponsors. Comme pour la marque
Lacoste ce web-documentaire fait son apparition à l’occasion d’un événement particulier.
Logo Powerade
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d o c u m e n t a i r e i n s t i t u t i o n n e l
Powerade
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L’usage du web-documentaire par les institutions publiques Mais les marques ne sont pas les seules à se servir du web-
documentaire comme outil de communication : le Ministère de la Défense a
ainsi lancé son web-documentaire au profit de la Marine Nationale. Ce site
permet à l’internaute de suivre l’expérience de 4 jeunes sélectionnés pour
vivre à bord et suivre ainsi la vie d’un marin à bord.
Il est aussi possible de se glisser dans la peau d’un marin et de partir en
mission. Le web-documentaire offre également la possibilité de consulter des
fiches métiers.
La présentation de l’interface rappelle fortement celle d’un jeu vidéo, ce qui s’explique par
la cible du web-documentaire : les 15-20 ans, garçon ou fille. Ce web-documentaire
s’inscrit dans un contexte de recrutement pour la marine. Encore une fois la création du
web-documentaire est motivée par un contexte particulier servant de pilier au récit.
Ce web-documentaire montre que cet outil multimédia peut très bien servir les
collectivités territoriales, les infrastructures publiques ou plus largement les organisations
de grande envergure dans leurs plans de communication.
Ce web-documentaire est accessible à l’adresse http://etremarin.fr.
C a p t u r e s d ’ é c r a n d u w e b -
documentaire «3Jours en mer»
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La communication d’un web-documentaire Le web-documentaire reste un format méconnu du grand public, l’idée qui est faite
reste très vague. Pour le faire connaître, et assurer sa visibilité on peut imaginer plusieurs
stratégies.
S’il s’agit d’un web-documentaire de type journalistique, le rôle du diffuseur est
primordial. C’est en effet généralement sur son site qu’il diffuse le web-documentaire.
Celui-ci doit y être mis en valeur et les internautes du site doivent être incités à s’y rendre.
On peut aussi envisager un mailing aux abonnés de la newsletter46 du site pour le lancer.
S’il s’agit d’un « web-documentaire de communication » (et non pas d’un web-
documentaire journalistique), il existe une agence de communication qui orchestre le projet
depuis la recherche de fonds jusqu’à la diffusion, en passant par la création. Dans ce cas,
celle-ci a la mission de planifier la sortie du web-documentaire, en interne ou en externe à
l’entreprise, et d’organiser une réelle stratégie de communication pour accompagner le
web-documentaire et lui assurer un trafic47.
Certains outils de communication sont communs aux deux types de web-
documentaire.
Les réseaux sociaux ont leur rôle. La fonction de recommandation des réseaux sociaux est
un véritable outil pour favoriser la visite du web-documentaire. Plus le web-documentaire
sera commenté et repris dans les réseaux sociaux et plus sa visibilité augmentera.
Les partenaires financiers eux aussi ont leur rôle à jouer dans la visibilité du web-
documentaire. Qu’ils soient privés ou publics leurs réseaux propres sont aussi des cibles à
envisager. En effet, si le web-documentaire a été financé par ces organismes, il est
probable que les membres de ces organisations soient sensibilisés à son thème. C’est alors
un véritable bouche-à-oreille qui peut se mettre en place.
Enfin, les blogs sont aussi un point stratégique dans la communication.
L’influence des blogueurs est de plus en plus forte, et certains blogs drainent un lectorat
fidèle et nombreux. Dans le cas du web-documentaire, il convient de s’intéresser aux blogs
qui traitent des médias, mais surtout aux blogs qui traitent de près ou de loin du sujet traité
par le web-documentaire.
Il convient aussi de ne pas oublier les blogs de journalistes et les blogs d’agences de
communication (comme le très fréquenté site Fubiz.net).
Ainsi, en travaillant avec ces blogueurs, on assure un autre public au web-
documentaire. Car la fonction de recommandation est dans la blogosphère, comme dans
les réseaux sociaux, très forte.
46 Une newsletter est un document d'information envoyé de manière périodique par courrier électronique à
une liste de diffusion. Elle est également appelée infolettre, cyberlettre ou plus souvent lettre d'information.
47 Le trafic est le terme employé pour désigner l’audience ou la fréquentation d'un site Internet.
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Le Flash Festival en FranceLe Flash Festival en France est le
précurseur des festivals récompensant des
initiatives multimédias.
Cette initiative de la chaîne Arte et du
Centre Pompidou était consacrée au
contenu animé et interactif pour Internet.
Malheureusement ce festival n’a connu
qu’une édition, en 2002.
Le Flash Festival en France a été remplacé
l’année suivante par le Web Flash Festival.
Le Web Flash FestivalLe Web Flash Festival récompense « le
contenu et la création pour Internet ».
Ses critères de sélection sont les suivants :
originalité, innovation, recherche artistique,
interactivité, mérite technique, prise en
compte des contraintes du média,
intégration multimédia, ergonomie.
Le web-documentaire «Thanatorama» a
ainsi été récompensé lors de la sixième
édition du festival dans la catégorie « Art
graphisme » et a également reçu le Grand
prix spécial du jury.
À noter, l’édition 2010 du festival a été
annulée (d’après le site Internet pour des
raisons logistiques).
Le Festival International de Photojournal isme Visa pour l’imageUn grand prix du web-documentaire a été
créé à l’occasion du 21ème festival Visa
pour l’image de Perpignan (juin 2009). Ce
pr ix est à l ’ in i t iat ive de la chaîne
d’informations internationale France 24 et
de RFI, radio d’information internationale.
Ce prix du web-documentaire a l’objectif de
récompenser tou tes les der n iè res
productions de web-documentaires, qui ont
fait preuve d’un traitement original d’un
sujet d’actualité et qui ont utilisé des outils
multimédias offerts par Internet.
Le web-documentaire fait son entrée dans les festivals Les festivals eux aussi s’intéressent aux web-documentaires. À la croisée des festivals
de photoreportage, des festivals de documentaires et des festivals multimédias, le web-
documentaire à en effet de quoi séduire de nombreux organisateurs de festivals.
C’est aussi l’occasion pour les auteurs de faire connaître leur travail.
Même si aucun festival n’est exclusivement consacré au nouveau format multimédia,
des festivals de grande envergure lui dédient désormais un prix spécifique.
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Sur les neuf web-documenta i res
récompensés au festival Visa pour
l’image, six sont français :
« La Maraude à l’écoute des sans abris»
de Matthieu
MONDOLINI
« Chroniques de Pékin : de Mao aux Jo »
de Marco
NASSI NERA
« Génération Tian'anmen : avoir 20 ans en
Chine » de Patrick ZACHMANN
« Adoma, vers la maison ? » de Thierry
CARON
« Etat Critique- Les mots de la guerre
dans l ’est du Congo» de Cédr ic
GERBEHAYE
« Le Corps incarcéré » de Philippe
JANNET
Le Festival International d e s P r o g r a m m e s Audiovisuels
Le Festival International des
Programmes Audiovisuels récompense
les oeuvres audiovisuelles sélectionnées
dans la production internationale de
l ' a n n é e é c o u l é e . C e s œ u v r e s
audiovisuelles peuvent être des fictions,
des documentaires de création, des
essais, des grands reportages et
désormais des web-documentaires. En
effet, depuis la 23ème édition (2010) le
festival s’est tourné vers les productions
d’Internet et les web-documentaires ont à
présent leur place au sein du festival.
Le Festival européen des 4 écrans
Le Festival européen des 4 écrans
a été fondé en 2007 par Hervé Chabalier,
qui est directeur général de l’agence
Capa. Ce festival a l’ambition de suivre au
p lus près e t d ’accompagner les
bouleversements engendrés par la
révolution numérique dans le secteur de
l'audiovisuel et des médias. Douze
productions européennes réalisées durant
l'année 2008/2009 ont été sélectionnées
par l'équipe de programmation du festival
en vue d’un nouveau prix « web-films ».
L’édition 2010 du festival va en effet
récompenser pour la première fois le
format Internet. Sur les douze oeuvres
spécifiquement conçues pour Internet
présentées , neuf sont des web-
documentaires. Les résultats de cette
édition seront révélés le 20 novembre
2010.
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MAT
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BibliographieSur la presse et le journalisme
GREVISSE, Benoît – Ecritures journalistiques : stratégies rédactionnelles, multimédia et journalisme narratif – De Boeck – septembre 2008
LEFLOCH, Patrick ; SONNAC, Nathalie – Économie de la presse – La Découverte – septembre 2005
LITS, Marc – Du récit au récit médiatique – De Boeck – septembre 2008
MANIER, Paul-Stéphane – Le journalisme audiovisuel : Techniques et pratiques rédactionnelles – Dixit – mars 2004
RONEZ, Joël – L'écrit Web : Traitement de l'information sur Internet – Editions CFPJ – août 2007
YVES, Agnès – Manuel de journalisme –La Découverte – septembre 2008
Sur les médias
BARBIER, Frédéric ; BERTHO-LAVENIR, Catherine – Histoire des médias de Diderot à Internet – Armand Colin – 1996
BOYER Isabelle – Jeunesse, médias et lien social – Éditions Encrage – 2008.
CHUPIN, Yvan ; HUBÉ, Nicolas ; KACIAF, Nicolas – Histoire politique et économique des médias en France – La Découverte – 2009.
D’ALMEIDA, Fabrice ; DELPORTE Christian – Histoire des médias en France, de la Grande Guerre à nos jours – Flammarion collection Champs Université – 2003.
DELAVAUD Gilles – Nouveaux médias, nouveaux contenus – Editions Apogée – 2009
DONNAT, Olivier – Les pratiques culturelles des français à l’ère numérique, Enquête 2008 –La Découverte – 2009
MIGOZZI, Jacques – De l’écrit à l’écran. littératures populaires : mutations génériques, mutations médiatiques – PULIM – 2000
Sur le documentaireCOLLEYN, Jean-Paul – Le regard documentaire – Editions du Centre Georges Pompidou coll. "Supplémentaires" – 1993
NINEY, François L'épreuve du réel à l'écran. Essai sur le principe de réalité documentaire –De Boeck – 2000
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Webographie
Cette webographie est aux normes ISO 690-2 (« éléments et ordre prescrit dans les
références bibliographiques relatives aux documents électroniques »).
Elle est présentée par thématiques, puis par ordre alphabétique dans chaque thématique.
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payant cela est indiqué, pour toutes les autres pages à accès libre il est indiqué « En ligne ».
Articles sur la crise de la presse et les nouvelles formes de journalisme
APF via Linterview – « Le web documentaire : nouvelles perspectives pour les journalistes » – Linterview.fr – [En ligne] – 15 septembre 2009http://linterview.fr/new-reporter/le-web-documentaire-nouveau-mode-de-reportage-pour-les-jeunes-journalistes/
BRINGER, Benoît – « Webdocu : Quand le journalisme se réinvente sur la toile » – nouvelobs.com – [En ligne] – 31 décembre 2009http://benoitbringer.blogs.nouvelobs.com/archive/2009/12/30/webdocu-quand-le-journalisme-se-reinvente-sur-la-toile.html
CHARON, Jean-Marie – « Qu’est-ce que le journalisme web ? » – Regardailleurs.fr – [En ligne] – 18 mai 2010http://regardailleurs.fr/wordpress/2010/05/journalisme-web-definition-licencepro-metz/
COFFIN, Alice – « France Télévisions à l'assaut du web-documentaire » – 20minutes.fr – [En ligne] – 28 janvier 2010http://www.20minutes.fr/article/380209/Media-France-Televisions-a-l-assaut-du-web-documentaire.php
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MARRONNIER, Nicolas – « Le Storytelling Digital : formes émergentes, nouveaux métiers, business models » – Socialmediaclub.fr – [En ligne] – 22 avril 2010http://socialmediaclub.fr/2010/04/le-storytelling-digital-formes-emergentes-nouveaux-metiers-business-models/
PIROLLI, Fabrice – « Web 2.0 et pratiques documentaires Évolutions, tendances et perspectives » – Cairn.info – [Accès Payant] – 2010http://www.cairn.info/resume.php?ID_ARTICLE=LCN_061_0081
PREMIÈRE HEURE – « Avec les Web-documentaires 2.0, une nouvelle écriture @udiovisuelle est en marche » – Le blog de Première Heure Blended.fr – [En ligne] –7 octobre 2009http://blended.fr/1681/avec-les-web-documentaires-2-0-une-nouvelle-ecriture-udiovisuelle-est-en-marche/
ROSELLI, Sophie – « Le webdocumentaire, l’avenir du photojournalisme? » – Swissinfo.ch – [En ligne] – 13 mars 2010 http://www.swissinfo.ch/fre/societe/Le_webdocumentaire,_l_avenir_du_photojournalisme_.html?cid=8468390&rss=true
ROUSSEL, Frédérique – «Le public réclame des images de la réalité de ce monde» –Libération.fr – [En ligne] – 11 septembre 2009http://www.liberation.fr/medias/0101590210-le-public-reclame-des-images-de-la-realite-de-ce-monde
ROUSSEL, Frédérique – « Des solutions dans le viseur » – Libération.fr – [En ligne] – 11 septembre 2009http://www.liberation.fr/medias/0101590211-des-solutions-dans-le-viseur
SABOT-LECHENET, Antonin – « Du Portfolio au web-documentaire, du journalisme à la réalisation » – Reportage et Photo AntoninSabot.over-blog.com – [En ligne] – 6 mai 2010ht tp: / /anton insabot .over-b log.com/ar t ic le-storyte l l ing-du-por t fo l io-au-webdocumentaire-du-journalisme-a-la-realisation-49911691.html
Articles sur le web-documentaire et les nouveaux outils multimédia
3WDOC – « Mais, qu’est ce qu’un webdocumentaire ? » – 3WDOC.com – [En ligne] – 27 avril 2010http://3wdoc.com/fr/2010/04/27/mais-qu-est-ce-qu-un-webdocumentaire/
ABBIATECI, Jean – « Web-documentaires : inventifs mais fragiles » – espritblog.com – [En ligne] – 5 mai 2009http://www.espritblog.com/index.php/2009/05/05/web-documentaires-inventifs-mais-fragiles-interview/
CANITROT, Armelle ; DREYFUS, Stéphane – « Webdocumentaire, le reportage à l'ère du multimédia » – La Croix – [En ligne] – 4 décembre 2009http://www.la-croix.com/Webdocumentaire-le-reportage-a-l-ere-du-multimedia/article/2404502/5548#
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CARBALLO, Stéphanie – « Le web documentaire : une nouvelle écriture pour un nouveau public ? » – Culturemobile.net – [En ligne] –21 janvier 2009http://blog.culturemobile.net/index.php/2009/01/21/200-le-web-documentaire-une-nouvelle-ecriture-pour-un-nouveau-public
CARRIER, Jean-Pierre – « Webdocumentaire » – Cemea.asso.fr – [En ligne] –11 avril 2010http://www.cemea.asso.fr/multimedia/enfants-medias/spip.php?article759
COFFIN, Alice – « Le web-documentaire explose sur la toile » – 20minutes.fr – [En ligne] –25 juin 2009http://www.20minutes.fr/article/335077/Media-Le-web-documentaire-explose-sur-la-toile.php
CROU, Olivier – « La différence entre (Web)documentaire et (Web)reportage » - L’interview.fr – [En ligne] – 26 février 2010http://linterview.fr/new-reporter/la-difference-entre-webdocumentaire-et-webreportage/
CROU, Olivier – « Pourquoi le néologisme webdocumentaire ? » – L’interview.fr –[En ligne] – 15 mars 2010http://linterview.fr/new-reporter/pourquoi-le-neologisme-webdocumentaire/
DELAHAYE, Martine – « Le pari du webdocu » – LeMonde.fr – [Accès Payant] – 21 février 2010h t t p : / / w w w . l e m o n d e . f r / c g i b i n / A C H A T S / a c h e t e r . c g i ?offre=ARCHIVES&type_item=ART_ARCH_30J&objet_id=1116029&clef=ARC-TRK-D_01#xtor=RSS-3208
DEVILLARD, Arnaud – « Le format hybride du webdocumentaire, Des enquêtes journalistiques conçues pour Internet » – Suite101.fr – [En ligne] – 21 janvier 2010http://internet.suite101.fr/article.cfm/le_format_hybride_du_webdocumentaire
DUBOIS, Karine – « Quelle place pour les documentaristes dans le web-documentaire ? » –Lebloguedubois.wordpress.com – [En ligne] – 12 mars 2010http://lebloguedubois.wordpress.com/2010/03/12/quelle-place-pour-les-documentaristes-dans-le-web-documentaire/
DUGRAND, Maud – « Le web-documentaire, avenir du documentaire ? » - L’Humanité.fr – [En ligne] – 29 juin 2009http://www.humanite.fr/2009-06-29_Medias_Le-web-documentaire-avenir-du-documentaire
FERNANDES, David – « Le web-documentaire, demain tous reporters ? » – Fluctuat.net – [En ligne] – janvier 2006http://www.fluctuat.net/2788-Chapitre-3-le-web-documentaire-demain-tous-reporters-
GELINAS, Yannick – « Les Webdocumentaires » – YannickGelinas.com – [En ligne] – 7 avril 2010 http://www.yannickgelinas.com/2010/04/07/les-webdocumentaires/
GRUYE, Vincent – « Web documentaire 2.0 nouvelle écriture audiovisuelle – Webdocumentaire » – tutorials-computer-software.com – [En ligne] – 10 octobre 2009http://www.tutorials-computer-software.com/2009/10/web-documentaire-20-nouvelle-ecriture.html
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HEIGEL, Rodolphe – « le Webdocumentaire : Un genre Nouveau ou du nouveau dans le Genre ? » – Daweb.info – [En ligne] – 28 octobre 2009http://www.daweb.info/?p=132
HENCHOZ, Guillaume – « Webdocs en stock » – Médiapart.fr – [En ligne] – 19 mars 2010http://www.mediapart.fr/club/blog/camilleguillaume/190310/webdocs-en-stock
ISCOM, Master Marque et Management de l'Innovation – « Le web-documentaire : une nouvelle forme de narration » – Marketing-professionnel.fr – [En ligne] – 6 juillet 2010http://www.marketing-professionnel.fr/tribune-libre/tic-sic-web-documentaire.html
La Veille c’est mon Tic – « Les webdocumentaires : diffuser l’information autrement » – Laveillecmontic.com – [En ligne] – 23 novembre 2008http://www.laveillecmontic.com/?p=58
Le Laboratoire Culturel – « Dossier : Le web-documentaire » – Laboculturel.blogspot.com – [En ligne] – 4 septembre 2009http://laboculturel.blogspot.com/2009/09/dossier-le-web-documentaire.html
LÉCHENET, Alexandre ; WERNER, Joachim – « Le web-documentaire » – Crossmedias.fr– [En ligne] –12 février 2010http://www.crossmedias.fr/annee/2010/le-web-documentaire-raconter-la-realite-version-multimedia/
MARRONNIER, Nicolas – « Storytelling + Interactivité+ Transmedia = Storytelling 2.0 » – Socialmediaclub.fr – [En ligne] – 24 mars 2010http://socialmediaclub.fr/2010/03/storytelling-interactivite-transmedia-storytelling-2-0/
NERTON, Marc – « Du webreportage pour de l’actu chaude ? » – Linterview.fr – [En ligne] – 24 décembre 2009http://linterview.fr/new-reporter/du-webreportage-sur-du-news/
O’NEAMOUS, Ann – « Tester les interfaces web documentaires ? » – LaFabriqueDuReel.fr – [En ligne] – 20 avril 2010http://blog.lafabriquedureel.fr/2010/04/20/tester-les-interfaces-web-documentaires/
PREMIÈRE HEURE – « Du neuf et du frais dans le Web-documentaire » – Le blog de Première Heure Blended.fr – [En ligne] – 7 septembre 2009http://blended.fr/1547/du-neuf-et-du-frais-dans-le-web-documentaire/
QUIOC, Margaïd – « Le web reportage met l'image à l'honneur » – Journalismes.info– [En ligne] – 21 octobre 2009http://www.journalismes.info/Le-web-reportage-met-l-image-a-l-honneur_a2246.html
RAFFIN, Oriane ; MONASTEROLO, Bernard – « Hein ? quoi ? Webdocumentaire ? » – Vigieduweb.com – [En ligne] – 17 mars 2010http://www.vigieduweb.com/2010/03/hein-quoi-webdocumentaire/
RIGAUX, Marianne – « Le webdocumentaire : l’absence de définition n’empêche pas un cadre » – Linterview.fr – [En ligne] –10 mars 2010http://linterview.fr/new-reporter/le-webdocumentaire-labsence-de-definition-nempeche-pas-un-cadre/
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SANTI, Pascale – « Le magazine « Géo » se lance dans le « webreportage » » – LeMonde.fr – [Accès payant] –17 octobre 2007h t t p : / / w w w . l e m o n d e . f r / c g i b i n / A C H A T S / a c h e t e r . c g i ?offre=ARCHIVES&type_item=ART_ARCH_30J&objet_id=1009070&clef=ARC-TRK-NC_01
STRÉLISKI, Matthieu – « 4 sites pour les mordus de documentaires Web » –Office National du Film du Canada ONF.ca – [En ligne] – 18 mars 2010http://blogue.onf.ca/2010/03/18/4-sites-pour-les-mordus-de-documentaires-web/
Télé Satellite Numérique – « Le web-doc, un renouvellement du genre documentaire » – Telesatellite.com – [En ligne] – novembre 2009http://www.telesatellite.com/infos/idisp.asp?i=3992
VAUFREY, Christine – « Le web, c'est un espace de décision sans contrainte pour le documentaire » – Thot Cursus – [En ligne] – 3 février 2010http://www.cursus.edu/?division=5&module=document&uid=71103&0=
Articles sur l’économie du web-documentaire
CNC, Centre National du Cinéma et de l’image animée – « aide aux projets nouveaux médias » – CNC.fr – [En ligne] – non daté http://www.cnc.fr/Site/Template/T11.aspx?SELECTID=2664&ID=1776&t=2
CHAINE, Géraldine ; QUIOC, Margaïd – « Quels financements pour le web reportage ? » –journalismes.info – [En ligne] – 21 octobre 2009http://www.journalismes.info/Quels-financements-pour-le-web-reportage_a2248.html
COUSIN, Capucine – « Les web-documentaires en recherche de modèle économique » – 20minutes.fr – [En ligne] – 26 avril 2010http://www.20minutes.fr/article/400303/A-la-Une-Les-web-documentaires-en-recherche-de-modele-economique.php
MARCHAL, Benoit – « Lumix G2 : taillé pour le webdocumentaire ? » – Déclencheur.com [En ligne] – 4 mai 2010http://www.declencheur.com/photo/carnet/note/lumix-g2-flip-zi8/P2/
VILLERS, Louis – « La presse diffuse, mais ne produit pas » – Linterview.fr – [En ligne] – 10 décembre 2009http://linterview.fr/new-reporter/emiland-guillermela-presse-diffuse-mais-ne-produit-pas/
Articles sur des web-documentaires en particulier
COULLEREZ, Olivier – « Prison Valley ou quand le (web)documentaire sort de l’ombre » – Espressocommunication.com – [En ligne] – 9 mai 2010http:/ /www.espressocommunicat ion.com/fr/product ions/2936/pr ison-val ley-webdocumentaire-ou-cd-rom
EPELBOIN, Fabrice – « France24 sort un webdocumentaire pour l’iPad sur le Congo Kinshasa » – ReadWriteWeb.com – [En ligne] – 2 août 2010http://fr.readwriteweb.com/2010/08/02/a-la-une/france24-webdocumentaire-ipad-congo-kinshasa/
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TRUFFY, Vincent – « Prison Valley: le webdocumentaire à l'école de la route » – Médiapart.fr – [En ligne] – 13 avril 2010 ht tp: / /www.mediapart . f r /c lub/blog/v incent- t ruffy/130410/pr ison-val ley- le-webdocumentaire-lecole-de-la-route
Articles sur des festivals de web-documentairesASTIER, Liam – « Le webdocumentaire s’invite au FIPA » – Linterview.fr – [En ligne] – 1er février 2010http://linterview.fr/new-reporter/le-webdocumentaire-sinvite-au-fipa/
COUSSEAU, Cédric – « Web-documentaire : un nouveau genre en essor » – Nouvelobs.com – [En ligne] – 21 novembre 2009http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/vu-sur-le-web/20091121.OBS8440/web-documentaire-un-nouveau-genre-en-essor.html
RFI – « Prix du webdocumentaire RFI / France 24 : 9 finalistes » – Rfi.fr – [En ligne] – 25/08/2009http://www.rfi.fr/pressefr/articles/116/article_767.asp
SABOT, Antonin – « Le Web-documentaire s'invite à "Visa pour l'image" » –LeMonde.fr – [En ligne] – 1er septembre 2009http://www.lemonde.fr/culture/article/2009/09/01/le-web-documentaire-s-invite-a-visa-pour-l-image_1234020_3246.html#ens_id=1234012
Article sur la loi et le web-documentaireVALLETEAU DE MOULLIAC, Delphine – « Qualifier juridiquement l’œuvre multimédia » – Pigeon-bormans.com (site du cabinet de Maître Pigeon-Bormans, avocat au barreau de Paris en droits d’auteur, droit de l’internet et des technologies de l’information et de la communication) – [En ligne] – non datéhttp://www.pigeon-bormans.com/article44.html
Mémoires sur le web-documentaireBELLEMON, Nicolas – Etudes de journalisme à l’EPJ (Tours) – 20 mai 2010http://lewebdoc.wordpress.com/
GUILLERME, Emiland – Etudes de journalisme au Celsa (Paris) –18 Septembre 2009 http://webdocu.com/
Exposé sur le web-documentairePUBLICIS CONSULTANTS « Note sur l’essor du web documentaire »Juillet 2010http://www.slideshare.net/netintel l igenz/sl ideshare-note-sur-lessor-du-web-documentaire-4702541
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Blog consacré au web-documentaires« Le web-reportage » – Non signé – [En ligne] – articles datés de mars à juillet 2009http://webreportage.blog.lemonde.fr/
Réseaux sociaux consacrés au web-documentairesArrêt sur Images (www.arretsurimages.net)http://www.facebook.com/arretsurimages.net
ARTE Webdocs (http://webdocs.arte.tv)http://www.facebook.com/artewebdocs
Berlin Kultur Lab (http://netvibes.com/berlinkulturlab)http://www.facebook.com/pages/Berlin-kultur-labhttp://twitter.com/BerlinKulturLab
Brèves de Trottoirs (www.brevesdetrottoirs.com)http://www.facebook.com/pages/breves-de-trottoirs
INA (www.ina.fr)http://www.facebook.com/Ina.fr
Médias (www.revue-medias.com)http://www.facebook.com/pages/La-Revue-Mediashttp://www.twitter.com/revue_medias
ONF (Office National du Film du Canada) (www.onf.ca)http://www.facebook.com/onf.ca
Owni (http://owni.fr/)http://www.facebook.com/OWNI.fr
Photojournalisme.fr (www.photojournalisme.fr)http://www.facebook.com/photojournalisme.frhttp://twitter.com/FreeLensFrance
Social Media Club France (www.socialmediaclub.fr)http://www.facebook.com/pages/Social-Media-Club-Francehttp://twitter.com/smcfrance
Web Reportages (www.web-reporter.net)http://www.facebook.com/webreportages http://www.twitter.com/webreporters
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Répertoires de web-documentaires
MILET, Christophe – « 92 Webdocumentaires, Récits Multimédias ou Web-reportages » – Pearltrees.com – [En ligne] – dernière mise à jour 25 février 2010http://www.pearltrees.com/#/N-play=1&N-u=1_73708&N-p=5196598&N-s=1_825853&N-f=1_825853 ou http://www.christophemilet.com/?p=770
UNIVERSCIENCE – « webdoc en stock » – Universcience.tv – [En ligne] – 21 janvier 2010
Portails de web-documentairesArtehttp://webdocs.arte.tv/
France 5http://documentaires.france5.fr
Géo http://reportage-video.geo.fr/
L’Interviewhttp://linterview.fr/
Jean Abbiateci (journaliste multimédia)http://www.jeanabbiateci.net/
Le Mondehttp://www.lemonde.fr/webdocumentaires
Le Web Activistehttp://www.web-activiste.com
En anglais : Interactive Narrativeshttp://www.interactivenarratives.org/
Mediastormhttp://www.mediastorm.com/
Sociétés de production de web-documentaires
HONKYTONK « production vidéo & multimédia » http://www.honkytonk.fr/
LIGNE 4 « agence de reportages » http://www.ligne4.fr/
NARRATIVE « documentaires pour les nouveaux médias » http://www.narrative.info/
UPIAN « WEB player, créateur , agitateur, designer, 2.0 (…)»http://www.upian.com/
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Formations ou articles sur des formations au web-documentaire
CFJ Ecole de journalisme – « Le web-documentaire » – cfpj.com – [En ligne] –http://www.cfpj.com/formation/journaliste/le-web-documentaire.html
IUT2 Grenoble – « Sites web documentaires » – laformationcontinue.fr – [En ligne] –http://laformationcontinue.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=95&Itemid=101
JOANNES, Alain – « L'Université de Metz crée une licence de rich media journalistique » –Journalistiques.fr – [En ligne] – 20 mai 2009http://www.journalistiques.fr/post/2009/05/20/La-faculte-de-Metz-cree-un-licence-de-rich-media-journalistique
Sites généralistesArrêt sur Imageshttp://www.arretsurimages.net/
Association Française des directeurs de la photographie Cinématographiquehttp://www.afcinema.com
Commission Européenne Médiahttp://ec.europa.eu/culture/media/index_fr.htm
Festival International de Photojournalisme Visa pour l’Imagehttp://www.visapourlimage.com/
INA Sup – Pôle européen des sciences et métiers de l’image et du sonhttp://www.ina-sup.com/ressources/dossiers-de-laudiovisuel
Institut des sciences de la communication du CNRShttp://www.iscc.cnrs.fr/
Ministère de la Culture et de la CommunicationEnquête 2008 Les pratiques culturelles des Françaishttp://www.pratiquesculturelles.culture.gouv.fr/
Observatoire des Médias http://www.acrimed.org/
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Web-documentaires évoqués
360degree http://www.360degrees.org
Gaza/Sderot http://gaza-sderot.arte.tv/fr/
Haïti : la route de la faimhttp://laroutedelafaim.tumblr.com/
Havana-Miamihttp://havana-miami.arte.tv/
Homo Numericushttp://www.sfrplayer.com/homonumericus/#/le-webdocumentaire-sur-la-revolution-numerique-de-sfr-page-d-accueil
Berlin Kultur Labhttp://www.netvibes.com/berlinkulturlab#Bienvenue_sur_la_une
Brèves de Trottoirshttp://www.brevesdetrottoirs.com/Accueil.html
Ciudad Juarez La citée des mortes http://www.lacitedesmortes.net/
Concubineshttp://documentaires.france5.fr/webdocs/portraits-dun-nouveau-monde-chine/concubines
La crise du Laithttp://crisedulait.free.fr/
La Maraude à l’écoute des sans abrishttp://www.dna.fr/fr/maraude/index.html
L’obésité est elle une fatalité ?http://www.curiosphere.tv/ressource/22876-lobesite-est-elle-une-fatalite
Le Corps Incarcéré http://www.lemonde.fr/societe/visuel/2009/06/22/le-corps-incarcere_1209087_3224.html
Les Bras de la Francehttp://www.france24.com/static/infographies/webdocumentaire-travailleur-malien-bras-france-collinee-bretagne-abattoir-kermene-immigration/index.html
Les Communes de Parishttp://www.lescommunesdeparis.fr/
One in 8 millionhttp://www.nytimes.com/packages/html/nyregion/1-in-8-million/index.html
Pib : l’indice humain de la crise économique canadiennehttp://pib.onf.ca/
Prison Valleyhttp://prisonvalley.arte.tv/?lang=fr
Thanatorama http://www.thanatorama.com/
Un somalien à Parishttp://documentaires.france5.fr/webdocs/portraits-dun-nouveau-monde-emigration/un-somalien-paris
Voyage au bout du charbonhttp://www.lemonde.fr/asie-pacifique/visuel/2008/11/17/voyage-au-bout-du-charbon_1118477_3216.html
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Conférences, Débats & Interviews sur le web-documentaire
ASSOCIATION ÇA PRESSE !« Le webdoc »Débat du 2 févrierDurée 1 heure 30Participants :Laurence Bagot, de la société de production NarrativeThierry Caron, auteur du web-documentaire « Adoma, vers la maison » http://linterview.fr/new-reporter/le-webdoc-video-du-debat-en-ligne/
BFM RADIO – L’ATELIER NUMERIQUE« Le webdocumentaire »Durée 12 minutes 20Emission de Francois SorelParticipants :Alexandre Brachet, société de production UpianLouis Villers, direction de Linterview.frhttp://linterview.fr/new-reporter/emission-sur-le-web-documentaire-bfm/
C.C.A. de la Communauté française de Belgique – CINERGIE.BE« La journée du webdocumentaire de la Communauté française »Rencontre du 5 mai 2010Durée 10 minutesLes participants :Frédéric Delcor, secrétaire général du Ministère de la Communauté françaisePatric Jean, réalisateur et responsable de Black Moon ProductionBarbara Levandangeur, programmatrice et productrice indépendanteAlexandre Brachet, fondateur d’UpianMarie Mandy, réalisatrice du projet de web-documentaire « La loge du sein »Joël Ronez, responsable du pôle web sur Arte Franceprésentée par Jean-Jacques Jespershttp://linterview.fr/new-reporter/la-journee-du-webdocumentaire-de-la-communaute-francaise/ ou second montage à l’adresse : http://www.dailymotion.com/video/xdmuz5_la-journee-du-webdocumantaire-parta_news
CANON France SA « L’invention du webdocumentaire »Interview de février 2010Durée 3 minutes 50Avec Samuel Bollendorf, auteur de « Voyage au bout du Charbon »http://owni.fr/2010/02/23/le-webdocumentaire-selon-samuel-bollendorff/
CENTRE POMPIDOU « Les ciném@s de demain : le Web documentaire » Séance du 21 mars 2002Participants : Jean Philippe Renoult, France CultureEquipe de Plokker, web-documentaires d'ArteCécilia Vasquez, web-documentaire Trans HumantesXavier Felix, portfolio Labaraka.netMarie Paire, Onverrabien.comhttp://www.centrepompidou.fr/Pompidou/Manifs.nsf/2f6d2a49fa88f902c1256da5005ef33f/
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FRANCE INFO « Le webdocumentaire » Emission du 25 juillet 2010Emission de Caroline Delage, journalisteParticipants :Eric Scherer, directeur « stratégie et relations extérieures » à l’AFPAlexandre Brachet, société de production Upianh t t p : / / f r a n c e - i n f o . c o m / c h r o n i q u e s - l e s - f i l s - d e - l - i n f o - 2 0 1 0 - 0 7 - 2 2 - l e -webdocumentaire-468730-36-41.html
FRANCE INTER – UN JOUR SUR LA TOILE (Et pourtant elle tourne) Au sujet du web-documentaire « Correspondances » de Benoit BringerEmission du 16 novembre 2007Durée 12 minutesEmission de Jean-Marc Four, journalisteht tp : / /www.correspondances-generat ion. f r /b log/benoi tbr inger.com/audio/correspondancessurfranceinter.mp3
FRANCE INTER – UN JOUR SUR LA TOILEAu sujet du web-reportage « Lights bringer »Emission du 4 mars 2009Durée 3 minutes 12Par Hélène Chevalier, journalistehttp://www.correspondances-generation.fr/blog/benoitbringer.com/?page_id=247
INSTITUT PRATIQUE DU JOURNALISME – MAG2COM / Coulisses2com« Le webdocumentaire »Conférence tenue le 4 mai 2010Durée 2 minutes 20Intervenants :Pauline Augrain, Chargée du soutien à la production multimedia au CNC Benoit Bringer, Journaliste, organisateur de la conférence Boris Razon, Rédacteur en chef du Monde.frhttp://www.mag2com.com/?le-webdocumentaire
LE MOUV’Intervention de Benoit Bringer, non datéeDurée 30 secondeshttp://www.correspondances-generation.fr/blog/benoitbringer.com/audio/lemouvbenoit%201.Mp3
LE MOUV’– TÊTE À NET Au sujet du web-documentaire www.lagrandeaventure.frEmission du 20 octobre 2008Durée 2 minutes 56Avec Benoît Bringerhttp://www.correspondances-generation.fr/blog/benoitbringer.com/?page_id=247
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MEDIAS 2 / LINTERVIEW.fr« Les webdocumentaires, révolution ou effet de mode ? »Emission du 29 avril 2010Durée 30 minutes Intervenants :Arnaud Dressen,producteur de web documentaires, Honkytonk FilmsGuillaume Herbault et Bruno Masi, réalisateurs, Retour à TchernobylBenoit Cassegrain, réalisateur Web-reporter.netOlivier Lambert et Thomas Salva, réalisateurs, fondateurs du site Brèves de trottoirMarianne Rigaux, étudiante en journalisme, spécialisé journalisme multimédia, bloggeuseAnimation Xavier Rinaldi, journaliste indépendanthttp://medias2.tv/event/45//webtv--les-webdocumentaires--revolution-ou-effet-de-mode
MEDIAS 2« Quel modèle économique pour les webdocumentaires ? »Intervenants :Guillaume Blanchot, directeur du pôle multimédia du CNCSerge Gordey Gordey, Producteur du web-documentaire Havana-MiamiAlexis Serini, co-rédacteur en chef de Linterview.frLouis Villiers, reporter et fondateur de Linterview.frhttp://medias2.tv/event/142/innovations/nouveaux-medias--nouveaux-outils/quel-modele-economique-pour-les-webdocumentaires
NOUVELOBS.COM – 3ème EDITION DU FESTIVAL 4 ECRANS« L’essor du webdocumentaire »Durée 2 minutes 56Participants :Hervé Chabalier, délégué général du Festival 4 écransAurélie Florent, responsable du développement, société de production HonkytonkArnaud Dressen, société de production Honkytonk ht tp: / /www.te l leestmate le .com/art ic le--v ideo-fest iva l-4-ecrans- l -essor-du-webdocumentaire-40061369-comments.html
PERRUS, JosselinRencontre du 29 avril 2010Avec Alexandre Brachet, fondateur d’UpianDurée totales des vidéos 13 minuteshttp://nilsoj.tumblr.com/post/558027088/sxd-alexandre-brachet-fondateur-dupian
PROGRESS IN WORK (PIW!’S)Interview de Simon Bouisson, auteur de « Les communes de Paris »Mise en ligne le 28 juillet 2010http://blog.progress-in-work.fr/
PROGRESS IN WORK (PIW!’S)Interview de Samuel Bollendorff, auteur de « Voyage au bout du Charbon »Mise en ligne le 21 juin 2010http://blog.progress-in-work.fr/
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PROGRESS IN WORK (PIW!’S)Interview de Philippe Brault, co-auteur de « Prison Valley »Mise en ligne le 7 juin 2010http://blog.progress-in-work.fr/
RFI – ATELIER DES MEDIAS« Jean Abbiateci : les joies et les difficultés du reportage multimédia »Emission mise en ligne le 2 juillet 2009Durée 12 minutes 42Interview de Jean Abbiateci, auteur d’ « Haïti : la route de la faim »http://atelier.rfi.fr/profiles/blogs/jean-abbiateci-les-joies-et
RFI – ATELIER DES MEDIAS« Départ de Philippe Couve + l'économie du webdocumentaire » (Emission 116-1)Emission mise en ligne le 19 Février 2010Participants :Guillaume Blanchot, directeur du multimédia au CNC Joël Ronez, responsable du pôle web d'ArteAlexandre Brachet, créateur d'UpianLaurence Bagot, fondatrice de Narrativeh t t p : / / a t e l i e r . r f i . f r / p r o f i l e s / b l o g s / e m i s s i o n - 1 1 6 1 - d e p a r t - d e ?xg_source=msg_mes_network#5
SCAM (Société Civile des Auteurs Multimédia)« Doc on Web » Débat du 20 janvier 2010Durée 1 heure 35Participants : Guillaume Blanchot, directeur du multimédia et des industries techniques du CNCLaurent Duvillier, directeur général de la ScamAurélie Hamelin, responsable du pôle média, direction des programmes de France TélévisionsBoris Razon, rédacteur en chef de lemonde.frJoël Ronez, responsable du pôle Internet d’ARTE FranceJudith Rueff, journaliste, auteur de web-documentairesAnimation par Stéphane Druaishttp://www.scam.fr/tabid/363252/articleType/ArticleView/articleId/6988/Doc-on-web.aspx
SOCIAL MEDIA CLUB FRANCE« le Storytelling Digital » conférence du 8 avril 2010Participants : Cécile Cros, co-fondatrice de l’agence de production NarrativeArnaud Dressen, co-fondateur de l’agence HonkyTonkJulien Aubert, co-fondateur de la société de développement et de production Story FactoryNicolas Bry, directeur du Transmedia Lab d’Orangehttp://socialmediaclub.fr/2010/04/la-conference-storytelling-digital-du-0804-en-video/
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