webdoc magazine (mémoire e.poupel)

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LE MAGAZINE DU NOUVEL OUTIL MULTIMÉDIA AU SERVICE DE LINFORMATION ET DE LA COMMUNICATION WEBDOCMAGAZINE Mémoire de premier cycle universitaire DUT Information- Communication Spécialité Communication des Organisations NUMÉRO 1 - SEPTEMBRE 2010 Sous la direction d’Alain BOULDOIRES et de Vincent BENGOLD Écriture et réalisation : Emma POUPEL

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Mémoire de fin de DUT Communication des Organisations soutenu en septembre 2010 à Bordeaux (Université Michel de Montaigne Bordeaux 3).Certains passages, notamment les images sont en basse qualité dans la version ci présentée.N\'hésitez pas à me contacter si vous avez des questions.

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Page 1: WEBDOC MAGAZINE (mémoire E.Poupel)

LE MAGAZINE DU

NOUVEL OUTIL MULTIMÉDIA

AU SERVICE DE

L’INFORMATION

ET DE LA COMMUNICATION

WEBDOCMAGAZINE

Mémoire de premier cycle universitaire

DUT Information-Communication

Spécialité Communication des Organisations

NU

RO

1 -

SE

PTE

MB

RE

201

0

Sous la direction

d’Alain BOULDOIRES

et de Vincent BENGOLD

Écriture et réalisation : Emma POUPEL

Page 2: WEBDOC MAGAZINE (mémoire E.Poupel)

Photographies d’illustration de la couverture tirées des web-documentaires suivants :(de gauche à droite de haut en bas)1ère ligne : Thanatorama / Piraterie en Somalie / Le Challenge : le procès du pétrole en Amazonie2ème ligne : Un Somalien à Paris / L’Obésité est-elle une fatalité ? / Le Challenge : le procès du pétrole en Amazonie / Les Communes de Paris3ème ligne : Les Bras de la France / Le Corps handicapé, vivre après l’accident / Brèves de Trottoirs / Prison Valley / La Vie rêvée des pavillons

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L’idée est venue d’elle-même au fur et à mesure des investigations menées

sur le sujet du mémoire. En effet, plus l’étude du format web-documentaire avançait

et plus la linéarité dans le traitement d’un sujet, et en particulier celui du web-

documentaire, semblait obsolète.

Car la forme du mémoire «  traditionnel  » est très linéaire  : le cheminement

présenté au lecteur ne permet généralement pas d’aller-retour entre les parties. Le

lecteur est censé partir du début « point A » pour atteindre la fin, « point B ».

Et cette forme semblait aux antipodes de notre sujet : un nouvel objet multimédia et

délinéarisé.

Dans le web-documentaire, le lecteur peut à tout moment accéder au menu (ici il

s’agit du sommaire) et accéder directement au contenu qui l’intéresse spécialement.

Les sujets sont présentés comme des domaines à explorer, s’appuyant sur une

narration sémantique. Il en découle un rapport privilégié avec le lecteur. C’est ce

rapport que j’ai voulu retrouver dans cette forme magazine.

Cette idée, qui est le fondement du web-documentaire, est appliquée au papier

via le format magazine de ce mémoire. Utiliser le format magazine est donc un apport

de cohérence avec le sujet interactif, c’est la mise en pratique du sujet étudié. La

possibilité de lire les éléments de réponses au sujet de façon indépendante est

proposée au lecteur. Comme dans le web-documentaire la linéarité est rompue. Le

format magazine permet donc de s’exercer à cette pratique délicate avec le défi de

ne pas s’éloigner du sujet, tout en s’approchant au plus près de la forme étudiée.

Cette forme magazine est ainsi une alternative au format web-documentaire

qui lui est tout numérique. Car si l’idée de traiter le sujet du web-documentaire à

travers justement un web-documentaire est apparue, cette idée s’est très rapidement

révélée techniquement irréalisable au regard des compétences pluridisciplinaires

nécessaires à sa réalisation Et surtout, la perte de tout support papier semblait

incompatible avec un mémoire.

C’est ainsi qu’est née la forme magazine de ce mémoire.

Avant-propos

Pourquoi avoir choisi la forme magazine ?

AVA

NT-

PR

OP

OS

P

AG

E 1

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Avant-propos 1

Sommaire 2

Éditorial 3

Éléments 4photographie / hyperlien / réseaux sociaux / vidéo / carte...

Interactivité 15navigation / degrés d’interactivité

Questionnements 21définition ? / documentaire ?/ loi ? / médias ? / évolution ?

Sujets 29sujets récurrents / sujets d’actualité

Audience et consommation 31pratiques / fréquentation

Techniques 33compétences / contraintes / logiciels

Formes 37formes identifiées / séries

Écritures 43écriture du récit / usage de l’écrit

Narrations 45Structure narrative / différentes narrations

Jeu 49réel -virtuel / jeu en réalité alternée

Linéarité 51délinéarisation / convictions contradictoires

Acteurs 52réalisateurs / artisans /plateformes / organes de presse / agences de production / figures / internaute

Précurseurs 59Oulipo / hyperfictions / livres-jeu / cinéma photographié / audiorama

Naissance 64terminaux Internet / web journalism

Solution 71surabondance informationnelle /eldorado du photojournalisme

Marketing 72professional branding / storytelling

Économie 73économie d’Internet / business model / financements / subventions

Entreprises et marques 80SFR / Lacoste / Powerade

Institutions 83Ministère de la Défense

Communication 84agences / festivals

Table des matières 87

Sources et Ressources 90bibliographie / webographie

SOMMAIRE

SO

MM

AIR

E

PAG

E 2

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Éditorial

Pourquoi s’intéresser au web-documentaire ?

Le web-documentaire est un nouvel outil multimédia en pleine définition dont les

premières grandes productions sont apparues cette année. Certaines se sont même

vues primées lors du dernier festival Visa pour l’image de Perpignan1.

En plein essor sur Internet, son lieu de naissance et d’existence, et exploré tant

par les journalistes, les chaînes de médias (Arte, Canal + et France Télévisions

notamment) que par les agences de communication, cet « ovni » multimédia, encore

méconnu du grand public pose de grandes questions tant au niveau de sa forme que

de ses usages.

De l’écriture aux financements, le web-documentaire est en

pleine définition, mais semble très en avance car il présente déjà

tous les critères des nouveaux médias. Considérés jusqu’il y a

peu comme des gadgets, certains voient en ce nouvel objet

multimédia l’outil qui sauvera la presse de la crise actuelle. Et ce

sans compter les premières applications faites de ce nouvel outil

trans-média par les entreprises et dans les institutions (le format a

déjà du succès auprès des ONG2).

Encore méconnu du grand public le web-documentaire présente cependant

toutes les qualités d’un nouvel outil performant et efficace au service de l’information,

pour le traitement de sujets journalistiques, mais aussi de la communication, dans le

cadre de campagnes de communication internes ou externes.

1 Édition 2009 du festival

2 Comme c’est le cas de la Croix-Rouge avec son web-documentaire sur le Tsunami ou du Samusocial avec la

plateforme Danslapeaudunsansabri.com

Un «ovni multi-

média encore

méconnu du

grand public».

EDIT

OR

IAL

PAG

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Une œuvre pluri médiaLe web-documentaire utilise tout ou

une partie des médias disponibles sur

Internet pour traiter un sujet. C’est une

véritable expérience interactive qui est

offerte à l’internaute.

Le web-documentaire intègre ainsi

p l u s i e u r s f o r m a t s e n s o n s e i n :

photographies, textes, illustrations, vidéos,

bande sonore, cartes, hyperliens. Il peut

aussi offrir la possibilité à l’internaute de

laisser des commentaires, ou bien être relié

aux réseaux sociaux.

Cette liste de formats intégrés dans le

web-documentaire n’est pas exhaustive. En

effet, tout ce qui peut illustrer ou expliciter le

s u j e t p e u t f i g u r e r d a n s l e w e b -

documentaire.

Hervé Chabalier3 explique à ce sujet :

«  Ce qui est intéressant dans le web-

d o c u m e n t a i r e , c e n ' e s t p a s q u e

l'interactivité mais le fait de pouvoir raconter

une histoire en se servant à la fois de l'écrit,

de l'image, du son, de la photo". Et il insiste

sur la dynamique apportée par l’utilisation

de ces nouveaux médias  : "C'est pour ça

que les nouvelles technologies ne sont pas

porteuses que de progrès techniques, elles

enclenchent une nouvelle manière de créer".

Plus loin encore, on peut également

trouver des diaporamas commentés, des

animations en trois dimensions, des croquis

ou encore des émissions de radio.

Encore une fois, il convient de

souligner le format indéfini de notre sujet.

Enfin, avant de détailler tous ces

éléments constituant le web-documentaire,

il est important de préciser qu’il n’y a pas de

présentation type, que ces éléments ne sont

pas reliés entre eux de façon déterminée.

Chaque web-documentaire est « aménagé »

selon son sujet et le choix de ses auteurs.

E n c e s e n s , s i o n o b s e r v e

généralement la présence d’un menu

principal, ce n’est pas systématique.

Le web-documentaire : une oeuvre complète

« Les nouvelles

technologies (...)

enclenchent une

nouvelle manière

de créer».

Hervé Chabalier

3 Hervé Chabalier dirige l'agence Capa

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La photographieLa présence de la photographie dans

le web-documentaire semble, dans la plupart

d e s w e b - d o c u m e n t a i re s v i s i o n n é s ,

primordiale.

Alternées avec la vidéo ou enchaînées

en diaporama, les photographies sont

généralement présentées dans un rythme

lent. Le spectateur a le temps de les observer.

Et il y a souvent un effet de focus léger sur les

photographies.

Elles sont souvent de très bonne

qualité (qualité «reflex numérique») ce qui

n’entrave pas la diffusion en Haute Définition

du web-documentaire.

Cependant, si l’image est souvent

qualifiable de «  propre  » (les plans sont

souvent originaux, les portraits très soignés,

les couleurs vives, le flou maîtrisé) ce n’est

p a s u n e g é n é r a l i t é . D a n s l e w e b -

documentaire «  Prison Valley  » (Arte) par

exemple l’image sert vraiment le récit et joue

en grande partie sur l’ambiance du web-

d o c u m e n t a i r e . M a i s d a n s l e w e b -

documentaire Concubines (France 5), les

images de nuit sont quasiment toutes ratées.

La série de clichés semble disséminée dans

le récit sans grande logique pour justifier

l’étiquette web-documentaire au projet.

On peut expliquer ces différences de

qualités dans la photographie par la

p r o v e n a n c e d e s a u t e u r s d e w e b -

documentaires  : certains sont originellement

photoreporters, d’autres journalistes de

presse écrite. La qualité peut alors s’en

ressentir.

La photographie intégrée au récit

prend toute sa force dans le web-

documentaire lorsqu’elle est associée au son.

C’est d’ailleurs une des principales forces du

web-documentaire  : la mise en avant de

clichés photographiques grâce à des effets

sonores percutants.

Enfin, la photographie peut aussi se

présenter sous la forme d’une galerie

d’images accessible depuis le menu principal

du web-documentaire. Elle illustre alors

souvent davantage que les lieux et les

personnages, et complète le sujet en

présentant de nouveaux éléments.

Photographie d’accueil du web-

documentaire «Un somalien à Paris»

Photographie de la série de web-

documentaires «Brèves de Trottoirs»

Photographie extraite de «Voyage au

bout du Charbon»

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Capture d’écran du web-documentaire «HomoNuméricus»,

photographie introduisant le portrait de la femme représentée.

Capture d’écran du web-documentaire «Le Corps Incarcéré»,

photographie accompagnant le témoignage (voix) de l’homme représenté.

Capture d’écran du web-documentaire «Les Communes de Paris»,

Photographie extraite de la séquence de présentation de «Chatelêt»,

une des sections du web-documentaire.

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Le 360°Le concept du «  360°  » permet de

plonger le spectateur au cœur d’une pièce

ou d’un paysage comme s’il y était. Le web-

documentaire frôle d’encore plus près la

réalité avec cet outil.

En effet, il s’agit de juxtaposer à l’aide

d’un logiciel spécialisé plusieurs clichés

b o rd s à b o rd s p o u r a t t e i n d re u n

panoramique complet. Le lecteur sera alors

projeté au centre de ce 360° lorsqu’il

visionnera le web-documentaire.

Il y a d’ailleurs un web-documentaire,

qui concerne encore le milieu carcéral, dont

le 360° est un outil central utilisé par les

concepteurs.

Il s’agit «360degrees Perspectives on

the U.S. Criminal Justice System  » où le

lecteur est plongé dans l’univers des

détenus (visite des cellules ou de leur foyer,

entretiens avec leur psychiatre, leurs

proches ou eux mêmes).

Cette technologie, réalisée avec le

logiciel QuickTime VR, donne une étrange

impression de 3D.

Illustration du 360° avec des captures d’écran du web-

documentaire «360degrees»

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L’hyperlienL e w e b - d o c u m e n t a i r e p e u t

également présenter de l’hyperlien. L’atout

principal est de justifier le traitement du

sujet en renvoyant le lecteur vers des

réalisations extérieures renforçant ou

complétant son propos. Il peut aussi s’agir

de réalisations sur lesquelles s’est appuyé

l ’auteur pour construi re son web-

documentaire. Mais encore, il peut s’agir

de documents évoqués dans le récit. En ce

sens, les références uti l isées sont

directement proposées au lecteur.

Dans le web-documentaire, les

h y p e r l i e n s s o n t d e s é c l a i r a g e s

complémentaires sur le sujet que le visiteur

peut, selon ses envies, explorer ou non.

Capture d’écran du menu du web-documentaire

«Brèves de Trottoirs»

Capture d’écran de la rubrique «Infos»

Capture d’écran d’un article sur l’hiver des sans abris à Paris

ILLUSTRATION D’UN CAS D’HYPERLIEN DANS LE WEB-

DOCUMENTAIRE «BRÈVES DE TROTTOIRS»

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Le sonComme évoqué plus haut avec la

photographie, le son a une réelle force dans le

web-documentaire.

Tout type de son peut prendre un rôle

crucial  : le claquement d’une porte, une

alarme, un reniflement, ou encore un rire.

Associé à la photographie, l’effet produit sur le

spectateur peut être à couper le souffle. En

effet les sons prennent toute leur dimension

dans le web-documentaire  : on y entend des

voix, des extraits radiophoniques ou

télévisuels, de la musique, des sons

d’ambiance, des citations et dans certains cas

la voix du ou des auteurs.

Il y a un véritable travail sur l’ouïe, les

sons retiennent parfois davantage l’attention

que les images. Dans la plupart des web-

documentaires il n’y a jamais de «blanc», les

voix s’enchaînent sur les musiques de fond, le

bruit du véhicule qui sert de trame principale

au récit.

La carte interactiveLa carte est un élément très intéressant

du web-documentaire. Dans la plupart des cas

el le est interactive et sert à repérer

spatialement des faits mais aussi à se repérer

dans le web-documentaire, ce qui est un

véritable double atout.

Concrètement, l’internaute peut afficher

grâce à cette carte des informations qui vont

lui permettre de restituer les événements dans

l’espace, au delà d’une découverte de la

géographie des lieux.

Dans le web-documentaire La Cité des

Mortes par exemple, vous pourrez accéder à

une carte de Ciudad Juarez (la ville « sujet » du

web-documentaire) où sont localisés tous les

meurtres de femmes par quartier. Mais il s’agit

là d’une carte « à la demande », car pour voir

apparaître ces points sur la carte, il vous fait

choisir le type de meurtre que vous souhaitez

visualiser. Pour les meurtres à l’arme blanche

les points sont de couleur, et pour ceux non

élucidés de couleur, et ainsi de suite. Vous

pouvez les faire apparaître les uns à la suite

des autres, ce qui vous donne, une fois tous

les types de meurtres sélectionnés, un aperçu

du nombre total de femmes assassinées dans

cette ville.

Autre exemple, dans «Brèves de

Trottoirs» le menu principal même est une

carte.

Pour accéder aux portraits réalisés par

les auteurs, vous devez déplacer la souris sur

le plan de Paris. Il y a un portrait d’une

personnalité iconoclaste parisienne par

quartier, ils sont localisés sur la carte par un

petit drapeau de couleur. Lorsque vous

survolez l’emplacement de cette personne,

vous pouvez cliquer et accéder au reportage

( de 4 à 10 minutes selon les cas).

Vous choisissez donc grâce à la carte

d’une part de visualiser l’information qui vous

intéresse, et d’autre part vous vous repérez

dans le récit.

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Page 15: WEBDOC MAGAZINE (mémoire E.Poupel)

Capture d’écran de la carte de «Prison Valley»

Capture d’écran de la carte interactive de «Cuidad Juarez»

Capture d’écran de la carte de «PIB»

Exemple d’apparition d’un portrait

lors du survol de la carte interactive

Capture d’écran de la carte qui sert d’écran principal au web-

documentaire «Brèves de Trottoirs»

Agrandissement

d e s f o n c t i o n s

proposées par la

carte interactive

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Page 16: WEBDOC MAGAZINE (mémoire E.Poupel)

Les réseaux sociauxL’intérêt pour le web-documentaire

d’être « relié » aux réseaux sociaux (Facebook

le plus souvent, ou Twitter) réside dans le

développement de son audience d’une part,

en étendant sa visibilité, mais aussi dans le

renforcement de son critère multimédia ou

« pluri média ».

En effet, la participation

des internautes est, selon

les web-documentaires, plus ou moins mise

en avant, mais souvent perçue comme

valorisante par ses auteurs. Car certaines

interfaces facilitent plus que d’autres le

partage de contenu entre internautes.

En donnant la parole aux internautes sur le

sujet étudié dans le web-documentaire, les

auteurs ont différentes intentions  : voir les

internautes contribuer au sujet et apporter de

nouvelles informations d’une part, mais

espèrent d’autre part voir naître le débat.

Le débat se fait soit en interne, c’est à dire

dans le web-documentaire lui même (exemple

dans «  Prison Valley  ») ou en prolongement

sur les réseaux sociaux.

La connexion à un ou plusieurs réseaux

sociaux valorise l’aspect participatif et « web

2.0 » du web-documentaire.

Plus loin encore, certains web-

documentaires permettent même leur

visionnage intégral ou partiel sur les réseaux

sociaux, qui deviennent alors une «  porte

d’accès  » au web-documentaire et un

véritable moyen de promotion instantané.

Le réseau social Twitter est par exemple le

5ème4 «  apporteur de trafic  » pour le web-

documentaire Prison Valley.

Dans la plupart des

cas, les réseaux sociaux

se limitent cependant à la simple fonction de

recommandation, avec par exemple l’option

« J’aime » proposée aux membres du réseau

Facebook.

4 Chiffre avancé par Joël Ronez, responsable du pôle web sur Arte France lors de «  La journée du

webdocumentaire de la Communauté française »

Logo Facebook

Logo Twitter

Exemple de proposition de recommandation

d’une page sur le réseau Facebook (ici pour le

journal Libération). Il suffit que l’utilisateur clique

sur le bouton «J’aime» et tout son réseau en sera

informé.

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Page 17: WEBDOC MAGAZINE (mémoire E.Poupel)

La présence sur le réseau social n’est pas gage de participation de qualité ? En effet, les web-documentaires sont nombreux et le réseau social est un outil

incontestable dans la course à l’audience pour ces « ovnis » Internet.

Mais la force du réseau social (il s’agit de Facebook ou de Twitter la plupart du temps)

ne réside pas dans la quantité d’internautes abonnés  : la force du réseau social vient

de sa qualité.

Cette idée, à laquelle sont confrontées toutes les marques présentes sur les réseaux

sociaux, est absolument centrale dans le succès d’un web-documentaire à caractère

participatif.

Ainsi la crédibilité de la communauté est le pilier central du web-documentaire : la

pertinence des éléments complémentaires publiés et la qualité des commentaires. Ce

sont ces éléments mêmes qui feront la différence entre deux web-documentaires à

l’interface similaire.

Le nombre de membres et de billets postés ne reflète donc en rien la qualité de

participation du web-documentaire. Il s’agit de fédérer une communauté dynamique

autour du web-documentaire.

Capture d’écran du web-documentaire «India in Motion», exemple d’intégration des options de

recommandation des réseaux sociaux dans la barre d’outils inférieure. Les logos Facebook et Twitter sont

précédés de la mention «Share this vidéo on social network» («partagez cette vidéo sur un réseau social»).

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Page 18: WEBDOC MAGAZINE (mémoire E.Poupel)

Le commentaireLes réseaux sociaux ne sont pas seuls,

un au t re out i l pa r t ic ipa t i f du web-

documentaire existe. Dans certains cas, le

commentaire est proposé, en complément ou

en alternative aux réseaux sociaux.

Ce commentaire peut être directement

intégré au web-documentaire (la possibilité

de laisser un commentaire est donnée à

certains moments clés du récit), ou bien

souvent à la fin du visionnage dans une

rubrique spécialement créée. Le commentaire

donne une dimension collaborative ou

col lective au web-documentaire. Les

spectateurs peuvent grâce à cet outil donner

directement leur sentiment sur le document

visionné ou sur le thème abordé, sur

d ’éven tue l l es i ncompréhens ions ou

désaccords avec le traitement du sujet.

Cette possibilité est parfois proposée

sous d’autres termes. « Condoléances  » est

ainsi le terme employé dans « Thanatorama ».

Le web-documentaire permet, grâce à

cette possibilité, de renvoyer vers des

pétitions ou des votes. Alors que les auteurs

du web-documentaire n’auraient peut-être

pas prévu d’associer ces contenus à leur

web-documentaire. Le rôle que peut prendre

l’internaute peut ainsi être bien réel.

Le web-documentaire peut alors

devenir une arme de militant avec l’apport de

ces réactions à chaud, en pouvant dépasser

l’intention initiale des auteurs.

La question de la modération se pose

donc, et amène avec elle la question de la

censure.

Car n’oublions pas que les sujets

abordés dans les web-documentaires sont

sujets à de fortes polémiques (prostitution,

immigration, milieu carcéral, mort..) et donc

sujets à d’éventuels débordements sur ces

forums.

Capture d’écran des «condoléances» proposées dans le web-documentaire «Thanatorama».

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Page 19: WEBDOC MAGAZINE (mémoire E.Poupel)

La vidéoLa présence de la vidéo est, avec la

photographie, prépondérante dans le web-

documentaire.

Il est en effet très rare de rencontrer un

web-documentaire qui n’en fait pas usage.

Les équipes de réalisation de web-

documentaire sont souvent restreintes,

comparativement aux équipes engagées pour

son homologue télévisuel.

Il en découle pour la vidéo des

pratiques spécifiques :

un cadrage plus intime, des plans

serrés et souvent la pratique du regard-

caméra lors d’interviews.

La vidéo est d’ailleurs presque toujours

la trame conductrice du récit. C’est un pilier

central, souvent accompagné de la voix de

l’auteur. Elle fait le lien entre les photos les

cartes et autres outils médias intégrés au

récit.

L’illustrationBien que la photographie et la vidéo

soient deux médias très utilisés dans les web-

documentaires, cet usage n’est pas exclusif.

En effet,des il lustrations sont parfois

présentes et revêtent différents atouts.

Dans «La Crise Du Lait» par exemple,

l e s i l l u s t r a t i o n s , i n t é g r é e s à d e s

photographies en noir et blanc, servent à

accéder aux contenus du web-documentaire.

Capture d’écran du menu principal de

«La Crise du Lait»

Capture d’écran de «La cité des Mortes».

Les vidéos de web-documentaire sont

ancrées dans ce graphisme à la manière

d’une télévision. Pour changer de vidéo il

faut changer de chaine de télévision sur ce

poste.

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L’interactivité au coeur du web-documentaire

5 Fondatrice de l’agence de production Narrative

Si la particularité du web-documentaire est de croiser plusieurs médias au sein

d’une même production, un élément central les connecte entre eux  : l’interactivité. Ce

critère donne la force même au web-documentaire, mais n’est pas sans risques.

Aussi, bien que l’interactivité ne se résume pas aux choix de parcours dans le web-

documentaire, nous verrons que certains auteurs choisissent pourtant cette forme

d’interactivité.

Concrètement, l’interactivité dans le web-documentaire consiste à offrir des choix

de navigation à partir d’un menu ou sous forme de liens au sein du récit. Ces choix,

matérialisés par des liens cliquables par l’internaute, permettent d’accéder aux contenus

périphériques du web-documentaire, et sont généralement présentés sous forme

hypertextuelle (parfois ils sont accompagnés d’une image ou d’un symbole).

Différents degrés d’interactivitéL’interaction entre l’usager et le web-documentaire est très aléatoire dans les web-

documentaires. Ainsi, les internautes ont parfois la possibilité de contrôler uniquement leur

cheminement au sein du web-documentaire (qui s’apparente à une exploration). Cécile

Cros5 n’envisage pas de laisser intervenir l’internaute plus que dans les choix à faire avec

l’interface. Elle insiste même sur «  le choix de ne rien faire  » qui doit être laissé aux

internautes face au web-documentaire.

Mais ils ont parfois la possibilité d’ouvrir des portes vers des éléments multimédias

complémentaires (photos, vidéos, sons…). L’interaction est alors plus poussée car

l’internaute, en plus de décider de son cheminement, va décider d’accéder à des contenus

supplémentaires. Tout va dépendre ensuite de la «  maturité Internet  » de l’internaute.

Rappelons que ces contenus sont des notes, des photos, des interviews dont les auteurs

se sont servis ou ont réalisé durant leur enquête. C’est alors une visite « à la carte », dont

l’internaute devient le maître.

Page 21: WEBDOC MAGAZINE (mémoire E.Poupel)

EXEMPLE DE L’INTERACTIVITÉ PAR

DEGRÉS DANS «360DEGREES»

L’interactivité est présentée dans ce web-

documentaire sous cette forme schématique.

Au centre les récits de détenus (stories), puis des

données relatives au sujet comme le nombre de

détenus par exemple (dynamic data), vient ensuite

une chronologie (timeline), des liens vers des

documents connexes (ressources), un forum de

discussion (dialogue), et enfin une rubrique de

présentation du projet (about).

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Page 22: WEBDOC MAGAZINE (mémoire E.Poupel)

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7 L’exemple de « Prison Valley » : une interactivité à tiroirs

Dans le web-documentaire « Prison Valley », l’interactivité est poussée car elle se

présente via les différents médias au sein même du web-documentaire mais surtout, elle

s’étale sur différents niveaux. C’est une interactivité « en profondeur ».

On peut qualifier ces niveaux de «  tiroirs  » car ils s’imbriquent les uns dans les

autres  ; pour accéder aux niveaux d’interactivité les plus élaborés, il faut passer par les

premiers stades du récit. Plus vous avancez dans l’exploration du web-documentaire et

plus nombreuses sont les possibilités d’interactions qui s’offrent à vous.

On peut classifier l’interactivité du web-documentaire de cette façon :

1er stade : Le document se regarde d’une traite,

avec de rares interactions indispensables à la

poursuite du récit. Cela consiste pour

l’internaute à cliquer sur «  retour au film  » (le

terme « film » surprend).

La compréhension de la navigation à ce

stade du récit est aisée. Tout internaute ayant

déjà utilisé un CD-Rom peut arriver à suivre la

trame du récit.

2 è m e s t a d e  : L a p o s s i b i l i t é

d’approfondir certains sujets avec

des interviews complémentaires, la

consultation de statistiques, la

géolocalisation des faits rapportés

dans le récit. Puis l’internaute revient

au récit. Ce deuxième niveau est

relativement accessible, surtout par

ce que dans Prison Valley les

graphismes sont très soignés et

l’internaute est visuellement guidé

pour retourner au récit.

3ème stade : L’offre d’un système interne

de discussion en temps réel. Les internautes sont

invités à échanger avec d’autres internautes qui

visualisent eux aussi le web-documentaire. Ce

procédé fait appel à la technologie Facebook

Connect6, car les discussions transitent via le

serveur du site Facebook.

4ème stade  : L’accès au forum du web-documentaire et la prise de position dans les

débats lancés. L’internaute est y invité une fois tout le web-documentaire visionné. Ce

niveau d’interactivité est aisé à gérer pour tout internaute ayant déjà participé à un forum

quelconque sur Internet. En effet, la présentation et le fonctionnement du forum sont

classiques et seule sa présence au sein d’un documentaire est une nouveauté.

6 « Facebook Connect » permet aux développeurs de pages Internet et de contenus web d’intégrer Facebook

sur différents sites ou plateformes.

Page 23: WEBDOC MAGAZINE (mémoire E.Poupel)

5ème stade  : L’entrée en contact

direct avec les personnes présentées dans

le récit. Cette fonctionnalité n’est pas

disponible en continu. Les internautes

avaient cette possibilité seulement au

lancement du web-documentaire. Ils

consistaient à des rendez-vous en direct via

le tchat interne et sur le forum. Ce niveau

d’interactivité est, au regard des autres

web-documentaires étudié, une exclusivité

de «  Prison Valley  ». On peut en effet

deviner que cette fonctionnalité est assez

lourde à mettre en place pour les

réalisateurs.

6ème stade  : Ce stade est la suite

logique du précèdent, une fois les acteurs

du récit interrogés par les internautes, le

web-documentaire présente des rendez

v o u s h e b d o m a d a i r e s a v e c d e s

spécialistes du sujet. Cette continuité

dans l’interactivité proposée à l’internaute

est un véritable atout dans le sens où le

sujet n’est pas uniquement approfondi via

la participation des internautes mais via

l’apport de données spécialisées.

Le fonctionnement est le même que

pour le stade précédent, et est de la

même façon relativement accessible.

7ème stade : Enfin, le web-documentaire invite les internautes à poursuivre le débat

sur d’autres sites reliés (Yahoo, France Inter, Télérama, YouTube) à celui du web-

documentaire. 

A ce stade, l’interaction est plus aisée pour un internaute sans grande maîtrise des

fonctionnalités qu’offre Internet. La participation est facilitée car elle ne se fait pas au sein

même du web-documentaire et la présence des vidéos est là pour cadrer l’internaute qui

serait égaré dans toute cette sphère tournant autour du web-documentaire. Mais il

semble tout de même préférable que l’internaute ait visionné le web-documentaire en

intégralité pour prendre part aux débats.

Aussi, on peut imaginer que ce dernier stade d’interactivité attire une nouvelle

audience, celle des sites sur lesquels le web-documentaire est partiellement retransmis.

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Page 24: WEBDOC MAGAZINE (mémoire E.Poupel)

Pour l’auteur

P o u r l ’ a u t e u r , l e s

questions liées à l’interactivité du

w e b - d o c u m e n t a i r e s o n t

mu l t ip les . Ces p rob lèmes

d’écriture adaptée au format

sont détaillés plus haut dans

l’écriture du web-documentaire

car elles se posent à l’auteur

précisément au moment de la

rédaction.

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Pour le visiteur

Pour l’internaute, les problèmes d’interactivité sont rencontrés dès l’ouverture du

web-documentaire. Il est en effet très rapidement précipité au cœur d’un document

interactif dont il ne maîtrise pas toujours le fonctionnement. Confronté à une multitude

d’éléments narratifs, à une histoire éclatée en fragments et disséminés tout au long de

l’histoire, l’interactivité doit participer à l’enrichissement de l’histoire sans risquer de

brouiller cette dernière. Et il est très délicat pour les auteurs de mesurer la capacité des

internautes à gérer l’interactivité au sein du web-documentaire. Le risque pour le lecteur

est que le déroulement du récit soit affecté par ses multiples possibilités d’interactivité.

L’internaute est en effet habitué à offrir une audience passive (lors du visionnage

d’un documentaire télévisuel).

Les défis de l’interactivitéL’interactivité, véritable apport de

dynamiques au sein du web-documentaire

doit cependant se confronter à quelques

défis. D’une part pour l’auteur, et d’autre part,

pour le visiteur.

Et ce sans oublier que l’interactivité ne

peut être une fin en soi, elle doit servir le

sujet. Et ce point est peut être le défi central

du web-documentaire  : ne jamais laisser le

contenant dépasser le contenu.

Page 25: WEBDOC MAGAZINE (mémoire E.Poupel)

Le risque de l’interactivité

forcée

N o u s a v o n s e x p l i q u é q u e

l’interactivité n’est pas une chose aisément

maîtrisée.

Mais un internaute qui maîtrise l’interactivité

ne fait pas forcément un internaute satisfait.

Andrew DeVigal7 dit: « Si elle est forcée,

l’interactivité peut très bien détruire un récit

».

P o u r t a n t l ’ i n t e r a c t i v i t é e s t

fondamentale au web-documentaire.

Dans «  Voyage au bout du Charbon  » par

exemple, on sent parfois que l’interactivité

est forcée. Elle est assez lourde, présente à

chaque tournant du récit. À force de choix

dans la navigation, elle fait perdre le fil des

événements. Le rythme en est cassé,

l’expérience du web-documentaire devient

anxiogène pour le lecteur et le risque qu’il

décroche est bien réel.

L’interactivité limitée aux

choix de navigation

Dans certains web-documentaires,

pour éviter de rencontrer les problèmes que

nous venons de citer ou par souci de

simplicité dans le montage du web-

documentaire, on constate que les auteurs

ont limité l’interactivité aux choix dans la

navigation.

Et c’est peut être l’interactivité la plus

créatrice dans le web-documentaire. En

effet, si on connaît le concept des jeux de

rôles, des blogs, des réseaux sociaux, le

web-documentaire est le premier outil

multimédia qui permet un tel choix de

navigation dans le traitement d’un sujet réel.

Dans ces web-documentaires, le

pouvoir de l’internaute réside dans l’ordre

qu’il donne au récit. Il choisit quelles

informations visualiser ou non.

Ce choix peut donner au web-

documentaire une ambiance « reporter ». Le

web-documenta i re devient a lors le

documentaire dont vous êtes le héros.

Cet effet a pour conséquence de

renforcer le caractère immersif du web-

documentaire mais ceci n’est pas anodin : le

web-documentaire, bien qu’il traite de faits

réels et souvent graves, n’est alors pas sans

rappeler le jeu de rôle.

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7 Andrew De Vigal est le responsable multimédia du New-York Times.

Illustrations de choix de navigation

dans le web-documentaire «Voyage au

bout du Charbon»

Page 26: WEBDOC MAGAZINE (mémoire E.Poupel)

Un concept aux

contours flousLe web-documentaire

est un concept multimédia

a u x f o r m e s e n c o r e

indéterminées.

Ce nouveau concept

associe du texte, des photos,

des cartes, des vidéos, du

son, des animations, et les

réseaux sociaux, de façon

interactive et didactique. On

peut par ler de concept

«  hypermédia  »  : c ’est

l’agencement et l’exploitation

des différents outils qu’offre

In te rnet en une un ique

production autour d’un sujet.

Et chaque nouveau sujet est

l ’ occas ion d ’un nouve l

agencement. Il n’y a pas de

genre unique, de modèle, de

format prédéfini ou identifié.

L’absence de

définition propreE n e f f e t , l e w e b -

documentaire se cherche

encore, il n’y a donc pas de

définition précise. C’est une

nouvelle pratique observée

s u r I n t e r n e t d o n t l e s

principaux acteurs (la presse,

les photo reporters, les

maisons de productions, les

d o c u m e n t a l i s t e s , l e s

journalistes, les agences de

communication entre autres)

cherchent encore la forme

exacte et les limites.

E n c o n s é q u e n c e ,

plusieurs terminologies sont

d o n c e m p l o y é e s p o u r

d é s i g n e r l e w e b -

documentaire  : le journal en

ligne LeMonde.fr le qualifie

par exemple de «  visuel

i n t e r a c t i f  » o u d e

« documentaire multimédia ».

Une définition

proche de celle

d’InternetM a i s s ’ i l y a u n e

déf in i t ion dont le web-

d o c u m e n t a i r e p e u t

s’approcher, c’est la définition

d’ Internet. En effet , les

caractéristiques mêmes du

w e b - d o c u m e n t a i r e

s’approchent fortement de

celles d’Internet. A savoir : un

p ro d u i t d i s p o n i b l e s u r

I n t e r n e t , a s s o c i a n t d e

multiples médias (vidéos,

s o n s , c a r t e s … ) , d o n t

l’agencement est l’œuvre

d’un d’auteur. Tous ces

éléments sont en interaction

avec le spectateur. Le web-

documentaire est donc le

«  produit Internet  » par

excellence, ou du moins une

f o r m e t r è s a b o u t i e d e

l’association des différents

outils Internet. Plus qu’une

expérimentation multimédia,

c ’est une démarche de

« médium total ».

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1 L’introuvable définition du web-documentaire

Page 27: WEBDOC MAGAZINE (mémoire E.Poupel)

Une nouvelle

méthode de

traitement d’un

sujetLe web-documentaire

est une nouvelle forme de

réponse à un sujet  : c’est un

t r a i t e m e n t c r o i s é d e

l'information au service d’un

sujet. C’est une nouvelle

façon de traiter un thème,

mais surtout de raconter une

histoire.

Ce nouveau traitement

implique une nouvelle forme

d'écriture multimédia. Il s’agit

en fait d’une histoire que l’on

raconte grâce à l’assemblage

des outils exploitables sur

I n t e r n e t . I l e n r é s u l t e

l ’ a m é n a g e m e n t d ’ u n e

interface autour d’un récit.

Une nouvelle

architecture au

documentaireLe web-documentaire

apporte en effet une nouvelle

architecture8, ou structure au

récit documentaire.

L e d o c u m e n t a i r e

classique, visionné à la

télévision, est défini comme

«  u n f i l m d i d a c t i q u e

p r é s e n t a n t d e s f a i t s

réels n’intervenant pas sur le

d é r o u l e m e n t d e s f a i t s

relatés ».

Cette définition peut

s ’ a p p l i q u e r a u w e b -

documentaire à condition de

préciser son caractère pluri

média, apporté par son canal

de transmission, Internet.

E n c l a i r, i l s ’ a g i t

généralement d’une enquête

journalist ique interactive

conçue pour Internet.

Une discipline en

évolution

constanteE n e f f e t , l e w e b -

documentai re n’est pas

encore totalement défini et il

semble qu’il continuera à se

chercher encore. Car il ne

pourra trouver sa forme

propre tant qu’Internet sera

en constante évolution (son

caractère principal étant

l ’exploi tat ion des out i ls

Internet).

A i n s i l e w e b -

documentaire semble être,

pour une durée impossible à

évaluer aujourd’hui, voué a

être un outil protéiforme.

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8 Terme employé par Monique Simard, directrice générale du Programme français de l’Office National du Film

(ONF) dans une interview de Charles Gervais pour alternatives.ca.

Page 28: WEBDOC MAGAZINE (mémoire E.Poupel)

Une discipline

méconnue du

grand public Enfin, il est important

de signaler que le web-

documentaire est un outil si

récent qu’il est encore

méconnu du grand public.

Comme le dit Aurélie

Hamelin9 «dans les milieux

de l’audiovisuel, on en parle

beaucoup, mais le grand

public n’identifie pas encore

bien ce genre ».

Ce qui n’est pas

étonnant compte tenu de la

d i f f i c u l t é d e s m i l i e u x

spécialisés (web, médias,

communication…) à définir

le genre.

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La différence entre un documentaire diffusé sur

Internet et un web-documentaire réside dans les caractères

mêmes du web-documentaire. C’est-à-dire la non linéarité

et le caractère pluri média de ce dernier, que ne possède

pas le « simple » documentaire.

En effet, un documentaire diffusé sur Internet n’est autre

que l’utilisation du médium Internet comme un canal de

diffusion, sans agir sur la forme propre du documentaire et

sur son contenu.

Sur Dailymotion10 ou Youtube11, par exemple, il est

possible de trouver des documentaires précédemment

diffusés à la télévision qui trouvent sur Internet un second

public.

Mais le web-documentaire est plus que cela : il détient ses

critères multimédias spécifiques qui le rendent impossible à

qualifier de « simple » documentaire. C’est un nouvel outil

multimédia construit pour Internet et exclusivement diffusé

sous cette forme sur Internet.

En ce sens, un web-documentaire est donc en aucun cas la

rediffusion d’un documentaire sur Internet.

Quelle est la différence avec un documentaire diffusé sur Internet ?

9 Aurélie Hamelin est responsable du pôle contenu média global de France Télévisions

10 Dailymotion est une une plateforme d'hébergement, de partage et de visionnage de vidéo en ligne.

11 YouTube est une plateforme d’hébergement, de vidéos sur lequel les utilisateurs peuvent envoyer, visualiser et

partager des séquences vidéos.

Page 29: WEBDOC MAGAZINE (mémoire E.Poupel)

Quelles lois pour le web-documentaire ? Le web-documentaire n’a pas de définition légale propre. C’est

une œuvre multimédia et légalement les œuvres multimédias sont très

difficiles à encadrer. En effet, chaque création ne repose pas

forcément sur les mêmes lois.

Le web-documentaire peut ainsi s’appuyer sur les lois du logiciel, les

lois des bases de données ou encore les lois de l’œuvre audiovisuelle.

Car il peut correspondre à ces trois catégories d’outils numériques.

On constate ainsi l’existence d’un vide juridique.

Le web-documentaire est une création collective. Il s’agit d’un travail

réalisé par des professionnels spécialisés dans des domaines

différents qui ne sont pas protégés par les mêmes lois.

Et cela amène la question du droit d’auteur pour ces différentes

personnes concourant à la réalisation d’un même projet.

Pour cela, il est possible de qualifier le web-documentaire d’œuvre

collective ou d’œuvre de collaboration, ou encore d’œuvre composite.

Il s’agit de qualifications légales. Celles-ci permettent aux différents

artisans ayant contribué au web-documentaire de protéger une partie

de leur travail. Ainsi, bien qu’il soit impossible de qualifier légalement

le web-documentaire dans son intégralité d’œuvre audiovisuelle, il est

possible de considérer les différents éléments le composant comme

des œuvres audiovisuelles indépendantes.

Le web-documentaire est alors considéré légalement comme

une œuvre multimédia collective ou comme un assemblage d’œuvres

audiovisuelles.

À savoir, aux Etats-Unis les règles sont différentes : le producteur du web-documentaire détient tous les droits. Les artisans du projet sont alors considérés comme des techniciens.

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Page 30: WEBDOC MAGAZINE (mémoire E.Poupel)

Le multimédia Le multimédia est la combinaison de

médias (textes, images, graphiques, sons,

vidéo) au sein d’un objet numérique

commun. Le multimédia correspond ainsi

au traitement simultané de ces médias

grâce à une programmation informatique.

Cette programmation rend la lecture de

l’objet numérique possible depuis un

ordinateur.

Le web-documentaire correspond bien à

cette définition, dans le sens où la

particularité du web-documentaire est ici

mise en évidence  : l’usage de plusieurs

médias.

Cependant, cette définition n’est pas

complète, il manque le caractère interactif

du web-documentaire.

Le pluri-médiaLa déf in i t ion du p lu r i -méd ia

s’approche de celle du multimédia : il s’agit

de la combinaison de plusieurs médias.

Cependant, le traitement de ces

médias n’est pas simultané. Ainsi le pluri-

média désigne l’usage de plusieurs médias

pour un même sujet mais ces derniers

peuvent être utilisés de façon dissociée. La

stratégie pluri-média consiste par exemple

pour une entreprise à penser ses supports

de communication interne (newsletter,

jour na l d ’ent repr ise , événements ,

intranet…) comme un tout et non plus

comme des supports de communication

pris individuellement. L’idée du pluri-média

est de faire que ces outils se complétent

dans une même logique. Ce dispositif peut

s’apparenter à celui d’un plan de

communication mais, plus que ça, il s’agit

de porter une réflexion globale sur un sujet,

en utilisant différents médias. Le pluri-

média implique, dans ce cas d’une

communication interne, une cohérence

éditoriale totale de toutes les productions

de l’entreprise, quelques soient les

supports.

De même pour le cas du web-

documentaire  : il s’agit d’une réflexion

d’auteur sur un sujet, mis en forme dans le

web-documentaire en combinant différents

médias de façon à répondre avec le plus

de cohérence possible à ce sujet.

Le web-documentaire au cœur des évolutions des médias On emploie alternativement les termes « multimédia  », « pluri-média  », «  trans-

média », « cross-média » et enfin « rich-média ». Bien que ces termes se rejoignent (et

soient pour certains presque des synonymes) ils peuvent tous plus ou moins

correspondre au web-documentaire.

Il convient donc de les définir plus précisément afin de situer le web-documentaire qui

navigue entre ces différents concepts.QU

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Page 31: WEBDOC MAGAZINE (mémoire E.Poupel)

Le cross-média Le cross-média est le principe de la

mise en réseau des médias. Ce terme

désigne l’usage rationnel de plusieurs

médias, mais il se distingue du multimédia

car il ne sollicite pas l’attention de l’individu

depuis un même lieu et à un même moment.

En effet, le cross-média n’a pas le

critère synchronisé du multimédia qui

mélange le son, le texte et la vidéo sur un

seul support numérique. Dans le cross-

média, les médias utilisés sont utilisés les uns

après les autres.

À la différence du pluri-média, le cross média

ne véhicule pas forcément un même

message sur les différents médias utilisés.

Par exemple, pour une agence publicitaire, le

cross-média consiste à décliner une

campagne sur différents médias (radio,

télévision, presse..). C’est la combinaison et

l’utilisation coordonnée de différents médias

au service d’une même stratégie.

L’intérêt du cross média est de créer des

interactions entre les médias utilisés.

Ainsi on peut qualifier le web-documentaire

de cross-média uniquement lorsque celui-là

connaît une version déclinée à la télévision.

En effet, le web-documentaire n’est pas

intrinsèquement cross-média  : il fait appel à

différents médias, mais ceux-ci sont

regroupés en un même support.

Le trans-media Le trans-média consiste, comme le

cross-média, à développer un contenu

narratif sur plusieurs médias. Cependant, le

contenu développé sur chaque média est

différent.  Les capacités d’interaction et les

spécificités de chaque média sont en effet

prises en compte, ce qui n’est pas le cas du

cross-média.

Ainsi le même contenu n’est pas décliné sur

chaque média, chaque média présentant le

même sujet mais d’une façon qui lui est

propre. L’utilisateur a alors la possibilité

d’entrer dans le sujet par différentes

« portes », c’est-à-dire par différents médias

portant le sujet.

À grande échelle le trans-média peut

correspondre à un jeu à taille humaine où les

événements du jeu arrivent au spectateur via

son mobile Internet ou la radio (comme nous

l’avons expliqué avec les ARG).

À l’échelle du web-documentaire il s’agit

d’utiliser les différents médias qui le

composent en fonction de l’intérêt que revêt

chaque média  : le témoignage d’un individu

se transmet avec une plus grande réalité via

le son ou la vidéo que via le texte, le portrait

via la photographie ect..

A savoir, la société de téléphonie Orange a

lancé un laboratoire du trans-média. Il est

explorable à l’adresse :

http://www.transmedialab.org .

Le rich-mediaEnfin, le rich-média désigne un format

numérique composé d’animations utilisant du

son, de la vidéo ou encore des photographies

basés sur la technologie Flash avec la

particularité de proposer des interactions

avec l’internaute. Le rich média est beaucoup

utilisé dans la publicité car il permet de

proposer sur Internet des publicités très

dynamiques à l’internaute. Le rich-média a

cette particularité qui fait aussi la force du

web-documentaire  : l’interaction avec

l’internaute.

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Page 32: WEBDOC MAGAZINE (mémoire E.Poupel)

Les deux terminologies sont utilisées mais la plus fréquente est «  web-

documentaire ».

Il est possible d’utiliser les deux termes, mais le terme web-documentaire semble plus

approprié, c’est pourquoi nous l’utiliserons.

Les différences entre le web-documentaire et le web-reportage sont celles existant déjà

entre le documentaire et le reportage.

Le documentaire relève du champ artistique et cinématographique alors que le reportage

relève quant à lui du champ journalistique.

Ainsi le documentaire se distingue du reportage par l’angle utilisé d’une part, le point de

vue présenté et la pérennité.

L’angle utilisé n’est pas le même  : dans le documentaire l'auteur ramène les faits

réels à lui même («  je pars à la rencontre d’ouvriers de la mine  ») alors que pour le

reportage c’est l’inverse (« les ouvriers vont à la mine »), la réalité présentée est ramenée

au spectateur. Le point de vue est en ce sens plus affirmé dans un documentaire que

dans un reportage.

Un même sujet n’est donc pas traité de la même façon dans un documentaire et dans un

reportage. Dans ce dernier est présenté un fonctionnement et ses conséquences, alors

que dans le documentaire sont présentées les causes de cette situation, les mécanismes

qui amènent cette situation. Les enjeux ne sont donc pas les mêmes.

Le documentaire présente donc un questionnement plus complexe, il porte une

dimension d’analyse.

Aussi, les sujets du documentaire sont des sujets qui s’inscrivent dans le temps,

les documentaires sont voués à durer. Ils témoignent de leur époque : c’est une mise en

perspective.

Ce n’est pas le cas des reportages qui, eux, sont plus dans l’actualité, ils sont liés au

présent. Ils ne sont pas conçus pour durer, ils sont dans l’instant.

Ainsi la notion de temps est aussi très importante pour différencier ces deux genres.

Cependant, il n’y a aucune hiérarchie entre ces deux genres, le documentaire n’est

en aucun cas d’une meilleure qualité que le reportage. Il existe de mauvais documentaires

et de bons reportages, et vice versa.

Parle-t-on de web-documentaire ou de web-reportage ?

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Page 33: WEBDOC MAGAZINE (mémoire E.Poupel)

Depuis l’apparition des premiers véritables web-documentaires en 2007 (qui

n’étaient pas de simples diaporamas accompagné d’une bande son), on observe une nette

progression du genre.

En effet, si comme nous l’avons annoncé plus haut le genre ne sera pas arrêté tant

qu’internet continuera d’évoluer, le web-documentaire a malgré tout significativement

grandi.

Guillaume Blanchot12, décrit bien cette évolution  en parlant des projets en demande de

subventions «On ne reçoit plus comme au début des web-docu conçus comme des

compléments, un peu comme des bonus de DVD».

Désormais loin de la présentation de clichés photographiques sur fond de musique

d’ambiance montée sur PowerPoint, le web-documentaire est un genre évolutif à part.En

témoigne Alexandre Brachet, de l’agence de création de web-documentaires Upian, qui

reconnaît aussi cette évolution dans ses propres productions : «En 2002, avec “La Cité des

mortes”, on essayait d'utiliser les contenus différents, vidéos, photos, cartographie. Puis

dans “Thanatorama”, on a vraiment introduit l'interactivité, puisque l'internaute en est le

héros… mort ! Enfin, avec “Gaza/Sderot”, on a intégré graphisme et technologies à

l'histoire, puisqu'il s'agissait de décrire les vies parallèles dans ces deux villes, avec par

exemple une frontière entre deux écrans sur le site».

Le genre web-documentaire est donc un genre expérimental qui se cherche

continuellement une place à la croisée des médias.

Le web-documentaire est donc en constante évolution ?

12 Guillaume Blanchot est Directeur des nouveaux médias du Centre National du Cinéma et de l’image

animée (CNC)

Capture d’écran de la page d'accueil du web-

documentaire «Thanatorama», «une aventure

dont vous êtes le héros mort» précise le site

avant de commencer le récit.

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Page 34: WEBDOC MAGAZINE (mémoire E.Poupel)

Quels sujets pour le web-documentaire ?

Les sujets traités par les web-

documentaires sont très variés. Mais on peut

leur reconnaître un dénominateur commun  :

les sujets abordés sont audacieux.

On pourrait supposer, au regard de la

charge de travail que demande la réalisation

d’un web-documentaire, que les sujets

abordés seraient légers et divertissants. Bien

au contraire, il s’agit dans tous les web-

documentaires rencontrés de sujets lourds et

complexes. Comme si le web-documentaire

venait répondre aux sujets les plus délicats à

traiter.

La prison, la mort et les grands conflits

politiques actuels sont les trois thèmes

dominants les web-documentaires français,

dont la réalisation est la plus aboutie et

surtout les plus vus.

Avec «  Le corps incarcéré  », « Prison

Valley  », «  Thanatorama  », «  La Cité des

Mortes  » ou encore, «  Gaza/Sderot  » et

Havana/Miami  » , le web-documentaire se

présente comme une nouvelle forme de

réponse aux thèmes les plus dérangeants de

notre société actuelle.

Quels sont les risques dans cette nouvelle façon de traiter un sujet ?

Les risques que présente ce nouveau

traitement concernent principalement la

navigation à laquelle l’internaute n’est pas

habitué. Si celle ci est trop complexe le risque

est de «  perdre  » l’internaute qui, lassé de

chercher comment se déplacer, quittera le

web-documentaire.

Mais ce n’est pas tout, ce traitement

innovant peut aussi « tuer « le sujet si la forme

prend l’ascendant sur le fond. En effet la

forme très interactive peut « polluer » le récit,

le destructurer. Ainsi le contenu, qui est la

substance même du web-documentaire et sa

raison d’être, doit rester maître sur le

contenant, comme dans tout autre projet,

SU

JETS

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Page 35: WEBDOC MAGAZINE (mémoire E.Poupel)

Sur Internet, l’information est souvent brute, les billets d’actualité ressemblent

énormément à la dépêche AFP et ne sont pas très différents entre les différents journaux

en ligne.

On appelle cela du « flash journalism » : les articles sont courts sans réelle profondeur et

rarement accompagnés d’illustrations multimédias. Pourtant le web-documentaire

pourrait être un réel apport de profondeur en élargissant le traitement de l’actualité au

multimédia.

Mais le web-documentaire coûte cher, c’est un format lourd à mettre en place

(professionnels, matériel, temps de réalisation, investigations..) et il est souvent réservé

aux sujets magazines. Pourtant on peut imaginer que certaines formes de web-

documentaires « allégés » s’adaptent à l’actualité chaude et soient réalisés en un temps

beaucoup plus court. Il s’agirait de

d iaporamas sonores avec une

interactivité un peu plus légère.

Lemonde.fr a par exemple couvert le

sommet de Copenhague en direct sur

son site Internet via le multimédia. Ce

procédé est du «  live journalism  » qui

vient de la radio et de la télévision. Il

consiste à faire vivre en direct un

événement au public (procès, émission

de télévision, débat politique, match

sportif).

Ainsi la forme du web-documentaire, bien qu’elle soit plus contraignante qu’un

article « classique », semble adaptée aux « news » dans le sens où elle est un véritable

apport de profondeur dans le traitement du sujet. La forme du web-documentaire doit

cependant être un peu allégée pour permettre de raccourcir le délai de création et

permettre aux internautes d’y accéder le plus tôt possible. Il reste aux journalistes à

maîtriser ce nouvel outil et d’en faire un atout, ce qui permettrait aux journaux en ligne

de faire une véritable différence avec les éditions papier.

Le web-documentaire est-il adapté au traitement de sujets d’actualités dits « chauds » ?

Vers une industrialisation du processus de création ?

Selon la rédactrice de la chaîne

France24.com Karine Broyer : «Le but est

d'industrialiser le processus». La chaîne

d’informations internationales France 24

réfléchit en effet à une organisation

spécifique de son équipe web pour

réaliser des web-documentaires en 24 ou

48 heures sur des sujets d’actualité

chaude.

SU

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Page 36: WEBDOC MAGAZINE (mémoire E.Poupel)

Quelle est l’audience des web-documentaires ?

L’audience des web-documentaires est, tout comme l’outil en lui-même, encore floue.

En effet, si l’on connaît le nombre de visites uniques et le temps moyen de visite de certains

web-documentaires, on ne sait pas vraiment qui « accroche » à ce nouveau format.

D’une façon générale, il semble que les jeunes générations, habituées à chercher

l’information sur le médium Internet, sont demandeuses de nouveaux formats et de nouvelles

approches de l’information. Le boom des blogs et des réseaux sociaux en témoigne, le « do it

myself  » est devenu une banalité, les jeunes générations connaissent le processus de

publication d’une information, aussi futile soit elle, sur Internet.

Elles ont en effet vu naître les nouveaux médias numériques et ont bouleversé les usages des

médias.

La presse traditionnelle n’est plus le seul médium des nouvelles générations qui choisissent

ce qu’elles regardent et veulent participer.

Le web-documentaire semble en ce sens un nouvel outil pour la « digital native generation ».

A cela il faut ajouter les internautes dans leur globalité (la France comptait en 2007 plus

de 30 millions d’internautes)  : selon Médiamétrie ce sont 5, 9 millions de français qui

regardent une vidéo par jour. «Voyage au bout du

Charbon» a ainsi reçu la visite de 70 000 internautes,

mais ce chiffre est a prendre avec précaution car ce

web-documentaire a bénéficié d’une large publicité

sur Internet. Il n’est donc pas représentatif de

l’ensemble des web-documentaires qui forment un

ensemble hétérogène.

Affiche du web-documentaire «Voyage au

bout du Charbon»

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Page 37: WEBDOC MAGAZINE (mémoire E.Poupel)

Quelles sont les pratiques de consommation et de fréquentation des web-documentaires ?

On observe de grands changements dans les attitudes de consommation des

internautes. En effet, la consommation de contenus audiovisuels s’est individualisé

avec la généralisation des ordinateurs et des terminaux Internet personnels. Les

internautes ont aussi changé leur temps de consommation, désormais leur attention

est sollicitée de toutes parts  :ils sont devenus moins attentifs au contenu multimédia

qu’ils visionnent. À cette baisse de l’attention en ligne il faut ajouter le phénomène de

« multi-tasking » : les internautes font plusieurs choses à la fois, ils ne s’attardent pas

sur un sujet mais en « consomment » plusieurs simultanément. C’est dans ce contexte

délicat que le web-documentaire tente de se faire un public.

Pour ce qui est de la fréquentation des web-documentaires, elle est modérée.

En effet, la fréquentation est moindre que certaines vidéos au contenu beaucoup

moins travaillé qui ont fait le buzz13 sur YouTube (extrait d’émissions de télé réalité

entre autres).

Les chiffres sont rares, on sait que la durée moyenne de visite du web-

documentaire «  Gaza/Sderot  » est de 6,30 minutes14 en moyenne. Cette durée est

comparable à celle observée à la télévision pour un documentaire. Pour « Voyage au

bout du Charbon », plus de la moitié des internautes l’ayant visionné sont restés plus

de 10 minutes15 ce qui est considérable pour Internet.

13 Le buzz (anglicisme de bourdonnement) est un concept marketing traduisant ce que l'on pourrait

décrire en français comme un écho. Il s’agit d’un engouement soudain des internautes pour une vidéo,

un article, ou un site internet. Celui-ci est repris sur des blogs, des sites spécialisés, des réseaux

sociaux et devient notoire en quelques jours voir parfois quelques heures.

14 Durée avancée par Alexandre Brachet de la société Upian ayant produit ce web-documentaire lors

d’un débat diffusé sur le site de la SCAM, intitulé « Doc on Web ».

15 Durée avancée par Samuel Bollendorff lors d’une interview de Canon SA disponible sur le site owni.fr

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Page 38: WEBDOC MAGAZINE (mémoire E.Poupel)

Quelles compétences sont nécessaires à la réalisation d’un web-documentaire ? Les compétences nécessaires à la

réalisation d’un web-documentaire sont aussi

vastes que le panel d’outils que ce dernier

utilise.

L’écriture du sujet, les recherches sur le sujet,

les photographies, les interviews à réaliser,

les outils interactifs à définir, le paramétrage,

l’intégration, l’exploitation, le design du site

l ’ h é b e r g e a n t , l a m o d é r a t i o n d e s

commenta i res… Tou tes ces t âches

concernent énormément de corps de métiers

différents (que nous verrons plus loin). On

peut cependant déjà citer le journaliste, le

photographe, le technicien du son, et le web

designer.

Les compétences requises sont très

nombreuses et transforment les réalisateurs

de web-documentaires en de véritables

hommes-orchestres.

Mais, si les compétences techniques

que demande un tel format sont complexes, il

n’est pas possible de s’improviser expert.

Le web-documentaire est donc très lourd à

mettre en place. C’est un outil qui offre de

nombreux agencements possibles, mais qui

est délicat à organiser, tant les possibilités

sont nombreuses.

Quels changements le web-documentaire amène-t-il dans les conditions de travail ?

Le web-documentaire est très long et très

complexe à réaliser. Il est nouveau et il n’y a

pas de modèle de création défini. Chaque

documentaire disponible aujourd’hui a été

conçu a sa façon.

A cela il faut ajouter le caractère précaire de

la plupart des corps de métiers auquel il fait

appel (journalisme, montage, développement

Internet).

En résulte des mutations importantes dans

les conditions de travail  pour les différents

acteurs du web-documentaire : dégradation

du salaire (car bénéfices incertains), réduction

des moyens généralement disponibles (car

pas de modèle économique), standards de

qualité ambigus (car pas ou peu d’historique),

délais imprécis, incompréhensions dans la

répartition des tâches et tâches non

maîtrisées attribuées (pluralité d’auteurs sur

un même projet), format «  type  » inexistant,

flou sur les financements, absence de

générique de fin, préoccupations juridiques

sur les notions d’auteurs et sur les droits.

Mais surtout, comme il n’y a pas «  une  »

profession spécialisée en web-documentaire,

les auteurs viennent de différents univers

p a r f o i s i n c o m p a t i b l e s . A i n s i l e s

professionnels d’Internet sont habitués aux

cadences des projets de communication (car

le modèle économique impose une grande

réactivité). Alors que les professionnels issus

du l’univers de l’audiovisuel sont eux habitués

à rythmer leurs projets par des commissions

d’écriture puis par des commissions du CNC,

du SCAM, des régions… Au final, les deux

univers ne vont pas à la même vitesse et

lorsqu’il s’agit de créer un web-documentaire

l’enjeu est de trouver un rythme et des

méthodes de création communes.

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Page 39: WEBDOC MAGAZINE (mémoire E.Poupel)

Quelles sont les contraintes techniques rencontrées lors de la réalisation d’un web-documentaire ? Les contraintes techniques sont nombreuses  : organisation du travail entre les

différents acteurs (photographes, auteurs, développeurs web, web designers) d’une part,

mais plus concrètement ce sont les questions matérielles qui semblent poser les plus

grands problèmes.

En effet le web-documentaire est une œuvre complexe qui implique une très bonne

organisation de la matière collectée sur le terrain. De plus, il est nécessaire d’anticiper la

forme qu’aura le web-documentaire et de réaliser un très bon travail préparatoire en

amont. Les réalisateurs de « Brèves de Trottoirs  » expliquent que pour leurs premiers

portraits, la matière rapportée des rencontres s’est révélée insuffisante une fois le

montage lancé. Ils ont dû retourner plusieurs fois sur le terrain pour reprendre des

photographies et des voix.

La forme du web-documentaire ne peut pas être improvisée.

Ensuite, il faut ajouter les contraintes purement matérielles engendrée par

l’absence de modèle économique. Car, si les financements se font rares, et les bénéfices

engendrés par le web-documentaire encore plus, une des conséquences est la limite

matérielle à laquelle doivent se confronter les auteurs.

Il n’est pas toujours possible d’acheter tout le matériel nécessaire au web-

documentaire : une caméra professionnelle, une perche pour prendre le son, un appareil

photo reflex, un numérique haute qualité, des logiciels de montage et de développement

web, un ordinateur et une connexion Internet puissante ect..

Bien souvent, les auteurs disposent de leur matériel personnel (les photographes

par exemple) mais ce n’est pas toujours le cas et c’est une solution partielle.

Bien heureusement, il est possible de réaliser des web-documentaires avec du matériel

amateur ou semi professionnel (comme en témoigne toutes les nouvelles gammes de

caméras digitales et de reflex numériques) et on trouve d’ailleurs de très belles

réalisations.

On pourra de nouveau citer le très abouti «  Brèves de Trottoirs  », réalisé avec un

enregistreur numérique et un appareil photo réflex numérique (ses auteurs évaluent ce

matériel à 5000 euros environ).

Mais à long terme, dans une optique de professionnalisation de la discipline du web-

documentaire, ces questions techniques deviendront inévitables. Pour le moment ces

oeuvres ne « rapportent pas », on ne leur demande donc pas une propreté irréprochable,

mais si cela devenait le cas, alors il deviendrait nécessaire d’investir dans le matériel.

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Page 40: WEBDOC MAGAZINE (mémoire E.Poupel)

16 Flash est un logiciel conçu par Macromedia. Il permet de créer des animations graphiques et technologiques

interactives pour Internet. Il offre une meilleure perspective que le code HTML.

17 Actionscript est le langage de programmation utilisé par Macromédia Flash pour créer des applications

avancées. Il permet de développer une animation flash et de rendre les animations flash plus interactives.

18 JavaScript est un langage de programmation de scripts principalement utilisé pour les pages web

interactives. C'est une extension du langage HTML. Ce langage de programmation permet d'apporter des

améliorations au langage HTML en permettant d'exécuter des commandes.

19 Un smartphone est un téléphone mobile et un assistant numérique personnel. Il fournit entre autres les

fonctionnalités d'agenda, de calendrier, de navigation Internet, de courrier électronique, de messagerie

instantanée, de GPS.

Quels logiciels sont utilisés au développement d’un web-documentaire ?

Les logiciels utilisés dans le développement de web-documentaires sont variés. Là encore il

n’y a pas de modèle de création défini. Il faut énormément de temps pour développer une

nouvelle forme d’écriture audiovisuelle, surtout quand les outils de création spécifiques

(logiciels) n’existent pas.

Tous les web-documentaires n’ont pas les mêmes interfaces et chaque web-documentaire ne

faisant pas appel aux mêmes médias n’a pas les mêmes « besoins numériques ».

Mais généralement, on observe que le logiciel Flash16 est utilisé (en particulier le

format .swf). En effet, l’assemblage de médias hétérogènes (que nous venons de

décrire) au sein d’un même objet multimédia peuvent s’intégrer et s’organiser via

Flash. Bien que ce logiciel pose un problème de référencement, c’est le plus utilisé dans le

monde de la création web-documentaire. Flash nécessite cependant un apprentissage très

poussé, et la maîtrise de la programmation « actionscript17 ».

Certains réalisateurs parlent aussi de possibilités futures d’utiliser le javascript18 et le HTML5,

mais les terminaux des internautes (smartphones19 et ordinateurs) n’y sont pas

encore préparés.

Logo Flash

Smartphones les plus répandus sur le marché français

(dans l’ordre de présentation) : Iphone d’Apple, HTC,

Blackberry, Nokia.

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Page 41: WEBDOC MAGAZINE (mémoire E.Poupel)

20 Prezi est une alternative à PowerPoint. C’est une application de présentation assistée par ordinateur.

21 Netvibes est un portail Internet français personnalisable. Il permet de créer des pages d'accueil

personnalisables comme iGoogle. C’est un portail individuel qui donne accès à une multitude de

contenus en provenance d'autres sites.

22 Ijba : Institut de Journalisme Bordeaux Aquitaine, un des 12 établissements français reconnus par la

profession.

23 Le Html (Hyper Text Markup Language) est aussi appelé langage hypertexte. C’est le langage dans

lequel sont écrites les pages Internet.

D’autres formats ont cependant pu être rencontrés : Prezi20, alternative

à la classique présentation Power Point, mais, plus surprenant,

Netvibes21 est utilisé comme plateforme centralisant tous les médias

utilisés dans un web-documentaire sur Berlin réalisé par des étudiants

l’Ijba22.

A noter, lorsque le web-documentaire utilise Flash, c’est en général en

combinaison avec le Html23. Le web-documentaire est alors intégré à

une page Internet indépendante, où certains chapitres du récit

renvoient vers des pages Internet de son site propre.

Enfin, la société de production audiovisuelle française Honkytonk développe depuis

deux ans le logiciel Klynt. Ce logiciel d’aide au montage est spécialement dédié au

format du web-documentaire. Ce logiciel sert en interne à la société Honkytonk pour

le montage de tous ses web-documentaires. Actuellement, c’est le seul logiciel

spécifiquement dédié au web-documentaire. Des ateliers sont également proposés

par la société Honkytonk pour accompagner les journalistes et créateurs de contenu

multimédia.

Logo Netvibes

Logo Prezi

Capture d’écran de la page d'accueil du web-documentaire «Berlin Kultur Lab», le seul web-

documentaire réalisé grâce à la plateforme de centralisation de contenus Netvibes.

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Page 42: WEBDOC MAGAZINE (mémoire E.Poupel)

Quelles formes de web-documentaire observe t-on ?

Comme nous l’avons maintes fois expliqué, la forme du web-documentaire n'est pas

encore totalement élaborée et elle continuera de muter.

Mais la façon dont elle traite les sujets lui est bien particulière et on peut déjà donner

quelques « critères phares » du web-documentaire.

La forme du web-documentaire est une forme libre

O n p a r l e d e f o r m e l i b r e c a r

contrairement aux documentaires diffusés sur

les chaînes de télévision,le web-documentaire

ne connaît pas de « formatage ».

Tout d’abord en ce qui concerne la

durée, il est possible de rencontrer des web-

documentaires allant de 3 minutes à 2 heures.

Et ils ont tous leur place sur Internet, ce qui

ne serait pas le cas, sous cette forme précise,

à la télévision car ils n’entreraient pas dans

les grilles de programmation standardisées.

La forme vient du sujet et des médias qui composent le web-documentaire

Pour être réussi, le web-documentaire

doit s’adapter à son sujet. Et c’est un critère

très délicat à satisfaire. En effet dans nombre

de web-documentaires observés, à force de

vouloir donner une vision globale du sujet à

l’aide de nombreux gadgets et renvois vers

d’autres médias, on perd le fil du récit et on

ne sait plus s’il faut donner la priorité aux

voix, aux vidéos, ou encore aux coupures de

presse intégrées au web-documentaire.

E n r è g l e g é n é r a l e , l e s w e b -

documentaires les plus pertinents sont quand

même ceux où le sujet est traité en

profondeur et où cette profondeur est portée

par l’usage de plusieurs médias.

On ne peut pas tout filmer, et certains

éléments sont beaucoup plus parlant

lorsqu’ils sont présentés en image fixe

(photographie) plutôt que mobile (vidéo). Et

vice et versa.

Par exemple dans «  Thanatorama  »,

dans les photographies de cadavres, la mort

est plus lisible, plus présente, alors que si ces

corps avaient été filmés il y aurait eu le risque

d’une confusion d’une part (« Est-il vraiment

mort  ?  »,  « Est- il déjà mort  ?  »), et d’autre

part un problème d’éthique (« Est-il moral de

filmer ce corps ainsi à la morgue ? » ).

La photographie instaure une distance

nécessaire à la scène, et lui donne, dans le

même temps, toute sa dimension réelle. Ainsi,

l’effet produit sur le spectateur n’est pas

aussi percutant selon le média utilisé.

Plus concrètement, le défi du web-

documentaire est de faire en sorte que

chaque élément du récit soit présenté sous le

média qui lui correspond le mieux. Et on

observe généralement que chaque média

utilisé prend son sens parce qu’il est (...)

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Page 43: WEBDOC MAGAZINE (mémoire E.Poupel)

( . . . ) in tégré au tout qu’est le web-

documentaire. Pris indépendamment, il y a

une perte de sens.

La question du sujet dans la mise en

forme et du choix des médias entrecroisés

est donc cruciale. Et c’est en ce sens que le

web-documentaire trouve un équilibre et

présente une réponse juste et cohérente à un

sujet.

Pour illustrer ces propos, prenons le

web-documentaire « Les Bras de la France ».

On y voit des immigrés maliens travaillant

dans un des plus grands abattoirs européens

en Bretagne. On découvre le village et ces

familles et finalement, après cette promenade

en étoile autour des abattoirs, on se rend

compte qu’on ne sait pas grand chose de leur

mode de travail au sein des abattoirs, (que

l’on suppose à la chaîne).

Parti pris des auteurs, ou faille venant du

format multimédia ?

Encore une fois, réussir à bien traiter un sujet

avec le web-documentaire est un pari risqué.

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Capture d’écran du menu du

web-documentaire

»Les Bras de la France»

Page 44: WEBDOC MAGAZINE (mémoire E.Poupel)

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Y a-t-il malgré cette liberté de forme différents types de web-documentaires identifiables ? Quels sont-ils ?

Certains formats, ou combinaison des éléments médias qui le composent, sont

cependant récurrents dans l’univers du web-documentaire. Bien que l’historique soit

récent on peut les regrouper en catégories qui sont indicatives et non exhaustives, car

certains web-documentaires peuvent trouver leur place dans plusieurs d’entre elles.

Les « recyclés » Ce sont des réutilisations de

séries de photos vendues

dans le passé à la presse

écrite ou de témoignages

vidéos inexploités. Ils sont

alors remis en forme autour

d’éléments multimédias qui

leur donnent une nouvelle

lecture et une nouvel le

dynamique, un nouveau

public.

C’est par exemple le cas du

web-documentaire «  Voyage

au bout du Charbon  » dont

les photos proviennent d’une

a n c i e n n e s é r i e d u

p h o t o g r a p h e S a m u e l

Bollendorff.

Les évolutifs C e s o n t l e s w e b -

documentaires qui ne sont

pas des produits figés une

fois diffusés sur Internet. Au

contraire, dans ces web-

documentaires, des mises à

jour sont e ffectuées e t

permettent une actualité

quotidienne autour du sujet.

On observe alors l’intégration

d’images, de textes, de

vidéos ou encore de sons.

Les collectifs Ces web-documentaires sont

ceux dont les auteurs veulent

j o u e r l a c a r t e d e l a

participation des internautes.

I ls sont par t ic ipat i fs et

exploitent au mieux les

réseaux soc iaux e t l es

c o m m e n t a i r e s . L a

participation dans ces web-

documentaires est mise en

avant et rythme le récit, elle

fait partie intégrante de

l’histoire telle quelle est

racontée. Elle prend part à la

narration. Elle peut prendre la

forme de commentaires, de

liens «  relais » ajoutés sur les

réseaux sociaux, mais aussi

de contenus intégrés au web-

d o c u m e n t a i r e p a r l e s

internautes (vidéos, photos,

témoignages).

L’intérêt d’ouvrir le web-

d o c u m e n t a i r e à l a

participation extérieure est

réel  : qu’il n’y ait que 100 ou

4000 visites, il y aura un

r e t o u r p a r v o i e s d e

commentaires ou sur les

r é s e a u x s o c i a u x . À l a

télévision, un documentaire

de 3 millions de spectateurs

n’offre pas ce retour. Depuis

peu, il est possible de donner

son avis sur un documentaire

télévisuel, mais cet avis ne se

partage pas en instantané, il

faut que le téléspectateur se

rende sur les sites Internet

des chaînes de télévision

pour le faire.

Attention à ne pas confondre

le commentaire simple, qui

e s t l a p o s s i b i l i t é d e

commenter en marge le

traitement du sujet, avec les

commentaires intégrés, qui

eux interviennent dans le

r é c i t . L e d e g r é d e

participation n’est pas le

même partout. Une fois

encore, tout dépend de la

volonté des auteurs et du

sujet.

Page 45: WEBDOC MAGAZINE (mémoire E.Poupel)

On peu t i l l u s t re r ce t t e

catégor ie avec le web-

documentaire américain « The

New Hard Times », réalisé par

le quotidien The New York

Times, qui présente une série

d ’ e n t r e t i e n s a v e c d e s

individus ayant vécu la crise

de 1929. On constate qu’il y a

plus de sujets envoyés par les

internautes que par les

journalistes de la rédaction.

Et ces sujets sont d’une

bonne qualité.

Les immersifs C e s o n t l e s w e b -

documenta i res qui sont

g é n é r a l e m e n t l e s p l u s

bouleversants, au-delà du

c h o i x d u s u j e t . G r â c e

notamment à la technologie

3 6 0 ° ( e x p l i q u é e

précédemment), le lecteur est

plongé dans l’univers auquel

appartient le sujet du web-

documentaire. Son regard et

celui de la caméra ne sont

qu’un, il peut tourner sur lui-

même, avancer, chercher une

issue (qu’ i l ne t rouvera

g é n é r a l e m e n t p a s ) .

L’expérience est très réaliste

et bien souvent troublante.

Certains web-documentaires

s o n t q u a l i f i a b l e s

d’  «  immersifs  » sans pour

autant avoir recours à la

technologie du 360°. Dans le

web-documentaire immersif,

tous les éléments contribuent

à renforcer le caractère

«  total  » de l’expérience  : le

design, l ’ interface et la

navigation. En effet dans

«  V o y a g e a u b o u t d u

Charbon  », le lecteur est

l ’enquêteur. C’est-à-dire

vous. Vous menez l’enquête.

Du moins le récit est rythmé

de telle façon que vous avez

le sentiment de découvrir le

sujet à votre rythme et selon

vos désirs. Le reportage

s'ouvre avec cette phrase :

«  Vous êtes journa l is te

indépendant. Vous avez

décidé de mener une grande

enquête sur les conditions de

t ravai l des ouvr iers qui

chaque jour recommencent le

"mi rac le ch ino is" . Vous

commencez votre enquête

par les mines de charbon

r é p u t é e s l e s p l u s

dangereuses... Votre voyage

au bout du charbon est basé

sur des faits réels, seuls les

noms ont été changés. »

Nous pouvons également

citer le web-documentaire

Obésité qui en est un autre

bon exemple. En effet dans

ce dernier, l’approche qui est

faite du sujet peut rendre

l’internaute assez mal à l’aise

tant l’interface rend les faits

présentés proches, rendant

difficile une mise à distance.

Les portfoliosBien que la photographie soit

présente dans la grande

m a j o r i t é d e s w e b -

documentaires, certains ont

u n e f o r t e d o m i n a n t e

photographique. A renfort de

galeries d’images ou par

l’absence de vidéos, les web-

d o c u m e n t a i r e s s t y l e

« portfolio » mettent en avant

un véritable travail visuel

autour du sujet.

On peut citer dans cette

catégorie  : « Voyage au bout

d u C h a r b o n  » e t

« Thanatorama ».

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A savoir, en anglais ces web-documentaires sont qualifiés de « UGC » : « user generated content », que l’on peut traduire par « contenu généré par les usagers ».

Page 46: WEBDOC MAGAZINE (mémoire E.Poupel)

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1 Les portraits croisésCette dernière catégorie est

celle qui semble la mieux

nourrie par le pluri média.

En effet, il s’agit de montrer

deux (ou plusieurs) réalités

vécues d’une même situation.

Le web-documentaire connaît

alors plusieurs constructions

possibles  : l’écran verra défiler

plusieurs témoignages, ou plus

flagrant, le découpage de

l ’ é c r a n e n d e u x p a r t i e s

distinctes relatant chacune une

réalité. Dans ce type de web-

documentaire, les points de vue

s’opposent donc. Ils répondent

bien souvent à des sujets

d ’ a c t u a l i t é p o l i t i q u e o u

économique.

Pour illustrer notre propos nous

pouvons citer «PIB : l’indice

humain de la crise économique

canadienne», ou sur le modèle

d u p a r t a g e d ’ é c r a n

«Gaza/Sderot». Le web-

documentaire «  PIB  »

est, par la présentation

d e t r o p n o m b r e u x

personnages, foisonnant

à l’excès. C’est le risque

de ce type de web-

documentaire.

Captures d’écran du web-documentaire «Gaza/Sderot», organisé en portraits

croisés via le partage d’écran.

Page 47: WEBDOC MAGAZINE (mémoire E.Poupel)

Les séries de web-documentaires : des traitements multiples pour une même réalité Lorsque le traitement d’un sujet en «  portraits croisés  » ne suffit plus, une autre

forme existe : les séries. Cette alternative est encore peu exploitée.

Ces web-documentaires sont diffusés au fur et à mesure comme une série télévisée à la

différence qu’ils peuvent être remontés, modifiés ou augmentés.

Car n’oublions pas que le web-documentaire est un produit vivant en évolution constante.

Dans les séries, l’attention des auteurs est portée sur l’intérêt des internautes suscité

par la diffusion des premiers épisodes. Cela leur permet d’affiner la structure narrative et

interactive tout comme la qualité des épisodes suivants. Nous pouvons souligner une fois

de plus que le «  à la demande  » est une caractéristique vraiment déterminante dans le

genre web-documentaire.

France 5 a, par exemple, lancé «  Portraits d’un

Nouveau monde  ». Cette série de web-documentaires a

l’ambition de présenter le monde actuel en plusieurs

visages. Les web-documentaires sont classés par

thématiques  sur la plateforme : la Chine, Emigration,

Urbanisation, Economie Ecologie, Vivre ensemble. La

qualité des web-documentaires présentés n’est pas

homogène. Peut-être parce que les auteurs sont différents

et la pertinence des sujets variable.

A savoir, les web-documentaires en épisodes sont parfois

qualifiés de « webisodes ». On peut voir en cette forme un

traitement à privilégier pour des expériences de longue haleine.

A savoir, les web-documentaires en épisodes sont parfois qualifiés de « webisodes ».

Capture d’écran du site de la série «Portraits d’un nouveau monde» de France 5

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Page 48: WEBDOC MAGAZINE (mémoire E.Poupel)

L’ écriture du web-documentaire Héritée du croisement de différents médias et de l’interactivité, l’écriture dans

le web-documentaire est spécifique. En effet, elle ressemble peu à celle d’un

documentaire télévisuel classique.

Plus proche, plus émotive, l’écriture du web-documentaire intègre la possible

entrée du lecteur à différents stades du récit et sa possible sortie. Ces allers-retours

sont une contrainte majeure dans l’écriture d’un récit. La cohérence du récit est mise

en danger par ces multiples portes d’entrées.

Comment ne pas se répéter, pour éviter des redondances qui feront abandonner le

lecteur ? Comment se répéter pour donner un point d’appui à tout lecteur entrant à un

moment quelconque de l’histoire ?

Lors de l’écriture du sujet, l’auteur doit organiser sa réflexion de façon à satisfaire

l’expérience de l’internaute au sein de son web-documentaire. Et tous les internautes

auront leur propre expérience, leur propre lecture du web-documentaire. Chaque

visite est individuelle car chaque visiteur ne consulte pas les mêmes contenus. C’est

en ce sens que l’écriture du web-documentaire est complexe. L’écriture implique la

considération de tous les éléments multimédias qui composent le web-documentaire

mais aussi toutes les différentes lectures potentielles.

C’est pourquoi, le web-documentaire nécessite de réelles compétences en montage.

Car l’écriture du web-documentaire peut se montrer moins complexe si l’auteur

maîtrise l’interface de son web-documentaire.

En effet, une interface claire et lisible ne peut qu’aider au respect et à la cohérence de

la trame du récit. Notamment pour l’accueil de l’internaute  : ce dernier doit

comprendre rapidement comment fonctionne le web-documentaire. S’il ne voit pas

quel est le mode de circulation dans le document, alors la lecture du récit sera

délicate, et la compréhension du sujet encore plus laborieuse.

Mais comme il n’y a pas un seul type de web-documentaire, il n’y a pas une

seule écriture. La narration dépend donc de la navigation (qui peut être

chronologique, en étoile, ou encore chorale) au sein du web-documentaire.

L’auteur doit dans tous les cas avoir en mémoire tous les éléments qu’il veut

placer dans son web-documentaire. Car l’écriture du récit doit préparer le lecteur à

ces possibilités de s’éloigner un temps de la colonne vertébrale du récit. Ainsi, ce que

dit l'image, les personnages déjà présentés, le volume sonore, rien ne doit être laissé

au hasard. Tout, depuis les éléments composant le web-documentaire à l’agencement

de ces derniers, contribue à sa crédibilité.

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Page 49: WEBDOC MAGAZINE (mémoire E.Poupel)

L’usage de l’écrit

L’utilisation de l’écrit dans le web-documentaire a plusieurs usages. Il sert à raconter l’histoire en s’affichant simplement à l’écran, par exemple il peut servir à donner des information sur les lieux où se déroulent les faits présentés dans le web-documentaire (exemple «Région du Sichuan »).Mais l’écrit peut aussi apparaître sous forme de textes en documents « supplémentaires ».De plus, l’écrit peut permettre au lecteur d’agir dans le récit (participation aux forums, commentaires).Enfin, les hyperliens présentent également de l’écrit sur lequel l’internaute peut cliquer pour poursuivre son cheminement, par exemple « rencontrer un spécialiste de l’obésité », « entrer dans la maison de droite ». L’écrit est un véritable outil au service de l’interactivité.

Capture d’écran de la chambre de motel de «Prison Valley» où sont

proposés à l’internaute, via différents objets de la chambre, différentes

actions. Ces objets sont signalés par du texte écrit.

Capture d’écran du texte d'accueil de «Voyage au bout du Charbon»,

le contexte est présenté à l’internaute via ce court texte introductif.

Captures d’écran de «L’obésité est-elle une fatalité?». Ici le texte permet

de présenter les personnages et de faire choisir à l’internaute les

questions qu’il souhaite poser.

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Page 50: WEBDOC MAGAZINE (mémoire E.Poupel)

De nouveaux usages multimédiasSi Internet permet à n’importe

q u e l i n t e r n a u t e d e

s’ improviser journal is te,

l’écriture journalistique elle,

ne s’improvise pas. Ainsi, si

l’usage des médias a bien

changé avec la révolution

Internet, les formes des

productions elles aussi ont

évolué.

Ces nouveaux usages et

mode de «  consommation  »

de l’information ont donc

influencé la forme des récits.

Les internautes sont en effet

constamment plongés dans

un flux informationnel continu

(smartphones, PDA, tablettes,

ordinateurs portables…) dans

lequel ils doivent se repérer.

Les formats ont donc changé

et les narrations revues, pour

s’adapter au lectorat d’une

part mais aussi pour attirer

une audience d’autre part.

C’est dans cette voie qu’est

né le web-documentaire.

Une structure particulière Si le web-documentaire s’est

engagé dans cette tendance

de réécriture des standards

narratifs, c’est parce que son

format le permettait.

En effet, la structure du web-

documentaire est unique. La

l i n é a r i t é n ’ e s t p a s

systématique et les contenus,

de tout types, invitent l’auteur

à sortir des traditionnels

m o d e s d ’ é c r i t u r e

documentaires.

L e w e b - d o c u m e n t a i r e

apporte la technique même

nécessaire au changement

d’écriture  : interactions entre

médias qui le composent,

interactions avec l’internaute,

é la rg issement poss ib le ,

pa r t i c ipa t ion p roposée ,

intégration au sein de séries

o u d e p l a t e f o r m e s

spécial isées… Tous ces

agrégats permettent ce grand

virage dans la narration  : la

l i n é a r i t é n ’ e s t p l u s l a

référence.

P r é c é d e m m e n t , l e s

d o c u m e n t a i r e s n e

présentaient pas une telle

ouverture dans la narration.

Le reportage audiovisuel était

tout d’abord très encadré en

terme de durée et de format

par la chaîne sur laquelle il

était diffusés. Ensuite les

images étaient imposées, tout

c o m m e l e u r d u r é e d e

passage à l’écran. Le seul

con t rô l e poss ib l e é t a i t

binaire  : marche ou arrêt. Le

web-documentaire dépasse

e n t o u t p o i n t s e s

prédécesseurs.

La temporalité dans le web-documentaire

L'élément central de

cette nouvelle narration est

une nouvelle temporalité.

On observe que de

n o m b r e u x w e b -

documentaires n’ont parfois

pas de fin véritablement

marquée ni même de début.

S’y ajoute le caractère évolutif

du web-documentaire : mises

à j o u r p o n c t u e l l e s o u

régulières, agrégations de

contenus, changements dans

les débats, apparition de

nouveaux témoignages…

Ainsi, il n’est pas garanti

qu’un web-documentaire

consulté au jour 1 sera

toujours le même au jour 3.

Tous ces éléments

considérés amènent une

t e m p o r a l i t é j u s q u e - l à

inconnue au documentaire.

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45 La structure narrative du web-

documentaire : naissance d’une nouvelle écriture audiovisuelle

Page 51: WEBDOC MAGAZINE (mémoire E.Poupel)

COMPARAISON SCHÉMATIQUE DES NARRATIONS DU FILM, DU CD-ROM

ET DU WEB-DOCUMENTAIRE.

On observe que le web-documentaire présente des possibilités de

déplacement beaucoup plus nombreuses (notamment des retours en

arrières ) que le film, tout linéaire, et le CD-Rom ne proposent pas.

Cette représentation est extraite de l’article intitulé «Le web-documentaire» d’Alexandre LÉCHENET et

de Joachim WERNER daté du 12 février 2010. Il est accéssible à l’adresse :

http://www.crossmedias.fr/annee/2010/le-web-documentaire-raconter-la-realite-version-multimedia/

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Page 52: WEBDOC MAGAZINE (mémoire E.Poupel)

Le cheminement élastiqueLa narration la plus « simple » est la narration

élastique. Elle ressemble à celle d’un

documentaire classique, mais il faut y ajouter

l’interactivité et le caractère pluri média.

Elle permet au lecteur de suivre le récit et

d’avoir parfois l’occasion d’approfondir un

point du récit (rencontre avec quelqu’un, arrêt

sur un lieu ).

On parle d’élasticité car la narration est semi

imposée au lecteur. Celui-ci peut « tendre » le

récit en fonction des contenus additionnels

qu’il souhaite consulter.

La rencontre approfondie (c’est-à-dire le

visionnage d’une vidéo spécifique à une

personne, la lecture d’un texte la concernant)

est optionnelle  : il est en effet possible de

cont inuer sans explorer ce contenu

additionnel. Une fois cette rencontre

facultative effectuée, le lecteur revient au récit

et reprend son voyage. Mais il ne revient pas

au menu, ce type de narration est donc

approximativement linéaire. L’histoire est

enrichie, et le caractère interactif renforcé.

Cette forme de navigation est celle, qui,

d’après tous les web-documentaires

observés permet de tenir le lecteur en haleine

et de maintenir la cohérence dans le récit.

De plus, cette forme incite à l’immersion du

spectateur.

C’est le cheminement observé dans le web-

documentaire « Prison Valley » : vous pouvez

continuer a écouter la voix off et découvrir les

prisons du comté ou rencontrer un gardien de

prison.

Le cheminement libre, également désigné « en étoile »

A la narration élastique s’oppose le

cheminement en étoile. Les éléments médias

du web-documentaire sont éparpillés «  en

étoile » autour d’un menu. La narration n’est

pas imposée ni continue. Cette navigation

éclatée implique plusieurs passages en un

même «  point  » du web-documentaire, le

menu. La navigation au sein de ce type de

web-documenta i re s ’apparente à la

navigation au sein d’un site Internet.

L’internaute peut aller où il le veut, et

quasiment quand il le veut. Ce type de

cheminement favorise le visionnage du web-

documentaire par morceaux. C’est le cas du

web-documentaire intitulé «  Les Bras de la

France ».

Différentes narrations pour des formes de navigation différenciées

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Chaque web-documentaire a sa propre navigation. Cette navigation dépend de la

narration du web-documentaire.

En effet, les propositions de navigation faites au spectateur vont découler de la trame du

récit.

Ces deux types de cheminements, correspondant respectivement à deux types de

narration, illustrent assez bien le caractère adaptatif du web-documentaire. En effet, entre

l’interactivité et le cheminement, les possibilités d’écriture et de conception sont nombreuses.

Page 53: WEBDOC MAGAZINE (mémoire E.Poupel)

Ce schéma est extrait de l’article intitulé «Le Storytelling Digital : formes émergentes, nouveaux métiers, business

models» par Nicolas Marronnier daté du 22 avril 2010 et disponible à l’adresse :

http://socialmediaclub.fr/2010/04/le-storytelling-digital-formes-emergentes-nouveaux-metiers-business-models/

EXEMPLE DE CHEMINEMENT NARRATIF À POSSIBILITÉS MULTIPLES :

LA STRUCTURE DE «VOYAGE AU BOUT DU CHARBON»

Ce schéma permet de visualiser la structure que peut avoir le récit dans un web-

documentaire. On y voit les cheminements possibles de l’internaute et les propositions qui

lui sont faites tout au long de son parcours.

Dans ce web-documentaire il y a bien un début et une fin marquée. Il s’agit du cheminement

élastique : un internaute peut visualiser le web-documentaire sans accéder à tout le contenu

si, dans le cas de ce web-documentaire, il a par exemple révélé sa qualité (fictive) de

journaliste.

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Page 54: WEBDOC MAGAZINE (mémoire E.Poupel)

24 Les « Alternate Reality Game » sont définis par Marie Lechner de Libération par : « Fictions immersives qui

brouillent les frontières entre le monde réel et imaginaire, se déploient à la fois en ligne et dans la vraie vie, se

propagent par tous les canaux : coups de fils anonymes, chasses aux trésors dans la ville, textos, dans les

journaux, pubs télé, affiches, e-mails, sites Internet, etc. »

Quand le réel frôle le jeu

On aurait pu supposer que le web-documentaire concourrait à un meilleur

traitement de faits réels à l’aide des médias qui le composent, de son caractère interactif,

et de sa nouvelle écriture mais ce n’est pas systématiquement le cas. En effet, si

l’approche est plus complexe et peut sembler plus complète, les sujets ne sont pas mieux

compris.

Ainsi, le format du web-documentaire n’est pas un gage de rigueur dans le

traitement d’un sujet, notamment lorsque le web-documentaire est très interactif. Car

comme nous l’avons supposé précédemment, le caractère interactif est aussi un danger

lorsque celui ci fait perdre au web-documentaire son caractère réel. L’immersion poussée

de l’internaute et les nombreux choix de navigation qui lui sont proposés rendent

l’expérience ludique. Et ce n’est pas sans rappeler l’univers de la fiction, voire même,

l’univers du jeu vidéo.

Pourtant, le web-documentaire se veut plus proche de la réalité.

Si certains internautes développeront bien leur propre réflexion sur le sujet suite à la visite

du web-documentaire, on peut craindre que d’autres au contraire, et peut être les plus

jeunes, ne considèrent pas les éléments présentés comme objectifs puisque très ludiques.

La dérive est à craindre, surtout lorsque l’on considère le caractère participatif des web-

documentaires et les sujets traités.

Ludiques et interactifs les web-documentaires remettent ainsi en question la frontière entre  

la fiction et la réalité.

On explique ce risque en partie par le format et la conception du web-

documentaire, dont les cheminements et le visuel rappellent le jeu vidéo, mais aussi par

Schéma représentant les composants

du jeu en réalité alternée.

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Page 55: WEBDOC MAGAZINE (mémoire E.Poupel)

Et plus que les visuels et les cheminements, il y a même des logiques issues de

l’univers du jeu dans les web-documentaires  : l’action, le but, les récompenses,  la

compétition, le social, le temps et l’espace. Ces logiques sont, à quelques détails près,

celles même du web-documentaire.

Ainsi, on fait également le lien avec les ARG. Cette nouvelle façon de jouer vient

de la tendance générale d’impliquer les auditeurs / spectateurs / internautes dans tous

les médias. Les expériences participatives et les incitations à la contribution sont en

effet devenues fréquentes dans ces univers.

Ce que les web-documentaires ont en commun avec les

jeux en réalité alternée sont les critères mêmes de

l’ARG  : le multimédia et le cross-média, la confusion

entre l’expérience dans le jeu et l’expérience hors du

jeu, la nouveauté dans l’écriture du récit, le

divertissement, l’action, et la découverte.

Ces ambiguïtés amènent des questionnements

quant au rapport de l’internaute à la consultation (qui

ressemble plutôt à une consommation) d'informations

sur Internet.

Image d’illustration tirée d’une Interview de Serge Minet, psychothérapeute spécialisé dans les addictions aux

jeux

http://www.erenumerique.fr/jeu_video_les_lois_de_l_addiction_1_re_partie-art-2346-3.html

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Page 56: WEBDOC MAGAZINE (mémoire E.Poupel)

Le risque de la délinéarisation

Mais la délinéarisation, si elle permet

l’interactivité, n’est pas sans failles.

En effet, la narration n’est plus totalement

dirigée et le message est déployé par

saccades. En plus du risque de perdre le

spectateur par une délinéarisation trop

poussée (éparpillement des documents

connexes) ou non accompagnée de

l’interface du web-documentaire, il y a le

risque de ne pas comprendre le sujet. On

exige de l’internaute une gymnastique

intellectuelle périlleuse.

Des convictions contradictoires sur la linéarité

Dans la blogosphère25, la linéarité

dans le web-documentaire fait débat.

On observe que les convictions sont fortes et

souvent contradictoires :

Certains estiment qu’il faut délinéariser au

maximum le récit et ainsi offrir un choix très

large dans le parcours de l’internaute au sein

du web-documentaire.

D’autres au contraire affirment qu’il faut

accompagner au plus près l’internaute dans

sa découverte du sujet. Un début et une fin

fixées ou une forme complètement évolutive,

les avis concernant la linéarité divergent sur

tous les points. Entre emmener l’internaute

dans l’intimité d’un sujet où lui offrir une

vision très large quitte à survoler le sujet, il ne

semble pas y avoir de «bonne  recette  ». Et

cela est bien compréhensible, car chaque

«  école de pensée  » du web-documentaire

est en cohérence avec le nouvel outil. Le

w e b - d o c u m e n t a i re s ’ a d a p t e à c e s

contradictions sur la linéarité. Toute écriture

es t poss ib le , sans que ce la n ’ô te

l’interactivité ou l’hypermédia au web-

documentaire.

Ainsi, qu’il soit question du «  média à

média  » ou du «  tout à la fois  », le web-

documentaire peut exister dans des

conceptions diamétralement opposées.

LIN

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ATIT

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PAG

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1

25 Le terme blogosphère désigne l'ensemble de tous les blogs, ou l'ensemble de ses rédacteurs. C'est un

sous-ensemble d’Internet.

Page 57: WEBDOC MAGAZINE (mémoire E.Poupel)

Le rôle du « lectacteur »

L e t e r m e d e «  l e c t a c t e u r 2 6 » ,

contraction des termes «  lecteur  » et

«  acteur  », est une expression intéressante

de la double position que prend l’internaute

face au web-documentaire. En effet, chaque

internaute peut agir sur le déroulement du

web-documentaire en fonction de ses envies

et de ses besoins (ce que nous avons

détaillé avec le caractère interactif du web-

documentaire).

Du point de vue du traitement du

sujet, on a en effet montré que cette

interactivité était incontestablement une

nouveauté et une source de dynamiques au

sein du web-documentaire, mais qu’en est-il

du point de vue de l’internaute ?

On parle de double position car

l’internaute est, comme face à tout autre

documentaire, en mode passif, mais alterne

aussi avec un mode actif où il est très

impliqué dans le déroulement du récit et

dans le choix des contenus visionnés.

C’est ce mélange entre une approche

« classique » de documentaire et l’immersion

active de l’internaute qui est tout particulier.

On peut apparenter le rôle du «  lectacteur »

à celui d’un cadre  structurant : c’est à lui

d’organiser la lecture du reportage. Ses

choix individuels déterminent le rythme du

déroulement du récit et le tempo de la

narration.

Et non seulement il a ce rôle de

sélection de l’information, mais aussi le rôle

de commenter cette information. Il influe

donc sur la présentation du contenu et, si

ses commentaires sont considérés par les

auteurs du web-documentaire, sur la

pertinence de ce contenu.

Aussi, si ces dispositions sont

spécifiques pour l’internaute, il faut y ajouter

sa place physique par rapport au web-

documentaire  : généralement l’internaute

visionne le web-documentaire depuis son

ordinateur personnel. Il est donc à une

distance allant d’environ 50 à 80 centimètres

de l’écran. Il peut aussi porter un casque, ce

qui augmente la sensation d’immersion.

L’internaute n’a pas la même attitude face

au web-documentaire que face à sa

télévision. Sur l’ordinateur, l’internaute

consu l te ra rement des documents

audiovisuels de longue durée  : au bout

d’une demi-heure, il est lassé. Par contre, on

peut lui présenter des images fixes pendant

plusieurs secondes d’affilée sans que cela le

fasse partir.

De plus, s’il regarde une vidéo sur

Internet, l’internaute aura tendance à se

« promener » sur d’autres site car il éprouve

le besoin de cliquer. Alors qu’à la télévision

si l’internaute regarde un film il ne changera

pas probablement pas de chaîne. Toutes ces

dispositions de l’internaute favorisent son

rôle au sein du web-documentaire.

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52

26 Notion développée par Jean-Louis Weissberg, Maître de Conférence en Sciences de l’Information et de la

Communication à l’Université Paris 13

Page 58: WEBDOC MAGAZINE (mémoire E.Poupel)

Une place pour le réalisateur dans le web-documentaire

Dans certains web-documentaires, il est possible de consulter une interview du

réalisateur. Cette fonction, qui n’est généralement pas présente dans un documentaire

télévisuel, est un atout indéniable, du moins lorsque cette interview ne consiste pas en une

compilation d’éloges sur le web-documentaire.

En effet, l’ajout du point de vue du réalisateur sur sa propre création apporte à

l’internaute des informations inédites aidant à la compréhension du sujet  : conditions de

réalisation, réflexions qu’il a initiées, problèmes rencontrés. Le web-documentaire offre une

place privilégiée au réalisateur qui le souhaite. La mise à disposition de l’interview du

réalisateur renforce la proximité entre le lecteur et le sujet.

Capture d’écran de l’interview de Patrick Alleyn, auteur du web-documentaire «Train de la

désertification» de la série «Portraits d’un Nouveau Monde» de France 5.

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Page 59: WEBDOC MAGAZINE (mémoire E.Poupel)

Des artisans et leur talent en mal de reconnaissance Le web-documentaire, parce qu’il recoupe différentes fonctionnalités issues

d’Internet, nécessite l’intervention de différents corps de métier dans sa réalisation. Mais la

combinaison de ces compétences au sein d’une même œuvre amène des questions en

terme de répartition du travail comme nous l’avons vu précédemment mais aussi en terme

de reconnaissance. En effet, si l’auteur - réalisateur a une place prépondérante dans le

processus de création puisqu’il mène l’écriture, il ne peut à lui seul réaliser le web-

documentaire dans son intégralité.

Web masters, web designers, graphistes, développeurs, administrateurs,

ergonomes, photographes, architectes réseau, reporters, journalistes, chefs de projets,

responsable communication, producteurs, ingénieurs du son, techniciens de l’image,

monteurs…

Tous contribuent à l’aboutissement du projet, et il n’y a pas de hiérarchie formelle entre

ces différents professionnels.

Pourtant, les documentaristes fournissent la matière, le sujet. L’auteur a une place

spécifique car c’est lui qui trouve les personnages, gagne leur confiance, construit le récit

autour d’eux. Il prépare ses interviews et les amène à se raconter. Sans lui le web-

documentaire ne pourrait être qualifié de travail d’auteur. C’est un peu l’âme du web-

documentaire.

Les techniciens d’Internet eux sont là pour assurer la viabilité du format et sa transmission.

Les uns dépendent des autres. Comment reconnaître le travail de chacun à sa juste

valeur ? Certaines compétences sont elles à valoriser plus que d’autres ?

C’est la grande question qu’amène, via son format inédit, le web-documentaire. Car

si ces professionnels et leurs contributions respectives ne sont pas reconnues et

valorisées autour du projet, il est évident que la collaboration ne peut être efficace. La

réussite du web-documentaire passe par cette fusion de compétences d’horizons variés.

Le partage des statuts est inévitable, et amène un second problème : celui des droits sur

l’œuvre produite.

La SCAM27 considère d’ailleurs le producteur du web-documentaire comme un co-auteur.

À savoir, il n’y a généralement pas de générique de fin dans le web-documentaire, du

moins aucun de ceux étudiés n’en comporte.

La liste des contributeurs peut néanmoins se consulter si l’internaute le souhaite en

cliquant sur « crédits ».

27 SCAM : Société Civile des Auteurs Multimédia

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Page 60: WEBDOC MAGAZINE (mémoire E.Poupel)

Des organes de presse investis dans le web-documentaire Les organes de presse sont de

véritables acteurs du web-documentaire car

ils sont des canaux de diffusion quasi-

exclusifs. Ils sont d’ailleurs les seuls à

s’engager si fortement dans la vague du

web-documentaire.

Ainsi, issus de la presse écrite comme

le magazine Géo, ou de la presse

audiovisuelle (France Télévisions, Arte) ou de

la presse en ligne avec LeMonde.fr, le web-

documentaire suscite l’engouement des

t é l é v i s i o n s c o m m e d e s m é d i a s

traditionnellement davantage tournés vers

l’écriture et l’image.

Et cette tendance ne s’arrête pas aux

frontières : le Washington Post et le New

York Times se sont aussi engagés autour du

nouveau format et proposent désormais sur

leurs sites Internet des web-documentaires.

Ces plateformes créent donc le lien

entre les médias traditionnels et les nouvelles

formes de médias, le web-documentaire

notamment.

Ainsi l’intégration des web-documentaires

faite par les médias est de plus en plus

efficace.

Le magazine géo Le magazine a lancé sur son site

Internet un espace dédié aux web-

documentaires.

Jean-Luc Marty, rédacteur en chef du

magazine, qualifie cependant cette rubrique

de «  transjournalisme  ». Les reportages

présentés sont complé tés par des

documents, des photos et des hyperliens.

LeMonde.fr Début 2010 le journal en ligne

leMonde.fr a lancé le site «  Le Monde

Webdocumentaires ».

Ce site présente des web-documentaire de

qualité, qui ont l’intérêt d’être souvent

a c c o m p a g n é s d e c o m p l é m e n t s

d’information via les Dossiers du Monde.

Arte La chaîne culturelle franco-allemande

a lancé le site « ARTE Webdocs  »  . Le site

présente les web-documentaires produits

par la chaîne.

ACTE

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PAG

E 5

5

Capture d’écran de la page

d'accueil de la plateforme de web-

documentaires «Arte WEBDOCS»

Page 61: WEBDOC MAGAZINE (mémoire E.Poupel)

Capture d’écran de la section du site Géo.fr consacrée aux web-documentaires.

Capture d’écran de la rubrique «Webdocus» du site LeMonde.fr

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Page 62: WEBDOC MAGAZINE (mémoire E.Poupel)

Des agences de production audiovisuelle

Mais les organes de presse ne sont

pas les seuls engagés dans la « vague web-

documentaire ».

En effet, des sociétés de production

a u d i o v i s u e l l e , d e s a g e n c e s d e

d é v e l o p p e m e n t e t d e w e b d e s i g n

s’ intéressent et s’essayent au web-

documentaire, quand elles ne se spécialisent

pas.

E n 2 0 0 8

l’agence Narrative est fondée par Cécile Cros

et Laurence Bagot. Cette petite structure

s’est spécialisée dans l’élaboration de web-

documentaires et a réalisé la série de web-

documentaires «  Portraits d’un nouveau

Monde » pour France 5.

Les autres sociétés les plus actives en terme

de création de web-documentaires sont

Honkytonk  avec «  Voyage au bout du

Charbon »,

e t e n f i n

Upian  avec notamment «  Prison Valley  » et

« Havana-Miami ».

Des plateformes dédiées au web-documentaire

La diffusion des web-documentaire ne

s’arrête pas aux organes de presse et aux

agences précédemment cités. En effet,

d’autres sites se spécialisent dans le web-

documentaire.

Le site Linterview.fr est le plus

conséquent, il est spécialisé et se qualifie

d’ai l leurs de «  laboratoire du web-

documentaire  ». Il répertorie les web-

documentaires disponibles sur Internet et

propose certaines vidéos ou articles sur le

sujet. Le répertoire de web-documentaires est

conséquent, i l propose notamment 5

classements différents : par thématique, par

genre, par média, par production, et par série.

L’intérêt du site Linterview.fr réside aussi dans

sa rubrique «Actualités» qui est bien fournie

et régulièrement mise à jour. Ce site se veut

ê t re l e s i t e de r é fé rence du web-

documentaire.

ACTE

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PAG

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7

Logo de l’agence Narrative

Logo de l’agence Honkytonk

Logo de l’agence

Upian

Capture d’écran de la plateforme

entièrement dédiée au web-documentaire

«Linterview.fr»

Page 63: WEBDOC MAGAZINE (mémoire E.Poupel)

Figure du webdoc 1/2Samuel Bollendorff est un ex photographe de l’agence Oeil Public. Il est considéré comme un des pionniers du web-documentaire. Il a en effet réalisé « Voyage au bout du charbon » pour LeMonde.fr ainsi que « Homo Numericus : Portraits d’une révolution invisible » pour SFR.

Figure du webdoc 2/2Jean Abbiateci est journaliste multimédia indépendant. Il est aussi auteur de web-documentaires, et a réalisé pour LeMonde.fr « Africascopie, l’Afrique dans la révolution numérique », mais aussi « Haïti : la route de la faim ». Il est aussi membre de l’Atelier des Médias et collabore au blog consacré au journalisme multimédia Espritblog.com.

Capture d’écran de Samuel Bollendorff lors

d’une interview par Canon France (http://

vimeo.com/9551710)

Portrait de Jean Abbiateci présentée sur

le site du collectif de journalistes

«Objectif Plume» dont il fait partie

Affiche du web-documentaire «Homo Numericus»

réalisé par Samuel Bollendorff pour la société SFR.

Page d'accueil du web-documentaire «Haïti : la route de la

faim» réalisé par Jean Abbiateci

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Quels sont les précurseurs du web-documentaire ?

Le web-documentaire n’est pas clairement défini et sa forme pluri-média a sans

aucun doute été encouragée avec l’essor d’Internet. Mais on trouve des formes qui

s’approchent de celle du web-documentaire avant même l’essor d’Internet. Ainsi, bien que

les web-documentaires aient une histoire difficile à retracer on peut leur reconnaître

quelques ancêtres.

L’Ouvroir de littérature potentielle et la littérature

combinatoireL'Ouvroir de littérature potentielle, aussi désigné par son acronyme Oulipo, est un groupe

de littéraires et de mathématiciens qui se réunissent pour réfléchir aux contraintes littéraires

et créer de nouvelles structures destinées à encourager la création.

Raymond Queneau, qui faisait partie de ce groupe, en a donné cette définition : «des rats

qui construisent eux-mêmes le labyrinthe dont ils se proposent de sortir ».

Cette définition peut s’appliquer au web-documentaire car le cheminement, découlant de la

non-linéarité et de la navigation comme nous l’avons vu, correspond à cette image de

labyrinthe auto-construit.

Aussi, on retrouve d’autres traces du concept du web-documentaire dans la littérature

combinatoire de Raymond Queneau.

En effet, dans son ouvrage intitulé Cent mille milliards de poèmes datant de 1960, il

présente une combinatoire de vers pouvant donner 100 000 milliards (soit 1014) poèmes.

L'ouvrage de Raymond Queneau s’utilise comme un

instrument qui permet de combiner des vers de façon à

composer des poèmes répondant à la forme classique du

sonnet régulier : deux quatrains suivis de deux tercets, soit

quatorze vers. Les pages sont pour cela séparées en

bandes horizontales portant chacune un vers. Ainsi, le

lecteur peut créer son poème en choisissant les vers qu’il

préfère, il assemble pour cela les bandelettes en tournant

les pages.

Ce qui rappelle là encore le web-documentaire est le

caractère sélectif et interactif de l’œuvre de Queneau.

Photographie de l’intérieur de l’ouvrage

«Cent mille milliards de poèmes»

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En effet, cet ouvrage bien qu’il soit sur support papier, fait intervenir le lecteur et lui

permet de choisir les vers qu’il désire voir apparaître dans le poème qu’il souhaite lire.

C’est le même fonctionnement auquel est confronté le lecteur au sein du web-

documentaire.

Des hyperfictions Le terme hyperfiction est apparu aux Etats-Unis à la fin des années 80.

L’hyperfiction est un genre littéraire que l’on rencontre uniquement sur ordinateur. En

effet, il s’agit d’une fiction interactive lisible depuis un ordinateur dont le déroulement

dépend des choix du lecteur grâce aux hyperliens.

Comme dans le web-documentaire le lecteur fait avancer le récit en cliquant sur

des liens qui le renvoient vers d’autres parties du récit. Cependant, ce genre est

uniquement écrit, il n’y a pas la dimension pluri média comme dans le web-

documentaire. Le contenu de l’hyperfiction est uniquement un texte écrit.

Le travail de l’écrivain américain Michael Joyce en est la référence avec son œuvre

« Afternoon » qui est un véritable labyrinthe narratif.

Capture d’écran d’»Afternoon» de Michael Joyce (1987)

Illustration tirée de l’article «Que sont les hypertextes et les hypermédias de fiction ? «

http://www.olats.org/livresetudes/basiques/litteraturenumerique/8_basiquesLN.php

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Le cinéma photographié28

Un des premiers films réalisés en série d’image fixes est « La Jetée », réalisé en 1962

par Chris Marker. Ce moyen-métrage futuriste a la particularité d’être uniquement composé

d’une voix off et de photographies en noir et blanc. Une histoire est racontée  : celle d’une

fictive 3ème guerre mondiale. Comme dans le web-documentaire il y a un récit à suivre. Le

spectateur se laisse porter par les images et la voix off, comme c’est le cas dans de nombreux

web-documentaires portfolios.

D’ailleurs, on remarque que de nombreuses photographies rappellent celles vues dans

certains web-documentaires. Peut-être parce que les sujets sont angoissants et présentent la

détresse humaine.

28 Le terme « cinéma-photographié » est le terme utilisé par la Cinémathèque Française pour désigner les

films réalisés en séries d’images fixes.

Captures d’écran du film «La Jetée»

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Des reportages sonores – audioramas Ces reportages sonores utilisent le même procédé que le cinéma-photographie à la

différence qu’il ne s’agit plus de fictions mais de reportages. Il y a toujours un récit à mener

mais les faits ne sont plus fictifs. Concrètement ils ressemblent à certains web-

documentaires de style portofolio mais n’ont pas de caractère interactif. Les photographies

sont accompagnées de voix, celle du journaliste ou celles de spécialistes ou encore des

voix des individus représentés.

Le New-York Times a ainsi présenté des portraits de New-yorkais qui défilent avec leur

témoignage en fond sonore («One in 8 million»).

À la différence du web-documentaire, ces reportages ne font pas l’usage de différents

médias. Ils se limitent aux photographies et au son, et ce de façon linéaire. Enfin, ils ne sont

pas interactifs.

Captures d’écran de la série «One in 8 million», chaque témoignage sonore est

accompagné de portraits photographiques.

Le documentaire audiovisuel Enfin, il s’agit maintenant d’évoquer le documentaire audiovisuel.

En effet, cette forme de documentaire est dans le paysage médiatique actuel la forme qui

s’approche le plus du web-documentaire.

Que celui-ci soit cinématographique ou télévisuel le documentaire a pour objectif de

représenter la réalité telle qu’elle est.

C’est en cela que le documentaire «  classique  » rejoint le web-documentaire  ; mais c’est

aussi en cela qu’il s’en éloigne : dans le documentaire classique cette réalité est représentée

sans altération de son déroulement alors que dans le web-documentaire le déroulements du

récit change selon les lecteurs.

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Des livres-jeu Les livres jeu, aussi appelés « histoires dont vous êtes le héros » proposent au lecteur

de naviguer au sein du livre selon ses décisions prises en fin de chaque page.

Ces livres s’adressent souvent aux enfants ou aux adolescents et ont pour contexte

l’époque médiévale ou des mondes fantastiques.

À la fin de chaque page il est en effet proposé au lecteur, qui incarne un personnage,

de se rendre dans différents lieux ou de faire différentes actions. Pour chaque action, le

lecteur est renvoyé a une page mais il doit choisir une seule action, il se rend donc a une

seule page où d’autres choix lui seront proposés en fin de page et ainsi de suite.

Par exemple «  vous souhaitez rejoindre d’autres chevaliers rendez-vous page 17, pour

retourner au pont-levis allez page 22, pour boire la potion du sorcier rendez-vous page 3 ».

L’histoire se développe donc en fonction de ces actions, et non dans l’ordre des pages.

L’intérêt de ce type de récit est que le lecteur ne sera jamais lassé car il peut relire le

livre de différentes façons. L’histoire ne sera jamais la même bien qu’il n’y ait généralement

qu’une « bonne fin », le héros mourant dans les autres cas de figure.

Ainsi, comme dans le web-documentaire ces livres sont interactifs et le déroulement dépend

des choix du lecteur. La différence réside dans le support qui est papier est non numérique.

Couvertures de livres jeu de la collection

«Vivez l’aventure « des Editions Grund

Schéma d’illustration des cheminements possibles du lecteur dans un livre-jeu.

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Qu’est-ce qui a favorisé la naissance du genre web-documentaire ?

De l’engouement récent pour le genre documentaire aux possibilités offertes par le

médium Internet en passant par la crise de la presse amenant de nouvelles formes

journalistiques, la naissance du genre web-documentaire ne connaît pas un mais plusieurs

facteurs favorisants.

L’engouement pour le genre documentaireLes succès du « Cauchemar de Darwin », d’« Être et avoir », et des documentaires de

Mickaël Moore, montrent que le genre documentaire suscite de l’intérêt et ce jusque dans les

cinémas où il connaît un réel succès. Au regard du nombre d’entrées que ces réalisations ont

occasionnées, on peut imaginer que la forme web-documentaire profite de cette vague

d’intérêt pour le genre documentaire. En effet cet engouement atteste dans un premier temps

que les spectateurs sont sensibilisés au documentaire mais surtout qu’il existe un public.

Les possibilités offertes par le médium Internet Mais cet engouement pour le documentaire ne fait pas tout.

Tout d’abord, il faut souligner la place de plus en plus grande que prend le médium Internet

dans la recherche d’informations. Le moteur de recherche Google est ainsi devenu un réflexe

pour la grande majorité des utilisateurs d’Internet. Ces derniers se servent de ce médium

désormais démocratisé pour chercher l’information au-delà des supports traditionnels de

l’information (papier, radio, télévision) et consulter une offre qui s’enrichit chaque jour.

L’information présentée sous la forme de web-documentaire est donc attractive  : elle est

interactive et soignée. Mais surtout, elle est triée, puis synthétisée par le documentariste. Le

«  travail » est déjà pré effectué  : l’internaute accède à un « produit informationnel » prêt à

consommer, et très différent de ce qu’il peut trouver à la télévision. La nouveauté du web-

documentaire est donc autant née de l’usage qui est fait d’Internet que de l’outil en lui-même.

De plus, les possibilités offertes par le médium Internet constituent un facteur non

négligeable dans la naissance du nouveau format web-documentaire.

Car Internet est le médium de l’hyper sollicitation, et il offre au web-documentaire les outils

nécessaires au spectateur pour que celui-ci mène son introspection et ses interrogations au

sein du document, comme nous l’avons précédemment montré dans la partie interactivité.

De plus, Internet permet une transmission immédiate et continue d’informations, et le web-

documentaire est justement adapté à ce critère  : les mises à jour et les actualisations sont

possibles. Le web-documentaire s’adapte donc au rythme Internet.

En ce sens, les usages faits d’Internet et l’offre d’outils que ce médium apporte, favorisent

l’apparition du web-documentaire.

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La multiplicité des supports Internet Actuellement Internet n’est plus uniquement accessible depuis un ordinateur. On

compte aujourd’hui différents supports numériques permettant aux internautes d’accéder

au médium Internet, et donc à la consultation de web-documentaires.

Ainsi, si l’ordinateur reste un outil central il faut aussi évoquer :

Les téléphones mobiles avec accès Internet

Ceux ci sont couramment appelés

«  smartphones  ». Ils permettent une

consommation limitée et parfois ralentie

de contenus Internet. Cependant,

l’avantage indéniable de ce support est la

mobilité du terminal  : Internet est

désormais dans la poche ou le sac à main

des utilisateurs. L’information est alors

partout et tout le temps.

Les tablettes

Ce support est très récent et voit sa

place se faire avec l’arrivée de l’iPad

d’Apple.

Le public n’est pas encore bien habitué à

l’utiliser car c’est un outil récent.

Les tablettes tactiles sont moins mobiles

que les smar tphones, cependant

l’ergonomie est meilleure. La consultation

de contenus Internet est plus confortable.

A la différence d’un ordinateur, les

tablettes sont tactiles : l’interaction passe

par les doigts sur l’écran, il n’y a plus

l’intermédiaire de la souris.

On peut ainsi aisément envisager la

consultation d’un web-documentaire sur

ce type de terminal.

La crise de la presseLa crise actuelle que connaît la presse est liée à plusieurs facteurs. La crise

économique, mais aussi la révolution structurelle de la presse avec le numérique, la

désaffection pour la presse papier ou encore la gratuité de certains journaux, sont donnés

pour responsables de cette crise.

Ainsi les photojournalistes sont par exemple confrontés à une perte de

reconnaissance de leur discipline : leurs images sont mises en concurrence avec celles de

journalistes « multitâches » ou même d’amateurs. Le web-documentaire se présente donc

à eux comme une nouvelle façon de redonner vie à leurs images, et même une nouvelle

appréhension de leur profession.

La crise des médias traditionnels a ainsi favorisé l’émergence du web-documentaire.

Tablette iPad d’Apple

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Le changement des pratiques journalistiques Ainsi l’engouement pour le documentaire, la crise de la presse et la multiplicité

des supports Internet ont concouru à la naissance du genre web-documentaire, mais ce

n’est pas tout  : les pratiques journalistiques ont évolué et ont elles aussi favorisé la

naissance du genre.

Et plus loin encore, le web-documentaire a fait naître de nouvelles pratiques  comme

l’évoque Jean Abbiateci29 : « La version multimédia du reportage, accouplé au blog que

nous tenions alors que nous étions sur place, a fondamentalement changé notre pratique

du journalisme».

Le web-documentaire est en effet une façon totalement nouvelle pour les

journalistes de faire leur métier. Il s’agit d’une démarche à part qui mélange plusieurs

niveaux d’information  : la vidéo, la photographie, le son et le texte. Le journaliste doit

réfléchir bien en amont à la forme qu’il veut donner à son oeuvre, à ce qu’il veut dire sur

son sujet, grâce à quels médias. C’est un réel travail d’investigation.

La réalisation du web-documentaire «Le Corps incarcéré» a ainsi nécessité le

travail de plusieurs salariés du journal LeMonde.fr pendant trois mois.

La mort du mono-journalisme «  La mono-information30 est quasi morte  »,

estime Lucas Menget31. On parle de mort du mono-journalisme car la mono-information

semble être abandonnée pour le pluri-média. Plus concrètement, cela signifie pour les

acteurs de l’information (chaînes de télévisions, radios, ou agences) leur déploiement

aux autres médias. Car ils ne peuvent exister seuls en tant que tel  : la « digital native

generation  » est d’abord une génération d’internautes avant d’être une génération de

téléspectateurs. En s’ouvrant ainsi à la sphère Internet ces médias d’envergure

s’assurent l’audience de ce public. Le web-documentaire est dans ce contexte une

forme de « lien » entre le contenu télévisuel classique et le contenu d’Internet.

29Jean Abbiateci est journaliste multimédia et auteur de web-documentaires.

30 La mono-information est l’information apportée par un unique canal de diffusion.

31 Lucas Menget est grand reporter à France 24 et il est l’initiateur du prix du web-documentaire remis pour

la première fois au festival de photojournalisme de Perpignan.

Capture d’écran du web-documentaire

«Le Corps incarcéré»

Page 72: WEBDOC MAGAZINE (mémoire E.Poupel)

Le web-journalisme prémisse du web-documentaire Si le web-documentaire est assez utilisé par les journalistes, c’est parce que ceux

ci se sont confrontés les premiers au médium Internet et aux problèmes qu’il amène

quand il s’agit de traiter une information. Il en est même né une «  branche  » du

journalisme : le journalisme Internet aussi appelé « web-journalisme ».

Et les caractéristiques du web-journalisme sont proches de celles du web-

documentaire : c’est une profession en construction qui connaît un contexte économique

défavorisé  ; c’est une discipline évolutive qui suit l’évolution Internet et c’est un

journalisme en devenir dont les supports sont instables. Les web-journalistes sont aussi

bien souvent des hommes orchestres qui doivent maîtriser toutes les formes d’écritures

multimédia et développer tous les types de formats numériques. De plus, la pratique du

web-journalisme n’étant pas unifiée, elle présente comme le web-documentaire des

définitions contradictoires.

Ainsi, le web-documentaire se présente à ces nouveaux professionnels comme l’ « arme

parfaite ».

En effet, la pratique du web-journalisme implique réactivité et créativité  : c’est un

journalisme «  connecté  » avec les internautes tout comme l’est le web-documentaire.

Cette interaction se fait aussi via les commentaires, les réseaux sociaux et les blogs. Le

web-journalisme fonctionne donc avec ces communautés de lecteurs.

Il en est même né un journalisme particulier  : le «  community manager  ». Sa mission

consiste à extraire l’information des échanges réalisés entre les internautes sur les forums.

Le web-journalisme a aussi recours au «  travail en progression  »  : cette pratique

consiste à publier une information « brute » qui par la suite est rectifiée et complétée au

fur et à mesure par le journaliste. Cette pratique peut se recouper en partie avec la forme

du web-documentaire qui présente des contenus additionnels ajoutés par les auteurs ou

les lecteurs.

Surtout, le web-journalisme est un journalisme pluri média: l’information passe par

le texte, les images, les vidéos,  les sons, ou encore les diaporamas et les illustrations, le

tout enrichi par les hyperliens. Et c’est exactement le concept du web-documentaire.

Enfin, le web-journalisme connaît lui aussi des problèmes de financement  : la

presse en ligne n’a pas de modèle économique stable et la rentabilité des informations est

faible.

On peut détailler plusieurs branches dans le web-journalisme :

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Page 73: WEBDOC MAGAZINE (mémoire E.Poupel)

Le “blog journalism”

! Ce journalisme est la logique du blog

appliquée au journaliste  : celui-ci poste des

billets courts et souvent assez subjectifs, qui

mêlent du texte et des contenus multimédias

apportant un commentaire personnel sur

l’événement.

Le blog journalisme permet le dialogue avec

les internautes qui ont la possibilité de laisser

des commentaires. Aujourd’hui, on remarque

de nombreux blogs de journal istes,

notamment de journalistes spécialisés

( p o l i t i q u e , m é d i a s ,

automobile,religion,économie,régions du

monde…). Souvent ces blogs sont rattachés

à des sites Internet d’organes de presse

comme LeMonde.fr ou Rue89.

Le « narrative journalism »

! Le narrative journalism est aujourd’hui

reconnu comme un genre littéraire à part

entière. Né aux Etats-Unis dans le contexte

de crise de la presse, ce nouveau genre

littéraire a d’abord été appelé «  new

journalism  » puis «  literary journalism  » et

enfin «  narrative journalism  », tel qu’il est

désormais qualifié.

Le concept du « narrative journalism » est de

faire de la vie quotidienne non plus le sujet

d’un reportage mais un sujet littéraire. Les

sujets sont alors menés comme des sujets de

roman et ne sont plus traités comme dans les

reportages journalistiques.

Ce concept se retrouve justement dans

le web-documentaire  : la narration n’est pas

celle d’un reportage classique, il est question

de mener un récit, raconter une histoire.

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Le journalisme de données, ou « data-journalisme »

Le journalisme de données, également appelé «  data-journalisme  », est aussi une

nouvelle forme de journalisme née conjointement de l’essor d’Internet et de la crise de la

presse. Ce nouveau genre est très en vogue au Royaume Uni et les médias anglo-saxons sont

d’ailleurs très en pointe dans cette discipline alors que la France traîne un peu.

Ce journalisme consiste à utiliser des données pour construire l’information. La donnée

est alors le centre du concept. Cela peut sembler logique pour du journalisme, mais ce

journalisme exploite les données au maximum et en fait l’outil maître du traitement de ses

sujets.

Le journaliste de données a donc pour mission d’exploiter des données dans le cadre

d’un reportage puis surtout de rendre les données lisibles par les lecteurs. Les bases de

données utilisées pour le reportage sont ainsi également présentées aux lecteurs via des

systèmes de visualisation. Par exemple le Guardian propose aux internautes, pour ses articles

en ligne du DataBlog, d’accéder aux données dont le journaliste s’est servi pour réaliser son

article.

Le data-journalism permet ainsi de rendre intelligible de grandes quantités d’informations.

L’usage du data-journalism est très pertinent lorsque les phénomènes étudiés sont

complexes : le présentation des faits en utilisant les données est alors simplifiée.

Cela implique que le reportage n’est plus construit autour du texte mais des éléments visuels

qui présentent ces données. Il s’agit pour le lecteur de visualiser l’information.

Page 74: WEBDOC MAGAZINE (mémoire E.Poupel)

Le journalisme de données est donc un nouvel angle journalistique, auparavant le

journaliste avait le choix entre la brève, l’interview, l’enquête… Désormais il a aussi la

possibilité de traiter son sujet via les données.

Un des précurseurs du data-journalisme est Adrian Holovaty qui avait réalisé des cartes du

crime à Chicago grâce à Google Maps32. Le data-journalism consiste donc,comme le fait le

web-documentaire, à raconter des histoires via des données.

Cependant, le journalisme de données n’est pas plus objectif que les autres formes

journalistiques. En effet il est possible de manipuler ces données comme pour tout autre

produit journalistique où l’information est manipulable. Un site russe a ainsi truqué une

carte interactive des lieux de culte en Russie en y augmentant le nombre de mosquées.

Il faut garder à l’esprit que les données sont aussi subjectives que les mots. Il ne s’agit

donc pas d’un journalisme «  supérieur  » qui serait plus véritable que les autres. Les

données sont présentées comme d’autres éléments, avec la vision du journaliste.

L’intérêt du data-journalisme est de pouvoir raconter des histoires via ces données,

et c’est le concept du web-documentaire  : relier des données entre elles au sein d’une

même production pour répondre à un sujet.

Les données permettent, en les maniant, de construire des interprétations, de raconter

comme avec des mots une histoire. Le fait de pouvoir manipuler des données permet de

mieux retenir l’information (rappelez vous de l’exemple de la carte interactive des meurtres

à Juarez dans le web-documentaire La Cité des Mortes).

L’autre intérêt du data-journalism est le même que celui du web-documentaire  : la

pérennité du dispositif si celui ci est régulièrement mis à jour. En effet si la base de données

présentée est actualisée, le dispositif ne perd pas sa pertinence avec le temps.

Enfin, le data-journalism présente un autre point commun avec le web-

documentaire :

la participation des internautes. En effet, les internautes sont parfois sollicités pour traiter

des données en grande quantité. Le Guardian a ainsi proposé à des internautes d’analyser

la moitié des 548000 pages de notes de frais des députés britanniques que le journal avait

récupéré.

En France, le site Owni33 a eu besoin d’exploiter des données non mises en forme dans le

cadre d’un projet de localisation des bureaux de vote en France. 300 internautes ont ainsi

saisi 13 000 adresses manuellement pour faire aboutir le projet.

32 Google Maps est un service gratuit de carte géographique interactive et d’itinéraires en ligne. Ce service est

proposé par Google.33 OWNI (http://owni.fr) est un média social créé en avril 2009 auquel participent des journalistes, des blogueurs,

des entrepreneurs, des étudiants et des chercheurs. Ils expérimentent le Digital Journalism et offrent de

l’information et des débats sur l’évolution de la société numérique. OWNI analyse aussi l’impact d’Internet sur la

société, les pouvoirs et les cultures.

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Page 75: WEBDOC MAGAZINE (mémoire E.Poupel)

Le même système a été utilisé en Belgique pour évaluer l’état des pistes cyclables.

Le data-journalism, comme le web-documentaire, est donc un concept né des possibilités

offertes par Internet, puisqu’ils utilisent tous deux les données qui sont démultipliées sur

Internet.

Le « slow Journalism"

Ce journalisme consiste en des formats longs. La narration est souvent riche et les

entretiens travaillés. Le slow journalisme est un journalisme lent  : il recoupe des

informations, évalue les données, c’est en somme un journalisme beaucoup plus réfléchi

que le flash journalisme qui lui est dans l’instantané (dépêches). Il y a une réelle prise de

recul et c’est en cela que le slow journalism rejoint le web-documentaire  : les sujets des

web-documentaires sont réfléchis et très travaillés, il y a un réel travail d’investigation et de

montage des éléments.

Capture d’écran de l’application Facebook «Où

je vote ?» née du projet de localisation des

bureaux de vote d’Owni.fr.

Pour donner un exemple, j’ai fais faire une

recherche à la base de données à partir de

l’adresse de l’IUT.

Voici le résultat de la base de

données : tous les bureaux de

vote de la Gironde n’ont pas été

localisés par les internautes, une

limite au projet collaboratif.

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Page 76: WEBDOC MAGAZINE (mémoire E.Poupel)

Le web-documentaire, une réponse à la surabondance informationnelle ?

Depuis une dizaine d’années, on

observe que des milliers d’articles sont

publiés quotidiennement, alors que leur

contenu est quasiment similaire. Ces articles

sont, de plus, rapidement obsolètes et sans

réel fond. Le web-documentaire, par son

format et le traitement des sujets qu’il

apporte peut-être une réponse à ce

problème  : il permet à l’internaute d’accéder

à une information complète et approfondie et

regroupe des contenus connexes. Il ne

duplique pas les contenus mais les relie entre

eux via l’interface du web-documentaire.

En ce sens le web-documentaire peut

permettre à long terme de freiner la pléthore

d’articles sur Internet et à court terme de

proposer aux utilisateurs ultra sollicités une

information approfondie.

Le web-documentaire un nouvel eldorado pour les photojournalistes ? Le web-documentaire permet de

mettre l’image au centre de l’enquête.

C’est une des raisons qui fait de ce nouvel

outil multimédia un outil à saisir pour les

photojournalistes. Le photographe Reza parle

déjà de « renaissance » 34.

En effet, dans un contexte économique

d i ff ic i le pour la profess ion le web-

documentaire représente une nouvelle

stratégie pour faire face à la crise.

Symbole de cette crise profonde que connaît

le secteur : le redressement judiciaire en juillet

d e r n i e r, d e l a c é l è b r e a g e n c e d e

photojournalisme Gamma.

Cette crise du photojournalisme découle,

d’une part, de la crise de la presse mais a

aussi d’autres causes  : le développement du

libre de droit, et les nouvelles pratiques des

médias qui préfèrent acheter des clichés à

l’unité à l’AFP ou Reuters plutôt que de

financer des reportages photo.

C’est dans ce contexte que le web-

documentaire se présente comme une

véritable opportunité. Mais l’intérêt du web-

documentaire ne se limite pas au contenu

p h o t o g r a p h i q u e . E n e f f e t , l e w e b -

documenta i re permet éga lement au

p h o t o j o u r n a l i s t e d e t é m o i g n e r

personnellement. C’est aussi un moyen de

gérer ses partenariats, et éventuellement la

publicité pour financer leur travail.

Nombreux sont les photojournalistes à voir en

ce nouveau format leur avenir, et certains se

sont déjà reconvertis à l’instar de Brian

Storm, le fondateur de l’agence de création

de web-documentaires Mediastorm, qui était

photojournaliste à l’origine.

Le web-documentaire serait ainsi une

évolution du journalisme de terrain, au-delà

d’une réponse à la crise du photojournalisme.

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34 Terme rapporté dans un article de Sophie Roselli sur Swissinfo.Ch intitulé « Le webdocumentaire, l’avenir du

photojournalisme

Page 77: WEBDOC MAGAZINE (mémoire E.Poupel)

Quand le journaliste se crée une « marque de fabrique » : le « Professional branding »

Le «  professional branding  », aussi

connu sous le nom de « personal branding »,

est une méthode qui utilise les techniques de

communication des marques mais appliquées

aux individus. Ces techniques permettent de

gérer l’image de marque de professionnels,

leur réputation numérique35 et leur notoriété.

Ceci leur permettant par la suite de réaliser

des projets d’envergure.

Les journalistes à travers le web-

documentaire peuvent donc se donner une

«  image de marque  » que l’on pourrait

familièrement qualifier de «  marque de

fabrique ». Le web-documentaire serait donc

un outil leur permettant de gérer leur

réputation, de faire du web-documentaire la

vitrine de leur travail via des réalisations

«  marquées  », un style d’interface ou

d’aménagement des contenus qui leur serait

propre.

Une histoire à raconter : le « storytelling »

Le storytelling est généralement considéré

comme un art de la persuasion, voire de la

manipulation.

Cette définition correspond au storytelling tel

qu’il existe au sein des sphères politiques et

économiques. C’est la définition que présente

Christian Salmon dans son ouvrage intitulé

«  Storytelling, La Machine à fabriquer des

histoires et à formater les esprits ».

Mais le storytelling est plus largement la

capacité à raconter des histoires, à créer de

nouvelles formes de récits qui s’adaptent à

leur contexte spécifique. Et les médias

digitaux présentent justement de nouvelles

formes d’écriture et de lecture.

Le web-documentaire permet de raconter la

réalité, comme l’ont fait auparavant la

peinture, la photographie, puis la radio et la

télévision, mais en utilisant différents médias.

En ce sens le web-documentaire s’inscrit

parfaitement dans ce contexte  : il s’agit pour

l’auteur de raconter une histoire en modulant

son récit sur le format numérique Internet.

L’histoire racontée dans le web-documentaire

est donc organisée pour le média Internet,

l’objectif est de transporter l’internaute dans

le récit. L’auteur du web-documentaire doit

présenter les personnages, donner de la

cohérence à son récit, rendre l’histoire

attrayante. Tout ceci fait ainsi du web-

documentaire un outil du storytelling. M

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72

35 La réputation numérique est, d’après Gautier Barbe rédacteur du site www.boitedeveille.fr «  L'image d'une

entité sur le Web. Elle est définie par les internautes qui communiquent sur la toile et elle est perceptible via les

médias en ligne, blogs, espaces de discussion et médias sociaux. Difficilement contrôlable, elle est devenue un

enjeu stratégique tant son impact est puissant sur les ventes et l'image d'un produit, d'une marque ou d'une

personnalité. » La réputation numérique est aussi appelée « e-reputation ».

Page 78: WEBDOC MAGAZINE (mémoire E.Poupel)

Les modèles économiques d’InternetAvant de définir les possibles modèles économiques du web-documentaire, il

convient de définir les modèles économiques d’Internet. Actuellement, les plateformes

proposant des web-documentaires sont toutes gratuites. Mais ce n’est pas le cas de tous

les médias en ligne. Il existe plusieurs modèles économiques sur Internet:

Le modèle gratuit C’est le modèle économique le plus

répandu dans le monde de l’information sur

Internet. Ce modèle fonctionne grâce à

l’apport financier apporté par la publicité.

Cette publicité revêt plusieurs formes,

principalement des bannières, des liens

sponsorisés, et des fenêtres pop-up.

Une variante au modèle gratuit financé par

la publicité est le sponsoring professionnel.

Par exemple le journal en ligne Rue89

propose un mur virtuel où il est possible

d’acheter une « brique » pour y mettre son

logo. Écoles privées, entreprises et

particuliers notamment y participent.

Le modèle payant Ce modè le , qu i au x débu ts

d’Internet, était peu utilisé par les médias

en ligne, revient en ce moment sur Internet

pour contrer la faible rentabilité du modèle

gratuit.

Cependant, mis à part le journal en ligne

Mediapart dont tout l’accès est payant, ce

modèle n’est pas très répandu.

Aussi, on remarque désormais que certains

sites ont adopté un modèle hybride  : une

partie du site est à accès gratuit, une autre,

payante, est réservée aux abonnés. Ce

modèle est aussi appelé «  freemium  ».

Parfois, il est également possible de payer

les articles à l’unité, ou de payer l’accès

aux archives pour une certaine durée.

Généralement, on observe que c’est

l’accès aux archives qui est payant,

comme c’est le cas de LeMonde.fr.

Extrait du site Mediapart

Le «mur» de Rue89

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Page 79: WEBDOC MAGAZINE (mémoire E.Poupel)

36 Matthieu Mondolini est le co-auteur de « La Mauraude, à l'écoute des sans-abris ».37 Estimation donnée par Boris Razon rédacteur en chef du Monde.fr

Le coût de la réalisation d’un web-documentaire

La réalisation d’un web-documentaire n’est pas moins coûteuse que celle d’un

documentaire télévisuel, bien au contraire. L’idée que ce format serait plus économique

parce qu’il s’agit d’Internet est une grande erreur  : la réalisation d’un web-documentaire

coûte généralement autant voire plus qu’un documentaire télévisuel.

C’est ce que souligne Matthieu Mondoloni36 : « Aujourd'hui, un web reportage se

vend trois fois rien alors qu'on utilise trois fois plus de ressources ».

Le budget d’un web-documentaire est variable car ces œuvres sont très différentes

les unes des autres mais il est possible de donner ce chiffre de 60 000 €37 par

documentaire. C’est ce que coûte en moyenne un web-documentaire produit puis diffusé

sur LeMonde.fr.

Cependant les « supers productions » sorties cette année ont des budget beaucoup

plus conséquents  : 430 000€ pour « Havana-Miami » (ce budget comprend également la

production d’un film de 52 minutes pour la télévision) , 230 000 € pour « Prison Valley ».

Enfin, il y a des web-documentaires sans grand budget  : les deux web-

documentaires de qualité «  Brèves de Trottoirs » et «  La Maraude à l’écoute des sans

abris » en sont l’exemple.

Capture d’écran du menu de «La Maraude à

l’écoute des sans--abris»

Capture d’écran du menu de Havana-Miami

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Page 80: WEBDOC MAGAZINE (mémoire E.Poupel)

Des financements publics pour le web-documentaire ? Ainsi nous avons vu quel était le budget nécessaire à la réalisation d’un web-

documentaire. Intéressons nous désormais aux financements possibles.

Comme pour le documentaire télévisuel, le producteur, ou le journaliste,  doit

trouver le financement à son projet dès le début. Car l’auteur d’un web-documentaire ne

peut se financer seul, les sommes à engager étant trop importantes.

Il démarche pour cela les diffuseurs et fait des demandes d’aides publiques auprès du

CNC et de la SCAM ou encore des collectivités territoriales.

Les journalistes n’ont pas l’habitude de se tourner vers ce genre d’instituts publics pour

trouver des financements, mais ils y sont parfois contraints.

En effet, les journalistes ne peuvent pas s’appuyer sur leurs rédactions car les

sommes sont bien trop élevées. Les coûts du web-documentaire sont démesurés par

rapport aux petits budgets alloués aux reportages photo. Et le problème est amplifié

pour les rédactions de journaux en ligne dont les budgets sont encore plus étroits que

ceux des rédactions de journaux papier. D’une façon générale, les diffuseurs sont

difficiles à convaincre car le retour sur investissement est encore très faible.

De plus, le genre documentaire est un genre traditionnellement issu du service public. Il

y a des documentaires diffusés sur les chaînes commerciales, mais l’angle n’est pas le

même que sur les chaînes publiques. C’est un genre qui est hérité du secteur public et

qui le finance plus largement.

Mais, actuellement la situation des web-documentaires en France est,

comparativement aux autres pays européens, très avantagée. Bien que l’on ne puisse

pas encore parler de confort financier, des aides publiques sont déjà mises en place.

Le CNCLe Centre National du Cinéma et de

l ’ image animée (CNC) a en effet

spécifiquement créé en 2007 une

commission « nouveaux médias » et est,

avec les diffuseurs comme Arte, la

première source de financement des

web-documentaires réalisés.

Après deux années d’aides allouées, une

centaine de projets ont été aidés ce qui

représente un montant supérieur à 3,5M

d’€.

Ainsi les sommes allouées par le CNC

sont impor tantes , ma is e l l es ne

représentent jamais plus de la moitié du

budget d’une production.

Par exemple, pour «  Prison Valley  », le

budget38 est composé de la façon

suivante : 70 000 € viennent d’Arte.tv, 90

000 € du CNC et 60 000 € de l’agence de

production Upian.

38 Budget détaillé par Alexandre Brachet, le fondateur de la société de production Upian

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Page 81: WEBDOC MAGAZINE (mémoire E.Poupel)

C’est pourquoi de nombreux projets ne

voient pas le jour faute de financements

suffisants  : la deuxième moitié est très

difficile à trouver. Pourtant, l’aide du CNC a

un effet très positif sur la création de web-

documentaires. Sans cette aide, de très

nombreux projets ne verraient pas le jour  :

l’aide du CNC est incontournable.

C’est en ce sens que s’exprime Laurence

B a g o t 3 9  : «  A u p a r a v a n t l e s w e b -

documentaires se faisaient vraiment avec

des bouts de chandelle (…) là, pour la

première fois, on a pu travailler en

engageant des frais » en parlant de la série

de web-documentaires «  Portraits d’un

nouveau monde » de France 5, dont les 24

films ont bénéficié d’un budget global de

450.000 €.

Le CNC a d’ailleurs prévu d’augmenter les

sessions de sélection de projets à financer

à partir du deuxième trimestre 2010, afin

d’adapter le dispositif d’aide au rythme de

production d’Internet.

Le CNC propose deux types d’aides aux

montants différents : l’aide à l’écriture et au

développement et l’aide à la production.

L’aide à l’écriture et au développement

s’adresse aux auteurs et aux producteurs,

elle peut atteindre 20 000 €. C’est une aide

qui intervient en amont de la production.

L’aide à la production quant à elle s’adresse

uniquement aux producteurs et peut aller

jusqu’à 100 000 €. Une seule aide doit être

sollicitée pour un même projet.

Un plafond40 à ces aides est fixé par l’Etat :

200 000 € sur trois ans par entreprise.

Les critères de sélection sont les suivants  :

«On prend en compte des critères tels que

l’intérêt du sujet et l’aspect interactif du

web-documentaire. Mais aussi, la présence

d’un diffuseur déjà engagé sur le projet qui

partagera les frais de production» explique

en ce sens Guillaume Blancheau41.

L’aide apportée par le CNC favorise

indéniablement le développement du web-

documentaire en France.

La SCAMLa Scam propose deux bourses d’aide à la

création de web-documentaires.

Tout d’abord, la bourse « Brouillon d’un rêve

numérique » qui est une bourse d’aide à la

création de l’art numérique. Cette bourse a

pour objectif l’aide à l’écriture et au

développement et s’adresse à des auteurs

ayant des projets d’art numérique interactif

ou linéaire. Ces projets peuvent exister sur

support (comme un CD-Rom) ou sur

réseaux (Internet), et doivent être à

caractère expérimental et/ou documentaire.

Le montant maximum de chaque bourse

est de 6 000 €.

La seconde bourse est la bourse «  Pierre

Schaeffer ». Cette bourse est une aide à

la création et l’expérimentation numérique.

Pour être éligible à cette bourse, le projet

doit impliquer l’usage de nouvelles

technologies dans les domaines de

l’interactivité, l’usage de la programmation,

la mise en ligne, la haute définition, les

DVD-Rom, la vidéo procédurale.

39 Fondatrice de la société de production spécialisée dans le web-documentaire Narrative.40 D’après le règlement (CE) n°1998/2006 du 15 décembre 2006 qui concerne l’application des articles 87 et 88

du traité aux aides de minimis (d’après le site Internet du CNC).41 Guillaume Blancheau est directeur du multimédia au CNC.

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Page 82: WEBDOC MAGAZINE (mémoire E.Poupel)

Les projets doivent également toucher à

un des domaines de la Scam  : l’écrit, la

photographie, la vidéo, Internet, et enfin

le logiciel. Cette bourse de recherche est

plafonnée à 3 000 €.

L’auteur doit être accueilli par un

établissement d’enseignement supérieur

(école ou université). Cet établissement

met à la disposition du lauréat des

groupes d’étudiants, des moyens et des

locaux. Cette bourse concerne des

projets beaucoup plus expérimentaux

que la précédente.

Les deux correspondent cependant au

web-documentaire bien que les sommes

ne soient pas réellement à l’échelle du

coût de sa réalisation.

Les collectivités territorialesEn complément des subventions du CNC

et de la SCAM, il est également possible

pour les auteurs de web-documentaires

de se tourner vers les collectivités

territoriales.

C’est le cas d’un web-documentaire sur

Verdun, «L’enfant de Verdun» qui a ainsi

obtenu des fonds de la région Lorraine,

du département de la Meuse ainsi que de

la ville de Verdun.

Mais ces aides sont ponctuelles et

s’allouent au cas par cas selon les sujets,

et selon les propres critères des

collectivités territoriales qui ont leurs

propres bourses à allouer.

Logo du CNC

Logo de la Scam

Capture d’écran de ‘L’enfant de Verdun»

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Page 83: WEBDOC MAGAZINE (mémoire E.Poupel)

L’alternative du sponsoring

Bien que l’aide publique soit conséquente, elle ne suffit pas. L’idée de recourir au

sponsoring ne semble pas évidente pour les auteurs, pourtant cette solution semble

plutôt correspondre aux besoins financiers du web-documentaire.

Cependant, on devine que les réticences à ce modèle économique sont d’ordre

« éthique  »  : la majorité des web-documentaires sont journalistiques, et l’image d’une

grande marque associée à celle du web-documentaire atteint la crédibilité de l’œuvre

produite.

La solution de «  branded-content  » consisterait à associer une marque à un web-

documentaire. La marque n’est pas à l’origine du processus créatif, mais elle appose son

image à celle de l’œuvre car elle l’a financée. Il est question de sensibiliser les

internautes à la marque en montrant son engagement financier pour une œuvre.

Le web-documentaire intitulé «L’obésité est-elle une fatalité» a ainsi fait appel à Canon

qui a prêté un appareil photo HD à l’équipe de réalisation.

Cependant ce type de modèle ne peut fonctionner que si la marque respecte

l’indépendance des auteurs dans la création du web-documentaire. De plus la marque

associée doit avoir une cohérence avec le sujet du web-documentaire pour préserver la

crédibilité de l’œuvre.

Ainsi si cette solution semble économiquement la plus simple, elle est la plus risquée en

terme d’image.

Aux Etats-Unis un autre genre de sponsoring émerge : le « crowdfunding »42.

Ce sponsoring est un appel au financement du public. Les sujets sont proposés au

public et il choisi ceux qu’il souhaite découvrir, et donc financer. En France ce type

d’initiative n’existe pas pour des sujets journalistiques. Cependant, des sites Internet

proposant ce type de service existent pour la musique (My Major Company43 par

exemple). L’internaute devient producteur.

42 Le « crowfunding » peut se traduire par « mécénat populaire ».43 My Major Company (MMC) est un label musical communautaire à partir duquel les internautes peuvent

devenir des "internautes-contributeurs".

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Page 84: WEBDOC MAGAZINE (mémoire E.Poupel)

L’impossible « business model44 » du web-documentaire L’économie d’Internet est régie par le clic  : un web-documentaire peut ainsi

dégager le même nombre de clics qu’une dépêche AFP, alors qu’il a pu demander une

année entière de travail. Il est délicat de concilier les contraintes financières d’Internet

avec la logique journalistique qui impose un réel travail sur le fond.

Pourtant cette question du modèle économique est entière et principale, sans

modèle économique bien établi le web-documentaire ne semble pas voué à perdurer.

Seulement l’interactivité coûte cher, et elle ne sert qu’à un seul média  : Internet. Les

interfaces immersives et interactives que demande le web-documentaire sont longues et

coûteuses à créer. Plusieurs modèles économiques se dessinent :

L’adaptation télévisuelle

Un des modèles

économiques rencontrés

s’appuie sur l’adaptation

du web-documentaire. En

effet, cette option permet

de financer la réalisation

du web-documentaire par

l a d i f f u s i o n d ’ u n e

adaptation linéaire à la

télévision. C’est le cas du

w e b - d o c u m e n t a i r e

« Prison Valley » qui a été

diffusé sur Arte le 12 juin

dernier. Le documentaire

télévisuel a également été

vendu à l’international à

quelques chaînes. Ceci

concourt à la rentabilité de

l ’ensemble du projet.

« Mais le web-doc ne doit

pas devenir le simple

complément du reportage

télé», précise Alexandre

Brachet45.

Les produits dérivés

Généralement le

web-documentaire est un

produit en soi, il a été

conçu et réfléchi pour

naître sous ce format.

Mais parfois, le web-

documentaire est relayé à

un «  second rang  » et

accompagne un livre, un

DVD ou une exposition. Il

devient alors en quelque

sorte un «  gadget  », qui

peut servir à appuyer un

autre produit (favoriser la

v e n t e d ’ u n D V D p a r

e x e m p l e ) . M a i s l e

f inancement du web-

documentaire peut aussi

bénéficier de ces produits

dérivés, par exemple la

création d’un livre peut

permettre de financer une

partie web-documentaire.

Ainsi, bien que la

m u l t i p l i c a t i o n d e s

supports soit risquée, elle

représente malgré cela un

p o s s i b l e m o d è l e

économique pour le web-

documentaire.

La publicitéLa publicité est un

modèle économique peu

r e n c o n t r é . O n p e u t

expliquer cela par les

sujets traités par les web-

d o c u m e n t a i r e s . P a r

exemple pour les web-

documentaires sur Haïti, le

Tsunami, la mort, l’obésité,

on imagine difficilement

une marque de grande

distribution ou de produit

consommable associer

son image au sujet traité.

Les marques qui financent

des programmes ont

généralement un rapport

avec leur contenu.44« business model » : modèle économique45 Alexandre Brachet est le fondateur de l’agence de production Upian

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Page 85: WEBDOC MAGAZINE (mémoire E.Poupel)

Les usages du web-documentaire dans l’entreprise SFR est la première entreprise à avoir réalisé un web-documentaire. Celui ci a été

dévoilé à l’occasion de la sortie de son rapport d’activité.

Rappelons que l’entreprise SFR est un opérateur de téléphonie mobile. L’intérêt manifesté

par cette société pour le web-documentaire montre encore une fois le caractère « pluri-

média » du web-documentaire.

Ce web-documentaire, «Homo Numericus», consiste à offrir un autre regard sur la «  vie

numérique  », à savoir l ’usage du

numérique dans la vie quotidienne.

Réalisé en une série de portraits toutes

générations (enfants, adolescents, grands-

parents, familles) mais aussi à travers des

témoignages de développeurs Internet et

même d’un psychologue. Ce web-

documentaire présente, à travers chaque

individu interrogé, le numérique tel que

nous le vivons.

Il est ainsi l’exemple de l’usage qui peut être fait par une société du format web-

documentaire. On peut deviner qu’il y a différents intérêts à cette initiative pour SFR : d’une

part son image de marque auprès de ses collaborateurs, ses employés, ses clients, mais

aussi le grand public. De plus ce web-documentaire revêt un caractère pédagogique, car il

ne s’inscrit pas dans une logique d’auto-promotion de la société, mais offre une tentative de

dessiner la vie numérique telle qu’elle est vécue dans l’ensemble de la société. Ce web-

documentaire est accessible depuis la plateforme de web-documentaires du journal

LeMonde.fr.

Le format web-documentaire semble être un nouvel outil pour la communication

d’entreprises désirant témoigner de leurs engagements extra-commerciaux. On peut par

exemple penser que les fondations de grandes sociétés pourront utiliser cet outil afin de

promouvoir leurs actions menées dans les domaines de l’environnement, de l’art, du social,

de la santé…

On peut citer pour illustrer ce propos la Fondation Cartier pour l’art contemporain, la

Fondation Véolia, la Fondation Elle, ou encore la Fondation Jean Luc Lagardère.

Accueil d’»Homo Numericus»

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Page 86: WEBDOC MAGAZINE (mémoire E.Poupel)

L’usage des web-documentaires par les marques Le web-documentaire n’est pas qu’un outil journalistique  : les marques l’utilisent

aussi. En effet, cette nouvelle forme de récit en ligne permet de capter une audience

nouvelle : celle des médias digitaux. Cela permet aux marques d’augmenter leur potentiel

relationnel avec le public. Cela donne également aux clients les moyens ou futurs clients

de la marque d’interagir, de s’approprier le message, et d’associer leur histoire au récit de

la marque en participant. De plus ces web-documentaires peuvent eux aussi être déployés

sur les réseaux sociaux.

On peut parler de storytelling digital de marque, mais cette forme de web-documentaire

présente des limites en termes de liberté d’édition car l’objectif premier reste le travail de

l’image de la marque. En ce sens, ce type de web-documentaire est voué à être un

véritable outil pour les agences de communication.

Lacoste La marque Lacoste, par exemple, a employé le web-

documentaire à l’occasion des 75 ans de la marque, en plein événement

Roland Garros. L’arrivée de ce web-documentaire a été programmée et s’inscrit dans la

stratégie de communication de la marque.

Ce web-documentaire futuriste est réalisé à base d’images vidéos et d’images 3D.

Il retrace l’évolution du tennis, de la marque et propose une vision du tennis en 2083. Une

interview d’un tennisman est proposée et ses sentiments sur la vision du tennis du futur

sont recueillis. Des vidéos d’archives sont aussi disponibles. La taille du terrain, les

équipements mais aussi les techniques du tennis sont évoquées.

La participation des internautes est la bienvenue avec un mur participatif où sont recueillis

les points de vue des internautes sur le tennis en 2083.

Le message que l’on peut tirer de ce web-documentaire est de montrer que Lacoste

a su s’adapter au fil du temps, que la philosophie de la marque et les équipements se sont

adaptés, et que Lacoste a su faire preuve d’innovations.

L’objectif est d’inscrire durablement dans les esprits, à la fois l’histoire de la marque, son

présent et son avenir. L’usage du web-documentaire apporte à l’image de la marque un

caractère relationnel fort et fédérateur.

Ce web-documentaire est accessible à l’adresse http://www.lacoste-future.com/fr.

Logo de la marque

Lacoste

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Page 87: WEBDOC MAGAZINE (mémoire E.Poupel)

Vidéo d’archive

présentée dans le web-

documentaire Lacoste

Aperçu de la plateforme du

web-documentaire Lacoste

PoweradeUne autre marque a utilisé le format web-documentaire pour ses

publicités : la marque de boissons rafraîchissantes Powerade.

Le web-documentaire est disponible sur la très fréquentée plateforme de vidéos en

ligne YouTube. Le web-documentaire retrace plusieurs matchs de football dans différents

pays et propose à l’occasion de chacun d’entres eux de découvrir l’état d’esprit des

joueurs, ce que leur moral ou leur corps subit. C’est l’occasion pour la marque de vanter

les mérites de ses boissons énergisantes. Tout au long du web-documentaire, le logo de la

marque est mis en évidence. L’interface de la plateforme YouTube est aussi aménagée

pour la marque, ses couleurs sont utilisées en fond et des bandeaux sont aussi installés de

part et d’autre du web-documentaire. La marque Powerade joue la carte de la proximité,

avec ce web-documentaire tourné dans plusieurs régions du monde, lors de matchs

improvisés dans la rue ou dans des écoles. Au delà de ce coté international que la marque

met en avant, on remarque que la plateforme choisie pour diffuser le web-documentaire n’a

pas été choisie au hasard  : c’est, avec Daylimotion, la plateforme la plus visitée de la

sphère Internet, avec une forte proportion d’adolescents, une des cibles de la marque.

Pourtant, la chaîne de vidéos mise en place sur la plateforme par la marque ne détient qu’à

peine plus de 1600 abonnés.

De plus, cette campagne a été lancée à l’occasion de la coupe du monde de football

2010 « 2010 Fifa World Cup » dont Powerade est un des sponsors. Comme pour la marque

Lacoste ce web-documentaire fait son apparition à l’occasion d’un événement particulier.

Logo Powerade

C a p t u r e d ’ é c r a n d u w e b -

d o c u m e n t a i r e i n s t i t u t i o n n e l

Powerade

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Page 88: WEBDOC MAGAZINE (mémoire E.Poupel)

L’usage du web-documentaire par les institutions publiques Mais les marques ne sont pas les seules à se servir du web-

documentaire comme outil de communication : le Ministère de la Défense a

ainsi lancé son web-documentaire au profit de la Marine Nationale. Ce site

permet à l’internaute de suivre l’expérience de 4 jeunes sélectionnés pour

vivre à bord et suivre ainsi la vie d’un marin à bord.

Il est aussi possible de se glisser dans la peau d’un marin et de partir en

mission. Le web-documentaire offre également la possibilité de consulter des

fiches métiers.

La présentation de l’interface rappelle fortement celle d’un jeu vidéo, ce qui s’explique par

la cible du web-documentaire  : les 15-20 ans, garçon ou fille. Ce web-documentaire

s’inscrit dans un contexte de recrutement pour la marine. Encore une fois la création du

web-documentaire est motivée par un contexte particulier servant de pilier au récit.

Ce web-documentaire montre que cet outil multimédia peut très bien servir les

collectivités territoriales, les infrastructures publiques ou plus largement les organisations

de grande envergure dans leurs plans de communication.

Ce web-documentaire est accessible à l’adresse http://etremarin.fr.

C a p t u r e s d ’ é c r a n d u w e b -

documentaire «3Jours en mer»

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Page 89: WEBDOC MAGAZINE (mémoire E.Poupel)

La communication d’un web-documentaire Le web-documentaire reste un format méconnu du grand public, l’idée qui est faite

reste très vague. Pour le faire connaître, et assurer sa visibilité on peut imaginer plusieurs

stratégies.

S’il s’agit d’un web-documentaire de type journalistique, le rôle du diffuseur est

primordial. C’est en effet généralement sur son site qu’il diffuse le web-documentaire.

Celui-ci doit y être mis en valeur et les internautes du site doivent être incités à s’y rendre.

On peut aussi envisager un mailing aux abonnés de la newsletter46 du site pour le lancer.

S’il s’agit d’un «  web-documentaire de communication  » (et non pas d’un web-

documentaire journalistique), il existe une agence de communication qui orchestre le projet

depuis la recherche de fonds jusqu’à la diffusion, en passant par la création. Dans ce cas,

celle-ci a la mission de planifier la sortie du web-documentaire, en interne ou en externe à

l’entreprise, et d’organiser une réelle stratégie de communication pour accompagner le

web-documentaire et lui assurer un trafic47.

Certains outils de communication sont communs aux deux types de web-

documentaire.

Les réseaux sociaux ont leur rôle. La fonction de recommandation des réseaux sociaux est

un véritable outil pour favoriser la visite du web-documentaire. Plus le web-documentaire

sera commenté et repris dans les réseaux sociaux et plus sa visibilité augmentera.

Les partenaires financiers eux aussi ont leur rôle à jouer dans la visibilité du web-

documentaire. Qu’ils soient privés ou publics leurs réseaux propres sont aussi des cibles à

envisager. En effet, si le web-documentaire a été financé par ces organismes, il est

probable que les membres de ces organisations soient sensibilisés à son thème. C’est alors

un véritable bouche-à-oreille qui peut se mettre en place.

Enfin, les blogs sont aussi un point stratégique dans la communication.

L’influence des blogueurs est de plus en plus forte, et certains blogs drainent un lectorat

fidèle et nombreux. Dans le cas du web-documentaire, il convient de s’intéresser aux blogs

qui traitent des médias, mais surtout aux blogs qui traitent de près ou de loin du sujet traité

par le web-documentaire.

Il convient aussi de ne pas oublier les blogs de journalistes et les blogs d’agences de

communication (comme le très fréquenté site Fubiz.net).

Ainsi, en travaillant avec ces blogueurs, on assure un autre public au web-

documentaire. Car la fonction de recommandation est dans la blogosphère, comme dans

les réseaux sociaux, très forte.

46 Une newsletter est un document d'information envoyé de manière périodique par courrier électronique à

une liste de diffusion. Elle est également appelée infolettre, cyberlettre ou plus souvent lettre d'information.

47 Le trafic est le terme employé pour désigner l’audience ou la fréquentation d'un site Internet.

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Page 90: WEBDOC MAGAZINE (mémoire E.Poupel)

Le Flash Festival en FranceLe Flash Festival en France est le

précurseur des festivals récompensant des

initiatives multimédias.

Cette initiative de la chaîne Arte et du

Centre Pompidou était consacrée au

contenu animé et interactif pour Internet.

Malheureusement ce festival n’a connu

qu’une édition, en 2002.

Le Flash Festival en France a été remplacé

l’année suivante par le Web Flash Festival.

Le Web Flash FestivalLe Web Flash Festival récompense «  le

contenu et la création pour Internet ».

Ses critères de sélection sont les suivants :

originalité, innovation, recherche artistique,

interactivité, mérite technique, prise en

compte des contraintes du média,

intégration multimédia, ergonomie.

Le web-documentaire «Thanatorama» a

ainsi été récompensé lors de la sixième

édition du festival dans la catégorie «  Art

graphisme  » et a également reçu le Grand

prix spécial du jury.

À noter, l’édition 2010 du festival a été

annulée (d’après le site Internet pour des

raisons logistiques).

Le Festival International de Photojournal isme Visa pour l’imageUn grand prix du web-documentaire a été

créé à l’occasion du 21ème festival Visa

pour l’image de Perpignan (juin 2009). Ce

pr ix est à l ’ in i t iat ive de la chaîne

d’informations internationale France 24 et

de RFI, radio d’information internationale.

Ce prix du web-documentaire a l’objectif de

récompenser tou tes les der n iè res

productions de web-documentaires, qui ont

fait preuve d’un traitement original d’un

sujet d’actualité et qui ont utilisé des outils

multimédias offerts par Internet.

Le web-documentaire fait son entrée dans les festivals Les festivals eux aussi s’intéressent aux web-documentaires. À la croisée des festivals

de photoreportage, des festivals de documentaires et des festivals multimédias, le web-

documentaire à en effet de quoi séduire de nombreux organisateurs de festivals.

C’est aussi l’occasion pour les auteurs de faire connaître leur travail.

Même si aucun festival n’est exclusivement consacré au nouveau format multimédia,

des festivals de grande envergure lui dédient désormais un prix spécifique.

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Sur les neuf web-documenta i res

récompensés au festival Visa pour

l’image, six sont français :

« La Maraude à l’écoute des sans abris»

de Matthieu

MONDOLINI

« Chroniques de Pékin : de Mao aux Jo »

de Marco

NASSI NERA

« Génération Tian'anmen : avoir 20 ans en

Chine » de Patrick ZACHMANN

« Adoma, vers la maison ? » de Thierry

CARON

« Etat Critique- Les mots de la guerre

dans l ’est du Congo» de Cédr ic

GERBEHAYE

« Le Corps incarcéré » de Philippe

JANNET

Le Festival International d e s P r o g r a m m e s Audiovisuels

Le Festival International des

Programmes Audiovisuels récompense

les oeuvres audiovisuelles sélectionnées

dans la production internationale de

l ' a n n é e é c o u l é e . C e s œ u v r e s

audiovisuelles peuvent être  des fictions,

des documentaires de création, des

essais, des grands reportages et

désormais des web-documentaires. En

effet, depuis la 23ème édition (2010) le

festival s’est tourné vers les productions

d’Internet et les web-documentaires ont à

présent leur place au sein du festival.

Le Festival européen des 4 écrans

Le Festival européen des 4 écrans

a été fondé en 2007 par Hervé Chabalier,

qui est directeur général de l’agence

Capa. Ce festival a l’ambition de suivre au

p lus près e t d ’accompagner les

bouleversements engendrés par la

révolution numérique dans le secteur de

l'audiovisuel et des médias. Douze

productions européennes réalisées durant

l'année 2008/2009 ont été sélectionnées

par l'équipe de programmation du festival

en vue d’un nouveau prix « web-films  ».

L’édition 2010 du festival va en effet

récompenser pour la première fois le

format Internet. Sur les douze oeuvres

spécifiquement conçues pour Internet

présentées , neuf sont des web-

documentaires. Les résultats de cette

édition seront révélés le 20 novembre

2010.

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BibliographieSur la presse et le journalisme

GREVISSE, Benoît – Ecritures journalistiques : stratégies rédactionnelles, multimédia et journalisme narratif – De Boeck – septembre 2008

LEFLOCH, Patrick ; SONNAC, Nathalie – Économie de la presse – La Découverte – septembre 2005

LITS, Marc – Du récit au récit médiatique – De Boeck – septembre 2008

MANIER, Paul-Stéphane – Le journalisme audiovisuel  : Techniques et pratiques rédactionnelles – Dixit – mars 2004

RONEZ, Joël – L'écrit Web : Traitement de l'information sur Internet – Editions CFPJ – août 2007

YVES, Agnès – Manuel de journalisme –La Découverte – septembre 2008

Sur les médias

BARBIER, Frédéric ; BERTHO-LAVENIR, Catherine – Histoire des médias de Diderot à Internet – Armand Colin – 1996

BOYER Isabelle – Jeunesse, médias et lien social – Éditions Encrage – 2008.

CHUPIN, Yvan  ; HUBÉ, Nicolas  ; KACIAF, Nicolas – Histoire politique et économique des médias en France – La Découverte – 2009.

D’ALMEIDA, Fabrice  ; DELPORTE Christian – Histoire des médias en France, de la Grande Guerre à nos jours – Flammarion collection Champs Université – 2003.

DELAVAUD Gilles – Nouveaux médias, nouveaux contenus – Editions Apogée – 2009

DONNAT, Olivier – Les pratiques culturelles des français à l’ère numérique, Enquête 2008 –La Découverte – 2009

MIGOZZI, Jacques – De l’écrit à l’écran. littératures populaires : mutations génériques, mutations médiatiques – PULIM – 2000

Sur le documentaireCOLLEYN, Jean-Paul – Le regard documentaire – Editions du Centre Georges Pompidou coll. "Supplémentaires" – 1993

NINEY, François L'épreuve du réel à l'écran. Essai sur le principe de réalité documentaire –De Boeck – 2000

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Webographie

Cette webographie est aux normes ISO 690-2 («  éléments et ordre prescrit dans les

références bibliographiques relatives aux documents électroniques »).

Elle est présentée par thématiques, puis par ordre alphabétique dans chaque thématique.

L’intégralité des adresses présentées ont été consultées le 22 août 2010.

Les sources présentées dans cette webographie proviennent de sites Internet français (FR),

belges (BE), suisses (CH), ou encore canadiens (CA).

Lorsque le nom de l’auteur n’apparaît pas le nom de la plateforme le remplace.

Et lorsque l’accès au contenu de la page est restreint ou lorsque le contenu d’une page est

payant cela est indiqué, pour toutes les autres pages à accès libre il est indiqué « En ligne ».

Articles sur la crise de la presse et les nouvelles formes de journalisme

APF via Linterview – « Le web documentaire : nouvelles perspectives pour les journalistes » – Linterview.fr – [En ligne] – 15 septembre 2009http://linterview.fr/new-reporter/le-web-documentaire-nouveau-mode-de-reportage-pour-les-jeunes-journalistes/

BRINGER, Benoît – «  Webdocu : Quand le journalisme se réinvente sur la toile  » – nouvelobs.com – [En ligne] – 31 décembre 2009http://benoitbringer.blogs.nouvelobs.com/archive/2009/12/30/webdocu-quand-le-journalisme-se-reinvente-sur-la-toile.html

CHARON, Jean-Marie – « Qu’est-ce que le journalisme web ? » – Regardailleurs.fr – [En ligne] – 18 mai 2010http://regardailleurs.fr/wordpress/2010/05/journalisme-web-definition-licencepro-metz/

COFFIN, Alice – « France Télévisions à l'assaut du web-documentaire » – 20minutes.fr – [En ligne] – 28 janvier 2010http://www.20minutes.fr/article/380209/Media-France-Televisions-a-l-assaut-du-web-documentaire.php

DEBRAINE, Luc – «  La nouvelle écriture documentaire  » – LeTemps.ch – [Accès après identification ] – 23 février 2010http://www.letemps.ch/Page/Uuid/5321e0f0-1ffa-11df-b561-f36c76562c2e%7C0

FING – «  Journaliste de données  : data as storytelling  » – Fondation Internet Nouvelle Génération fing.org – [En ligne] – non datéhttp://fing.org/?Lift-France-10-les-articles-d

HAUSHALTER, Louis – «  Supports, modèles économiques : quand le webjournalisme se décline » – futurjournalisme.owni.fr – [En ligne] – 1er juillet 2010http://futurjournalisme.owni.fr/2010/07/01/supports-modeles-economiques-quand-le-webjournalisme-se-decline/

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Page 97: WEBDOC MAGAZINE (mémoire E.Poupel)

MARRONNIER, Nicolas – «  Le Storytelling Digital  : formes émergentes, nouveaux métiers, business models » – Socialmediaclub.fr – [En ligne] – 22 avril 2010http://socialmediaclub.fr/2010/04/le-storytelling-digital-formes-emergentes-nouveaux-metiers-business-models/

PIROLLI, Fabrice – «  Web 2.0 et pratiques documentaires Évolutions, tendances et perspectives » – Cairn.info – [Accès Payant] – 2010http://www.cairn.info/resume.php?ID_ARTICLE=LCN_061_0081

PREMIÈRE HEURE – «  Avec les Web-documentaires 2.0, une nouvelle écriture @udiovisuelle est en marche » – Le blog de Première Heure Blended.fr – [En ligne] –7 octobre 2009http://blended.fr/1681/avec-les-web-documentaires-2-0-une-nouvelle-ecriture-udiovisuelle-est-en-marche/

ROSELLI, Sophie – «  Le webdocumentaire, l’avenir du photojournalisme?  » – Swissinfo.ch – [En ligne] – 13 mars 2010 http://www.swissinfo.ch/fre/societe/Le_webdocumentaire,_l_avenir_du_photojournalisme_.html?cid=8468390&rss=true

ROUSSEL, Frédérique – «Le public réclame des images de la réalité de ce monde» –Libération.fr – [En ligne] – 11 septembre 2009http://www.liberation.fr/medias/0101590210-le-public-reclame-des-images-de-la-realite-de-ce-monde

ROUSSEL, Frédérique – « Des solutions dans le viseur » – Libération.fr – [En ligne] – 11 septembre 2009http://www.liberation.fr/medias/0101590211-des-solutions-dans-le-viseur

SABOT-LECHENET, Antonin – « Du Portfolio au web-documentaire, du journalisme à la réalisation » – Reportage et Photo AntoninSabot.over-blog.com – [En ligne] – 6 mai 2010ht tp: / /anton insabot .over-b log.com/ar t ic le-storyte l l ing-du-por t fo l io-au-webdocumentaire-du-journalisme-a-la-realisation-49911691.html

Articles sur le web-documentaire et les nouveaux outils multimédia

3WDOC – « Mais, qu’est ce qu’un webdocumentaire ? » – 3WDOC.com – [En ligne] – 27 avril 2010http://3wdoc.com/fr/2010/04/27/mais-qu-est-ce-qu-un-webdocumentaire/

ABBIATECI, Jean – « Web-documentaires : inventifs mais fragiles » – espritblog.com – [En ligne] – 5 mai 2009http://www.espritblog.com/index.php/2009/05/05/web-documentaires-inventifs-mais-fragiles-interview/

CANITROT, Armelle  ; DREYFUS, Stéphane – « Webdocumentaire, le reportage à l'ère du multimédia » – La Croix – [En ligne] – 4 décembre 2009http://www.la-croix.com/Webdocumentaire-le-reportage-a-l-ere-du-multimedia/article/2404502/5548#

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Page 98: WEBDOC MAGAZINE (mémoire E.Poupel)

CARBALLO, Stéphanie – « Le web documentaire : une nouvelle écriture pour un nouveau public ? » – Culturemobile.net – [En ligne] –21 janvier 2009http://blog.culturemobile.net/index.php/2009/01/21/200-le-web-documentaire-une-nouvelle-ecriture-pour-un-nouveau-public

CARRIER, Jean-Pierre – « Webdocumentaire » – Cemea.asso.fr – [En ligne] –11 avril 2010http://www.cemea.asso.fr/multimedia/enfants-medias/spip.php?article759

COFFIN, Alice – « Le web-documentaire explose sur la toile » – 20minutes.fr – [En ligne] –25 juin 2009http://www.20minutes.fr/article/335077/Media-Le-web-documentaire-explose-sur-la-toile.php

CROU, Olivier – «  La différence entre (Web)documentaire et (Web)reportage  » - L’interview.fr – [En ligne] – 26 février 2010http://linterview.fr/new-reporter/la-difference-entre-webdocumentaire-et-webreportage/

CROU, Olivier – « Pourquoi le néologisme webdocumentaire ? » – L’interview.fr –[En ligne] – 15 mars 2010http://linterview.fr/new-reporter/pourquoi-le-neologisme-webdocumentaire/

DELAHAYE, Martine – « Le pari du webdocu » – LeMonde.fr – [Accès Payant] – 21 février 2010h t t p : / / w w w . l e m o n d e . f r / c g i b i n / A C H A T S / a c h e t e r . c g i ?offre=ARCHIVES&type_item=ART_ARCH_30J&objet_id=1116029&clef=ARC-TRK-D_01#xtor=RSS-3208

DEVILLARD, Arnaud – «  Le format hybride du webdocumentaire, Des enquêtes journalistiques conçues pour Internet » – Suite101.fr – [En ligne] – 21 janvier 2010http://internet.suite101.fr/article.cfm/le_format_hybride_du_webdocumentaire

DUBOIS, Karine – « Quelle place pour les documentaristes dans le web-documentaire ? » –Lebloguedubois.wordpress.com – [En ligne] – 12 mars 2010http://lebloguedubois.wordpress.com/2010/03/12/quelle-place-pour-les-documentaristes-dans-le-web-documentaire/

DUGRAND, Maud – « Le web-documentaire, avenir du documentaire ? » - L’Humanité.fr – [En ligne] – 29 juin 2009http://www.humanite.fr/2009-06-29_Medias_Le-web-documentaire-avenir-du-documentaire

FERNANDES, David – « Le web-documentaire, demain tous reporters ? » – Fluctuat.net – [En ligne] – janvier 2006http://www.fluctuat.net/2788-Chapitre-3-le-web-documentaire-demain-tous-reporters-

GELINAS, Yannick – « Les Webdocumentaires » – YannickGelinas.com – [En ligne] – 7 avril 2010 http://www.yannickgelinas.com/2010/04/07/les-webdocumentaires/

GRUYE, Vincent – «  Web documentaire 2.0 nouvelle écriture audiovisuelle – Webdocumentaire » – tutorials-computer-software.com – [En ligne] – 10 octobre 2009http://www.tutorials-computer-software.com/2009/10/web-documentaire-20-nouvelle-ecriture.html

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Page 99: WEBDOC MAGAZINE (mémoire E.Poupel)

HEIGEL, Rodolphe – «  le Webdocumentaire : Un genre Nouveau ou du nouveau dans le Genre ? » – Daweb.info – [En ligne] – 28 octobre 2009http://www.daweb.info/?p=132

HENCHOZ, Guillaume – « Webdocs en stock » – Médiapart.fr – [En ligne] – 19 mars 2010http://www.mediapart.fr/club/blog/camilleguillaume/190310/webdocs-en-stock

ISCOM, Master Marque et Management de l'Innovation – «  Le web-documentaire : une nouvelle forme de narration » – Marketing-professionnel.fr – [En ligne] – 6 juillet 2010http://www.marketing-professionnel.fr/tribune-libre/tic-sic-web-documentaire.html

La Veille c’est mon Tic – «  Les webdocumentaires : diffuser l’information autrement  » – Laveillecmontic.com – [En ligne] – 23 novembre 2008http://www.laveillecmontic.com/?p=58

Le Laboratoire Culturel – « Dossier : Le web-documentaire » – Laboculturel.blogspot.com – [En ligne] – 4 septembre 2009http://laboculturel.blogspot.com/2009/09/dossier-le-web-documentaire.html

LÉCHENET, Alexandre ; WERNER, Joachim – « Le web-documentaire » – Crossmedias.fr– [En ligne] –12 février 2010http://www.crossmedias.fr/annee/2010/le-web-documentaire-raconter-la-realite-version-multimedia/

MARRONNIER, Nicolas – « Storytelling + Interactivité+ Transmedia = Storytelling 2.0  » – Socialmediaclub.fr – [En ligne] – 24 mars 2010http://socialmediaclub.fr/2010/03/storytelling-interactivite-transmedia-storytelling-2-0/

NERTON, Marc – « Du webreportage pour de l’actu chaude ? » – Linterview.fr – [En ligne] – 24 décembre 2009http://linterview.fr/new-reporter/du-webreportage-sur-du-news/

O’NEAMOUS, Ann – « Tester les interfaces web documentaires ? » – LaFabriqueDuReel.fr – [En ligne] – 20 avril 2010http://blog.lafabriquedureel.fr/2010/04/20/tester-les-interfaces-web-documentaires/

PREMIÈRE HEURE – «  Du neuf et du frais dans le Web-documentaire  » – Le blog de Première Heure Blended.fr – [En ligne] – 7 septembre 2009http://blended.fr/1547/du-neuf-et-du-frais-dans-le-web-documentaire/

QUIOC, Margaïd – « Le web reportage met l'image à l'honneur » – Journalismes.info– [En ligne] – 21 octobre 2009http://www.journalismes.info/Le-web-reportage-met-l-image-a-l-honneur_a2246.html

RAFFIN, Oriane  ; MONASTEROLO, Bernard – «  Hein ? quoi ? Webdocumentaire ?  » – Vigieduweb.com – [En ligne] – 17 mars 2010http://www.vigieduweb.com/2010/03/hein-quoi-webdocumentaire/

RIGAUX, Marianne – «  Le webdocumentaire : l’absence de définition n’empêche pas un cadre » – Linterview.fr – [En ligne] –10 mars 2010http://linterview.fr/new-reporter/le-webdocumentaire-labsence-de-definition-nempeche-pas-un-cadre/

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Page 100: WEBDOC MAGAZINE (mémoire E.Poupel)

SANTI, Pascale – « Le magazine « Géo » se lance dans le « webreportage » » – LeMonde.fr – [Accès payant] –17 octobre 2007h t t p : / / w w w . l e m o n d e . f r / c g i b i n / A C H A T S / a c h e t e r . c g i ?offre=ARCHIVES&type_item=ART_ARCH_30J&objet_id=1009070&clef=ARC-TRK-NC_01

STRÉLISKI, Matthieu – « 4 sites pour les mordus de documentaires Web » –Office National du Film du Canada ONF.ca – [En ligne] – 18 mars 2010http://blogue.onf.ca/2010/03/18/4-sites-pour-les-mordus-de-documentaires-web/

Télé Satellite Numérique – «  Le web-doc, un renouvellement du genre documentaire  » – Telesatellite.com – [En ligne] – novembre 2009http://www.telesatellite.com/infos/idisp.asp?i=3992

VAUFREY, Christine – «  Le web, c'est un espace de décision sans contrainte pour le documentaire » – Thot Cursus – [En ligne] – 3 février 2010http://www.cursus.edu/?division=5&module=document&uid=71103&0=

Articles sur l’économie du web-documentaire

CNC, Centre National du Cinéma et de l’image animée – «  aide aux projets nouveaux médias » – CNC.fr – [En ligne] – non daté http://www.cnc.fr/Site/Template/T11.aspx?SELECTID=2664&ID=1776&t=2

CHAINE, Géraldine  ; QUIOC, Margaïd – « Quels financements pour le web reportage ? » –journalismes.info – [En ligne] – 21 octobre 2009http://www.journalismes.info/Quels-financements-pour-le-web-reportage_a2248.html

COUSIN, Capucine – « Les web-documentaires en recherche de modèle économique » – 20minutes.fr – [En ligne] – 26 avril 2010http://www.20minutes.fr/article/400303/A-la-Une-Les-web-documentaires-en-recherche-de-modele-economique.php

MARCHAL, Benoit – « Lumix G2 : taillé pour le webdocumentaire ? » – Déclencheur.com [En ligne] – 4 mai 2010http://www.declencheur.com/photo/carnet/note/lumix-g2-flip-zi8/P2/

VILLERS, Louis – « La presse diffuse, mais ne produit pas » – Linterview.fr – [En ligne] – 10 décembre 2009http://linterview.fr/new-reporter/emiland-guillermela-presse-diffuse-mais-ne-produit-pas/

Articles sur des web-documentaires en particulier

COULLEREZ, Olivier – « Prison Valley ou quand le (web)documentaire sort de l’ombre » – Espressocommunication.com – [En ligne] – 9 mai 2010http:/ /www.espressocommunicat ion.com/fr/product ions/2936/pr ison-val ley-webdocumentaire-ou-cd-rom

EPELBOIN, Fabrice – «  France24 sort un webdocumentaire pour l’iPad sur le Congo Kinshasa » – ReadWriteWeb.com – [En ligne] – 2 août 2010http://fr.readwriteweb.com/2010/08/02/a-la-une/france24-webdocumentaire-ipad-congo-kinshasa/

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TRUFFY, Vincent – «  Prison Valley: le webdocumentaire à l'école de la route  » – Médiapart.fr – [En ligne] – 13 avril 2010 ht tp: / /www.mediapart . f r /c lub/blog/v incent- t ruffy/130410/pr ison-val ley- le-webdocumentaire-lecole-de-la-route

Articles sur des festivals de web-documentairesASTIER, Liam – « Le webdocumentaire s’invite au FIPA » – Linterview.fr – [En ligne] – 1er février 2010http://linterview.fr/new-reporter/le-webdocumentaire-sinvite-au-fipa/

COUSSEAU, Cédric – «  Web-documentaire  : un nouveau genre en essor  » – Nouvelobs.com – [En ligne] – 21 novembre 2009http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/vu-sur-le-web/20091121.OBS8440/web-documentaire-un-nouveau-genre-en-essor.html

RFI – « Prix du webdocumentaire RFI / France 24 : 9 finalistes  » – Rfi.fr – [En ligne] – 25/08/2009http://www.rfi.fr/pressefr/articles/116/article_767.asp

SABOT, Antonin – « Le Web-documentaire s'invite à "Visa pour l'image" » –LeMonde.fr – [En ligne] – 1er septembre 2009http://www.lemonde.fr/culture/article/2009/09/01/le-web-documentaire-s-invite-a-visa-pour-l-image_1234020_3246.html#ens_id=1234012

Article sur la loi et le web-documentaireVALLETEAU DE MOULLIAC, Delphine – « Qualifier juridiquement l’œuvre multimédia » – Pigeon-bormans.com (site du cabinet de Maître Pigeon-Bormans, avocat au barreau de Paris en droits d’auteur, droit de l’internet et des technologies de l’information et de la communication) – [En ligne] – non datéhttp://www.pigeon-bormans.com/article44.html

Mémoires sur le web-documentaireBELLEMON, Nicolas – Etudes de journalisme à l’EPJ (Tours) – 20 mai 2010http://lewebdoc.wordpress.com/

GUILLERME, Emiland – Etudes de journalisme au Celsa (Paris) –18 Septembre 2009 http://webdocu.com/

Exposé sur le web-documentairePUBLICIS CONSULTANTS « Note sur l’essor du web documentaire »Juillet 2010http://www.slideshare.net/netintel l igenz/sl ideshare-note-sur-lessor-du-web-documentaire-4702541

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Blog consacré au web-documentaires« Le web-reportage » – Non signé – [En ligne] – articles datés de mars à juillet 2009http://webreportage.blog.lemonde.fr/

Réseaux sociaux consacrés au web-documentairesArrêt sur Images (www.arretsurimages.net)http://www.facebook.com/arretsurimages.net

ARTE Webdocs (http://webdocs.arte.tv)http://www.facebook.com/artewebdocs

Berlin Kultur Lab (http://netvibes.com/berlinkulturlab)http://www.facebook.com/pages/Berlin-kultur-labhttp://twitter.com/BerlinKulturLab

Brèves de Trottoirs (www.brevesdetrottoirs.com)http://www.facebook.com/pages/breves-de-trottoirs

INA (www.ina.fr)http://www.facebook.com/Ina.fr

Médias (www.revue-medias.com)http://www.facebook.com/pages/La-Revue-Mediashttp://www.twitter.com/revue_medias

ONF (Office National du Film du Canada) (www.onf.ca)http://www.facebook.com/onf.ca

Owni (http://owni.fr/)http://www.facebook.com/OWNI.fr

Photojournalisme.fr (www.photojournalisme.fr)http://www.facebook.com/photojournalisme.frhttp://twitter.com/FreeLensFrance

Social Media Club France (www.socialmediaclub.fr)http://www.facebook.com/pages/Social-Media-Club-Francehttp://twitter.com/smcfrance

Web Reportages (www.web-reporter.net)http://www.facebook.com/webreportages http://www.twitter.com/webreporters

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Répertoires de web-documentaires

MILET, Christophe – « 92 Webdocumentaires, Récits Multimédias ou Web-reportages » – Pearltrees.com – [En ligne] – dernière mise à jour 25 février 2010http://www.pearltrees.com/#/N-play=1&N-u=1_73708&N-p=5196598&N-s=1_825853&N-f=1_825853 ou http://www.christophemilet.com/?p=770

UNIVERSCIENCE – « webdoc en stock » – Universcience.tv – [En ligne] – 21 janvier 2010

Portails de web-documentairesArtehttp://webdocs.arte.tv/

France 5http://documentaires.france5.fr

Géo http://reportage-video.geo.fr/

L’Interviewhttp://linterview.fr/

Jean Abbiateci (journaliste multimédia)http://www.jeanabbiateci.net/

Le Mondehttp://www.lemonde.fr/webdocumentaires

Le Web Activistehttp://www.web-activiste.com

En anglais : Interactive Narrativeshttp://www.interactivenarratives.org/

Mediastormhttp://www.mediastorm.com/

Sociétés de production de web-documentaires

HONKYTONK «  production vidéo & multimédia » http://www.honkytonk.fr/

LIGNE 4 « agence de reportages » http://www.ligne4.fr/

NARRATIVE «  documentaires pour les nouveaux médias » http://www.narrative.info/

UPIAN « WEB player, créateur , agitateur, designer, 2.0 (…)»http://www.upian.com/

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Formations ou articles sur des formations au web-documentaire

CFJ Ecole de journalisme – « Le web-documentaire » – cfpj.com – [En ligne] –http://www.cfpj.com/formation/journaliste/le-web-documentaire.html

IUT2 Grenoble – « Sites web documentaires » – laformationcontinue.fr – [En ligne] –http://laformationcontinue.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=95&Itemid=101

JOANNES, Alain – « L'Université de Metz crée une licence de rich media journalistique » –Journalistiques.fr – [En ligne] – 20 mai 2009http://www.journalistiques.fr/post/2009/05/20/La-faculte-de-Metz-cree-un-licence-de-rich-media-journalistique

Sites généralistesArrêt sur Imageshttp://www.arretsurimages.net/

Association Française des directeurs de la photographie Cinématographiquehttp://www.afcinema.com

Commission Européenne Médiahttp://ec.europa.eu/culture/media/index_fr.htm

Festival International de Photojournalisme Visa pour l’Imagehttp://www.visapourlimage.com/

INA Sup – Pôle européen des sciences et métiers de l’image et du sonhttp://www.ina-sup.com/ressources/dossiers-de-laudiovisuel

Institut des sciences de la communication du CNRShttp://www.iscc.cnrs.fr/

Ministère de la Culture et de la CommunicationEnquête 2008 Les pratiques culturelles des Françaishttp://www.pratiquesculturelles.culture.gouv.fr/

Observatoire des Médias http://www.acrimed.org/

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Web-documentaires évoqués

360degree http://www.360degrees.org

Gaza/Sderot http://gaza-sderot.arte.tv/fr/

Haïti : la route de la faimhttp://laroutedelafaim.tumblr.com/

Havana-Miamihttp://havana-miami.arte.tv/

Homo Numericushttp://www.sfrplayer.com/homonumericus/#/le-webdocumentaire-sur-la-revolution-numerique-de-sfr-page-d-accueil

Berlin Kultur Labhttp://www.netvibes.com/berlinkulturlab#Bienvenue_sur_la_une

Brèves de Trottoirshttp://www.brevesdetrottoirs.com/Accueil.html

Ciudad Juarez La citée des mortes http://www.lacitedesmortes.net/

Concubineshttp://documentaires.france5.fr/webdocs/portraits-dun-nouveau-monde-chine/concubines

La crise du Laithttp://crisedulait.free.fr/

La Maraude à l’écoute des sans abrishttp://www.dna.fr/fr/maraude/index.html

L’obésité est elle une fatalité ?http://www.curiosphere.tv/ressource/22876-lobesite-est-elle-une-fatalite

Le Corps Incarcéré http://www.lemonde.fr/societe/visuel/2009/06/22/le-corps-incarcere_1209087_3224.html

Les Bras de la Francehttp://www.france24.com/static/infographies/webdocumentaire-travailleur-malien-bras-france-collinee-bretagne-abattoir-kermene-immigration/index.html

Les Communes de Parishttp://www.lescommunesdeparis.fr/

One in 8 millionhttp://www.nytimes.com/packages/html/nyregion/1-in-8-million/index.html

Pib : l’indice humain de la crise économique canadiennehttp://pib.onf.ca/

Prison Valleyhttp://prisonvalley.arte.tv/?lang=fr

Thanatorama http://www.thanatorama.com/

Un somalien à Parishttp://documentaires.france5.fr/webdocs/portraits-dun-nouveau-monde-emigration/un-somalien-paris

Voyage au bout du charbonhttp://www.lemonde.fr/asie-pacifique/visuel/2008/11/17/voyage-au-bout-du-charbon_1118477_3216.html

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Conférences, Débats & Interviews sur le web-documentaire

ASSOCIATION ÇA PRESSE !« Le webdoc »Débat du 2 févrierDurée 1 heure 30Participants :Laurence Bagot, de la société de production NarrativeThierry Caron, auteur du web-documentaire « Adoma, vers la maison » http://linterview.fr/new-reporter/le-webdoc-video-du-debat-en-ligne/

BFM RADIO – L’ATELIER NUMERIQUE« Le webdocumentaire »Durée 12 minutes 20Emission de Francois SorelParticipants :Alexandre Brachet, société de production UpianLouis Villers, direction de Linterview.frhttp://linterview.fr/new-reporter/emission-sur-le-web-documentaire-bfm/

C.C.A. de la Communauté française de Belgique – CINERGIE.BE« La journée du webdocumentaire de la Communauté française »Rencontre du 5 mai 2010Durée 10 minutesLes participants :Frédéric Delcor, secrétaire général du Ministère de la Communauté françaisePatric Jean, réalisateur et responsable de Black Moon ProductionBarbara Levandangeur, programmatrice et productrice indépendanteAlexandre Brachet, fondateur d’UpianMarie Mandy, réalisatrice du projet de web-documentaire « La loge du sein »Joël Ronez, responsable du pôle web sur Arte Franceprésentée par Jean-Jacques Jespershttp://linterview.fr/new-reporter/la-journee-du-webdocumentaire-de-la-communaute-francaise/ ou second montage à l’adresse : http://www.dailymotion.com/video/xdmuz5_la-journee-du-webdocumantaire-parta_news

CANON France SA « L’invention du webdocumentaire »Interview de février 2010Durée 3 minutes 50Avec Samuel Bollendorf, auteur de « Voyage au bout du Charbon »http://owni.fr/2010/02/23/le-webdocumentaire-selon-samuel-bollendorff/

CENTRE POMPIDOU « Les ciném@s de demain : le Web documentaire » Séance du 21 mars 2002Participants : Jean Philippe Renoult, France CultureEquipe de Plokker, web-documentaires d'ArteCécilia Vasquez, web-documentaire Trans HumantesXavier Felix, portfolio Labaraka.netMarie Paire, Onverrabien.comhttp://www.centrepompidou.fr/Pompidou/Manifs.nsf/2f6d2a49fa88f902c1256da5005ef33f/

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FRANCE INFO « Le webdocumentaire » Emission du 25 juillet 2010Emission de Caroline Delage, journalisteParticipants :Eric Scherer, directeur « stratégie et relations extérieures » à l’AFPAlexandre Brachet, société de production Upianh t t p : / / f r a n c e - i n f o . c o m / c h r o n i q u e s - l e s - f i l s - d e - l - i n f o - 2 0 1 0 - 0 7 - 2 2 - l e -webdocumentaire-468730-36-41.html

FRANCE INTER – UN JOUR SUR LA TOILE (Et pourtant elle tourne) Au sujet du web-documentaire « Correspondances » de Benoit BringerEmission du 16 novembre 2007Durée 12 minutesEmission de Jean-Marc Four, journalisteht tp : / /www.correspondances-generat ion. f r /b log/benoi tbr inger.com/audio/correspondancessurfranceinter.mp3

FRANCE INTER – UN JOUR SUR LA TOILEAu sujet du web-reportage « Lights bringer »Emission du 4 mars 2009Durée 3 minutes 12Par Hélène Chevalier, journalistehttp://www.correspondances-generation.fr/blog/benoitbringer.com/?page_id=247

INSTITUT PRATIQUE DU JOURNALISME – MAG2COM / Coulisses2com« Le webdocumentaire »Conférence tenue le 4 mai 2010Durée 2 minutes 20Intervenants :Pauline Augrain, Chargée du soutien à la production multimedia au CNC Benoit Bringer, Journaliste, organisateur de la conférence Boris Razon, Rédacteur en chef du Monde.frhttp://www.mag2com.com/?le-webdocumentaire

LE MOUV’Intervention de Benoit Bringer, non datéeDurée 30 secondeshttp://www.correspondances-generation.fr/blog/benoitbringer.com/audio/lemouvbenoit%201.Mp3

LE MOUV’– TÊTE À NET Au sujet du web-documentaire www.lagrandeaventure.frEmission du 20 octobre 2008Durée 2 minutes 56Avec Benoît Bringerhttp://www.correspondances-generation.fr/blog/benoitbringer.com/?page_id=247

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MEDIAS 2 / LINTERVIEW.fr« Les webdocumentaires, révolution ou effet de mode ? »Emission du 29 avril 2010Durée 30 minutes Intervenants :Arnaud Dressen,producteur de web documentaires, Honkytonk FilmsGuillaume Herbault et Bruno Masi, réalisateurs, Retour à TchernobylBenoit Cassegrain, réalisateur Web-reporter.netOlivier Lambert et Thomas Salva, réalisateurs, fondateurs du site Brèves de trottoirMarianne Rigaux, étudiante en journalisme, spécialisé journalisme multimédia, bloggeuseAnimation Xavier Rinaldi, journaliste indépendanthttp://medias2.tv/event/45//webtv--les-webdocumentaires--revolution-ou-effet-de-mode

MEDIAS 2« Quel modèle économique pour les webdocumentaires ? »Intervenants :Guillaume Blanchot, directeur du pôle multimédia du CNCSerge Gordey Gordey, Producteur du web-documentaire Havana-MiamiAlexis Serini, co-rédacteur en chef de Linterview.frLouis Villiers, reporter et fondateur de Linterview.frhttp://medias2.tv/event/142/innovations/nouveaux-medias--nouveaux-outils/quel-modele-economique-pour-les-webdocumentaires

NOUVELOBS.COM – 3ème EDITION DU FESTIVAL 4 ECRANS« L’essor du webdocumentaire »Durée 2 minutes 56Participants :Hervé Chabalier, délégué général du Festival 4 écransAurélie Florent, responsable du développement, société de production HonkytonkArnaud Dressen, société de production Honkytonk ht tp: / /www.te l leestmate le .com/art ic le--v ideo-fest iva l-4-ecrans- l -essor-du-webdocumentaire-40061369-comments.html

PERRUS, JosselinRencontre du 29 avril 2010Avec Alexandre Brachet, fondateur d’UpianDurée totales des vidéos 13 minuteshttp://nilsoj.tumblr.com/post/558027088/sxd-alexandre-brachet-fondateur-dupian

PROGRESS IN WORK (PIW!’S)Interview de Simon Bouisson, auteur de « Les communes de Paris »Mise en ligne le 28 juillet 2010http://blog.progress-in-work.fr/

PROGRESS IN WORK (PIW!’S)Interview de Samuel Bollendorff, auteur de « Voyage au bout du Charbon »Mise en ligne le 21 juin 2010http://blog.progress-in-work.fr/

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PROGRESS IN WORK (PIW!’S)Interview de Philippe Brault, co-auteur de « Prison Valley »Mise en ligne le 7 juin 2010http://blog.progress-in-work.fr/

RFI – ATELIER DES MEDIAS« Jean Abbiateci : les joies et les difficultés du reportage multimédia »Emission mise en ligne le 2 juillet 2009Durée 12 minutes 42Interview de Jean Abbiateci, auteur d’ « Haïti : la route de la faim »http://atelier.rfi.fr/profiles/blogs/jean-abbiateci-les-joies-et

RFI – ATELIER DES MEDIAS« Départ de Philippe Couve + l'économie du webdocumentaire » (Emission 116-1)Emission mise en ligne le 19 Février 2010Participants :Guillaume Blanchot, directeur du multimédia au CNC Joël Ronez, responsable du pôle web d'ArteAlexandre Brachet, créateur d'UpianLaurence Bagot, fondatrice de Narrativeh t t p : / / a t e l i e r . r f i . f r / p r o f i l e s / b l o g s / e m i s s i o n - 1 1 6 1 - d e p a r t - d e ?xg_source=msg_mes_network#5

SCAM (Société Civile des Auteurs Multimédia)« Doc on Web » Débat du 20 janvier 2010Durée 1 heure 35Participants : Guillaume Blanchot, directeur du multimédia et des industries techniques du CNCLaurent Duvillier, directeur général de la ScamAurélie Hamelin, responsable du pôle média, direction des programmes de France TélévisionsBoris Razon, rédacteur en chef de lemonde.frJoël Ronez, responsable du pôle Internet d’ARTE FranceJudith Rueff, journaliste, auteur de web-documentairesAnimation par Stéphane Druaishttp://www.scam.fr/tabid/363252/articleType/ArticleView/articleId/6988/Doc-on-web.aspx

SOCIAL MEDIA CLUB FRANCE« le Storytelling Digital » conférence du 8 avril 2010Participants : Cécile Cros, co-fondatrice de l’agence de production NarrativeArnaud Dressen, co-fondateur de l’agence HonkyTonkJulien Aubert, co-fondateur de la société de développement et de production Story FactoryNicolas Bry, directeur du Transmedia Lab d’Orangehttp://socialmediaclub.fr/2010/04/la-conference-storytelling-digital-du-0804-en-video/

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