n°2 - mai - juin 2016 - Le bulletin bimestriel du Syndicat Mixte des Grandes Fougères

des Grandes FougèresLA VOIX

Syndicat Mixte des Grandes Fougères BP 10, 98 881 Farino - Tél : 43 72 00 - Fax : 43 72 01

Le mot du directeur

Le notou est à l’honneur de ce second numéro de la « Voix des Grandes Fougères ».

Emblématique des forêts denses humides de Nouvelle-Calédonie, cette espèce est classée « Quasi menacée » par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN). Sa chasse est cependant autorisée dans des conditions bien précises par le code de l’environnement de la province Sud, notamment dans le parc des Grandes Fougères.

Le notou

La chasse au notou dans le parc

La règlementation applicable

Paroles de chasseurs

Mieux connaître les notous

Bilan de la chasse 2016

Les brèves des Grandes Fougères

Ce numéro de LVDGF donne quelques éléments d’information sur l’espèce et sur la pratique de sa chasse dans le parc.

Jérôme GEOFFROY

Sommaire

Les Grandes FougèresLe notou

Le notou fait partie des 36 espèces de Carpophages ( « qui mangent des fruits ») ou pigeons impériaux qui forment le genre Ducula. Ce sont des oiseaux de grande taille

répartis en Asie méridionale, aux Philippines, en Indonésie, en Nouvelle-Guinée et dans diverses îles de l'Océanie.

Le notou ou carpophage géant est endémique de la Grande Terre de la Nouvelle-Calédonie ; avec une taille

d’environ 50 cm et un poids moyen d’environ 700 g, c’est le plus gros pigeon au

monde.

Il a un plumage gris bleuté mais son ventre et l’intérieur des ailes sont beige vineux à roux. Son œil

est rouge vif, son bec et ses pattes sont rose.Son chant puissant facilement identifiable s’entend à plusieurs centaines de mètres, ce qui le rend facile à localiser.On le trouve uniquement dans les zones de forêts humides comme celle du parc des Grandes Fougères et jusqu’à 1 500 m d’altitude. En raison de son régime alimentaire, il contribue à la régénération forestière en disséminant les graines qu’il consomme. Le notou est capable d’avaler de gros fruits comme ceux des pandanus.

La reproduction peut avoir lieu toute l’année avec un arrêt en mars- avril. Les femelles ne pondent en général qu’un œuf par an, couvé par le mâle et la femelle, et tous les poussins ne parviennent pas à maturité : c’est donc une espèce dont la dynamique est faible.

Le notou est une espèce « quasi menacée » (NT) selon la classification de la liste rouge de l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature). La destruction de son habitat et plus encore la chasse qui ne respecte pas la réglementation, notamment dans les zones faciles d’accès, sont les principales menaces qui pèsent sur l’espèce.

Plus d’info sur www.endemia.nc

© Pierre Bachy

Notou mangeant le fruit du pandanus

Les Grandes FougèresLa chasse au notou dans le parc

La réglementation applicable

Quand le parc des Grandes Fougères a été créé en 2008, les chasseurs de notous ont souhaité pouvoir continuer à chasser dans une forêt qu’ils connaissaient bien et comme ils le faisaient traditionnellement de longue date. La prise en compte de cette demande permettait de renforcer l’adhésion d’une partie de la

La chasse au notou est strictement réglementée. Elle est ouverte les samedis et dimanches du mois d’avril soit pendant la saison des ignames (février à mai selon les régions), le notou étant un gibier qui accompagne traditionnellement la consommation du tubercule.Depuis 2012, le parc bénéficie d’une réglementation spéciale. En effet, les 15 chasseurs autorisés chaque jour d’ouverture ne peuvent prélever que 2 oiseaux par jour de chasse contre 5 ailleurs en province Sud. Les agents du parc, les gardes nature de la province Sud et les associations locales de chasse s’assurent du bon respect de ces dispositions. Cependant, du braconnage est parfois constaté dans le parc : plumées de

population locale au projet de parc et le notou ne semblait pas menacé : cette possibilité a donc été maintenue sur un des secteurs du parc. Dans le même temps, la chasse à la roussette devenait interdite compte tenu des faibles effectifs.L’existence du parc a permis d’encadrer la chasse au notou, qui ne l’était plus vraiment : auparavant, il pouvait y avoir jusqu’à 70 chasseurs le samedi ou le dimanche au Col Ouano. Certains chasseurs, de plus en plus nombreux, se déplaçaient en quad pour aller le plus loin possible en forêt car… il y avait trop de monde !L’interdiction des véhicules motorisés et le contingentement des chasseurs – actuellement 15 chasseurs au maximum sont autorisés par jour d’ouverture – a contribué à limiter les prélèvements de notous et à augmenter la sécurité. Ce « quota » permet actuellement de satisfaire la totalité des demandes d’autorisation de chasse.

notou trouvées en dehors de la période d’ouverture, entrée de chasseurs dans le parc sans autorisation par exemple. Le non-respect de la réglementation est passible d’une amende de 3 575 000 F et 2 ans de prison (art. 335-4 du code de l’environnement de la province Sud).

Le commerce, l’exposition à la vente, la vente ou l’achat de notou ainsi que leur transport en dehors des périodes de chasse autorisée sont interdits (art. 333-6 du code de l’environnement de la province Sud).

Plus que la chasse qui respecte la réglementation, c’est bien le braconnage qui met l’espèce en danger.

Les Grandes FougèresParoles de chasseurs

La chasse au notou au Parc des Grandes Fougères attire de nombreux chasseurs aussi bien de la région que d’ailleurs en Nouvelle-Calédonie.Jean-Baptiste ACHMAD et Franck ROCHET en font partie et ont bien voulu répondre à quelques questions sur leur pratique de cette chasse.Jean-Baptiste est âgé de 47 ans et habite à Katiramona, Franck a 32 ans et réside à La Foa. Ce sont des habitués du parc des Grandes Fougères puisqu’ils viennent y chasser régulièrement depuis de nombreuses années, bien avant que le parc ne soit créé en 2008 !Nous avons retrouvé Jean-Baptiste après sa chasse, plutôt satisfait de son déroulement. Il a abattu un notou sur les 2 autorisés. Il concède que la chasse au notou est difficile car l’oiseau est malin et sait se cacher : « J’ai vu 4 notous mais di�cilement », « ils sont sauvages ». Frank précise que cette chasse demande beaucoup de patience et une très bonne connaissance des habitudes des oiseaux « j’ai reconnu les arbres (palmiers et ralia) où les notous se trouvaient l’an dernier » et Jean-Baptiste d’ajouter « le matin ils

font un bain de soleil sur la cime des arbres. »Tous deux sont d’accord sur les qualités qui font un bon chasseur de notou : être à l’affût, à l’écoute, marcher doucement sans faire de bruit, connaitre les arbres et savoir chanter. Jean-Baptiste s’est d’ailleurs fendu d’une très bonne imitation du chant du notou. Pour ces deux chasseurs, la chasse au notou est une pratique familiale, qu’ils exercent depuis leur enfance. Ils ont été initiés par leurs parents et transmettent leur passion à leurs enfants. Franck indique : « Mon petit garçon est petit encore mais il ‘est chié’ par la chasse (il adore cela !), il commence à chanter déjà. »

Même s’ils sont difficiles à repérer, Franck estime que le nombre de notous n’a pas diminué. « C’est une chasse traditionnelle qu’il n’y a pas de raison d’arrêter. » Jean-Baptiste fait le même constat. La réglementation spéciale au sein du parc permettant de limiter le nombre de chasseurs « rend le site plus calme et les notous moins sauvages. » Et puis pour Franck « ce n’est pas loin de chez moi [lui]. » Les 2 hommes chassent le notou uniquement dans le parc.Pour conclure, Franck et Jean-Baptiste dévoilent leur recette favorite pour déguster le notou : « bouilli et revenu avec des légumes (igname et manioc) » pour Franck et « sauté et servi avec du riz » pour Jean-Baptiste. Bon appétit !

© Pierre BACHY

Franck ROCHET

Les brèves des Grandes Fougères

Bilan de la chasse 2016

La connaissance de la population de notous du parc est un des éléments qui peut permettre d’adapter les pratiques de chasse.Un premier inventaire de l’avifaune du parc et de sa périphérie a ainsi été réalisé en novembre 2015 .L’étude, réalisée par le bureau d’études ECCET et financée par la province Sud, a décompté 3 094 individus au total représentant 38 espèces différentes parmi lesquelles le notou, le pigeon vert, le lunette ou encore le siffleur calédonien étaient les plus représentés.Les chasseurs participent à l’acquisition de données biologiques sur le notou puisque tous les oiseaux tués lors de la saison de chasse 2015 ont pu être pesés et sexés. Des analyses biologiques ont permis de

Sur les 9 jours d’ouverture de la chasse, les samedis et dimanches d’avril, 135 autorisations de chasse ont été délivrées (dont 127 entrées ont effectivemment été comptabilisées) à 40 chasseurs différents. Parmi eux 15 (soit un peu plus du tiers) étaient issus de la région des Grandes Fougères.

Au total, 157 notous ont été prélevés, soit une moyenne d’environ 18 notous par jour.

Pesée d’un notou par un agent du parc

déterminer que sur les 111 notous prélevés l’an dernier 60 étaient des mâles et 46 des femelles, 5 oiseaux n’ayant pu être déterminés. Le poids moyen sans les plumes des mâles était de 763 g et celui des femelles de 714 g, le poids le plus élevé a été relevé sur un individu mâle avec 1 100 g.Ces données ont également été recueillies en 2016 mais les résultats des analyses ne sont pas encore connus.

Collecte des plumes

Mieux connaître les notous

Contactez-nousRetrouvez toutes nos informations et actualités sur notre page Facebook ‘Parc des Grandes Fougères’ et sur notre site internet : www.grandes-fougeres.nc

Vous souhaitez paraître dans « La voix des Grandes Fougères » ? Contactez-nous au : Tél : 43 72 00 - Fax : 43 72 01 sylvie.charmant@smgf.nc

Le coin animationsLe SMGF propose un programme de SORTIES NATURE commentées sur la faune et la flore dans le parc.Les sorties nature à venir : - « les plantes » le 7 mai. 10 personnes max. (enfants à partir de 12 ans). 13h- « les oiseaux » le 14 mai. 15 personnes max. 13h30. Avec la SCO.- « les geckos » le 11 juin. 15 personnes max. (enfants à partir de 12 ans). 17hEntrée 200 F/personne (gratuit pour les -12 ans). Sur inscription au 43.72.00 ou sylvie.charmant@smgf.nc

Conseil d’Administration du 23 mars 2016Le premier conseil d’administration du SMGF de l’année 2016 a permis d’adopter le budget de l’établissement, validant ainsi la réalisation d’un programme d’actions prévues. Quelques exemples de projets qui seront engagés ou réalisés cette année : la construction d’une volière à papillons, l’aménagement d’un arboretum à l’entrée du parc, l’amélioration et le renouvellement de la signalétique dans le parc, le développement du réseau de sentiers pédestres, la mise en place d’équipements destinés à améliorer la sécurité des visiteurs etc.Certaines études particulières seront commandées, notamment le recensement de l’ensemble des anciens sentiers existant dans le parc, une première évaluation de la population de rats dans le parc.

Sortie nature du 14/11/15 avec la SCO

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