UNE$CHAMBRE$EN$VIGNES$ … À TROPLONG MONDOT Un air de Toscane au Coeur de Saint-Emilion Reportages Photo et texte par Françoise Spiekermeier. Dans cette série de reportages intitulés “Une Chambre en Vignes”, je propose une collection d’adresses rares de domaines viticoles haut de gamme où des chambres d’hôtes, confidentielles, ont été aménagées. Ces séjours d’initiés permettent de vivre une expérience unique de découverte de grands vins. “Couleur sombre, légèrement évoluée. Nez intense, puissant, crémeux, truffé et noble. Bouche fondante, de grande allure, se développant complexe, noble au milieu, pleine, charnue et avec beaucoup de fraîcheur. Finale noble, très longue, toujours complexe, très savoureuse. Superbe vin qui concurrence le 2005. Grande bouteille!”. Voici à peu près ce que l’on ressent à goûter le millésime 2011 de Trolong Mondot, premier grand cru classé Saint-Emilion, sur la terre qui le voit grandir, au coeur du terroir de Saint-Emilion qui prend ici, sous la patte des propriétaires, de faux-airs de Toscane. Déguster un vin, c’est débrider son imagination, s’en remettre à ses sens, effacer sa personnalité en essayant de coller au plus près par les mots à celle du breuvage… En observant le paysage du vignoble, l’on est plus prompt à se lancer dans cet exercice, lorsque la vue porte sur les vignes dont l’élixir est issu… Le visuel rejoint le gustatif, les barrières tombent. On se laisse porter par l’imagination et la volupté du contact. Aux Belles Perdrix, le restaurant du domaine de Troplong Mondot, le vin s’accompagne des mets les plus délicats préparés avec inspiration par le tandem Jérôme Cadillat (ex Crillon puis Alain Dutournier au Carré des Feuillants à Paris) et David Charrier (ex co-auteur pendant 4 ans de la carte d’un 2 étoiles réputé à Carantec) deux chefs ayant fait leurs gammes dans des hauts-lieux de la gastronomie et composant à quatre mains de subtils accords mets et vins… Ce qui fait la particularité inimitable du Troplong Mondot c’est son arrière bouche: une saveur de zan, réglisse et menthol, avec un petit gout de cèdre. Et sa couleur rubis. Mais lorsqu’on a la chance de dîner à la table de Xavier Pariente, le propriétaire de Troplong-Mondot, et que l’on s’intéresse à un savoir-faire, on boit aussi…ses paroles! “ Ma femme a repris la propriété familiale en 1981. A l’époque, le monde viticole n’intéressait personne… C’est un travail empirique. Dans les années 70, on n’avait pas la même connaissance des vins. On faisait de la quantité en appliquant des techniques productivistes héritées de l’après-guerre. Et puis en s’intéressant au vin, on a commencé à adopter une vision globale, à expérimenter, étudier,

comprendre, on a développé une science de la vigne. Ma femme a commencé à adopter d’autres techniques. Elle a été pionnière dans le Bordelais. On s’est aperçu par exemple que le vin est meilleur quand le raisin est récolté à pleine maturité. C’est aussi bête que ça ! Et puis il a fallu chercher les grappes les mieux exposées, simplifier la taille, alléger la production de chaque pied… La vigne c’est une liane. Vous la laissez libre, vous pouvez faire des quantités industrielles de vin. Dans les années 70, on produisait 110 hectolitres par hectare. Aujourd’hui, on maitrise le vignoble pour qu’il ne produise qu’entre 35 et 45 hectolitres / hectare seulement! On se concentre sur le meilleur: on choisit les grappes qui sont plus près du pied car ce sont celles qui reçoivent le plus de sève.” Au détour des mots, un coin du voile se lève, on découvre un peu le mystère du grand vin dont la robe envoûte le palais. “Mon cheval de bataille, continue Xavier Pariente qui a pris le relais de son épouse Christine Valette, à la tête du domaine, c’est la pédologie, le sous-sol. Je considère que le vin se fait dans le terroir : les grands vins sont issus d’un grand terroir. Il existe plein de techniques pour faire un vin meilleur mais la base, c’est le terroir. Et la photosynthèse. Ici, on effeuille en juillet coté Est, en août coté Ouest pour que les rayons du soleil atteignent mieux les grappes. On fait une vendange verte de plus de 50% (on fait tomber 12 grappes sur 20)… Tout le reste, c’est du vent. Ce qui fait un bon vin, c’est un bon terroir… et un peu de vision. Ça, ce n’est pas négociable ni reproductible, sinon on ferait Ausone au Chili ! Margaux, Romane Conti, Terrebrune dans le Bandol,…ce sont avant tout d’extraordinaires terroirs ! ». Depuis la terrasse du restaurant, la vue se déploie à 360° sur le vignoble de Troplong Mondot, constitué de 33 hectares d’une seule pièce, dominant du sommet de sa butte au Sud Est le village de Saint-Emilion, et à l’ouest la vallée de la Dordogne. Le paysage de vignoble à perte de vue se pique ça et là d’un cyprès élancé, ou de clochers d ‘églises et tout semble parfaitement ordonné pour ne plus bouger, classé au Patrimoine Mondial de ce que l’humanité peut admirer de plus beau. Coté classement, le Troplong Mondot a acquis celui de premier grand cru classé en 2012, comme Angélus et Château Pavie… reconnaissance du parcours accompli et de la conduite traditionnelle et raisonnée du vignoble, sans désherbant, ni engrais chimique ni pesticide. Un effort constant qui représente un véritable investissement. « Ailleurs, le désherbage chimique est fait deux fois par an. A Troplong Mondot, nous tirons les cavaillons tous les 15 jours. Tirer les cavaillons (désherber le dessous des pieds de vigne), c’est le travail de 20 personnes! Il faut venir sur place et se rendre compte !” s’exclame Xavier Pariente. Depuis 2005, Troplong-Mondot obtient des notes fabuleuses. L’idée d’être un vin d’initiés ne dérange pas, ici. Les 90 000 cols produits par an sont expédiés pour moitié aux pays anglo-Saxons USA principalement. Il faut savoir que, grâce au système de négoce, unique et spécifique à Bordeaux, 60 clients négociants, une fois par an, achètent la production totale de Trolong-Mondot : tout est vendu en une fois. Dans les grandes années

comme en 2005, le record de rapidité de vente est atteint: cette année-là, le Troplong Mondot a été vendu en 19 minutes!! Les chambres d’hôte de charme au cœur du vignoble sont très rares. Les Belles Perdrix ont vu le jour en 2012, et illustrent la recherche d’excellence et le soin du détail pour satisfaire la clientèle dans une succession de petites choses, de détails, qui font la différence. La bonne eau minérale en bouteille de verre toujours sur la table, les produits Clarins en place dans la salle de bains, …qu’il s’agisse de l’atelier, appartement de 150M2 possédant une vue magique sur Saint-Emilion, les vignes et le parc, de la Maison des Vignes à l’ambiance campagne chic, ou de la chambre acajou, toutes jouissent d’une décoration élégante et raffinée composée d’objets de collection ou d’antiquités collectés par les propriétaires, et ouvrent l’accès à la piscine idéalement placée avec la vue sur le village de Saint-Emilion, en toute majesté.

Château Trolong-Mondot Les Belles Perdrix de Troplong-Mondot Restaurant et Maison d’hôtes 33330 Saint-Emilion Tél. : 0647088049 www.chateau-troplong-mondot.com contact@bellesperdrix.com