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RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO, LE RENOUVEAU Supplément à La Libre Belgique et La Dernière Heure - Les Sports - Ne peut-être vendu séparément - Juillet 2013 Dossier réalisé par

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République Démocratique du Congo : Le Renouveau

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RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO,

LE RENOUVEAU

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Dossier réalisé par

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La République démocratique du Congo est-elle enfin repartie sur de bons rails ? Depuis des décennies, cet Etat, outrageu-

sement riche, a semblé rater tous les rendez-vous que lui fixait l’histoire. Comme une série noire qui ne prendrait jamais fin. Au début du XXIe siècle, le pays semblait même voué à une longue, une interminable, descente aux enfers. La guerre déchirait tout le territoire, devenu un terrain de jeu pour la plupart de ses voisins. Aujourd’hui, près de dix ans plus tard, le pays est réunifié, la paix pratiquement revenue par-tout et, surtout, il y a ce frémissement, né de la crise que connaît l’Occident mais aussi de cette volonté d’une nation de vivre et plus seulement de survivre. Le pays se redresse et des initiati-ves, privées comme publiques, se développent qui annoncent un renouveau du Congo.

Touchmédia

EDIT

ODE 2 à 3 EDITO

DE 4 à 11 POLITIQUE

DE 12 à 41 ÉCONOMIE

DE 42 à 47 SPORTS ET CULTURE

Sommaire

Dossier réalisé par Touchmedia Editeur responsable Kristel Rijckaert44/4B, Handelskaii, 1000 Bruxelles Tel. : +32 28885147 e-mail: [email protected] website: http://www.touch-media.bizMerci à MM. Michael Sakombi et Jacques Tshilembe pour leur collaboration

Un nouveau départ

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Henri Mova est ambassadeur de la République démocrat ique du Congo en Belgique depuis

quatre ans. Après des débuts as-sez tendus suite à de nouvelles tensions entre Kinshasa et Bruxel-les, l’ancien ministre des Commu-nications mais aussi de l’Informa-tion avoue qu’il a vécu quasiment une lune de miel entre les deux pays. “Il est évident que si vous re-gardez un rien dans le rétroviseur, vous constatez qu’en quatre ans l’évolution est positive. Très posi-tive, même. Ceci est notamment lié aux doutes que créé l’Europe. Pendant quelques années, la Bel-gique a été grisée par le succès de l’Europe et elle a perdu un peu le lien avec le Congo. Aujourd’hui, cette crise européenne joue en faveur d’un rapprochement entre nos deux pays”, constate l’ambassadeur qui a multiplié les ouvertures en direction des investisseurs belges mais aussi de la diaspora congo-laise pas toujours très tendre – doux euphémisme – avec le pouvoir en place.

Le petit rapprochement entre les deux capitales fait les affaires du diplomate. “Au congo, on n’aime pas ces périodes de tensions avec nos oncles belges. Chaque fois que la Belgique s’est éloignée du pays on a connu une période de malheur. Pas que vous provoquiez ce mal-heur mais parce que nous perdons, dans ces

périodes, le pays qui est notre bouche sur la scène interna-tionale. Aujourd’hui encore, on a parfois du mal à se faire entendre et on compte alors sur la Belgique qui, s’il le faut, peut encore aller cher-

cher le soutien de la France. Aujourd’hui, la Belgique, comme les autres Etats européens, s’est rendue compte que l’Europe n’était pas un rempart inexpugnable contre toutes les crises. Et quand il faut regarder vers d’autres cieux, les Belges pensent natu-rellement au Congo. C’est bien, parce que chez nous, il y a de la place pour tout le monde. Mais la Belgique d’aujourd’hui n’a plus nécessairement les outils pour jouer les premiers rôles. Toutes vos grandes entrepri-ses ont été vendues. Vous disposez d’un bon tissu de PME mais ces structures n’ont pas nécessairement les moyens pour s’installer en RDC.”Cette nouvelle donne évidente empêche-t-elle tout retour des entreprises belges en République démo-cratique du Congo ? “Pas nécessairement, mais elle nécessite qu’on fasse évoluer les règles du jeu tant en Belgique qu’au Congo. Il faut une volonté politi-que supérieure du côté belge. En cause ? L’opinion de la majorité des Belges qui s’interrogent toujours sur les raisons de défendre notre pays. Pour beaucoup, quand un politicien parle en bien du Congo, c’est qu’il y a anguille sous roche. Et ça ne concerne pas que les politiciens. Un investisseur belge qui arrive au Congo est un héros, parce qu’il est parti d’un milieu hostile. La cause congolaise nécessite du militantisme. En parallèle, je dois être honnête et reconnaître que, du côté congolais, il faut augmenter notre capacité d’ac-cueil. Mais vous, les Belges, vous savez que si vous venez au Congo, vous serez mieux accueillis. Tout n’a pas toujours été irréprochable de notre côté, loin de là, mais aujourd’hui, il faut que nous passions à la vitesse supérieure si on veut conserver des liens sous peine de rater complètement le train qui commence à se mettre en route. ”Une image qui évoque le frémissemnt de reprise que l’on sent aujourd’hui en République démocrati-que du Congo. Comment expliquer ce nouveau dé-

Henri Mova, Ambassadeur de la RDC à Bruxelles

“Une évolution positive au

Congo et avec la Belgique”

«Aujourd’hui, on a osé ouvrir

les yeux et porter le regard là

où ça peut faire mal»

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part pour un pays qui semblait tellement ancré dans la misère ? “Je pense qu’il faut d’abord considérer cela comme une sorte de loi naturelle. Après une menace de disparition, tous les pays du monde se lancent dans une voie du ‘plus jamais ça’. Evidemment, il y a une singularité congolaise, notre pays dispose d’un réel potentiel.”Un potentiel qui a toujours existé ! “C’est vrai, mais il a souvent été l’objet de trop de convoitises qui rentrent en contradiction avec une volonté réelle d’une evolution positive pour le peuple. Cétait le cas depuis plus de 100 ans. Aujourd’hui, on a osé ouvrir les yeux et porter le regard là où ça peut faire mal. Du coup, le gouvernement congolais, en fait, les derniers gouvernements congolais qui se sont succédé, ont mis un terme à ces agissements qui faisaient en sorte que nos riches-ses nationales allaient enrichir d’autres peuples. Les autres ne sont pas responsables de tous les maux qui frappent notre pays. Il fallait aussi des complicités internes. Il a fallu de la patience et de l’intelligence pour mettre un terme à ces comportements qui nous appauvrissaient et qui portaient en eux les germes de toutes les guerres qui ont dé-vasté notre pays.”Et l’ambassadeur de mettre en avant le rôle joué par les différents rouages de l’Etat, de la présidence à l’Assemblée nationale en pas-sant par le gouvernement. “Il a falllu beaucoup de volonté politique pour s’attaquer à ces réseaux installés depuis longtemps. Il a aussi fal-lu prendre des lois qui étaient souvent impopulaires. Dans une démo-cratie, oser prendre ce genre de décision, c’est courageux parce que les élus savent qu’ils vont devoir se représenter devant leurs électeurs.” Un jeu démocratique qui semble prendre ses marques en RDC. “On va de première en première à ce niveau. C’est ainsi que c’est la pre-mière fois que le pays connaît deux mandats successifs sans qu’il y ait de conflits. Maintenant que nous nous dirigeons vers le troisième scrutin, c’est très important parce que les élus, quels que soient leurs niveaux, savent qu’ils vont devoir rendre des comptes, ils savent aussi qu’ils ont intérêt à respecter les lois s’ils veulent pouvoir se représenter au suffrage. Et ça vaut pour l’ensemble du pays. Avant, le pouvoir était à Kinshasa et rien qu’à Kinshasa. Aujourd’hui, les provinces ont acquis de plus en plus de compétences. Les gouverneurs et leurs ministres doivent donc répondre de leurs actes devant le parlement provincial, donc devant leurs électeurs. Ces attelages ont vu apparaître des ac-teurs qui, jusqu’ici, étaient dans l’ombre, appartenaient à la société civile. Tout cela participe du renouveau du Congo. Parce que si le gou-vernement veut pouvoir présenter un bilan, il faut que cela marche.”Une sorte de cercle vertueux qui annoncerait des temps meilleurs pour le pays et l’installation d’un système démocratique appelé à perdurer... toujours sous l’oeil attentif de la communauté internatio-nale mais aussi, et peut-être surtout, des pays de la sous région de l’Afrique australe.

Si la situation économqiue de la RDC se redresse progressivement, l’image de marque du pays peine, elle, à suivre la même tangente. “C’est vrai,

il faut que nous travaillons à l’amélioration de notre image. Chez nous, la communication, ce n’a jamais été un poste important. Dans un budget, c’est toujours celui qui trinque. Au final, pourtant, c’est nous qui trinquons. On ignore trop souvent la réalité du monde. On se re-trouve dans un certain lumumbisme, on ne tient pas as-sez compte des rapports de force sur la scène mondiale. C’est une attitude qui nous a déjà coûté cher, très cher, trop cher dans la crise à l’est. Quand vous regardez la communication des Rwandais, vous vous rendez compte de ce qu’il y a moyen de faire. Mais nous ne sommes toujours pas parvenus à nous inscrire dans cette voie”, conclut, fataliste, l’ambassadeur.

“Apprendre à communiquer”

Henri Mova est un diplomate converti sur le tard.

Malgré un passage par l’ambassade du Congo en

Russie, l’homme qui peut donc se targuer d’avoir deux

postes de calibre à son actif, n’est pas encore complètemet

polissé lorsqu’il s’agit d’évoquer la guerre à l’Est.

“Ecoutez, pendant des années, on ne nous a pas écouté. Quand

nous osions remettre en cause certains propos de notre voisin

rwandais, on était imméditament placé au ban de la société.

Aujourd’hui, la donne a rdicalement changé. Le président

rwandais ne peut plus utiliser le génocide comme fonds de

commerce. Nous, nous commençons à être entendus. Le Congo

a payé de son sang le génocide rwandais. Nous avons payé de

notre sang pour que le Rwanda soit calme.”

Les Nations unies ont envoyé un message fort en donnant un

mandat offensif pour qu’on puisse garantir la paix au Congo.

“Trop, cest trop”, enchaîne Henri Mova.”Si les Etats-Unis

peuvent négocier avec les talibans, il faut aussi que ces mêmes

acteurs puissent accepter que le Congo puisse s’asseoir à la

même table que les Rwandais. Aujourd’hui, vingt ans après

le génocide, les Rwandais réclament toujours la tête de

certains génocidaires. On

peut le compendre et ce

sont de toutes façons des

crimes imprescriptibles.

Heureusement. Mais, dans

le même temps personne ne

parle de certains généraux

génocidaires rentrés au pays

et qui ont même retrouvé

une place dans l’armée.

Le Rwanda entretient cette

chasse aux génocidaires

parce que cela lui permet

d’entretenir l’argument du pays menacé par des hommes

installés au Congo, ce qui peut justifier toutes les guerres.

Nous, nous disons que si ce sont ces potentiels génocidaires

- ou plus certainement leurs descendants – qui suscitent

toutes ces guerres, qu’on nous donne les moyens de les chasser

définitivement”.

Aujourd’hui, le vent a tourné parce que les pays de la Sadec

(communauté économique des pays d’Afrique australe) ont

sifflé la fin de la récréation. Le centre de gravité a été déplacé

en Afrique centrale. “Les Rwandais l’ont immédiatement

compris. Ils savent désormais que s’ils veulent attaquer le

Congo, ils devront aussi passer sur le corps de Sud-Africains

ou de Tanzaniens”, explique encore l’ambassadeur. L’argument

n’est pas qu’économique mais il est certain qu’avec une

population de près de 70 millions d’habitants, le Congo

représente un marché qui suscite des intérêts voire des

convoitises. La Sadec est aussi la région d’Afrique qui présente

les meilleurs chiffres de croissance. Des chiffres de croissance

qui ne devraient que s’améliorer si la sous-région pouvait

gommer certaines disparités entre les Etats et, surtout, relancer

le grand malade de la région : le Congo, porteur de tous les

espoirs au vu de ses potentialités en sous-sol, en eau ou en

énergie. “Il faut donc désormais empêcher les dérangeurs de

sévir”, suggère l’ambasasdeur Mova qui illustre ses propos d’un

exemple concret venu tout droit d’Afrique du Sud. “Regardez

la société de téléphonie mobile Vodacom. Quand elle est arrivée

au Congo, elle tablait sur 1 million d’utilisateurs. Aujourd’hui,

la même société a atteint le chiffre des 7 millions en RDC.

C’est quand même plus simple et moins onéreux pour un Sud-

africain de chercher vers le marché africain. Qui plus est, un

Congo stable et bien assis peut jouer en Afrique centrale, le rôlé

du Nigéria plus au nord ou de l’Afrique du sud, plus au sud.

On aurait pu éviter la stuation qui s’est installée en République

centrafricaine. Dans ce contexte, le Rwanda ne fait pas le poids.

Mais, médiatiquement, il peut encore tenter de s’accrocher à un

strapontin qui n’est plus le sien... du moins pendant un certain

temps.”

“Le Congo a payé de son sang

le génocide rwandais”

Le club du Tout Puissant MazembeRépublique Démocratique du Congo, le renouveau

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Aubin Minaku, diplômé en droit international public, s’est assis au perchoir de l’Assemblée nationale congo-laise, en avril 2012. Après près de dix années passées dans

la magistrature, l’homme a intégré le monde politique et a fait ses armes, à partir de 1998, comme conseiller dans différents ministères. Aujourd’hui, 15 ans plus tard, il est devenu une des clés essentielles de la majorité du président Kabila. Une majorité hétéroclite qui ne facilite pas son quotidien de président de l’Assemblée nationale.Depuis la fin du mois de juin dernier, Aubin Minaku est sur le devant de la scène en Ré-publique démocratique du Congo. C’est à lui et au président du Sénat, l’éternel Léon Kengo Wa Dondo (opposition), que reviendra la coprésidence des consultations nationales convoquées par le président Kabila.

“Ce n’est ni une Conférence nationale souverai-ne-bis, ni un dialogue intercongolais”, prévient tout de suite Aubin Minaku. “Mobutu avait été contraint d’organiser la Conférence na-tionale alors que ces consultations nationales sont une décision positive du Président Kabila.

Le Congo est une jeune démocratie, son prési-dent, sur base de l’article 69 de notre Consti-tution, est le garant de l’unité nationale. Face aux menaces récurrentes venues de l’Est, il a jugé opportun de convoquer ces consultations dans un but de dialogue entre toutes les sensi-bilités de la nation. Il y a une vraie volonté d’ouver-ture. Aujourd’hui, quelles que soient les critiques, il y a des institutions sor-ties des urnes qui fonctionnent. Il y a une série de garde-fous qui ont été placés autour de ces consultations pour éviter que ça ne devienne un grand déballage public. Ce sera aussi notre rôle, au président du Sénat et à moi-même, de faire en sorte que ce travail aboutisse sur des réflexions concrètes dans un

esprit de travail serein. Il y a aussi l’accord ca-dre d’Addis-Abeba qui est une réelle opportu-nité pour permettre de mettre fin aux guerres incessantes dans l’est du pays. Sur ce point, nous avons désormais le soutien de la com-munauté internationale.”

Ces consultations seront décentralisées. Deux états généraux se tiendront à Kinshasa, deux à Lubumbashi et un à Kisangani. “Pour éviter toute forme de cacophonie et permettre un travail serein, à la fin de ces états généraux, seuls les bureaux s’exprimeront et transmet-tront leurs recommandations au Président. Celui-ci pourra alors annoncer les grandes lignes de ces travaux à travers le Congrès. Connaissant un peu l’état d’esprit du président Kabila, je sais qu’il y aura des décisions suffi-samment fortes qui en sortiront. La RDC est encore une jeune démocratie et, qui plus est, une jeune démocratie en période post-conflit. Ces concertations vont nous aider à progresser vers plus d’unité.” Aubin Minaku, au terme de la session par-lementaire, insiste aussi pour souligner le travail effectué au sein de son assemblée. “Aujourd’hui, grâce au travail parlementaire, notre pays dispose de lois bien faites qui, si el-les sont correctement mises en oeuvre, doivent notamment permettre d’organiser correcte-ment notre armée. Je ne suis pas un belliciste mais c’est un point de passage fondamental pour une jeune république comme la nôtre. On dispose aussi, désormais, de bonnes bases législatives dans le domaine de la justice mais

aussi dans celui des affaires, notamment avec notre adhésion à l’Ohada.” La situation dans l’Est, sur la frontière rwan-daise, reste inévitablement dans tous les es-prits. “La diplomatie parlementaire a bien joué

son rôle ces derniers mois, personne ne peut le nier. La si-tuation dans l’Est est ainsi beaucoup mieux comprise, notamment sur la scène interna-

tionale. Le rôle du Rwanda a été bien mis en évidence. Aujourd’hui, il n’est plus aussi facile pour Kigali d’utiliser le fonds de commerce du génocide pour tout justifier.”

Mais le président de l’Assemblée nationale tient aussi à souligner ce qu’il appelle le “vrai frémissement” perceptible dans toutes les ré-gions du pays. “Regardez les infrastrutures, il y a un vrai mieux général et même un boum à Kinshasa. Quand vous allez à l’intérieur du pays, vous voyez que des cantonniers ont re-pris le travail, que les routes et dessertes re-vivent. Il y a aussi la reprise du côté du rail ou des voies navigables. Ce n’est pas parfait,

Le débat sur la double nationalité a souvent été un sujet tabou en République démocratqiue du Congo. Aujourd’hui, Aubin Minaku, le président de l’Assemblée nationale ne fait pas mystère de son intention de relancer ce débat. “La double nationalité, pour moi, ce sera mon empreinte avant la fin de la législature. Il faut asseoir cette double nationalité. Pour y parvenir, nous devons notamment maîtriser nos services d’état civil dans tout le pays. Le

monde a changé. La RDC doit aussi avancer vers le chemin de l’ouverture. Beaucoup de parlementaires de l’Est sont très réticents. Mais ne doivent-ils pas d’abord chercher ce qui est bon pour l’Etat, pour l’ensemble de la nation et pas pour leur petit précarré. Le moment est venu d’avancer sereinement sur ce dossier.”

Double nationalité

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Aubin Minaku, Président de l’Assemblée nationale

« Nous nous rapprochons

du jour. Nous avançons

vers l’aube »

“Un vrai frémissement”

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République Démocratique du Congo, le renouveau

Avant l’annonce de ces consultations à

la veille de la fête nationale du 30 juin,

Aubin Minaku avait déjà fait la une de l’actua-

lité en République démocratique du Congo. En

cause: l’expulsion de l’Assemblée nationale de 5

élus lors de la dernière séance plénière, le 15 juin. Exit les Félix Tshisekedi, Eugè-

ne Diomi Ndongala, Antipas Mbusa Nyamuisi, Claude Iringa et Jean Maweja

pour absence prolongée et non justifiée.

“Le début de la repise en main par le clan Kabila”, expliquaient plusieurs dé-

putés, même dans les rangs de la majorité élargie. Pour eux, pas de doute, en

excluant ces élus, la majorité présidentielle a voulu montrer que c’est elle qui

tire les ficelles du jeu et “que ceux qui ne veulent pas accepter ces règles risquent

de passer à la trappe”, explique un député de l’opposition. Pour un autre, “le

président démontre ainsi

qu’il peut faire ce qu’il

veut au Parlement. Cette

démonstration de force

ouvre grand la porte de la

révision de la Constitution

et donc la piste qui mène

vers un troisième mandat,

aujourd’hui inconstitution-

nel, pour Joseph Kabila”.

Et tous ces députés qui

refusent la décision de

leur cénacle de pointer du

doigt le système du deux

poids deux mesures qui

règne entre l’Assemblée

nationale et le Sénat.

“Regardez Kengo, le pré-

sident du Sénat, il vit très

bien avec un siège dédié à

Jean-Pierre Bemba alors

que celui-ci, toujours em-

prisonné à la Cour pénale

internationale, n’est jamais

entré dans son hémicycle.

Mais évidemment, Kengo

et Bemba ne sont pas du

PPRD, le parti de Kabila”.

Assis dans son bureau, Aubin Minaku, le diplômé

en droit, aujourd’hui roué

aux attaques politiques, ne

se démonte pas. “Je suis un

légaliste et c’est un constat

objectif que personne ne

peut critiquer qui a abouti

à ces exclusions. Le règle-

ment d’ordre intérieur de

l’Assemblée prévoit qu’en

cas d’absence injustifiée

pendant plus d’un quart

des séances, les députés

indélicats peuvent être in-

validés. Entre 2006 et 2011,

lors de la précédente législature, nous avions mis beaucoup d’eau dans notre vin,

notamment, vis-à-vis des élus de l’UDPS. Nous ne pouvons continuer à tolérer

que des élus soient payés pour ne rien faire, même pas acte de présence. C’est un

manque de respect total pour les institutions et, au-delà, pour tous les Congolais.

Et, je le répète, il ne s’agit pas de flinguer ceux que vous pourriez ne pas aimer.

Il s’agit d’appliquer, simplement, un règlement d’ordre intérieur”, ponctue Aubin

Minaku qui laisse la responsabilité de la gestion du Sénat, au patron de cette

haute assemblée.

“Quant à ceux qui veulent tenter de voir dans cette stricte application des règles,

un premier pas vers un hypothétique avenir, je les laisse à leur fantasme. Moi, je

veux que l’institution que je dirige travaille et face avancée démocratiquement

le pays vers des lendemains plus sereins tout en demeurant strictement dans le

cadre légal. Le reste, ce ne sont que des palabres stériles”, conclut le président de

l’Assemblée nationale.

“Le respect du droit”

c’est pour cela que je parle d’un frémissement. Nous devons faire mieux et nous nous y atte-lons. Les consultations, en raffermissant l’unité nationale, vont nous aider à progresser mieux et plus vite. Vous savez, nous étions dans un gouffre, un gouffre très profond. A tel point que les avancées ne sont pas toujours percep-tibles. Quand vous êtes dans une nuit noire, sans lune, sans la moindre petite lueur, vous ne voyez pas la différence entre 1 et 3 heures du matin, pourtant, aujourd’hui, il est indénia-ble que nous nous rapprochons du jour. Nous avançons vers l’aube.”

Et de souligner le retour des initiatives pri-vées qui refleurissent çà et là. “Elles avaient complètement disparu dans la nuit congo-laise. Aujourd’hui, l’Etat est en train de recréer le cadre qui permet aux initiatives privées de s’exprimer librement. Je suis d’un naturel op-timiste et tous ces signaux ne font que m’en-courager. Je le répète, je vais suffisamment sur le terrain pour ne pas vivre dans une bulle ar-tificielle. Je sais donc parfaitement bien que le chemin sera encore long et semé d’embuches mais nous avons repris le sens de la marche en avant et nous ferons tout pour ne plus être stoppés.”

République Démocratique du Congo, le renouveau

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Moïse Katumbi, le su-pergouverneur du Katanga, a de la suite dans les idées. Depuis des mois, il affirme sur tous les tons qu’il

ne briguera pas un nouveau baïl à la tête de sa province. Deux ans, maintenant qu’il prolonge son mandat faute d’élection mais quand le scrutin sera enfin organisé, promis, juré, il ne sera pas candidat à sa succession. “J’ai fait mon petit temps”, sourit-il, pas peu fier de rappeler que la population de sa pro-vince a lancé une pétition pour lui demander de changer d’avis. “Quand j’ai annoncé ma décision de ne pas briguer un autre mandat, spontanément, les Katangais ont lancé une pétition qui a recueilli 2,8 millions de signa-tures en un mois.” Mais, malgré cet appel du pied, l’homme d’affaires veut retourner à ses premières amours, le business. “C’était plus simple alors. Je n’avais qu’à fai-re tourner mes sociétés et à convaincre les banquiers de me suivre. Je n’ai jamais été en retard pour mes remboursements, je n’ai ja-mais fait faillite. On pourrait presque dire que je me suis égaré en politique, même si je ne le regrette pas du tout. Quand les élections ar-riveront, je serai candidat au parlement pour défendre les intérêts des Katangais mais je ne serai plus gouverneur. De toute façon, la Constitution ne me l’y autorise pas, je suis rentré de facto dans mon second mandat, et je compte bien respecter la Constitution.”Et le gouverneur de rappeler une fois en-core, comme un leitmotiv : “je n’ai pas d’am-bition politique. Je passerai la main très, très facilement et mon succes-seur trouvera une situation bien plus confortable que celle qui prévalait quand je suis arrivé.”S’il est indéniable que la province se porte beaucoup mieux financièrement, de nouvelles tensions sont ap-parues, emmenées par des groupes qui n’hésitent plus à faire le coup de feu et à réclamer la sécession du Katanga : les fameux kata katanga. Une situation qui inquiète nombre de Katangais, au point que Moïse Katumbi s’est senti obligé de réunir le parle-ment provincial à quelques jours de la fête nationale du 30 juin pour appeler “au calme, à la sérénité.”“C’est un mouvement incompréhensible”, explique le gouverneur. “Tout est parti de l’évasion de la prison de Kasapa du chef de guerre Maï-Maï Gédéon Kyungu Mutanga en septembre 2011.” Une action musclée qui a abouti à l’évasion de 967 détenus. “Je voudrais revenir un instant sur les circons-tances de cette libération-évasion. La prison de la Kasapa est située à proximité d’un camp militaire et de celui de la police nationale. Malgré l’insistance du ministre de l’Intérieur qui les pressait d’intervenir rapidement, ces

forces ont pris tout leur temps ce qui a permis cette évasion spectaculaire, tant par la forme que par le nombre”, explique le gouverneur, qui n’hésitera pas à réitérer cette explication lors de son passage devant les parlementai-res katangais, allant même jusqu’à rappeler, lors de cette audition publique et télévisée, que : “ironie du sort, Monsieur Kyungu Mu-tanga Gédéon atteindra avec beaucoup de complicités et sans difficultés le territoire de Mitwaba, situé, quand même à 460 kilomè-tres de Lubumbashi”.Trois mois après son évasion, Gédéon re-prendra les armes poussant des milliers de Congolais à fuire face à ces exactions. “Ce n’est pas un affrontement Katumbi – Gé-déon. Ce personnage avait été arrêté avant

que je ne devienne gouver-neur. Ce qui me surprend, c’est le deux poids deux me-sures qu’on découvre dans de telles situations. Notre Constitution est pourtant claire. L’armée et la po-lice dépendent du national. Quand il y a des inciviques à l’est, c’est le problème de l’Etat. Quand il y a des mouvements de ce genre au Katanga, on dit que c’est à la province d’agir. Nous, ici, on peut appuyer avec nos

moyens et nous le faisons, mais un gouver-neur ne peut donner des instructions à un gé-néral. Cette milice est là pour nuire à l’image de marque du pays. Nous avons noué le dia-logue, comme le demande le chef de l’Etat, pour mettre fin aux hostilités et pour pacifier la province. Avec nos moyens limités, nous avons mobilisé la Monusco et certaines ONG internationales pour venir en aide aux dé-placés qui étaient estimés à quelque 16.000 personnes. Nous avons mené plusieurs ac-tions conjointes avec ces organisations pour sensibilier la population à se démarquer des seigneurs de guerre. En juillet 2012, des pour-parlers avec les miliciens Maï-Maï avaient abouti à un accord. Ils avaient accepté de déposer les armes et de mettre ainsi fin aux

“Je ne prolongerai

pas !”

Moïse Katumbi, Gouverneur du Katanga

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hostilités”, raconte le gouverneur. “Je m’étais rendu personnellement à Mitwaba un mois avant cet accord. C’était un gros travail des chefs coutumiers et des représentants du mi-nistère de l’Intéreur katangais. Des centaines de jeunes s’étaient regroupé à Mupanga, une localité à 38 kilomètres de Mitwaba. Ils étaient prêts à la reddition... avant de se ré-tracter au dernier moment sous la pression de certains irréductibles.” Le gouverneur fulmine en se remémorant ces événements. D’autres négociations ont, depuis, échoué au dernier moment, comme en octobre 2012, date à laquelle le mouve-ment Kata Katanga (Katanga indépendant) est apparu publiquement pour la première fois. “Ces mouvements ne cherchent que le désordre. En mars dernier, avec certaines complicités, une fois de plus, ces milices Maï-Maï ont progressé facilement sur le terrain, Elles sont même entrées à Lubumbashi le 23 mars. Avant de pénétrer dans notre capitale, ces bandits avaient semé la désolation et la mort dans les localités de Bunkeya, Lukafu,

Kyembe, Tondolo, Kasomeno et Kinsevere. Ils y ont multiplié les viols, les mutilations, pillages et incendies. Le bilan est catastrophi-que : de nombreux morts et une fois encore, c’est la population qui trinque avec plus de 4000.000 déplacés. C’est inacceptable. Ces gens ont voulu remettre le couvert à la fin du mois de juin en s’en prenant une fois de plus à la prison de la Kasapa. Mais cette fois, policiers et militaires ont déjoué l’action. Ces gens disent représenter les Katangais et dans le même temps, ils tuent leurs frères et leurs sœurs. Ces gens disent être représentatifs des Katangais, ils sont entrés dans Lubumbashi. Mais s’ils étaient aussi forts et populaires qu’ils le disent, ils auraient pu prendre la pro-vince. Ces gens sont des fauteurs de troubles qui n’ont d’autres ambitions que de nuire. Nous, au Katanga et dans tout le pays, on a d’abord et surtout besoin de paix. Le Katanga est et restera dans le Congo et nous avons besoin de cette unité nationale pour que le pays reprenne pleinement le chemin de la croissance...”, explique encore le gouverneur Katumbi.

Devant son parlement provincial, Moïse Ka-tumbi a lancé un appel à l’unité des Katan-gais et de tous les Congolais. “Rien ne justifie le climat malsain qui règne dans la province actuellement. Aussi, je demande à nos frères égarés qui ont pris les armes ainsi qu’à leurs complices de cesser les hostilités.” C’est que ces affrontements auront des im-plications néfastes sur la province dans les prochains mois. “Je dois vous avouer qu’à cause des agissements des Kata Katanga, la campagne agricole a été hypothéquée cette année. Les agriculteurs n’ont pas pu récolter assez de maïs et le stock disponible est clai-rement insuffisant pour répondre aux besoins de la population. Il faut donc s’attendre à des pénuries graves de cette denrée dans les mois à venir.” Et de poursuivre sur le même ton : “Des milliers d’enfants ne vont plus à l’éco-le. Des hommes, des femmes et des enfants meurent sans soins médicaux et des localités entières sont vidées de leur population. Ceux qui ont les moyens de fuir vivent dans des conditions infrahumaines. Ce bilan n’est pas reluisant et n’honore aucun fils du Katanga.”

République Démocratique du Congo, le renouveau

“La précipitation est mauvaise conseillère”

La République démocratique du Congo planche sur un découpage du pays, objectif passer de 11 à 26 provinces. Un projet diversément apprécié selon les interlocuteurs. Ainsi, si le président du Parlement Aubin Minaku veut voir aboutir cette réforme dans les prochains mois, le gouverneur Katumbi, lui, est plus... réservé. “Le premier souci”, explique le gouverneur du Katanga, province qui serait découpée en quatre entités : le Haut-Lomami, le Haut-katanga, le Lualaba et le Tanganika, “c’est l’incompréhension qui entoure cette réforme pour la plupart de nos concitoyens. Ainsi, si vous projetez ce découpage chez vous, en Belgique, vous auriez un niveau d’incompréhension qui ferait penser à un Flamand habitant en Wallonie, qu’il va devoir tout abandonner dans sa province d’accueil et être contraint de rentrer en Flandre. Economiquement, aujourd’hui, les 11 provinces ne parviennent déjà pas toutes à être viables. Imaginez la situation à 26. Cela ferait aussi 26 gouverneurs et 260 ministres provinciaux. Des frais suppélementaires, l’obligation de bâtir des infrastructures pour les nouveaux parlements, les nouvelles cours de justice et j’en passe. Ceux qui vous liront vont conclure que Katumbi ne veut pas de ce découpage. Je leur réponds que je n’en veux pas pour le moment. Nous ne devons pas nous précipiter. Il faut que cette véritable révolution soit bien préparée pour en tirer les dividendes. Regardez l’ancien Grand Kivu. Mobutu l’a découpé à la va-vite au milieu des années 80, donnant naissance au Nord-Kivu, Sud-Kivu et au Maniema. Où se trouve la principale instabilité aujourd’hui ? Là-bas, c’est simplement le désastre, je ne veux pas que cela s’étende à tout le pays. Ici, dans ce qui devrait devenir le Haut-Katanga, on peut sereinement envisager l’avenir. Mais le futur Haut-Lomami n’a pas les moyens de subvenir à ses besoins. Aujourd’hui, ses recettes s’élèvent à 57.000 dollars par an. Comment voulez-vous que cette province devienne indépendante. Il faut donc préparer cette réforme capitale, il faut investir dans la réhabilitation des futures provinces. C’est un passage nécessaire et obligé avant de procéder au découapge si on ne veut pas répéter les erreurs du passé.”

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POLI

TIQU

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10

Kinshasa. Com-mune de la Gombe. Ave-nue Batetela. Les drapeaux bleus du PPRD,

le parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démo-cratie, de Joseph Kabila sont plaqués, immobiles, aux mul-tiples mats. Pas un gramme de vent. Dans la cour de la propriété, le va-et-vient est incessant. A l’intérieur de la demeure, la salle d’attente est piquée de messages envoyés par les “partis politiques amis”. Du “Hasta la victoria siempre” assorti de la tête de Castro, en passant par les mots d’en-couragement du PS belge ou de son homologue serbe. “Nous sommes socialistes”, lâ-che Robert, sympathisant du

parti du président Kabila “de-puis son premier jour. Après les années de Mobutisme, Kabila a ouvert une nouvelle ère. Je suis socialiste et je me devais de m’inscrire dans ce parti.” Le socialisme congo-lais n’a pas nécessairement les mêmes couleurs que celui du vieux continent. “Nos réa-lités ne sont pas tout à fait les mêmes”, sourit Evariste Bos-hab, le bouillant secrétaire général du PPRD qui martèle son attachement aux valeurs de gauche. En ce début de journée, le centre de Kinsha-sa est privé d’électricité, “comme d’habitude” avait lâché Monsieur Numbi, taximan. Au siège du PPRD, ces soucis d’alimentation ir-ritent le secrétaire général qui pointe un doigt accusateur vers la Snel, la société nationale d’électricité. “C’est une catastrophe. Aujourd’hui, le PPRD n’est pas d’accord avec le monopole de la SNEL. Quand il n’y a pas de concurrence, il n’y a pas d’émulation”. Un discours qui peut surprendre dans la bouche du patron du PPRD. “Pas du tout, répond Evariste Boshab. Ce n’est pas parce qu’on est socialistes qu’on est pour le monopole de l’Etat. Ce qu’il faut, c’est que l’Etat ne cède pas tout le pouvoir aux privés. Si on privatise complètement l’électri-

cité, par exemple, les producteurs vont répercu-ter le prix réel aux consommateurs et la plupart des Congolais seront alors incapables de payer. C’est inacceptable. Comme il est inacceptable de laisser le monopole de la production entre les mains d’une société publique qui est exsan-

gue. Nous avons besoin des investisseurs privés, d’une meilleure ra-tionnalisation dans de nombreux secteurs.”Quand on lui fait remarquer que son discours ne colle pas vrai-ment avec l’image du Lider Maximo qui trône dans la salle d’attente, Boshab est hilare. “Il y a la philosophie et il y a le pragmatisme néces-saire et même vital pour relancer un pays qui était au fond du gouffre. On ne se renie pas mais on refuse de s’enfermer dans de l’idéologisme qui ne donnera jamais à manger aux Congolais. Le pays ne peut redé-marrer avec des discours politiques, aussi beaux soient-ils. L’économie

Evariste Boshab, Secretaire général du PPRD

L’art de la provocation au sommet

“Plus de dix ans plus

tard, on commence à

redresser la tête.”

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et la politique doivent marcher de paire. Aujourd’hui, chez nous, il y a des tas de besoins primaires qui doivent encore être satisfaits. Souvenez-vous de la situation dans laquelle se trouvait le pays quand nous sommes arrivés en 2001. Tout était détruit. Le pays était dans une situation catastrophique. Depuis, il a fallu reconstruire avec les moyens du bord. Chaque étape ressemblait à une goutte d’eau dans la mer. Je me souviens ainsi qu’il y a dix ans, il fallait faire la file pen-dant trois jours pour obtenir dix litres de carburant. L’inflation était galopante, les infrastructures inexistantes, la nature avait repris ses droits et quand il y avait quelque chose, cela remontait à l’époque de la colonisation. Il a fallu tout recommencer de 0. Plus de dix ans plus tard, on commence à redresser la tête. L’Etat travaille, ses institutions fonctionnent. Ce n’est pas parfait ? Ce ne l’est nulle part mais les si-gnaux et surtout les actes actuels sont plus qu’encourageants.”Suffisamment encourageants pour tenter de prolonger coûte que coûte le système en place aujourd’hui, notamment en permettant au président Kabila de modifier la Constitution pour pouvoir prolonger son bail à la tête de l’Etat ? Evariste Boshab est au centre d’une polémique sur ce sujet à la suite de la parution d’un ouvrage intitulé: “Entre la révision de la Consti-tution et l’inanition de la nation”, édité chez Larcier. Pour nombre d’observateurs de la vie politique congolaise, il ne fait guère de doute que le livre est un des premiers signes envoyés par le clan présidentiel pour préparer le terrain à une révision de la Constitu-tion qui ouvrirait la possibilité pour le président de quémander un nouveau mandat. “Cet ouvrage, mon 5e, est issu de quatre années de recherches en droit constitutionnel”, explique Evariste Boshab. “Je concède volontiers que je suis un polémiste. Pour moi, un ouvrage, c’est une idée. Elle n’est pas nécessairement partagée par tout le monde. Aujourd’hui, j’ai essuyé des tas de critiques mais je vois très bien que ceux qui en parlent n’ont pas lu l’ouvrage. Ils se contentent du titre, même dans la majorité. Je

ne vais pas répliquer. J’attends qu’on produise une somme de travail égale à la mienne avant de réagir. Cela va contraindre les critiques à travailler”, sourit-il, pas peu fier de ce nouveau missile qui, une fois encore, n’améliorera pas sa cote de popularité. Le secrétaire général du PPRD annonce la sortie d’un prochain ouvrage qui ne va pas calmer ses détracteurs : “Mythe et fantasmes de l’Etat africain post-colonial : les élections”. Une remise en cause du passage par les urnes sur le continent ? Il faudra attendre la sortie de l’ouvrage dans quelques mois pour en savoir plus. Et ce n’est pas tout, Boshab annonce encore la publication d’une autre recherche qui prendra la forme d’un plaidoyer en faveur du scrutin majoritaire en lieu et place du système à la proportionnelle d’actualité en RDC. “Dans un pays où il n’y a plus de débat, il y a une sorte de sclérose. Je reconnais que ce dernier travail est une oeuvre politique. Mais je reste objectif et je démontre que ce système qui veut garantir la présence de tous n’est pas taillé pour un pays comme le nôtre, dans la situation qui est la sienne actuellement. La proportionnelle handicape la formation d’un gouvernement. Regardez la Belgique qui est entrée dans le livre des records avec près de 600 jours sans exécutif. Mais à Bruxelles, on a pu continuer à travailler, notamment grâce à une administration séculaire. C’est impensable chez nous. Notre administration n’est pas encore assez assise. Si vous êtes en Belgique, ce n’est pas grave parce que l’essentiel a été fait et il ne reste plus qu’à gérer. La coalition au pouvoir chez nous, ce sont près de 17 partis, comment voulez-vous donner un cap avec un tel attelage ? Ici, on a besoin que l’Etat s’af-firme d’avantage par son gouvernement.”

La question de la révision de la Constitution fait

débat en République démocratique du Congo. “Cette

question choque parce que certains y voient des arrières

pensées dans le chef du pouvoir en place”, reconnaît

Evariste Boshab. “Mais une Constitution doit évoluer. La

Constitution actuelle, celle du 18

février 2006, est une constitution

issue de la transition. Pendant

cette transition nous avons connu

un drôle d’attelage, le fameux 1 +

4. Le malheur, c’est que les acteurs

de cette transition ont voulu la prolonger à travers la

Constitution. Aujourd’hui, logiquement et heureusement,

les choses ont changé et un toilettage s’impose. Mais on

parle bien de révision, pas d’un coup d’Etat déguisé. En

d’autres mots, pour que cette révision puisse avoir lieu, il

faut une majorité à l’Assemblée nationale et au Sénat. Le

PPRD ne peut donc, seul, imposer sa vision. Dans mon

ouvrage, si vous prenez la peine de le lire, vous constaterez

qu’il n’est jamais question de revoir l’article 220 qui aborde

la question des mandats.”

A la page 292 de son ouvrage qui fait polémique, Evariste

Boshab écrit : “La Constitution de la transition du 5

avril 2003 et celle du 18 février 2006 sont marquées par

l’ampleur du conflit qui a contribué à la déconstruction de

l’Etat et à la dévalorisation des normes constitutionnelles.

C’est donc un accord de paix qui se préoccupe fort peu

des questions de forme; l’essentiel étant d’exprimer la

convergence des belligérants sur certains points et aussi,

parfois, leurs réserves, s’exprimant contre les principes

constitutionnels. Faudrait-il déplorer ce déficit en qualité

de l’écriture constitutionnelle ? Si ces imperfections peuvent

contribuer au renforcement de la paix, pourquoi ne pas

les préférer à une Constitution parfaite, qui reste toutefois

incapable de faire taire le bruit des canons. Peut-on alors

considérer que les Constitutions post-conflits n’ont pas

vocation à perdurer ? Une fois que la paix est acquise et

que les anciens belligérants sont privés des moyens d’établir

de nouveaux maquis, soit par des retouches successives,

soit par une sorte de table rase, naîtront de nouvelles

Constitutions, qui tiendront compte des circonstances et

adapteront les Constitutions post-conflits à une paix plus

durable dans un Etat de droit.”

L’avocat Boshab n’a rien oublié de ses

plaidoyers et ouvre donc, quoi qu’il

en dise, la porte à une large révision

de l’actuelle Constitution... par

“retouches successives” ou par une

“sorte de table rase” pour reprendre ses mots.

“La constitution doit évoluer”

Le club du Tout Puissant MazembeRépublique Démocratique du Congo, le renouveau

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12

Fridolin Kasweshi ne chôme pas. Sa carte de visite expli-que en grande partie cette activité débordante. Le minis-tre Kasweshi, un des plus anciens ministres en place en RDC, a dans ses compétences l’Aménagement du terri-toire, l’urbanisme, l’habitat, les infrastructures, les travaux publics et la reconstruction. Un ensemble

cohérent pour autant de défis majeurs dans un pays en pleine reconstruction.Tous les aspects du ministère sont cruciaux pour le pays. Mais s’il fallait ressortir un élément du lot, ce serait incontestablement la reconstruction du réseau routier. Un eneju majeur dans ce pays où, le manque d’investissements et les conflits ont mis à mal des mil-liers de kilomètres de voiries pourtant cruciales pour toute l’économie. “Comment motiver un agriculteur à produire s’il sait que sa production ne sortira pas de son exploitation faute de voies praticales”, explique le représentant d’une coopérative du Bandundu qui, aujourd’hui, a re-trouvé le sourire avec la réfection de la Nationale 1 qui a remis Kins-hasa à moins de six heures de son exploitation. “il y a encore deux bonnes années, c’était impossible d’envisager de commercialiser nos produits dans la capitale”, se souvient-il. “Il fallait plus d’une semaine pour faire le trajet. Du coup, une bonne partie de nos terrains ont été rendus à la nature. Aujourd’hui, nous avons recommencé à exploiter pratiquement nos 120 hectares et nous envisageons de nous étendre. La demande est là. Elle a toujurs été là. Ce qui a changé, c’est le retour d’une route en bon état. C’est déterminant”,

Une explication qui justifie pleinement le discours du ministre Kasweshi qui a dans sa compétence, notamment, la gestion des rou-tes d’intérêt général et des routes structurantes. “Ce réseau repré-sente 159.000 kilomètres de routes nationales et provinciales”, expli-que-t-on dans son ministère. Sur ces 159.000 kilomètres, le ministre des infrastructures en gère directement 59.000. “Nos objectifs, c’est de relier entre eux les grands centres économiques, les grands chefs-

lieux sans oublier le côté sécuritaire de ce travail. De meilleures routes, cela signifie aussi un meilleur contrôle de notre territoire”, explique le ministre. “Nous avons défini un réseau prioritaire de 30.000 km et un réseau ultra-prioritaire de 17.000 km. Pour parvenir à nos fins, com-me l’Etat n’a pas le moyen de tout financer sur son budget, nous avons

trois types de financements. Le premier, c’est le trésor public, nous avons ensuite une intervention des bailleurs de fonds internationaux en bilatéral ou en multilatéral et, enfin, des partenariats public-privé. Ici, il s’agit essentiellement de concessions pour certains tronçons ju-gés rentables. Les investisseurs privés se paient ensuite via un péage et assurent aussi la gestion de l’axe routier”, poursuit M. Kasweshi.Les chiffres avancés démontrent à souhait l’étendue de la tâche. En 2006, sur les 59.000 kilomètres gérés directement par le ministère des infrastructures, 4,5% étaient considérés comme étant en “bon état”. Fin 2011, le chiffre atteignait les 15% et montait même à 20% un an plus tard. Dans ce contexte, la Route Nationale 1, est l’axe privilégié. La N1 doit relier à terme le port de Matadi, dans le Bas-Congo, à Lubum-bashi, la capitale du Katanga, “Aujourd’hui, sur cet axe qui passe par 6 provinces, nous sommes arrivés à la frontière entre le Bandundu et le Kasaï occidental”, explique le chef de cabinet du ministre. “Pour arriver jusqu’à Tshikapa, nous disposons de fonds européens et de la Banque africaine de développement (BAD). L’objectif final est de relier

“Le défi du XXIe siècle”

Fridolin Kasweshi,Ministre des InfrastructuresEC

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Kabinda

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Opala

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Punia

Isiro

Bondo

Bumba

Luozi

Mushie

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Lomela

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Dilolo

Manono

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Mwenga

Mahagi

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Bikoro

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Moanda

Kongolo

Banalia

Sakania

Bulungu

Kasenga

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Kasongo

Kaniama

Walungu

Mambasa

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Ingende

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Yangambi

Walikale

Rutshuru

Tshikapa

Gbadolite

Bafwasende

Mwene Ditu

Popokabaka

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Katanga

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Equateur

Bandundu

Maniema

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Nord-Kivu

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ETAT DU RESEAU ROUTIER D'INTERET GENERAL DE LA RDC (58 129 KM : RÉSEAU NOMINAL)

²Sources : OR 31/12/2012, CI et RGC

Réalisation : Unité SIG de la Cellule Infrastructures,(février 2013)

0 100 200Km

1:7 589 230Echelle :

Etat du RRIG de la RDC (58 129km) au 30 septembre 2012

Bon (8 631,7 km soit 14,8% du RRIG de la RDC dont 6 786,2 km de RN)

Moyen (5 903,1 km soit 10,2% du RRIG de la RDC don 4 190 km de RN)

Mauvais (11 779,5 km soit 20,3% du RRIG de la RDC dont 6 281,8 km de RN)

Non connu (31 814,7 km soit 54,7% du RRIG de la RDC dont 3 634,4 km de RN)

(31 DECEMBRE 2012. SOURCES : OFFICE DES ROUTES)

République Démocratique du CongoMinistère de l'Aménagement du Territoire, Urbanisme, Habitat, Infrastructures, Travaux Publics et ReconstructionCellule Infrastructures

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Lubumbashi, soit 3.300 km, mais pour y parvenir, nous avons encore besoin de trouver d’autres partenaires. Mais nous sommes optimistes, dans 3 à 5 ans, nous disposerons d’une ossature qui permettra de re-lier tous les chefs-lieux du pays.”Mais la RDC le sait trop bien, il ne suffit pas de construire, il faut aussi entretenir ces tronçons synonymes de reprise de la vie économique. C’est notamment pour répondre à ce besoin qu’a été créé le Foner (le fonds national d’entretien routier). Un organisme qui a mobilisé de septembre 2009 à novembre 2012, des recettes de l’ordre de 235 millions de dollars dont 98% proviennent de la redevance sur les carburants terrestres et 2% des droits de péages sur le réseau non concédé. Avec ces ressources, le Foner a financé les projets et travaux d’entretien routier à hauteur de près de 207 millions de dollars. “C’est un outil essentiel mais pas suffisant. Il faut une appropriation des axes routiers par les populations locales”, poursuit-on au ministère. “Ce n’est pas un væu pieu, les populations locales comprennent qu’elles ont besoin de bonnes routes pour développer leur business. Si nous avons des axes prioritaires, nous avons aussi mis à la disposition de chaque province des entreprises pri-vées qui vont faire de l’asphaltage. Toutes les provinces, même les plus petites, disposent désormais de ce service. Aujourd’hui, la plupart de ces sociétés privées sont étrangè-res. Nous n’avons pas le choix. Ce sont des appels d’offre publics et la plupart des entreprises congolaises n’ont pas les moyens d’y souscrire. Mais, là aussi, on voit que les cho-ses sont en train de changer avec la renaissance de Safricas.”Chaque année, la RDC investit en-tre 300 et 400 millions de dollars dans ses infrastructures. Un inves-tissemnt crucial qui doit participer à la relance économique de ce géant du continent africain qui a une belle carte à jouer tant les routes actuelles sont encombrées. Le projet de port en eau profonde de Banana, dans le Bas-Congo est aussi un élément essentiel du futur de ce pays quand on voit l’en-gorgement des ports de Dar es Salam (Tanzanie), Mombasa (Kénya) ou même Pointe Noire (Congo Brazzaville). Les études progressent; les candidats à la construction jouent des coudes pour trouver une place dans ce projet pharaonique qui devrait d’ailleurs s’accompa-gner d’un autre travail d’art, le pont qui doit relier Kinshasa à Braz-zaville. La position centrale de la RDC l’a rend incontournable pour le développement d’un continent inévitablement appelé à se déve-lopper.

République Démocratique du Congo, le renouveau

Un milliard de Congolais

Beaucoup de Congolais parlent aujourd’hui d’un pays semblable à un train à deux vitesses. Dans le premier attelage, la première classe, on retrouverait Kinshasa

et le sud-Katanga, Le reste du territoire, à l’exception de la route qui va de Matadi à Kinshasa, serait relégué en seconde classe.“Toutes les provinces ont des axes prioritaires”, répond le ministre Kasweshi, qui reconnaît toutefois que la capitale a profité de quelques privilèges. “Kinshasa est notre capitale et donc aussi notre vitrine. En plus, il y a eu des événements (comme le sommet de la Francophonie en octobre 2012) qui nous ont obligé à faire des efforts plus rapides pour Kinshasa.” La capitale de la RDC connaît aujourd’hui une urbanisation galopante. Plus de dix millions de Congolais vivent désormais dans cette ville province et toutes les études statistiques sont d’accord sur un point : cette urbanisation n’est pas prête de se terminer. Selon ces études internationales, la population de Kinshasa double tous les 15 ans. Il faut donc s’attendre à ce la ville accueille près de 25 millions de Congolais en 2030 et 50 millions avant 2050.Les mêmes études, portées au niveau de l’ensemble du pays, annoncent que la République démocratique du Congo sera le pays le plus peuplé du continent africain à l’aube de 2100, avec une population qui devrait avoisiner

le milliard. Au niveau de l’ensemble du pays, la population double en effet tous les 20 ans. Partant du chiffre de 65 millions de Congolais en 2015, ce qui est déjà en déça de la vérité, le pays devrait ainsi compter 130 millions d’individus en 2035, 260 millions en 2055, 520 millions en 2075 et donc plus d’un milliard de Congolais à l’aube du prochain centenaire.Un développement démographique qui n’ira pas sans poser de solides défis à l’ensemble du pays.

En mai dernier, de passage devant le Sénat, le ministre Kasweshi a été interpellé sur certains désagréments rencontrés dans le centre de Kinshasa en période de pluie. Le boulevard du 30 juin, flambant neuf, n’étant pas

épargné par ces soucis. En guise de réponse, le ministre avait déjà pointé l’urbanisation galopante de la capitale qui “fait que le réseau d’assainissement du boulevard du 30 juin ainsi que d’autres avenues de Kinshasa est devenu inadapté. Il faut aussi expliquer que des constructions anarchiques ont bouché une grande partie du réseau d’égout.” Du coup, après avoir résolu le problème de circulation lié à l’état et à la largeur du boulevard, le ministère s’est attelé à planifier la construction de nouveaux canivaux et l’élargissement des conduites existantes. Le travail ne manque pas dans la capitale et l’évolution démographique ne devrait pas faciliter la tâche des services du ministre Kasweshi dans les prochaines années.

République Démocratique du Congo, le renouveau

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14

ECON

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La problématique de l’entretien des routes n’est pas une ques-tion uniquement congolaise. Dans le monde entier, les mê-mes interrogations. Comment un Etat peut-il entretenir ses

axes routiers pour qu’ils permettent la libre circulation des personnes et des biens et génèrent, par la même occasion, des reve-nus supplémentaires ? Les responsables des fonds d’entretien rou-tiers des pays de l’Afrique centrale étaient réunis début de ce mois de juillet à Kinshasa pour échanger leurs expériences et tenter

de trouver de nouvelles pistes de rentrées financières. L’occasion pour Fridolin Kasweshi, ministre de l’Aménagement du territoire, de l’Urba-nisme, de l’Habitat, de l’Infrastructures, des Travaux publics et de la Reconstruction de replonger dans les livres d’histoire pour al-ler rechercher une phrase de l’explorateur d’Henry Morton Stanley, vieille de plus de

120 ans, et pourtant toujours d’actualité, qui disait que sans chemin de fer le Congo ne valait pas un penny.

Si Stanley mettait en avant le rail, c’est bien évidemment parce qu’il s’agissait du princi-pal moyen de locomotion de l’époque. Aux yeux du ministre Kasweshi, nul doute que l’explorateur soulignait ainsi l’importance que revêtaient les principales infrastructures de transport. Aujourd’hui, rien n’a changé, sans route, sans rail, un pays se meurt, aucun dévelop-pement économique n’est envisageable. Or,

le coût de construc-tion et, surtout, d’entretien de ces axes représente un budget colos-sal pour un Etat. Le constat est identi-que dans les autres pays représentés à Kinshasa : Burundi, Congo-Brazzaville, Gabon, Cameroun et Tchad. Fridolin Kasweshi a évoqué les défis à relever par les

pays africains en vue d’améliorer le réseau routier. Il a ainsi souligné que “les routes à péage qui représentent 1 % du réseau clas-sifié de l’Afrique subsaharienne, dont la plu-part en Afrique du Sud, obtiennent moins de 1,6 milliard de dollars d’engagement d’inves-tissement. Ce qui est bien en-deçà des be-soins de cette région du continent”. Dans son explication, le ministre Kasweshi a encore

indiqué que moins de 10% du réseau rou-tier de cette région attire au moins 15.000 véhicules par jour, qui est le minimum pour rentabiliser les concessions.Quant au prélèvement des taxes sur les carburants terrestres, principale source de rentrées pour les Fonds d’entretien des rou-tes, il a indiqué que bien qu’il s’agisse d’un mécanisme très utilisé pour le financement de la maintenance des routes, leur niveau et leur utilité vont du coût symbolique et insi-gnifiant de 0,3 dollar à 0,16 dollar au litre. “En raison des fraudes et d’autres faiblesses managériales, de nombreux pays n’arrivent pas à prélever ces taxes”, a-t-il révéléPour le ministre Kasweshi, ce constat doit interpeler tout le monde face au rôle capi-tal que doivent jouer les fonds d’entretien routier pour non seulement maintenir, mais aussi étendre l’ensemble du réseau routier, “facteur incontestable de croissance écono-mique”. Les dépenses en entretien des rou-tes “représentent aujourd’hui presque 2 % du PIB contre 1 % dans les pays industrialisés et 2 à 3 % dans les économies émergen-tes à croissance rapide”, a encore chiffré le ministre. Aujourd’hui, il est évident que la plupart des Etats du continent africain n’ont pas les moyens d’investir de telles sommes dans les travaux ou préfèrent les aiguiller vers des secteurs plus prioritaires à court terme. Pourtant, on l’a vu, les routes sont incontournables pour l’économie d’un Etat, ce qui explique donc la volonté des respon-sables politiques en charge de cette matière en Afrique centrale de développer encore les pistes de rentrées financières indépen-dantes du budget de l’Etat pour leurs fonds d’entretien. Un défi, un de plus, pour le mi-nistre Kasweshi.

Fridolin Kasweshi,Ministre des Infrastructures

“Henry Morton Stanley le disait déjà”

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TOUJOURS un Grand Hôtel pour un Grand pays! La République démocratique du Congo ce grand, riche et beau pays au cœur de l’Afrique a son grand hôtel, avec une appellation bien contrôlée.Situé au centre ville, dans le quartier résidentiel et diplomatique de Kin-shasa la capitale, le Grand Hôtel Kinshasa, autrefois Hôtel Interconti-nental, a accompagné toute l’histoire prestigieuse de la RDC. Un pays qui représente une destination de rêve

pour les bonnes affaires, comme en témoignent les énormes potentialités en ressources naturelles, notam-ment minières, d’hydrocarbures, forestières, énergétiques, agricoles et, halieutiques, hydriques,… La Tour et le Bâtiment Principal de l’Hôtel offrent, à partir de ses cham-bres, une vue magni que non seule-ment sur le majestueux euve Congo, mais aussi sur la ville de Kinshasa.

DES ACQUITS

INEGALABLESQuel challenge d’être « le Grand Hôtel Kinshasa », un établissement qui a acquis ses lettres de noblesse dans l’évolution de l’histoire récente du pays depuis 1971.En plus d’être un site de haute sécurité, c’est un hôtel expérimenté et aguerri dans l’art de l’hôtellerie, non par simple af rma-tion, mais par sa longue expérience. Ce n’est alors pas pour rien, que la renommée du Grand Hôtel Kinshasa est internationale, que sa clientèle se compte dans le monde entier -les grands de ce monde sont passés et continuent d’y séjourner-, il béné-

cie de la con ance des personnes averties.

LEADER A JAMAISConscient de sa position de leader, le Grand Hôtel Kinshasa tient à maintenir à jamais cette position prestigieuse, en mettant en œuvre toutes les nombreuses ressources à sa disposition.

Pour cela, face à certaines exigences du marché, « le Grand Hôtel Kinsha-sa » a entrepris des travaux de réno-vation, notamment dans une premi-ère étape le Bâtiment Principal et les Cabanas, transformés en grands chantiers, et dont l‘inauguration est prévue en automne 2013. Ces travaux sont majestueusement exécutés par la rme italienne Con-sonni, mondialement reconnue dans l’art de la rénovation hôtelière.

UN GRAND SITE INTEGRE« Le Grand Hôtel Kinshasa » n’est pas simplement un «hébergeur», mais aussi un centre d’affaires in-contournable, un lieu des rencontres multiples (culturelles-politiques-sociales-économiques), un temple de grands événements, un cen-tre sportif multidisciplinaire, une galerie marchande, etc. Ses salons mythiques et espaces à ciels ou-verts, ses multiples installations sportives aux normes, ses ma-gasins modernes et chics, ses park-ings spacieux et son casino comme nulle part ailleurs, témoignent de tout cela à côté de ses chambres, suites et restaurants modernes.Sans oublier que les nuits les plus chaudes et les plus « class », c’est à « ILevel », la plus grande discothèque de Kinshasa.Plusieurs packages d’offres pro-motionnelles de différents stand-ings sont toujours d’actualité.

Plusieurs packages d’offres pro-motionnelles de différents stand-ings sont toujours d’actualité.

Car la raison d’être du « Grand Hô-tel Kinshasa » est d’être toujours non seulement le meilleur, mais surtout le plus grand établissement hôtelier dans ce grand pays qu’est la Répub-lique démocratique du Congo.

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Moïse Katumbi aspire à retourner aux affaires. Là où il a fait fortune. “Gouverneur, ce n’est pas un métier, c’est une fonction, rien de

plus”, sourit-il, content de son effet. “Vous allez et vous devez passer. C’est inscrit en let-tres d’or dans la Constitution. Et je vais évi-demment respecter ce texte. Mais je ne vais pas partir en laissant les caisses vides, bien au contraire. Depuis que je suis arrivé à la tête de la province, en 2007, tous les voyants sont passés largement dans le vert et les nua-ges ne semblent pas pointer à l’horizon.”Le bilan est déjà prêt, comme si le gouver-neur avait hâte de partir. “Pas du tout. Je ne fuirai pas, je resterai jusqu’à l’élection de mon successeur et je continuerai à travailler jus-qu’au bout pour la province et donc pour le pays. Mais je ne veux pas m’enfoncer dans ce

siège de gouverneur”, explique-t-il dans son petit bureau du gouvernorat de Lubumbashi d’où il planche déjà sur “l’après-mine”.“Aujourd’hui, nous sommes devenus le pre-mier contributeur du pays et de loin. Quand je suis arrivé au poste de gouverneur, le Ka-tanga occupait la troisième position dans ce hit-parade. Un an plus tard, nous avions déjà atteint la première place.” Pour y parve-nir, il a fallu amélio-rer les infrastructures régionales mais aussi mieux contrôler ce qui était perçu. En d’autres termes, notamment, lutter contre la corruption. “Un exemple parlant? En 2007, il y avait déjà beaucoup de recettes mais aussi beaucoup de corruption. En cinq années, nous avons ainsi fait passer les recettes du

Trésor public du Katanga de 100 millions à 1,5 milliard de dollars. C’est un progrès considérabe mais dont nous ne tirons prati-quement aucun bénéfice.”Moïse Katumbi fait ainsi clairement allusion

aux promesses non tenues par Kinshasa. L’Etat central est en effet censé redistri-buer 40% de leurs recettes aux pro-vinces. Le gouver-neur du Katanga a

souvent soulevé ce manque de respect de Kinshasa et n’entend pas baisser les bras même si le discours s’est fait moins, beau-coup moins, acerbe. Il y a quelques mois, le boss du Katanga repoussait d’un revers de la main l’explication qui voulait que l’Etat central ne pouvait redistribuer cette manne à cause de la situation de guerre qui prévaut

“Il y a de la place pour tous les investisseurs”

Les miniers qui ont osé

nous suivre au début

ne le regrettent pas

ECON

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Moïse Katumbi, Gouverneur du Katanga

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dans certaines zones du pays. Arguant aussi du fait que ce non respect ne poussait pas les provinces à améliorer leurs résultats. Aujourd’hui, l’homme se veut pus conci-liant. Plus politique, peut-être, quoi qu’il dise de ses ambitions. “S’il n’y avait pas la guerre, le président Kabila aurait appliqué la loi et le Katanga aurait récupéré ses 40%. Aujourd’hui, si nous demandons l’application stricte de la loi, il n’y aurait plus de vie en RDC. Les Katangais ont toujours eu l’habi-tude de partager. Dans ce pays, toutes les provinces sont riches et elles émergeront grâ-ce à l’argent du Katanga.” Un discours aux accents très nationaux... Si le Katanga a retrouvé le sourire, c’est évi-demment grâce aux richesses inestimables de son sous-sol. Les entreprises minières jouent des coudes pour dénicher un lopin de terre à exploiter sur la ceinture de cuivre qui court de Lubumbashi à Kolwezi en pas-sant par Likasi.“Aujourd’hui, ça apparaît comme une évi-dence. Mais quand nous sommes arrivés au pouvoir, la province était surtout riche de ses potentialités. Les investisseurs se faisaient ti-rer les oreilles pour venir avec leurs dollars chez nous. Nous avons donc dû commencer par les rassurer, les sécuriser. Ensuite, nous avons exigé qu’ils s’occupent de la paix so-ciale dans leurs entreprises mais aussi qu’ils investissent dans la terre. Ces derniers points ne sont réalistes que si vous mettez ces inves-tisseurs dans de bonnes conditions. C’est un win-win. Les miniers qui ont osé nous suivre au début ne le regrettent pas. Vous connais-sez beaucoup de business à travers le monde où on peut récupérer un investissement de 3 milliards de dollars en 5 ans. Au Katanga, c’est le cas. Grâce aux miniers, nous avons améliorer l’état des routes, ce qui a permis d’augmenter le trafic et donc les rentrées douanières et de péages.” Et c’est vrai que les 200 kilomètres asphaltés de la route na-tionale 1 (RN1) qui relie Likasi, Lubumbashi et Kasumbalesa sont largement occupés par les miniers, comme les 180 km de la RN 39 entre Likasi et Lubumbashi. Deux voies lar-gement “sponsorisées” par les péages. Malgré les millions qu’ils génèrent, les mi-niers ne parviennent pas à faire l’unanimité. “Je ne vais pas m’ériger en avocat des mi-niers, certains en profiteraient encore pour me suspecter de collusion. Mais personne ne peut nier qu’aujourd’hui, le redressement du Katanga est essentiellement dû à ce secteur. C’est incontestable, comme il est incontesta-ble qu’ils ont un effet général sur l’ensemble de la province, avec des impacts différents, et comme il est encore incontestable que cette manne minière doit nous pousser à préparer l’après-mines. Il y a de la place pour tout le monde ici et dans de très nombreux secteurs. Je veux que les investisseurs du monde en-tier le comprennent, qu’ils viennent d’Asie, d’Amérique ou d’Europe et là, évidemment, je pense aux Belges avec qui nous avons beau-coup de choses en commun.”

“S’il y a des fermiers qui ne gagnent pas d’argent chez vous, qu’ils viennent ! Quand ils s’installeront, ils ne paieront pas de taxes.” L’appel du gouverneur Katumbi

peut séduire. “J’entends souvent qu’en Europe, on souffre de surproduction, que les denrées sont détruites, que des fermiers qui travaillent ne parviennent plus à s’en sortir. Moi, je leur dit, si vous voulez travailler, si vous n’avez pas peur d’un nouveau départ, venez, nous avons un bout de chemin à faire ensemble et des terres qui ne demandent qu’à vous accueillir”. Katumbi, parfois taxé de populisme, retombe-t-il dans ses travers ? “Pas du tout, c’est un win-win que je propose. Nous devons parvenir à produire plus. Les miniers que nous avons obligés à investir dans au moins 500 hectares ont joué le jeu. Ils ont souvent compris qu’il ne s’agissait pas d’une punition et qu’ils pouvaient même en tirer un certain bénéfice, ce qui explique qu’ils soient parfois passés bien au-delà des 500 hectares que nous leur demandions. Tant mieux, mais ce n’est pas encore assez.” Et le gouverneur de demander aussi la relance de la recherche agricole complètement à l’arrêt. “Il faut relancer l’Institut national d’études et de recherches agronomiques (INERA), En effet, on a constaté que nous avions des rendements inférieurs à ceux de la Zambie. En cause, une dégénérescence des produits qui, parfois, nous amène à produire 4 fois moins à l’héctare au regard de ce qui se fait en Zambie. Avec de tels rapports, nous ne pouvons pas être compétitifs. Nous allons aussi lancer de grandes coopératives agricoles. Il faut réunir ces petits exploitants qui, s’ils demeurent tous dans leur coin, ne parviendront pas à décoller. L’agriculture est devenue une priorité et nous allons tout faire pour retrouver notre rang.”

“Vos fermiers sont les bienvenus”

République Démocratique du Congo, le renouveauRépublique Démocratique du Congo, le renouveau

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Christian Mwando est un hom-me de chiffres. L’idéal pour un ministre des Finances, de l’Economie et du Commerce du Katanga. Dans sa province, l’homme

s’est forgé une réputation d’intégrité et de bonne gestion. Depuis son installation à la tête de ce ministère, l’embellie est sou-tenue, “avec une petite exception en 2010, quand les prix des matières premières ont connu un certain fléchissement”, explique-t-il dans son petit bureau de l’avenue Mwepu en plein centre de Lubumbashi.“Cette croissance des rentrées s’explique par une conjonction d’éléments même si le boum minier est clairement au coeur de cette nou-velle vitalité. Ces cinq dernières années, la production minière est passée de 300.000 tonnes à 1,5 million de tonnes. Cela a iné-vitablement un effet d’entraînement sur les recettes perçues notamment aux péages rou-tiers ou sur certaines taxes locales.”Mais quand on regarde l’évolution des chif-fres des rentrées de la province, force est de constater qu’au-delà de l’augmentation due à une production minière en hausse constante, la perception des taxes sem-

ble aussi avoir été beaucoup plus efficace. “Nous nous sommes attelés, avec le gouver-neur Katumbi, à un meilleur encadrement des recettes. Nous avons ainsi mis au point la Direction des recettes du Katanga. Cet or-gane s’occupe de canaliser toutes les recettes

de la province. Il permet donc une meilleure gestion, plus d’efficacité. Quatre cents agents travaillent pour ce service. Leut but? Suivre de près toutes les recettes du Katanga. Ils perçoivent un salaire appréciable et même

des primes au rendement, ce qui est motivant et porte ses fruits pour la province.”.Mais l’homme, toujours avec la collabora-tion de l’incontournable gouverneur, a aussi mis sur pied un service antifraude qui a per-mis d’améliorer la rentabilité des services de

perception tant pour la province du Katanga que pour l’Etat central. Pourtant, malgré cette apparente bonne collaboration entre la province et l’Etat cen-tral, tout est loin d’être au beau fixe, surtout pour une province comme le Katanga qui ramène à elle seule plus de 50% des ren-trées de l’Etat. “La loi prévoit que nous devrions percevoir 40% de ce que la province fait rentrer dans les caisses de l’Etat. Mais ça, c’est la théorie”, grimace le ministre. “Dans la réalité, l’année dernière, la rétrocession s’est élévée en tout et pour tout à 6%. C’est peu. C’est très peu”.

Exprimée en dollars, cette différence est encore plus brutale. Le Katanga pouvait prétendre à 300 millions de dollars reve-nus de Kinshasa. Dans les faits, moins de 35 millions sont rentrés dans les caisses de la province. “On peut passer son temps à se plaindre ou à tendre la main mais ça ne rapporte pas baucoup”, continue le ministre. “Avant la ré-trocession de l’Etat central représentait 80% du budget de la province. Les taxes purement provinciales ne ramenaient donc que 20% de ce budget. Aujourd’hui, c’est l’exact inverse, la province génère 80% de ses revenus.”

“Il faut déjà préparer

l’après-mines”

Pendant des années, le dollar a pratiquement été la vraie mon-

naie de la République démocratique du Congo tant l’instabilité

politique et financière du pays poussaient à craindre ce franc congo-

lais qui semblait voguer, jour après jour, vers des abysses sans fins.

“Aujourd’hui, les temps ont changé”, explique

le ministre Mwando. “Depuis 5 ans, la stabil-

ité est perceptible sur tous les plans. Le franc

congolais doit donc retrouver la place qui est

la sienne mais si la dédollarisation de notre

économie nationale est une volonté, il ne faut

pas se précipiter tête baissée au risque de pro-

voquer de nouvelles catastrophes. Nous n’en

sommes donc pas encore au stade de la contrainte, l’Etat a seulement

imposé que les commerçants affichent leurs prix en francs congolais

mais les transactions peuvent encore s’effectuer en dollars ou dans

une autre devise étrangère.”

Aujourd’hui, la RDC en est donc à la première étape de cet éloigne-

ment du billet vert. “Pendant longtemps, la plus grosse coupure en

billets congolais, c’était le billet de 500 francs, soit approximativement

un demi-dollar. Si vous vouliez vous offrir un bon restaurant, il fal-

lait partir avec une valise. Et si vous vouliez

investir, vous ne pouviez même pas penser au

franc congolais. Il a donc fallu produire des

coupures à valeur faciale plus élevée (1.000,

5.000 et même 10.000 francs congolais) mais

on n’en a pas produit en grande quantité pour

éviter une nouvelle inflation. Progressivement,

l’Etat va percevoir ses taxes et ses impôts en

devises locales, les marchés publics se passeront aussi en franc congo-

lais, de quoi faire venir progressivement tous les acteurs économiques

vers notre monnaie nationale.” Pas de calendrier précis mais une

volonté d’en finir avec cette petite humiliation quotidienne.

Dédollarisation progressive

Christian Mwando, Ministre des Finances du Katanga

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Pour parvenir à ce renver-sement de chiffres, pas de miracle, il a fallu créer de nouvelles taxes provinciales dont les plus rentables visent le secteur minier, comme cette “taxe sur la voirie” de 60 dollars à la tonne qui frappe tous les transporteurs. “Le charroi des camions a un impact important sur l’état des routes. C’est un secteur essentiel, nous le sa-vons très bien, mais c’est aussi un secteur qui coûte cher à la province. Qui plus est, nous n’avons pas pris de décision unilatérale. Le postulat de base était très simple. Il y a quel-ques années, la tonne de cuivre s’échangeait à 4.000 dollars. Aujourd’hui, cette même ton-ne oscille entre 7 et 8.000 dollars. La marge est énorme. Armés de ces chiffres et de ce constat, nous nous sommes mis à table avec les miniers et nous sommes arrivés à un ac-cord sur la somme de 60 dollars la tonne.”Mais le ministre insiste aussi sur le fait qu’il n’y a pas que les miniers qui versent leur dîme. Et de pointer du doigt le secteur im-mobilier en pleine expansion dans toute la province. “Rassurez-vous, je ne vais pas dresser un inventaire exhaustif des taxes pro-vinciales mais j’épinglerai quand même les taxes en matière de construction. Les permis de bâtir sont une source importante de reve-nus, de même que la taxe sur les véhicules ou l’impôt sur les revenus locatifs”, explique le ministre. Des montants que la province investit sur-tout aujourd’hui dans les routes et les des-sertes. “Il faut prévoir l’après-mines”, explique Christian Mwando. Les gisements semblent pourtant garantis pour au moins une bonne vingtaine d’années si pas plus. “Les chiffres ne sont pas alarmistes, en effet”, poursuit le ministre, “mais nous voulons miser sur le secteur agricole qui est potentiellement un gros pourvoyeur d’emplois. C’est pourquoi, aujourd’hui, déjà, 60% du budget de la pro-vince passe dans la construction ou la réfec-tion de voiries ou de dessertes agricoles. C’est un investissement obligatoire. Comment voulez-vous que les agriculteurs s’échinent à produire s’ils savent que leur récolte ne pourra pas sortir de leur ferme. Nous payons même pour refaire des axes qui appartiennent pour-tant à l’Etat central. Une fois de plus, ça part

du même constat, si ces routes ne per-mettent pas une bonne circulation, tous les efforts des agriculteurs et de la province, en

amont, ne servent à rien. Je ne vous cache pas que je ne suis pas toujours d’accord avec le gouverneur sur ce dernier point. Je voudrais que l’Etat fasse plus.”Dans ce secteur agricole qui bénéficie de toutes les attentions, la province planifie la création de grandes coopératives qui per-mettront de financer l’industrie agricole, notamment pour l’achat des intrants et du matériel. “De ce côté, nous avons reçu des moyens supplémentaires pour acheter des graines et de l’engrais. C’est un pas mais ce n’est pa suffisant. Il faut une politique natio-nale claire. Travailler dans l’agriculture, c’est travailler à perte. Regardez la Zambie, à côté de chez nous, l’agriculture est largement sub-

sidiée. L’agriculteur congolais ne peut donc rivaliser. Moi, je prône l’instauration de taxes modulables. Elles seraient applicables en pé-riode de récoltes, histoire de freiner les im-portations. On exonérerait ensuite les biens visés par ces taxes, lorsque le besoin s’en fe-rait sentir. Ce mécanisme peut être d’appli-cation via des taxes locales.”Et le ministre d’égrainer encore sa volonté de relancer des filières aujourd’hui à l’arrêt. En tête, la filière de l’huile de palme, qui fut très présente dans le nord de la province, suivie par le coton, “un secteur très difficile mais porteur d’emplois et qui a existé au Katanga jusqu’en 2006”, explique encore le ministre. Le défi est de taille mais la province du Ka-tanga, qui vit des heures chaudes aujourd’hui et qui voit son nord s’appauvrir face à un sud étincelant, doit pousser dans cette di-rection pour gommer, ne fût-ce qu’en par-tie, les disparités porteuses de tensions.

Quand le nouvel exécutif provincial s’est installé en 2007 au Katanga, une de ses premières mesures a été d’interdire la sortie des matières premières brutes du territoire. Un véritable uppercut pour de nombreuses sociétés minières qui ne

faisaient que prélever le minerais brut en RDC et le sortait du pays sous cette forme. Un pillage auquel le gouverneur Katumbi a mis fin. “C’était une décision qu’il fallait prendre pour la survie de notre province. On savait que les miniers ne pouvaient traiter toute la matière première chez nous du jour au lendemain. Nous leur avions donc laissé deux ans pour développer les infrastructures nécessaires à cette révolution. Aujourd’hui, on engrange les fruits mais on est bien en deça de ce qu’on est en droit d’espérer. Et pourquoi ? Parce que nous avons été trahis par l’électricité. La Société nationale d’électricité (SNEL) est incapable d’assurer l’approvisionement électrique nécessaire aux miniers pour qu’ils transforment leurs minerais au Katanga. Aujourd’hui,

beaucoup de sociétés minières ont annulé une partie de leur développement chez nous faute d’électricité.”Le bras de fer est engagé avec la SNEL. La société publique a besoin de fonds, tout de suite, pour remettre en état les centrales électriques du pays. Les miniers veulent bien participer à la réfection

des centrales mais pas en sortant du cash pour la SNEL. Eux, ils veulent participer à la réfection de ces centrales et récupérer cet investissment en étant dispensés de payer leur fourniture électrique pendant un certain temps.“Ce sont deux logiques qui s’affrontent. Moi, et je ne suis pas le seul dans le gouvernement du Katanga, je suis partisan de la privatisation de l’électricité. Aujourd’hui, la SNEL vit un dilemme : servir les grosses industries ou la population ? C’est un choix éminemment politique. Le genre de choix qu’il faut faire en début de mandat parce que cela ne va pas vous rendre très populaire dans un premier temps. Après, par contre, vous en retirerez les dividendes. Je suis donc pour que l’électricité aille en grande partie vers les grosses industries. Elles vont payer cette énergie qu’elles reçoivent. Leur production va croître, leurs revenus aussi et elles feront rentrer plus d’argent dans les caisses du fournisseur d’électricité qui disposera alors des moyens pour financer le développement de nouvelles sources de production. En tentant de satisfaire un peu tout le monde, on ne satisfait personne et, surtout, on ne se donne pas les moyens d’envisager un futur meilleur.”

On a été trahis par

l’électricité

Des investissements

dans les routes

et les dessertes

pour le Katanga

République Démocratique du Congo, le renouveauRépublique Démocratique du Congo, le renouveau

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Monsieur Ahmed Kalej, vous êtes l’Adminis-trateur-délégué général de la Gecamines, dès votre prise de fonction il y a près de trois ans, vous avez présenté un plan de développement stratégique très ambi-tieux pour remettre la Gécamines dans

le giron des opérateurs autonomes. Quels sont les résultats at-teints à ce jour ?« Avant de présenter les résultats atteints, nous devons relever le fait que nous sommes partis d’un diagnostic. Ce dernier s’est résumé en 4 points. Il s’agit du retard dans le programme de prospection et de découverture, du vieillissement de l’outil de production (usines et ate-liers d’appui à la production), de l’endettement excessif et d’un effectif pléthorique et vieillissant. Suite à ce diagnostic, 6 axes avaient été mis sur pied pour y remédier.· La reprise du programme de recherche et de prospection géologiques,· La réhabilitation et modernisation des unités de production,· La valorisation des activités non minières par la création des centres de profit,· L’amélioration de la gestion des partenariats,· La restructuration du passif,· La réduction et le rajeunissement des effectifs.Au jour d’aujourd’hui la mise en œuvre de ces 6 axes stratégiques a produit des résultats palpables. En rapport avec le premier axe qui

concerne la reprise du programme de recherche et de prospection géologiques : après 20 ans d’arrêt, la prospection au Groupe centre (Likasi) et au Groupe Ouest (Kolwezi) a repris. Ces travaux de pros-pection ont confirmé d’importantes et riches ressources géologiques évaluées à plus de 800.000 tonnes de cuivre.Le deuxième axe a concerné la réhabilitation et la modernisation des unités de production et a eu pour résultat concret l’augmentation de la capacité de production. Nous avons ainsi dépassé notre objectif de 35.000 tonnes en 2012, pour atteindre exactement 36.452 tonnes de cuivre.Nous avons entrepris des projets qui, à maturité, viendront encore davantage accroître la production pour atteindre notre objectif 2013 de 50.000 tonnes de cuivre. Ces projets se présentent de la manière suivante:- A Kamfundwa, l’implantation d’un module de concentration gravi-métrique de 300 tonnes sèches/heure de capacité pour la production de 20t/h de concentré à ±18% de cuivre au HMS et 10 t/h de concen-tré à ± 13% aux spirales dont les travaux de génie civil sont en cours et la mise en service est prévue pour le mois de septembre 2013. - L’implantation d’une nouvelle usine à acide à Shituru d’uned’une capacité de 500 tonnes par jour. Les travaux de terrassement avaient déjà débuté mais ont été stoppés momentanément pour permettre d’abord de finaliser le projet d’une nouvelle usine à Kambove.- La construction d’une centrale thermique d’une capacité de 500 MW à Luena à base de charbon. L’étude de faisabilité a démarré et les

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Ahmed Kalej, Administrateur - Délégué Général de la Gecamines

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fonds y afférents seront débloqués sous peu de temps.- La modernisation des laminoirs et câbleries. Elle consiste à ac-quérir une ligne de fabrication de fils machine par coulée continue et une ligne de fabrication semi-continue des profilés par extrusion.

Plusieurs offres sont en étude.- La modernisation de l’atelier central de Panda par le montage d’une chaîne de moulage et de fusion en fonderie. La fabrication de matériel est terminée et la livraison est en cours.- La construction d’un nouveau complexe hydrométallurgique au Groupe Ouest à Kolwezi avec une capacité de production an-nuelle de 35.000 tonnes de cuivre et 1.200 tonnes de cobalt. L’étude est en cours de finalisation afin de permettre la levée des fonds. Le troisième axe concernant la valorisation des activités non minières par la création des centres de profit a lui aussi obtenu des résultats qui se traduisent par l’augmentation de la production de charbon (plus du double en 2012) suite à l’achat des engins pour l’exploitation du charbon; démarrage de la production de moellon, gravier et sable à la Pierraille de Katonto; augmentation de la production et amélioration de la qualité des produits de l’atelier central de Panda. Le quatrième axe sur l’amélioration de la gestion des partenariats a vu l’acquisition à 100% par Gécamines de la Compagnie Minière du Sud Katanga, l’acquisition à 100% des gisements de Deziwa et Ecaille C dans Somidec, l’acquisition de 20% des parts sociales de la raffine-rie de Kokkola en Finlande, l’acquisition de 10% supplémentaires du Groupement de Terril de Lubumbashi portant les parts de Gécamines à 30%. L’acquisition de 100 % de Kalumines est en cours de finalisa-tion et le gisement de Mutoshi est en cours d’acquisition. Le cinquième axe porte sur la restructuration du passif. Dans le ca-dre de la réduction et du rajeunissement des effectifs : en 2012, 222 agents sont sortis de la Gécamines. »

Votre plan vise aussi l’apurement d’un passif de près d’1,6 mil-liard de dollars, une diminution de moitié des effectifs de vos agents, où en êtes-vous dans cette équation humaine et finan-cière? « En ce qui concerne l’apurement du passif de 1,5 milliard de dollars américains, depuis la transformation de GCM en société commerciale en 2010, un décret du Premier Ministre a décidé de la reprise d’une partie du passif par l’Etat congolais. Ce passif est qualifié de non-assurable. A ce stade, le gouvernement Congolais a donc repris près de 600 millions de dollars de passif non assurable au profit de la Gé-camines. En dehors de ce fait, il convient également de signaler des arrangements entre entreprises du portefeuille de l’Etat. A travers une

réconciliation de comptes, la Gécamines a pu récupérer entre 250 et 300 millions de dollars de ces arrangements croisés entre entreprises. Dans le cadre de la réduction des effectifs, il est prévu 15,7 millions de dollars dans le budget 2013. La réduction des effectifs au niveau

requis implique des moyens financiers de l’ordre de 160 millions de dollars que GCM cherche à obtenir. Rappelons toutefois qu’en 2012, 222 agents sont sortis de la Gécamines. »

Comment allez-vous combler ceux que certains appellent le «déficit en compétences humaines» de la Gécamines ? «Il existe en ce moment une inadéquation entre le niveau actuel de la production de l’entreprise et celui de ses effectifs. Suite à cela la Géca-mines a conçu un plan de réduction de ses effectifs en se basant sur la modernisation des unités de production et les nouvelles technologies (qui impliquent une réduction de la main d’œuvre). Aussi, pour arriver à réduire de manière efficace et efficiente ses effectifs, la Gécamines doit réunir des ressources financières conséquentes pour le finance-ment du plan social qui y est lié. Elle organise son personnel à tous les

« Un avenir prometteur »

République Démocratique du Congo, le renouveauRépublique Démocratique du Congo, le renouveau

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niveaux: les départs en retraite sont effectués pour les agents Géca-mines répondant selon le code du travail. La retraite légale se situe à 65 ans pour les hommes et à 60 ans pour les femmes. Des nouveaux agents jeunes sont embauchés et pour leur intégration professionnel-le, la Gécamines développe des actions intenses de formation. »

Vous avez hérité de plus de 30 joint-ventures de la gestion an-térieure mais votre nouvelle stratégie consiste à développer les capacités de production propres à la Gécamines. Comment gé-rez-vous cela et envisagez-vous une « revisitation » de ces contrats ? « L’entreprise a conclu à ce jour 31 joint- ventures (25 miniers, 2 en amodiation et 4 non miniers) dont 11 sont passées en phase de production. Effectivement, no-tre nouvelle stratégie consiste à être no-tre propre opérateur minier, nous avons un plan stratégique et dynamique qui nous permet d’avoir une vision claire de l’objectif que nous voulons atteindre, soit produire 100.000 tonnes de cuivre à l’horizon 2015. Nous n’envisa-geons pas une revisitation de contrats mais, cela étant dit, les contrats passés entre la Gécamines et ses partenaires peuvent être audités à l’initiative d’une des parties. Les clauses de contrat permettent à chacune des parties de diligenter un audit tech-nico-économique qui n’est pas une revisitation des contrats. C’est ainsi que nous avons, en septembre 2012, lancé des audits afin d’examiner ensemble avec nos partenaires ce qui n’a pas marché et ce que nous devrions faire pour respecter nos contrats passés. »

A la lecture de votre plan, la certification de nouveaux gise-ments est la clé de voûte de votre stratégie. Pouvez-vous nous expliquer le but de cette démarche et ses attentes ? Avez-vous trouvé de nouveaux gisements ? « Effectivement, comme je l’ai toujours souligné, l’exploration doit toujours précéder l’exploitation. Une fois que ces gisements sont certi-fiés, cela nous permettra outre de garantir l’alimentation de nos unités de production, de lever des fonds auprès des institutions financières comme le font les autres entreprises minières. GCM est un réservoir de

gisements. Sa concession s’étend sur plus de 7000 km² et des réserves, avec un énorme potentiel. »

Récemment, la Gécamines a pris le contrôle total de Kalumines en rachetant les parts d’African Rainbow Minerals (ARM) et Vale et en septembre passé, vous avez aussi racheté 60% de la Com-pagnie minière du Sud-Katanga du groupe belge George Forrest International. Quelle stratégie sous-tend ces rachats d’actifs ? « GCM est en cours d’acquisition de 100% de Kalumines et détient à

ce jour 100% de CMSK. Et ce ne sont pas ses seu-

les acquisitions. On peut y ajouter SOMIDEC avec ses gisements de Deziwa et Ecaille C acquis à 100%, la raffinerie de Kokkola en Fin-lande dont GCM a acquis 20% des parts sociales, le Groupement du Terril de Lubumbashi avec 30% des parts appartenant à Gécamines. Ce sont des acquisitions stratégiques avec des gisements connus qui permettront à GCM avec la modernisation et la réhabilitation de son outil de production, d’accroître significativement sa production. »

Vous avez gagné deux procès en septembre 2013 contre les

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Ahmed Kalej, Administrateur - Délégué Général de la Gecamines

Objectif: produire

100.000T de cuivre à

l’horizon 2015

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fonds vautours FG Hemisphere qui a son siège à Delaware, aux Etats-Unis d’Amérique. Pouvez-vous nous éclairer sur cette af-faire ? « GCM a été victime d’attaques de fonds vautours. A la base, une en-treprise publique sœur avait contracté une dette garantie par l’Etat congolais. A défaut du paiement de cette dernière, les fonds vautours avaient saisi les fonds appartenant à la Gécamines parce qu’ils avaient considéré la Gécamines comme un organe de l’Etat. Or, Gécamines est une entreprise commerciale dotée d’une personnalité distincte de celle de l’Etat. Cet argument de la défense a permis à Gécamines d’obtenir

gain de cause devant le comité judiciaire du Privy Council britannique. La Gécamines a donc récupéré des sommes importantes qui ont servi à financer une partie de la réalisation de son plan d’action. » Le Fonds Monétaire International avait suspendu son program-me économique avec la RDC suite à une opacité dans un contrat de la Gécamines. La situation semble s’être débloquée récem-ment. Quelle est votre position dans ce dossier ? « Il y a eu beaucoup de malentendus à ce sujet. La Gécamines a tou-

jours eu une position très claire et n’a jamais caché la moindre infor-mation. Je vous invite à consulter notre site, vous y trouverez un affi-davit qui explicite clairement cette affaire et justifie son déroulement heureux. »

Comment la Gécamines compte-t-elle faire face au déficit éner-gétique du Katanga évalué à 170 mégawatts pour se dévelop-per ? « Pour faire face à ce problème de déficit énergétique, Gécamines avec son charbonnage de Luena cherche à construire une centrale

thermique de 500 MW qui non seulement couvrira ses besoins en énergie mais pourra aussi venir en aide aux autres entreprises minières. L’étude de fai-sabilité a été déjà lancée. »

La Gécamines cherche-t-elle à diversifier ses activités ? «La Gécamines a pour activité principale les mi-nes mais elle dispose aussi des unités industrielles de soutien à la production des métaux qui consti-tuaient des centres de coût auparavant. Dans le ca-dre du Plan Stratégique de Développement, il a été retenu la valorisation de ses activités non minières par la création des centres de profit qui non seu-lement devraient servir la Gécamines mais pour-raient profiter à toutes les entreprises minières de l’hinterland minier. Et cela permettra à Gécamines de générer ainsi des revenus additionnels. »

Qu’est-ce qui a changé depuis la transformation des statuts de la Gécamines faisant d’elle, une so-ciété de droit privé ? « La Gécamines est désormais dotée d’un mode de

gestion de type privé avec ses organes statutaires. Elle a l’obligation de résultat. »

Prévoyez-vous une entrée en bourse de la Gécamines un jour ? «Pourquoi pas une fois que l’entreprise sera stable avec une profita-bilité certaine.»

Comment voyez-vous la Gécamines dans 10 ans ? «Glorieuse!!!»

République Démocratique du Congo, le renouveauRépublique Démocratique du Congo, le renouveau

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Le FECUE, pour Forum économi-que Congolais de l’Union euro-péenne, s’est confortablement installé, en trois ans, dans le paysage des rendez-vous incon-tournables pour tous ceux qui

s’intéressent à la vie politique, à l’économie ou qui seraient tentés par un investissement en République démocratique du Congo. Cette fin juin, pendant deux jours, le FECUE a réuni plus de 700 personnes pour débat-tre, discuter, interroger les autorités congo-laises. “Si je devais souligner un événement mar-quant de ce rendez-vous, ce serait sans conteste la présence ministérielle congo-laise”, explique Henri Mova, l’ambassadeur de la République démocratique du Congo en Belgique, initiateur du concept. “La pre-

mière année, nous avions pu compter sur la pré-sence d’un seul minis-tre, Olivier Kamitatu qui avait le portefeuille du Plan. Cette année, pour notre troisième forum, nous avons pu comp-ter sur le patronnage du Premier ministre et sur la présence effective de cinq ministres lors des deux journées. Cela démontre clairement que le mes-sage est passé à Kinshasa et que ce rendez-vous est pris au sérieux”, poursuit Henri Mova. Pour ce trosième ren-dez-vous, le menu était, une fois encore, bien chargé. “Il s’agit d’un moment d’ouverture. Un moment où l’on peut pré-senter l’état des lieux de la politique économique en RDC et en faire mieux connaître les perfor-

mances, dévoiler les opportunités d’affaires clairement identifiées par le gouvernement en combinaison avec une présentation des réformes économi-ques ainsi que leur impact sur le climat des affaires et, in fine, assurer des in-terventions de haut-niveau entre res-ponsables politiques de RDC et d’Europe, milieu des affaires et société civile”. Tant du côté politique que diplomatique ou même dans le monde des affaires, le bi-lan de ce troisième Forum est amplement positif. “Les échanges ont été ouverts et constructifs”, explique un homme d’affaires

belge habitué de ce rendez-vous.“On a abordé de très nombreux sujets. Quel-les sont les perspectives à court et moyen

termes? Quels sont les domaines les plus im-pactés par les progrès économiques? C’est en fait comme un moment de débat général. C’est un rendez-vous que je vois s’ancrer dans le paysage de nos deux pays”, poursuit l’am-bassadeur, “Et je ne

dis pas cela parce que je l’ai lancé mais parce qu’il a une vraie utilité. Ce n’est pas tous les jours qu’un investisseur, une femme ou un homme issu de la diaspora peut s’adresser directement à un ministre de chez nous. Les questions sont parfois terriblement précises et viennent d’expériences personnelles. Le Fecue est donc un moment important qui m’apparaît de plus en plus comme un som-met qui succède à de très nombreuses initia-tives qui se déroulent tout au long de l’année, comme la journée de l’incitation au business, la journée des femmes entrepreneurs, les rencontres entre professionnels de secteurs. Ce sont des journées de synthèse.” Cette fois, quatre ministres congolais avaient fait le déplacement. On retrouvait ainsi le ministre du Plan M. Célestin Vunabandi Ka-nyamihigo, représentant du Premier Minis-tre, le ministre de l’Economie et Commerce M. Jean-Paul Nemoyato, le ministre de l’In-dustrie, Petites et Moyennes Entreprises, M. Rémy Musungayi Bampale, le ministre délé-gué des Finances M. Patrice Kitebi Mvul et le ministre belge de la Coopération au Déve-loppement, M. Jean-Pascal Labille. Ce FECUE 2013 avait été structuré en trois

axes: les récentes perfor-mances de l’économie congolaise et les reformes entreprises, les opportuni-tés d’affaires et le dynamis-me des investissements en RDC et, enfin, le rôle de la diaspora congolaise dans la reconstruction du pays. Célestin Vunabandi Kanya-mihigo, ministre congolais du Plan a été clair. Pour lui et pour l’ensemble du gou-vernement congolais, la vo-lonté est claire. Un moment comme le FECUE est une vi-trine exceptionnelle pour la RDC qui cherche à attirer les investissements européens et à travailler avec la dias-pora. Parmi les arguments mis en avant pour séduire investisseurs et membres de la diaspora désireux de franchir le pas, le ministre a énuméré les 60 millions de Congolais qui sont autant de consommateurs en puis-sance et la place centrale

“Un dialogue pour tous les amis

du Congo”

Forum economique Congolais dans l’Union européenne

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du pays dans l’Afrique centrale qui offre un public cible de plus de 250 millions de per-sonnes. Tous les représentants de l’exécutif congolais ont aussi mis en évidence, devant l’assemblée ou en plus petit comité, les im-portantes réserves de minerais, de terres arables, des fleuves et rivières ainsi qu’un potentiel hydroélectrique de 100 mille MW. La RDC dispose aussi de la moitié de la forêt tropicale africaine et d’une population dont la moitié est jeune, entre 15 et 35 ans. Autant de données qui placent potentiellement la RDC sur la liste très restreinte des Eldorado. Pourtant, souvent, les investisseurs re-chignent ou hésitent. En cause, une certaine mauvaise réputation du Congo et de l’Afri-que en générale. “In-vestir, c’est prendre un risque. Investir en Afri-que et plus particulièrement au Congo, c’est, au minimum, doubler ce risque”, interpelait, à la pause-café, une dame d’origine congo-laise qui aimerait rentrer au pays avec ses petites réserves. Objectif, créer une petite société de services pour elles et ses deux fils diplômés en mécanique. “Mais pas question de me jeter dans la gueule du loup. Je veux rentrer. Je sais que ce ne sera pas évident tous les jours mais nous sommes déterminés, à condition qu’on nous laisse faire. On veut bien payer le juste prix mais pas commencer à être contraints de payer des dessus de table tous les deux jours.»

Un discours assez commun et un appel pressant aux politiques. Les émissaires du gouvernement congolais n’ont pas esquivé les questions, mettant en exergue la bat-terie des lois promulguées et les réformes engagées (comme l’adhésion à l’OHADA, la création d’un guichet unique de création des entreprises en trois jours, la lutte contre

les tracasseries, etc). Le représentant du Pre-mier ministre a par ailleurs annoncé que les ONG et Asbl peuvent s’adresser à ses ser-vices pour bénéficier de certaines facilités (importation, facilités douanières, etc.). “Les ONG sont utilies, c’est une évidence”, explique pour sa part l’ambassadeur Mova. “Mais on a trop de jeunes Congolais qui per-dent leur énergie dans la constitution de ces structures. Je les pousse, et je ne suis pas seul, à entreprendre, à se lancer dans le vrai bu-siness. On ne va pas relancer le

Congo avec des ONG. Je préfère que ces jeunes se lancent plei-nement dans le business, qu’ils gagnent de l’argent, qu’ils créent des em-

plois. Ce srait beaucoup plus positif pour tout le monde.”Le ministre M. Kitebi a indiqué, pour sa part que le gouvernement congolais compte construire et réhabiliter mille écoles à travers le pays (100 millions de dollars), construire et équiper des centres de santé et des hô-pitaux (80 millions dollars) et 14.000 km de routes. Le ministre a fait remarquer que le budget alloué à l’enseignement est passé de moins 2 % à 14 % et que le montant de 100 millions de dollars dégagés pour l’école vise aussi à ramener dans le système éduca-tif une bonne partie de 3 à 4 millions d’en-fants qui en sont actuellement exclus.La diaspora a aussi fait entendre sa voix. Une fois encore, elle a mis en avant son dé-sir de voir avancer le dossier de la double nationalité. Elle a aussi demandé la mise en place des mesures incitatives pour le retour de la diaspora, la création d’une agence de promotion des investissements de la dias-pora pour la diaspora et promouvoir les transferts bancaires et la mise en place d’un régime fiscal spécial pour la femme entre-preneur. “Tous ces débats ne sont pas que des échan-ges momentanés”, explique encore l’am-bassadeur Mova. “Les discussions que nous avons à Bruxelles ont déjà abouti à des adaptations de loi au Congo. Je pense no-tamment à l’article 16 de la loi agricole qui interdisait aux investisseurs étrangers d’être majoritaires dans une exploitation agricole. Ce sont des hommes d’affaires belges qui ont soulevé la question. Le FECUE mais aussi les autres rendez-vous que nous organisons ici à Bruxelles peuvent vraiment avoir un effet sur la législation au Congo. On ne va pas règler toutes les questions lors de forums comme le FECUE mais en quelques heures, on peut avoir un vrai impact. Faire passer des vrais messages. Plus on va s’inscrire dans la durée, plus ce qui se dira ici aura un impact là-bas. J’en suis certain”, conclut l’ambassadeur.

République Démocratique du Congo, le renouveau

Un moment où l’on

peut présenter l’état des

lieux de la politique

économique en RDC

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Que de chemin parcouru ! Le Groupe Forrest Inter-national (GFI) se prépare à souffler ses cent bou-gies et malgré cet âge respectable, il fait mon-

tre d’une activité débordante et d’un esprit d’ouverture tourné sans cesse vers de nou-veaux horizons. C’est en 1922, que Malta Forrest senior créa sa première société à Kolwezi, dans la pro-vince du Katanga. Une première entreprise centrée sur le transport. Depuis, si la base du Groupe Forrest est res-tée fidèle à son fief d’origine, elle n’a cessé de s’étendre et de se diversifier, au point de devenir l’un des principaux employeurs et investisseurs privés en République démo-cratique du Congo.Groupe de sociétés et de participations inscrit dans un cadre familial, la direction du Groupe Forrest International s’articule autour de son Président, George Arthur For-rest, et de son CEO, Malta David Forrest, la troisième génération.

Les sociétés du Groupe donnent de l’emploi à 8000 personnes et sont actives dans le secteur minier, l’énergie, le ciment, les BTP et le génie civil, l’agroalimentaire, l’aviation, le trading et la santé.Aujourd’hui, le Groupe Forrest International a opté pour une politi-que de consolidation dans ses secteurs d’ac-tivité traditionnels mais a aussi décidé de mettre résolument le cap sur de nouveaux horizons comme l’agro-alimen-taire ou l’énergie, deux secteurs qui répondent à des besoins de plus en plus criants, non seulement en RDC mais aussi sur tout le continent africain. Evidemment, le nom des Forrest est intime-ment lié au monde des mines. Le Groupe s’est forgé une solide réputation, unique en Afrique centrale, dans l’exploitation des car-rières à ciel ouvert. Aujourd’hui, si le Groupe

s’est retiré du la Compagnie minière du Sud Katanga (CMSK), elle poursuit activement sa collaboration de sous-traitance pour la so-ciété Kamoto Copper Company (KCC). GFI utilise ici les plus gros engins miniers sur

chantiers d’Afrique. De véritables monstres ca-pables de charger plus de 200 tonnes. Impres-sionnant. Le Groupe conserve toujours ses activités métallurgiques dans la Société du terril de Lubumbashi (STL) dont la capacité de produc-tion dépasse les 5.000

tonnes de cobalt par an, soit 1/15e de la production mondiale. La STL produit aussi près de 3.000 tonnes de cuivre et plus de 20.000 tonnes d’oxyde de zinc.A l’ombre des mines et des terrils, il suffit de se promener aux quatre coins de la Ré-publique Démocratique du Congo pour se rendre compte aussi du poids des « petits hommes jaunes » du GFI, omniprésents sur les chantiers de construction ou de réfection des routes, des chantiers de construction ou de réfection d’immeubles, etc,. Par ailleurs, le groupe maintient aussi le cap avec sa compagnie aérienne Korongo. Un partenariat avec SN Brussels Airlines. Une compagnie régionale qui a bouleversé tout le paysage aérien de la RDC. En effet, Korongo présente les mêmes exigences sé-curitaires, techniques ou d’accueil que les compagnies issues de l’Union européenne, de quoi bousculer les autres compagnies

GFI, une énergie

toujours renouvelée

Groupe Forrest International

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régionales peu regardantes jusqu’ici sur bien des aspects.Tout en restant bien ancré dans ces busi-ness « historiques » ou « traditionnels », le Groupe Forrest International s’est lancé sur de nouveaux marchés prometteurs et qui répondent à des besoins vitaux, non seule-ment en RDC mais aussi dans toute l’Afri-que. Il se développe ainsi dans le domaine agro-alimentaire notamment avec son éle-vage bovin. Le Groupe compte aujourd’hui pas moins de 34.000 têtes de bétails (les Grelka, pour Grand élevage du Katongola), pour une production d’une viande 100% bio. Objectif avoué : 40.000 têtes. Par ailleurs, GFI s’est lancé récemment dans la culture de la canne à sucre. « Un produit qui est importé à 100% au Katanga », expli-que un conseiller du Groupe.Ces deux nouvelles branches visent es-sentiellement un marché local en constante progression dans un pays à la démographie galopante et où la malnutrition est un des principaux fléaux. « Il s’agit aussi de tendre vers l’autonomie alimentaire du pays par le développement de projets positifs », ajoute-t-on du côté de GFI.Autre nouveau domaine de prédilection du groupe : l’énergie, en particulier hydroé-lectrique et donc durable. Ici, comme pour l’agro-alimentaire, il s’agit d’un secteur en constante progression et qui tend à ré-pondre à des besoins sans cesse plus éle-vés. Une nouvelle société a été créée dans ce domaine: Congo Energy. En partenariat avec Tractebel, cette société du Groupe For-rest International réhabilite d’ores et déjà les infrastructures de centrales hydroélectri-ques congolaises, ainsi que la ligne à haute tension reliant Inga à Kolwezi, l’une des plus longues du monde.Le développement de ce secteur est une priorité pour tout le continent. Comme le Groupe l’a fait dans les mines en RDC, en prenant l’initiative de relancer par des par-tenariats public-privé l’activité minière lors-qu’elle était à l’arrêt (à partir du début des années 90), le Groupe contribue aujourd’hui activement à la relance de l’énergie en RDC. La méthode est la même : être un moteur de la relance, notamment en nouant des par-tenariats avec de grandes sociétés occiden-tales (d’où la présence de Tractebel dans le projet FRIPT) et en menant de grands pro-jets, nécessaires, apportant en République

Démocratique du Congo une plus-value technologique et de l’expertise technique.A titre privé, la famille Forrest est action-naire majoritaire de la Banque Commercia-le du Congo (BCDC), l’une des principales banques commerciales du pays, banque congolaise de référence pour les opérateurs et les institutions internationales. La gestion de la BCDC est cependant complètement indépendante de celle de GFI. La banque n’est d’ailleurs pas intégrée dans le holding. George Arthur Forrest, président du Grou-pe, a pris la décision qu’aucun membre de la famille ni lui-même ne siègent au Conseil d’Administration de la BCDC, intégralement composé de professionnels des domaines financiers et bancaires.Enfin, GFI poursuit sur sa lancée dans le do-maine social, notamment via ses deux fon-dations.La Fondation Rachel Forrest a pour vocation de développer et coordonner des projets au bénéfice des populations locales, en RDC, dans des secteurs allant de l’enseignement à la santé, en passant par les infrastructu-res, la culture et l’environnement. De 2008 à 2012, plus de 11 millions de dollars ont été consacrés à des projets dans l’enseignement (+/- 5.000 élèves congolais bénéficient d’un enseignement de qualité et gratuit grâce à la Fondation Rachel Forrest qui accorde aussi des bourses universitaires pour des docto-rants de l’UNILU, etc.), la santé (construc-tion et don d’infrastructures, par exemple maternités, mais également dons de médi-

caments de qualité à des centres de santé, lutte contre le HIV, etc.), les infrastructures (accès à l’eau potable, signalisation routière, etc.), la culture (art contemporain et cultu-re par l’ASBL Dialogues), l’environnement (soutien à des projets de sensibilisation à la biodiversité congolaise) et le sport (profes-sionnel, comme le TP Mazembe, ou sport amateur).La Fondation George Arthur Forrest, elle, est axée sur la promotion d’initiatives en faveur, d’une part, de la sécurité juridique et judi-ciaire des investissements privés, et d’autre part, de l’éthique des investissements privés en Afrique. La Fondation s’inscrit également dans des partenariats à moyen terme avec des structures sociales, humanitaires ou en-core médicales. L’exemple le plus marquant concerne l’Hôpital Panzi, à Bukavu, du Doc-teur Mukwege. La Fondation y soutient le développement de la laparoscopie, un par-tenariat avec le service du Professeur Guy-Bernard Cadière, de l’Hôpital Saint-Pierre, de Bruxelles, pour les opérations des fem-mes victimes de violences sexuelles dans l’Est du pays. La Fondation George Arthur Forrest soutient encore les projets de la Fon-dation Reine Paola, l’initiative Viva Africa de Sant’Egidio (qui vient en aide à des orphe-lins, enfants de la rue, enfants handicapés, prisonniers, personnes âgées, etc.) ou Move With Africa (envoi de classes d’étudiants du secondaire de la Communauté Wallonie-Bruxelles en Afrique en collaboration avec La Libre Belgique), etc.

République Démocratique du Congo, le renouveau

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Le Boulevard du 30 juin, principal artère de la capitale congolaise accueille, depuis le début de ce mois de juillet, une cohorte de bus résolument modernes. Trois cents engins ont ainsi fait

leur apparition. Un premier grand projet lancé pour tenter de faciliter le quotidien des Kinois et qui doit aussi fluidifier le trafic en constante progression dans cette ville, véritable mégapole de plus de 11 millions d’habitants. “Kinshasa, c’est une ville dans aquelle il y a plus d’habitants que dans toute la Belgique”, expli-que Papa Fidèle, chauffeur de taxi depuis plus de 30 ans. “Avant l ’ é larg issemnt du boulevard, on pouvait perdre des heures entiè-res sur cet axe. Du coup, tout le monde es-sayait de l’éviter. Résultat, les embouteillages se déplaçaient dans toutes les rues voisines, encore plus petites, encore en plus mauvais état.”“Ces 300 bus, c’est bien, mais ce n’est qu’une goutte d’eau dans une ville qui devrait compter des milliers de véhicules de ce type”, constate Fir-min, alias Mister Rumba, un musicien qui fait les beaux jours de certains bars du centre-ville. “Nous aurons rapidement besoin de plus de bus et pourquoi pas, comme à Bruxelles, ville que je connais bien pour y avoir vécu près de dix ans, un tram kinois?” Un appel lancé comme un défi qui pour-rait rapidement être relevé par les autorités congolaise et kinoise qui mettent la derniè-re main au contrat qui va réunir une PME de Soignies, une banque chinoise et une des plus grandes sociétés de construction du monde, elle aussi chinoise. “Ce contrat, c’est déjà neuf ans de travail et d’investissements”, explique Stéphane Dir-ven, directeur développement de Préfarail, société implantée à Soignies. Spécialité de l’entreprise : le rail, ou plutôt “l’emballage des rails” du tram ou de tout autre engin qui utilise le rail. Le “système de la voie noyée”, comme le disent les cartes de visite des pa-trons de Préfarails.L’invention de cette société wallonne consis-te à “déposer le rail” dans une enveloppe faite de caoutchouc produit à partir de pneus recyclés. Chaque année, ce sont ainsi des millions de pneus qui sont recyclés par cette société qui peut ainsi se targuer d’avoir

une influence certaine sur l’environnement, sans compter que ce système de pose de rails propose de limiter les pollutions so-nores (jusqu’à 20 décibels) et les vibrations. Aussi simple que génial. En général, no-tamment pour les chantiers en Belgique ou en France, les rails sont ainsi glissés dans le caoutchouc à l’usine de Soignies où travaillent plus de 80 personnes. Le bé-ton, le caoutchouc, les rails et même, éven-tuellement, les pavés sont préparés sur d’énormes plaques “préfabriquées” qui ne

comportent par contre plus de traverses. Poids d’une telle plaque de 18 mètres de long ? “Quarante tonnes, à quelques kilos près”, poursuit le directeur développement. Le tout est embarqué sur des camions énor-

mes par des grues encore plus démesurées pour être déposé ensuite directement sur le site des travaux. “Le gain de temps est énor-me pour les entreprises qui peuvent réduire le temps de pose des rails. Autre avantage, on creuse moins profondément et, en fonc-tion des besoins, les gaines techniques peu-vent aussi être prévues sur les plaques.” En Belgique, la Stib, société de trans-ports bruxelloise, est le princi-pal client de l’entreprise sonégienne. aujourd’hui, Préfarails sort largement des

frontières belges avec des réalisations en France, Allemagne, Autriche, Portugal, Es-pagne, Grèce mais aussi au Maroc ou en-core en Tunisie et des projets aux quatre coins du monde. Mais le nouveau grand défi, c’est le tram de Kinshasa. “Une aven-ture qui nous a déjà coûté plus d’un million et demi de dollars en études”, poursuit no-tre hôte, “sans compter les billets d’avion,

Un tram belge à Kinshasa

Préfarails, des rails dans la capitale

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les heures, etc. Mais aujourd’hui, tous ceux qui nous prenaient pour de doux rêveurs ou des fous nous regardent avec d’autres yeux.” Et pour cause, depuis quelques semai-nes, le projet a pris corps avec la signa-ture d’un protocole d’accord entre les “ptits” belges et le géant chinois Sino-hydro, entreprise du top 50 mondial dans la construction et l’hydroélectrique. “L’investissement est de 676 millions de dol-lars”, explique Joseph Rode, le directeur général de Préfarails. “L’État congolais ne pouvait pas supporter cet investissement. Les banques de chez nous ne nous ont pas suivies, la banque chinoise Exim Bank a été séduite par le projet et le concept”, enchaîne Stéphane Dirven. Évidemment, pour nouer ce contrat, il fallait désormais un parte-naire chinois pour nos amis belges et c’est donc Sinohydro qui sera le partenaire de Préfarails. “Logiquement, on posera la pre-mière pierre de notre usine fin de cette an-née et le premier tram devrait rouler pour 2016”, poursuit encore Stéphane Dirven. 2016, année de la prochaine présidentielle. Le tram serait une réalisation majeure pour un président sortant qui aime se présenter comme un bâtisseur. Un autre gage de ga-rantie pour nos Wallons. Mais évidemment, pour ce chantier à plus de 6.500 kilomètres, pas question de construire les rails en Belgique et de les transporter sur place. “Nous allons construire une usine sur place et noustravaillerons essentiellement avec de la main d’oeuvre locale”, explique

encore Stéphane Dirven. Il en ira de même pour les conducteurs de ces trams qui se-ront tous des Congolais qui devraient pou-voir bénéficier d’une formation bruxelloise. Le ministre des transports congolais était de passage le mois dernier à Bruxelles pour s’entretenir avec les responsables de la Stib qui devraient être les partenaires de cette formation. Et “pas question de ramener à Kinshasa des machines d’occasion et de vieux stocks bra-dés venant de je ne sais où”, lance encore Joseph Rode, cautionné par le hochement de tête de Stéphane Dirven. Les deux pa-trons de Préfarails savent ce qu’ils veulent et savent aussi qu’à travers ce premier grand projet subsaharien, c’est tout un continent en pleine mutation qui les regarde. “Le projet de la Stik, la Société de trans-port interurbain de Kinshasa, prévoit un premier tronçon de 28 kilomètres de voies. Tout est tracé sur plan et il y aura près de trente sta-tions. Pas question d’aller chercher des véhicules d’occase, pas question de se contenter de piquer quelques poteaux pour les stations. Tout sera neuf, tout sera high-tech et beau”, poursuit M. Dirven. Objectif : 250.000 usagers payants par jour. “Dans la première phase, il y aura 50 locomotives. Mais il est évident que c’est un projet global qui doit aller beaucoup plus loin. On doit penser à l’horizon de 30 ans. C’est un projet à 800 kilomètres de voies (400 kilomè-tres de doubles voies). Regardez Bruxelles : vous êtes sur 240 kilomètres de doubles voies pour une ville qui est beaucoup plus petite que Kinshasa et qui compte une population au moins dix fois moins importante. Là-bas, à Kin, vous avez une mégalopole de 12 ou 14 millions de personnes avec des problè-mes de mobilité, mais aussi de pollution. Le tram est une réponse évidente et notre système de voies noyées est apparu comme

une évidence pour les décideurs locaux. Dans 10- 15 ans, on sera sur 350 locomotives et des millions de personnes transportées.” Évidemment, les Kinois ne disposent pas d’un pouvoir d’achat identique à celui des Bruxellois. “C’est vrai, mais regardez ce qu’ils dépensent aujourd’hui dans les moyens de transport aussi dangereux que polluants. Le prix du billet sera de 1,4 dollar, il sera valide toute la journée. Il pourra donc éventuelle-ment être utilisé par plusieurs personnes mais pas simultanément, évidemment. Je ne pense donc pas que le prix sera un frein.” Le prêt qui serait consenti prévoit un rem-boursement sur 30 ans mais le capital, lui, n’est remboursable qu’à partir de la 9e an-née. “Cela veut donc dire que nous avons

8 ans devant nous. Les trois premières années seront des années d’investis-sements pendant la construction du dé-pôt et des premiers axes. À partir de la 3e année, nous serons en ex-ploitation. L’État congolais a de-

mandé que Prefarails soit associé à la gestion durant toute la durée du prêt. Une sorte de ga-rantie supplémentaire pour les deux parties”, explique encore le directeur développement qui a prévu de s’installer à Kin pendant 5 ans. “Il faut reconnaître que ce type de monta-ge est utopiste en Europe, voire même aux Etats-Unis. Mais si vous regardez des socié-tés de transport en commun dans des envi-ronnements semblables, vous constatez que c’est tout à fait faisable”, poursuit Joseph Rode, le DG. “Il ne faut donc pas comparer la situation avec Paris ou Bruxelles mais bien avec des villes comme Manille ou Kualalum-pur. Ici, les trams sont bien garnis pendant les heures de pointe, soit, au maximum, deux fois trois heures par jour. Là-bas, c’est bondé toute la journée. L’équation est donc différente, les seuils de rentabilité aussi.” Un pari un peu fou prend forme.

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“L’investissement est de

676 millions de dollars”

explique Joseph Rode,

le directeur général

de Préfarails

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Monsieur l’Adminis-trateur-Délégué, depuis quand exis-te la RAWBANK et qui en sont les di-rigeants et princi-

paux actionnaires ?RAWBANK a ouvert ses portes Le 2 mai 2002. Le conseil d’administration est l’or-gane collégial qui dispose des pouvoirs les plus étendus pour la gestion de la banque, l’élaboration de sa stratégie financière, or-ganisationnelle et commerciale, et donc la réalisation de son objet social. Il est com-posé de : Président : Mazhar RawjiVice-président : Musthaque RawjiAdministrateur : Thierry Taey-mans, administrateur délégué, président du comité de direc-tion Administrateurs indépen-dants (par ordre alphabétique): Alain Boucher, membre du co-mité d’audit, ancien banquier exerçant comme consultant indépendant auprès de banques africaines; Michel De-cuypere, président du comité d’audit, an-cien banquier actif en RDC et au Rwanda; Lambert Djunga Shango, avocat à Kinshasa, expert, entre autres, dans les matières ban-caires, les contrats commerciaux, la fiscalité des entreprises et la protection des mar-ques; Robert Joncheray, membre du comité d’audit, administrateur de sociétés, ancien banquier actif entre autres au Niger, en Côte d’Ivoire, au Cameroun, au Kenya et en RDC; Michel Notebaert, directeur commer-

cial et vice-président du comité de direction de RAWBANK jusqu’à fin mars 2013.Le comité de direction est l’organe exécu-tif placé sous la responsabilité de l’admini-strateur délégué et président du comité de direction, entouré d’un vice-président et de six membres. Président : Thierry Taeymans, administra-teur délégué; Vice-président : Olivier Duterme, directeur commercial;Membres : Nadeem Akhtar, risk manager; Christian Kamanzi, directeur des moyens; Arvind Kumar, chief technology officer;

Jean-Pierre Mutuale, secrétaire général; Ba-laji Prabakar, directeur financier; Mustafa Rawji, secrétaire général adjoint.

Combien d’agences compte la Rawbank en RDC ? Quid de l’étranger ? “Nous disposons de 12 agences à Kinshasa. Dans le Katanga, nous sommes présents à Lubumbashi (trois agences), Fungurume, Kakanda, Kasumbalesa, Kolwesi et Li-kasi. Nous avons encore trois agences dans le Bas-Congo (Matadi, Moanda,

Boma), une en Province Orientale (Kisanga-ni) et nous sommes aussi présents à l’Est avec des agences à Goma, Beni, Bukavu, Bunia, Butembo et Kindu. Pour ce qui est de l’in-ternational, nous avons un bureau de repré-sentation à Bruxelles et nous disposons aussi d’un réseau de banquiers correspondants aux quatre coins du monde, des Etats-Unis à la Chine, en passant par l’Afrique du Sud et l’Europe (Bruxelles, Paris, Francfort, Londres, Zurich ou la Turquie).” En près de dix ans, la RAWBANK s’est hissée dans le haut des banques congo-

laises, déclaré banque de l’année en 2010 en RDC par le magazine « The Banker », une publication du Financial Times de Londres et figure dans le prestigieux top 200 des banques africaines de Jeune Afri-que. Quelle est la recette de ce succès ? « La recette de ce succès se résume en trois points essentiels : la volonté des actionnai-res de renforcer les moyens d’actions de

la banque, le profes-sionnalisme du conseil d’administration qui veille au respect des règles de bonne gou-vernance, et la dyna-mique d’innovation et de croissance com-merciale ininterrom-

pue qui place RAWBANK au premier rang des banques en RDC. »

En 2010, vous avez lancé le programme Lady’s First. Quel est son but et quels en sont les résultats probants à ce jour ? « En 2010, RAWBANK innovait en Afrique centrale en lançant ce programme. Objec-tif : améliorer, par la formation, la capacité de gestion des femmes commerçantes et chefs de petites entreprises et, partant, leur habilité à présenter des demandes de financement acceptables par la ban-que. En moins de trois ans, 1054 comptes ont été ouverts à des femmes entrepre-neurs, nombre qui croît régulièrement. Fait marquant de fin 2012 : plusieurs PME gérées par des femmes ayant rejoint en 2010 ou 2011 le programme Lady’s First sont passées dans le segment des clients Corpo-rate de la banque. Ceci confirme le succès de notre démarche qui incite cette clientèle à croître dans le secteur formel de l’écono-mie. A cet effet, nous mettons à leur service l’assistance et le conseil juridique proposés par la banque sous l’appellation RAWCON-SEIL. En 2012, 262 femmes ont bénéficié de

Rawbank, une banque à taille humaine

Rawbank : la succes story

Le programme

Lady’s First, une

innovation qui

séduit !

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formations organisées par RAWBANK dans plusieurs villes. Ces formations de quatre jours comportaient quatre modules :- le développement d’un plan d’affaires; - l’accès aux services bancaires ; - l’élaboration d’un plan marketing ; - le contrôle et la maîtrise des coûts. Dans le même temps, la banque a mis au point un nouveau produit d’épargne-cré-dit : le CRÉDIT AVANTAGE. Au terme d’une épargne de six mois comprise entre 1000 et 5000 dollars par mois, la femme entrepre-neur peut obtenir un crédit d’un montant deux fois supérieur à l’épargne constituée (maximum 60 000 dollars). L’épargne reste en garantie du crédit jusqu’au terme de son remboursement. Mais RAWBANK va plus loin. Nous proposons, en effet, à nos clientes un espace dédié Lady’s First, au deuxième étage de l’agence La Couronne à Kinshasa. Cet espace, unique en RDC, met à la dis-position des clientes des bureaux d’accueil et des salles de réunions, ainsi qu’un coin réservé aux enfants. Elles y sont accueillies par des chargés de clientèle spécifiquement formés au programme Lady’s First. Un ac-cueil personnalisé est également organisé dans les autres villes où la banque est pré-sente. La réputation du programme Lady’s First dépasse les frontières de la RDC. Nous avons été approchés par Cartier dans le ca-dre des Cartier Women’s Initiative Awards, une compétition internationale qui vise à identifier, soutenir et encourager des projets développés par des femmes entrepreneurs. La compétition porte sur l’analyse des busi-ness plans élaborés. Pour l’édition 2013, les organisateurs nous ont demandé d’identi-

fier une vingtaine de femmes entrepreneurs congolaises susceptibles d’être nominées aux Awards. C’est une belle reconnaissance de notre travail sur le terrain. »

Au travers de la Fondation Rawji, quels sont les projets sociaux et culturels aux-quels contribue la RAWBANK ? « Institution d’utilité publique, apolitique, non gouvernementale et non confessionnel-le, la fondation RAWJI a officiellement vu le jour le 4 décembre 2004 à Kinshasa dans le cadre de la loi n°004/2001 du 20 juillet 2001 relative aux associations sans but lucratif et aux établissements d’utilité publique.A travers la Fondation Rawji, les projets sociaux auxquels contri-bue la RAWBANK sont entre autres : - l’octroi des bourses d’études aux étu-diants,- la création des écoles, hôpitaux, centres récréatifs, hospices pour les vieillards.

En 2007, la Fondation RAWJI a reçu le di-plôme de mérite de l’Université congolaise en signe de reconnaissance pour les multi-ples actions qu’elle a entreprises en faveur des universités congolaises entre 2003 et 2006. »

Monsieur l’Administrateur-Délégué, quels sont les défis futurs de la Rawbank et comment la voyez-vous dans le fu-tur ?« Dans un contexte de concurrence deve-nue exacerbée, l’accent sera mis plus que jamais sur le développement commercial, sur la qualité du service en quête de l’ex-cellence, sur la formation du personnel, sur l’innovation et la créativité, sur la proximité du client et la performance du réseau, sur le bon fonctionnement des processus organi-sationnels, sur la maîtrise des risques ainsi que sur la rentabilité de l’activité, source de développement et de pérennité. »

Le 7 juin dernier, la Rawbank a fait souffler un petit air de Principauté de Monaco sur le superbe Théâtre de verdure de Kinshasa. En effet, ce jour-là, la princesse Caroline de Monaco était l’invitée de marque de la Rawbank pour le premier Festival de Printemps des arts de Monte-Carlo. Une invitée exceptionnelle pour une première mondiale. C’était en effet la première fois que ce festival s’éloignait de son rocher.

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Le paradis existe ! Il est planté à deux petites heures de Kinshasa, à un jet de pierre de la N1, la voie express qui relie le port de Matadi à la capitale. Ici, on est sur le territoire de Madimba, à l’ombre du jar-din botanique de Kisantu, lieu magique créé en 1900 par le frère jésuite Justin Gillet. Plus de 25 hectares de pro-

menades à la découvertes de plus de 3.000 espèces de plantes vivantes. Une oasis de calme exceptionnel qu’il fallait jusqu’ici trop souvent visiter au pas de course, faute de pouvoir disposer d’un endroit où déposer ces bagages dans la région. Aujourd’hui, ce constat appartient au passé grâce à la ferme de Mbuela. Un endroit simplement magique. Comme si la modernité, le raffinement et le délassement s’étaient donnés rendez-vous dans un seul et même endroit.La ferme de Mbuela, ce sont 80 hectares couverts de vergers, de champs mais aussi piqué de bâtiments tout confort offrant dix cham-bres (20 sont en construction) et une suite, un restaurant gastrono-mique, une piscine, un mini-golf, un jeu d’échecs géant et, bientôt, un centre de bien-être. Sans oublier, pour la partie plus sportive ou aventureuse, des quads, des vélos électriques et toute une série d’activités pour les plus jeunes (château gonflable). Le maître des lieux, grand amateur de bandes dessinées, a dû se

souvenir d’une case de Tintin au pays de l’or noir lorsqu’il s’est mis en tête de créer cet endroit qui a tout du mirage pour Dupont-Du-pond.Antoine Ghonda, le maître des lieux, a commencé à bâtir son rêve au début de 2010. “Je suis parti d’un postulat tout simple : le tourisme peut être un outil pour le développement d’une région. Jusqu’ici, les

gens ne faisaient que passer soit en allant ou en revenant de Matadi, soit en visitant le jardin botanique. Mais il n’y avait pas moyen de poser ses bagages. Aujourd’hui, je veux que les gens sachent qu’ils peuvent venir, qu’ils seront bien accueillis, qu’ils disposeront de servi-ces haut de gamme. Je veux les dorloter pour leur donner l’envie de revenir.”Grâce à ce lodge, les habitants de la région disposent aussi d’un petit marché supplémentaire pour leurs produits. “Nous faisons le

Agritourisme au Bas-Congo

Rencontre avec Antoine Ghonda

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marché dans les villages du coin”, confesse Paul Odin Bondo, fils du Bandundu associé à Antoine Ghonda et qui ne cache pas sa déter-mination à aller implanter le même type d’établissement dans sa province natale. “Nous prenons le temps de choisir les plus beaux légumes, nous donnons ainsi l’envie aux vendeurs de faire attention à la qualité de leur produit”. “Nous sommes donc aussi devenus une vitrine pour ces petits exploitants”, en-chaîne Antoine Ghonda, ancien ministre des Affaires étrangères et ambassadeur itinérant du chef de l’Etat congolais, bien heureux de pouvoir aussi s’arrêter quel-ques jours dans son home sweet home. “Les gens, ici, récoltent un miel exception-nel. Nous le mettons évidemment sur nos tables et nos visiteurs ont commencé à y prendre goût. Désormais, en quittant la ferme de Mbuela, il est fréquent qu’ils s’arrêtent sur le bord de la route pour en acheter quelques pots. Nos voisins l’ont bien compris et le miel est en train de devenir une vraie source de rentrées financières.”

Mais si la vitrine touristico-gastronomique est séduisante, la fer-me de Mbuela est d’abord et avant tout une... ferme. “Nous avons des milliers d’arbres fruitiers. Nous avons ainsi des citronniers, mandariniers, orangers, man-guiers, papayers, mangoustaniers ou des ananas et même des pommiers plantés il y a trente ans par mon père”, poursuit An-toine Ghonda.“Nous avons aussi planté 4.000 à 5.000 palmiers et nous pensons installer une pe-tite usine de transformation pour produire de l’huile de palme. Les habitants du coin me connaissent, ils ont regardé attenti-vement ce que je faisais. Aujourd’hui, ils commencent à comprendre qu’ils peuvent faire autre chose que de brûler les arbres pour en faire du makala (charbon de bois). Ils ont ainsi planté de l’eucalyptus qui est un bois superbe que les abeilles adorent, ce qui donne ce miel exceptionnel.”L’ex-ministre se souvient aujourd’hui de sa précédente campagne électorale.“Les gens me demandaient pourquoi je ne ve-nais pas avec des t-shirt comme les autres. Moi, je préférais investir, car il s’agit d’in-vestissement, dans les puits d’eau ou même dans une télévision locale. Je voulais faire du durable. Ça a pris du temps mais aujourd’hui, les gens comprennent. La télévision locale a ainsi créé une vraie émulation entre les écoles. Il y a aujourd’hui des concours scolaires qui poussent les jeunes à travailler, à améliorer leur culture générale. Grâce à la ferme de Mbuela, nous attirons aussi de plus en plus de jeunes Kinois. L’école belge s’est déjà inscrite pour des visites lors de la prochaine année scolaire. A deux heures de Kinshasa, les élèves peuvent venir à la découverte d’un monde qui n’a rien à voir avec celui de la capitale.

Au fil des semaines, je me rends compte que la ferme de Mbuela a un effet d’entraînement. Je vois que des voisins viennent s’installer. Regardez, là-haut, sur la colline, c’est un Kinois qui est revenu dans

le coin. Nous participons donc à notre façon à la relance d’une région. Si d’autres suivent notre exemple, nous pouvons espérer qu’il redeviendra possible de faire le tour du pays dans d’excellen-tes conditions et qu’il ne s’agira plus seulement d’histoires nostalgiques remontant au temps des colonies. Nous pouvons le faire. Cette ferme en est la preuve”, conclut Antoine Ghonda, bien décidé à développer encore la production agricole de sa ferme et à étudier les possibili-tés d’exporter cette production vers d’autres marchés régionaux. “D’ici, vous êtes, si la rou-

te était bonne, à deux bonnes heures de l’Angola et à trois ou quatre jours de Port Elizabeth en Afrique du Sud. Aujourd’hui, si vous voulez commercer avec l’Afique du Sud, il faut passer par des camions qui re-montent vers Lubumbashi et, de là, des avions qui décollent sur Kins-hasa. Evidemment, quand le bien arrive à Kinshasa, le prix s’est envolé sans que cela profite aux Congolais. Si nous parvenons à relancer la production dans la région, la réfection de la route aura un sens écono-mique et on pourra mettre fin à cette vraie gabegie. Sans oublier aussi

que le port de Matadi n’est pas bien loin. La plupart des cargos qui déchargent leurs containers repartent, le plus souvent, les soutes vides. Un de nos objectifs est de les remplir. Nous avons des premiers contacts pour exporter de la papaye vers l’Asie. Voilà un fruit qui m’intéresse beaucoup. En effet, huit mois après avoir été plantés, les papayers portent déjà des fruits. C’est l’idéal. J’investis ainsi dans des produits qui rapportent rapidement. Il en va de même pour le cheptel. J’ai commencé avec quatre porcs, il y en a 60 maintenant. J’ai aussi des tilapias et des chèvres. Ca nous permet de consommer des produits locaux dans la ferme et de contrôler au mieux la qualité de ce que nous offrons à nos convives.” Pour l’anecdote, la ferme héberge en son sein, le meilleur cuistot ès-chèvres de Kinshasa. “Il est très réputé dans la capitale. Je suis allé le trouver et je lui ai proposé de venir voir la ferme. Il a immé-diatement été sous le charme. J’ai mis une cuisine à sa disposition. Il est indépendant et fait ses achats sur les marchés locaux.

C’est une forme de contrat de confiance entre nous et les producteurs de la région.”Sous peu, la ferme devrait s’agrandir pour avoisiner les 600 hectares. “On donne déjà du travail à plus de 150 personnes, demain ce chiffre sera encore bien plus élevé. C’est un coin du Bas-Congo qui doit se remettre à vivre pleinement”, sourit Antoine Ghonda, en écoutant les airs fredonnés par la jeune chanteuse de l’orchestre mis sur pied pour agrémenter les week-ends à la ferme. Un vrai coin de paradis s’est installé ici..

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Si nous parvenons à

relancer la production

dans la région, la

réfection de la route aura

un sens économique

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Ohada ! Les cinq lettres revien-nent dans la bouche de la plupart de nos interlocuteurs congolais. L’Ohada apparaît comme la nouvelle garantie tout-terrain pour les investis-

seurs en RDC. Info ou intox ? Rencontre avec Francisca Fiore-Yogo avocate au Barreau de Bruxelles et spécialiste du droit de l’Ohada.

Pouvez-vous définir en quelques lignes ce qu’est l’Ohada :“L’Ohada signifie Organisation pour l’Harmo-nisation en Afrique du Droit des Affaires. C’est une organisation internationale instituée par un Traité conclu en 1993 et entré en vigueur en juillet 1995 (mais il n’est devenu effectif en RDC que le 12 septembre 2012). Son objectif : amélio-rer la sécurité juridique et judiciaire en Afrique et ceci par l’adoption d’un droit des affaires uni-forme dans les 17 pays de la zone Ohada. Pour la RDC, il s’agit-là d’une véritable “révolution” certains parlent même d’un big bang juridique car la création de cette grande zone commerciale régie par les mê-mes règles de droit permet non seulement l’application immédiate d’un droit des affaires unique et identique pour les pays signataires concernés, mais également de faciliter la constitution des entreprises supranationales et les investissements régionaux ou internationaux. Le Traité Ohada prévoit non seulement un droit uniformisé dans diffé-rents domaines du droit des affaires, mais il vulgarise aussi l’arbitrage. Pour ce faire, il crée une nouvelle conception de l’Arbitrage qui ne doit plus être perçu comme une défiance au magistrat.”

Le Droit Ohada c’est donc une forme d’arbitrage en cas de li-tige?“Pas exactement, mais il encourage l’arbitrage en cas de litiges com-merciaux. C’est par exemple la Cour Commune de Justice et d’Arbitra-ge (CCJA) qui a la compétence du contrôle de l’arbitrage. Une solution

innovante qui s’écarte du modèle d’autres juridictions suprêmes. Cette compétence est plus qu’utile sur un continent où la justice privée se substitue parfois à la justice d’Etat.”

Faut-il épuiser toutes les voies de recours au niveau national avant de se présenter devant les instances de l’Ohada ?“Cela dépend de la procédure à laquelle vous faites allusion. La pro-cédure en Droit Ohada est assez complexe mais pas compliquée. C’est la même juridiction qui est compétente pour la procédure judiciaire et pour la procédure arbitrale. Il s’agit de la CCJA. Dans sa fonction ju-diciaire contentieuse, la CCJA est juge de cassation à la place du juge national. Elle ne peut donc être saisie qu’après que les juges nationaux aient statué en première instance et en appel. La CCJA rend ensuite sa décision comme le ferait un troisième degré de juridiction, même si elle ne l’est pas au sens propre, et termine le litige. Contrairement aux arrêts des Cours de cassation classiques, la CCJA se prononce sur la forme et sur le fond des affaires qui lui sont soumises. Son pouvoir de cassation est en fait un pouvoir de révision puisqu’ il s’agit d’une

cassation sans renvoi du dossier devant une autre juridiction. Ses ar-rêts sont assimilés – sans aucune procédure particulière nécessaire - aux décisions rendues par les juridictions des Etats membres. Ils ont autorité de chose jugée et force exécutoire comme si c’était un arrêt national pour chacun des pays de la zone Ohada. Dans sa fonction arbitrale, comme la CCJA n’a pas le monopole de l’arbitrage il revient aux parties de préciser dans leur contrat le mode d’arbitrage choisi. Dans cette procédure arbitrale, les contractants peuvent par exem-ple décider de soumettre tout litige qui naîtrait de l’exécution de leur convention à la procédure de l’arbitrage organisée par la CCJA même si une instance est toujours engagée devant une autre juridiction, en première instance ou en degré d’appel.

Quelles sont les garanties dont dipose un investisseur ?“Personnellement, je pense que le système retenu par l’Ohada est une

partie de la solution pour apaiser le climat des af-faires dans cette zone et pour redonner confiance aux opérateurs économi-ques. Deux exemples me viennent à l’esprit. Tout d’abord, en matière des sûretés, la récente réforme législative de l’Ohada a adopté un régime plus moderne et mieux adapté

aux besoins du monde financier et bancaire. Le législateur commu-nautaire a voulu faciliter l’accès aux diverses formes de financement en faveur des entreprises et notamment des PME. Ce nouveau régime étend et rend plus efficace l’application des sûretés tout en protégeant les intérêts du débiteur ou du constituant de la sûreté. Ensuite, les mécanismes de recouvrement des créances et procédures d’exécution au profit des créanciers mis en oeuvre par l’Ohada en sont une autre preuve. Prenons le cas de la RDC. Avant l’Ohada, le Congo disposait d’un arsenal juridique datant surtout de l’époque coloniale. Grâce à l’Ohada le Congo dispose dorénavant, comme tous les autres pays membres, de procédures simplifiées de recouvrement et des voies d’exécution dont les dispositions sont largement inspirées du droit français actuel et offre en cette matière des outils plus modernes adaptés aux conditions économiques mondiales.”

Imaginons que je sois un investisseur belge, que faire pour pou-voir bénéficier rapidement de l’ohada? “Rien. Le droit Ohada est un droit supranational, d’applicabilité di-

recte et obligatoire sur l’ensemble de la zone Ohada.”

Le club du Tout Puissant Mazembe

“La révolution Ohada”

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Le club du Tout Puissant Mazembe

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Francisca Fiore-Yogo, avocate en droit des affaires

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La province du Bandundu, à un jet de pierre de Kinshasa, a perdu de son lustre. L’ancien grenier agricole du pays a vu, au fil des ans et des crises successives, ses terres désertées par les majors

internationales. Du coup, aujourd’hui, la province, complètement privée d’électri-cité (à l’exception de la ville de Bandundu), lutte simplement pour survivre. Faute d’in-vestisseurs, le Kwilu se meurt. La plupart des usines qui ont fait la renommée de la région sont dévastées, les routes laissées à l’abandon. Ici, la nature a pleinement repris ses droits. “Dans les années 70, la RDCongo occupait, après la Malaisie, la deuxième position mon-diale dans la production d’huile de palme”, explique Olivier Kamitatu, député, ancien ministre du Plan et ancien président de l’Assemblée nationale, revenu sur ses terres pour relever un défi majeur. “Dans la pro-vince du Bandundu, dans les chefs-lieux de territoires de Masi Manimba, Bulungu, Baga-ta, Gungu et Idiofa, plus de 56 usines avaient été implantées. Quand les crises successives ont fini par briser la détermination des inves-tisseurs, c’est toute une gigantesque région qui a sombré.”Le constat est sombre mais pas question de

baisser les bras. L’homme politique a trouvé son petit coin de paradis à Mikwi. Mille hec-tares d’une palmeraie vieillissante mais au potentiel réel. Des études sont menées, des partenaires recherchés, des négociations entamées. Au bout de quelques mois, la société SOPLANCO est portée sur les fonds baptismaux. Dès l’annonce d’une possible reprise, c’est toute une ré-gion qui se remet à espérer, tandis que les investisseurs parcourent le monde pour mieux appréhender leur nouveau défi et recherher les outils adéquats pour la relance de l’activité.

Le projet SOPLANCO à Mikwi est devenu le symbole de l’espoir d’une reprise d’acti-vités du secteur huilier dans le Kwilu. Olivier Kamitatu, associé à Rik Herbots, un indus-triel belge présent au Congo à travers la société de forage SOFOCO, ont décidé l’an dernier de créer la Société des Plantations au Congo, SOPLANCO, et de s’investir plei-nement dans le rachat de l’ex-CKE-Mikwi, bijou de l’ancien Domaine de la Bakali. Actuellement, la production de la vieille

plantation de Mikwi de 1.000 hectares com-binée aux achats aux coupeurs est de 30 tonnes/mois, soit 1000 litres/jour. SOPLANCO emploie déjà 90 agents et fi-nance les achats de fruits auprès de 400

coupeurs répartis dans un rayon d’une trentaine de kms autour de l’usine.

Près de 6.000 personnes vivent dans les 4 camps de travailleurs au sein de la plantation dont la toute grande majorité - com-me dans tous les villages congolais - sont de jeunes enfants.

Outre le rachat de la plantation à la suc-cession Pirmez du Domaine de la Bakali, SOPLANCO a investi dans la réhabilitation de l’outil de production et a procédé à l’ac-quisition de trois gros camions dont une camion-citerne qui évacue les huiles vers Kinshasa. Actuellement, la création d’une pépinière de palmiers-nains en vue du remplacement des arbres, l’achat d’une unité d’huile pal-miste et d’une savonnerie sont en discus-sion. D’ici décembre, ces nouvelles unités de production - palmiste et savon - pourraient être opérationnelles. Le 24 juin dernier, toute une région s’était donnée rendez-vous à Mikwi pour l’inaugu-ration officielle du site. Gouverneur en tête, toutes les huiles locales avaient fait le dé-placement pour célébrer comme il se doit la relance de cette entreprise qui est appelée à se développer. “Notre objectif ? Arriver à renouveler les 1.000 hectares de palmiers et investir das le palmiste et la savonnerie”, ex-plique encore Olivier Kamitatu.

La palme de l’espoir

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Olivier Kamitatu, Palmeraie de Mikwi

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Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années. La phrase de Pierre Corneille va comme un gant à Sese Bomboko, jeune trente-naire devenu patron de Sprl active dans la province de l’Equateur, à 300 kilomè-tres de Mbandaka.

“Mon père est originaire du village de Boleke, depuis des années, il y possède une vaste concession sur laquelle il produisait du café, du caoutchouc et du bois”, explique le jeune homme, rentré au pays mi-2011, après un cursus scolaire en Belgique. “Ensemble, on cherchait une activité qui pouvait transformer la matière première en produit fini ou semi-fini. A force de recherches, on s’est lancé, déjà en 2008, sur la piste de la menuiserie. J’étais aidé autant par l’ex-périence et la détermination de mon père et de ma mère que par la connaissance dans le domaine du bois de mon beau-père. Il fallait trouver comment on pouvait travailler au milieu de cette forêt où l’essentiel-le de l’activité avait été interrompue il y a une vingtaine d’années. Autant dire que la nature avait pleinement repris ses droits”, poursuit-il.

En 2011, la première commande tombe pour des lambris à livrer à Kinshasa. “Pour transporter le bois, on a réfectionné un bateau à travers une deuxième sprl. On utilise donc le fleuve Congo pour ramener notre production à Kinshasa.” Mais pas question de transporter les immen-ses grumes que l’on voit souvent dériver sur le fleuve. L’idée est de transformer directement le tronc d’arbre en planches. “On a déniché une scierie portative en Australie”, explique encore Sese Bomboko. “Elle nous permet de scier le tronc en planches dès que l’arbre est abattu. Pour communiqer avec nos hommes sur le terrain, on a aussi dû trouver une société de phonie parce qu’il n’y a pas de GSM dans la brousse. On peut ainsi commander l’essence que l’on veut et le nombre de planches dont on aura besoin. Cela permet

aussi de n’abattre que ce qui est vraiment nécessaire. C’est donc un système respectueux de la nature.”

Les essences les plus communes sont l’afromosia, l’iroko, le padouk ou le sapelli, mais la liste est longue, très lon-gue. “Nous fabriquons des lambris, des planchers mais nous confectionnons aussi des meubles ou même des cuisines. Nous avons un service de montage qui place à domicile à Kinshasa.” Prochain objectif, l’exportation de la production. “Nous sommes en négociations très avancées avec la Chine. Ici, on a clairement dépassé le stade des pourparlers. On avance aussi avec l’Irlande du Nord et on a des touches,

mais c’est un début, avec la Belgique. L’objectif est toujours de tra-vailler un maximum la matière brute au pays. Mais nous pouvons

aussi exporter le bois scié, soit un produit semi-fini. L’idée est vraiment d’amener le plus de valeur ajoutée sur place.”Aujourd’hui, la société emploie direc-tement 80 personnes. “Soixante-cinq en Equateur (abatteurs, prospecteurs, scieurs, etc.) et quinze à Kinshasa. A l’intérieur du pays, on prend évidem-ment en charge les salaires mais aussi tous les soins de santé.” Un engagement social qui ne s’arrête pas là. La sprl Bisso Parquet a aussi re-lancé une ONG sur le territoire de Bo-lomba. Objectif, cette fois, construire une école. “Pour relancer ce bout de territoire, il faut relancer une activité

économique mais aussi faire du social. Avec l’attelage sprl – ONG, on a pu aller frapper à la porte du fonds social de l’Etat. Pour pouvoir bénéficier de cette aide, il faut que la populatuion locale amène 10% du prix de la constrcution. Nous avons fourni le bois de charpente et les briques du bâtiment, ce qui représentait ce montant. Le fonds

social a pris le reste à sa charge et une école est sortie de terre. Une première petite pierre”, conclut Sese Bomboko qui es-père encore pouvoir rénover les dispensaires laissés à l’abandon pendant de longues années. “On ne part pas de rien, les bâti-ments existent mais ils sont ter-riblement délabrés.” Pas de quoi freiner l’ardeur et la détermina-tion du diplômé de l’Université Saint-Louis de Bruxelles.

Sese Bomboko, jeune entrepreneur en pleine forêt équatoriale

République Démocratique du Congo, le renouveauRépublique Démocratique du Congo, le renouveauRépublique Démocratique du Congo, le renouveau

Back to the roots

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Frédéric et Laurent Mwashirwa sont deux frangins. Vingt-huit et 31 ans. Un long passé en Belgi-que, des études en sciences-po, tourisme et marketing. Des pre-mières expériences profession-

nelles dans l’hôtelerie, les services et les jus de fruits. Un début de carrière sympa mais une énorme envie enfouie dans un coin de la tête. Un jour, revenir au Congo pour ten-ter une autre aventure. Lors d’un de leur passage en RDC, ils se rendent compte que les produits nationaux sont largement absents des magasins, res-taurants et hôtels. Côté jus de fruits, l’absence est encore plus criante. On est proche du zéro absolu. In-croyable et inacceptable pour un pays qui regorge de fruits. “La comparaison avec les autres pays de la région accentue encore le malaise. Du Rwanda au Kénya, en passant par la Tanzanie ou le Burundi, tous mettent en valeur leur production nationale. Non seulement, ils cultivent les fruits, mais ils les transforment et les commercialisent”, expli-quent les deux frères qui se sont lancé le pari de faire au moins aussi bien. “On veut

faire des jus de fruits frais avec des produits 100% congolais et sans le moindre additif”.L ’ e x p é r i e n c e belge d’un des frères va aider à lancer le mou-vement. Mais il faut tout inventer. Trouver un lieu de production, des fruits, une marque et un réseau de distribution. La liste est longue mais les deux frères ne re-noncent pas et vien-nent poser leurs ba-gades à Kinshasa. Un appartement servira de local de produc-tion. Les fruits seront achetés sur les petits marchés, tandis que le produit fini, dans sa petite bouteille, sera commercialisé quasiment en faisant du por-te-à-porte dans un premier temps. Ce sont d’ailleurs les frères Mwashira eux-mêmes qui s’occupent des livraisons. “On n’a pas de grands moyens mais on y croit parce qu’on

sait que le produit est bon. Que la démarche est 100% bio. Les fruits ici poussent sans le moindre produit chimique. Lors de la fabri-cation des jus, nous n’ajoutons abso-lument rien et ça permet de limiter les importations. Donc, c’est du Congolais et du vert 100%. Notre recette est très ba-sique : d’excellents fruits, des conditions d’hygiène maximale basée sur les stan-dards les plus exi-geants. On ajoute juste un peu d’eau et, parfois, un peu de sucre pour adou-cir, quand il le faut. Sans oublier quel-ques petites astuces que nous conservons ja-lousement”, s’amusent les deux patrons. Aujourd’hui, le produit s’installe chaque jour un peu plus sur le marché kinois. “On sait qu’avec notre petite bouteille en plasti-

que à 500 francs, c’est encore un peu cher pour le mettre à la portée de tous les Congolais. Mais pour l’ins-tant, avec les coûts que nous avons, nous ne pouvons pas baisser nos prix. Nous ne déses-pérons pas d’y arriver mais il faudrait alors

que nous puissions faire diminuer certains coûts. Nous y travaillons.”Les frangins se coupent en quatre pour faire

connaître leurs produits et ils n’ont même pas hésité à coller leurs frimousses sur leurs bou-teilles. “Jambo est un nom qui son-ne bien. Tout le monde le connaît et il fait allusion à nos racines swa-hilies. Le logo, il s’est imposé as-sez facilement. Ici, personne ne nous connaît. On voulait que les consommateurs

sachent que derrières ces bouteilles de fruits frais il y avait de jeunes congolais. Comme on ne peut quand même pas être absolu-ment partout, on s’est dit que c’était peut-être une bonne idée de se caricaturer sur les

étiquettes.” Nul doute que ce logo aussi audacieux qu’ori-ginal participe au succès de la marque qui se décline déjà aujourd’hui en une multitude de couleurs synonymes d’une multitude de goûts. “Le maracuja ou fruit de la pas-sion est notre best-seller. Mais le mangoustan, l’ananas ou le bon

vieux jus d’oranges marchent aussi très bien.” Les frères Mwashirwa ont aussi envie de véhiculer certai-nes valeurs. “Le bio s’est imposé naturellement. Mais nous avons aussi envie de nous inscrire dans une re-lation durabe et de confian-ce avec les agriculteurs. Nous voulons ainsi partici-per à notre façon, avec les moyens qui sont les

nôtres et un produit que nous pouvons essayer de maîtriser de A à Z, à la relance économique de ce pays. Oui, c’est possible de réussir ici. Nous n’y sommes pas encore mais on a le sentiment qu’en continuant à tra-vailler dur et sérieusement on va y arriver.”

ECONOMIE

39République Démocratique du Congo, le renouveauRépublique Démocratique du Congo, le renouveau

“Consommer local”

République Démocratique du Congo, le renouveau

Jambo, jus de fruits naturels

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ECON

OMIE

Albert Kasongo est le patron de l’Office congolais de contrôle (OCC), l’entreprise au service du développe-ment économique, de la protection des consomma-

teurs et de l’environnement en RDC. La création de l’OCC est l’aboutisse-ment de 60 ans d’expérience, dont le point de départ se situe en 1949, au moment où l’État congolais ins-taura un programme de vérification des marchandises avant embarque-ment. En soixante ans, cet organisme de-venu OCC, va s’intégrer aux insti-tutions, étendre ses compétences et développer ses métiers, et enfin, devenir le leader sur son marché.“C’est un organisme crucial tant pour le consommateur congolais que pour l’économie nationale”, ex-plique Albert Kasongo. “L’OCC, ce sont déjà 3422 collaborateurs, 9 di-rections provinciales et 22 agences, implantées sur l’ensemble du pays”.Les missions de l’OCC sont multi-ples. “Pour l’Etat congolais, notre client institutionnel, nous assurons aussi bien le contrôle de qualité, de quantité, de conformité et de prix de toutes les marchandises et produits à l’importation comme à l’exportation, mais nous prenons aussi en charge les analyses physico-chimiques et microbiologiques des produits ou encore le contrôle technique sur les appareils de production, dans le sec-

teur de la sécurité de l’envi-ronnement du travail, de la métrologie légale, de l’indus-trie et des travaux de génie.”“La liste est longue” avait prévenu M. Kasongo, qui poursuit son énumération en ajoutant le très stratégi-que contrôle et certification de la production industrielle nationale.Evidemment les contrôles effectués par l’OCC portent sur des éléments divers.

Il y a ainsi aussi bien des contrôles de qualité, ceux-si s’effectuent soit au lieu de production (au cours de fa-

brication avant et/ ou à la sortie de l’usine), soit au niveau de ses propres laboratoires. Mais l’OCC peut aussi mener des contrôles de quantité. Une fois encore, ceux-ci peu-vent être exécutés soit au niveau de la pro-duction, soit au niveau de l’embarquement

et/ ou au débarquement des marchandi-ses et produits exportés. “C’est sur base de ces contrôles que l’Etat congolais peut taxer marchandises et produits”, explique M. Ka-songo qui explique encore que son office, véritable gendarme de l’activité économique sur l’ensemble du pays, effectue encore des contrôles de prix ou, encore, des contrôles de conformité des marchandises.”“Vous l’avez compris, continue le patron de l’OCC, toutes ces activités visent à lutter contre la fraude, à garantir la protection de la santé de la population, l’atténuation des effets de l’inflation importée, sans oublier que nous sommes aussi un vrai gage de garantie pour les opérateurs économiques”.Les principaux postes frontières de la Ré-publique démocratique du Congo connais-sent une hausse soutenue des revenus liés

aux exportations. Dans cette optique, un des prochains ob-jectifs essentiels de l’OCC est la recon-naissance de tous ses laboratoires. “Les laboratoires d’analy-ses des produits mi-niers, ceux de micro-biologie ou les labos

agroalimentaires sont vitaux pour notre éco-nomie”, poursuit M. Kasongo. “Quand nos laboratoires seront reconnus internationale-ment, nous pourrons travailler sur les mêmes bases standards que tous les autres labora-toires du monde. Nos produits deviendront

alors beaucoup plus compétitifs. Aujourd’hui, nos produits miniers sortent évidemment déjà de nos frontières. Mais la certification in-ternationale donnera encore plus de valeur à ces produits made in Congo”. Evidemment, au vu des richesses du sous-sol, ce sont les produits miniers qui ramènent le plus d’argent. Mais, aujourd’hui, la RDC veut diversifier son offre à l’international et travaille ainsi beaucoup sur l’agriculture. “Tout le monde sait que notre sous-sol finira un jour par s’épuiser. Les minerais que nous retirons du sous-sol ne repoussent pas. Les produits agricoles, eux, sont appelés à revenir saison après saison. Ce qui nous pousse à mi-ser sur l’agriculture qui doit nous amener à l’autosuffisance mais aussi à gonfler nos exportations. Aujourd’hui, le port de Matadi voit entrer des containers de pro-duits que nous produirons dans un avenir proche.” Le Congo a retrouvé le goût du business, l’OCC a et aura un rôle crucial à jouer pour faciliter cette explosion d’un géant qui ne de-mande qu’à retrouver sa place sur la scène internationale.

Albert Kasongo, Directeur de l’OCC

“Assurer l’avenir du pays”

République Démocratique du Congo, le renouveau

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SPOR

TS

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Chapeau blanc vissé sur la tête, Moïse Katumbi, fait, ce dimanche-là, une en-trée discrète dans l’enceinte du stade du Tout Puissant Mazembe Englebert, situé

sur Kamalondo, une des cités historiques de Lubumbashi. Son club. Son stade flambant neuf avec un gazon synthétique de dernière génération. Mazembe, c’est l’équipe phare de la République démocratique du Congo. L’une des meilleures équi-pes du continent africain, victo-rieuse en 2009 et 2010 de la Ligue des Champions de la Confédéra-tion africaine de football (CAF), fi-naliste de la coupe du Monde des Clubs en 2010, seulement battu par l’AC Milan.Ce dimanche, sous un soleil léger, tous les Lushois n’ont d’yeux que pour le derby entre le Tout Puis-sant Mazembe et le FC St-Eloi Lu-popo, les deux frères ennemis de la capitale du Katanga. Le stade, ultra-moderne, est copieusement garni. “Il contient 20.000 places assises”, explique, fièrement, Fofo Konzi, le vice-président du club, assis dans un des “box” qui garnis-sent l’un des côtés du stade. De vrais loges business louées pour 5 ans par quelques grosses entre-prises locales. “C’est un match sous haute ten-sion... pour nos adversaires, parce qu’ils savent qu’ils vont perdre”, explique, hilare, un supporter de

Mazembe tout de noir et de blanc vêtu, les couleurs de son club. “Ils essayent de nous déstabiliser parce qu’ils savent qu’ils vont être battus”, s’amuse son voisin de droite, couvert de jaune et de bleu des pieds à la tête, pour supporter son Lupopo. “Ils ont les millions injectés par le gouverneur Katumbi mais nous, à Lupopo, on va leur démontrer qu’on est plus forts même sans cet argent”. Et de défier son ami en sortant un billet de

100 dollars pour un pari. Un geste de défi qui se terminera par une franche rigolade, quelques fausses invectives et une tape dans les mains.Le match se soldera finalement par la vic-toire des Corbeaux de Mazembe sur les Cheminots de Lupopo (1-0), avec un but in-scrit sur penalty. Pas franchement brillant de la part des stars du TP Mazembe. “Ce qui compte, dans un match comme celui-là, c’est la victoire”, reconnaît le président-gouverneur Moïse Katumbi. D’autant que le TP Mazembe a re-pris la tête du championnat devant le rival de toujours, le Vita Club de Kinshasa. “Ce match, c’est un peu comme un Ander-lecht-Bruges ou Anderlecht-Standard de Liège chez vous”, sourit Moïse Katumbi. “La tension est réelle, c’est vraiment dans la tête que ça se passe. On a raté une multitude d’occasions qu’on ne loupe jamais autre-ment. De l’autre côté, les adversaires nous ont vraiment malmenés pendant un bon quart d’heure. On retiendra donc le résultat”,

sourit-il. Si Moïse Katumbi martèle à qui veut l’entendre qu’il n’a aucune ambition politique, côté foot, par contre, c’est autre chose. Cette année, pas mal de joueurs venus d’autres pays africains sont venus gonfler l’effectif de Mazem-be. “C’est parce que la relève n’était pas encore tout à fait prête”, explique celui que tout le monde appelle ici par son prénom. “En même temps, c’est aussi un signal envoyé aux Congolais. Ils voient aujourd’hui que Mazembe peut séduire des grands joueurs d’autres pays afric-ains et pourquoi pas, demain d’Amérique latine ou d’Europe?” Les premiers essais dans ce sens n’ont pas été très concluants. “C’est vrai que nous avons transféré un Brésilien, Julio Santos, la saison dernière. Ce ne fut pas une réussite, malheureusement. C’était un bon joueur mais pas meilleur que ce que nous avons. C’est un petit échec mais cela ne signifie pas que nous avons fermé les portes du Brésil ou d’ailleurs. Nous sommes même en pourparlers avec des Belges et des joueurs d’autres pays européens.”Le président n’en dira pas plus. Mais

Moïse Katumbi:

“rendez-vous dans 5 ans”

La KFA, c’est l’espoir du patron de Mazembe. Une acadmie de

football inspiré de ce qui se fait dans la crème des crèmes des

clubs de foot comme le FC Barcelone ou Arsenal.

“Nous disposons, rien que sur Lubumbashi, d’un

réservoir exceptionnel”, explique Moïse Katumbi.

La KFA, pour Katumbi Football Academy, a ouvert

ses portes en janvier 2012. Les rênes de cette école

de football mais aussi de vie ont été placées entre

les mains de Régis Laguesse, ancien footballeur

français qui a travaillé longtemps en Côte d’Ivoire

en compagnie de Jean-Marc Guillou, l’homme qui avait amené une

armée de joueurs ivoiriens voici quelques années à Beveren. Copa

Boubacar ou Yaya Touré (compagnon de club de Vincent Kompany

à Manchester City) ne sont que deux noms parmi tant d’autres.

Moïse Katumbi, lui, rêve de remporter la Coupe du monde des

Clubs champions avec une équipe largement composée d’éléments

sortis de son académie.

“Les jeunes ne sont pas encore tout à fait prêts”,

explique le président de Mazembe, “mais ils vont

bientôt émerger. Ils jouent déjà en première division

et ils sont même 4e du championnat.”

Le vivier est exceptionnel, Les 18 joueurs de l’équipe

des 16-17 ans de la KAF ont été sélectionnés parmi

6.000 prétendants. “Tous ces candidats venaient de

Lubumbashi. On voudrait que les autres clubs puissent suivre ce

mouvement et que chacun puise dans son vivier local. Le Congo du

foot va vous surprendre. Cette génération qui arrive est fabuleuse”,

termine le président et le premier supporter de son club.

Comme Le Barça

ou Arsenal

Le club du Tout Puissant Mazembe

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Mazembe veut surtout croire dans son vivi-er local. (Voir encadré) A Lubumbashi, les maillots du TP Mazem-be sont omniprésents dans la rue, un suc-cès populaire qui ne rap-porte pas beaucoup d’argent dans l’escarcelle du club. “La grande majorité de ces mail-lots sont des contrefaçons. Ce succès populaire de Mazembe vous pouvez le trouver dans pas mal de pays de la région”, continue Moïse Katumbi qui, pour nous prouver ses dires, compose un numéro de télé-phone. “C’est un ami en Zam-bie, je le mets sur haut-par-leur”. “Quels sont les maillots de football que l’on retrouve le plus chez toi?”, lance-t-il à son interlocuteur. “TP Mazembe”, répond en anglais la voix de l’autre côté de la frontière toute proche.

“OK, c’est un manque à gag-ner mais ça rapporte un peu d’argent aux vendeurs, je ne vais pas leur faire la guerre. Le business plan n’est pas le même ici qu’en Eu-rope. Vous savez combien nous rapporte un sponsor maillot ? 30.000 dollars par an. Une paille. Les loges, nous avons fait une bêtise, je

le reconnais. Quand le nouveau stade a été construit, nous avons loué les dix box pour 5 ans. 2.500 dollars par mois, soit 25.000 dol-lars. Aujourd’hui, on sait que ça vaut plus mais on ne va pas revoir les contrats. Quand

les spectateurs viennent dans ces loges, c’est 500 dollars par personne, soit 6.000 dol-lars par box. Non, vraiment, on aurait pu gagner beaucoup plus d’argent.”Le club est d’ailleurs défici-taire. Le budget du TPM os-cille autour des 10 millions de dollars en cas de qualification pour la ligue des champions. Il retombe de 50% si le club ne se qualifie pas. “La Ligue des champions nous coûte beaucoup d’argent en salaires et en primes. Mais je veux es-sayer d’y être chaque année. Je veux être champion chaque année. Je veux aussi aller le plus loin possible sur le conti-nent et même au niveau mon-dial. Jusqu’ici, on n’a rien gag-né mais c’est pour bientôt. J’ai foi dans cette nouvelle vague qui arrive. Je vous donne ren-

dez-vous dans 5 ans, ici, à Lubumbashi avec le trophée de la Coupe du monde des clubs”, lance-t-il. Rendez-vous est pris !

République Démocratique du Congo, le renouveau

Le TP Mazembe et son président connaissent bien le foot belge. Et pour cause,

Un des tout premiers matchs des Corbeaux lushois sur le conti-nent européen s’est déroulé à Charleroi mais aussi et surtout, parce le premier club de RDC a signé à l’aube de la saison 2011 un partenariat avec le Sporting d’Anderlecht. “C’est un bon partenariat. Pas du tout un partenariat financier, d’ailleurs. Si Anderlecht a besoin d’un joueur et que nous dispo-sons de ce qu’il recherche on pourrait très aisément le prêter au club bruxellois”, explique Moïse Katumbi.Quand on parle joueur congolais à Anderlecht, on pense immédia-tement à Dieumerci Mbokani. Un ex sociétaire du club de Lubum-bashi. “Il a signé à Kiev pour 12,5 millions d’euros, Anderlecht doit être content. C’est une belle plus-value pour le club bruxel-lois.”En 2012, deux autres éléments de Mazembe ont débarqué chez les Mauves: Patou Kabangu et Bedi Mbenza. Six mois et puis s’en vont. “Ils sont arrivés en plein championnat, ce n’était pas facile pour eux. Ca ne pas pris, ils voulaient tenter leur chance, ils sont revenus au club. Mais d’autres échanges se feront”, rassure le boss.Bedi Mbenza, reparti, cette fois sous le soleil de Tunisie, était de passage à Lubumbashi pour le derby contre Lupopo. L’occasion de saluer les supporters et de recevoir une belle ovation.

“Un bon partenariat

avec Anderlecht”

LE PALMARÈS depuis 1966

12 Titres nationaux5 Coupes nationales2 Coupe d’Afrique des clubs champions (1967 et 1968)1 Coupe des Vainqueurs de coupe (1980) 2 Coupes de la Ligue des Champions de la CAF (Nouvelle formule depuis 2009) – 2009 et 20102 Supers Coupes de la CAF 2009 et 20101 Finaliste du Mondial des Clubs Fifa en 2010

République Démocratique du Congo, le renouveauRépublique Démocratique du Congo, le renouveau

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Le contraste entre la richesse du Kivu et la précarité dans laquelle vivent ses habitants depuis plus de 20 ans est choquant ! Cette ré-gion, qui devrait être un véritable paradis, est détruite depuis trop

longtemps par des guerres, des problèmes interethniques et par le pillage systématique de ses richesses par des intérêts nationaux et internationaux. Les populations villageoi-ses sont massacrées, les enfants sont recru-tés comme soldats, le viol des femmes et les tortures sexuelles sont une arme de guerre, l’environnement est saccagé, les ressources naturelles pillées sans aucun bénéfice pour les populations locales ou pour l’Etat. Les vic-times de cette crise veulent devenir les ac-teurs de la paix pour la région, les jeunes, les femmes veulent s’engager pour devenir les bâtisseurs d’un avenir à la mesure de leurs ambitions et d’un rêve de grandeur et de paix. La population congolaise a soif de paix et a à cœur de voir s’établir un état visant à promouvoir l’intérêt commun et le bien-être de tous. C’est par la culture et grâce au Foyer Culturel de Goma que nous voulons promou-voir la paix et la réconciliation par l’organi-sation d’un grand festival international de musique qui sera aussi l’occasion de focali-ser via la culture l’intérêt international sur la région. Ce festival est donc un moyen de rassembler par la culture et d’essayer de ré-veiller les consciences nationales et interna-tionales pour que les choses changent pour mettre en œuvre une politique visionnaire en faveur d’un développement durable visant le bien-être de toute une population”. Cet ap-pel est signé Eric de Lamotte, ex-banquier

belge ayant travaillé trois ans à Goma avant de revenir en Belgique en 1990.Depuis, l’homme a toujours conservé des liens étroits avec cette région. Des envies de faire bouger les choses, de refuser la fatalité

qui s’est abattue sur ce Kivu victime de tous les maux.En 1994, quelques mois après le gé-nocide rwandais, il lance une première asbl, En avant les enfants. “Tout est parti de témoignages d’habitants de la ré-

gion qui nous disaient qu’il y avait de nom-breux enfants abandonnés, qu’il y avait des personnes qui les prenaient en charge mais qu’elles manquaient cruellement de moyens. On a donc commencé à lever des fonds pour leur venir en aide.” D’autres projets suivront

comme la création d’un atelier de broderie pour permettre aux femmes d’avoir des re-venus ou encore un projet de soutien aux petits producteurs de café. “Vous savez, dans les années 90, le Kivu produisait chaque année 35.000 tonnes de café. L’année derniè-re, officiellement, la production était à 0. Les guerres sont passées par là, les exploitations ont été dévastées et ce qui est encore produit sort clandestinement par le Rwanda. Ici, nous avons créé une pépinière qui doit permettre de régénérer les plants de café et de relancer la culture.” Eric de Lamotte, qui a attendu jusqu’en 2005 pour retourner personnellement au Kivu, ne savait pas encore ce qui l’attendait. A force de rencontres et de discussions, une idée fait son chemin. Pourquoi ne pas orga-niser un festival de musique pour la paix. “Il s’agit aussi de transmettre une autre image de la région. Aujourd’hui, quand on parle de cette région, c’est toujours pour évoquer la

CULT

URE

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Amani, un festival

pour la paix

Eric de Lamotte et le Festival de musique de Goma

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guerre, le viol des femmes, le M23, les Maï-Maï ou les FDLR. C’est une réalité mais ce n’est pas la seule. On voulait lancer un autre message. Je ne connais rien à la culture, rien à la musique mais je trouvais que c’était la bonne idée.” Du coup, avec des jeunes Congolais mais aussi des Rwandais, il se lance dans l’aven-ture. en 2008, un premier petit festival local voit le jour. L’idée séduit mais il faudra du temps pour passer à la vitesse supérieure et créer Amani, le festival qui se déroulera du 30 août au ler septembre dans le grand stade le Goma. Eric de Lamotte va convaincre les sponsors, locaux et internationaux, de le suivre. Les artistes suivront. Quatre chan-teurs internationaux répondent à l’appel : Youssouha, Fredy Masamba, Pitcho Womba Konga et Lexxus Legal, sans oublier une pa-noplie de groupes locaux sélectionnés sur base d’un concours organisé chaque semai-ne à Goma. 170 groupes vont se succéder. Trois seront finalement retenus.“Nous aurons aussi des groupes folkloriques de la région, la grande région”, sourit Eic de Lamotte qu parle de groupes venant de la RDC, du Rwanda et du Burundi. Convaincu que le bruit des tambours peut étouffer celui des fusils, le banquier devenu promoteur de festival à sa grande surprise, veut croire que ce rendez-vous musical peut offrir une vitrine exceptionnelle à cette ré-gion, qu’il peut amener sa petite pierre à un processus de paix réclamé à cor et à cri par une population civile plongée dans des

guerres successives de puis plus de 20 ans.“L’engouement est réel. On attend 40.000 spectateurs en trois jours. Ce sont plus de 450 bénévoles qui vont se retrousser les manches. Même la Monusco va appor-ter son soutien pour assurer la sécurité à l’extéreur de l’enceinte du festival”. A force de remuer ciel et terre, de lancer des appels à la mobilisation; Eric de Lamotte est même parvenu à être reçu par la première dame du Congo. “Elle a été séduite par le projet et nous allons pouvoir bénéficier de son patronnage. C’est un joli coup de pouce.” Et comme si cela ne suffi-sait pas, l’organisateur s’est mis en tête de traverser la frontière pour organiser une journée de ce festival à Kigali, au Rwanda. “Le 30, les quatre tête d’affiches se produiront dans un grand stade de Kigali. C’est vrai-ment la cerise sur le gâteau. On ne va pas résoudre tous les problèmes de la région en trois jours. Mais on peut faire évoluer les mentalités. Faire voir cette région fabuleuse sous un autre prisme. Nous allons en faire un festival respectueux de la nature

et nous organiserons en marge des concerts, des ateliers avec des ONG qui porteront sur la bonne gouvernance, la paix,... Nous en profiterons aussi pour lancer une pétition pour la paix et la récon-ciliation. Nous espérons que tous les festivaliers la signeront. De nouveau, nous ne sommes pas du-pes, ce ne sont pas 40.000 signatures sur un bout de papier qui vont faire taire les armes du jour au len-demain. Mais ça doit par-ticiper à un mouvement de fond qui doit montrer l’aspiration à la paix de toute une population massée de part et d’autre de la frontière”. Le coût de la place : 1 dollar. “Nous ne voulions pas le faire gratuitement. Un dollar, ce n’est pas rien dans cette région mais ce n’est pas infaisable loin de là. Nous ne cherchons pas à faire du bénéfice,

c’est le message et le symbole qui comptent. Si nous dégageons du bénéfice, nous l’inves-tirons directement dans la petite maison des jeunes de Goma d’où tout est parti”, conclu Eric de Lamotte.

République Démocratique du Congo, le renouveau

Eric de Lamotte, le promoteur inattendu du festival Imani qui

entend faire bouger deux pays les 30, 31 août et le 1er septembre

prochains, est un amateur inconditionnel de cette

région. “Pourtant, je n’ai aucun lien historique

avec elle. Je l’ai découverte par hasard, pour le

travail. Trois ans comme banquier et puis s’en va.

Mais que de souvenirs. Que d’images imprimées

à jamais.” A tel point que notre banquier s’est

aussi lancé dans le tourisme pour tenter de faire

découvrir une région exceptionnellement belle.

“Evidemment, ces dernières années, c’est nettement

plus difficile. La fermeture du parc des Virunga est aussi un sale

coup pour le tourisme. Mais même dans ce contexte actuel, il est

tout à fait possible de voyager. Evidemment, on ne part pas dans

les Kivus comme on irait à Vichy. Mais je dirais que ça vaut pour

de très nombreuses régions dans le monde où il

est quand même préférable de bien préparer son

voyage. En fait, dès qu’on sort des sentiers battus,

il est primordial de bien se préparer. Ca permet

aussi de commencer à voyager avant de partir”,

sourit Eric de Lamotte, qui veut promouvoir un

tourisme responsable qui se propose d’allier la

visite de sites exceptionnels à la découverte de

la réalité socio-économique et à la rencontre des

habitants de la région par la visite de projets humanitaires et de

développement socio-économique.

Long terme Les organisateurs de ce

festival Amani ne cachent pas leur ambition. Ce premier

festival devra en appeler d’autres. “Evidemment,

organiser un rendez-vous comme celui-ci, dans

cette région, n’est pas une sinécure. Mais ce n’est pas impossible non plus, nous

en sommes la preuve et les sponsors qui ont accepté

de nous suivre sont la démonstration que nous ne sommes pas qu’une poignée d’illuminés”, explique Eric de Lamotte. “Il est évident que

nous voulons inscrire ce rendez-vous dans la durée. Nous avons déjà des idées pour le prochain rendez-

vous, notamment sur l’endroit où nous pourrions

planter notre scène.”

Kivu Travel :“le tourisme est possible”

République Démocratique du Congo, le renouveauRépublique Démocratique du Congo, le renouveau

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L’art de la cuisine en République démocratique du Congo? Tout un programme dans ce pays aux allures de conti-nent avec ces 2,3 millions de km2, ces 400 ethnies et des diiférences de climat qui justifient une culture alimen-taire naturellement différente. Le plus complexe, donc, quand on parle table au Congo,

c’est de savoir par quel bout commencer. Peut-être les “Gandas”, les “maquis” des ouest-africains. Des res-taus/bistrots/barbecue posés à même les trottoirs et même parfois carrément assis dans les petites rues. Comme ils ne répondent à aucune norme, l’administration de Kinshasa à décidé de s’y attaquer, dans certains quartiers du moins. Pourtant, c’est là que les gens de la rue se font plaisir, qu’ils mangent le Congo au figuré et que l’am-biance se fait. En matière de spécialités, la chèvre s’impose. Elle est rôtie au grill, découpée de façon très différente de ce que l’on peut faire chez nous, savoureuse et ac-compagnée de chikwangue ou kwanga. Lors de votre séjour à Kinshasa la chikwangue du plateau de Bateke est considérée comme ce qu’il y a de meilleur. Mais qu’est ce que la chikwangue ? Il s’agit d’un genre de pain de manioc roui, cuit à l’eau et moulé dans une feuille de bananier. C’est un peu l’équivalent de la pomme de ter-re ou du pain en terme d’accompagnement de la viande. En matière d’accompagnement, le lituma est un autre incontournable congo-lais. Il s’agit d’une “pâte” de bananes plan-tains pilées que l’on cuit à l’eau bouillante et dont on fait des boulettes. Une spécialité de la Province orientale (Kisangani) qui accom-pagne parfaitement le liboké, un plat de pois-son (mais pas seulement, toutes les viandes peuvent aussi se plier à cette recette), soit du capitaine, soit du tilapia, qui se mijote en un peu moins d’une heure. Une petite recette ? Pour commencer, écaillez le poisson, tronçon-nez le en gros morceaux. Placez les pièces obtenues dans une casserole profonde. Ajoutez-y des épices et des légumes, de l’oignon, de la tomate et des piments sans oublier le kokoliko, la poudre de courge. C’est ce qui donne toute la saveur du plat. Saisissez le tout rapidemment. Ensuite, pre-nez des feuilles de bananier, faites une papillote avec le contenu de la casserole, n’oubliez pas le jus de cuisson. Posez sur le grill et laissez cuire entre une demi-heure et trois quart d’heures. Aujourd’hui, dans les villes surtout, le papier aluminium semble sup-planter les feuilles de bananier et le four électrique ou le gaz rem-

place progressivement la braise (makala). Deux changements qui modifient la saveur ou le goût du plat. Malgré ce vent de moder-nisme, le Congolais est largement attaché à ses feuilles de bananier qu’il utilise comme assiettes dans lesquelles sont présentés les mets et aussi comme marmites dans lesquelles ils sont cuits.Une autre spécialité du pays est le biteku-teku qui se nomme ama-rante en français. On ne résiste pas à vous confier une recette : mettre le poisson fumé à cuire dans de l’eau 10-15 minutes, jusqu’à ce qu’il ramol-lisse et se défasse facilement. Laver les feuilles à grande eau, puis les hacher finement en les maintenant en bouquet serré. (on peut aussi le faire au mixer, mais elles vont devenir grises alors...). Les faire cuire dans de l’eau à mi-hauteur une bonne demi-heure. Pendant ce temps, démonter le poisson et enlever la peau. Ajouter la chair dans la casserole de biteku-teku.

Pour la préparation de la sauce: mettre de l’huile à chauffer dans une poêle, y jeter l’oignon émincé et le faire revenir un moment. Ajou-ter une boîte de tomates, le concentré et écraser le tout en purée. Ajouter le cube Maggi (une star de la publicité dans tout le conti-nent subsaharien) le sel, le poivre, la muscade. Laisser “confire” à feu moyen.Ajouter cette sauce au biteku-teku cuit et laisser mijoter encore un bon quart d’heure. On peut ajouter un piment sur la sauce 5-10 mi-nutes avant la fin de cuisson, pour parfumer. Attention qu’il ne se perce pas !. si vous ne trouviez pas d’amarante sur nos étals, vous pouvez utiliser des épinards, mais ce n’est pas la même chose au

niveau de l’amertume. L’accompagnement de ce plat pourrait être du fufu de manioc. Il s’agit en fait de farine de ma-nioc cuite dans de l’eau bouillante et mise en forme de boule ensuite. On peut l’assaisonner un peu comme on le souhaite. Ajoutez dans vo-tre panier gourmand, le malangwa (pangasius) un poisson qui se travaille en liboke, le simbiliki (le porc-épic) qui ressemble d’ailleurs un peu à du porc, surtout après quelques verres de Pri-mus, Simba ou Tembo. Si vous êtes du genre aventurier, n’hésitez pas à déguster les fourmis ou les chenilles. Cela peut paraître peu ragoûtant comme ça à première vue, mais ce n’est pas plus terrible qu’un escar-got ou une paire de cuisses de grenouille. De plus, les nutritionnistes semblent recommander ces produits car ils sont riches en nutriments et protéines. Ce sont aussi des sources alimen-taires d’avenir car très nombreuses et ne cau-sant pas de problème quand à leur développe-ment d’un point de vue écologique.

CULT

URES

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Tous “chèvres”

de la cuisine congolaise

La cuisine congolaise

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Enfin, impossible de parler de la cuisine congo-laise sans don-ner une recette de moambe de poulet, recette qui, à elle seule, évoque le Congo. Le saka saka qui l ’ a ccompagne est en fait le nom local que l’on donne aux feuilles supérieures du plan de manioc. Vous pouvez aussi l’accompagner de rondelles de bananes plan-tain frites (makemba). C’est parti : préparez 3/4 de litre de bouillon de poule. Dans une grande casserole, faites fondre du beurre et de l’huile d’arachide. Faites-y dorer les morceaux de poulet. Retirez-les de la casserole pour y faire blondir les oignons. Ensuite, remettez le poulet dans la casserole, mélangez, salez, poivrez et saupoudrez de quelques pincées de pili-pili. Versez le bouillon en remuant, ajoutez la boîte de moambe en remuant encore, puis l’ail, le thym et le laurier. Di-minuez la flamme et faites réduire jusqu’à obtention d’une sauce liée. Laissez mijoter une bonne heure. Surveillez bien : cette sauce s’accroche très vite au fond de la casserole. Rectifiez l’assaisonnement. Pour éla-borer la sauce piquante, dé-layez dans le jus de cuisson un peu de pili-pili, un peu à la manière de la harissa pour le couscous.

Et pour accompagner tout ça ? Bien entendu, une Primus, en bouteille de septante-deux centilitres. Si vous voulez montrer que vous avez un peu plus de moyens, n’hésitez pas à commander une Mutzig, en vingt-cinq centilitres, c’est un peu plus cher. Vous pouvez aussi vous diriger vers une Turbo King, une bière d’homme, costaude, une vraie quoi. Vous trouverez aussi au grè de vos pérégri-nations congolaises, de la Skol, de la Doppel ou de la Mutzig. Ceux qui préfèrent ne pas passer par une petite (ou grande, 72 centilitres, quand même) mousse, se di-

rigeront vers le sucré comme le Djino ou, plus moderne, le jus frais Jambo . Et si vous aimez les alcools, ne manquez pas le premier rhum local, élaboré par la compa-gnie sucrière de Kwilu-Ngongo, qui appartient à la famille Lip-

pens, dans la province du Bas-Congo. Nom de ce breuvage: le Kwilu, du nom de cette rivière superbe qui arrose le Bandundu. Un rhum très marqué par la canne au parfum boisé. Bref, voilà un tout petit aperçu des nombreuses spécialités congolaises un pays où l’on pratique l’art de vivre et de se faire plaisir entre amis au quotidien autour d’une bonne bière et de quelques trucs à grignoter sans se pousser du col, un pays où le mot convivialité prend tout son sens !

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