ruesdeparis02

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r^^^

LES

RUES DE PARISPVHIS ANCIEN KT MODEUNE

l'ARlS.

TVI'OCRAPHIK

1K

whtkusiii: MI ,

,

un

MIINTMORI

Nf.V

N"

8.

i_

-_^

-^^Or.aurD

d'

ntaurnoTit,

LES

m

ES DE PARISfM

imimMiElliS,

M M!DMmCil

ORIGINES, HISTOIREMOM'MKNTS, COSTTMKS,liOMOliES

KT TRADITIONS

siiKiE

l'Ait

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luieiiatiihe coMimi'oiiAnh

SUIS

i,.\

ilinr.r.TioN

m:

l't

illiislif'

(le

;i(ll)

dessins

cxeciils

pur

les

arlistps

les

plus

flisliii.iics

TOME SECOND

PARIS(i.

KIJGELMAN.N,

KDITEIIU,IS44

ir.,

UUK .lACOB

Jv **'**Jyt>vS^

E vais voyager.

O

irai-jc?

Ail:

leurs, je ne sais pas o, en vrit

tons les chemins conduisent l'en-

nuirive

;

mon Dieu,!

faites (|ueje

nar-

jamais

Pourquoi

voyager?

I.e

lointain a des prismes sans

nombre; je veux voir un peu uu's mes amis dans le lointain. amis, ni moi, ny perdrons; Les

M

ahscnts nnl lovt, dit

le

i)roverbe.

Mais

u'est-il

|tas

liien

ennuyeux

d'tre toujours pisent.

Prsent

pour

(pii et

pour(pioi

!

Les absents:

ont tort, dites-vous; moi je dis

les

absents ont tort de revenir.

On aimeabsents(|ui;

mieuxles

les

morts que

les

absents sont des morts

re-

viennent.

le

Avant de prendre la poste, ou chemin de Ter, si je veux aller unvite,

peu ujoinsje

ouil

mon

bton,

si

veux voyager,

faut y rilchirfaire

un peu.

Un nuiyen de

unde;

beau voyage, voyage d'esprit

et

iMeur, de souvenir et (res[rance

voyage autour duvrir

monde, voyageserait d'ou-

autour de moi-mme, cetout

simplemeiil

ma

fentre;

((*sl la

vraie roule (U'ros|)ril: c'estpar l qu'il s'cuvitle pdiir aller parloul,l'on va pied

(laus(ine

le monde o

ou cheval

;

dans

le

inonde o on ne s'lve

sur celle locomotive toute de flamme qui s'appelle l'iuKuihiation. En route, et bon voyage. Insens, est-ce que mon mdecin ne m'a pas dit

de voyager, daller au loin, au bout du monde; pounpmi ai-je un mdecin? Est-ce que vous n'en avez pas plusieurs, madame? aujourd'hui (|uil y a plus de mdecins que de malades, le moyeu de les fuir, ces

messagers dedela

la

facult

;

mais

mort? J'avais jur de vivre et de mourir sans le secours j'ai dans ma famille un pauvre garon, qui d'avocat,:

s'est fait

mdecin, en dsespoir de cause

selon les plus strictes conve-

nances, je doissans entrailles.

me;

faire tuer

par lui, sous

jieine

de passer pour un

homme

En route doncdcn?c'estl et

mais o aller?encore

Vichy, Spa, aux Pyrennes,

Ba-

ailleurs

cpie(jui

coule l'ambroisie du \i\" sicle;

demandezm'-es,

plutt aux belles

dames

vont lu-endre

les

eaux par ennui;

(lupidon s'est mis au rgime; c'est maintenant Vichy, Sjja, aux Pyren

Baden

(lu'onl'eau,

trouve rauu>ur

son gr; c'est aller un peu loinla

pour boire deLe

mme pour?

boire

coupe enchante.je suis imiuit

dirai-je, oserai-je le dire

depuis longtemps

par uneparlentles

fantaisie bizarre; |eiidant (pu; d'autres,d'aller

plus aventureux,

me

Rome,,

Alexandrie, Constanlinople, au Mogol, dans lesla

Manpiises jevoyage dansjauais vula

me promets de saisirla

premire chappe pour faire un

rue Saint-Denis. Pourquoi vous tonner tant? Je n'aiai

rue Saint-Denis; mais j'en

beaucoup entendu

parler. Ce

v(vage n'est

pas trop buig, on peut en revenir.

Je vais donc,

ne vous

dplaise,S'il

me

hasardi'r dans ces peuplades incomuu's.

faut eu croire

nuele

vieille histoire

de Sauvai,

la

rue Saint-Denisla

aurait t, mnu' a|)rs

dluge,

la

rue par excellence de

bonnar sa

femmes

(jui

rue

j'en voyais peine;

une diguep-'ignees,liers

chaussure

et sa

physionomie'dubeau nom dePaiisienne

toutes les autres

taient des [uovinciales sans grce et sans style,

mal

mal

coiffes, vtuesles

au hasard, tranant dans

la

boue des soudes

sans forme. Pouretla

bonnnes, c'taient deslis

[xirlefaix,

commis

de premire annesavoir (pielle tait

des gamins. Je

une balte chez un picier, pourIl

langue des naturels du pays.

trnant au comptoir.

ne vendons

Monsieur, me dit-elle en franais douteux, nous rien au dtail. Je sais, madame, aussi vieus-je vous deletlie

y avait

une femme

mander

mille kilos de

PeUoa .j'en prends tous

les soirs

,

je voudrais

4protilerilc ICscompte.

HUE ET FAL'HOIMU;

Tivs-Iirmi,est-ce

inoiisuMir, assoyez-vous;le

mais

je ne'

connais pas

le

Pekoa

;

du sucre

lietlerave

ou du sucre colonial

C'est dureconnus

sucre de pomme,

du commerce'

Non,

(pie j'tais

madame. Mais diles-nioi, tes-vons coulenle le commerce ne va i)as. A ce mot, en plein Paris. Quoicpie le commerce n'aille pas,monsieur,la

ji;

j'appris pourtant de l'picire, qu'elle i)ossdait |)our cent mille ecusd'iierltajics

en .\ormandi(!, une maisim

Madeleine,

et de(pioi

marier(\u

sa iWU' lllosd, qui devait pouser

un notaire de Beaugency. La dame

comptoir,prier,

(pii

tait

femme

(pioiqu'picire,

mel(?s

raconta sans

sela

laiic

comment

se faisaient et se dfaisaient:

fortunes dans

rue

Saint-Denis. Voil toute l'histoireans, se ruinent

(eux qui veulent s'enricliii' en dix

i)resoint l'picerie,

cest

ruiu'iincria i\n\ i\\\o\H\cla

dans

la

rue Saint-Denis.

Cest

l

vritahh;-

menlJe

rue des lionnetsde colon.

me

remis en route plein d'admiration pour

le

hon sens de

l'picire

!

mais dj passahlement ennuy de ne rien dcouvrir de plus pittoresnls

;

[M'iidaiil

iii(|

ou

six siccN's, la luuirsc, la rue \ iviciiiH' et 'rurloiii, se tioiivaiciil tiMil

simplciiKMil, nie Saiiil-Deiiis.liiilin,vttil

un inoiuuiUMil

(|ui

ura|)[)arailel

:

la

ioutaiuii des lunoccnls.

(loulou a dj parle dans ce

livre,

doul je veux parlera

mon

tour.

Mais

i>ar (|uel clieuiin vais-je aller jnsiiues-l':' coinni(;nl

traverser cellela langue!

liaie lie

leunnes

([ui loiil

des bouquets de cerises tout en parlantl'uvre de Pierre l.escot etsi

de Vad'^

C-elle l'onlaine est

de;

Jean (ioujon:

ied

un pas dans

cette ville grandiose sans

un grand souvenir. Paris,la

c'est le

cur de

la

France

(pii

vous hal sousJ'ai

mainj'y suis

vu une glise,

entr pendant une averse. J'aime

l(!s

glises,la

d'ahord parce que Dieu s'y trouve[)auvre glise renferme

comme ailleurs,elle

ensuite parce (pu^

plus

un prcieux onivre

d'art. E'eglise

de

la riu'

Saint-

Denis s'appelh; Saint-Len Saint-Gilles;

date

du legne de Saint],e

Eouis. Elle est simple et helle, d'un hon style et d'un gracieux aspect.matre-autel est lev sur une chapelle souterraine;statues daptres et de patriarches.('luijH'llcil

est domin par huitse(|ui

La chapelle souterraine

nommeinspire

du Toml)citu;('\\e n'est claire (pie par un demi-jour,

le

recueillemenl. Elle fut construite par les chevaliers du Saint-Sepulcre.s'y

Georges Cadoudal

cacha durant quelques jours, sous

le

tomheau du

Ghrist. L'glise de Saint-Leu Saint-Gilles est la |)lus riche en relicpies;elle

possde celles de sainte Glotide reine de France et de sainte Hlne,

mre de l'empereur Constantin; en outre, elle possde comme toutes les glises de la chi'tient des morceaux d(? la vraie (^.roix, cMpii mfait trislenuiit

songer que Jsus-Ghrist

a

pcnie une croix hien lourde. Sainl-Leu

Saint-Gilles est la seule glise de Paris o l'on osa faire un service; piuirle

repos de l'me de

la

princesse de Lamlialle,au temps

mme:

(h;

sou

liHirihlc

mort. Peu de joni"s aprs, lglise fut misi;

l'encan

deux

juifs

Oltevairi et Stevens, p(tm'(pioi ne pas dire leur

nant qiiehpu's pices

d'(U". Ils

en liicnl un magasint

nom, rachetrent moyen salptre. En ISO'i,deuxjuifsla

quand

les glises

furent rouvertes au culte

iitholi(|ue, les

liMicrenl trois mille francs |)our l'aiiioin' de Dieu. A|>rs\ieM et de SainteMarie-Madeleine. Ce couvent fut institu par un reli^;ien\ de Saint-Franois.

Ce religieux,

1491

dit l'abb

Parmila

celles (pii

doue d'une loquence vive et toucliaiite, convertit, en Vacher, un grand nombre de feuiiues de maiixaise vie. taient filles ou veuves, plus de deux cents se vnnerent a

pnitence et

la clture.

Cette

communaut

subsista jusipren

171).'.

mais non pas grce aux Madeleines repentantes, car ds 1700 il ne s y prsenta plus que des personnes de bonne vie et murs. Kn efit, au xviir sicle on ne se rejientait pas, on atteiulait bravement dans toutes les joies enivrantes du carnaval, ce solennel mercredi des cendres, quis'crit avec quatre chiffres

core prs de

la

1795. Avant la rvolution, on voyait enporte de l'glise un crucifix devant lequel s'agenouillaient:

les

coupeurs de boursesIls

et

autres honntes gens (pi'on menait pendre

a

Montfaucon.

oevauMit l'eau

du Dieu qui s'est fait homme; ils rebnite, autre baptme pour la mort, et s'asseyaient un mo-

baisaient les pieds

nu'nt aleurdeniierlKUKpiel. Les Filles-Dieu leurservaieutlepainetlevin,

,

10

RUE ET FAUBOllIU;

avec de tendres paroles de charit et despeiance; c'tait, dit M. (Miarles Nodier : le repas libre des anciens, adouci par les murs vangliques.J'allais oublier le

couvent du Saiiit-Sepulcre, oules plerins qui allaient

l'btel

de

la

Trinit,

bti eu

l'ir

pour

eu Orient ou qui en reve-

tomb au pouvoir des infidles, le couvent? En 1402, les bourgeois de Paris, matres maons, menuisiers, serruriers, marchandsnaient. Bientt le saint Spulcre tantles

plerins

ne partirent plus. Que devint

l'errants et autres

gens de pit bruyante, aprs avoir, les jours deles

fte,

reprsent les

scnes

plus dramatiques du Nouveau -Testamentla

depuis

la

conception jusqu'aprsla suite

rsurrectionla

,

(dtliiirent

du

roi

Charles VI,

d'un procs avec

prvt de Paris, des lettres-

patentes rigeant leur socit en conlrrie

de

la

Passion,

et lui con-

cdantla

le

privilge de jouer Dieu le Pre,

Dieu

le

Fils, l'antre Dieu,ils

Vierge, les saints, enfin, tous les habitauls du paradis,la

s'instal-

lrent vers

seconde porte Saint-Denis, enla divinit

l'htel

de

la

Trinit. Ces

grotesques parodies de

taient

recommandes an prne commela

de bonnes uvres. Les lidles sortant des vpres se prcipitaient vers

Trinit; l'arfluence tait grande, les thtres d'aujourd'hui n'oirent pas

souvent leurs portes une queue aussi respectabl(\ Le sainttait de plusieurs tagesla terre,:

thti'e

au rez-de-chausse

l'enfer,

au premier tagedes ('glises compoet les vte-

au deuxime tage le paradis. L'orgue:

et la |)rose

saient l'orchestre

c'tait l l'Opra

du xV

sicle.

Les dcorsla

menistaient pareillement empruntes aux glises;tait tait

plus belle chasuble

pour Dieu

le

Pre, tout seigneur tout honneur. Le fond du paradis;

peint par Guyon-le-Doux

c'tait, disait-on, le

plus beau paradis du

monde; Guyon-le-Doux disait lui-mme, dans sa nave admiration pour son (Puvre Jamais n verrez un si beau. Dans ce thtre, s'il y avait unit de lieu, il n'y avait pas tout--fait unit de temps. Le mme:

mystre reprsentait

la

nativit de

Notre-Seigneur etiijlise,

le

martyre de Saintla

Denis, qui s'en allait en elinntanl jusque dans

quoiqu'il et

tte

coupe.

Dans

le

mystre de l'Apocalypse,

les

agents de Domitienle

sempen-

banpuMit

Home pour

Ephse. o saint Jean prche

peu[de.

et

dant (fuils passeront parlera l'enfer, c'est--dire Lucifer, Astaroth, Satan,

Burgibus,

(pie l'ajjproche

d'une perscution met en gat. Ds qu'ils ontlui ptuir

pris l'aptre, les tyrans se rt'inbanpuMit avec

Bonu'.

Ici

entrent

en la nef et pendant leur navUjalhn parlera paradis, c'est--dire Marie,

Jsus

et

Dieu

le

Pre.

(Sainte-Beuve, Histoire du thtre franais.)

Durant plus d'unuiicr

sicle, les confrres de la

Passion jourent lesjjiensesla

farces, les grotesfpu's

mystres, eu llilel dela

Trinit. Ainsi, le prele

Ihflre franais fut ouvert dans

rue Saint-Denis. Plus tard, la foire

berceau de ropera-couiicpu' et du vaiuleville se ti'onveraLaurent, dansla

Saint-

rue du faubourg Sainl-Denis;

la

s'panouira dans toule

SAl.NT-DIvMSsa scve la vkmU''(

11Uc|;iiaiil, l.csagf,

tVanclit; yailc IVaiiraise. Ihiln.'sin

,

Fuselier, Daiicouil, IMron,gat.

les rois

immortels de

l'esprit

qui

fait(jiie

la

En 1775

ils

taient tous morts; on ne riait plus en France

du

bout des lvres. Arlequin ferma pour jamais son thtre. Voulez-vous savoir \'tymolo(iie de la place Gastine? An xvrPierre Gastine, riche

sicle,

marchand dele

la

rue Saint-Denis, tenait chez lui unevit'

assemble de huguenots; onsicles plus tard,

hrla

et

on rasa sa maison. Deuxla lan-

on mit sur

la

place Gastine des catholiques

terne.

On

changeait de religion et de supplice.

Je n'ai pas,rosse dansC. Vanloo.laIl

commey a

Voltaire, dans

une vente

l'encan,

achet un car-

rue Saint-Denis, mais

j'y ai

achet un dessin sur toile sign

dans cette

toile

tout une histoire touchante et myst-

rieuse que je veux vous raconter. Personne n'et

de quoi payer un cigarreou un bouquet; moi, je

l'ai

donne de cette bauche vaillamment achet

un cu

;

car je savais que c'tait:

l la

une

belle

page pleine de larmes,

coutez Caroline Vanloo lut l'ouivre

plus aime de Carie Vanloo, un divin

portrait qui est all enrichir l'immortelle galeriedit sa

dula

ciel.

Le peintreavaitl'Italie.

femme, CatherineI^e I^ieii

Soinis,

surnommem'en

Philomle decur.

d'amour grava Ionl'iiymcii

portrait dansfasse

mon

Et je

\

eux que

une copie.fut le digne portrait

Madame Vanloo

eut une

lille

et

deux

tils; la fille

de sa nu're, plus belle, pins gracieuse, plus adorable encore; ple sousses longs cheveux noirs, laissant tomber de ses yeux bleus,ciel d'Italie,

comme

le

un regard angelique et charmant, vous parlant avec une voix qui allait au cur, une voix faite pour chanter plutt que pour parler. Raphal! Raphal! s'criait Vanloo en contemplant sa tille. Quandle

peintre avait

tini t

des colombes(jui s'est

(pii

se becjuotlent, en

un nu)ltout

l'attirail. (Caro-

line

Vanloo

penche au-dessus de sou pn;, suit son crayon avec la fois.fini, finivA'hi'! lui

un sourire doux

et

amer

Quandv(!rs sa

Carie Vanloo eut

de dvorer ses larmes,

il

se tournala

filli!.

IN'esl-ce

pas

demauda-t-il en lui baisant

main.

Non,la(

rpondit-elle en penchant la tte avec mlancolie.la

Son pre

li'cHivanI

plus ple,

la

prit

dans ses bras

et

l'emporta dans

luuubre de mad.inie Naidoo.

SAI.NT-DK.MS

IT)

Lainorl!Ds

la

inortls'ccriala pauvre

lillc

foute ('gaiTc en tcndautlesbras.\y,\s

cet iiislaut cllo eut le dlire.il

J(!

uessaieiMilit

de peiudre

le

d-

sespoir de son pn;,

demcMira [ds du

de (>aroliue unit et jour,

priant Dieu pour la premire fois de sa vie. Elle

mourutla

(pu'hpies

jours

de

l

d'une maladie (|ue les premit^rs mdecins de Paris n'ont pu d-

finir.

Ne pourrait-on pas appelerpeintres

cela le

mal delille:

vie' S'il faut en croire

Carie Vanloo, les livres seuls ont tu sa

(ui

ne sait pas (juels livres.tt^rrihle;

Le pauvre

ne put retrouver

le

bonheur aprs ce coup

un crpe lugubre couvrit toujours sa fortune et sa gloire. Le dauphin le rencontrant la cour quelques annes aprs ce malheur, lui dinnamlapounjuoiil

tait si

sombre.

MonseigneurIl

je porte le deuil de

ma

lilb;,

rpondit-il en essuyant deux larmes.

avait conserv

dans sonla

atelier,

comme un

triste souvenir, la toile

o Caroline avait dessim''

mort.la

Commentcette(^aylus taittait l'lve

toile se trouvait-elb;la

dans

la

rue Saint-Denis,

vente

d'une ancienne gouvernante de

maison de Lignerac'? Le comte (b; l'ami gnreux de Carie Vanloo le manjuis de Lignerac;

du comte deCaylus, pour la philosophietrs-prs,

et

pour

les arts. Voila,

tout ce que je sais sur l'authenticit decrois.le

mon bauche;

qu'importe(pii

j'y

En

y regardant

our lui,

vin crait

presque;

les

rves de ro|)ium; car son ivresse tait sereine, assoupie, rveus^

sinouLafon-

potique

comme

celle

d'Hoirmann, du moins douce

et souriante.

taine ivre vous et bien reprsent Lantara. Cetvait jias

homme

singulier ne vile dire,

seulement en dehors de son temps,;

il

vivait,

on peut

en

''dehors de lui-muie

son corps n'tait qu'une; guenille grossire dont soude;

mele

se couvrait, fauteil

mi(;ux; mais entre

le

corps et l'me,

la

[uison

et le pris(nnier,

n'y eut pres(|ue jamais d'harmonie. {)\u'cl

tb; fois

dans

nn'ine jour l'me s'envolait dans les bois

dansle

les

monlai;nes pouret

respirer l'arme des herbes ou s'epanouii' surla

buisson avec l'oiseau

lleur, tandis

que

le coiiis restait

sur sou grabat ou se tranait morne

I-i

RUE ET FAUHOUKGdansla salle

et dsoltire.

du cabaret ou dansla

rarrii'e-l)Outi(|uu

d'une

IViii-

L'uie reveuail ivre d'amour et d'ambroisi

16l.'i

UUK ETniti

I

AUHOCIK; SAIiNT-DEMS.lait et

(losfontainos de

viii,

de

d'hypocras, et au-dessus do ces fon-

taines,

les jtins l)elles lilles

de Paris, dguises en syrnes, c'est--dire

tontes nues, rappelant bien ces vers

du pote:

L'embaras de paratre mieFait l'attrait dela nudil^-.

l/iiistnrien

ne daigne pas dire

si le (U'cjuisement fut

du got de ce bonla ville

Louis XI. Aujourd'liui, grce au gouvernement reprsentatif,Paris ne se met plus ensi

de de

belle

liumeur pour fter son

roi.

Au

lieu

ces fontaines de vin, de lait et d'hypocras, surmontes du syrnes vi-

vantes dressant leur sein nu et secouant leurs cheveux flottants, nous

avons une haie de gardes nationaux! Ce fut d'une fentre ouverte audessus de espagnolela:

porte de Charles V,

que Henri IV

vit dfiler la

garnison

Mes baise-mains, votre matre, leur cria-t-il; allez-vousen, la bonne heure, mais n'y revenez plus. Que dirai-je de la porte de Louis XIV? elle est trop visible pour en parler. C'est un arc-de-triomphe qui rappelle bien le passage du Hliin on;

ne peut passer dessous sans se mouiller les pieds.L'histoire dela

rue Saint-Denis n'apprend plus rien de bien curieux.la

En montant dansC'tait d'abord

rue du Faubourg-Saint-Denis, on!

lit

encore une bellepeuple.le

page d'histoire: Saint-Lazarre

Saint-Ladre,l,

comme

disait le

une lproserie:des ordres de

les roisl,

de France rece\aienttaient dposes la

ser-

ment delanl

fidlit

la ville;

gardeal-

des lpreux, les dpouilles mortelles de nos rois et reines de France,

Saint-Denis pour recevoir lablution des prtres du royaume, re-

j)resents par l'archevque de Paris. Cette halte Saint-Lazarre, tait

un

curieux speclacle, louchant symbole de l'galit chrtienne, dit un historien, (^ette galit chrtienne n'est-elle pas

une

raillerie? galit chrs'est

tienne,

aprsle

la

mort!

c'est toujoursonlit

ainsi

que cela

entendu

la

cour. Saint-Vincent de Paille fut abb de Saint-Lazarre et y mourut.

Sousdela

rgime de

la

terreur,

de Saint-Lazarre une prison au

nompai-

libert,

con)me partout

ailleurs.

Le peintre Uobcrtylilles

fut

sauv

uneerreurdenom, mais AndrChnieriU llouchervie.

y crivirent leurs der-

niers vers. Saint-Lazarre estdevenu un refuge pour les

de mauvaise

Le |)auvre saint n"a jamais assist qu'aux misres et aux douleurs(^>

de riiumanit.la

n'taitdonc jjoint assez d'avoir vcu avec les miettes deil

table; aprs sa mort,filles. d(!

est le patron des lpreux, des rois trpassset

et des

joie;

mais lioucher

Chnier ont

scmll'ert

prs de

lui.

Metailler

voil

peu prs au bout de

mon

voyage, je reviens sain et sauf

ma>

[tlinne

pour crire sur mes (h'convertes. Une femme d'espiil'

vnlsions; elle

s'cri,ir

en prsence de toute

populatimi viennoise, joue de bonnedoinia

Mesmer, ou

j)rpare par lui bien l'avance,l'clat

toul--cou|i a

stn

nom

quivoque d'une singulire aurole. Mesmer se promenait un soir sous les magnirnpu's ombrages du l'riitcr, ouhlianlet

son crdit

pour

(pu.'l(|ues

heures:

les hallucinationsil

de ses longues veilles

;

son im;

patience tait visibletait

soudain

;

il

du pied avec une sorte de colre interrogeait de l'd'il des groupes de promeneurs,frappaitl,

il

s'arr-

et

conti-

nuait marcher c etainsil'afl't

dans

uiu' agitation

bien appai'enle;

il

ressemblaitl'attente, a

un amant

(jui

soutire

dans l'horrible purgatoire de

d'une belle matresse, et regrettant, avec l'heure du rendez-vous

(pii

s'envole, du

temps

et

des plaisirs [lerdns.

Eh bien! Mesmer dame jamais il ne:

taitlui

prcisment amoureux, amoureux d une grande;

avait parleil

mais

il

la

voyait de loin cba(|U(' jour,v\

et

en ce

moment

encore,

la

cherchait dans les alles du l'ralcr

sur

les

bords du Danube.ta

Mesuier s'en rctournait dj du ct de

ville,

bien chagrin, bien

malheureux.jeunetille

lois(pril

aperut, au

satin (|ui envelop|)e le cia|olon

entier,

recimnaissablele

respecte

temps

(pii

n'aura point ose

sans doiile

rduire en poussire.tu

Le 15 dcembre,

rentreras dansla

Paris a\('c

U)\\

empereur;di;

le

""

soleil d'-Viisterlil/, illinnim-ia

dernire marche triompiialele

.Na!..

poleon

;

le

peuple criera sur ton passage: Vive

gem'ral Bertrand

pour

le

iiMuercier d'a\ossil>l('

(l.iiis

(('Itc

de saule, s"alialiitalioii voi-

iniis(Mit

loii^ncr Ions les matins,

snr

la tcrrass*'

(lime

sine,

nnM.

vieillard,

nn pote, un aeadniieieii,un'il se plait relire

(|ni fenillette

chaque jour,:

an milieu desc'estd(^

lletirs, lesle livre

(l'uvres spiiilnelles de sa jenni^sse

ce pote,

Jony;

en souriant, en se souve-

nant, eu regreltani peut-tre, c'est nn v(diinie de /7w-//^w/e /a Cliaussopd' An tin.Il

n'a fallu rienle

moins que

la

rvolution de ISr0, jtonr rendre la

la riu>ipii

(Ihantereinetait sa

nom

glorieux de rue de la Victoire;

rue d'Artois,le

surLaffitte.

|ar alliance, a

reu des trois journesla ru(>

nom

populaire

de ruedela

La jusiice du peuple a permis la:

Lallilte et la ruv

Victoire de se donner

main, connue

il

sied lois,

deux bonnes papeut-tre, l'argent

rentes, deux lionnes amieset

pour

la

premire

l'honneur ont trouveL'hahitautle

le

moyen dele [ilus

vivre en famille.lidle,

plus ancien,est

peut-tre(huit lala

le

|dus heureux de

la

rue de

la

Victoire,

nu pauvre savetier

miserahie echopiierue deet la

sei't

d'antithse nn htel magnili(|ue, tout prs de;

Cdianssee(\cs fois,

d'Antin

il

travaille,

eu chantant

,

il

chaule tout

le

jour,

hien

sans (huile

il

rap|)elle, (piehpie:

riche voisin celte j(die fahle (pie nous

((Uiiiaissous tous

Le Savetierle

et le

Financier.la

Depuis longtemps,la

thtre ()lympi(pie dehaiiis;la

rue (Ihaillereine

a

(ole

place

une mais(Ui de

l'ntvideiice prside toiiles lescoiii-

lunaisons,la

toutes les melamorplioses de ce

monde

:

l'eau tide a lave

salle

de speclacle du Directoire.de tapage iioctuiiie,la

(Ihasse du Ihtre ()lyinpi(|ue, p(ur causet;alaulerie a pris sa helle i(de et

son c(Uirage

a (\en\

mains

:

elle a

tra-

vers

le

ruisseau de

la

rue de

la

Victoire; elle s'est rehigiee dans unesiinioiiiinee le thtre Chaiitereine.la

vilaine petitesalle

maisontait

(pie

Ton

a

La

(Mympi(pie

wwo Merveilleuse;jouer

salle

Lhantereine

est

une

Lorette. Les actrices de ce thlre ne sont d'ordinaire (pie de gentilleset folles

conitMliennes,

(pii s(iigeiit

la

comdie heancoiip plusdans rinterl delesla

a la

ville (pie

sur

la

scne; elles s'avisent de

]ilacer,

coillu-

(pietterie eldela c(mvoitise,le pidestal

d'une femme sur

planches

mines d'un spectacleler,

;

il

|dait leur

jeunesse et

leur heant de spcu:

en riant, snrr(')les

les illusions

du monde draiuati(pie

leursiioiir

yeux,

les

plus beaux

ne sont (pie des occasions charmantesdes prtextes admirables pour taler nue

montrernou-

iiiiejolii^ ligure,

loiletle

velle,

(huit

la

foriiie

emporteala

le

lond. Les grandes actrices du thtrela grisette,(Uitet

Lhantereiiie tiennent

fois

de

|)ar

leui-

ducation, de

la

comdienne, par

la

varit des lles (prelles:

jous, de

IMamm Lescaut.bohmiennes,

par rabondance de leurs caiiriccs(pii

ardentes

infatigables

laissent l(miber cliaipie pas une agrafe de leurs robes, dans les

r,'2

UUK DE LA VICTOIUE.iiito iiiiiiiito

hrimssiiillos dos cliomiiis do travorso, sans avoir sciiloineiif la pudoiir do

pordro

pour

roixtiior loiir cointiire!

I>a 1110

do

la

Vicloiro sorail toiit--l'ail lioiirouse, n'otaiont do corlains(|iii

bruits anli-niolodioiix jour, ot(|ui

la

rovoillonl lele

iiiatiii, (|ui:

la

fatiguent dans

le

ronipcliont de dormir

suir

elle se repent,la

mais trop

lard,

d'avoir fi'c un do sos plus hoaux lilols

fal)ri(jue

q pianos et de

pianistes de Messieurs llortz

;

ces deux l'alnMcanls-professeurs ont tabli

dans

la

rue de

la

Victoire une maison nieuld(''0, l'usage des concertantsdo,

de Ions les pays etnnisi(|iie

toutes les coles

:

on

j)eul dire (pi'ils:

logent

la

au jourles

et la nuit,

pied et chevalle

cotte petite industrie

leur a

donnde

moyens r courirelle est

cachet, on voitui'o. sentir,

l^a ru(^

la Victoii'c;

commoiu'o

avec

le

])oids

de rg(%

le

besoin du reposet s jours entre l'glise Saint-Merry etla

Seine, et le

laulMung on

elle se

trouvait. Taisait

depuis longtemps

partie de

la ville,

quand

les

:\or-

niamlsa la tin

le

dtruisirent entirementix*

du

sicle.x',

mires annes dues ruines

Dans les prequand toutesParis

que

les

invasions des Noraut(Uir de

mands causrentl'urenl relevs, le

lauhonrgdu nord.

42

KUE ET KaUHOUIK;se rtablit l'un des premiers.fnt habit

plac sous rinvocatiuii de Saint-Martin,Il

par tous ceux qui se livraient aune iiulustrie dont l'exercicela ville

au milieu de

aurait t prjudiciable

la

sant publique. Cette

poj)uiation, dj

nombreuse

cette

poqueGrve

,

occupait l'espace compris

entre

la rivire et les

premires maisons deentrela

la

rue Saint-Martin;et la

elle s'-

tendait le long de la rivire,

rue Saint-Denis. Lesle

deux rues Planclie-Mibrai/centre.

et des Arcis

en traversaient peu prsla

Sur

le

bord de l'eau l'on trouvait

grande

jtldcc

au Veau,;

et la

Tuerie; un peu plus haut gauche

la Triperie, la Graiiile-Bunclierie

elles

taient derrire le Chtelet. l*uis droite, en se dirigeant vers la Grve,rui rencontrait les

tanneurs,

les

pelletiers, les couteliers et tous lesla

tats qui se

rattachaient au

commerce de:

boucherie. Deux glisesla

s'levaient au

milieu de ce faubourg

tlt

gauche au bout de

rue des

Arcis,et

Saint-Jac(jues,

(jue sa situationlale

surnommer de

la

Boucherie,

droite au

ciuumencemeut de

i-ue

Saint-Martin, Saiiit-Mderir,;

qui fut dsign gnralement sous

n(un de Saiul-Merry

la

rue de,

la

/^/rc//cm/;/er/ qui est aujourd'hui la rue

des llancs-!\lanteaux

n'tait

pas loin

:

les

conoyeurs

levaient

tout

naturellement donner

la

main

aux bouchers.Cette

population qui,la

antrieurement l'invasion normamie. avait

trouv place dansl'le,

premire enceinte de Paris forme en dehors dolit

fut

comprise, mais avec une plus grande tendue, dans celle quele roi IMiilippe-Augiiste. Ainsi,la

au commencement du xin' sicle,

tamlisla

que

la

porte de cette premire enceinte tait situe la

hauteur de

rue N'euve-Saint-Merry,trouvait devant la rue

porte de l'iMiceinte dite de Philippe-Auguste seelle s'appelait Porte-Saiiilet

aux Ours ou aux Dues;tait

Marliu, et

le

mnu' nom

donn en I^i

en

l'2'(7

la

rue

pii

conduisait de cette porte l'glise de Saint-Merry. Cet espace doittre considr

doncregm*

comme

la

plus ancienne partie de

la

rue dont j'essaie dele

retracer l'histoire; c'est

pounpuu surla

le

vieux plan, grav sous

Franois 1",

elle est

appele

(iraud'-Uue-Sainl-Martin.releve innn-

i/anli(pn' chapelle ddi(M' saint Martin ne s'tait pas

diatemeut,s.

Un procs

qui s'leva entre les marguillers de celte parctisseel les moines de Saint-

7rl

UUE ETla

IAUBOI'IK;.la

Martin, obligea ces derniers de transporter

gele, l'auditoire et

la

grande porte du prieur surlieu (ju'en

rue Saint-Martin. Ce changement n'eutil

1575. Derrire les btiments et les jardins du nu)nastr(;,

exista,

jusqu'au

xV

sicle,

un

terrain assez vaste, en forme de carr long:

et

ferm par des barrires en bois les duels judiciaires fort en usage,sicles.

c'tait

un champon

clos

o avaient

lieu

commeled(!

le sait,

pendant plusieurs

L'un des plus clbres dont

champ

clos de Saint-Martin ait

t le thtre, se passa en 1586. Jean

et Jacques Legris, gentilshommes normands, aprs de longues plaidoiries au parledeux ment qui n'eurent aucun rsultat, descendirent dans l'arne pour une

Carouges

cause bien lgitime du reste. Jacques Legris

tait

accus d'avoir protit

de l'absence de Jean de Carouges pour s'tre portla

un

attentat envers

femme de

ce dernier.

Il

niait le crime, et Charles VI,

voyantla

l'inuti-

lit

des plaidoiries des avocats, crut pouvoir comiatre l'antique

vrit en sefut

rapportant

jugement de Dieu. Jacques Legris

vaincu et

foul terre par son rival;

il

ridiisa

l'avouer

\o 'rinu^

bien qne

1!

sei-

gneur de Carouges

lui mt rc|)ee sur la gorge. Suivant les

rglesduducl

judiciaire, Jacipies Legris fut peiulu; son innocence ne tarda pas tre

reconnue, dit-on, et

la

dame de

(^arouges fut oblige d'aller finir ses

jours dans un couvent.

La comnninaul' de Saiut-Marlin, rnncliic

pai'

les

dons considrables

SAI.NT-MAUTl(jiK' lui liieiit

N.pailiculitMs, clailla

i>''

1rs r(is(lc Fi'aiiccsiili;

onde simples

(iiiplc'

la lin

du

xviii'

au

iKunlu'i;

des grands hnlici's de

(a|)ilale.la

A un revenu dedansla

(|uaranle-(in(| mille livres, le tilulairt' joij^iiailla

colla-

tion de vingt-nenl' prieures,

nomination

deux

vicairt:ries [)er[>eluelles

cathdrale

d(^ l*aris, uni':

autre dans celle d'Etanipes, et cin(|

cures del capitale, savoirilc's-Cliaiiips,Il

Saint-Jarijnes-dc-la-lUiuchcrie, Saint-^iculus

Sainl-Laurcnt, Nolrc-Dame-de-Bonne-Nouvelle et Suiitt-Josfeaux-arlsl'ut

charge de

mettre excution. Grgoire, ancien vciue de Blois,

l'un de ceux qui contriburent le plus cet tablissement.

Le reprsen-

tant Alquier lit au conseil des Cin(|-cents un rajiport curieux, qui dsarma l'opposition qu'avait d'abord rencontr ce projet, et le G niai 1708 (ou 17 tloral an vi), le conseil dcrta que les btiments de l'ancien

prieur supprim de Saint-Martin, seraient destins au Conservatoire des

Artsles

et

Mtiers.

Trois

dpts de machines industrielh^'s conqjosrent:

lments de ce muse d'un genre tout nouveau

les

machines

cpie

M. Pajot d'Onzenbray avait donnes l'Acadmie des Sciences

et celles

qui appartenaient celte compagnie; les machines lgues en 1782 au

gouvernement par Vaucanson ments aratoires en nsag(; chez[uojtos de

;

et

un antre dpt compos des instru11

les dilrents peuples.la

serait hors de

donner

ici,

mme

en abrg,

description des objets curieux

de toute nature reulerms dans cette vaste collection, je del'aire

me

contenterai

(piebpuis reniarrpics. (lonti aux soins minutieux et habiles d'unilistingui',

savant

M.

l'ouilUt,et

membre de l'Acadmie

des Sciences,

le

Consenuitoire des Arts

Mtiers prend clia([ne jour une plus grande im-

portaiMc. Dj M. Pouilleta introduit une amliorati(n sensible, en divi-

sant les objets dont ce

muse

se c(Mn[)ose, en

deux classes bien distinctes,mis en

cesl--dire une classe pour toutes les machines, instruments, outils et.\iiT

;

7"

AunKY-LE-HoLCiiER; 8" de Ve.mse1

0(ns; Kl" .\eiivc-Bonrj;-rAI)lH';1.""

1"

du (ir..VM)-niJRLEUU18"

;

l'2"

Gr;

.m

rti/x

Ourse&t aussi mentionne sur

mmela

diplme. Quant au

nom

(pi'elle a

toujours port, c'est celui deOies,

rue aux Oues, aux Ous,y taient tablis. Aussila

c'est--dire

aux

cause des rtisseurs

(pii

est-elle dsigne

dans

(iuel(|ues vieux

docmuents,

rue o l'on cuit lesos.la

Jusqu'en 1745, on lisait sur un tableau tix aucoin de celte rue et de celle(|ui

mur

de

maison qui

fait le

est appele Sale-au-Comle, l'inscriptionla translation

suivante

:

L'an 1418,

le

5 juillet, veille de

de Saint-Mar-

tin,

un

soldat, sortant d'une taverne qui tait eu la rue aux Ours, det

sespre d'avoir perdu tout sou argent

ses habits au jeu, jurant et

0(J

HUE ET EAliBOUHGnomdo Dieu, frappa rurieiisemenl d'im couteau

"

l)las|)liinant le saint

'

rima>

sont gens de palais, trouvent fort trange qu'on vienne leur embarrasser leurs rues, M. Billard surtout, qui se trouvera vis--vis de la porte

du parterre,

crie fort haut, et

quand on

lui a

voulu direil

(ju'il

en auraitfort

plus de commodit pour s'aller divertir quelquefois,

a

rpondu

tragiquementVoil

:

Je ne veux point

mele

divertir.

un

trait tout--fait

dans

got de Molire

!

Il i)aralt

que ce bonle

M.

Billard, quila

ne voulait pas se divertir, l'emporta, puiscjue

jeu de

paume de

rue des Fosss-Saint-Germain-des-Prs servit de refuge auxfaire

comdiens. Qu'on nous permette de

en passant une rflexion

propos des jeux de paume.grs des lumires, dela

Ils

ont singulirement contribu aux prosi

philosophie et des liberts. Leurs salles,

long-

temps consacres

des

amusements gymnastiques,la

virent les jeux

rem-

placs par les exercices de

pense. Les premiers thtres s'y tablirent,

et l'on se souvient (|ue la balle

de

la rvolution, si

nous pouvons nousde

exprimer

ainsi, est partieil

desi

la

main de Mirabeau, du jeule

paume dela tra-

Versailles, et

l'a

lance

haut, qu'elle n'est pas encore retombe.

L'ouverture du Thtre-Fraucais eut lieugdie de Phdre, et

18 avril IG81), parlui. (juelh^

la conu'die du Mdecin muUjr

magnifujuc

08

HUE DE LANClErsr^E-COMEDIE.dansla

asseinlile se pressa ce jour-l

rue des Fosss-Sainl-Geriiiaiii

!

commetriple

ses honntes habitants durent se placer aux fentres

pour voir

[)asser les carrosses.

On admira beaucouples

cette belle salle, entoure d'un

rang de loges richement tolfes,

unes ouvertes,

les autres gril-

les de barreaux; ce

grand vaisseau bois

et dor, clair

par une

bril-

lante roue de chandelles, qui pendait

du milieu du plafond, peint par:

Boullogne

;

la recette fut

de 1,889 livres

c'tait

norme pouret

le

temps.

Quel est ce marquis, vrai marquis de MolireVillage, de

de Regnard, qui, sor-

tant d'un long repas, entre la Comdie-Franaise

pour voir l'Opra de

Dancourt, et s'tablir sur les bampiettes places aux deux

cts de la scne, selon son droit de marquis? Ses jambes sont avines,etil

va commettre quelque impertinence coup sr.le

Ne reconnaissez-vousil

pas

marquis de Sabl?

il

pntre enfin surl'on

le

thtre,

ari'ive

vers

la

douzime scne, au moment oseront sabls.iSrt^/t%

chante dans un couplet queil

les prsil

se dit-il,il

on m'insulte:lui

cherche Dancourt,

le

rencontre dans

les coulisses,le

donne un;

soufflet.

Dancourt

tire l'pe,

mais on entraneSaint-Germain.Voici bien

marquis de Sabl

on

le

porte plus (pie jamais dans

son carrosse, au milieu des brocards des bourgeois del rue des Fosss-

une autre

foule

:

nous sommes au 16 dcembre 1716. Lale

Comdie-Franaise donne un bal, privilge auquel])ra l'obligea

directeur de

l'O!

de renoncer bientt; quelle runionla

!

la fleur

de

la

Rgence!

les

gentilshommes deles

chambre!...

et les belles

comdiennes

la nais-

sance et

grces!

la

fortune et l'esprit! tout cela descend de compa-

gnie des plus brillants quipages

Nous sommeset

fiers

de celte fte pour

notre rue, beaucoup plus que de

la

reprsentation A'Iphjuie, annonce

comme unevoir:

chose qu'on n'avait jamais vuePoisson,le

qu'on ne devait jamaisentendait de

re-

c'tait

Crispin, qui s'avisait de jouer le rle d'Aga-

memnon. PoissonCordeliers.

s'attira tant

de hues, qu'on

les

la

rue des

Vous voulez savoir pounpioi ces se|)t messieurs sortent en grande tenue du thtre? Ce sont des comdiens, parmi lesipiels vous devez remarquer, sa dsinvolture affecte de grand seigneur, ce fameux Quinaull-Dufresne, que Destouches a pris pour modle dans son Glorieux.

Ne venez-vous pas dewm;>oc//cs.''

l'entendre dire ses gens

:

A-t-on mis de

l'or

dans

O

vont-ils ainsi? Ne voyez-vous pas qu'ils se dirigent du ct:

de l'Acadmie-Franaiserar excel-

satisfaction,

en 1750,

le

premier de nos thtres, noire thtre

lence,

tel

qu'on

le dsirait

depuis longtemps, c'est--dire dlivr de cette

portion brillante et lgre du public, qui en faisait l'ornement et l'em-

barras; de ces gens du bon ton, de ces jeunes ofticiers, de ces magistratsoisifs,

de ces petits-matres charmants, qui savent tout sans avoir rien

appris, qui regardent tout sans rien voir, et qui jugent de tout sans rien

couter; de ces apprciateurs du nirite qu'ils mprisent, de ces protecteurs des talents qui leurrent.vit

manquent, de ces amateurs de

l'art qu'ilslail

igno-

La

frivolit franaise

ne contrastera plus ridiculement avecsera plac dans l'loigiuMuent o

gra-

romaine. Ce marquis de

con-

vient qu'il soit d'Achille, de Nrestan, et de Chtillon.

Au feu! au feu ! au feu! Queunle

signifient ces cris? quels flots de spectateurs

s'lancent, traversent la rue, et sans s'armer d'aucun courage, cherchentasile

dans

le

temple voisin, c'est--dire dans

le

caf Procope, dont

il

sera question tout l'heure!.. Heureusement, c'est une terreur panique;feu est vite teint, le spectacle peut continuer. Mademoiselh' Dunies-

nil,

quoiqu'elle se soit trouve mal, n'en jouera pas moins Smiramis.laisse sur

Une bougie allume,moi.

une chaise par une

actrice, a caus cet

Quelle affluence aujourd'hui, 15 fvrier 17G5!n'entrera pas la

Une

partie

du public!

Comdie!

commele

les portes

en sont gardes avec soin

Voici des plaisants qui escaladent

balcon avec des cordes, en dpit des

gardes-franaises, et qui entrent sans payer. Quel chef-d'uvre va-t-on

,

70jouer? C'estle

HUE DE L'ANCIENNE -COMEDIE.Sige de Calais, qui attire tout ce

monde

:

cette pice plus

franaise de

cur que de

style.

Le croiriez-vous? l'enthousiasmele

tait tel,

qu'un jour

les

comdiens (jui jouaient

Siye n'tant pas arrivs, afin de ne

pas figurer ct du comdien Dubois, compromis par un procs scandaleux, le semainier proposa le Cul la place de cette pice on hua le Ciil. Le public redemanda son argent, comme si on avait voulu le voler. Le lendemain, les bons habitants de notre rue virent la Comdie en deuil partir pour le For-l'vque on sait que ce iit la cause de la retraite de: ;

madcmois(dle Clairon.L'anne 1770esl ialale la

rue de l'Aucienne-Gomdie; elle voit lr-

mer son

tlilre,

dontne

la

troupe passa aux Tuileries, en attendant qu'une

nouv(!llc salb;, celle (pi'on a depuis appele

Odon,

lt btie

au faubourgl*rocope

Saint-Cermain.

Il

lui resta

de cous(dation (|ue dans

le caf

qui a vcu de sa vieilb;l'rocope avait ouvcu't

gloire? jus(|u'la foiri;

nos jours. Le Sicilien Franois

Saiiit-Ccrnuiin

un tablissement ncom-

mandable parFrance.Il

la

bonne

a?

mme

pas

le

mrite d'une

place Saint-Germain-l'Auxerrois et

la

place du Louvre, qui se con-

fondent dans une intimit touchante et fraternelle, et semblent l'Alpheet

l'Arthuse des places, n'ont d'abord form qu'un pr assez marcageux

qui n'eut de longtem|)S point l'hoiiiieur d'tre circonscrite dans l'enceinte

du vieux Paris. QuelChilpric?la lin

fut le fondateur sicleIl

de l'glise? fut-ce Childebert ouc'est ce

du vr

ou au commencement du vir?

(piil est diflicile d'tablir.

parait cependant probable que l'difice fut

lev par (Chilpric en l'honneur d'un saint

Germain cpudconque,le

saint

Germain de

Paris, plutt que tout autre. L'glise s'appela d'abord Saint-

Gcrniain-le-Koiul. Malgr l'admiration tout--fait relative(lir

rempereiir.

Fi

si

rempereiir traverse.\l(rs.

France

comme(|ue

ses tals' reprit Franois !"

Sire, c'esl au roi de

France

cderai

mon

iMUiiiet.

>ots duxv'' sicle, celui o on jouait le plus gros jeu, o on buvait le meilleur vin, o lesds taientle

mieux pipsl qu'ils

;

la

perle des tripots; de

l

son nom. Plus

loin est la rue de Y Echelle, qui rappelle les fourches patibulaires

desHos-

[laliers;

c'est

excutaient les malheureux tombs sous leur

juridiction.

Dj les boulevarls taient ])lanls d'arbres et

le le

faubourg se btissait

:

encore (piebjues annes et l'anntur des plaisirs,

luxe des petites mai-

sons, allaient donner ce quartier l'importance dont avait joui aupara-

vant

la

IMace-Uoyale. Dans les dernires annes du rgne de Louis XIV,

IMiilippe de

Vendme, ipii s'tait distingu au sige de Camlie, la prise dans le Pimont contre les impriaux, fut, en sa qualit de prince du sang et de chevalier de Malte, nonnn grand-prieur du Tenq)le.de

Namur

et

Philippe, (jm)ique renqdi de valeur, tint une conduite assez quivocpie la

bataille de Cassano, et maltrait

par Louis XIV,

il

ne

sollicita le retour

des faveurs royales (jue pour se retirer dans son prieur et s'y livrer ses gots picuriens. C'taitla

rgence alors, etla

le

graml-prieur de Venil

dme

voulut surpasser dans son prieur

licence de l'poque;ils

y par-

vint; les soupers

du Temple devinrent fameux;d(!s.

surpassrent ceux dudi;

l'alais-Uoyal, jiar le choix et res[uit

convives; la Fare y brillait(pii

tout

rdat

d!

sa gat; Cliaulieu

,

riche prbendier et lui, taitil

habitait dans

l'enceinte

du Temple une maison

le

convive habituel dule la

prieur, et (pMM(pu! |)res(pu) octognaire,

y

chantait l'anuiur etd(!

vin;

mademoiselle de Uaiiuay,chesse du Maine,y\t'iiait

celle spiiiluelle femuu;

chambre de

du-

apporter ses reparties piquantes, et ce coMir

imoryiicillt'iix,(|iii

T KM

pli:.injjirat,

17

(lovait s'attendrir

pour unlut

sous

les vcitoiisla

de

la

lastille. J('aii-Ba|)liste

Housscau(111

admis

ers sou|('rs,(i

niauicic

dont

il

(Ml

parle,

(ail

croire,

(pToii

Lie le

jii^ca pas dii;ne d inie iuilialion

couiplelc, ou bieu (pu l'ironie seule lui a dicte ce j)assagc de son epitrc (llianlieu:

Par

tes vertus,j'ai

par ton exoinplo.verlii fut tr's l)icn ciinootr.la |>inol('','l'('iii[l('.

Ce que

de

Clior abbi''.

dans

Des imiocenls sotipeis duI>a

pnrele des soupers du yrand [)rieur

el

de (liianlien

est

uur liynrevers

de

rlitori(|U(>,

dont M. de Vend(jme

a

d beaucouple

rire, s'il a lu les

du pote. Tonjoui'sl'enceinte

table on an

lit,

voluptueux

pelil-(ils

d'Henri IV

s'obrait sans cesse, et ipu)i(pu' les bnissiers ne pc'netrasseut pas

dans

du Temple,voir

il

fallait iieaiinioiiis

pour ne

])as

s'(''teiinlre

payer ses dettes, ne fusse que son crdit. M. le j^rand-jirienr vendit lala

ville le terrain

sur le(pn'l est bti

rue de Yendiuiu',

(|ui

porte

le

nom

du vendeur. A Pbilippe de Vendme succda le prince de (lonti, (pii, en 1770, ouvrit la porte du Temple Jean-Jac((ues Housseau; le pliilosopbede Genve, pauvre, poursuivi par des ennemissuivait raulcur d'Emiler('els, et

obsde par

les

l'ant(jmes (pic crait son imagination, vint abriter sous desla

murs fodauxgloire de pro-

clbrit

(pii

:

le |)riiice

eut

la

tger l'crivain.

L'endos du Temple, dontles dignitaires

la

popiilati(m s'idevait ((iialre mille:

mes

environ, tait alors babil par trois sortes de personnes

le

grand-[irieur,

de l'ordre, et (piebpies grands seigneurs,la

(jni yils

avaient des

htels; des ouvriers attirs par

franchise d'un lieu oipii

exeiTaient

leurs industries sans matrise et enlin des dbiteurs

y trouvaient

un

refuge contre leurs cranciers. Les titres de ce dernier droit n'ont, dit-on,

jamais exist:

c'tait

un

reste des

coutumes du moyen-ge,

(pie le gouverfut

nement|iar bail

tolra jnsipie en 1779, pofjue

o l'enclos tout entier

vendu

emphytotifjue et livr aux entreprises particulires. La forte-

resse proprement dite, fut alors en partie dmolie; c'tait

une tour carre

de cent cinquante pieds de haiitenr, flanque de quatre tours rondes et

accompagnes du ct du nord de deux tourelles beaucoui) plus basses.dont l'paisseur n'tait(|u'elles le seraient

La tour avait quatre tages, des galeries circulaires, et derrire ses murs, jias moindre de neuf pieds, les Temjiliers de l'abri

vaient tre parfaitement

d'attaques bien moins redoutables abus

aujourd'hui. C'est au deuxime tage de cette tourfut

carre ipie Louis

XVI

renferm aprs

la

journe du 10 aot; sa famille

occupa l'tage suprieur. Nous ne nous appesantirons pas sur cettepixpie sanglante;

nous dirons seulement que Louis XVI neet (pie, si

sortit

du

Temple

(pie

pour marrlier au supplice,

pendant

dix-biiit

ans de

t>8

HLIK,

ET

l'A

un 011la

lu;il

rgnf co

roi avait

montril

le

courage et

rsolution dont(|ue

(il

preuve enla

face de l'chafaud,la

serait,

sans doute mort ailleurs

sur

place de

Rvolution.

La tour du Temple

a t

dmolie en 1811

:

ainsi disparurent

dans cet

enclos clbre les derniers vestiges de

la fodalit.(|ui

Encore:

1781, on btit sur cet emplacement une rotonde,c'est

subsiste en-

un btiment

isol

de forme circulaire, des arcades soutenueset d(> lair

par des colonnes toscanes donnent u jourverte borde de boutiques. Lvit

une galerie coude

une populution

part qui troque, vend,la ville et

revend, et dans les mains de laquelle passent les dfroques delala

Cour. Dans de vieux babuts sont ensevelis des liabits qui ont brill

cour de Louis XV, des robes de brocard qui ont vul

la

rgence

:

ct

de

carmagnole rpublicaine, on trouvele

la

robe rouge du magistrat par-

lementaire, et

costume dele

la vieille

garde y mle son odeur de poudrele

l'ambre vente

de l'babit du petit-matre. C'est an Temple quetype perdu d'une

comdien court chercheril

mode du

xviir sicle, etc'est

en est sorti plus d'une

fois

emportant des dfro([ues royales;dans

au

Temple queParis:ils

se rendent onze heures tons les

marchands d'habits dela

arrivent chargs des achats qu'ils ont

fait

niatiiuH% et ces

dpouilles sont immdiatement estimes et revendues aux marchandsstationnaires(iui en parent leurs bouti(]ues.

On

raconte (picdurant lesla

|)re-

mires annes de l'empire,

le

brave gnral Dorseinie, dont

tenue l-

gante et svre avait plus d'une fois attir les loges de reni|iereur, quidisait volontiers:

Voyez Dorsennc un jour deLe gnral Dorseinn; allant

bataille, c'est le vrai

type du gnral

franais, tandis (jue

Murt ressend)lepartir

Franconi.la

pour

campagne de Prusse,

avait enle

rserve un habit magnifique, et jaloux de montrer aux ennemis

beau

Dorsenne dans tout son

clat guerrier,

il fit

end)aller le brillant uniforme,feu

destin, suivant lui, recevoir son

baptme de

dans

la

plaine d'ina.le

Dorsenne devait quitter Parisla

le

lendemain de trs-bonne heure;

soir

fantaisie lui vint d'aller la Gat voir l'acteur Taulain eti\o

un nu'lopremier

dranu! de M. Cuilbertactes(;

Pixercourt,

ipii

attirait la l'oule.

L

passa bien,

la lin

du second

acii;,

l'acteur Taulain parut revtutressaille

d'un superbe habit de gnral.

Dorsenneil

dans sa loge,:

il

bratpu; sa lorgnette sur racteui',et

recminail son habit

Faitesle

arrter ce coquin,

dil-il

son aide-de-camp, en dsignant;

l'acteur; ipTon h; conduis(!

au poste voisin

j'y arriverai aussii! (|ne vous.

Tautain, escorle degnral:

(piali'e

soldats, se prsente (ont IreuiblanI devani

O Je

as-lu pris cet babil, malheureux'!'l'ai

demanda Dorsenne.

acheh' au Temple, repondil Taulain.

Dlj

TK.MI'LE.xoiilnl l)ini((iii

'.)

Le

liiil

('l;iil

vi;ii,

le ln'iui

Dnrsc

m-

|t;is

icitrciidrc sonlit

liabil;(le

il

clmssa son valet de cliaiuhre

lavait vole, et

la

cainpagnese

l'nissc a\ec

unen

vieil

unirornic

Le

'reni|(lf,

ellet, est le lien oii les liions voiil loul nalnirllf'nicnl

(lei'airetlev

leur [u'oie; maisel

comme

ee n'est pins

un

lien privilgi,

la pctliee

pntre sans cesse,(le la

souvent, avant l'aurore,

elle niella

volsciiKi

nuit. C'est le marclie leles

plus matinahle Paris

:1e

main sur les dimanche avant

heures du matin Ions

magasins sont ouverts el rem i)lis de chalands:(h;

l'ouvrier (pii a nM-n sa semaine, la grisettc qui veut hriller an halleville, y(pii

IM-

viennent acheter

la

redingote hasarde et

le

chle un peu pass

doit les i)arer.

En avantet

de

la

Rotonde, du:

C(jt d(! la rue,

sont dela

vastes hangards eu bois etet

diviss en magasins

l,

vous avez sous

main

vous [louvez choisir

acheter, en moins d'un (piart d'heure, tout ce

(pii

est ncessaire p(ur nn-nhler

une maison de

la

ustensiles, tapis, matelas, couvertures, tout est prt;

caveau grenier: linge, (Ui vous donne du

vieux ou du neuf votre gril

;

ce (pi'on vous olre surtout, c'est

du linge;les lits;

y a des

chemises pour toute une arme, des draps pour tousapprci d'un boiit de:

de Paris, des nappes, des serviettes pour des tables de mille couvertsle

linge

du Temple est connu

et

la ville

l'autre,

Templement.linge

une habitude singulire eu lavinise l'coulement cpie sont reus les enfants nonveanx-ns!

c'est

dans

le

linge dua

c'estleiu'

dans ces langes

demi uss

(pie la

plupart des Parisiens ont pouss

premier vagisse-

On

croit avec raison, sans doute, (juc la rudesse et ras[)ritles

du

neuf blesseraient

membresllelas

dlicats d'un enfant, et on court au

Temple se munir d'im tissu ment tapisser nu berceau,

ipii, ass(uiidi!

par nu long usage, doit molle-

on ne songe pas aux transpirations(lui

contagieuses, aux plaies vnneuses

ont dpos sur ce linge leursle

principes mortels el leurs sanies, et tandis cpie

petit oiseau repose

dans son nid odorant, tandispetits

(|ue la

louve et l'hyue i)rpar(!Ut leurs

un

lit!

de fougre,

le lils

de l'honmie dort envelopp d'manationscourir au

dltres

En voyant djeunes mresi)as (\ue la

Temple acheter des

hail-

lons im|)nrs, ne dirait-on

fodalit vaincue se venge encore

sur les lieuxle

mmes oelh;

elle a

rgn, et (|ue, ne pouvant pins opprimerle

peuple par l'pe,et

cherche du moins

dcimer parlv(!

la

maladie?la

Une chapelle

un couvent portent encorepublic; dansle

le

nomde

de Temple;

chafilles

pelle est ouverte au

couvent on

des jeunes

riches, et nobles

quand

faire se peut, car le prix

la

pension est lev.

La rue entire est peuple de souvenirs religieux et d'appellations quise rattachent des ordres monasticpus;

c'est

d'abord Sainte-Elisabeth,

jadis couvent, dont

l'glise seule

subsiste encore; la rue Neuve-Saintla

Eaurent, annexe dn prieur Saint-Martin;

rue des Vieilles-llaudriettes,

ou un sieur llandry

avait

fond un hospice de religieuses, dans le(juel

cLiit'iit licbciiic-i les

voyageurs, [xniiMi loiitclnis

(jii'ils

vimiIiissciiIla

hicti

(lire

sur

le seuil

l'oi'aison

monsieur

saiut Julien.

Dansla

nu'Sainle-

Croix-tle-la-15i-eloiHierie taient des

chanoines; dans

rue Sainte-Avoye

(qui n'est auli'e (|ue la rue

du Temple^, de pieuses

filles,la

dont

la

dvotion

avait recueilli

dans

d(;

saintes lgendes le

nomle:

de

saxonne Tledwige,fuit,il

dont nous avonscourantla

fait

Sainte-Avoye....; maiset celle

temps

change enclotre,

face du

monde

des rues

profanation!

Sur l'emplail

cementavait,

mme

du couvent,

et entre les (|uatre murailles

du

y

sous l'empire, une synagogue! Quehpu^s pas plus loin tait alorsde midi (piatre heures on(Ui

aussi l'administration des droits-runis, lieu sacr, Parnasse, sanctuaire(Ui

plutt asile des jeunes

mnses de 1805

;

l,

l'redoimait le

couplet, on faisait des ilans de tragdie,il

laborait leali-

dithyi'amhe imprial;

suffisait d'avoir fait

une romance ou d'avoir

gn vingt lignes de prose, pour tre admis dans ce gymnasec'tait le

littraire;

chemin de l'Acadmie,

et i)arnii les (juarante

immortels, on en

compte encore cpichpies-uns (|ui y ont fait leurs [remires armes. Aujourd'hui, le connuerce a tout envahi, couvent, hospices, synagogue, droitsrunis,et

radniinistration des contributions indirectes est la plus pro-

saque des administrations. Cette partie du quartier que nous dcrivons,

renferme peut-trede leur fortiine de

les habitants les plus laborieux et les plusl'aris:

soigneuxla

l'picerie, b

commerce du demi-gros,

dro-

guerie, y ont tabli leurs magasins. Le i)re travaille, use sa vie assortirles

gommes duletils,

Sngal, les canelles odorantes de Ceylan, et dans dixla

ans,

notaire ou agent de change, transportera ses pnates et dissiperale

Chausse-d'AnlinSiet

en folies ruineuses l'hritage paternel.la joie,

vous voulez retrouver

spectacle du plaisir et dele

un

air

pur

un panoi'ama anim, remontez sur(|ni b'

bonlevart;

il

fut

commenc pardu crime;(ju'au dl

Charles IX, de sanglante nu'nuure, mais c'est par antiphrase et par allusion aux thtresbctrdent, qu'on l'appelle le bonlevart

sur ces thtres,

la

vertu,

longuement perscute, ne reoitmrite;ils

nouementd'un coup.

la

rcompense

(pi'elle

n'eu sont pas venusla

tout

En

1769, Audinot, acteur congdi deiiiu

troupe des Italiens,

Ht btir sur ce bonlevart

salle

o

il

montrait une troupe modle, des

jeunes premiers sans fatuit, des amoureuses sans intrigue, des valetssans prtention; c'taient des comdiens(b;

bois

:

tout Paris y courut.

11

renferma alors dans leurs tuis ses marionnettes

et produisit sur la

scne

une troupe d'enfantsenfants coinnu'

:

Sicut infantes Audhios, disait l'affiche, et lele

mme

jeu de mots tait crit en lettres d'or suril

rideau;

le

public traita les

avait trait les maricmnettes, et Delille vtuilut bien les:

bonorei" d'un de ses versxlrmits devicomte d'Aure,Coq, lequel chteau

rue Saint-Lazare, ct du

Dumas, pre du clbre crivain. mange du

y avait jadisa

disparu c(Mume tant d'autres(juil'ail

une glise qu'a remplace le chteau du en face se dresse:

j'innuense caravansrail du chemin de fer

plus que jamais res

SAI^T-LAZAHE.sentirhi

!()5 la

besoin d'une place en cet endroit Tort rtrci delala

rue Saint-

Lazare, tandis qu' l'autre bout, prs des'tale

rue Neuve-Saint-dcorges,place d'Orlans,(jui lut le

dans sa lourde conslruclion anglaiseavecla

mauvais rve d'un aicbitecte.Cetarcliitect(; tait,le

vieux CbteauiuMif

,

un des commensauxpersuada,

le

plus (idles du foyer deleurelesfoi

Comdie-Franaise.

11

de

la

meil-

du monde sans doute,

messieurs

les

comdiens

et

mesdames

comdiennes ordinaires duet lui.

roi, qu'il avait

dans son carton sa fortunel'dification de la place

eux tous

Des actions furent mises piuirelle fut victime

d'Orlans; mademoiselle Mars en prit plus que ses camarades, et plus(pic ses

camarades

de cette entreprise. Par bonbeur,

l'il-

lustre actrice avait assez d'esprit

pour

se consoler de ce icvers, et assez

de talent, grce Dieu, pour

le

rparer.

Quelques annes s'tant coules, mademoiselle Mars acbeta au niarcbal Gouvion Saint-Cyr l'btel devenu clbre parlants, etqu'babite aujourd'bui la douairirele

vol de ses bril-

de

Wagram.

L'entre, situe

dans

la rue La-Tour-des-Dames, est contigue une |)orte basse et une maison de mdiocre apparence, o Talma a rendu le dernier soupir.

C'est de la rue

La-Tour-des-Damesle

({ue se dirigea,

en

1828,

vers

le

cimetire du Pre-Lacliaise,

deuil du tragdien immortel,

men par

toutes les illustrations de l'poipie. L'atelier d'Horace Vernet loucbela

maison de alma;la

deux pas de

l,

Paul Delaroche

a tabli le sien,

et le

panorama de ces demeuresPoste-aux-Cbevaux,

artisticpies estijui

pavillon de

sert de

maison de

domin par l'immense ville et de cam-

pagne au directeur actuel, M. Dailly, plus renomm comme agriculteur que comme sportman. Ainsi, la rue La-Tour-des-Dames compte prescpieautant de clbrits que de numros;et,

quant son nom,

il

provient

d'un domaine qui embrassait jadis

touloeli(pie,

mais pailailement

ex.icle,

d'un numstrueux gleaii de Savoie,

(le

glorieux

edilice, prcieux chantillon

de

l'art

architectural au xviir sicle, s'ap-

pelle

/(/

Ihillr

im

I)I(Kla

Loin de muisaussi

pense de(piel'esl

l'idiculiser

un (Mal)lissemeut d'une

ulilileville

inc(mlesl-ihlel'aris. (uila

celui

dont nous pai'Ions. Dans unes'c'dve, |)oiir la

comme

consdunnalioii (piolidienne

farine

seiilemeni,

(piiiize

cents sacs envii'on, i'ormaiil un poids lolal de deux

cent trente-huit mille cinq cents kilogrammes ou six centsoixanle-dix-seplmille livres,la Ihill)':

au Bl ou

ol

la farine est certainement (piehpie chosecl(Ui

de tort res|)eclahh^(piaiid

w

plaisante pas avec h^ pain de chacpie jour,

on s(ugel'en,

(pie si lal'aris

Halle au Ble venait tout--conp s'croulerel

prendre

en serait rduit demain dincr sans pain,

dans

(piehpies jours, peul-(''lre, rav(uie, d'une

ne pas diner du tout; on se sent pris, je

admiration piNtlonde pour ce philantropi(pie etaldisseadmiration(pie la ILtlIt'

ment. (Testla

cette lgitime

aa Bl doit sans doute

helle irpiitalion

(huit elle jouit

comme

(Ciivre d'art.

Le culte depuisjusqu'au cimtc-

hmgtcmps

v(nie au conleiiu s'est inseiisihieuieni ('tendula

uant. La louange a passe detfctes (pii ravai(!nt el(!V(;

i'ariiie a

l'editice,

de(pii

l'edilice

auxle

arclii|)rojet,

de ceux-ci au magistratlit

en conut

d(;c(dui-l au

roi

(pii

en

jeter les rondements,

elde ce

(hirnier t(Mis

les autres de la nn^Mue ramille, cjusilcDi fariiKc; (pi'on

nous pard(nine cea

mot,

il

ne sort pas de

notr(! sujet.c'est

Mais avant tout, procdons par ordre:

surtoutet

l'gard des

mo-

numents\e

(pie

nous croyons

la

mtempsycose,

hourgeoises. sa tournure hmide, sa

malgr ses allures mine enlarinee, l'odeur de ngoce elil

parrum de

i^ros s(uis (pi

ClIe exhale,

nous semhie

recoiiuaili(> a Ira-

IMM.N

ri:

SAINTl;i

Kl

STAC m:.

ii

vers les iniiriiillcsniiissivcs de

lliillc

;iii

lUc (|iicl(iiicsliTi(rs mal clViicffs

iWuir

|liis lidlilc

origine.iiiarcluuids(

En

d|)il

du prevl desle

de iiiessiciirs les eclievins de

la

lionne ville de Paris,

bout d'une

oreille aristocratique a finia si

par percerla

au bord de ce dnie gigantescpu'. dont ouHalle au Bletait;

liourgeoisemeni coiffel'Iitfd

le

squelette de celui

(jui fut

autrefois

Soissinis

uret

pas

si

profondment, enseveli dans sou double linceul de farine

d'oubli, qu'on ne pt voir poindre la surface de ledilice U(tuveau ([uel(|ue

vigoureux rejelou du

jtalais

Mdicis.

S'il

en est des palais

comme

des familles

,

si

leur noblesse s'accrot enla

raison de leur anciennet, rem|)lacement o s'lve aujourd'bui(lole

cou-

de

la

rue de Viarnu^s a droilplus que toute autre nos lespectueuses

investigations.

Vingt matres diffrents, tous de famille royale, ont possd ce solingrat, (jui ne garde pas

mme

leur souvenir: buit ttes couronnes ont

repos derrire ces murs que tant de majest n'ont pu dfendre. Cinq rois de France: Louis IX, Pbilippe de Valois, Cbarles V, Cbarles VI Louis XII;

etel

deux reines

:

Blancbe de

Castille,

mre

de saint Louis,:

Catherine de Mdicis, mre de trois rois, qui fut trois fois rgente

voil

sur quelle souche glorieuse

la

prvt de Paris est venue greffer ce rala

meau plbiensubit-il plus

qui se

nomme

Halle au Bl. Jamais plus noble blason

sanglant outrage?xiii" sicle,

Des

le

commencement duel qui

Jean

II,

seigneur de Nesieil

beau lourde ses jambes

lui faisait

preiulre

j)ortei"

des basla

"

de soie bien tirs, et ce fut pour de monter mi-jambe surle

les

montrerde

(pi'elle

inventa

modeles lia-

pommeau

la selle,

en allant sur

quenes, autait

liini

daller, coninn; on disait,

la

planchette.

Elle invenet

"

de temps en temps des modes

galement galantes

superbes.

Elle tait avare et prodigne,tout elle

magnifupie mais non gnreuse.

Avant

aimoit

la

puissance, et pour rgner elle ne nu'tlait aucune

>'

moyens lgitimes et ceux qui sont dfendus. Malheur aux princes, aux courtisans, aux ministres qu'elle appelait mon ami! c'tait dans sa bouche l'expression de la haine et de la vengeance.diffrence entre les

Madame,

lui dit

un jour Hois-Fevrier,

qu'elle venait d'appeler

obligez-moi de m'appeler plutt votre ennemi.

mon ami, En un mol, Catherine

tait

une vritable Italienne, ardente

juscpj' l'imptuosit, dvote jus-

l'ut

faite

aux conu'diens de

l'htel

de Bourgogne

d'ouvrir les portes

leur thtre avant (|ne les vpres fussent acheves.(pii

Ainsi se termina ce dilVerend,

ne prouve rien, du reste, contre lesk'i.il

gots artistiipies et littraiies du cur de Saint-Euslache. Loin dey a

peu d'glises aussi riches eu monuments funbreslillcraiics, s'il est

et surtout

en mo-

numentsen\

ture, le ]oete l)el-esi)ritl('r)0,

permis de parler ainsi des tombeaux de Voimort eu l(i8, du grammairien Vaugelas, mort du pote Benserade, du ministre Colbert, d'Antoine Furetirelille

de l'Acadmie franaise, de Marie de (lournay,

adoptive de Micheldas Essais, rassem-

Montaigne,

hupu-lbs luuis dev(Uis l'admirable

livre

bls et i)ublis par elle.

L encore

fut 'ulerr thevert,

pour lequel d'Atransci'ireici

lembert composa une ))itaphe trs-remar(|uable, modle de simplicit etd'lo(pu'nc(,

(|ue

nous ne pouvons rsister au dsir,

d(;

:

(ligit

Frau'ois (Ihevert

commandeur, yrand'croix de

l'cudic de

m

ET l'IMM'E SALNT-EUSTACIIE.

11'.

Sainl-Loiiis, clievallicM" de l'Aigle blanc de

Pologne

,

gouverneur deroi.il

(li-

vetet de Charleniont,

li(

iitenan(- de nioil, anianiet(ils

en est partisan, detteje

rence entre l'opinion du preinent.

peul,

crois, s"e\pli(|uer lacile-

Bien jeime encore, cet ge o les inipicssions Corles s'enracinentsi

profondment dans

le ciiMir, le

premi(>r avait assist son pre dans lesil

sanglantes saturnales dettes;il

la

rvolution;

avail vula

lomherla

les |lus nolilesla

avait vu disparatre sous sa main

gloire,

fiulune,(ui

gran-

deur, la vertu, la heaiil, toutess'incliner.les1)(

choses devant les(ph'llessi l'on

eiuilinue de

ce fi'ottenu'nl d'inie mimile,il

peul ainsi dire, a toutes

grandes infortunes,il

avait

amasse de douloureux souvenirs, presijuepauvre

des remords, et

s'lait dit, le

homme,

(|ue

mieux vaul renoncer

aux servicessousle

(|ue la peine

de nntri peut )"endre, cpn'de voir ainsi tomber, surla

fer lgal, tout ce (ju'il y aa

terie de res|)eclal)le et de saci.

Quand ondansmort.11

eu

le

malheur

d'tre choisiil

la

)ersoniie de son chef,

est hien

pour dcapiter une monarchie permis de deleslrr la peine de

n'en est pas ainsi de l'excuteur actu(4: Jamais on iw

lui a jele (|ne

des criminels obscurs, r(d)ul de l'humanit, et pour les(jnels les coMirs

sont ferms

toute piti; et puis

il

a

vu tous ces misrables, domptes s'y

seulement par une grande coiulanniation de mort, cherchertraire,

sous-

mme

au prix des galres per[)tuelles, et supporter alors leur

destine avec insouciance, souvent avec gat, dans l'espoir incessant

d'une prochaiiu' vasion; ettait

il

s'est ditles

que

la(|ui

mort de

pareils

hommes

un

bienfait, et cpiil n'y a

que

morts

ne reviennent pas.

J'avais souvent lufaibli

dans

les

journauxtait

((uc tel

en prsence de l'chafaud et(pi'il

et tel condamn avait moit lchement. J'ai su, de la:

bouche de M. Sansim,vingt-cinq ans(pi'il

n'en est point ainsi

il

m'a

dit

{pi(\

dej)nis

assistait(jui

aux excutions,

il

ne pouvait

[)as citer

l'exem-

ple de trois su])plicis

fussent morts sans courage. D'aprs

lui, c'est,

chez

la

plus grande

jjartie

de ces malheureux, une rsignation inspire

parleur

les

paroles du prtre; chez d'autres, c'estforce factice bien suftisante,

un moment de

livre, >y 1

'

'

"^"^^jih5in.A

^

RTIER

CE

L.^

MHNMEili;i-

Enjiitre,(liiiis

l'oiimiciuMiil

;i

ccriic (c

Imchle

iiicitiiiplct

sans dmilc.

livre

des

litics ilc l'iiiis, je

liai [las t sduite

parla pliNsiono-

niie

moderne dela

cette

grande im-,

qni tonche par ses denx bouts an

Punt-Nenfettache.

pointe Saint-I>usl;i

En

l'2i~Kla

nie deCerf:

la

Mon\i\' lui(\v.\

naie tait^\

rue

du

le

sicle la baptisa de

nouveau, euMoinudi's.

donnant nn Holellut.le

iIcs

dmoli en 1778.n'ai

pas t sduile davanlai; .iiissi

prodigieuses (|ue celles d'IIerel

(ulanuui

de Pompales

;

ils

marcl

o

ilieulI

sur

ruines, les yeux

espril

fixs

sur

le

livre

de

l'his-

Il-ltoire, et soiuliiiii,

UUE ETenlaisiintla

(j II

A UT EliI

voler autour d'eux,

avec

la

harlte de

leur

plume,ils

poussici'e qui cache les liomnies et les choses

du temps pass,se remettent

ressuscitent des royaumes,

des

villes,

des palais,

(jui

s'agiter et vivre, par la grce de l'imaginaliou et de la science.

Les pavs,

la terre,

l'hcrhe et

la

hoiu^ (jueles

nous foulons chacjne jour,morts, ne couvrent-ils pas

avec toute l'indiffrence des vivants pour

des socits tout entires, des civilisations hrillantes, des

mnrs

ouhlies

ou inconnues, des vnementsLes princeset les

et

des pers(Hines qui ont jou un graiid

rle sur le thtre de l'humanili-'''

savants, qui s'ingnient au pied du Vsuve, ne trou-

vent au fond de leurs fouilles relles que des matriaux de marlire, depierre et de hriipie, des ustensiles, des mtaux, et de petits tas de poussire quielle

ont t des

hommes;

l'histoireelle

est plus

heureuse

:

(|u;ui(l

fouille

dans

la

lave des sicles,

trouve des morts qui lessus, ,

citeut

sa voix,

comme

coutumes,et le

les i>laisirs, les

avec les passions les par enchantement amours et les vices, en un mot, avec l'esprit

cur de

leur premire vie d'autrefois.

Regardons ensemble ce coin de terre qui se cache dans la ville de Paris, entre la rue de la Monnaie, la rue Etienne, la rue Boucher, larue des Poulies,la

rue de

la

Bibliothque,

la

rue d'Angivilliers, et bienla

d'autres rues noires, maussades, boueuses ou dshonores:la

grandeur,la

noblesse,

la

galanterie lgante, l'amour chevaleresque, la gloire etl;

royaut ont pass par

tchons de

les

admirer encore, en

les rveillant!

Tristes ou modestes,

comme

des coquettes dtrnes, les rues dont jeleurs htels, les plus heaux

parle n'ont plus rien de leur ancien clat;

lleurons de leurs couronnes, sont tombs

un

un sous

le

marteau des

dcnudissenrs,pierre

si

bien,

ou pluttles

si

mal,

(lu'il

n'en reste pasl'artiste

mme unel'histo-

pour provo({uer

souvenirs du pote, de

ou de

rien. Hlas! elles eurent des jours de gloire; les caprices de la

mode

semblaient devoir leur rester fidles

jamais

;

elles taient belles, riches,(pii

pares, splendides, lieres de leurs nobles maisons,

talaient orgueil-

leusement des jardins tout remplis de femmesLouvre,rues du quartier de

et de lleurs, des terrasses

somptueuses, des portes blasonncs. Lorsque nosle

rois vinrent habilei'

les

la

Monnaie serpentaient au milieu dela

vieilles

constructions qui appartenaient au clerg deet

paroisse voisine;

sombresla

malsaines, elles ne durent leur prosprit qu'au voisinage dele

royale demeure, dont elles taient

chemin. La imblesse, conniu' une

plante avide de soleil, y jeta des racines prcd'oinles; les constructions se miiltiplierenl, et bientt ces vieilles maisons, a l'aspect misrable, cdrentla

place aux htels d'Austeriche, d'Alencon, de Louis d'Evreux. de La

Bo(vail

li(>-(iu\oii.

taudis (|u'un peu plus loin l'blel du Pelit-H(Uii'bon s'eleet

snrdaiilrt's masures

sur d'autres ruines.

ni:Je vdiisnioi(le;ii

LA MO.N.NAIK.roiies du xvr

sicle

;

ne sont pas habituelslustre voisin, l'imtel

orageuse, et frappons

la

porte de son

il-

du Petit-Bourbon.visite histori(pu':

Nous jouons de bonheur, dans notreest, riKtel

l'heure (pi'il

bruit eth('le; le

du Petit-Bourbon se trouve tout rempli de mouvenuMit, de de colre: le peuple vient d'envahir les appartements de noire peuple crie, le peuple menace, le peuple voue l'excration

ternelle

un

tratre (|ui a trahi

son

roi et sa patrie,

un

tratre qui n'est

fameux conntable de Bourbon! Et an mme instant, (|uel curieux spectacle! un bourreau, le bourreau de Paris excute sel dans les cours de il sem du un arrt qui dgrade le coupable oh infamie! dans la mairh(>tel; il marche librement, solennellement,rien

moins

(|ne le

:

S(ui

du

tratre, et sa

main qui dshonorele

vient de toucher le blason d'uneest sorti,

noble famille. Mainlenant ([ue

bourreau

vous pouvez regar-

der aux armes du conntableJustice est faite!.... Je

:

me

assurment vous y verrez uiu' tache. trompe car voil M. le duc Charles de:

Bourbon qui continue trahir la France, tandis que Charles IV, duc d'Alenon expie, par s(ui dsespoir et par sa mort, la houle d'avoir sonnla retraite la balaille la

de Pavie; vous1".

le

savez: cette reiraite funeste, c'est

caplivit de Franois

Par un contraste bizarre, chaque nouvel avuMnent s'annonce sous etincelaules; la joie est les auspices les plus magnifnpu's les fles sont:

semble dlier lavenir; el lout--cou|., les bals et les jeux si branche d'Alenliuisscnt par une pri|>tie qui est une calaslrophe. La on venail de s'teindre; nuiis les apparences Irisles el dsoles defolle (|nClle

rin'del

des anciens ducs de ce

nom

se cachrent bien vite sous de bril-

2U

22(;

nVK ET QUAiniElllaissjiieiit

lantes ;triiiuiries qui(le

voir ces

mois

j^ravcs

en lettres d'or

:

Htel

Villemy.Singulier caprice,cl(|iii

est

l)i('ii

un caprice royalCette

!

en 1549, Henri

11

veut habiter cetet les petits,la

litel

,

autourla

(ln(|uel

gravitent ple nile les

grands

noblesse etla

roture.

dpntation

(|ui

s'avance

lentement, an dtour defaire la

rue Saint-IIonor,

c'est la ville qui vient

rvrence au

roi, lui

soumettre humblement l'lection de Marcel

la dignit

de prvt des niarchaiuls, et s'entretenir avec Sa Majest du viennent eu grande crmoniefille

projet des fortifications de Paris.

Euet

cet endroit, les cours souveraines

en grand deuil honorerle

les funrailles d'niu^

de France

:

il

me

semble entendre

bruit des plaintes et des sanglots; les sujets et;

le roi

pleurent sur un cercueil

les portes, voiles

d'un drap mortuaire, ne s'ou-

vriront plus, sous ce rgne;, ([ue pour laisser passer les nobles Vnitiens

ou

les

derniers envoys de rEspagiu% en 1559.le

Cette ambassade eut pour objet

mariage de Philippele

II et

d'Elisabeth

de France,

fille

de Henri II; les ambassadeurs taient,

prince d'Orange,

un des premiers capitaines de son temps Alvarez de Tolde, duc d'Albe, dont la cruaut politique a lltri la mmoire, et par un rapprochementtrange,le

comte d'Egmont, ce hros qui devait (pu'lques annes,

plus tard porter sa tte sur un ecbafaud

dress parle

le

reprsentantet le

impitoyable de Philippe

II.

Oui, en 1559,

comte d'Egmont

duc

d'Albe parurent officiellement dans ce (juartier de Paris; ils entrrent, bras dessus bras dessous, dans cet htel, pour y ngocier le mariage deleur souverain matre!

Ee jour de leur arrive

Paris,

(piel

bruit,

quelle cohue, quelles rumeurs, aux portes de l'htel de Villeroy, que l'onavait prpar avec

une magnificence royale, poura toujours:

y recevoir les

ambas-

sadeurs de Philippe! La foule, quivoulait tout voir et loul entendre

des yeux et des oreilles,je

il

fallutle

ne

sais

combien de

soldats

et

de gournuides pour empcherle seuil

peuple de regarder et

d'couter de trop prs, sur

de l'htel de Villeroy. Enfin les pauvres

gens,

(jui:

comptaient sur unla ville

spcctacle gratis, se retirrentle

bon

gre,

malgr

complinuMita les and)assad(MU's, et

cortge

officiel

comuuuia

dfilei'

dans

l'ordi'e

suivant: deleiiis

Les ai'chers,

les arcpiebusiers et les arbal(!stri(!rs pied, vtus

lio(|uelons de livre.

Dix sergents de

la

ville, a

pied

cl

vhis de leurs rcdx's

la

uefdargenl

sur l'paule.

Ee prvt des marchandsCes greffiers vtus demulets.

et les echevius.

leurs

lolies

de

livre

et

moules sur leurs

Le procureur

dti roi el

la

ville.

I)K

LA MO.NiNAlKde seize.Eiiliii

227les

Les

(iiiart(MH(n's,

;iii

iioinlirc

l)Oiiryeois,

vtus de

leurs plus

beaux habits.a celle jtlaceel

Oui, oui, tout celadela

mun; ([u'occupenl

aiijourd'luii la rue

Monnaie,

la

rue des Poulies!

d'aulres vilaines pelilesrues, sombres,

tristes et

boueuses

L'exactitude a toujours t

la

politesse des rois; ce u'elaitpas(lui

l

pr-

cismentroyaut:

lail

politesse

du duc d'Albe,

reprsentait pourtant uneet ses

fit

attendre les complimenteurs officielsil

propres col-

lgues jusqu' six heures du soir;terre,

s'en tait all, en mettant pied ale roi et la reine, faire l'loge

au dbott, voir

le

Louvre, visiter

de

son matre, en saluant la des deux monarques et des deux pays n'avait pas une minute perdre, enlaveur des bourgeois del ville. 11 faut tre juste envers la bourgeoisie:elle

royale fiance de Philippe IL

Le courtisan

ne reviut

|)as

deux

fois la

charge;

elle

rengaina ses complimentscontenta de les olVrirprsel

erdreMalherbe,sie et

d'une jeune et trs-jolie femme. Nos deux poursuivants

d'amour avaient dj demande hou nombre de sonnets galantsle

M. de

pote

le

plus complaisant dans ces sortes d'affaires de po-

de cur. M. de Malherbe se mita rimer les plus douces choses duc'

valier, tellefais

enseigne que

je t'ai

embrass ce jour-l; mon bon ami,ta

donc, ton tour, quelque chose pour

personne

:

fais-toi la

barbe.

Les htels historiques du quartier dedeIdL

la

Monnaie, de

la

rue des Poulies,

rue Etienne, del rue Boucher, ont subi bien d'autres changements,

bien d'autres transformations, des vicissitudes dont l'histoire serait trop

longue pour

le

lecteur et pour moi; je

demande seulementles

la

permission

de vous adresser encore quelques mots sur

maisons

illustres

que

nous avonsAprsla

visites

ensemble.la galerie

destruction deinfrieurs

et

de

la chapelle,

dmolies en 16G2,

du Petit-Bourbon furent conservs..., mais pour servir de garde-meubles, de magasins et peut-tre mme d'curies.les tages

L'htel de Longueville, lev sur les ruines de l'htel de Retz, fut vendu Louis

XIV, lorsque ce prince voulut faire construireil

la

place du Louvre.il