recolte et conservation des fourrages

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165 33 ème journée d’étude jeudi 08 mars 2007 RECOLTE ET CONSERVATION DES FOURRAGES Par : E. POTTIER Institut de l'Elevage Service Fourrages et Conduite des Troupeaux Allaitants Ferme Expérimentale du Mourier 87 800 Saint Priest Ligoure Résumé La qualité d’un fourrage conservé se définit selon trois composantes, sa valeur nutritionnelle, son ingestibilité mais également sa valeur sanitaire. Ces différentes caractéristiques dépendent de nombreux facteurs chacun d’eux pouvant agir sur une ou plusieurs de celles-ci. Parmi ces facteurs de variation, les pratiques mises en œuvre à la récolte et pendant la conservation ont une place privilégiée dans la mesure où elles vont influer sur les trois composantes d’une part et qu’elles sont complètement sous la maîtrise de l’éleveur d’autre part. Disposer d’un fourrage de qualité à la distribution dépend de quelques règles simples à respecter de la récolte à la distribution tout particulièrement pour l’ensilage et l’enrubannage. Mots-clés : Cheval, fourrages, récolte, conservation Summary Harvest and preservation of forages The three major components of the quality of forages are: the nutritive value – the intake – and the hygienic value. Those characteristics are related to different factors which can interact themselves and affect one or several characteristics. Among all these factors the conditions implemented to harvest and preserve forages are of major concern as they influence the three major components. In addition those conditions are definitely under the breeders’ control. Indeed the quality of preserved forages to be fed to horses, namely silage and wrapped silage, is subjected to a few simple guidelines to be implemented from the harvest to the distribution. Key-words : horse, forages, harvest, preservation © LES HARAS NATIONAUX 2007

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Page 1: RECOLTE ET CONSERVATION DES FOURRAGES

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33ème journée d’étude jeudi 08 mars 2007

RECOLTE ET CONSERVATION DES FOURRAGES

Par : • E. POTTIER Institut de l'Elevage Service Fourrages et Conduite des Troupeaux Allaitants Ferme Expérimentale du Mourier 87 800 Saint Priest Ligoure

Résumé La qualité d’un fourrage conservé se définit selon trois composantes, sa valeur nutritionnelle, son ingestibilité mais également sa valeur sanitaire. Ces différentes caractéristiques dépendent de nombreux facteurs chacun d’eux pouvant agir sur une ou plusieurs de celles-ci. Parmi ces facteurs de variation, les pratiques mises en œuvre à la récolte et pendant la conservation ont une place privilégiée dans la mesure où elles vont influer sur les trois composantes d’une part et qu’elles sont complètement sous la maîtrise de l’éleveur d’autre part. Disposer d’un fourrage de qualité à la distribution dépend de quelques règles simples à respecter de la récolte à la distribution tout particulièrement pour l’ensilage et l’enrubannage. Mots-clés : Cheval, fourrages, récolte, conservation Summary Harvest and preservation of forages The three major components of the quality of forages are: the nutritive value – the intake – and the hygienic value. Those characteristics are related to different factors which can interact themselves and affect one or several characteristics. Among all these factors the conditions implemented to harvest and preserve forages are of major concern as they influence the three major components. In addition those conditions are definitely under the breeders’ control. Indeed the quality of preserved forages to be fed to horses, namely silage and wrapped silage, is subjected to a few simple guidelines to be implemented from the harvest to the distribution. Key-words : horse, forages, harvest, preservation

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Introduction La récolte des fourrages est une étape particulièrement importante dans l’année pour les exploitations d’élevage herbivore. Quel que soit le système de production, l’alimentation des troupeaux repose pour partie sur l’utilisation de fourrages récoltés principalement au printemps pour alimenter les animaux pendant l’hiver et pallier éventuellement aux périodes de moindre production fourragère. Les épisodes climatiques délicats survenus ces dernières années ont révélé tout l’enjeu de la gestion des fourrages et de la constitution des stocks.

La récolte des fourrages représente un investissement important, tout d’abord en

terme de travail mobilisé mais surtout par les coûts directs engendrés. Une étude réalisée par la fédération départementale des CUMA de Vendée en 2002 évalue à environ 140 €, 240 € et 130 € le coût, hors main d’œuvre, de récolte d’un hectare d’herbe respectivement sous forme d’ensilage, d’enrubannage et de foin. Ces coûts varient peu en fonction du rendement et le coût du kilo de fourrage valorisé va varier de façon importante en fonction des pertes subies à la récolte mais surtout lors de la conservation et à la distribution. Les caractéristiques du fourrage à la distribution : valeur nutritionnelle, présence éventuelle de composés toxiques, vont également avoir une incidence économique au moins par les corrections qu’il faudra apporter au niveau de la ration. La maîtrise technique de la récolte et de la conservation des fourrages représente donc un enjeu économique.

Ce texte aborde de façon globale les différents modes de récoltes possibles des

fourrages, leurs avantages, leurs inconvénients et précise pour finir les points importants à prendre en compte pour produire un fourrage de qualité sur le plan nutritionnel et de la santé. Il s’intéresse plus particulièrement à l’herbe qui reste et de loin le fourrage le plus utilisé pour alimenter les équidés.

1. Les différents modes de conservation des fourrages : problèmes posés et risques encourus

On distingue trois modes différents de conservation des fourrages. Le foin est de loin certainement, le plus connu et le plus utilisé pour alimenter les chevaux. L’ensilage est également une technique qui a largement fait ses preuves pour alimenter des chevaux (Agabriel et al., 1982 ; Bigot et al., 1987 ; Morhain et al., 2007 ; Trillaud- Geyl et Martin-Rosset, 2007 ; Martin-Rosset, 2007). Envisageable pour l’herbe, elle s’est surtout développée de façon concomitante à la culture du maïs ou des sorghos, et plus récemment des céréales dites à paille. Enfin, l’enrubannage est un mode de conservation beaucoup plus récent qui a connu un véritable essor en France au cours de ces 15 dernières années (Corrot, 1993) et que l’on peut situer entre le foin et l’ensilage.

Chacune de ces modalités de conservation fait appel à des itinéraires techniques différents pour assurer la production d’un fourrage de qualité, ici plutôt considérée sous l’angle de la santé et de l’ingestibilité.

1.1. Le foin

Il s’agit dans ce cas de permettre une conservation de qualité en amenant le végétal à une teneur en eau, d’au maximum 25 %, qui ne permet plus aux micro-organismes, moisissures principalement, de pouvoir se développer et se multiplier.

La principale difficulté de ce mode de récolte qui concerne avant tout les prairies est d’obtenir un taux de matière sèche suffisamment élevé proche de 85 % à partir de fourrage vert contenant 70 - 80 % d’eau. La dessiccation demande 2 à 3 jours, dans le

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meilleur des cas, à plus d’une semaine. La rapidité de ce séchage est fonction des conditions climatiques, des caractéristiques du fourrage (espèce, teneur en eau, biomasse présente) mais également des matériels mis en œuvre et des modalités de leur utilisation.

Il faut compter en moyenne entre 4 et 5 jours pour atteindre une teneur en MS suffisante. Cette durée est bien connue pour représenter un risque par rapport à la météorologie surtout dans le cas de fauches précoces. Ce séchage requiert également un certain nombre de fanages qui vont favoriser l’aération du fourrage et ainsi accélérer sa dessiccation. Ces opérations sont particulièrement nécessaires lorsque les quantités présentes au sol sont importantes.

1.2. L’ensilage

Il s’agit dans ce cas d’une conservation dite par voie humide. Les fourrages sont récoltés et stockés à des taux de matière sèche (MS) qui oscillent entre 15 % et 35 % voire un peu plus pour le maïs ou les sorghos. La réussite de la conservation du fourrage avec de telles teneurs en eau repose sur une acidification du milieu grâce au développement préférentiel de bactéries lactiques, plus particulièrement du groupe des homo-lactiques, qui permet l’obtention d’une atmosphère anaérobie. Celles ci vont transformer les sucres solubles disponibles en acide lactique. Cette acidification doit être obtenue le plus rapidement possible afin de limiter les pertes.

Une conservation de qualité se caractérise sur les critères suivants selon le

barème établi par l’INRA (tableau 1) :

- Un PH inférieur ou égal à 4 pour des teneurs en MS inférieures à 35 % - Des teneurs en N-NH3 de 5 à 7 pour cent de l’azote total - Une teneur en acide acétique inférieure à 25 g/kg de MS - Une présence des acides propionique et butyrique quasiment nulle.

La réussite de l’ensilage repose donc sur deux facteurs, la disponibilité en sucres

fermentescibles et l’élimination de toutes traces d’oxygène favorable au développement des bactéries lactiques.

Tableau 1 : Qualité de conservation des ensilages : barème INRA des caractéristiques physico-chimiques (Dulphy et Demarquilly, 1981)

Table 1 : Quality of preservation for silage : INRA scale of physico – chemical characteristics

Acide acétique

Acetic acid

Acide butyrique

Butyric acid

N-NH3 % N total N –NH3 % totalN

N soluble % N total Soluble N % total N

Classe class

Acides gras volatils

Volatils fatty acids

(mmoles/kg MS) mmole.kgDM

g/kg MS g/Kg DM

Maïs Maize

Luzerne Alfalfa

Autres plantes

Other plants

Excellent excellent Bon Good Médiocre Average Mauvais Poor Très mauvais Very poor

< 330

330–660

660–1000

1000-1330

> 1330

< 20

20-40

40-55

55-75

>75

0

<5

>5

>5

>5

<5

5-10

10-15

15-20

>20

<8

8-12

12-15

16-20

>20

<7

7-10

10-15

15-20

>20

<50

50-60

60-70

>65

>75

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- La disponibilité en sucres Elle va tout d’abord dépendre du matériel végétal et de sa richesse en sucres

solubles. Celle ci varie en fonction de l’espèce fourragère et du stade du végétal. Suffisants avec les ray-grass, les apports sont souvent déficitaires avec les prairies naturelles (6 à 10 % de glucides solubles dans la MS) et plus encore avec le dactyle (3 à 7 %) et la luzerne (Demarquilly, 1986). La teneur va également diminuer avec le développement végétatif.

Outre la teneur, ces sucres doivent être rapidement disponibles pour les bactéries. C’est pourquoi un hachage fin est préconisé.

- L’élimination de l’oxygène Il importe lors du chantier de récolte d’éliminer au maximum l’oxygène. Le silo

doit être rempli le plus rapidement possible et fermé de façon hermétique. Le tassement, qui permet de chasser l’air est particulièrement important dans le cas d’un ensilage récolté à des teneurs en MS supérieures à 30 % ce qui est le cas des maïs ou des graminées et des légumineuses ayant subi un pré-fanage ou bien encore si le fourrage est récolté en brins longs.

1.3. L’enrubannage

C’est une technique de récolte beaucoup plus récente qui s’est au départ développée dans les pays du Nord de l’Europe où les conditions climatiques rendent plus aléatoires la production de fourrages de qualité par la voie sèche. Il s’agit, dans sa méthode la plus classique, d’ensacher à l’aide d’un film plastique étirable des balles rondes voire des bottes cubiques.

Si la stabilité des ensilages coupe fine est assurée par une acidification rapide du

milieu ce n’est pas le cas dans les balles rondes enrubannées où les brins d’herbe sont quasiment entiers. Cela a comme conséquences de diminuer la densité du fourrage récolté et donc d’emprisonner plus d’air, de limiter la disponibilité immédiate en sucres solubles pourtant nécessaires aux bactéries acidifiantes. C’est pourquoi la stabilité du produit n’est obtenue qu’en récoltant un fourrage suffisamment sec. Le pH n’est de fait plus un critère pertinent de jugement de la qualité mais c’est avant tout la teneur en MS comme le montre le tableau 2. Le taux optimal de MS à rechercher est de 50 à 60 %. Des études relativement récentes conduites par l’Institut de l'Elevage (Corrot, 1993) montrent que ces taux peuvent être atteints relativement rapidement, en moins de deux jours (fauche le matin, récolte le lendemain en fin d’après midi) lorsque les conditions météo sont favorables.

La technique de l’enrubannage présente comme avantage d’utiliser la même

chaîne de récolte et de distribution que le foin, exception toutefois faite de la nécessité de disposer d’une enrubanneuse. Si cette technique diminue le nombre de fanages elle génère un coût supplémentaire et demande une organisation particulière des chantiers de récolte, plus mobilisatrice de main d’œuvre. Si l’enrubannage doit être rapidement réalisé, les contraintes sont moindres qu’avec la technique de l’ensilage. S’il est préférable de le faire dès le pressage, il est possible de reporter l’enrubannage de quelques heures, sans toutefois dépasser les 24 h et en évitant que les bottes supportent des intempéries (Corrot et Delacroix, 1992).

Le débit moyen d’un chantier étant de 3 à 4 ha par jour au maximum, on ne peut récolter simultanément que des surfaces de dimension moyennes.

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Tableau 2 : Résultats de conservation et de contamination butyrique par classe de teneur en MS (Corrot et al, 1993)

Table 2 : Evaluation of preservation and contamination by butyric bacteria according to DM content class

Classe de MS Class for DM

% Azote soluble

% Soluble N

% Azote ammoniacal

% ammoniacal N

Acide acétique Acetic acid (g/kg MS) (g/kg DM)

Acides propionique +

butyrique Propionic and butyric acids (g/kg MS) (g/kg DM)

Spores / g Spores/g

< 30 30 à 40 40 à 50 50 à 60

> 60

63.4 47.4 37.8 31.2

12.9 10.9 6.9 6.1 3.6

13.5 10.1 7.6 6.2 5.3

30.7 16.2 6.2 3.3 2.2

69180 24550 2270 470 90

Recommandations classiques Routine recommendations

< 50 < 7 < 20 < 0.5 100 à 1000

2. Problèmes posés par la récolte et la conservation des fourrages

2.1. Des pertes aux différentes étapes de la récolte et du stockage Dès l’instant qu’un fourrage est fauché, différents processus vont conduire à des

pertes de matières sèches. Celles-ci vont apparaître à différents niveaux de la chaîne de récolte : tout d’abord au champ puis lors de la conservation et ce pour différentes raisons.

- Des pertes par processus respiratoires Les premières pertes vont être induites par la poursuite des phénomènes

respiratoires affectant le matériel végétal après la fauche. L’importance de ces pertes est fonction : de l’espèce végétale, de la rapidité de dessiccation du fourrage et du mode de récolte, en sec ou humide.

Celles-ci sont très variables. Dans le cas d’un foin sec ces pertes perdurent jusqu’à ce que le foin ait atteint environ 75 % de la MS à raison de 1 à 1,5 % de la MS fauchée par jour (Schukking et Overvest, 1979). Ces pertes sont d’autant plus faibles qu’un temps chaud et sec permet un séchage rapide. Au final elles représentent de 3 à 10 % de la matière sèche fauchée. Elles seront moins élevées dans le cas d’un fourrage récolté sous forme humide (Figure 1).

Dans le cas de l'ensilage ou de l'enrubannage, les processus respiratoires vont encore se produire quelque temps après la récolte puis des fermentations anaérobies, nécessaires à la conservation, qui vont également conduire à d’autres pertes de MS vont se mettre en place pendant quelque temps encore. Ces phénomènes sont moindres avec l’enrubannage car les fermentations sont réduites.

- Des pertes mécaniques Au cours des différentes étapes nécessaires à la récolte d’un fourrage des pertes,

générées par les outils utilisés et leur utilisation, vont se cumuler. Tout d’abord au moment de la fauche. Elles vont principalement dépendre de la

hauteur de coupe, du type de faucheuse utilisée et de l’état du couvert végétal, notamment si celui ci est versé. Dans le cas de graminées une variation de 1 cm de la

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hauteur de coupe autour de la hauteur conseillée de 6 – 7 cm fera varier le rendement de 100 à 200 kg de MS par hectare.

Ensuite, chaque manipulation du fourrage, nécessaire pour accélérer le séchage ou permettre sa récolte, va engendrer de nouvelles pertes. La teneur en matière sèche du végétal lors du passage et les modalités d’utilisation des outils vont fortement influer sur l’importance de celles-ci. Enfin, lors de la récolte une part du fourrage peut également rester sur le champ.

- Des pertes par lessivage Il s’agit des pertes qu’entraîne la pluie sur un fourrage en cours de séchage. Aux

effets directs de la pluie sur le fourrage s’ajoutent des effets indirects par une augmentation du temps de séjour au sol et une augmentation des manipulations nécessaires à la ventilation. Ce problème concerne principalement les foins et l’importance sera d’autant plus forte que le séchage sera déjà avancé et la pluviosité élevée.

La pluie va entraîner un lessivage des constituants solubles de la plante, modifier sa composition chimique (Martin- Rosset 2007) ce qui va se traduire par une diminution de la valeur nutritionnelle du fourrage récolté. Ainsi les valeurs énergétique et azotée d’un foin de prairie naturelle de plaine récolté au stade épiaison par beau temps ou temps de pluie diminue de 0.0 8FC et de 7g de MADC /kg MS soit 12 % dans les deux cas (tables INRA 1990).

Figure 1 : Influence de la durée du séjour au sol sur les pertes de matières sèches (Zimmer, 1977) Figure 1 : Effect of the time for drying on the ground on the dry matter losses

Foin au solHay dried on the ground

EnrubannageWrapped silage

Ensilage préfanéPrewilted silage

20 40 60 80

10

20

30

20 40 60 80

10

20

30

Pertes de MS (% MS récoltée)DM losses (% of DM harvested amount)

20 40 60 80

10

20

30

Teneur en MS (%)DM content (%)

BonnesGood

MoyennesAverage

MauvaisesPoor

Foin au solHay dried on the ground

EnrubannageWrapped silage

Ensilage préfanéPrewilted silage

20 40 60 80

10

20

30

20 40 60 80

10

20

30

Pertes de MS (% MS récoltée)DM losses (% of DM harvested amount)

20 40 60 80

10

20

30

Teneur en MS (%)DM content (%)

BonnesGood

MoyennesAverage

MauvaisesPoor

- Des pertes en cours de conservation Il faut ici distinguer les foins secs des foins humides et de l’ensilage.

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Avec le foin traditionnel, récolté à plus de 85 % de MS, les pertes en cours de conservation sont extrêmement faibles dès lors que l’on prend soin du stockage. Selon les auteurs celles-ci oscillent entre 1% (Zelter, 1973) et 4% (Cabon, 1983). Des teneurs en matière sèche plus faibles conduisent à des pertes plus élevées dues à l’échauffement du fourrage d’une part, à la production de jus dans le cas d’ensilage dont la teneur en MS ne dépasse guère les 30 % d’autre part. Ces pertes sont quasiment proportionnelles à la teneur en MS à la récolte (Dulphy, 1987). Au final les pertes engendrées par la récolte de fourrages puis leur stockage ne sont pas négligeables et peuvent même être importantes (tableau 3). Dans une synthèse bibliographique Dulphy (1987) estime que celles ci peuvent varier de 10 % dans le meilleur des cas à près de 30 % cela sans prendre en considération l’inconsommable. Elles sont plus élevées avec les légumineuses, 25 %, qu’avec des graminées, 10 à 20 %, récoltées en sec. Par contre dans des conditions optimales de récolte, les pertes cumulées par ensilage sont peu différentes de celles du foin. La technique de l’enrubannage semble toutefois diminuer leur importance.

Tableau 3 : estimation des pertes selon le mode de récolte du fourrage Table 3 : Evaluation of losses according to the harvest technique of the forage

Bilan des pertes Losses balance

Foin beau temps Hay shiny day

BRE à 50 % MS Wrapped silage

50% DM

Ensilage coupe fine - 25 % MS

Silage fine chop 25%DM

Au champ In the field 12 – 18 4 – 7 2 – 3

A la conservation During conservation 1 – 2 7 – 7 10 – 15

A la reprise At opening # 0 0 – 3 3 – 7

A l'utilisation During utilisation 2 – 4 1 – 2 0 – 2

Pertes totales Total losses 15 - 24 9 - 19 15 - 27

2.2. Une microflore complexe

Il existe une multitude de micro-organismes présents lors de la récolte : bactéries, levures, moisissures. Réussir à conserver un fourrage repose sur une maîtrise de leur développement respectif soit en empêchant toute prolifération, c’est le cas avec le foin pour des teneurs en MS au moins égales à 85 %, soit en favorisant les espèces favorables au détriment d’autres qui pourraient être pathogènes. C’est ce à quoi il faut parvenir avec les voies humides. - Une microflore abondante et diversifiée La microflore des fourrages est particulièrement diversifiée. On peut distinguer la flore des champs présente avant la récolte, la flore qui va s’installer en cours de récolte puis la flore de stockage (Pelhate, 1987). L’importance relative de chacune dans le fourrage stocké va dépendre d’un certain nombre de facteurs favorables ou pas au développement de l’une ou l’autre de ces flores.

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On peut regrouper ces micro-organismes en trois catégories : - les bactéries lactiques

Ces bactéries anaérobies strictes présentent un fort pouvoir acidifiant. Elles ont besoin pour se développer de disposer de sucres fermentescibles immédiatement disponibles avec lesquels elles vont produire de l’acide lactique qui va faire rapidement baisser le pH.

- les autres bactéries Celles ci se composent de bactéries aérobies strictes, d’anaérobies facultatifs, et d’anaérobies stricts que sont notamment les bactéries butyriques. Ce sont des bactéries présentes essentiellement dans le sol sous une forme sporulée. Leur germination est nécessaire à leur développement.

- les levures et les moisissures Si les moisissures sont aérobies les levures peuvent se développer en l’absence ou non d’oxygène.

- Des développements aux conséquences variables Le développement de ces micro-organismes va toujours se traduire par des pertes

de MS et une diminution de la valeur énergétique (par l’utilisation des sucres) et azotée (par utilisation des acides aminés) du fourrage (Martin- Rosset, 2007). Les moisissures et les levures vont également avoir pour effet d’augmenter ces pertes en rendant une partie du fourrage impropre à la consommation (moisi, pourri) voire peu appétant avec parfois la sécrétion de substances qui peuvent être toxiques ( Martin-Rosset, 2007). Plus problématique est la capacité de certains de ces micro-organismes et notamment le groupe des bactéries butyriques à sécréter des substances toxiques pour les animaux les consommant. Dans le genre Listeria, il faut évoquer l’espèce monocytogenes potentiellement dangereuse pouvant causer des encéphalites et des avortements tout particulièrement chez les petits ruminants avec des fourrages fortement contaminés.

Certaines moisissures que l’on peut rencontrer sur des fourrages échauffés tel que aspergillus fumigatus peuvent être responsables de mycoses voire d’avortements. D’autres, principalement par les métabolites produits, peuvent être responsables de toxicoses comme le genre Fusarium. La question des allergies respiratoires dans le cas de l’utilisation de foins est très certainement prépondérante chez le cheval et elle n’est pas à négliger chez l’homme, maladie dite du poumon fermier, asthme et bronchite chronique. De nombreux agents peuvent en être responsables, des moisissures (Alternaria, Mucor, Aspergillus …), des bactéries comme les Penicillium.

- Des conditions de développement différentes selon les catégories Ces différentes catégories présentent des exigences de développement et de

sensibilité différentes au pH et à la pression osmotique. La pression osmotique est déterminée par la concentration en sucs cellulaires de la plante et donc la teneur en matière sèche.

Ainsi les bactéries butyriques sont très sensibles à des acidités relativement basses, pH inférieur à 4, et plus sensibles que les bactéries lactiques à des pressions osmotiques élevées. Accroître la teneur en MS du fourrage au moment de la récolte permet donc d’améliorer la conservation et de limiter le développement des micro-organismes indésirables (figure 2). Cette technique est obligatoire dans le cas de fourrages récoltés en brins longs comme c’est le cas pour l’enrubannage. Concernant Listeria monocytogenes, une étude réalisée par l’Inra de Nouzilly entre 1990 et 1992 a montré que sur plus de 350 prélèvements de fourrages récoltés, moins de 8 % d’entre eux étaient positifs et que les ensilages tout comme les BRE n’étaient pas plus contaminés que les foins.

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Figure 2 : Influence de la teneur en matière sèche sur le pH inhibant la croissance des bactéries butyriques Figure 2 : Influence of dry matter content of the pH which limits the growth of bacteria

3,8 4,0 4,2 4,4 4,6 4,8 5,0 5,2

50

45

40

35

30

25

20

15pH

Zone de croissance impossible

Zone de croissance possibleZone where possible growth

Ensilage instable

3,8 4,0 4,2 4,4 4,6 4,8 5,0 5,2

50

45

40

35

30

25

20

15pH

Zone de croissance impossibleZone where impossible growth

Ensilage instableUnsteady silage

Teneur en

DM content

MS %

%

Ensilage stableSteady silage

3,8 4,0 4,2 4,4 4,6 4,8 5,0 5,2

50

45

40

35

30

25

20

15pH

Zone de croissance impossible

Zone de croissance possibleZone where possible growth

Ensilage instable

3,8 4,0 4,2 4,4 4,6 4,8 5,0 5,2

50

45

40

35

30

25

20

15pH

Zone de croissance impossibleZone where impossible growth

Ensilage instableUnsteady silage

Teneur en

DM content

MS %

%

Teneur en

DM content

MS %

%

Ensilage stableSteady silage

2.3. S’adapter aux conditions climatiques Exception faite de l’ensilage réalisé en coupe directe qui intéresse avant tout les

céréales mais peu les graminées et encore moins les légumineuses, les autres modalités de récolte, ensilage pré-fané, enrubannage et foin nécessitent de disposer de plusieurs jours consécutifs de beau temps, non seulement sans pluie mais également plutôt ensoleillés. La principale difficulté réside à disposer des conditions climatiques optimales pendant toute la phase du chantier de récolte. Le risque que ce ne soit pas le cas est d’autant plus grand que la durée du chantier est longue et que l’on se situe tôt dans l’année, au printemps plutôt qu’en été.

L’enrubannage représente aujourd’hui une vraie alternative pour sécuriser une récolte. Elle permet d’envisager des fauches relativement précoces au printemps mais également aujourd’hui en automne.

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3. Les précautions à prendre de la récolte à la conservation Il ne s’agit pas de développer dans ce paragraphe l’ensemble des facteurs qui influent sur la réalisation des chantiers mais uniquement de discuter sur ceux qui peuvent être maîtrisés par l’homme au travers de ses choix techniques.

3.1. Assurer une dessiccation rapide Quel que soit le fourrage il importe de faire en sorte que le temps de séjour au sol soit le plus court possible. Bien évidemment pour limiter la prise de risque par rapport aux conditions climatiques mais également pour conserver la meilleure qualité possible du fourrage. - Ne pas faucher trop bas Dans le cas des fourrages qui demandent un certain séchage, la hauteur de fauche va influer directement sur la rapidité de séchage. Elle va intervenir sur la quantité de fourrage à sécher et plus on fauchera bas plus il faudra de temps. Une hauteur de fauche de 6 à 7 cm est considérée comme un compromis entre, d’une part des préoccupations qualitatives et, d’autre part des nécessités de rendement (tonnes de MS/ha). En ne fauchant pas trop bas on va surtout permettre à l’air de pouvoir mieux circuler dans l’andain et ainsi accélérer le séchage (Munier et al, 1987). La fauche doit intervenir sur un fourrage qui n’est pas humide, après la disparition de la rosée. Dans le cas des légumineuses, luzerne ou trèfle violet, il ne faut toutefois pas faucher en plein soleil.

- Faner juste après la fauche La dessiccation est rapide dans les quelques heures qui suivent la fauche puis elle diminue de façon régulière (Demarquilly, 1986). Pour profiter au maximum de l’efficacité du séchage il est souhaitable, contrairement à ce qui est le plus souvent pratiqué de faner immédiatement après la fauche. Ce fanage, lent, a pour intérêt d’aérer les andains et de favoriser la ventilation en profondeur du fourrage. Cela permet de surcroît de travailler sur un fourrage vert ce qui limite les pertes. Ceci est particulièrement important pour les légumineuses, luzerne et trèfle violet pour lesquels les feuilles sèchent beaucoup plus rapidement que les tiges.

- Utiliser préférentiellement des faucheuses conditionneuses L’utilisation de faucheuses conditionneuses accélère de façon importante le séchage des fourrages. Ces outils ont un intérêt tout particulier pour les légumineuses et surtout la luzerne qui présente la caractéristique d’avoir des tiges relativement grosses et beaucoup plus résistantes aux séchages. La conditionneuse qu’elle soit à fléau ou à rouleau va permettre d’écraser ou de casser la tige et ainsi accélérer le séchage. Outre l’accélération du séchage les faucheuses conditionneuses réduisent également le nombre de fanages. Dans tous les cas ces outils participent à diminuer les pertes par respiration et mécaniques. Exception faite d’une récolte par ensilage, il est également souhaitable de ne pas constituer d’andains au moment de la fauche mais de préférer un étalement maximum du fourrage sur le sol (Munier et al, 1987).

- Intervenir en début ou en fin de journée L’herbe en cours de dessiccation présente une relative hétérogénéité de séchage, au niveau de l’épaisseur du fourrage et des organes. Les feuilles présentes des teneurs en eau rapidement plus faibles que les tiges, voire les inflorescences, et celles du

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dessous plus encore que celles du dessus. La manipulation sur des andains dont le dessus est déjà relativement sec va provoquer des pertes qui vont avant tout affecter les feuilles et donc au final la valeur du fourrage récolté. Ceci est particulièrement important avec les légumineuses. Il convient donc d’éviter, dans le cas de prairies principalement composées de graminées, de s’interdire en présence de légumineuses, de brasser un fourrage déjà trop sec. Il est toujours préférable d’intervenir relativement tôt dans la journée dès la disparition de la rosée.

- Le séchage en grange La technique du séchage en grange permet bien évidemment de se soustraire des aléas climatiques. C’est toutefois une technique relativement coûteuse qui ne peut être envisagée que dans des systèmes où les surfaces fauchées et les volumes à sécher sont importants.

3.2. Limiter les contaminations et les pertes de fourrage à la récolte La contamination des fourrages se fait pour partie par la terre qui peut être ramassée lors de la fauche et des opérations suivantes, fanage et andainage. Ce problème se pose avec plus d’acuité dans le cas des prairies permanentes.

- Ne pas faucher trop bas Il convient pour limiter ce problème de ne pas faucher en dessous d’une hauteur de 6-7 cm surtout dans le cas d’un ensilage ou d’un enrubannage qui sont beaucoup plus sensibles. Une fauche à des hauteurs plus basses oblige à des réglages de la faneuse et de l’andaineur également plus bas afin de ramasser le fourrage

- Faner au bon moment Pour limiter les pertes dites mécaniques il faut éviter de faner en fin de matinée ou en tout début d’après midi. Il est toujours préférable de réaliser ces opérations le matin juste après la disparition de la rosée ou le soir quand l’atmosphère est un peu plus humide. Outre le fait que ces pertes vont affecter le rendement elles vont principalement concerner les feuilles et donc au final affecter la valeur du fourrage récolté (Martin- Rosset 2007). Ceci est particulièrement bien connu pour les grandes légumineuses mais vaut également pour les graminées et plus encore les associations avec trèfle. Ce fanage ne doit pas se faire avec précipitation mais en respectant le fourrage.

- Réaliser un chantier de récolte le plus propre possible Les opérations mises en œuvre lors du chantier de récolte sont une autre source de contamination importante principalement pour l’ensilage et dans une moindre mesure l’enrubannage. Il convient d’organiser un chantier qui limite au maximum l’introduction de terre dans le stockage. Cela n’est pas toujours facile pour la réalisation des ensilages au champ. C’est pourquoi il est préférable que cela se fasse sur des sols bétonnés et plutôt en silo couloir.

- Récolter au bon moment Il importe également de respecter un optimum de MS adapté à chaque type de récolte. Si le fourrage doit être parfaitement sec pour le foin, il faut viser des taux de MS relativement précis pour l’ensilage et l’enrubannage. Dans le cas des ensilages il faut rechercher un taux de 25 % et de 35 % respectivement pour l’herbe et le maïs. Avec l’enrubannage on dispose d’un peu plus de souplesse. Si un taux compris entre 50 et 60 % de MS est souhaitable, une récolte un peu en deçà ou au-dessus n’affectera pas

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fortement la qualité du fourrage distribué. Le risque principal est celui du développement des bactéries butyriques qui pose avant tout des problèmes aux éleveurs laitiers.

3.3. Assurer une parfaite conservation

Quel que soit le mode de stockage et plus particulièrement si le fourrage ne respecte pas des caractéristiques optimales, il convient d’assurer une parfaite conservation du fourrage pour non seulement limiter les pertes inconsommables mais également pour éviter le développement de micro organismes pathogènes.

- Cas des ensilages La réussite d’un ensilage, tout particulièrement d’herbe, repose en grande partie sur la qualité de sa conservation. Il importe de faire en sorte qu’aucune reprise de fermentation ne puisse se faire tant que le silo n’est pas ouvert. Nous n’aborderons pas ici les différentes techniques et les règles à respecter à la constitution. A l’ouverture il y une reprise des fermentations. C’est pourquoi il importe d’avancer relativement rapidement sur le front d’attaque. Il est traditionnellement conseillé d’atteindre une vitesse d’avancement de 10 à 20 cm par jour. Il convient donc lors de la réalisation du silo de le dimensionner de la façon la plus adaptée au regard des besoins quotidiens du troupeau.

- Cas des enrubannages

Tout comme pour ensilage des règles sont à respecter pour assurer une parfaite conservation du fourrage qui sont parfaitement décrites par Corrot (1993) :

- Dans le cas de bottes rondes il faut veiller à une bonne régularité des balles et à obtenir des densités élevées.

- Le plastique utilisé doit être de qualité et il est préférable d’utiliser des films larges.

- Au moment de l’enrubannage il faut s’assurer que le recouvrement du film à chaque passage soit suffisant, 50 %, et que le nombre de couches soit au minimum de 4 et plus pour des fourrages plutôt secs avec des tiges (risques de perforation).

- Les bottes sont plutôt stockées sur leur face plane, sans être empilées, et sur une surface plane.

- En cours de conservation il convient de surveiller l’apparition de trous éventuels (oiseaux, chats…) et être vigilant par rapport aux rongeurs.

Là aussi, l’ouverture va provoquer une reprise des fermentations. Pour en limiter les effets il est conseillé de respecter une vitesse de «consommation». En hiver il est souhaitable de consommer une BRE en 5 ou 6 jours.

- Les conservateurs L’utilisation de conservateurs à destination des ensilages ou des foins est parfois conseillée. Il en existe une gamme relativement diverse, acide formique, propionique, sels d’acide, ferments lactiques…, qui vont agir de différentes façons, par modification du pH, par destruction ou inhibition de l’activité des micro organismes indésirables, Si certains ont une réelle efficacité (Andrieu et al, 1990) leur utilisation s’avère souvent délicate et oblige parfois à des équipements spécifiques à leur incorporation qui en limitent leur intérêt. Dans tous les cas, leur utilisation ne dédouane pas de mettre en oeuvre toutes les conditions nécessaires pour assurer une bonne conservation. Quel que soit le mode de récolte, et plus encore dans le cas des fourrages stockés humides, il est illusoire de penser que la conservation aura été parfaite. Certaines parties du silo ou la périphérie de certaines bottes enrubannées présenteront des zones altérées qu’il conviendra d’éliminer. Dans le cas où celles ci seraient trop importantes sur une botte il est préférable de ne pas la distribuer.

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Conclusion

Différentes techniques sont aujourd’hui disponibles pour récolter les fourrages. Concernant les prairies le choix dépend de nombreux critères, équipements, bâtiments, objectifs de performances animales mais surtout du niveau de chargement de l’exploitation qui va contraindre à une plus ou moins grande intensification des surfaces.

Le développement de nouvelles techniques permet aujourd’hui de sécuriser la récolte des prairies. On peut toutefois rappeler ici que le mode de récolte influe peu sur la valeur nutritionnelle des fourrages et c’est avant tout le stade de développement qui importe (Corrot et al, 1998). Par contre, il peut avoir des effets sur l’ingestibilité via la teneur en MS, et l’appétibilité. La technique de l’enrubannage est une alternative au foin qui apparaît aujourd’hui relativement intéressante pour l’élevage des équidés et ce pour différentes raisons :

- elle permet d’envisager d’avancer les dates de récolte et sécuriser : Moins soumise aux aléas cette technique permet d’avancer la date de récolte et de

pouvoir profiter de fenêtres météo favorables à une fauche. On peut ainsi envisager des récoltes de fourrages à des stades végétaux précoces, favorables à la production d’un fourrage de bonne valeur (Martin – Rosset 2007).

- elle améliore les rendements des prairies : Dans la mesure où la récolte et la conservation sont maîtrisées, la récolte sous

forme enrubannée diminue les pertes de fourrages. En permettant d’avancer la date des récoltes cette technique favorise les repousses ultérieures.

- elle participe à limiter les affections respiratoires : S’agissant d’un fourrage récolté encore humide, cette technique n’expose pas les

chevaux et les éleveurs aux poussières comme c’est souvent le cas avec les foins tout particulièrement lorsque ceux ci sont distribués manuellement.

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