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    Discriminations lgbt - phobes lcoletat Des lieux et recommanDations

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    DISCRIMINATIONS LGBT - PHOBES LCOLETAT DES LIEUX ET RECOMMANDATIONS

    Rapport de Michel Teychenn Monsieur le Ministre de lducation nationale

    Juin 2013

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    INTRODUCTION 4

    1. MTHODOLOGIE DU RAPPORT 61.1 AUDITIONS ET GROUPES DE TRAVAIL 61.2 UNE ENQUTE NATIONALE AUPRS DES RECTORATS 61.3 UNE ANALYSE DES PROGRAMMES ET DES RESSOURCES PDAGOGIQUES 61.4 QUELQUES DFINITIONS 7

    2. LES LGBT-PHOBIES : DES CONSQUENCES DRAMATIQUES POUR LES JEUNES SCOLARISS 82.1 UNE LENTE PRISE DE CONSCIENCE 82.2 QUI SONT LES VICTIMES DES LGBT-PHOBIES LCOLE ? 8

    Les jeunes LGBT 8 Des jeunes non conormes aux strotypes de genre 8 Les invisibles : des victimes caches 9 Les enants vivant dans les amilles homoparentales ou ayant un parent homosexuel 9

    2.3 LES MANIFESTATIONS DE LHOMOPHOBIE EN MILIEU SCOLAIRE 9 De linsulte aux coups 10 Les discriminations discrimines 10

    2.4 LES CONSQUENCES DE LHOMOPHOBIE : DE LISOLEMENT AU SUICIDE 12

    Des consquences sur la sociabilit 13 Des consquences sur la scolarit 13 La sursuicidalit des jeunes LGBT : une consquence directe de lhomophobie 13

    2.5 LHOMOPHOBIE : UN PROBLME DUCATIF QUI DOIT TRE TRAIT PAR LE SYSTME DUCATIF 14

    3. DUCATION NATIONALE : TAT DES LIEUX ET VALUATIONS DES ACTIONS DE LUTTECONTRE LES LGBT-PHOBIES A LCOLE 153.1 UNE COMMUNAUT DUCATIVE ENCORE TROP PEU MOBILISE 15

    Lenqute nationale auprs des recteurs dacadmie 2013 Analyse des rsultats 15 Les projets innovants recenss par lenqute auprs des rectorats 16 Le bilan des campagnes dinormation : Ligne Azur 17 Une ormation et une inormation insufsantes 17

    3.2 UNE DUCATION LA SEXUALIT LCOLE INSUFFISAMMENT EFFECTIVE 19 Ce que prvoient les textes 19 Une obligation mal respecte 19 Des liens avec les partenaires renorcer : les interventions en milieu scolaire (IMS) 20

    TABLE DES MATIRES

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    4. LMENTS DE COMPARAISON INTERNATIONAUX 22

    5. RECOMMANDATIONS 235.1 ACTION 1 : SENSIBILISER ET AGIR: DES RESSOURCES POUR LES PERSONNELS 23

    Crer un site portail sur les discriminations et les LGBT-phobies 23 Mener une campagne de sensibilisation au dbut de lanne scolaire 23

    5.2 ACTION 2 : UNE FORMATION POUR LENSEMBLE DES PERSONNELS 24 Mettre en place un rseau de ormateurs et de rrents 24 Veiller tout particulirement la ormation des ches dtablissement 24 Intgrer la problmatique dans la ormation initiale 24

    5.3 ACTION 3 : DUQUER AU RESPECT DE LA DIVERSIT 25 Adapter les problmatiques traites et les ressources lge des lves 25 Faire voluer et rendre eective lducation la sexualit 25 Intgrer la lutte contre les discriminations dans les programmes de lenseignement moral et civique 25 Accorder une attention particulire aux enseignements dEPS 25 Agir sur les reprsentations et les prjugs 26

    5.4 ACTION 4 : ASSOCIER LES LVES LA PRVENTION DES DISCRIMINATIONS ET DES LGBT-PHOBIES 26 Inormer et sensibiliser 26 Impliquer les lves et les parents dlves 27

    Prvenir ; accompagner les victimes 275.5 ACTION 5 : DVELOPPER LES PARTENARIATS 28 Renorcer les agrments 28 Institutionnaliser le dialogue 28

    5.6 ACTION 6 : JOUER PLEINEMENT SON RLE DEMPLOYEUR 295.7 ACTION 7 : ENCOURAGER LVALUATION ET LA RECHERCHE 29

    6. CONCLUSION 30

    7. ANNEXES 31

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    INTRODUCTION

    lcole, lhomosexualit reste encore trop souvent un tabou Pourtant, de nombreux jeunes LGBT rquententles tablissements scolaires Lge des coming out et de larmation de soi devient plus prcoce1 en raisonnotamment de la visibilit grandissante de lhomosexualit dans la socit, les mdias, les sries tl etle cinma, ainsi que de la possibilit croissante de sidentier des modles (sportis, acteurs, chanteurs,crivains, proches) Paralllement, grce ladoption de la loi sur le mariage pour les personnes de mmesexe, les amilles homoparentales vont dsormais exister ociellement lcole et devront tre accueillies,avec leurs enants, dans les mmes conditions de droits et de devoirs que les autres amilles

    Les revendications dgalit, de respect et du droit pouvoir vivre sa vie aective et son identit en toutenormalit sans avoir se cacher sont de plus en plus prsentes chez les jeunes LGBT, alors que lesgnrations prcdentes choisissaient trs souvent linvisibilit Cette construction du droit lin-dirence se heurte pourtant la persistance de discriminations et de violences lencontre des jeunesLGBT, dont lcole nest pas, loin de l, prserve Lducation nationale doit sadapter cette nouvelledonne et se mettre en capacit de lutter contre les LGBT-phobies, dont les consquences peuvent tredramatiques pour les lves

    Dans le contexte rcent du dbat sur la loi ouvrant le mariage et ladoption pour les personnes de mme sexe,aborder rontalement ces questions relve dun pari dicile, tant certaines positions se sont radicalisesLurgence est pourtant l : lhomophobie et la transphobie vcues ou intriorises conduisent chaque jour

    en France des jeunes garons et des jeunes lles des tentatives de suicide, ou au suicide

    Loin des polmiques, je me suis attach dans ce rapport aire la synthse la plus large et la plus compltepossible des tudes et des recherches existantes, dgager les convergences et les constats partags,ainsi qu identier les lments scientiques utiles une approche la plus argumente possible de la luttecontre lhomophobie et la transphobie lcole et la prvention du suicide chez les jeunes LGBT

    Jai essay travers ce rapport, partir de mon exprience et ma culture universitaire, de ma connaissancedes ralits de terrain comme enseignant, lu local et observateur averti du mouvement LGBT depuis unetrentaine dannes, mais aussi de mon action comme ancien dput europen membre de lintergroupeparlementaire Droits des LGBT en Europe , de cerner au plus prs la ralit, tant qualitative que quantitative,de lhomophobie lcole, de ses consquences, et des risques que ce phnomne de discrimination mconnu

    ait courir une partie signicative de la population des jeunes garons et lles scolariss en France

    Jai souhait que ce rapport soit un travail de pdagogie, dinormation et de sensibilisation la lutte contreles discriminations lies lorientation sexuelle et lidentit de genre, qui ne peuvent plus aujourdhui enFrance rester mconnues, voire caches : des discriminations discrimines

    1 Michel Dorais (proesseur en sciences sociales luniversit Laval), tre homo, aujourdhui en France, ditions H&O, 2012

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    Je remercie toutes celles et tous ceux qui ont particip ce travail, qui ont pris sur leur temps proessionnelou priv pour apporter leur exprience, leurs connaissances et leurs savoir-aire en participant aux diversgroupes de travail, aux auditions et aux rencontres Je remercie aussi toutes celles et tous ceux enparticulier le Collecti ducation nationale contre les LGBT-phobies qui, par leurs contributions crites,leurs inormations et leurs mises en relation, ont ait que ce rapport soit aussi un travail collecti

    Les trois groupes de travail organiss au ministre de lducation nationale et les auditions et rencontres que jaipu mener depuis le dbut de ma mission ont t dun apport trs utile la rfexion et la dnition des actions

    et mesures qui devront tre engages par le ministre de lducation nationale dans les prochaines annes

    Je remercie de leur soutien et leur aide les personnels de lInstitut national de prvention et dducation pourla sant (INPES) Louvrage Les minorits sexuelles ace au risque suicidaire. Acquis des sciences sociales etperspectives2 ait rrence en matire de suicide

    2 Ouvrage collecti de Franois Beck, Jean Marie Firdion, Stphane Legleye et Anne Marie Schiltz, collection Sant en action de lINPES, 2010, 112 p

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    1.1 AUDITIONS ET GROUPES DE TRAVAIL

    Dans le cadre de la lettre de mission du ministre de lducation nationale (voir annexe 1), je me suis attach accomplir un travail dcoute et dchange avec les acteurs de la lutte contre les LGBT-phobies lcole :les associations LGBT intervenant ou pas en milieu scolaire, les syndicats de lducation nationale et lesparents dlves reprsents dans le Collecti ducation nationale contre les LGBT-phobies, les acteurs etproessionnels du ministre de lducation nationale de tous niveaux, et enn les chercheurs qui ont tudiles problmatiques de lhomophobie et la transphobie et/ou du suicide des jeunes LGBT en milieu scolaire

    et publi sur ces sujetsConormment ma lettre de mission, jai mis en place trois groupes de travail principalement ouverts auxassociations LGBT, aux spcialistes ou chercheurs et aux acteurs intervenant en milieu scolaire Il sagis-sait davoir un change sur les problmatiques de la lutte contre les LGBT-phobies lcole, de dgagerdes consensus et des analyses communes entre les divers partenaires, de dterminer les priorits, dva-luer les actions existantes et dentendre les revendications Ces groupes ont port sur la problmatiquegnrale, sur la question spcique du suicide et sur celles de la violence et du harclement LGBT-phobe(voir annexe 2 Listes des participants aux groupes de travail).Jai aussi souhait approondir les changes en groupe de travail par des rencontres complmentaires avecles associations et les organisations participantesJe me suis aussi x comme objecti, dans la mesure du possible, de rencontrer largement des personnels,

    cadres et responsables du ministre de lducation nationale concerns par leurs onctions ou ayant uneexprience dans la lutte contre les discriminations lies lorientation sexuelle et lidentit de genreSoixante treize auditions et entretiens ont ainsi complt le travail des groupes cits ci-dessus(voir annexe 3 Liste des auditions et entretiens).

    1.2 UNE ENQUTE NATIONALE AUPRS DES RECTORATS

    Ds le dbut de ma mission en septembre 2012, jai constat quil ny avait aucune donne centralise concer-nant les politiques et les actions de lutte contre les LGBT-phobies au ministre de lducation nationaleAn de pallier cette carence, jai tabli un questionnaire destination des recteurs des trente acadmiesmtropolitaines et doutre-mer pour tablir un tat des lieux et essayer de aire linventaire des actions de

    ormation ou de sensibilisation des personnels, des actions en direction des lves, des liens institutionnelsavec les associations, des interventions en milieu scolaire (IMS), des projets pilotes, etc Ce travail tait lepralable la ralisation dun rapport qui intgre au plus prs les ralits de terrainIl mest vite apparu que, pour assurer une analyse approondie de la situation et permettre aux rectoratsde rpondre dans des conditions optimales lenqute nationale, la dure dtude et de prparation de cerapport, qui devait au dpart tre de trois mois, devait tre porte six mois

    1.3 UNE ANALYSE DES PROGRAMMES ET DES RESSOURCES PDAGOGIQUES

    Sur le plan national, je me suis attach recenser et analyser les programmes scolaires et les ressources

    pdagogiques qui abordaient les problmatiques LGBT, comme les programmes de sciences de la vie et de laTerre, les sances dducation la sexualit, les guides des intervenants et des ormateurs, les campagnesnationales ligne Azur , etc Cela an de complter ltat des lieux et davoir une vision la plus compltepossible de lexistant

    1. MTHODOLOGIE DU RAPPORT

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    1.4 QUELQUES DFINITIONS

    Pourront tre utilises dans ce document les dnitions suivantes, conormes celles qui sont utilises parles organisations internationales (Sources : Principe de Jogjakarta principes sur lapplication de la lgisla-

    tion internationale en matire dorientation sexuelle et didentit de genre, 2007 La discrimination onde surlorientation sexuelle et lidentit de genre en Europe, Conseil de lEurope, Strasbourg, 2011)

    Bisexuel(le) : Une personne bisexuelle se dnit comme une personne attire la ois par les hommes etpar les emmes Certains hommes et certaines emmes ont adopt ce terme pour dcrire leur identit

    Gay : Le terme gay peut se rrer une attraction sexuelle envers le mme sexe, aux rapports sexuels avecdes personnes de mme sexe et, de manire gnrale, une identit culturelle homosexuelle Cependant,il dsigne souvent les hommes prouvant une attraction sexuelle pour dautres hommes et qui ont desrelations intimes principalement avec des hommes

    Genre et sexe : Le terme sexe dsigne des dirences biologiquement dtermines, tandis que genre

    renvoie aux rles, comportements, activits et attributs socialement construits quune socit donneconsidre appropris pour les hommes et les emmes

    Homophobie : Peur, rejet ou aversion, souvent sous la orme dattitudes stigmatisantes, de comportementsdiscriminatoires ou de violences envers les homosexuels et lhomosexualit

    LGBT-phobie : Peur, rejet ou aversion, souvent sous la orme dattitudes stigmatisantes, de comportementsdiscriminatoires ou de violences envers les lesbiennes, gays, bisexuels, transsexuel(le)s

    Identit de genre : Dsigne lexprience intime et personnelle de son genre proondment vcue par chacun,quelle corresponde ou non au sexe assign la naissance

    Intersexe : Personne ne avec des caractres sexuels primaires et secondaires masculins et minins

    Lesbienne : Femmes qui prouvent une attirance sexuelle pour les emmes et ont des relations intimesprincipalement avec des emmes

    Orientation sexuelle : Capacit de chacun de ressentir une proonde attirance motionnelle, aective etsexuelle envers des individus du sexe oppos, de mme sexe ou de plus dun sexe, et dentretenir des relationsintimes et sexuelles avec ces individus Elle est distincte de lidentit de genre

    Transgenre/transsexuel(le) : Dsigne une personne dont lidentit de genre dire de son sexe la naissanceLes personnes transgenres peuvent tre htrosexuel(le)s, homosexuel(le)s ou bisexuel(le)s Une personne

    transsexuelle est une personne transgenre qui suit ou a suivi un traitement (notamment chirurgical ouhormonal) destin aire en sorte que son corps corresponde au genre quelle vit

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    2. LES LGBT-PHOBIES :DES CONSQUENCES DRAMATIQUES

    POUR LES JEUNES SCOLARISS2.1 UNE LENTE PRISE DE CONSCIENCE

    Lmergence dune rfexion sur le lien entre les discriminations, stigmatisations et dtresses psychiques at, dans notre pays, particulirement lente Avant les annes 1990, les chercheurs avaient de ortes rti-cences tudier les questions portant sur lorientation sexuelle, lattirance sexuelle ou lidentit sexuelle,susceptibles de constituer une intrusion dans la vie prive des citoyensIl audra attendre la loi sur le pacte civil de solidarit (PACS) et les dbats qui ont entour les articles de loicontre les discriminations des minorits sexuelles, mais aussi laction des associations LGBT, pour quau

    dbut des annes 2000 commence tre prise en compte dans les enqutes la dtresse psychique queprovoquent les discriminations Une dtresse qui conduit trop souvent au suicide

    La France est donc en retard et manque encore denqutes ondes sur des chantillons reprsentatisprenant en compte non seulement lorientation, lattirance et lidentit sexuelles, mais aussi les agressionshomophobes et transphobes, le harclement psychologique, les phnomnes de non-conormit de genredurant la jeunesse, et les stratgies de dense chez les jeunes en gnral ainsi que chez les jeunes scola-riss Les chires avancs ici sont donc des ordres de grandeur

    2.2 QUI SONT LES VICTIMES DES LGBT-PHOBIES LCOLE ?

    Le nombre de victimes des LGBT-phobies dpasse largement le nombre de jeunes LGBT directement viss parles insultes, le harclement ou les coups Non seulement les lesbiennes, gays, bisexuel(le)s et transsexuel(le)sne sont pas les seuls touchs directement par la violence et la discrimination homophobe, mais, en outre,celles-ci aectent lourdement les autres jeunes LGBT tmoins directs ou indirects

    Les jeunes LGBT

    Les personnes LGBT reprsenteraient environ 6 % de la population ranaise selon les chires courammentadmis en France Parmi les jeunes de 15 18 ans, ds 1997, 6,1 % dclaraient une attirance pour les personnesdu mme sexe (Lagrange et Lhomond, 1997, tude cite dans louvrage de lINPES Les minorits sexuelles aceau risque suicidaire)3 Il nest pas inutile de rappeler que lhomosexualit concerne dans les mmes proportions

    toutes les classes sociales et toutes les origines gographiques Lacceptation de lhomosexualit, y comprispar les homosexuel(e)s, varie, elle, selon des dterminants sociaux, culturels et philosophiquesEn France aujourdhui, sur environ 12,1 millions dlves (dont 6,7 millions du premier degr et 5,4 millionsdu second), au moins 730 000 sont ou seront potentiellement directement concerns par les LGBT-phobiesau cours de leur scolarit

    Des jeunes non conormes aux strotypes de genre

    Folle, encul, PD, butch, camionneuse, gouine , ces qualicatis ont rrence la dissonance et la non-conormit de genre de ceux quils soient ou non attirs par des personnes de mme sexe qui ne se conormentpas aux strotypes de genre par leur habillement, leur attitude, ou pour toute autre raison : timidit, absence

    de relation aective connue, la rumeur 3 Mais dans les pays qui ont tudi depuis beaucoup plus longtemps que nous ces problmatiques, comme la Belgique, laSude, les tats-Unis ou le Canada, le pourcentage couramment admis est de 10 % En leet, il inclut les sous-dclarationsdues la peur de lhomophobie et repose sur une approche plus prcise de la bisexualit

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    Ce sont dabord ces jeunes reprables , identis pour leur orientation sexuelle et/ou leur identit degenre relle ou suppose, qui subissent les discriminations homophobes et le harclement Tous ne sontpas homosexuels : on oublie en eet souvent que des jeunes htrosexuels sont victimes de propos ou deharclement homophobes parce quils ne correspondent pas aux strotypes de genre de leur environnement

    scolaire Ce phnomne est dailleurs souvent cit dans les tmoignages des intervenants en IMS et par denombreux spcialistes

    Pour autant, ces jeunes identis comme gays ou lesbiennes (ou plus rarement comme transgenres)ne reprsentent que la pointe de liceberg La grande majorit des lves concerns sont invisibles ,ce qui explique la sous-valuation constante des LGBT-phobies lcole

    Les invisibles : des victimes caches

    lcole, la grande majorit des jeunes LGBT choisissent de cacher leur orientation sexuelle, sils le peuventIls ne sont donc pas toujours des victimes directes des discriminations homophobes, ce qui ne les empcheen rien den subir le poids (Li Kitts 2005) Les actes homophobes participent, en eet, crer une ambiance

    dhostilit, de stigmatisation et donc de repli sur soi, poussant trs souvent les jeunes LGBT vers une dichotomieentre vie sociale et vie aective : ils dissimulent leur amille et leurs proches leur vie aective, craignant sarvlation et ses consquences Cest lhomophobie intriorise Ces jeunes vivent non seulement lexpriencedu rejet de la part des autres, mais aussi de linvisibilit de leur sourance. (Ruiz, 1998; Dunn, 2002)4

    Cette invisibilit a un cot psychologique lourd

    Les enants vivant dans les amilles homoparentales ou ayant un parent homosexuel

    On peut dnir deux types denants ou de jeunes concerns par cette problmatique, amene prendrede lampleur avec la loi ouvrant le mariage et ladoption aux couples de mme sexe

    Les enants vivant dans des couples homosexuels : il existe trs peu de donnes statistiques sur lescouples de mme sexe en France Les chires varient selon les chercheurs et les tudes Les dernirestudes datent dj de plusieurs annes et situent (a minima) entre 10 000 et 40 000 le nombre denantsconcerns Ces chires anciens sont aujourdhui certainement revoir la hausse

    Les enants ayant un parent homosexuel et vivant dans des amilles htrosexuelles recomposes : Selon Maks Banens, dmographe, auteur avec Eric Le Penven dune tude de lInstitut national dtudesdmographiques (INED) sur lhomoparentalit en France, le chire de 200 300 000 enants ayantun parent homosexuel est tout ait plausible Beaucoup de ces enants sont ns dune prcdenteunion htrosexuelle Il convient galement de ne pas oublier les situations de transparentalit, moinsnombreuses, mais qui existent et ncessitent dtre prises en compte

    Conclusion : en moyenne, au moins deux lves par classe sont concerns.Si lon additionne les jeunes LGBT, les jeunes htrosexuels non conormes aux strotypes degenre, ainsi que les enants levs par des amilles homoparentales et ceux ayant un parent homo-sexuel, cest probablement plus dun million dlves qui sont ou seront potentiellement concernspar les discriminations LGBT-phobes pendant leur scolarit.

    2.3 LES MANIFESTATIONS DE LHOMOPHOBIE EN MILIEU SCOLAIRE

    Les tablissements scolaires ne sont pas, loin de l, prservs de lhomophobie Selon les chires de

    SOS- Homophobie, noncs dans son rapport de 2009 qui sappuie sur les tmoignages recueillis danslanne par la ligne dcoute, les actes de nature homophobe ont lieu pour 40 % dentre eux au lyce, et pour

    4 Ouvrage collecti de Franois Beck, Jean Marie Firdion, Stphane Legleye et Anne Marie Schiltz, collection Sant en action de lINPES, 2010, 112 p

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    38 % au collge Le rapport de la DGESCO (Rapport relati aux auditions sur les discriminations en milieuscolaire remis au ministre de lducation nationale 22 septembre 2010) avait t command par le ministreXavier Darcos (voir annexe 4) Il ournit un panorama intressant Les chires actuels concernant le harcle-ment homophobe disponibles au ministre de lducation nationale sont particulirement peu signicatis :

    SIVIS, le systme dinormation et de vigilance sur la scurit scolaire, recensait en 2012 158 cas motivationhomophobe, soit 1 % de la totalit des signalements Ces chires (SIVIS) sont en total dcalage avec ceuxde lenqute de SOS-Homophobie, mais aussi avec les tmoignages des enseignants et des associationsimpliques dans la lutte contre lhomophobie titre de comparaison : En Belgique, une tude mene surles jeunes lesbiennes, gays et bisexuel(le)s ayant rquent lcole au cours des trois dernires annes a rvlque 48 % avaient subi des moqueries et avaient t tourns en drision, que 39 % avaient t insults, que36 % avaient t en butte un isolement social, et que 21 % avaient t victimes dintimidation. Des conclu-sions similaires ont t rapportes en France, en Hongrie, aux Pays-Bas et en Espagne. Aux Pays-Bas, 35 %de ces lves ont indiqu quils ne se sentaient jamais ou que rarement en scurit lcole, contre 6 % pourlensemble des lves. (Booklet 8/Education Sector : Response to homophobic Bullying UNESCO 2012)

    De linsulte aux coups

    Les agressions verbalesLa majorit (55 %) des maniestations dhomophobie recenses sont des moqueries et insultes Ces actessont renouvels ou permanents pour 46 % dentre euxLes groupes de travail et les experts auditionns ont tous soulign la banalisation des insultes LGBT ds lcoleprimaire, phnomne culturel qui semble ne pas tre susamment pris en compte par les quipes ducativesLemploi de mots comme pd ou encul , par exemple, nest dailleurs souvent pas conscientis par lejeune Ce mot est employ comme une simple expression courante, bien que trs stigmatisante

    Le harclementLe harclement reprsente 15 % des maniestations dhomophobie lencontre des lves et des tudiants

    (14 % lencontre des personnels de lducation nationale) Les groupes de travail ont insist sur le ait quece nest pas en classe, mais dans la cour de rcration, les couloirs, les toilettes ou devant ltablissement,loin du regard des adultes, que se passent la majorit des actes de harclement Le harclement est carac-tris par la rptition et lhumiliation publique, qui puisent les victimes enermes dans la caricature Leharclement dbute le plus souvent par un ensemble de moqueries, il utilise dsormais parois les nouveauxmoyens de communication (happyslapping, Facebook, Twitter, etc) Le harclement ou linjure homophobese dveloppent en eet sur les rseaux sociaux, prolongement de la cour de rcration Cette question dela cyberviolence, qui dpasse le cadre de la lutte contre lhomophobie, est aujourdhui prise en compte parla Dlgation ministrielle charge de la prvention et de la lutte contre les violences en milieu scolaire

    La violence physiqueDans 5 % des cas recenss par lEnqute sur lhomophobie en milieu scolaire de SOS-Homophobie (2009),

    lhomophobie se traduit par des coups et blessures

    Les discriminations discrimines

    TabouLorientation sexuelle et lidentit de genre sont trop souvent considres comme des sujets tabous Lesenseignants, comme le rappelle le rapport de la DGESCO appuy par lexprience des participants desgroupes de travail, tmoignent parois de rticences prononcer mme les mots dhomophobie et/oudhomosexualit, par crainte des ractions des lves et des amilles

    Banalisation

    Ds lcole primaire, les insultes homophobes sont malheureusement trop courantes, trop banalises, alors queles insultes racistes, antismites ou sexistes sont condamnes et sanctionnes par la communaut ducativeLinsulte LGBT-phobe bncie dune certaine tolrance sociale en partie due sa dsmantisation (elleest utilise sans rfexion sur son sens et sa porte) et son absence dincarnation Dans la communaut

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    ducative, on peut tre tent de croire que, sil ny a pas dhomosexuel(le) directement vis(e), linsulte estmoins grave Malheureusement, cette dsmantisation est toute relative et nest pas perue comme tellepar les jeunes LGBT et enants de LGBT, tmoins ou victimes de ces propos

    Indirence ou inactionLes jeunes LGBT ne bncient pas toujours de lcoute et du soutien quils pourraient esprer de la part dela communaut ducative Ils sont souvent perus comme des lments perturbateurs Ils interrogent parleurs transgressions des normes, par leur provocation ou par leur rbellion Ils mettent souvent les adultesmal laise, les renvoyant leurs propres prjugs, ou simplement le plus souvent leur dicult dabordercette problmatique par manque dinormation et de ormation Lindirence ou linaction de la communautducative peuvent tre ressenties dautant plus douloureusement que le sentiment de solitude, disolement, lapeur du regard des autres et du jugement ngati, la perte destime de soi et la culpabilisation accompagnenttrs souvent la dcouverte de son homosexualit au moment de ladolescence, priode de grande sensibilitet de construction des individus Les jeunes LGBT sont alors trs sensibles, positivement ou ngativement, auxmessages ou labsence de messages, aux attitudes de leur entourage scolaire et/ou amilial Lindirencedes adultes, psychologues scolaires, enseignants et ches dtablissement est une cause importante de

    dtresse et datteinte lestime de soi chez les jeunes LGBT (Cooper Nicols, 2007 ; Verdier et Firdion, 2003)

    Du rle de la amille Ceux qui sont naturellement les plus proches sont aussi ceux dont le jugement importe le plus pour le jeune.Cest le cas du pre et de la mre, mais aussi de la ratrie et de tout ce qui il ou elle ctoie tous les jours. Lorsquelon coute des parents qui viennent dapprendre lhomosexualit de leur ls, on peroit le plus souvent que cettervlation a t vcue comme une onde de choc bouleversant la vision des liens amiliaux et provoquant unenouvelle mise en mouvement de la dynamique amiliale. Or, contrairement une jeune victime de discriminationraciste, par exemple, la jeune lesbienne ou le jeune gay ne retrouve pas au sein de sa amille une culture, ni uneexprience qui lui apporterait un soutien et laiderait lutter contre sa propre stigmatisation. Selon une tudeamricaine de 1989, les deux tiers des parents interrogs dclarent avoir eu une premire raction ngative

    et la moiti se sentait coupable. (Eric Verdier et Jean Marie Firdion, Homosexualit et suicide, H&O Editions) linverse de ce qui se passe dans le cas des discriminations racistes ou des handi-phobies par exemple, dontles victimes bncient du soutien de leur amille, la amille des jeunes LGBT, dans la trs grande majoritdes cas, nest pas inorme du vcu, des sourances et des dicults du jeune Pourtant, lorsquelle peutapporter un soutien marqu son enant LGBT et quelle est entendue et soutenue par la communautducative, le rle de la amille est prpondrant pour lquilibre psychologique des jeunes LGBT

    Le coming out volontaire des jeunes LGBT se situe aux environs de 20 ans dans la trs grande majoritdes cas. Cest un lment central dans la problmatique de la lutte contre les LGBT-phobies lcole.

    Le coming out se ait en eet dabord auprs des amis trs proches, puis de la amille (si cela est possible)et, enn, de aon concentrique par rapport au cercle des relations aectives Ce qui, souvent, met les

    amilles hors jeu durant la priode de scolarisation secondaire des jeunes concerns, dans une propor-tion trs importante inversement proportionnelle lge du coming out Il aut aussi noter le risque derupture amiliale, y compris pour les adolescent(e)s au moment du coming out Lassociation Le Reugeindique que sa ligne dappel dnombre ces derniers mois une recrudescence du nombre de demandesdhbergement de jeunes LGBT jets la rue par leurs parents

    Le proesseur Michel Dorais constate aussi une tendance la baisse de lge de dcouverte de son homo-sexualit chez les jeunes LGBT : le plus souvent entre 12 et 15 ans

    Michel Dorais prcise les conditions de cette prise de conscience : La dcouverte de son attirance enversles personnes du mme sexe est plutt une volution quun vnement soudain. Graduellement, au cours de

    lenance ou de ladolescence, le jeune garon ou la jeune lle saperoit quil ou elle ne ragit pas en son orintrieur comme la majorit de ses congnres. Lmoi que ses compagnons ou compagnes expriment devantles personnes de lautre sexe, cest plutt (ou en plus, pour les jeunes bisexuel le s) lendroit de personne dumme sexe quil ou elle lexprimente. Au dbut, il ny a pas orcement de mot ou dtiquette placer dessus.

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    Seulement une impression dtranget. Cest le plus souvent travers la pression sociale au conormismeque prend orme dans la tte de lenant ou de ladolescent la constatation suivante : il se pourrait que je soisdirent-e de ce que lon attend de moi

    2.4 LES CONSQUENCES DE LHOMOPHOBIE : DE LISOLEMENT AU SUICIDE

    Dans un contexte normati o tout le monde est prsuppos htrosexuel, un ge o lidentit sexuelleet aective se construit et o les questions lies lorientation sexuelle ou lidentit de genre mergent,tant pour les garons que pour les lles, les adolescents LGBT se trouvent conronts lhomophobie Dela moquerie au rejet, du harclement aux menaces et la violence physique concernant lapparence ou lecomportement sexuel ou aecti de la personne vise, ces maniestations des LGBT-phobies psent trstt sur la reprsentation et la construction de soiLes consquences nastes de lhomophobie sur le bien-tre des jeunes concerns ne sont plus dmontrerLes situations de dtresse psychologique auxquelles lhomophobie peut conduire ont t notamment tudiespar Jean-Michele Pugnire (voir le rsum de sa thse de doctorat en annexe 5) Le sentiment disolement et

    la peur dune raction ngative des parents et/ou des proches ont que lhomosexualit, au moment de lado-lescence, est dicile assumer, accepter La prise de conscience de la dirence est souvent prcoce,comme lcrit Michel Daurais : la dicult den parler, dtre cout et de ne pas tre jug conduit ces jeunesvers lisolement, le mensonge et la sourance Ce phnomne trs prsent chez les garons (mais aussi chezles lles) est renorc par la rquence des insultes homophobes, qui leur renvoient une image dvalorisanteet ngative, laquelle renorce la peur de lhomophobie vcue et nourrit lhomophobie intrioriseLes consquences de lhomophobie sur les victimes, quelles soient LGBT ou non, sont du mme ordre Unetude de 1995 Seattle a ainsi mis en vidence que le taux de tentative de suicide dans lanne chez lesjeunes htrosexuels, de 5,7 % en moyenne, atteignait 20 % chez ceux qui avaient t victimes dattaqueshomophobes (Pierre Tremblay Orientation sexuelle chez les jeunes prsentant des problmes suicidaires ,

    Vis--vis, n 10, vol 2)

    DES STRATGIES VARIES FACE LHOMOPHOBIE

    Extrait de Les minorits sexuelles ace au risque suicidaire. Acquis des sciences sociales etperspectives, INPES, collection Sant en action , 2010 :

    La maniestation de caractristiques visibles considres comme appartenant au sexe opposaugmente donc le risque de harclement et dagression homophobe, accroissant le minority stress des LGBT. Cela peut conduire ces jeunes au repli sur soi, ou linverse les pousser vers dautres

    stratgies : par exemple, une stratgie de loutrance, plus rpandue chez les garons (le garon vasouligner, exagrer son atypicalit, et devenir la olle de service , ce qui lui permettra de sallier les

    sympathies de certains de ses camarades par son rle damuseur). Il est noter que cette situation

    contribue aussi alimenter lhomophobie (et la transphobie) par la caricature et ainsi renorcer

    les prjugs et les strotypes. Extrait de Franois Beck, Jean Marie Firdion, Stphane Legleyeet Anne-Marie Schiltz.

    Dautres optent pour une stratgie dacceptation de leur orientation sexuelle et de rbellion : Lejeune va assumer sa dirence et sopposer ses perscuteurs, il adoptera la fgure du rebelle

    ace ses pairs et aux adultes. (Verdier et Firdion, 2003)

    Ces stratgies ont cependant un cot psychique et physique, surtout long terme. Plusieursquipes de chercheurs ont mis en vidence la orte prvalence lanxit parmi ces populations,comme lcrivent Gilman et coll. (2001) et Patchankis et Goldried (2006 ).

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    Des consquences sur la sociabilit

    La stigmatisation permanente, mme si elle ne vise pas explicitement et directement une victime , luirenvoie limage, la reprsentation, que lhomosexuel ou la personne non conorme son genre assign

    sa naissance est par dnition mprisable , et que sa stigmatisation est lgitime On voit donc appa-ratre des comportements de rsilience, mais aussi une perte destime de soi, de lanxit, de la honte, dela culpabilit, la crainte permanente dtre dmasqu ou harcel Cela entrane un repli sur soi, un risquemajeur de comportements agressis envers soi-mme, de conduites risques (alcool, drogues, rapportssexuels non protgs, etc)

    Des consquences sur la scolarit

    Lhomophobie se traduit, chez 16 % des victimes, par une baisse des notes (source : Enqute SOS-Homophobie ) Le sentiment de marginalisation et de mise lcart conduit parois, non seulement unebaisse des rsultats, mais galement la dmotivation scolaire, labsentisme et au dcrochage scolaireCe constat est conrm par les tudes internationales

    La sursuicidalit des jeunes LGBT : une consquence directe de lhomophobie

    35 % des victimes ont tat de mal-tre et de dprime, 32 % de repli sur soi, 21 % de rvolte, 9 % duneaggravation des conduites risques (SOS-Homophobie, 2009) La dpression et lisolement sont la porteouverte aux tentatives de suicide.

    Toutes les tudes convergent vers un constat simple : le rle central des LGBT-phobies vcues ou int-riorises. Le consensus des scientiques internationaux comme des chercheurs de lINPES est en eetclair : lhomophobie est un acteur de risque du comportement suicidaire : Les phnomnes dexclusion,de rejet, de mpris, de stigmatisation peuvent conduire en eet une perte destime de soi, une perte de

    conance dans lavenir et dans les autres. Lomniprsence du modle htrosexuel ainsi que les direntes ormes dintolrance lhomosexualitaccroissent chez les minorits sexuelles et chez les personnes prises pour cible par les homophobes les ac-teurs de risque : tat dpressi, baisse des rsultats scolaires, consommation de substances psychoactives,confits amiliaux, isolement, agressions. Lhomophobie gnre ou entretient la honte prouve devant sanature , devant soi-mme, qui peut parois conduire des conduites suicidaires. (Hillier et Harrison, 2004)

    Les jeunes gnrations, selon lINPES sont particulirement touches : Au sein des minorits sexuelles,les jeunes semblent prsenter des risques de tentatives de suicide plus levs que les adultes : les jeunesdaujourdhui seraient-ils plus vulnrables que leurs ans ?

    Les tudes menes en France sont toutes corrobores par la littrature scientique internationale Nous ne

    pouvons aujourdhui tablir que des ourchettes de sursuicidalit, mais le constat est particulirementsombre et alarmant.

    Selon les tudes pidmiologiques rcentes, parmi les adolescents et jeunes adultes, les populations

    LGBT ont 2 7 ois plus de risques deectuer une ou plusieurs tentative(s) de suicide au cours de leur vie

    que les populations htrosexuelles. (Franois Beck, responsable du dpartement enqutes et analysesstatistiques INPES)

    Ces risques sont de 2 4 ois suprieurs pour les flles, et de 5 10 ois pour les garons, ce qui reprsentedes dizaines de suicides chaque anne.

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    2.5 LHOMOPHOBIE : UN PROBLME DUCATIF QUI DOIT TRE TRAITPAR LE SYSTME DUCATIF

    Comme le souligne lUNESCO, le harclement homophobe est un problme ducati qui doit tre trait par

    le secteur de lducation Il viole le droit lducation de tous et compromet les rsultats ducatis Il remeten cause le droit au respect au sein de lenvironnement scolaire : gale dignit de tous les enants, respectde leur identit, de leur intgrit, de leur droits de participation et protection contre les toutes les ormesde violence (Booklet 8/Education Sector : Response to homophobic Bullying UNESCO 2012)Parmi les participants aux groupes de travail, un consensus trs net sest dgag autour de la ncessit delutter contre le harclement et la discrimination homophobe, non seulement pour en protger les victimes,mais galement pour amliorer le climat scolaire Comme le souligne Eric Debarbieux, dlgu ministrielcharg de la prvention et de la lutte contre les violences en milieu scolaire, qui a particip au groupe detravail sur les violences homophobes : Cest prvenir la dlinquance et le mal-tre des victimes, et par voiede consquence, crer un climat scolaire propice au savoir Il est noter aussi que de nombreux intervenants, qui ont pu mener des actions de lutte de longue dure dans lestablissements contre les discriminations LGBT, signalent que ce point dentre a permis dlargir les dbats

    aux discriminations sexistes et racistes, ainsi que les discriminations croises qui sont malheureusementsouvent oublies dans une approche uniquement catgorielle (racisme, sexisme et LGBT-phobies) Ils ont tousconstat avec les quipes pdagogiques impliques une amlioration du climat global de ltablissementUn climat scolaire inclusi ncessite de lutter contre toutes les discriminations

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    Depuis quelques annes, diverses circulaires ministrielles ont rrence aux prjugs sexistes ou homo-phobes et la lutte contre lhomophobie lcole Cette premire avance est mettre au crdit de lamobilisation des syndicats de lducation nationale travers le Collecti ducation nationale contre lesLGBT-phobies, qui na cess de sensibiliser et dalerter les autorits sur ces problmatiquesJai souhait dans cet tat des lieux valuer les politiques concrtes en termes dactions et de moyens ayantaccompagn la mise en uvre de ces circulaires dans les tablissements publics locaux denseignement(EPLE) tant au niveau des sances dducation la sexualit que des interventions en milieu scolaire (IMS),des programmes dducation sexuelle en sciences de la vie et de la Terre, etc Cet tat des lieux intgre

    lvaluation des actions menes au niveau des rectorats (enqute auprs des trente acadmies), ainsi quelvaluation de la campagne Ligne Azur engage depuis trois ans par le ministre dans les EPLE

    3.1 UNE COMMUNAUT DUCATIVE ENCORE TROP PEU MOBILISE

    Lenqute nationale auprs des recteurs dacadmie 2013 Analyse des rsultats

    Vingt-cinq acadmies sur trente ont rpondu cette enqute Dans ces vingt-cinq acadmies, on constateune dicult chez la grande majorit des rpondants bien identier et comprendre les questions lies

    aux problmatiques LGBT, ce qui laisse place des rponses assez gnrales, voire hors sujet La qualitdes rponses est en relation directe avec la prsence ou non dun interlocuteur rrent en charge desdiscriminations LGBT dans les rectoratsGlobalement, sur la base de cette enqute, on constate que les rectorats sont encore trop peu mobiliss surcette problmatique Seuls deux dentre eux mentionnent la lutte contre les discriminations LGBT dans leurprojet acadmique Neu acadmies seulement ont un personnel thoriquement et partiellement charg deces problmatiques, et aucune delles na de rrent exclusivement aect la lutte contre les LGBT-phobiesEn ce qui concerne les associations qui interviennent en milieu scolaire sur les LGBT-phobies, trois acad-mies ont agr des associations spcialises, et trois autres travaillent avec des associations locales deaon inormelle On notera que lacadmie de Paris et celle de la Martinique sont les seules capables deournir un tat prcis des IMS et du nombre dlves ormsUn point positi : les conseils acadmiques de vie lycenne (CAVL), pour la moiti dentre eux ont demand

    se saisir des problmatiques des LGBT-phobies au lyceEn matire de ormation continue, seulement un tiers des acadmies propose des modules, souvent int-grs dans les ormations lducation la sexualit, et limits en nombre de places Trois acadmies ontdvelopp des outils spciques sur ces problmatiquesEnn, les rectorats, lexception de lacadmie dAmiens, ne peuvent donner que des indications partiellessur limplication de leurs tablissements dans la campagne Ligne Azur(Voir lannexe 6 Analyse de lenqute auprs des rectorats)

    3. DUCATION NATIONALE :TAT DES LIEUX ET VALUATIONS DES ACTIONS

    DE LUTTE CONTRE LES LGBT-PHOBIES LCOLE

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    Les projets innovants recenss par lenqute auprs des rectorats

    Un certain nombre dinitiatives concernant la lutte contre les LGBT-phobies, souvent innovantes, existent pourtant

    Acadmie de BordeauxLe collge Georges-Rayet Floirac (Gironde) met en place actuellement un projet ducati, Lutte contreles discriminations homophobes Inscrite au projet CESC du collge, cette action se dveloppe essentiel-lement autour de deux axes :

    - solidarit et lutte contre les discriminations;- ducation la sexualit

    A lorigine du projet, le club sant du collge Huit lves de 4e et de 3e volontaires se sont rapidement saisisdes questions dhomosexualit et de lhomophobie dans le cadre du thme annuel Prvention et sant enmatire de sexualit Ayant constat que des rfexions sexistes et homophobes taient rquemmentchanges entre lves, gnrant bagarres, isolement et sentiment de dvalorisation de soi, les lves

    impliqus dans le projet ont mis en place une srie dactions dclines sur lanne scolaire :

    - diagnostic de lhomophobie au collge grce un questionnaire anonyme distribu leurs camarades ;rdaction dun article dans le journal du collge ;

    - organisation de happenings dans des lieux trs rquents de ltablissement loccasion du 17 mai2013, Journe internationale de lutte contre lhomophobie Ils conoivent des sayntes de thtredestines aire ragir le public, provoquer le dbat Ces sayntes sont crites avec le soutien dundramaturge dont lintervention est subventionne par la mairie de Floirac dans le cadre des dispositisde russite ducative Elles seront joues par une troupe de lycens ;

    - mise en uvre dune campagne dinormation et de sensibilisation au collge avec laide de lassociationContact Aquitaine Une soire sur le thme Les discriminations, un obstacle la russite scolaire et

    personnelle avec les lves et leurs parents sera organise (inormation et dbat sur les strotypessexuels, le sexisme, lhomophobie, et toutes les ormes de discriminations) ;- tous les lves de quatrime bncieront dune intervention de deux heures en classe pour approondirce sujet (mai-juin 2013)

    Acadmie dAmiens- Collge Juliot-Curie (Tergnier dans lAisne) Depuis trois ans, cet tablissement travaille sur la rdactiondune charte contre les discriminations, y compris la lutte contre lhomophobie Les dlgus de siximeet cinquime ont rdig cette charte, qui a t ociellement signe en prsence des membres de lacommunaut ducative et du maire de Tergnier Il est prvu de mener une campagne dachage dansltablissement (lieux stratgiques et toutes les salles de classe) La charte sera aussi insre dans lescarnets de correspondance des lves

    - Espace scolaire Condorcet (Saint-Quentin dans lAisne) Dans le cadre du CESC, dirents sujets sontabords par le biais dun concept de ca branch Le ca branch de lespace scolaire Condorcetonctionne, depuis deux ans, sur le principe de ca philo Les thmatiques sont proposes dansdirents ateliers, sous une orme ludique Le ca branch a comme l conducteur le thme vie aectiveet sexuelle Linormation et la prvention, qui sont une partie de lducation la sexualit, se ont parcet intermdiaire Le ca branch est un vecteur important dinormation sur lorientation sexuelle,lidentit de genre et la lutte contre les discriminations

    Acadmie de BesanonLe CAVL et le rectorat ont organis un concours avec les CLVL sur le thme Discriminant, discrimin Et toi,tu es quoi ? Les lycens ont ralis et conu des vidos, dont une sur lhomophobie

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    Acadmie de StrasbourgUne plaquette intitule Lhomophobie, la connatre, la combattre a t ralise en 2009 par la directionacadmique du Bas-Rhin en partenariat avec le CIDFF, lassociation Thmis et la Halde Elle a t accom-pagne dune ormation dans le cas du PAF en 2009-2010 et 2010-2011 sur le thme Discriminations et

    homophobies, comment aire voluer les reprsentations sociales Acadmie de LyonDans le cadre du estival du lm gay et lesbien de Saint-Etienne, les lycens taient invits une sancede cinma suivie dun dbat avec des experts sur la lutte contre lhomophobie Ce temps ort tait prparen amont par les quipes des tablissements dans le cadre dchanges sur lorientation et les identitssexuelles, et plus largement sur la relation amoureuse

    Le bilan des campagnes dinormation : Ligne Azur

    Ligne Azur est un dispositi permanent de lassociation Sida Ino Service Elle inorme, coute et soutientles jeunes qui se posent des questions sur leur orientation ou leur identit sexuelle En 2013, le ministre

    de lducation nationale a engag pour la quatrime anne conscutive auprs de tous les tablissementsdenseignement secondaire une campagne compose daches et de cartes mmo pour aire connatre lenumro Azur aux collgiens et aux lycensDans le cadre de ce partenariat avec le ministre de lducation nationale, la campagne Ligne Azur permetde mieux aire connatre ce service dans les collges et les lyces durant environ deux semaines au dbutdu mois de mai (17 mai Journe internationale de lutte contre lhomophobie)Thoriquement diuse aux 12 000 EPLE, cette campagne se composait la premire anne dun kit decommunication de deux aches, de 200 cartes mmo et de brochures intitulesLhomophobie, savoir et ragirdestines aux quipes ducatives, puis dun un kit aches et de cartes mmo pour les annes suivantes

    Si lon croise les inormations partielles remontes des rectorats, le sondage de la DEPP auprs des ches

    dtablissement et les inormations du Collecti ducation nationale contre les LGBT-phobies, le bilan destrois dernires annes de la campagne Ligne Azur est mitig Environ la moiti des tablissements nont pasdius les aches Quant aux tablissements qui les ont utilises, la moiti les a installes uniquement ouprs de linrmerie Seuls un quart des tablissements les ont placardes dans un lieu de passage, commedemand dans le courrier daccompagnement Les cartes mmo ont t globalement mieux distribues,notamment dans les inrmeries et/o la vie scolaire par les CPE

    Le visuel de cette campagne est considr par beaucoup dassociations comme complexe, et pas assez dynamique Il devra voluer Enn, on signale une seule remonte ngative concernant des parentsdlves dans un tablissement, et une trs aible diusion de la campagne dans les tablissements privssous contrat(Voir annexe 7 Bilan de la diusion des campagnes Ligne Azur)

    Une ormation et une inormation insuisantes

    Dans le cadre de lenqute de politique ducative de la direction de lvaluation, de la prospective et dela perormance (DEPP) auprs des ches dtablissement, la mission Prvention des discriminations etgalit lle-garon de la direction gnrale de lenseignement scolaire (DGESCO) a souhait intgrer unesrie de questions portant sur les discriminations LGBT, leur perception et les actions engages dans lestablissements Cette enqute de politique ducative est en voie de publication par la DEPP et porte sur488 EPLE, dont 50 EclairSur lensemble des ches dtablissement sonds, 12 % considrent lhomophobie comme un problmemoyen ou important. 86 % nont pas prvu dactions du CESC pour la lutte contre lhomophobie.

    Ce sondage dmontre, sil en tait besoin, la aible sensibilisation la lutte contre les LGBT-phobies lcoleCes chires concordent avec lexprience de terrain des intervenants des groupes de travail, qui notentque trop peu de projets acadmiques ou de projets et de rglements intrieurs dtablissement incluentles LGBT-phobies

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    Cela peut tenir plusieurs raisons :- une absence de ormation et de sensibilisation ces problmatiques ;- labsence dune politique nationale de lutte contre les discriminations LGBT qui encouragerait les chesdtablissement;

    - la sous-valuation de ces discriminations pour des raisons culturelles ou religieuses (niveau denon-rponse de lenseignement priv) ;- la crainte de ractions de certains parents dlves

    Un besoin de ormation et de rassuranceLensemble des ormateurs et intervenants en IMS soulignent louverture desprit et la sensibilit cesquestions des personnels de lducation nationale quils rencontrent Mais la trs grande majorit de cespersonnels et enseignants reconnaissent leur sous-inormation et leur dicult aborder ces problmes,ce qui justie pour eux de aire appel des intervenants extrieurs spcialissLe problme central mis en avant lors des groupes de travail est le manque dinormation, mais aussi lemanque de ormation, de lensemble des personnels de lducation nationale aux problmatiques desLGBT-phobies En eet, du che dtablissement au personnel de service de la cantine, des enseignants et

    CPE aux surveillants et aux personnels de sant, de documentation ou dorientation, cest lensemble despersonnels des tablissements qui doit avoir une meilleure sensibilisation ces problmatiquesDe nombreux intervenants ont par ailleurs insist sur la ncessit de scuriser les enseignants et les chesdtablissement qui sengagent dans la lutte contre les LGBT-phobies Il est souhait des directives clairesde la part du ministre, tant en matire de lutte contre les discriminations quen matire dducation lasexualit largie aux problmatiques LGBT

    LENSEIGNEMENT PRIV SOUS CONTRAT

    Les auditions et les entretiens mens dans le cadre de ma mission ont souvent apparatre une plus

    grande difcult tre entendus par les quipes pdagogiques pour les parents dont les enantssont victimes de harclement LGBT-phobe et scolariss dans lenseignement priv.

    Les lignes dcoute des associations qui luttent contre lhomophobie ont toutes enregistr unerecrudescence dappels de jeunes issus de ces tablissements, mais aussi de parents dlves,durant la priode de mdiatisation du dbat sur le mariage pour tous . Une certaine radicalisationdes positions a engendr une recrudescence des actes et propos homophobes. Lenseignementpublic nest pas pargn par ce phnomne.

    Il est noter que les changes que jai eus avec le secrtariat gnral de lenseignement catholiquelaissent entrevoir une prise de conscience des dangers de lhomophobie pour les lves et pourleur dveloppement. Dans le respect de la spcifcit de lenseignement catholique, la mise en

    place dun dispositi propre lenseignement catholique sous contrat pourrait tre envisage deaon complmentaire mes recommandations.

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    3.2 UNE DUCATION LA SEXUALIT LCOLE INSUFFISAMMENT EFFECTIVE

    Ce que prvoient les textes

    Lducation la sexualit est une composante de la construction de la personne et de lducation du citoyen. lcole, au collge et au lyce, elle vise permettre aux lves dadopter des attitudes de responsabilitindividuelle et sociale. (Circulaire du 17 vrier 2003)Lducation la sexualit doit contribuer, en lien avec les enseignements, lducation la sant des lves etde la prparation leur uture vie dadulte Elle rpond la ois des questions de sant publique (grossessesprcoces non dsires, inections sexuellement transmissibles) et des problmatiques concernant lesrelations entre garons et lles, les violences sexuelles, la pornographie ou encore la lutte contre les prjugssexistes ou homophobes . Il sagit la ois dapporter aux lves des connaissances scientiques ; de per-mettre une meilleure perception des risques et de avoriser des comportements de prvention ; dinormersur les ressources dinormation, daide et de soutien dans et lextrieur de ltablissement ; daccompagnerla rfexion sur le respect mutuel, le rapport lautre, les rgles de vie en commun, le sens et le respect dela loi et enn de dvelopper lexercice de lesprit critique, notamment par lanalyse des modles et des rles

    sociaux vhiculs par les mdiasLducation la sexualit est inscrite dans le socle commun et doit se construire la ois travers lesobjectis et contenus des enseignements et par le biais de lorganisation de sances spcifques tousles niveaux de la scolarit des enants et des adolescents et ce, en lien avec les connaissances acquises travers les programmes scolairesThoriquement, lcole, les jeunes lves devraient avoir trois sances dinormation la sexualit paran, dispenses par les enseignants Au collge et au lyce, cest le che dtablissement qui doit xer endbut danne les modalits dorganisation et de planication de ces sances durant lanne Ces sancespeuvent se aire en partenariat avec des intervenants extrieurs ltablissementDans les programmes, les questions relatives la sexualit sont essentiellement traites en classe dequatrime, de troisime et de premire en sciences de la vie et de la Terre Les programmes sont bass sur

    une approche biologique et scientique des mcanismes de la reproduction Il sagit de donner les basesbiologiques indispensables pour comprendre les questions de sexualit et pour adopter une attitude respon-sable sur ces questions Laccent est mis sur linterace entre la biologie et les autres approches, sociales,socitales et juridiques, qui ne sont pas traites en cours de SV T et doivent tre abordes par des dispositistransdisciplinaires du type sances dducation la vie aective et sexuelle Les LGBT-phobies et lesdiscriminations LGBT relvent de cette approche transdisciplinaireLes questions relatives la diversit des sexualits et la lutte contre lhomophobie peuvent galementtre abordes en ducation civique (au collge) et en ECJS (au lyce) travers des thmes comme ladiversit et lgalit (5e) ; galit, dirences, discriminations (CAP) ; le citoyen ace aux grandes ques-tions thiques (2de) ; lvolution de la amille ; le sexe et le droit ; droit et grands enjeux du mondecontemporain (TL), etc

    Une obligation mal respecte

    Des sances alatoiresBien que cette obligation soit inscrite dans le code de lducation, les intervenants des groupes detravail et les experts auditionns dressent un constat relativement ngati de lducation la sexua-lit Les circulaires ministrielles ne sont, en la matire, pas appliques Les cours sont dispenss deaon trs alatoire selon les tablissements Il aut dire que les intervenants extrieurs ne sont pastoujours sollicits ou disponibles, aute de moyens, et que le sujet peut dstabiliser un proesseurdevant sa classe Trop souvent, lducation la sexualit se rduit une inormation sur la contracep-tion, la prvention des maladies sexuellement transmissibles et/ou le sida Les problmatiques lies lhomosexualit et la transidentit sont peu ou pas abordes Beaucoup dintervenants regrettent

    que lducation la sexualit, lidentit sexuelle ou la question de la construction du genre ne soientpas intgres dans les programmes

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    Il est ds lors souhaitable de voir voluer lducation la sexualit, dune approche souvent trop mdicaleou biologique vers une approche plus sociale et humaine : une ducation la vie sexuelle et aectiveCest dailleurs lun des objets du groupe de travail ministriel charg de rendre eective lapplication de lacirculaire de 2003 sur lducation la sexualit

    Des outils parois inadaptsBien que des outils pdagogiques de qualit existent, tant au niveau du primaire que du secondaire, ilsrestent encore trop condentiels et ne sont pas expertiss et valids, puis mis disposition ou vulgarissauprs des enseignants Les livrets intervenants et ormateursducation la sexualit, qualis par certainsintervenants des groupes de travail d hypocrites voire d indigents sur les sujets de lhomosexualit etde la transsexualit, ne sauraient tenir lieu dunique ressource pdagogique Dans ces deux documents,lhomosexualit nest en eet pas prise en compte comme une orme de sexualit part entire et lesinormations dispenses sont partielles, voire partialesAinsi, dans le guide du ormateur pour les collges et les lyces ducation la sexualit document de r-rence pour les ormateurs, il aut attendre la page 44 pour que lhomosexualit soit aborde trs rapidementdans la rubrique Questions diciles , avec des thmatiques aussi valorisantes que le sexe et largent,

    lexploitation sexuelle, la prostitution, la sexualit et les mdias, la pornographieDans Le guide dintervention pour les collges et les lyces dit en 2008 par la DGESCO, lhomosexualitnest pas davantage aborde, ou lest curieusement Par exemple, dans la che numro 5 intitule Lidentitsexuelle, rles et strotypes, orientations sexuelles (page 29), larmation centrale est que lorientationsexuelle ait partie de la sphre prive , ce qui est vrai, mais qui conteste aussi lhomosexualit sa placedans lespace public et lcole, renvoyant les questions LGBT des problmatiques strictement prives(Voir annexe 8 Analyse critique des guides ducation la sexualit)

    Une mdicalisation des problmatiques LGBTComme lont soulign les intervenants des groupes de travail, les inrmiers et inrmires sont trop souventles rrents naturels pour les ches dtablissement ou les recteurs Cela, de ait, stigmatise lhomo-

    sexualit comme une sexualit risque, anormale puisque relevant de la mdecine Cela ne participepas donner une image rassurante, positive, au jeune en priode dinterrogation ou de conrmation de sonorientation sexuelleIl est noter que le niveau de ormation et dinormation des inrmiers et inrmires scolaires sur ces pro-blmatiques est pour le moins htrogne, et que la trs grande majorit dentre eux na pas bnci deormations initiales ou continues aux problmatiques LGBT-phobies Il parat indispensable de dmdicaliserla lutte contre les LGBT-phobies

    Des liens avec les partenaires renorcer : les interventions en milieu scolaire (IMS)

    Les retours des expriences internationales de lutte contre les discriminations LGBT ont tous apparatre unpartenariat ort entre les pouvoirs publics et les associations LGBT, lesquelles assurent un apport dexper-

    tise ainsi quune orte capacit de mobilisation et dinterventions Pour autant, le mouvement associati nepeut continuer prendre seul en charge la lutte contre les LGBT-phobies lcole Ses moyens sont limits,tant en matire dintervention humaine (IMS) que de moyens logistiques et nanciers linverse des autrespays qui ont dvelopp des politiques ortes de lutte contre les LGBT-phobies et o le partenariat entre lesministres de lducation nationale et les grandes associations LGBT est ormalis depuis de nombreusesannes, en France, ce type de partenariat nexiste pas Bien que trois associations bncient de lagr-ment ducation nationale, il ny a pas de programme daction commun labor au niveau du ministre delducation Deux raisons expliquent cette absence : un certain manque de volont politique, et la relativedispersion des associations LGBT ranaises linverse par exemple des associations britanniques quisont, elles, regroupes au sein de lassociation Stonewall

    Le nombre des lves de lenseignement secondaire qui ont bnfci dune IMS de sensibilisation auxdiscriminations LGBT par les associations du mouvement LGBT lanne dernire est estim aux environsde 25 000 soit 2,6 % des lves.

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    LA PROCDURE DAGRMENT

    Pour obtenir un agrment, une association doit dposer un dossier auprs du bureau des actions

    ducatives, culturelles et sportives de la direction gnrale de lenseignement scolaire du minis-tre de lducation nationale. Le Conseil national des associations ducatives complmentairesde lenseignement public (CNAECEP) met un avis sur le dossier dagrment. Le ministre dcidede lattribution de lagrment lassociation (procdure quivalente au niveau acadmique lasignature du recteur).

    En ce qui concerne les agrments des associations au niveau national, la procdure onctionne de maniresatisaisante Trois associations sont agres au niveau national : Contact, SOS-Homophobie et EstimTrs peu le sont en revanche au niveau acadmique Bien quun certain nombre dassociations sinterrogentsur le bien-ond dune demande dagrment ducation nationale, dans la mesure o cet agrment nestpas ncessaire pour intervenir dans les EPLE (seul le che dtablissement est dcisionnel), lagrment reste

    assimil un label de qualit Pour les associations LGBT, la non-obtention de lagrment acadmique,est vcue comme un rein lintervention en milieu scolaire, car souvent les ches dtablissement justientle reus dintervention par labsence dagrment Il est donc indispensable de resserrer les liens avec lesassociations, notamment au niveau acadmique, dautant que les demandes dintervention se multiplient

    Des demandes de plus en plus nombreusesLes associations intervenant en milieu scolaire ont signal laugmentation du nombre de demandes de la partdes EPLE Les moyens humains et nanciers de ces associations tant limits, elles ont attir lattention surdeux types de problmes :

    - la ncessit de maintenir un bon niveau de ormation et de qualication des intervenants (les associationssont conscientes que, dans le cadre dun plan national de lutte contre les LGBT-phobies, elles ne pourront

    seules aire ace la demande) ;- les dicults de nancement des IMS (les EPLE ayant souvent de moyens trs limits, qui ne permettentpas toujours de payer les simples rais de dplacement des intervenants)

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    Le harclement homophobe est un problme mondial. Violation des droits des apprenants et des enseignants,il obre notre capacit collective parvenir une ducation pour tous de qualit. Jusqu prsent, touteois,la recherche de remdes ses causes et ses eets a ait lobjet de peu dattention. Cela tient en partie auxsensibilits spciques qui sexpriment dans dirents contextes et au ait que le problme soit mal reconnuet mal compris. (M Qian Tang, sous-directeur gnral pour lducation lUNESCO)Au niveau international, on constate une prise de conscience des tats contre les discriminations ondessur lorientation sexuelle ou lidentit de genre En Europe occidentale, la France est en retard en matirede politiques publiques de lutte contre les LGBT-phobies lcole

    Je citerai en exemple le Royaume-Uni ou la Sude, non comme des modles, car les dirences proondesentre les systmes ducatis ne permettent pas la transposition, mais comme des pays qui se sont engagsortement dans la lutte contre les discriminations LGBT

    Une lgislation anti-discrimination exhaustiveAu Royaume-Uni et en Sude, la lgislation anti-discrimination est particulirement complte et couvrele domaine de lducation La Public Sector Equality Dutyexige que les tablissements scolaires prennentdes mesures proactives pour combattre toutes les discriminationsEn Sude, la lgislation adopte en 2008 couvre tous les critres de discrimination (y compris lidentit degenre) et tous les domaines (emploi, ducation, sant, etc) Elle est prise en considration par les tablis-sements scolaires, qui ont lobligation lgale de mettre en place des plans anti-discriminations

    Des inspecteurs mandatsAu Royaume-Uni, lorganisme en charge des inspections pdagogiques (OFSTED) value galement lestablissements scolaires en matire dore dun environnement inclusi et scurisant tous les lves,en tenant compte de divers critres, y compris leur orientation sexuelle et leur rassignation de genre (Cest galement le cas aux Pays-Bas)

    Des instances de lutte contre les discriminations impliquesAu Royaume-Uni (et en Irlande), les instances de lutte contre les discriminations ont produit des outils visant clarier les obligations des tablissements scolaires et aider les enseignants lutter contre lhomo-phobie lcole Cest notamment le cas de la Equality and human rights commission au Royaume-Uni,qui a publi un guide sur la mise en uvre de la lgislation anti discrimination dans les coles En Irlande,

    la Equality authority a publi un outil pdagogique sur lducation la citoyennet et un guide pratiquevisant la lutte contre le harclement homophobe dans les coles secondaires(Annexe 9 : Synthse des expriences internationales, menes dans une vingtaine de pays en matirede lutte contre les LGBT-phobies)

    4. LMENTS DE COMPARAISONINTERNATIONAUX

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    5. RECOMMANDATIONS

    La lutte contre les LGBT-phobies relve dune dmarche globale de lcole de la Rpublique cole delapprentissage du respect et du vivre-ensemble Les LGBT-phobies doivent tre abordes avec la mmeorce et les mmes convictions rpublicaines que le racisme, lantismitisme ou le sexisme par lensembledes acteurs de la communaut ducative dans les tablissementsLutter contre les LGBT-phobies ncessite de scuriser les enseignants et les ches dtablissement impli-qus Des directives claires de la part du ministre sont ncessaires, tant en matire de lutte contre lesdiscriminations quen matire dducation la sexualit largie aux problmatiques LGBTLa prvention du suicide chez les jeunes LGBT sera dautant plus ecace que le climat scolaire sera inclusi

    et que les quipes ducatives seront sensibilises et ormes lutter contre les LGBT-phobiesEnn, par quils sont acteurs de minimisation des problmes et de non-prise en compte des LGBT-phobiescomme une vritable problmatique de discrimination, lensemble des actions mises en uvre doivent viser dconstruire les prjugs, ides ausses et strotypes

    5.1 ACTION 1 : SENSIBILISER ET AGIR: DES RESSOURCES POUR LES PERSONNELS

    Crer un site portail sur les discriminations et les LGBT-phobies

    Crer, en lien avec le CNDP, un site-portail internet pour mettre la disposition des enseignants et desquipes ducatives lensemble des ressources et des outils visant la dconstruction des prjugs etpermettant une approche didactique et pratique de la lutte contre toutes les discriminations, racistes,sexistes et LGBT Il sagirait de drer et organiser les ressources dinormation dj existantes (surEduscol, lINPES, etc

    - Proposer des ressources et des outils pdagogiques nouveaux, adapts aux dirents niveaux et articulsavec les programmes

    - Recenser, avec une actualisation rgulire, les projets pdagogiques innovants et leurs ventuelsscnarios daccompagnement

    - Mettre disposition les textes de rrence, des bibliographies et des sitographies appropries- Proposer une bourse dchange pour les expositions, lms, DVD vocation pdagogique

    Crer des outils de ormation en ligne et/ou tlchargeables (documentaire, support de conrencede sensibilisation, etc)

    Mener une campagne de sensibilisation au dbut de lanne scolaire

    Diuser un kit de sensibilisation aux problmatiques LGBT destination des membres des conseilsdes EPLE (SCV, conseils dadministration, CVL) et des personnels de lducation nationale : brochures,aches destines aux salles des proesseurs et/ou locaux de ladministration Cette campagnepermettra notamment de aire connatre le site portail

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    5.2 ACTION 2 : UNE FORMATION POUR LENSEMBLE DES PERSONNELS

    Mettre en place un rseau de ormateurs et de rrents

    Intgrer ortement la problmatique LGBT au plan national de ormation ducation la sexualit destin aux rrents ducation la sexualit et galit lle-garon Toutes les acadmies,dans le cadre des plans acadmiques de ormation (PAF), devront proposer des stages de ormationsspciques la lutte contre les LGBT-phobies

    Former au moins 3 4 personnes-ressources (ormateurs de ormateurs) par acadmie. La Ligueranaise pour la sant mentale (LFSM), qui possde une large exprience en la matire, ainsi que leCollecti ducation nationale contre les LGBT-phobies, qui dispose dj de personnes ressources etde ormateurs de ormateurs, pourraient tre utilement sollicits pour concevoir et co-animer desstages de ormation.

    Privilgier les ormations dquipe sur site (collges, lyces) an de permettre une appropriation par

    lensemble de la communaut ducative

    Sensibiliser et inormer les IA-IPR-vie scolaire dans le cadre des journes de ormation organises parlinspection gnrale vie scolaire

    Former les IEN la prvention des insultes homophobes lcole primaire, ainsi qu laccueil desenants des amilles homoparentales

    Veiller tout particulirement la ormation des ches dtablissement

    Le rle central du che dtablissement, dcideur en la matire, a souvent t voqu par les groupesde travail. Il est considr comme le dcideur central. Il peut aciliter la prise en compte des pro-blmatiques LGBT dans son tablissement ou agir comme un acteur de blocage et dinactionSans son engagement personnel, sa motivation, rien nest possible.

    Renorcer le module Lutte contre les discriminations LGBT lcole dans la ormation initiale ESENdes ches dtablissement, des personnels de direction et des personnels dinspection

    Mettre en place dans chaque acadmie des conrences de sensibilisation pour tous les ches

    tablissement par bassin, dpartement ou acadmie linitiative des recteurs, en complment de lacampagne nationale de sensibilisation

    Intgrer la problmatique dans la ormation initiale

    Former les tudiants des ESPE aux problmatiques LGBT dans le cadre du tronc commun deormation (lutte contre les discriminations, culture de lgalit homme-emme et prvention desviolences scolaires), tant sur les plans de la lgislation et de lapproche socitale que sur celui de laprvention du suicide et des discriminations LGBT

    Intgrer la problmatique la ormation des conseillers dorientation-psychologues, des personnelsmdicaux et dinrmerie, ainsi que des personnels dencadrement et de surveillance

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    5.3 ACTION 3 : DUQUER AU RESPECT DE LA DIVERSIT

    Lintroduction de cette problmatique dans lensemble des programmes disciplinaires apparat

    inadapte, trop lourde voire contre-productive. Il parat plus opportun de laisser la libert auxenseignants en onction des classes, du contexte et des programmes pour aborder les problma-tiques LGBT. Des directives claires et ofcielles sont nanmoins ncessaires pour inciter, maisaussi pour cadrer et scuriser les enseignants.

    Adapter les problmatiques traites et les ressources lge des lves

    Accorder une priorit la prvention en collge : chez les jeunes LGBT, la prise de conscience desa dirence et la dcouverte de son homosexualit se ont principalement pendant la priode de

    scolarisation au collge Cest le moment dune grande ragilisation de ces jeunes Cest pendant cettepriode quils ont besoin dune cole inclusive

    Ces actions devront se poursuivre bien videmment au niveau du lyce

    En primaire, cest au travers notamment de la diversit des amilles, de lhomoparentalit, du reusdes insultes et des discriminations que le sujet peut tre abord

    Faire voluer et rendre eective lducation la sexualit

    Renorcer la dimension sociale, humaine et aective de lducation la sexualit en y intgrant lerespect de la diversit des sexualits.

    tablir un cadre de rrence en matire dducation la sexualit et la vie aective apte tenir compte de lge et de la progressivit et servir de cadre aux ches dtablissement pour laprogrammation des sances

    Produire de nouvelles ressources et de nouveaux supports pdagogiques (guide du ormateur et guidede lintervenant) en intgrant les problmatiques LGBT en juste place

    Intgrer la lutte contre les discriminations dans les programmes de lenseignementmoral et civique

    Comme les autres discriminations (racisme, antismitisme, sexisme, lutte contre les prjugs,etc.), la lutte contre les prjugs et les discriminations LGBT a toute sa place dans lenseignementmoral et civique

    Accorder une attention particulire aux enseignements dEPS

    Un des indicateurs du harclement homophobe lcole est labsentisme aux enseignementsdEPS et aux activits de lUNSS. En eet, beaucoup dlves LGBT hsitent suivre ces cours ou sen

    ont dispenser pour raisons mdicales ; il sagit pour eux, par exemple, dviter la promiscuit desvestiaires et/ou des douches Une rfexion doit tre engage pour valuer ce phnomne et y appor terdes solutions en lien avec linspection gnrale dEPS

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    Agir sur les reprsentations et les prjugs

    Sensibiliser ces questions les diteurs de manuels scolaires qui pourront notamment sappuyer surles travaux et les recommandations de la Halde (27 octobre 2008)5

    Valoriser des reprsentations positives des LGBT en assurant une meilleure visibilit de lhomosexualitet de la transsexualit lcole, comme cest aujourdhui le cas dans la socit ranaise, dans lesmdias et sur les rseaux sociaux

    Aborder lidentit sexuelle ou de genre de aon circonstancie Une ducation sur les strotypes,les prjugs, les rles ou lidentit peut tre mise en place ds le plus jeune ge et de aon progressiveet adapte lge des lves an de conduire lacceptation de la diversit humaine, y compris de latransidentit ou de la transgression du genre

    Intgrer la lutte contre lhomophobie dans une rfexion sur le reus du sexisme. En eet, unedes particularits de lintolrance lhomosexualit ou la transidentit touche aux reprsentations

    sociales des genres Homophobie, transphobie et discriminations envers les emmes participent dumme ordre sexuel dans lequel les rappor ts sociaux correspondent une hirarchie des genres et dessexes Elles reposent sur un mme rejet du minin et procdent du reus de lgalit entre les genresminin et masculin

    5.4 ACTION 4 : ASSOCIER LES LVES LA PRVENTION DES DISCRIMINATIONSET DES LGBT-PHOBIES

    Inormer et sensibiliser

    Faire voluer la campagne Ligne Azur en lassociant une campagne de lutte contre le harclementet la discrimination homophobe

    - Utiliser davantage les rseaux sociaux et sappuyer sur des tmoignages de personnalits sportives etculturelles clairement identiables par les jeunes

    - Avancer dans le temps la distribution dans les tablissements des aches des cartes mmo- Sappuyer sur les partenaires associatis et syndicaux pour relayer la campagne- Mobiliser les recteurs, les directeurs acadmiques des services de lducation nationale (DASEN) et lesches dtablissement an que cette campagne soit ecacement relaye sur le terrain

    Intgrer lhomophobie aux campagnes contre les violences scolaires, notamment la campagne Agir contre le harclement

    - Un kit pdagogiques adapt au public adolescent pour lutter contre les violences homophobes est doreset dj prvu par la dlgation ministrielle charge de la prvention et de la lutte contre les violences enmilieu scolaire

    Prvoir un point dinormation permanent sur lducation la sexualit dans les BCD et CDI.- Sous orme de prsentoirs dpliants ou de totems dinormation : achage des numros verts prvusdans les circulaires de 2001 et 2003 et de Ligne Azur ; diusion des documents dinormation de lINPES(aujourdhui sous-utiliss et peu diuss par lducation nationale malgr leur qualit) ; support descampagnes de prvention lies la sant et la sexualit (MST, sida, etc)

    5 NB : lassociation Rpublique et Diversit et le Syndicat national de ldition ont engag depuis un an une rfexion concernantprincipalement les manuels dhistoire, de ranais, de SVT

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    Impliquer les lves et les parents dlves

    Ds le collge, limplication des lves est une ncessit pour la russite des actions ducativesde lutte contre les LGBT-phobies. Plusieurs pays trangers ont mis en uvre des dispositis int-ressants dont on pourrait sinspirer. Par exemple, les campagnes Make it Betteret It Gets Bettermenes sur les rseaux sociaux aux tats-Unis, les actions Growing up et Hes gay and were coolwith that menes en Irlande en partenariat avec BelonG To et GLEN, ou encore le Purple Friday(Journe contre lhomophobie) aux Pays-Bas, destin tous les lves et leurs parents.

    Former les lus lycens. On la vu, les CVL se sont largement appropri ce sujet La demande deormation et dinormation est orte et lgitime

    Responsabiliser les tmoins des discriminations et violences pour que de passis, voire suivistes, ilsdeviennent responsables et soient capables dintervenir, directement ou en alertant un adulte, ainsique dapporter un soutien pour rompre lisolement des victimes

    Sensibiliser et inormer les parents dlves travers leurs organisations reprsentatives et leurs lus.

    Prvenir ; accompagner les victimes

    Exprimenter dans des EPLE de plusieurs acadmies, avant sa gnralisation, la mise en place dunequipe sentinelle charge de lutter contre les discriminations et les phnomnes de bouc missaire,

    quipe compose dun(e) enseignant(e) volontaire, du CPE et de linrmire ou inrmier orms cet eet6

    - Cette quipe serait en charge des actions de sensibilisation aux discriminations-notammenthomophobes actions daccompagnement de la campagne Ligne Azur et de la Journe internationalecontre lhomophobie et la transphobie (17 mai)

    - Elle veillerait la sensibilisation dun rseau dlves lalerte, la prvention et la lutte contre lesdiscriminations, notamment LGBT

    - Elle agirait comme rrent pour les lves victimes de harclement et de discrimination, notammenthomophobes, et pour leurs parents

    Mettre en place un groupe de travail interministriel regroupant les ministres de la sant et delducation pour renorcer les dispositis daccompagnement des lves en situation psychologiqueragile (tentatives de suicide par exemple) Ce groupe pourrait tre largi au ministre de lintrieur

    et celui de la Justice pour les problmatiques de prise en charge et de protection des victimes deharclement et de violences mesures complmentaires indispensables

    6 linstar des actions mises en place par la Ligue ranaise de sant mentale

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    5.5 ACTION 5 : DVELOPPER LES PARTENARIATS

    Renorcer les agrments

    Le manque de critres objectis et communs et labsence de possibilits dappel en cas de reusdans les procdures dagrment acadmiques sont identifs comme des reins ltablissementdun dialogue constructi avec lducation nationale.

    Dvelopper le partenariat avec les associations qui ont ou auront lagrment ducation nationale.- tablir des conventions de partenariat compltes dun contrat dobjectis pour dnir les actionscommunes

    - tablir un rrentiel de ormation ainsi quune charte de dontologie pour les intervenants extrieurs en

    IMS Ce rrentiel pourrait tre tabli par un groupe de travail comprenant notamment les associationsagres nationalement, les syndicats de lducation nationale et les drations de parents dlves

    - Impliquer dans la ormation initiale et/ou continue des personnels de lducation nationale lesassociations agr