rapport cinéma, littérature et médecine tiffany sarre
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Tiffany SARRE
Master 2 Communication Scientifique
Anne 2012-2013
Cinma, Littrature et Mdecine :
Sciences, Mdecine et Socit
Enseignement optionnel
Sciences Humaines et Sociales en Mdecine
Enseignants :
Christian Bonah
Jol Danet
Anne Rasmussen
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Sommaire
Introduction .......................................................................................................................... 3
I. Contexte historique et volution de la psychiatrie ............................................................. 4
1. Avant la Rvolution Franaise ...................................................................................... 4
2. 1789, tournant de lhistoire de la psychiatrie ................................................................ 4
3. La naissance de la psychiatrie moderne ...................................................................... 5
II. A lintrieur des murs ....................................................................................................... 7
1. Histoire de Paul , de Ren Fret (1975). ............................................................... 7
2. Quand tombent les murs de lasile , de Youki Vattier (2005). ............................. 10
3. Conclusions ............................................................................................................. 12
III. A lextrieur des murs ................................................................................................... 13
1. Entretien avec Williamn Gandemer, tudiant [Annexe] ............................................ 13
2. Elle sappelle Sabine , de Sandrine Bonnaire (2007) .......................................... 14
3. Quant tombent les murs de lasile , de Youki Vattier (2005) ............................... 15
Conclusion ......................................................................................................................... 17
Rfrences : ...................................................................................................................... 18
Annexes : ........................................................................................................................... 19
I. Entretien avec Catherine Montenot, ex-patiente. ..................................................... 20
II. Entretien avec William Gandemer, tudiant ....................................................... 219
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Introduction
Derrire les murs
Si lhpital gnral est un lieu investi de fantasmes, les reprsentations qui y sont
lies ne sont pas aussi dstabilisantes que celles associes aux anciens CHS, Centres
Hospitaliers Spcialiss le plus souvent en psychiatrie. Depuis la loi de juillet 1991, les
CHS nexistent plus et ont t remplacs par CH (centres hospitaliers). Je traiterai dans
mon rapport de centres hospitaliers uniquement ddis la psychiatrie.
Originaire de la ville de Dijon, le trajet que jempruntais quotidiennement lorsque
jtais enfant longeait les murs dune telle institution : le CH de la Chartreuse. Cette haute
enceinte attirait ma curiosit et, connaissant la vocation du lieu, nourrissait mon
imaginaire et mes craintes. Lensemble de mon entourage semblait mal laise lorsquil
sagissait de parler de cette structure et des patients quelle renfermait. Etudiante, jai
pntr dans ces murs loccasion dun travail saisonnier dans les cuisines de lhpital.
Ce fut loccasion de briser beaucoup de fausses reprsentations, de clichs, propos de
ce type dinstitution. Le lieu est constamment ouvert tous, le parc est paisible et
frquent, y compris par les joggers occasionnels.
Cest pourquoi, au cours de cet enseignement de Cinma, Littrature et Mdecine,
je me suis plus particulirement intresse aux reprsentations attaches aux hpitaux
spcialiss en psychiatrie, notamment travers des uvres cinmatographiques et des
entretiens. Je me suis focalise sur les ex-CHS et non les services de psychiatrie au sein
des hpitaux gnraux, mme si ceux-ci pourront tre abords. Ce rapport na pas pour
ambition de traiter ce sujet de faon exhaustive. Il prsentera les analyses et les rflexions
lies aux reprsentations de lhpital psychiatrique.
Quelles visions de ces institutions ont les patients, les personnes extrieures et le
personnel soignant ? Ces trois catgories sociales partagent-elles des images
diffrentes ? Ces reprsentations voluent-elles ? Pourquoi sont-elles prsentes de cette
faon dans notre imaginaire ?
Aprs un bref rappel de lvolution historique des tablissements rservs aux
personnes souffrantes de maladies, je traiterai successivement des regards de lintrieur
des murs, puis de lextrieur, vis--vis de ces institutions.
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I. Contexte historique et volution de la psychiatrie
1. Avant la Rvolution Franaise
Les questions lies aux troubles du comportement et aux maladies mentales se
posent ds lAntiquit, avec la thorie des humeurs propose par Hippocrate. Cependant,
la plupart des troubles de ce type sont le plus souvent considrs comme une
manifestation du divin.
Au moyen Moyen-ge, les croyances et les superstitions sont omniprsentes. Les
malades restent auprs de leur famille ou vont dans des institutions laques ou religieuses.
Les plus dangereux sont emprisonns. Les traitements consistent principalement
exorciser le malade, ou parfois le condamner au bcher pour sorcellerie.
De la Renaissance jusqu la rvolution, on considre que les troubles mentaux
nont rien de surnaturel, mais sont bien des maladies, grce Jean Wier (mdecin qui
sopposait la chasse aux sorcires). De petites institutions pour accueillir les malades se
construisent, notamment sous laction de Joo Cidade. Il fonde en 1537 lOrdre Hospitalier
de Saint Jean de Dieu (ou Frres de la Charit), qui accueille les malades. Les Petites-
Maisons, un asile du 6me arrondissement, se cre galement Paris en 1557.
2. 1789, tournant de lhistoire de la psychiatrie
Aprs la Rvolution en 1789, les malades mentaux sortent des prisons pour les
asiles. La volont des mdecins de lpoque est den faire de vritables lieux de gurison.
Le mdecin Philippe Pinel, exerant lasile de Bictre, constate quil y a diffrents types
de folies et entreprend de les classer selon leurs signes cliniques. Cest le dbut de la
psychiatrie. Il ordonne que lon enlve les chanes aux malades.
Pinel est nomm mdecin-chef Salptrire en 1795. Son successeur, Jean
Etienne Esquirol, est lorigine de la rglementation psychiatrique de 1838 qui restera en
vigueur jusquen 1990. Il impose la prsence dun hpital psychiatrique par dpartement.
Deux mesures dinternement existent : le placement doffice et le placement volontaire
(dcid par la volont du peuple). Lhospitalisation selon son propre consentement est
libre.
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En 1795, le psychiatre Pinel, fait librer les alins de leurs chanes. Tableau de Tony Robert-Fleury, 1876. (Source : Wikimedia Commons).
Les gurisons sont rares et les traitements sont parfois rudes (saigne, sdatifs,
provoquer des tats de choc en faisant frler la mort au malade, flagellation). Les
patients ainsi que le personnel vivent ensemble lintrieur des murs. A cette poque, la
maladie mentale est encore considre comme dcoulant dune lsion organique.
Jean-Martin Charcot, minent neurologue et clinicien, affirme que ce nest pas
toujours le cas. Il utilise lhypnose pour dmontrer que les paralysies hystriques ne sont
pas dtermines par une lsion organique, mais par ce qu'il appelle une lsion
dynamique fonctionnelle . Sigmund Freud est son lve. Il prfre lhypnose lcoute
des patients atteints de pathologies mentales : cest la naissance de la psychanalyse.
3. La naissance de la psychiatrie moderne
Au XXme sicle, le terme d asile disparait au profil du terme hpital
psychiatrique . Alin restera en vigueur jusqu 1958, remplac aujourdhui par
patient psychiatrique . Les traitements voluent : Egas Moniz et Almeida Lima reoivent
un prix Nobel en 1949 pour leurs travaux sur la lobotomie. Les lectrochocs (ou
sismothrapie) sont galement utiliss. Ces pratiques dclinent ds les annes 1960 au
profil des neuroleptiques. Les premiers antidpresseurs sont dcouverts et les
psychothrapies se dveloppent.
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Au mme moment, la volont politique est de sectoriser les institutions
psychiatriques, afin de favoriser le maintien des malades au sein de leur cit. Le personnel
se spcialise de plus en plus. En 1990, une loi est vote en faveur du renforcement des
droits du malade et de son accs aux soins. Les placements sans consentement existent
toujours mais sont modifis : on parle dhospitalisation doffice et dhospitalisation par la
demande dun tiers.
De nos jours, une prise en charge adapte des malades reste problmatique. La
rforme Plan sant mentale 2005/2008 a pour objectif de dsengorger les hpitaux
grce des aides extrahospitalires. Mais les structures daccueil alternatives (hpitaux
de jour, centres psychologiques) manquent de moyens financiers. Certains facteurs
sociaux-conomiques tels que la priode de crise actuelle augmentent les troubles
associs lanxit. On considre quune hausse de 1% du chmage entrainerait une
hausse de 0,8% des taux de suicide. Lvolution ds la prise en charge des malades diffre
du