rapport annuel 2014 (français)

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Rapport annuel 2014 - Jardin botanique Meise

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  • JardinbotaniqueMeiseRapport annuel 2014

  • Lanne 2014 fut mmorable pour le Jardin bo-tanique Meise. Le 1er janvier 2014, le Jardin bota-nique national de Belgique est devenu une agence de la Communaut flamande. De ce fait, le trans-fert de linstitution fdrale la Flandre, dcid en 2001 dans le cadre de la cinquime rforme de ltat, est devenu effectif. Ce transfert implique que la Flandre a finalement obtenu lentire res-ponsabilit de cet tablissement scientifique de renomme mondiale.

    Le Jardin botanique Meise abrite une collection vivante de plus de 18 000 espces de plantes, sous serre et en plein air, dans des jardins et un arbo-retum, au sein dun domaine de 92 ha. Cette col-lection vivante de grande valeur est lune des plus diversifies au monde.

    Le patrimoine scientifique du Jardin, sa collec-tion de plantes vivantes, ses prcieux herbiers, sa riche bibliothque, restent la proprit de ltat fdral belge, qui les a confis en prt permanent la Communaut flamande. Cet accord important a permis dviter la division des collections et leur dispersion entre les diffrentes communauts du pays.

    En mars, un nouveau Conseil dadministration a t instaur; il a pour objectif de rendre linstitu-tion sa gloire dantan. En combinant lexprience

    et les comptences de chacun, je suis convaincu que nous pourrons offrir nos collections, nos collaborateurs et nos visiteurs un jardin pres-tigieux aux portes de Bruxelles. Nous ne sommes pas seuls pour raliser nos objectifs ambitieux ! Nous bnficions aussi du soutien du Conseil scientifique constitu de reprsentants des uni-versits des Communauts flamande et franaise, de chercheurs scientifiques internes et dexperts trangers. Le Conseil dadministration a ainsi la garantie de pouvoir appuyer ses dcisions sur des apprciations scientifiques appropries.

    Un nouvel administrateur gnral a aussi t dsign pour le Jardin botanique, Steven Des-sein. Son exprience et ses comptences nous d-montrent que nous avons en sa personne un ex-cellent gestionnaire pour lun des plus importants jardins botaniques dEurope. Notre institut est donc bien arm pour poursuivre sa triple mission : effectuer des recherches scientifiques de haut ni-veau, dvelopper un programme ducatif de qua-lit et devenir lune des destinations touristiques les plus apprcies de Flandre.

    Ce rve ne deviendra une ralit que si nous pouvons compter sur une quipe exprimente, soutenue par un groupe de bnvoles. Toutes ces personnes manifestent quotidiennement leur en-gagement travailler avec vous et tous nos visi-teurs, pour que le Jardin resplendisse nouveau et continue tre un centre mondialement rput de dcouvertes scientifiques, dducation, de conser-vation et de tourisme.

    Dr Jurgen TackPrsident du Conseil dadministration

    Introduction

  • Sommaire

    Dcouvrir et inventorier la biodiversit6 - 13

    Prserver le monde vgtal14 - 18

    Comprendre les cosystmes19 - 21

    (Re)connecter les plantes et les hommes22 - 23

    Inspirer et informer24 - 29

    Valoriser notre patrimoine30 - 36

    Organisation37 - 41

    Le Jardin botanique en chiffres42 - 63

  • Introduction

    Le Jardin botanique est la seule institution scientifique belge spcialise en taxonomie bo-tanique. La description de nouvelles espces et la comprhension du rle que les vgtaux jouent dans le fonctionnement des cosystmes sont au cur de ses activits. En 2014, la productivit scientifique du personnel a t remarquable. Au total, 99 nouveaux taxons ont t dcouverts: en plus de nouvelles espces de plantes, de champi-gnons et dalgues, ont t dcrits un nouvel ordre et une nouvelle famille de lichens! Des expditions menes notamment en Thalande et au Mozam-bique ont aussi permis la dcouverte de nouvelles espces qui seront dcrites au cours des pro-chaines annes. Le Jardin botanique a galement pris sa responsabilit dans la documentation de la diversit vgtale au niveau mondial et se charge dornavant, avec Naturalis Leiden, de la publica-tion de la Flore du Gabon, tandis que la production des volumes de la Flore dAfrique centrale sacc-lre. Nos scientifiques sengagent galement dans la protection de la biodiversit. Une tude est no-tamment en cours, qui vise tudier limpact du changement climatique sur les espces submonta-gnardes prsentes en Belgique. Nous partageons aussi nos connaissances avec dautres institutions, notamment dans le cadre de la mise en place dun centre ducatif dans le Parc national des Virunga lest de la Rpublique dmocratique du Congo.

    Le Jardin a accueilli plus de 126.000 visiteurs en 2014, un record absolu en terme de frquentation et qui reprsente plus du double du nombre de vi-siteurs enregistrs en 2000. Le beau temps a cer-tainement jou un rle, mais les nombreuses ini-tiatives pour amliorer lexprience des visiteurs commencent aussi porter leurs fruits. Ainsi, en 2014, les visiteurs ont pu profiter de louverture de deux nouvelles serres de la fort tropicale et du spectacle des orchides Flori Mundi, qui a t inau-gur fin octobre. Ces nouvelles initiatives, combi-nes lamlioration des collections existantes, comme celle des rhododendrons, devraient ren-forcer, aux plans national et international, la po-sition du Jardin botanique en tant que destination touristique.

    En 2014, les travaux urgents de restauration ont enfin pu tre lancs. La structure extrieure dun des btiments les plus emblmatiques du Jar-din botanique, la serre de Balat, a t rnove. En concertation avec le conseil dadministration et ladministration flamande en charge de limmobi-lier et des quipements, un calendrier a t tabli pour la mise en uvre du master plan du Jardin botanique qui schelonnera sur 12 ans. Certaines procdures durgence ont nanmoins dj dbut.

    Lanne 2014 restera marque par la dispari-tion inopine de Gert Ausloos, chef du service des relations publiques au Jardin botanique. Sa vision tait ambitieuse et son regard dirig vers lavenir ; son engagement et son enthousiasme taient re-marquables. Ses ides lui survivront et inspireront encore longtemps les collaborateurs du Jardin bo-tanique.

    Les nombreuses ralisations du Jardin bota-nique nont t possibles que grce aux efforts de tout le personnel, des bnvoles et des guides. Le soutien de ladministration, des finances et du bud-get, ainsi que des services dappui de EWI/WSE/RWO ont t importants lors de cette premire anne sous tutelle du gouvernement flamand. Avec le conseil scientifique et le conseil dadminis-tration, nous pouvons continuer construire un avenir prometteur pour le Jardin botanique Meise.

    Dr. Steven DesseinAdministrateur gnral

  • Dcouvrir et inventorierla biodiversit

    lheure actuelle, le nombre total despces sur notre plante demeure inconnu. Beaucoup de ces espces restent dcouvrir, en particulier dans les rgions tropicales et au sein de groupes comme les champignons et les algues. Cela consti-tue une lacune scientifique importante vu que les espces sont les constituants de base des cosys-tmes et que leur connaissance est essentielle la comprhension du fonctionnement de notre plante.

    Dcouvrir, dcrire, nommer et classer les espces est au cur de notre recherche scienti-fique. Nos taxonomistes combinent des mthodes classiques, comme la morphologie, lhistologie et lanatomie avec des techniques modernes, notamment la microscopie lectronique ba-layage, limagerie numrique et le barcoding de lADN. Le rsultat vise ordonner, dune manire accepte lchelle mondiale, stable et scienti-fique, toutes les formes de vie dans un systme qui reflte leur origine et leur volution. Les don-nes taxonomiques et les outils didentification, comme les Flores, dvelopps par nos spcialistes sont dune importance cruciale dans de nombreux autres domaines de recherche et pour des activi-ts but commercial.

  • Sabicea bullata Zemagho, O.Lachenaud & Sonk, une nouvelle Rubiaceae originaire du Cameroun.

    Le complexe Begonia clypeifolia, extrmement variable, nces-sitait une rvision taxonomique (B. clypeifolia Hook. f. subsp. clypeifolia). Photographie Jacky Duruisseau.

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    Les chercheurs de Meise dcrivent 99 nouveaux taxons en 2014

    Lexploration des cosystmes les plus menacs au monde et la dcouverte de nouvelles espces font partie du travail fascinant de nos chercheurs. En 2014, nos scientifiques se sont surpasss en d-crivant 99 taxons nouveaux pour la science, dont 54 diatomes, 15 lichens, 3 champignons, 3 fougres et 24 vgtaux suprieurs, tous inconnus jusquici.

    De nos jours, les tudes taxonomiques sappuient aussi sur les rsultats danalyse dADN qui peuvent rvler des liens inattendus entre espces et servir darguments pour dfinir de nouveaux taxons de rangs levs. En 2014, les tudes taxonomiques ralises au Jardin botanique Meise et appuyes par des donnes molculaires ont per-mis la description de 10 nouveaux genres de lichens, dune nouvelle famille (Lecanographaceae Ertz, Tehler, G.Thor & Frisch) et, plus exceptionnel, dun nouvel ordre (Lichenostigmatales Ertz, Diederich & Lawrey).

    Ltude des milliers de spcimens collects pendant lexpdition de 3 mois le long du fleuve Congo en 2010 se poursuit au Jardin. En 2014, ces chantillons ont nouveau rvl 8 nouvelles espces de lichens. Petit petit, ces dcouvertes scientifiques amliorent notre connaissance de lextraordinaire biodiversit des forts riveraines de la Rpublique dmocratique du Congo. Pour achever cette anne trs charge, notre quipe de lichnologues a galement dcrit une nouvelle espce endmique, Trapelia antarctica Ertz, Aptroot, G.Thor & Ovstedal, dcouverte sur une crte de granit proximit de la Sta-tion de recherche belge Princesse Elisabeth situe en Antarctique. Ce lichen est lun des rares organismes capables de survivre aux conditions climatiques extrmes enregistres sur ce continent.

    La rgion subantarctique est un point chaud de diversit pour les diatomes, ces algues unicellulaires dont lintrt est tout particulier dans le cadre dtudes biogographiques. Parmi les nom-breuses nouvelles espces de diatomes collectes en 2014 dans les eaux douces des les de cette rgion, Halamphora ausloosiana Van de Vijver & Kopalov mrite dtre souligne car elle a t ddie notre regrett collgue Dr Gert Ausloos.

    La famille des Rubiaceae, comprenant les cafiers, est lune des plus diversifies au monde et a toujours t une spcialit de nos chercheurs. En 2014, 8 nouvelles espces dIxora de Madagascar ont t dcrites et publies dans des revues scientifiques internationales. Les missions de terrain dans les rgions montagneuses dAfrique permettent souvent de faire dintressantes dcouvertes. Bien quen-dmique, Sabicea bullata Zemagho, O.Lachenaud & Sonk, une Ru-biaceae rcemment dcrite, a ainsi t trouve en abondance dans les montagnes de lOuest du Cameroun.

    De nouvelles espces sont aussi occasionnellement dcouvertes parmi les chantillons dherbier. Les taxonomistes, passant en revue des spcimens de Begonia clypeifolia, ont ainsi mis au jour 2 espces indites et 2 nouvelles sous-espces de Begonia. Ces trsors cachs sont dune importance capitale car ils sont menacs dans leurs r-gions dorigine en Guine Equatoriale, au Gabon et en Rpublique dmocratique du Congo. De nouvelles espces africaines dans les genres Combretum et Cyperus ont galement t dcrites pour la premire fois en 2014. Toutes ces publications de nouveaux taxons sont une premire tape dans la prparation de Flores rgionales. Lanne 2014 fut exceptionnelle en termes de dcouvertes pour nos chercheurs.

    Peu peu, ces dcouvertes scientifiques amliorent notre connaissance de la biodiversit

  • Perichaena pulcherrima sur branches et litire arienne, nouveau pour lAfrique centrale, rcolt dans la Rserve Homme et Biosphre Yangambi.

    Physarum sp. sur litire, probablement nouveau pour la science, rcolt dans la Rserve Homme et Biosphre Yangambi.

    Myxomyctes en Rpublique dmocratique du Congo

    Les Myxomyctes sont des amibes gantes fascinantes. Leur cycle de vie comprend notamment un stade mobile, se dplaant sur son substrat en se nourrissant de bactries. Au moment de la reproduction, lorganisme se fixe et se transforme en fructifications contenant des spores. Les Myxomyctes se dveloppent dans tous les cosystmes terrestres, sur le bois et la litire en dcomposition. Certains sont cosmopolites, dautres sont associs des habitats sp-cifiques, lcorce darbres vivants ou des champs de neige dans les rgions (sub-)alpines par exemple.

    Les Myxomyctes sont relativement bien tudis dans les zones tempres de lhmisphre nord. Depuis une trentaine dannes, des recherches se sont aussi orientes vers les rgions tropicales. Une check-liste des myxomyctes africains publie en 2009 dans la revue Mycotaxon (et base sur des donnes de la littrature) ne mentionne que 9 espces en Rpublique dmocratique du Congo. Pourtant, 21 espces congolaises avaient t traites dans 2 volumes de la Flore Il-lustre des Champignons dAfrique Centrale publis au dbut des annes 1980 par notre institution. La rdaction dun nouveau volume de la srie Fungus Flora of Tropical Africa, galement publie par le Jardin botanique Meise, a dbut en 2014.

    LHerbier du Jardin botanique Meise rassemble 1094 spcimens de myxomyctes en provenance dAfrique, dont 407 (soit 84 es-pces) de Rpublique dmocratique du Congo. La plupart des sp-cimens congolais ont t rcolts dans les provinces du Katanga, du Nord-Kivu et du Sud-Kivu au cours de la priode 19801990. Au retour de lexpdition Boyekoli Ebale Congo 2010, ce sont 159 spci-mens (soit 50 espces) qui ont enrichi notre Herbier.

    La rgion visite, localise louest et au nord-ouest de Kisan-gani, est une zone inconnue en termes de myxomyctes. Diffrents habitats ont t explors en 2010, des clairires en fort claire aux profondeurs de la fort quatoriale. Plus de 60% des rcoltes pro-viennent des souches darbres morts, de branches et de troncs de dif-frentes espces, notamment de palmiers huile souvent couverts de vastes colonies de myxomyctes en fructification. La litire fores-tire apparat galement comme un substrat intressant chantil-lonner et susceptible de fournir des espces indites.

    En 2013, dans le cadre du projet COBIMFO (Congo Basin Inte-grated Monitoring for Forest Carbon Mitigation and Biodiversity), une expdition a t mene Yangambi dans la rserve Homme et Biosphre. Cet inventaire a permis de recenser 100 espces de myxomyctes et de constater que 55% des 305 spcimens collects se dveloppaient sur la litire forestire.

    Les inventaires de lexpdition Boyekoli Ebale Congo 2010 et du projet COBIMFO en 2013 ont permis dajouter 45 espces la check-liste de Rpublique dmocratique du Congo, portant le nombre to-tal de myxomyctes 129 espces. Ce nombre est le mme que celui enregistr Madagascar, ce qui place ces 2 pays en seconde position des plus diversifis en myxomyctes pour lAfrique, juste derrire la Tanzanie qui compte 133 espces. A linverse, moins de 20 espces sont recenses dans 49% des pays africains, alors que les conditions y sont idales pour le dveloppement des myxomyctes. Cette dis-parit prouve que ces organismes nont pas t suffisamment inven-toris, un rle que le Jardin botanique Meise peut endosser en orga-nisant des missions de collecte et en formant des spcialistes locaux.

    LHerbier du Jardin botanique compte 1.094 spcimens de myxomyctes en provenance dAfrique

  • 9De nouveaux outils pour estimer la diversit globale des champignons terricoles

    Lestimation de la diversit fongique devrait idalement se ba-ser sur lidentification des mycliums. Nanmoins, ces derniers ne peuvent tre identifis sur base de caractres morphologiques et, pour dterminer cette diversit, les chercheurs utilisent les fructifi-cations, appeles sporophores.

    Dans de nombreux pays, des check-lists et dautres donnes de biodiversit ont t utilises pour calculer un rapport entre le nombre despces de plantes et de champignons. En fonction de la localit, ce rapport varie gnralement entre 4 6 espces de cham-pignons par espce de plantes. Ce ratio plantes-champignons se base sur des relevs locaux et a t utilis pour estimer la diversit globale des champignons terricoles environ 1,5 million despces. Baser ce type danalyses sur lobservation des sporophores serait problmatique car leur apparition est souvent brve et imprvisible. En consquence, les chercheurs ont tent de trouver de meilleures mthodes pour estimer la diversit fongique.

    Les techniques de metabarcoding de lADN et les bases de don-nes de squences constituent dexcellents outils pour mesurer la diversit. Un des mycologues du Jardin a rejoint une quipe de 35 chercheurs base en Estonie afin de reconsidrer les prcdentes estimations de la diversit fongique. Durant 2 annes, lquipe de chercheurs a collect des chantillons de sol dans 365 cosystmes naturels de par le monde. Le Jardin botanique Meise a focalis son chantillonnage sur diverses forts claires de type Miombo pr-sentes en Rpublique dmocratique du Congo.

    Les rsultats du projet ont montr que la richesse spcifique des plantes ntait pas le meilleur critre pour estimer la diversit fon-gique. Des facteurs climatiques (prcipitations moyennes annuelles, saisonnalit), daphiques (teneurs en calcium et phosphore du sol, pH), gographiques (distance lquateur) et la priodicit de pas-sage du feu, sont beaucoup mieux corrls la richesse fongique du sol et la composition des communauts lchelle globale.

    Une autre dcouverte intressante est que la richesse de tous les groupes fonctionnels de champignons ( savoir, les saprotrophes, les symbiontes et les parasites) nest pas lie la diversit des plantes, lexception des espces ectomycorhiziennes, ce qui indique que les changements de proprits du sol causes par les plantes nin-fluencent pas la diversit des champignons terricoles.

    Lquipe de chercheurs a galement mis en vidence que: le ra-tio plantes-champignons nest pas constant lchelle globale; la diversit des champignons terricoles augmente lorsquon sloigne des ples; lendmisme est plus important dans les rgions tropicales et diminue de manire exponentielle lorsquon sapproche des ples. Enfin, beaucoup de groupes taxonomiques sont reprsents sur des continents loigns, ce qui suggre que la distribution longue dis-tance des champignons est plus efficace que celle des macro-orga-nismes.

    Cette recherche a chang fondamentalement la vision gn-rale que nous avions de la distribution de la diversit fongique. Elle prouve que la mthode du ratio plantes-champignons surestime dun facteur de 1,5 2,5 la richesse fongique du sol.

    Les rsultats complets de cette tude peuvent tre trouvs dans L. Tedersoo et al., Global diversity and geography of soil fungi. Science 346, 1256688 (2014). http://dx.doi.org/10.1126/science.1256688

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  • Des analyses ADN rvlent une importante diversit de Boletales dans le nord de la Thalande et dans le Yunnan (Chine)

    Les Boletales constituent un groupe de champignons distribu lchelle du globe, dont la plupart forment des associations symbio-tiques avec des arbres, les ectomycorhizes. La majorit des espces connues ce jour ont t dcouvertes et dcrites dans les rgions tempres. Relativement peu de recherches ont t consacres aux Boletales des rgions tropicales. Et pourtant, les Boletales des rgions tropicales sont trs diversifies et ont rgulirement remis en cause la classification du groupe, base principalement sur des taxons temprs.

    LAsie du Sud-Est abrite 3 des 25 points chauds de biodiversi-t les plus importants au monde. Le nord de la Thalande et le Yun-nan, en particulier, renferment une biodiversit impressionnante, notamment parce que ces rgions se situent au confluent des zones tropicales et tempres et que leur paysage est essentiellement mon-tagneux, ce qui engendre une mosaque dhabitats forestiers diver-sifis.

    Depuis 2010, Olivier Rasp, chercheur au Jardin botanique Meise, a rcolt des centaines de spcimens dans le nord de la Tha-lande et dans le Yunnan. En 2014, il a achev des analyses dADN sur ces spcimens, qui ont rvl lexistence de plus de 230 espces de Boletales dans les rgions prospectes. Bon nombre de ces espces sont nouvelles pour la science. Par exemple, 5 nouvelles espces de Sutorius, un genre rcemment publi et ne comprenant ce jour que 2 espces (une provenant des Amriques et du Japon, lautre dAus-tralie), ont t dcouvertes. De plus, des analyses phylogntiques ont rvl lexistence de plusieurs genres nouveaux pour la science.

    Pulveroboletus fragrans sp. nov., une espce nouvelle pour la science, produisant une forte odeur aromatique, un caractre distinctif et rare parmi les Boletales. Cette espce na t trouve que dans une localit du nord de la Thalande.

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    Cette tude de la diversit des Boletales dAsie du Sud-Est a contribu une meilleure comprhension de la systmatique et de lvolution de ce groupe de champignons et suggre quil y a en-core de nombreuses espces dcouvrir. Des analyses statistiques montrent en effet que prs de 300 espces existent vraisemblable-ment dans le nord de la Thalande, ce qui fait potentiellement de cette rgion un point chaud de diversit des Boletales.

  • Diversit botanique dans les Monts Chimanimani au Mozambique

    Les Monts Chimanimani constituent la frontire entre le Zim-babwe et le Mozambique. Ils forment une chane isole slevant, partir de lest, de la plaine ctire du Mozambique vers son point le plus lev, le Mont Binga qui culmine 2 436 m. Ces montagnes sont principalement constitues de grs quartzitiques lorigine de sols pauvres en nutriments qui, combins un isolement important, expliquent le pourcentage lev despces endmiques. Cest parti-culirement le cas sur les hauts-plateaux herbeux, sur les flancs des montagnes et dans les zones marcageuses.

    Historiquement, lessentiel de la recherche botanique et des efforts de collecte ont t mens du ct zimbabwen de ces mon-tagnes qui bnficie du statut de Parc national. Nanmoins, cette partie des Monts Chimanimani ne reprsente que 20% de leur surface totale. Par ailleurs, trs peu de donnes ont t collectes dans cette zone ces 50 dernires annes. Les donnes botaniques en provenance de la partie non protge au Mozambique sont trs fragmentaires et mme si on sait que beaucoup despces rares et endmiques y sont prsentes, aucune information officielle nest disponible pour cette rgion.

    Rcemment, le dveloppement de lexploitation de lor a rvl un problme rel de menace pour certaines parties des montagnes du ct mozambicain. En avril et en octobre 2014, deux expditions ont t organises par les Jardins botaniques royaux de Kew, MI-CAIA (une ONG locale base Chimoio), le Jardin botanique Meise, lHerbier National du Zimbabwe et lHerbier National de Maputo.

    Ces expditions avaient pour objectifs :

    de raliser un inventaire actualis des espces vgtales rares et endmiques, de leur statut et de leur distribution, particu-lirement du ct mozambicain des montagnes;

    de dcouvrir et de recenser des zones spcifiques haut int-rt botanique ou cologique;

    didentifier les menaces et les impacts potentiels long terme de lexploitation minire artisanale sur la diversit botanique, particulirement sur les espces rares et endmiques;

    de rpertorier et photographier la flore et dactualiser ces donnes sur le site www.mozambiqueflora.com.

    Sur une priode de 4 semaines, 580 spcimens de plantes ont t rcolts avec, dans la mesure du possible, la constitution de doubles destins aux 4 herbiers participant lexpdition (K, BR, SRGH, LMA). Dans la plupart des cas, des chantillons ont galement t conservs en gel de silice afin de raliser ultrieurement des ana-lyses dADN. Au cours de cette priode, environ 70% des espces cibles ont t collectes, souvent dailleurs pour la premire fois au Mozambique. Par ailleurs, 65 spcimens de lichens corticoles et saxicoles ont galement fait lobjet dun chantillonnage pour tre tudis ultrieurement au Jardin botanique Meise.

    Lidentification et la confirmation des collectes sont en grande partie termines et toutes les donnes et images de la premire ex-pdition sont disponibles gratuitement en ligne

    http://www.mozambiqueflora.com/speciesdata/outing-dis-play.php?outing_id=32,

    https://www.flickr.com/photos/zimbart/sets/72157644203545549/,

    https://www.flickr.com/photos/62615101@N02/sets/72157644547376913/

    Presses herbiers schant sous le soleil.

    Collecte dchantillons sur le terrain.

    Les rsultats prliminaires indiquent que 5 ou 6 des espces col-lectes seraient nouvelles pour la science. Les donnes de la seconde expdition ainsi que les rcoltes de lichens sont en cours danalyse. Les rsultats finaux et les dcouvertes lies ces expditions seront publies dans un rapport qui constituera un complment aux publi-cations originales de Goodier & Phipps (Kirkia 1: 4466, 1960) et de Wild (Kirkia 4: 125157, 1963).

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  • Une nouvelle Flore Meise

    Avec une flore estime 7 000 espces, le Gabon abrite la fort quatoriale de basse altitude la plus diversifie de toute lAfrique. Les nombreux volumes de la Flore du Gabon offrent les outils essen-tiels lidentification de ces plantes et constituent, ds lors, une aide cruciale pour un large ventail dutilisateurs, comme les chercheurs, les dfenseurs de lenvironnement ou les botanistes amateurs. Cette flore contient galement des informations primordiales pour ap-puyer le programme de conservation dans le pays, qui compte 13 Parcs Nationaux et dont 11% de la surface du territoire sont protgs. La srie Flore du Gabon a t initie par le Musum national dHis-toire Naturelle de Paris en 1960, puis prise en charge par lHerbier National des Pays-Bas Wageningen en 2005. La rcente relocali-sation de ce dernier vers Leiden et son intgration au Naturalis Bio-diversity Center, ainsi que lengagement de lditeur-en-chef de la Flore du Gabon par le Jardin botanique Meise afin de revitaliser la Flore dAfrique centrale, laissaient planer des doutes quant lavenir de la srie. Nanmoins, en 2014, un accord a t conclu avec Naturalis afin de poursuivre ensemble la publication de la Flore du Gabon et finaliser la srie endans les 5 ans. Nous renforons ainsi notre position de centre dexpertise sur la flore dAfrique centrale et apportons une contribution significative la conservation, la recherche et lutilisa-tion durable de lexceptionnelle diversit botanique du Gabon !

    European Journal of Taxonomy publie son centime numro

    Lquipe ditoriale de European Journal of Taxonomy a eu lhon-neur de publier le centime numro de la revue le 24 octobre 2014. Ce numro consiste en une monographie richement illustre sur les millipdes africains rdige par Henrik Enghoff, dcrivant 20 nou-velles espces.

    European Journal of Taxonomy (EJT) est une revue internationale comit de relecture, traitant de taxonomie descriptive. La revue est publie en version lectronique uniquement, et son contenu est disponible en accs libre ( open access ) sur internet (www.euro-peanjournaloftaxonomy.eu), sans contraintes financires, lgales ou techniques. EJT est lunique revue taxonomique qui couvre la fois la zoologie, la mycologie et la botanique, y compris les fossiles.

    La revue fut cre en 2011, et depuis lors environ 3 500 pages ont t publies, dans lesquelles plus de 400 nouveauts taxonomiques ont t dcrites. La revue est unique dans son domaine, car elle ap-plique le modle diamant de laccs libre : lentiret du contenu est publi sans frais pour les auteurs, et est accessible gratuitement par les lecteurs. Les frais financiers de cette revue lectronique sont couverts par les instituts dhistoire naturelle composant le consor-tium EJT. Ce consortium est compos des muses de Paris (France), de Copenhague (Danemark), de Bruxelles et de Tervuren (Belgique), de Londres (Royaume-Uni), et du Jardin botanique Meise (Belgique).

    Couverture du centime numro publi par European Journal of Taxonomy. Photographie de couverture David Koon-Bong Cheung (Sanje Falls, Rserve Forestire de Mwanihana, Monts Udzungwa, Tanzanie).

    Dessus : Couverture du volume 46 de la Flore du Gabon, fruit de la collaboration entre le Naturalis Biodiversity Center et le Jardin botanique Meise, achev en 2014 et qui paratra dbut 2015. Dessous : Marc Sosef, diteur-en-chef de la Flore du Gabon (droite) et un des diteurs gabonais, Henry-Paul Bourobou Bourobou (gauche). La consultation de lensemble du contenu est

    libre et la publication est gratuite

  • Redmarrage de la Flore dAfrique centrale

    En 2013, le Jardin botanique Meise a engag un nouvel diteur pour redynamiser la production de la Flore dAfrique centrale. Cette srie comportant de nombreux volumes devrait, terme, inclure quelque 10 000 espces prsentes en Rpublique dmocratique du Congo, au Rwanda et au Burundi, et constituer donc un outil crucial pour lidentification des plantes, la recherche et la conservation dans cette rgion.

    En 2014, le nouvel diteur a mis sur pied un solide rseau de col-laborateurs. Plus de 40 spcialistes ont exprim leur volont dap-porter leur expertise cette tche. Sept botanistes locaux ont rejoint le projet, parmi eux figurent non seulement des scientifiques trs ex-priments, mais galement des jeunes trs prometteurs. Un objectif fondamental de notre institution est en effet damliorer lenseigne-ment et la formation en Afrique centrale pour aider les jeunes bota-nistes et augmenter le potentiel rgional pour ltude scientifique du monde vgtal.

    Cette anne 2014 a t une anne prospre pour la Flore dAfrique centrale : 5 familles supplmentaires (Caricaceae, Colchicaceae, Eri-caceae, Flagellariaceae et Restionaceae) ont t publies et plusieurs autres manuscrits sont en cours. Cest une premire tape dans nos efforts pour achever ce travail monumental endans les 15 pro-chaines annes.

    Une espce de gramine disparue est retrouve ltat sauvage dans le domaine du Jardin botanique Meise

    Au cours de lvaluation de la flore spontane dans notre jardin, nous avons trouv une gramine inconnue appartenant au complexe Festuca ovina (ftuque des moutons). Elle fut envoye des spcia-listes ltranger qui, notre grande surprise, lidentifirent comme Festuca valesiaca. La prsence de F. valesiaca dans le jardin est limite au microclimat chaud et sec dune zone relativement pentue et expo-se au sud, situe au pied dun grand htre.

    Festuca valesiaca est une herbe feuilles troites dont laire de r-partition naturelle stend de la partie orientale de lEurope centrale au nord-ouest de la Chine. Les populations europennes sont consi-dres comme rares ou menaces. Bien que la Belgique se trouve en dehors de son aire de rpartition, la prsence de cette espce a dj t rapporte dans les zones calaminaires du sud-est du pays. Toute-fois, la dtermination des plantes observes a t rgulirement re-mise en cause par les scientifiques parce que les espces du complexe F. ovina sont difficiles distinguer. Lexamen de plantes sches de lherbier de Meise nous a nanmoins permis de confirmer lidentifi-cation des ftuques calaminaires comme F. valesiaca. Il est donc avr que plusieurs chantillons de cette espce furent rcolts avant 1860 dans le sud-est de la Belgique, avant quelle ne disparaisse.

    Comment expliquer alors que F. valesiaca soit retrouv au-jourdhui dans une zone naturelle du Jardin? Nous formulons 2 hy-pothses. Cette gramine forme une petite population constitue dune douzaine de plantes situe sous un vieux htre. Elle est asso-cie avec une autre ftuque rare, Festuca brevipila (ftuque feuilles scabres), que lon pense avoir t introduite accidentellement par lutilisation au 19me sicle de mlanges de graines rcoltes de plantes sauvages. Ces graines furent utilises pour le semis de pe-louses arbores ralis dans le cadre de lamnagement de jardins langlaise dans le domaine de Meise. Elles furent probablement rcoltes dans le sud de lAllemagne, o une petite population na-turelle de F. valesiaca tait prsente. Par consquent, la premire hy-pothse est que les 2 espces de ftuque ont t introduites en mme temps et que ce sont des espces nophytes de pelouse arbore . Si cela se vrifie, cela signifierait que les 2 gramines ont survcu plus de 150 ans dans notre jardin. En observant la distribution naturelle de toutes les nophytes de pelouse arbore trouves dans le jardin, nous avons pu identifier laire o les graines des gramines furent r-coltes lorigine.

    Une autre hypothse pour expliquer la prsence de F. valesiaca est quelle se soit chappe des collections vivantes, o cette espce a galement t cultive pendant 25 ans. Il semble cependant que les arguments en faveur de la premire hypothse soient plus nom-breux.

    Localisation de Festuca valesiaca dans le Jardin.

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  • Prserverle monde vgtal

    On estime que prs dun tiers des espces v-gtales sont actuellement menaces ou promises une extinction ltat sauvage, principalement en raison de la fragmentation et de la destruction des habitats combines au changement clima-tique. Chaque plante joue un rle crucial dans le fonctionnement dun cosystme. Certaines peuvent receler des trsors inconnus, comme des molcules prsentant des proprits mdicinales. La prservation des espces vgtales est, par consquent, essentielle.

    Notre recherche contribue au dveloppement doutils de gestion dans le cadre de la conserva-tion in situ de zones naturelles prcieuses tant au niveau national quinternational. La conservation hors site, ou ex situ, est tout aussi importante. Nous collectons des vgtaux ltat sauvage pour en assurer la prservation et la propagation dans nos collections vivantes, ainsi que dans des jardins botaniques partenaires. Notre banque de semences conserve les graines de nombreuses es-pces rares et menaces, ce qui permet de prser-ver une diversit gntique qui est essentielle. Le fait de combiner notre expertise et nos collections nous permet daider actuellement nos partenaires rintroduire des espces dans leurs habitats naturels et de garantir quils puissent continuer le faire dans le futur.

  • Larnica (Arnica montana) est une espce auto-incompatible qui dpend totalement des insectes pollinisateurs pour sa reproduction. Elle est en danger dextinction en Belgique.

    Landromde (Andromeda polifolia) peut se reproduire partir de graines, mais la survie des plantules ltat sauvage est rare. La reproduction vgtative est donc plus importante, ce qui rend cette espce moins capable de sadapter aux conditions changeantes. Elle est gravement menace en Belgique. Photographie Maarten Strack Van Schijndel.

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    Les caractres reproductifs des espces peuvent jouer un rle dans leur dclin

    La destruction, leutrophisation et la fragmentation des habi-tats sont gnralement considrs comme les principales causes de dclin et dextinction des populations. Lextinction des plantes est un phnomne complexe dont nous ne connaissons pas toujours les signes avant-coureurs. Il est donc essentiel dexaminer dans quelle mesure les caractres intrinsques des espces peuvent biaiser leur vulnrabilit. Si ceux-ci taient corrls avec le degr de vulnrabi-lit des espces, alors une nouvelle valuation critique serait dispo-nible pour les scientifiques afin de les aider prdire la sensibilit des espces lextinction locale ou globale.

    Les caractres intrinsques des espces sont nombreux et com-prennent ceux lis la reproduction. Cela peut inclure par exemple une capacit de dispersion limite, une faible production de graines ou labsence de banque de graines dans le sol. Les chercheurs du Jar-din botanique Meise ont explor dans quelle mesure certains carac-tres reproductifs peuvent jouer un rle dans le dclin des popula-tions.

    Dix caractres reproductifs ont t compars la tendance des espces (un indice montrant une diminution ou une augmentation de leur frquence) en 2 ensembles de donnes gographiquement distinctes, compiles partir de sous-chantillons de la flore belge (1 055 espces) et de la flore britannique (1 136 espces). Parmi les 10 caractres considrs, le type de reproduction (par graines ou v-gtative) et le vecteur de pollen (insectes ou vent) ont montr le lien le plus troit avec la tendance des espces (augmentation ou dclin). Ces rsultats sont significatifs dans les 2 rgions, mais lampleur et la direction des relations observes est diffrente dans les donnes belges et britanniques. En Grande-Bretagne, les espces pollinises par le vent se portent mieux que celles qui sont pollinises par les insectes, alors que les donnes belges ont montr que des espces autogames sont moins menaces que les espces pollinises par les insectes.

    Dautres caractres tels que la morphologie florale jouent gale-ment un rle dans le dclin des espces, mais les tendances ne sont nouveau pas comparables dun pays lautre. Par exemple, au sein de la flore belge il ny a pas de lien direct entre la forme des fleurs et la tendance des espces rgresser, alors que pour la flore britannique les plantes ayant des fleurs corolle profonde sont davantage mena-ces dextinction que celles corolle courte. Ceci est mettre en re-lation avec le dclin des insectes pollinisateurs infods aux corolles profondes, comme les papillons par exemple. Notre analyse a gale-ment mis en vidence le fait que les espces de la flore belge qui sont capables de faire de lauto-pollinisation se portent nettement mieux que celles ncessitant une pollinisation croise. Ceci peut galement tre d au manque dinsectes pollinisateurs. Pour la flore belge, on notera galement que les espces qui se reproduisent par voie v-gtative sont davantage menaces que celles qui se reproduisent par graines. Cela peut sexpliquer par le fait que la reproduction vgta-tive produit des clones identiques eux-mmes qui sont moins ca-pables de sadapter aux conditions changeantes.

    Ltude a mis en vidence limportance non seulement de cor-rler les caractres des plantes avec le dclin des populations, mais aussi la pertinence de comparer 2 rgions gographiques distinctes. Ce dernier point a permis de dmontrer pour la premire fois que les rsultats sont dpendants du contexte, indiquant ainsi que lidenti-fication fiable des espces les plus sujettes disparition uniquement sur base de leurs caractristiques de reproduction reste malgr tout incertaine.

  • picas du Jardin botanique sous le feu des projecteurs loccasion de la journe dtude de la Socit Belge de Dendrologie

    La journe dtude annuelle de la Socit Belge de Dendrologie sur le thme des picas (Picea) sest tenue le 7 septembre 2014 au Jardin botanique Meise.

    En prparation cette journe, tous les picas en collection furent localiss, mesurs et cartographis par gorfrencement. Lidentification de chaque accession fut vrifie. La collection inclut 66 accessions reprsentant 43 taxons. La base de donnes des collec-tions vivantes (LIVCOL) renferme 105 noms taxonomiques distincts pour Picea, lesquels furent vrifis et mis jour. Un nom vernaculaire en franais et un en nerlandais ont t attribus tous les taxons. Les tiquettes didentification sur les plantes ont t renouveles. Les informations ont t ajoutes la base de donnes BELTREES, ce qui a permis de rvler un certain nombre darbres exceptionnels. Notre exemplaire de Picea asperata prsente la plus grande circonf-rence (148 cm) de tous les arbres de la mme espce en Belgique, tout comme P. meyeri (135 cm) et P. smithiana (36 cm).

    En tant quorganisateurs de la journe Picea, nous avions pro-gramm le jour prcdent une visite au Pinetum de C. Anthoine Ja-mioulx. Il sagit dune collection renomme pour sa trs large diver-sit de conifres avec plus de 1 700 espces et cultivars diffrents. Ce jour-l, les dlgus eurent lopportunit de rafrachir leurs connais-sances en matire de Picea, un genre gnralement peu connu et im-populaire, en essayant de localiser et didentifier diffrents taxons.

    Picea abies Acrocona : jeunes cnes terminaux, do le nom du cultivar (acro + cona).

    Visite de la Socit Belge de Dendrologie : prsentation de notre collection de conifres. Photographie Koen Camelbeke.

    Quarante-six membres de la Socit se runirent le jour suivant, cette fois dans notre Jardin. En matine, les dlgus coutrent les exposs captivants donns par le Professeur P. Goetghebeur (phylo-gnie et morphologie), Ph. De Spoelberch (picas dans le monde), J. De Langhe (cls didentification) et M. Herman (technologie du bois). Pendant les pauses, les dlgus purent admirer une riche col-lection de cnes dpicas prts par lArboretum Wespelaar et les chantillons de bois de W. Wessels.

    Laprs-midi fut consacre une visite de la collection Picea du Jardin au cours de laquelle les participants taient invits recon-natre les diffrentes espces en utilisant la cl didentification la-bore par J. De Langhe. Celle-ci est base sur des caractres vg-tatifs, plus spcifiquement les aiguilles (uni- ou bicolores, diriges vers lavant ou sur le ct, de section quadrangulaire ou aplatie, extrmit piquante ou non), les pousses (pubescentes ou glabres, de couleur jaune, ivoire ou brun) et les bourgeons (rsineux ou non). Dautres caractristiques observes sur le terrain furent discutes et des sujets intressants furent dbattus, comme laire de rpartition naturelle, la menace de disparition dans la nature, la rusticit, les techniques de culture et les caractristiques horticoles.

    La plupart de nos picas se trouvent dans le Coniferetum; ils y ont t plants au cours des 4 dernires dcennies. Les autres picas (comme lpica de Norvge) ont t plants dans le cadre de lam-nagement du domaine au dbut du 20me sicle. Un troisime groupe correspond des arbres plants juste aprs la Seconde Guerre mon-diale pour former un cran de verdure autour des btiments. Le der-nier groupe dpicas dont la plantation date des annes 1960 se si-tue lemplacement dune ppinire abandonne. Outre les espces mentionnes ci-dessus, nous pensons quil serait intressant de cultiver et de planter de manire plus intensive les taxons suivants : P. abies Acrocona aux cnes terminaux rouges, P. orientalis aux ai-guilles de petite taille et de couleur vert fonc et P. torano aux cnes magnifiques .

  • Bord rocheux dun ruisseau forestier Mabouni, Gabon. Cet habitat est particulirement important pour les espces rares et endmiques.

    Mosaque fort-savane prs du Lac Alombi, dans le site Ramsar du Bas-Ogoou

    Fleur de Whitfieldia letestui, endmique du sud-ouest du Gabon et lune des espces dintrt pour la conservation identifies durant le projet Mabouni. Cette grande herbe fleurs trs dcoratives crot le long des ruisseaux forestiers; elle est commune par endroits, mais nest connue que de 4 localits. Photographie Ehoarn Bidault.

    Le Jardin botanique Meise contribue ltude dimpact dun projet minier et linventaire dun site Ramsar au Gabon

    Les forts du Gabon sont les mieux prserves dAfrique. Dans un pays grand comme la moiti de la France, environ 80% du terri-toire est couvert de forts. Le Jardin botanique Meise dveloppe un intrt croissant pour ltude de la flore gabonaise et est rcemment devenu coditeur de la Flore du Gabon. Olivier Lachenaud, chercheur au jardin, a visit le pays 2 reprises en 2013 et en 2014 pour un total de 6 semaines, dans le cadre de missions de collecte organises par le Missouri Botanical Garden, USA. Ces expditions faisaient partie de 2 projets denvergure, tous deux mens en partenariat avec lHerbier National du Gabon et lInstitut de Recherche pour le Dveloppe-ment (Montpellier, France).

    Le premier projet avait pour but ltude dimpact environnemen-tal du site minier potentiel de Mabouni, o prospecte actuellement la compagnie Eramet. Dans cette rgion se trouvent des gisements de terres rares, en particulier de niobium, un mtal essentiel pour lindustrie lectronique. Le site en question couvre 20 000 hectares de forts sur collines et navait pas t tudi jusqu prsent. Notre tche tait dinventorier sa flore et didentifier quelles espces n-cessitent des mesures de conservation particulires. Environ 30 es-pces dintrt pour la conservation ont t identifies, dont 5 sont des nouvelles espces apparemment endmiques du site. Beaucoup de ces espces sont lies aux bords de ruisseaux forestiers, un ha-bitat vulnrable lexploitation minire en raison des changements de sdimentation quelle entrane. Plusieurs parcelles ont t choisies pour valuer limpact des activits minires sur cet habitat. Des bou-tures des espces les plus importantes ont galement t prleves pour mise en culture, dans le cadre dun partenariat avec un jardinier hors pair, Jean-Philippe Biteau (Directeur de Jardi-Gab, Libreville).

    Le second projet, rpondant une demande du WWF-Gabon et du Ministre des Eaux et Forts, tait un inventaire botanique prli-minaire du site Ramsar du Bas-Ogoou. Ce vaste bassin a t class en 2009 comme zone humide dimportance internationale, selon la convention de Ramsar. Il stend sur 862 000 hectares et montre une remarquable diversit dhabitats, notamment des prairies flottantes, des savanes, des forts de terre ferme et diffrents types de forts inondables. Mais sa flore reste mal connue. Nous avons visit 5 sites dans la rgion et dcouvert au moins 3 espces nouvelles qui pa-raissent endmiques de la zone. Parmi les autres trouvailles de lex-pdition figurent Macaranga letestui et Strombosia fleuryana, 2 taxons qui navaient pas t vus dans la nature depuis 1908 et 1912 respecti-vement, et que nous avons trouvs localement communs.

    Ces voyages au Gabon ont fait beaucoup progresser nos connais-sances sur la flore du pays, mais bien des merveilles restent encore dcouvrir dans ces forts tropicales.

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    Dterminer quelles espces de plantes ont besoin dune protection supplmentaire

  • Comment les plantes font-elles face au changement climatique ?

    Le changement climatique actuellement observ constitue lchelle mondiale lune des plus grandes menaces pour la biodiver-sit. Des tudes dmontrent que le changement climatique pourrait causer dici la fin du 21me sicle lextinction de 10 30% des espces vgtales europennes. Au Jardin botanique Meise nous examinons comment diffrentes espces vgtales ragissent au changement climatique. Les rsultats de cette recherche nous permettront de prendre des mesures de conservation appropries, didentifier les es-pces potentiellement les plus vulnrables et den garantir la conser-vation de graines dans notre banque de graines. Une tude, finance par une subvention Belspo - Mandat de retour , nous permet dtudier diffrents effets du changement climatique sur un certain nombre despces de plantes indignes.

    Une des espces tudies est Meum athamanticum. Cette espce submontagnarde, dont la distribution en Belgique se limite la Haute Ardenne, est potentiellement vulnrable au rchauffement clima-tique. En effet, elle ne peut pas migrer en altitude et une migration vers des rgions plus septentrionales est entrave par un habitat na-turel fragment.

    Pour simuler le rchauffement climatique et en tudier les ef-fets sur Meum athamanticum, des chambres ciel ouvert ( open-top chambers ) ont t places sur le terrain autour dun certain nombre de plantes. Les chambres ciel ouvert sont de petites serres sans toit construites en plexiglas. Elles permettent daugmenter la tempra-ture ambiante denviron 1C. En comparant les plantes situes dans les chambres ciel ouvert avec les plantes de contrle, nous pouvons quantifier les consquences de laugmentation de la temprature sur la phnologie de la floraison, la croissance et la germination de Meum athamanticum.

    Les espces vgtales caractrises par une aire de rpartition tendue montrent gnralement des populations adaptes aux conditions climatiques locales. Nous avons rcolt les fruits et les graines de 35 populations de Gentiana pneumonanthe travers lEurope pour vrifier si cette rgle sapplique galement cette espce. Nous envisageons de cultiver 3 000 plantes de ces diffrentes populations au sein du Jardin botanique Meise, ce qui nous permettra dobserver comment les plantes sadaptent au climat local et de vrifier si les dif-frentes populations sont suffisamment diversifies gntiquement pour pouvoir rpondre rapidement un environnement changeant.

    Non seulement nous sommes en mesure de prdire comment les plantes seront altres par le changement climatique, mais la banque de graines du Jardin botanique Meise nous offre galement une opportunit exceptionnelle de vrifier si les plantes se sont dj adaptes au changement climatique rcent. Au cours des 2 dernires

    Mise en place de chambres ciel ouvert ( open-top chambers ) pour augmenter artificiellement la temprature ambiante pour Meum athamanticum.

    Gentiana pneumonanthe en fleurs dans la Serra da Estrela, Portugal.

    Fruits mrs de Gentiana pneumonanthe dans le Kranzbachvenn, Allemagne.

    dcennies la temprature annuelle moyenne en Belgique a augment de 0,4C par dcennie alors que les prcipitations sont restes relati-vement stables. Nous allons utiliser les graines de 5 espces annuelles qui ont t stockes pendant plus de 25 ans dans la banque de graines du Jardin botanique pour vrifier si laugmentation de temprature observe modifie dj la phnologie de la floraison, la priode de germination et certaines caractristiques foliaires. Ceci sera ralis par la culture conjointe de plantes obtenues partir des graines stoc-kes et de plantes obtenues partir de graines fraches rcoltes 25 ans plus tard exactement au mme endroit.

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    Comprendreles cosystmes

    Dans un monde souffrant de plus en plus de la pression environnementale, les plantes, les co-systmes et les services quils fournissent doivent tre prservs pour garantir la bonne sant de notre plante. Les plantes rduisent notamment limpact des gaz effet de serre, jouent un rle important dans le cycle de leau et contribuent combattre la dsertification.

    Les travaux de nos chercheurs nous aident comprendre le fonctionnement des cosystmes, et la manire dont ils peuvent tre dcrits et surveills. Ils sintressent galement aux plantes invasives qui influencent les espces indignes. Partout dans le monde, en Afrique comme en Bel-gique, lhumanit dpend de la bonne sant des cosystmes.

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    Echantillonnage dune carotte de sondage du Lac Challa.

    Reconstruction des changements climatiques en Afrique de lEst sur base des diatomes

    Des vnements climatiques extrmes, comme de terribles scheresses et de fortes inondations, ont rcemment touch plu-sieurs rgions dAfrique de lEst et ont eu un impact important sur le bien-tre des populations locales et sur leurs systmes socio-co-nomiques.

    Dans la rgion du Lac Challa, un lac de cratre situ au pied du Mont Kilimandjaro, le phnomne El Nio (aussi appel ENSO) a une influence importante sur le rgime climatique avec des pluies trs fortes et des inondations pendant les annes o survient El Nio, suivies de scheresses intenses et prolonges pendant les annes o survient La Nia. Sur base danalyses de lames minces dune carotte de sondage du Lac Challa, Wolff et al. (2011) ont dcouvert un lien troit entre la variabilit inter-annuelle des prcipitations et lpais-seur des couches annuelles de sdiments, galement connues sous le nom de varves : les plus paisses correspondent des conditions plus sches et plus venteuses, les plus fines des annes humides avec moins de vent. Lpaisseur des varves est principalement dtermine par labondance des diatomes, des algues unicellulaires caractri-ses par leur squelette siliceux. Des conditions venteuses mlangent la colonne deau et stimulent la croissance et la multiplication des al-gues grce la remonte deau profonde riche en nutriments.

    Dans le cadre du projet PAMEXEA (PAtterns and Mechanisms of EXtreme weather in East Africa) financ par la Politique scien-tifique fdrale belge, nous tudions les changements de composi-tion spcifique des communauts de diatomes prserves dans les couches de sdiments du Lac Challa. Nous rassemblons ainsi des donnes dtailles sur les changements saisonniers et les extrmes climatiques survenus ces 500 dernires annes. Presque toutes les varves ont t chantillonnes et des prparations permanentes de diatomes ont t ralises puis analyses. Linterprtation de ces donnes sappuie sur lanalyse effectue sur le phytoplancton actuel du Lac Challa, chantillonn chaque mois durant un an.

    Par ailleurs, chaque mois depuis dcembre 2006, le contenu dune trappe sdiments a t chantillonn. Les modifications dans la composition du phytoplancton peuvent ainsi tre suivies

    sur une priode dobservation de 10 ans ou plus. La relation entre le phytoplancton actuel dune part, et les donnes sur les prcipitations annuelles lies lENSO dautre part, permettra de lier les modifica-tions dans les assemblages fossiles de diatomes aux changements climatiques dorigine anthropique en Afrique de lEst.

    Lobjectif du projet PAMEXEA est de fournir des pistes de r-flexion aux dcideurs dans les pays en dveloppement en vue das-surer une conomie agricole durable et une gestion approprie des ressources en eau dans un futur qui sera caractris par des chan-gements climatiques, une pression dmographique croissante et une rarfaction de ces ressources.

  • Bart Van de Vijver et Marc Lebouvier (IPEV) passant laspirateur les vtements dun passager bord du navire de recherche Marion Dufresne. Photographie Maurice Hull.

    Les fleurs de Rubiaceae peuvent avoir des couleurs spectaculaires.

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    Des envahisseurs en Antarctique

    La rgion antarctique constitue un des environnements les plus primitifs sur Terre, gravement menac par lintroduction involon-taire de plantes et danimaux exotiques dans les bagages ou sur les vtements de ses visiteurs.

    Chaque anne, 33 000 touristes et 7 000 scientifiques visitent lAntarctique et y introduisent des graines et des spores emportes de pays quils ont visits juste avant leur sjour en Antarctique.

    Les espces invasives figurent parmi les causes principales du changement de la biodiversit dans le monde. Les changements cli-matiques facilitent ltablissement de ces espces qui finissent par perturber et dtruire les cosystmes naturels de lAntarctique.

    Le Jardin botanique Meise a particip au projet international Aliens en Antarctique. Lobjectif de ce projet tait destimer les risques environnementaux encourus par lAntarctique en recher-chant quelles graines sont introduites, quelle est leur provenance et o elles sont susceptibles de stablir. Des chercheurs de plus de 10 pays ont examin 850 touristes et membres dquipes scientifiques qui visitaient lAntarctique au cours de la premire saison de lAnne Polaire Internationale (2007) et les ont interrogs au sujet de leurs voyages prcdents. Lchantillonnage a consist passer au peigne fin et aspirer les etuis appareils photo, les vtements, les chaus-sures et les sacs dos afin de mettre au jour les graines dissimules accidentellement.

    Les rsultats ont t publis en 2012 et en 2014. Dix graines ont t trouves en moyenne sur chaque personne avec une tendance des scientifiques transporter plus d aliens que les touristes. Grce lutilisation de photographies rassembles dans des atlas de graines et de bases de donnes en ligne, il a t possible didentifier la plupart des 2 600 graines collectes. Les rsultats ont indiqu que la moiti des graines et des spores collectes provenaient dautres r-gions froides travers le monde et avaient dj t signales comme invasives dans des rgions froides comme lArctique et la rgion su-bantarctique.

    Travail de terrain dans la fort tropicale atlantique au Brsil : le Nouveau Monde offre de nouvelles perspectives de recherche

    Outre des travaux focaliss de longue date sur la biodiversi-t vgtale africaine, notre institution sintresse galement la flore du Nouveau Monde bien reprsente dans nos collections qui senorgueillissent notamment de possder le clbre herbier de von Martius.

    Inspirs par les expditions piques des anciens naturalistes, 2 chercheurs du Jardin botanique Meise, accompagns dun collgue de la KU Leuven et dun collgue du Naturalis Biodiversity Center de Leiden, ont mis le cap sur le Brsil, destination de Bahia.

    Lobjectif tait la prospection de la fort tropicale atlantique, un des hauts lieux de la biodiversit, qui stend sur une immense super-ficie le long de la cte du Brsil. Si, malheureusement, il ne subsiste que peu de fort primaire, cela reste nanmoins lun des cosystmes les plus riches au monde, avec un nombre trs lev despces en-dmiques. Ces espces constituent un matriel fondamental pour tudier lorigine et lvolution de la fort tropicale atlantique. En fonction de leurs thmes de recherche, les participants ont concen-tr leurs efforts sur la rcolte de Rubiaceae et de Lauraceae et sur des espces myco-htrotrophiques (des plantes qui reoivent tout ou partie de leurs nutriments des champignons qui les parasitent, plutt que de les laborer par la photosynthse). Ltude des espces end-miques appartenant ces 3 groupes et la dtermination par calcul de lpoque laquelle elles sont apparues permettront dvaluer lge des forts tropicales atlantiques de ces rgions.

    Ltude a fait explicitement la preuve de la ncessit de mesures de gestion pour conserver les environnements vulnrables de lAn-tarctique. Les gouvernements peuvent utiliser cette analyse de risque pour dterminer quelles rgions du continent antarctique devraient tre surveilles attentivement et protges. Avant dentreprendre un voyage en Antarctique, les visiteurs sont pris dadopter des me-sures simples et bon march de prvention comme le nettoyage de leurs bottines, de leurs sacs et de leurs vtements afin dviter lintro-duction despces invasives. Sans le respect de ces consignes, cest laspect des cosystmes antarctiques dans leur ensemble qui risque dtre modifi jamais.

  • (Re)connecter les plantes et les hommes

    Partout sur la plante et depuis des mill-naires, des espces vgtales ont fourni aux po-pulations locales de quoi se nourrir, de lnergie, des matriaux pour construire leurs habitations et leurs outils, des fibres pour leurs vtements et des mdicaments. Dans de nombreuses parties du monde, les plantes demeurent le principal moyen de lutte contre la faim, la maladie et lextrme pauvret. Les plantes sont galement souvent prsentes dans les expressions culturelles et les religions. Aujourdhui la connaissance ancestrale des plantes est en train de se perdre et, avec elle, le lien vital que nous entretenons avec les vgtaux et les champignons.

    Nos chercheurs consignent les multiples ma-nires dont les plantes et les champignons sont utiliss, pour que cette connaissance puisse tre partage et diffuse. La capacit de nos cher-cheurs identifier des plantes, notamment par-tir de fragments minuscules ou parfois anciens, a des consquences dans des domaines aussi divers que les enqutes mdicolgales et larchologie, et permet ainsi dtablir en permanence les liens entre les plantes et les hommes.

  • Travailleurs la centrale hydrolectrique de Matebe.

    Rouverture de larboretum Lisowski Kisangani (Rpublique dmocratique du Congo)

    Depuis fvrier 2012, le Jardin botanique Meise a tabli un par-tenariat avec lUniversit de Kisangani et le programme REFORCO (Recherche forestire au Congo), pour renforcer le cursus des Mas-ters forestiers dans le domaine de la conservation ex situ et ramna-ger les espaces verts de la Facult de Sciences. La rhabilitation du Jardin botanique Lisowski tait une des priorits.

    Ce Jardin a t cr en 1975 par Stanislas Lisowski, professeur de botanique systmatique et de phytosociologie lUniversit de Kisangani, dans le but de fournir aux tudiants et aux enseignants le matriel botanique de rfrence pour leurs tudes.

    Dans sa structure originelle la surface, denviron 7 800 m2, tait divise en parcelles, chacune abritant des plantes reprsentatives de la rgion de Kisangani. Aujourdhui, le site est devenu un vritable arboretum au cur du campus.

    Afin de rhabiliter larboretum et de relancer son rle duca-tif, environnemental et rcratif, dimportants travaux damnage-ment et dentretien ont t raliss. Le jardin a t cltur pour le protger des utilisations inappropries, et des bancs pour le repos des visiteurs ont t installs. Les arbres ont t tiquets et, pour les espces les plus importantes, des panneaux descriptifs ont t placs pour en faciliter lidentification.

    Larboretum ainsi rhabilit a t inaugur le 14 juin 2014 par le directeur du Jardin botanique Meise et le Doyen de la facult des Sciences de Kisangani, en prsence des personnalits les plus impor-tantes de la ville.

    LArboretum Lisowski offre maintenant une opportunit unique pour les tudiants et les visiteurs de dcouvrir les espces les plus reprsentatives de la fort tropicale des alentours de Kisangani. Cet espace est essentiel pour la recherche, la conservation et la protec-tion du patrimoine naturel et culturel de la rgion.

    tudiants dans lArboretum Lisowski.

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    Le renforcement des capacits et le dve-loppement du paysage de laprs-conflit en Rpublique dmocratique du Congo

    Le renforcement de liens de collaboration avec les institutions impliques dans la conservation in situ en Rpublique dmocratique du Congo constitue un nouveau challenge pour le Jardin botanique Meise.

    Le Parc national des Virunga, gr par lInstitut congolais pour la conservation de la nature (ICCN), est un site class au patrimoine mondial de lUNESCO. Stendant sur 7 800 kilomtres carrs dans lest de la Rpublique dmocratique du Congo, cest le plus ancien parc dAfrique et le site protg avec la plus grande diversit biolo-gique sur le continent africain.

    En 2013, aprs des annes dinscurit, le parc a lanc un pro-gramme de dveloppement qui promeut, entre autres, lapport de lnergie lectrique dans les rgions rurales et loignes comme ca-talyseur pour la cration demplois et la rduction de la pauvret. Le but du programme est doffrir des alternatives nergtiques durables pour amliorer les moyens de subsistance des communauts rurales locales afin de diminuer la pression sur les ressources naturelles de la rgion et de soutenir les efforts de lICCN pour protger la bio-diversit.

    En 2015, la Virunga Foundation va achever la construction dune centrale hydrolectrique de 14 mgawatts dans la rgion de Rutchuru, au Nord-Kivu. Lusine de Matebe aura un impact positif immdiat en termes de dveloppement de cette rgion, mais elle doit sharmoniser avec le paysage naturel. LICCN et la Virunga Foundation ont demand la collaboration du Jardin botanique Meise pour lamnagement du site de la centrale, les activits dducation environnementale dans la rgion et le lancement de programmes de recherche en botanique.

    Lobjectif premier est dintgrer la centrale hydrolectrique dans le paysage existant. Pour ce faire, des ppinires ont t mises en place pour la production des plantes indignes qui seront utilises pour revgtaliser le site et en faire un centre ducatif et touristique. Le projet met laccent sur des actions qui impliquent les populations locales, en particulier les jeunes, dans la conservation et le dve-loppement des espaces naturels en tant que patrimoine historique et culturel. Cest un dfi la fois trs intressant et audacieux, car Virunga Foundation et le Jardin botanique Meise travailleront dans une zone daprs-conflit o la plupart des gens ont vcu dans des camps de rfugis.

    Le deuxime objectif du projet pour notre jardin est de pro-mouvoir lducation environnementale dans les coles, la socit civile et les mdias dans le Nord-Kivu, plus particulirement pour sensibiliser au rle du Parc dans la prservation de lune des rgions dAfrique les plus riches en biodiversit.

  • Inspireret informer

    Le Jardin botanique abrite 18 000 espces de plantes dans un domaine historique stendant sur 92 hectares. Il sagit dun espace vert magni-fique et diversifi qui constitue une source de plaisir, dmerveillement et dinspiration attirant 100 000 visiteurs par an.

    Grce une grande diversit dexpositions botaniques, de pages Web, doutils de commu-nication scientifique, dvnements, dactivits dapprentissage informelles, dinstruments de sensibilisation et dateliers pdagogiques bass sur lexprimentation, le Jardin botanique a la capacit de changer la perception du public sur limportance des plantes pour le bien-tre de lhumanit et de le sensibiliser la conservation des vgtaux.

    Sappuyant sur cette comprhension, le Jardin botanique peut encourager les personnes de tous ges et de tous milieux agir sur leur environne-ment de manire durable et responsable.

  • Un voyage dans la fort tropicale humide

    La prsentation des plantes destination du grand public dans plusieurs serres du Palais des Plantes a vcu une vritable mtamor-phose au cours de la dernire dcennie. Des plantes en cuvelles dis-poses le long de chemins en terre nous sommes passs des par-celles de plantes cultives en pleine terre que sparent des sentiers pavs. La prsentation est maintenant davantage axe sur des thmes ducatifs dmontrant les missions de notre jardin. Inaugures en avril 2014, 2 serres paysagres supplmentaires exhibent certains aspects de la fort tropicale. Huit des 13 serres interconnectes du Palais des Plantes sont ainsi aujourdhui rnoves.

    Les 2 serres de la fort tropicale humide, riches de 600 espces, furent inaugures, au son de chants pygmes et accompagns de visages denfants aux grimages trs colors.

    La premire serre jouxte la Serre de lEvolution, au climat froid et humide. Venant de cette dernire, le visiteur est surpris par len-vironnement humide et chaud qui caractrise la fort tropicale. Un cabanon au toit en tle ondule au cur dun jardin rempli de plantes comestibles, mdicinales ou autres sert de maison daccueil. Les vi-siteurs lesprit aventureux sont invits traverser le pont suspendu mobile au-dessus dune tendue deau.

    La serre suivante, plus basse, expose la vgtation de la fort dense secondaire que lon retrouve le long des routes, des cours deau et des clairires des forts tropicales. Des plantes herbaces gantes comme les gingembres spirales et les bananiers talent leurs grandes et belles fleurs, tandis que les arbres croissance rapide pourvus de racines chasses ou garnis dpines ferment le paysage. Beaucoup de rcits dexpditions rapportent que ces forts sont impntrables et dangereuses, mais ne vous inquitez pas, Meise, nous en avons chass les serpents. Quelques plantes myrmcophiles sont expo-ses dans un coin de la serre. Ces espces sont fascinantes car elles ont co-volu avec les fourmis dans une association gagnante pour chaque partie. Cette relation procure une protection la colonie de fourmis et les djections de fourmis constituent une source de nour-riture pour les plantes.

    Le voyage se termine ici, du moins titre provisoire, puisque nous attendons la prochaine phase de ramnagement des serres. A la fin de celle-ci, programme fin 2017, la fort tropicale occupe-ra lentiret des 5 serres de laile nord du Palais des Plantes. Aprs avoir travers les paysages ethnobotaniques et les forts secondaires, les visiteurs pourront poursuivre leur voyage dans la fort tropicale primaire, la palmeraie, la cime des arbres draps dpiphytes et enfin visiter les forts dAfrique centrale, dont la flore constitue un thme de recherche privilgi pour le Jardin botanique Meise.

    Les visiteurs lesprit aventureux sont invits traverser le pont branlant en bois suspendu au-dessus dune tendue deau.Photographie Lies Engelen.

    Chants de pygmes pendant le weekend dinauguration.

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    La prsentation est maintenant davantage axesur des thmes ducatifs

  • Flori Mundi : Le spectacle des orchides

    Le Jardin botanique Meise inaugurait le 25 octobre 2014 une merveilleuse exposition prsentant plus de 10 000 orchides, bro-mliaces et autres fleurs tropicales. Aprs des mois de prparation par le personnel et les bnvoles du Jardin, les tapis rouges et les bandes de gazon furent drouls et les projecteurs allums. Le plus important vnement de lanne pouvait alors commencer.

    Le traditionnel coup de ruban loccasion du gala douverture signifiait le dbut dun festival tropical haut en couleur. Jeunes ou plus gs se rgalrent dun magnifique spectacle floral dans lat-mosphre tropicale et subtropicale des serres du Palais des Plantes. lentre de la Serre du Printemps, les visiteurs sont demble attirs par une grande pyramide dorchides Cymbidium, suivie par la gra-cieuse statue de femme vtue dune magnifique robe de Cyclamen. Le parcours enchanteur se poursuit le long de tableaux vivants, de montages floraux ou sous des cascades dorchides Vanda, des arcades dcoratives et un lustre garni de bromliaces envotantes. Des orchides en fleur et des bromliaces de nos propres collec-tions sont prsentes dans des vitrines en verre disposes le long du parcours. En plus des plantes vivantes, de grandes photographies r-alises partir des plus belles fleurs de notre collection vivante sont affiches comme des chefs-duvre.

    Sans lombre dune hsitation, lattraction phare de Flori Mun-di fut lnorme sphre recouverte de Phalaenopsis miniatures place au-dessus du bassin Victoria. Ce montage floral semblait flotter la surface de leau et tait entour de nnuphars et de bougies flot-tantes. la fin de la visite lopportunit tait donne nos visiteurs de se faire photographier sous une gloriette orne de fleurs blanches et jaunes. la sortie du Palais des Plantes, un train lectrique tait la disposition du public pour une visite guide le long du Chteau de Bouchout et dans le parc, par cette priode de lanne de cha-toyantes couleurs automnales.

    Flori Mundi 2014 fut un succs ! Lexposition a attir au cours des cinq semaines plus de 27 000 visiteurs. Au moment o les fleurs com-menaient faner, les plans pour llaboration dune nouvelle dition en 2015 taient dj sur la table.

    La gracieuse statue de femme dans la Serre du Printemps tait vtue dune magnifique robe de Cyclamen.

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  • Flori Mundi : le spectacle des orchides ralis avec laide des bnvoles du Jardin botanique

    Flori Mundi, une spectaculaire exposition dorchides, a illu-min le Palais des Plantes lautomne 2014. Le succs de ce festival floral naurait jamais t possible sans le dvouement dune fidle quipe de bnvoles, incluant notamment un groupe de 15 jeunes en service citoyen (Plateforme pour le Service citoyen).

    Un effort considrable a t fourni dans les coulisses du Jardin afin doffrir pendant plusieurs semaines une blouissante palette de couleurs un public merveill. Avant larrive des orchides, nos bnvoles avaient amnag une srie despaces dexposition pour prsenter les plantes sous leur plus beau jour. Ds leur arrive, les orchides ont t soigneusement dballes et tries par espce et par couleur et selon les combinaisons florales possibles. Une quipe a commenc prparer 2 800 Phalaenopsis miniatures pour les com-positions. Il sagissait de percer des trous dans les pots, de passer un collier de serrage travers ces trous et denlever le substrat meuble autour de la plante. Les pots ont ensuite t attachs une grande sphre pose sur leau, ainsi qu une traverse suspendue au-dessus du bassin des Nnuphars gants, au Palais des Plantes. Ce montage tait lun des plus flamboyants du festival floral. Aprs plus dune se-maine de travail minutieux, la sphre rayonnait de ses milliers dor-chides fleuries.

    Une autre quipe a dispos de manire artistique des orchides des genres Vanda et Guzmania, ainsi que des bromliaces et des Tillandsia, sur des arcades et dautres ornements rpartis dans nos serres tropicales. Certaines de ces compositions florales ont t en-tirement cres par nos volontaires passionns. Linvestissement de ceux-ci au cours de cette priode quivaut plus de 6 mois dun travailleur temps plein. Le Jardin botanique exprime sa gratitude aux bnvoles pour leur collaboration enthousiaste et trs profes-sionnelle qui a permis de faire resplendir les magnifiques fleurs de Flori Mundi.

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    Prparation par des bnvoles de lAPM et des jeunes au service de la socit.

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    Un nouveau partenariat avec la Plate-forme Jeunes pour la Socit

  • Plantation record de Rhododendrons en 2014 pour une fascination maximale

    Aprs lexpansion de notre collection de magnolias en 2013, nous avons poursuivi en 2014 notre objectif daugmenter lattractivit de nos collections de plein air, en particulier celle de Rhododendron. Les rhododendrons captivent limagination des visiteurs et leurs fleurs somptueuses aux couleurs de larc-en-ciel embellissent le Jardin de mars juin.

    La collection initiale fut amnage de 1984 1987 dans le centre du Jardin botanique, une zone dsormais connue sous la dnomi-nation Bois des Rhododendrons ou Jardin arbor . Une slec-tion prliminaire de 480 espces et cultivars fut tablie sur base de la rusticit, des exigences en lumire, de la tolrance un sol riche en calcaire, de la forme et de la couleur des fleurs, de la forme des feuilles et de la disponibilit dans le commerce ou dans dautres jar-dins botaniques.

    Fin 1987, la collection comprenait 140 plantes. Les plantations supplmentaires ralises en 1988 firent de Rhododendron le genre le mieux reprsent dans les collections extrieures, avec 119 espces et 191 cultivars et hybrides.

    Une diminution des moyens pour grer la collection et la pro-lifration de maladies (armillaire, pourridi phytophthoren) et d insectes nuisibles (par exemple la cicadelle du rhododendron) a en-tran une rduction progressive de la collection. Un programme de rtablissement de la collection a cependant dmarr en 2014 grce lenthousiasme de la direction et des collaborateurs ainsi quun financement supplmentaire. Avec 193 nouvelles plantes, le Bois des Rhododendrons comprend aujourdhui 500 plantes reprsen-tant 341 taxons et 386 accessions. Si lon y ajoute les rhododendrons plants dans dautres parties du domaine, le nombre total de taxons du genre Rhododendron prsents dans le Jardin est de 485 (145 taxons botaniques et 340 taxons horticoles) tandis que le nombre total dac-cessions slve 670.

    Llargissement de la collection concerne principalement les groupes des hybrides grandes feuilles persistantes (93 spcimens), des hybrides Williamsianum (8), des hybrides Yakushimanum (11) ainsi que les azales des groupes de Gand (51), Knap Hill (13) et Mollis (8).

    Nouvelle plantation dazales rustiques gantoises.

    Rhododendrons grandes feuilles (R. Gladys rose) aux fleurs magnifiques : une attraction spectaculaire pour le visiteur !

    Les rhododendrons en fleurs attirent beaucoup de visiteurs. Pour amliorer laccessibilit cette collection, les chemins parcou-rant le Bois des Rhododendrons ont t ramnags. De plus, lin-formation destination du public a t amliore avec le placement de nouvelles tiquettes et la mise disposition de cartes bases sur le gorfrencement de nos plantes. Ce travail a t ralis grce au travail acharn, la comptence et la persvrance de la direction, des jardiniers et des bnvoles.

    Au printemps prochain, les visiteurs dcouvriront avec plaisir une magnifique collection de rhododendrons ddis des person-nalits de la noblesse (Chevalier Felix de Sauvage, Countess of Athlone, Comte de Papadopoli), des amliorateurs de renom (Souvenir of Anthony Waterer, Koichiro Wada, Van Houtte Flore Pleno) ou prsentant des fleurs aux couleurs chatoyantes (Goldsworth Yellow, Lees Dark Purple, Loders White, Mosers Maroon, Pink Pearl).

    Le Bois des Rhododendrons est appel devenir avec le temps une des attractions botaniques phare dans le Jardin et dans la rgion.

    Rhododendron insigne

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    Tissage avec des feuilles de palmier.

    Un modle en bronze du chteau de Bouchout pour les malvoyants et les aveugles

    Le btiment le plus prestigieux du Jardin botanique est certai-nement le chteau de Bouchout, dont les parties les plus anciennes remontent au 12me sicle. Au sicle dernier, le chteau fut la demeure de limpratrice Charlotte (veuve de larchiduc Maximilien dAu-triche, empereur du Mexique), jusqu sa mort en 1927. Alors que le chteau est un bijou architectural qui suscite ladmiration des visi-teurs voyants, il tait impossible den faire profiter les aveugles et les malvoyants.

    Afin de clbrer en 2009, le 180me anniversaire du systme dcriture braille, il a t dcid de chercher des fonds pour rali-ser un modle architectural en bronze du chteau. Quatre annes furent ncessaires pour trouver les fonds, commander le bronze et construire la rplique du chteau. Toute notre gratitude va au Rotary Club de Meise Bouchout, qui a gnreusement financ ce projet, ainsi quau service technique de la commune de Meise, qui a install cette uvre au Chteau.

    Linauguration officielle sest droule le 27 septembre 2014. La nature tactile du modle permet tous de percevoir la beaut du chteau. Cest devenu une attraction populaire des visites spcia-lement dveloppes pour les malvoyants et les aveugles. Ces visites permettaient dj au public de dcouvrir une maquette en 3D du Palais des Plantes, de toucher des cartes en relief et en braille repr-sentant les types de vgtation du monde et deffectuer un parcours sensoriel parmi des plantes choisies pour leur parfum ou leur tex-ture. Ces dveloppements contribuent rendre notre jardin de plus en plus accessible un nombre toujours croissant de visiteurs.

    Les enfants des coles primaires explorent la fort tropicale

    En 2014, le Jardin botanique a dvelopp un atelier pour per-mettre aux enfants de 6 12 ans de dcouvrir comment les animaux et les hommes dpendent de la riche diversit botanique de la fort tropicale pour leur nourriture et leur logement, et comment les po-pulations locales utilisent les produits issus des plantes tropicales dans leur vie quotidienne. La nouvelle serre de la fort tropicale est len-droit idal pour explorer ces questions dune manire passionnante et crative avec les enfants dans le contexte de lenseignement primaire.

    En plus de ces sujets, latelier amne les enfants sinterroger sur lutilisation durable des ressources de la fort tropicale, au d-part dune question surprenante : La plante hamburgers existe-t-elle ? Cette question intressante amne les enfants dcouvrir les fves de soja, lhuile de palme et explorer le vgtarisme avec lide que nous pouvons tous agir afin de diminuer notre impact sur les forts tropicales.

    Latelier a t suivi par plusieurs coles nerlandophones, an-glophones et germanophones, dont les lves se sont engags avec enthousiasme dans des discussions sur la durabilit de leurs actes. Enfants et enseignants ont apprci lapproche active et crative de latelier dans le cadre de leur semaine thmatique, autant de sujets qui ont ensuite aliment des discussions lcole. Cet atelier a eu un tel succs quil est prsent intgr dans la liste des offres ducatives permanentes du Jardin botanique.

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  • Valoriser notrepatrimoine

    Au cours de sa longue histoire, le Jardin bo-tanique na cess daccrotre son patrimoine et de se constituer un large ventail de collections botaniques, de plantes vivantes, de livres, de pices musales et dinstruments mais galement de btiments, de serres et de paysages. Beaucoup de ces lments jouent encore un rle actif dans notre travail quotidien : les livres et les archives sont consults par les chercheurs, les serres his-toriques protgent nos collections vivantes alors que les btiments sont accessibles au grand public et que les paysages dans le domaine font le bon-heur de nos visiteurs.

    Ce patrimoine unique ncessite une gestion spcifique permanente mais est aussi une irrem-plaable source dinspiration pour dvelopper des approches innovantes et mener bien la mission du Jardin botanique dans un monde en constante volution.

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    Le barcoding de lADN au service de lidentification des taxons de fort dense en Rpublique dmocratique du Congo

    Avant lavnement des techniques molculaires, il y a de cela 2 dcennies, les arbres de fort dense humide ne pouvaient tre iden-tifis que daprs des caractres morphologiques comme la taille et la forme de leurs feuilles, de leurs fleurs ou de leurs fruits. Mme si les cls morphologiques constituent toujours des outils utiles, laide dun spcialiste est souvent ncessaire pour identifier les arbres lorsquaucun fruit ou aucune fleur nest disponible. De nos jours, la technique molculaire, dite du barcoding de lADN, fournit une aide complmentaire pour lidentification des espces. Le barcoding de lADN utilise une courte squence du matriel gntique dun orga-nisme et lidentifie comme correspondant une espce particulire. Ainsi, le moindre fragment de feuille peut tre utilis pour identifier une espce. Chez les plantes, les rgions les plus efficaces pour le bar-coding sont les gnes matK et rbcL. La technique du barcoding nous a ainsi permis didentifier jusqu lespce un grand nombre darbres de fort dense de la rgion de Yangambi (Rpublique dmocratique du Congo). Beaucoup de ces arbres nauraient pu tre dtermins par les mthodes traditionnelles car aucun fruit ni aucune fleur ntaient disponibles au moment de lchantillonnage. Lutilisation doutils molculaires modernes a fourni des donnes prcieuses sur la formi-dable biodiversit des forts denses africaines. Dans le cadre de cette tude, 7 835 arbres africains ont pu tre identifis correctement, ce qui prouve que le barcoding de lADN est un auxiliaire extrmement utile aux taxonomistes pour amliorer leur connaissance botanique.

    Spcimen dherbier de Trichilia gilletii De Wild. collect Yangambi (Rpublique dmocratique du Congo).

    Echantillons de feuilles conservs dans du gel de silice pour le barcoding de lADN.

    Lutilisation de la technologie moderne a gnr des indications prcieuses sur lnorme varit des espces

  • Des rseaux dchange historiques entre botanistes britanniques et irlandais rvls par des spcimens dherbier

    Lutilisation scientifique des rseaux sociaux comme Facebook et Twitter est devenue monnaie courante mais lexistence de tels rseaux ne date pas daujourdhui. Au milieu du 19me sicle, alors que le transport ferroviaire tait en pleine expansion, le cot des en-vois postaux tait de plus en plus rduit. Les botanistes profitrent de cette situation pour tablir des socits dchange de spcimens dherbier dont le Botanical Exchange Club of the British Isles et le Watson Botanical Exchange Club. Ces socits constituaient les rseaux sociaux de lpoque dont les botanistes, professionnels et amateurs, tirrent profit pour tudier la botanique au niveau inter-national.

    La collecte de spcimens dherbier tait un passe-temps popu-laire au 19me et au dbut du 20me sicle et tait considre comme une qute scientifique saine laquelle les femmes et les membres du clerg sadonnrent. Leur legs a consist en centaines de milliers dchantillons dherbier collects de par le monde. Lchange de ces spcimens a largement particip la diffusion de la connaissance botanique mais il est trs difficile dimaginer ce qutait ce rseau et quelle tait la contribution de chacun de ses membres.

    En collaboration avec le projet Herbarium@home au Royaume-Uni et en Irlande, nous avons entrepris de reconstituer le rseau des botanistes du 19me et du dbut du 20me sicle. Herbarium@home est un site web auquel chacun peut contribuer et qui rassemble environ 150 000 spcimens en provenance de 19 Herbiers. En plus de rendre accessibles des donnes botaniques, ce site permet dvaluer le rle que les femmes ont jou dans ce rseau historique. Il apparat en effet que, loppos de leur faible contribution la littrature botanique, les femmes ont jou un rle crucial dans la collecte de spcimens cette poque.

    Au cours de la priode tudie, le nombre de membres fminins du Botanical Exchange Club of the British Isles et du Watson Bota-nical Exchange Club est ainsi pass de 10% 20% au dbut du 20me sicle. Ces pourcentages sont beaucoup plus levs que ceux enre-gistrs au sein dautres socits scientifiques de lpoque, certaines interdisant mme laccs aux femmes.

    La Dclaration de Bouchout, promotion de laccs libre linformation sur la biodiversit

    En 2014, le Jardin a accueilli la runion finale du projet pro-iBio-sphere dont lobjectif tait damliorer lacquisition, la diffusion et lintgration des connaissances sur la biodiversit. Le projet envisa-geait que, dans le futur, cette connaissance ne soit plus rserve un petit nombre de personnes ayant accs une bibliothque spciali-se mais quelle soit disponible tous, gratuitement et sous forme digitale. Pour promouvoir cet idal, le projet a formul la Dclara-tion de Bouchout, qui tire son nom du Chteau de Bouchout situ au cur du Jardin botanique (www.bouchoutdeclaration.org). La dcla-ration promeut laccs libre et gratuit aux informations relatives la biodiversit tout en encourageant la mention des crateurs de cette connaissance. Actuellement, 90 institutions, et notamment certains des plus grands Muses et Herbiers du monde, ont sign la dclara-tion. Bien que le projet pro-iBiosphere soit termin, nous esprons que la Dclaration de Bouchout pourra poursuivre son objectif en permettant tous un accs libre linformation sur la biodiversit.

    Les participants la runion finale du projet pro-iBiosphere en juin 2014 au Chteau de Bouchout o la Dclaration de Bouchout a t formule afin de promouvoir laccs libre linformation sur la biodiversit.

    Un exemple de rseau dchange de spcimens dherbier rcolts entre 1878 et 1888. Chaque cercle reprsente une personne et son diamtre indique le nombre de spcimens changs. Les lignes illustrent les connexions entre les individus dtermines sur base des noms figurant sur les spcimens dherbier.

    Diffrentes versions du logo de la Dclaration de Bouchout peuvent tre tlcharges ici : http://www.bouchoutdeclaration.org/downloads/

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    Recherches sur la laque ancienne : chantillons de rsines du Cabinet de curiosits botaniques

    Le Jardin botanique Meise recle un vaste assortiment de col-lections qui peuvent tre utilises de multiples fins. En 2014, nous avons t contacts par lInstitut royal du Patrimoine artistique (IRPA) qui demandait notre aide pour identifier les ingrdients in-tervenant dans la prparation des laques anciennes. Les rsines v-gtales ont en effet t largement utilises comme constituants de la laque parce que, aprs dissolution dans des solvants non-aqueux, elles schent et forment une couche protectrice, parfois colore. De-puis le 16me sicle, meubles et autres objets ont t enduits de laques dEurope la suite de linterdiction dexporter larbre laque de lAsie (Toxicodendron vernicifluum).

    Cest avec plaisir que nous avons rpondu la demande de nos collgues de lIRPA, qui offrait une excellente occasion pour effec-tuer des recherches cibles dans le Cabinet de curiosits botaniques. Cette collection contient une surprenante diversit dobjets pour la plupart dorigine vgtale (environ 15 000), conservs dans des fla-cons et dans des botes, en complment au matriel dherbier. Les spcimens les plus anciens proviennent de la collection de produits et graines du clbre herbier von Martius, acquis par notre institu-tion en 1870, au moment o elle devint le Jardin botanique de ltat Bruxelles.

    Les investigations sur les composants de la laque ont dbut par une slection de 150 spcimens, parmi lesquels 50 (pour la plupart des rsines) taient rpertoris comme ingrdients dans danciennes re-cettes de laque, bien que tous ces exsudats ne fussent pas strictement dorigine vgtale. De nombreuses rsines de copal ont t chan-tillonnes, notamment du copal dAfrique de lEst ou de Zanzibar, rput tre le plus dur parmi les varits commercialises, des copals dAfrique de lOuest, du Sierra Leone et du Congo, jadis mondiale-ment utiliss par les fabricants de vernis, du copal amricain, et le

    prcieux copal australien (kauri). Dautres rsines vgtales de cette liste portent des noms vocateurs comme mastic, gomme-gutte, sandaraque, ambre et sang-dragon. La gomme-laque est un cas