pharmacopées traditionnelles en guyane : créoles, wayapi, palikur

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  • rales, aypi, allik r

    Pierre GrenandChristian MorettiHenri JacqueminMarie- Franoise Prvost

    IRD ditionsInstitut de recherchepour le dveloppement

    Paris, 2004

  • dition entirement revue et complteLa premire dition de cet ouvrage est parue en 1987 avec le concours du Conseil rgional de la Guyane.

    Crdits photos: toutes les photos sont de Marie-Franoise Prvostsauf p. 248 : Henri Puig, p. 472 : Jean Lescure,pp. 505, 516, 527, 532, 546, 547,644: Pierre et Franoise Grenand.Toutes les planches ont t dessines par Mireille Charles-Dominique l'exception des planches pp. 151,469,623 dessines par Nicolas Witkowskiet p. 489 dessine par Daniel Sabatier.

    Corrections, maquette de l'ouvrage et mise en pageMontpar, Gris Souris

    RelectureMarie-Odile Charvet Richter

    Coordinationlisabeth Lorne, Marie-Odile Charvet Richter

    Maquette de couvertureMichelle Saint-Lger

    La loi du 1er juillet 1992 (code de la proprit intellectuelle, premire partie) n'autorisant, aux termes des

    alinas 2 et 3 de l'article L. 122-5, d'une port, que les copies ou reproductions strictement rserves l'usage du copiste et non destines une utilisation collective et, d'outre port, que les analyses et lescourtes citations dons le but d'exemple ou d'illustration, toute reprsentation ou reproduction intgrale

    ou partielle faite sons le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants couse, est illicite

    (alina 1er de i'article L. 122-4).Cette reprsentation ou reproduction, par quelque procd que ce soit, constituerait donc unecontrefaon possible des peines prvues ou titre III de la loi prcite.

    IRD ditions, 2004ISBN : 2-7099-1545-6Achev d'imprimer sur les pressesde l'imprimerie Fourni, ToulousePhotogravure: Atelier Six, Saint-Clment-de-RivireDp6t lgal n03224,4" Trimestre 2004

  • a aco esradltl nnel es

    e Guyanecroles, Wayapi, Palikur

  • " ,1

  • Phamacopes 5traditionnelles en Guyane .

  • Prfacede la premire dition

    Ds ses origines, c'est--dire l're des dcouvertes et desexplorations europennes des pays chauds, la botanique desplantes utiles tropicales a accord une attention touteparticulire aux vgtaux utiliss des fins mdicinales par lespopulations autochtones. Qu'on se souvienne, pour seulexemple de ces dmarches pionnires en herboristeriecoloniale, de l'usage que fit de la phytopharmacope aztqueau XVIe sicle le mdecin espagnol Francisco Martinez. De telles

    dmarches permirent "occasion j'addition de drogues 1

    majeures l'arsenal thrapeutique de la mdecine des Blancs;tels furent les cas du gaac, des ipcas et des quinquinas aprsla dcouverte du Nouveau Monde.

    Longtemps toutefois, les inventaires de phytopharmacopeslocales des pays tropicaux se sont borns, quelques raresexceptions prs, n'tre que des catalogues de binmesbotaniques accompagns de noms vernaculaires plus ou moinsbien recueillis et transcrits et d'indications d'usages faisantrfrence nos catgories de maladies ou encore desinterprtations trs ethnocentriques des savoirs nosologiqueslocaux Aujourd'hui encore on peut lire des tudes relevant dece modle dfectueux.

    Aussi ne peut-on qu'applaudir la parution de Pharmacopestraditionnelles en GLlyane. C'est l le beau rsultat d'une recherchepluridisciplinaire pilote par des chercheurs de J'Orstom ayantsu faire appel au concours de spcialistes et d'institutionsdiverses pour construire cet ouvrage qui, tout en tant unecontribution pharmacognosique majeure, est un exemple derecherche intgre se situant l'interface des sciences de laNature et de la Vie et des sciences de l'Homme et de la Socit

    L'un des principaux mrites de Pharmacopes traditionnellesen Guyane est d'avoir su montrer la place des vgtaux tudisau sein des savoirs mdicaux crole, wayapi et palikur dont lesprincipes sont dcrits de faon claire et concise.

    Phdmacopeestraditionnelles en Guyane 7

  • Cet ouvrage est aussi un prcieux outil mthodologique pourqui s'intresse l'ethnomdecine Il montre surtout combienpeut tre fconde une vritable coopration entre ethnologues,linguistes et ethnolinguistes, botanistes, pharmacologueset mdecins quand il s'agit de comprendre des savoirsthrapeutiques traditionnels ou populaires .

    Les auteurs ont su en outre bien situer les systmes mdicauxcrole, wayapi et palikur dans le contexte plus large de laconnaissance qu'ont ces socits de leur environnement et desreprsentations et interprtations qu'ils s'en font.

    Au risque de me rpter, j'insisterai encore et enfin sur le faitque nous disposons avec Pharmacopes traditionnelles en Guyaned'un modle d'tude collective dans les champs deJ'ethnomdecine et de l'ethnobotanique trop parler depluri-, inter- et transdisciplinarits sans jamais arriver les mettre vraiment en pratique, on finissait par n'y plus croire.

    Pharmacopes traditionnelles en GU/Jane fournit la preuve que cene sont pas l de vains mots et qu'il ya des gens de sciencesque n'arrtent pas les barrires conventionnelles s'opposantencore si lourdement chez nous de telles entreprisesintersciences.

    Jacques Barrau tProfesseur

    au Musum nationald'histoire naturelle de Paris

    8 Phamacopestraditionnelles en Guyane

  • et mdecins-chercheurs de l'InstitutPasteur) pour son soutien diffus maisconstant tout au long de nos recherches.Nous ne manquerons pas de entionner icil'uvre du regrett Dr Franck jQ)ly, ami cherqui participa l'panouissement descommunauts de la fort guyanaise un moment o elles semblaien oubliesdu monde. Respectueux des saiVoirstraditionnels, il avait coutume (j'appelerSamson Makalapi Mon cher onfrre ,conscient qu'il tait de s'adres er au pl usgrand chamane vivant de l'est' es Guyanes.Au cours de nos tournes tra ersla Guyane, nous avons bnfic' de l'appuitechnique de nos canotiers et denos prospecteurs, dont Saint-J st Burgot ettienne Tingo, ainsi que de l'assistance deTiburce Henry; ces technicien- le terme est bien rducteur nousont gnreusement dispens leursconnaissances sur la flore guyanaise.Parmi tous ces compagnons, Gorges Elfortincarne de faon prmonitoire, ce quepourrait tre dans le futur cett . fusionsubtile entre le savoir dont on riteet le savoir venu de l'enseigne entscientifique.Pour les recherches document ires, nousremercions grandement Mme il. Ailorge,J. Mouton, N. Halle et le laboratoireRoger-Bellon. Depuis 1997, d'autres ont prisla relve, tel feu Alwyn Gentry, cott Moriou Odile Poncy, dont la gnr0j'it dansla diffusion du savoir font honneur la recherche scientifique.Ces chercheurs sont si nombreux que nousen fournissons infra un tableau le plus

    Nous tenons remercier trs vivement tousceux qui nous ont aids dans la ralisationde cet ouvrage, et plus particulirement:Franoise Grenand, pour la relecturecritique et l'aide linguistique,les tymologies tant essentiellementalignes sur on dictionnaire de la languewaypi et son travail en cours surla langue palikur. Mireille Charles-Dominique, Jour ses dessins alliantle regard botanique au talent artistique;sans son travail, de nombreuses espcespeu communes n'auraient pu tre illustres,Nous remercions Odile Renault-Lescure,pour la rvision linguistique du vocabulairekali'na (galib' et Marguerite Fauquenoypour sa rvision de la nomenclaturebotanique crole. Jean-Paul Lescure, pourles nombreux numros d'herbiers etl'apport conceptuel l'poque o ce livretait dans les limbes mais aussi pourd'autres dbats fructueux sur ce qui estcommodment appel ethnosciences.Georges Cremers et lean-Jacques deGranville, pOI!lf le support botaniqueindispensable: identification et diffusionaux spcialistes, sans compter lescomplments d'herbiers.Nous assurons de notre gratitude toutespciale, ceux qui nous ont seconds dansle domaine c imique: Saint-Just Bergraveet Ginette Azor pour la ralisation des testsprliminaires et Alain Fournet pourles extractions et les isolementsde substances.Nous remercions galement l'ensemble ducorps mdica de Guyane (tant mdecins deCayenne que mdecins des secteurs ruraux

    Pharmacopestroditlonnelles en Guyane 9

  • complet possible. Nous ne voulons pasterminer sans remercier tous ceux qui ontbien voulu n~us livrer leur savoir, ample oumodeste, en mdecine traditionnelle.Mdecine cr' Je: nous tenons rendrehommage to t particulirement Mmes Zaza Lamonge, Liliane Louison,Modestine Francis, Thrse Mathurin;MM. G. Chau ier, G. Cippe, Boco Elfort,Horth, T. Hugues, Sincre Mand, GeorgesPrudent, Turpin et Joseph de Sal.Nos informat urs croles se sont montrsd'une modestie sans faille quant leursavoir, toujours dispens avec gnrosit.Le savoir crole se distille, se lche petitsmots entre deux plaisanteries ou voixbasse, comme s'il allait tre confisqu des fins malfaisantes.Il est aussi a'viant tout parole de femmes.Mdecine wayapi : nouspourrions rendrehommage ClI aque habitant du hautOyapock Cer aines figures prminentess'en dtachent, dont certaines nous ontmalheureusement quitts: Trois-Sauts, MM. Raymond Alasuka,Paul Alasuka lilipe). Gatan Alasuka,Charles Miso (Kwataka). Robert Yawalou,Paul Zidock, Jean-Pierre Zidock, Tatou,Gabin Nathalie (Tamu Kasi). RaymondYapock (Yemi~"'a), les capitaines AntoineTamali, Adrien Maipouri et Osman Toatoa,Mmes Toua Miso, Irmise Apele,

    sans oublier feu Rosalia Saipiye : Camopi,feu le capitaine Norbert Suitm n,MM. Sakeu, Giraud et Roger Jean-Baptiste,Mmes Sala et UwapiJa. Nous devonsparticulirement rendre hommage lammoire du regrett Arthur Miso,authentique savant wayapi qui guidapatiemment notre apprentissage de la floreguyanaise ainsi qu' feu Paul SLitman,Maire de Camopi, dont la tent tive defusion de la tradition et de la modernitfut brise par la maladie.Ce que nous leur devons ne sa rait trersum en quelques mots.Mdecine palikur : l'Oyapock, MM. LouisNorino, Victor MicheL Emmanuel Baptiste,Andr Labonte et Mme Ccilia oyo. Plusrcemment, nos tudiants et neus-mmesavons pu travailler avec de nouveaux grandsconnaisseurs de la flore paJiku telsque Ant6nio Narcfssio, Minervira Baptiste,Suzanna Labont, Georgette Norino,et Macouria Emmanuel YoyoletEmmanuel Baptiste.Nous insisterons tout particulirementsur l'aide prcieuse apporte par SylvianeNorino dans la rvision et l'an lysedu vocabulaire floristique etmdicalpalikur Forme au savoir naturalistepar son pre Louis Norino, ell . est devenue,au cours de ces dernires annes,une spcialiste de sa propre langue.

    10 Pharmacopestraditionnelles en Guyane

  • Laboratoi esayant pa tip l'tudede nos plantes

    Facult de pharmacie de Paris(professeurs Paris, Delaveau et Koch).

    Facult de IDharmacie de Chtenay-Malabry (professeurs Cav et Poisson).

    Facult de harmacie de Toulouse(professeur Stanislas).

    Facult de Qharmacie de Reims,UMR-CNRS n 6013 (professeurs Lemenet Zeche, docteurs Massiot et Nuzillard).

    Facult de !pharmacie d'Angers(professeur B uneton).

    Institut de

  • Spclali tesayant co tribu l'ident fie~tiondes collectionsdes plan es cites

    Dans la liste suivante. vient d'abordle nom de la famille. parfois suivi d'un ouplusieurs noms de genre en italiques. Puisest indiqu le nom (suivi entre parenthsesde la ou des initiales du prnom)des spcialis~es qui ont identifinos herbiers. Les lettresqui viennent ensuite dsignent,

    conformment la codificationinternationale, l'herbier o traViailiele spcialiste cit. Cette indica~ion estcomplte par les noms de la ille etdu pays o ils sont localiss.Cette liste a cr considrablement au coursdes quinze dernires annes. 'ous noussommes limits ceux qui ontpersonnellement identifi nos herbiers,la liste des taxonomistes partidipant la Flora Neotropica et la Flora of he Guianastant infiniment plus longue.

    12

    Acanthaceae, Wasshausen (D. C.) - us -Washington, USA.Amaranthaceae, De Filipps (R.) - US - Washington, USA.Amaranthaceae, stoffers (A L.) - U- Utrecht, Nederland.Anacardiaceae, Mitchell (J. D.) - NY- Bronx, New York, USAAnnonaceae, (Duguetia, Crematosperma, Guatterla, Unonopsis), Maas(P. J. M.) - U" Utrecht, Nederlan.d.Annonaceae, Annona, Rainer (H.) - WU " Universit de Vienne, Vienne.Autriche.Annonaceae, Annona, Morawelz (W.) - WU - Universit de Vienne,Autriche.Apocynaceae,Allorge (l.) - P- Musum national d'histoire naturelle, Paris,France.Apocynaceae, Leeuwenberg (AJ.M.) - WAG - Wageningen, Nederland,Apocynaceae, Hlmatanthus,Plumel (M.) - p" Musum national d'histoirenaturelle, Paris, France.Apocynaceae, Lacmellea, Zarucchi (J.) " MO - Soint-Louis, Missouri, USAAraceae, Croat cr. B.) - MO "Saint-Louis, Missouri, USAAraceae, Mayo (S. J.) - K- Royal Botanlc Gardens, Kew, England.Araceae, Dracontlum, Zhu (G.) - MO - Saint-Louis, MISsouri, USA.Araliaceae, Frodin (D.) - K- Royal Botanic Gardens, Kew, England.Arecaceae, Granville (J, J. de) "CAY - Cayenne, Guyane franaise.Arecaceae, Read (R.W.) - US - Washington, USA.Aristolochiaceae, Poncy (O.) " P- Musum national d'histoire naturelle,Paris, France.Aristolochiaceae, Feuillet (C.) - US - Washington, USA.Asclepiadaceae, Morillo (G.) - MERF - Universit de Merida,Venezuela.Asteraceae, Robinson (H. E.) - US - Washington, USA.Asteraceae, Pruski (J.) - US "Washington, USABegoniaceae,Smith (L.B,) - US - Washlngton,USA.Bignoniaceae, Gentry CA, H,) " MO - Solnt-Louls. Missouri, USA.Bignonlaceae, Jacaranda, Vattlmo (1.) - RB - Jardlm BotOnico, Rio deJaneiro, Brasil.

    Pharmacopestraditionnelles en Guyane

  • Bombacaceae, Quarar/bea, Dorr (l.) - us -Washington, USA.Boraginaceae, Feuillet (C.) - US -Washington, USA.Burseraceae, Daly (D.) - NY - Bronx. New York, USA.Caesalpiniaceae, Cowan (R.S.) - US - Washington, USA.Caesalpiniaceae, Cassio, Senna, Barneby (R.C.) - NY - Bronx, New York,USA.Caryocaraceae, Prance (G.T.) - K- Royal Botanlc Gardens, Kew, England.Caryocaraceae, Da Silva (M.) - MGA-INPA - Manaus, Amazonas, Brasil.Cecropiaceae, Berg (C. C.) - BG - Bergen, Norvge.Chrysobalanaceae, Prance (G. T.) - K- Royal Botanic Gardens, Kew,England.Clusiaceae, V/sm/a, Robson (N,) - BM - British Museum. london, England.Clusiaceae, Maguire (B.) - NY - Bronx, New York, USA.Combretaceae, Stace (C. A.) - LTR - Leicester, England.Commelinaceae, Faden (R. B.) - US - Washington, USA.Connaraceae, F0rero (E.) - COL - Herbario Nacional Colombiano, Bogota,Colombie.Convolvulaceae,Austln (D. G.) - FAU - Boca Raton, Florlda, USA.Costaceae, Maas (P. J. M.) - U- Utrecht, Nederland.Cucurbitaceae,Jeffrey (C.) - K- Royal Botanic Gardens, Kew, England.Cucurbitaceae, Nee (M.) - NY - Bronx, New York, USA.Cyperaceae, Koyama (T.) - NY - Bronx, New York, USA.Cyperaceae, Merlier (H.) - CAY - Cayenne, Guyane franaise.Ebenaceae,Wallnoefer (B.) -W-Vlenne,Autrlche.Eriocaulaceae, Moldenke (H. N.) - NY - Bronx, New York, USA.Erythroxylaceae, Plowman n. C.) - F- Chicago, Illinois, USA.Euphorbiaceae, Punt (W.) U- Utrecht, Nederland.Euphorbiaceae, Euphorbla, Chrlstenhusz (M. J. M.) - U Utrecht, Nederland.Euphorbiaceae, Phylianthus, Gillespie (L.) US, Washington, USA.Flacourtiaceae, Sieumer (H.) - U Utrecht, Nederland.Gentianaceae, Maas (P. J. M.) - U- Utrecht, Nederland.Gesneriaceae, Feuillet (C.) - US - Washington, USA.Gesneriaceae, Leeuwenberg (A. J. M.) - WAG - Wageningen, Nederland.Gesneriaceae, Skog (L.) - US - Washington, USA.Heliconlaceae, Maas (P. J. M.) - U- Utrecht, Nederland.Hernandlaceae, ProosdlJ (A. van) U Utrecht, Nederland.Humirlaceae, Sabotier (D,) - CAY - Cayenne,Guyane franaise.Lamiaceae, Harley (R. M,) - K- Royal Botanlc Gardens, Kew, England,Lauraceae, Jansen-Jacobs (J.) - U- Utrecht, Nederland.Lauraceae, Werff (H. van der) MO - Saint-Louis, Missouri, USA.Lecythldaceae, Morl, (S. A.) - NY - Bronx, New York, USA.Lecythldaceae, Prance (G. T.) - K- Royal Botanlc Gardens, Kew, England,Loganiaceae, Krukoff (B, A.) - NY, Bronx New York, USA.Loganiaceae, Leeuwenberg (A. J. M,) WAG Wageningen, Nederland,Loranthaceae, Kul]t (J.) - UVIC - University of Victoria, British Columbia,Canada,Lythraceae, Lourtelg (A.) P- Musum national d'histoire naturelle, Paris,Fronce,Malplghiaceae, Anderson (C,) et Anderson (W. R.) - MICH - Michigan, USA.Malvaceae, Dorr (L) US - Washington, USA.

    Pharmacopestraditionnelles en Guyane 13

  • Malvaceae.Jansen-Jacobs (M. J.) - U- Utrecht. Nederland.Malvaceae.Krapovickas (A.) - CTES-Instituto de Bot6nica dei Nordeste.Corrientes,ArgentinaMarantaceae.Andersson (L.) - GB - G6teborg.Sweden.Marantaceae. Ca/athea, Maranta. Kennedy (H.) - UBC - University of BritishColumbia, Vancouver. Canada.Marcgraviaceae. Rooh (A. C. de) - U- Utrecht. Nederland.Mayacaceae, Lourteig (A.) - P- Musum national d'histoire naturelle.Paris, France.Melastomataceae, Miconia. Loreya, Renner (S.) - MO - Saint-Louis, Missouri,USA.Melastomataceae. Wurdack (J. J.) - US - Washington, USA.Meliaceae, Pennington CT, D.) - K- Royal Botanic Gardens, Kew, England.Meliaceae, Styles (B.) - K- Royal Botanic Gardens, Kew, England.Menispermaceae, Barneby (R.) - NY - Bronx, New York. USA.Menispermaceae, Krukoff (B. A.) - NY - Bronx., New York, USA.Mimosaceae, Grimes (J.) - NY - Bronx. New York, USA.Mimosaceae, Park/a, Mouton (J.) - P- Musum national d'histoirenaturelle, Paris. France.Mimosaceae, Inga. Pennington CT, D.) - K- Royal Botanic Gardens. Kew,England.Mimosaceae, Inga, Poncy (O.) - P- Musum national d'histoire Naturelle,Paris, France.Monimiaceae,Jangoux (J.) - MG - Belm,Brasi!.

    Monimiaceae, Pignal (M.) - P- Musum national d'histoire naturelle, Paris,FranceMoraceae. Berg (C. C.) - BG - Bergen, Norvge.Myristicaceae, Rodrigues ew.) - MGA -INPA, Manaus, Amazonas, Brasil.Myrtaceae, Mc Vaugh (R.) - MICH - Michigan, USA.Myrtaceae, Holst (B.) - SEL - Sarasota, Florida, USA.Ochnaceae.Sastre (C.) - P- Musum national d'histoire naturelle, Paris.France.Olacaceae.Sleumer (H.) - U- Utrecht. Nederland.Onagraceae. Raven (P. H.) - MO - Saint-Louis - Missouri, USA.Orchidaceae, Christenson (E.) - SEL - Sarasota. Florida. USA.Orchidaceae, Hagsater CE.) - AMO . Herbario de Mexico City. Mexico.Orchidaceae, Pabst (G.) - RB - Jardim Botnico. Rio de Janeiro, Brasi!.Orchidaceae. Veyret cY) - P- Musum national d'histoire naturelle, Paris,FrancePapilionaceae (Fabaceae), Cowan (R. S.) - US - Washington, USA.Passifloraceae, Feuillet (C.) - US - Washington. USA.Phytolaccaceae. seguierio, Kallunki (J.) - NY - Bronx, New York. USA.Piperaceae, Gorts Van Rijn CA. R. A.) - U- Utrecht. Nederland.Poaceae. Davldse (G.) - MO - Saint-Louis, Missouri, USA.Poaceae, Guadua, Judziewicz (E.) - WIS - University of Wisconsin, Madison,USA.Polygalaceae, Jacobs-Brouwer (A.) - U- Utrecht, Nederland.Polygalaceae, Wurdack (J.) - US -Washington, USA.Polygonaceae, Brandbyge (J.) - MU - University of Aarhus. Danemark,Polygonaceae, Howard CR. A.) - A - Cambridge, MassochUssetts, USA.Pontederiaceae, Horn CC. N,), - NBYC - Newberry Coliege, Newberry, SouthCaroiina, USA.

    14 Pharmacopestraditionnelles en Guyane

  • Portulacaceae. De Filipps (R.) - US - Washington. USApteridophytes. Cremers (G.) - CAY- Cayenne. Guyane franaise.pteridophytes. Kramer (K.) - Z- Universit de Zurich. Suisse.Rubiaceae. Delprete (P.) - NY - Bronx. New York. USA.Rubiaceae. Kirkbride (J. H. Jr) - BARC - U.S. National 5eed Herbarium.Beltsville. Maryland. USA.

    Rubiaceae. Steyermark (J. A) - VEN - Caracas.Venezuela.Rubiaceae. Taylor (C.M.) - MO - Saint-Louis. Missouri, USARutaceae. Kallunki (J.) NY - Bronx - New York. USA

    Rutaceae. Reynel (C.) - MO - Saint-Louis. Missouri, USASapindaceae. Acevedo (P.) - NY - Bronx. New York. USASapotaceae. Pennington (T. D,) - K- Royal Botanic Gardens. Kew. England.Sapotaceae. Sabatier (D.) - CAY - Cayenne. Guyane franaise.Scrophulariaceae. Holmgren (N.) - NY - Bronx. New York. USASimaroubaceae. Feuillet (C.) . US - Washington. USASimaroubaceae. Simaba. Thomas (w. W) - NY - Bronx. New York. USASolanaceae. Cyphomandra. Bohs (l.) - UT - University of utah. Salt LakeCity. Utah. USASolanaceae. d 'Arcy (W. G.) - MO - Saint-Louis. Missouri, USASolanaceae. Nee (M.) - NY - Bronx. New York. USASlerculiaceae.Taylor (E.) - GH - Harvard University. Cambridge.Massachusetts. USATheophraslaceae. Stahl (B.) - GB - Goteborg. Sweden.Tiliaceae. Jansen-Jacobs (M. J.) - U- Utrecht. Nederland.Ulmaceae. Berg (C. C.) - BG - Bergen. Norvge.Urticaceae. Berg (C. C.) - BG - Bergen. Norvge.Verbenaceae. Jansen-Jacobs (M. J.) - U- Utrecht. Nederland.Verbenaceae. Moldenke (H. N.) - NY - Bronx. New York. USAViolaceae. Hekking (W. H. A) - U- Utrecht. Nederland.Vochysiaceae. Marcano-Berti (L.) - U- Utrecht. Nederland.Vochysiaceae. sabatier (D.) - CAY - Cayenne. Guyane franaise.Zingiberaceae. Maas (P. J. M.) - U- Utrecht. Nederland.

    Les dfrichages d'herbier, opration quiconsiste identifier les plantes au niveaudes familles puis des genres avant deles envoyer aux diffrents spcialistes,ont t assurs des moments etdes degrs divers par les chercheurs dont

    les noms suivent par ordre alphabtique.G. Cremers, F. Crozier, A Gentry,H de Granville, P Grenand,J,-L.Guillaumet. J-p Lescure,J,-CLindeman, C Moretti. S. A Mori.M.-F. Prvost et D. Sabatier

    Pharmacopestraditionnelles en Guyane 15

  • Le prsent trqvail est l'aboutissement derecherches inaividuelles puis collectivesmenes durant neuf ans (de 1974 1983)tant sur le rapport Homme-Nature que dansle domaine particulier des pharmacopesdites traditionnelles. ces recherches, ont particip nonseulement les trois auteurs mais aussil'quipe des IDotanistes du Centre Orstomde Cayenne, meux ethnolinguistiques, ainsique les trs nombreux spcialisteschimistes et IDotanistes auxquels furentenvoys les collections d'herbiers et

    des chantill

  • ethnobotanique concernant le assinamazonien et les Guyanes est dsormaisabondante et rpond dans son ensembleaux exigences de la reherchecontemporaine, telles que nousles dfinissons plus avant. l'heure des dbats sur la valorisationdes produits forestiers, les droitsde proprit intellectuelle et les modalitsd'application de l'article 8 J de la Conventionsur la diversit biologique concernantla promotion d'un partage qu table,les interrogations que nous formulionsds 1987 trouvent une acuit t

  • Sources: F(Clnoise et Pierre GRENAND 2001D'aprs J'Atlas illustr de la Guyane. sous la direction de J. BARRET, IRD ditions, 2001.

    BRSILo 25 50 km

    AmrindiensKali'na (Galibi)Wayana

    o Arawak Palikuro Waypio merillon

    Hmong

    BRSIL

    20

    Populationsde la Guyanefranaise

    Pharmacopestraditionnelles en Guyane

  • coloniale qui devient un facteur dominantau XVIIe sicle et d'une histoire indigneplus ancienne (cf carte).La socit crole est le rsultat directd'une histoire coloniale domine parl'esclavage. Se dfinissant aujourd'huicomme guyanaise, elle est l'un des multiplesvisages d'une culture crole plus ample,recouvrant, quelle que soit la langue decolonisation, ['ensemble du bassin caribenet des Guyanes. La culture crole est issued'une fusion entre, pour une part essentielle,de trs importants lments culturels africainset, pour une part secondaire, des Jmentsfranais forte coloration rurale, sans ngligerpour autant l'influence amrindienne,prsente par exemple dans la transformationdu manioc et surtout la connaissancede la flore et de la fauneDans le cas des dpartements franaisd'outre-mer, la socit crole a tprofondment marque par le dracinement,la destruction des origines culturellesafricaines et la libert octroye de 1848 ;elle est fondamentalement tournevers une qute irrpressible d'une libertqu'elle a d'abord cherche dansun individualisme social marqu (JOLlVE.T, 1982),puis aujourd'hui au travers de la recherched'un modle culturellement et socialementautonome (GRENAND et GRENAND, 2001).Cet individualisme a amen la socitcrole se ressourcer, au XIXe sicle etpendant la premire partie du xxe, dansle milieu forestier, o elle a faonnses traits dominants: units familiales

    Nous essaierons ici de rappeler brivementles lments naturels et humains les plussaillants de l'univers guyanais , surtoutceux qui peuvent tre directement corrlsau domaine qui nous concerne. Pourle reste, nous renvoyons le lecteur la ficheethnogographique.La Guyane est un fragment de l'immenseensemble amazonien et plusparticulirement du massif ancien desGuyanes. Seule la plaine ctire formed'alluvions quaternaires n'appartient pas cet ensemble, ce qui cre un premier niveaude diversification faunistique et floristique(BLANCAN EAUX, 1981).En revanche, les variations climatiques sefont d'est en ouest avec une diminutionprogressive des prcipitations.La combinaison de ces facteurs est la base de la diversit des formationsvgtales (DE GRANVILLE, 200 J L accentuepar une micro-diversit des peuplementsvgtaux dont les mcanismes sont tudisdepuis deux dcennies par les institutsscientifiques regroups dans le Groupementd'lI1trt scientifique Silvolab.Cette complexit de l'environnementforestier influence son tour la diversitdes pharmacopes des diffrentes populations,induisant par exemple la raret de certainesespces utilises, et amenant les hommes bien en connatre les peuplements,qui pourront tre le monopole d'un individu,d'une famille, d'un groupe ethnique.Quant au panorama humain contemporainde la Guyane, il est le produit d'une histoire

    Principeset mthodes 2"

  • isoles, pratique de l'entraide nommemanurlj temprant l'individualisme,polygamie successive. cela s'ajoutentd'autres lments, en particulieralimentaires ou magico-religieux, apportspar les migrations venues des Antillesanglaises et franaises. voire d'Inde,du Moyen-Orient ou de ChineLa pharmacope et la mdecine crolesreprsentent un bon exemple de synthseculturelle russie, mais qui s'enrichit et serefond en permanence Des conceptionsissues de la vieille mdecine europennecohabitent avec des conceptions magiquesplus proprement africaines des originesdu mal Quant la pharmacope, elle estvritablement une somme de connaissances,soit empruntes aux populations de Guyaned'hier et d'aujourd'hui. soit, pour une partplus modeste, de dcouvertes faites au fonddes bois et des savanes. Ce savoir crolese coniugue d'ailleurs de plus en plusavec celui des Noirs Marrons, plusparticulirement des Aluku et des Saramaka,cette autre composante originale issue,elle, de la rsistance arme l'esclavage(BILBY, 1990; FLEURY, 1991 ; PRICE et PRICE,2003)

    L:autre ple, plus ancien cette fois,du panorama humain guyanais estreprsent par les socits amrindiennes.Socits dans leur immense majorit bieninsres dans leur milieu, relativementindpendantes les unes des autres,bien qu'en contact par des rseauxcommerciaux (P. GRENAND, 1982, GRENANDet GRENAND, 1987), elles ont d depuisle XVIIe sicle se radapter sans cesse face l'expansionnisme territorial, culturel etconomique de l'Occident.Les deux socits amrindiennes dontil est question ici illustrent bien, traversl'exemple de leur ethnomdecine,deux facettes de cette situation.

    Les Palikur (famille linguistique Arawak),population ballotte entre la Franceet le Portugal (puis le Brsil) depuisle XVIe sicle, ont d leur survie la fois l'absorption d'lmentshumains et culturels disparates,et un recentrage permanent prenantappui sur un puissant systme clanique(ARNAUD, 1984). L:ethnomdecine actuelledes Palikur est relie un systmede reprsentation du monde strictementamrindien, bien que la conceptionde la pathologie mette sur un mme planune bonne partie des maladies traditionnelles}) et des maladiesimportes (cf. infra) Leur pharmacopeest compose de remdes venantde tous les milieux naturels et,dans une assez forte proportion,emprunts aux populations voisines croleet brsilienne.Les Wayapi (famijJe linguistiqueTupi-Guarani), quant eux, sontune population migre du bassin del'Amazone au XVIIIe sicle qui, choisissantun isolement relatif, a d se radapter une rgion quelque peu diffrente.Son systme de valeurs mtaphysiqueset ses conceptions de la pathologie du corpssont largement celles des autres Tupirests plus au sud (F GRENAND, 1982 ;VIVELROS de CASTRO, 1986 ; CAMPBELL, 1989 ;GALLOIS, 1988, 2002), tandis quesa pharmacope, en dpit de quelquesemprunts, est la fois le prolongementde connaissances anciennes etla transposition du savoir antrieursur des espces proprement guyanaises(GRENAND et GRENAND, 1988).Pour ['essentiel, opportunisme court terme et permanence culturelle long terme sont les deux expressions clsqui S'appliquent le mieux aux trois socitsqui se cotoient dans cet ouvrage.

    22 Pharmacopestraditionnelles en Guyane

  • Guyanefranaise

    Autres (Hmongs, Chinois,Guyanans, Syro-Libanais .. ) ..... II 400,7,5 %.

    Superficie: 90 520 km 2

    La fort dense reprsente 88 200 km 2

    (dont 1 500 km 2 sont exploits) ; on compte800 km 2 de mangrove, 770 km 2 de savanes

    diverses, 690 km2 de forts secondaires

    et seulement 60 km 2 de cultures,

    la plus grande partie des forts secondaires

    et des cultures se situant sur la cte

    (sources DDA, FAO, 1981)

    Population totale

    Recensement Insee de 1999, complt par

    les recensements des populations tribales

    issus de diverses sources: 152 213 habitants

    dominante urbaine (dont Cayenne,

    50 594 hab.). JI s'agit d'une populationjeune croissance forte, puisqu'elle n'taitque de 73 026 personnes en 1982.Dans l'intrieur, 15 '7'0 de la populationvit sur 75 '7'0 du territoire.

    Rpartition ethnique

    (chiffres arrondis partir

    de sources diverses),

    par ordre dcroissant:

    Croles guyanais.38,1 %

    migrs hatiens,brsiliens, surinamiens25,6 %

    Noirs Marrons ..Il,1 %

    Mtropolitains7,8 %

    Croles ns aux Antilles5,5 %

    Amrindiens .4,2 %

    58 000,

    39 000,

    17 000,

    12 000,

    8500,

    6500,

    Principeset mthodeS 23

  • 33- Noirs Marrons0: Aluku,b: Ndjuko,c: Soromoko

    34- Norok t35- Polikur36- Ponore37- Poumori38- Pirotopuyo39- Puinove40- Quecho

    du Nopo41- Siona - Sekoyo

    (quateur)42- Shipibo43- Surui (Rond6nia)44- Tocano45- Toiwono46- Tenhorim47- Tikuno48- Tiriyo49- Tukano50 Tupinambo t51Uanano52 Urubu - Kaapor53- Waimiri - Atroori54- Waiwoi55-Waoroni56- Waroo57- Wayona58-Waypi59-Witoto60- Yanomomi61- Yoruro62- Yowalapiti63- Yekwana64-Yukuno

    1-Akowoio

    Populations cites dans le texte"

    2- Amrindiensdu nord-ouestde la Guyana

    3- Andoke4- Aparoi5-Arowok6- Arowete7- Aweti8- Borosono9- Bora (Prou)

    10- Coboclos

    s~t~ t n SfiI ~ OOI11-ChOCObO::>"'~~~ lP.l1'1~ 1.. 12-Chomi

    13- Conibo14- Croles15- Desono16- Emerillons17- Golibi de Woo18- Ingono19- Jivaro

    0: Achuar.b : Aguaruno.c: Moyno.d : Shuar

    20- Kochuyono21- Koli'no (=Carib)22- Korijono23- Karipuno24- Karitiono25- Koyopo26 Kofon27- Kubo28- Kuripoko29- Mokuno30- Mokushi31- Moye t32- Mosetene

    y

    tN

    o 300 km, , , ,

    Limite de la Grande Amazonie

    - - _.. Limite des tats

    ""::."'..,o=r0. 0

    ~~::>()CIl 0="0CIl CIl'~CIl

    CIl ~::>G)c'CIl

  • Eth iest dO'es

    CrolesPlutt que d'ethnie crole, il vaut mieuxparler de culture crole, Au sens large, elleest vcue par plus de 100000 personnes

    dans le dpartement: outre les Crolesguyanais, il faut en effet compter lesCroles antilJais, de nombreuxSainte-Luciens de deuxime gnration et

    plus, quelques centaines de Sainte-Luciensqui conservent leur ancienne nationalit,ainsi que des Chinois et des Libanaisassimils. Parmi les migrs, les Hatiens,

    dont le poids culturel et conomique estdsormais bien rel dans le dpartement,

    sont aussi de culture crole, mme sila divergence de leur langue et leur statut

    social encore souvent infrieurleur confrent une place part dansla socit guyanaise.

    La population crole, localisemajoritairement dans le nord

    du dpartement, vit dans seize bourgsprincipaux rigs administrativementen communes.

    Waypi(Sources: GRENAND, 1982; GRENAND d,2000 ; Pavas Indigenas no Brasil, 1983).

    Population totale707 personnes en 1983 ,1 227en 1999en Guyane: 7JO personnesau Brsil: 517 personnes

    Nombre de communauts:en Guyane: 6au Brsil: 6

    Moyenne par communaut102 personnesLa croissance dmographique estextrmement rapide et la dispersiondes communauts reste forte

    Palikur(Sources: idem)

    Population totale1 016 personnes en 1982 ;1 480 en 1998.en Guyane: 700 environau Brsil' 780 personnes

    Nombre de communauts'en Guyane: 7au Brsil: 5 (16 communauts en 1982)

    Moyenne par communaut:123 personnes aujourd'hui pour59 en 1983 ; l'ensemble des paramtresdmographiques indique une nettetendance la sdentarisation des villageset une croissance dmographiquerelle mais matrise

    PrIncipeset mthodes 25

  • Du cholxdes informateurs

    Enfin, nous avons confrontnos observations de terrain la littrature,ce qui nous permit d'lucider de nombreuxpoints d'enqute

    27Principeset mthodes

    Il est une difficult inhrente ce genrede recherche qui revient commeun leitmotiv ds qu'on en parle:quel est le talent des tradipraticiensqui furent nos informateurs?Ouelle est leur reprsentativit culturelle?Ouelle est la philosophie de ceux qui,au cours de ces longues annes de recueildu matriau, ont livr une part de leur savoir,une part du gnie de leur peuple?Avouons que Je choix de nos informateursfut toujours extrmement subjectif etintuitif, dtermin avant tout pardes relations de sympathie; que certainsde nos informateurs soient devenusdes amis n'a d'ailleurs pas simplifila tche, mme si cela l'a rendue autrementplus agrableLes seuls critres culturellement oprantsquant la valeur d'un informateur sont,soit le poids relatif de son savoir face celuides autres membres de la communaut,soit la rputation dont il jouit.Face cette ralit, nous avons essayde temprer le risque d'erreur,voire plus simplement, celui de variantepersonnelle, en multipliant le nombre

    Des tudesde terrain

    Elles ont suivi dans leurs grandes lignesles normes principales de l'ethnobotaniquemoderne (PEETERS, 1982; MARTIN, 1997): Une tude ethnolinguistique pralable apermis de mettre jour le savoir naturalistedes populations, avec un intrt particulierpour la nomination et la taxonomiedes espces vgtales, ainsi que pourl'identification et la descriptiondes maladies Des spcimens d'herbier ont tsystmatiquement collects, voire rptspour chaque enqute en compagniedes tradipraticiens, les espces striles nonidentifiables ayant t marques in situ, afind'tre ultrieurement revisites. Nous avons procd par enqute libre,parfois participante, mais sans jamaisutiliser de grilles d'enqute qui ont le gravedfaut d'induire, voire d'imposerles rponses. En revanche, il nous parutimportant de revenir sans cesse et sousdes angles chaque fois diffrents au coursdes entretiens, sur certains pointsdemeurs obscurs. Dans la mesure du possible,nous avons observ la prparationdes remdes par les tradipraticienset leurs modes d'administration.Si nous n'avons pu tous les observer,loin s'en faut, nous en avons vu assezpour pouvoir noncer les principalesconstantes.

  • des informateurs: chez les Wayapi,les donnes reprsentent le savoir de plusde vingt informateurs privilgis, mme sila majorit de la population adultea contribu un moment ou un autre enrichir notre connaissance, tandis quechez les Palikur, nous avons travaillprincipalement avec une douzainede personnes. Pour ce qui est dela population crole, la mdecinepopulaire est l'affaire de tous et le savoirlargement partag, quoique de faoningale. Ainsi nos informateurs furent trsnombreux; nous les avons rencontrs aussibien dans l'le de Cayenne que dansles diffrentes communes de Guyane onous avons travaill.Notre objectif tait d'atteindrele recensement le plus exhaustif possibledes savoirs thrapeutiques traditionnelsdes trois communauts.Une autre approche dveloppeparalllement en Guyane s'est donne pourobjectif une valuation des pratiquesd'automdication pour les affectionsles plus courantes. Elle fait appel d'autresmthodes d'enqute semi-quantitativedveloppes dans le cadre des programmesTramil pour l'arc carabe et Tramaz pourla rgion guyano-amazonienne.Ces mthodes privilgient l'approche parJe problme de sant et non parle recensement des plantes mdicinales;elles font appel des fiches d'enqutedestines un grand nombre d'enquteurset d'enquts. Le programme Tramila permis l'dition d'une Pharmacopecaribenne (RoBINEAu et al, 1999).

    De l'identificationbotaniquNous avons dj insist sur la grande rigueurqui, en ethnobotanique, doit tre apporteau travail botanique de base, surtoutlorsque les tudes portent sur des florestropicales riches et encore partiellementmconnues. Qu'ils soient lis l'[RD,au CNRS ou au MNHN, les collecteurs ont,dans leur totalit, particip des programmespluridisciplinaires communs et ont partag

    leurs acquis sur le temps long. Soulignonsgalement que plusieurs informateurs,dsormais rompus la dmarche botanique,ont largement partag cette aventure etont souvent contribu claircir des nigmesbotaniques voire permis la dcouverte(ou la redcouverte) de plantes rares.Hormis les familles qui n'ont pas encoret rvises, les binmes scientifiques sontceux attribus nos herbiers parles spcialistes des familles (cf 5Llpra,la liste des spcialistes et deleurs institutions de rattachement).Les exceptions, devenues rares, sontreprsentes par les binmes non encorepublis dont le statut botanique est discutdans les notes.Les chantillons d'herbier sont doncla base de rfrence de notre travail.Ce sont eux qui ont permis d'tablir la chaneallant du tradipraticien au spcialisteinternational de la famille botanique.Prenant en compte la rvisiondes collections par les spcialistes,ils ont aussi permis la ractualisationde l'ouvrage. Dans l'avenir, ils permettrontla ralisation de flores mdicinaleslectroniques, intgrant de faondynamique l'volution des connaissancessur la taxonomie des planteset le recuei 1des donnes.Les tudes taxonomiques sur les florestropicales connaissent un essorconsidrable et chaque rvision publieou en cours de ralisation proposede nouvelles combinaisons qui remettenten cause les priorits admisesantrieurement.Pour autant, cet ouvrage n'est pas,rptons-le, une flore mdicinale,dans la mesure o, pour chaque espce,la partie rserve la systmatique a textrmement rduite; en effet. bien qu'enprogrs rapide, les connaissances sur 10la flore des Guyanes ne permettent pasune telle ambition. Les proprits de tropd'espces cites sont encore fort malconnues. Aussi notre option a-t-elle surtoutt dicte par la rserve indispensableque les non-botanistes doivent observerface des rvisions en cours et l'existencede flores spcialises auxquellesnous renvoyons le lecteur.

    28 Pharmacopestraditionnelles en Guyane

  • lorsqu'on en a trouv l'emploi surle territoire de la Guyane franaise;nous avons parfois indiqu la rgionou la commune o Je nom est employ,lorsqu'il s'agissait soit d'une variantegographique, soit d'une limitegographique dans l'emploi de ce nom.Enfin, nous avons cit quelques nomscroles aujourd'hui considrs commedsuets, les faisant alors suivrede rfrences bibliographiques.

    Le lecteur ne trouvera pas ici comme dansnombre d'ouvrages existants une compilationdes ouvrages anciens (quoique les notesy renvoient utilement lorsqu'un rappelhistorique s'avre indispensable) .Les donnes de cette littrature ne sont pasdpourvues d'intrt mais leur utilisationmthodique soulve de srieuses difficults.Les plus anciennes sources sontles ouvrages de Pierre BARRRE (1741. 1743).de BROLETOUT DE PRFONTAINE (1763) etde FusE-AuBLET (1775). qui nous fontconnatre les plantes utiles et plusparticulirement les remdes, les poisonsde guerre et de chasse uti liss en Guyane leur poque. L'ouvrage d'AuBLET, dcrivantfrquemment pour la premire fois l'espcecite, fait de son auteur un prcurseuren botanique et en ethnobotanique,et mrite donc une mention particulire;le traitement des espces constituebien souvent encore la diagnosede rfrence, ce qui garantit la validitdes noms scientifiques, mme s'ils ont tdepuis mis en synonymie; les nomsvernaculaires cits, bien que trop peunombreux, sont attribus un groupeethnique prcis Il s'agit l sans nul doutedes donnes anciennes les plus sOres.Hormis quelques observations dispersesdans les rcits d'exploration de la priodervolutionnaire' et du x/xe sicle (POULIGUEN,2001). il faut attendre HECKEL en 1897 pour

    esDe

    es

    a

    a ce.......IS

    C la" esNous avons accord dans cet ouvrageune grande importance aux nomsvernaculaires, dont la prcision d'emploiest, dans l'esprit des populations tudies,indissolublement lie j'utilisation de/a plante. Les noms cits ici pourles Croles, les Wayapi et les Palikur sontceux qui sont employs actuellement,c'est--dire tels qu'ils ont t recueillispar notre quipe puis suffisammentrecoups pour tre considrscomme valides.Certains noms vernaculaires dsignentparfois deux, voire plusieurs espcesdiffrentes: le plus souvent, la raison enest que ces espces ne sont pas distinguespar la population concerne. A contrario, ilarrive que les populations distinguentplusieurs espces l o la botaniqueoccidentale n'en reconnat qu'une. En casde flottement. une note fournit au lecteurles explications indispensables.Dans le cas particulier du crole, nousavons fourni la variante sainte-lucienne ouantillaise (Guadeloupe et (ou) Martinique).

    Les sources botaniques principales surlesquelles nous nous appuyons sont:

    Histoire des plantes de la Guyane Franoise,de Christophe FusE-AuBLET (1775) ; Flora Brasiliensis, de K. von MARTIUS etcollaborateurs (1840-1906); Flora of Suriname, publie par A. PULLE,puis par /' LAN/ouw, enfin par A STOFFERS(1932-]977) ; Flore de la Guyane Franaise, d'Albert LEME(1954-1956) ;o Flora Neotropiw, dite famille par famillesous la responsabilit du New YorkBotanical Garden et commencedepuis J972 ;o Flore illustre des Phanrogames de Guadeloupeet de Martinique, de j. FOURNET (1978) ; Flora of the Guianas, commencesous la responsabilit de l'Universitd'Utrecht depuis 1983.

    Principeset mthodes 29

  • avoir des donnes nouvelles sur les plantesmdicinales de Guyane Ce pharmacien,correspondant de divers mdecinsdu bagne, a pu laborer le seul ouvragerellement consacr aux plantesmdicinales de cette rgion. Si les donnesoriginales peuvent tre clairement sparesdes citations, nous ne savons pas, saufexception, quelles sont les ethniesutilisatrices, cependant que la terminologiemdicale de l'poque concernantles affections masque presque totalementles systmes indignes.Les trois ouvrages publis au xxe sicle,ceux de DEVEZ (J 932) et LEME (1956, IV)consacrs aux plantes utiles de Guyane etcelui de POINTET (1952) aux pharmacopesdes Antilles et de la Guyane, sont de loinles moins utilisables, soit qu'ils contiennentdes usages extrieurs la Guyane et malprciss (LEME, POINTET) soitqu'ils compilent sans citer (DEVEZ) Sil'ouvrage de LEME est botaniquementutilisable, ceux de DEVEZ et de POINTETfourmillent d'erreurs d'identification Quantaux noms vernaculaires, le spcialisteles reconnat pniblement au milieude noms anglais, brsiliens et croles,mls sans distinction aucune.11 faut citer aussi quelques courts bilans,souvent peu connus et tous consacrs la pharmacope crole; ainsi celuidu docteur RICHARD (1937) pourles chercheurs d'or de la rgion de Saint-lie,celui de Claudine Luu (1975) sur l'ensembledes Croles de Guyane et celui d'Anne GLYau sein de son tude gnrale surles agriculteurs de la commune de Sal(1983). Ces travaux ont le mrite de nousexposer, quoique de faon partielle,l'utilisation relle des plantes mdicinalesen diverses localits croles de Guyane.Il serait abusif de croire que les dfautsvoqus ci-dessus ne se rencontrent quedans les ouvrages consacrs aux plantesutiles de Guyane Il s'agit en faitd'une tendance historique relierdirectement l'expansionnisme colonial.Le savoir indigne n'tait alors digned'intrt qu' partir du moment o ilprsentait une quelconque utilit pourenrichir le potentiel agricole des empirescoloniaux De l vient, en partie, un certainnombre de traits communs ces ouvrages,

    quelle que soit la langue dans Jaquelle ilsfurent crits; la plupart couvrent un tatou une province (Brsil, Colombie, etc.) etrarement une ethnie, une aire culturelle ouune rgion naturelle. Ce type de travaux,qui correspond l'essentieldes pharmacopes dcrites avant 1940, estdonc bas sur une fiction, celle qui consiste appliquer la totalit d'une entitpolitique ou gographique, l'usaged'une plante mdicinale, restreint en ralit une ethnie ou une rgion, et donc tropsouvent artificiellement enfl.Dans le mme ordre d'ide, la simplenumration, jamais ordonne, des diversusages d'une mme plante, ne permet pasd'apprcier leur place et leur rle l'intrieur du systme de sant auquel ilsappartiennent. Ces catalogues ne rendentpas compte des diversits rgionales etculturelles et ne permettent ni dereconstituer l'histoire des remdes ni desuivre l'itinraire de certaines influencesculturelles.Enfin la plupart de ces pharmacopes sontdes compilations dont le but est clairementd'optimiser, sans analyse critique,la richesse potentielle des tropiques.C'est ainsi que l'on trouvera rassemblsdans un ouvrage consacr au Brsildes usages faits dans divers pays et des poques fort loignes, sans que celasoit toujours clairement exprimQuant au choix des noms vernaculaires,il prsente les mmes dficiences;les auteurs, soucieux de complterles binmes latins, se sont vertus les doubler de noms vulgaires. Maisleur choix, fait selon des critres nonexposs, aboutit, comme dans les ouvragesdj cits de DEVEZ et POINTET, des emplois souvent abusifs.Ces distorsions font qu'un nomvernaculaire se retrouve avec une tiquette Brsil ou Colombie , alors qu'enralit il est employ dans une zonerelativement restreinte et par une ethnie ouune communaut prcises. En sens inverse,la prsence dans deux rgions oudeux ethnies diffrentes d'un mme nomvernaculaire aboutit, par un zle comparatifhtif. le prendre comme based'identification identique de deux espcesclairement distinctes.

    3Q Pharmacopestraditionnelles en Guyane

  • Les fiches observent toutes la mmesuccession de rubriques que nous allonsmaintenant dtailler

    Descr'ptiodes fiches

    Synonymies

    En l'absence d'une rcente flore gnralede Guyane, nous avons veill utiliserle binme scientifique considr commevalide et vrifi les synonymies en consultant.l encore, la Checklist of the Plants of theGuianas (Guyana, Surinam, French Guiana)de BOGGAN et al. (1997) suiviede la Pre/iminary Check/ist of the Plants

    31Principeset mthodes

    Nom scientifiqueet familleLes espces sont classes dans l'ordrealphabtique des familles et, l'intrieurdes familles, dans l'ordre alphabtiquedes genres Les plantes infrieures (fougres et champignons) ont tregroupes la fin Il s'agit l d'un choixarbitraire, mais l'exprience montrequ'un public largi s'y meut plus aismentque dans l'ordonnancement linnendes familles.La mention sp., trs rarement employedans cet ouvrage aprs un nom de genre,signifie que l'espce n'a pu tre identifie;sp nov. signifie que l'espce a t reconnuecomme nouvelle pour la Science parle spcialiste de la famille, mais n'est pasencore dcrite. Enfin spp. aprs un nomde genre signifie qu'il existe plusieursespces trs proches qui. soit n'ont pu tredpartages avec certitude, soit ont ttraites en bloc car elles relvent d'unmme usage pour les populations tudies.Dans ce dernier cas, une note indiqueles espces que nous avons collectesPour l'abrviation du nom des botanistessuivant. comme le veut l'usage, le nom latindes plantes, nous nous sommes conformsaux indications du Draft Index of AuthorA&&reviations compiled at The Her&ariLlm, RoyalBotanic Gardens, Kew, le plus souventreprises par la Check/ist of the Plants of theGuianas (Guyana, Surinam, French Guiana)de BOGGAN et al. (1997)

    Enfin, les connaissances insuffisantes quel'on avait alors des flores tropicales,mcon naissance qui persiste en partieaujourd'hui. amenaient les auteurs rutiliser les correspondances nomvernaculaire-nom scientifique publiesavant eux, sans en vrifier l'exactitude.Ainsi ont t reproduites l'envides erreurs que l'on rencontre encoreparfois dans la littrature contemporaine,en particulier dans les ouvragesde vulgarisation: erreur d'identification,transfert de l'usage associ au nomvernaculaire d'une espce une autre, etc.Nous en donnons plusieurs exemples danscet ouvrage, en essayant de mettreun terme plusieurs imbrogliosethnobotaniquesLes recherches effectues depuis la SecondeGuerre mondiale sur les pharmacopesdites traditionnelles , ont, dansla mesure o les commanditaires leurlaissaient une libert suffisante, corrigprogressivement ces dfautscaractristiques d'une autre poque.Ce n'est cependant que depuis la findes annes 1970 que les recherchescontemporaines obissent aux impratifsde l'ethnobotanique moderne'

    relev systmatique des savoirs traditionnelsd'une population donne en partant deses catgories, de ses regroupements,de ses valeurs;

    confrontation, dans la mesure du possible,de ce relev avec J'observation in situdes prparations,

    collection, avec la population,de plusieurs chantillons d'herbier pourun mme nom vernacu laire, afin d'aboutir l'identification botanique, ou au champbotanique couvert par ce nom,

    relev des noms de plante sousune forme rutilisable Dans la grandemajorit des cas, la notation phontiques'avre tre la plus simple;

    enfin, autant que faire se peut, dcoupagesmantique des noms de plante.

    Voil en tout cas les impratifs que nousnous sommes attachs respecter dansnos recherches et dont nous ne noussommes pas dpartis dans cette secondedition.

  • of the Guiana Shield de HOLLOWELL et al. (2001 )qui se fondent sur les bases de donnesspcialises actuelles' Aubiet (Herbier dela Guyane), W3, Tropicos (Missouri BotanicalGarden) et \PNI (Jnternational Plant NamesIndex)Par manque d'espace, nous ne pouvions

    citer toutes les synonymies, fortnombreuses pour beaucoup d'espces

    Arbitrairement. nous nous sommes limits

    citer les noms les plus courammentrencontrs dans la littrature consulte.

    Nomsvernaculaires

    Les noms vernaculaires sont toujoursprsents dans le mme ordre, soit crole,wayapi, palikur puis, selon ncessit, onya ajout ceux utiliss par d'autrespopulations. Dans le cas particulier dela diversit du crole, voir nos remarques infra.La prsence du tiret (-) derrire le nomd'une des trois ethnies concernes parnotre ouvrage, revt deux significationsElle peut signifier soit que la plante n'existepas dans le territoire de la populationdonne, soit que la plante n'est pasnomme, ce qui, dans 90 % des cas, induitqu'elle n'est pas connue de cette mmepopulation Cette affirmation ne doit pasocculter que nous sommes face dessavoirs dynamiques et que plusieursplantes inconnues il ya quinze ans, enparticulier des Palikur et des Wayapi, sontaujourd'hui nommes.Lorsque l'une des trois ethnies concernesnomme une plante sans en avoir un usagemdicinal, son nom dans la langue a tmentionn afin d'viter toute dperditionde savoir.La mme rubrique comporte d'autres nomsvernaculaires' il s'agit principalement denoms portugais employs au Brsil,indiqus en raison de la proximit de cegrand pays et de l'importance qu'yoccupent les plantes mdicinales. Saufune minorit collecte dans le bas Oyapocket lors de nos travaux en Amazoniebrsilienne entre 1983 et 1989, ils sontissus de la littrature traitant de l'Amazonie(CORRA, 1926 (J 984) ; Le COINTE, 1934 ,SILVA et al., 1977 , FURTADO et al., 1978; PABLOCiD, 1978 ; Van Den BERG, 1982 ; CAVALCANTE,

    1988 ... ) et du Novo Dicionario Aurlio,(BUAROUE DE HOLANDA FERREIRA, 1975).Les autres noms cits appartiennentaux langues aluku (boni), saramaka,wayana, arawak (Iokono) et kali'na (galibi),toutes parles en Guyane et au Surinam.Leur prsence dans cette rubrique est lie la ncessit, soit de montrer la grandediffusion d'un nom, soit parce que, dansla rubrique Emplois ou dans les Notes , est discut l'emprunt d'unremde l'une de ces populations ouun usage similaire ou proche.

    cologie,morphologie

    La partie rserve la bio-cologiede chaque espce a t volontairementrduite, car les recherches en coursconcernant la flore de la rgion sont loind'tre acheves; ainsi, plut6t que d'utiliserdes informations peu sOres sur l'habitat oule type biologique, nous avons prfrreproduire les notes issues de nos carnetsde terrain, qui permettent de situer sansambigut la plante mdicinale dansson milieu, en prcisant, chaque fois quenous le pouvions, son abondance relative.Ces prcisions fjgurent rarement dans lesflores. Les indications prsentes ici nesont donc valables que pour l'est du Massifdes GuyanesLa brivet de ce paragraphe est compensepar une abondante iconographie: grceaux photographies presque toutes dues Marie-Franoise Prvost et aux dessinsde Mireille Charles-Dominique, ce sont plusde 60 % des espces cites qui sont illustres.Les planches d'herbier reproduites au traitsont en gnral des espces peu connuespour leurs proprits mdicinales.

    Collectionsde rfrenceLes chantillons d'herbier sont, nousl'avons dit, la base de rfrence de notretravaiLCes collections sont dposes etconsultables soit l'herbier de Guyane Cayenne, soit l'herbier du Musumnational d'histoire naturelle de Paris etleur rfrence complte peut tre obtenuevia Internet sur la banque de'donnes

    32 Pharmacopestraditionnelles en Guyane

  • globalement peu importante - et variabled'une drogue l'autre chez les Palikuret les CrolesEnfin, quelques plantes ont t traites defaon plus ample que les autres: il s'agitsoit de plantes dont l'usage, classique etgnralis en Amrique tropicale, mritaitune discussion comparative, soit de plantessur lesquelles il persistait. l encore l'chelle continentale, des zones d'ombre ..

    Chimieet pharmacologie

    La confrontation des usages traditionnelsavec les analyses chimiques prliminairespermet une premire apprciation dela valeur curative des drogues.Dans cette seconde dition, nous nouslimitons indiquer en annexe les testsconcernant les espces peu ou nondocumentes. Prsents sous forme detableaux, ces tests chimiques fournissentde prcieuses indications pour de futuresrecherches, surtout lorsqu'ils portent surdes espces trs peu connues, tant surles plans chimique que pharmacologique.

    33Principeset mthodes

    tymologieElle fournit un matriau ethnolinguistiquede premire importance quant la perception et l'ordonnancementdu milieu par les socits tudies, livrantde surcrot une foule d'indices utilisables des fins comparatives par les spcialistesdes contacts interculturels. Certains deces indices ont d'ailleurs t exploits dansle prsent ouvrage. Pour cestrois populations aux origines pourtant sidiverses, le lecteur remarquera l'imbricationsymbolique des mondes vgtal et animalet la transcendance, parfois non dnued'humour, qu'y apporte l'homme.La rdaction de ces lments d'tymologie,optant pour une prsentation simple, estlargement redevable la lecture des travauxde Franoise GRENAND (comm. pers., 1989) surla langue wayapi et ses recherches encours sur la smantique palikur.Les tymologies du crole sontprincipalement extraites de J'excellenttravail lexical, jusqu' ce jour non publi,de Marguerite Fauquenoy (Universit SimonFraser, Vancouver, Canada)

    Aubiet (http//wwwcayenne.ird.fr/aublet).La plupart de nos chantillonsont t examins par les spcialistestaxonomistes internationaux qui sontconfies les rvisions botaniques en coursconcernant les flores tropicales.Pour des raisons d'espace, nous avonsessay de limiter le nombre de numroscits cinq Enfin, les rares plantesqui ne sont pas accompagnes de rfrenced'herbier (moins de 1 % du total),sont soit des plantes banales (ornementalesou non), soit des plantes difficiles mettre en collection, comme certainsgrands palmiers, identifies partird'autres critres.

    EmploisLes donnes ethnobotaniques contenuesdans cette rubrique concernent l'noncdu savoir contemporain que nous avonscollect chez les Croles, les Wayapi etles Palikur. D'autres sources plusanciennes concernant surtout les Crolessont parfois voques, principalement sielles traitent d'usages en voie de dsutudeou que nous n'avons pas pu retrouver.Nous n'avons pas cherch ici traduire toute force certains concepts originaux;les chapitres introductifs consacrs auxtrois ethnomdecines tentent deles claircir. Dans le texte, ces conceptssont indiqus en italique dans leur langued'origine Partout o, en revanche,['expression employe par les informateurstait traduisible sans distorsion de sens,nous avons utilis le terme spcifique leplus proche de la pharmacope franaiseainsi remde contre la fivre a ttraduit par fbrifuge , remde contrele sang par hmostatique )"Nous nous sommes galement efforcs delivrer toutes les variantes recueillies pourun mme remde, dans la mesure o,la plupart du temps, il ne nous tait paspossible d'oprer un choix sur la validitde ces variantes.D'autres lments de nos descriptions,telles la quantit de produit utilis oula posologie recommande, pourrontparatre insuffisamment prcis certainslecteurs. La multiplicit des enqutesmontre que l'imprcision est de rgle chezles Wayapi - pour qui la quantification est

  • Les tudes chimiques et biologiquesdes plantes se sont intensifies cesdernires dcennies et sont diffuses dansdes revues spcialises. Une revuescientifique comme PhIJtochemistrlJ publieannuellement plus de 3 000 pages danslesquelles s'accumulent les descriptionsde nouvelles substances isolesdes plantes. Notre intention n'est donc pasde fournir une information exhaustive surla composition chimique des plantes, maisde prciser certaines proprits chimiqueset biologiques susceptibles d'clairerles usages, en rservant une plus largeplace aux travaux raliss sur les plantesde Guyane auxquels nous avons particip.Les informations ainsi recueillies sont autantde pistes possibles pour des recherchesultrieures.Pour les plantes les plus connues, le lecteurparticulirement concern par les propritschimiques de la matire vgtale pourra sereporter aux ouvrages classiques ougnraux: PARIS et MOYSE, 1967, 1971 et1976, HEGNAUER, 1-1962,2-1963,3-1964,4-1966,5-1969 et 6-1973, BRUNETON, 1999Enfin un certain nombre de plantes traitesdans le prsent ouvrage figurent dansla Pharmacope caribenne (ROBINEAU et al.,1999) o el les font l'objet de monographiesdtailles. Nous mentionneronsles recommandations qu'elle formule pourles plantes et les usages les plussignificatifs.

    Notescomparatives

    Dans cette section sont rassemblesdes informations complmentaires: autresespces auxquelles S'applique le mmenom vernaculaire, dtails sur l'cologieou la rpartition de l'espce, etc.Enfin et surtout, elles se sont avresindispensables partout o un complment,voire une discussion tait ncessaire des fins comparatives. Cest donc l quele lecteur trouvera des rfrences (sans qu'ils'agisse d'une revue complte) aux usagesdans les pays voisins du bassin amazonienou des remarques historiques.Ces rfrences sont devenues d'autant plusessentielles que d'excellents travauxethnobotaniques concernant les populationsamrindiennes et rgionales ont vu le jour

    au cours des quinze dernires annes.Ils tmoignent tout la fois d'une grandediversit de savoirs et d'une profonde unitculturelle l'chelle de l'Amazonieet des Guyanes Le lecteur dcouvriraces travaux au fur et mesure de la lecturede notre ouvrage.

    Essaischimiquesprliminaires

    Prparationdes extraits

    Pour chaque espce rcolte, les diversorganes de la plante sont isols les unsdes autres, desschs sparment une temprature ne dpassant pas 45 oCet finement broys partir de chacun des chantillons depoudre obtenus, on effectueles quatre extraits suivants:

    e Pour la recherche des alcalodes:Ire mthode: on recueille la solutionrsultant du broyage de 1 g de poudre avec10 ml d'acide chlorhydrique ou d'acidephosphorique 5 % en prsenced'un peu de sable.2e mthode: on laisse macrer 1 g de poudrepralablement humecte avec quelquesgouttes d'ammoniaque dans 10 mldu mlange ther-chloroforme

    Pour les autres essais chimiques:extrait bl . infusion de 2 g de poudre dans40 ml d'eau.extrait b2 : macration de J g de poudredans 10 ml d'ther thylique.extrait b3: macration identique, maisavec de ['alcool 50 %

    Ralisationdes tests

    Alcalodes 1re mthode: on effectue les ractions deMayer et de Dragendorff sur le filtratrsultant du broyage de la prise avecl'une des solutions acides.Il arrive que certains chlorhydratesd'alcalodes soient insolubles dans l'eau etne soient pas dtects par cette technique.

    34 Pharmacopestraditionnelles en Guyane

  • Il vaut mieux dans ce cas utiliser J'acidephosphorique.

    2e mthode: les ractions de Mayer etde Dragendorff sont effectues surl'extrait throchloroformique vapor sec et repris par l'un des deux acidesprcdents.Contrairement la seconde, la premiremthode dtecte bien les ammoniumsquaternaires, mais elle risque aussi dedonner des ractions positives avec certainsprotides. Pour liminer cette cause d'erreur,il convient de vrifier que le prcipit estbien soluble dans l'alcool.Dans certains tests trs positifs, ont tvalus la teneur, le nombre et la naturedes alcalodes par une extraction prliminairedes alcalodes totaux sur un chantillonde 20 g de poudre vgtale.Nous avons suivi un procd classiqueen laboratoire: alcalinisation de la poudrevgtale par de l'ammoniaque dilu au 1/2 ;extraction par le chlorure de mthylne,passage en phase acide puis basique,alcalinisation de la phase aqueuse par del'ammoniaque, extraction de la phase aqueusealcalinise par du chlorure de mthylne,vaporation de la phase organique aprsschage sur sulfate de sodium.Le rsidu alcalodique obtenu (alcalodestotaux dsigns AT dans l'Annexe) estexamin en chromatographie sur couchemince dans diffrents systmes de solvants.

    QuinonesCes substances donnent une colorationrouge lorsqu'on ajoute de la soude la macration thre (extrait b2)Cette raction n'est pas spcifique:d'autres substances comme les auronesdonnent un rsultat semblable. On confirmedonc ces indications par la ractionde Brissemoret et Combes qui, selonla coloration obtenue, permet de distinguerles trois groupes de quinones :benzoquinones, naphtoquinones,anthraquinones. Prcisons que certainsde ces composs ragissent mal ou nedonnent la raction que s'ils sont hydrolyss.

    SaponosidesLa prsence de ces composs est valueen mesurant la hauteur de moussequi subsiste 10 min aprs une vigoureuseagitation

    Strols et triterpnesCes deux groupes de corps sont dcelspar la raction de Liebermann-Burchardsur la macration thre (extrait b2).

    CardnolidesOn recherche ces htrosides en effectuantla raction de Kedde sur la macrationalcoolique (extrait b3).

    IridodesLa plupart de ces substances donnentune coloration suivie d'un prcipit vertfonc ou bleu fonc, quand on chauffel'infusion (extrait b 1) qui les renfermeen prsence d'acide chlorhydriqueCependant, les iridodes appartenantau groupe des scoirido'ldes ne sont pasdcels par cette raction.

    Composs pnnoliqueso Tanins: tous les tanins forment un prcipitblanc quand on ajoute leur solutionaqueuse (extrait bJ) le ractif la glatinesale. Si on fait agir le chlorure ferrique surcette infusion, les tanins hydrolysables(galliques et ellagiques) donnentun prcipit bleu. Les tanins condenss(catchiques ou flavanols-3 condenss etleucoanthocyanes ou flavanediols- 3, 4),ainsi que leurs constituants monomres,donnent avec ce ractif un prcipit vert.La prsence des deux catgories deflavanols, qu'ils soient libres ou condenss,est confirme par la raction de la vanillinechlorhydrique qui les colore en rouge.Lorsque cette coloration apparat au coursde l'hydrolyse chlorhydrique de l'infusion,on a la confirmation de la prsencedes leucoanthocyanes.o Pigments flavoniques la coloration dela fluorescence en lumire ultra-violettepermet de dceler ces pigments. Quelquesgouttes de la macration alcoolique (extraitb3) sont dposes sur du papier chromatographie; aprs dessiccation, onnote la fluorescence primaire puisles fluorescences secondaires, d'abord dansles vapeurs d'ammoniac puis aprs additiond'une goutte d'une solution alcoolique dechlorure d'aluminium L'exaltation deces fluorescences secondaires estune indication positive. Nous pratiquonsgalement la raction dite de la cyanidine(action du magnsium en milieuchlorhydrique) sur l'hydrolysat de l'infus

    Principeset mthodes 35

  • extrait ensuite par l'ther. La nature dela coloration obtenue donnedes renseignements sur les typesde pigments flavoniques en prsence, maistous ne ragissent pas.Quand les tests prcdents sont positifs, onpratique deux sries de chromatographiesur papier d'une part sur la macrationalcoolique pour reprer les htrosides,avec pour solvants le butanol-actique etla solution d'acide actique 15 % etd'autre part sur j'extrait hydrolys repris parj'ther pour comparer les gnines des tmoins, en prenant pour solvantsle Forestal et le butanol-actique.

    Les indications mentionnes dansles colonnes qui suivent indiquentl'importance des ractions obtenues pourchacun des groupes de substances figuranten tte de tableau. La notation estla suivante: 0,5 raction trs faible ou douteuse,

    peu perceptible 1 raction nette mais faible 2 raction trs franche 3 raction intense

    Alcalodes (Ractifs de Mayer et Dragendorff)0,5 : lger trouble1 3 : importance du prcipit obtenu.Saponines (indice mousse)L'indice mousse est not de J 7.La prsence de saponines correspond un indice mousse> 4.QuinonesLes chiffres indiquant la prsence de quinones(de 1 3) sont parfois accompagns deslettres Be. II s'agit du rsultat obtenu avecla raction de Brissemoret et Combes

    Stroines et triterpnesLa prsence de stro'ides et (ou) triterpnesest indique par des valeurs de 1 3.L'indication violet dans la colonnecorrespondante (obtention d'une couleurviolette virant au vert avec le ractif deLiebermann-Burchard) suggre l'abondancede triterpnes.

    TaninsLa prsence de tanins est indique pardes valeurs de 1 3. La nature des taninsest prcise dans la colonne observation .FlavonoiilesLa prsence de flavonodes est indiquepar des valeurs de 1 3.Dans la colonne gnine des pigmentsf1avoniques, les lettres inscrites sontles initiales des gnines identifies parchromatographie: kaempfrol, myrictolou querctol.

    Autres substances: cardnolides, iridoines ...Trs peu de plantes, parmi celles que nouscitons dans cet ouvrage, ont donn des testspositifs concernant les cardnolides etles iridodes. En consquence, leur prsenceventuelle est indique dans la colonne observations .De mme figureront dans la colonne observations les rendements en alcalodestotaux (AT) qui ont t extraits.

    arillebois de racinebois de troncbulbecorce de racinecorce de troncfeuillefleurfruitgrainelatexIyophilisatmsocarpepartie arienneplante entirepricarpepulperacinersinesvetigetige feuilletubercule

    ArilleBRBTBuERETFFIFrtGrLatexLyophMsPAPEPrPulRRsineSveTTFTuber

    Expressiondes rsultats

    Nous avons regroup en annexe les rsultatsde nos tests chimiques famille par familleet dans J'ordre alphabtique des noms deplantes Sont traites seulement lesespces dont la chimie n'est pas explicitedans le texte ou dont les tests apportaientune information complmentaire.La premire colonne des tableaux renfermeles numros de rfrences des herbiersprlevs en mme temps queles chantillons destins aux tests chimiques.La colonne qui suit celle des nomsscientifiques dsigne les organesdes plantes qui ont t tests. Le codedes abrviations est le suivant:

    36 Pharmacopestraditionnelles en Guyane

  • -exemple:franais,rose de Chineportugais,araa-de-anta,

    37Principesel mthodes

    g

    w

    h

    h

    s

    b, d, f. k, l, m. n, p, t se prononcent commeen franais;se prononce toujours comme dansle franais souris;se prononce toujours comme dansle franais gardien;se prononce toujours comme dansle franais gnangnan;se prononce comme dans l'anglaiswarm;

    ng se prononce comme dans l'anglaiscamping;se prononce, en wayana.comme dansl'anglais high ;se prononce. en palikur.comme dans l'espagnol navaja ;

    v et B sont, en palikur, deux ralisationsd'un mme phonme ; Bse prononceentre le b et le f du franais ;se prononce comme dans le franaischat,est une occlusion glottale. marquantune csure entre deux voyelles,

    o Voyelles

    Consonnes

    Les conventions phontiques sontles suivantes:

    Les voyelles Grales a et i se prononcentcomme en franais;

    e se prononce comme dans le franaisd ou dais;

    o se prononce comme dans le franaisbeau ou botte;

    u se prononce toujours comme dansle franais bout;

    i est une voyelle centrale entre le 1etle u du franais,

    : Indique en kali'na que la voyelleprcdente est longue.

    La nasalisation des voyelles est marque,comme en portugais ou en espagnol.par le tilde H plac sur la lettre:

    se prononce comme dans le franaismain;

    11 se prononce comme dans le franaisbanc;

    se prononce comme dans le franaismont;

    se prononce comme dans le portugaisdu Brsil mirim ;

    se prononce comme dans le portugaisdu Brsil urucum ;

    l est la voyelle centrale i nasalise......

    .

    tahuma

    mulels

    taki:ni

    ekolonohunu

    baakatiki

    dobuldwa

    exemple:

    palikur.

    waypi.

    kali'na,

    wayana,

    aluku.

    saramaka.

    criture des nomsvernaculaires,conventionsor ographiques

    1. Les noms franais et brsiliensapparaissent dans leur orthographehabituelle, respectivement consignedans les dictionnaires franaiset portugais contemporains.

    L:criture des noms de plantes dansles diffrentes langues cites ne pouvaitpas faire l'objet d'un rglement uniqueVoici les diffrents cas de figure quele lecteur rencontrera

    2. Les noms de plantes des languesdes populations tribales de Guyane,lesquelles sont toutes orales, ont t critsselon les normes de ['Alphabet phontiqueinternational, adaptes au contextelinguistique environnant. Tel est le casdu palikur, du wayapi, du kali'na,du wayana, de l'aluku et du saramaka.D'une manire gnrale, tous les nomsont t recueillis par les auteurs ouleurs collaborateurs au coursde leurs enqutes, avec une mentionparticulire pour Marie Fleury concernantles noms aluku, saramaka et wayana.Les noms kali'na, relevs par nous dansle travail d'AHLBRINCK 1956 (1931). onttous t revus et annots sur le terrain parJean-Paul Lescure et Odile Renault-Lescureentre 1980 et 1985.

  • 3. Les quelques noms de plantes tirsde la littrature des fins de comparaisonont t maintenus dans l'orthographede leurs auteurs avec la rfrence :-exemple:

    crole antillais, titeigne

    (FOURNET, 1978).

    4. Reste l'pineux problme de l'crituredu crole, et principalement du croleguyanais dnomm patois par ses locuteursAutant avouer tout de suite que nous n'ensommes pas satisfaits, car, contrairement toutes les autres langues cites dans cetouvrage, son criture manque de cohsion.Il y a cet tat de fait plusieurs raisons:o Le recueil des donnes est trshtrogne. Les quatre auteurs (maissurtout C. Moretti et H. Jacquemin) ontcollect les plantes mdicinales croles etleurs noms pendant dix ans (1974-1983),enqutant dans toutes les communautscroles de Guyane, de Saint-Laurent Saint-Georges et de Rmire Sal,interrogeant au total plus de cinquanteinformateurso Il existe dans le pays non pas un, maisdes croles guyanais, qui diffrent parfoisfort peu. Or, moins sont apparentesces diffrences, plus grande est la difficult les noter pour une oreille non exerce

    o Face un interlocuteur mtropolitain,il est frquent qu'un locuteur du crole,lettr ou non, francise son parler.Cela est valable pour les noms de plantesmdicinales relevs au cours des enqutesde terrain:Ainsi, [zebzeguiYI aura pu tre nonc decette faon, aussi bien que [zerbeghiYI ouencore lerb eghiyj, que les enquteurs, peurompus pour deux d'entre eux l'usage del'arsenal phontique, auront transcrit ainsi: zerb zaiguille ou cc herbe aiguille .Cette tendance la francisation dansle contexte particulier de l'change tantbilingue que biculturel mtropolitain/crolelaisse percer de la part de l'enquteurun souci inconscient de filiationlinguistique, qu'il traduit par une crituretymologique, et de la part de l'enqut,cc la situation de diglossie qui prvaut enGuyane et le processus de dcrolisation comme l'analyse, si bien F PEYRAUD (1981). la suite de la rflexion de j. BERNAB(1976) sur l'criture des croles baselexicale franaise, et de l'laborationd'un dictionnaire des croles guyanais parM. FAUOUENOY - malheureusement nonpubli - nous avons dcid, danscette seconde dition, de faire suivre entrecrochets le nom not par notre quipede sa ou ses transcriptions dans une formephontique adapte

    38 Pharmacopestraditionnelles en Guyane

  • La pharmacope et la mdecine crolesguyanaises sont l'image des rapportsqu'entretiennent les Croles guyanaisavec la nature qui les entoure, rapport quiest lui-mme le produit d'une histoirenaturelle et sociale. Elles sont l'expressionvivante d'une culture et non un objetaffadi que l'on pourrait dissquer pour entudier les diffrentes composantes.La comprhension du systme mdicalcrole est donc indissociable de l'tudede la gense de cette communaut crole,tche difficile pour une socit souventqualifie de socit carrefour , ned'apports multiples, africains, europens,et dans une moindre mesure, amrindienset asiatiques, qui se sont mls et sanscesse renouvels (CHALIFOUX, 1997 ,MAM-LAM-FOUK, 1997) Nous nouscontenterons dans les pages qui suiventd'exposer les principaux lments quipermettent selon nous de comprendrele systme mdical populaire crole. Nousesprons poser ainsi les jalons d'unerecherche dont les prolongementshistoriques et sociologiques restent faireSi nous sommes conscients des limitesde cette approche, nous esprons enrevanche montrer combien l'ethnobotaniquepeut tre riche d'enseignement pourde telles tudes.Comme pour toutes les socits crolesd'Amrique tropicale et des Antilles,

    il nous semble possible de dresserles grands traits d'un processus historiquedans lequel on peut distinguer trois facteursprincipaux: une influence amrindiennequi se fait sentir ds les premiers contacts,une influence europenne l'poquecoloniale, une influence africaine qui trouvesa pleine expression dans les communautsde Noirs Marrons ou Sushi Nenge.Ces influences se sont mles, conjuguespour donner naissance la socit croleet sa mdecine.Ces diffrents facteurs s'exprimrent dansle cadre socio-conomique impos parl'esclavage et le colonialisme. Le modlemtropolitain fortement valoris audtriment des valeurs locales, ainsi queles diffrentes formes que prit l'esclavagedans ces colonies, modelrent des sous-ensembles culturels diffrents.Les socits croles des Antilles et dela Guyane franaise sont trs similaires,mais des liens culturels les unissentaux autres communauts crolesmsoamricaines, construites surles mmes rapports: matre-esclave etmtropole-colonie. De cette histoirecommune, il est rsult une mdecinecrole pan-carabe et nous tenterons demontrer dans les lignes qui suivent qu'elleconstitue un ensemble cohrent tant surle plan des principes qui la rgissent quesur celui de la composition de

    40 Pharmacopestraditionnelles en Guyane

  • sa pharmacope. Cette mdecinerecouvre j'aire crolophone de l'Amriquetropicale avec les particularits propres chacune des socits croles anglaises,espagnoles, portugaises ou franaises.En Guyane, le dveloppementd'une mdecine populaire crole an tilla-guyanaises'est trouv renforc et singularis parune srie de mouvements d'immigration:

    .. arrive massive de Sainte-Luciensparticipant la rue vers J'or partir dela fin du XIXe sicle puis qui se dispersentdans l'intrieur o Jeur influence est souventaujourd'hui encore prpondrante comme Sal et Saint-lie;

    .. immigration de trs nombreuxMartiniquais au dbut du Xxe sicle,lors de l'ruption de la Montagne Pele;

    .. immigration d'Hatiens partir de 1970.Ces derniers, bien que souvent encorednigrs, n'en passent pas moins aux yeuxde nombreux Croles comme les dtenteursd'une tradition plus authentique etcertains d'entre eux ont rapidement acquisune solide rputation de gurisseur(TAVERNE, 1996). En revanche, leur influencesur la pharmacope semble relativementrduite;

    .. plus rcemment encore de nouvellesinfluences se font jour en provenancede Guyana, du Surinam et du Brsil ;les pharmacopes de ces trois paysprsentent de relles affinits aveccelles de la Guyane (WESSELS BOER et al.,1976; VAN DEN BERG, 1982 ; VERNON, [990 ;VAN ANDEL, 2000) et leur influence mriteraitcertainement une investigation particulirecommune par commune.Cependant l'isolement dans lequelse trouvaient, depuis leur formationau XIXe sicle jusqu'aux annes 1970,la plupart des communes, a favorisla permanence de traditions plusspcifiquement guyanaises, prservesdes influences antillaises et occidentales.Dans ces villages, les traditions oralesremontent souvent l'poquedes plantations (JOUVET, 1979).La marque des communauts de NoirsMarrons et d'Amrindiens voisinsy est souvent plus sensible quedans la rgion de Cayenne.

    Du fait de l'limination rapide des populationsamrindiennes aux Antilles, l'apportde ces dernires la culture et la mdecinecroles antillaises fut assez limit.En Guyane, l'influence amrindienne estplus manifeste; elle se poursuit denos jours - mais cette fois sous formed'changes - en particulier dansles rgions o Croles et Amrindiensse ctoient: Maripasoula, Saint-Georgesde l'Oyapock, Iracoubo, Ouanary..La mdecine crole guyanaise prsentedonc des variantes locales plus ou rnoinsmarques, dues des diffrences desituation gographique et historique.Quelques exemples illustrerontces diffrences locales:Nous avions choisi cornrne prernier terraind'enqute, le village de Sal, isol en pleincur de la fort guyanaise. Nous esprions,auprs des habitants, alors orpailleurs,qui ctoient tous les jours la fort surleurs abattis ou leurs placers, renoueravec une tradition mdicale guyanaisequi devait ici, selon nous, se perptuer.En fait, 70 % des remdes recueillis sontdes remdes antillais prpars partirde plantes souvent introduites de l'lede Sainte-Lucie dont beaucoup d'habitantsde Sal sont originaires. C'est ainsi quenous avons retrouv l d'anciennes croyancesantillaises parfaitement conserves, cornmecelle qui veut que l'on se protgedes hmorrodes en portant dans la pochede son pantalon certaines grosses grainesde lgumineuses du genre Mucuna ou Parkia(DESCOURTILZ, 1827)Un autre exemple des variations localesde la pharmacope crole est fourni parla liane amre; suivant les rgions de Guyane,ce norn dsigne deux espces diffrentes.Dans la rgion de Saint-Georges commeaux Antilles, on regroupe sous ce nomplusieurs espces du genre Aristolochia,auxquelles on attribue des propritsantidiabtiques et stimulantes.Dans les rgions de Cayenne etde Sinnamary, il est appliqu une lianecultive fort sernblable la prcdentemais botaniquement diffrente. Cette lianefleurit rarement et son identificationa soulev de srieuses difficults.

    les mdecines 4 lcroles, waypi, palikur .

  • Cependant, nous avons, grce aux collectionsd'herbier, pu l'identifier; il s'agitde Tinospora crispa (Mnispermacesl,introduite d'Extrme-Orient3

    Les plantesmdicinaleset leurs nomscroles

    Nous avons relev 257 plantes mdicinalesutilises par les populations croles deGuyane. La majorit d'entre elles sontdes plantes rudrales ou cultives(58 %) ; encore ce chiffre ne reflte-t-ilpas totalement leur importance relle dansla pharmacope En effet, nous n'avons pasmentionn les lgumes tels tomate, cive,oignon, etc., pour lesquels nous avons notquelques usages mdicinaux;ces usages relvent notre sens davantaged'une phytothrapie ou d'une dittiqueindividuelle sans lien avec un fond culturel,que d'un savoir traditionnel Les plantesrudrales se rencontrent aussi bien enGuyane qu'aux Antilles et dans d'autrespays tropicaux et sont souvent cultivesautour de la case, dans les jardins.Les Croles sont profondment lis leur commune ou leur habitation isoled'origine; les drogues'Ies plus usitesseront donc les plus accessibles etles plus familires, appartenantessentiellement des milieux ouvertsou secondariss (yanmans), et c'est avecles herbes des chemins ou les plantesspontanes des abattis, les radis commeon les appelle, que l'on prpare les tisaneshabituelles. Radi qui peut parfois seprononcer razi, drive du vieux franais halliers , mot d'origine germanique,dsignant les lieux anciennement dfrichset qui sont recouverts de broussailles(LllTR, 1964) On rencontre dans la littraturedes formes intermdiaires, telles que azierou raguet (HECKEL, 1897)La plupart de ces plantes sont utilisescomme remde par les Croles des autrespays de la Carabe. Elles figurent dansles diffrents relevs ethnobotaniques

    42 Pharmacopestraditionnelles en Guyane

    publis sur ces pays Sur 163 plantesmdicinales releves par BOUGEROL (1978)dans une locallt de Guadeloupe, 143 sontaussi utilises comme remde en Guyane;102 plantes sur les 186 cites par WONG(1976) pour Trinidad ont le mme nomcrole et le mme usage que ceux quenous avons relevs en Guyane.En contrepartie, les plantes de fort citesdans le prsent ouvrage sont d'un usagegnralement limit. Elles sont rcoltes j'occasion d'une partie de chasse, ou surle chemin de l'abattis.Il est aussi possible de distinguer,dans la composition floristique de cettepharmacope, la part due chacunedes trois influences historiquesenvisages plus haut.Les premiers voyageurs et les premierscolons, pour lutter contre les nombreusesmaladies qui les assaillaient, faisaientlargement appel aux simples. Ils tentrenten premier lieu de naturaliser les plantesmdicinales europennes ou d'autresrgions tropicales, les plus utiles leurs yeux. Ainsi s'expliquent peut-trela large diffusion et la renomme du cacapoule (Catnarantn~ls roseus, Apocynaces)originaire de Madagascar, connudes navigateurs pour ses vertusanorexiantes. Cette proprit rendait degrands services aux diabtiques qui enmchaient la racine (BOITEAU, 1972) ,cet usage s'est maintenu jusqu' nos joursdans la mdecine crole antillo-guyanaise.Les colons des XVIIe et XVIIIe sicles furentaussi conduits comparer les planteseuropennes, mdicinales ou non, aveccelles qu' iIs dcouvraient. attri buantaux secondes le nom et les usagesdes premires (LE Roux, 1994); c'estle cas par exemple de la mlisse (Hyptis(a nceo(ata , Lamiaces) ou encoredu coquelicot (Rnyncnantnera gra ndif/ora ,Mlastomataces) cette dernire espce,sous-arbrisseau fleur violette tantemploye comme bchique et pectorale,on lui attribua, pour ses usages identiques,le mme nom que l'espce europenne,

    3. Il s'est agi des premirescollections de cette espce pourl'ensemble des Caraibes ; elle a sansdoute t introduite relativementrcemment en Guyane. d'o elle diffuse(voir cette plante Mnlspermaces).

  • et saramaka) ou encore de la languevhiculaire du Surinam, le sranan tongo(appeJe localement taki-taki) c'est le casde django, Vataireopsis surinamensis ou encorede do&ouldoi, Strychnos erichsonii ..La pharmacope crole s'est doncconstitue par intgration successived'apports dus aux autres communautsde Guyane. Cependant, certaines phasesdu processus historique qui mne la formation de la culture crole ont tpropices l'acquisition des connaissancessur le milieu guyanais. la socit crole,si elle est ne dans le creuset de l'esclavage,ne s'panouit qu' partir de l'mancipation(JOLIVET, 1982). En Guyane, contrairement ce qui se passa dans les coloniesantillaises, les grandes plantations nesurvcurent pas l'mancipation L.:esclavelibr se tourna alors rsolument versla ralisation du contraire de l'esclavagevcu fuir la coercition et l'ancienneplantation esclavagiste. Ces nouveauxpaysans se dispersrent alors en petitesunits familiales, bases sur la culture surbrlis (a&attisJ, le manioc reprsentant poureux, l'instar des Amrindiens, la plantenourricire. C'est dans leur isolementau sein de la fort guyanaise queles communauts rurales faonnrentles traits les plus originaux de la culturecrole et dcouvrirent celles des droguesqui semblent spcifiques leurpharmacope Ainsi l'emploi d'espcesdes genres Quarari&ea (Bombacaces) etSterculia (Sterculiaces) dans la prparationde jus de tabac renifler est limitaux populations afro-amricaines,Croles et Noirs Marrons.Directement lie au thme gnraJ del'emprunt successif, la nomenclaturecrole des noms de plantes soulveplusieurs difficults.Lorsqu'il n'emprunte pas, le croleassocie un terme de base gnralementmorphologique un dterminant dcrivantun caractre particulier propre la plante.radi la fivre, &ois pian, graine en &as feuille, etcCes noms donnent lieu de nombreusesvariantes que le locuteur adopterasuivant son inspiration ou la personne qui il s'adresse. Ainsi s'adressant un Europen, tel Crole prfrera employerle nom d'her&e sang celui de radi sang,

    belle fleur rouge estivale des champsPlus tard, les esclaves noirs agirent d'autantplus facilement selon le mme principe,qu'ils retrouvaient une flore tropicale quileur tait familire. Ils rencontrrent soitles mmes plantes - le fromager sacr ou le Senna alata connu partout dansle monde tropical pour ses propritsen dermatologie -, soit des plantesdiffrentes de celles d'Afrique mais occupantune place homologue dans J'cosystmenotropical, ce qui favorisades transpositions de nom et d'usagedes unes sur les autres c'est le casdu kyo-kyo (prononc aussi tyo-tyo) quidsigne en Guyane l'huile que l'on tiredu palmier Astrocaryum vu/gare, mot yoroubaappliqu dans cette langue J'huilede Elaeis guineensis. L.:tude des racinesafricaines dans les croles et les langues&ushi nenge de la zone francophone- la diffrence des pays anglophones(ALLSOPP, 1996) - reste largement aborderet en particulier celle du vocabulairedsignant la flore et la faunePlusieurs indices nous inclinent penserque les langues bantoues ont pesd'un poids tout aussi important queles langues akan, ewe et yoroubadans cette gnseLa contribution amrindienne la pharmacope crole est plus importantequ'il n'y parat Des noms de plante peu oupas modifis, tmoignent souvent de cetteorigine' carapa, gnipa, simarouba.Parfois l'origine amrindienne est plusdifficile dceler (cf. l'tymologie demadlom, nom crole de Euphor&ia hirta,Euphorbiaces). Ces emprunts proviennentde trois familles linguistiques, karib, arawaket tupi-guarani avec une dominante trsnette pour la premire.Enfin, l'accroissement des changesintercuJturels entre les Croles etles communauts de Noirs Marrons favorisel'enrichissement de la pharmacope croleguyanaise. Ces derniers souvent perusaux yeux des Croles comme de grandsgurisseurs, les drogues d'introductionrcente leur sont le plus souventempruntes; Je nom de la plante est alorsissu, de faon plus ou moins altre, de['une des trois langues des Noirs Marronsparles en Guyane (aluku, ndjuka-paramaka

    Les mdecinescroles, waypi, palikur 43

  • l'emploi d'un terme plus patoisantpassant ses yeux comme dvalorisant.Cette mme plante sera dsigne: fJerbesang, radi sang, fJerbe di vin ou radi di vin. noter que le terme de base fJerbe ou zerbest surtout employ par les Croles antillais.Le dterminant peut aussi varier:une mme plante peut tre nomme radisang ou radi di vin (ou du vin), par associationdes couleurs, avec le risque de multiplier l'envi les espces reconnues localement.Cette variabilit des noms de planterenvoie une caractristique plus gnralede la langue crole, langue en perptuelleformation, qui s'enrichit de l'inventionindividuelle. Comme tous les autrespeuples, mais peut-tre davantage,le Crole bricole sans cesse sa langue,non sans humour, et ses trouvailles, qu'ilpuise dans l'imaginaire collectif, sontaussitt rptes par d'autres; ainsi sefixent dans la mmoire crole autantde noms imags, tels tt ng, caca cfJien,zieu bourrique ... Les problmes que soulvel'criture des noms croles de planteset les solutions que nous avons adoptesdans ce travail sont dtaills dansle sous-chapitre consacr l'crituredes noms vernaculaires.

    a lques#

    e a eetces

    e la ma adiLes pratiques mdicales et les conceptionsqui rgissent la mdecine crole formentun ensemble cohrent qui permet ausside la distinguer des autres mdecinespopulaires de Guyane relevant desystmes sociaux diffrents.Nous traiterons ici essentiellement dela mdecine par les plantes qui estle domaine de connaisseurs, femmesd'abord, hommes ensuite, qui dispensentleurs soins avec dsintressement. La vented'un remde peut d'ailleurs porter malheur.En revanche nous n'aborderons que trssuccinctement (cf infra) les activits demagie ou de sorcellerie pratiques parles quimboiseurs ou les gados.

    De prime abord, la mdecine crole semblerelever de principes assez simples. Oncherchera laver le sang et, par un largeusage des purgatifs, dbarrasser le corpsdes humeurs malignes. Mais il faut segarder de vouloir poursuivre une approchede la mdecine empirique en nous entenant des concepts inspirs par notremdecine occidentale. Il convient des'interroger sur Je sens rel du symptmeet de la thrapeutique dcrite, d'autant plusque "enquteur peut aussi se laisser abuserpar l'emploi d'un vocabulaire franais dontle sens en crole est diffrent. Un glossairedes principaux termes mdicaux crolesest prsent dans le tableau I.

    e s nd 0 eu c a d t oi

    De l'examen plus attentif du discoursmdical populaire crole, se dgagentun certain nombre d'ides fortes: J'idede base est que le corps humain prsenteun tat d'quilibre thermique qu'il fautprserver; chacun sait en Guyane qu'ilest imprudent d'ouvrir un rfrigrateuraprs avoir repass du linge! Cette notionde prcaution, qui a autant une valeurthique qu'hyginique est essentielle pourla comprhension de la mdecine crole(VILAYLECK, 2002). En passant d'un tatchaud un tat froid ou inversement. onaltre l'quilibre thermique du corps et.suivant l'ampleur de ce dsquilibre, ilen rsultera un tat pathologique plus oumoins grave. On pourrait citer bien d'autresex