petit dictionnaire de citations

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BRIBES petit dictionnaire de citations compilé par Jean-Louis MOREL

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  • BRIBES

    petit dictionnaire de citations

    compil par

    Jean-Louis MOREL

  • Avant-proposIl est des esprits voyageurs qui aiment parcourir les livres eten rapportent le souvenir de tout ce quils ont lu.Ceux-l doivent, comme Bayle, composer des dictionnaires, desrecueils, etc.

    J. Joubert.

    Jai la bonne habitude, depuis fort longtemps, de reprer les passages qui mintressent dans toutes meslectures. Presque tous les livres de ma bibliothque sont munis dune fiche sur laquelle figure les numrosdes pages remarquables suivis chacun dun mot qui en rappelle le sens.

    partir de fvrier 1995 jai commenc entrer ces bribes de textes dans des fichiers informatiquesen les classant daprs leurs mots-clefs. Les rapprochements et les collisions qui ont rsult de cette m-thode de classement mont surpris et mont encourag continuer. Ces fichiers, traduits en pages HTML,constituent le petit dictionnaire de citations BRIBES accessible sur internet ladresse suivante :

    http://www.bribes.org/

    Ce site a t cr le lundi 2 juin 1997.Pour obtenir une version papier de bonne qualit, disponible pour toutes les plates-formes informa-

    tiques, les fichiers originaux ont t traduits dans le fichier PDF que vous tes en train de lire.La mise en page et la cration de lindex ont t engendres automatiquement par le programme LaTeX(merci toute la communaut TeX et Don Knuth en particulier).

    Hormis les classiques franais, qui sont dans le domaine public, les textes dont sont extraites ces bribessont protgs par la loi du copyright. Cette loi autorise les courts extraits pour analyse et les citationsdans un but dexemple et dillustration, pourvu que les rfrences lauteur et luvre soient clairementindiques.

    Je ne crois pas avoir drog ces rgles dans le prsent dictionnaire. En plaant ces bribes sur le Webmon but nest nullement de nuire qui que ce soit, mais plutt, mon humble niveau, de promouvoir lalecture et le franais sur lInternet. Donc, si un auteur ou lun de ses ayants droit sestimait ls, quil mecontacte : je supprimerai, sa convenance, tout ou partie du matriel expos le concernant.Ce fichier BRIBES53.PDF est la version 53 du lundi 10 mars 2003.Pour une nouvelle version, connectez-vous sur internet ladresse suivante :

    http://www.bribes.org/intro.shtml

    Ce fichier PDF peut tre diffus librement condition que ce soit gratuitement et quil ny soit apportaucune modification.

    J-L MOREL

    Email : [email protected]

    Copyright 1997-2003 J-L. Morel

  • ABSURDE 3

    ABSURDEBlaise PASCAL / Penses / uvres compltes / Bibliothque de la Pliade / nrf Gallimard 1954

    Pourquoi ma connaissance est-elle borne ? ma taille ? ma dure cent ans plutt qu mille ? Quelleraison a eue la nature de me la donner telle, et de choisir ce nombre plutt quun autre, dans linfinitdesquels il ny a pas plus de raison de choisir lun que lautre, rien ne tentant plus que lautre? < 89 p.1113 >

    Friedrich NIETZSCHE / Humain, trop humain. (1878-1879) / uvres I / Robert Laffont - Bouquins1990

    Tir de lexprience. Labsurdit dune chose nest pas une raison contre son existence, cen est pluttune condition. < 515 p.662 >

    ACADMIEFriedrich Melchior baron de GRIMM / Correspondance littraire, philosophique et critique (tome 1) /

    Garnier frres 1877 [BnF] Voltaire, pressant M. de Fontenelle de lui donner sa voix pour lAcadmie : "Il faut attendre, lui rponditFontenelle. Mais que diriez-vous labb Le Blanc sil vous faisait la mme demande? ajouta Voltaire. Je lui dirais desprer", rpartit Fontenelle. Il faut observer que Voltaire mit labb Le Blanc commelhomme de la littrature franaise quil mprisait le plus. < p.77 >

    Lordan LARCHEY / LEsprit de tout le monde - Joueurs de mots (1891) / Berger-Levrault 1892 PIRONDe son temps comme du ntre, la salle des sances publiques de lAcadmie se trouvait souvent trop petite.On faisait queue la porte, et Piron, confondu parmi les simples mortels, ne se montra pas un jour des pluspatients : Vraiment, cria-t-il, il est plus difficile dentrer ici que dy tre reu.Le mot serait plus piquant si Piron navait pas chou dans sa candidature.Elle est classique, cette autre pointe faite en passant dans la cour du Louvre, devant la salle des sances delAcadmie : Tenez ! voyez-vous, ils sont l quarante ayant de lesprit comme quatre. < p.186 >

    Lordan LARCHEY / LEsprit de tout le monde - Riposteurs (1893) / Berger-Levrault 1893 Pourquoi ne pas vous prsenter lAcadmie? disait-on Mably. Si jen tais, on pourrait stonner. Jaime mieux entendre dire : Pourquoi nen est-il pas ! < p.50 >

    Tout en rendant justice au talent de Zola, Aurlien Scholl ne peut supporter le mot m.... si hroquementimprim dans ses romans, et il semble avoir prvu ds 1887, son entre lInstitut lorsquil crit dans sonParis aux cent coups : On ne peut nommer Zola lAcadmie, il faudrait percer le fauteuil. < p.240 >

    Charles-Augustin SAINTE-BEUVE / Mes Poisons / Collection Romantique / Jos Corti 1988 Victor Hugo est de lAcadmie. Allons, allons, cest bien : lAcadmie a besoin de temps en temps dtredflore. < p.52 >

    Le choix dAncelot lAcadmie na t quignoble ; celui de Balzac serait immonde. < p.53 >

  • 4 ACADMIE

    Victor HUGO / Choses vues / Histoire / uvres compltes / Robert Laffont - Bouquins 1987

    Lautre jeudi, lAcadmie, M. Ancelot disait ce quatrain :Jai jou, je ne sais plus oSur un billard dtrange sorte.Les billes restent la porteEt la queue entre dans le trou.

    Cela faisait rire ceux que le dictionnaire ne faisait pas biller. < 31 novembre 1846 p.614 >

    Il arriva un jour lAcadmie quun copiste malhabile, charg de fournir des exemples donna celui-ci,tir, disait-il, de Regnard (Le Joueur) :

    Je me mettrais en gage mon besoin dargent.L-dessus, la commission du Dictionnaire bcla une thorie pour dmontrer comme quoi la locution taitexcellente, et neuve, et faisait partie des originalits de la langue franaise. LAcadmie tait en traindapprouver le rapporteur M. Patin, lorsquun membre (M. Ancelot) fit remarquer que Regnard navait pascrit un mot de cela, et que le texte tait, Le Joueur, acte II, scne ix :

    Je me mettrais en gage en un besoin urgent.Sur cette nippe-l vous auriez peu dargent.

    Un peu plus, la chose tait dans le dictionnaire avec la manire de sen servir. < Sance du jeudi 24 dcembre 1846 p.684 >

    Le prtendu dictionnaire historique de la langue que fait en ce moment lAcadmie est le chef-duvrede la purilit snile. < 13 aot 1847 p.644 >

    Edmond et Jules de GONCOURT / Journal (t.1) / Robert Laffont - Bouquins 1989 Preuve en faveur du rien que peuvent les assembles, les compagnies, les socits, pour les travaux,dcouvertes, etc., toutes les grandes choses de la pense ou de la volont : lAcadmie franaise ! peineun dictionnaire ! < 20 fvrier 1860 p.536 >

    Edmond et Jules de GONCOURT / Journal (t.2) / Robert Laffont - Bouquins 1989 Comme cette fois-ci, ctaient deux potes qui se prsentaient en mme temps lAcadmie, lun quisappelle Autran, lautre Thophile Gautier, et que lAcadmie a choisie Autran, ma conviction absoluesans appel, est que lAcadmie est compose en majorit de crtins ou de vritables malhonntes gens : jela laisse choisir. < 6 mai 1868 p.149 >

    Henry MARET / Penses et opinions / Paris, Flammarion 1903 [BnF] Quelle drle dide a lAcadmie de recevoir de temps en temps des hommes desprit ; cela les dpayseet ils ne font plus rien qui vaille. < p.233 >

    douard LOCKROY / Au hasard de la vie / Paris Grasset 1913 [BnF] On raconte quAlfred de Musset ne venait que de loin en loin lAcadmie. En entrant, il demandait Pingard : M. Victor Hugo est-il venu lAcadmie aujourdhui?Et quand Pingard lui rpondait non : Alors, reprenait Musset, il ny a personne. Je men vais.L-dessus, il tournait les talons et rentrait chez lui. < p.281 >

  • ACADMIE 5

    Henry BECQUE / Souvenirs dun auteur dramatique / Bibliothque artistique et littraire 1895 [BnF] Le malheur de lAcadmie est dtre un corps inutile, qui ne confre quun titre inutile, et que la vanitseule fait rechercher. < p.123 >

    Anatole FRANCE / Le jardin dpicure (1894) / Calmann Lvy, Paris 1895 [BnF] Les vieillards tiennent beaucoup trop leurs ides. Cest pourquoi les naturels des les Fidji tuent leursparents quand ils sont vieux. Ils facilitent ainsi lvolution, tandis que nous en retardons la marche enfaisant des acadmies. < p.150 >

    Paul-Jean TOULET / Monsieur du Paur homme public / uvres compltes / Robert Laffont - Bouquins1986

    Je voudrais [...] tre de lAcadmie pour en dire du mal. Car se moquer dun salon o lon nest pas reu,a na pas lair trs sincre ; mais quand on en est, et surtout que le matre de la maison est un cardinal mortil y a longtemps, on peut sen donner cur joie ; < p.254 >

    Georges DARIEN / La Belle France (1900) / Voleurs ! / Omnibus Presses de la Cit 1994 "LAcadmie est un salon." LAcadmie nest pas un salon ; cest une bourriche. part Anatole France,dou dun haut talent, et deux ou trois autres qui, sans grandes ides, ncrivent pas positivement mal, ilny a l quune collection dhutres ; et dhutres contamines."Nous sommes des honntes gens." Vous ntes pas des honntes gens ; vous tes de glorioleuses canailles.Et ce serait un bonheur pour le pays que la disparition de cet antre de la sottise servile, du pdantismehypocrite, lche et froce de ce conservatoire de la cruelle et ridicule vanit nationale. < p.1203 >

    Lon DAUDET / Le stupide XIXe sicle (1922) / Souvenirs et polmiques / Robert Laffont - Bouquins1992

    Jai assist de prs de nombreuses brigues pour lAcadmie franaise et pour lAcadmie des scienceset jen ai conserv la fois un souvenir amus et cur. Il est tonnant que des hommes dun certain geet dun certain poids se soumettent daussi humiliantes dmarches, ou acceptent dtre confondus avec latourbe de faux lettrs et de faux savants qui encombre ces prtendus sanctuaires des Lettres et des Sciences.Une fois admis, aprs bien des rebuffades, et pleins de rancur, ces gens de valeur prennent en grippe lescollgues qui les ont ainsi humilis et ne songent plus qu se venger deux, ou susciter des candidatsquils pourront, leur tour, brimer et molester. Do un sadisme snilo-acadmique qui mriterait une tude part. < p.1279 >

    Emil CIORAN / Carnets 1957-1972 / nrf Gallimard 1997 Hier, lection dEugne [Ionesco] lAcadmie. Il ma dit, terrifi : "Cest pour toujours, pour lternit." Je le rassure : "Mais non, pense Ptain, Maurras, Abel Hermant et quelques autres. Ils en furentchasss. Tu auras peut-tre aussi loccasion de commettre quelque acte de trahison." Lui : "Il y a doncde lespoir." < 23 janvier 1970 p. 787 >Paul MORAND / Journal inutile 1968-1972 / nrf Gallimard 2001

    Lorsque le Dictionnaire de lAcadmie en arrivera au mot Vertu, je ne serai plus de ce monde. Jeudiprochain, nous serons au mot Cul. < 15 novembre 1971, p.616 >

    Que le bel uniforme vert (me disais-je hier, en regardant lInstitut) cache de jambes mcaniques, deceintures herniaires, de fausses dents et de tibias dmontables... < 17 novembre 1972, p.828 >

  • 6 ACTION

    Pierre DESPROGES / Vivons heureux en attendant la mort / Ed. du Seuil 1983

    Quand ils ont fini dcrire des conneries dans le dictionnaire, quoi servent les acadmiciens? rien. rien du tout. Non mais regardez-les ! Voyez ces tristes spcimens de parasites de la socit qui trmoussentsans vergogne leur arrogance de nantis sur les fauteuils vermoulus de lAcadmie franaise. Voyez-lesglandouiller sans honte lheure mme o des millions de travailleurs de ce pays suent sang et eau dans nosusines, dans nos bureaux, et mme dans nos jardins o dhumbles femmes de la terre arrachent sans gmir la glbe hostile les glorieuses feuilles de scarole destines dcorer les habits verts de ces plsiosauresdiminus qui souillent les bords de Seine du Quai Conti du chevrotement comateux de leurs penses sniles.Navez-vous pas honte, messieurs, de vous commettre ainsi dans cette assemble de vieilles tiges creuses,rien dans la cafetire, tout dans la coupole.Navez-vous pas honte, vos ges, des grands garons comme vous, de vous dguiser priodiquementen guignols vert pomme avec des chapeaux plumes la con et une pe de panoplie de Zorro ? Est-ilDieu possible que des crivains aussi srieux que vous passent leur temps se demander sil y a deux n zigounette? < p.133 >

    Frdric DARD / Les penses de San-Antonio / Le cherche midi diteur 1996

    Victor Hugo, de lAcadmie franaise (on ne le prcise jamais, car lAcadmie nest glorieuse que pourceux qui ne le sont pas). < p.120 >

    Michel AUDIARD / Audiard par Audiard / Ed. Ren Chateau 1995

    Se disant homme dpe mais interdisant les duels, se disant ami des lettres mais fondant lAcadmieFranaise, Armand Jean du Plessis, Cardinal de Richelieu tait un personnage plein de contradictions. < Les Trois Mousquetaires, p.109 >

    ACTION

    MARC-AURLE / Penses / Les Stociens / Bibliothque de la Pliade / nrf Gallimard 1962 Vise toujours la brivet ; brve est la route de la nature, et cest la manire de tout faire et de tout direle plus raisonnablement possible ; un tel propos taffranchit de bien des fatigues, de campagnes militaires,daffaires administratives, du style recherch. < IV (51) p.1168 >

    Ne va pas penser que, si une chose est difficile comprendre pour toi, elle est incomprhensible pour touthomme ; mais si une chose est possible et familire un homme, crois bien aussi que tu peux latteindre. < VI (19) p.1182 >

    Naie pas honte de te faire aider ; car tu te proposes de faire ce qui est utile, comme le soldat lassautdes murs. Quoi donc ! si tu es boiteux et si tu ne peux monter seul au crneau, mais si cest possible, grce un autre? < VII (7) p.1191 >

    Michel de MONTAIGNE / Essais / Garnier 1962

    A chaque minute il me semble que je meschape. Et me rechante sans cesse : "Tout ce qui peut estre faictun autre jour, le peut estre aujourdhuy." < t.1 p.89 livre I chap.XX >

    LA ROCHEFOUCAULD / Maximes / Garnier 1967

    Ceux qui sappliquent trop aux petites choses deviennent ordinairement incapables des grandes. < M 41 p.15 >

  • ACTION 7

    Madame de SABL / Maximes (1678) / Moralistes du XVIIe sicle / Robert Laffont - Bouquins 1992 Les bons succs dpendent quelquefois du dfaut de jugement parce que le jugement empche souventdentreprendre plusieurs choses que linconsidration fait russir. < 24 p.249 >

    Blaise PASCAL / Penses / uvres compltes / Bibliothque de la Pliade / nrf Gallimard 1954

    Raison des effets. - La concupiscence et la force sont les sources de toutes nos actions : la concupiscencefait les volontaires ; la force, les involontaires. < 247 p.1154 >

    Jean de LA FONTAINE / Fables / La Pochothque LdP 2000 Lhomme est ainsi bti : quand un sujet lenflamme,Limpossibilit disparat son me.Combien fait-il de vux, combien perd-il de pas?Soutrant pour acqurir des biens ou de la gloire?"Si jarrondissais mes tats !Si je pouvais remplir mes coffres de ducats !Si japprenais lhbreu, les sciences, lhistoire !"Tout cela, cest la mer boire ;Mais rien lhomme ne suffit :Pour fournir aux projets que forme un seul espritIl faudrait quatre corps ; encor, loin de suffire, mi-chemin je crois que tous demeureraient :Quatre Mathusalems bout bout ne pourraientMettre fin ce quun seul dsire. < Livre huitime, XXV Les deux chiens et lne mort p.508 >

    Jean de LA BRUYRE / Les Caractres / uvres / Bibliothque de la Pliade / nrf Gallimard 1951 Celui qui, log chez soi dans un palais, avec deux appartements pour les deux saisons, vient coucherau Louvre dans un entresol nen use pas ainsi par modestie ; cet autre qui, pour conserver une taille fine,sabstient du vin et ne fait quun seul repas nest ni sobre ni temprant et dun troisime qui, importundun ami pauvre, lui donne enfin quelque secours, lon dit quil achte son repos, et nullement quil estlibral. Le motif seul fait le mrite des actions des hommes, et le dsintressement y met la perfection. < p.104 II (41) >

    Charles DUFRESNY / Amusements srieux et comiques (1698) / Moralistes du XVIIe sicle / RobertLaffont - Bouquins 1992

    Les jeunes gens disent ce quils font, les vieillards ce quils ont fait, et les sots ce quils ont envie defaire. < p.1028 >

    Pierre-Augustin Caron de BEAUMARCHAIS / Le Barbier de Sville (1775) / uvres compltes /Firmin-Didot 1865

    [...] la difficult de russir ne fait quajouter la ncessit dentreprendre. < Acte I scne vi p.82 >

    Antoine de RIVAROL / Esprit de Rivarol [uvres diverses] / Paris 1808 [BnF cote Z-24383] Mirabeau, capable de tout pour de largent, mme dune bonne action. < Anecdotes et bons mots p.150 >

    Cest un terrible avantage que de navoir rien fait, mais il ne faut pas en abuser. < Anecdotes et bons mots p.163 >

  • 8 ACTION

    Joseph JOUBERT / Carnets / nrf Gallimard 1938-1994 Faire davance un plan exact et dtaill, cest ter son esprit tous les plaisirs de la rencontre et dela nouveaut dans lexcution de louvrage. Cest se rendre soi-mme cette excution insipide et parconsquent impossible dans les ouvrages qui dpendent de lenthousiasme et de limagination. Un pareilplan est lui-mme un demi-ouvrage. Il faut le laisser imparfait si on veut se plaire. < 6 aot 1798 t.1 p.247 >

    Il faut, quand on agit, se conformer aux rgles, et quand on juge avoir gard aux exceptions. < 6 mai 1799 t.1 p.295 >

    La facilit est ennemie des grandes choses. < 1 juin 1806 t.2 p.121 > Il y a une infinit de choses quon ne fait bien que lorsquon les fait par ncessit. < 26 novembre 1809 t.2 p.300 >

    CHAMFORT / Maximes et Penses, Caractres et Anecdotes / Garnier-Flammarion 1968 La vie contemplative est souvent misrable. Il faut agir davantage, penser moins, et ne pas se regardervivre. < 341 p.127 >

    Benjamin FRANKLIN / Mlanges de Morale, dconomie et de Politique (t.1) / Paris, J.Renouard 1826[BnF] Le bonhomme Richard conseille la circonspection et le soin, par rapport aux objets mme de la pluspetite importance, parce quil arrive souvent quune lgre ngligence produit un grand mal. Faute dunclou, dit-il, le fer dun cheval se perd ; faute dun fer, on perd le cheval ; et faute dun cheval, le cavalierlui-mme est perdu, parce que son ennemi latteint et le tue ; et le tout pour navoir pas fait attention unclou au fer de sa monture. < La science du bonhomme Richard, 1757 p.135 >

    Johann Wolfgang von GOETHE / Maximes et rflexions / Paris, Brokhauss et Avenarius 1842 [BnF] Il vaut mieux faire la chose la plus insignifiante du monde, que de passer une demi-heure sans rien faire. < p.135 >

    Jean de LA FONTAINE / Fables / La Pochothque LdP 2000 Une montagne en mal denfantJetait une clameur si haute,Que chacun au bruit accourantCrut quelle accoucherait, sans faute,Dune cit plus grosse que Paris :Elle accoucha dune souris. < Livre cinquime X La montagne qui accouche p.288 >

    Charles-Maurice de TALLEYRAND-PRIGORD / La confession de Talleyrand [Ana] / Paris, L.Sauvaitre1891 [BnF] Il y a des montagnes qui accouchent dune souris, et dautres qui accouchent dun volcan. < p.26 >

    Victor HUGO / Philosophie prose / Ocan / uvres compltes / Robert Laffont - Bouquins 1989 Les grandes choses sont faites pour enfanter les petites et les petites pour engendrer les grandes. Lamontagne produit une souris ; le polype btit un promontoire. < 1840 p.84 >

    Georg Christoph LICHTENBERG / Aphorismes / Collection Corps 16 - ditions Findakly 1996 Il y a des gens pour croire sens tout ce quon fait en prenant un air srieux. < p.31 >

  • ACTION 9

    Je crois que si lon veut construire sur du sable, autant que ce soient des forteresses plutt que deschteaux de cartes. < p.34 >

    Le penchant quont les hommes tenir pour importantes des vtilles na pas manqu davoir de trsgrandes consquences. < p.57 >

    Pierre Franois LACENAIRE / Mmoires / Jos Corti 1991 Lhomme indcis sur une action quil mdite, attend souvent un exemple qui lencourage ; quelque enviequil ait de la faire, il ne veut pas tre le premier, il attend quon lui ouvre le chemin. Aussi voyez, examinez,dans la socit, un acte de bienfaisance succde un acte de bienfaisance, un duel un duel, un suicide un suicide, un crime un crime. Lhomme est imitateur ; confrontez attentivement les registres de la policeavec ceux de la cour dassises. et vous verrez que lassassinat nest jamais plus frquent que lorsquonvient de condamner un homme pour assassinat ; six mois passs sans meurtre, il faut une me forte pouren commettre un ; il montre lexemple, on le suit ; combien qui nattendaient que cela pour se dcider. Ensortant de la cour dassises, on est toujours plus dispos commettre un crime quen y entrant. Il y a ce jene sais quoi qui diminue lhorreur du crime, en voyant le criminel fait comme un autre homme, lui que lonstait peint comme un monstre ; un je ne sais quoi qui fait quon ny trouve plus autant de rpugnance, et silaccus est ferme, quel encouragement ! Je serai comme lui, se dit-on ; ne suis-je pas homme comme lui?On shabitue cette ide, on ne la chasse plus ; et si le criminel vient dmontrer que cest la socit quia tort avec lui, chacun se dit : Elle a tort aussi avec moi ; pourquoi la mnagerais-je plus que lui? pourquoicraindrais-je plus que lui? Tout cela est dans lhomme ; osez me dire que non, je vous dirai que vous ne leconnaissez pas. < p.113 >

    Alphonse KARR / En fumant / M. Lvy frres 1862 Un philosophe... chinois : "Faites ce que vous voulez avoir fait, avant ce que vous avez envie de faire". < p.54 >

    Jules RENARD / Journal / Robert Laffont - Bouquins 1990 Le peintre qui sapprte peindre le soleil fait des thories, et, quand il veut commencer, le soleil nestplus l. < 22 janvier 1893 p.116 > Si tu as plusieurs cordes ton arc, elles sembrouilleront, et tu ne pourras plus viser. < 8 dcembre 1896 p.284 >

    Friedrich NIETZSCHE / Humain, trop humain. (1878-1879) / uvres I / Robert Laffont - Bouquins1990

    chelle de mesure pour tous les jours.On se trompera rarement si lon ramne les actions extrmes la vanit, les mdiocres lhabitude et lesmesquines la peur. < 74 p.484 >

    Dfaut principal des hommes daction.Cest le malheur des gens daction que leur activit est toujours un peu irraisonne. On ne peut, par exemple,demander au banquier qui amasse de largent le but de son incessante activit ; elle est irraisonne. Les gensdaction roulent comme la pierre, suivant la loi brute de la mcanique. - Tous les hommes se divisent, entout temps et de nos jours, en esclaves et libres ; car celui qui na pas les deux tiers de sa journe pourlui-mme est esclave, quil soit dailleurs ce quil veut : homme dEtat, marchand, fonctionnaire, savant. < 283 p.592 >

    Comment on gagne les gens courageux.On amne les gens courageux une action en la leur exposant plus prilleuse quelle nest. < 308 p.599 >

  • 10 ACTION

    Truc de prophte. - Pour deviner lavance les faons dagir dhommes ordinaires, il faut admettre quilsfont toujours la moindre dpense desprit pour se librer dune situation dsagrable. < 551 p.667 >

    Friedrich NIETZSCHE / Aurore. (1881) / uvres I / Robert Laffont - Bouquins 1990 Cela aussi est hroque. Faire les choses les plus dcries, celles dont on ose peine parler, mais quisont utiles et ncessaires, cela aussi est hroque. Les Grecs nont pas eu honte de compter parmi lesgrands travaux dHercule le nettoyage dune curie. < 430 p.1159 >

    tre dupe. Ds que vous voulez agir, il vous faut fermer les portes du doute, disait un hommedaction. Et ne crains-tu pas, de cette faon, dtre dupe? rtorqua un contemplatif. < 519 p.1187 >

    Friedrich NIETZSCHE / Par-del le bien et le mal (1886) / uvres II / Robert Laffont - Bouquins 1990 [...] presque tout ce qui intresse et sduit les gens dun got assez fin et dlicat, et les natures suprieures,lhomme moyen ny trouve "aucun intrt" ; et sil remarque malgr tout quon se dvoue ces choses, ilappelle cela de lesprit dsintress et stonne quil soit possible dagir de cette faon. < 220 p.668 >

    Quel ennui ! Cest toujours la mme histoire ! Quand on a fini de construire sa maison, on remarquequon a, sans sen rend compte, appris en la btissant une chose quil aurait absolument fallu savoir avant de commencer. Lternel et douloureux "trop tard !" mlancolie de tout ce qui est achev... < 277 p.724 >

    Jean COCTEAU / Le Rappel lordre / Romans, Posies, uvres diverses / La Pochothque LdP 1995 La source dsapprouve presque toujours litinraire du fleuve. < p.430 >

    Alphonse ALLAIS / se tordre (1891) / uvres anthumes / Robert Laffont - Bouquins 1989 Vous ny allez pas par quatre chemins, vous ! Jamais ! Un seul, cest plus court. < p.42 >

    Anatole FRANCE / Le jardin dpicure (1894) / Calmann Lvy, Paris 1895 [BnF] Lempire nest pas ceux qui veulent tout comprendre. Cest une infirmit que de voir au-del du butprochain. Il ny a pas que les chevaux et les mulets qui il faille des illres pour marcher sans cart. < p.121 >

    Anatole FRANCE / Monsieur Bergeret Paris (1901) / Au tournant du sicle / Omnibus 2000 Je dcouvre sur le tard que cest une grande force que de ne pas comprendre. Cela permet parfois deconqurir le monde. Si Napolon avait t aussi intelligent que Spinoza, il aurait crit quatre volumes dansune mansarde. < 17, p.480 >

    Paul VALRY / Degas Danse Dessin (1936) / uvres II / Bibliothque de la Pliade / nrf Gallimard 1960 Les obstacles sont les signes ambigus devant lesquels les uns dsesprent, les autres comprennent quil ya quelque chose comprendre.Mais il en est qui ne les voient mme pas... < p.1209 >

    Paul VALRY / Tel Quel / uvres II / Bibliothque de la Pliade / nrf Gallimard 1960 Que de choses il faut ignorer pour "agir" ! < p.503 >

  • ACTION 11

    Paul VALRY / Mauvaises penses et autres / uvres II / Bibliothque de la Pliade / nrf Gallimard 1960 Qui veut faire de grandes choses doit penser profondment aux dtails. < p.893 >

    Paul VALRY / Cahiers I / Bibliothque de la Pliade / nrf Gallimard 1973 Ce qui me fait si lent btir, si temporisateur est ltrange manie de vouloir toujours commencer par lecommencement. < Ego p.45 >

    Andr GIDE / Journal 1889-1939 / Bibliothque de la Pliade / nrf Gallimard 1951 Il est extrmement rare que la montagne soit abrupte de tous cts. < p.351 >

    Un chemin droit ne mne jamais quau but. < 28 octobre 1922 p.745 >

    Celui qui agit comme tout le monde sirrite ncessairement contre celui qui nagit pas comme lui. < 27 juillet 1924 p.787 >Andr GIDE / Journal 1939-1949 Souvenirs / Bibliothque de la Pliade / nrf Gallimard 1954

    Lon me reproche ma dmarche oblique... mais qui ne sait, lorsquon a vent contraire, que force est detirer des bordes? Vous en parlez bien votre aise, vous qui vous laissez porter par le vent. Je prends appuisur gouvernail. < 15 janvier 1946 p.287 >Pierre DESPROGES / La seule certidude que jai, cest dtre dans le doute / Ed. du Seuil 1998

    Si lunion fait la force, la force na jamais fait lintelligence. < p.69 >

    ALAIN / Propos I / Bibliothque de la Pliade / nrf Gallimard 1956

    Lunion fait la force. Oui, mais la force de qui? < 10 dcembre 1925 p.666 >

    Le petit mot : "Je ferai" a perdu des empires. Le futur na de sens qu la pointe de loutil. Prendre unersolution nest rien ; cest loutil quil faut prendre. La pense suit. Rflchissez ceci que la pense nepeut nullement diriger une action qui nest pas commence. < 18 juin 1931 p.1021 > Nul ne peut vouloir sans faire. Je nentends pas par l seulement que lexcution doit suivre le vouloir,ce qui est dj une assez bonne maxime de pratique ; jentends que lexcution doit prcder le vouloir.Comment cela ? Rien nest plus simple ni plus ais comprendre si lon considre lhomme tout entier,lhomme dans la situation de lhomme, tel quil est n, tel quil a grandi. Que lhomme agisse avant devouloir, cest ce qui est vident par lenfance. Lhomme nage dans lunivers ds quil y est jet ; et il sytrouve toujours jet, et jamais daucune manire il ne sen peut retirer. Laction relle est donc toujourscommence. Tout le vouloir doit sappliquer ce point o lhomme dj se sauve par les mouvements delinstinct. Lart de naviguer, qui est un des plus admirables, fournit toujours de bonnes comparaisons pourlart de vivre. On sait que le gouvernail ne peut agir si le bateau ne reoit pas une impulsion, soit du vent,soit des rames ; et disons mme que, tant que la coque na pas pris une certaine vitesse par rapport leau,le gouvernail est une chose morte. < 17 avril 1932 p.1075 >

    Emil CIORAN / Syllogismes de lamertume (1952) / uvres / Quarto Gallimard 1995 Point daction ni de russite sans une attention totale aux causes secondaires.La "vie" est une occupation dinsecte. < p.783 >

  • 12 ACTION

    Emil CIORAN / De linconvnient dtre n (1973) / uvres / Quarto Gallimard 1995 Un zoologiste qui, en Afrique, a observ de prs les gorilles, stonne de luniformit de leur vie et deleur grand dsuvrement. Des heures et des heures sans rien faire... Ils ne connaissent donc pas lennui?Cette question est bien dun homme, dun singe occup. Loin de fuir la monotonie, les animaux la re-cherchent, et ce quils redoutent le plus cest de la voir cesser. Car elle ne cesse que pour tre remplacepar la peur, cause de tout affairement.Linaction est divine. Cest pourtant contre elle que lhomme sest insurg. Lui seul, dans la nature, estincapable de supporter la monotonie, lui seul veut tout prix que quelque chose arrive, nimporte quoi. Parl, il se montre indigne de son anctre : le besoin de nouveaut est le fait dun gorille fourvoy. < p.1388 >

    Emil CIORAN / Carnets 1957-1972 / nrf Gallimard 1997

    Faire autre chose que de lextraordinaire est vraiment inutile. < 1 juillet 1968, p.590 >

    L.J. PETER et R. HULL / Le principe de Peter / Stock le Livre de Poche 1970

    La devise des spcialistes du dtail est : "Occupez-vous des souris et les montagnes se dbrouilleront bientoutes seules." < p.140 >

    Henri LABORIT / loge de la fuite / Robert Laffont 1976 - Gallimard folio-essais 7 Il semble donc exister trois niveaux dorganisation de laction. Le premier, le plus primitif, la suite dunestimulation interne et/ou externe, organise laction de faon automatique, incapable dadaptation. Le secondorganise laction en prenant en compte lexprience antrieure, grce la mmoire que lon conserve dela qualit, agrable ou dsagrable, utile ou nuisible, de la sensation qui en est rsulte. Lentre en jeude lexprience mmorise camoufle le plus souvent la pulsion primitive et enrichit la motivation de toutlacquis d lapprentissage. Le troisime niveau est celui du dsir. Il est li la construction imaginaireanticipatrice du rsultat de laction et de la stratgie mettre en uvre pour assurer laction gratifiante oucelle qui vitera le stimulus nociceptif. Le premier niveau fait appel un processus uniquement prsent, lesecond ajoute laction prsente lexprience du pass, le troisime rpond au prsent, grce lexpriencepasse par anticipation du rsultat futur. < p.20-21 >

    Quelles peuvent tre les raisons qui nous empchent dagir?La plus frquente, cest le conflit qui stablit dans nos voies nerveuses entre les pulsions et lapprentissagede la punition qui peut rsulter de leur satisfaction. Punition qui peut venir de lenvironnement physique,mais plus souvent encore, pour lhomme, de lenvironnement humain, de la socio-culture.[...]Une autre source dangoisse est celle qui rsulte du dficit informationnel, de lignorance o nous sommesdes consquences pour nous dune action, ou de ce que nous rserve le lendemain. Cette ignorance aboutit-elle aussi limpossibilit dagir de faon efficace.[...]Enfin, chez lhomme, limaginaire peut, partir de notre exprience mmorise, construire des scnariostragiques qui ne se produiront peut-tre jamais mais dont nous redoutons la venue possible. Il est videm-ment difficile dagir dans ce cas lavance pour se protger dun vnement improbable, bien que redout.Autre source dangoisse par inhibition de laction. < p.43-44 >

    Andr FROSSARD / Les Penses / Le cherche midi diteur 1994

    Dans certaines situations, il ny a quune chose faire : rien. Mais il faut le faire tout de suite, sansattendre une minute de plus. On perd toujours trop de temps avant dagir. < p.157 >

  • ALTRUISME 13

    Jos ARTUR / Les Penses / Le cherche midi diteur 1993 Casser le thermomtre nest pas la meilleure faon de faire baisser la temprature. < p.137 >

    COLUCHE / Penses et anecdotes / Le cherche midi diteur 1995 Si vous ne faites pas aujourdhui ce que vous avez dans la tte, demain, vous laurez dans le cul. < p.213 >

    Michel AUDIARD / Audiard par Audiard / Ed. Ren Chateau 1995 Un intellectuel assis va moins loin quun con qui marche. < Un Taxi pour Tobrouk, p.79 >

    Frdric DARD / Les penses de San-Antonio / Le cherche midi diteur 1996 Diffrer une emmerde, cest lui donner le temps de crotre. < p.61 >

    Lhomme trop prudent attend quil soit trop tard. < p.82 >

    Georges FILLIOUD / Homo Politicus / filipacchi 1996 Michel Hannoun :Jtais alors responsable des tudiants gaullistes, mais aussi tudiant en mdecine, et lors dune rencontreavec Andr Malraux, jai le courage et la jeunesse de lui demander : "Pourquoi avez-vous des tics?"Rponse de Malraux : "Parce que ma pense va plus vite que laction, et que lune est en permanence lapoursuite de lautre." < p.129 >

    Philippe BOUVARD / Journal 1992-1996 / Le cherche midi diteur 1997 Ah ! la volupt de rgler tout dans la journe et daller se coucher sans quaucun papier en souffrancene trane sur le bureau, sans devoir un franc personne et mais cest beaucoup plus rare sans quepersonne ne vous doive un franc !... < p.187 >

    ALTRUISMEMARC-AURLE / Penses / Les Stociens / Bibliothque de la Pliade / nrf Gallimard 1962

    Ce qui nest pas utile lessaim nest pas non plus utile labeille. < VI (54) p.1188 >SNQUE / Lettres Lucilius / Robert Laffont - Bouquins 1993

    Nul [...] ne peut couler ses jours dans le bonheur qui ne considre que soi, qui tourne toutes choses sapropre commodit. Vis pour autrui, si tu veux vivre pour toi. < V Lettre 48-2 p.708 >

    SUTONE / Vies des Douze Csars / GF-Flammarion (553) 1990 Stant, une fois, souvenu, son souper, de navoir fait aucun heureux dans la journe, il [Titus] prononace mot si mmorable et si justement vant : "Mes amis, jai perdu un jour." < Titus, p.319 >

    Joseph JOUBERT / Carnets / nrf Gallimard 1938-1994 Recevoir des bienfaits de quelquun est une manire plus sre de se lattacher que de lobliger lui-mme.La vue dun bienfaiteur importune souvent, celle dun homme qui lon a fait du bien est toujours agrable.Nous aimons notre ouvrage en lui.Vouloir se passer de tous les hommes et ntre oblig personne, signe certain dune me sans sensibilit. < t.1 p.64 >

  • 14 ALTRUISME

    Louis-Ambroise de BONALD / uvres compltes t.3 / Paris, J-P Migne 1859 Les institutions les plus charitables ont t tablies par des hommes austres, et dtruites par des philan-thropes. < Penses, p.1355 >

    Victor HUGO / Philosophie prose / Ocan / uvres compltes / Robert Laffont - Bouquins 1989 Si vous ne sentez pas que la chose donne par vous vous manque, vous navez rien donn. On ne donneque ce dont on se prive. < 1858-60 p.66 >

    Edmond et Jules de GONCOURT / Journal (t.1) / Robert Laffont - Bouquins 1989 Ma petite cousine se plaint beaucoup dune femme entretenue, quelle a le scandale davoir pour voisine la campagne. Et le dernier mot de son indignation est : "Elle fait beaucoup de bien, beaucoup de charit...Vous concevez comme cest dsagrable ! Et puis, elle fait tout augmenter..." < 24 juin 1861, p.711 >Sacha GUITRY / De 1429 1942 ou de Jeanne dArc Philippe Ptain / Cinquante ans doccupations /

    Omnibus Presses de la Cit 1993 Puis-je me permettre de citer ici un mot que Clemenceau ma dit un jour : Je lis souvent dans les journaux des entrefilets sur vous qui sont bien venimeux. Comment cela sefait-il? Vous ne demandez donc jamais de service personne? < p.1095 >

    Henry D. THOREAU / Rsistance au gouvernement civil (1848) / Dsobir / Bibliothques 10/18 (2832)d. de LHerne 1994 Lhomme qui se dvoue entirement ses semblables risque de passer leurs yeux pour un tre sansvaleur et goste, tandis que celui qui ne leur consacre quune petite partie de lui-mme est appel du nomde bienfaiteur et de philanthrope. < p.50 >

    Friedrich NIETZSCHE / Humain, trop humain. (1878-1879) / uvres I / Robert Laffont - Bouquins1990 Que lon observe plutt des enfants qui pleurent et crient afin dtre objets de piti, et pour cela guettentle moment o leur situation peut tomber sous les yeux ; quon vive dans lentourage de malades et despritsdprims et quon se demande si les plaintes et les lamentations loquentes, lexhibition de linfortune,ne poursuivent pas au fond le but de faire mal aux spectateurs : la piti que ceux-ci expriment alors estune consolation pour les faibles et les souffrants en tant quils y reconnaissent avoir au moins encore unpouvoir, en dpit de leur faiblesse : le pouvoir de faire mal. Le malheureux prend une espce de plaisir cesentiment de supriorit dont lui donne conscience le tmoignage de piti ; son imagination sexalte, il esttoujours assez puissant encore pour causer de la douleur au monde. < p.474-475 >

    Alphonse KARR / Sous les orangers / M. Lvy frres 1859 Je vous ai demand un service hier ; vous pouviez me le refuser, vous en aviez le droit ; mais vousmavez rendu hier le service demand : vous men devez un autre, dix autres, cent autres. Avisez-vous deme refuser un second service aprs mavoir rendu le premier ! je vous harai, je vous diffamerai, je voustraiterai, comme un tratre et un voleur. < p.289 >

    Paul VALRY / Tel Quel / uvres II / Bibliothque de la Pliade / nrf Gallimard 1960 "tre bon" pour quelquun lui suggre de vous rduire en esclavage. Il ne sen doute pas. Il nen use queplus pleinement avec vous. Il se met penser sans effort en disposant de vous. Vous ne faites pas obstacle.Vous entrez implicitement dans les projets quil forme, au titre dun moyen facile. < p.532 >

  • ALTRUISME 15

    Jules RENARD / Journal / Robert Laffont - Bouquins 1990

    La mauvaise charit, cest celle qui offre plutt un verre de vin quune bouche de pain. < 3 avril 1900 p.452 >

    Il est plus facile dtre gnreux que de ne pas le regretter. < 11 fvrier 1908 p.914 >

    Alphonse ALLAIS / se tordre (1891) / uvres anthumes / Robert Laffont - Bouquins 1989 lencontre de beaucoup de personnes que je pourrais nommer, je prfre mintroduire dans un compar-timent dj presque plein que dans un autre qui serait peu prs vide.Pour plusieurs raisons.Dabord, a embte les gens.tes-vous comme moi? jadore embter les gens, parce que les gens sont tous des sales types qui me d-gotent.En voil des sales types, les gens !Et puis, jaime beaucoup entendre dire des btises autour de moi, et Dieu sait si les gens sont btes ! Avez-vous remarqu?Enfin, je prfre le compartiment plein au compartiment vide, parce que ce manque de confortable macrema chair, blinde mon cur, armure mon me, en vue des rudes combats pour la vie (struggles for life). < p.87 >

    Ambrose BIERCE / Le Dictionnaire du Diable (1911) / ditions Rivages 1989 Nous connaissons mieux nos propres besoins que ceux des autres. Satisfaire les siens relve de la bonnegestion. < p.93 >

    ALAIN / 81 chapitres sur lesprit et les passions / Les Passions et la Sagesse / Bibliothque de la Pliade/ nrf Gallimard 1960

    Lhomme, par nature, naimerait que lui, et ce serait la sauvagerie ; mais les liens de socit lobligent compter avec les autres, et les aimer pour lui, tant quenfin il arrive croire quil les aime pour eux. Ilexiste un bon nombre douvrages, assez ingnieux, o lon explique assez bien le passage de lamour desoi lamour dautrui ; et javoue que si lon commenait par la solitude et lamour de soi, on arriveraitbientt aimer ses semblables. Mais ce nest quune mauvaise algbre. Autant quon connat le sauvage, ilvit en crmonie et adore la vie commune ; il est aussi peu goste que lon voudra. Lgosme est un fruitde la civilisation, non de sauvagerie ; et laltruisme aussi son correctif ; mais lun et lautre sont plutt desmots que des tres. < p.1200 >

    Alfred SAUVY / Mythologie de notre temps / Petite Bibliothque Payot (191) 1971 La charit a toujours soulag la conscience des riches, bien avant de soulager lestomac du pauvre. < p.156 >

    Pierre DAC / Les Penses / Le cherche midi diteur 1972

    Celui qui dans la vie est parti de zro pour narriver rien dans lexistence na de merci dire per-sonne.

    < p.54 >

    Pierre DAC / Arrire-penses - Maximes indites / Le cherche midi diteur 1998

    Le vrai paternalisme, cest daimer les autres pour soi-mme. < p.88 >

  • 16 AMBITION

    Emil CIORAN / Carnets 1957-1972 / nrf Gallimard 1997 Je pense au grand mal que mont fait tous ceux qui mont aid. Sans leur appui, jaurais eu me d-brouiller seul, faire un effort supplmentaire, maffirmer, etc., jaurais produit davantage, alors que,toutes les fois quon ma aid, jen ai profit pour ne rien faire. On comprend la strilit des fils papa.Pourquoi se dmener pour entreprendre quoi que ce soit ? Les animaux de luxe ne valent rien... commeanimaux. De mme lhomme qui nest pas coinc ; il na pas besoin de faire un effort sur soi ou contreautrui, il se laisse aller et voit les annes passer sans fruit. Limmoralit de la philanthropie ! < 22 septembre 1970 p.841 >

    Paul WATZLAWICK / Faites vous-mme votre malheur / Seuil 1984 Qui aime veut venir en aide lobjet aim. Mais le dsir spontan de voler au secours dautrui ne prsup-pose pas forcment lexistence dune relation amoureuse individuelle. Au contraire, laltruisme qui pousse venir en aide un inconnu est considr comme une manifestation dune particulire noblesse. Cette aidealtruiste constitue un idal lev et (dit-on) contient en elle-mme sa propre rcompense.Cela ne devrait pas forcment faire obstacle notre dessein. Comme toute autre attitude noble, laltruisme,laide dsintresse sont susceptibles de salissure et damoindrissement par la lueur blme de la pense.Pour mettre en doute la puret altruiste, il suffit de se demander si lon ne possde pas, dans le fond, desmobiles cachs. Cette bonne action ntait-elle pas un dpt de fonds sur mon compte personnel en pa-radis ? Ne visait-elle pas en mettre plein la vue des tiers ? Voulais-je me faire admirer ? Contraindrequelquun la gratitude envers moi, en faire, comme on dit si bien, mon "oblig"? Ne cherchais-je pas plussimplement attnuer quelque sentiment de culpabilit? Il nexiste manifestement pas de limite au pouvoirde la pense ngative, il suffit de chercher pour trouver. < p.97-98 >

    AMBITIONCardinal de RETZ / La Conjuration du comte de Fiesque / uvres / Bibliothque de la Pliade / nrf

    Gallimard 1984 Il se trouve assez de personnes qui ont du mrite, du courage et de lambition et qui roulent dans leur espritdes penses gnrales de slever et de rendre leur condition meilleure ; mais il sen rencontre rarementqui, aprs les avoir formes, sachent faire le choix des moyens qui sont propres lexcution, et qui ne serelchent pas du soin continuel quil faut avoir pour les faire russir, ou, quand ils sen donnent la peine,cest presque toujours contretemps, et avec trop dimpatience den voir le succs. < p.29 >

    LA BEAUMELLE / Mes penses ou Le quen dira-t-on (1752) / Droz 1997 On ne slve que par de grandes vertus ou par de grands crimes, par des talents suprieurs ou par unestupidit avre, par une extrme hauteur ou par une extrme bassesse : toujours par les extrmes. < CLVIII p.92 >

    Jean de LA BRUYRE / Les Caractres / uvres / Bibliothque de la Pliade / nrf Gallimard 1951 Lesclave na quun matre ; lambitieux en a autant quil y a de gens utiles sa fortune. < p.238 VII (70) >Charles DUFRESNY / Amusements srieux et comiques (1698) / Moralistes du XVIIe sicle / Robert

    Laffont - Bouquins 1992 Lambitieux parle contre la paresse, le paresseux contre lambition. < p.1028 >

    MONTESQUIEU / Mes penses / uvres compltes I / Bibliothque de la Pliade / nrf Gallimard 1949 Je ne suis point tonn de voir les ambitieux se donner un air de modestie et se dfendre de lambitioncomme dun vice honteux. Celui qui montrerait toute son ambition tonnerait tous ceux qui voudraient leservir. Dailleurs, comme personne nest assur de russir dans le chemin de la fortune, on se prpare laressource de faire croire quon la mprise. < 1106 p.1287 >

  • AMBITION 17

    Friedrich Melchior baron de GRIMM / Correspondance littraire, philosophique et critique (tome 1) /Garnier frres 1877 [BnF] Cela me rappelle un mot du prince Eugne*. Il allait attaquer Lille ; on lui dit, pour len dtourner, quelletait dfendue par un marchal de France : "Jaime bien mieux quelle soit dfendue par un marchal deFrance que par un homme qui aurait envie de le devenir." < p.129 >* Eugne de Savoie-Carigan, dit le Prince Eugne, gnral des armes impriales (Paris 1663 - Vienne1736).Madame de LAMBERT / Avis dune mre son fils / uvres compltes / Paris L.Collin 1808 [BnF]

    Tout homme qui naspire pas se faire un grand nom nexcutera jamais de grandes choses : ceux quimarchent nonchalamment souffrent toutes les peines de leur profession, et nen ont ni lhonneur, ni larcompense. < p.3 >

    Nous croyons souvent nen vouloir quaux hommes, et nous en voulons aux places : jamais ceux qui lesont occupes nont t au gr du monde ; et on ne leur a rendu justice, que quand ils ont cess dy tre. < p.19 >

    CHAMFORT / Maximes et Penses, Caractres et Anecdotes / Garnier-Flammarion 1968

    Lambition prend aux petites mes plus facilement quaux grandes, comme le feu prend plus aisment la paille, aux chaumires quaux palais. < 68 p.64 >

    NAPOLON Ier / Maximes de guerre et penses / J. Dumaine Ed., Paris 1863 Lambition est lhomme ce que lair est la nature ; tez lun au moral et lautre au physique, il ny aplus de mouvement. < 79 p.234 >

    Joseph JOUBERT / Carnets / nrf Gallimard 1938-1994 Cest lambition qui fait les grands intervalles. Un palefrenier du roi de France est plus prs de son matreque le chancelier. < t.2 p.618 >

    Eugne DELACROIX / Journal 1822-1863 / Plon 1980

    Petetin mavait dit le matin que, pour navoir rien se reprocher, il avait mis son ambition dans sa poche.Je disais Chenavard que je pensais quil tait impossible de se trouver ml aux affaires des autres et desen tirer compltement honnte. "Comment voulez-vous, disait-il, quil en soit autrement? Celui qui prendlquit pour rgle ne peut absolument lutter contre celui qui ne songe qu son intrt : il sera toujours battudans la carrire de lambition." < 2 mars 1849 p.181 >

    Conseil dami : "Ne ngligez rien de ce qui peut vous faire grand", mcrivait le pauvre Beyle [=Stendhal]. < 31 janvier 1850 p.219 >

    Maurice JOLY / Recherches sur lart de parvenir / Paris Amyot 1868 [BnF Cote LB56-1958] En raison des qualits desprit et de caractre que suppose une passion aussi forte que celle de lambition,il semblerait quelle ne dut tre le partage que dun petit nombre dhommes bien dous. Cest le contrairequi arrive. Ce sont les gens les plus mdiocres qui sont les plus ambitieux, et par suite les plus agissants.Rien nest plus piquant que ceci. On peut se reprsenter la fortune comme une belle femme environne deprtendants ; ce sont les eunuques qui la dsirent le plus, et ce sont les eunuques qui lobtiennent. < p.60 >

  • 18 AMBITION

    Friedrich NIETZSCHE / Aurore. (1881) / uvres I / Robert Laffont - Bouquins 1990 Ne pas oublier ! Plus nous nous levons, plus nous paraissons petits aux regards de ceux qui ne saventpas voler. < 574 p.1210 >

    Charles-Augustin SAINTE-BEUVE / Mes Poisons / Collection Romantique / Jos Corti 1988

    Lambition ne mest pas naturelle ; je me la suis inocule propos de ma candidature acadmique (1844).Jen prouve assez pour la comprendre et la sentir en abrg. Je ne lai pas ltat de petite vrole, je lai ltat de vaccine : je nen resterai pas grav. < p.165 >

    Jules RENARD / Journal / Robert Laffont - Bouquins 1990 Pour peu quon tche de se perfectionner, on voit les autres rapetisser, comme sils senfonaient dans lesable. < 3 juillet 1894 p.185 >

    Oh ! madame, mon ambition na pas de bornes. Pour arriver, je vous passerais sur le ventre. < 30 dcembre 1896 p.293 >

    Il y a de la place au soleil pour tout le monde, surtout quand tout le monde veut rester lombre. < 29 janvier 1898 p.366 >

    Paul-Jean TOULET / Les trois impostures / uvres compltes / Robert Laffont - Bouquins 1986 Les arrivistes sont des gens qui arrivent. Ils ne sont jamais arrivs. < 165 p.181 >

    Paul LAUTAUD / Journal littraire / Mercure de France 1986 Il y a quelques semaines que je veux noter cette rflexion qui mest venue, que les gens qui dsirentavoir beaucoup de choses dans la vie : places, honneurs, influence, dcorations, Acadmie, sont peut-tredes gens qui ont une vitalit suprieure, qui a besoin dembrasser beaucoup de choses. Les gens qui viventdans leur coin, se contentant de ce qui leur vient, sans aucune activit pour rien attraper dautre, seraientdes gens dune vitalit rduite. On dit des premiers : arrivistes, ambitieux, et on fait honneur aux seconds deleur modestie. Les premiers ne sont pas plus blmer que les seconds fliciter. Notre caractre est notrematre et toutes nos actions dpendent de lui. Les premiers et les seconds ne pourraient pas tre autrementquils sont. < 19 Novembre 1940 III p.218 >

    Il y a des gens qui savent se caser. Il est vrai que cest tout ce quils savent. < 2 Avril 1942 III p.549 >

    Sacha GUITRY / Toutes rflexions faites / Cinquante ans doccupations / Omnibus Presses de la Cit1993

    Si vous tes un jour trait de parvenu, tenez pour bien certain que vous serez arriv. < p.82 >

    Paul VALRY / Mauvaises penses et autres / uvres II / Bibliothque de la Pliade / nrf Gallimard 1960 tre soi-mme !... Mais soi-mme en vaut-il la peine? < p.811 >

    Robert MUSIL / Lhomme sans qualits / Editions du Seuil - Points 1956

    strictement parler, il tait rest ce quon appelle un espoir ; on nomme espoirs, dans la rpublique desesprits, les rpublicains proprement dits, cest--dire ceux qui simaginent quil faut consacrer son travailla totalit de ses forces, au lieu den gaspiller une grande part pour assurer son avancement social ; ilsoublient que les rsultats de lhomme isol sont peu de chose, alors que lavancement est le rve de tous,et ngligeant ce devoir social quest larrivisme, ils oublient que lon doit commencer par tre un arriviste

  • ME 19

    pour pouvoir offrir dautres, dans les annes du succs, un appui la faveur duquel ils puissent arriver leur tour. < T 1 p.55 >

    Emil CIORAN / Syllogismes de lamertume (1952) / uvres / Quarto Gallimard 1995 Mfiez-vous de ceux qui tournent le dos lamour, lambition, la socit. Ils se vengeront dy avoirrenonc. < p.746 >

    Emil CIORAN / De linconvnient dtre n (1973) / uvres / Quarto Gallimard 1995 La lucidit sans le correctif de lambition conduit au marasme. Il faut que lune sappuie sur lautre, quelune combatte lautre sans la vaincre, pour quune uvre, pour quune vie soit possible. < p.1330 >

    Emil CIORAN / Carnets 1957-1972 / nrf Gallimard 1997 Et-il tous les mrites, un ambitieux ne peut tre honnte qu la surface. Nayez confiance que dans lesindiffrents. < 20 octobre 1963, p.187 >

    Georges WOLINSKI / Les Penses / Le cherche midi diteur 1981 Quand on ne sait rien faire, il faut avoir de lambition. < p.112 >

    Andr FROSSARD / Les Penses / Le cherche midi diteur 1994 Le mot "lgitime" perd toute espce de sens quand on lassocie celui d"ambition". < p.155 >

    Jean-Franois REVEL / Mmoires / Plon 1997 Lamoureux vritable des fonctions et des places ne dmissionne jamais, ni pour raison de conscience,ni faute des conditions techniques ncessaires son office. Il sacrifie toujours ce quil faut et ceux quilfaut la conservation de son pouvoir, y compris ce pouvoir mme, sil doit se rsigner nen plus retenirque lapparence. Les trahisons que son arrivisme lui impose et les volte-face que ses opinions excutent,il les dguisera en dcisions immacules, qui coulent de la pure source dune conviction intime et dunemditation toute personnelle. La dmission, sil y est accul, il la ngocie contre un autre poste, dans lequelil sarrange pour gagner en lvation ce quil a perdu en influence. < p.616 >

    MELA ROCHEFOUCAULD / Maximes / Garnier 1967

    Les grandes mes ne sont pas celles qui ont moins de passions et plus de vertu que les mes communes,mais celles seulement qui ont de plus grands desseins. < MS 31 p.142 >

    VOLTAIRE / Dictionnaire philosophique / Garnier 1967.Lme et la folie.

    Les doctes ou les docteurs diront au fou : "Mon ami, quoique tu aies perdu le sens commun, ton meest aussi spirituelle, aussi pure, aussi immortelle que la ntre ; mais notre me est bien loge, et la tiennelest mal ; les fentres de la maison sont bouches pour elle ; lair lui manque, elle touffe." Le fou, dansses bons moments, leur rpondrait : "Mes amis, vous supposez, votre ordinaire, ce qui est en question.Mes fentres sont aussi bien ouvertes que les vtres, puisque je vois les mmes objets et que jentendsles mmes paroles : il faut donc ncessairement que mon me fasse un mauvais usage de ses sens, ou quemon me ne soit elle-mme quun sens vici, une qualit dprave. En un mot, ou mon me est folle parelle-mme, ou je nai point dme." < p.206 >

  • 20 ME

    MONTESQUIEU / Mes penses / uvres compltes I / Bibliothque de la Pliade / nrf Gallimard 1949 Quand limmortalit de lme serait une erreur, je serais trs fch de ne pas la croire. Je ne sais commentpensent les athes. (Javoue que je ne suis point si humble que les athes.) Mais, pour moi, je ne veux pointtroquer (et je nirai point troquer) lide de mon immortalit contre celle de la batitude dun jour. Je suistrs charm de me croire immortel comme Dieu mme. Indpendamment des vrits rvles, des idesmtaphysiques me donnent une trs forte esprance de mon bonheur ternel, laquelle je ne voudrais pasrenoncer.

    < 2083 p.1543 >

    Le dogme de limmortalit de lme nous porte la gloire, au lieu que la crance contraire en affaiblit ennous le dsir. < 2084 p.1543 >

    Alphonse de LAMARTINE / Harmonies potiques et religieuses / uvres potiques compltes / Biblio-thque de la Pliade / nrf Gallimard 1963

    Objets inanims, avez-vous donc une meQui sattache notre me et la force daimer? < livre III, ii, Milly, ou la Terre natale, p.392 >

    Georg Christoph LICHTENBERG / Aphorismes / Collection Corps 16 - ditions Findakly 1996 On affirmait quelquun que lme tait un point ; quoi il rtorqua : pourquoi pas un point virgule, elleaurait ainsi une queue. < p.52 >

    Paul VALRY / Tel Quel / uvres II / Bibliothque de la Pliade / nrf Gallimard 1960 Idal dune me.Le dsir davoir une me et de ntre immortellement que cette me, ce dsir doit plir singulirement prsdu dsir dune me davoir un corps, et une dure. Elle cderait son royaume mme pour un cheval. Unne, peut-tre? < p.500 >

    Jules RENARD / Journal / Robert Laffont - Bouquins 1990

    me, cest bien l le mot qui a fait dire le plus de btises. Quand on pense quau XVIIe sicle des genssenss, de par Descartes, refusaient une me aux animaux ! Outre lineptie quil y avait refuser dautrestres une chose dont lhomme na pas la moindre ide, il et autant valu prtendre que le rossignol, parexemple, na pas de voix, mais, dans le bec, un petit sifflet fort bien fait, achet par lui Pan ou quelqueautre Satyre, bibelotier de la fort. < 18 janvier 1889 p.16 >

    Cent mille mes, combien cela peut-il faire dhommes? < 7 avril 1892 p.99 >

    Notre me est immortelle, pourquoi ? Et pourquoi pas celle des btes ? Quand les deux flammes sontteintes, quelle diffrence y a-t-il entre la flamme dune pauvre chandelle et celle dune belle lampe au beccompliqu, haute sur tige, et dont labat-jour scarte comme une jupe. < 30 mai 1900 p.458 >

    Alphonse ALLAIS / se tordre (1891) / uvres anthumes / Robert Laffont - Bouquins 1989 Les btes ont-elles une me? Pourquoi nen auraient-elles pas? Jai rencontr, dans la vie, une quantitconsidrable dhommes, dont quelques femmes, btes comme des oies, et plusieurs animaux pas beaucoupplus idiots que bien des lecteurs. < p.5 >

  • AMITI 21

    Louis-Ferdinand CLINE / Voyage au bout de la nuit (1932) / Romans (1) / Bibliothque de la Pliade/ nrf Gallimard 1997 Lme, cest la vanit et le plaisir du corps tant quil est bien portant, mais cest aussi lenvie den sortirdu corps ds quil est malade ou que les choses tournent mal. On prend des deux poses celle qui vous sertle plus agrablement dans le moment et voil tout ! < p.52 >

    Jean COCTEAU / Journal (1942-1945) / Gallimard 1989 Jai la peau de lme trop sensible. Il faudrait apprendre son me marcher pieds nus. Sy faire unecorne. Se rpter la sentence chinoise : "Rtrcis ton cur." < 9 dcembre 1944, p.586 >

    Emil CIORAN / Carnets 1957-1972 / nrf Gallimard 1997 regarder les choses selon la nature, lhomme a t fait pour vivre tourn uniquement vers lextrieur.Pour voir en lui-mme, il lui faut fermer les yeux, renoncer laction, sortir du courant... Ce quon appelle"vie intrieure" est un phnomne tardif qui na t possible que par un ralentissement systmatique de nosfonctions vitales, de sorte que l "me" na pu surgir quaux dpens de nos organes. < 4 avril 1962 p.82 >

    Franois CAVANNA / Lettre ouverte aux culs-bnits / Albin Michel 1994 Cette histoire dme, entit invisible, invrifiable et tellement flatteuse pour celui qui lon en concdeune, est une invention formidable. Elle nest pas la seule, toute religion est btie sur un systme daffirma-tions du mme genre, impossible dmontrer et donc irrfutables, tout la fois consolatrice et terrifiantes,mais, l, on est oblig dadmirer. Affirmer une espce animale, en loccurrence la ntre, quelle nestquen apparence semblable aux autres par son aspect et la matire dont elle est faite, mais quelle possde,elle, une chose essentielle et sublime, immortelle de surcrot (vas y voir !), que les autres cratures de chairet de sang nont pas, que cette entit invisible est son vritable "moi" qui survivra tout, le reste ntant quevase provisoire, vile dpouille voue la putrfaction, et que cette "tincelle divine" la rend non seulementsuprieure toute espce vivante, mais surtout diffrente en essence car procdant de la nature mme deDieu, ce qui lui donne droit de vie et de mort sur tout ce qui vit, quelle trouvaille ! Cest l le bon vieuxcoup de la race lue, cest le truc dmagogique des nazis affirmant aux Allemands que les Allemands sontle nec plus ultra de lhumanit, quils sont les seuls beaux, les seuls intelligents, les seuls purs, en un motles seuls vraiment hommes parmi tous les peuples, les autres ntant que tentatives avortes ou btardsdgnrs, et qu ce titre, eux, Allemands, ont tous les droits, y compris celui de dcider de la vie, de lamort et de la souffrance "utile" des sous-hommes. a marche tous les coups. Pardi ! < p.126-127 >

    AMITIPICURE / Sentences vaticanes / Lettres, maximes, sentences / Livre de Poche (4628) 1994

    Nous navons pas tant nous servir des services que nous rendent nos amis, que de lassurance que nousavons de ces services. < 34 p.214 >

    LA ROCHEFOUCAULD / Maximes / Garnier 1967 Nous ne pouvons rien aimer que par rapport nous, et nous ne faisons que suivre notre got et notre plaisirquand nous prfrons nos amis nous-mmes ; cest nanmoins par cette prfrence seule que lamiti peuttre parfaite. < M 81 p.25 >

    Chevalier de MR / Maximes, sentences et rflexions morales et politiques / Paris, E. du Castin 1687[BnF] Souvent nos amis nous deviennent indiffrents, sitt que nous ne leur pouvons plus tre utiles. < 215 p.97 >

  • 22 AMITI

    Jean de LA FONTAINE / Fables / La Pochothque LdP 2000 Chacun se dit ami ; mais fol qui sy repose :Rien nest plus commun que ce nom,Rien nest plus rare que la chose. < Livre quatrime, XVII Parole de Socrate p.244 >

    Rien nest si dangereux quun ignorant ami ;Mieux vaudrait un sage ennemi. < Livre huitime, X Lours et lamateur de jardins p.462 >

    Jean de LA BRUYRE / Les Caractres / uvres / Bibliothque de la Pliade / nrf Gallimard 1951 Le temps, qui fortifie les amitis, affaiblit lamour. < p.132 IV (4) >

    Vivre avec ses ennemis comme sils devaient un jour tre nos amis, et vivre avec nos amis comme silspouvaient devenir nos ennemis, nest ni selon la nature de la haine, ni selon les rgles de lamiti ; ce nestpoint une maxime morale, mais politique. < p.141 IV (55) >

    MARIVAUX / LIndigent philosophe (1727) / Journaux et uvres diverses / Classiques Garnier 1988 De qui dans la vie veut-on se faire aimer ? de ceux qui ne se soucient pas de nous. Il y a des gensqui donneraient deux de leurs meilleurs amis, pour avoir lamiti dun homme qui les fuit. Dire du mal dequelquun nest le plus souvent quune manire de se plaindre de son indiffrence pour nous. Dans le tempsque jtais dans le monde, on me disait quil y avait un homme qui marquait toujours de laigreur dans sesdiscours, quand il parlait de moi : je mavisai tout dun coup de songer que je le saluais froidement quandje le rencontrais. Je le tiens, dis-je alors en moi-mme, cet homme-l veut que je laime, il la mis dans satte, parce quil sest imagin que je ne laimais pas ; et javais raison de penser cela, car ds que je leussalu dun air riant, il me marqua tant damiti que je nen savais que faire. Mais, malheureusement, jenpris pour lui aussi, et cela fit quil maima toujours bien, mais quil ne me ftait plus. < p.322 >

    Madame de LAMBERT / Trait de lamiti / uvres compltes / Paris L.Collin 1808 [BnF] Le premier mrite quil faut chercher dans votre ami, cest la vertu, cest ce qui nous assure quil estcapable damiti, et quil en est digne. Nesprez rien de vos liaisons lorsquelles nont pas ce fondement. < p.113 >

    Joseph JOUBERT / Carnets / nrf Gallimard 1938-1994 Le seul moyen davoir des amis, cest de tout jeter par les fentres, de nenfermer rien et de ne jamaissavoir o lon couchera le soir.Il y a, me direz-vous, peu de gens assez fous pour prendre ce parti. Eh quils ne se plaignent donc pas silsnont pas damis, ils nen veulent pas. < t.1 p.75 >

    Quiconque nest jamais dupe nest pas ami. < 25 dcembre 1806 t.2 p.87 >

    Charles-Maurice de TALLEYRAND-PRIGORD / La confession de Talleyrand [Ana] / Paris, L.Sauvaitre1891 [BnF] Ne dites jamais de mal de vous, vos amis en diront toujours assez. < p.29 >

    STENDHAL / Journal / uvres intimes I / Bibliothque de la Pliade / nrf Gallimard 1981

    Rien de si ais que dtre bien avec un homme quon ne voit quune fois par mois. < 19 avril 1804 p.65 >

  • AMITI 23

    JEAN-PAUL / Penses de Jean-Paul / Paris, Firmin Didot 1829 [BnF] De quels fils bizarres est souvent tisse la trame des affections ! Jai vu un homme ne sintresser unautre que parce que celui-ci avait lou le nom de son chien, ou que tous deux avaient le got des mmesmets ou des mmes vins, ou le mme tailleur : enfin, les plus petites ressemblances, qui nont souventdautres cause que le hasard ou les gots les plus matriels, rapprochent quelquefois les hommes et lesunissent plus troitement que les principaux traits de leurs caractres. < p.86 >

    Charles-Augustin SAINTE-BEUVE / Portraits littraires / Robert Laffont - Bouquins 1993

    Puisquil faut avoir des ennemis, tchons den avoir qui nous fassent honneur. < Penses, p.1077 >

    Alphonse KARR / 300 pages - Mlanges philosophiques / M. Lvy frres 1858

    Quand un homme est malheureux, il est abandonn de ses amis ; cest un lieu commun ressass en vers,en prose et dans toutes les langues "tempora si fuerint nubila, etc."Les amis qui abandonnent le malheureux, ne lui feraient que la moiti du mal quils lui font, sils se conten-taient de labandonner, ou sils disaient franchement quils labandonnent parce quil est malheureux ; maisils auraient honte de cet aveu, et ils lui inventent ou mme lui trouvent des torts quils donnent pour causede leur abandon. < p.193 >

    Edmond et Jules de GONCOURT / Journal (t.1) / Robert Laffont - Bouquins 1989 On mesure les monuments leur ombre, les livres leurs critiques, les hommes leurs ennemis. < 15 fvrier 1865 p.1139 >

    Edmond et Jules de GONCOURT / Journal (t.2) / Robert Laffont - Bouquins 1989 Il en cote encore plus de trouver du talent ses amis qu ses ennemis. < 14 novembre 1867 p.119 >

    Charles BAUDELAIRE / Fuses / uvres compltes I / Bibliothque de la Pliade / nrf Gallimard 1975

    Beaucoup damis, beaucoup de gants, de peur de la gale. < p.660 >

    Le Comte de LAUTRAMONT / Les chants de Maldoror (1869) / GF 528 - Flammarion 1990 Toi, jeune homme, ne te dsespre point ; car, tu as un ami dans le vampire, malgr ton opinion contraire.En comptant lacarus sarcopte qui produit la gale, tu auras deux amis ! < I 14 p.133 >

    Maurice JOLY / Recherches sur lart de parvenir / Paris Amyot 1868 [BnF Cote LB56-1958] Le sens de la vie indique quil faut faire beaucoup plus de cas des amis que de lamiti ; car lart deparvenir ne peut envisager les amis, que comme des auxiliaires dun certain ordre. Lembarras cest que lesamis viennent gnralement la fin et non pas au commencement, de sorte quils apparaissent lorsqu larigueur on pourrait sen passer. < p.144 >

    Arthur SCHOPENHAUER / Aphorismes sur la sagesse dans la vie (1851) / Collection Quadrige / PUF1943

    Comment peut-on prtendre que les amis sont rares, dans le besoin ? Mais cest le contraire. peinea-t-on fait amiti avec un homme, que le voil aussitt dans le besoin et quil vous emprunte de largent. < p.138 >

  • 24 AMITI

    Arthur SCHOPENHAUER / Penses et fragments / Alcan 1900 [BnF] Rien ne trahit mieux lignorance du monde que dallguer comme une preuve des mrites et de la valeurdun homme quil a beaucoup damis : comme si les hommes accordaient leur amiti daprs la valeur etle mrite ! comme sils ntaient pas au contraire semblables aux chiens qui aiment celui qui les caresse ouleur donne seulement des os, sans plus de sollicitude. < p.215 >

    Friedrich NIETZSCHE / Humain, trop humain. (1878-1879) / uvres I / Robert Laffont - Bouquins1990 La vie de lennemi. - Qui vit de combattre un ennemi a intrt ce quil reste en vie. < 531 p.664 >

    Paul-Jean TOULET / Les trois impostures / uvres compltes / Robert Laffont - Bouquins 1986 Tout le monde a eu de ces amis malplaisants vivre, mais dont on est sr, que lon met " gauche" pourainsi parler, contre le malheur. Tels ces objets de ncessaire dont on nuse que pris au dpourvu.Et tout de suite, ils vous cassent dans la main. < 145 p.179 >

    Ah ! quun beau jour, songeait le roi, quelquun maimt pour moi-mme, sans trahison, ni calcul, nimensonge.Laumnier dit : Prenez un chien. < 149 p.180 >

    La fivre, ce que lon dit, nous dlivre des puces, et linfortune, de nos amis. < 152 p.180 >

    Paul-Jean TOULET / Le carnet de monsieur du Paur / uvres compltes / Robert Laffont - Bouquins1986 Mais... mon cher ami ! L, l. Pas de gros mots. < p.278 >

    Jules RENARD / Journal / Robert Laffont - Bouquins 1990 La haine soutenant mieux que lamiti, si lon pouvait har ses amis on leur serait plus utile. < 27 mars 1893 p.123 >

    Mon ami ne me sert qu embter ceux de mes ennemis qui sont ses amis. < 30 mars 1893 p.125 >

    Lon BLOY / Exgse des lieux communs / Mercure de France 1968 Les amis de nos amis sont nos amis.Le chevalier du Bran dEnhaut avait sauv la vie un petit avocat au parlement de Normandie. Quand vintla Terreur, cet avocat plein de gratitude le recommanda un savetier, qui le recommanda un vidangeur,qui le recommanda un bndictin dfroqu, qui le recommanda Catherine Thot la prophtesse, qui lerecommanda Robespierre qui lui fit couper la tte. Un bienfait nest jamais perdu. < p.156 >

    Antoine de SAINT-EXUPRY / Terre des hommes / uvres / Bibliothque de la Pliade / nrf Gallimard1959 En travaillant pour les seuls biens matriels, nous btissons nous-mmes notre prison. Nous nous enfer-mons solitaires, avec notre monnaie de cendre qui ne procure rien qui vaille de vivre.Si je cherche dans mes souvenirs ceux qui mont laiss un got durable, si je fais le bilan des heures quiont compt, coup sr je retrouve celles que nulle fortune ne met procures. On nachte pas lamitidun Mermoz, dun compagnon que les preuves vcues ensemble ont li nous pour toujours. < II i p.158 >

  • AMOUR 25

    Sacha GUITRY / Penses / Cinquante ans doccupations / Omnibus Presses de la Cit 1993

    Il se produit quelque chose dassez mystrieux au dbut dune amiti. Une circonstance imprvue souventla dtermine et lon devient lesclave dune confidence ou dun secret. Plus tard, un jour, on passe en revueses amis et lon constate parmi eux la prsence de deux ou trois individus qui ne devaient pas tre l - maisil ny a plus rien faire, le pli est pris. Comment pourriez-vous prtendre que la raison qui vous avait poussvers eux nexiste plus puisquil vous est impossible de la formuler. Vous les trouvez ennuyeux, inutiles etgnants parfois - tant pis, cest trop tard, il ny a plus rien faire ! < p.47 >

    Auguste DETUF / Propos de O. L. Barenton, confiseur (1938) / ditions dOrganisation 1982 Ce nest pas dans linfortune, mais dans la fortune quon connat les vrais amis. La vritable preuvede lamiti, cest le succs : car le malheur ne rclame que du secours et ne risque que la rsistance delavarice ; tandis que le succs voudrait de laffection et ne rencontre que lenvie. < p.84 >

    Emil CIORAN / Aveux et anathmes (1987) / uvres / Quarto Gallimard 1995 Nous ne devrions dranger nos amis que pour notre enterrement. Et encore ! < p.1653 >

    Emil CIORAN / Carnets 1957-1972 / nrf Gallimard 1997

    On peut aimer nimporte qui, sauf son voisin. < 24 janvier 1967 p.467 >Claude Michel CLUNY / Le silence de Delphes - journal littraire 1948-1962 / SNELA La Diffrence

    2002

    Rien de plus malais que dobtenir de nos amis quils nous fichent la paix. Ds quon prend un peu lelarge par amour du silence, ils se croient trahis. < 1957 p.77 >

    AMOURLA ROCHEFOUCAULD / Maximes / Garnier 1967

    Il est du vritable amour comme de lapparition des esprits : tout le monde en parle, mais peu de gens enont vu. < M 76 p.24 >

    Chevalier de MR / Maximes, sentences et rflexions morales et politiques / Paris, E. du Castin 1687[BnF] Qui commence aimer doit se prparer souffrir. < 138 p.61 >

    Blaise PASCAL / Penses / uvres compltes / Bibliothque de la Pliade / nrf Gallimard 1954

    Quand un discours naturel peint une passion ou un effet, on trouve dans soi-mme la vrit de ce quonentend, laquelle on ne savait pas quelle y ft, en sorte quon est port aimer celui qui nous la fait sentir ;car il ne nous a pas fait montre de son bien, mais du ntre ; et ainsi ce bienfait nous le rend aimable, outreque cette communaut dintelligence que nous avons avec lui incline ncessairement le cur laimer. < 44 p.1099 >

    Qui voudra connatre plein la vanit de lhomme na qu considrer les causes et les effets de lamour.La cause est un je ne sais quoi (Corneille), et les effets en sont effroyables. Ce je ne sais quoi, si peu dechose quon ne peut le reconnatre, remue toute la terre, les princes, les armes, le monde entier.Le nez de Clopatre : sil et t plus court, toute la face de la terre aurait chang. < 180 p.1133 >

  • 26 AMOUR

    Isidore DUCASSE (LAUTRAMONT) / Posies (1870) / GF 528 - Flammarion 1990 Si la morale de Cloptre et t moins courte, la face de la terre aurait chang. Son nez nen serait pasdevenu plus long. < II p.347 >

    Paul VALRY / Mauvaises penses et autres / uvres II / Bibliothque de la Pliade / nrf Gallimard 1960 Lenfant dit (retour du cinma o il a vu un "drame" et le hros ou le tratre tu assez niaisement) : "Silavait t malin, il se serait mis quatre pattes et il se serait sauv." Cette correction est remarquable. Si,etc., le drame et t tout autre.Que de gens ont pens qu la place dAdam ils neussent point mordu ; la place de Napolon, vit laguerre dEspagne ! la place de Pascal, on aurait fait lconomie de la pense du nez de Cloptre, qui estbien inutile.Cette pense, si elle et t moins nave... net pas t. < p.840 >

    Paul-Jean TOULET / Les trois impostures / uvres compltes / Robert Laffont - Bouquins 1986 Le nez de Cloptre plus long, voil toute la face du monde change.Et la sienne donc. < 53 p.168 >

    Vladimir JANKLVITCH / Philosophie morale / Mille&UnePages Flammarion 1998 Lironie du nez de Cloptre et des sourcils de Zeus, le contraste drisoire des petites causes et des grandseffets sont [...] des apparences paradoxales qui se dissipent quand on considre la susceptibilit infinie etlinfini pouvoir signifiant dun esprit capable de convertir tout excitant en prtexte et en symbole. Si bienquen dfinitive leffet grandiose a vraiment une cause grandiose ! < La mauvaise conscience, p.129 >

    Franois CAVANNA / Dieu, Mozart, Le Pen et les autres... / Presses de la Cit 1992 Si le nez de Clopatre avait t plus long, Jules Csar se serait piqu le ventre. < p.45 >

    Charles de SAINT-VREMOND / uvres mles (12) / Paris, C.Barbin 1693 Dieu na pas voulu que nous fussions assez parfaits pour tre toujours aimables, pourquoi voulons-noustre toujours aims? < Maximes, XXIV, p.229 >

    Jean de LA FONTAINE / Fables / La Pochothque LdP 2000 Amour, amour, quand tu nous tiens,On peut bien dire Adieu prudence ! < Livre quatrime I Le lion amoureux p.200 >

    Jean de LA BRUYRE / Les Caractres / uvres / Bibliothque de la Pliade / nrf Gallimard 1951 Vouloir oublier quelquun, cest y penser. Lamour a cela de commun avec les scrupules, quil saigrit parles rflexions et les retours que lon fait pour sen dlivrer. Il faut, sil se peut, ne point songer sa passionpour laffaiblir. < p.138 IV (38) >MARIVAUX / Le Cabinet du philosophe (1734) / Journaux et uvres diverses / Classiques Garnier 1988 De toutes les faons de faire cesser lamour, la plus sre, cest de le satisfaire. < p.338 >

    Je me suis toujours dfi en amour des passions qui commencent par tre extrmes ; cest mauvais signepour leur dure. Les gens faits pour tre constants, destins cela par leur caractre, sont difficiles mouvoir. < p.342 >

  • AMOUR 27

    Rarement la beaut et le je ne sais quoi se trouvent ensemble.Jentends par le je ne sais quoi : ce charme rpandu sur un visage et sur une figure, et qui rend une personneaimable, sans quon puisse dire quoi il tient. < p.346 >

    Pierre-Augustin Caron de BEAUMARCHAIS / Le mariage de Figaro (1784) / uvres compltes /Firmin-Didot 1865

    Lamour... nest que le roman du cur : cest le plaisir qui en est lhistoire. < Acte V scne vii p.165 >

    CHAMFORT / Maximes et Penses, Caractres et Anecdotes / Garnier-Flammarion 1968

    Lamour tel quil existe dans la socit, nest que lchange de deux fantaisies et le contact de deuxpidermes. < 359 p.133 >

    On vous dit quelquefois, pour vous engager aller chez telle ou telle femme : Elle est trs aimable ; maissi je ne veux pas laimer ! Il vaudrait mieux dire : Elle est trs aimante, parce quil y a plus de gens quiveulent tre aims que de gens qui veulent aimer eux-mmes. < 360 p.133 >

    On demandait M... pourquoi la nature avait rendu lamour indpendant de notre raison. "Cest, dit-il,parce que la nature ne songe quau maintien de lespce, et, pour la perptuer, elle na que faire de notresottise. Qutant ivre, je madresse une servante de cabaret ou une fille, le but de la nature peut tre aussibien rempli que si jeusse obtenu Clarisse aprs deux ans de soins ; au lieu que ma raison me sauverait dela servante, de la fille, et de Clarisse mme peut-tre. ne consulter que la raison, quel est lhomme quivoudrait tre pre et se prparer tant de soucis pour un long avenir ? Quelle femme, pour une pilepsiede quelques minutes, se donnerait une maladie dune anne entire? La nature, en nous drobant notreraison, assure mieux son empire ; et voil pourquoi elle a mis de niveau sur ce point Znobie et sa fille debasse-cour, Marc-Aurle et son palefrenier." < 1053 p.281 >

    Joseph JOUBERT / Carnets / nrf Gallimard 1938-1994

    Il ny a plus aujourdhui dinimitis irrconciliables parce quil ny a plus de sentiments dsintresss.Cest un bien qui est n dun mal. < 5 mars 1811 t.2 p.321 >

    NAPOLON Ier / Maximes de guerre et penses / J. Dumaine Ed., Paris 1863 La seule victoire en amour, cest la fuite. < 86 p.235 >

    Alphonse KARR / Encore les femmes / M. Lvy frres 1858

    Loppos de la dbauche, ce nest pas la pruderie, ce nest pas laustrit, ce nest pas labstinence : cestlamour. < p.60 >

    Alphonse KARR / Les Gupes (premire srie) / Calmann Lvy 1898 Lamour, dordinaire, ne dure que jusquau moment o il allait devenir raisonnable et fond sur quelquechose. < Juin 1840, p.265 >

    Une femme aime moins son amant pour lesprit quil a que pour lesprit quon lui trouve. < Juin 1840, p.265 >

  • 28 AMOUR

    Lordan LARCHEY / LEsprit de tout le monde - Joueurs de mots (1891) / Berger-Levrault 1892 La belle-fille de Buffon dshonorait un poux fort pris et sen moquait ouvertement. un dner defamille, elle demande son beau-pre : "Vous qui avez si bien observ, comment expliquez-vous que ceuxqui nous aiment le plus soient ceux que nous aimons le moins?Le clbre naturaliste se contenta de rpondre :

    Je nen suis pas encore au chapitre des monstres.

    < p.198 >

    Antoine de RIVAROL / Esprit de Rivarol [uvres diverses] / Paris 1808 [BnF cote Z-24383] Rivarol disait du fils de Buffon : cest le plus pauvre chapitre de lHistoire naturelle de son pre. < Anecdotes et bons mots p.147 >

    Lordan LARCHEY / LEsprit de tout le monde - Riposteurs (1893) / Berger-Levrault 1893 Nglig de tenue, disgracieux daspect, Villemain nen tait pas moins galant. Et il se dissimulait si peuses imperfections quil les faisait entrer en ligne de compte dans cette dclaration une jeune femme : Aimez-moi, personne ne le croira. < p.228 >

    Victor HUGO / Philosophie prose / Ocan / uvres compltes / Robert Laffont - Bouquins 1989

    On ne souffre jamais que du mal que nous font ceux quon aime. Le mal qui vient dun ennemi ne comptepas. < 1866 p.72 >

    Dis-moi qui tu aimes, je te dirai qui tu hais. < 1860-61 p.87 >

    STENDHAL / Journal / uvres intimes I / Bibliothque de la Pliade / nrf Gallimard 1981

    Il ny a quune loi en sentiment. Cest de faire le bonheur de ce quon aime. < 19 juin 1805 p.330 >

    Charles BAUDELAIRE / Mon cur mis nu / uvres compltes I / Bibliothque de la Pliade / nrfGallimard 1975

    Ce quil y a dennuyeux dans lamour, cest que cest un crime o lon ne peut pas se passer duncomplice. < p.689 >

    Quest-ce que lamour?Le besoin de sortir de soi.Lhomme est un animal adorateur.Adorer, cest se sacrifier et se prostituer.Aussi tout amour est-il prostitution. < p.692 >

    Friedrich NIETZSCHE / Humain, trop humain. (1878-1879) / uvres I / Robert Laffont - Bouquins1990

    On peut promettre des actions, mais non des sentiments, car ceux-ci sont involontaires. Qui promet quelquun de laimer toujours, ou de le har toujours, ou de lui tre toujours fidle, promet quelquechose qui nest pas en son pouvoir ; ce quil peut bien promettre, ce sont des actions qui, la vrit, sontordinairement les consquences de lamour, de la haine, de la fidlit, mais qui peuvent aussi provenirdautres motifs, car a une seule action mnent des chemins et des motifs divers. < 58 p.479 >

  • AMOUR 29

    Friedrich NIETZSCHE / Par-del le bien et le mal (1886) / uvres II / Robert Laffont - Bouquins 1990 Ce quon fait par amour lest toujours par-del le bien et le mal. < 153 p.625 >

    Jules RENARD / Journal / Robert Laffont - Bouquins 1990 Le "je ne sais quoi" dune femme, il ny a que a qui compte. < 10 fvrier 1896 p.252 >

    Paul-Jean TOULET / Le carnet de monsieur du Paur / uvres compltes / Robert Laffont - Bouquins1986

    Qui les veut faire durer, il faut couvrir son feu de cendres, et son amour de mystre. < p.277 >

    Paul-Jean TOULET / Journal et voyages / uvres compltes / Robert Laffont - Bouquins 1986 Certains amoureux prouvent abaisser leur matresse le mme plaisir que les enfants ventrer leurspantins. < p.1043 >

    Anatole FRANCE / Lle des Pingouins (1908) / Au tournant du sicle / Omnibus 2000 [...] permettez-moi de vous dire que, en gnral, lopinion des fils sur leurs mres est insoutenable : ilsne songent pas assez quune mre nest mre que parce quelle aima et quelle peut aimer encore. Cestpourtant ainsi, et il serait dplorable quil en ft autrement. Jai remarqu que les filles, au contraire, ne setrompent pas sur la facult daimer de leurs mres ni sur lemploi quelles en font : elles sont des rivales ;elles en ont le coup dil. < Livre VII Ch.1 p.722 >

    Sigmund FREUD / Le malaise dans la culture (1930) / Quadrige PUF 1995 Il est toujours possible de lier les uns aux autres dans lamour une assez grande foule dhommes, siseulement il en reste dautres qui manifester de lagression. < p.56 >

    Le commandement "Aime ton prochain comme toi-mme" est la dfense la plus forte contre lagressionhumaine et un excellent exemple de la dmarche non psychologique du sur-moi-de-la-culture. Le comman-dement est impraticable ; une inflation aussi grandiose de lamour peut seulement en abaisser la valeur, ellene peut liminer la ncessit. La culture nglige tout cela ; elle se contente de rappeler que plus lobser-vance du prcepte est difficile, plus elle est mritoire. Mais celui qui, dans la culture prsente, se conforme un tel prcepte ne fait que se dsavantager par rapport celui qui se place au-dessus de lui. Quelle ne doitpas tre la violence de cet obstacle la culture quest lagression, si la dfense contre celle-ci peut rendreaussi malheureux que lagression elle-mme ! < p.86 >

    Paul LAUTAUD / Journal littraire / Mercure de France 1986 On nest pas beau aprs lamour. Mouvements ridicules, o on perd chacun un peu de matire. Grandessalets. < 15 aot 1903 I p.78 >

    Paul LAUTAUD / Passe-temps / uvres / Mercure de France 1988 Il en est en amour comme en toutes choses. Ce quon a eu nest rien, cest ce quon na pas qui compte. < p.252 >

    Lamour ! Alors, on aime un appareil respiratoire, un tube digestif, des intestins, des organes dvacuation,un nez quon mouche, une bouche qui mange, une odeur corporelle? Si on pensait cela, comme on seraitmoins fou ! < p.297 >

  • 30 AMOUR

    Paul LAUTAUD / Propos dun jour / uvres / Mercure de France 1988 Lamour, cest le physique. Et La Rochefoucauld la oubli : lamour est encore une forme de lintrt.Ce quon aime dans un autre, cest soi, cest son plaisir, cest le plaisir quon lui donne et qui est encoreune forme du ntre. < p.310 >

    Pour tre aim, il faut ne pas aimer ou savoir cacher son amour. Cest une vrit qui na pas fini dtrevraie. < p.320 >

    Andr GIDE / Journal 1889-1939 / Bibliothque de la Pliade / nrf Gallimard 1951

    Ladmirable maxime de La Rochefoucauld : "Il y a des gens qui nauraient jamais t amoureux, silsnavaient jamais entendu parler de lamour", est applicable beaucoup dautres sentiments ; tous peut-tre. Il faut un esprit extraordinairement averti pour sen apercevoir. Et ce serait une profonde erreur decroire que les tres les moins cultivs sont les plus spontans, les plus sincres. Le plus souvent ce sont, aucontraire, les moins capables de critique, les plus la merci de linstar, les mieux disposs, par faiblesseou paresse, adopter des sentiments de convention et les exprimer par des phrases toutes faites qui leurpargnent la peine den chercher dautres plus prcises, phrases dans lesquels leurs sentiments se glissentprenant tant bien que mal la forme de cette coquille demprunt. < 10 fvrier 1929 p.913 >

    Paul VALRY / Tel Quel / uvres II / Bibliothque de la Pliade / nrf Gallimard 1960 Que si le moi est hassable, aimer son prochain comme soi-mme devient une atroce ironie. < p.489 >

    ALAIN / Les ides et les ges / Les Passions et la Sagesse / Bibliothque de la Pliade / nrf Gallimard1960

    La haine est clairvoyante en ce sens quelle fait tre ce quelle suppose, car ignorance, injustice, hainelui rpondent aussitt. Lamour trouvera toujours moins de preuves ; car il nest point promis quil suffisede vouloir lautre attentif, bienveillant, gnreux, pour quil le soit. Toutefois, par cela mme, il est clairquil faut choisir daimer, et de jurer, et de ne jamais cder l, tant vident que la plus forte rsistance icine peut tre vaincue que par la promesse la plus gnreuse. < p.187 >

    Antoine de SAINT-EXUPRY / Terre des hommes / uvres / Bibliothque de la Pliade / nrf Gallimard1959

    [...] lexprience nous montre quaimer se nest pas nous regarder lun lautre, mais regarder ensembledans la mme direction. < VIII iii p.252 >

    Paul MORAND / Journal inutile 1968-1972 / nrf Gallimard 2001

    Lamour est une histoire dormir couch. < 31 dcembre 1968, p.117 >

    Emil CIORAN / Syllogismes de lamertume (1952) / uvres / Quarto Gallimard 1995 Plus un esprit est revenu de tout, plus il risque, si lamour le frappe, de ragir en midinette. < p.796 >

    Emil CIORAN / Aveux et anathmes (1987) / uvres / Quarto Gallimard 1995 Aimer son prochain est chose inconcevable. Est-ce quon demande un virus daimer un autre virus? < p.1666 >

  • AMOUR 31

    Paul WATZLAWICK / Faites vous-mme votre malheur / Seuil 1984

    tre aim, dans la meilleure des circonstances, est quelque chose de bien mystrieux. Mais il ne sert rien de chercher senqurir, car les questions ne font que brouiller plus encore le sujet. Au mieux, lautreest incapable de vous dire pourquoi. Au pire, ses raisons de vous aimer se rvlent des choses quil ne vousserait jamais venu lesprit de trouver aimables -cet affreux grain de beaut sur votre paule gauche. Unefois encore, on se rend compte, trop tard, que le silence est dor.Voici donc une nouvelle leon utile pour la poursuite de notre sujet : Il ne faut jamais accepter en toutesimplicit et gratitude ce que la vie peut nous offrir travers laffection dun partenaire. Il faut supputer. Sedemander, plutt que lui demander, ce quil peut bien trouver en nous. Car il faut quil y ait un intrt ouquelque autre raison goste quil nest pas prs de nous rvler. < p.92 >

    Henri LABORIT / loge de la fuite / Robert Laffont 1976 - Gallimard folio-essais 7

    Avec ce mot on explique tout, on pardonne tout, on valide tout, parce que lon ne cherche jamais savoir ce quil contient. Cest le mot de passe qui permet douvrir les curs, les sexes, les sacristies et lescommunauts humaines. Il couvre dun voile prtendument dsintress, voire transcendant, la recherchede la dominance et le prtendu instinct de proprit. Cest un mot qui ment longueur de journe etce mensonge est accept, la larme lil, sans discussion, par tous les hommes. Il fournit une tuniquehonorable lassassin, la mre de famille, au prtre, aux militaires, aux bourreaux, aux inquisiteurs,aux hommes politiques. Celui qui oserait le mettre nu, le dpouiller jusqu son slip des prjugs quile recouvrent, nest pas considr comme lucide, mais comme cynique. Il donne bonne conscience, sansgros efforts, ni gros risques, tout linconscient biologique. Il dculpabilise, car pour que les groupessociaux survivent, cest--dire maintiennent leurs structures hirarchiques, les rgles de la dominance, ilfaut que les motivations profondes de tous les actes humains soient ignors. Leur connaissance, leur mise nu, conduirait la rvolte des domins, la contestation des structures hirarchiques. Le mot damourse trouve l pour motiver la soumission, pour transfigurer le principe du plaisir, lassouvissement de ladominance. < p.18 >

    Il y a des milliers dannes que priodiquement on nous parle de lamour qui doit sauver le monde.Cest un mot qui se trouve en contradiction avec lactivit des systmes nerveux en situation sociale. Ilnest prononc dailleurs que par des dominants culpabiliss par leur bien-tre et qui devinent la hainedes domins, ou par des domins qui se sont bris les os contre la froide indiffrence des dominances. Ilnexiste pas daire crbrale de lamour. Cest regrettable. Il nexiste quun faisceau du plaisir, un faisceaude la raction agressive ou de fuite devant la punition et la douleur et un systme inhibiteur de lactionmotrice quand celle-ci sest montre inefficace. Et linhibition globale de to