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    L'Economie-monde ottomane en question. Les clauses montaires dans les contratsd'affrtement maritime au XVIIIe sicleAuthor(s): Daniel PanzacSource: Journal of the Economic and Social History of the Orient, Vol. 39, No. 3, Money inthe Orient (1996), pp. 368-378Published by: BRILLStable URL: http://www.jstor.org/stable/3632651 .Accessed: 20/04/2013 10:12

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    L'ECONOMIE-MONDE OTTOMANE EN QUESTIONLes clauses mondtaires dans les contrats d'affretement

    maritime au XVIIIe iecle

    PAR

    DANIEL PANZAC(IREMAM Aix-en-Provence)

    Resumd

    Les contrats 6tablis au XVIIIe siecle entre les capitaines europ6ens et leurs affr6teursottomans pr6cisent la monnaie a utiliser pour le payement. L'exploitation, sur ce point, de1719 contrats r6dig6s dans des ports ottomans du Maghreb et du Machrek, a port6e sur troisp6riodes distinctes, 1686-1707, 1754-1767 et 1791-1794. Elle r6vele une 6volution s6culairecaractdris6e par la circulation simultande et successive de nombreuses monnaies ottomanes eteuropeennes et la persistance de deux zones d'utilisation distinctes, le Maghreb et le Levant,qui traduisent la diversit6 et le maintien des traditions de ces r6gions, longtemps apres leurint6gration dans l'Empire ottoman.

    Abstract

    The contracts drawn up in the 18th century between European captains and Ottoman char-terers state precisely the currency to be used for payment. The exploitation, on this point, of1719 contracts, written n both Maghrib nd Machrek Ottoman arbours, as concerned hreeperiods, 1686-1707, 1754-1767 and 1791-1794. t reveals a secular evolution characterizedby the simultaneous nd successive irculation f numerous ttoman nd european urrenciesand the persistency f two distinguished reas of use, the Maghrib nd the Levant, whichexpresses he diversity and the upholding f these areas, ong after they joined the Ottomanempire.

    La caravane maritime est uncabotage

    surtoutinter-ottoman,

    leplus

    souventde grande ampleur, pratiqu6 par des capitaines de navires europ6ens au profitd'affr6teurs r6sidant dans les ports ottomans, principalement des sujets du sul-

    tan.') Cette pratique, qui remonte au Moyen Age, a 6t6 reconnue et officialis6ea la fin du XVIIe siecle, tant du c6t6 franqais que du c6t6 ottoman avant de

    s'6tendre rapidement aux autres pavillons europ6ens.2) Apres les Frangais qui

    1) Panzac 1985-2); Panzac 1986); Panzac 1988).2) "On appelait caravanaires es capitaines franqais qui faisaient les transports de l'Egypte

    a Constantinople, aux ports de Syrie et de Chypre ou de Candie, et de l'Archipel' Constan-

    tinople, en vertu d'une permission obtenue par l'ambassadeur Girardin en 1686. La caravanefut autoris6e ar une ordonnance u 3 avril 1688." Masson 1896): 401, note 1.

    ? E.J. Brill, Leiden, 1996 JESHO 39,3

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    L'ECONOMIE-MONDE TTOMANE N QUESTION 369

    assurent a eux seuls la moiti6 de cette activit6, les plus actifs, surtout dans laseconde moiti6 du XVIIIe siecle, sont les V6nitiens et les Ragusains mais onrencontre 6galement des Imp6riaux, des Anglais, voire meme des Su6dois.3) Le

    ou les affr6teurs, u nolisataires, ottomans et le capitaine du navire concr6tisentleur accord par un contrat r6dig6 selon un formulaire pr6cis, e meme quelle quesoit la nationalit6 du capitaine. L'original, sign6 par les deux parties, e chance-lier du consultat, l'interprete ou drogman et deux t6moins, figure dans le re-gistre de la chancellerie du consultat dont relive le capitaine. Il comprend uncertain nombre d'informations ur l'appartenance thnique et/ou confessionnelledes affr6teurs insi que leur lieu de r6sidence, e nom, pr6nom et r6sidence ducapitaine, le nom et le type du navire, la destination du navire ainsi que les

    escales pr6vues, e nombre de jours r6serv6s a celles-ci, ce qu'on appelle l'es-tarie, la r6partition es diff6rentes axes entre les deux parties, un 6ventuel "preta hypotheque"4) u capitaine a son affr6teur t, enfin, le prix du transport t lesconditions de son reglement. Ce sont ces deux dernieres clauses, aux implica-tions proprement mon6taires, qui nous importent ci.

    Les monnaies qui figurent dans ces contrats r6sultent d'un accord entre lesparties traduisant ainsi les conditions propre au commerce a l'int6rieur del'Empire ottoman; plus g6n6ralement, ls refletent certains des traits originaux

    de l'6conomie ottomane a cette 6poque. Les sources disponibles nous ont per-mis de retenir rois p6riodes: e tournant du XVIIe et du XVIIIe siecle quand acaravane maritime est officialis6e, puis le milieu du siecle, enfin la fin de celui-ci. Compte-tenus e l'6tendue et de la diversit6 de l'empire, nous avons cherch6a avoir une documentation ui tienne compte de cette diversit6 geographique.

    Ann"es 1686-1707: Alger, Tunis, Tripoli, Alexandrie

    Dans la plupart des cas, il s'agit de monnaies r6elles et non de monnaies decompte. D'une faqon g6n6rale 'or est tres peu utilis6: sur un total de 356 men-tions, il n'y en a aucune sur 37 'a Alger, 2 mentions sur 102 monnaies cit6es aTunis et 23 sur 216 'a Tripoli. Ces 25 monnaies d'or sont les sequins v6nitiens,13 mentions, et les sequins cherifis ou sultanins, 12 citations, frapp6s au Caire.La monnaie employ6e est donc massivement celle d'argent, dans 330 cas sur

    3)Panzac

    (1985-1).4) Le pr&t a hypotheque constitue une avance remboursable l'arriv6e a bon port. Ellepeut l'8tre soit en meme monnaie soit dans une autre ce qui constitue une op6ration dechange et peut, en outre comporter un interet, de faqon ouverte ou dissimul6e. Le pret

    '

    hypotheque sert de capital aux n6gociants affr6teurs, il permet au capitaine de trouver unclient et fournit un intdr&t au propri6taire du capital. C'est aussi une sorte d'assurance

    inspir6e du contrat a la grosse aventure.

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    370 DANIEL ANZAC

    355, soit 93%, et a peu pres uniquement uroppenne. La seule piece ottomaneest I"'izelote," a zolota turque, cit6e 8 fois et uniquement

    'Tripoli, a partir de

    1702. Il s'agit d'une monnaie de 30 paras, frapp6e pour la premiere fois par

    Soliman II (1687-1691) puis par Ahmed III (1703-1730).5)Une monnaie europ6enne ait une timide apparition

    'Alger en 1703, 3 men-

    tions; il s'agit de la "pataque," e taler d'Allemagne, promis a une bel essordans la seconde moiti6 du siecle. En fait les deux esplces qui

    assurent 'essen-tiel des transactions ont:

    - l'"asselani" ou "abouquel," ixdale de Hollande qui porte un lion en effi-gie, arslan, pris aussi comme un chien abu kelb. Cette piece s'est r6pandue nM6diterran6e u XVIIe siecle et connait un grand succes aupres des Ottomans,ce qui entraine ult6rieurement es alt6rations ans le titre et sa d6saffection pro-gressive;

    - la piastre s6villane ou mexicaine. Il s'agit d'une piece de bonne qualit6, autitre de 916 milliemes, frapp6e au Mexique qui passe pour avoir gagn6 lemonde musulman avec l'exode des Morisques d'Espagne en 1609.6) Le flancest de forme grossiere et les effigies sont suffisamment etites pour laiser unesurface lisse sur le pourtour e qui facilite la rognure. Dans les contrats l estfr6quemment question de piastres s6villanes du poids de Tunis, d'Alger, deSousse, etc.; chacune de ces villes a en effet un poids-6talon diff6rent pour lapiastre qui est donc toujours pes6e et rogn6e si n6cessaire.7)

    Destinations et monnaies au Maghreb vers 1700

    villes Maghreb Levant

    navires s6villanes navires asselanis

    Alger 50,1 73,1 33,3 18,9Tunis 54,7 83,3 28,5 5,9

    Tripoli 24,6 20,8 67,7 64,8

    Il y a un contraste trbs marqu6 dans l'usage des deux principales monnaiesd'argent entre Tripoli d'une part, Tunis et Alger de l'autre. Dans le premierport, les asselanis repr6sentent es deux tiers des mentions, les s6villanes entrele quart et le cinquieme; dans les deux autres au contraire a situation est inver-

    s6e: 6 a 19% d'asselaniscontre les trois

    quartsou

    les quatre-cinquiemese

    5) Artuk et Artuk, t. II, 597 et 615.6) Cherif (1968).7) Masson (1903), 536.

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    L'ECONOMIE-MONDE TTOMANE N QUESTION 371

    s6villanes Si l'implantation primitive des Morisques a sans doute jou6 un r61e,cette opposition, pres d'un siecle plus tard, apparait urtout i6e 'a l'orientation

    g6ographique u commerce de ces ports. Tunis et Alger ont principalement es

    relations avec d'autres ports du Maghreb, ous vou6s 'a la piastre s6villane et ilest frappant de noter que les mentions d'asselanis n'y figurent que dans lescontrats dont la destination est Alexandrie ou Smyrne c'est 'a dire le Levant.Inversement, Tripoli est majoritairement rient6e vers le Levant domin6 par lesasselanis ce que confirme 'exemple d'Alexandrie.

    On ne dispose que de 43 contrats pour Alexandrie 6tablis entre 1695 et1702.8) Les monnaies pr6vues pour le reglement des nolis sont les suivantes:

    - 27 mentions d'asselanis, 62,8% du total, figurent dans les contrats ayantpour destination Smyrne, la Crete, I'Eub6e, Chypre, Istanbul, tous ports situ6sau Levant;

    - 13 mentions de piastres s6villanes, 30,2%, payables a Livourne, Sousse ouTunis;

    - 2 mentions des piastres de Tripoli de Barbarie t une de piastres de Smyrnesans autres pr6cisions. On peut n6anmoins penser que dans le premier cas ils'agisse de la piastre d'Espagne.

    Vers 1700, les clauses mon6taires pr6sentent es caracteres uivants:- les monnaies indiqu6es sont toutes des monnaies r6elles,- elles sont a peu pres uniquement europ6ennes,- les monnaies d'argent dominent celles d'or de fagon 6crasante, 93% au

    Maghreb, 100% au Levant,- on distingue deux zones d'utilisation pr6f6rentielle res marquees, e Magh-

    reb vou6 " la s6villane et le Levant ta l'asselani.

    Annees 1754-1767: Alger, Tunis, Alexandrie

    Les monnaies relev6es dans les 131 contrats de caravane rangaise enregistr6sa Tunis se r6partissent e la fagon suivante:

    - 12 mentions de monnaies de compte: 1 en livres tournois par un Frangais6tabli ' Tunis, les 11 autres sont en piastres du Levant ou du Grand Seigneurou encore de 40 paras. Elles sont 6valu6es ta 3 livres tournois ou 60 solstournois. Au moment du payement effectif, les parties s'informent de sa valeurr6elle au cours de la place et effectuent es ajustements n6cessaires.9) Dans 10

    8) Ce faible nombre de contrats r6vle qu'a cette 6poque, une grande partie de cette activ-it6 s'effectuait sans passer par un enregistrement officiel qui deviendra obligatoire par la suite.

    9) Eldem (1989), 168-175.

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    372 DANIEL PANZAC

    cas sur 11, la destination du navire affr6t6 e situe au Levant et 6 des affr6teurssont des Turcs.

    - 119 mentions concernent des monnaies r6elles soit 90,8%. Trois sont des

    piastres de 8 r6aux done en argent utilis6es par des Juifs de Tunis"

    destinationde Livourne, outes les autres sont en or (97,5%) Ces 116 sequins sont de troissortes: 1 sequin v6nitien, 15 sequins barbaresques t 100 sequins zermaboubs.Ce dernier, rapp6 au Caire 'a partir de 1736,10) connait un succes remarquableaupres des n6gociants maghr6bins omme des capitaines rangais qui l'utilisentau Maghreb comme au Levant, non seulement pour Alexandrie, ce qui paraitnormal, mais aussi pour Smyrne ou la Crete.

    On retrouve Alger, sur 25 contrats, des traits semblables a ceux not6s'

    Tunis. Cette uniformisation mon6taire n'est pas totale comme le montre lecontrat du capitaine Tropez Guirard de Saint Tropez avec Hadj Ahmed, un mar-chand alg6rien: le voyage d'Alger

    'Smyrne est 6tabli en piastres du Grand

    Seigneur alors que celui de retour Tunis est pr6vu en sequins zermaboubs.")On dispose de 894 contrats 6tablis

    ' Alexandrie pour la p6riode 1754-1767.Pour 793 d'entre eux, 88,7% du total, les clauses mon6taires ont r6dig6es enpiastres du Grand Seigneur que l'on sait &tre une monnaie de compte. Les 101autres contrats pr6cisent a monnaie rdelle a utiliser et pour 14 nolis

    ' destina-tion du Maghreb, 'affr6teur le choix entre deux ou trois monnaies ce qui sig-nifie qu'au total 132 monnaies sont nomm6ment it6es.

    Monnaies d'or: 101 (76,5%)- sequin de Venise 5- sequin fundoukli 8- sequin barbaresque 20- sequin zermaboub 68

    Monnaies d'argent: 31 (23,5%)- piastre izelote 18- pataque 13

    Moins du quart des reglements e fait en monnaie d'argent. La piastre zeloteest utilis6e uniquement dans les contrats oui le port de destination est situ6 en

    M6diterran6e rientale, Smyrne, Istanbul et, dans une moindre mesure, Salo-nique. Elle cesse d'etre mentionn6e aprIs 1760. La pataque, c'est i dire le talerde Marie Th6rese

    d'Autriche,est

    cit6edurant oute la

    periodemais

    davantageapres 1760. Sa valeur qui est de 86 m6dins en 1756-57 passe a 87 m6dins en

    10) Raymond (1973), 32.11) Archives d'Outre-mer, Aix-en-Provence, AOM 1 AA 26, 26 mai 1758.

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    L'ECONOMIE-MONDE OTTOMANE EN QUESTION 373

    1764. Son emploi est surtout r6serv6' la mer Eg6e mais on en le trouve aussi

    indiqu6 pour Sfax et Tripoli de Barbarie.Parmi les monnaies d'or, le sequin v6nitien est peu employd; sa valeur est

    comprise en 1755 entre 3 piastres 35 paras et 4 piastres. Le sequin fundoukli,monnaie 6gyptienne, ne figure que dans les contrats pour le Maghreb. Il est

    estim6' 3 sequins pour 11 piastres soit 3 piastres 27 paras 1/3 ce qui est trbs

    proche du sequin v6nitien. A deux reprises d'ailleurs, e payement offre le choixindiff6remment ntre l'un ou l'autre. Le sequin barbaresque, monnaie maro-caine, est davantage pris6 mais lui aussi n'est utilis6 que pour le Maghreb. IIvaut 3 piastres 1/4 en 1754-57 puis atteint 4 piastres 5 paras en 1766. Le sequinzermaboub est, de loin, le plus utilis6 puisqu'il est mentionn6 dans 51,5% des

    contrats. Sa valeur, stable durant oute la pdriode, st de 4 sequins pour 11 pias-tres ou 110 paras. Il sert a r6gler es frais de transport ussi bien vers l'Anatolieque vers la Grece ou le Maghreb.

    Au d6but de la seconde moiti6 du XVIIIe iecle, les monnaies cit6es dans lescontrats d'affr6tement r6sentent es caractbres uivants:

    - un contraste tres marqu6 entre le Maghreb, qui utilise a 90,8%, des mon-naies r6elles, et le Levant qui privil6gie massivement, 88,7%, une monnaie decompte, la piastre du Grand Seigneur.

    - les monnaies rdelles, quand elles sont sp6cifi6es, sont principalement esmonnaies d'or, a 76,5% au Levant et

    '87,5% au Maghreb La piece la plus

    utilis6e, et de loin, est le sequin zermaboub qui repr6sente 84% de l'or cit6 auMaghreb, et 68% au Levant, loin devant le sequin bararesque.

    - les rares monnaies d'argent cit6es sont l'izelote et la pataque au Levant, apiastre d'Espagne au Maghreb.

    Annies 1791-1794: Tunis, IstanbulJusqu'a pr6sent es contrats servant de base a cette 6tude 6taient uniquement

    frangais. Pour cette dernibre p6riode on dispose en outre des contrats v6nitiensce qui, non seulement augmente a base num6rique disponible, mais permet decomparer a clientele des deux pavillons. II faut rappeller qu'a la suite de l'en-tr6e en guerre de l'Angleterre contre la France au printemps 1793, le pavilionfranqais r6gresse fortement pour disparaitre 'ann6e suivante, laissant ainsi lechamp libre a la concurrence notamment 6nitienne.

    Durant ces trois ann6es, on a relev6 i Tunis 90 contrats frangais. Toutefois14 d'entre eux ont pour affr6teurs es n6gociants rangais 6tablis a Tunis et Mar-seille pour destination. Il s'agit de bitiments caravaneurs arriv6s t la fin de leurcampagne, contraints de rentrer en droiture en France et dont naturellement le

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    374 DANIEL PANZAC

    nolis est 6tabli en livres tournois. Dans ces conditions il parait normal de lesexclure de cette 6tude et fonder nos calculs sur les 76 contrats restants.

    Les affrteurs, par pavillon, a Tunis (1792-1794)

    affrteurs pav. frangais pav. vinitien total

    Europ6ens 8 (10,2%) 4 (4,4%) 12 (7,2%)Juifs 12 (15,9%) 44 (48,9%) 56 (33,7%)Maures 51 (67,2) 34 (37,8%) 85 (51,2%)Levantins 5 (6,7) 8 (8,9%) 13 (7,9%)total 76 (100,0%) 90 (100,0) 166 (100,0)

    Les deux pavillons ont en commun de n'avoir que peu d'affr6teurs europ6enset pas davantage de levantins, Turcs et Grecs, 12 a 15% au total, face auxMaures, c'est

    ' dire Arabes, et aux Juifs qui constituent 'essentiel des n6go-ciants engages dans le commerce maritime a partir de Tunis. La par contre, lecontraste est grand: les Maures forment les 2/3 des nolisataires des naviresfranqais alors que les Juifs n'en repr6sentent ue le 1/6 tandis que ces derniersnolisent la moiti6 des navires v6nitiens cependant que les Arabes n'en utilisentque le 1/3. I1 importe de voir si l'appartenance ommunautaire e la clientelejoue un rble dans le choix des destinations t celui de la monnaie utilis6e.

    On d6nombre 8 monnaies dans les 166 contrats utilis6s ici. Trois sont desmonnaies de compte: a livre g6noise, 2 mentions, a livre tournois, 4 mentionset la piastre du Grand Seigneur, 20 mentions soit au total 26 notations, 15,7%.Les monnaies r6elles, beaucoup plus fr6quentes, 84,3%, sont compos6es de

    pieces d'argent, un 6cu maltais, un taler, une piastre oscane et 57 piastres d'Es-pagne contre 81 sequins zermaboubs, eule monnaie d'or cit6e. Trois facteursse combinent pour d6terminer e choix des monnaies: a destination du navire,la communaut6 u nolisataire, a nationalit6 du capitaine de l'autre. Les naviresse rendant Marseille ont leur contrat sp6cifi6 en livres tournois que leurs affr6-teurs soient arabes ou juifs. Les contrats pour Livourne, qui int6ressent urtoutdes n6gociants uifs, sont tous, sauf un, 6tablis en piastre d'Espagne, de memeque les autres ports europ6ens tels Genes, Naples, Majorque ou Cadix. Parcontre ceux destin6s pour Malte, 18 navires en tout, sont tous, quels que soientles affr6teurs, urop6ens, uifs ou maures, sauf celui en 6cus maltais, r6gl6s en

    sequins zermaboubs. Cette monnaie est 6galement a peu pres la seule utilis6epour les voyages vers les autres ports du Maghreb, Alger, Bone, Djerba ouTripoli.

    La situation est plus complexe vers le Levant, ici Istanbul, oui l'on retrouvea la fois le sequin zermaboub t la piastre du Grand Seigneur. Pour Alexandrie,

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    L'ECONOMIE-MONDE TTOMANE N QUESTION 375

    on d6nombre 36 contrats, moiti6 sur des navires frangais, moiti6 sur des bfiti-ments v6nitiens, tous ayant des affr6teurs maures. Les 18 contrats rangais sonttous 6tablis en sequins zermaboubs andis qu'on en relive 7 en sequins et 11

    en piastres du Grand Seigneur sur les contrats v6nitiens. Meme observation apropos de Smyrne oii 5 des 7 contrats v6nitiens sont en piastres A a diff6rencedes franqais, l est vrai moins nombreux. i semble bien qu'au Levant ce sontles capitaines caravaneurs ui manifestent eurs pr6f6rences, es v6nitiens ont unfaible pour les piastres et les frangais es sequins sans qu'on puisse savoir, pourle moment, es raisons de leurs choix.

    Pour les ann6es 1791-1794, on dispose d'une corpus de 150 contrats 6tablisa Istanbul, 84 franqais et 66 v6nitiens.

    Les affreteurs, par pavilion, d Istanbul (1791-1793)

    affriteurs pav. frangais pav. venitien total

    Europ6ens 8 (9,5%) 31 (47%) 39 (26%)Juifs 1 (1,2%) 2 (3,0%) 3 (2%)Grecs 11 (13,1) 12 (18,2%) 23 (15,3%)Maures 15 (17,9%) 3 (4,5%) 18 (12%)

    Turcs 49 (58,3%) 18 (27,3%) 67 (44,7%)total 84 (100,0%) 66 (100,0) 150 (100,0)

    Comme ' Tunis, on note des similitudes et des diff6rences tres marqu6esentre les affr6teurs des navires caravaneurs elon qu'ils sont frangais ou v6ni-tiens. Alors qu'ils sont trbs nombreux Tunis, particulibrement ur les naviresv6nitiens, les Juifs sont presqu'absents

    ' Istanbul. Les Grecs, 15% des affr6-teurs, semblent ndiff6rents u pavillon et sont sensiblement en nombre 6gal surles uns et sur les autres. Le contraste est par contre tres marqu6 en ce quiconcerne les nolisataires musulmans. Tres peu de Maures sur les navires v6ni-tiens, 4,5%, et une minorit6 de Turcs, 27,3% du total alors que les frangais ontmassivement affr6t6s par les n6gociants musulmans: 15 Maures, 17,9%, et 49Turcs, 58,3% ce qui confirme l'observation d6ja faite 't Tunis 'a ce sujet. AIstanbul, es Europ6ens affr6tent pres de la moti6 des navires v6nitiens, surtoutles V6nitiens, 18, puis les Ragusains, 8, qui, 6tablis dans la capitale de l'Em-pire ottoman, pratiquent e commerce a l'int6rieur de celui-ci au contraire des

    Frangais.On relive sept monnaies diff6rentes travers ces 150 contrats. On trouve une

    fois le ducat v6nitien, une fois le taler et trois fois la livre tournois. On netrouve que 4 mentions de piastres espagnoles dans des contrats 'a destination dela M6diterran6e occidentale, Genes, Livourne et deux fois Tunis. Le sequin

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    zermaboub st mentionn6 t dix reprises, outes pour des accords sign6s par desMaures se rendant au Maghreb. En fait, la trbs grande majorit6 des contrats, 130sur 150, 86,7% sont 6tablis en piastres du Grand Seigneur dont on sait qu'il

    s'agit en fait d'une monnaie de compte qui ne pr6juge en rien des especesr6elles vers6es, apres l'arriv6e a bon port, ce que pr6voient pourtant certainscontrats, el celui pour Livourne du 2 mai 1792, dans lequel on trouve la men-tion suivante: "le pr6sent nolisement est fait et convenu pour le prix et lasomme de mille trois cent cinquante piastres monnoye du Grand Seigneurpayable... en piastres d'Espagne au cours de la place."12) l en est de plusexplicites tel celui sign6 entre Halil Aga Odabachi et Tabak Osman Aga, mar-chands turcs de Candie et le capitaine Antoine Flottes de Sanary qui doit les

    conduire du golfe de Cassandra, proche du Mont Athos, a Alexandrie:Le capne s'oblige de compter a ses dits nolisataires eux mille piastres monnoye duGrand Seigneur n forme d'hipotheque orsqu'il aura requ son bord des marchandisespour e double de ladite somme, aquelle somme de deux mille piastres esdits nolisa-taires rembourseront udit cap"e a l'heureuse arriv6e du navire Alexandrie vant riend6barquer n memes esplces

    effectives et a d6faut en tallaris de la Reine qui seront6valu6s a 103 paras 'un ou en sequins du Caire de bon or et de poids

    ' raison de troispiastres t six paras 'un.'3)

    L'ambiguit6 de la piastre du Grand Seigneur r6side dans le fait que c'est ala fois une monnaie de compte dont la valeur au d6part est fixe et une monnaier6elle dont le cours 6volue par rapport a d'autres. S'aggissant d'un port duLevant, ce contrat nous informe des trois monnaies le plus commun6ment nusage dans la region: la piastre du Grand Seigneur, le taler de Marie-Th6rese,deux monnaies d'argent, et le sequin zermaboub qui lui est en or. On remarqueque le contrat donne la valeur en paras de ces deux nionnaies.

    Evolution seculaireDe ces diff6rentes observations rois faits principaux e d6gagent:- la pr6sence et la dur6e de nombreuses monnaies qui cohabitent t rivalisent

    dans l'Empire ottoman. On en d6nombre une douzaine parmi esquelles on dis-tingue les monnaies de compte, la livre tournois, a livre g6noise ou l'6cu mal-tais, ainsi que la piastre du Grand Seigneur, d'abord monnaie "effective," pourutiliser un terme contemporain, uis trbs vite devenue monnaie de compte. Lescontrats mentionnent huit monnaies

    r6ellesau

    cours du siecle: les sequinsv6nitiens, cherifi, fundunkli et zermaboub qui sont des pieces d'or, la zolota,

    12) AAE AR Constantinople 41.13) AAE AR Constantinople 41.

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