monographie de la commune de lux...direction du sud-est au nord-ouest. elles vont en diminuant vers...
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MONOGRAPHIE DE LA COMMUNE DE LUX
Document rédigé en 1885
Auteur : L’Instituteur de Lux de l’époque Monsieur Naudy
La commune de Lux est située au Nord-Est de Villefranche-de-Lauragais. Elle est limitée au Nord par
les communes de Juzes et de Beauville, à l’Ouest par Saint-Vincent et Vallègue, au Sud par celles
d’Avignonet, Folcarde et Rieumajou, et à l’Est par Mourvilles-Hautes. Elle a à peu près la forme de
notre département, et conte une superficie de 755 hectares.
Lux est situé à 7,5 kilomètres de Villefranche qui en est le chef-lieu d’arrondissement et de canton. La
route départementale de Villefranche à Revel, traversant la commune, en passant près du village,
facilite les relations avec le chef-lieu d’arrondissement.
Lux est situé à 43 km de Toulouse, passant par Villefranche.
Le pays est généralement accidenté. Les collines qui le composent sont peu élevées et suivent la
direction du Sud-Est au Nord-Ouest. Elles vont en diminuant vers ce dernier point. La principale, celle
surtout où est situé le village, se termine par un plateau assez joli et se confond insensiblement avec la
plaine un peu au-dessous du village. Ce dernier quoique situé sur un plateau paraît être dans un bas-
fond, vu de la route départementale, d’où on n’aperçoit que la toiture de la nouvelle église.
Ce n’est qu’à 100 mètres environ que commence à voir les premières maisons. En retour, si, étant dans
le village, la vue est bornée du côté de l’Ouest et au Sud par la colline qui le domine. On jouit d’un
beau coup d’œil dans la direction opposée, on y voit cinq villages voisins : Juzes, Le Vaux, Bélesta,
Saint-Félix et Mourvilles-Hautes. Dans cette même direction, il domine plusieurs collines et une petite
vallée au fond de laquelle se trouve un petit ruisseau bordé de peupliers et longé par une longueur de
pré. Tout cela vu des ruines de l’ancien château présente un aspect ravissant et tout à fait pittoresque.
L’ensemble du sol est généralement montagneux, son altitude est, aux points les plus élevés, de 240 à
249 mètres. Les parties Sud et Sud-Est du territoire sont les plus accidentées, cependant un autre
plateau assez vaste et élevé domine ces collines aux lieux dits Saint-Jean-de-Lugardès, Raoü et
Commanderie. Toutes ces collines sont cultivées ou boisées, de manière qu’elles ne présentent aucune
curiosité naturelle. Toutesfois, le pays est assez agréable et pittoresque.
Les eaux du territoire communal s’écoulent dans différentes directions. La commune comprend trois
versants :
1) Celui du ruisseau de la Ribeyresse et Picard.
2) Celui du Favayrol et de Véga au Sud
3) Celui de l’Ouest qui compte plusieurs petits ruisseaux.
Toutes ces eaux vont se jeter dans le Marès, aux environs de Villefranche. Tous ces cours d’eau sont
insignifiants. On n’y voit un peu d’eau qu’à l’époque des grandes pluies et à la fonte des neiges.
Comme eau potable pour l’alimentation, on est obligé d’avoir recours aux puits. Il y a bien cependant
quelques petites sources à certains endroits, mais elles sont peu abondantes et tarissent à l’époque des
grandes chaleurs.
Pour abreuver le bétail et pour arroser en été, on est obligé de recourir à l’eau des mares et encore est-
on obligé de la ménager en été pour ne pas en être entièrement dépourvu. Parmi ces sources, il en est
une cependant plus abondante que les autres, et qui ne tarit jamais. C’est celle des Taberneaux, à
l’Ouest et à 150 mètres du village située sur la route de Trébons à Mourvilles-Hautes et sur le chemin
du village. A l’époque des grandes chaleurs, il y a même des gens de la commune de Juzes qui, étant
privés d’eau dans leur contrée, y viennent laver leurs lessives.
Plan de Lux et de ses communes limitrophes
On trouve peu de pierre à construire sur le territoire communal. Ce n’est qu’avec peine qu’on parvient
à en extraire à certains endroits et encore est-elle de très mauvaise qualité : C’est du moellon.
Les parties constituantes du terrain qui dominent sont le calcaire, l’argile et le sable. L’humus
dominant dans certaines contrées, fait entièrement défaut dans d’autres. Quelques propriétaires
seulement cherchent à amender leurs terres, ce sont généralement les petits. Leurs terres sont aussi les
mieux cultivées.
Le climat tempéré, le pays serait fertile, si ce n’était le vent du Sud-Est qui détruit tout à certaines
époques de l’année. C’est principalement au printemps et à l’époque des équinoxes qu’il se fait le plus
sentir. Au printemps, il ravage les arbres fruitiers et à l’époque des moissons, il cause également de
grands dégâts. Il dessèche les terres de manière que le cultivateur doit se borner à la culture de
quelques céréales, telles que blé, maïs et quelques autres insignifiantes. Ainsi que nous le verrons ci-
après. Les seuls vents qui nous amènent la pluie sont ceux du Sud-Ouest.
D’après le recensement de 1881, le chiffre de la population de la commune est 259 habitants, tandis
que celui de l’an dernier s’élevait à 265. Du reste, le tableau ci-après nous l’indiquera très clairement.
Recensements Dates des recensements Chiffre de la population Différence en moins
sur les années précédentes 1851 326 1872 293 33 en 21 ans 1876 265 28 en 4 ans 1881 259 6 idem
Il y a donc une grande diminution d’un recensement à l’autre. A quelle cause l’attribuer ? Ce doit être
sans doute comme partant ailleurs, à la tendance qu’ont les populations rurales d’affluer vers les villes.
Bien pour mieux dire, la cause en est inconnue. Un grand nombre des habitants de la commune étant
des maîtres-valets, la population en est trop flottante pour qu’on puisse s’en rendre compte.
La commune se compose du village, d’un hameau et de métairies éparses. Savoir (recensement de
1881) :
Nom des situations Ménages Maisons Individus
Village 9 7 31
La Borie, hameau 8 8 29
Métairies 48 44 199
Totaux 65 59 259
Les conseillers municipaux, comme dans toutes les petites communes, sont au nombre de dix. Sur ce
nombre, il y en a un d’illettré. Les électeurs ayant l’habitude de porter des propriétaires pour les
représenter, se trouvent souvent fort embarrassés dans le choix qu’ils ont à faire, mais malgré cela, ils
préfèrent des propriétaires illettrés à des fermiers instruits.
Les principaux propriétaires de la commune sont : M. M. Solier Félix qui à lui seul possède les 1/9ème
du territoire communal. De Marliave, Andraud, Maurel, etc. Quant aux autres, ce sont tous des petits
propriétaires qui font valoir leurs biens.
Le culte catholique est le seul professé dans la commune. Les gens sont généralement crédules et peu
instruit, aussi s’en trouvent-ils encore qui croient aux revenants, au pouvoir de quelques sorciers, à la
vertu de quelques sources mystérieuse. Toutefois, on s’aperçoit que cette simplicité primitive, qui tient
de l’ignorance, disparaît peu à peu grâce à l’instruction qui pénètre actuellement jusqu’au sein des plus
humbles chaumières.
L’église est le seul monument que possède la commune. Elle a été construite à neuf, il y a une
douzaine d’années (reconstruite le 22 mars 1866). C’est un édifice roman qui n’a rien de particulier à signaler.
Lux possédait autrefois un château féodal dont il ne reste plus aujourd’hui qu’une vieille tour à moitié
démolie (1).
On croit généralement qu’il a été démoli du temps des guerres de religion, vers le milieu du 16ème
siècle.
(1) Tour construite et transformée en pigeonnier
L’emplacement du château a été transformé en prairie artificielle dans sa partie intérieure, tandis que
le haut forme un jardin anglais. La tour a été tronquée et la toiture refaite.
La commune appartient à la perception de Villefranche. La valeur du centime est 32 fr. Les revenus
communaux sont minimes et cependant, grâce à la sage administration du maire actuel, M. Andraud
Germain, réélu aux dernières élections, la commune a trouvé le moyen d’économiser les fonds
nécessaires pour faire face aux dépenses occasionnées par la construction de l’église et de la maison
d’école, sans trop surcharger les contribuables. Cette dernière est une des mieux installées des
environs. C’est ce dont je parlerai ci-après.
Les principales productions de la commune sont les suivantes :
Grains alimentaires et tubercules
1) Grains alimentaires
Désignation des cultures
Hectares cultivés
Rendement de l’hectare en
hectolitres en 1884
Prix moyen de l’hectolitre en 1884
Rendement moyen en hectolitres
Blé 255 20 18 f 5.100
Avoine 10 20 10 200
Maïs 200 25 15 5000
Fèves 16 12 14 192
Haricots 5 12 20 60
Poix 5 10 19 50
2) Tubercules
En pommes de terre, 5 hectares cultivés dont en moyenne 60 quintaux métriques par hectare, dont en
moyenne 5 fr. le quit. métrique.
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Parmi toutes ces cultures, c’est le blé qui domine toutes les autres, le maïs vient ensuite. Ce dernier est
la culture favorite du maître-valet. Il est aussi son nourricier, car matin et soir, le millas figure à sa
table (c’est ainsi qu’il appelle la bouillie). C’est le mets par excellence. Cependant il faut le dire pour
être juste, depuis quelques années, on s’aperçoit que nous sommes dans le siècle du progrès, puis que
le dernier des cultivateurs s’en ressent. En effet, celui qui voit aujourd’hui la manière dont se traite le
maître-valet, le dernier des cultivateurs, relativement à ce qu’il faisait autrefois, ne peut disconvenir
que son bien-être en diffère comme la nuit avec le jour.
L’âpre pain de maïs qu’il se pétrissait même autrefois est remplacé par le bon pain blanc que lui
apporte le boulanger chargé de céréales. Il tue tous les ans cinq ou six paires d’oies ou de canards et un
cochon avec lesquels il fait du salé.
En outre, depuis quelques années, il boit tous les jours son vin, ce qui était inconnu autrefois. En un
mot, il se traite aussi bien que le propriétaire : N’est-ce pas là un des grands bienfaits de 1789 !
Parmi toutes les cultures, il en est une qui allait faire tomber toutes les autres dans notre contrée, si le
phylloxéra n’était venu en entrainer la marche, c’est li vigne.
Depuis quatre ou cinq ans, tout le monde plantait des vignes. On se figurait qu’il suffisait d’être
propriétaire de quelques vignes pour faire sa fortune en peu de temps, et puis, du reste se disait le
paysan : Il est si bon, si agréable à boire « a quel boun bi del pays ».
Ce qui est aussi venu paralyser cette impulsion, c’est que ces vins étant si petits et si faibles, ne
peuvent être transportés sans s’avarier de manière que le propriétaire se trouve embarrassé pour les
vendre. D’un autre côté, les étrangers n’y attachent aucun prix, quoique naturels. Bref, autant était
forte la langue pour la culture de la vigne, autant a été cruelle la déception.
Le phylloxéra a fait son apparition l’année dernière, quatre ou cinq hectares sont déjà envahis. Ce sont
généralement les terrains sablonneux et élevés qui en sont atteints. Plusieurs propriétaires, pour ne pas
dire le grand nombre, ont pas encore ressenti les effets qu’ils commencent déjà par se décourager, tant
il est vrai que la joie du soir fait trouver triste la matinée du lendemain. Il est à souhaiter que le fléau
dévastateur s’arrête là, bien que ce petit vin soit très ordinaire : ne serait-ce que pour se purger qu’il
mérite encore d’être conservé. Ce petit vin peut avoir en moyenne cette année de 6 à 7 degrés, 8 tout
au plus. Il se vend de 15 à 18 fr l’hectolitre, quelques 20 par exception.
Tableau comparatif des vignes et du rendement du vin en 1884
Vignes
Nombre d’hectares plantés en vignes
Rendement moyen en
vin par hectare en 1884
Année moyenne Rendement moyen en vin par hectare
En production 100 20 22
Nouvellement plantées 50 20 22
Phylloxérées 5 20 22
La superficie des bois est de 15,5 hectares donnant environ 85 stères par hectare tous les 20 ans. Le
prix du stère est en moyenne de 7 francs, pris sur place. Le chêne est le bois le plus commun dans cette
contrée.
Quant au fourrage, le tableau suivant nous renseignera aussi bien que possible d’après le rendement de
l’année dernière.
Fourrages, prairies, herbages
Fourrages annuels, prés artificiels et prés temporaires
Désignation des cultures
Nombre d’hectares cultivés
Rendement moyen par hectare Quint. mét.
Prix moyen d’un quintal de fourrage
Année moyenne Rendement par
hectare Quint. mét.
Vesces
30 60 6,20 f 30
Seigle vert
4 60 3 f 35
Trèfles de toutes natures
5 58 5,5 f 65
Luzerne
10 60 6 f 65
Sainfoin
12 39 8 f 100
Prés et pâtures temp.
10 60 6 f 7
Herbages pâturés
12 75 8,20 f 50
On élève généralement peu de bétail dans la commune, sauf les bêtes que les propriétaires engraissent
ou élèvent tout en s’en servant pour leurs travaux agricoles.
Tableau des animaux existant dans la commune
Désignation des espèces
Nombre de têtes
Poids moyen
Prix moyen
Espèce chevaline 14 400 kg 800 f
Mulets et mules 5 450 850
Espèce bovine 204 350 400
Espèce ovine 170 45 40
La chasse est assez attrayante dans nos contrées, seulement ce qui est désagréable, c’est que le gibier
diminue sensiblement d’une année à l’autre. Il ne peut en être autrement, on ne voit que des
braconniers dans cette contrée, et en tout temps. Pour eux la chasse est toujours ouverte, tout le monde
prend du gibier ou, pour mieux dire, il n’y a que ceux qui ont leur permis de chasse qui en prennent
peu. On en compte neuf ou dix dans la commune.
Il paraît qu’autrefois la commune possédait plusieurs briqueteries dont on voit encore les traces.
Aujourd’hui tout a disparu. Il n’y a plus qu’un moulin à vent situé à l’entrée du village.
Les seules voies de communication sont les routes, dont la principale est la route départementale de
Villefranche à Revel, par Saint-Félix. Il y a en outre un chemin d’intérêt commun de Saint-Vincent à
Mourvilles-Hautes, traversant la commune de Lux dans une bonne partie de sa longueur (voir la carte
de la commune à la 4ème page de la monographie). Il y a ensuite deux autres routes communales et des
chemins vicinaux qui sillonnent le territoire communal.
Lux, du latin « Lugdunum », signifie « hauteur ». En effet, c’est un des points les plus élevés, quoique
le village ne soit pas situé sur le point culminant de la colline, sur le versant Nord de laquelle il se
trouve. On ne le dirait pas à vue d’œil, mais il est encore plus élevé que le village voisin Juzes.
Lux signifie encore, d’après l’étymologie du mot, « lumière » mais ce n’est pas sous ce point de vue
que nous devons l’envisager. De ces deux assertions, j’opterais pour la première qui a sa raison d’être.
Bien des gens, ignorants sans doute cette première étymologie, lui attribuent cette dernière. Dans ce
cas, je me demande dans quel sens il faudrait le prendre. Au propre, pour quelle raison aurait-on pu
l’appeler ainsi ?
Si c’est au figuré, je conviens qu’on s’est grandement trompé car, sauf quelques rares exceptions, la
population est superstitieuse et ignorante.
Toutefois, pour être juste, il convient de lui rendre témoignages. Si elle est ignorante en fait de culture
intellectuelle, du moins elle chercher à s’instruire en ce qui a trait à l’agriculture.
Elle en a en cela l’esprit d’imitation, si elle n’a pas celui de l’invention, car elle cherche à faire aussi
bien que ceux qu’elle suppose plus instruits et plus capables.
Pour l’agriculture, les habitants de Lux peuvent rivaliser avec tous leurs voisins. Toutefois, si on a un
reproche à leur faire, du moins au grand nombre, c’est d’être trop routiniers. Presque tous sont de
petits propriétaires faisant valoir eux-mêmes leurs biens.
CHAPITRE IV - ENSEIGNEMENT
La commune de Lux a été de tous temps favorisée pour le rapport de l’instruction primaire. Bien
qu’aucun écrit n’ait pu me renseigner au sujet de la création de son école, il est certain, d’après tout ce
qui m’a été raconté par quelques anciens, qu’elle a été une des premières à bénéficier du bienfait de
l’instruction. Il n’en a pas été de même si de quelques-unes des communes voisines dont les pères de
famille étaient obligés d’envoyer leurs enfants à Lux s’ils voulaient leur faire donner à Lux, s’ils
voulaient leur faire donner l’instruction primaire. Il y avait alors bien plus de communes qui eussent
un instituteur.
La salle de classe se trouvait attenante à l’ancienne église à l’emplacement où elle se trouve
aujourd’hui. D’après ce qui m’a été raconté, il paraît qu’elle se trouvait dans un couloir, à côté de
l’église, à l’emplacement duquel on fit plus tard une chapelle.
C’était tout à fait mal organisé. Les tables et les bancs étaient remplacés par une espèce de banquette
en maçonnerie, située tout autour de ladite salle.
C’est dans cette pitoyable salle que les vétérans de la commune ont appris à lire et à écrire ou, pour
mieux dire, à signer.
Le premier registre qui fait mention de l’école de Lux est celui des délibérations du comité local de
l’instruction primaire.
En 1839, la commune de Saint-Vincent fut réunie à celle de Lux pour l’instruction des enfants des
deux communes, en vertu d’un arrêté ministériel daté du 11 mai de la même année. A cette même
époque, le Sieur Anglade fut nommé instituteur dans cette même commune. Dans leurs procès-
verbaux, les membres du comité font l’éloge du Sieur Anglade comme étant un des meilleurs
instituteurs et, en effet, le comité de l’arrondissement le proposa à différentes reprises pour lui faire
obtenir la médaille d’argent.
A cette époque, la maison d’école était située dans le presbytère actuel. Ce local était bien pour ce
temps, surtout où les locaux scolaires étaient généralement mal disposés. Trop bien dans un autre sens,
car la commune ayant besoin d’un presbytère, et sur la demande du curé, témoigna le désir d’habiter
dans le local de l’instituteur. Celui-ci dû s’en aller pour lui faire la place. Ote de là que je m’y mette !
Toutefois, le conseil municipal alloua la somme de 100 fr à l’instituteur pour le faire consentir à ce
déplacement. Celui-ci ne tarda pas à s’en repentir car il est allé s’installer dans une métairie voisine
appelée « Toy » à 450 mètres du village, en attendant que la commune eût construit une nouvelle
école. Ainsi qu’elle l’avait promis, la commune, se mit immédiatement à l’œuvre et fit construire une
maison d’école où se trouvaient à la fois la salle de classe et le logement de l’instituteur.
Ce nouveau local fut construit au village et attenant à l’ancienne école transformée en presbytère.
Cette maison n’a jamais valu celle qu’on céda au curé, elle est dépourvue de jardin. D’un autre côté,
elle n’est pas si vaste que cette première, situé entre la place et un joli jardin, tandis que la nouvelle, le
logement actuel de l’instituteur, se trouve entre la place à l’Est et une mare à l’Ouest.
Depuis cette époque, l’instituteur ne reçoit qu’une indemnité de 20 fr pour le jardin, mais il n’est pas
indemnisé pour la salubrité et l’agrément qu’il a en moins.
L’instituteur a fait l’école dans ce local, dont la salle de classe était un véritable étouffoir jusqu’en
1882.
Plan de l’ancienne maison d’école et de ses dépendances.
REZ-DE-CHAUSSEE
La salle de classe fut alors installée au rez-de-chaussée, actuellement chambre à coucher. Cette salle
était mal exposée, elle n’avait que deux ouvertures au Nord. Plus tard, elle fut transférée au premier
étage. Elle était bien mieux éclairée et aérée qu’au rez-de-chaussée. Elle avait deux ouvertures au Sud-
Est, une autre au Nord. Elle était aussi plus vaste, mais son élévation n’était que de 2,20 m. La
capacité atmosphérique de la dernière salle de classe était d’environ 653 mètres. Le palier était
tournant et très obscur et par là très dangereux, ainsi que le raconte un des prédécesseurs.
PLAN DU 1er ETAGE
En 1881, grâce à la sage administration du maire actuel, Mr. Andraud Germain, la commune trouve les
moyens de construire une salle d’école très convenable sans voter de nouvelles impositions, car il y
avait déjà quelques années qu’elle était imposée extraordinairement. On venait de terminer l’église qui
a été construite à neuf.
C’est précisément dans l’ancienne église que l’on a établi la nouvelle salle d’école. C’est une des
mieux installées de l’arrondissement. L’ancien local sert de logement à l’instituteur. Les deux
immeubles sont situés à 40 mètres l’un de l’autre.
La salle est vaste bien éclairée et elle a 8 m de long sur 6 de large et 4,30 m de hauteur, soit 48 mètres-
carrés et 206 m3. Elle n’a qu’une ouverture ogivale au Nord, ayant 3 m. de base sur 2 m de haut, elle a
en outre une petite ouverture au Nord.
L’école est située entre deux préaux couverts. Ils sont carrelés, très convenables. Deux lieux d’aisance
sont attenants à chaque préau, de manière que les filles sont entièrement séparées des garçons pendant
les récréations.
Le plan ci-après nous fera connaître très clairement la disposition de ces nouveaux locaux.
PLAN ET FACADE DE L’ECOLE DE LUX
Le mobilier scolaire ne laisse rien à désirer, tout est neuf et conforme au nouveau règlement et aux
plans recommandés par le ministère (1).
L’école possède une bibliothèque scolaire composée de 36 volumes donnés par le ministère en 1881.
La commune a voté l’année dernière la somme de 20 fr pour la compléter : C’est sur le budget de 1885
que cette somme est portée.
Dans le courant de l’année, il y a eu une vingtaine de prêts, ou d’ouvrage lus par les élèves. La
commune vient de doter l’école d’une demi-douzaine de fusils scolaires en fonte ou en métal blanc.
Un instructeur est chargé de la gymnastique. Le ministère a également fait don à l’école d’une jolie
collection de tableaux d’histoire naturelle, par Deyrolles.
Le logement de l’instituteur est pourvu du mobilier personnel.
Quoique la commune de Lux possède une école depuis bien des années, la population est encore en
retard pour l’instruction. L’école n’a pas toujours été fréquentée assidûment. Et encore aujourd’hui, la
commission scolaire ne fonctionne pas, les manqueraient les trois quarts du temps si le maître n’y
tenait pas la main.
Tableau comparatif de la fréquentation scolaire depuis 1860
Noms des Instituteurs
Dates des années
Nombre des élèves inscrits
Noms des
Instituteurs Dates
des années Nombre des
élèves inscrits
Pinel 1860 14 Delpech 1876 35
Pinel 1861 12 Barbaste 1877 36
Pinel 1862 17 Barbaste 1878 35
Pinel 1863-1864 20 Barbaste 1879 37
Pinel 1865 18 Martin 1880 38
Pinel 1867-1868 25 Boyer 1881 37
Teulier 1869-1870 28 Naudy 1882 39
Monsarrat 1871-72-73 27 Naudy 1883 46
Monsarrat 1874-1875 34 Naudy 1884 44
Les détails suivants nous indiqueront le degré d’instruction des habitants de la commune.
Sur deux jeunes gens qui ont subi le sort cette année, il y en a un illettré. Sur douze enfants, cinq ont
pu signer : ce sont généralement des femmes. Les gens illettrés sont rares relativement aux filles.
FIN