maladie d’alzheimer et activité physique · concerne plus de 850 000 personnes en france, la...
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Évaluation de l’impact de
l’activité physique sur les
performances cognitives dans la
maladie d’Alzheimer
Mémoire de recherche
Éline THIRION
Master 2 Neuropsychologie Cognitive et
Clinique Sous l’encadrement de Marie CANTILLON
Hôpital Émile Durkheim - Épinal
Sous la direction d’Olivier DESPRÉS
et de Frédéric BERNARD
Université de Strasbourg 2014-2015
3
Remerciements
Je tiens à remercier en première instance ma psychologue référente Marie Cantillon, pour sa
disponibilité et les échanges que nous avons pu développer autour de cette étude.
Mes remerciements s’adressent aussi à Frédéric Bernard, sans qui ce projet n’aurait pu être mis en
place et qui fut à l’écoute de mes considérations.
Toute ma gratitude va également à l’ensemble de l’équipe du service de neurologie du centre
hospitalier Émile Durkheim d’Épinal ainsi qu’à celle de la consultation mémoire de la maison de
santé Saint Jean ; Tiphaine, Stéphanie, Léa, Marina, Anne, Catherine, Nadine, que je remercie pour
leur intérêt, leur soutien ainsi que leur aide quant aux recrutements des patients.
Je remercie le Dr Huttin, chef de service, ainsi que le Dr Paquot, médecin gériatre, qui ont rendu ce
travail possible et m’ont également aidée pour le recrutement des patients.
Je remercie mes parents, pour leur soutien inconditionnel et le vif intérêt qu’ils ont porté à ma
formation de neuropsychologue. Je remercie mon amie et collègue de promotion Mélanie, pour sa
présence et son empathie bienveillante à toute épreuve. Mes remerciements s’adressent également à
Justine et Marie-Christine, ayant fait appel à leur talent de relectrice.
Enfin, je remercie vivement les participants de cette étude ainsi que leur famille pour le temps qu’ils
m’ont accordé et les agréables rencontres qu’il m’ont permis de connaître.
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Résumé
Face à l’enjeu que représente de nos jours la maladie d’Alzheimer, maladie neurodégénérative qui
concerne plus de 850 000 personnes en France, la question des thérapies est une problématique
primordiale. L’efficience des prises en charges médicamenteuses étant encore remise en cause, il
devient nécessaire de se tourner vers d’autres possibilités thérapeutiques non pharmacologiques,
comme par exemple les thérapies par le mouvement et notamment l’activité physique. En effet, les
effets positifs d’une telle activité sur la santé physique n’étant plus à démontrer, la question est
maintenant de savoir si ces effets peuvent être remarqués sur la santé mentale, tant d’un point de
vue cognitif qu’affectif ou comportemental. Ce travail s’est tout particulièrement intéressé à
l’impact de l’activité physique sur la cognition dans le cadre des maladies neurodégénérative, et
particulièrement la maladie d’Alzheimer.
Pour cela, neuf patients chez qui une probable maladie d’Alzheimer était diagnostiquée (stade léger-
modéré) furent recrutés dans le but de proposer une évaluation neuropsychologique globale, ainsi
qu’une estimation de l’activité physique pratiquée par le passé et actuellement. Des éléments
complémentaires furent recueillis pour apprécier le retentissement de l’activité physique sur la
qualité de vie, les aspects thymiques, les interactions sociales, etc. L’hypothèse de cette étude était
d’observer une préservation significative d’autant plus importante des fonctions cognitives que le
niveau d’activité physique (passé et/ou actuel) était élevé. Même si certains liens furent observés
entre le niveau d’activité physique actuel et les capacités d’initiation verbale et de résistance à
l’interférence, ces relations ne sont pas retrouvées de manière systématique, limitant ainsi
l’interprétation de ce travail.
Devant ces résultats, il semble que l’hypothèse ne puisse être confirmée à travers cette étude. La
prise en compte des limites de cette investigation (échantillon limité, outils à améliorer, évaluation
neuropsychologique insuffisamment ciblée, considération de la population) permet d’envisager les
suites possibles à mener dans ce domaine de recherche. D’autant plus, si les résultats ne sont pas
significatifs de manière générale, certains effets sont à considérer chez les patients étant en début de
maladie (stade léger d’après le score MMS normé selon l’âge et le niveau socioculturel). Ainsi,
suite à ce travail, il serait pertinent de proposer une étude (interventionnelle, comme imaginée à
l’élaboration de ce mémoire) à des patients chez qui la maladie d’Alzheimer à un stade léger est
suspectée.
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Sommaire
1. Introduction ........................................................................................... 6
2. Méthode ............................................................................................... 13
2.1. Sujets ......................................................................................................... 13
2.2. Matériel ..................................................................................................... 14
2.2.1. Bilan neuropsychologique de base ....................................................... 14
2.2.2. Evaluation de l’activité physique ......................................................... 16
- Activité physique passée .................................................................... 16
- Activité physique actuelle .................................................................. 16
2.2.3. Evaluation complémentaire ................................................................ 17
2.3. Analyse des données ................................................................................ 17
3. Résultats ............................................................................................... 18
3.1. Validité des données ................................................................................. 18
3.2. Variabilité interindividuelle ..................................................................... 19
3.3. Variabilité intragroupe ............................................................................. 19
4. Discussion ........................................................................................... 23
4.1. Activité physique et performances cognitives : discussion des
résultats ……………………………………………………………………… 23
4.2. Réflexion autour du thème de recherche : limites et considérations
méthodologiques ............................................................................................. 24
4.3. Réflexion autour de la population sollicitée ............................................ 27
5. Conclusion ............................................................................................ 29
Références ................................................................................................. 30
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1. Introduction
La maladie d’Alzheimer est la pathologie neurodégénérative la plus fréquente chez les personnes
âgées. D’après l’association France Alzheimer, 850 000 cas étaient recensés en 2013. 225 000
nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année en France, ce qui suggère une projection à plus de 2
000 000 de personnes atteintes en 2040. En 2012 l’Organisation Mondiale de la Santé recense 35,6
millions de personnes atteintes de démences dans le monde ; la maladie d’Alzheimer compterait
pour 60-70% des cas.
Cette maladie peut avoir une présentation clinique dite « typique », pour laquelle le premier signe
sera l’atteinte de la mémoire épisodique. D’autres formes plus « atypiques » peuvent être possibles
avec des syndromes focaux, telle qu’une aphasie progressive primaire. L’entrée dans la maladie
peut également se faire de manières différentes, précocement (avant 65 ans) pour environ 5% des
patients ou bien plus tardivement (après 65 ans) pour la majeure partie d’entre eux.
Si sa découverte se situe au début du XXème siècle, la compréhension de la maladie d’Alzheimer
reste encore incomplète aujourd’hui. Les critères diagnostiques, la définition et la connaissance des
étiologies impliquées sont en constantes évolution. De nos jours, la maladie d’Alzheimer comporte
un tableau clinique dominé par des troubles de la mémoire épisodique entraînant une perte
progressive d’autonomie. A ce tableau clinique s’ajoute également un tableau neuropathologique,
avec la présence de dépôts amyloïdes et de dégénérescences neurofibrillaires dans le cortex.
Plusieurs examens participent à son diagnostic, telles que l’IRM cérébrale (notamment au niveau
des hippocampes), la scintigraphie SPECT ou encore la ponction lombaire, afin d’évaluer le taux de
biomarqueurs (A 42, protéine tau). C’est pourtant la présentation clinique qui se situe au cœur du
diagnostic, permettant d’apprécier le stade d’évolution de la maladie et son impact au quotidien
pour le patient. La nouvelle définition de la maladie d’Alzheimer tend ainsi à devenir clinico-
biologique, prenant en compte à la fois les troubles cliniques et les signes neuropathologiques.
Selon la CIM1-10, la démence est une « altération progressive de la mémoire et de l’idéation,
suffisamment marquée pour handicaper les activités de la vie quotidienne, apparue depuis au moins
six mois et en présence d’au moins un des troubles suivants : langage, calcul, jugement, altération
de la pensée abstraite, praxies, gnosies ou modification de la personnalité ». C’est donc une
définition large qui ne suppose pas une détérioration intellectuelle importante mais une dégradation
par rapport à l’état antérieur et une gêne dans le fonctionnement quotidien.
D’après McKhann et al., (2011), le diagnostic de démence de type Alzheimer (DTA) probable peut
être évoqué devant un patient présentant dans un premier temps les critères de « démences de toutes
1 Classification internationale des maladies, 10ème révision (2008)
7
étiologies », caractérisés par un début insidieux ainsi qu’une nette détérioration cognitive mise en
évidence par l’histoire et l’évaluation des capacités cognitives (présentation amnésique ou non-
amnésique). Ces critères ainsi que ceux du diagnostic de DTA sont présentés en annexe.
La maladie d’Alzheimer connaît plusieurs stades d’évolution. Aujourd’hui, les auteurs (et
notamment Dubois & al., 2004) avancent l’existence d’un stade prodromal de la maladie, présentant
une combinaison de symptômes cliniques et de présence de biomarqueurs (LCR, imagerie), sans
grande répercussion sur l’autonomie au quotidien. Une fois la personne entrée en phase démentielle
de la maladie, l’évolution se fera suivant un stade léger, puis modéré et enfin sévère. Ces différents
stades suggèrent une aggravation progressive des déficits cognitifs et une autonomie de plus en plus
menacée. Les troubles du comportement prennent également place peu à peu, et deviennent bien
souvent à l’origine du motif de placement en institution. En phase de fin de vie, les complications
possibles qui accompagnent les troubles cognitifs (trouble de la déglutition, chutes, troubles
respiratoires, etc.) et les pathologies associées nécessitent la mise en place de soins palliatifs. Ces
soins permettent de préserver au mieux le confort de la personne ainsi que celui de l’aidant.
Face à ces données, la maladie d’Alzheimer est donc plus que jamais un problème de santé
publique. D’un point de vue économique, comme d’un point de vue social, il est primordial de la
prendre en charge une fois installée mais également de la prévenir.
La littérature actuelle s’est déjà intéressée de près aux divers facteurs de prévention de la maladie
d’Alzheimer et du déclin cognitif en général. En 2011, une étude de Barnes et Yaffe met en
évidence sept facteurs de risques dont la maîtrise permettrait de limiter le nombre de patients
atteints de cette maladie. Ainsi le faible niveau d’instruction, le tabagisme, l’inactivité physique, la
dépression, l’hypertension artérielle, l’obésité et le diabète semblent jouer un rôle prépondérant
dans l’apparition de maladies neurodégénératives.
D’autres facteurs, comme l’activité mentale antérieure (réserve cognitive), l’entraînement cognitif
et le maintien d’activités intellectuelles et sociales, participeraient également à la prévention de la
maladie d’Alzheimer.
Concernant les traitements pharmacologiques, les médicaments ont pour cible principale le
glutamate et la cholinestérase2 et sont largement prescrits depuis une vingtaine d’années par les
neurologues, gériatres et psychiatres. En effet, si la maladie d’Alzheimer reste actuellement
incurable, le rôle de ces traitements se situe plus au niveau du ralentissement de l’évolution de la
maladie, leur efficacité restant encore largement discutée.
Le développement des traitements non médicamenteux est alors central ; c’est pourquoi diverses
techniques thérapeutiques ont vu le jour ces dernières années. Elles ont principalement pour but de
2 Principaux traitements actuels : mémantine : Ebixa, rivastigmine : Exelon
donépézil : Aricept, galantamine : Rémynil
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limiter les troubles du comportement et d’améliorer le quotidien du patient à travers les fonctions
cognitives et sociales pour un meilleur vécu de la maladie. Une brève présentation de ces techniques
est proposée ici en accord avec l’intérêt de ce travail, à partir d’une revue d’articles de Gardette et
al. en 2010.
Par exemple, des thérapies cognitives peuvent être proposées. Ces thérapies se fondent sur
l’hypothèse de la plasticité cérébrale, pour laquelle des modifications environnementales
permettraient « d’exécuter une nouvelle fonction ou de récupérer une fonction perdue ». Parmi ces
thérapies sont comptés :
- La stimulation/ l’entraînement cognitif : tâches individuelles ou en groupe sous forme d’exercices
papier/crayon ou sur ordinateur pour ralentir le déclin cognitif et social.
- La réadaptation cognitive : méthode individuelle qui consiste à établir des stratégies pour
compenser les déficits et faciliter le fonctionnement quotidien du patient.
- L’orientation dans la réalité : rappels d’informations temporelles, spatiales et sur l’identité, à partir
de matériel varié (calendrier, jeux de lettres, etc.).
- La revalidation cognitive : cette prise en charge individuelle propose de « réapprendre à réaliser
une tâche » en sollicitant les fonctions cognitives préservées et à travers plusieurs techniques
compensatoires ; apprentissage sans erreur, méthode de récupération espacée, méthode d’estompage
(Seron et Van der Linden, 2000).
Les limites de ces thérapies sont les résultats encore discordants selon les études et le manque de
données précises. Toutefois, plusieurs études encourageantes ont mises en évidence des
améliorations significatives, l’étude de l’équipe de Spector, en 2003, montrait une hausse des scores
au MMSE, à l’ADAS-Cog et au QoL-AD après sept semaines d’orientation dans la réalité et de
stimulation cognitive chez des patients atteints de démence. Aucun effet sur le comportement ne fut,
en revanche, observé. De plus, certaines critiques ont pointé du doigt le « manque de respect et de
sensibilité » concernant l’orientation dans la réalité. En effet, l’impact et les effets possiblement
négatifs sur le bien-être du malade ne surpasseraient pas les légères améliorations cognitives
observées.
Les thérapies non médicamenteuses peuvent également se faire sur le plan psychosocial. Deux
principales techniques sont utilisées à ce jour :
- La réminiscence : depuis les années 1980, cette technique est fondée sur le rappel d’évènements et
d’expériences passés en compagnie d’une personne ou d’un groupe connu et à l’aide de supports
variés.
- La validation : depuis les années 1970, cette thérapie vise à « promouvoir la communication avec
le sujet dément et à stimuler ses aptitudes communicationnelles résiduelles ».
9
Ces deux techniques ont été étudiées par des équipes telles que celle de Wang et al., (2007) ou la
collaboration Cochrane en 2005, toutefois des données manquent au tableau avant de pouvoir
généraliser les résultats.
Les thérapies sensorielles se sont aussi récemment développées. Les quatre principales sont
décrites ici :
- L’aromathérapie : cette thérapie a pour but de relaxer les patients via l’utilisation d’huiles
essentielles de plantes odorantes (diffusion, bain, massage).
- La musicothérapie : ici sont visées la stimulation sociale, la gestion des émotions, l’amélioration
de la qualité de vie et la réduction des troubles du comportement, par le biais de la musique au sens
large (voix, sons, rythme).
- La luminothérapie : cette thérapie postule que les troubles du rythme circadien et les troubles de
l’humeur peuvent être traités en proposant au sujet de s’exposer quotidiennement à une luminosité
reproduisant une lumière naturelle vive.
- La méthode Snoezelen, développée durant les années 1970, est une stimulation multi sensorielle
qui a pour but d’améliorer l’humeur, de réduire les troubles du comportement et d’encourager la
communication. Les patients sont placés dans des salles pauvres en stimulation cognitive mais riche
en stimuli sensoriels (jeux de lumière, musique, huiles essentielles…).
Si ces thérapies sensorielles semblent avoir des effets significatifs (Ballard 2002, Guétin 2009,
Burns 2009, Van Weert 2005), la qualité méthodologique de ces études et le manque de données sur
de telles interventions et leurs modalités de mise en place empêchent de conclure de manière
globale.
Enfin, la dernière thérapie non médicamenteuse se fonde sur le mouvement, avec notamment
l’activité physique, qui nous intéresse tout particulièrement ici.
Les études concernant les bienfaits de l’activité physique ont connu un essor ces dernières
décennies. Les études épidémiologiques ont en effet montré il y a déjà 40 ans qu’un niveau
d’activité physique élevé était associé à une plus grande longévité et à une réduction des risques de
maladies cardiovasculaires (Paffenbarger et Hale, 1975). Depuis, d’autres études ont établi que les
maladies liées à l’âge, comme le diabète, l’ostéoporose ou certains types de cancers (Vogel,
Brechat, Lepretre, 2009). L’activité physique représente ainsi une piste pertinente dans le cadre de
la prévention primaire et secondaire, pour retarder et ralentir les processus délétères liés au
vieillissement et améliorer la qualité de vie des sujets âgés.
Plusieurs types d’études sont possibles dans ce domaine de recherche. Les études longitudinales
choisissent de suivre l’évolution de nombreux participants sur plusieurs années, afin d’évaluer leur
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activité physique sur le long terme et d’étudier les éventuels impacts sur divers mécanismes.
L’étude FINE par exemple (van Gelber et al. 2004), réalisée entre 1990 et 2000 auprès de 295
personnes âgées de plus de 70 ans, montrait que le MMSE déclinait significativement chez les
personnes ayant réduit leur volume journalier d’activité physique, alors qu’il restait stable chez
celles qui l’avaient augmenté. A l’inverse, les études transversales permettent de comparer à un
moment T différents groupes de personnes se distinguant par une caractéristique donnée. Avec ce
type de protocole, l’équipe de Burns mettait en relief en 2008 une corrélation entre une meilleure
capacité cardiorespiratoire et une atrophie cérébrale (volume cérébral moyen estimé par IRM)
moins importante chez des patients atteints de maladie d’Alzheimer à un stade prodromal. La limite
de ces études transversales est de ne pas pouvoir établir de lien de cause à effet entre activité/santé
physique et santé cérébrale/cognitive. Seules les études interventionnelles peuvent prétendre à ce
type de conclusion. En effet, les études dites interventionnelles sont des essais où un programme
d’activité physique est proposé à des sujets choisis selon plusieurs critères d’inclusion stricts (par
exemple la sédentarité) et répartis dans les différents groupes de l’essai (par exemple activité
physique type aérobie versus activité de contrôle type relaxation) de manière aléatoire. Ces travaux
mettent en place des programmes définis par des paramètres bien précis (détaillés par la suite). De
nombreuses conditions sont requises, limitant ainsi l’accessibilité à ce type de protocole. Les
résultats de ces études semblent toutefois encourageants ; on peut citer comme exemple celle
d’Albinet et al., en 2010 qui montrait une réduction au Wisconsin Card Sorting Test des erreurs de
décision chez des seniors ayant suivi un programme de trois fois soixante minutes par semaine
pendant douze semaines par rapport à des seniors ayant pratiqué de la gymnastique douce de même
durée et fréquence. Ainsi, selon les possibilités et les moyens des expérimentateurs, l’étude pourra
être menée selon un protocole longitudinal, transversal ou encore interventionnel. La combinaison
de ces trois types d’études devrait permettre, à long terme, d’obtenir de multiples résultats
complémentaires afin d’enrichir ce domaine de recherche.
Si la pertinence du choix de recherche est maintenant justifiée, il s’agit aussi de se questionner sur
les mécanismes sous-jacents intervenant lors d’une activité physique et pouvant en expliquer les
bienfaits.
Les effets chroniques de l'activité physique sur les fonctions cognitives des seniors ont été étudiés
notamment au cours d'une revue d'articles d'Audiffren et al., en 2011. Le terme « chronique» sous-
entend des effets à long terme d'une activité sur la plasticité cérébrale et le fonctionnement cognitif.
A l'inverse, on peut observer également des effets aigus qui, eux, sont immédiats après une seule
période d'activité. Dans cette synthèse, Audiffren évoque plusieurs hypothèses pouvant expliquer
les mécanismes à l'origine de ces effets chroniques. Si l'activité physique est déjà bien connue pour
11
préserver l'hygiène métabolique (oxygénation, circulation sanguine, capacités respiratoires, etc.) il
est, en effet, moins évident de comprendre ses effets sur la santé cognitive. Pour autant, d'après des
études expérimentales animales (Cotman et al., 2002), il semblerait que l'activité physique engendre
une libération de facteurs neurotrophiques qui, à leur tour, ont pour conséquences divers
mécanismes de plasticité cérébrale comme la neurogenèse, la synaptogenèse, l'angiogenèse et la
synthèse de neurotransmetteurs (catécholamines). D'autres mécanismes complémentaires peuvent
participer aux bienfaits de l'activité physique, notamment des mécanismes plus psychologiques. Par
exemple, l'hypothèse de l'augmentation de l'effort investi suggère qu'une fois le sujet engagé dans
une activité, il développe de meilleures capacités à gérer l'effort mental et à le réinvestir dans une
autre activité ultérieure. Afin d'étudier les effets de l'activité physique sur la cognition lors d'une
étude proposant une intervention, les auteurs doivent s'intéresser à des mesures/paramètres tant
métaboliques (consommation d'oxygène, fréquence du rythme cardiaque, etc.) que
neuropsychologiques et psychologiques (feedback, métacognition, capacités cognitives...).
A partir de ces études montrant les bienfaits de l'activité physique sur les seniors, d'autres ont été
développées pour observer l'effet éventuel de l'activité physique chez des patients atteints de
maladie d'Alzheimer. Par exemple, Adlard et al., montraient en 2004, lors d'une étude animale, les
capacités de l'exercice physique à limiter les changements neuropathologiques présents dans la
maladie d'Alzheimer, et notamment la réduction de plaques amyloïdes. Toutefois, ces études
proposent un programme d'intervention et soulèvent donc la question du type d'exercice à proposer
à cette population et leurs modalités pratiques. Car, dans un premier temps, il s'agit de porter son
attention sur la non contre-indication des patients à pratiquer une activité physique, ainsi qu'à
développer un programme d'intervention en accord avec les recommandations des structures
médicales sportives et de rééducation. Les paramètres à prendre en compte pour ce type
d'intervention seraient, selon Audiffren et al, des séances collectives durant au moins six mois et
encadrées par un ou plusieurs professionnels spécialisés en activité physique adaptée. Ces exercices
solliciteraient les performances aérobiques et musculaires (marche soutenue, jogging, natation,
cyclisme et musculation) et dureraient entre 30 et 45 minutes à l'intensité cible (entre 60 et 80% de
FCR3).
La question des paramètres à mesurer ainsi que les outils pour ce faire constituent également une
considération non négligeable. Enfin, la réflexion tournera aussi autour du type d'activité qui serait
adapté aux patients atteints de pathologie neurodégénérative. Par exemple, en 2009, l'équipe de Yu
proposait à deux patients de pratiquer du vélo d'appartement pendant deux mois. Durant ces séances
3 Fréquence Cardiaque de Réserve = fréquence cardiaque maximale – fréquence cardiaque de repos.
12
les expérimentateurs mesuraient le rythme cardiaque et évaluaient l'intensité perçue 4 par les
participants de l'effort en cours. D'autres outils de mesure 5 étaient utilisés avant et après
l'intervention afin d'évaluer les capacités cognitives, l'autonomie et les troubles du comportement.
Cette étude montrait une amélioration des performances concernant les capacités de résistance à
l'interférence et une amélioration du comportement.
Au regard de ces études et de leur apport respectif, j’ai choisi également de m’intéresser à ce
domaine d’investigation dans le cadre de mon mémoire de recherche de Master 2 en
Neuropsychologie Clinique Cognitive. Effectuant mon stage au centre hospitalier Émile Durkheim
d’Épinal et en grande partie à la consultation mémoire rattachée à ce dernier, j’ai fréquenté
majoritairement une population âgée. De plus, le nombre de personnes concernées par la maladie
d’Alzheimer actuellement et dans les années à venir étant une problématique prioritaire, il me paraît
central, en tant que future neuropsychologue, de considérer cette pathologie et de développer une
réflexion concernant sa prise en charge. En effet, soucieuse du développement de thérapies non
médicamenteuses il m’a paru pertinent de choisir cette problématique.
Si, au départ, mon souhait était de mener une étude interventionnelle en proposant à des patients du
Centre Hospitalier un programme d’activité physique, les conditions pratiques à la mise en place de
ce type de protocole m’ont paru après quelques semaines d’immersion, difficilement réalisables
dans le contexte d’un mémoire de Master 2. Ainsi, mon choix s’est finalement tourné vers une étude
de type plus transversale. J’ai donc pris le temps de rencontrer individuellement neuf patients de la
consultation mémoire chez qui le diagnostic de maladie d’Alzheimer fut posé. Mon objectif était
d’évaluer leurs performances cognitives préservées et atteintes et d’observer les relations
éventuelles avec les niveaux d’activité physique pratiquée dans le passé et actuellement après les
avoir quantifiés.
L’hypothèse générale de cette étude est de prétendre qu’il peut exister, dans le contexte d’une
maladie d’Alzheimer, une relation significative entre le niveau d’activité physique (passé ou actuel)
et les capacités cognitives actuelles. L’hypothèse de travail suggère une corrélation positive entre
ces deux variables, ainsi plus une personne aura pratiquée/pratiquera d’activité physique moins le
déclin des capacités cognitives sera important.
4 Rating of Perceived Exertion, Borg RPE Scale, 1998 5 Les capacités cognitives étaient évaluées par le le MMSE (Fostein, 1975) et le Stroop (Trenerry 1989), l’autonomie
par l’IADL et le PSMS (Lawton 1969) et les troubles du comportement par le CUSPAD (Devanand 1992)
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Tableau 1 : Données démographiques, hypothèses diagnostiques et traitements des
participants
Patients
Âge -
Sexe
Latéralité NSC Hypothèse
diagnostique -
Date
Traitement
T.L
73 -F
Droitière 2
BEPC
Cadre
administrative
Maladie
d'Alzheimer -
Août 2012
Aricept® -
Ebixa®
S.J-M
75 - H
Droitier
2
Diplôme non
renseigné
Conseiller
agricole
Syndrome
démentiel mixte -
Déc. 2012
Exelon® –
Aricept®
D.E
82 - H
Droitier 3
Sciences Po
Chef de service
Maladie
d'Alzheimer -
Juillet 2014
Ebixa®
G.M
81 - F
Droitière
1
CEP
Exploitante
agricole
Maladie
d'Alzheimer - Août
2014
Exelon® stoppé
M.M
76 - F
Droitière
1
CEP
Ouvrière
Maladie
d'Alzheimer -
En attente
Aucun
M.J
78 - F
Droitière
1
CEP
Responsable
magasin
Maladie
d'Alzheimer - Août
2014
Reminyl®
B.C
68 - H
Droitier
2
CAP
Chauffagiste -
Technicien
Maladie
d'Alzheimer - Nov.
2012
Exelon® -
Ebixa® - Arrêt
P.B
75 - F
Droitière
1
Diplôme non
renseigné
Employée –
Femme de
ménage
Maladie
d'Alzheimer -
Oct. 2012
Exelon®
H.R
82 - F
Droitière
2
CAP
Secrétaire – Chef
de service
Maladie
d'Alzheimer -
Oct. 2010
Exelon®
NSC selon Greffex 2008
14
2. Méthode
2.1. Sujets
Neuf patients chez qui a été posée l’hypothèse diagnostique de Maladie d’Alzheimer ont été
recrutés au centre hospitalier Émile Durkheim d’Épinal. Le diagnostic a été posé selon les critères
de McKhann et al., 2011 (en annexe). Les sujets, 6 femmes et 3 hommes, tous droitiers, étaient âgés
de 68 à 82 ans (tableau 1). Plusieurs examens ont participé à l’élaboration du diagnostic (tableau 2).
Un score au Mini Mental State (MMS ; Folstein et al., 1975) supérieur à 18/30 était nécessaire pour
l’inclusion.
2.2. Matériel
2.2.1. Bilan neuropsychologique de base
Une évaluation neuropsychologique complète (présentation des tests et résultats détaillés en
annexe) a été proposée aux patients afin d’évaluer :
- L’efficience cognitive globale : MMS, Mill Hill
- La mémoire épisodique à la fois sur le versant verbal avec le RL RI 16, et le versant visuel
avec la Figure de Rey
- La mémoire de travail : Mémoire des chiffres
- Les fonctions exécutives : Stroop, TMT, Hayling, Tour de Londres, MCST
- L’attention : Cloches, double tâche
- La cognition sociale : Mini SEA
- Le langage : DO80, fluences verbales
- Les praxies : BEP
- Les gnosies : Figure de Rey, DO80
Certains aspects psychologiques (thymie, qualité de vie) ont également été mesurés par le biais de
deux questionnaires présentés ultérieurement : la HAD et la QoL-AD.
15
Tableau 2 : Éléments diagnostiques
Patients
Imagerie Ponction
lombaire
Bilan NP
T.L
Atrophie cortico sous
corticale légère
Scintigraphie normale
Profil LCR de type
Alzheimer
probable
T-Tau = 731,9(1)
Aß42= 574,2(2)
P-Tau = 84,4(3)
- Troubles en mémoire épisodique verbale (E, R, S) et en
reconnaissance visuelle
- Fragilités attentionnelles
- Fonctions instrumentales préservées
S.J-M
Leucoaraïose
Leucopathie vasculaire
NR - Troubles en mémoire épisodique verbale
(E, R, S)
- Fragilités attention sélective et inhibition
- Fonctions instrumentales préservées
D.E
Atrophie fronto
pariétale et temporale
interne D ++)
NR - Troubles en mémoire épisodique verbale
(E, R, S)
- Troubles attention soutenue
- Fragilités instrumentales : praxies, écriture,
dénomination
G.M
NR
NR
- Troubles en mémoire épisodique verbale
(E, R, S)
- Fragilités exécutives : inhibition, répétitions
- Dif. pour imitation gestes abstraits mais
langage,capacités V-C et gnosies préservées
M.M
Atrophie temporale
(hip. G++)
NR - Troubles en mémoire épisodique verbale (R)
- Fragilités exécutives : MdT et flexibilité
- Fonctions instrumentales préservées
M.J
Atrophie modérée
Légère leucoaraïose
NR - Troubles en mémoire épisodique verbale
(R,S++)
- Troubles attention sélective et flexibilité
- Fonctions instrumentales préservées
B.C
Atrophie temporale
(hip. G++)
Profil LCR de type
Alzheimer
probable
T-Tau = 379,4
Aß42= 468,9
P-Tau = 71,5
- Troubles en mémoire épisodique verbale (S++) et en
reconnaissance visuelle
- Fragilités exécutives : flexibilité, MdT V-S et initiation
verbale
- Troubles dénomination et gnosies
P.B
Atrophie hip. D
NR - Troubles en mémoire épisodique verbale (S)
- Fragilités exécutives : flexibilité et inhibition
- Fonctions instrumentales préservées
H.R
NR
NR - Troubles en mémoire épisodique verbale (S++) et en
reconnaissance visuelle
- Fragilités MdT et attention sélective
- Fonctions instrumentales préservées
NR : Non Réalisé, E : Encodage, R : Récupération, S : Stockage, Dif. : Difficultés, V-C :
Visuo-Constructives, MdT : Mémoire de Travail, V-S : Visuo-Spatiale
(1) : Protéines Tau totales < 350 si non pathologique
(2) : Peptide Aß42 > 500 si non pathologique
(3) : Protéines Tau phosphorylée < 60 si non pathologique
16
2.2.2. Évaluation de l’activité physique
- Activité physique passée / mode de vie
L’activité physique pratiquée par le passé à divers périodes de la vie des patients était évaluée chez
tous les patients. Pour ce faire, j’ai choisi d’utiliser un questionnaire construit par mes soins dans le
but de recueillir le plus d’informations possibles sur les thèmes qu’il me paraissait intéressant
d’explorer. Cette évaluation durait environ 10 minutes et comprenait des items à réponse tantôt
ouverte tantôt fermée, sous la forme d’hétéro-questionnaire. Le poids et la taille étaient demandés,
afin de calculer l’indice de masse corporelle. De plus, les participants précisaient si un régime, une
perte ou un gain de poids important avait eu lieu au cours de leur vie. Le nombre d’interactions
sociales par semaine, d’heures passées devant la télévision/l’ordinateur, d’heures de sommeil ainsi
que sa qualité étaient également quantifiés.
Enfin, plusieurs informations concernant les activités physiques et les loisirs pratiqués tout au long
de la vie étaient demandées ; le type d’activités pratiquées, l’intensité (niveau, compétition), la
fréquence (par semaine), la durée et la période (l’âge et le nombre d’années de pratique) et la
présence ou non d’autres personnes (activités de groupe/pratique individuelle).
Si l’interprétation de ce questionnaire était davantage qualitative, j’ai tout de même mis en place un
système de cotation dans le but de pouvoir exploiter ces données par la suite lors de mes analyses
statistiques. Un point était compté pour chaque sport effectué ; par exemple un score de 2 était
donné à une personne ayant fait du basket à 20 ans et qui marchait quotidiennement depuis 5 ans.
Le niveau de pratique était lui aussi coté selon le nombre d’années de pratique, la compétition et la
pratique actuelle, un sport pratiqué à l’âge de 25 ans sur quelques années seulement et sans
compétition était coté 4 points alors qu’un sport effectué de manière plus intensive et/ou encore
actuellement était coté 10 points.
Enfin, il était demandé au proche qui accompagnait le participant de remplir également ce
questionnaire (pour le patient), ceci dans le but de vérifier la concordance des informations
recueillies.
- Activité physique actuelle
Parmi les questionnaires d’évaluation de l’activité physique existant actuellement l’enjeu était, ici,
d’en utiliser un adapté aux seniors (plus de 65 ans). Mon choix s’est tourné vers le PASE (version
originale en annexe), Physical Activity Scale for the Elderly (Washburn et al., 1999). Ce
questionnaire comprend 10 items, évaluant les activités pratiquées durant les 7 derniers jours. Les
questions concernent les activités sédentaires (« sitting activities » : lecture, télévision, travaux
manuels), la marche (quelle qu’en soit la raison), les sports légers (bowling, pêche, …), les sports
17
modérés (chasse, tennis double, bal dansant, patinage sur glace…), les sports intenses (jogging,
natation, cyclisme…), les activités de musculation et d’endurance, les activités domestiques
(entretien de la maison, d’extérieur, d’intérieur…) et les activités en lien avec le travail, rémunéré
ou volontaire (mouvements des bras, marche, port de charge).
Les activités sédentaires, la marche, les sports et les activités de musculation et d’endurance sont
renseignées grâce à des échelles concernant la fréquence : jamais, parfois, souvent, tous les jours,
mais aussi sur la durée : moins d’une heure, une heure mais moins de deux, entre deux et quatre
heures, plus de quatre heures. Une moyenne de ces activités est ainsi obtenue en heures par
semaine. Chaque moyenne est multipliée par un coefficient, donnant ainsi un score pondéré pour
chaque activité et rentrant en compte pour le calcul du score total.
Les activités domestiques sont reportées sous forme de oui/non ainsi que le travail (questions sur les
modalités en cas de réponse positive). Un coefficient est également attribué à chacune de ces
activités, coefficient qui sera compté une fois si l’activité a été réalisée ou qui comptera comme nul
si ce n’est pas le cas. Les scores obtenus sont ajoutés aux scores pondérés des activités précédentes,
donnant ainsi un score total exprimant l’activité physique actuelle du sujet.
2.2.3. Évaluation complémentaire
Parallèlement aux performances cognitives et à l’activité physique d’autres informations ont été
recueillies. Un entretien préalable permettait d’obtenir des éléments anamnestiques concernant les
participants (NSC, faits autobiographiques, plainte cognitive, autonomie, appétit…). Suite à cet
entretien d’autres hétéro questionnaires étaient proposés afin d’évaluer plusieurs aspects ;
- Les aspects thymiques ont été évalué à l’aide du questionnaire Hospital Anxiety and
Depression Scale (HAD ; Zigmond et al., 1983). Le HAD comprend 14 affirmations
pour lesquelles le sujet doit exprimer son accord (par exemple : « je me fais du souci :
très souvent/assez souvent/occasionnellement/très occasionnellement »). Chaque
dimension (anxiété / dépression) obtient un score sur 21. A partir de 8, il est question
d’un état anxieux/dépressif douteux, cet état est considéré comme certain au-dessus de
10.
- La qualité de vie a été mesurée par la Quality of Life – Alzheimer Desease (QoL-AD,
Logsdon et al.,1999). Le QoL-AD consiste en une série de 13 items où il est demandé au
sujet sa façon de percevoir sa santé, sa mémoire, ses relations interindividuelles, ses
capacités à se distraire, etc. Il doit émettre un jugement en choisissant entre : mauvais,
moyen, bon, excellent. Cela permet d’obtenir un score sur 42. Il n’est, ici, pas question
de normes. Cependant il existe une version « aidant » composée des mêmes items, où le
proche répond en se plaçant du point de vue du sujet (utilisée dans ce travail).
18
2.3. Analyse des données
Une fois les données soumises à vérification, elles ont été interprétées de manière à exploiter la
variabilité interindividuelle. Des analyses de corrélation (coefficient de corrélation de Pearson) et de
régression (simple et multiple) ont été effectuées afin d’étudier les éventuels liens entre l’activité
physique (passé et actuelle) et les performances cognitives actuelles (significatif si p < 0.05).
Une autre possibilité d’exploiter les données est de constituer des groupes en fonction de l’âge et du
niveau socio-culturel. Ainsi, selon le MMS et les normes de Kalafat et al., (2003), les patients
peuvent être répartis selon l’intervalle de percentile (Pc) auquel ils se situent : Pc 5, Pc 10, Pc 50.
Remarque : Dans cette phase de prospection, et pour prendre en compte les normes de Kalafat, mais
ne pouvant pas respecter les bases de la statistique qui reposent sur la loi des grands nombres, de
nouvelles analyses graphiques ont été réalisées. Plus que tout autre, c’est la direction de la pente qui
nous a interpellée, celle-ci allant pour le groupe Pc 10 dans le sens de l’impact positif de l’activité
physique habituellement constaté sur tout individu. Bien entendu, compte tenu des quelques
individus en considération, les valeurs de P ne sont pas fiables, comme le montrerait le calcul des
intervalles de confiance.
3. Résultats
3.1. Validité des données en termes de score MMS
Les données sont constituées de 60 variables par patient. Variables que j’ai collectées lors
d’entretiens individuels au cours d’évaluations d’environ 3 heures.
Certaines investigations préliminaires à l’exploitation des données ont été faites afin de valider leur
pertinence. Les analyses se sont tournées plus particulièrement vers le lien entre le score au MMS et
les autres performances cognitives, en suggérant l’observation d’un profil cognitif « typique » de la
maladie d’Alzheimer (par exemple, à long terme, des difficultés de résistance à l’interférence mais
une préservation des praxies) selon le stade d’évolution de la maladie.
Le nuage de point de la figure 1 représente, pour chaque niveau de Pc, le lien observé entre le score
au MMS et le nombre d’erreurs réalisées lors de la planche interférente du Stroop.
Une analyse de régression de Poisson sur le nombre d’erreurs commises lors du Stroop en fonction
du temps qui y est accordé et le score au MMS permet quant à elle d’obtenir : R2 ajusté = 41%,
19
p = 0.008. L’efficience cognitive globale semble donc prédire les capacités de résistance à
l’interférence.
Un lien significatif entre le score au MMS et les scores de rappel immédiat et/ou les scores au
premier rappel total du RL RI 16 aurait été l’idéal pour confirmer la validité des données, ce qui
n’est pas le cas ici malheureusement. Ce résultat est toutefois intéressant et est à la base de la
profession et de la recherche scientifique, illustrant la présentation bien souvent atypique et
inattendue des sujets.
La recherche de l’impact de l’activité physique sur les performances cognitives est donc initiée.
Figure 1 : Liens observés entre les erreurs commises lors de la planche interférente du Stroop et le score au MMS en
fonction du stade d’évolution de la maladie (exprimé en percentiles)
3.2. Variabilité interindividuelle
Nous avons, tout d’abord, analysé les données, de manière globale, sur les neuf patients pour
étudier la variabilité interindividuelle. Nous avons porté notre intérêt sur le lien possible entre le
score au MMS et le niveau d’activité physique actuel. Cette corrélation ne semble pas concluante
(coefficient de corrélation de Pearson = -0.530 ; p = 0.143). De même, concernant l’activité
physique pratiquée dans le passé, aucun lien ne peut être mis en avant avec le score MMS actuel
(coefficient de corrélation de Pearson = -0.540 ; p = 0.134). Ces résultats ne permettent pas de
confirmer l’hypothèse de départ, ce travail ne permet pas de mettre en évidence d’effet de l’activité
physique sur l’efficience cognitive globale.
Une corrélation positive significative est observée entre l’activité physique passée et la pratique
d’activité physique actuelle (p = 0.037).
20
Si le MMS représente un aperçu général des performances cognitives dans la maladie d’Alzheimer,
il nous paraît intéressant d’exploiter également des liens possibles entre des fonctions cognitives
spécifiques et l’activité physique. Des corrélations ont donc été recherchées entre le PASE et les
performances cognitives mesurées. D’après la littérature, une relation significative était attendue
notamment entre activité physique actuelle et fonctions exécutives (flexibilité, planification,
inhibition) et/ou vitesse de traitement. De tels liens n’ont pu être établis, comme l’illustrent les
nuages de points proposés concernant la vitesse de traitement (figure 2).
Figure 2 : Liens observés entre la vitesse de traitement et l’activité physique pratiquée actuellement
L’étude des effets de l’activité physique sur la mémoire épisodique, la mémoire de travail,
l’attention, le langage, les praxies, les gnosies et la cognition sociale n’ont pas été plus concluantes.
Un résultat a tout de même retenu notre attention, concernant les capacités d’initiation verbale. En
effet, une relation positive significative fut observée entre le score obtenu aux fluences littérales et
le score au PASE (Analyse de régression de Poisson : R2 ajusté = 52.3% ; p = 0.001). Les résultats
suggèrent un effet positif de l’activité physique sur les capacités d’initiation verbale.
3.3. Variabilité intragroupe
Dans les limites de ce qui a été annoncé en paragraphe 2.3, nous avons analysé les données en
distinguant trois groupes. Ainsi, selon le MMS et les normes de Kalafat et al (2003), les patients
peuvent être répartis selon l’intervalle de percentile auquel ils se situent : Pc 5, Pc 10, Pc 50. Ce qui
est proposé ici.
800
600
400
200
15010050
400
300
200
100
15010050
200
150
100
50
15010050
500
400
300
200
100
1000
800
600
400
200
TMT B (tps)
PASE
Stroop (tps) Hayling B (tps)
Cloches (tps) Fig Rey (tps copie)
Nuage de points de TMT B (tps); Stroop (tps); ... et PASE
21
Si nous introduisons maintenant le stade d’évolution exprimé en percentiles, l’analyse de régression
de Poisson des fluences (littérales) en fonction du score au PASE permet d’obtenir un R2 ajusté =
71.7% et p = 0.001. Ce résultat vient souligner l’hypothèse d’un lien entre initiation verbale et
activité physique actuelle.
Le score au MMS, le nombre d’erreurs faites au Stroop et le score aux fluences en fonction du score
au PASE sont représentés par les nuages de points (figure 3).
Figure 3 : Liens observés entre les erreurs commises à la planche interférente du Stroop, le score au MMS et le score
aux fluences en fonction du stade de la maladie (exprimé en percentiles).
Ces nuages tendent à suggérer l’impact positif de l’activité physique sur l’efficience cognitive
globale pour les patients qui sont en début de maladie (Pc 10 et 50), malgré l’absence de lien
significatif au seuil de 5% lors d’une analyse de régression (p = 0.118).
Les capacités de résistance à l’interférence semblent, quant à elles, liées significativement à
l’activité physique actuelle pour les patients aux Pc 10 et 50 (Analyse de régression de Poisson R2
ajusté = 92% et p = 0.001).
Concernant les capacités d’initiation verbale (littérales et catégorielles), pour lesquelles une relation
avec l’activité physique actuelle avait été suggérée au paragraphe 3.2 en comparaison
interindividuelle, cette relation est également retrouvée en comparaison intergroupe pour les
patients en début de maladie aux Pc 10 et 50 (Analyse de régression de Poisson : R2 ajusté = 51.9%
p = 0.006).
L’activité physique pratiquée dans le passé est, toujours pour les patients en début de maladie,
également significativement corrélée aux erreurs commises lors du Stroop (Analyse de régression
22
de Poisson : R2 ajusté = 40% ; p = 0.001), ce qui n’est pas le cas pour les fluences catégorielles et
littérales (p = 0.45) ni pour le score au MMS (p = 0.86).
L’activité physique actuelle et l’activité physique pratiquée dans le passé étant toutes deux corrélées
significativement ensemble, il est difficile de tirer des conclusions à partir de ces résultats. De plus,
le recueil de données concernant le passé est à exploiter avec prudence au vu de l’incertitude des
informations.
Pour le groupe des patients étant à un stade plus avancé de la maladie (Pc 5) peu de liens peuvent
être mis en évidence. Cependant, si le seuil significatif est placé à 10%, pour ce groupe aussi
l’activité physique actuelle semble avoir un effet sur les capacités d’initiation verbale et notamment
les fluences littérales (Analyse de régression de Poisson : R2 ajusté = 59.9% et p = 0.073).
De plus, le lien non établi chez les participants en début de maladie entre initiation verbale et
activité physique pratiquée dans le passé est ici observable chez les participants à un stade plus
modéré de la maladie (Analyse de régression de Poisson : R2 ajusté = 51.9%, p = 0.08).
Nous avons mené d’autres investigations afin d’étudier les éventuelles relations entre l’activité
physique actuelle et les autres facteurs mesurés à l’aide des questionnaires (interactions sociales,
sommeil, qualité de vie, affect anxio-dépressif…). Peu de résultats significatifs sont mis en
évidence.
Toutefois, il semble que :
- La qualité de vie et l’affect anxio-dépressif ont une corrélation négative significative
(coefficient de Pearson = -0.758 ; p = 0.018) chez l’ensemble des patients.
- Le score d’activité physique actuel et le nombre d’heures de sommeil ont également une
corrélation négative significative (coefficient de Pearson = -0.881 ; p = 0.049) chez les
patients en début de maladie (Pc 10 et 50).
Le lien entre qualité de vie et affect anxio-dépressif était attendu, étant donné l’influence que le
second peut avoir sur le premier.
Le deuxième résultat est, quant à lui surprenant, une activité physique importante entraînerait des
heures de sommeils moins nombreuses. Ce lien pourrait s’expliquer par l’hypothèse d’un sommeil
plus réduit mais aussi plus vite réparateur suite à une mobilisation active dans la journée. Cette
interprétation reste très limitée puisque le sommeil n’est pas le sujet de recherche principal ici,
toutefois ce résultat est intéressant.
23
4. Discussion
En accord avec la littérature dans ce domaine, l’hypothèse de départ était de proposer un déclin des
performances cognitives moins important en cas de pratique d’activité physique dans le passé et/ou
actuellement chez des patients atteints de maladie neurodégénérative. Il semble que cette hypothèse
ne puisse être totalement soutenue par le travail mené ici, cependant certains résultats méritent
d’être soulignés.
4.1. Activité physique et performances cognitives : discussion des résultats
Tout d’abord, les résultats suggèrent une relation positive entre activité physique pratiquée par le
passé et activité physique actuelle. Ainsi, un sujet ayant été actif dans le passé semble l’être encore
aujourd’hui. Il est possible que les sujets ayant pris l’habitude d’avoir une grande activité tiennent à
maintenir ce mode de vie. A l’inverse, les plus sédentaires auraient tendance à garder un mode de
vie plus casanier ou à être contraints par certains facteurs comme des douleurs. Une crainte de la
perte d’équilibre peut, elle aussi, justifier une activité physique restreinte chez les seniors.
L’activité physique pratiquée par le passé ne semble pas avoir d’influence sur l’évolution de la
maladie ; les participants ayant été actifs par le passé ne présentent que peu de performances
cognitives significativement différentes des participants plus sédentaires. Ces différences
concernent les capacités d’initiation verbale chez les sujets plus avancés dans la maladie (Pc 5 selon
les normes de Kalafat 2003), et les capacités de résistance à l’interférence pour les sujets en début
de maladie (supérieur au Pc 10).
Ce résultat est limité en terme d’interprétation, puisqu’il est question ici d’une étude transversale et
donc d’une seule évaluation. Dans un contexte d’étude longitudinale, un bilan comparatif
permettrait d’apprécier plus en détails l’influence à long terme supposée d’un mode de vie actif
(suggérée notamment par l’étude ACT de Larson et al en 2006).
L’activité physique pratiquée actuellement ne semble pas avoir d’influence sur le score au MMS
pour l’ensemble des patients. Toutefois, pour les participants en début de maladie, les sujets
pratiquant de l’activité physique ont de meilleures performances d’initiation verbale et de
meilleures capacités d’inhibition que les sujets ne pratiquant pas d’activité physique. A remarquer
également, pour ces participants, malgré l’absence de lien significatif à un seuil de 5%, la tendance
24
de la pente illustrant le lien entre l’efficience cognitive globale (MMS) et l’activité physique
actuelle (PASE).
Les conclusions de certains essais dans l’activité physique actuelle montrent qu’elle semble avoir
un effet sur un vaste répertoire de fonctions cognitives, bien que certaines y soient plus sensibles
chez les sujets sains. D’après la méta-analyse de Colcombe et Kramer en 2003, c’est le cas des
fonctions exécutives. Les effets remarqués ici sur l’initiation verbale et l’inhibition semblent être en
accord avec ce constat, l’impact de l’activité physique sur les fonctions exécutives chez les sujets
sains est suggéré également dans le cadre des maladies neurodégénératives de type Alzheimer.
Cependant, concernant les résultats observés entre l’activité physique actuelle et les scores obtenus
au test du Hayling (Burgess et Shallice 1997 épreuve qui met en jeu à la fois les performances
d’initiation verbale et les capacités d’inhibition), aucun lien significatif n’est mis en évidence.
Les conclusions de ce travail paraissent donc mitigées, c’est pourquoi une réflexion concernant les
limites rencontrées au cours de cette étude est proposée ci-dessous.
4.2. Réflexion autour du thème de recherche : limites et considérations
méthodologiques
Le premier point de réflexion porte sur les conditions pratiques et la méthodologie de ce domaine de
recherche, et notamment le recrutement des participants. En effet, l’accord et la disponibilité des
patients et de leur famille, le temps à accorder aux évaluations, le nombre restreint de participants,
leur réserve quant au thème considéré sont tout autant de facteurs qui peuvent limiter l’initiation
d’un travail de recherche sur cette thématique.
Le type d’étude mené est lui aussi un questionnement central. Si, au début, il était question ici de
proposer aux sujets un programme d’activité physique, les conditions requises pour ce type
d’intervention ne permettaient pas de le réaliser correctement. Comme nous l’expliquions en
première partie, cela aurait nécessité une durée et une fréquence importantes, sur de multiples
semaines et plusieurs séances hebdomadaires. Le temps à accorder à ce type d’étude paraît ainsi
plus envisageable dans le cas d’un travail de plus longue durée. De plus, l’occasion s’était
présentée, en début de recherche, de proposer à certains sujets de participer à une étude
interventionnelle, et il était difficile de trouver des personnes prêtes à consacrer autant de
temps/d’énergie à une étude. Cet aspect sera développé ultérieurement.
La nécessaire collaboration avec des professionnels pour le bon déroulement de l’intervention, est
aussi un enjeu de taille pour les études interventionnelles. Bien qu’elles soient inscrites dans un
cadre thérapeutique, la seule présence d’un seul thérapeute ne suffit pas ; il convient de s’entourer
25
de spécialistes de l’activité physique adaptée. Ce facteur est intimement lié à la question des
moyens matériels que l’étude peut nécessiter : l’accès à des appareils tels qu’un vélo d’appartement
ou encore la possibilité de proposer des séances en extérieur en sont des exemples.
Tous ces facteurs peuvent remettre en question le choix des chercheurs d’entreprendre des études de
type interventionnel et les amener à envisager des études plutôt longitudinales ou transversales.
Là aussi, les contraintes pratiques imposées par une étude longitudinale n’étant pas envisageables,
la visée de la recherche s’inscrivait alors dans un cadre transversal.
S’imposait ensuite le choix des outils à utiliser pour mesurer l’activité physique. Les questionnaires
conçus à cet effet s’étant développés ces dernières décennies, il est aujourd’hui à la fois aisé
d’évaluer rapidement la pratique d’activités physiques, mais également complexe de le faire de
manière précise et représentative de la réalité. Une revue critique de Vuillemin et al en 2012
présente les questionnaires d’activité physique traduits/conçus en français. Ainsi de nombreux
questionnaires y sont discutés tel que l’International Physical Activity Questionnaire (IPAQ, Booth,
2000), le Score d’Activité Physique de Dijon (SAPD, Robert et al., 2004) ou encore le
Questionnaire d’Activité Physique pour les Personnes Âgées (QAPPA, de Souto Barreto et al.,
2010). Ces instruments diffèrent selon la population concernée, le contexte de la pratique d’activité
physique (loisirs, travail, domestique) ou encore les paramètres pris en compte (fréquence, durée,
intensité…). Pour cette étude l’utilisation du PASE paraissait judicieuse, puisqu’il est adapté aux
personnes âgées, qu’il tient compte des activités de loisirs autant que des domestiques et du travail,
et ce de manière précise. De plus, il peut être réalisé par téléphone, ce qui a été le cas dans cette
étude pour certains participants qui ne pouvaient se déplacer plusieurs fois. Il a toutefois été modifié
depuis sa première version puisqu’il a, comme tout instrument, ses limites ; la précision des
activités sur la fréquence et la durée était notamment discutée du fait de la faible contribution des
scores pondérés pour les activités de loisirs par rapport aux activités domestiques dans le score
global du PASE. La question de l’estimation sur les sept derniers jours soulèvent également celle de
la validité de cette moyenne comme étant représentative de l’activité physique habituelle. Par
exemple, l’étude d’évaluation du PASE par l’équipe de Washburn en 1993 évoquait une variabilité
importante du score global en fonction de la température extérieure. L’importance de ce détail
météorologique a effectivement été remarquée pendant de ce travail, notamment lors des items
concernant l’entretien des extérieurs (pelouse, potager…).
Concernant l’activité physique pratiquée tout au long de la vie il semble que peu d’outils soient
proposés ; il est bien souvent demandé aux sujets de faire des estimations. C’est également le cas
pour certaines études longitudinales, par exemple l’équipe de Schuit et al en 2004 distinguait les
26
sujets qui pratiquaient au maximum une heure par jour d’activité physique de ceux qui y
consacraient plus d’une heure. Il s’agissait également ici d’avoir un bref aperçu de l’activité
physique pratiquée à différentes périodes de vie. C’est pourquoi l’utilisation d’un questionnaire à
réponse relativement ouverte semblait appropriée. Ce score permettait de distinguer les plus actifs
de ceux qui le sont moins.
Néanmoins, une problématique centrale à ces outils reste le concept d’activité physique et de ce que
cela recouvre ou non. Ici, par exemple, s’est posé le cas d’une participante qui n’avait pas fait de
sport dans sa vie mais qui, était mariée à un agriculteur, avait passé une partie de sa vie à travailler
dans les champs. Or, selon l’Organisation Mondiale de la Santé, « on entend par activité physique
tout mouvement produit par les muscles squelettiques, responsable d'une augmentation de la
dépense énergétique ». Il est alors primordial de tenir compte du mode de vie général et ainsi de la
profession (sédentaire ou non) exercée durant des années.
De plus, les conclusions de ces études peuvent parfois être limitées en raison des résultats
complexes à interpréter. En effet, si les bienfaits de l’activité physique peuvent être suggérés plus
aisément lors d’une étude interventionnelle, il est impossible de certifier du lien de causalité entre
activité physique et autres variables dans une étude transversale. Par exemple, l’étude de Burns
(2008) proposait d’étudier les liens entre la consommation maximale d’oxygène (indice des
capacités cardiorespiratoires), les performances cognitives et l’atrophie cérébrale chez des patients
présentant une maladie d’Alzheimer débutante. Si la consommation maximale d’oxygène ne
semblait pas liée aux performances cognitives, une relation a été mise en évidence entre les
capacités cardiorespiratoires et l’atrophie cérébrale globale. Toutefois, ce résultat ne permet pas de
conclure de manière certaine que les capacités respiratoires modèrent le volume cérébral ; il est
possible que d’autres éléments comme le mode de vie ou le niveau socioculturel puissent influencer
cette relation.
Les investigations autour de l’activité physique nécessitent donc une méthodologie rigoureuse et
complexe ainsi qu’une collaboration pluridisciplinaire, expliquant le nombre restreint d’essais
pouvant prétendre à l’inclusion d’une méta-analyse et le besoin d’investigations supplémentaires
dans ce domaine.
Enfin, la question de l’analyse statistique des résultats est une étape non négligeable quant aux
conclusions d’une étude. La taille réduite de l’échantillon présenté dans ce travail réduit le choix
des outils envisageables et limite la généralisation des résultats.
27
4.3. Réflexion autour de la population sollicitée
Le choix de proposer cette étude à des participants présentant une probable maladie d’Alzheimer
étant justifié en début de recherche, il n’est pas nécessaire d’y revenir ici. Il semble tout de même
important d’évoquer les enjeux d’un travail de ce type auprès de cette population.
La distinction entre les différents stades d’évolution de la maladie à partir du score au MMS fut
aussi un point central. En effet, si au début le cut-off était de 23 (stade « léger » si strictement
supérieur, « modéré » si entre 23 et 18), par la suite il a semblé plus adapté de penser les
notions « léger » et « modéré » selon l’âge et le niveau socioculturel des participants. Cette nouvelle
cotation montrait, par exemple, que le participant ayant le plus haut niveau socio-culturel et
présentant un score au MMS de 25 à 82 ans, considéré au début comme étant en stade « léger »,
était finalement déjà à un stade « modéré » pour sa situation. En utilisant cette distinction, quatre
participants étaient à un stade « léger » de la maladie et cinq à un stade « modéré ».
Le diagnostic de maladie d’Alzheimer pour l’un des sujets un stade « léger » n’était pas encore
posé mais était en cours, il semblait toutefois pertinent de considérer sa participation à ce travail
afin d’apprécier un impact possiblement différent de l’activité physique sur ses fonctions cognitives
à un stade précoce de la maladie.
A noter également l’inclusion d’un patient pour qui l’hypothèse d’un syndrome démentiel « mixte »
fut posée, patient qui présentait le score le plus faible au MMS mais également le score le plus élevé
au PASE. Cette participation permet, non seulement d’ouvrir ce travail à l’impact de l’activité
physique dans d’autres pathologies, mais également de considérer les limites de cet impact dans un
contexte d’altération majeure des fonctions cognitives (limites qui n’ont pu être appréciées par ce
travail).
Il convient de souligner l’importance des aspects motivationnels et l’adhésion des participants pour
mener à bien ces études. En effet, notamment pour les études interventionnelles, bien souvent
proposées à une population plutôt sédentaire, il s’agit de considérer les intentions et les étapes du
changement de comportement chez les seniors, comme pouvait l’évoquer l’équipe d’Audiffren
(2011). Ainsi, des modèles comme la théorie du comportement planifié d’Ajzen (1991) proposent
de tenir compte de certains facteurs comme le sentiment d’auto-efficacité, les normes sociales ou
encore les attitudes pour infléchir un comportement qui doit avant tout être décidé par le sujet.
Le lien entre aspects psychologiques et maladie neurodégénérative de type Alzheimer est également
à évoquer dans ce travail. Ici l’échelle HAD a permis d’obtenir un score représentatif de l’affect
28
anxio-dépressif. Aucune corrélation significative entre le score au HAD et le score au MMS n’a été
démontrée, bien que les résultats semblent suggérer que les participants en début de maladie ont
tendance à être plus anxieux/dépressifs. Une explication possible de cet effet pourrait être le niveau
de conscience des troubles ; le participant présentant ici le score HAD le plus élevé témoignait
régulièrement de ses difficultés cognitives et de l’anxiété qu’il éprouvait quant au regard d’autrui.
Les données recueillies concernant la qualité de vie avec le QoL-AD semblent liées au score HAD.
Ce résultat est en accord avec l’étude de Mizukami (2013) qui relevait une prévalence importante
(20-25%) d’épisodes dépressifs majeurs chez les patients atteints de maladie d’Alzheimer, épisodes
qui semblent associés à une dégradation de la qualité de vie.
De plus, la qualité de vie évaluée par les aidants ne différenciait pas significativement dans ce
travail (test T pour données appariées), à l’inverse de certaines études qui évoquent une qualité de
vie sous-estimée par les aidants (Gerritsen et al 2010).
De plus, la certitude des propos recueillis concernant les estimations d’activité physique ne peut être
que remise en question dans les maladies neurodégénératives. La question de la fiabilité à donner
aux réponses concernant la mémoire épisodique dans le cadre de patients souffrant de maladie
d’Alzheimer ne peut être négligée. Ici une version du questionnaire ouvert à propos des loisirs et
des activités pratiquées tout au long de la vie était proposée à l’aidant le jour de l’évaluation afin de
réduire ce biais le plus possible. Ainsi, l’enquête menée auprès du participant avec ce questionnaire
était orientée davantage sur l’activité pratiquée dans le passé (par exemple le sport pratiqué vers
l’âge de 20 ans), alors que les aidants remplissaient seuls ce questionnaire et parlaient donc plus
naturellement de l’activité pratiquée actuellement, permettant de préciser les informations
recueillies à ce sujet auprès du participant directement (notamment par le PASE).
En s’intéressant de plus près à l’évaluation neuropsychologique proposée dans cette étude, il
apparaît que certaines limites doivent être prises en compte dans le choix des tests utilisés. Il s’agit
principalement de ne pas négliger les difficultés de compréhension et de maintien des consignes
possibles en cas de troubles cognitifs dans les maladies neurodégénératives. Ce phénomène fut
observé au cours de l’évaluation cognitive des participants puisqu’il était question, initialement,
d’évaluer la cognition sociale avec la batterie de la Mini SEA (Bertoux, 2014) qui comprend une
version réduite du test des faux pas (Stone, Baron-Cohen, Knight, 1998) et une version réduite des
visages d’Ekman (1976). L’utilisation du test des faux pas fut toutefois abandonnée en cours
d’étude car il s’est avéré que les participants avaient trop de difficultés à comprendre et intégrer les
histoires. Certaines données manquent aussi à l’étude suite à des problèmes de compréhension, les
participants ne comprenaient pas toujours dès le début les consignes (exemple pour la tour de
Londres), les premiers items étaient alors considérés comme échoués.
29
Il semble qu’une évaluation plus ciblée, notamment sur les fonctions exécutives, aurait été
souhaitable dans ce travail. Le nombre de patients se situant à un stade « modéré » de la maladie
nécessiterait l’utilisation de tests plus adaptés (par exemple la Batterie Rapide d’Evaluation
Frontale) par rapport à d’autres proposés ici (comme la Tour de Londres).
5. Conclusion
En conclusion, cette étude ne permet pas de soutenir les travaux concluant d’un effet bénéfique de
l’activité physique sur le maintien des performances cognitives dans la maladie d’Alzheimer. Les
résultats évoquent, certes, quelques liens significatifs entre ces deux variables ; toutefois ces
relations ne sont pas retrouvées pour d’autres mesures sollicitant les mêmes fonctions cognitives.
Le nombre limité de participants, le choix des outils, l’évaluation neuropsychologique sûrement
trop exhaustive, tout autant de facteurs pouvant expliquer en partie cette conclusion, qui va dans le
sens de diverses études portant sur cette thématique.
En effet, si les études animales suggèrent un effet bénéfique de l’activité notamment aérobie sur la
cognition, de telles évidences ne peuvent être généralisées actuellement sur l’Homme, la variabilité
des études et les facteurs dont il faut tenir compte ne facilitant ni l’interprétation ni la généralisation
des résultats concluants. La modération de l’effet de l’activité physique semble effectivement
dépendre du sexe, de l’âge, des habitudes alimentaires, du patrimoine génétique ou encore de la
réserve cognitive (Audiffren 2011). Bien que ces considérations soient discutées dans le domaine
d’études interventionnelles, il semble pertinent de les envisager également dans les études
longitudinales ou transversales portant sur l’activité physique.
Il est à noter ici, cependant, une tendance plus optimiste pour les patients considérés comme étant
en début de maladie. Bien que, là encore, les conditions de l’étude limitent l’interprétation, il
pourrait être pertinent d’envisager une seconde investigation centrée sur des sujets à un stade
« léger » de la maladie. Il semble possible également de mettre en place un protocole d’intervention,
comme espéré au début de ce travail, si le temps nécessaire à son bon déroulement peut lui être
accordé.
La combinaison de ce type de programme avec des thérapies cognitives (par exemple de la
réadaptation cognitive) pourrait également être une investigation intéressante. Ces interventions
thérapeutiques non médicamenteuses pourraient, par exemple, montrer des effets en termes de
ralentissement du déclin cognitif, de perte d’autonomie et/ou du maintien d’une bonne qualité de
vie.
30
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35
ANNEXES
36
Annexe 1 : Critères diagnostiques des « démences de toutes étiologies » selon le
NIA (McKhann et al., 2011)
Le diagnostic de démence est posé en présence de symptômes cognitifs ou comportementaux
(neuropsychiatriques) qui :
1 - Interfèrent avec les habiletés professionnelles et quotidiennes ; et
2 - Représentent un déclin par rapport au niveau de fonctionnement et de performance ; et
3 - Ne sont pas expliquée par un délire ou un trouble psychiatrique majeur ;
4 - Le déficit cognitif est observé et diagnostiqué à la fois à travers (1) les informations recueillies
auprès du patient ou d’un proche bien informé et (2) une évaluation cognitive objective soit par une
évaluation des capacités mentales au lit du patient soit par une évaluation neuropsychologique.
L’examen neuropsychologique devrait être réalisé lorsque l’histoire habituelle ou l’évaluation de
l’état mental au lit du patient ne peut pas se fournir de diagnostic fiable
5 - Au moins deux des critères suivants doivent être présents :
- Déficit de la capacité à retenir de nouvelles informations. Symptômes inclus : questions ou
conversations répétitives, rangement inhabituel des objets personnels, oublis d’évènements
ou de rendez-vous, difficulté à se repérer sur des parcours familiers.
- Déficit de l’organisation et de la résolution de tâches complexes, pauvreté du jugement.
Symptômes inclus : perte de la notion du danger, incapacité à gérer les finances, faibles
capacités à prendre des déicions, incapacité à planifier des acticités complexes ou
séquentielles.
- Déficit des habiletés visuo-spatiales. Symptômes inclus : incapacité à reconnaître les
visages ou les objets communs ou à trouver les objets visibles malgré une bonne acuité
visuelle, incapacité à utiliser des instruments simples, inversion du sens des vêtements lors
de l’habillement.
- Déficit des fonctions langagières (parole, lecture, écriture). Symptômes inclus : déficit de
récupération lexicale dans le discours, hésitations ; erreurs articulatoires, altération de
l’orthographe et de l’écriture.
- Modification de la personnalité ou du comportement. Symptômes inclus : variations
inhabituelles de l’humeur telles qu’une agitation, une perte de motivation, de l’initiative, une
apathie, des troubles des conduites, un retrait social, une perte d’intérêt pour les activités
antérieures, une perte d’empathie, comportements compulsifs ou obsessifs, des
comportements socialement inacceptables.
37
Annexe 2 : Critères diagnostiques de démences de type Alzheimer probable
selon le NIA (McKhann et al., 2011)
Le diagnostic de Démence de Type Alzheimer (DTA) est évoqué lorsque le patient manifeste les
critères de « démences de toutes étiologies » détaillés précédemment (Annexe 1) ainsi que les
caractéristiques suivantes :
1 - Début insidieux : les symptômes apparaissent progressivement sur des mois ou des années et
non pas soudainement sur quelques heures ou quelques jours ;
2 - Nette détérioration cognitive rapportée ou observée ; et
3 - Les déficits cognitifs initiaux et les plus proéminents sont mis en évidence par l’histoire et par
l’évaluation dans l’une des catégories suivantes :
- Présentation amnésique : c’est la présentation syndromique de la DTA la plus fréquente.
Les déficits incluent des difficultés d’apprentissage et de rappel d’informations récemment
apprises. Il peut également y avoir la preuve d’une dysfonction cognitive dans au moins un
des autres domaines (détaillés précédemment dans l’annexe 1)
- Présentation non-amnésique :
- Présentation langagière : le trouble principal est le manque du mot, mais des déficits
dans d’autres domaines peuvent exister.
- Présentation visuo-spatiale : les déficits les plus importants se manifestent au niveau
des connaissances spatiales et incluent une agnosie des objets, un déficit de la
reconnaissance des visages, une agnosie visuelle partielle et une alexie. Des déficits
dans d’autres domaines cognitifs peuvent exister.
- Dysfonctionnement exécutif : les déficits principaux sont des troubles du raisonnement,
du jugement et de la résolution de problèmes. Des déficits dans d’autres domaines
cognitifs peuvent exister.
- Le diagnostic de DTA ne peut pas être posé quand il y a une preuve de :
- Pathologie cérébrovasculaire substantielle concomitante, définie par un antécédent d’accident vasculaire
cérébral relié temporellement aux symptômes initiaux ou à l’aggravation du déficit cognitif ; ou la présence
d’infarctus multiples ou diffus ; ou une charge sévère en hypersignaux de la substance blanche
- Caractéristiques principales de la démence à corps de Lewy autres que la démence elle-même ; ou
- Caractéristiques importantes du variant comportement de la démence frontotemporale ; ou
- Caractéristiques importantes du variant sémantique de l’aphasie progressive primaire ou du variant non-
fluent/agrammatique de l’aphasie progressive primaire, ou
- Des preuves simultanées d’une autre maladie neurologique active ; ou d’une comorbidité médicale non
neurologique ; ou la prise de médicaments qui peuvent avoir un effet considérable sur les fonctions cognitives.
38
Annexe 3 : Évaluation neuropsychologique globale
La mémoire épisodique verbale a été testée par le Rappel Libre Rappel Indicé 16 (Grober et
Buschke, 1987). Quatre planches de quatre mots sont présentées, un appariement sémantique est fait
pour chaque planche puis un rappel immédiat. Une épreuve interférente (comptage à rebours) a lieu
suivi du rappel des mots (libre et indicé pour les mots non retrouvés). Le comptage suivi du rappel
ont lieu trois fois de suite. Une reconnaissance et un rappel différé (libre et indicé) sont proposés.
La mémoire épisodique visuelle a été évaluée par la figure de Rey (1970). Une figure géométrique
est recopiée « le plus fidèlement possible » sur une feuille A4, la copie est chronométrée et il n’est
pas précisé la nature mnésique de l’épreuve. En cas de difficultés une aide à la planification peut
être mise en place. A la fin de la copie le modèle et la copie de la figure sont mises de côté et il
s’agit alors de la redessiner de mémoire. Une reconnaissance et un rappel différé sont proposés.
Le langage a été évalué par :
- La Dénomination 80 (Hannequin et Deloche, 1997) : présentation de 80 dessins à
dénommer
- Le Mill Hill (Pichot, 1958) pour le vocabulaire/l’indice d’intelligence verbale : la partie A
comprend 44 mots à définir (non utilisée ici) et la partie B propose 44 mots pour lesquels il
faut choisir un synonyme parmi 6 propositions.
Les fonctions exécutives ont été évaluées par plusieurs tests :
- Le test de Stroop (Stroop, 1935) pour tester les capacités d’inhibition : la dénomination et
la lecture de 3 noms de couleurs (bleu, rouge et verte) doit être effectuée le plus rapidement
possible (conditions contrôles). En condition interférente, des noms de couleurs sont écrits
dans une couleur d’encre non congruente. Le sujet doit alors dénommer la couleur de l’encre
dans laquelle est écrit le mot.
- Le Hayling (Burgess et Shallice, 1997) pour tester également les capacités d’inhibition :
une première partie contrôle nécessite au sujet de compléter des phrases avec le mot le plus
adapté. Vient ensuite la condition d’inhibition et d’initiation verbale
- Le Wisconsin Card Sorting Test modifié (Nelson, 1976) pour évaluer la flexibilité : le sujet
doit classer des cartes suivant 3 critères : la forme, la couleur et le nombre. Il doit maintenir
le critère choisi pendant 6 essais, puis doit changer de critère de classement.
- Le Trail Making Test (Reitan, 1958) pour évaluer la flexibilité : une première condition
consiste à relier des chiffres/nombres entre eux dans l’ordre croissant (1=> 25) le plus
rapidement possible. Une seconde condition nécessite de relier les items mais cette fois en
39
alternant entre des chiffres (ordre croissant) et des lettres (ordre alphabétique) ; 1 – A – 2 –
B… le plus rapidement possible aussi.
- La Tour de Londres (Shallice, 1982) pour tester la planification : le sujet doit exécuter le
moins de déplacements possibles de perles en bois sur un support de 3 tiges pour reproduire
le modèle de l’expérimentateur. Le nombre de mouvements est noté ainsi que les
déplacements effectués. Chaque item est chronométré.
- Les fluences verbales (version Greffex, 2008)pour évaluer l’initiation verbale : le sujet doit
donner un maximum de mots commençant par la lettre P pendant 2 minutes (fluences
littérales) et donner un maximum de noms d’animaux pendant 2 minutes (fluences
catégorielles).
L’attention a été évaluée par divers outils :
- Le test des cloches (Gauthier, 1989) pour évaluer l’attention sélective : 35 cloches sont à
entourer parmi 280 dessins sur une feuille A4. C’est une épreuve chronométrée.
- La double tâche (version Greffex, 2008) pour évaluer l’attention divisée : une première
condition permet de mesurer l’empan chiffré du sujet. Puis, pendant 2 minutes, le sujet doit
répéter correctement le plus de suite de chiffres possibles (selon empan mesuré avant).
Après cela une feuille A4 est donnée sur laquelle figure des carrés vides, le sujet doit faire
une croix dans chaque carré en suivant un chemin spécifique pendant 2 minutes. Enfin,
toujours pendant 2 minutes, le patient doit à la fois faire des croix dans les carrés et répéter
des suites de chiffres énoncés oralement par l’expérimentateur.
La cognition sociale a été testée par la Mini SEA (Berthoux, 2014). La Mini SEA est composée de
deux tests :
- Une version réduite des faux-pas (Stone, Baron-Cohen et Knight, 1998) pour évaluer la
théorie de l’esprit. 10 histoires dont 5 contenant un faux pas sont présentées au sujet, il doit
dire s’il y a eu un faux pas de commis dans l’histoire, si oui des questions supplémentaires
sont posées (qui, pourquoi...). Ce test a été abandonné en cours d’étude au vu des difficultés
de compréhension des sujets.
- Une version réduite des visages d’Eckman (1976) pour évaluer la reconnaissance des
émotions. 35 visages d’hommes et de femmes sont présentés au sujet qui doit indiquer, selon
lui, l’émotion exprimée parmi 6 réponses possibles : colère, tristesse, neutre, joie, surprise,
dégoût, peur.
Les praxies ont été évaluées à l’aide de la Batterie d’Evaluation des Praxies (Mahieux,
2009) : évaluation de gestes symboliques, de mimes d’actions et de gestes abstraits.
40
Patients /
Tests TL SJM MJ GM DE HR MM BC PB
HAD Anxiété /21 7 9 3 2 8 5 8 3 4
Dépression /21 5 4 7 2 10 7 10 0 0
Total / 42 12 13 10 4 18 12 18 3 4
MMSE /30 26* 20 22 22 25 23 27 26* 24*
Rappel immédiat /
167 12 15 15 6 13 15 13 12
Rappel total / 16 Arrêt 6 6 7 6 1 13 5 7
Figure de Rey
Copie tps en sec129 660 700 720 988 165 215 158 424
Copie score / 36 33 33 15 34 33 33 35 32 30
Rappel immédiat /
360 6,5 0 4 3* 7 2,5 4 4
Double tâche 68* 99.5 74 103.5 89.5 98 94 93.5 91.5
Stroop Temps 130 429 211 306* 200 146 133
Erreur 3 10 17 12 22 9 1
Hayling Temps 134 78 150 166 205 51 100 136
Pts pénalité 13 16 17 15 21 12 9 13
TMT B Temps 189 546 187 230 748 418 126 150 182
Erreur 0 2 7 0 0 5 1 0 2
Tour de Londres NR 12.6’’(3) 11.6’’(3) 80’’(3.3)
Nb moyen de
mouvements
MCST 2/6 2/6 3/6 2/6 4/6 3/6 6/6 3/6
Erreurs totales 8 26* 15 22 21 23 6 17
Erreurs
persévératrices4 14 5 10 8* 6 1 5
Test des cloches
Temps253 182 110 490 303 318 161 259 138
Omissions 3 6 9 1 1 0 1 0 13
Mini SEA
(Visages /15)12.43 8.6 12 12.5 10.27 9.43 5.14 12.42 11.14
DO80 78 80 78 79 74 75 74 71 76
Fluences
(P – animaux)17 -19 26 - 22 20 - 26 19 - 20 14* - 9 8-7 6-17 19 - 17 15 - 13
Mill Hill/44 31 NR 26 38 36 21 25 39 26
BEP /23 19 21 23 21 20 21 21 20 21
NR
Scores en gras : déficitaire (< pc 5 ou score z <-1.65)
Score * : normes basses (< pc 10 ou score z <-1)
Résultats des patients à l’évaluation neuropsychologique
Arrêt
après
ex
NR
Arrêt
à item
6
Pro
bl .
Co
nsi
gn
es Arrêt
après
item
2
Arrêt
après
item
2
23.3’’(3.3)
62’’(6.3)
36.3’’(5)
Arrêt
après
item
7
Annexe 4 : Résultats à l’évaluation neuropsychologique
41
Annexe 5 : Questionnaire construit pour l’étude
Mode de vie
Nom : Date de naissance :
Date de passation :
Taille Poids IMC
- Sport :
Lequel(s) Durée Fréquence Pratique Compétition
-
-
-
-
-
En club / seul(e) Oui / Non
- Loisirs :
Lequel(s) Durée Fréquence Pratique
-
-
-
-
-
En groupe / seul(e)
- Poids :
Régime Quand Perte de
poids
Reprise de
poids
Poids
adolescence
Poids
adulte
Poids
50 ans
Poids
actuel
Oui /
Non
Régime alimentaire particulier actuellement :
42
- Sommeil :
Durée moyenne
d'une nuit
Réveils nocturnes Cauchemars
- Interactions sociales : (par semaine)
Aucune 1 à 3 fois 4 à 10 fois + de 10 fois
- Sédentarité :
Télévision Ordinateur
- Par jour :
- Par semaine :
- Par jour :
- Par semaine :
Données exploitées à partir de ce questionnaire
43
44
New England
Research Institutes, Inc.
____________________________________
9 Galen Street
Watertown, MA 02472
(617) 923-7747
45
INSTRUCTIONS:
Please complete this questionnaire by either circling the
correct response or filling in the blank. Here is an example:
During the past 7 days, how often have you seen the sun?
[0.] NEVER [1.] SELDOM [2.] SOMETIMES [3.] OFTEN
(1-2 DAYS) (3-4 DAYS) (5-7 DAYS)
Answer all items as accurately as possible. All information is
strictly confidential.
46
47
48
49
HOUSEHOLD ACTIVITY
7. During the past 7 days, have you done any light housework, such as dusting or
washing dishes?
[1.] NO [2.] YES
8. During the past 7 days, have you done any heavy housework or chores, such as
vacuuming, scrubbing floors, washing windows, or carrying wood?
[1.] NO [2.] YES
9. During the past 7 days, did you engage in any of the following activities?
Please answer YES or NO for each item.
NO YES
a. Home repairs like painting,
wallpapering, electrical
work, etc. 1 2
b. Lawn work or yard care,
including snow or leaf 1 2
removal, wood chopping, etc.
c. Outdoor gardening 1 2
d. Caring for an other person,
such as children, dependent 1 2
spouse, or an other adult
50
WORK-RELATED ACTIVITY
10. During the past 7 days, did you work for pay or as a volunteer?
[1.] NO [2.] YES
10a. How many hours per week did you work for pay
and/or as a volunteer?
_______________ HOURS
10b. Which of the following categories best describes
the amount of physical activity required on your job
and/or volunteer work?
[1] Mainly sitting with slight arm movements.
[Examples: office worker, watchmaker, seated
assembly line worker, bus driver, etc.]
[2] Sitting or standing with some walking.
[Examples: cashier, general office worker,
light tool and machinery worker.]
[3] Walking, with some handling of materials
generally weighing less than 50 pounds.
[Examples: mailman, waiter/waitress, construction
worker, heavy tool and machinery worker.]
[4] Walking and heavy manual work often requiring
handling of materials weighing over 50 pounds.
[Examples: lumberjack, stone mason, farm or
general laborer.]
51
THANK YOU FOR TAKING THE TIME AND EFFORT
TO COMPLETE THIS QUESTIONNAIRE!