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MADAME DE SÉVIGNÉ À LYON N°119 - JUIN 2020 - GRATUIT

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MADAME DE SÉVIGNÉ À LYON

N°119 - JUIN 2020 - GRATUIT

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Directrice de la publication Julie Bordet-Richard (06 14 03 75 34)

Rédaction : Julie Bordet-Richard (09 53 16 34 19)Josette Bordet (06 52 12 82 58)

Publicité Véronique Segard(06 15 78 03 03)[email protected] Cacciatore (06 29 10 13 39)La Ficelle. 94 bd de la Croix-Rousse69001 Lyon Tél. 04 78 28 16 [email protected]

Impression : IPS (Reyrieux -01)Edité à 15 000 exemplaires

Distribution : Société Goliath, Lyon 1er

La ficelle SARLCapital : 8000 euros. Siège social :94 boulevard de la Croix-Rousse69001 Lyon. Objet social : éditionde publications de presse et desites InternetGérante : Julie Bordet. RCS : 503 200 487 RCS LYONISSN 2111-8914

Toute reproduction ou représentationintégrale ou partielle par quelquesprocédés que ce soit, des pages et despublicités publiées dans la présentepublication, faite sans autorisation del'éditeur est illicite et constitue unecontrefaçon.

La ficelle en téléchargement sur www.laficelle.com

Les lieux de dépôt du journalfigurent sur www.laficelle.com

N°119 - Juin 2020

Les lieux où trouver La ficelle

La ficelle, ravie de vous retrouver, vousinvite à accompagner Madame deSévigné lors de son voyage pour

Grignan. Un long périple avec denombreuses étapes, dont un séjour à Lyonqu’elle évoque dans les lettres à sa fille.Bernard Plessy, essayiste et critique

littéraire, nous incite à la lecture des écrits de la Marquise.« Voix d’une femme témoin d’elle-même et témoin de sontemps, quel temps ! ». Après le XVIIe siècle, le XIXe est, lui aussi, riche en histoire etmonuments. La fontaine des Jacobins est un exemple dedécors très prisés dans cette fin de siècle. Architectes etsculpteurs ont exprimé leur goût pour le mélange des styles,propre à l’époque. Enfin, ce numéro de La ficelle ne pouvait pas faire l’impassesur le bouleversement que nous subissons depuis trois mois, àsavoir la Covid 19. Aussi vous trouverez une tribune libre d’

Eric Noël, médecin,qui exprime saposition par rapportaux dérives desdifférents acteurs quiont dû intervenir dansle traitement de cettepandémie.Bonne lecture.

Julie Bordet-Richard

ÉditoSommaire

La fenotte du mois

Madame deSévigné à Lyon

La ficelle se bambane

La fontaine desJacobins

Lyon d’autrefois

Les bateaux-lavoirs de Lyon

Tribune libre

La Covid-19, unmauvais film !

Montée du boulevard – Photo Paloma

CHERCHETOUTE

PERSONNEMOTIVÉE POURPROSPECTIONCOMMERCIALE

Montée du Boulevard – Photo Paloma

TOUS LES NUMÉROS DE LA FICELLESONT VISIBLES SUR LE SITE DANS LA

RUBRIQUE ARCHIVES

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La fenotte du mois

MADAME DESÉVIGNÉ À LYON

Inconnu - Collections du château de Versailles

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Le 4 février 1671, à Paris, dans un hôteldu Marais, une femme de 45 ans vit unphénomène des plus étrange : elle

meurt et elle naît. Cette femme s’appelleMadame de Sévigné, née Marie de Rabutin-Chantal. Elle meurt de voir partir sa fille,Françoise-Marguerite, rejoindre son mariFrançois de Grignan, lieutenant-généralpour le Roi au gouvernement de Provence.Elle naît à la littérature épistolaire et s’y ins-talle d’emblée au premier rang avec la pre-mière lettre qu’elle écrit à sa fille encore surles chemins, le vendredi 6 février.

Je suis toujours avec vous. Je vois cecarrosse qui avance toujours et qui n’appro-chera jamais de moi. Je suis toujours dans lesgrands chemins. Il me semble que j’ai quelque-fois peur qu’il ne verse. Les pluies qu’il faitdepuis trois jours me mettent au désespoir. LeRhône me fait une peur étrange. J’ai une cartedevant mes yeux ; je sais tous les lieux où vouscouchez. Vous êtes ce soir à Nevers, vous serezdimanche à Lyon, où vous recevrez cette lettre.

Elle meurt et elle naît : Mme de Sévi-gné ne doit de survivre qu’à la correspon-dance assidue et passionnée qu’elle instituecomme un rite bihebdomadaire avec sa fille.Pour 764 lettres sauvées, dont seulement 170autographes, combien d’autres perdues oudétruites, par la volonté de sa petite-fille Pau-line, Marquise de Simiane, qui donna l’ordrede brûler la plus grande partie des lettres desa grand-mère et la totalité des lettres de sa

mère. Ainsi le dialogue s’est-il réduit à unevoix, et tout ce que nous savons et racontons,c’est de la seule plume de la mère que nous letenons.

Les mois passent. Mme de Sévignés’occupe de sa petite-fille, l’aînée, Marie-Blanche : à deux mois d’âge, sa mère n’a pul’emmener. Elle fréquente la société du belair, où pour sa fille elle glane les nouvelles dela cour et de la ville. Mais bientôt germe leprojet d’un voyage à Grignan. Les préparatifscommencent. La Marquise se défait de sonvieux carrosse mis à mal par les chemins deBretagne, quand elle se rend dans sa propriétédes Rochers, près de Vitré. Elle achète unéquipage à six chevaux. Il faut cela pour unegrande dame qui voyagera avec deux femmesde chambre, et deux familiers, Christophe deCoulanges, abbé de Livry, son oncle ethomme de confiance depuis son veuvage (à25 ans…), et l’abbé Pierre de La Mousse, quifut précepteur de Françoise-Marie. Elle sepréoccupe de ses habits. « Je suis partagéeentre l’envie d’être bien belle et la crainte de

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Pendant près de trente ans, Madame de Sévigné a envoyé plusieurs lettres par semaine à sa filleFrançoise Marguerite, comtesse de Grignan. Elle a écrit au total 1120 lettres à partir de 1671.Dans ses lettres, Madame de Sévigné raconte tous les événements qui se déroulaient à Paris,particulièrement dans la cour de Louis XIV, mais aussi les récits de ses voyages, comme à Lyonet dans sa région. Ces lettres n'ont été publiées qu'après sa mort, en 1726.

“JE VOIS CE CARROSSEQUI AVANCE TOUJOURSET QUI N’APPROCHERAJAMAIS DE MOI. JE SUIS

TOUJOURS DANS LESGRANDS CHEMINS. IL ME

SEMBLE QUE J’AIQUELQUEFOIS PEUR

QU’IL NE VERSE”

Coche sous Louis XIV

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La fenotte du mois

dépenser. » Elle a bientôt, selon son mot, « unpied en l’air ». Mais le départ est retardé parla maladie de sa tante Henriette de LaTrousse, sœur cadette de sa mère. La pauvrefemme n’en finit pas de mourir d’hydropisie.Sa nièce l’aime trop pour partir sans lui avoirrendu les derniers devoirs. « Enfin, ma fille,notre chère tante a fini sa malheureuse vie. »(vendredi 1er juillet) Quelques jours encorepour une tournée d’adieux. Le 11 juillet, der-nière lettre de Paris.

Je pars mercredi, et vais coucher àEssonnes ou à Melun. Je vais par la Bourgogne.Je ne m’arrêterai point à Dijon. Je ne pourraipas refuser quelques jours en passant à quelquevieille tante que je n’aime guère. Je vous écriraid’où je pourrai ; je ne puis marquer aucun jour.Le temps est divin. Notre Abbé est gai et content ;La Mousse est un peu effrayé de la grandeur duvoyage, mais je lui donnerai du courage. Pourmoi, je suis ravie. Et si vous en doutez, mandez-le moi à Lyon, afin que je m’en retourne sur mespas.

La lettre suivante est postéed’Auxerre, samedi 16 juillet, à 42 lieues deParis, le tiers du chemin. Brève relation devoyage. « Il n’y a point de poussière,il fait fraiset les jours sont d’une longueur infinie. Voilàtout ce qu’on peut souhaiter. » Vraiment ? Enfait, Mme de Sévigné souhaiterait un peu

plus d’entrain. « Nous voyageons un peu gra-vement. » Elle ajoute, comme à mi-voix :« Pour avoir de la joie, il faut être avec des gensréjouis. » Alors s’impose la ressource de la lec-ture. « Nous n’avons point trouvé de lecturequi fût digne de nous que Virgile, non pas tra-vesti, mais dans toute la majesté du latin et del’italien. » Mme de Sévigné maîtrise mal lelatin. Pour lire Virgile, il faut donc une tra-duction. Certes pas le Virgile travestide Scar-ron, mais une traduction italienne, sans dif-ficulté pour la Marquise.

La lettre suivante, adressée à l’au-teur de l’Histoire amoureuse des Gaules, soncousin Bussy-Rabutin, est datée du 22 juilletà Montjeu, à une lieue et demie d’Autun.Mme de Sévigné y déclare sa ferme intentiond’arriver le lendemain à Chalon pour y cou-cher puis s’embarquer sur la Saône jusqu’àLyon. Tout se passe comme elle le veut. Et c’est

donc le 24 juillet, dimanche matin, qu’elleprend le coche avec ses compagnons devoyage. L’équipage, carrosse et chevaux, sui-vra sur une autre barge. Tournus, Mâcon, Vil-lefranche, Lyon n’est plus loin.

Mme de Sévigné n’est jamais venueà Lyon, mais elle connaît la ville de réputa-tion, on le verra ailleurs, elle en a haute idée.Et elle y est attendue. Doublement. D’abordpar sa chère cousine Mme de Coulanges.Marie-Angélique du Gué, fille de François duGué-Bagnols, Intendant du Lyonnais,épouse de Philippe-Emmanuel de Cou-langes, était très proche de Mme de Sévigné,notamment grâce à la correspondance.Attendue aussi par la branche Grignan. Thé-rèse de Grignan, sœur du comte de Grignan,et donc belle-sœur de la fille de Mme de Sévi-gné, dont elle avait à peu près l’âge, avaitépousé en 1668 Charles-François de Châ-teauneuf, marquis de Rochebonne, maître decamp de 1676 à 1688 et commandant pourle Roi dans les provinces du Lyonnais, Forezet Beaujolais en 1697. Ajoutons le Chamarier.Le Chamarier était le chanoine chargé d’ad-ministrer les revenus du chapitre, en l’occur-rence le chapitre de Saint-Jean. Or il s’agissaitde Charles de Rochebonne, frère du mari deMme de Rochebonne, qui s’était proposé deloger Mme de Sévigné.

Madame de Sévigné - BNF

“POUR MOI, JE SUISRAVIE. ET SI VOUS EN

DOUTEZ, MANDEZ-LE MOIÀ LYON, AFIN QUE JEM’EN RETOURNE SUR

MES PAS”

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Coche d’eau. Fonds Coste BML (photo La ficelle d’après Rossiaud « Lyon, la rivière et le fleuve »)

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La fenotte du mois

Nous voici donc devant la lettre queMme de Sévigné écrit de Lyon à sa fille, mer-credi 27 juillet. C’est à partir d’elle seule quel’on peut reconstituer son séjour. Les détails,hélas pour nous, en furent contés de vive voixà Grignan. Le début est accordé à deux de seshôtes, Mme de Rochebonne et le Chamarier.De la première la frappe sa ressemblance avecson frère. « La ressemblance me surprit au-delà de tout ce que j’ai jamais vu ; enfin c’estM. de Grignan, qui compose une très aima-ble femme. Elle vous adore. Je ne vous diraipoint combien je l’aime, et combien je com-prends que vous devez l’aimer. » Le Chama-rier ? « Pour monsieur son beau-frère, c’estun homme qui emporte le cœur ; une facilité,une liberté dans l’esprit qui me convient etqui me charme. Je suis logée chez lui. » Pré-cieux détail : la maison du Chamarier étaitsituée à l’entrée du cloître de l’église Saint-Jean, à gauche après la porte Froc. Elle sub-siste encore à l’angle de le rue de la Bombardeet de la rue Saint-Jean.

Et maintenant le récit. Mme deSévigné arrive en fin de journée, lundi 25 :deux jours pour une trentaine de lieues. Elledébarque quai des Célestins où abordent lesbateaux de la Saône et d’où partent les bate-liers du Rhône.

Monsieur l’Intendant [le père de Mmede Coulanges] me vint prendre au sortir dubateau, lundi, avec madame sa femme et Mme deCoulanges. Je soupai chez eux. Hier j’y dînai.

La maison des du Gué était située

non loin du pont de bois qui reliait l’archevê-ché à la place Bellecour, aujourd’hui rueColonel-Chambonnet.

Comment Mme de Sévigné passe-t-elle la journée du mardi ?

On me promène, on me montre ; jereçois mille civilités. J’en suis honteuse ; je nesais ce qu’on a à me tant estimer.

Cette feinte naïveté fait gentimentsourire. Mmes de Coulanges et de Roche-bonne ont-elles eu besoin de faire le néces-saire ? Comment les grandes dames de Lyonne feraient-elles pas fête à une très grandedame de Paris ? Non pas connue par ses let-tres, ce sera bien plus tard, mais pour biend’autres raisons : sa piquante beauté, en par-tie due à ses yeux bigarrés ; sa présence parmiles « précieuses », nullement ridicules, dans laChambre bleue à l’Hôtel de Rambouillet ; sonportrait sous le nom de Clarinte dans la 3èpartie de la Clélie de Mlle de Scudéry (où setrouve la fameuse Carte de Tendre) ; son ami-tié intime avec Mme de La Fayette et LaRochefoucauld, bref ! ses liens avec les plusgrands noms de la cour et de la ville. Mme deSévigné à Lyon, c’est un événement.

Ainsi Mme de Coulanges s’efforce-t-elle de la garder un jour de plus.

Je voulais partir demain ; Mme deCoulanges a voulu encore un jour, et met à ceprix son voyage à Grignan. J’ai cru vous faireplaisir de conclure ce marché. Je ne partiraidonc que vendredi matin ; nous irons coucherà Valence. J’ai de bons patrons : surtout j’ai priéqu’on ne me donnât pas les vôtres, qui sont defrancs coquins. On me recommande commeune princesse. Je serai samedi à une heure aprèsmidi à Robinet.

“ON ME PROMÈNE, ONME MONTRE ; JE REÇOIS

MILLE CIVILITÉS. J’ENSUIS HONTEUSE ; JE NESAIS CE QU’ON A À ME

TANT ESTIMER”

Maison du Chamarier, rue Saint-Jean Lyon 5e – Photos La ficelle

Bords de Saône, palais de Roanne 1652(wikipedia)

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Robinet, c’est le port où l’ondébarque pour aller à Grignan, qui est à troislieues.Les patrons sont les maîtres mariniers.

Retour à quelques nouvelles.

Mon équipage est venu jusqu’ici sansaucun malheur ni sans aucune incommodité.

Hier au soir, on mena abreuver mes chevaux ; ils’en noya un, de sorte que je n’en ai plus que cinq.Je vous ferai honte, mais ce ne sera pas ma faute.On me fait des compliments sur cette perte ; je lasoutiens en grande âme(…). J’ai été à Pierre-Encize voir F*** prisonnier. Je vais aujourd’huivoir le cabinet de M*** et ses antiquailles.

Pierre-Encize était un château surla rive droite de la Saône, qui servait de pri-son d’Etat. Y était enfermé depuis 1670 PierreHennequin, marquis de Fresnes, pour sacruauté envers son épouse. On espère queMme de Sévigné alla lui faire la leçon. Quantà M***, c’est vraisemblablement M. Mey,d’origine italienne. Selon Roger Duchêne,« les étrangers qui passaient à Lyon allaientvisiter sa maison située montée des Capu-cins, célèbre par sa belle vue, les tableaux et lesbeaux objets de l’Antiquité qu’elle renfer-mait. » C’est dire que Mme de Sévigné a faitquelques pas entre les deux collines.

Chute de la lettre : « Quelle joie d’al-ler à vous, ma belle Comtesse ! »

« Les violons sont tous les soirs enBellecour. » Cette phrase que Mme de Cou-langes écrit à sa cousine le 1er août n’auraitpu la retenir. Trop tard d’ailleurs, elle a main-tenant retrouvé sa fille et découvert le châteaude Grignan. Elle s’apprête à y passer un peuplus d’une année.

Jeudi 5 octobre 1673, à Montélimar.Première lettre sur le chemin du retour.« Voici un terrible jour, ma chère fille ; je vousavoue que je n’en puis plus. » A la séparations’ajoutent le dépit de n’avoir pu ramener safille avec elle, comme elle l’espérait, et sestourments secrets : la mauvaise santé de la

Château de Pierre-Scize. Peinture de William Marlow

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La fenotte du mois

comtesse et ses grossesses répétées, les dettesde jeu de son gendre. Elle souffre commejamais. Le lendemain lettre de Valence :« C’est mon unique plaisir que de vousécrire. » Et le mardi 10 octobre lettre de Lyon.« Je fus reçue chez Monsieur le Chamarier parlui et par M. et Mme de Rochebonne. » Leschoses se répètent. Mais où est la joie de l’al-ler ? Au soir Mme de Sévigné reçoit une let-tre de sa fille : « Je n’ai pas eu la force de rece-voir votre lettre sans pleurer de tout moncœur. » Alors…

J’étais comblée de joie, dans l’espérance devous voir et de vous embrasser, et en retournantsur mes pas, j’ai une tristesse mortelle dans lecœur, et je regarde avec envie les sentiments quej’avais en ce temps-là ; ceux qui les suivent sontbien différents.

La mauvaise humeur redouble le lende-main. « D’un petit chien de village, six lieuesde Lyon, mercredi au soir 11 octobre 1673. »Lettre célèbre par son en-tête. Une note deRoger Duchêne nous éclaire. « La route deLyon vers la Bourgogne, sur la rive droite dela Saône, passe par Lissieu, les Chères, Anse,Villefranche-sur-Saône. Mais Mme de Sévi-gné a sans doute remonté la rivière et le petitchien devillage serait, sur la rive gauche, Riot-tier qui n’avait d’église, celle-ci se trouvant à

Jassans. » Où Mme de Sévigné a-t-elle bienpu écrire et coucher ?

Me voici arrivée, ma fille, dans un lieu quime ferait triste quand je ne le serais pas. Il n’y arien, c’est un désert. Je me suis égarée dans leschamps pour chercher l’église. J’ai trouvé uncuré un peu sauvage, et un commis qui connaîtMonsieur l’Abbé et qui m’a promis de vous fairetenir cette lettre. Quand je ne suis pas avec vous,mon unique divertissement est de vous écrire…

La lettre est courte, mais contientquelques nouvelles du passage à Lyon.

Nous avons vu des tableaux admira-bles à Lyon. Je blâme M. de Grignan de n’avoirpas accepté celui que l’archevêque de Vienne luivoulut donner ; il ne lui sert de rien, et c’est leplus joli tableau et le plus décevant qu’on puissevoir.

Attention au contresens ! Décevantest un éloge : le tableau en question est untrompe-l’œil. Et Mme de Sévigné s’y laisseprendre. « Pour moi, je ne manquai pointtout bonnement de vouloir remettre la toileque je croyais déclouée. » Mais comme onaimerait savoir quels étaient les « tableauxadmirables » et où elle les a vus…

C’est la dernière mention de Lyon. LaMarquise passe par Mâcon, puis Châlon et le

16 octobre elle est à Bourbilly. « Enfin, mabonne, j’arrive présentement dans le vieuxchâteau de mes pères. (…) Je trouve mesbelles prairies, ma petite rivière, mes magni-fiques bois et mon beau moulin à la mêmeplace où je les avais laissés. » Elle s’y attardepour régler d’épineuses affaires avec le fer-mier, reprend la route, passe par Epoisses,Auxerre, Moret et le mercredi 1er novembreelle est enfin à Paris. Lettre du lendemain :

Enfin, ma chère fille, me voilà arrivéeaprès quatre semaines de voyage, ce qui m’apourtant moins fatiguée que la nuit que j’aipassée dans le meilleur lit du monde. Je n’ai pasfermé les yeux ; j’ai compté toutes les heures dema montre, et enfin, à la petite pointe du jour,je me suis levée :

Car que faire en un lit, àmoins que l’on ne dorme ?

Ce vers de La Fontaine, jolimentdétourné, met fin au très véridique récit dupassage de Mme de Sévigné à Lyon, à l’alleret au retour. Que pense-t-elle vraiment denotre ville ? Sur sa carte de Tendre toute per-sonnelle, Lyon est entre elle et sa fille. Traitd’union ou obstacle ? L’un et l’autre. Celamérite d’être étudié : quelques pages célèbresnous en donneront l’occasion.

Bernard PLESSY

“NOUS AVONS VU DES TABLEAUX ADMIRABLES À LYON. JE BLÂMEM. DE GRIGNAN DE N’AVOIR PAS ACCEPTÉ CELUI QUE

L’ARCHEVÊQUE DE VIENNE LUI VOULUT DONNER

La place Bellecour avant la Révolution - 1C/450110/RES planche 20 : Jean-Baptiste Marduel

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Lyon d’Autrefois ANNES 1860/1950

BATEAU-LAVOIR

Pour les besoins de notre rubrique “Lyon autrefois”, La ficelle recherche tout document photographique relatif à Lyon : objets, photographies,affiches… Merci de nous contacter : [email protected] - Nous remercions les lecteurs pour leurs envois.

Bateau-lavoir sur le Rhône 1950

Bateau-lavoir sur la Saône 1950.Photos madame Mamelin

Les plattes (ou bateaux-lavoirs) : cesont des bateaux à fond platpermettant de laver directement lelinge au contact de l’eau froide dufleuve. Cette pratique du métier delavandière est exercée par tous lestemps, en période de sécheressecomme en temps de crue. A partirde 1860, les bateaux-lavoirs sontéquipés d’une chaudière devenantainsi de véritables blanchisseries.Le linge bout dans de grandescuves avant d’être étendu sur lapartie supérieure des bateaux. Ledernier bateau-lavoir à Lyon, situésur le Rhône en aval du pontLafayette, a disparu au début desannées 1950.

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Gaspard André, gagnant du concoursorganisé par la Ville, conçoit l’ensem-ble, décorations et sculptures com-

prises, en marbre blanc. Un deuxièmeconcours désigne Degeorge pour sculpter lespersonnages en pied, et Delaplanche pour lessirènes. En 1879 le projet est accepté dans saglobalité. C’est cependant après de nom-breuses pétitions des gens du quartier que lafontaine actuelle voit le jour. Des pétitionscontre le bruit ou les formes des trois fontainesprécédentes, mais aussi sur l’emplacement dela nouvelle fontaine accusée de masquer les

magasins de la place. Pour donner quelquessatisfactions aux pétitionnaires, il est décidéd’amincir le trottoir circulaire et de réduire lediamètre du grand bassin.En 1881 la fontaine est achevée et les palis-sades et échafaudages enlevés sur ordre dumaire Gailleton, mais les statues se font atten-dre. Pendant ce temps, l’eau des bassins, rare-ment renouvelée, génère des odeurs nauséa-bondes, ce qui ne manque pas d’entraîner lamauvaise humeur des riverains qui maudis-sent « l’architecte, la fontaine et son eau ». En 1884 les sirènes apparaissent enfin, au

La Ficelle se bambane

En forme de pyramide, elle se compose de quatre étages de bassins et vasques surmontésd’une construction de plan carré dominée par un édicule circulaire à colonnettes, qui met enscène quatre statues d’artistes lyonnais “que Lyon a vu naître et dont la gloire a rayonné sur l’artfrançais”* : Philibert Delorme, architecte au XVIe siècle. Gérard Audran, graveur au XVIIe siècle.Guillaume Coustou, sculpteur au XVIIIe siècle. Hippolyte Flandrin, peintre au XIXe siècle, à quile monument rend hommage par les éléments du décor. D’inspirations diverses, lescomposantes démontrent le goût du XIXe siècle pour l’éclectisme.

LA FONTAINE DES JACOBINS,OEUVRE SIGNIFICATIVE DESCRÉATIONS DU XIXe SIÈCLE

EN 1881 LA FONTAINEEST ACHEVÉE ET LES

PALISSADES ETÉCHAFAUDAGES ENLEVÉS

SUR ORDRE DU MAIREGAILLETON, MAIS LES

STATUES SE FONTATTENDRE.

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grand bonheur des habitants qui les trouventagréables à l’œil, mais déplorent qu’il n’y aitque deux figures différentes pour quatre sta-tues. L’arrivée des quatre personnages susciteun moment d’émoi, ceux-ci se révélant tropgrands pour leur habitacle. Derrière la clôtureinstallée pour les besoins de l’installation, onentendit, pendant plusieurs jours, le bruit desmasses et des ciseaux des tailleurs de pierrechargés de raccourcir les statues. Un procédéfréquent qui consiste à scier le milieu du corps« en retranchant ou ajoutant une rondelle à lademande. »*Le procédé est très au point car« nul ne peut apercevoir le joint dans le ven-tre. »* Les statues ont enfin pris leur place, lafontaine est définitivement installée.Flandrin, drapé dans un manteau à laromaine, un crayon entre ses doigts, un car-ton à dessins sous le bras et une palette à sespieds contre l’église d’Ainay**, montre sa pas-sion pour la peinture et le dessin. Delorme,architecte de la Cour de François 1er, a grandeallure dans son manteau bordé de fourrure, àla mode de la Renaissance. Il tient un plan dansla main droite, et à ses pieds est représentéeune de ses réalisations. Le graveur Audran,pensionnaire du roi Louis XIV, est représentéjeune et volontaire. Il tient dans sa main, uneplaque (quelque peu usée) qui semble repré-senter l’une de ses œuvres majeures, les

batailles d’Alexandre. Coustou en costumed’apparat du temps du Roi-Soleil, tient leciseau du sculpteur et présente la maquette duRhône et le début de la sculpture d’une tête defemme.

Une frise de coquillages, crustacés et anguillesorne joliment l’un des bassins. La petite his-toire raconte que les tortues seraient la signa-ture du sculpteur en rapport avec la lenteur del’éxécution de la fontaine.

SOURCES et notes*Inventaire du Patrimoine - DRACRhône-Alpes, CRMH. Fontaine desJacobins. Note de synthèse [BernardGautheron, 1991]** Flandrin est l’auteur des peinturesde l’abside de la basilique d’Ainay

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Tribune libre

Un véritable film d’horreur, de la science-fiction ! Epi-sode incroyable d’une série toujours inachevée, laCovid a entrainé de formidables bouleversementssociaux, individuels et globaux. Nous avons tousconstaté et observé les comportements changeants

de chacun. Et peut-être, comme je l’ai fait, avez-vous tenté deprojeter un changement de société sur cette période si troubleet pourtant éclairante. Comment cette situation extraordinaire aprofondément remis en cause nos choix de société ?

D’abord par des erreurs d’appréciations qui ont poussé l’Etattout entier a une souplesse de tous les instants : entre pirouettede communication et agilité du système sani-taire. Des approximations gouvernementales,tendant parfois vers la manipulation politique,que nous avons eu du mal à pardonner. Alorsqu’on nous assurait du contraire, ce virus estfinalement nouveau, inconnu, et non assimila-ble à ses prédécesseurs. Personne n’a su com-ment l’aborder, personne n’avait anticipé enfabriquant les bonnes défenses que ce soit entermes de masques, de lits de réanimation oud’anticorps.

Face à l’imprévisible « en couronne », nousavons dû apprendre à connaitre petit à petit sesmanifestations cliniques. Le corona virus esttraitre et malicieux, il n’a pas aimé les marquesde suffisance affichées par les humains qui l’ont traité de « petitegrippette ».

Et bien, savez-vous ce virus, lui, il n’est pas saisonnier puisqu’iltouche les 5 continents dans la même période, il a provoqué unepandémie. Il ne passe pas non plus par les enfants pas conta-gieux et peu concernés, comme en témoigne les niveaux d’ac-tivité très faibles des services d’urgence pédiatrique.

En revanche comme la grippe, il n’a pas de traitement miracle,ce n’est pas faute d’avoir essayé, discuté, même si «certainstraitements » semblent avoir un bénéfice dans « certainesconditions ». Dans ce domaine aucun consensus, la médecinen’est pas une science exacte…..

Le comportement inattendu de ce nouveau virus a mis à lalumière le manque d’humilité et le sentiment de supériorité deceux qui ont occupé le devant de la scène, il s’est bien vengé !De fait Il a ainsi enlevé beaucoup de crédibilité aux décideurset conseilleurs normalement garants de la sécurité descitoyens.

« Le virus circule en Chine mais il ne viendra pas jusqu’ànous ».

« Nous Français avons le meilleur système de santé dumonde, ne vous inquiétez pas la France n’est pas l’Italie ».

« Les Anglais ne font jamais comme les autres mais ils vontvite être rattrapés à l’image de leur premier Ministre »

« Les Américains et leur Président n’ont peur de rien mais ilssont actuellement décimés par le virus »

Comment expliquer que ce virus retourne l’ensemble de lasociété alors même qu’il n’est pas très virulent ?

Quelques chiffres et références historiques devraient nous per-mettre de remettre « l’église au milieu du vil-lage », même si « c’était un autre temps ».En 1349, la peste noire bubonique a déciméun quart de la population européenne ; auXXème siècle, après la guerre de 14-18, la« grippe espagnole » (H1N1) aurait entrainéle décès de près de 100 millions de per-sonnes dans le monde entier. En 1969 lagrippe de Hong-Kong (H3N2) fait un millionde morts dans le monde et 40.000 enFrance.

Au 15 mai 2020, selon les données colli-gées par l’université John Hopkins de Balti-more, plus de 300.000 personnes sontdécédées de la COVID 19 dans le monde,

avec un macabre tiercé gagnant : USA : 85906 décès, GrandeBretagne : 33693, Italie : 31.368, la France arrivant juste der-rière avec : 27.428 décès.Ces chiffres sont terrifiants, malgré tout ils sont bien inférieursà ceux des morts chaque année de la malaria, d’accidents dela route, du tabac ou de l’alcool, du cancer ou de famine (plu-sieurs millions chaque année).

Si elle est anxiogène et imprévisible, la Covid-19 a surtoutengendré un choix cornélien, un dilemme politique et socialglobal : protéger les populations ou maintenir l’économie. End’autres termes, quelle importance attache-t-on au systèmeéconomique, au point de mettre en danger des vies ? Trèsrapidement au gré du nombre de morts égrenés chaque heuredans une folie médiatique incontrôlable, la lutte contre laCOVID 19 est devenue par obligation une priorité sanitaire audétriment de la priorité économique sauf pour quelques irré-ductibles « non gaulois ».

Brutalement, le samedi 15 mars au soir, un message a étédélivré : Il faut confiner tout le monde en France.

Une décision certes nécessaire et « comprise », mais d’autant

LA COVID 19 : UN MAUVAIS FILM !

LE COMPORTEMENTINATTENDU DE CENOUVEAU VIRUS A

MIS À LA LUMIÈRE LEMANQUE D’HUMILITÉET LE SENTIMENT DE

SUPÉRIORITÉ DECEUX QUI ONT

OCCUPÉ LE DEVANTDE LA SCÈNE, IL

S’EST BIEN VENGÉ !

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La Ficelle N°119 Juin 2020 / Page 15

plus liberticide et grave qu’elle n’a pas étéconsentie et comprise par nombre d’entrenous. Une réponse qui a fracturé lasociété à tous les échelons.

Le scénario de notre film s’est alors mis ànous délivrer de très nombreux, de tropnombreux combats entre les acteurs,alors que ceux-ci auraient dû unir leursforces pour gagner le seul combat quicomptait, celui contre l’actrice principalela COVID 19. Ces différents combats n’ontfait qu’aggraver la psychose qui s’étaitinstallée. Ils ont par ailleurs fortemententamé la crédibilité des décideurs poli-tiques et du corps médical, la très difficileet souvent mauvaise communicationn’ayant rien arrangé. Lorsque le rôle desacteurs (les principaux et les autres) estgêné par un carcan administratif troprigide, avec un budget réclamé depuis longtemps et nonalloué, le metteur en scène a du mal à diriger ses acteurs et àles faire évoluer vers un même objectif. Heureusement, lesfigurants ont, dans leur très grande majorité, bien joué leurrôle. Cela a été une vraie surprise, qui aurait cru les Françaiscapables de se confiner pendant presque 2 mois ? Ces figu-rants ont fait preuve d’une incroyable inventivité et d’un espritd’entraide, mais ceci n’est pas une surprise.

Revenons aux combats, les mauvais combats :

Le combat entre certains professeurs du CHU (Centre Hos-pitalo-Universitaire) et les médecins libéraux en général maissurtout les généralistes qui étaient en première ligne sur le ter-rain. C’est un combat qui ne date pas d’aujourd’hui et pour-tant nous sommes tous ici du même sérail (la faculté de méde-cine). Je dis nous, car j’ai personnellement exercé 17 ansdans un CHU et j’exerce depuis 16 ans en médecine libérale,j’ai donc eu le temps d’essayer de comprendre cette situation.

Idéalement chacun des membres de la communauté médicaledevrait rester dans ce qu’il sait faire pour mener une vraieaction collaborative et malheureusement ce ne fut pas vrai-ment le cas.

Un professeur de CHU ne peut pas prendre le costume dumédecin généraliste, qui lui ne peut pas être au coeur de larecherche et de l’enseignement.

En médecine comme partout ailleurs, la vraie compétencec’est de savoir avouer son incompétence.

Le combat entre Paris et la province, Paris est certes lacapitale de la France mais n’a pas forcément le monopole destalents.

Le combat entre l’hôpital public et les cliniques privées,qui ont été les grandes victimes de la structure pyramidalemise en place patiemment depuis quelques dizaines d’an-nées. Ces cliniques privées ont dû arrêter, à juste titre, leurs

activités de chirurgies programmées pour semettre au service de la lutte contre la COVID etelles n’ont pas été sollicitées à la hauteur del’engagement qu’elles avaient réalisé logisti-quement et financièrement.

Lorsque la guerre des égos vient rajouter ducombat au combat, cela donne un spectacleinaudible et surtout incompréhensible pour lesfigurants (qui sont aussi des spectateurs).

Enfin le combat contre la perte de mémoire.En effet les réponses aux nombreuses ques-tions que nous nous sommes posées et quenous nous posons encore, viendront plus tard,bien plus tard, comme pour la grippe de HongKong en 1969 ou le SARS en 2003. Mais cesréponses-là n’ont pas été mémorisées en tousles cas elles n’ont pas été archivées en bonneplace. Et si cette mémoire avait été plus réac-

tive, le scénario du film en aurait été fortement modifié.

Tous ces combats se sont toujours déroulés au cœur d’unchoix impossible entre la préoccupation sanitaire et le désas-tre économique dont le spectre se rapprochait à mesure que ladurée du confinement augmentait.

Réconfort de fortune, personne sur le globe n’a la réponseparfaite. L’attitude des pays du monde entier n’a pas forcé-ment été consensuelle, en particulier dans notre Europe tantdécriée. Ce n’est que dans quelques mois que nous pourronsdistinguer les gagnants et les perdants. Il y aura en tous lescas 2 grands perdants l’économie et les trop nombreusesfamilles qui ont perdu des êtres chers. Les seconds ne revien-dront pas et l’économie, quant à elle, mettra du temps à seredresser avec l’impérieuse nécessité de changer beaucoupde choses dans les règles du jeu et dans NOS comportements(mais sur ce plan je laisse les spécialistes établir les bons scé-nari)

C’est un énorme enjeu, certes il restera toujours les indébou-lonnables et tristes complotistes, les contestataires perma-nents et les professionnels de l’opportunisme. Mais pour tousles autres et ils sont nombreux, ceux qui ont vraiment envie dechangement, il va falloir travailler la main dans la main pour nepas reproduire les erreurs passées et le mauvais scénario dutriste film que nous venons de vivre : « la COVID 19 ».

Il nous reste à espérer de ne pas avoir à assister à une suitequi s’appellerait : « COVID 19, le retour » Il est impossible derépondre honnêtement à cette funeste interrogation car il y atrop d’inconnus liées au fait que nous ne connaissons pasencore assez l’acteur principal (le virus) et que certains desfigurants de chaque pays sont incontrôlables. Cependant lemessage d’espoir est que nous parlions du monde de demainet non de la fin du monde, pourvu que cela dure ….

Eric Noël

TOUS CES COMBATSSE SONT TOUJOURSDÉROULÉS AU CŒUR

D’UN CHOIXIMPOSSIBLE ENTRELA PRÉOCCUPATION

SANITAIRE ET LEDÉSASTRE

ÉCONOMIQUE DONTLE SPECTRE SERAPPROCHAIT ÀMESURE QUE LA

DURÉE DUCONFINEMENTAUGMENTAIT.

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