lobs les diplomes qui donnent du travail janvier 2015

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BELG 4.10 €/ LUX 4.10 € / 6.20 FS / AUT 5.20 € / ESP 4.20 € / ITA 4.20 € / ALLE 4.90 € / PORT(CONT) 4.20 € / GR 4.20 € / PAYS-BAS 4.20 €/ ANTILLES - RÉUNION 4.00 € / RCI 2800 CFA / SGAL 2800 CFA / ZONE CFA 2800 / MAROC 32 DH / TUNISIE 4.10 DTU / CAN $6,99 / USA $6.99 / TOM 720 XPF 3’:HIKMMC=]UX^U[:?m@g@c@b@q"; M 02228 - 2621S - F: 3,90 E - RD Quentin Houdas Edition n° 2621 du Nouvel Observateur du 29 janvier au 4 février 2015 BANLIEUES P. 34 Comment casser les ghettos ENQUÊTE P. 56 Un avocat nommé Sarkozy CULTURE P. 92 La BD ne paie plus diplômes Les qui donnent du travail Les filières gagnantes Les salaires à l’embauche 24 PAGES Où s’inscrire après le bac ?

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BELG 4.10 €/ LUX 4.10 € / 6.20 FS / AUT 5.20 € / ESP 4.20 € / ITA 4.20 € / ALLE 4.90 € / PORT(CONT) 4.20 € / GR 4.20 € / PAYS-BAS 4.20 €/ ANTILLES - RÉUNION 4.00 € / RCI 2800 CFA / SGAL 2800 CFA / ZONE CFA 2800 / MAROC 32 DH / TUNISIE 4.10 DTU / CAN $6,99 / USA $6.99 / TOM 720 XPF

3’:HIKMMC=]UX^U[:?m@g@c@b@q";M 02228 - 2621S - F: 3,90 E - RD

Quentin Houdas

Edition n° 2621 du Nouvel Observateur du 29 janvier au 4 février 2015

BANLIEUES P. 34 Comment casser les ghettosENQUÊTE P. 56 Un avocat nommé Sarkozy CULTURE P. 92 La BD ne paie plus

diplômesLes

qui donnent du travail

Les filières gagnantes

Les salairesà l’embauche

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Où s’inscrire après le bac ?

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SPÉCIAL DIPLÔMES

LESDIPLÔMES

QUI DONNENT DU TRAVAIL

Orientation

L’heure du grand choix a sonné pour 750 000 lycéens de terminale. Avant le 20 mars,

les futurs bacheliers et leur famille doivent choisir une orientation pour l’enseignement

supérieur. “L’Obs” a enquêté sur les fi lières, les métiers et les secteurs

qui mènent à l’emploi. 24 pages pour trouver sa voie

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VÉRONIQUE RADIER ET LA RÉDACTION DE “L’OBS”

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SPÉCIAL DIPLÔMES

 Haut les cœurs ! Avis aux 750 000 lycéens qui planchent ou s’a+ olent en ce début d’année en pensant à leur bac : pas de panique. Première-

ment, vous avez toutes les chances de  réussir cet examen décroché l’an passé par presque 90% des candidats. Deuxièmement, vous ne devez pas vous laisser décourager par la morosité ambiante et les tristes statistiques du chômage. N’écoutez pas les oiseaux de mauvais augure : les diplômes sont loin d’avoir perdu leur valeur. Et celles et ceux qui ont la chance de pouvoir aujourd’hui faire des études supé-rieures – aux Etats-Unis c’est un luxe des plus coûteux qui oblige à s’endetter parfois pour toute une vie – trouveront leur place dans le monde du travail.

Les études de l’OCDE l’attestent, détenir un diplôme permet partout d’échapper au chômage et d’obtenir les meilleurs emplois. Et puis, à force de parler des aspects les plus sombres du monde du travail, nous fi nissons par en  donner une image fausse et peu attrayante. Un sondage Viavoice, réalisé l’an dernier pour «  l’Obs » auprès de 5 000 actifs révélait que, envers et contre tout, nous sommes 73% à être heureux au travail. Et 63% d’entre nous disent même exercer leur métier avec une « vraie passion ». Seulement, pour choisir sa voie, il faut remettre en question les clichés. Ecouter avec pru-dence les argumentaires de ceux qui « vendent » leur formation ou leur sec-teur à l’occasion de salons ou forums.

Depuis plus de quinze ans, « l’Obs » s’intéresse à ces questions et assure une veille tant sur les fi lières et les diplômes que sur les réalités de l’insertion pro-

« La vraie cote des diplômes » est une enquête originale et fouillée

sur l’ensemble des fi lières de l’enseignement supérieur de bac+2

à bac+8. Loin des plaquettes promotionnelles, des discours convenus, elle fait le point sur

les vraies performances et les atouts de chaque cursus. Et sur les stratégies

d’accès à l’emploi. BTS, DUT, écoles du web, d’art, architecture, médecine,

environnement, masters universitaires en droit, culture,

sciences, doctorats, etc. Sélectivité, coût des cursus, meilleures

spécialités, qualité de l’insertion professionnelle, salaires, tout y est passé au crible. Vous y découvrirez

également des itinéraires malins et méconnus, comme les classes

prépa des universités ou encore les facs de médecine

les plus accessibles. « La vraie cote des diplômes 2015 »,

8,90 euros chez les marchands de journaux. Notre banc d’essai

des formations en gestion et guide des 100 meilleurs

établissements, « Ecoles de commerce » sortira le 26 février.

Les indispensables guides de

“l’Obs étudiants”

des métiers et des diplômes qui y mènent. Puisse-t-il servir de point de départ aux futurs étudiants, pour se fi xer un objectif, former un projet, enta-mer un parcours. Etant entendu que, dans ce domaine, rien ne remplace jamais l’expérience des métiers réels.

La passion professionnelle ne saurait être l’exclusivité d’une poignée de métiers emblématiques, avocat, archi-tecte, médecin, journaliste… Il faut ouvrir ses horizons ! Les vocations se précisent bien souvent chemin faisant au hasard d’une rencontre, d’un stage, d’un petit job. Les nombreux témoi-gnages qui émaillent notre dossier le démontrent. Ainsi Pierre, jeune ingé-nieur du BTP embauché par le bureau d’études d’une PME, tout heureux de voir ses projets prendre enfi n forme sous ses yeux. Ainsi Hortense qui, après avoir papillonné dans plusieurs direc-tions, a trouvé son chemin. Aujourd’hui docteur en sciences de l’environne-ment, elle conseille des entreprises sur l’intégration de la biodiversité au sein de projets immobiliers. Ainsi Ainissa, motion designer experte en vidéos d’animation installée en free-lance, qui tire joliment son épingle du jeu. Oui, l’entrée dans le monde du travail est devenue plus longue, plus compliquée. Il faut s’adapter, parfois changer d’orientation en cours de route, renon-cer aux idées reçues.

Le temps n’est plus où le simple fait de détenir un diplôme de l’enseigne-ment supérieur permettait à coup sûr d’embrasser une belle carrière, mais pour autant, les nouvelles sont loin d’être catastrophiques. «  Nous avons mis sur pied un observatoire des jeunes diplômés, explique Pierre Lamblin, directeur des études à l’Apec [Associa-tion pour l’Emploi des Cadres]. Les débutants mettent plus de temps à se sta-biliser dans l’emploi, mais il est très ras-surant de constater que la quasi-totalité de ceux qui détiennent un bac+5, non seulement occupent bien un emploi en quelques années, mais un emploi stable avec le statut de cadre. »

D’ailleurs, la hausse continue du niveau des emplois, vers des postes de techniciens de mieux en mieux formés, de cadres, se confi rme chaque année, notamment grâce aux travaux du CAS (Centre d’Analyse stratégique) sur l’ave-nir de l’emploi et des métiers ou du Cereq (Centre d’Etudes et de Recherches sur les Qualifi cations). Un phénomène

fessionnelle et les attentes des entre-prises, des métiers, à travers sa collec-tion de guides, « l’Obs étudiants ». Dans le présent dossier, vous découvrirez un panorama des principaux secteurs d’activité et des attentes qui leur sont propres, une sorte de bulletin météo

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qui n’est bien sûr pas propre à la France. Partout sur la planète, le niveau de qua-lifi cation s’élève, et avec lui les besoins en jeunes diplômés, besoins accentués par les transformations continuelles des nouvelles technologies que les nouveaux venus maîtrisent mieux que leurs aînés.

La révolution du numérique dans tous les métiers et tous les secteurs o/ re de réelles opportunités aux plus jeunes, ces digital natives (« natifs du numérique ») qui ont, contrairement à leurs aînés, un usage naturel et aisé des nouvelles tech-nologies. On manque encore et toujours de jeunes diplômés dans tous les métiers de l’informatique et des nouvelles tech-nologies. Guy Mamou-Mani, président du Syntec numérique, syndicat patronal de SSII, explique : « De très nombreux jeunes se précipitent par exemple vers les études de santé, mais notre secteur, qui, lui, crée 7 000 emplois par an, o) re de  magnifi ques carrières, des métiers passionnants ! »

Les futurs étudiants doivent être conscients que le taux de chômage varie du simple au double selon les sec-teurs (voir notre tableau). « En chimie, en biologie, ou encore dans des disci-plines académiques comme l’histoire, les jeunes diplômés ont dû com poser avec les réalités du marché et comprendre que leurs études, les compétences qu’ils y ont acquises pouvaient mener à di) érents métiers et emplois auxquels ils n’avaient pas pensé  », explique Pierre Lamblin de l’Apec. Ainsi, les littéraires peuvent tirer leur épingle du jeu à condition d’avoir le sens de l’initiative et de mettre plusieurs cordes à leur arc. Qui imaginerait que l’industrie manque aujourd’hui de candidats, en dépit des plans sociaux et des fermetures d’usines à répétition, et qu’on y fait de belles carrières ? Johann Laurent, à la tête du master génie électrique et infor-

matique industrielle de Lorient, est obligé de courir les Salons d’orienta-tion, à la pêche aux étudiants : « Je leur explique qu’en venant chez moi ils pour-ront apprendre à développer des appli-cations pour les téléphones portables ou  construire des moteurs de bateaux de  course.  » Ses promos se casent en moins d’un mois.

Gare également aux clichés sur les formations. Les grandes écoles n’ont pas le monopole de l’excellence. Parmi les jeunes que nous avons rencontrés,

Spécialité Salaire médian brut annuel en euros

Taux de cadres

Taux de CDI

Taux d’insertion*

Mathématiques 29 500 75% 54% 65%Physique, sciences de la terre 30 000 75% 54% 58%

Informatique 31 700 82% 96% 90%

Electronique, génie électrique 31 700 82% 75% 73%

Spécialités Industrielles 31 700 82% 75% 59%

Commerce, 30 000 51% 69% 84%

Biologie, sciences de la terre 25 200 52% 30% 47%

Chimie 30 000 62% 30% 49%

Finance, comptabilité, gestion 31 000 50% 54% 77%

Sciences humaines et sociales 28 000 38% 25% 79%

Aménagement, urbanisme 21 600 32% 18% 64%

Ressources humaines 31 000 57% 58% 72%

Environnement, écologie 29 900 69% 52% 49%

Droit, sciences politiques 27 000 30% 44% 67%

Economie 23 400 47% 40% 56%

Langues 21 600 25% 40% 83%

Formation, animation, social 20 400 20% 53% 90%

Psycho 19 800 48% 25% 78%

Information, communication, journalisme 23 000 32% 46% 77%

Les bac+5 de l’université face à l’emploi

SOURCE : APEC JEUNES DIPLÔMÉS 2013, OBSERVÉS EN AVRIL 2014.

Discipline Salaires moyens Taux de CDI Taux de cadres Taux d’emploi

Ecoles Universités Ecoles Universités Ecoles Universités Ecoles Universités

Gestion, finance 33 700 28 800 71 60 69 49 73 65Communication, marketing 29 800 27 600 73 63 59 41 69 60

Chimie 29 600 23 900 52 43 79 49 47 60

Biologie, agronomie 27 900 23 100 39 31 56 44 57 52

Sciences de l’ingénieur 33 000 27 600 77 76 92 73 69 63

Informatique 33 800 30 500 94 85 94 87 90 75SOURCE : APEC, DIPLÔMÉS 2013 EN AVRIL 2014.

Le match universités-écoles

beaucoup ont obtenu des diplômes universitaires fort appréciés des employeurs. En outre, les passerelles se sont multipliées. On peut aujourd’hui naviguer d’un cursus à l’autre, de la fac vers une école ou inversement. « L’orientation n’est pas un choix sans retour, rappelle Martine Vanhamme-Vinck, directrice du CIO du rectorat de Paris. On peut, tout au long de son par-cours, infl échir son cursus, lui donner une autre coloration. » Et faire mouche à la sortie.

* Occupent ou ont occupé un emploi depuis l’obtention de leur diplôme.

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Chaque année amène sa star de la Toile, un jeune prodige encore mineur. Comme Nick D’Aloisio, ce jeune Britannique devenu mil-lionnaire grâce à son appli ache-tée par Yahoo!, ou l’Américain

Nick Rubin, 16 ans. La sienne permet de découvrir le patrimoine et les revenus de chaque élu américain. Si le web n’o,re pas gloire et fortune à tous, il crée des emplois à la vitesse d’un clic, 7 000 par an environ. Dans l’e-commerce et les pure players, ces sociétés directement créées sur la Toile qui ont grandi comme eBay ou Amazon, mais aussi au sein d’entre-prises de tous secteurs et de start-up aux innovations incessantes : « Le web, c’est un état d’esprit qu’on ne trouve nulle part ail-leurs », assure Clément Alteresco. Ce jeune titulaire du master de management de l’innovation de Dauphine en est déjà à sa troisième société avec Bureaux-à-par-tager.com. Un site qui permet aux entre-prises de rentabiliser les espaces libres dans leurs locaux, et lui aussi embauche.

EMPLOIS À GOGOW E B

Commerce, marketing, création de contenus, animation des réseaux… Tous les métiers explosent sur internet    !

LISA TELFIZIAN FABRICE DEMESSENCE

Codeur expertRYAN DJEBROUNI, DÉVELOPPEURNaturellement, c’est sur la Toile

que Ryan, diplômé d’Epitech, s’est fait remarquer. Grâce à Drupal, un

logiciel dernier cri. « Chez mon premier employeur, j’allais sur des forums de discussion, le soir, pour

trouver des solutions à certains problèmes. De fil en aiguille, j’ai amélioré les modules et versions

de cet outil, participé à une convention organisée par

Microsoft France », raconte-t-il. Recruté par Cellfish Media,

spécialiste des contenus mobiles (films, musiques à télécharger), Ryan avait déjà envie de passer

à autre chose. Qu’à cela ne tienne, l’entreprise lui propose de

travailler sur sa plateforme de facturation. Un poste stratégique,

pour gérer des échanges complexes entre les utilisateurs,

les opérateurs et l’entreprise. « Coder l’interaction spécifique qui

s’établit entre les SFR, Bouygues, Orange, etc. et Cellfish, alors que

chacun a une plateforme de paiement di*érente, est très

excitant », assure-t-il. Et le place à 40 000 euros après un an

d’expérience.

LES MEILLEURS DIPLÔMESBac+2 ou 3

DUT services et réseaux de communication, licences pro commerce en ligne (Vannes), concepteur et gestionnaire de sites internet (Lyon), communications numériques et e-activités (Perpignan).Bac+5

Ecoles d’ingénieurs (Epitech, Epita…), de commerce (Skema), de l’internet (42, Hetic, Institut international du multimédia).

Masters Ecotic (Rennes-I/Télécom Bretagne), communication et hypermédia (Savoie), Caweb (Strasbourg), produits et services multimédias, langues et commerce électronique (Montbéliard), Geci (Lyon-II), médias informatisés et stratégies de communication (Sorbonne-Celsa), e-services (Lille-I).

Experts du marketing numérique, busi-ness developers et community managers – de plus en plus stratégiques avec le déve-loppement des réseaux sociaux – sont les plus recherchés. Et bien sûr, les déve-loppeurs informatiques sont rois, créant les pages des sites, ou travaillant sur les

bases de données, s’occupant de la main-tenance des serveurs… Les salaires com-mencent à 30 000-35 000 euros annuels pour un jeune bac+5 tout droit sorti de l’école sur l’ensemble de ces profils, et grimpent très vite à 70 000 euros au bout de quelques années pour les déve-loppeurs. « Il est tout à fait possible de commencer à 45 000 euros sur certains langages si le jeune diplômé montre sa capacité à travailler en équipe, à créer de la valeur, à s’autoformer en permanence », assure Nicolas Sadirac, directeur de la très médiatique école 42, gratuite et accessible même sans le bac. Et sur le web plus qu’ailleurs, ce sont les profils experts mais aussi créatifs et passionnés qui font la dif-férence. « Nous les chassons sur des forums de discussion à partir de 40 000 euros. Ce sont des jeunes tellement pointus qu’ils participent à l’évolution des technologies émergentes », confirme Judith Tripard, consultante senior chez Clémentine, un cabinet de recrutement spécialisé. Quand beau salaire rime avec aventure…

VOUS AIMEZ DÉVELOPPER VOS RÉSEAUX ?

VENEZ ÉTENDRE CEUX DE NOS FILIALES

SUR CONTINENTS

Comme nous, vous pensez que les réseaux, quels qu’ils soient, doivent rapprocher les gens ? Rejoignez un groupe qui invente les réseaux de transports de demain dans plus de 12 pays. Développez des projets stimulants au sein d’un groupe ouvert sur le monde et au savoir-faire internationalement reconnu.

QUELLE QUE SOIT VOTRE PASSION, À LA RATP, IL Y A UN MÉTIER QUI LUI CORRESPOND.Découvrez tous nos métiers sur ratp.fr/carrieres #ratprecrute

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SPÉCIAL DIPLÔMES

La vie d’artiste ? Il faut souvent savoir se contenter de l’air du temps et d’eau fraîche… L’Agence d’Evaluation de la Recherche et de l’Enseignement supérieur (Aeres) révèle en e, et que, cinq

ans après leur sortie de l’école, même les diplômés de l’ENSBA, les célèbres Beaux-Arts parisiens, gagnent moins de 10 000  euros… par an pour moitié d’entre eux. Et l’agence de pointer un manque d’accompagnement des étu-diants vers l’emploi dans l’ensemble des 46  écoles publiques, l’éparpillement des établissements de taille trop réduite pour o, rir à leurs diplômés une carte de visite réputée. « Il faut multiplier les expériences, construire son réseau, savoir défendre son travail et maîtriser l’anglais, confi e Louise, étudiante aux beaux-arts de Bordeaux. C’est le b.a.-ba, mais tous mes copains ne le font pas. »Grenoble et Valence ont fusionné pour créer l’Ecole supérieure d’Art et de Design (Esad). La section design gra-phique, très appréciée par les profes-sionnels, est restée à Valence. Quant au site de Grenoble, il noue des partena-riats avec l’université et des écoles d’in-génieurs comme Grenoble INP. « Notre école est de plus en plus professionnali-sante, souligne Jacques Norigeon, directeur de l’Esad Grenoble-Valence, même si elle forme avant tout des artistes. » Julien Prévieux, lauréat du prix Marcel-Duchamp 2014, y a fait ses études. Mais le Grenoblois primé ne doit pas cacher la forêt d’artistes qui « galèrent ».

Quant aux écoles supérieures d’arts appliqués, Estienne, Olivier-de-Serres, les Arts déco (Ensad) ou l’Ecole natio-nale supérieure de Création indus-trielle (ENSCI), très prestigieuses, mais

L’IMAGINATIONAU POUVOIR

A R T S , C R É A T I O N

Dans ces métiers de vocation, il faut du talent… Et une stratégie pour réussir !

CLAIRE FLEURY AI-ESTELLE BARREYRE

LES MEILLEURS DIPLÔMESBac +2/+3

BTS arts appliqués des écoles supérieures nationales, licences création multimédia (La Rochelle, Marne-la-Vallée).Bac+5

Beaux-Arts (Paris et province, notamment Rennes pour le graphisme), Ensad (Paris), Hear (Strasbourg), ENSCI (Paris), Esaat (Roubaix), Mopa (ex-Supinfocom Arles) et ArtFx (Montpellier).

Cinéma, audiovisuel : Fémis, les Gobelins, Louis-Lumière, masters en audiovisuel (Paris-I, Poitiers).

Masters en management culturel : Paris-Dauphine, Lyon, Avignon et Sciences-Po Grenoble notamment.

di< ciles d’accès (à peine 10% de reçus en moyenne à leurs concours d’entrée), elles permettent aux plus motivés, à ceux qui en parallèle multiplient stages, concours de création, petits jobs dans le milieu, de tirer leur épingle du jeu. Cependant, si réputées soient-elles, les écoles ne garantissent pas l’emploi. Sauf celles qui, comme les Gobelins, l’école de l’image de la chambre de commerce et d’industrie, très cotée, visent des secteurs où la demande existe : images de synthèse et animation. « Nous ne sommes pas une école artis-tique mais créative, précise Yves Portelli, directeur des Gobelins, et l’entreprise est au cœur de nos enseignements. » La moi-tié des 600 étudiants suit le cursus en alternance, l’autre débourse entre 6 500 et 8 000 euros par an pour des forma-tions en photographie, animation, motion design, design interactif ou impression-fabrication. «Nos étudiants viennent d’horizons très divers, mais tous ont, au départ, un univers graphique, un œil », souligne Yves Portelli. Au fi nal, de 80 à 100% d’entre eux décrochent un job six mois après leur sortie.

Certaines écoles privées, coûteuses, jouissent elles aussi d’une bonne recon-naissance. Martin Kloeckner, 24 ans, diplômé de l’Esag-Penninghen, a ainsi passé un semestre à New York « dans le cadre d’un partenariat avec l’Ecole des Arts visuels ». Une professeur remarque son travail et… l’engage dans son agence d’architecture intérieure. Au bout d’un an et demi, faute de visa, Martin rentre à Paris et passe son diplôme. Embauché illico à la très branchée agence Jouin-Manku, il débute à un bon salaire : 3 300  euros brut par mois. Mais les postes où l’on ne crée rien et où l’on exé-cute beaucoup, les missions honteuse-ment sous-payées, notamment pour les fi lles (les milieux créatifs n’échappent pas au sexisme), et les horaires à ral-longe sans contrepartie sont, hélas, sou-vent le lot des débuts de carrière.

Dans les métiers de l’audiovisuel, s’ajoute l’aléa de la précarité ; en contre-partie, le travail collectif – un fi lm se tourne toujours à plusieurs – fait qu’« on assiste à des effets de promotion »,explique Jean-Marc Vernier, responsable

133133SPÉCIAL DIPLÔMES

PÔLE UNIVERSITAIRE D’EXCELLENCE

REJOIGNEZ LA FACULTE DE DROIT DE CERGY-PONTOISE

MASTERS

ET AUSSI

LA SEMAINE DU 23 MARS 2015

www.droitucp.fr

As de la vidéoAINISSA VALET,

MOTION DESIGNER

Ainissa Valet n’est pas ingrate. Elle insiste pour que les

graphistes de Montréal qui l’ont formée au VJing soient nommés : « Rémi Vincent et GPG. » Le VJing ? « Comme le DJing avec la musique, on joue

avec des vidéos en live. »La jeune femme, qui a grandi

dans la Mayenne, est donc devenue VJ au Canada au cours

d’un stage de trois mois. Mais, avant de projeter ses

vidéos lors de sets et de soirées, elle a appris

à les réaliser aux Gobelins. Sortie major de la promotion

2013 de motion design, Ainissa s’est tout de suite installée

à son compte. Au quotidien, elle réalise

des images animées pour des agences de communication : e-cartes de vœux, publicités

mobiles sur les panneaux des Abribus… « Le motion

design est un secteur d’avenir »,estime-t-elle. Pour le studio

Les Vandales, elle a conçu des projections monumentales

(mapping) et, pour une autre agence, des vidéos pour le

Printemps Haussmann. Payée 300 euros par jour, elle gagne

entre 2500 et 3000 euros mensuels. Seul petit regret :

ne plus avoir le temps de créer des vidéos plus personnelles pour des sessions de VJing.

de l’enseignement supérieur de la pres-tigieuse Fémis, école de cinéma publique. Les copains deviennent des collègues, un continuum logique quand on bosse ensemble des jours entiers durant. L’école forme des créatifs (réa-lisateurs, scénaristes…), mais aussi des producteurs et des distributeurs. Eme-ric Sallon, 27 ans, diplômé en 2013 de

cette dernière fi lière, après des études à Sciences-Po, ne regrette pas son choix. « Je voulais une formation dans le cinéma axée aussi bien sur l’artis-tique que sur l’industriel », raconte-t-il. Aujourd’hui, salarié en CDI chez Ad Vitam, une société de distribution indépendante, il gagne 2 000 euros net par mois.

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SPÉCIAL DIPLÔMES

Aen croire le ministère de l’Ecolo-gie, la croissance verte va créer 100 000 emplois dans les années qui viennent, dont 70 000 dans la rénovation du bâti. Belle ambi-tion mais encore à accomplir.

Aujourd’hui, seuls 140 000  Français exercent un métier dit « vert » dont la fi nalité est la protection de l’environne-ment et souvent dans des secteurs peu glamour : traitement des eaux usées, recyclage des déchets, BTP… « Ce n’est pas “cui-cui, les oiseaux”, confirme Gilles Guibaud, responsable du master ingénierie et gestion de l’eau et de l’envi-ronnement à Limoges. Avoir la fi bre environnementale ne su$ t pas : il faut des compétences et du pragmatisme. » Ainsi, il n’accepte que des licenciés en chimie, géologie ou biologie et – succès oblige – se montre sélectif : 30 étudiants retenus en master 1, pour 400 dossiers.

Ses diplômés sont assurés de trouver leur place sur un marché aux débou-

E N V I R O N N E M E N T

Les emplois verts poussent au ralenti, bien moins vite que les vocations

ARNAUD GONZAGUE ÉRIC FLOGNY-PICTURETANK

Maître des eaux

CYRILLE GUICHOUX, INGÉNIEUR AU CABINET G2C

Fan de spéléologie dans sa jeunesse, ce titulaire d’une licence de géologie a naturellement bifurqué vers l’un des éléments majeurs du sous-sol terrestre : l’eau. « Mais l’eau dont

je m’occupe, vous n’y faites pas vraiment attention : c’est celle que vous buvez en ouvrant le robinet », explique-t-il fi èrement. Avec son master gestion et ingénierie pour

le traitement des eaux et pour l’environnement à l’université de

Limoges, il est aujourd’hui ingénieur au cabinet G2C, près d’Arras. Cyrille

a par exemple supervisé l’installation d’une station d’épuration 100% écolo :

un bassin planté de roseaux dont les sables, tru2 és de bactéries,

permettent de purifi er les eaux usées avant de les déverser dans

les rivières. Un chantier durable et économiquement viable :

mission accomplie !

ÉCOLOS ET PROS

LES MEILLEURS DIPLÔMES Bac+2/3

Licences énergies renouvelables (Corse, Toulouse-III, Nantes, Belfort-Montbéliard), valorisation énergétique des déchets ménagers (Marne-la-Vallée).Bac+5

Ecoles d’ingénieurs (Ensam, AgroParisTech,universités de technologie).

Masters ingénierie et gestion de l’eauet de l’environnement (Limoges), droit et gestionde l’environnement (Montpellier-I) ; stratégie de développement durable (Versailles-Saint-Quentin), ingénierie environnementale (Haute-Alsace) ; pollutions chimiques et gestion environnementale (Paris-Sud), environnement et droit (Rennes-I), génie des environnements naturels et industriels (Reims), risques majeurs (Corse), eau (Montpellier-II).

Mastère spécialisé construction et habitat durables (Arts et Métiers, Aix-en-Provence).

chés étroits, toujours dépendant des nouvelles réglementations (en matière de rejets, de nuisances…). Problème, les cursus « verts », eux, ont explosé ces dernières années dans le supérieur et, comme le regrette une enquête de l’Apec (Association pour l’Emploi des Cadres), « la croissance de l’emploi envi-ronnemental ne su$ t pas à absorber le nombre toujours plus important de diplômés. » Car les belles déclarations « durables » des grandes entreprises contrastent avec la rareté de leurs embauches. « Nous parvenons à placer nos toutes petites promos, mais le domaine n’est pas porteur comme le croient certains étudiants », prévient Bénédicte Humblot, responsable du mastère spécialisé (bac+6) construction et habitat durables des Arts et Métiers à Aix-en-Provence.

De fait, comme l’explique Caroline Renoux, fondatrice du cabinet de recru-tement Birdeo, « les emplois se trouvent principalement dans les collectivités ter-ritoriales et les bureaux d’études, avec des salaires inférieurs à la moyenne des cadres, mais la satisfaction au travail est souvent très élevée ». C’est le cas d’Isa-belle de Montrichard et Julia Lignères, deux diplômées du master droit et gestion de l’environnement (Montpellier-I) et créatrices d’Ethicalia, un cabinet d’ingé-nierie du tourisme durable. Elles ont, par exemple, conseillé la communauté de communes de Millau Grands Causses sur la manière d’aménager la ferme de Roquesaltes et ses 92 hectares d’espace naturel classés sans endom-mager son patrimoine culturel et envi-ronnemental. « Nos besoins fi nanciers ne sont pas surdimensionnés, aussi nous sommes arrivées à un niveau de qualité de vie qui nous convient parfaitement, avance Isabelle de Montrichard. Nous vivons notre engagement au quotidien. C’est un luxe dont nous avons conscience ! »

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135135SPÉCIAL DIPLÔMES

Presse papier déprimée, sites web en quête d’un modèle et chaînes d’info qui plafonnent… pas facile de se frayer un chemin dans les métiers de l’information. Pour réussir, les candidats doivent se

démultiplier, manier le texte et l’image, maîtriser l’art de l’enquête et le dernier cri de la technologie. Et faire preuve d’un bel esprit d’entreprise. C’est le pari qu’a relevé Baptiste Cogitore. Après un master en lettres, ce reporter d’images, sorti du CUEJ de Strasbourg en 2013, a décroché un contrat d’été à France Télévisions. Depuis, il réalise des reportages à la pige pour le 13-heures et le 20-heures « mais c’est très aléatoire ». En parallèle, il poursuit un pro-jet personnel : un grand reportage de six mois en Europe de l’Est (www.bullitour.eu). Objectif : faire découvrir des pays « trop souvent vus et traités d’un bloc, vu de l’Ouest ». Avec l’aide de la ville, de l’univer-sité de Strasbourg, de la région, d’une banque, et en coproduction avec la chaîne

Mordue d’actuAGATHE MAHUET,

JOURNALISTEDès le lycée, Agathe Mahuet, 25 ans,

avait le virus de l’actualité. Bac ES en poche, elle s’inscrit en licence d’info-com à la Catho d’Angers.

Une « bonne option », vu la « variété »du programme et son volet pratique : « J’ai pu très vite faire mes premiers pas sur le terrain, avec la caméra. »C’est en stage à RCF Anjou qu’elle se passionne pour la radio. Reçue

ensuite au Celsa, à Paris, elle se spécialise dans cette voie. « Nous

étions plongés dans des conditions de travail quasi réelles et rencontrions beaucoup de professionnels. Pendant

une année de césure, je suis aussi partie en Inde pour France 2 : le genre

d’opportunité qu’on ne peut avoir qu’en école. » Autre privilège

des établissements reconnus par la profession, l’accès aux concours

des grandes chaînes de radio et de télévision. Lauréate du

Tremplin Radio-France en 2013, Agathe a décroché un contrat

d’un an. Depuis, elle assure des remplacements à France-Bleu, France-Info et France-Culture.

« Entre présentations et reportages, la routine n’existe pas, et j’aime pouvoir

aborder des sujets très variés. »

CRÉER SON JOBJ O U R N A L I S M E , É D I T I O N , T R A D U C T I O N

Les littéraires et les fanas d’infos doivent faire preuve d’initiative et de persévérance. Mais la passion déplace des montagnes

AURÉLIE DJAVADI XAVIER ROMEDER

LES MEILLEURS DIPLÔMESBac+2 

BTS édition (Asfored, école Estienne).Bac+5

Esit, Isit et masters traduction labellisés EMT. Masters édition de Paris-XIII et de Marne-la-Vallée. Ecoles de journalisme reconnues par la profession (CFJ,

l’ESJ Lille, l’IPJ, l’EDJ de Grenoble…).

« J’ai pu tabler sur des missions régulières dès le début, je ne m’ennuie jamais. » « Rien que de l’anglais au français, il y a beaucoup à faire », confi rme Agathe Thiriez, diplômée du même master. Elle s’est tournée vers la gestion de projet, un rôle de coordination plus technique. « J’ai voyagé quelques mois après mon diplôme, en 2012, mais, dès mon retour à Londres, l’agence de traduction qui m’avait accueillie en stage m’a proposé un CDI. Le marché est très dynamique là-bas. » Une effervescence que note Bertrand Legendre, directeur du master politiques éditoriales de Paris-XIII. Dans ses dernières promos, quelques diplômés ont été embau-chés outre-Manche pour négocier des droits étrangers. Les autres doivent élargir leur horizon pour se caser dans ce secteur.« S’intéresser par exemple aux mutations des jeux vidéo ou des séries télé, car les univers transmédias se développent. » Il se veut opti-miste : « Les salaires ne sont pas à la hauteur, mais, avec de la détermination, les diplômés trouvent du travail. »

Alsace 20. « L’occasion de me construire un réseau, de nouer des contacts dans 21 pays. »

Louise Naert, diplômée du master traduc-tion multilingue de Lille-III, s’est elle aussi démenée pour créer son job. Les besoins sont là  : jamais autant de notices techniques, de documents administratifs ou de publici-tés n’ont requis les bons soins de traducteurs professionnels, mais les entreprises rechignent à recruter des linguistes. Dès son stage, Louise a donc opté pour le free-lance, épaulée par un ex-diplômé de son master. Devis et factures n’ont plus de secrets pour elle, et les commandes sont au rendez-vous.

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SPÉCIAL DIPLÔMES

HENRI HAMELIN, DIRECTEUR DE SERVICE ENFANCE, JEUNESSE, ÉDUCATION

De l’achat de matériel pour les crèches à la gestion des cantines scolaires, en passant par les remplacements d’agents, Henri Hamelin, 26 ans, est en première ligne. « C’est à la fois épuisant et passionnant. Je ne pouvais pas

trouver mieux ! » Directeur du service Enfance, Jeunesse, Education à la mairie de Cornebarrieu, une petite commune de 5 000 habitants en Haute-Garonne, il réalise un rêve caressé depuis le lycée. Grâce à une licence d’administration économique et sociale, à Paris-II, un master 1 en sciences politiques à Tours suivi d’un master 2 collectivités territoriales de Toulouse-I-Capitole. Ce dernier master étant « articulé autour du droit et des fi nances publiques,

il prépare à des objectifs professionnels très clairs. »

LE PARCOURSDU DIPLÔMANT

F O N C T I O N P U B L I Q U E

La cure d’austérité n’empêche pas les recrutements, mais il faut avoir tous les atouts en main pour entrer dans la carrière

AURÉLIE DJAVADI GUILLAUME RIVIÈRE

LES MEILLEURS DIPLÔMESBac+5

Instituts d’études politiques, Instituts de préparation à l’administration générale (Ipag), masters en droit ou finances des collectivités (Toulouse-I, Lille-I, Paris-II, Cergy, Bourgogne).

Educateur en chef

V oir son enfant devenir fonction-naire ? Pour bien des parents, c’est le rêve. Non sans raison. Bien sûr, il y a la sécurité de l’emploi. Mais ce n’est pas tout. Au palmarès des métiers o- rant la plus grande

satisfaction, les 450 000 cadres du public comptent parmi les mieux lotis. Gestion-naires d’un lycée, responsables d’un ser-vice municipal, magistrats ou inspecteurs du fi sc, ils exercent des missions concrètes, au service du bien commun.

Mathieu Prunier, analyste fi scal pour la communauté urbaine de Marseille après un master fi nances des collectivités territo-riales, se dit « passionné par le débat public »,lui qui voulait « un travail intéressant et qui [lui] permette d’évoluer ». Heureux d’appor-ter sa contribution aux enjeux écono-miques et fi nanciers de la cité. Franck Patrouillault, diplômé, lui, du master juriste conseil des collectivités territoriales à Panthéon-Assas, préparé en alternance au service juridique d’un département qui l’a embauché, a également été reçu au concours de la chambre régionale des comptes. Il y enquête sur l’e7 cacité et le bien-fondé des politiques publiques.

Le hic, c’est que, diète de la dépense publique oblige, ces emplois se raréfi ent. 25 000 recrutements chaque année, dont une bonne part de fonctionnaires dits « de catégorie A ou B », les plus qualifi és, c’est beaucoup… mais moitié moins qu'il y a dix ans. Les collectivités territoriales, où les départs à la retraite et le transfert de cer-taines missions et responsabilités créent des besoins, continuent à proposer 30 000 postes, avec une appétence pour les diplômés en gestion, fi nance, ressources humaines ou encore les ingénieurs et les urbanistes. Souvent, il faut débuter comme contractuel, puis décrocher un concours. Parmi les filières les plus porteuses,

Johanne Saison, directrice de l’Ipag de Lille-II, cite « les concours d’inspecteur des Finances, d’attaché territorial et ceux des Ins-tituts régionaux d’administration ». Un cran en dessous de l’ENA, ces derniers mènent à des postes variés. « Il peut s’agir de la ges-tion d’un établissement scolaire comme de la rédaction de lois au ministère de la Justice »,note Jean-Luc Guillemoto, directeur de l’IRA de Nantes. Comptez 67 places dans chacun des cinq IRA et dix fois plus de can-didats. «  Malgré une ouverture vers les lettres, l’histoire ou l’économie, nos promo-tions viennent surtout de droit et sciences politiques ». Et quel que soit le concours visé, il faut un haut niveau de diplôme et des compétences précises. « Les jurys se com-portent de plus en plus en recruteurs comme dans le privé, avec les mêmes attentes. Parti-culièrement recherchée, la connaissance des marchés publics et des achats », note Jean-François Lemmet, consultant en ressources humaines. Bref, devenir serviteur de l’Etat, plus que jamais, ça se mérite…

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SPÉCIAL DIPLÔMES

Les banques, les grands cabinets de conseil ont beau essuyer le feu des critiques pour leur rôle dans la crise fi nancière, les bonus des tra-ders être mis sous surveillance, les vocations d’apprentis golden boys,

ou girls, ne tarissent pas. Ainsi, Marion Monot, 24 ans, assistante en audit fi nan-cier chez Deloitte, un des Big Four du sec-teur, se plaît dans sa mission : « Mon rôle est de certifi er aux actionnaires que les chi% res publiés par la société sont exacts, cela peut paraître aride, mais, derrière ces données, il y a la vie d’une entreprise, les décisions de ses responsables », explique cette jeune diplômée de Sciences-Po en fi nances et stratégie embauchée à l’issue de son stage. Elle est bien payée. Chez Deloitte, les salaires d’embauche s’éche-lonnent de 32 000 à 43 000 euros brut par an… Une exception ? Non. Car l’audit, la banque, la fi nance ont retrouvé la santé et o7 rent encore de belles perspectives aux débutants. En pleine mutation, ces spécialités doivent faire évoluer leurs métiers, tout en compensant de nom-breux départs à la retraite.

L’Association française des Banques prévoit ainsi 40 000 recrutements entre 2015 et 2017, dont deux tiers de candi-dats de moins de 30 ans. La seule Société générale en embauche 1 400 par an, dont la moitié de commerciaux à bac+2 ou 3, « mais le sésame d’employa-bilité dans le secteur réside plutôt dans le bac+5, estime Charles Chabod, res-ponsable du recrutement à la Banque palatine, rattachée au groupe BPCE. Côté conseil, « nous recrutons 1 000 CDI, dont 700 jeunes diplômés par an », explique Jean-Marc Mickeler, direc-teur associé des ressources humaines chez Deloitte. Préférence aux grandes écoles et aux universités de renom. Avec un bonus pour ceux qui postulent munis d’une expérience à l’étranger et d’un double diplôme, type école de

LE BON FILONB A N Q U E S , F I N A N C E S

En pleine évolution, ces secteurs sont en quête de jeunes commerciaux et experts du patrimoine. 40 000 recrutements

sont prévus d’ici à 2017

CAROLINE BRIZARD CONSTANCE DECORDE

LES MEILLEURS DIPLÔMESBac + 2 ou 3

BTS et DUT et licences en commerce, banques, métiers de l’assurance.Bac + 5 

Masters CCA, gestion de patrimoine (IAE de Clermont-Ferrand, Cergy-Pontoise, Dauphine).

commerce et Sciences-Po. L’assurance connaît la même évolution, et voudrait redorer son image un peu terne. En 2015, AXA compte ainsi recruter 5 500 personnes, dont 1 800 jeunes diplômés. Des commerciaux et spécialistes de ces métiers, à bac+2 ou 3, mais aussi des gestionnaires de patrimoine et des spé-cialistes du webmarketing.

Pour sortir du lot et accéder aux postes les plus prestigieux, il faut accumuler les stages. Un moyen également de trouver sa voie. «  Cela m’a permis de cerner

Masters ingénierie patrimoniale (IAE de Caen), finances et stratégie, actuariat (Euria à Brest), Institut de Statistique de l’UPMC (Isup, Paris-VI), Institut de Science financière et d’Assurances (Isfa, Lyon-I).

Ecoles de commerce ou d’ingénieurs (Essec, ESCP, Mines), IEP.

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SPÉCIAL DIPLÔMES

Crise oblige, les gestionnaires et les comptables, veillant à la bonne santé fi nancière des services, avec un œil avisé sur les recettes, dépenses et économies possibles, sont accueillis à bras ouverts par

les recruteurs. En tête, les jeunes diplômés de l’université à bac +5, notamment les masters comptabilité contrôle audit (CCA) ou audit et contrôle, qui permettent de devenir expert-comptable. Particulière-ment appréciés dans les grands cabinets d’audit. On cherche aussi des bac +2 de type BTS et DUT pour occuper des postes d’as-sistants paie et comptables en entreprise et en cabinet. La crise a par ailleurs fait émer-ger des besoins en spécialistes de recouvre-ment, « des gestionnaires avec de bonnes qualités humaines », décrit Romain Wer-len, directeur senior de la division comp-tabilité et fi nance de Page Personnel. Il pointe des salaires d’embauche à partir de 30 000  euros, mais qui peuvent rapide-ment s’envoler, en fonction de la notoriété du diplôme, jusqu’à 35 000, 40 000 euros.

Autre piste, les postes en ressources humaines, et, là encore, c’est le niveau bac +5 qui s’impose. Mais un tri est néces-saire parmi les nombreuses formations

PRIORITÉ AUXGESTIONNAIRES !

C O M P T A B I L I T É , R E S S O U R C E S H U M A I N E S

Les as du plan comptable ou de la grille des salaires sont indispensables à la bonne marche des entreprises

BÉATRICE GIRARD

estampillées RH, qui ne sont pas unanime-ment appréciées des recruteurs. Mieux vaut ainsi privilégier les grands classiques, et notamment les masters des IAE, ou le réputé master Ci8 op de Paris-II. Enfi n, les métiers du secrétariat ont évolué en quelques années. Dans les petites struc-tures, les préférences vont à des profi ls polyvalents capables de faire du secréta-riat, mais aussi un peu de gestion interne et de comptabilité. Quant au secteur des assistants de direction, il reste une niche réservée à des profi ls haut de gamme. Candidats non bilingues et non diplômés d’une grande école type Sciences-Po, s’abstenir…

progressivement ce qui me passionnait le plus », reconnaît Marie Germe, 26 ans. Pendant qu’elle faisait l’EISTI, une école d’ingénieurs à Cergy-Pontoise, la jeune femme a successivement travaillé dans la fusion-acquisition au CIC, à la Banque de France et dans un cabinet de conseil à Lyon, avant de se faire embaucher en novembre 2012 comme assistante entre-prise à la Banque palatine. Autre choix judicieux : miser sur l’alternance comme Simon, 27 ans. Après un master d’éco-nomie et de gestion à Aix, il intègre

Monsieur Placements

RAYAN BOUADLA, CONSEILLER EN PATRIMOINE

Rayan Bouadla, 24 ans, est un pur produit de l’université.

Cet ex-boursier, qui a grandi en Seine-Saint-Denis entre un père manutentionnaire et une mère

comptable, ne savait pas trop ce qu’il voulait faire en décrochant son bac ES. Le choix s’est opéré

chemin faisant. Pendant son DUT techniques de

commercialisation, puis sa licence à la fac de Créteil,

il a toujours travaillé, étudiant la semaine, vendeur les samedis

et dimanches. « Un rythme un peu soutenu », reconnaît-il.

Ensuite, il a réfl échi : « J’étais intéressé par les métiers du commerce et du marketing, tout ce qui impliquait des

contacts avec les clients, mais j’ai choisi la fi nance parce que cela ouvrait plus de portes. »

Il fait donc un master en gestion de patrimoine à l’IAE Gustave-Ei2 el. Et, dès l’obtention de son

master 2, qu’il a e2 ectué en apprentissage à la BNP,

il décroche un CDI à BNP Paribas Banque privée, à Paris, payé 36 000 euros brut annuels.

« J’y conseille mes clients dans la gestion de leur

patrimoine, j’aime faire vivre cette relation de confi ance »,

dit-il avec chaleur. Cet entreprenant vient de

s’acheter un petit appartement à la lisière de Paris.

l’Essec en deuxième année. « J’ai décro-ché un CDI d’analyste en corporate fi nance à la Société générale en octobre 2014 à la suite de mon parcours en alter-nance au département fi nance et control-ling d’un grand groupe industriel fran-çais. » Les institutions fi nancières sont aussi friandes de matheux cracks des probabilités, pour établir, par exemple, le montant de primes d’assurance : on les appelle des actuaires. Comme Nico-las Lesnisse, 24 ans, qui après deux ans de prépa scientifi que a intégré l’Institut

de Science fi nancière et d’Assurances (Isfa) à l’université Lyon-I. Aujourd’hui analyste de résultats de portefeuille chez AXA, il explique : « Je ne connaissais pas l’actuariat. C’est un prof de maths en prépa qui avait bien cerné mon caractère qui m’en a parlé : j’ai le goût des mathé-matiques mais aussi celui d’expliquer, ce qui est nécessaire dans ce métier où nous faisons beaucoup de présentations », résume-t-il. Assuré, en prime, d’une bonne progression de salaire et des res-ponsabilités.

LES MEILLEURS DIPLÔMES BAC +2 ou 3

BTS comptabilité et gestion, DUT GEA, licences management des organisations, métiers de la comptabilité, diplôme de comptabilité et gestion (DCG).BAC +5

Masters CCA, masters en gestion des IAE (notamment de Clermont-Ferrand), Ciffop, Mastère responsable management et DRH de l’IGC, diplôme supérieur de comptabilité et de gestion (DSCG), écoles de commerce ou IEP avec spécialisation RH.

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SPÉCIAL DIPLÔMES

LA VOIE ROYALEI N F O R M A T I Q U E

La révolution des technologies numériques crée encore et toujours des emplois. Débutants plus que bienvenus

LISA TELFIZIAN PATRICIA MARAIS

Prince des dataTIMOTHÉE, INGÉNIEUR RÉSEAU

La première fois qu’il est entré dans un data center (centre de données), stagiaire de l’opérateur de télécoms Nerim, Timothée, 23 ans, a eu le frisson face aux

kilomètres de câbles rangés sur des étagères dans des salles comme des cathédrales où bourdonnaient la clim et les serveurs. « J’étais collégien lors de l’avènement d’internet, et je me demandais comment les ordinateurs du monde

entier pouvaient communiquer entre eux », se souvient-il. Fasciné par le transport des données, à Supinfo Lille, il opte donc pour la spécialité réseau et

recherche un stage dans les télécoms, « là où le réseau est roi ». Timothée tombe sur une o2 re de CDI de Nerim, un opérateur de fi bre optique spécialisé dans les services très pointus aux entreprises. « J’ai écrit pour dire que le poste ainsi que

l’entreprise de 160 personnes correspondaient en tout point à mes attentes, et Nerim a créé un stage pour moi. » Après le stage, l’embauche a lieu en novembre

2014, entre 35000 et 38 000 euros annuels. Une place de choix au cœur du réseau.

Le numérique ? « Une formidable aventure pour les jeunes », s’enthou-siasme Guy Mamou-Mani, pré-sident du Syntec numérique, le syn-dicat patronal du secteur. « Les entreprises ne se contentent plus

d’un service d’informaticiens pour gérer leur système d’information et leur parc d’or-dinateurs, elles numérisent toutes leurs activités du process de production à la rela-tion avec leurs clients, elles ont besoin d’ex-perts partout. » Un peu comme si la colonne vertébrale informatique s’enri-chissait de terminaisons nerveuses… autant de nouvelles possibilités pour les jeunes diplômés. Souvent des fanas, comme Arnaud Masselin, diplômé en 2013 d’un master d’ingénierie des sys-tèmes de télécommunication et réseaux à Toulouse :« Le numérique, c’est la rigueur mais aussi la recherche permanente de solu-tions, l’ingéniosité. C’est ce qui m’a plu et m’a déterminé à m’orienter vers ce domaine. Comme toute ma promo, à peine diplômé, j’ai été recruté, chez LivingObjects, un édi-teur de logiciels de management de réseaux, cela change d’autres spécialités… »

Les grandes fonctions – réseaux, sys-tèmes d’information, sécurité – se portent bien et tous les secteurs recherchent ces débutants. L’eldorado du moment, c’est le big data : l’exploitation des colossales masses de données brassées par les entre-prises et qui, bien exploitées, peuvent per-mettre d’en améliorer tous les rouages, de la production à la distribution : « Cette année, nous recrutons des “data managers” qui seront attachés à tous les services », explique par exemple Muriel Nicou, res-ponsable des recrutements chez AXA France. Sans parler des tablettes et smart-phones en plein essor, du cloud ou encore de l’internet des objets (ou objets connec-tés). Prendre la température via le pyjama des enfants pour alerter du moment où il faut administrer le paracétamol, assurer le maintien à domicile de personnes âgées ou malades grâce à des boîtiers qui commu-

niquent des informations au corps médi-cal…« un marché gigantesque »,assure Guy Mamou-Mani. Start-up et grands groupes s’y intéressent, comme La Poste et son hubnumérique universel présenté au CES (Consumer Electronics Show) de Las Vegas en janvier, une plate-forme dans le cloud qui permet de gérer l’ensemble des objets

connectés d’un foyer, quel que soit leur sys-tème d’exploitation.

En dix ans, l’informatique vient de créer plus de 700 000 emplois, et les années qui viennent s’annoncent pour le moins aussi prometteuses. Les heureux diplômés du domaine, qu’ils sortent d’un master à la fac, d’une école d’ingénieurs ou d’une

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VÉRONIQUE RADIER

LES MEILLEURS DIPLÔMESBac+2/3

BTS informatique et réseaux ; informatique de gestion. DUT statistique et informatique décisionnelle. Licences systèmes informatiques et logiciels ; réseaux

et télécommunications.Bac+5/6

Ecoles d’ingénieurs (Supélec, Télécom ParisTech, Télécom Bretagne, Esiea, Isep, Ensimag, ECE, Efrei, UTT, UTC…).

Masters Miage (dans vingt universités), systèmes informatiques intelligents et communicants (Cergy-Pontoise), Cryptis (Limoges), sécurité des contenus, des réseaux, des télécommunications et des systèmes (Versailles), MBDS (Nice), ingénierie logicielle pour l’internet (université d’Artois), ingénierie statistique et informatique de la finance, de l’assurance et du risque (Paris-Diderot), réseaux et télécommunications (Paris-Sud/ENS Cachan), cryptologie et sécurité informatique (Bordeaux-I).

école spécialisée, non seulement s’épargnent la moindre démarche pour trouver emploi à leur goût, mais se voient « chassés ». Au point que leurs respon-sables de formation leur conseillent d’évi-ter de mettre leur CV en ligne s’ils ne veulent pas être submergés d’o. res ! Un casse-tête pour les DRH : « Nous recrutons 100 personnes pour répondre à notre crois-sance de 20% cette année, et tous les moyens sont utilisés – relations, écoles, réseaux sociaux, cooptation, cévéthèques »,explique Eric Dumartin, DRH de Linkby-net, une ESN, entreprise de services numériques, la nouvelle appellation des SSII, les plus gros employeurs du secteur.

« A peine diplômés, nos 40 étudiants sont embauchés dans l’industrie du tourisme, des banques, des start-up qui ont grandi et se structurent, voire des centrales nucléaires, à des salaires qui vont de 29 000 à 42 000 euros annuels », se réjouit ainsi André Aoun, res-ponsable du master ingénierie des sys-tèmes de télécommunications et réseaux informatiques de l’université Toulouse-III. « Nous voudrions bien avoir davantage de candidats à nos fi lières, soupire Fatiha Gas, directrice du campus parisien de l’école d’ingénieurs Esiea. La plupart de nos étu-diants ont le choix entre plusieurs CDI avant même d’être diplômés. » Et le numérique s’intéresse désormais même aux bac+2.« Ils ont beaucoup plus d’o5 res que voici quelques années car les entreprises font un e5 ort pour former après recrutement, elles ne peuvent pas toujours s’o5 rir des bac+5 », remarque Thierry Verdier, fondateur du cabinet de recrutement 1001 Talents. Bref, des ouvertures à tous les niveaux…

Le droit plaît. Trop. Chaque année enregistre un nouveau record d’inscrits dans les universités : 210 000 au dernier recensement. La Cour des Comptes a même tiré le signal d’alarme, jugeant les

diplômés trop nombreux et pas tou-jours bien préparés aux besoins du marché du travail. Niveau d’accès à la plupart des métiers : bac+5. Les avocats représentant la majorité des profes-sionnels. Il faut réussir, après un bac+4 au minimum, le Capa (certifi cat d’apti-tude à la profession d’avocat). Après quelques années souvent comme asso-cié, on peut encore y faire de belles car-rières dans des cabinets généralistes, traitant des litiges familiaux ou encore de proximité et pas seulement de « grandes » a. aires, et avec des revenus moins élevés qu’on ne l’imagine : en moyenne 2 150 euros brut par mois pour un débutant. Quant aux juristes d’entreprise, « nous n’arrivons pas à

PROFESSIONSDE LOI

D R O I T

Famille, social ou business… Les juristes avisés choisissent avec soin leur spécialité

Dès son arrivée à Sciences-Po Paris, découvrant le droit, qu’elle imaginait comme une matière aride et peu attrayante, Maud Schla* mann-Amprino

s’est passionnée pour cette discipline « qui touche concrètement à tous les domaines de la vie », famille, travail, santé, etc. En master, elle

choisit le droit judiciaire, pensant se diriger vers la magistrature, mais ses stages lui révèlent un métier moins « militant » qu’elle ne l’imaginait. En stage toujours, elle découvre le métier d’avocat chez Etienne Noël,

spécialiste du droit des détenus. Une véritable « révélation » pour la jeune fi lle qui, en parallèle de ses études, donnait des cours en prison grâce à

l’association Genepi. Après une spécialisation à la Sorbonne en criminologie, Maud vient d’obtenir son Capa (certifi cat d’aptitude

à la profession d’avocat). Aujourd’hui collaboratrice et avocate engagée, elle partage son temps entre deux cabinets : « J’ai rarement une minute

à moi, parfois on a l’impression que rien n’avance, et puis on arrive à faire bouger les choses… »

PIA DUVIGNEAU

Juriste militante MAUD SCHLAFFMANN-AMPRINO, AVOCAT

répondre à la demande ! », sourit Séve-rine Blum du cabinet de recrutement Hays. La spécialisation en droit social est grandement réclamée à cause de la multiplication des plans sociaux et des litiges prud’homaux.

Le droit des a. aires est lui aussi prisé, à condition de suivre le parcours ad hoc, plutôt relevé. Sébastien Turin, recruté par le groupe DBApparel (Dim, Playtex…) et coresponsable du comité des jeunes juristes de l’Association française des Juristes d’Entreprise (AFJE) confi rme : « J’ai passé un an à  l’université de Sussex, en Grande- Bretagne. Cela m’a donné une compé-tence pour rédiger et superviser sur le plan juridique les contrats que le groupe noue avec ses partenaires dans le monde entier. » Le fi n du fi n étant encore de passer un LL.M (Master of Laws), ce master de droit anglo-saxon – au Qué-bec par exemple, où le cursus n’est guère onéreux.

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J’adore les enfants. Ils m’apprennent autant que je leur apprends. Ils sont dans l’émotion pure, s’exclame Char-lotte Riou, 23ans, professeur stagiaire vers la Canebière, à Marseille. On est toujours en train de se dire, ne serait-ce

qu’en voyant des cailloux sur une plage  : “Tiens ! ça serait bien pour telle activité dans la classe…” » Pour sa première année en poste, Charlotte a*che complet. « En plus des vingt-six heures hebdomadaires, je travaille une quinzaine d’heures par semaine à préparer mes cours. » Les concours se passent avec un master 1. Et la période est propice : 24% de reçus au Capes, 32% au concours du professorat des écoles. Avec, en 2015, presque 25 000 postes premier et second degrés confondus, soit +29% par rapport à 2014. « Les créations d’emplois dans le cadre de la loi Peillon se conjuguent aux départs à la retraite prévus de 300 000 enseignants dans les dix années qui viennent  », résume Jacques Ginestié, président du réseau national des Espe. Les

Tête chercheuse

HORTENSE SERRET,

CHARGÉE D’ÉTUDESEmbauchée dans la foulée de sa thèse

par ARP-Astrance, une société de conseil, Hortense travaille sur

l’intégration de la biodiversité dans les projets immobiliers, avec un salaire

d’ingénieur confirmé. « Les villes sont toujours en expansion, explique-t-elle.Leur densification ne peut être viable qu’en aménageant des espaces verts. »Après une licence en sciences de la vie

à l’UPMC, Paris-VI, elle a fait une indigestion de chimie et de physique quantique et se tourne vers l’histoire

et la philosophie des sciences en master. « J’ai alors envisagé le journalisme, et même le reportage de guerre. » A Montréal, au cours d’un échange, elle trouve sa voie :

les sciences de l’environnement. Et à son retour en France, c’est le directeur d’ARP-Astrance qui lui inspire le sujet de sa thèse axée sur le développement

soutenable en ville… et la recrute. « Je continue à faire de la recherche appliquée avec un Observatoire des

Jardins et Espaces verts d’Entreprises, où je gère des projets expérimentaux,

comme l’installation de nichoirs à pollinisateur. »

PROFS DEMANDÉS !

E N S E I G N E M E N T , R E C H E R C H E

Les concours de recrutement d’enseignants du primaire et du secondaire manquent de candidats. Comment s’y préparer

CAROLINE BRIZARD, FABRICE DEMESSENCE

chances de réussite varient, selon la disci-pline : dans les collèges et lycées, on manque de profs en maths, sciences, langues, fran-çais, dans les écoles, ce sont le Nord ou la région parisienne qui cherchent des profes-seurs. Les salaires, eux, restent modestes : 1 640 euros net par mois pour un débutant.

Devenir enseignant dans le supérieur, en revanche, c’est une mission quasi impos-sible. A peine plus de 3 000postes (en 2013), en baisse régulière. Avec 37candidats pour une seule chaire de maître de conférences. Se consacrer à la recherche pure n’est pas plus aisé. « A la dernière campagne de recru-tement, il y avait 307 postes à pourvoir, pour 8 099 candidats admis à concourir, résume Isabelle Longin, adjointe à la direction des ressources humaines du CNRS, avec un salaire de départ compris entre 2 200 et 2 600 euros brut. » Matthieu Raynal, 32 ans, y est entré comme chargé de recherche en 2013. Il travaille sur les catalyseurs, ces molécules qui accélèrent les réactions chimiques. «  J’aime l’idée de l’aventure

commune du travail en équipe, de la confron-tation.  » Il comptabilise une dizaine d’années d’études supérieures  : DUT, Ensiacet, école de chimie à Toulouse, thèse à Strasbourg en alternance financée par l’Institut français du Pétrole (IFP) et, enfin deux « post-doc » dans des labos à Paris et à Tarragone, en Espagne… « Il faut avoir la foi », conclut-il simplement.

Les entreprises o@rent davantage de perspectives. « Les diplômés d’écoles d’ingé-nieurs font une concurrence sévère aux titu-laires de thèses », prévient Mohamed Harfi, expert à France Stratégie, service de pros-pective rattaché à Matignon. La chimie, les sciences humaines recrutent moins de chercheurs que l’informatique, le droit, l’économie, la mécanique ou l’électronique. « Nous encourageons les doctorants à être stratèges de leur carrière, à regarder ce qu’attendent les entreprises, à infléchir leur parcours et à travailler en anglais », conseille Vincent Mignotte, président de l’Associa-tion Bernard-Gregory (ABG).

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En décembre, le voyage interplané-taire de la sonde Rosetta puis l’atterrissage acrobatique du robot Philae sur une comète ont tenu en haleine des millions de Terriens. Un exploit auquel ont œuvré dans

l’ombre, depuis plusieurs années, des bataillons de techniciens, ingénieurs et autres scientifi ques pour mettre au point moteur, fuselage et calculateurs… au ser-vice de grands groupes ou de PME. L’in-dustrie n’est pas fi nie ! Certes, la crise, la mondialisation sont passées par là, détruisant des pans entiers d’activité mais d’autres résistent, conquièrent des marchés. Et certaines PMI, très dyna-miques, ont bien du mal à attirer des recrues, méconnues qu’elles sont des étu-diants. C’est le cas d’Europe Technolo-gies, installée dans la région nantaise  : « Nous recherchons des ingénieurs, mais aussi des techniciens dans de nom -breuses spécialités », explique Christelle Boutolleau, directrice du département Composites.

« Nous avons un grand nombre de postes à pourvoir dans les grands groupes, comme dans les PME, à tous les niveaux : des tech-niciens comme des cadres et des ingé-nieurs, que ce soit en innovation, recherche et développement, production, mainte-nance, qualité, logistique…  », confi rme Jérôme Gras, directeur exécutif du cabi-net Page Personnel. Avec des niveaux de qualifi cation qui ne cessent de s’élever, des missions plus complexes  : «  Nous voyons de nouveaux métiers apparaître avec des dimensions internationales et commerciales fortes. Les ingénieurs qui maîtrisent l’anglais sont amenés à gérer des contrats et les cahiers des charges avec les sites de production situés à l’étranger. »

En tête des domaines les plus dyna-miques, le spatial et l’aéronautique. Pour faire face à des carnets de commandes sur-chargés et des cadences de production

L’USINE À JOBS

I N D U S T R I E

En manque de techniciens et de cadres, ce secteur propose de belles carrières. En particulier dans l’aéronautique,

l’agroalimentaire et la pharmacie

BÉATRICE GIRARD FRANCK TOMPS

LES MEILLEURS DIPLÔMESBac+2/3

DUT génie industriel et maintenance, génie électrique et informatique, productique, mesures physiques. BTS maintenance industrielle, contrôle industriel et régulation automatique.

Licences électronique, informatique et communications embarquées appliquées aux transports, véhicules électroniques et gestion des automatismes (Franche-Comté), gestion de la qualité et du risque dans les bioindustries (Pierre-et-Marie-Curie), commercialisation des biens et services industriels (Bordeaux), métiers de la microélectronique et des microsystèmes (Grenoble), systèmes industriels automatisés et maintenance (Clermont-I).

Bachelor de technologie (Arts et Métiers, Bordeaux et Châlons-en-Champagne).Bac+5 et 6

Ecoles d’ingénieurs à vocation industrielle (Arts et Métiers, UTC, Grenoble INP…).

Masters contrôle et qualité, génie électrique et informatique industrielle (université de Bretagne-Sud), formulation et évaluation sensorielles des industries des parfums, de la cosmétique et de l’aromatique alimentaire (Versailles-Saint-Quentin), responsabilités et management qualité dans les industries de santé (Bordeaux), mécanique et risques industriels (UT Troyes), alimentation, lait, innovation, management, nutraceutique (Rennes), ingénierie chimique et agroalimentaire (Nantes).

infernales, les donneurs d’ordre cherchent techniciens et ingénieurs en maintenance industrielle, électronique, électrotech-nique ou automatisme… Scénario quasi identique dans l’énergie et la métallurgie : « Nous prévoyons 100 000 recrutements par an jusqu’en 2025, dont 20 000 ingénieurs et 27 000 techniciens et agents de maîtrise. Avis aux amateurs, ces bac+2 et bac+3, nous les accueillons tous ! » s’exclame Françoise Diard, responsable de l’Observatoire des métiers de la Métallurgie.

Billel Maati, 26 ans, avec un DUT génie thermique et énergie et un

diplôme d’ingénieur, n’a pas mis long-temps à s’en apercevoir : embauché en septembre dernier chez Veritas dans les vingt-quatre heures qui suivaient l’ob-tention de son diplôme. « Je réalise des audits énergétiques pour des bailleurs sociaux. C’est un métier technique avec beaucoup de missions de terrain mais aussi du conseil, pour un salaire d’em-bauche tout à fait convenable de 35 000 euros par an », raconte-t-il.

Autres bonnes pioches, les industries agroalimentaire et pharmaceutique. Malgré les récentes annonces de plans sociaux chez Sanofi et Pierre Fabre, ce

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Manager-néeRACHEL THIBAULT, CHEF D’ÉQUIPE FABRICATION CHEZ BONGRAIN

Inscrite en fac de biologie, passionnée par l’univers des laiteries, Rachel a confi rmé sa vocation lors d’un stage dans une fabrique de reblochon pendant

sa licence. « J’ai découvert qu’il existait un diplôme très spécialisé dans ce domaine et j’ai postulé au master alimentation, lait, innovation, management,

nutraceutique (Alimn) cohabilité par l’agrocampus Ouest et l’université de Rennes-I. » Sitôt diplômée, Rachel a été embauchée comme chef d’équipe

par le groupe Bongrain. Du haut de ses 23 ans, elle manage une équipe de 30 personnes et supervise la fabrication de plusieurs fromages. « Je m’occupe

d’un atelier de transformation traditionnelle et d’un autre de produits ultrafi ltrés. Je veille au respect de toutes les procédures sur la chaîne.

J’organise les plannings, je gère des intérimaires et je fais face aux aléas de production : ma hantise, c’est la panne qui pourrait a0 ecter la qualité des produits. Un métier sans routine et avec beaucoup d’adrénaline… »

dernier secteur a programmé 10 000 recrutements cette année, dont 20% concerneront les jeunes diplômés. « Même si l’âge d’or de l’industrie pharma-ceutique est derrière nous, il reste de belles perspectives », assure Pierre Tchorelo- qui dirige le master responsabilités et management qualité dans les industries de santé à Bordeaux. « Chacun de mes diplômés a le choix entre deux ou trois o, res d’emploi. » Les profi ls recherchés ? Un peu les mêmes que dans la plupart des domaines de l’industrie, des spécia-listes production, qualité ou mainte-nance, mais aussi des data managerscapables d’alimenter et gérer d’énormes bases de données.

Mais voilà, l’usine ne fait guère rêver… Et pour constituer leurs e- ectifs, les res-ponsables de formation doivent partir à la pêche aux étudiants dans les salons. « Je leur explique qu’en venant chez moi ils pourront apprendre à développer des applications pour les téléphones portables ou construire des moteurs de bateaux de course et que, en plus, ils n’auront pas de problème de chômage : tous mes diplômés sont casés en un mois  », raconte, par exemple, Johann Laurent à la tête du master génie électrique et informatique industrielle de Lorient. Les Arts et Métiers, prestigieuse école d’ingénieurs vient d’ouvrir un bachelor « technolo-gique » (bac+3), évitant le mot « indus-triel »... « C’est strictement la même chose, seulement le mot est plus glamour  », confi e l’un des responsables de l’école.

Il est aussi approprié à la réalité des métiers. Ainsi, vêtu d’une blouse blanche, équipé de lunettes et d’un casque de pro-tection, Cyril Vallade supervise les auto-matismes et pilote les procédés de fabri-cation dans une usine du groupe Guerbet, spécialisé dans les produits de contraste pour l’imagerie médicale. Sur son ordina-teur, des bases de données lui permettent de surveiller les rendements, et les grandes cuves et tuyaux qui contiennent le précieux liquide. Il a décroché un CDI au sortir de son master en génie élec-trique et industriel, sans même passer par la case recherche d’emploi. Il gagne 3 000 euros par mois et espère progresser rapidement. Les salaires, voilà un dernier malentendu à dissiper. « Si dans l’indus-trie les bac+5 gagnent moins que dans le conseil ou la fi nance en début de carrière, ils commencent tout de même autour de 35 000 à 40 000 euros par an, avec une bonne perspective d’évolution  », insiste Jérôme Gras.

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Dans les pays anglo-saxons, on les appelle les sport scientists. En France, la dénomination reste à inventer, mais ils forment déjà une corporation bien identifi ée. Il y a Alexandre Marles, « directeur de

la performance » à l’Olympique lyonnais. Martin Buchheit, son homologue du PSG, auteur de publications scientifi ques remar-quées. Ou encore les trois Julien – Deloire, Piscione et Robineau – de la Fédération française de rugby, qui préparent les joueurs du XV de France à coups de tests d’e- ort complexes ou de simulateurs de mêlée. Tous sont détenteurs d’un doctorat en Staps (sciences et techniques des activités physiques et sportives).

Des docteurs en Staps, voilà la nou-veauté. Créée dans les années 1970, cette fi lière avait pour vocation de former des  enseignants du secondaire. Si le Capeps (rendu très abordable par les embauches massives du gouvernement)

DES RESSOURCESTRÈS HUMAINES

S P O R T S , S O C I A L

En première ligne de l’animation socio-éducative, les sportifs formés sont de plus en plus recherchés

GURVAN LE GUELLEC AÏ ESTELLE BARREYRE Chef d’équipe

LOÏC LOUIT, PRÉPARATEUR PHYSIQUELoïc Louit sait qu’il fait partie d’une

petite caste de privilégiés. « Je travaille au plus haut niveau, avec un salaire de cadre sup, et auprès de gens partageant

ma vision du métier. » A tout juste 30 ans, ce diplômé d’un master Staps

s’occupe depuis l’été de la préparation physique des rugbymen perpignanais.

Pour le bachelier ES, rien n’était pourtant gagné. « J’étais un élève

moyen. Je me voyais prof d’EPS, avec le risque d’échouer. » Et puis il y a eu

la révélation du plaisir pris à entraîner. Et un changement profond dans son

rapport aux études. Loïc s’est mis à lire énormément et à repenser son cursus

(deux années de L3, deux années de M1) pour pouvoir travailler

en parallèle (comme prof d’EPS vacataire, coach personnel,

préparateur physique de clubs amateurs…), élargir son champ de

compétences et travailler ses réseaux. Son prochain défi  : se lancer dans une

thèse de doctorat, pour préparer l’avenir. « A 45 ans, j’aurai peut-être d’autres envies et d’autres besoins. »

continue d’attirer 35% des étudiants, il ne su: t pas à fournir des emplois aux nom-breux passionnés qui se dirigent vers la fi lière. Ses responsables se sont démenés pour leur offrir d’autres débouchés. Depuis 2004, ils peuvent aussi encadrer des activités sportives en dehors du cadre scolaire, ou bien opter pour de nombreux masters professionnels, à bac+5, menant à des carrières universitaires ou, pour-quoi pas, à des postes de préparateurs physiques auprès des stars du ballon ovale ou du ballon rond. « Il faut toutefois rester prudent, souligne Loïc Louit, chargé de cours à Toulouse et prépara-teur physique du club de rugby de Perpi-gnan (voir encadré). Les structures suscep-tibles d’embaucher des profi ls comme le mien sont peu nombreuses. Trente clubs pros, la fédération, et les centres de forma-tion. Soit 200 jobs tout au plus. »

Les e- ectifs en Staps atteignent des hauts historiques (53 000 étudiants, dont 23 000 en première année), mais les diplômés s’insèrent plutôt bien. Seul hic : des premiers emplois souvent précaires et sous-payés (25% de temps partiel, dont beaucoup de saisonniers, et 1 400 euros net de salaire moyen trois ans après l’ob-tention de la licence). « Nous sommes concurrencés par des candidats possédant des brevets d’éducateurs sportifs délivrés par la ministre de la Jeunesse et des Sports [formations payantes de 800  heures accessibles à bac+0, NDLR], explique Laurent Beauvais, le président de l’Asso-ciation nationale des Etudiants en Staps. Les directeurs de structure sont souvent issus de ces formations et peuvent nourrir des préjugés à notre égard : trop chers, trop intellos, trop généralistes. »

Autres pistes, les masters en manage-ment sportif – vente d’articles de sport, ges-tion d’activités de loisirs ou d’événements

sportifs – ou encore l’activité physique adaptée et santé (Apas). « Depuis quelques années, le monde médical a pris conscience de ce que nous pouvions lui apporter », note Didier Delignières, le président de la Conférence des Doyens et Directeurs Staps (C3D). Des centres de traitement du cancer aux maisons de retraite, la demande d’en-traîneurs sportifs ne fl échit pas.

De même, les diplômés du social, édu-cateurs ou assistants sociaux sont atten-dus tant sur le terrain que dans l’enca-drement de structures, un peu partout en France.

LES MEILLEURS DIPLÔMESBac+2/3

BTS économie sociale et familiale, service et prestation sanitaire et social.

DUT carrières sociales.Licence travail social et conduite de projets (Paris-13),

coordinateurs de service gérontologique (Grenoble, Provence), responsable de services d’accueil de la petite enfance (Aurillac, Aix-Marseille), management du sport (notamment Nice), métiers de la forme (Toulouse-3, Lille 2). Diplômes d’Etat d’assistant de service social, d’éducateur spécialisé.Bac+5

Masters sports et santé (Paris-Descartes, Montpellier-1, Rennes-2), sport et tourisme (Chambéry, Poitiers, Grenoble, Lyon-2, Toulouse-3), gestion des établissements sanitaires et sociaux (Aix-Marseille), management des organisations de santé (IAE de Pau-Bayonne).

SPÉCIAL DIPLÔMES

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147147SPÉCIAL DIPLÔMES

LES MEILLEURS DIPLÔMESBac+2 ou 3

BTS et DUT commerciaux, licences commerce en ligne (UBS, Distrisup), commercialisation des biens et services industriels (Bordeaux), commerce gestionnaire import-export (université du Maine, Le Mans), bachelors.Bac+5

Ecoles de commerce, Institut du Commerce et de la Distribution (ICD Paris et Toulouse), IMDD (Lille-II), masters de commerce international, stratégie commerciale et politique de négociation (Paris-I), distribution et relation client (Paris-IX Dauphine).

Peut-être parce qu’ils touchent à l’argent, toujours un peu tabou dans la psyché française, les métiers de la vente restent entachés d’une image un peu cheap. Pas assez intel-lectuels, pas assez glamour. Un

injuste cliché qui, aujourd’hui encore, décourage les vocations. Dommage, car, dans la grisaille du marché de l’emploi, pour les commerciaux, en revanche, les voyants sont au vert : « Près d’un quart des entreprises interrogées dans notre baromètre prévoient d’en recruter cette année », se réjouit Vincent Caltabellotta, directeur de l’Observatoire permanent de la Fonction commerciale. A la tête du cabinet CCLD Recrutement, Lionel Deshors décrit lui aussi un marché porteur. « Entre turnover et volonté de gagner des parts de marché, les entreprises recrutent et peinent même parfois à trouver des candidats… »

Et ceux qui se sentent taillés pour le cos-tume en profi tent. Comme Maxime Tissot. Diplômé en 2014 du master de l’IMMD, école interne de l’université Lille-II, il est recruté en CDI comme chef de produit junior pour une enseigne de mode avant même la fi n de ses études. « J’analyse les ventes de la collection homme au quotidien pour ajuster au mieux l’implantation des

LE BUSINESS D’ABORD

C O M M E R C E , V E N T E

Ces métiers injustement snobés permettent de mener de belles carrières, si on en a le tempérament…

BÉATRICE GIRARD NICOLAS MATULA

Vendeuren ligne

SÉBASTIEN COCHÉ, COMMERCIALSébastien Coché est un vendeur, un vrai ! « J’ai toujours voulu travailler dans le commerce : vendre, faire du

chi& re d’a& aires, analyser les marges… et, pourquoi pas ?, un jour créer ma boîte. » Bac S en poche, il s’inscrit

donc en DUT tech de co. « Mes stages en distribution m’ont confi rmé que je ne voulais pas être chef de rayon. Je

préfère travailler dans l’e-commerce, car pour moi c’est l’avenir. » Direction Vannes, où la licence pro commerce

en ligne aboutit à une embauche par le site Lyophilise.com, société de vente de repas lyophilisés et sous vide pour

sportifs et randonneurs. « Basés à Lorient, nous fournissons notamment tous les skippeurs des grandes courses. Mon job consiste à booster les ventes,

en installant des bannières sur le site, en proposant des promotions, en

multipliant les mailings clients, les campagnes sur les réseaux sociaux.

Mon objectif est atteint : j’assimile tous les rouages de la stratégie commerciale et je gagne 2 000 euros par mois. » B. G.

de l’énergie et des nerfs solides, pour face aux objectifs et garder le moral en toutes circonstances.

Nombreuses sont les entreprises qui recherchent des jeunes à bac +2/3 pour remplir leurs carnets de commandes ou gérer leur clientèle comme les banques « avec des salaires entre 25 000 et 30 000 euros brut par an », souligne Lionel Deshors. Expérience du terrain et maîtrise des langues étrangères rendent en e9 et les candidats totalement bankable aux yeux des recruteurs. Comme les diplômés de la licence pro gestionnaire import-export de l’université du Maine, au Mans, qui passent plusieurs mois au Royaume-Uni pour mener une mission export. « Un tiers d’entre eux décrochent leur premier job sur place et n’ont aucune envie de revenir », signale Michel Frankel, responsable de la fi lière. Dans les sociétés de services informatiques ou d’ingénierie industrielle, les ingénieurs commerciaux « débutent à 35 000 euros brut annuels, qui grimpent facilement à 45 000 euros, variables comprises », estime Lionel Deshors. Rien d’un job au rabais…

références en boutique. C’est à la fois un tra-vail d’équipe et stratégique, que j’apprécie particulièrement. » Des métiers où person-nalité et autonomie comptent au moins autant que le diplôme, pointe l’Observa-toire. Le cocktail gagnant pour réussir ? Une bonne dose de psychologie et d’écoute – vendre, c’est souvent avant tout com-prendre ceux que l’on souhaite convaincre–,

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Mieux valait ne pas être terrassé par un gros rhume lors des fêtes de fin d’année… Ulcérés par le projet de loi de Marisol Touraine, des cen-taines de généralistes avaient

baissé le rideau de leur cabinet. Plus tôt, les pharmaciens, eux, défilaient aux côtés des dentistes contre la réforme des professions réglementées. Quant aux sages-femmes, elles s’enlisaient dans une grève sans fin pour la revalorisation de leur statut. Ce blues des blouses blanches ne devrait pourtant pas refroi-dir les vocations. Les lycéens trouvent mille attraits aux métiers de la santé,

BESOIN DE sOINS S A N T É

Emplois garantis dans la plupart des métiers de la santé à conditionde réussir des concours très courus

BÉRÉNICE ROCFORT-GIOVANNI ROMAIN LAFABRÈGUE/ANDIA

synonymes, à leurs yeux, de prestige, de revenus attractifs et de sécurité de l’em-ploi dans un contexte de crise perpé-tuelle. Non sans raison.

Sans doute, tout n’est pas rose pour les médecins, mais ces métiers, utiles s’il en est, o,rent encore des perspec-tives attrayantes. Les généralistes, devenus une denrée rare, sont chassés par certaines villes ou régions, prêtes à financer leurs études contre la pro-messe d’une installation, comme en Saône-et-Loire. Consultations, visites à domicile dans un rayon de 20 kilo-mètres, semaines de 50  heures, sans compter l’administratif, Franck Grenot

ne chôme pas mais il est ravi : « J’ai tou-jours voulu être généraliste dans une zone semi-rurale. » Et on ne se les dis-pute pas qu’à la campagne. A Paris, l’Ordre des Médecins s’inquiète d’une chute de 30% des e,ectifs en dix ans. Quant à ceux que rebutent les semaines de 57 heures des médecins installés en libéral, ils peuvent viser le salariat, à l’Education nationale, dans les maisons de retraite, les maisons de convales-cence, les labos pharmaceutiques…

Concernant les spécialistes, ils sont attendus dans les hôpitaux mais aussi en libéral, pour peu qu’ils ciblent des zones pas trop saturées dans leur domaine : on

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Donneuse de vie

MANON RISDORFER, SAGE-FEMME« Ce qui me plaît le plus, c’est

l’immense confi ance que les femmes placent en moi », explique Manon Risdorfer. Sa vocation n’a pas été

émoussée, mais lorsqu’elle est arrivée au bout de ses études à

Clermont-Ferrand, en juin dernier, Manon a eu un moment

d’inquiétude : « J’avais peur d’avoir fait tout ça pour rien. Les derniers mois sont stressants. Et, dans l’ensemble, le cursus est ultra-

exigeant. » Les jeunes diplômés, qui ont encore besoin d’être encadrés

par une équipe à leurs débuts, bataillent pour trouver une place à

l’hôpital. « J’ai dû envoyer beaucoup de CV, passer plusieurs entretiens. J’ai fi nalement décroché un contrat de trois mois à l’hôpital de Moulins,

où j’avais déjà fait un stage. » Aujourd’hui, Manon exerce dans un

cabinet à Vichy, où elle remplace une collègue en congé maternité

et suit les grossesses non pathologiques de bout en bout,

pour environ 2 000 euros par mois.

En pharmacie, la sélectivité est un peu moins forte. Mais à peine. David Ruczkal, président de l’Association nationale des Etudiants en Pharmacie de France (ANEPF), en quatrième année à Lille, prévient : « Dès le lycée, il faut acquérir des méthodes de travail. Ensuite, on doit réviser régulièrement et relier les di& érents cours entre eux. » Là aussi, les perspectives restent bonnes. Oui, les o. cines connaissent des di. cultés et ont vu chuter leur chi/ re d’a/ aires depuis quelques années, mais le revenu net mensuel des pharmaciens atteint tout de même 7 671 euros. Un montant légèrement supérieur à celui qu’ob-tiennent les médecins spécialistes, selon une étude de l’Inspection générale des Finances. François-Loïc Pichard, 30 ans, pharmacien, vient d’ouvrir une o. cine à Angers après cinq ans passés au sein du service du marketing du laboratoire Upsa. Il explique : « Un pharmacien n’est pas un distributeur de médicaments. De nombreux patients viennent nous voir avant même d’avoir consulté un médecin. On doit être à l’écoute et pédagogue. Et il faut aimer travailler en équipe. »

Le paramédical aussi fait rêver. Les concours de kiné, pris d’assaut, sont les plus recherchés, avec de tout petits taux de réussite, autour de 5% à peine, bac S indispensable. Suivent les Instituts de Formation en Soins infi rmiers. La pénu-rie d’infi rmières de ces dernières années a suscité un fl ux de vocations. Mais, attention, les épreuves récemment réformées sont plus exigeantes. Avec 10% de reçus en moyenne. Et gare aux désillusions. « Ce n’est plus le plein-emploi comme il y a quatre ou cinq ans. Les établissements de santé font face à des restrictions de budget, constate Loïc Massardier, président de la Fédération nationale des Etudiants en Soins infi r-miers (FNESI). Et, peu à peu, la prise en charge des maladies chroniques à l’hôpi-tal va se réduire. L’activité des infi rmiers va donc se déplacer à domicile. » Résultat, on n’est plus assuré d’être reçu à bras ouverts dans les hôpitaux. Ainsi Gaël, diplômé en 2014, raconte : « A la fi n de mes études, on ne me proposait que des postes d’aide-soignant. J’ai fi ni par sauter sur la première place qui s’est présentée : un hôpital cherchait quelqu’un pour tra-vailler de jour dans un service d’oncolo-gie. » En libéral, il ne faut pas avoir peur des journées à rallonge et des tournées, mais les besoins sont là, et les rémuné-rations, un peu plus élevées.

court après les ophtalmos, les psy-chiatres, les pédiatres… C’est la compen-sation pour les carabins qui en ont bavé durant un marathon de neuf à treize ans d’études : à l’arrivée, on se les arrache. Pour des revenus très variables selon les spécialités, mais dans l’ensemble confor-tables. De 3 600 euros mensuels environ pour les médecins remplaçants à quelque 16 000 euros pour les anesthé-sistes en libéral.

Aussi, s’engager dans un long cursus mêlant enseignements théoriques et stages pratiques n’e/ raie pas les jeunes bacheliers. Plus nombreux tous les ans à s’inscrire en Paces – 58 000 selon les derniers chi/ res. Une première année commune aux études de santé qui mène désormais aussi bien à médecine qu’à pharma ou aux fi lières dentaire et de sage-femme et à leurs redoutables concours. A l’arrivée, de rares élus. Ainsi, à la rentrée 2015, seuls 7 497 étudiants continueront en deuxième année de médecine, 3 097 en pharmacie, 1 198 en dentaire et 1 011 en maïeutique.

Le concours ne réussit qu’aux bache-liers scientifi ques très motivés et sco-laires, car c’est du bachotage pur et dur. « La première année, il n’y a pas de secret, c’est du par cœur, explique Rodolphe Pellet, vice-président des études médi-cales de l’Association nationale des Etudiants en Médecine de France (ANEMF), en quatrième année à Lyon. Mais il faut aussi apprendre à se ména-ger. Ceux qui ne dorment que trois heures par nuit n’ont aucune chance. » Lui croit beaucoup aux vertus du tutorat dis-pensé par des étudiants de deuxième ou troisième année, une alternative gra-tuite aux coûteuses prépas privées. Autre possibilité, se tourner vers l’une des sept universités qui expérimentent d’autres modes de sélection (Angers, Paris-V, Paris-VII, Paris-XIII, Rouen, Saint-Etienne et Strasbourg), misant sur l’oral et des parcours adaptés qui per-mettent à leurs étudiants de ne pas perdre deux ans en cas d’échec, car il est bien rare de décrocher le concours du premier coup.

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Fin 2014, Sony Pictures voyait ses mails les plus confidentiels étalés sur la place publique par des pirates informatiques. Pour sortir de ce pétrin, la filiale cinéma de la multinationale a aussitôt engagé

Judy Smith. Une experte en relations publiques si célèbre qu’elle a inspiré une héroïne de feuilleton télé. Oui, les pros de la pub et de la com sont aujourd’hui stratégiques pour les entreprises. D’où une bonne tenue des embauches. «  5 000  jeunes diplômés devraient être recrutés en 2015 dans les agences et les régies liées à la communication », indique ainsi Vincent Leclabart, président de

PROFESSION STRATÈGE

P U B L I C I T É , C O M M U N I C A T I O N

L’image est aujourd’hui le nerf de la guerre pour les entreprises.Mais la compétition fait rage dans le secteur…

CAROLINE FRANC QUENTIN HOUDAS

Créatrice de tendances

PAULINE, DIRECTRICE

DE PRODUCTION

Pauline est entrée à Sciences-Po Rennes avec l’idée de devenir

journaliste. « J’ai été assez vite découragée par les perspectives. » Elle

opte donc pour la communication, « une autre façon de travailler dans les médias ». Elle décroche un stage chez Glam Media, une régie américaine qui l’embauche dans la foulée. Un an plus tard, sa responsable lance sa propre

structure : Talent Agency et lui propose un poste. « Je m’occupe des

relations entre nos “talents”, spécialistes pointus des tendances dans

leur domaine, et les marques qui souhaitent collaborer avec eux, via des campagnes de pub ou du sponsoring. » Un métier qui exige, souligne Pauline, « de la polyvalence, un certain esprit de synthèse mais aussi de la rapidité, pour

coller aux attentes de chacun ».D’ailleurs, elle est déjà prête à rebondir.

« Le métier que j’exerce aujourd’hui n’existait pas il y a quelques années et change tous les six mois. Il faut savoir

s’adapter. Mais c’est passionnant. »

l’Association des Agences-Conseils en Communication (AACC), dirigeant de l’agence Australie. Mais pour trouver sa place au soleil dans ce secteur exigeant, mieux vaut un diplôme pointu, comme Sup de Pub, ou encore les Gobelins pour les créatifs. Les licences en communica-tion sont appréciées, mais pas de profil type. Pierre Orlac’h, directeur associé du Groupe Cerise qui prévoit d’intégrer 40 personnes en 2015, explique : « Nos recrues viennent d’universités, de busi-ness schools ou de Sciences-Po. Maîtriser les réseaux sociaux, être capable de passer très vite d’un support à un autre, savoir écrire, construire un discours cohérent sont des prérequis.  » Déborah Sohn, 28 ans, assistante marketing et commu-nication dans un groupe d’édition sco-laire s’est heurtée « aux réalités du mar-ché » après l’obtention d’un master en marketing et gestion d’événements à l’EM Strasbourg, une école pourtant réputée. « Il m’a fallu presque un an pour trouver. » Ses missions ? Elle rédige des communiqués de presse, des plaquettes

LES MEILLEURS DIPLÔMESMasters en communication (Paris-I, Dauphine,

Celsa, Sciences-Po).IEP Paris et province.Mastères spécialisés. Iscom (communication et création numérique)

Paris et province. Sup de Pub.

et autres supports, répond aux questions des journalistes, gère le site internet de l’entreprise. «  Les frontières entre les métiers sont de plus en plus poreuses. Il faut pouvoir s’adapter très vite à toutes les demandes  », confirme Vincent Leclabart. Les salaires sont modestes, autour de 2 300 euros brut à l’embauche selon l’AACC, « mais peuvent grimper au fil de la carrière », assure Pierre Orlac’h. Surtout, promettent les deux chefs d’en-treprise, les perspectives d’évolution sont nombreuses, tant les métiers changent au gré des innovations techno-logiques. Morgan Min et Emeline Le Saout, diplômées d’un master en admi-nistration et gestion des entreprises de l’université de Versailles, ont décidé de créer leur propre agence de relations presse, Comme une bavarde. «  Après trois ans à travailler pour d’autres, nous avions envie d’inventer notre entreprise idéale, où la hiérarchie ne serait pas un obstacle à la créativité. Une aventure pas-sionnante, ou pas…, un jour ne ressemble jamais à l’autre. »

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SPÉCIAL DIPLÔMES

Les étudiants rêvent tourisme et hori-zons lointains, le marché leur répond hôtellerie et restauration. Avec 80% des emplois niveau CAP ou bac, et seulement 15% niveau BTS ou licence, 4% niveau master, selon

l’Institut français du Tourisme. Travailler dans ce secteur, c’est avant tout se mettre au service des voyageurs, dans une salle de res-taurant, un hôtel, un o1 ce de tourisme ou encore vendre des vols et séjours, le plus souvent en ligne, devant un écran ou un téléphone. En cuisine, le CAP reste la réfé-rence. « J’ai deux diplômes, le bac d’eau chaude et celui d’eau froide », plaisantait ainsi le chef Bernard Loiseau. « 40% des patrons dans l’hôtellerie ont au maximum un CAP », rappelle Laurent Duc à l’Union des Métiers et des Industries de l’Hôtelle-rie. Mais les temps changent. De grandes chaînes internationales émergent. Friandes de bacheliers professionnels, de bac+2 ou 3, souvent formés en alternance. « Une bonne façon de tester ses envies pro-fessionnelles, constate Grégoire Metton, en BTS responsable hébergement et récep-tionniste dans un Ibis parisien. J’étais attiré par la cuisine, mais sur le terrain, j’ai adoré la réception, les relations avec les clients, le plaisir de leur donner une bonne image. » Accor, son employeur, accueille ainsi 300  jeunes en alternance chaque année, 60% sont ensuite embauchés. « L’avantage d’une grande structure, c’est que

LE BON ACCUEILH Ô T E L L E R I E , T O U R I S M E , R E S T A U R A T I O N

Pour recevoir les voyageurs du monde entier, le secteur embauche à tous les niveaux et dans de nombreux pays

STÉPHANIE CONDIS XAVIER ROMEDER

Master chefMARK SAINT-JULIEN, DIRECTEUR DE RESTAURATION

Mark a orienté tout son parcours vers l’hôtellerie, sa passion depuis l’enfance, car sa mère a travaillé dans de grands hôtels parisiens : « J’ai commencé par une licence d’économie et gestion en anglais à Paris-Panthéon-Sorbonne, pour avoir une vision globale et théorique. Avec des stages puis un break dans l’hôtellerie : pendant un an, j’ai été responsable relation clientèle au Sofi tel Scribe, à Paris. »

Parcours qui lui a ouvert les portes du prestigieux MBA IMHI de l’Essec. « Un cursus en anglais, généraliste, stratégique, pluridisciplinaire mais aussi

très pratique. J’ai opté pour l’alternance, en tant que chef de projet en développement hôtelier, pendant deux ans, au siège d’Accor qui a payé

ma formation. » Engagé, il occupe aujourd’hui un poste de terrain : directeur de restauration à l’hôtel Le Roi René d’Aix-en-Provence. « J’aime le contact

avec des clients du monde entier, une équipe elle aussi internationale. C’est aussi un métier fait de beaucoup d’imprévus… »

LES MEILLEURS DIPLÔMESBac+2 ou 3

BTS hôtellerie, restauration, tourisme.Licence pro restauration gastronomique à vocation

internationale, à Cergy, Ecole française de gastronomie Ferrandi.

Ecole de Savignac ; Institut Paul-Bocuse ; écoles hôtelières.Bac+4 ou 5

Esthua (Angers), IAE de Savoie, La Rochelle Business School of Tourism, MBA IMHI de l’Essec (Cergy-Pontoise) et MBA de l’Escaet (Aix-en-Provence).

l’on peut passer d’une enseigne à l’autre, d’un métier à l’autre », souligne Bruno Croiset, directeur emploi et conditions de travail. On peut y tracer de belles carrières, à l’inter-national. Valérie Bisch-Lamson, présidente de Tovalea, cabinet spécialisé explique  : « Marriott, Hilton ou Hyatt sélectionnent des stagiaires pour passer, pendant un an, par

tous les départements d’un même hôtel. Avec une embauche à la clé. » « Un domaine très demandé par les jeunes, mais di1 cile à inté-grer, prévient Nora Toussaint, directrice d’études de la licence arts et techniques de l’hôtellerie de luxe à l’IAE de Nice. Cinq entretiens sont parfois nécessaires pour décrocher un stage. Mais cette expérience est une carte de visite qui ouvre beaucoup de portes. » On peut aussi se hisser directement à des postes de managers « avec de solides connaissances en gestion-management et une bonne expérience de terrain », précise Dominique Réau-Diet à La Rochelle Busi-ness School of Tourism. « Nos étudiants deviennent conseillers en stratégie digitale ou responsables de marché, chargés d’analyser la conjoncture hôtelière et d’optimiser les ventes », note Nicolas Graf, directeur du MBA IMHI (Hospitality Management) à l’Essec.

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Moins de 300 000 logements ont été construits en 2014, c’est le chiffre le plus bas depuis quinze ans. « Une crise histo-rique », constate, morose, la Fédération nationale des Tra-

vaux publics. Mais la crise n’empêche pas les embauches. Les entreprises doivent toujours répondre aux appels d’o-res et compenser de nombreux départs à la retraite. Des chantiers de plus en plus complexes, avec des prix et des délais plus que serrés, rendent le management de ter-rain capital, et les jeunes diplômés sont appelés à la rescousse. Même si les plans d’embauche sont eux aussi à la baisse, le BTP prévoyait tout de même 4 000 recru-tements de cadres en 2014. Et cette année Bouygues Construction doit engager 400  débutants, à partir de bac+2. Vinci entre 600 et 900, pour l’essentiel des chefs de chantier, conducteurs de travaux, ingé-nieurs d’études ou encore des chargés d’a-aires en développement immobilier. Très appréciés, ces ingénieurs d’a-aires, avec une double formation technique et commerciale, sont à même de négocier

LE NIVEAU MONTEB T P

Le bâtiment recrute moins, mais sur des chantiers devenus plus complexes les ingénieurs et les techniciens ont toujours la cote

STÉPHANIE CONDIS BRUNO COUTIER

Homme de terrain

PIERRE BIZARD, MAÎTRE D’ŒUVRESur les chantiers dès son enfance,

entre des parents qui aimaient à retaper des maisons et un oncle menuisier, Pierre Bizard s’est vite

décidé pour le bâtiment pendant ses études d’ingénieur à Polytech

Orléans. «J’ai terminé par un stage de conducteur de travaux chez Bouygues Construction. Mais les embauches étaient gelées faute d’activité.» L’occasion de se

questionner sur ce qui lui plaît vraiment : «Je me suis laissé le temps

de la réflexion et j’ai cherché un emploi sur les réseaux sociaux, l’Apec, etc.» Une petite société de l’Essonne,

SD Ingénierie, le convainc : «Dans une PME, j’ai plus de responsabilités, il y a moins de hiérarchie, je travaille directement avec le client, sur le

terrain.» Il pilote les travaux, assure le suivi du planning, vérifie plans,

devis et factures… il savoure : «Je ne suis pas enfermé dans un bureau

d’études, les projets prennent formesous mes yeux.»

LES MEILLEURS DIPLÔMESBac+2 ou 3

BTS bâtiment, économie de la construction, professions immobilières ou fluides-énergies-environnements.

DUT génie civil-construction durable.Licence pro conduite de travaux, gestion du patrimoine.

Bac + 5Ecoles d’ingénieurs (ESTP, Ensam, Insa, ESME-Sudria,

Mines, Ponts et Chaussées, Ensiate). Masters génie civil, sols et réseaux urbain ; master

en aménagement et promotion immobilière de l’Espi. Mastère spécialisé génie civil européen des Ponts

et Chaussées.

avec les clients et les banques et de décro-cher des appels d’o-res. Ou bien des tech-niciens et ingénieurs études de prix ou études techniques, comme Mary-Ann Plouvin chez Ei-age dans les Pyrénées-Orientales. Cette jeune ingénieure en travaux publics chi-re le coût de travaux routiers, de la simple rue à la quatre-voies. « Ado, je voulais devenir architecte, urba-niste, j’avais envie de participer à l’embellis-sement de nos lieux de vie. En rencontrant des

architectes, j’ai compris qu’il me fallait un métier plus technique, avec davantage de calcul et qui se vive sur le terrain », raconte cette brune dynamique au sourire confiant. Dans ce secteur assez macho, il arrive qu’on la prenne pour la secrétaire… Mais grâce à son diplôme d’ingénieur des Arts et Métiers, Mary-Ann se sent sûre d’elle : « D’autant que pendant mes trois ans de formation, j’ai pu occuper tous les postes sur un chantier. » Ega-lement recherchés, les techniciens et ingé-nieurs en performance énergétique. « Les grands groupes créent des départements ser-vices, très porteurs, pour s’occuper de la maintenance, mais aussi de la climatisation, la ventilation-chau+age, car les normes se multiplient », explique Frédéric Rei, direc-teur senior chez Page Personnel.

A noter enfin, la professionnalisation de l’administration de biens. Les syndics et gestionnaires d’appartements ou com-merces réclament désormais une solide formation, remarque Isabelle Favre, directrice académique de l’Ecole supé-rieure des Professions immobilières (Espi), « en raison notamment de régle-mentations plus complexes ».