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LES NOUVEAUX DOSSIERS DE

L'ÉTRANGE

ENQUETES AU-DELÀ DU RÉEL

© Éditions Ramuel, 1998 Tous droits de reproduction, traduction et adaptation,

réservés pour tous pays. ISBN 2-84461-001-3 EAN 9782844610010

Guy TARADE

LES NOUVEAUX DOSSIERS DE

L'ÉTRANGE

ENQUETES AU-DELÀ DU RÉEL

ÉDITIONS RAMUEL 225, rue des Princelles

60640 - VILLESELVE (FRANCE)

Un rêveur est celui qui ne trouve son chemin qu'au clair de lune et qui, comme punition, aper- çoit l'aurore avant les autres hommes.

Oscar Wilde

À Serge Hutin, érudit égaré dans un siècle qui n'était pas le sien.

In Memoriam

I N T R O D U C T I O N

Depuis l 'aube de l 'humanité les hommes ont eu l'étran- ge sensation d'être en rapport étroit avec un monde totalement différent du leur : une sorte d 'univers parallèle. Cette autre dimension n'effraie plus personne, mais elle a donné naissance à des interprétat ions parfois douteuses. In terpré ta t ions qui embrouillent le peu que l'on sait d'elles.

Ces connexions intemporelles émanent de la "QUATRIE- ME DIMENSION". La "Quatrième Dimension" est une expression qui accroche un sourire moqueur sur les lèvres des rationalistes les plus endurcis. Cependant, depuis quelques années, la chose est devenue sérieuse. Il s'agit d'un élément mathématique qui a été démontré et é tudié par les p lus grands esprits de notre siècle. Henri Poincaré et Saint Lague s'y intéressèrent ; Cyon, le biologiste, admi t sa réal i té et tenta même de l 'explorer. Le célèbre géomètre non euclidien Reiman avoua un jour :

"Si nous possédions ce dangereux secret géométrique, nous pourrions apparaître sans laisser de traces dans des lieux éloignés et proches à la fois, puis disparaître instantanément /"

Cette géométrie secrète, évoquée par ce chercheur de génie, semble être par fa i tement maîtr isée par des "INTELLI- GENCES EXTÉRIEURES" qui, sous certaines conditions, se manifes- tent à des terriens privilégiés.

Actuellement, en Russie et aux États-Unis, de grands mathématiciens soumettent à des ordinateurs super-sophisti- qués des formules qui devraient leur permettre de découvrir les clés de cette connaissance.

Nous le savons, la Quatrième Dimension nous pénètre comme nous la pénétrons. Hélas ! nous n'en sommes pas encore totalement conscients de manière générale de ce côté-ci de la frontière. Cet univers de l'hyperespace, c'est-à-dire de L'HYPER-

TEMPS, nous en avons une superbe illustration à Paris, au palais de la Découverte, où des mathématiciens l'ont matérialisé avec des cubes et des pyramides à quatre dimensions.

Dans notre espace normal, habituel et rassurant, à trois dimensions, un plan coupe une sphère suivant un cercle. Dans un espace à quatre dimensions, un hyperplan coupe une hyper- sphère suivant une sphère. Une pyramide a pour faces des tri- angles - mais une hyperpyramide a pour faces des tétraèdres solides !

Certains ésotéristes affirment que les pyramides et les cathédrales permettaient jadis, à ceux qui en détenaient les secrets, de communiquer avec une dimension différente. Le film "Star Gate", qui connut un succès énorme, illustra parfaitement (dans le domaine de la science-fiction) ce passage d'une dimen- sion temporelle dans une autre.

Nombreux sont ceux qui voudraient rendre utilisables ces phénomènes transitoires obscurs dans notre monde courant.

Si nous prenons la notion d'univers parallèles en son sens le plus large tout en voulant être précis, nous donnerons la définition suivante : il s'agit de l'existence parallèlement à notre univers perceptif, mais selon des modalités analogues de mani- festations, d'autres univers sensibles ; ces régions se trouvant normalement coupées, indépendantes de notre univers percep- tif, mais pouvant parfois interférer avec le nôtre. L'idée d'uni- vers parallèles suppose donc bien celle de passages occasion- nels (ou provoqués) d'une région à l'autre.

Thème fascinant, en vérité, que celui-ci ! Dans nombre de récits contemporains des science-fiction fondés sur le passa- ge d'un niveau temporel à un autre, ce thème recoupe volontiers celui des univers parallèles : la durée telle que nous la vivons dans les conditions habituelles se trouve fragmentée par la série l inéaire passé-présent-futur , alors que l 'essence des choses baigne dans un éternel présent, où tous les événements se trou- vent donnés d'une manière simultanée.

De nombreux physiciens croient aux univers symé- triques. Ils procèdent actuellement à l'étude d'expériences réali- sées sur la nature du temps au niveau des micros particules (c'est-à-dire des composants de l'atome que la physique croyait indivisible). Récemment découverts, les tachyons et les mésons K 20 ne respectent pas les lois de la microphysique appliquée,

de LA RÉVERSIBILITÉ DU TEMPS. Ces particules "voyagent" du futur vers le passé...

Le docteur J.-H. Christenson, de l'académie new-yorkai- se des sciences affirme :

"Une hypothèse audacieuse suggère qu'il existe un univers fantôme ressemblant au nôtre : il n'existe qu'une interaction très faible entre ces deux univers, de sorte que nous ne voyons pas cet autre monde : il se mélange librement avec le nôtre."

Tout peut nous laisser supposer que des intelligences d'un autre espace-temps délivrent des messages aux pauvres ter- riens que nous sommes. Inversement, rien n'interdit de penser que, de temps en temps, nous ne nous égarions dans un autre univers, au sein duquel les frontières qui séparent les séquences temporelles sont transparentes comme du cristal.

Le docteur Alexis Carrel, lauréat du Prix Nobel, admet- tait que la projection dans le temps était une réalité. Dans son merveilleux livre "L'Homme cet Inconnu", cet illustre savant écrivait :

"Certains individus paraissent susceptibles de voyager dans le temps. Les clairvoyants perçoivent des événements passés et futurs. Les faits de prédictions dans l'avenir nous mènent jus- qu'au seuil d'un monde inconnu. Ils semblent indiquer l'existence d'un principe physique capable d'évoluer en dehors des limites de notre corps."

Albert Einstein, Paul Langevin, Dirac, ainsi que le phy- sicien hollandais Lorentz, ont estimé que le temps pouvait être modulé, manipulé. Cet "autre monde" est sans doute à notre portée, seule notre incompétence à le concevoir nous en ferme les portes. Les "entités" qui y séjournent s'adressent parfois à nous.

Le scientifique Stephen Hawking, auteur du livre "La brève histoire du Temps", semble avoir mis en équations certains secrets de l'univers. Des raisons philosophiques le contraignent actuellement à ne pas divulguer ses découvertes.

Il nous arrive souvent, lorsque nous lisons des articles concernant ces "Connexions Intemporelles" et que ces récits

sentent la science-fiction, de penser au "Livre des Fantômes" de Jean Ray ! Dans ce recueil de nouvelles fantastiques assez éton- nantes, Jean Ray affirme avoir lui-même rencontré un fantôme. Celui-ci, un petit personnage au cou entouré d'un foulard rouge, apparaissait et disparaissait, ou plutôt se matérialisait dans la propre chambre de l'écrivain. Était-ce une projection de son esprit ? Jean Ray admettait éventuellement cette réponse. Mais il acceptait l'inverse lorsqu'il écrivait :

"N'empêche que confusément, je continue à croire à la mystérieuse intervention de l'homme au foulard rouge."

À croire que les histoires de fantômes que l'on pense avoir inventées d'un bout à l'autre peuvent enclore une réalité, et ceux qui les écrivent être, en quelque sorte, chargés de mis- sion d 'un monde caché qui essaie de se révéler à nous, nous obligeant à réfléchir alors que nous préférerions sourire, haus- ser les épaules et vouloir, par lâcheté humaine, ne voir dans l'in- connu qu'une amusette à ne pas lire la nuit.

Des fantômes de Jean Ray aux communications extra- dimensionnelles ou extra-temporelles, il n'y a qu'un pas à fran- chir. Les auteurs de ces contacts sont, pour ainsi dire, des médiums et les interprètes des forces cachées qui cherchent à communiquer avec nous par des systèmes qui ne tombent pas sous nos sens habituels.

Plusieurs dizaines d 'années de recherches nous ont

prouvé que ces faits étranges méritaient d'être soumis à des investigations sérieuses, même s'ils dérangeaient notre tran- quillité intellectuelle souvent trop frileuse !

Nous avons évoqué Jean Ray. Il ne fut pas le seul à affronter cet univers invisible qui souvent nous pose bien des énigmes. Il suffit aujourd'hui, pour s'en convaincre, de relire avec un peu d'attention les premiers romans de Jimmy Guieu qui, il y a plus d'un demi siècle, décrivait avec une précision effarante des faits qui se sont déroulés suivant une chronologie parfaite dans un futur relativement éloigné.

En cette fin de siècle, l'homo sapiens, ce produit appa- remment terminal de l'évolution terrestre, ne sait plus "qui" il est, ni d'où il vient. Il ignore surtout où il va !

De nombreuses énigmes devraient l'inciter à scruter les profondeurs d 'un passé oublié, pour ne pas dire volontairement effacé, au cœur duque l sommei l l en t les vest iges des races anciennes. Il y découvrirait certainement les clés d'une connais- sance et d'un savoir qui lui ont été dissimulés à dessein par des tenants de fausses et ténébreuses doctrines.

Pourtant, nous avons actuellement l ' impression que la Nature se fait sa complice et vient à son secours. Nul ne l'ignore, depuis quelques années les découvertes archéologiques se suc- cèdent à une cadence jamais atteinte. Elles semblent provo- quées par une volonté "extra-dimensionnelle" qui agit sur la sen- sibilité psychique des êtres et les gu iden t vers u n héri tage oublié depuis des millénaires. Ces "symptômes" annoncent une fantastique mutation qui s'accomplit déjà dans le dramatique et douloureux enfantement d 'une humani té nouvelle. Les legs sacrés des Anciens Civilisateurs vont réapparaître devant nos yeux incrédules, sous forme de messages. Il nous faudra les décoder et les interpréter avec intelligence et finesse.

Les initiés Aztèques étaient persuadés que notre monde est appelé à connaître le même sort que les précédents. Son des- tin est défini par la date qui l'a, pour ainsi dire, marqué à sa naissance : celle où notre soleil s'est mis en mouvement : NAUI

OLLIN. Le glyphe "ollin", en forme de croix de Saint-André, qui accompagne le masque du dieu solaire au centre du calendrier aztèque, a le double sens de mouvement et de tremblement de terre. Il symbolise à la fois le premier mouvement de l'astre et les cataclysmes qui détruiront notre civilisation. À cette époque, la réalité sera déchirée comme u n voile, et les monstres du cré- puscule, les "Tzitzimines" qui attendent dans le fond de l'Occi- dent l'heure fatale, surgiront pour se ruer à l'assaut des derniers vivants !

Chacun peu rire ou sourire de cette prophétie vieille de deux millénaires. Cependant, certains investigateurs ne sont pas loin d'admettre que la pensée humaine est une des énergies sus- ceptibles de mettre en action des forces d 'un monde parallèle.

La magie n'est nullement morte, nous pouvons en faire une approche prudente en évoquant le terrible raz de marée qui frappa la Papousie dans la nuit du 18 juillet 1998.

Un de nos amis mexicain, en vacances dans un village du nord de la Papousie-Nouvelle Guinée, frappé par le nombre de villages totalement ravagés par la furie des flots, nous racon-

ta le déroulement de ce fantastique cataclysme. La terre trembla trois fois, puis un craquement terrible monta des flots. En quelques minutes, la mer se retira avant de bondir à l'assaut des terres dans un roulement de vagues gigantesques. En quelques secondes, des dizaines de villages furent engloutis. Toute vie fut effacée. Des milliers de personnes perdirent la vie dans ce drame.

Les explications rationnelles commentant la fureur du séisme ne furent pas admises par les populations locales. Beau- coup y virent une sanction divine. En effet, dans la journée du vendredi 17 juillet 1998, après une procession avec la statue de la Vierge Marie, un acte de vandalisme traumatisa de nombreux fidèles. De jeunes rebelles décapitèrent l'image sainte !

Liés à cet outrage, certains évoquèrent des secrets beau- coup plus sombres. Des missionnaires affirment que de nom- breuses cérémonies de magie noire eurent lieu avant le raz de marée, provoquant l'ire céleste. Des sumgumas, sorciers malé- fiques, auraient sacrifié et cannibalisé neufs jeunes enfants !

Au moment même où notre civilisation va pénétrer dans le Ille millénaire, la magie des premiers âges est toujours pré- sente. Ce ne sont pas des rêveurs qui l'affirment, mais des scien- tifiques qui en retrouvent les traces au sein même des sites pré- historiques les plus merveilleux.

C H A P I T R E P R E M I E R

LE CHAMANISME ET LA TERRE DES PREMIERS ÂGES :

Q U A N D LES HOMMES PARLAIENT AUX DIEUX

Lascaux, R e g o u r d o n , Lauge r i e H a u t e , Lauge r i e Basse, le G r a n d Roc, G o r g e d 'Enfe r , l es Eyzies s o n t d e s n o m s chers aux p r é h i s t o r i e n s qu i , d e p u i s p l u s de q u a t r e v i n g t ans , p r o s p e c t e n t les si tes e t les gro t tes a m é n a g é e s , voici des d i z a i n e s d e mi l l é - na i res , p a r nos l o i n t a i n s ancê t res d a n s le sol calcaire de la Dor- dogne.

Le caractère m a g i q u e de n o m b r e u s e s g r a v u r e s et sculp- tu res r u p e s t r e s d é c o u v e r t e s d a n s d i f f é r e n t e s c a v e r n e s n e fa i t a u c u n doute . Il y a des cen ta ines de siècles, u n e race d ' h o m m e s , d o n t n o u s n e s a v o n s r ien , p r a t i q u a i t a u s e i n de la T e r r e - M è r e des cé rémonies d ' e n v o û t e m e n t des t inées à a n n i h i l e r la force des

g r a n d s m a m m i f è r e s n é c e s s a i r e s à l e u r n o u r r i t u r e e t à l e u r h a b i l l e m e n t . Avec b e a u c o u p d e d é s i n v o l t u r e , n o u s t r a i tons les ar t i s tes des p r e m i e r s â g e s d e p r i m i t i f s , a d j e c t i f s u b s t i t u é p a r é légance à sauvages . Mais , e n c o n t e m p l a n t la b e a u t é des sculp- tures à de s t i na t i on r e l ig i euse o u m a g i q u e , n o u s s o m m e s ob l igés de r e c o n n a î t r e le t a l e n t des a r t i s t e s e t n o u s d e v o n s a d m e t t r e

q u ' i l s é t a i e n t les h é r i t i e r s d ' u n e c o n n a i s s a n c e d o n t l ' o r i g i n e s ' enfonce dans les rac ines d u temps .

Les h o m m e s des cavernes , c o m m e n o u s les a p p e l o n s , é t a i en t les d é t e n t e u r s de p u i s s a n t s secrets. N o u s v o y o n s e n eux les rescapés d ' u n ca tac lysme, les s u r v i v a n t s d ' u n acc iden t céles-

te. P o s s é d a n t la conna i s sance i n f u s e des éne rg ies co smiques , i ls a d a p t a i e n t l eu rs p o u v o i r s aux b e s o i n s de la vie q u o t i d i e n n e . Ce q u e n o u s p r e n o n s p o u r d e s œ u v r e s d ' a r t s o n t , e n r é a l i t é , d ' é n o r m e s d a g y d e s q u e c h a r g e a i e n t les c h a s s e u r s a v a n t d e se

r e n d r e sur le terrain. Les d a g y d e s o u v o u l t s son t les r ep résen ta - t ions sur l e s q u e l l e s les sorciers , j e p ré fé re ra i s le m o t c h a m a n s ,

agissaient. Ce sont, en fait, des "images" de l'être ou de l'animal à frapper.

La civilisation underground de la Dordogne avait été contrainte de chercher refuge dans les entrailles du géon. Elle n'est pas exemplaire puisque, partout sur le globe, des traces de troglodytes sont connues. La spéléologie, science relativement récente, répond peut-être à une stimulation inconsciente qui pousse l 'homme à explorer de futurs habitats. Les services les plus secrets de l'Armée ont déjà implanté, au cœur de la planè- te, leurs bases les plus sensibles !

Le hasard d'une découverte révélera sans doute un jour prochain, à des chercheurs amateurs ou professionnels, le véri- table secret de la civilisation des cavernes.

En 1968, le Pr. François Bordes, de l'université de Bor- deaux, fit une nouvelle trouvaille "Au Trou de l'Âne" (Pech de l'Aze) près de Sarlat, qui devait bouleverser le monde savant. Il s'agit d'un os gravé datant de plus de 200.000 ans qui reposait sur une couche géologique remontant à l'avant-dernière période glaciaire.

Le Pr. Alexander Marshack, du Musée archéologique et ethnologique Peadoby de l'université Harvard, voit dans cette pièce unique toute une symbolique d'où sont issus "l'art véri- table et la figuration". Examiné au microscope à la lumière rasante et soumis à une multitude de tests de laboratoire, l'os du Trou de l'Âne offrit une série de signes semblant appartenir à un langage complexe. Les hommes d'alors auraient donc conçu des abstractions, ce qui révolut ionnerai t toutes les théories actuelles sur l'évolution de l'humanité !

LES FORCES D'EN DESSOUS

La magie tellurique fixe l 'homme sur certains lieux et le conditionne à ses forces fécondantes. Les Anciens, beaucoup plus sensibles que nous à l'action de ces phénomènes naturels, choisissaient avec soin leurs points d' implantation. La Dor- dogne était considérée par eux comme une contrée sacrée qui, très tôt, les attira et les retint. La région des Eyzies, notamment, connut leur faveur, à tel titre qu'en 1910, M. Peyroni, conserva- teur du Musée des Eyzies, disait dans un rapport officiel :

"Nous pensâmes alors que ce lieu qui, il y a 15.000 ans, 20.000, 30.000 ans, peut-être plus, était un grand centre capitale, au même titre que Ninive, Babylone, Thèbes, Athènes et Rome pour des civilisations plus récentes, devait ressusciter et vivre par les restes conservés de nombreuses cultures qui s'y étaient succé- dées. Il nous sembla qu'une si grande partie des objets recueillis au cours de nos travaux pouvaient sans inconvénient aller enri- chir les musées étrangers, il était moins instructif que beaucoup de ces pierres taillées de ces ossements travaillés et toutes les œuvres d'art dont quelques-unes font rêver nos artistes contem- porains, restassent au milieu de ces grandes roches, dans ce cadre majestueux et pittoresque où ils ont vu le jour ; car c'est vraiment là qu'on peut bien les voir, les comprendre et les étudier."

De nos jours, on ignore dans quel but les populations primitives ornaient leurs objets et décoraient leurs cavernes. Est-ce par pure satisfaction, par amour du beau ou par intérêt, pour satisfaire des croyances que nous retrouvons encore dans toute leur pureté chez les populations d'Afrique ou des îles du pacifique ?

Il est probable, cependant, que ce n'est pas la passion d'orner une demeure fort incommode qui poussait les hommes d'alors à s 'enfoncer dans les endroits les plus profonds des avens, dans des coins où la voûte surbaissée n'est pas à 0,75 m du sol et où ils devaient rester plusieurs heures dans des posi- tions pénibles.

Dans une faille de Font-de-Gaume qui n'a que 0,40 m de large et qui se trouve à 3 m de hauteur, un artiste du passé a gravé un félin et des chevaux. Actuellement, on s'y hisse très difficilement pour les voir. De plus, des recherches faites dans différentes grottes décorées attestent qu'il n'y a pas la moindre trace d'habitat.

Cette simple constatation nous pousse à voir, dans ces lieux magiques, un sanctuaire des premiers âges, dont l'archéty- pe architectural coïncide parfaitement avec l 'agencement sym- bolique de tous les temples que nous connaissons. Ce saint des saints situé à 3 m de hauteur était le lieu le plus sacré de cette grotte. Il était réservé au prêtre-magicien suprême, c'est-à-dire au chaman.

De tels lieux étaient sacrés, réservés à un culte et, pen- dant des milliers d'années, les officiants se sont succédés au

sein de la Terre-Mère. Partout où l 'on remarque des superposi- tions de figures d'âges différents, la dernière est toujours faite sans qu'il soit tenu compte des autres, mais cependant sans les détériorer. Jamais les plus anciennes ne sont volontairement effacées. Elles sont au contraire respectées dans la mesure du possible, ce qui laisse supposer qu'elles sont d'essence sacrée. Les cavernes, à l ' instar de nos églises, nos mosquées ou nos synagogues, étaient des sanctuaires. Des origines jusqu'à nos jours, l 'ar t m a g i q u e s 'est pe rpé tué et l ' a rchéologue averti découvre encore, ici et là, les traces de cultes archaïques à carac- tère fétichiste.

GROTTES DÉCORÉES ET TÉMOIGNAGES DU CHAMANISME

De nombreux scientifiques admettent actuellement que les grottes ornées du paléolithiques seraient l 'œuvre des cha- mans. Les images qui les ornent auraient été utilisées pour com- muniquer avec des entités d'un autre monde.

Près de Tarascon sur Ariège, la grotte de Niaux en constitue un exemple frappant. Les recherches de Jean Clottes attestent que 20.000 ans d'histoire nous rattachent aux prêtres- magiciens ! Pour ces derniers, la transe, état second engendré artificiellement par des rites auxquels étaient liés des psycho- drogues, visait à rechercher un équilibre perdu.

Leur démarche dans le monde de l'au-delà s'établissait

au moyen de symboles, de signes magiques, qui servaient à éta- blir des contacts avec l'univers des esprits.

On reste confondu devant la qualité des œuvres qu'ils nous ont léguées. La mise en valeur des reliefs nous permet de constater qu'il existe une analogie parfaite entre la forme de la pierre et de l'animal qu'elle suggère.

Tout semble témoigner que les Magdaléniens perce- vaient des images issues d'une autre dimension !

Le saint des saints, le naos de la grotte de Niaux, se nomme "Le salon Noir . Là aussi, de superbes peintures ornent les plafonds. Cet ensemble est parfaitement décoré de figures et d'animaux primitifs. Des traces révélées par l'éclairage à l'ultra- violet nous éblouissent par leur perfection.

Dans la caverne de Gargasse, décorée il y a 27.000 ans, des mains aux doigts repliés ont été matérialisées sur les parois rocheuses. Parmi ces 250 représentations, certaines figurent des éléments mut i lés ou incomplets . O n a cru long temps qu ' i l s'agissait de mutilations volontaires. Une étude récente tend à prouver que les mains étaient, en réalité, représentées prenant possession de la matière. Elles s'enfonçaient dans la roche pour prendre possession de l'autre dimension et des énergies qui y résidaient.

Des marques tracées avec les doigts const i tuent des sortes de pétroglyphes à caractère magique. Une échographie de ces images pourrait être révélatrice.

Certaines images-symboles composen t peut-êt re u n glossaire dont nous ne retrouverons plus jamais les clés.

LA MÉMOIRE DES LIEUX

Les hommes du quaternaire envoûtaient le gibier et leurs ennemis à l'aide de graffitis tracés dans la roche. Des mil- liers d'années après leur disparition, au XIIIe siècle de l'ère chrétienne, presque dans les mêmes lieux, les Templiers condamnèrent le pape Clément V à mort, en utilisant des pra- tiques identiques.

Sur le chemin départemental 50, qui relie Cénac à Gro- léjac, la vieille Bastide de Domme, qui joua un rôle de premier plan pendant la guerre de Cent Ans, attire chaque année des milliers de touristes qui viennent admirer la citadelle encore bien campée sur ses solides assises.

Très peu savent qu'en 1307, une cinquantaine de Cheva- liers à la croix pattée furent incarcérés à l'intérieur de la "Porte des Tours", incluse dans les remparts est.

Notre ami André V..., qui nous fit découvrir la geôle des Templiers, prétend que la bâtisse est un haut lieu magique. C'est lui qui nous guida dans le sombre couloir qui conduit au lieu d'aisances, où a été tracée une scène de crucifixion primiti- ve, mais constellée de symboles. Dressé sur un Tau, un Christ couronné, la tête encadrée par le Soleil et la Lune, fixe un per- sonnage qui se tient à sa droite. De l'astre du jour, une goutte de lumière s'écoule en direction d'un récipient que tient un des

acteurs de ce touchant tableau. À gauche du crucifié, un person- nage accourt en tendant les mains.

Le caractère alchimique de cette représentation ne fait aucun doute.

Un peu plus loin, une concentration de gravures s'étale sous les yeux ébahis de l'amateur de cryptographie. Plusieurs fois les chiffres MCCVII et MCCCIIIIII se répètent sur une vieille cheminée, témoignant de la détention des chevaliers martyrs.

Au summum de leur puissance, les Templiers avaient deux devises, la première est la mieux connue :

"Non nobis, Domine ! non nobis, sed nomini tuo da glo- riam."

"Ce n'est pas pour nous, Seigneur ! ce n'est pas pour nous la gloire mais pour ton nom."

Cette devise vénérait le Créateur, alors que la seconde pièce maîtresse de la règle du Temple, était "En l'onor de Notre- Dame" :

"Notre-Dame fu t commencement de nostre religion, et en li e a onor de li sera, si Dieu plaist, la fin de nostre religion, quand Dieu plaira que ce soit."

À Domme, les Chevaliers en détresse invoquèrent la Sainte Mère et de très nombreuses inscriptions implorent :

"Mater Dei ora pro me." "Mère de Dieu priez pour moi."

La piété des Chevaliers du Temple était doublée d'un ésotérisme magique. Frappés dans leur honneur et dans leur chair, les prisonniers de Domme demandaient à Marie d'inter- céder pour eux auprès de Dieu, en même temps qu'ils envoû- taient Clément V !

Dans la grande tour, ils gravèrent l'image du souverain pontife et la "chargèrent" comme une dagyde.

On voit le pape mitré émerger du ventre du monstrueux serpent. L'artiste qui dessina cette caricature a volontairement, et pour une raison occulte, interverti les attributs sacrés de Clé-

ment V. Le Pontife tient la crosse de la main gauche et le mani- pule autour du bras droit.

Le serpent représente la puissance tellurique, la force négative qui agissait sur le Pape et qui devint l ' instrument de sa torture.

Le reptile est retourné sur le dos et, à la droite de Clé- ment V, une croix templière terminée en trident immobilise la tête du monstre. Saint Michel Archange, comme on le voit sur le croquis n°2, terrasse "la bête" et la perce d'une lance terminée en croix.

En détaillant cette fresque, de nombreux secrets appa- raissent. L'image de Saint Michel forme, par son schéma, la lettre Zain, que l'on découvre à la 16e lame du tarot, "La Tour Foudroyée". Quant au pape, la posit ion de ses bras et de son buste représente la lettre Shin, c'est-à-dire le signe de l'expia- tion attribué à la 21e lame ou lame 0 : le Fou du jeu de Thot.

Le serpent porte gravé, sur son corps, la terrible accusa- tion : TEMPLI DESTRUCTOR CLEMENS, "Clément, le destructeur du Temple".

Sept fois cette sentence a été reproduite sur l'effigie de Clément V, et nous touchons là à la clé même de la magie, pour ne pas dire de la sorcellerie. En effet, le chiffre 7 correspond à la phase lunaire propice aux maléfices ; on peut imaginer que, pendant sept nuits, sept Templiers se sont relayés pour tracer le "voult" de leur ennemi juré, cette courte phrase : Templi destruc- tor Clemens. En incisant la pierre, les Chevaliers projetaient vers leurs victimes la puissance de leur volonté dynamisée par la haine. Le 24 avril 1314, Clément V mourait.

T ren te - sep t jou r s p lu s tôt, du h a u t de son bûcher , Jacques de Molay, Grand Maître de l 'Ordre du Temple, avait assigné le pape et le roi à comparaître devant le Tribunal de Dieu.

Pendant que les flammes le dévoraient, sa dernière pen- sée fut cer tainement pour ses Frères emprisonnés , pour ces Templiers qui avaient rapporté de Terre Sainte les clés de la magie opérative, qui devait accomplir la vengeance posthume des dignitaires de l'Ordre.

C H A P I T R E D E U X

L'EMPREINTE DES DIEUX

Aux États-Unis, sur u n e mon tagne du Sud Dakota , quatre têtes de 18 mètres de haut, dont la réalisation a nécessité 14 ans de travaux et 500.000 tonnes de dynamite, représentent Washington, Jefferson, Roosevelt et Lincoln.

Ces quatre personnages ont joué un rôle important dans l'histoire des États-Unis et incarné des valeurs chères aux Amé-

ricains. Tous étaient des Francs-Maçons. À mount Rushmore, Washington représente l 'indépen-

dance, car il combattit les Anglais et fut le premier président des U.S.A..

Jefferson illustre l'idéalisme. Il a stabilisé le pays et est encore vénéré pour ses sentiments humanitaires.

Theodore Roosevelt est le symbole de l'impérialisme. Il fut le premier à imposer la puissance des États-Unis.

Lincoln s ' identifie à l 'union. Il essaya désespérément d'éviter la guerre de Sécession puis de réconcilier le pays.

Sanctuaire de la démocratie américaine, le mont Rush- more illustre parfaitement l 'obsession que les Américains ont de leur passé.

Si demain un cataclysme planétaire provoquait des bou- leversements irréversibles, ces quat re visages seraient sans doute fortement altérés, sans toutefois disparaître entièrement. Une nouvelle race d'hommes, évoluant dans le XXIIe siècle ou le XXIIIe siècle, aurait beaucoup de mal à saisir le sens de ces sculptures géantes, si toutes traces écrites de leur présence avaient péri dans cette apocalypse.

Tout nous laisse à penser qu 'une civilisation disparue nous a légué, sur les cinq continents, des messages d'une valeur capitale que nous n 'avons pas encore su parfa i tement com- prendre et décoder.