les neurones miroirs : de l’anatomie aux implications physiopathologiques et thérapeutiques

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Actualite ´s en Neurosciences Les neurones miroirs : de l’anatomie aux implications physiopathologiques et the ´ rapeutiques Mirror neurons: From anatomy to pathophysiological and therapeutic implications B. Mathon a, * ,b a Service de neurochirurgie, groupe hospitalier universitaire La Pitie ´-Salpe ˆtrie `re, Assistance publique–Ho ˆ pitaux de Paris, 47-83, boulevard de l’Ho ˆ pital, 75013 Paris, France b Universite ´ Paris VI - Pierre-et-Marie-Curie, 4, place Jussieu, 75005 Paris, France r e v u e n e u r o l o g i q u e 1 6 9 ( 2 0 1 3 ) 2 8 5 2 9 0 i n f o a r t i c l e Historique de l’article : Rec ¸u le 3 juin 2012 Rec ¸u sous la forme re ´ vise ´e le 23 septembre 2012 Accepte ´ le 2 octobre 2012 Disponible sur Internet le 8 fe ´ vrier 2013 Mots cle ´s : Neurones miroirs Schizophre ´ nie Autisme Accident vasculaire ce ´re ´ bral re ´e ´ ducation Anatomie E ´ motions Chirurgie Keywords: Mirror neurons Schizophrenia Autism Stroke rehabilitation Anatomy Emotions Surgery r e ´s u m e ´ Introduction. Les neurones miroirs de ´ signent une cate ´ gorie de neurones qui pre ´ sentent une activite ´ aussi bien lorsqu’un individu exe ´ cute une action que lorsqu’il observe un autre individu exe ´ cuter la me ˆme action. Ces neurones joueraient un ro ˆ le dans la physiopathologie de certaines maladies neuropsychiatriques. E ´ tat des connaissances. Le syste `me miroir a e ´te ´ identifie ´, chez l’homme, dans l’aire de Broca et dans le cortex parie ´tal infe ´ rieur. Il serait implique ´ dans l’imitation et son apprentissage. Par analogie, les circuits ce ´re ´ braux des e ´ motions et de l’empathie semblent aussi capables de fonctionner en miroir. Perspectives. Les e ´ tudes actuelles tentent de confirmer l’hypothe `se du ro ˆ le des neurones miroirs dans la physiopathologie des troubles du comportement social, notamment l’autisme et la schizophre ´ nie. Aussi, la compre ´hension de ce syste `me miroir permet le de ´ veloppement d’une pratique psychothe ´ rapeutique base ´e sur la re ´ sonance empathique entre le patient et le the ´ rapeute, ainsi que l’ave ` nement d’une technique de re ´e ´ ducation passive des patients ayant un de ´ ficit moteur, conse ´ cutif a ` un AVC, base ´e sur la stimulation du syste `me des neurones miroirs. Conclusions. Des travaux comple ´ mentaires sont ne ´ cessaires pour pre ´ ciser le ro ˆ le exact de ce syste `me neuronal dans la cognition sociale et dans le de ´ veloppement de certaines pathologies neuropsychiatriques. # 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits re ´ serve ´s. a b s t r a c t Introduction. Mirror neurons are a special class of neurons discovered in the 1990s. They respond when we perform an action and also when we see someone else perform that action. They play a role in the pathophysiology of some neuropsychiatric diseases. State of art. Mirror neurons have been identified in humans: in Broca’s area and the inferior parietal cortex. Their responses are qualitative and selective depending on the observed * Auteur correspondant. Service de neurochirurgie, groupe hospitalier universitaire La Pitie ´-Salpe ˆ trie `re, Assistance publique–Ho ˆ pitaux de Paris, 47-83, boulevard de l’Ho ˆ pital, 75013 Paris, France. Addresse e-mail : [email protected]. Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com 0035-3787/$ see front matter # 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits re ´ serve ´s. doi:10.1016/j.neurol.2012.10.008

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Page 1: Les neurones miroirs : de l’anatomie aux implications physiopathologiques et thérapeutiques

Actualites en Neurosciences

Les neurones miroirs : de l’anatomie aux implicationsphysiopathologiques et therapeutiques

Mirror neurons: From anatomy to pathophysiological and therapeuticimplications

B. Mathon a,*,b

a Service de neurochirurgie, groupe hospitalier universitaire La Pitie-Salpetriere, Assistance publique–Hopitaux de Paris, 47-83, boulevard de

l’Hopital, 75013 Paris, FrancebUniversite Paris VI - Pierre-et-Marie-Curie, 4, place Jussieu, 75005 Paris, France

r e v u e n e u r o l o g i q u e 1 6 9 ( 2 0 1 3 ) 2 8 5 – 2 9 0

i n f o a r t i c l e

Historique de l’article :

Recu le 3 juin 2012

Recu sous la forme revisee le

23 septembre 2012

Accepte le 2 octobre 2012

Disponible sur Internet le

8 fevrier 2013

Mots cles :

Neurones miroirs

Schizophrenie

Autisme

Accident vasculaire cerebral

reeducation

Anatomie

Emotions

Chirurgie

Keywords:

Mirror neurons

Schizophrenia

Autism

Stroke rehabilitation

Anatomy

r e s u m e

Introduction. – Les neurones miroirs designent une categorie de neurones qui presentent

une activite aussi bien lorsqu’un individu execute une action que lorsqu’il observe un autre

individu executer la meme action. Ces neurones joueraient un ro le dans la physiopathologie

de certaines maladies neuropsychiatriques.

Etat des connaissances. – Le systeme miroir a ete identifie, chez l’homme, dans l’aire de Broca

et dans le cortex parietal inferieur. Il serait implique dans l’imitation et son apprentissage.

Par analogie, les circuits cerebraux des emotions et de l’empathie semblent aussi capables

de fonctionner en miroir.

Perspectives. – Les etudes actuelles tentent de confirmer l’hypothese du ro le des neurones

miroirs dans la physiopathologie des troubles du comportement social, notamment

l’autisme et la schizophrenie. Aussi, la comprehension de ce systeme miroir permet le

developpement d’une pratique psychotherapeutique basee sur la resonance empathique

entre le patient et le therapeute, ainsi que l’avenement d’une technique de reeducation

passive des patients ayant un deficit moteur, consecutif a un AVC, basee sur la stimulation

du systeme des neurones miroirs.

Conclusions. – Des travaux complementaires sont necessaires pour preciser le ro le exact de

ce systeme neuronal dans la cognition sociale et dans le developpement de certaines

pathologies neuropsychiatriques.

# 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits reserves.

a b s t r a c t

Introduction. – Mirror neurons are a special class of neurons discovered in the 1990s. They

respond when we perform an action and also when we see someone else perform that

action. They play a role in the pathophysiology of some neuropsychiatric diseases.

Disponible en ligne sur

www.sciencedirect.com

Emotions

SurgeryState of art. – Mirror neur

res

parietal cortex. Their

* Auteur correspondant. Service de neurochirurgie, groupe hospitalier uParis, 47-83, boulevard de l’Ho pital, 75013 Paris, France.

Addresse e-mail : [email protected].

0035-3787/$ – see front matter # 2013 Elsevier Masson SAS. Tous drodoi:10.1016/j.neurol.2012.10.008

ons have been identified in humans: in Broca’s area and the inferior

ponses are qualitative and selective depending on the observed

niversitaire La Pitie-Salpetriere, Assistance publique–Ho pitaux de

its reserves.

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action. Emotions (including disgust) and empathy seem to operate according to a mirror

mechanism. Indeed, the mirror system allows us to encode the sensory experience and to

simulate the emotional state of others. This results in our improved identification of the

emotions in others. Additionally, mirror neurons can encode an observed action in motor

stimuli and allow its reproduction; thus, they are involved in imitation and learning.

Perspectives. – Current studies are assessing the role of mirror neurons in the pathopysio-

logy of social-behavior disorders, including autism and schizophrenia. Understanding this

mirror system will allow us to develop psychotherapy practices based on empathic reso-

nance between the patient and the therapist. Also, some authors report that a passive

rehabilitation technique, based on stimulation of the mirror-neuron system, has a beneficial

effect in the treatment of patients with post-stroke motor deficits.

Conclusions. – Mirror neurons are an anatomical entity that enables improved understand-

ing of behavior and emotions, and serves as a base for developing new cognitive therapies.

Additional studies are needed to clarify the exact role of this neuronal system in social

cognition and its role in the development of some neuropsychiatric diseases.

# 2013 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

r e v u e n e u r o l o g i q u e 1 6 9 ( 2 0 1 3 ) 2 8 5 – 2 9 0286

1. Introduction

Les neurones miroirs designent une categorie de neurones qui

presentent une activite aussi bien lorsqu’une personne execute

une action que lorsqu’elle observe une autre personne executer

la meme action. En neurosciences cognitives, ces neurones

miroirs sont supposes jouer un ro le dans des capacites

cognitives liees a la vie sociale (Rochat et al., 2008), notamment

dans l’apprentissage par imitation, mais aussi dans les

processus affectifs, tels que l’empathie. L’identification de

neurones miroirs au cours des annees 1990 est due a l’equipe de

Giacomo Rizzolatti. Ils ont d’abord ete observes dans le cortex

premoteur ventral du singe (aire F5) mais aussi, par la suite,

dans la partie rostrale du lobule parietal inferieur (Bonini et

Ferrari, 2011). Chez l’etre humain, il n’existe pas de preuve

directe de l’existence de neurones miroirs. Neanmoins, etant

donne les nombreuses homologies entre les cerveaux des

differents primates, il est admis que de tels neurones doivent

aussi exister dans l’espece humaine (Rizzolatti, 2005). Les

travaux scientifiques recents tendent a confirmer l’existence de

ces neurones, et a leur attribuer un ro le dans la physiopa-

thologie de certaines maladies neuropsychiatriques. Cet article

fait etat des connaissances actuelles et des perspectives

theoriques et therapeutiques concernant les neurones miroirs.

2. Etat des connaissances

2.1. Identification et localisation anatomique du systememiroir chez l’homme

Des etudes (Buccino et al., 2001 ; Molenberghs et al., 2012)

d’imagerie par resonance magnetique fonctionnelle (IRMf) ont

permis une localisation precise des aires impliquees dans le

systeme des neurones miroirs. Les aires constamment actives

lors de l’observation des actions d’autrui sont la portion

anterieure du lobe parietal inferieur (semblant correspondre a

l’aire 40 de Brodmann), le secteur inferieur du gyrus precentral

et le secteur posterieur du gyrus frontal inferieur (semblant

correspondre a la partie posterieure de l’aire 44 de Broca). Dans

certaines conditions experimentales, on a constate egalement

l’activation d’une region plus anterieure du gyrus frontal

inferieur et du cortex premoteur dorsal. Cependant, l’activa-

tion de cette derniere aire durant l’observation pourrait

indiquer davantage une preparation a agir qu’une « activation

miroir » proprement dite. Enfin, une meta-analyse recente

(Molenberghs et al., 2012) a egalement mis en evidence une

activite miroir dans des regions telles que le cortex visuel

primaire, le cervelet et une partie du systeme limbique. Ces

regions supplementaires seraient recrutees lors de taches qui

engagent des fonctions non motrices, a composantes auditi-

ves, somato-sensorielles et affectives.

2.2. Proprietes fonctionnelles des neurones miroirs

La particularite de ces neurones tient au fait qu’ils dechargent

des potentiels d’action pendant que l’homme execute un

mouvement ; mais aussi lorsqu’il est immobile et voit (ou

meme entend) une action similaire effectuee par un autre

homme, voire seulement quand il pense que ce dernier va

effectuer cette action. Les neurones miroirs sont donc definis

par deux proprietes :

� leur caractere « miroir » : le fait qu’ils reagissent aussi bien

aux actions de soi que d’autrui ;

� leur selectivite : chaque neurone ne repond qu’a un seul type

d’action, mais ne repond pas (ou peu) quand il s’agit d’un

autre geste.

Par ailleurs, il a ete montre que la vue d’actes executes par

un tiers induit une activite cerebrale differente selon les

competences motrices des sujets en question (Calvo-Merino

et al., 2005). Ainsi, l’activation du systeme moteur des

neurones miroirs est modulee, non par l’experience visuelle,

mais par la pratique motrice.

Egalement, Caggiano et al. (2012) ont montre que les

neurones miroirs dechargent differemment selon le but final

de l’action observee. Ce constat souleve l’hypothese selon

laquelle cette decharge differentielle permettrait a l’observa-

teur de comprendre l’intention motrice de la personne

observee. Cependant, la comprehension de l’objectif de

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l’action requiert l’acces a la semantique de l’objet (par

exemple, nourriture par opposition a un objet non comestible)

ainsi que des informations contextuelles. Ainsi, la valeur

subjective assignee a un objet est un element contribuant a la

comprehension des intentions d’autrui.

2.3. Role du systeme des neurones miroirs dans lecomportement : les emotions et l’empathie

2.3.1. DegoutOn a decouvert recemment que l’insula represente l’aire

corticale primaire non seulement pour l’exteroception chi-

mique (olfaction et gout), mais aussi pour l’interoception,

c’est-a-dire la reception des signaux relatifs aux etats

interieurs du corps. Apres etre passes par la moelle epiniere,

ces signaux rejoignent des secteurs specifiques du thalamus,

lesquels, a leur tour se projettent topographiquement vers

divers secteurs de l’insula (Craig, 2002). De nombreuses etudes

d’imagerie cerebrale ont montre une activation de sa partie

anterieure en reponse a des stimuli gustatifs et olfactifs (Zald

et Pardo, 2000 ; Royet et al., 2003). Des activations plus fortes

ont ete constatees dans l’hemisphere gauche (Royet et al.,

2003 ; Zald, 2003) et on a remarque que la selectivite des stimuli

etait independante de leur intensite (Small et al., 2003). Par

ailleurs, certaines experiences ont montre que la region

anterieure de l’insula est activee a la vue d’un homme faisant

une mimique de degout et que l’amplitude des activations du

cortex insulaire est liee au degre de degout exprime par le

visage observe (Phillips et al., 1997). Ainsi, la partie anterieure

du lobe de l’insula, est active aussi bien quand la personne

eprouve du degout que lorsqu’elle voit quelqu’un exprimant

du degout. Les applications cliniques de ces constatations

experimentales sont multiples et rapportees dans la littera-

ture (Calder et al., 2000 ; Adolphs et al., 2003) : des patients

presentant des lesions de l’insula gauche n’etaient plus

capables de reconnaıtre dans les expressions faciales d’autrui

les signes de degout, bien qu’ils purent encore reconnaıtre les

autres emotions. Egalement, il est interessant de constater le

caractere multimodal du deficit : les patients eprouvaient des

sensations de degout attenuees, tandis que cela ne se

produisait pas pour des emotions comme la peur ou la colere.

Ce deficit du degout a la premiere personne permettant meme

a ces patients de s’alimenter de maniere inconsideree en se

nourrissant d’aliments absolument immangeables.

Des travaux en IRMf ont permis de garantir que les regions

anterieures de l’insula et du cortex cingulaire de l’hemisphere

droit s’activent aussi bien lorsque nous eprouvons une

sensation de degout que lorsque nous percevons une mimique

de degout sur le visage d’autrui (Wicker et al., 2003).

2.3.2. EmpathieUn certain nombre d’etudes (Preston et de Waal, 2002 ; Decety,

2002) ont propose que le systeme miroir joue un ro le important

dans l’empathie, c’est-a-dire dans la capacite a percevoir et

reconnaıtre les emotions d’autrui, en partant du postulat

qu’un systeme miroir semble exister pour les emotions.

En effet, certains auteurs se sont interesses a l’etude des

emotions primaires telles que la douleur (Hutchison et al.,

1999) : l’enregistrement de l’activite neuronale a montre que,

dans la region anterieure du cortex cingulaire, certains

neurones repondaient aussi bien a l’application de stimuli

douloureux sur la main qu’a l’observation de ces memes

stimuli appliques sur d’autres personnes. Lors d’une autre

etude (Singer et al., 2004), l’IRMf a permis une nouvelle fois la

confirmation des resultats soupconnes en electrophysiologie :

dans un premier temps, les patients temoins recevaient un

stimulus electrique douloureux, delivre par des electrodes

placees sur leur main, tandis que dans un second temps, ils

voyaient la main d’un proche sur laquelle etait placee les

memes electrodes. On avait auparavant explique aux parti-

cipants que les personnes observees subiraient la meme

procedure a laquelle ils venaient d’etre soumis. Dans chacune

de ces deux conditions experimentales, on a constate une

activation des secteurs de l’insula anterieure et du cortex

cingulaire. Cela montre qu’aussi bien la perception directe de

la souffrance que son evocation sont mediatisees par un

mecanisme miroir analogue a celui constate dans le cas du

degout.

L’interpretation de ces donnees montre que le systeme

miroir des emotions permet, en codant l’experience senso-

rielle, de simuler l’etat emotionnel d’autrui dans notre cerveau

et donc de mieux identifier les emotions eprouvees par les

individus de notre entourage. Par analogie, il a ete prouve que

l’incapacite de comprendre les reactions emotionnelles des

autres est etroitement liee a l’incapacite de les eprouver a la

premiere personne. Neanmoins, ces interpretations sont

debattues car le systeme miroir mis en evidence pour les

emotions est tres different de celui qui a ete identifie chez le

singe, en utilisant des actions motrices (Baird et al., 2011).

Etablir un lien entre ces deux systemes reste donc speculatif.

2.4. Role du systeme miroir dans l’imitation

Des experiences de magnetoencephalographie (MEG) (Heiser

et al., 2003) ont montre que le systeme miroir joue un ro le

fondamental dans l’imitation, en codant l’action observee en

termes moteurs et en permettant ainsi sa reproduction. De

plus, il a ete remarque que l’activation, au cours de l’imitation,

de l’aire de la partie anterieure du sillon temporal superieur

(STS), anatomiquement connectee au lobe parietal inferieur et

a certains secteurs du lobe prefrontal, semble legerement

superieure par rapport a celle enregistree durant la simple

observation. Par ailleurs, d’autres travaux (Koski et al., 2003)

ont montre que lorsqu’un homme se limite a observer une

action, il prevaut une congruence anatomique (ipsilateralite

de l’activation) tandis que lorsqu’il imite l’action observee,

celle-ci est codee selon la congruence spatiale (controlateralite

de l’activation). Il est probable que cette inversion dans

l’activation des neurones visuels du STS, lors de l’imitation,

soit due a l’influence des neurones miroirs fronto-parietaux,

lesquels favoriseraient la selection de ces types moteurs

spatialement congruents avec ceux observes.

Il convient desormais d’etudier les cas lors desquels

l’imitation ne se reduit pas a la simple repetition d’un acte

appartenant au patrimoine moteur de l’observateur, mais

necessite l’apprentissage d’un nouveau type d’action. Ainsi, il

a ete mis en evidence par Buccino et al. (2004), que, lors du

moment precedant l’imitation, on constatait une activation

intense et etendue d’une region du cortex frontal correspon-

dant a l’aire 46 de Brodmann et de certaines aires du cortex

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mesial anterieur. Egalement, pendant l’execution du mouve-

ment, les aires motrices s’activent independamment de la

nature imitative ou non de la tache.

Ainsi, il apparaıt evident qu’une transformation de

l’information visuelle en reponse motrice appropriee se

produit dans le systeme miroir. Plus precisement, le systeme

miroir, localise dans le lobe parietal inferieur et dans le lobe

frontal, traduit en termes moteurs les actes elementaires qui

caracterisent l’action observee. Toutefois, la capacite d’imita-

tion n’est determinee ni par la richesse du patrimoine moteur,

ni par la simple presence du systeme des neurones miroirs. Ce

systeme est une condition necessaire mais non suffisante

pour proceder a une imitation. Cela vaut non seulement pour

la capacite d’apprentissage par imitation qui necessite

l’intervention d’aires corticales exterieures au systeme des

neurones miroirs, mais aussi pour la capacite de repeter des

actes executes par un tiers et qui appartiennent a notre

patrimoine moteur.

Il ne peut y avoir d’imitation sans un systeme de contro le

des neurones miroirs. Cela est atteste par de nombreuses

donnees cliniques. Ainsi, certains patients presentant de

vastes lesions du lobe frontal ne peuvent s’empecher de

reproduire les mouvements executes par une autre personne

(echopraxie). Les lesions du lobe frontal semblent donc

eliminer ce systeme de regulation qui bloque la transforma-

tion des actions potentielles codees par les circuits parieto-

frontaux en actes imitatifs. Ce blocage se produirait par

inhibition des aires mesiales anterieures (pre-aire motrice

supplementaire), lesquelles en revanche apparaissent avoir

un ro le facilitateur sur le circuit parieto-frontal. Il est

probables que ces aires mesiales soient responsables de

l’apparition des actes imitatifs lorsque une personne consi-

dere opportun ou utile d’imiter les actions d’autrui. Des

resultats electrophysiologiques ont montre que les aires

corticales mesiales s’activent 800 ms avant le declenchement

d’une action, ce qui suggere que leur activation reflete la

decision de l’individu d’agir.

3. Perspectives

3.1. Implication des neurones miroirs en pathologie.

Ainsi, l’existence d’un systeme de neurones miroirs chez

l’homme apparaıt comme une certitude au vue des preuves

scientifiques apportees depuis leur identification chez le singe.

Les travaux de ces dernieres annees supposent une implica-

tion de cette population de neurones dans la physiopathologie

de maladies neuropsychiatriques comme l’autisme et la

schizophrenie.

3.1.1. AutismeL’hypothese d’un dysfonctionnement du systeme miroir etant

a l’origine d’un trouble dans les interactions sociales a ete

soulevee et exploree afin d’etablir un eventuel lien avec la

maladie autistique. En effet, il a ete mis en evidence une

mauvaise activation du systeme miroir lors de l’observation

des actions d’autrui, traduite en electroencephalographie par

l’absence de suppression physiologique du rythme mu lors de

l’observation, par une personne autiste, d’un mouvement de la

main chez un tiers (Perkins et al., 2010 ; Rizzolatti et Fabbri-

Destro, 2010). D’autres etudes (Dapretto et al., 2006) ont

montre un defaut d’activation en IRMf de la pars opercularis du

gyrus frontal inferieur lors de l’imitation d’emotions faciales et

ce, d’autant plus que les sympto mes autistiques sont severes.

De meme, Hadjikhani et al. ont observe, en 2006, une minceur

anormale de la substance grise une minceur anormale de la

substance grise au niveau des regions du systeme miroir et

d’autres regions impliquees dans la reconnaissance et

l’imitation des expressions faciales et ce, correle a la severite

symptomatique de l’autisme.

Egalement, il apparaıt que les neurones pyramidaux des

aires 44 et 45 de Brodmann, ont une taille significativement

inferieure chez les patients autistes que chez les sujets sains,

bien que leurs nombres soit equivalent dans les deux

populations (Jacot-Descombes et al., 2012). Cela suggere une

dysfonction de ces aires corticales, impliquees dans le

systeme miroir, pouvant jouer un ro le dans la physiopa-

thologie de l’autisme. Cette derniere hypothese prete cepen-

dant a controverse puisque seulement environ 10 % des

neurones sont consideres comme des neurones miroirs dans

les zones 44 et 45 (Gallese et al., 1996).

3.1.2. SchizophrenieL’hypothese d’un dysfonctionnement du systeme miroir

comme origine possible de certains sympto mes de la

schizophrenie a ete soulevee. En effet, les distorsions dans

la cognition sociale (idees d’influence, idees paranoıdes) ainsi

que les comportements d’imitation (echolalie, echopraxie)

pourrait resulter d’une alteration de ce systeme miroir. Des

etudes en IRMf (Gur et al., 2002) ont ete realisees chez des

patients atteints de schizophrenie paranoıde et ont mis en

evidence, lors de la presentation de stimuli menacants, une

hyperactivation du systeme autonome et une hypoactivite de

l’amygdale et des regions prefrontales. Ces anomalies

pouvant e tre liees a certaines cognitions paranoıdes comme

l’attribution d’etats mentaux propres a d’autres personnes. A

partir de la me me hypothese, Kato et al. (2011) ont montre, en

MEG, que les patients non traites atteints de schizophrenie

presentent une aberration de fonctionnement des neurones

du cortex parietal inferieur droit, qui est caracterisee par un

dysfonctionnement de la gamma-synchronisation lors de

l’observation d’un stimulus visuel biologique (mouvement de

la ma choire d’un autre individu). L’electroencephalographie

a permis de corroborer ces resultats, en montrant une

suppression du rythme mu de ces me mes neurones, chez

des patients schizophrenes en phase psychotique active

(McCormick et al., 2012). Ces alterations electrophysiologi-

ques seraient proportionnelles a la severite de la psychose.

Enfin, une diminution de l’activite des neurones du systeme

miroir a ete observee, par stimulation magnetique trans-

cra nienne, dans une population de patients schizophrenes

lors de l’observation d’une action, par rapport a un groupe

temoin (Enticott et al., 2008).

3.2. Perspectives therapeutiques

La comprehension du fonctionnement des neurones du

systeme miroir peut s’averer etre un tournant dans le

traitement de certaines pathologies, puisque plusieurs voies

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de recherche, basees sur l’utilisation du systeme miroir,

s’ouvrent actuellement.

La tentative de comprendre la pensee d’autrui est au cœur

de la demarche psychotherapeutique. Kohut (1984) decrit le

concept de resonance empathique et montre que l’experience

repetee du patient en therapie et sa comprehension empa-

thique par le therapeute servent a reparer les deficits du

patient. A partir de ce postulat, on peut supposer une

implication du systeme miroir dans l’approche psychothera-

peutique (Schermer, 2010). En effet, gra ce a ce systeme, la

reponse ajustee du therapeute au patient serait internalisee a

son tour par le patient, rehaussant son sens de connectivite a

l’autre, contribuant au sentiment d’integrite de soi. Egale-

ment, le systeme miroir aiderait le patient a « voir » son etat

emotionnel au travers de la reponse du therapeute, et aiderait

le patient non seulement a sa propre decouverte mais aussi a

la decouverte de soi dans l’esprit de l’autre. Cette interaction

circulaire de simulations internalisees entre patient et

therapeute confere un ro le majeur aux neurones miroirs dans

la theorie psychotherapeutique.

Un autre axe de recherche porte sur la possibilite de

reeduquer les patients atteints d’accidents vasculaires cere-

braux (AVC) par l’observation d’actions motrices afin de

stimuler le systeme miroir (Garrison et al., 2010 ; Sale et

Franceschini, 2012). Etant donne que les neurones des cortex

premoteur et parietal ont la capacite de s’activer non

seulement lors de l’execution d’une action, mais aussi lors

de l’observation de celle-ci executee par d’autres, le systeme

moteur peut donc etre active sans mouvement manifeste.

Chez des patients atteints de deficits moteurs importants avec

une faible reserve fonctionnelle, ces auteurs preconisent une

readaptation basee sur la stimulation du systeme des

neurones miroirs, grace a des exercices d’observation de

l’action et d’imitation, permettant de reconstruire la fonction

motrice de maniere passive. Small et al. (2012) proposent aussi

un recours systematique a une sequence d’observation–

execution, basee sur le systeme miroir, pour aider les patients

aphasiques apres un AVC a recouvrer la parole. Ces techniques

de reeducation peuvent intervenir en complement ou en

remplacement de la therapie physique.

Enfin, le dysfonctionnement des neurones miroirs, sup-

pose etre a l’origine de certains sympto mes de la schizo-

phrenie ou de l’autisme, pourrait devenir, une visee

therapeutique neurochirurgicale, dans les annees a venir.

L’hypoactivite des regions cerebrales impliquees dans le

systeme miroir, observee dans ces pathologies, pourrait etre,

lors de protocoles de recherche, une cible de la stimulation

cerebrale.

4. Conclusions

La decouverte recente chez l’homme, du systeme miroir,

situe dans l’aire de Broca et dans le cortex parietal inferieur, a

abouti a de nombreuses recherches en neurosciences

cognitives. Ce systeme serait responsable de nombreuses

proprietes fonctionnelles motrices : il code des actes moteurs

transitifs et intransitifs, il est capable de selectionner aussi

bien le type d’acte que la sequence des mouvements qui le

composent ; enfin, il ne requiert pas une interaction effective

avec les objets, il s’active aussi quand l’action est simplement

mimee.

Egalement, il existe de plus en plus d’indices que l’activite

miroir decouverte pour les actions est ubiquitaire dans le

cerveau. Les circuits cerebraux des emotions, des perceptions,

et aussi de l’apprentissage par renforcement, semblent aussi

capables de fonctionner ‘‘en miroir’’ ; en s’activant quand

hommes ou singes observent un autre ressentir, percevoir, ou

apprendre ; comme le circuit parieto-premoteur le fait pour les

actions. Ce fonctionnement miroir des emotions serait

explique par un circuit anatomique complexe : les informa-

tions provenant des aires visuelles qui decrivent des visages

ou des corps exprimant une emotion arrivent directement a

l’insula, ou elles activent un mecanisme miroir autonome et

specifique, capable de les coder dans les formats emotionnels

correspondants. L’insula est le centre de ce mecanisme miroir,

car non seulement elle est la region corticale ou sont

representes les etats interieurs du corps, mais elle constitue

un centre d’integration viscero-moteur dont l’activation induit

la transformation des stimuli sensoriels en reactions viscera-

les. Il a par ailleurs ete mis en evidence l’implication des

neurones du systeme miroir dans l’imitation et son appren-

tissage, ainsi que l’existence d’un systeme de contro le situe

dans le lobe frontal, afin d’eviter un comportement imitatif

anarchique.

Ces dernieres annees ont souleve l’hypothese du ro le des

neurones miroirs dans les troubles du comportement social,

notamment l’autisme et la schizophrenie. Les travaux actuels

tentent de determiner le ro le joue par ce systeme neuronal,

defini en des termes neurobiologiques, dans les aspects

complexes de la cognition sociale et dans le developpement

de certaines pathologies neuropsychiatriques.

Enfin, la comprehension de ce systeme de neurones miroirs

permet actuellement le developpement de deux axes

therapeutiques : l’un concernant la pratique psychotherapeu-

tique, l’autre la reeducation passive des patients presentant

un deficit neurologique moteur suite a un AVC.

Declaration d’interets

L’auteur declare ne pas avoir de conflits d’interets en relation

avec cet article.

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