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LES JOURNEES EUROPEENNES DU PATRIMOINE A L’AFORP Samedi 19 septembre 2015

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LES JOURNEES EUROPEENNES DU PATRIMOINE A L’AFORP

Samedi 19 septembre 2015

Les journées du patrimoine, devenues européennes en 1991, ont maintenant plus de 30 ans. Le

CFIT AFORP a rejoint cet évènement en 2013 en proposant la visite de son centre de formation,

une ancienne usine construite en 1920.

C’est donc à un voyage dans l’histoire industrielle locale que vous convie l’équipe de l’AFORP

Mantes-la-Ville ce samedi 19 septembre 2015, à partir d’une visite guidée des bâtiments

reposant sur deux temps forts :

- La présentation du passé de l’usine, illustrée par des documents d’époque, avec le concours

actif de l’association La Machinerie ;

- Celle de sa reconversion en un Centre de Formation Industriel et Technologique aujourd’hui

à la pointe des dernières innovations (imprimante 3D…) et à l’écoute des besoins de

formation des entreprises du Mantois Val-de-Seine.

Précisons pour finir que l’intérêt de ce projet associant histoire industrielle et patrimoine culturel

est aussi de permettre aux apprentis de notre CFIT de relier le programme des JEP à ceux du bac

pro (sujet d’étude d’histoire : « Être ouvrier en France entre 1830 et 1975 ») et du BTS (thème de

culture générale et expression : « Je me souviens »).

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Sources :

Les documents illustrant ce guide de visite proviennent de trois sources différentes : les archives de

l’association La Machinerie, celles de la mairie de Mantes-la-Ville et celles de l’AFORP.

En 1950, afin de décorer la nouvelle salle du Conseil de l’Hôtel de Ville, la commune de

Mantes-la-Ville a commandé au peintre Edouard Planchais (1909-1995) un ensemble

d’œuvres rendant hommage au monde du travail. Parmi celles-ci, voici deux tableaux

évoquant le travail des ouvrières de la filature.

Pour débuter la visite…

Comme la rue Maurice Berteaux, située tout à côté, qui abrite les entreprises Ballauff, Buffet-

Crampon et Selmer, la rue Camélinat est depuis près d’un siècle un haut lieu de l’histoire

industrielle de Mantes-la-Ville.

Qui sait en effet qu’à deux pas des stores en bois, des clarinettes et des saxophones, une filature

et une biscuiterie ont occupé les locaux du n° 6, avant qu’un centre de formation d’apprentis de

l’industrie ne prolonge l’aventure ?

C’est cette histoire que nous vous proposons de découvrir durant votre visite et dans ce guide

illustré qui l’accompagne.

… et aujourd’hui (photo de François Boizot)

Vue aérienne de l’usine et du quartier :

au milieu des années 1970…

1- La filature Le Blan : la naissance de l’usine (1919-1961)

Auparavant implantée à Lille, la filature Le Blan

doit déménager en 1914 du fait de l’occupation

du nord de la France par les troupes allemandes.

Après un bref passage par Mantes-la-Jolie, le

temps du conflit, la filature Le Blan franchit la

voie ferrée pour s’installer à Mantes-la-Ville, en-

tre les rues de Dammartin et des Naffetières

(rues Camélinat et Louise Michel, aujourd’hui).

On est en 1919, soit un an avant la construction

de la centrale électrique que la société Fourré et

Rhodes achève en 1921.

Centrée sur la fabrication d’un fil de coton ser-

vant notamment à la fabrication de pneumati-

ques Michelin, la filature Le Blan emploie 504

personnes en 1939 et 590 en 1947. Dix tonnes

de coton sont alors traitées chaque jour. En

1959, le site ne compte plus que 300 employés.

Deux ans plus tard, la filature ferme.

Construite entre 1919 et 1921, la filature Le Blan de Mantes-la-Ville est en fait

constituée par un ensemble d’édifices : l’atelier, bien sûr, mais aussi les bâtiments

jumeaux abritant la chaudière et les turbines, la cheminée et le château d’eau.

En-tête d’un courrier de la filature Le Blan

Plaque apposée sur le bâtiment lors de la construction de la chaufferie

Carte postale représentant les autres édifices de la filature

Comme souvent à cette époque, la vie des salariés de l’usine s’inscrit aussi dans le cadre proposé par

l’industriel, ici la famille Le Blan : les jardins, les maisons ouvrières et la coopérative « La nouvelle famille » de

la filature.

La vie de la filature, durant ses quarante ans d’activité, est aussi marquée par l’existence d’une culture

ouvrière faite notamment de banquets (ici, celui des 30 ans de l’usine) ou de défilés permettant aux employés

de montrer avec fierté leur savoir-faire (ici, après la Libération).

Lors de sa construction, la filature Le Blan présente une caractéristique notable : c’est l’une

des 1ères usines de France en ciment armé. La solidité à toute épreuve de sa structure lui vaut

d’être pratiquement intacte encore aujourd’hui. (regardez autour de vous pour le vérifier)

Carte postale représentant l’atelier de la filature

2- La biscuiterie Gringoire : la reprise de l’usine (1961-1974)

Le témoignage d’une ouvrière sur la vie dans l’usine :

« Je me revois encore y aller en mobylette depuis mon domicile proche d’Epône, emmitouflée

dans le froid du tout petit matin puisque l’équipe prenait à 5h pour quitter à 13h, et la

semaine suivante de 13h à 21h.

J’étais embauchée à la chaîne d’empaquetage des biscottes comme la plupart des femmes, les

hommes étant à la fabrication.

Ce qui revient d’abord, c’est l’odeur des biscottes cuites, d’abord agréable, puis forte, tenace,

nous imprégnant de partout, écœurante à la longue… Et quand on passait à côté de la

fabrication, l’odeur de la pâte était parfois à vomir. […]

Mais ce qui m’est resté aussi de bien plus profond et ne m’a jamais lâchée, c’est la découverte

de l’ambiance ouvrière, ses petites anicroches comme sa profonde et chaleureuse solidarité,

que ce soit sur la chaîne ou autour de nos gamelles en fer dans la petite salle de repos. […]

Alors certes, on peut conserver ces vécus dans nos mémoires, les retranscrire et les trans-

mettre, mais rien ne remplacera le lieu où tout cela s’est passé… »

Fabienne Lauret (Ouvrière chez Gringoire en 1972)

Moins de documents sont disponibles sur la période biscuiterie de l’usine. Nous savons cepen-

dant que lors de la reprise de l’usine, en septembre 1961, quelques ouvrières partent chez

Singer, à Bonnières, tandis que les autres deviennent salariées de la biscuiterie Gringoire, dont

la maison-mère se trouve à Pithiviers.

Reprenant l’activité du site Gringoire de Levallois, l’usine va dorénavant fabriquer des

biscottes et, un temps, des gaufrettes. Semblant prospère jusqu’en 1970, date à laquelle elle

emploie plus de 330 personnes, l’usine ferme en 1974 malgré une lutte acharnée de son per-

sonnel.

Buvard et plaque Gringoire

3- L’AFORP-Yvel : de la production à la formation (1975-2014)

Au milieu des années 1970, l’activité de l’usine se poursuit dans l’industrie, mais en se réorien-

tant vers la formation professionnelle.

Né au mois de septembre 1975, le CFAI AFORP-Yvel est à l’origine un centre de formation dont

les activités sont essentiellement consacrées à un niveau : le CAP.

Son offre de formation s’est ensuite progressivement élargie par l’arrivée successive des men-

tions complémentaires (en 1985), des BEP (en 1986), des bacs professionnels (en 1990), des BTS

(2001) et des licences (2012).

Ces formations concernent aujourd’hui sept domaines professionnels liés à l’activité industriel-

le : Chaudronnerie/soudage, conception et fabrication mécanique, électrotechnique/automatis-

mes/régulation, énergie et fluide, organisation industrielle/maintenance/sécurité, systèmes

électroniques et Tertiaire industriel/management/gestion des compétences.

Couvrant plusieurs niveaux, elles constituent de véritables filières diplômantes permettant à

certains de nos apprentis de réussir leur entrée en école d’ingénieurs, à laquelle l’AFORP les

prépare.

Et puisque ce week-end est placé sous le signe du patrimoine, ajoutons que l’équipe de l’AFORP

Mantes propose aussi aux 51 0 apprentis du centre (à la rentrée 2015) plusieurs projets culturels

comme la fabrication de ruches et de miel, l’initiation au grec ancien ou la réalisation, avec

Valérie Roubach, d’œuvres exposées dans la galerie parisienne de l’artiste plasticienne.

Les débuts du centre AFORP-Yvel

… Pour finir la visite

« Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir, dit-on, et tant que la Filature tournait nous avions

l’habitude de dire : "Petit Bonhomme vit encore" », a déclaré Jacques Le Blan, le 1er octobre

1955, à l’occasion du départ à la retraite de Raymond Janot, son directeur d’usine, après 36 ans

de présence dans la société.

Après avoir successivement été une filature et une biscuiterie, l’usine que vous venez de visiter

est depuis 1975 un centre de formation d’apprentis, l’un des 4 sites franciliens de notre CFIT.

Aujourd’hui, donc, "Petit Bonhomme vit encore", et ce sont de jeunes apprentis, comme ceux

que vous avez pu rencontrer, qui lui permettent de conserver sa vocation industrielle. Avec le

concours des équipes de l’AFORP, la relève est assurée.

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Remerciements

L’organisation de cette journée de visite du CFIT AFORP de Mantes-la-Ville n’aurait pu se faire sans le

concours de l’association La Machinerie (Marie et Jacques, notamment) et de nos apprentis.

Nous leur adressons nos plus chaleureux remerciements. L’équipe de l’AFORP Mantes

Aujourd’hui comme hier les apprentis de l’AFORP continuent de faire vivre l’usine