leçon n°18. la république, trois républiques · 2012. 2. 18. · 3. 1958-1962, une nouvelle...

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Arnaud LEONARD (d'après Hachette). Lycée Français de Tananarive. 2011-2012. 1 Leçon n°18. La République, trois républiques Introduction - définition du sujet (termes et cadrage) : Proclamée en 1870 à la suite de la disparition du Second Empire (1852-1870), la IIIe République diffuse ses valeurs et ses symboles, notamment grâce à l'école, favorisant l'adhésion de nombreux Français à un régime démocratique. Elle triomphe ainsi des adversaires conservateurs comme des menaces autoritaires. Après le naufrage idéologique du régime de Vichy (1940-1944), la République renaît grâce aux mouvements de Résistance qui lui donnent une plus grande ambition de justice sociale. Les formes institutionnelles, sujets de divisions, évoluent et en 1958, la IVe République est remplacée par la Ve République. - problématique : Comment le projet républicain se transforme-t-il entre 1870 et 1962 ? - annonce du plan : Nous verrons d’abord comment la culture républicaine s’enracine dans les décennies 1880 et 1890. Puis nous analyserons en quoi les combats de la Résistance aboutissent à une refondation républicaine. Enfin, nous étudierons la mise en place d’une nouvelle république entre 1958 et 1962.

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Page 1: Leçon n°18. La République, trois républiques · 2012. 2. 18. · 3. 1958-1962, une nouvelle république a. De la IVe à la Ve République • La IVe République mise en place

Arnaud LEONARD (d'après Hachette). Lycée Français de Tananarive. 2011-2012. 1

Leçon n°18. La République, trois républiques Introduction - définition du sujet (termes et cadrage) :

Proclamée en 1870 à la suite de la disparition du Second Empire (1852-1870), la IIIe République diffuse ses valeurs et ses symboles, notamment grâce à l'école, favorisant l'adhésion de nombreux Français à un régime démocratique. Elle triomphe ainsi des adversaires conservateurs comme des menaces autoritaires. Après le naufrage idéologique du régime de Vichy (1940-1944), la République renaît grâce aux mouvements de Résistance qui lui donnent une plus grande ambition de justice sociale. Les formes institutionnelles, sujets de divisions, évoluent et en 1958, la IVe République est remplacée par la Ve République.

- problématique :

Comment le projet républicain se transforme-t-il entre 1870 et 1962 ? - annonce du plan :

Nous verrons d’abord comment la culture républicaine s’enracine dans les décennies 1880 et 1890. Puis nous analyserons en quoi les combats de la Résistance aboutissent à une refondation républicaine. Enfin, nous étudierons la mise en place d’une nouvelle république entre 1958 et 1962.

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1. L’enracinement de la culture républicaine (décennies 1880 et 1890)

a. Les forces politiques • La France est gouvernée durant les années 1870 par des conservateurs

monarchistes ; les républicains modérés ou « opportunistes » (Gambetta, Ferry) obtiennent ensuite la majorité aux élections législatives de 1876. La France adopte alors des symboles faisant référence à la Révolution française comme le drapeau tricolore et La Marseillaise comme hymne national. En 1884, la République est proclamée « gouvernement définitif de la France ».

• Le débat politique républicain est favorisé par l'existence de grands partis qui se forment à cette époque. A gauche, les radicaux dominent ; le Parti radical, créé en 1901, est un des plus importants partis politiques français. Clemenceau est un des principaux dirigeants du radicalisme. L'essentiel du programme radical repose sur la séparation des Églises et de l'État (votée en 1905) et l'impôt sur le revenu (voté en 1914). La SFIO est créée en 1905 et rassemble les socialistes, sous la direction de Jean Jaurès. A droite, les conservateurs, sont moins bien organisés.

b. L'enracinement de la République • Reste à conforter la République et d'abord à former des citoyens. Cette tâche est

confiée à l'école primaire républicaine. Les lois Ferry instaurent l'obligation, la gratuité, la laïcité de l'instruction primaire publique. Un personnel laïque d'instituteurs est recruté et formé. Programmes et manuels scolaires confirment cette orientation. La foi dans le progrès et la connaissance constituent l'idéologie dominante (positivisme) associée à l'amour de la nation et de la patrie.

• Le régime imprègne en profondeur la vie des Français en accordant les libertés démocratiques fondamentales : liberté de réunion, d'association, de la presse, liberté syndicale. La presse imprimée connaît alors une sorte d'âge d'or sous la IIIe République. Les titres et les tirages sont très importants. Grâce à des progrès techniques majeurs comme les rotatives, le prix du quotidien diminue. Le pouvoir de la presse est tel que des campagnes de presse peuvent déstabiliser un gouvernement. L'instruction et ces libertés permettent aux citoyens d'exercer le suffrage universel dans une république qu'il faut défendre (service militaire obligatoire), faire vivre (impôts).

• Un « paysage » républicain se développe : si, dans chaque village, mairies et écoles sont les lieux de référence, casernes, monuments et statues allégoriques se multiplient dans les villes. La création en 1880 de la fête nationale du 14 Juillet symbolise la volonté d'associer tous les Français dans la célébration de la Nation et de la République.

c. Des valeurs discutées et contestées • La République n'est pas unanimement acceptée. Si à l'extrême gauche les

attentats anarchistes peuvent inquiéter, l'extrême droite nationaliste paraît infiniment plus dangereuse en cherchant à s'appuyer sur la mobilisation des masses (presse, ligues).

• Des crises graves comme l'affaire Boulanger ou l'affaire Dreyfus secouent la République. Tous ses ennemis (monarchistes, nationalistes) conjuguent leurs efforts pour la renverser. Les valeurs du régime sont mises en cause par un déferlement de xénophobie, d'antiparlementarisme et d'antisémitisme. L'union des républicains regroupés autour des principes fondamentaux du régime (défense des libertés et affirmation des droits de l'homme) permet à la République de surmonter ces crises. Son enracinement et le large consensus à son propos expliquent la très forte unité des citoyens en août 1914.

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2. Les combats de la Résistance (contre l’occupant nazi et le régime de Vichy) et la refondation républicaine

a. La défaite et le régime de Vichy • En septembre 1939, la Grande-Bretagne et la France déclarent la guerre à

l'Allemagne nazie ; en mai-juin 1940, l'armée française est battue. Cette défaite provoque l'arrivée au pouvoir du maréchal Pétain, muni des pleins pouvoirs par un vote d'une majorité de parlementaires. Celui-ci obtient des Allemands un armistice et met en place un nouveau régime.

• « L'État français » voit le jour à travers les Actes constitutionnels (juillet 1940) qui balaient les valeurs et les traditions républicaines (concentration des pouvoirs, disparition des assemblées, politique d'exclusion, collaboration avec les nazis) : c'est la fin de la IIIe République.

b. De la France libre à la Libération • Dès le 18 juin 1940, de Gaulle appelle les Français à la résistance qui, d'abord peu

nombreuse, se développe peu à peu. Toutes les familles politiques et religieuses, toutes les catégories sociales sont représentées. Toutes les formes de lutte sont envisagées, de la presse clandestine à la lutte armée. Des mouvements et des réseaux mènent un combat idéologique (lutte contre le fascisme) et patriotique (lutte contre l'occupant). Il se fonde sur les valeurs démocratiques et républicaines. À Londres, de Gaulle incarne désormais la « France libre » aux yeux du monde et des Alliés.

• La brutalité de l'occupation allemande (STO, déportations), les victoires alliées précipitent l'engagement de nombreux Français dans la Résistance qui se renforce. Les partis politiques et les syndicats réapparaissent clandestinement. L'action militaire prend de l'ampleur avec l'essor de maquis dans de nombreuses régions.

• De Gaulle entreprend d'unifier la Résistance. L'action de Jean Moulin aboutit à la création du CNR dont le programme fixe les valeurs et les objectifs de la « France libre ». Les forces militaires des différents mouvements sont regroupées dans le cadre des FFI. En juin 1944, les troupes alliées et les FFL débarquent en France et libèrent le territoire national. Les zones contrôlées par les maquis sont soumises à une répression brutale par les Allemands et la Milice, organisation collaborationniste (Vercors, Glières). La libération s'accompagne d'une épuration spontanée, avant d'être encadrée. Le 26 août, le général de Gaulle, acclamé par la foule, descend triomphalement les Champs-Elysées à Paris, libérée par la 2e DB du général Leclerc.

c. La reconstruction de la République • Le territoire libéré, le général de Gaulle, avec l’aide des partis (MRP, PC, SFIO) et

des syndicats, s'efforce de rétablir l'ordre et l'autorité de l'État au sommet (Gouvernement provisoire de la République française) et à la base (commissaires de la République et comités départementaux de libération). Il s’agit aussi de reconstruire le pays en vertu des projets élaborés par le CNR. Les libertés fondamentales sont rétablies, la République prend une dimension économique et sociale (nationalisations, Sécurité sociale).

• Enfin, la vie politique reprend son cours avec la convocation des électeurs pour différents scrutins, en particulier l'élection d'assemblées nationales constituantes qui rédigent la constitution de la IVe République finalement adoptée en octobre 1946. Il faut deux Assemblées constituantes, et trois référendums pour refonder cette nouvelle République. En désaccord avec la plupart des partis politiques sur les futures institutions, sur la politique financière et économique, sur la politique coloniale, de Gaulle démissionne le 20 janvier 1946 et se retire à Colombey-les-deux-Églises.

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3. 1958-1962, une nouvelle république

a. De la IVe à la Ve République • La IVe République mise en place en 1946 ne parvient pas, malgré une œuvre

économique et sociale appréciable, à régler le délicat problème de la décolonisation en Algérie. Son impuissance, son instabilité gouvernementale chronique, provoquent une remise en cause du régime. Des tensions politiques de plus en plus vives placent la France au bord d'une crise politique grave.

• En mai 1958, une insurrection éclate en Algérie mobilisant la population européenne avec la complicité d'une partie de l'armée. Les émeutiers s'emparent du Gouvernement général et forment un Comité de salut public dirigé par le général Massu qui demande le retour au pouvoir du général de Gaulle. Face à la crainte d'une guerre civile, de Gaulle se dit prêt « à assumer les pouvoirs de la République ». Le 1er juin, il est investi par l'Assemblée comme président du Conseil à la tête d'un nouveau gouvernement. Le 3 juin, l'Assemblée lui accorde les pleins pouvoirs afin d'empêcher la guerre civile et le droit d'élaborer une nouvelle constitution. La IVe République est morte ; les communistes et une partie des socialistes dénoncent ce qu'ils appellent « un coup d'Etat ».

b. De Gaulle au pouvoir et la constitution de 1958 • Ayant à différentes reprises émis des critiques sévères contre le régime, de Gaulle

propose en septembre 1958 une nouvelle Constitution. Au-delà de la répartition traditionnelle des pouvoirs, elle introduit des éléments nouveaux, en renforçant l'autorité du président de la République : élection par un Congrès élargi à quelques 80 000 grands électeurs ; usage rendu possible dans certaines situations exceptionnelles du référendum (art. 11) ou des pleins pouvoirs (art. 16). Cette Constitution, qui renforce le pouvoir exécutif, est très largement ratifiée par les Français et par la plupart des partis qui ont dominé la vie politique de la IVe République (MRP, SFIO, radicaux), à l'exception notable du PC et de quelques hommes politiques.

• Mise en application de septembre 1958 au printemps 1962, elle permet au régime de gérer au mieux les graves secousses provoquées par la décolonisation en Algérie grâce à l'utilisation des articles 11 et 16. Une majorité parlementaire confortable et stable, appuyée sur un parti s'identifiant au chef de l'État (UNR) et l'adhésion du peuple français donnent au président de la République une grande liberté d'action.

c. L'achèvement du nouvel édifice républicain

• En 1962, de Gaulle échappe à un attentat, perpétré par des partisans de l'Algérie française, qui crée une énorme émotion dans l'opinion publique et un climat politiquement favorable à ses projets. Il pense le moment venu d'achever son œuvre constitutionnelle. Pour renforcer davantage encore le pouvoir et la légitimité du Président, il propose son élection au suffrage universel. Cette proposition provoque la colère des partis ralliés à sa politique en 1958 mais qui, maintenant, refusent une évolution vers un régime trop présidentiel jugé contraire aux traditions républicaines. Une motion de censure est déposée qui réunit la quasi-totalité des partis, contraignant de Gaulle à dissoudre l'Assemblée.

• Les Français sont donc appelés à trancher par deux votes. Par un « oui » majoritaire au référendum, ils acceptent la réforme de la Constitution et par l'élection d'une nouvelle Chambre où le parti gaulliste, l'UNR, obtient un large succès, ils confortent de Gaulle, son gouvernement, et assurent la mise en place de la Ve République. Le président de la République est désormais le pivot sur lequel repose la vie politique française et son élection au suffrage universel personnalise considérablement la vie politique. C'est là une mutation majeure dans la tradition parlementaire républicaine française.

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Conclusion

- réponse à la problématique :

Ce n'est qu'à partir de 1879 que les Républicains disposent en France d'une majorité parlementaire stable. Ils mettent en œuvre une politique garantissant les droits fondamentaux d'expression et d'association. Ils rendent l'instruction primaire gratuite, obligatoire et laïque (lois Ferry de 1881 et 1882) et imposent une stricte séparation des Églises et de l'État (loi sur la laïcité de 1905). Pour fonder la légitimité de la IIIe République, l'adhésion des Français est primordiale Des symboles républicains sont adoptés : La Marseillaise, hymne national ; le 14 juillet, fête nationale ; une allégorie, Marianne. La culture de la presse et du débat, l'école, les fêtes civiques et patriotiques, les édifices publics, les symboles et les emblèmes sont autant de vecteurs des valeurs nouvelles. Cet enracinement des valeurs républicaines est fondamental pour faire face aux crises politiques. L'affaire Dreyfus, en donnant libre cours aux opposants du régime, fragilise un temps la République. La mobilisation des intellectuels et des républicains permet aux institutions de sortir de l'Affaire plus stables et plus démocratiques. Malgré de nombreuses difficultés (scandale de Panama, attentats anarchistes), la majorité des Français finit par adhérer à la forme républicaine de l'État, comme le montre l'Union sacrée en 1914.

À la faveur de la défaite française de 1940, le maréchal Pétain est porté au pouvoir. Depuis Vichy, il prétend redresser le pays en lui faisant subir une « Révolution nationale ». La République est abolie et remplacée par un « État français » autoritaire qui s'engage dans une politique de collaboration avec l'Allemagne. L'État français fait la synthèse des oppositions à la IIIe République. La mise en place d'une politique xénophobe antisémite et réactionnaire, ainsi que la concentration des pouvoirs par le maréchal Pétain vont à l'encontre des valeurs républicaines, humanistes et universelles héritées de la Révolution française. Des Français refusent la défaite et l'occupation allemande : réfugié à Londres, le général de Gaulle, dès le 18 juin 1940, appelle à poursuivre la lutte et dirige la « France libre » : c'est la résistance extérieure. Sur le territoire national, une résistance intérieure s'impose et se développe ; avec l'aide de Jean Moulin, de Gaulle parvient à unifier les réseaux de résistants (création du CNR en 1943). Après la chute de Pétain (1944), des débats sur les institutions opposent les différents partis issus de la Résistance. La France libre et l'ensemble de la Résistance incarnent la continuation des traditions républicaines. Celles-ci sont même réactivées par une volonté de donner à la démocratie un contenu économique et social plus important. De Gaulle préside le Gouvernement provisoire et refonde la République en s'appuyant sur des forces politiques issues de la Résistance. Mais il ne réussit pas à imposer sa conception des institutions et démissionne. Il quitte sa fonction de Président car il considère que le pouvoir exécutif est trop faible au regard des enjeux de la Libération. La IVe République, qui donne l'essentiel du pouvoir au Parlement, voit finalement le jour en 1946.

Discréditée par une instabilité gouvernementale chronique et son incapacité à gérer la décolonisation, et malgré un important travail de reconstruction, la IVe République est abolie en 1958, à la faveur de la guerre d'Algérie, par le général de Gaulle qui lui a toujours été hostile. Il fait adopter par référendum la Constitution de la Ve République qui accroît sensiblement les pouvoirs du président. La Constitution de la Ve République, régime mixte, adoptée par l'ensemble des Français permet au chef de l'État d'être l'arbitre et le chef politique réel du pays. Le Premier ministre met en œuvre les grandes orientations que le Président fait valider périodiquement par l'ensemble des Français grâce aux référendums. Premier à occuper le poste présidentiel, de Gaulle en renforce encore l'importance en 1962 en faisant adopter par référendum le principe de l'élection du président au suffrage universel direct.

- ouverture du sujet :

Comment la République s’est-elle adaptée aux différentes crises sociales, économiques et culturelles ?

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Fiche bilan - Leçon n°18. La République, trois républiques Notions : REPUBLIQUE : Forme de régime politique dans lequel le chef de l'État n'est pas un souverain héréditaire. CULTURE POLITIQUE : ensemble de références, de représentations, de pratiques, formalisées au sein d’un parti, d’une famille politique et qui leur confèrent une identité propre. REGIME PARLEMENTAIRE : Régime politique dans lequel le gouvernement est responsable devant l'assemblée (ou le parlement). Cette dernière peut donc le renverser en cas de désaccord politique. REGIME PRESIDENTIEL : Régime politique dans lequel les ministres ne sont pas responsables devant l'assemblée (ou le parlement), mais individuellement devant le président qui les a nommés. Vocabulaire et sigles : Institutions : Organisation des pouvoirs dans un État. Constitution : Texte fondamental qui définit les institutions d'un pays. Démocratie : Régime politique qui respecte la séparation des pouvoirs, la souveraineté nationale et les libertés individuelles et collectives. Patriotisme : Attachement à la patrie qui désigne autant la communauté politique à laquelle appartient un individu que le sol où vit cette communauté. À la fin du XIXe siècle, le patriotisme est une valeur défendue par les républicains. Nationalisme : Doctrine qui place l'appartenance et l'attachement à la nation au-dessus de tout. À la fin du XIXe siècle, le nationalisme est défendu par les partisans d'un régime autoritaire. Leur conception de la nation s'accompagne parfois de xénophobie et d'antisémitisme. Anarchisme : mouvement politique qui rejette l'État et l'ordre établi et recourt parfois à la violence. Antiparlementarisme : refus des principes du parlementarisme et de sa pratique. Il se rencontre à l'extrême gauche (anarchisme) et à l'extrême droite. Antisémitisme : hostilité aux juifs. L'affaire Dreyfus est caractérisée par un antisémitisme sans précédent en France. Opportunisme : courant républicain favorable à des réformes qui tiennent compte des réalités et des opportunités. Positivisme : école philosophique fondée par Auguste Comte selon laquelle la science et l'expérience apportent une réponse à toute question. SFIO : Section française de l'Internationale ouvrière, nom du parti socialiste de 1905 à 1971. Commissaires de la République : ils sont envoyés en province par le GPRF pour y rétablir l'État de droit et l'ordre républicain. Réseau de résistance : Organisation clandestine formée par des organismes britanniques, américains ou français libres, faisant du renseignement, de l'aide aux prisonniers de guerre et du sabotage. Mouvement de résistance : Organisation créée et animée par des résistants en France, sensibilisant la population et menant des opérations contre l'occupant, les collaborateurs et le régime de Vichy. C’est une structure plus large que le

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réseau, qui implique dans la lutte un plus grand nombre de personnes et s'exprime aussi par la presse, les tracts et les manifestations. FFL (Forces françaises libres) : Créées par de Gaulle en 1940, elles regroupent les soldats français qui ont rejoint l'Angleterre. Les FFL comprennent également une marine et une aviation. Renforcées par les troupes des territoires coloniaux qui se sont ralliés à la France libre, les FFL comptent plus de 50 000 combattants. FFI (Forces françaises de l'intérieur) : Créées en février 1944, les FFI rassemblent toutes les forces armées des mouvements de Résistance intérieure. Comptant près de 100 000 hommes, les FFI, dirigées par Koening, participent à la libération de grandes parties du territoire en 1944. Élection : Procédure de désignation par un vote, de représentants, de membres d'une assemblée ou d'un chef de l'État. Référendum : Question posée au peuple qui répond, au suffrage universel, par oui ou par non. STO (service du travail obligatoire) : créé par Vichy en mars 1943, le STO envoie des jeunes Français en Allemagne pour y travailler. Collaboration : politique d'entente et de rapprochement avec l'Allemagne nazie. Milice : formation paramilitaire créée en France en janvier 1943. Motion de censure : texte rédigé, discuté et adopté par l'Assemblée nationale qui provoque la chute du gouvernement. Référendum : consultation directe des citoyens, à travers un vote. UNR (« Union pour la nouvelle République ») : fondé en octobre 1958, ce parti se réclame du général de Gaulle. Parti du président, l'UNR est le noyau autour duquel s'organise la majorité présidentielle. Scrutin uninominal : le scrutin uninominal majoritaire à deux tours permet d'élire une personne par circonscription, à la majorité absolue au premier tour, à la majorité relative au second tour. Le vote est dit uninominal, car chaque circonscription n'élit qu'un député. Lecture « présidentielle » des institutions : Lecture faisant du président de la République le chef de l'exécutif qui inspire, voire dirige la politique du gouvernement. Le Premier ministre est choisi pour mettre en oeuvre la politique du Président. Lecture « parlementaire » des institutions : Lecture faisant du Premier ministre l'inspirateur et le principal acteur de la politique gouvernementale, soutenue par la majorité de l'Assemblée nationale.

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Repères chronologiques : 4 septembre 1870 : Proclamation de la IIIe République. Février-juillet 1875 : lois constitutionnelles 1879 : Victoire définitive des républicains. 1881-1884 : Lois républicaines sur la presse, l'école et les communes Mars 1884 : lois sur les syndicats 1894-1899 : Affaire Dreyfus Juillet 1901 : loi sur les associations 1905 : Loi de séparation des Églises et de l'État. mai-juin 1940 : défaite militaire 18 juin 1940 : Appel à la résistance du général de Gaulle. 10 juillet 1940 : Pétain obtient les pleins pouvoirs du Parlement. Octobre 1940 : Début de la collaboration 27 mai 1943 : création du CNR Juin 1944-mai 1945 : Libération de la France 2-3 juin 1944 : création du GPRF 1945 : Création de la Sécurité sociale 13 octobre 1946 : adoption de la constitution de la IVe République 13 mai 1958 : Émeutes à Alger ; crise de régime. 1er juin 1958 : De Gaulle désigné par l'assemblée à la tête du gouvernement de la IVe République 28 septembre 1958 : les Français, par référendum, ratifient la nouvelle Constitution 28 octobre 1962 : les Français, par référendum, ratifient l'élection du président de la République au suffrage universel

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Personnages : JULES FERRY (1832-1893) Né à Saint-Dié (Vosges), journaliste, Jules Ferry entre en politique sous le Second Empire, en 1869, par son élection comme député républicain de Paris. Après la chute du Second Empire, il participe à quasiment tous les gouvernements, de 1879 à 1885, comme ministre de l'Instruction publique (1879-1881,1882 et 1883), ministre des Affaires étrangères (1883-1885) puis enfin comme président du Conseil (1880-1881, et 1883-1885). Il se distingue par une œuvre législative importante, notamment les lois sur l'enseignement - qui portent son nom - et les lois sur les grandes libertés (1881 : liberté de réunion et de la presse, 1884 : liberté syndicale). Il connaît un certain discrédit à la fin de sa vie mais réussit à se faire élire sénateur et devient même président du Sénat. GEORGES CLEMENCEAU (1841-1929) Médecin d'origine vendéenne, Georges Clemenceau devient, au début de la IIIe République, le principal chef des radicaux, alors dans l'opposition. Surnommé, en raison de ses qualités oratoires et de son intransigeance féroce, « leTigre » et le « tombeur de ministères », il est touché par le scandale de Panama et momentanément écarté de la vie parlementaire. Il joue un rôle important durant l'affaire Dreyfus : c'est lui, notamment, qui choisit le titre de l'article de Zola : «J'accuse », paru dans son journal L'Aurore. En 1906, II devient président du Conseil. Ses adversaires l'appellent « le premier flic de France » - titre qu'il revendique - ; il est très attaqué par les socialistes. Pendant la Grande Guerre, son énergie et son patriotisme intransigeant font de lui, à l'automne 1917, l'homme de la situation : le Tigre redevient président du Conseil, avec pour programme «je fais la guerre », et mène le pays à la victoire. Très populaire, surnommé le « Père la Victoire », il échoue pourtant, après la guerre, dans sa candidature à la présidence de la République. EMILE COMBES (1835-1921) Radical violemment anticlérical, surnommé le « petit père Combes », président du Conseil de 1902 à 1905, son gouvernement marque l'apogée de l'anticléricalisme en France : il interdit tout enseignement aux membres des congrégations, même lorsqu'elles sont autorisées. Il rompt les relations diplomatiques avec le Saint-Siège. Sous son gouvernement, l'Assemblée vote en décembre 1905 la loi de séparation des Églises et de l'État. ALFRED DREYFUS (1859-1935) Capitaine dans l'armée française, d'origine juive, il est victime d'un complot à l'issue duquel il est condamné pour espionnage, dégradé et envoyé au bagne à l'île du Diable (1894). À partir de 1898 et de la parution de la lettre ouverte d'Emile Zola au Président de la République à la Une du journal de Clemenceau, Dreyfus est au centre d'une affaire politico-judiciaire qui divise l'opinion publique et où l'antisémitisme prend une large part. Rejugé en 1899, il est gracié. Son innocence n'est reconnue qu'en 1906. JEAN JAURES (1859-1914) Agrégé de philosophie, Jaurès est élu député modéré du Tarn en 1885. Il se rapproche des socialistes, à l'époque très divisés. En 1893, il est élu comme

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député socialiste. Il se fait le défenseur de la question sociale à l'assemblée. Son engagement dreyfusard témoigne de son engagement pour les droits de l'homme. En 1905, il est le principal artisan de l'unification des socialistes au sein de la SFIO. Pacifiste convaincu, il milite pour une conciliation entre la France et l'Allemagne. Le 31 juillet 1914, il est assassiné alors qu'il tente d'éviter le mécanisme d'un engrenage menant à la guerre. PHILIPPE PETAIN (1856-1951) Né à Cauchy-à-la-Tour (Pas-de-Calais), colonel en 1914, Pétain organise la défense de Verdun en 1916, puis est nommé commandant en chef des armées françaises en mai 1917. Promu maréchal de France en 1918, il combat Abd el-Krim pendant la guerre du Rif au Maroc (1925). Ministre de la Guerre (1934), il exerce une grande influence sur la stratégie militaire française dans l'entre-deux-guerres, se montrant favorable à une guerre de position défensive. Appelé par Paul Reynaud à la vice-présidence du Conseil, il lui succède le 16 juin 1940 et demande l'armistice. Ayant obtenu les pleins pouvoirs du Parlement réuni à Vichy le 10 juillet 1940, il fonde l'État français et s'engage dans une politique de collaboration avec les Allemands. A la Libération, il est jugé et condamné à mort ; sa peine est commuée en détention à perpétuité par le général de Gaulle. Il meurt en 1951. CHARLES DE GAULLE (1890-1970) Né à Lille, officier de carrière, de Gaulle défend des théories stratégiques nouvelles sur l'utilisation de l'arme blindée. Mais ses idées ne sont pas appliquées en France. En juin 1940, refusant la défaite, il part pour Londres d'où il lance, le 18 juin, son célèbre appel. De 1940 à 1944, il réussit à s'imposer comme chef de la France libre. Chef du Gouvernement provisoire de la République française en 1944, il réorganise la France avec l'aide des forces politiques issues de la Résistance. En désaccord avec la plupart des partis politiques qui fondent la IVe République, il démissionne le 20 janvier 1946. En juin 1946 à Bayeux, il présente ses conceptions institutionnelles. Il crée le premier mouvement gaulliste en avril 1947, le Rassemblement du peuple français (RPF) qu'il dissout en 1953. Retiré à Colombey-les-deux-Églises, il se tient à l'écart de la vie politique : c'est la « traversée du désert ». De Gaulle revient au pouvoir à l'occasion de la crise de mai 1958 et devient président du Conseil le 1er juin. Il fait rédiger une nouvelle Constitution. Appuyé par la droite et une partie de la gauche, combattu par l'extrême droite, les communistes et les politiciens de gauche attachés à la IVe République, il fonde la Ve République en 1958. Il met fin à la guerre d'Algérie et suscite une opposition farouche de la part de l'extrême droite (l'OAS organise 17 attentats contre sa personne). De Gaulle fait introduire dans la Constitution l'élection du président de la République au suffrage universel en 1962. JEAN MOULIN (1899-1943) Préfet d'Eure-et-Loir en 1940, proche du Parti radical, Jean Moulin rejoint la France libre à Londres. Fondateur du Conseil national de la Résistance (CNR) en mai 1943, artisan de l'unification des mouvements de Résistance en France, il est arrêté par la Gestapo le 21 juin 1943 à Caluire. Torturé par Klaus Barbie, il meurt sans avoir parlé, le 8 juillet 1943, lors de son transfert en Allemagne. Ses cendres reposent au Panthéon depuis décembre 1964.

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