le vécu de la douleur chez l’enfant cancéreux m
TRANSCRIPT
Aspects psychologiques de
la douleur chez l’enfant cancéreux
Dr Amine BENJELLOUN,Pédopsychiatre.
« La plus atroce offense que l’on puisse faire à
un homme, c’est de nier qu’il souffre »
(Cesare PAVESE, Le métier de vivre)
LA DOULEUR:• Définition: « La douleur est une
expérience sensorielle et émotionnelle désagréable liée à une lésion tissulaire réelle ou potentielle ou décrite comme telle. » Association internationale d’étude sur la douleur.
• « Bien abritée dans le corps qu’elle possède, la douleur a toujours visé à éloigner d’elle.Elle brouille l’entendement, divise les savants , obtient l’isolement ».Dr Annie Gauvain Piquard.
« Ca fait très mal , les brûlures, ça fait plus mal encore que de
perdre sa maman… »
(N…, 8 ans, rescapée d’un accident de voiture dans lequel sa maman a péri)
Les situations douloureuses:
• Polymorphes…Fréquentes...Inéluctables...
• Répétées…Durables…• Révélatrices… accompagnatrices…
lors des rechutes…• Épidémiologie, rappel:
– 1/ 500 enfant de moins de quinze ans présentera un cancer.
– 1/750 adolescent aura eu un cancer dans ses antécédents.
Les acteurs du déni…
• « Une violence institutionnelle »– 1:Croyance en l’incapacité de l’enfant
à ressentir la douleur.– 2:Comment le soignant peut il être sur
de la douleur de l’enfant?satisfecit de principe qui dure jusqu’à un nouveau dogme…
Solution pour le soignant: enfouir le malaise, le doute et le relent de culpabilité inéluctable qui va avec…
Les acteurs du déni:
• Magendie, 1847 :’’Qu’un malade souffre, plus ou moins, est ce la une chose qui offre de l’intérêt pour l’Académie des Sciences? ’’
• Les médecins: moins de 2 heures de formation concernant la douleur et son traitement.– Concernant l’enfant: « je ne sais pas »,
« quels sont les signes d’un enfant qui souffre? »:
– EN FAIT ,VERITABLE DENI DE PERCEPTION.
Les acteurs du déni:
• Déni de la douleur jusqu’en 1980:
• Lancet,1987, Anand:•40 protocoles d’anesthésie pour
ligature du CA, 31 sans analgésie.•Aujourd’hui (USA): ¼ des médecins
ont une attitude adaptée vis à vis de la douleur.
Les acteurs du déni:Georges Duhamel:
« L’apprenti médecin, non sans raison,se défend contre tout ce qui pourrait le fléchir, l’attendrir, lui faire perdre la dignité stoïque, hermétique, hautaine de l’homme dont le devoir est d’expliquer, de résoudre et de prévoir;il s’applique à sculpter son masque, et même dans le secret, il est économe de ses émotions.C’est bon qu’il soit ainsi. »
Les acteurs du déni
MAIS…« Mais j’étais à ce point de la vie
que je n’avais plus aucune raison de me refuser aux mystères de la sympathie, aux miracles de la sympathie. »
Systèmes de la douleur:
• Systèmes nociceptifs:– Matures des le 5ème mois de la
gestation.
• Systèmes inhibiteurs de la douleur:– Matures après le premier trimestre de
vie.
Entre les deux, les douleurs neuropathiques (zona…)
La douleur dans la vie psychique:
• Sigmund FREUD: « Le passage de la douleur corporelle à la douleur psychique correspond à la transformation de l’investissement narcissique en investissement d’objet ».– Conséquence dramatiques de cette phrase:
• la douleur ASSIMILEE à la dépression.
• Or la douleur n’est pas la souffrance psychique et n’est pas la dépression.
• La douleur entre dans la vie psychique comme un corps étranger.
• La nociception n’est pas prise par un système de représentation.Dès lors, comment agit elle sur la vie psychique?
La douleur dans la vie psychique:
La nociception se vit en négatif: « une sensorialité à part »:– SANS les mots pour la décrire, – SANS représentation, – SANS aucun centre central spécifique
de la douleur, – SANS centre d’intégration;– avec des voies spécifiques,– avec un système de contrôle, – avec de nombreuses connections.
Un monde sans douleur…
(modèle emprunté à Mme A.Gauvin-Piquard)
SUJET
Relation narcissiqueRelatio
n objectale extérieur
Une douleur légère…(1)
-Recentrage sur soi mais persistance de la vie de relation.-Utile dans la petite enfance pour asseoir le schéma corporel.-Enfant HYPER anxieux et vigilant;l’extérieur encore investi.
Une douleur moyenne à forte…(2)
-Lâchage de l’investissement extérieur et de la vigilance.Plus d’anxiété.-Intérêt des médicaments type morphine.-Présence des parents+++: soit (1) soit (3)
Une douleur envahissante…(3)
-Le psychisme non contenant.-Plus de position antalgique.-Perception de soi très altérée.-Désinvestissement de la zone douloureuse et du monde extérieur.
La torture…
-
-Envahissement croissant,jusqu’à la perte de connaissance.-Destruction de systèmes.-Séquelles.
« La douleur passe.Mais avoir
souffert, ne passe jamais. »
F.J.J Buytendijk.
De la douleur