larva migrans cutanée; cutaneous larva migrans;

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IMAGES EN MÉDECINE DURGENCE / IMAGES IN EMERGENCY MEDICINE Larva migrans cutanée Cutaneous larva migrans M. Chinellato · E. Chinellato Reçu le 22 août 2014 ; accepté le 11 octobre 2014 © SFMU et Lavoisier SAS 2014 Un homme de vingt ans consulte au retour de plusieurs mois passés en Guyane devant lapparition quelques jours plus tôt de « lignes » rouges, prurigineuses, à la face interne du bras gauche (Fig. 1). L interrogatoire retrouve la notion de plage et de progression quotidienne des lignes. Il est apyrétique et lexamen clinique est strictement normal, notamment sans présence dadénopathies axillaires. L inspection met en évi- dence des cordons serpigineux, érythémateux avec quelques petites croûtes typiques des lésions de larva migrans cutanée de localisation inhabituelle. Cest la plus fréquente des der- matoses linéaires migratrices au retour dun pays tropical. Impasse parasitaire signant la pénétration transcutanée chez lhomme de larves dankylostome animal, il sagit fréquem- ment dAncylostoma caninum et dAncylostoma brasiliensis, parasites naturels du chien et du chat. Leur cycle naturel est comparable à celui des ankylostomes humains, aboutissant à la présence de larves infectantes dans des sols humides et chauds souillés par des déjections animales. La larve pénètre par voie transcutanée, chemine sous la peau sans trouver dissue à son développement et meurt. La lésion, située sur la peau en contact avec le sol, se caractérise par lapparition dune petite papule doù part un cordon serpigineux, rouge et prurigineux qui peut progresser de plusieurs centimètres par jour. Aucun examen complémentaire nest utile, le diag- nostic reposant uniquement sur la clinique et lanamnèse (notion de séjour en zone dendémie). Le traitement fait appel en première intention à livermectine en prise unique à 200 μ/kg avec comme alternative lalbendazole pendant cinq à sept jours [1]. Liens dintérêts : M. Chinellato et E. Chinellato déclarent ne pas avoir de lien dintérêt. Références 1. Caumes E, Danis M (2004) From creeping eruption to hookworm- related cutaneous larva migrans. Lancet Infect Dis 4:65960 Fig. 1 Lésions cutanées typiques de larva migrans cutanée M. Chinellato (*) Service urgences/UHCD, centre hospitalier de Calvi, lieu-dit Guazzole, F-20260 Calvi e-mail : [email protected] E. Chinellato Service pharmacie, centre hospitalier de Calvi, lieu-dit Guazzole, F-20260 Calvi Ann. Fr. Med. Urgence (2014) 4:402 DOI 10.1007/s13341-014-0484-5

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Page 1: Larva migrans cutanée; Cutaneous larva migrans;

IMAGES EN MÉDECINE D’URGENCE / IMAGES IN EMERGENCY MEDICINE

Larva migrans cutanée

Cutaneous larva migrans

M. Chinellato · E. Chinellato

Reçu le 22 août 2014 ; accepté le 11 octobre 2014© SFMU et Lavoisier SAS 2014

Un homme de vingt ans consulte au retour de plusieurs moispassés en Guyane devant l’apparition quelques jours plus tôtde « lignes » rouges, prurigineuses, à la face interne du brasgauche (Fig. 1). L’interrogatoire retrouve la notion de plageet de progression quotidienne des lignes. Il est apyrétique etl’examen clinique est strictement normal, notamment sansprésence d’adénopathies axillaires. L’inspection met en évi-dence des cordons serpigineux, érythémateux avec quelquespetites croûtes typiques des lésions de larva migrans cutanéede localisation inhabituelle. C’est la plus fréquente des der-

matoses linéaires migratrices au retour d’un pays tropical.Impasse parasitaire signant la pénétration transcutanée chezl’homme de larves d’ankylostome animal, il s’agit fréquem-ment d’Ancylostoma caninum et d’Ancylostoma brasiliensis,parasites naturels du chien et du chat. Leur cycle naturel estcomparable à celui des ankylostomes humains, aboutissant àla présence de larves infectantes dans des sols humides etchauds souillés par des déjections animales. La larve pénètrepar voie transcutanée, chemine sous la peau sans trouverd’issue à son développement et meurt. La lésion, située surla peau en contact avec le sol, se caractérise par l’apparitiond’une petite papule d’où part un cordon serpigineux, rouge etprurigineux qui peut progresser de plusieurs centimètrespar jour. Aucun examen complémentaire n’est utile, le diag-nostic reposant uniquement sur la clinique et l’anamnèse(notion de séjour en zone d’endémie). Le traitement faitappel en première intention à l’ivermectine en prise uniqueà 200 μ/kg avec comme alternative l’albendazole pendantcinq à sept jours [1].

Liens d’intérêts : M. Chinellato et E. Chinellato déclarentne pas avoir de lien d’intérêt.

Références

1. Caumes E, Danis M (2004) From creeping eruption to hookworm-related cutaneous larva migrans. Lancet Infect Dis 4:659–60

Fig. 1 Lésions cutanées typiques de larva migrans cutanée

M. Chinellato (*)Service urgences/UHCD, centre hospitalier de Calvi,lieu-dit Guazzole, F-20260 Calvie-mail : [email protected]

E. ChinellatoService pharmacie, centre hospitalier de Calvi, lieu-dit Guazzole,F-20260 Calvi

Ann. Fr. Med. Urgence (2014) 4:402DOI 10.1007/s13341-014-0484-5