l'armée d'argile du premier empereur chinois

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de l'unesco Une fenêtre ouverte sur le monde J 'fcm ut depuis L'ARMÉE D'ARGILE DU PREMIER EMPEREUR CHINOIS

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Page 1: l'armée d'argile du premier empereur chinois

de l'unesco Une fenêtre

ouverte sur le monde

J'fcm

ut depuis

L'ARMÉE D'ARGILEDU PREMIER EMPEREUR CHINOIS

Page 2: l'armée d'argile du premier empereur chinois

TRESORS

DE L'ART

MONDIAL

La naissance

du Bouddha

Cette statuette en bronze doré

du 18e siècle (hauteur: 56 cm)montre la naissance de

Siddharta Gautama, le fondateur

du bouddhisme. Le futur

Bouddha (terme qui signifiesage, illuminé) est né, selon latradition, en 563 avant J.-C.

dans le jardin Lumbini, sur leterritoire de l'actuel Népal. Danscette composition qui serattache à la plus ancienne

iconographie bouddhique,l'enfant sort du flanc droit de sa

mère, la reine Maya, qui tient dela main droite levée la branche

d'un arbre fleuri. Le travail

d'incrustation de pierrespolychromes est caractéristiquedes orfèvres et bronziers

népalais.

Photo - Réunion des musées nationaux.Musée Guimet, Paris

Page 3: l'armée d'argile du premier empereur chinois

LeCourrier^e i unesc°

DÉCEMBRE 1979 32« ANNÉE

PUBLIÉ EN 20 LANGUES

Français Italien Turc

Anglais Hindi Ourdou

Espagnol Tamoul Catalan

Russe Persan Malais

Allemand Hébreu Coréen

Arabe Néerlandais Kiswahili

Japonais Portugais

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Ventes et distributions :

Unesco, place de Fontenoy, 75700 Paris

Belgique : Jean de Lannoy,202, avenue du Roi, Bruxelles 6

ABONNEMENT 1 an : 35 francs français ; deuxans : 58 francs français. Payement par chèquebancaire, mandat postal, CCP Paris 12598-48,à l'ordre de : Librairie de l'Unesco, Place de

Fontenoy - 75700 Paris.

Reliure pour une année : 29 francs.

Les articles et photos non copyright peuvent être reproduits àcondition d'être accompagnes du nom de l'auteur et de lamention « Reproduits du Courrier de l'Unesco », en préci¬sant la date du numéro. Trois justificatifs devront être envoyésà la direction du Courrier. Les photos non copyright serontfournies aux publications qui en feront la demande. Lesmanuscrits non sollicités par la Rédaction ne sont renvoyésque s'ils sont accompagnés d'un coupon-réponse internatio¬nal. Les articles paraissant dans le Courrier de l'Unescoexpriment l'opinion de leurs auteurs et non pas nécessaire¬ment celle de l'Unesco ou de la Rédaction. Les titres des arti¬

cles et les légendes des photos sont de la rédaction.

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(Dar-es-Salaam)

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Documentation : Christiane Boucher

Illustration : Ariane BaileyMaquettes : Philippe Gentil

Toute la correspondance concernant la Rédaction doitêtre adressée au Rédacteur en Chef.

pages

5 L'ARMÉE D'ARGILE DU PREMIER EMPEREUR CHINOIS

par Gu Wenjie

9 LE QUOTIDIEN ET LE SACRÉDANS LES HAUTES VALLÉES DU NÉPAL

par Corneille Jest

PAGES COULEUR

11 Népal

21 AfghanistanThaïlande

25 PEINTURE THAÏE, PEINTURE BOUDDHIQUEpar Adul Wichiencharoen

29 AFGHANISTAN : LA COLLINE D'OR

Les tombeaux d'une dynastie mystérieusepar Victor Sarianidi

PAGES COULEUR

33 Birmanie

35 LE LIVRE D'IMAGES DES TEMPLES DE PAGAN

par Klaus Wenk

43 INDEX DU COURRIER DE L'UNESCO 1979

2 TRÉSORS DE L'ART MONDIALNÉPAL : La naissance du Bouddha

Couverture

Depuis 1974 des archéologues chinoisexhument de la galerie souterraine où elleétait enfouie une armée fabuleuse de

soldats d'argile grandeur nature découverteen Chine, dans le Chensi. Selon Gu Wenjie,chacun des 6000 guerriers de cettepuissante armée serait l'image fidèle,exécutée avec art, d'un membre de la gardede l'empereur (photo de couverture). Lesautres articles de ce numéro consacré à

l'Asie traitent d'une importante découvertearchéologique faite en Afghanistan, del'influence qu'exerce le bouddhisme sur lavie et l'art du Népal, et de sonrayonnement dans la peinture de laThaïlande et de la Birmanie.

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Page 5: l'armée d'argile du premier empereur chinois

L'armée d'argiledu premierempereur chinois

par Gu Wenjie

EN mars 1974, les villageois d'unecommune populaire de Chine situéeprès de la ville de Sian, dans le Chensi,

permirent l'une des plus extraordinairesdécouvertes archéologiques du siècle. Lorsdu forage d'un puits, ils découvrirent, nonpas de l'eau, mais un tunnel qui renfermaitune armée entière de guerriers, de chevauxet de chars grandeur nature en terre cuite.

Cette phalange d'argile, composée de plu¬sieurs milliers de personnages, était enseve¬lie à un peu plus d'un kilomètre à l'est dutombeau de l'Empereur Qin Shihuangdi, lesouverain qui unifia les royaumes combat¬tants de la Chine voici plus de 2000 ans.Lorsque toutes les pièces, une fois exhu¬mées et restaurées, seront exposées en per¬manence dans un musée, peut-êtreimpressionneront-elles le monde entier aussiprofondément que cette autre réalisationmonumentale du puissant empereur, laGrande Muraille de Chine.

Les villageois firent part de leur décou¬verte aux autorités qui envoyèrent uneéquipe d'archéologues pour entreprendreune fouille systématique du terrain. Ilsdécouvrirent une fosse souterraine, longuede 210 m et large de 60 m, pleine de person¬nages en terre cuite. Une première fouilleeffectuée sur une surface de 1 000 m2 mit au

jour 520 guerriers d'argile (mesurant chacunentre 1,78 m et 1,87 m) et 24 chevaux gran- wdeur nature. Les experts ont estimé depuis*

Depuis deux mille ans une armée d'argilecomposée de plusieurs milliers de soldats,de chevaux et de chars, tous grandeurnature, montait la garde, sous terre, auprèsdu tombeau de Qin Shihuangdi immenseescorte digne de l'homme qui fit construirela Grande Muraille et fut le premierempereur de Chine (221-210 avant J.-C).Les archéologues chinois travaillent âmettre au jour ces cohortes enterrées àl'est du tombeau de l'empereur, près de laville de Sian, dans le Chensi, et rangées enordre de bataille dans une immense galeriesouterraine en terre et en bois. Comme on

peut le voir sur les photos de ces deuxpages (une exclusivité du Courrier de/'Unesco), un grand nombre de ces statuesse brisèrent quand la voûte en bois qui lesrecouvrait fut détruite par un incendieallumé par des troupes rebelles trois ansaprès la mort de l'empereur. Lesarchéologues chinois les reconstituentpatiemment morceau par morceau.Aujourd'hui le site est protégé par un grandhangar métallique qui abritera un muséepermanent.

GU WENJIE, de la République populaire deChine, est expert en archéologie et travaille enqualité de reporter à l'agence Chine Nouvelle.

Page 6: l'armée d'argile du premier empereur chinois

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La carte montre l'emplacement de la galeriesouterraine où fut découverte l'armée

d'argile (2) située à 1 225 mètres à l'est dutombeau de l'empereur Qin Shihuangdi (1).Cette tombe, longée au nord par unegrande route, nous est parvenue intacte etn'a pas encore été fouillée. La constructionde la dernière demeure de l'empereur,véritable palais souterrain, a duré 36 ans etmobilisé 700000 ouvriers. Selon les experts,

il faudra deux générations pour exhumer

les innombrables richesses artistiques ethistoriques enfouies dans la nécropoleimpériale.

Ci-dessous, plan de la galerie souterrainedessiné en 1975 où l'on voit (1) l'ensemble

du champ de fouilles avec, à droite, lapremière tranchée d'exploration et (2) lesrampes d'accès. A droite, plan détaillé desfouilles de la galerie où est indiqué, in situ,l'emplacement des statues des soldats etdes chevaux.

qu'il pourrait bien y avoir 6000 personnages'sur le site.

Ces guerriers, en excellent état de conser¬vation, sont bien proportionnés et leurmodelé témoigne d'une très grande maîtrise.Certains portent, gravé, le nom de l'artisanqui les a créés. Les armures, les ceinturons,les guêtres et les bottes sont figurés avec lesouci du détail. Mais le fait le plus remarqua¬ble, c'est que chaque personnage est unportrait unique. Tel soldat, un vétéran peut-être, a les sourcils froncés et les lèvres forte¬ment contractées; tel autre, aux sourcils

arqués et aux yeux étincelants, ressemble àune toute jeune recrue encore inexpérimen¬tée; tel autre, encore, a une moustachebouclée et l'air joyeux d'un optimiste que ne

trouble pas l'idée de la mort sur le champ debataille. Bref, il n'y en a pas deux sembla¬bles.

Grâce aux restes de couleur retrouvés sur

ces figurants et dans la terre on sait qu'àl'origine, ils étaient peints à l'aide de touteune gamme de couleurs minérales: rouge,rose, violet, bleu, vert, jaune, orange, noir,brun, gris et blanc.

L'étude du site montre que l'armée étaitabritée dans une construction souterraine

dont le plafond, soutenu par des poutres enbois, s'effondra lors d'un grand incendie.Les archéologues commencèrent les fouillesà l'extrémité est de cette construction de

forme rectangulaire. Ils dégagèrent cinqvoies d'accès qui s'enfonçaient vers la salle

où ils découvrirent une armée de guerriers,rangés trois par trois en ordre de bataille,face à l'est. Les trois personnages du pre¬mier rang représentent probablement lescommandants.

Ces combattants, porteurs d'arbalètes,d'arcs et de carquois, forment l'avant-garde.Derrière eux se déploie le corps principal del'armée, composé de colonnes serrées de

fantassins et de chars tirés chacun par qua¬tre chevaux. La plupart de ces soldats sontarmés de lances et de hallebardes, maisquelques-uns portent des armes à manchecourt. Certains sont en armure, d'autresportent seulement des vêtements. Les che¬

vaux, grandeur nature comme les guerriers,ont les oreilles pointées vers l'avant et la cri-

Page 7: l'armée d'argile du premier empereur chinois

Le réalisme saisissant de l'armée en terre

cuite de l'empereur Qin Shihuangdi vientde ce que chaque personnage estvraisemblablement le portrait d'un membrede la garde (voir la galerie de portraits àgauche). Le guerrier agenouillé est unarcher qui tenait à l'origine un arc véritable.Les trois premiers personnages, en partantdu haut, montrent trois exemples différentsde la coiffure à chignon caractéristiquequ'arborent la plupart des soldats. Lequatrième personnage, en bas, porte uncouvre-chef aplati retenu au menton parune jugulaire (voir aussi les dessinsdétaillés ci-dessus).

, nière bouclée. Ils regardent fixement devanteux, prêts à bondir au moindre signe deleurs maîtres. Leur queue est nouée commepour leur permettre de galoper plus libre¬ment.

Les flancs nord et sud de la troupe princi¬pale sont gardés chacun par une colonne deguerriers placés deux par deux face à l'exté¬rieur. Ces "gardes des flancs" portent lesmêmes armes que l'avant-garde.

Les fouilles d'essai entreprises sur le bordouest de la fosse ont mis au jour les soldatsde l'arrière-garde, placés face à l'ouest. Ledéploiement symétrique et bien organisé decet ensemble de guerriers, de chevaux et dechars, équipés d'armes très diverses, prêtspour la bataille, dit assez la puissance redou¬table de l'armée impériale.

Après avoir comparé ces soldats et ceschevaux avec des figures en terre cuite de ladynastie des Ts'in, exhumées antérieure- 'ment, les archéologues ont conclu que cespersonnages étaient des accessoires funérai¬res enterrés avec l'Empereur Qin Shihuangdi(259-210 av. J.-C), dont le tombeau n'ajamais été fouillé. L'histoire rapporte que laconstruction du tombeau commença bienavant la mort de l'Empereur et il semblepresque certain que la fabrication de ces per¬sonnages de céramique faisait partie despréparatifs.

Qin Shihuangdi est l'une des figures lesplus importantes de l'histoire de la Chineancienne. Pendant son règne, l'écriture chi¬noise fut normalisée, ainsi que les mesures, kles poids, la monnaie et le calendrier. Il fit r

A droite, des spécialistes chinoisapportent une dernière retouche aux

statues exhumées après un séjour de 2000ans sous la terre.

Page 8: l'armée d'argile du premier empereur chinois

Des centaines de chevaux, modelés dans laterre cuite avec autant de réalisme et de

puissance que les soldats, ont été mis aujour près du tombeau de Qin Shihuangdi.C'est à sa cavalerie légère et â ses chars decombat (tirés par quatre chevaux), que lefondateur de l'empire chinois dut sesnombreuses victoires. Chaque char, outrele conducteur, était occupé par deuxsoldats armés de lances, d'épées et d'arcs.

construire des canaux d'irrigation, établir unréseau de routes postales qui reliait l'ensem¬ble de l'Empire. Il réunit les différentesmurailles construites auparavant par plu¬sieurs Etats, créant ainsi la Grande Muraille,solide rempart contre les menaces d'inva¬sion des tribus nomades du Nord.

Il contraignit des millions d'hommes à tra¬vailler sur ces immenses chantiers de cons¬

truction et força des personnages riches etinfluents à quitter la province pour la capi¬tale. Des centaines d'intellectuels furent

massacrés pour avoir osé critiquer la politi¬que de l'Empereur, et les livres traitantd'autres sujets que l'agriculture, la méde¬cine, la pharmacie et l'astronomie furentbrûlés, car le souverain les jugeait subver¬sifs.

Seule une petite partie de la construction

située près du tumulus abritant le tombeaude l'Empereur, n'a pas encore fait l'objet defouilles. Mais elle a déjà livré, en plus desguerriers, chevaux et chars, une importantequantité d'outils agricoles en fer et d'objetsen or, en jade et en os, du linge, de la soie etdu cuir. De nombreuses armes de bronze en

bon état de conservation ont été dégagées:des pointes de flèches et des épées restéesbrillantes et acérées, des arbalètes dont le

nombre élevé laisse penser qu'elles étaientlargement utilisées dans la Chine de Qin Shi¬huangdi.

On construit un musée sur le site. Il abri¬

tera à la fois les découvertes et les archéolo¬

gues eux-mêmes qui vont devoir travaillerencore plusieurs années sur place pour arra¬cher au site tous ses secrets.

Gu Wenjie

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Page 9: l'armée d'argile du premier empereur chinois

Le quotidien et le sacré

dans les hautes vallées du Népal

par Corneille Jest

AJT JT Jfa U sommet de la montagne

sacrée de Muligang, un joyauprécieux semblable à un stupa

de cristal.

Du côté de l'Est, la demeure des Trois Pré¬cieux Protecteurs. -,

Du côté du Sud, le palais de la divinité Tara.Du côté de l'Ouest, les palais de la divinitéDorje Pamo et des fées Dakini.Du côté du Nord, le palais de la divinité Dor-jechang"...

Cette montagne de Muligang, c'est leDhaulagiri, l'un des plus hauts sommets del'Himalaya. Le royaume du Népal et les som¬mets qui composent le toit du monden'étaient connus il y a une trentained'années encore que de quelques privilégiés, wIl s'est peu à peu ouvert, accueillant des'

Dans les hautes vallées du Népal, le sacréet le quotidien sont intimement liés.

Chaque moment du temps exige laprésence et l'intervention des religieux :

étapes de la vie de l'homme naissance,mariage, mort et événements de toutes

sortes construction d'une maison,

délimitation d'un champ, protection despersonnes et des biens, etc. En cas de

maladie, on va consulter un lama médecin

comme celui qu'on voit officier sur laphoto. Son traitement peut faire appel aux

plantes, aux saignées ou aux ventouses,mais il s'accompagne toujours de rites deprotection. Véritable guide spirituel de lacommunauté, le lama ( "le maître") veille

au salut des laïcs. A la mort d'un homme,

c'est le lama qui est chargé d'extraire sonâme pour éviter sa capture par quelque

démon. Et c'est encore le lama qui conduitle défunt vers son lieu de sépulture.

CORNEILLE JEST, de nationalité française, estdirecteur d'un programme de recherches pluridis¬ciplinaire du CNRS sur l'Himalaya. Consultant de/'Unesco pour le patrimoine culturel du Népal, ilest l'auteur de nombreux articles sur la régionhima/ayenne. Abondamment illustré par ses pro¬pres photos, son livre Tarap, une vallée dansl'Himalaya, a été publié en 1974 aux Editions duSeuil, à Paris.

Page 10: l'armée d'argile du premier empereur chinois

expéditions d'alpinistes et quelques voya-* geurs occidentaux, avant d'attirer des visi¬teurs désireux de mieux connaître sa culture,

puis de recevoir un flot de touristes en malde dépaysement et d'exotisme.

S'étendant sur plus de huit cents kilomè¬tres d'ouest en est, le Népal s'adosse auxplus hauts et prestigieux sommets dumonde: Everest, Annapurna, Dhaulagiri,Kanjiroba. Par paliers successifs, on des¬cend du nord au sud vers la plaine gangéti-que, à travers un gigantesque damier derivières et de montagnes qui délimite autantde régions naturelles fortement diversifiées.Par sa situation dans la chaîne himalayenne,le Népal a pu assimiler et préserver des élé¬ments culturels d'origine à la fois indienne,et centrale asiatique.

Un isolement relatif, rendant les échangesdifficiles, a remarquablement préservé desingérences étrangères, jusqu'à une daterécente, les modes de vie, la religion etl'architecture des hautes vallées. Si les

populations des moyennes vallées, orientéesvers Kathmandu et le sud, parlent ou com¬prennent le Nepali et pratiquent la religionhindouiste, celles des hautes vallées du nordet des régions situées au pied de l'Himalayasont de langue et de culture tibéto-birmaneou tibétaine et le plus souvent bouddhistes.

Ces hautes vallées sont à la charnière

entre le Tibet et le Népal. Altitude élevée, cli¬mat rude, précipitations très faibles au nordde la Haute Chaîne, conditionnent une agri¬culture marginale: orge, sarrasin et, depuispeu, pommes de terre. L'élevage du yak etde ses hybrides, des moutons et des chè¬vres, fournit un complément d'alimentationet des matières premières pour le tissage.Insuffisantes, les ressources agro-pastoralessont complétées par les échanges de grainlocal avec le sel provenant des lacs salés duPlateau tibétain.

Au printemps, la mise en culture termi¬née, les troupeaux vont estiver en haute alti¬tude; au cours de l'été, se poursuivent leséchanges de grain et de sel; à l'automne,après la récolte, une partie de la populationdescend dans les moyennes vallées pourcommercialiser certains produits, comme lestissus et plantes médicinales.

La vie religieuse s'articule autour du boud¬dhisme, dont le modèle s'est développé auTibet à partir du 8e siècle. Le temps est réglésur le calendrier lunaire. A la mi-février, datedu nouvel an, se situe le rituel d'expulsiondu mal ; le milieu de l'été est marqué par lescérémonies assurant la prospérité des cultu¬res et des troupeaux. Nombreux sont leslieux de culte : temple de village, chapellesparticulières ou encore monastères regrou¬pant des hommes ou des femmes ayant faitv de mener une vie de méditation.

Il faut souligner la forme très structuréequ'a prise le bouddhisme dans ces régions;les prêtres ou lamas (lama: "le maître")jouent le rôle déterminant de guide spirituel :sans leur concours, l'homme est privé detout espoir de salut. Les religieux rendentaccessibles aux laïcs les opérations et formu¬les liturgiques ou magiques et constituentune puissante organisation cléricale hiérar¬chisée, qui trouve son expression collectivedans des rites complexes et un formalisme

rigide. Le religieux peut être un contempla¬tif, retiré du monde, ou faire bénéficier deses connaissances et de son expérience lesmembres de la communauté en étant éduca¬

teur, enseignant, peintre d'images pieuses,médecin et astrologue.

La vie monastique, très développée autre-

10

fois dans le nord du Népal, a connu, vers lafin du 19e siècle, un renouveau, surtout sousl'impulsion de lamas venus du Bhoutan.

Centrées sur les divinités de la montagne,les premières croyances du Haut Népal semaintiennent dans la tradition orale, récits etcontes encore connus de tous. Les monta¬

gnes participent d'une très ancienne géogra¬phie sacrée que le bouddhisme, et, à unmoindre degré, l'hindouisme, ont assimilée.La légende de Padmasambhava, le saint pro¬pagateur du bouddhisme dans la régionhimalayenne au 8e siècle, évoque essentielle¬ment la transformation des anciennes divini¬

tés des montagnes et des lacs en défenseursde la foi nouvelle.

Que l'on vienne du Sud après avoir tra¬versé d'épaisses forêts de chênes et desapins, ou du Nord à travers le paysage oùfleurissent quelques plantes alpines, ondécouvre soudain, bien au-dessus du fondde la vallée de la Kali Gandaki, le sanctuairede Muktinath. C'est au milieu des pentes ari¬des que se sont établis les hommes, aména¬geant les champs en terrasses, retenantl'eau d'irrigation dans des réservoirs dont ilscontrôlent le débit, technique indispensableà leur survie. Est-ce le site, prestigieux entretous, dominé par les puissants massifs duNilgiri et du Dhaulagiri, est-ce la présence degaz naturel brûlant au contact de l'air, tou¬jours est-il que ce cadre unique est devenuun haut lieu des religions himalayennes.

Une source sacrée alimente cent-huit bou¬

ches jaillissantes sous lesquelles les pèlerinsprennent un bain purificateur. Elles entou¬rent un temple-pagode où se dresse une sta¬tue en bronze doré, Visnu pour les uns,Bouddha Lokeswar pour les autres. A unarchéologue qui hésitait à l'identifier, car lesmains de la divinité étaient cachées sous les

ornements dorés, il fut répondu que le sou¬rire empreint de sagesse du visage devraitêtre le meilleur repère... Tout autour dusanctuaire, dans un paysage totalementdépourvu d'arbres, se dressent des peu¬pliers : ce sont les bâtons des 84 yogins, les"Parfaits" qui ont transmis les doctrinesoccultes, révérées à la fois par les hindouis-tes et les bouddhistes.

En contrebas, le "temple du feu éternel".Sala mabar Dolamebar, de petite taille,recouvre l'emplacement où brûlent les gaznaturels. C'est là où "la terre, la pierre etl'eau brûlent", que les pèlerins viennent fairedes offrandes et recueillir l'eau sacrée.

Non loin, le chef du village de Dzar fit éle¬ver en 1938 le "nouveau temple", GompaSarwa, remarquable par ses dimensions (lebâtiment principal mesure 14 sur 23 mètres),la finesse des sculptures et des décors deboiseries.

Enfin, le Marme Lhakhang, le "temple desLampes d'offrandes", édifié au Nord-Est dusite, contient une grande statue de Padma¬sambhava.

Le groupe des "six villages" occupe deseminences situées plus bas. Le plus impor¬tant a pour nom "le Fort", Dzong ou encore"le Pic de la Victoire suprême", Rab gyaltse.Les murs en pisé marquant l'emplacementd'un ancien palais fortifié, près desquelssubsistent un temple et quelques bâtimentsmonastiques, témoignent de l'importancede la fondation ancienne. L'intérieur frappepar la richesse d'une salle d'assemblée degrandes dimensions (9 mètres sur 12,50mètres) dont les six piliers et les boiseries .sont finement sculptés; l'autel est surmonté f\

SUITE PAGE 14

L'isolement des hautes vallées

népalaises de l'Himalaya apermis de maintenir intactes

jusqu'à nos jours les traditions

ancestrales de sociétés quivivent encore en communion

étroite avec le lieu de pierres etde vent où elles habitent. Cette

ferveur religieuse est reflétéedans ces rochers gravés qui

jalonnent un chemin de

pèlerinage dans la région duKhumbu. Ces pierres sacrées où

les fidèles ont inscrit des

prières, rappellent les croyances,antérieures au bouddhisme, en

la divinité des montagnes etsont un exemple d'intégration

du spirituel dansl'environnement.

Page 11: l'armée d'argile du premier empereur chinois

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Page 13: l'armée d'argile du premier empereur chinois

Les hautes vallées de Dolpo, au Népal, sontmarquées par le Bon, une formeparticulière de bouddhisme qui a absorbéles enseignements religieux indiens en lescombinant avec les croyances religieusespré-bouddhiques assimilables auchamanismo. Dans les rituels d'exorcisme

contre les esprits malfaisants, les divinitéssecourables apparaissent sous la forme demasques que portent les religieux. Celui del'oiseau mythique Garuda (ci-contre enhaut) est bleu. Ces divinités se manifestent

par des danses, tout d'abord dans la tentequi sert de lieu de culte, puis à l'extérieurpendant le rite d'expulsion du mal. AuNépal, le bouddhisme et l'hindouismevivent côte à côte dans une symbiosepresque totale. Cette statue en bronze doré(ci-contre en bas), Vishnu pour les uns.Bouddha Lokeswar pour les autres, setrouve dans le temple-pagode deMuktinath, un haut lieu des religionshimalayennes. Dans un autre sanctuaire deMuktinath on vénère Padmasambhava ("Né

du lotus"), le thaumaturge indien quipropagea, au 8e siècle, le bouddhismetantrique dans la région himalayenne. Auxyeux de ses adeptes, Padmasambhava estun grand dieu tantrique plutôt qu'unefigure historique.

Parallèlement au travail de conservation

accompli par le gouvernement népalais etl'Unesco dans la vallée de Khatmandu, le

département d'archéologie du Népal aentrepris des actions pour sauvegarder et

entretenir les monuments du nord du pays.Une mission d'expertise placée sous la

responsabilité de l'Unesco aide

actuellement à dresser un premierInventaire des monuments les plus

importants â préserver, comme cet édificereligieux ou Charten ("réceptacle

d'offrandes") de la vallée de Tarap, dans leDolpo.

13

Page 14: l'armée d'argile du premier empereur chinois

Cet échiquier (ci-contre) estcelui du jeu des renaissances

auquel on participe avecpassion dans les hautes

vallées. Il comprend centquatre cases qui représentent

chacune une phase del'existence dans l'une ou

l'autre des sphères derenaissance. Au centre de

chaque case est inscrite unedes six lettres. A, S, R, G, D,

Y, qui figurent aussi sur lescôtés du dé. La lettre qui esttirée détermine la région derenaissance. Si, par chance,on jette cinq fois la lettre A,on renaît dans le paradis de

Padmasambhava... Ce quin'est qu'une conclusion

joyeuse et un jeu éphémèrepour les laïcs reste, au

contraire, pour les religieux,un moyen primordial

d'approcher les vérités dubouddhisme.

Le thé fait l'objet d'unepréparation spéciale dans leshautes vallées himalayennes.On le laisse longtempsbouillir, puis on le verse dansune baratte où on le mélangeavec un peu de beurre de yaket de sel : on obtient ainsi un

produit au pouvoir nutritifélevé que l'on consomme engrande quantité.

14

SUITE DE LA PAGE 10

d'une statue de Sakyamuni, les peinturesmurales représentent les Bouddhas demédecine.

Le sanctuaire du Muktinath s'anime à la

fin du mois d'août. Certains fidèles célèbrent

alors la "fête du milieu de l'été"; d'autres

rendent hommage à Vishnu, à la pleine lunede Bhado (août-septembre). Par familles ouvillages entiers, les pèlerins, portant les vête¬ments des plaines, simples pagnes et coton¬nades nouées en turban sur la tête, ou, aucontraire, d'amples pelisses à revers de bro¬cart, et ornées de bijoux, se dirigent versMuktinath.

Les adeptes de Vishnu ou de Shiva pren¬nent un bain rituel ; les bouddhistes font desoffrandes au feu sacré, effectuent cent huitfois la circumambulation selon un itinéraire

précis. Viennent ensuite les réjouissances,jeux d'adresse, tirs à l'arc et courses de che¬vaux pour honorer les divinités de la terre etdes montagnes. La montagne elle-même estalors tout entière transformée en sanctuaire,et l'on repart vers la lointaine plaine du Teraïou l'oasis proche, assuré que les actes méri¬toires donneront bonne récolte, longue vieet surtout meilleure renaissance...

Si rapide soit-elle, cette évocation de lavie traditionnelle des hautes vallées, où

s'exprime le tempérament religieux des habi¬tants du Népal, pour qui la nature est encommunion avec le divin, amène inévitable¬

ment cette question: comment assurer laprotection et, si possible, maintenir la vitalitéd'une culture affrontée aujourd'hui auxmentalités et aux techniques occidentales?

Le devenir culturel du Nord du Népal seheurte actuellement à deux problèmesimportants: d'une part l'emploi de maté¬riaux modernes, disponibles depuis peu,pour entretenir et restaurer des édifices,d'autre part, les incidences du tourisme, enplein essor, sur la vie traditionnelle. AuNépal du Nord, l'architecture était conçuepour résister aux conditions climatiquesrigoureuses. Contrairement à ceux de la val-

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Dans les régions himalayennes de culturetibétaine, les toits des habitations sont

plats. Les villageois circulent d'une maisonâ une autre par ces terrasses surplombantles pentes, véritables lieux d'échanges oùl'on fait aussi sécher le grain à la bellesaison et où s'entasse le bois de chauffage.Au sommet des mâts flottent des bannières

en étoffe sur lesquelles sont imprimées desprières. Ces "chevaux du vent" agités parles souffles froids de l'Himalaya portentaux divinités du ciel les paroles sacrées eten appellent à leur protection.

A l'emplacement du futur foyer d'unemaison, ces deux hommes dessinent un

Ungarn. Ce symbole du dieu Shiva, de lacréation, servira de support bénéfique â

l'habitation.

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Cette procession de pèlerins avance endirection d'une montagne sacrée du Dolpo,le Bouddha-ri, dont ils feront lacircumambulation. Arrivés au col de

Drolma, les pèlerins se prosternent, puis ilsattachent de nouveaux drapeaux de prièresau mât du tumulus situé à cet endroit. Ce

culte des montagnes, encore très vivantdans les hautes vallées himalayennes,ressortit à une ancienne géographie sacréeque le bouddhisme et, à un moindre degré,l'hindouisme, ont assimilée.

Pendant la fête du milieu de l'été (juillet-août) dans le Dolpo, les jeunes sontchargés de blanchir et décorer un grandchörten. Cet édifice religieux est la variantedu stupa, le monument bouddhiste parexcellence. Les fidèles tournent autour deces tombes-sanctuaires en disant des

mantra (formules sacrées permettant decommunier avec les dieux).

Cet alignement de chörten (ci-dessous)délimite et protège une extrémité de lavallée de Tarap, dans le Dolpo.

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Pour les habitants des vallées isolées de

Dolpo, la fête du milieu de l'été, destinée àassurer la prospérité des cultures et destroupeaux, est marquée par des cérémoniesreligieuses dans les nombreux lieux deculte: monastères, chapelles ou, commesur la photo, temple du village.

Cet homme de la vallée de Tarap porte lemasque du diable blanc ou drekar. S'il

apparaît au cours de la retraite des religieuxqui prépare la venue de la nouvelle année,la règle veut qu'on lui donne du beurre, dela tsampa (farine d'orge grillée) et unemesure de sel. Prenant alors la parole, ildira:

Ma joue droite est blanche,à la manière du roi de l'Inde,

ma joue gauche est noire,comme celle du roi de Chine,

entre les sourcils, soleil et lune,à la manière du maître Padmasambhava.

Au nez, un cauri attaché,

à la manière de "tse tse", la chèvre.

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Ces démons aux robes plissées de couleursvives dansent au cours d'un rituel

d'exorcisme destiné à protéger la vallée deTarap contre les esprits malfaisants.

Sur cet autel d'un temple de la région deDolpo sont placées, au fond, les divinitésqu'on invoque dans les rituels. Les figurinesqu'on volt dans un plat de cuivre, aupremier plan, représentent des esprits desmontagnes. La forme de bouddhisme qu'onpratique dans cette zone de l'Himalaya serattache au Mahayana ou Grand véhicule,et inclut le Tantrayana ou trantrisme. Elle secaractérise par l'appel â d'innombrablesdivinités dont l'iconographie suit des règlesprécises.

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. ¡ftL lée de Kathmandu, les bâtiments présentent

des façades simples, la richesse et la recher¬che du décor étant réservées à l'intérieur.

Il ne faut pas oublier que les édifices sontdes représentations spatiales du Corps Spiri¬tuel du Bouddha. La construction suit des

règles strictes ; le plan tend vers le carré ; ladéfinition dépend de la taille, donc de lastructure portante ; la typologie est fonctiondu nombre des piliers. Ainsi, le temple leplus couramment rencontré comporte "qua¬tre piliers et huit poutres". L'emplacementest choisi avec un grand soin. Dans lamesure du possible, on orientera la façadevers l'Est, "la grande voie blanche qui con¬duit au soleil levant"; l'espace du Sud seraborné par une rivière "identique au dragonde turquoise"; enfin, au Nord, une monta¬gne en "forme de tortue" clôturera l'espacesacré.

Autrefois, la disposition des établisse¬ments humains et la structure des bâtiments

dépendaient de lois naturelles. Les habita¬tions étaient groupées selon des impératifsde défense, orientées de façon à bénéficierd'un ensoleillement maximum, et laissaient

disponibles les terres convenant le mieuxaux cultures irriguées.

Or, construire dans le style traditionnelavec des matériaux locaux et en employantdes artisans qualifiés, devient de plus enplus coûteux et difficile dans une économiede marché. Malheureusement, les essais dematériaux peu onéreux et résistants ont étéun échec: ils ont provoqué une dégradationrapide de la tradition architecturale et portéatteinte à l'environnement.

Le sens pratique des populations monta¬gnardes, aussi entreprenantes qu'actives,les incitent à utiliser des matériaux nouveaux

tôle ondulée, ciment, clous, verre sanstoujours prévoir les inconvénients possibles.D'introduction très récente, ils entrent dansla construction de bâtiments qui s'écartentdes formes traditionnelles et s'intègrent malaux édifices existants. Mais comme le bois

est devenu rare et cher, la main d'qualifiée de moins en moins abondante,l'apparition d'un style nouveau est inévita¬ble, en même temps que se posent des pro¬blèmes de financement et d'efficacité quel'ancien genre de vie ignorait complètement.

Le tourisme himalayen est appelé à sedévelopper en raison de l'attrait exercé par lahaute montagne et de l'intérêt croissantqu'éveillent les cultures asiatiques chez lesoccidentaux. Les exploits des alpinistes surl'Everest, autant que les expériences d'unejeunesse marginale en pèlerinage à Kath¬mandu, attire les touristes vers le Népal quibénéficie par ailleurs d'une curiosité plusavertie manifestée par certains visiteursenvers les formes tibétaines du bouddhisme.

Les répercussions, bonnes ou mauvaises,d'un tourisme de "masse" ne se feront sans

doute pas attendre. Dès maintenant, unerelance de l'artisanat est fort sensible: les

voyageurs emportent volontiers de petitsobjets et les villageois gravent sur bois ousur pierre des formules rituelles, ou peignentdes thangkas, véhicules traditionnels dessentiments religieux. On ne peut encoremesurer les effets qu'auront sur la popula¬tion le contact avec les touristes, peu prépa¬rés dans leur ensemble à apprécier un genrede vie austère, dominé par la rareté des res¬

sources et la dureté du climat. Mais le res-|pect que mérite une population courageuse r

.19

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Afghanistan

et bienveillante à l'égard de l'étranger devraitfaciliter cette ouverture.

Les actions conservatrices entreprises

jusqu'à présent par le Gouvernement duNépal et l'Unesco, avec la contributiond'institutions privées d'autres pays, s'appli¬quent avant tout aux édifices de Kathmanduet de sa vallée. Elles rejoignent celles quemène le Département d'Archéologie, sous ladirection de R. J. Thapa, pour l'entretiendes monuments du Nord du pays.

Il paraît fort important que les Népalaisassurent eux-mêmes le maintien de leur

patrimoine culturel, point de vue qu'ont déjàadopté un certain nombre de lamas etd'assemblées de villages. Mais beaucoupreste à faire pour que le pays, en vue deremédier à la précarité de ses biens tradition¬nels, prenne des mesures qui en assurent laconservation et la survie.

Corneille Jest

Ce religieux dans sa chapelle (ci-dessus)recopie des textes sacrés. Le tambour quel'on voit suspendu sert à rythmer lesprières. Le canon bouddhique en vigueurdans les hautes vallées deJ3o\po contienttrois types d'ouvrages. Des livres relatifs àla discipline religieuse, la Vinaya. Les sutra("discours") qui exaltent les vertus et lespouvoirs des bouddhas et les proposent enexemple. Et les tantra, textes qui décriventles pratiques et les rituels religieuxnécessaires pour parvenir â la bouddhéité.

Installé sur le toit de sa maison

(ci-dessous), un lama lit et médite. Au 18*

siècle, une édition imprimée du canonbouddhique tibétain fut exécutée sur desplanches de bois gravées (xylographies),technique encore souvent employéeaujourd'hui.

La colline d'or

20000 objets en or environenterrés dans les tombes de

hauts dignitaires ont été mis aujour récemment dans un

tumulus d'Afghanistan. Cettedécouverte exceptionnelle (voir

l'article de la page 29 et lacouverture de dos) pose aux

historiens un problème

troublant: pour quelle raison etdans quelles circonstances cessouverains ont-ils été ensevelis

avec des pièces d'orfèvrerie etdes bijoux qui portent

l'empreinte, entre autres, destraditions grecque, indienne,

chinoise et perse? Ces photosen couleurs certaines sont

publiées pour la première foismontrent, (dans le sens des

aiguilles d'une montre à partirdu haut à droite) quelques

pièces du trésor: arbre auxfeuilles en or et aux fruits en

forme de perles; plaque d'uneceinture, décorée d'une femme

assise sur un lion à la gueule

menaçante un thème peut-être d'origine perse (la ceinture

entière est reproduite sur laphoto de la page de

couverture) ; agrafe représentantune divinité ailée montée sur un

dauphin; autre agrafe ornée dumême motif typiquement

hellénistique; pièce d'or

d'origine indienne la seule dece type qu'on ait trouvée jusqu'à

ce jour portant sur une faceun homme qui pousse "la roue

de la vie", et sur l'autre un lion à

la patte levée; deux plaques enforme d'animaux enroulés

mordant furieusement leur

propre patte ou leur queue, quirappellent les objets de l'art des

steppes; figurine représentantun musicien qui tient un

instrument à cordes.

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Les peintures muralesdes temples thaïsLes peintures murales qui ornent lestemples thaïs s'inspirent d'une part desJataka, les récits des vies menées par leBouddha avant sa dernière incarnation au

cours de laquelle il atteignit l'Illumination(voir pages centrales en couleur) et, del'autre, de sa vie historique (voir page degauche en couleur).

1

52 3

4Pages centralesen couleur

1. Bhuridatta au royaume des Naga: Unescène de la vie du futur Bouddha, sous

l'apparence de Bhuridatta, le fils deDhatarattha, le roi des Naga. Ces créaturesont le pouvoir de revêtir soit l'aspecthumain, soit celui d'un serpent, et habitentdans le monde souterrain de Naga-loka.Temple Phra Thinang Phuthaisawan.

2 et 3. Les dieux dans le ciel Tavatimsa :

Détails d'une peinture illustrant un épisoded'une vie antérieure du futur Bouddha où

celui-ci apparaît sous les traits du roi Nemi.La scène centrale, qu'on ne voit pas sur laphoto, représente le roi Nemi trônant dansla cité céleste de Tavatimsa (les trente-trois

dieux). Au lieu d'écouter les paroles deNemi, une bande de dieux et de déesses

s'ébat près des murs de la demeure céleste.Fait inhabituel, on connaît le nom de

l'auteur de cette fresque (Khru Thong Yu).Autre particularité: les arbres sont dorés,couleur réservée d'ordinaire à Bouddha.

Wat Suwannaram, (19a siècle).

4. Le retour de Bouddha du ciel Tavatimsa:

Descendant du ciel Tavatimsa par une tripleéchelle, le Bouddha est entouré de Brahma,

qui porte le parasol triple, d'Indra etd'autres divinités. Cette peinture murale dela fin du 18° siècle vient du temple PhraThinang Phuthaisawan à Bangkok.

5. Le retour de Maddi empêché par desbêtes fauves: un épisode de l'incarnationdu futur Bouddha sous la forme du princeVessantara. Le prince part vers la grandeforêt avec sa femme Maddi, son fils Jali et

sa fille Kanhajina. En l'absence de Maddi,Vessantara, fidèle à la volonté des dieux,

donne ses enfants au brahmane Jujaka.Pour éviter à Maddi la douleur de la

séparation, trois dieux ont pris l'apparenced'un lion, d'un tigre et d'un léopard qui laretiennent sur le chemin du retour. Wat

Ratchasitaram.

Page de gauche en couleurPhoto du haut, Siddhartha coupe sa

chevelure: après avoir renoncé â la vie deluxe qu'il menait â Kapilavastu, Siddhartapensa que sa longue chevelure neconvenait pas â l'existence pauvre etascétique qu'il allait mener. Mais commepersonne n'était digne de les toucher, ilcoupa lui-même ses cheveux avec sonépée. Le dieu Indra plane dans les airs au-dessus de lui. A sa gauche, Channa, sonécuyer et compagnon, s'appuie surKanthaka, le cheval favori de Siddharta.

Brahma est agenouillé devant le futurBouddha: il tient un bol â aumône et un

vase en or sur lequel repose une robe demoine. Wat Ratchasitharam.

Photo du bas. Le mariage de Suddhodanaet de Maya: le Bouddha historique est névers 563 avant J.-C. Son père Suddhodanaétait le souverain des Sakya (un royaumesitué sur les confins de l'Inde et du Népalactuels). Sa mère, la reine Maya, donnanaissance au futur Bouddha dans le parc deLumbini alors qu'elle se rendait auprès deses parents (voir aussi page 2). Temple PhraThinang Phuthaisawan, Bangkok; lapeinture fut exécutée vers 1800.

Peinture thaïe,

peinture bouddhique

par Adul Wichiencharoen

LA peinture traditionnelle thaïe, dont lafresque est la principale forme d'ex-

i pression, se caractérise par le rythme,la grâce et l'élégance de son dessin. Nombrede ces peintures murales sont d'une valeurartistique digne des chefs-d' de l'artmondial, mais leur originalité est d'avoir eupour auteurs des bouddhistes fervents qui,en les peignant dans l'anonymat, accomplis¬saient un acte d'amour et de foi.

Tout comme les célèbres sculptures deThaïlande, ces fresques, religieuses et didac¬tiques, visent avant tout à illustrer et à fairecomprendre l'essence de la philosophie'bouddhique, qui consiste, pour le croyant, àvaincre ses désirs les plus bas et à se débar¬rasser de ses pensées les plus viles.

Mais cette conception de l'art visuelcomme moyen d'édification spirituelle et, enmême temps, l'obligation de rester fidèle à lapensée bouddhique, qui enseigne que levisible et l'univers de la matière ne sont

qu'illusion, ont posé aux premiers artistesthaïs un problème en apparence insurmon¬table. Une ¡mage naturaliste risquait d'attirerl'attention du spectateur sur ce monded'apparences et, en empêchant de saisir laréalité sous-jacente, aurait freiné l'imagina¬tion et donc l'inspiration.

ADUL WICHIENCHAROEN, de nationalité thaï¬

landaise, ancien recteur de l'Université de Silpa-korn, est le président du Comité national thaï del'utilisation des sols et membre du Conseil natio¬

nal de l'éducation et de l'Office national de l'envi¬

ronnement. Il est l'auteur de nombreuses études

et articles sur la société et la philosophie thaïe, ledroit international, la planification du développe¬ment et l'administration publique. Les illustrationsde cet article sont extraites de Peintures murales

en Thaïlande, par Klaus Wenk, Iñigo von Oppers-dorff Verlag, Zurich 1975-1976; photos FranzHorisberger.

Grâce à leur puissance d'invention artisti¬que, inséparable de la connaissance pro¬fonde qu'ils avaient de la doctrine et de lapensée bouddhique, les artistes de lapériode Sukhothai (1238-1350 après J.-C.)résolurent le problème de la représentationdu Bouddha en créant une forme idéaliste

du Maître qui n'évoque pour le spectateurque paix et satisfaction de l'âme.

Cette représentation stylisée et symboli¬que du Bouddha a donné naissance aux for¬mes courbes, pleines de grâce et d'harmo¬nie, qui caractérisent les peintures et lessculptures thaïes.

Après la période Sukhothai, les artistesrecoururent à ce même style aux courbesabstraites pour les Bodhisattvas, certainescréatures célestes, les personnages royauxet les dignitaires. Leur graphisme est soupleet rythmé : un trait oval symbolise la tête ; levisage et les gestes gracieux des mains sontd'un tracé délicat; l'expression du visage estsereine, parfois souriante, ou, au contraire,impassible. Les émotions comme la joie, latristesse, le respect, la vengeance, la haine,la rage ou l'amour sont traduites par deslignes et des gestes conventionnels.

Le petit peuple, doux et inoffensif, estaussi stylisé, mais avec moins d'élégance:les visages offrent une grande diversitéd'expressions, et les attitudes sont toujourssignificatives. Au contraire, les personnagesdurs et brutaux, et ceux qui animent les scè¬nes folkloriques, sont dépeints avec un réa¬lisme parfois excessif, destiné à mieux faireressortir leur côté ridicule, sympathique,drôle ou léger.

Le peintre est libre de représenter commeil l'entend les méchants. Si Jujaka, le Brah-mine rusé et malhonnête du Jataka Vessan¬

tara, nous apparaît sous des traits différentsselon les peintures murales, il est néanmoins

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Page 26: l'armée d'argile du premier empereur chinois

toujours reconnaissable. Une iconographiefantastique sert à représenter les scènesinfernales; dans les scènes folkloriques etles portraits des soldats du Jataka et la viedu Bouddha, les artistes donnent libre coursà leur verve créatrice. Malgré le rôle joué parcertaines conventions dans la peinture thaïe,la personnalité de l'artiste reste toujours trèssensible.

C'est une peinture à deux dimensions: laperspective, qu'elle soit spatiale ou linéaire,est bannie. Les effets désirés sont obtenus a

l'aide des lignes du dessin, la couleur nejouant qu'un rôle secondaire. Elle n'estjamais une fin en soi, mais un accessoire quirenforce encore l'autorité du graphisme élé¬gant et libre, sans jamais détourner l'atten¬tion. Les couleurs sont assourdies, les nuan¬ces très douces, ce qui contribue à créer uneatmosphère de mysticisme là où c'est néces¬saire.

En rehaussant d'or les couronnes et les

ornements des créatures célestes, des per¬

sonnage^ royaux et des motifs décoratifsdes palais, l'artiste augmente l'intensitéchromatique de l'euvre où l'accord des cou¬leurs se conjugue harmonieusement avec lesformes linéaires. Les couleurs utilisées n'ont

pas pour but d'imiter les tons qu'on voitdans la nature. Il arrive que le ciel soit bleu etles feuillages verts, mais les artistes thaïschangent leurs couleurs selon un agence¬ment abstrait. L'emploi de certaines cou¬leurs est codifié : les personnages royaux etles grands dignitaires sont toujours peints enblanc ou en tons très pâles, les teintes som¬bres étant réservées aux classes inférieures.

La profonde originalité des peintures

murales thaïes tient à la façon d'ordonner etde rassembler plusieurs scènes différentesen une seule et même grande composition.L'unité de l' est telle qu'une fresque,vue avec un certain recul, apparaît commeun tout dont les parties sont combinées avecle plus grand art. Mais si l'on examine deplus près un morceau de la composition, ons'aperçoit qu'il est en soi up tableau quireprésente une scène bien précise. Cettecomposition savante attire le regard duspectateur et l'incite à parcourir en imagina¬tion les différentes scènes d'une fresquesans être gêné par la moindre barrièrevisuelle.

La technique de la peinture à fresque futparfois employée en Thaïlande, comme leprouvent les peintures murales du 15e sièclede Wat Tatburuna, dans l'ancienne capitaleAyuthya, mais la détrempe répondait mieuxaux besoins des artistes thaïs et fut adoptéepresque partout. A la différence de celle uti¬lisée en Europe et ailleurs, que l'on obtenaiten mélangeant des couleurs broyées avec unjaune d'muf, ou l' entier, et de l'eau, lesThaïs utilisaient comme liant pour leurdétrempe une gomme extraite d'un arbre, lenakwid, qu'ils mélangeaient à des pigmentsvégétaux et minéraux d'origine locale. Cespigments naturels contribuèrent à donneraux anciennes peintures murales thaïes, leurdélicatesse et leur harmonie. L'éclat des pig¬ments chimiques importés rompit l'équilibretraditionnel des teintes de la fin de l'époque

de Bangkok.

A quelques exceptions près, les peinturesmurales figurent dans cet ensemble archi¬tectural typiquement bouddhique et thaï,

Ci-dessus, le vihan (salle du Bouddha) de Wat Phra Singh, le pluseminent monastère de Chieng Mai, fondé en 1345. Mais le vihan futconstruit en 1806 et la peinture murale, à droite, qui orne le murseptentrional fut exécutée vers le milieu du 19« siècle. Son thème:

l'histoire du prince Sang Thong. Banni par son père. Sang est élevépar l'ogresse Phanthurat. Un jour, en son absence, il découvre, dansune partie interdite du palais de l'ogresse, des bassins d'or etd'argent et un bâton doré qui donne des ailes à celui qui s'enempare. Au premier plan, on voit, à droite, le jeune Sang plongerun doigt dans le bassin d'argent; â gauche, il se baigne dans lebassin d'or; en haut, il tient le bâton doré magique; au-dessus delui vole le personnage fantomatique dont il a pris l'aspect pours'enfuir du palais de l'ogresse.

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En haut, le majestueux ensemblemonastique de Wat Ratchasitharam.Vubosoth (salle des cérémonies), qui sedresse à l'arrière plan et à gauche, abrite,sur le mur méridional, la peinture murale(ci-contre) représentant "l'allégoriedes trois cordes". Dans un lieu

solitaire et reculé, Siddharta est étendu sur

un rocher, épuisé par le jeune et laméditation sévères qu'il s'impose. Cinqascètes sont agenouillés devant lui et, â sespieds, le dieu Indra joue d'une guitare àtrois cordes. Quand Indra pince la premièrecorde, celle-ci, trop tendue, émet un sondiscordant; la seconde, trop lâche, résonneâ peine; la troisième corde, modérémenttendue, rend un son harmonieux.

Siddhartha comprit par là qu'il fallait éviterles solutions extrêmes et choisir la "voie

médiane". Dès lors il renonça auxmortifications.

connu sous le nom de wat à la fois templeet monastère. Les fresques se trouvent àl'intérieur des murs du vihan (salle abritant

l'image du Bouddha), du chedi (sorte destupa) du prang (stupa en forme de tour) oudu sala-kanparien (salle de prédication etd'étude). Mais celles qui sont à l'intérieur deYubosoth (salle des cérémonies) font partieintégrante de la conception ornementale del'intérieur et s'harmonisent avec les autres

éléments, en particulier avec la grandeimage du Bouddha qui est située, suivant latradition, parmi des images plus petites, surl'autel placé à l'extrémité ouest de la salle,face à l'entrée de l'aile orientale.

Les peintures couvrent les quatre murs etforment un ensemble déterminé. Au-dessus

de l'entrée, face à l'image du grand Boud¬dha, toute la partie supérieure du mur estconsacrée aux scènes décrivant la tentation

et la victoire sur Mara, l'une des représenta¬tions symboliques de la défaite du Mal. Surle mur oppose, derrière le grand Bouddha,

on voit des scènes évoquant le Sermon dansles cieux et la descente de Bouddha sur la

terre, ou moins souvent, une représentationde la cosmologie bouddhique. Sur la partiela plus haute des deux murs latéraux se trou¬vent des rangées de Bouddhas avec leursdisciples ou des rangées de créatures divinesen adoration; au-dessous, des fresquesdécrivent la vie du Bouddha, des récits tirésdes Jataka ou parfois des scènes duRamayana, la grande épopée hindoue. Desfresques narratives recouvrent aussi le basdu mur oriental, sous la Tentation et la Vic¬toire sur Mara. Et de gracieux anges gar¬diens décorent l'intérieur des portes et desvolets.

Outre les peintures rupestres primitivesdécouvertes en plusieurs endroits de la Thaï¬lande, les peintures murales traditionnellesles plus anciennes que l'on connaisse sontcelles de la période de Sukhothai trouvées àYala, dans le sud du pays, et à Sukhothai,l'ancienne capitale. On estime qu'elles ont

été peintes durant le dernier quart du 13e siè¬cle. Déjà apparaissent dans ces peintures lesimages stylisées du Bouddha qui serontensuite codifiées.

Vers la fin de l'époque Ayuthya (1350-1767 après J.-C), la peinture murale thaïeatteint sa pleine maturité, mais cette évolu¬tion est mal connue car il subsiste seulement

quatre exemples de fresques datant dudébut et du milieu de l'époque Ayuthya.Comme dans les peintures murales antérieu¬res à cette époque, on n'emploie que quatrecouleurs: noir, blanc, rouge et jaune; lacomposition reste simple et le Bouddha estreprésenté soit seul, soit accompagné depersonnages disposés en rang. Mais vers lafin de l'époque Ayuthya, au début du 17esiècle environ, un nouveau chapitre de lapeinture murale thaïe s'ouvre. Les nombreu¬ses peintures de cette période qu'on a con¬servées montrent certaines innovations. k

L'éventail des couleurs est plus large, lar

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Ci-dessus, cette peinture muraledu Wat Phumin Nan

représentant Nemi en route versle ciel des trente-trois dieux

(Tavatimsa) fut gauchementrestaurée vers 1870. Dans la vie

antérieure où il apparaît sous lestraits du roi Nemi, le futur

Bouddha pratique le don avecgénérosité et observescrupuleusement les préceptesmoraux. Les trente-trois dieux

du ciel Tavatimsa veulent faire

la connaissance d'un monarqueaussi vertueux et Indra lui

envoie la char des dieux pourqu'il se rende auprès d'eux. Aucours du voyage, Matali, lecocher, lui montra tous les

prodiges du ciel et des enfers.

A droite, ce portrait du"médecin Kumanaphek" dated'environ 1875 et provient du

Wat Phumin Nan. On ignore sic'est là un véritable portrait ou

bien l'image idéalisée d'unmédecin ou d'un personnage delégende. Par les traits du visage

et la coupe de la barbe, il neressemble pas au type physique

de la Thaïlande du nord ou du

Laos. Son habit semble

également étranger à cetterégion; les ongles, qu'il porte

très longs, indiquent qu'ilappartient â un rang élevé.

. stylisation des formes et des attitudes con¬ventionnelles se précise et devient définitive.Au dessin, simple et solennel, de la périodeSukhothai et du début de la périodeAyuthya, succèdent des compositions beau¬coup plus élaborées. Après la chuted'Ayuthya en 1767, la tradition née à la finde cette époque continua à s'épanouir, avecquelques variantes, pendant la périodeThonburi (1767-1782) et jusqu'au début de lapériode de Bangkok (à partir de 1782). Maisdans la seconde, moitié du 19e siècle, ledéclin de la peinture murale commença avecl'adoption systématique des techniquesoccidentales : le mariage de la perspective,du modelé et du réalisme de l'art occidental

avec les éléments traditionnels ainsi quel'emploi de couleurs chimiques brillantes serévéla désastreux. Ces dernières années, lestyle traditionnel connaît un certain renou¬veau d'intérêt parmi les artistes. Certains sesont mis à peindre selon les règles ancien¬nes, d'autres expérimentent des formes, desidées et des compositions nouvelles dansl'espoir d'y trouver une voie. Parmi ces der¬niers, il faut citer Thawal Dachani: soneuvre fort riche comprend des peinturesmurales et d'immenses toiles.

Dans la plus pure tradition des vieux maî¬tres, Thawal cherche à exprimer le conceptbouddhique de la vérité au moyen de formesstylisées et symboliques tout en gardant unstyle très personnel. Son nuvre est unecontinuation de la peinture traditionnelle,orientée dans un sens particulier, qui cher¬che à transmettre le message de Bouddhadans un style encore plus vigoureux et hardi.Et c'est précisément cette convergenceentre l'idéal de vie bouddhique et leur idéalartistique qui permit aux vieux maîtres decréer le style unique de la peinture thaïe.

Adul Wichiencharoen

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Afghanistan :la colline d'or

Les tombeaux d'une dynastie mystérieuse

par Victor Sarianidi

SUR l'étroite bande de terre qui longeles premiers contreforts de l'Hindou-Kouch, dans le nord de l'Afgha¬

nistan, se dressent les ruines imposantesd'Emchi-Tepe, l'une des grandes cités del'antique Bactriane. Le paysage de plaine quientoure les ruines est parsemé de petitsmonticules dont l'un est connu dans le payssous le nom de Tillia-Tepe : la Colline d'or.En 1977, cette butte, qui s'élève à 3 m au-dessus du sol, attira l'attention d'une équiped'archéologues soviéto-afghans : les tessonsde poterie répandus à la surface ne ressem¬blaient en rien à ce qu'ils avaient découvertailleurs.

Les sondages d'essai révélèrent la pré¬sence du pavement de briques, des piliers etdu mur d'enceinte d'un bâtiment massif quicontenait les restes d'un autel. Ce temple,construit à la fin du second millénaire avant

notre ère, avait dû être utilisé pendant quel¬que cinq cents ans.

Les excavations continuèrent et, le 15

novembre 1978, les archéologues qui travail¬laient sur la Colline d'or tombèrent littérale¬

ment sur ce métal lorsqu'ils découvrirent lapremière des sept tombes antiques qui serévéla contenir un véritable trésor de parures

et de bijoux. Des monnaies trouvées dansles tombes permirent de dater les sépulturesentre 100 avant J.-C. et 100 après J.-C, soitcinq cents ans environ après la constructiondu temple dont les ruines avaient servi,semblait-il, de nécropole à une famillerégnante locale.

L'EXPÉDITION ARCHÉOLOGIQUE SOVIETO-

AFGHANE responsable des découvertes décritesdans cet article dépend du Ministère afghan del'information et de la culture. Le professeur Saria¬nidi, de nationalité soviétique, qui la dirige estmembre de l'Institut archéologique de l'Académiedes sciences de l'U.R.S.S. Il est l'auteur d'une

douzaine d'ouvrages importants, notamment surles anciens agriculteurs de l'Afghanistan (1978),les trésors d'art cachés de Kara-Koum (1968) et

les premières fouilles menées à Tillia-Tepe (1972).Son Asie centrale avant les Achéménides a paru àLondres en 1972.

Sur les six tombes mises au jour jusqu'àprésent, toutes (sauf une qui avait été enva¬hie par les souris) étaient restées invioléesbien que les squelettes eux-mêmes fussenten piteux état de conservation.

Les défunts étaient déposés étendus surle dos, vêtus d'habits richement brodés d'oret de perles et ornés de petites plaques d'or.Chaque tombe contenait de 2500 à 4000ornements d'or (on en a déterré 20000 envi¬

ron jusqu'à présent). A mesure que les diffé¬rentes épaisseurs de vêtements habillant lesmorts tombaient en poussière, ces objetss'entassaient les uns sur les autres, si bien

qu'on ne put reconstituer leur dispositioninitiale qu'après les avoir enlevés un par un.

Parmi ces trouvailles figurait un vasteassortiment de petites plaques convexesobtenues par le martelage d'une mincefeuille d'or sur des matrices préparées à ceteffet. Un grand nombre de ces plaques sontdécorées de motifs en relief ; les rebords per¬

forés permettaient de les coudre sur un vête¬ment.

Les morts étaient vêtus d'habits de coton

ou de soie ; les personnages les plus impor¬tants étaient enterrés avec sur la tête une

couronne d'or reposant dans une coupe d'orou d'argent. Des pendentifs en or massif,formant généralement une paire, étaientfixés aux coiffes les plus volumineuses. L'und'eux représente un prince avec une cou¬ronne incrustée de turquoises et de lapislazuli, ses longs cheveux tombant jusqu'auxépaules. Le visage est large, peut-être mon¬goloïde, les yeux, étroits et obliques, sontmis en valeur par des sourcils arqués. Aumilieu du front, il porte le signe de sa casteou une marque de mariage. Les bras grandsouverts aux poings serrés s'appuient surdeux dragons ailés aux corps tordus et auxjambes fléchies. Ces dragons, à tête de che¬val, découvrent les dents; leurs orbites sontincrustées de cornaline, leurs crinièresornées de turquoises (voir photo page 31).

Nombre de pendants d'oreilles, égalementremarquables, sont décorés d'un person¬nage féminin à demi nu, vu de face. La maingauche, qui tient un fruit, repose sur la poi¬trine, le bras droit pend le long du corps.Cette femme, peut-être une déesse de la fer¬tilité, est flanquée d'animaux sauvages qui

ont des têtes de loups à la gueule ouverte, etdes arrière-trains dotés de queues de pois¬son. La base de ces pendentifs est abon¬damment incrustée de turquoises et se ter¬mine en têtes de poisson; à la partie supé¬rieure, des oiseaux décorent les angles.

Les nombreuses découvertes faites

jusqu'ici comprennent: des colliers de gros¬ses boules creuses décorées de petites per¬les et incrustées de rosettes en turquoise ;des bracelets d'or massif ouverts aux extré¬

mités ; des bagues (souvent ornées de pier¬res précieuses, et d'intailles) ; des boucles enor; des poignards et des ceintures en or;des plaques d'or gravées; des miroirs enargent avec des caractères chinois, d'autresà manche d'ivoire; des pierres gravéesd'images de dieux grecs ou d'animaux fan¬tastiques; des pendentifs en or ou garnis depierreries en forme de pied ou de main auxdoigts écartés ; des peignes en ¡voire de typeindien, avec des personnages en rondebosse ; des fermoirs d'or aux formes anthro¬pomorphes. Le nombre et la variété de cesobjets sont tels que les spécialistes de diffé¬rents pays ont dit de ce trésor qu'il était "ladécouverte du siècle".

Les sépultures remontent à une périodeobscure et mystérieuse de l'histoire d'unerégion qui, dans les temps anciens, fut sou¬mise à des influences culturelles nombreu¬

ses et variées. Malgré la rareté des donnéesécrites et archéologiques, on sait que la Bac¬triane fut conquise par Alexandre le Granden 331 avant notre ère et qu'elle devient,après sa mort, un royaume séleucide, puisgréco-bactrien, gouverné par des Bactreshellénisés et des colons grecs. Cette fusionde deux cultures différentes devait détermi¬

ner le destin ultérieur de la région pendantplusieurs siècles.

Vers le milieu du 2e siècle avant notre ère,des steppes de l'Asie centrale jusqu'auxoasis du sud, s'exerça la pression des hordesnomades. Précédés par les Yueh-Chih, peu¬ple voisin de la Mongolie qui avait lui-mêmefui vers l'ouest sous la poussée des Hiongnu(ou Huns), les nomades atteignirent l'Amou-Daria (le fleuve Oxus), renversèrent leroyaume gréco-bactrien et fondèrent cinqprincipautés. Ils baptisèrent l'une d'elles WKuei Shuang, terme qui est à l'origine d'un T

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Page 30: l'armée d'argile du premier empereur chinois

Cette statuette

représentant unedéesse ailée â demi

nue, â gauche, sembleune imaged'Aphrodite, la déessegrecque de l'amour.Au milieu du front elle

porte une marque enpoint, signe indien decaste ou de mariage.

A droite, cette imagede la déesse grecqueAthéna, vêtue d'une

longue robe plissée,est gravée dans le

chaton d'une baguequi servait sans doute

de cachet.

Bracelets en or en forme

d'antilopes lancées au1 galop (à droite). Les coins

des yeux et les autresI incrustations allongées engouttes sont en turquoise.

Les révélations

d'un tombeau

Sépulture princière (ci-dessus) découvertepar des archéologues soviétiques etafghans dans une nécropole vieille de 2000ans du nord de l'Afghanistan. Couvert d'ungrand nombre de parures en or constelléesde turquoises, le corps repose dans uncercueil en bois, un miroir chinois en

bronze sur la poitrine, et une paire debracelets aux poignets (voir photo du hautde la page 31). Les objets trouvés dans lanécropole présentent un amalgame dethèmes mythologiques et de motifsd'origine diverse. Selon les spécialistes, cestombes sont celles d'une famille de

souverains locaux qui vivaient â l'époque,encore obscure, où fut fondé l'empire desKouchans, qui s'étendit sur une partie del'Asie.

La facture raffinée de ce

bouquetin (â gauche)s'inscrit dans la grandetradition réaliste de l'art

hellénistique.

Le personnage qu'onvoit au centre de ce

pendentif en or, âdroite, maîtrise deux

dragons ailés auxcrinières incrustées de

turquoises. Le visage estpeut-être mongoloïde ;

la marque en point qu'ilporte au milieu du front

dénote l'influence de

l'Inde.

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Page 31: l'armée d'argile du premier empereur chinois

nom plus connu, le "Kouchan". Peu à peu,les nomades furent séduits par la vie urbaineet finirent par devenir des sédentaires. Len¬tement, mais sûrement, les Yueh-Chih fon¬dèrent le royaume de Kouchan qui allaitcompter parmi les grands empires de l'épo¬que (voir le Courrier de l'Unesco, février1969). C'est sur cette époque de transition,qui va de la chute du royaume gréco-bactrien à la naissance de l'empire du Kou¬

chan, que les fouilles de Tillia-Tepe peuventnous renseigner, car la ville d'Emchi-Tepe,près de laquelle se trouvent ces tombes,peut fort bien avoir été choisie par les pre¬miers souverains du Kouchan comme rési¬

dence d'un gouverneur provincial. Il y amême lieu de penser que la nécropole appar¬tenait à la famille des Yueh-Chih qui fondala dynastie du Kouchan. Les funéraillesdevaient être pratiquées de façon sommaire,peut-être la nuit, en cachette, car les corpsétaient déposés dans de simples tombes rec¬tangulaires qui pouvaient être creusées en 2ou 3 heures. Les cercueils de bois, fixés

dans le sol par des crampons de fer, avaient,en guise de couvercle, des couvertures cou¬sues de disques d'or et d'argent.

Les tombes étaient fermées au sommet

par des rondins; la chambre funéraire ainsiformée fut remplie de terre par la suite lors¬que le toit s'écroula. Sur le bord d'une deces tombes, les archéologues trouvèrent uncrâne de cheval, qui paraît avoir été, à unecertaine époque, revêtu de cuir, ce qui rap¬pelle les rites funéraires des Scythes noma¬des (voir le Courrier de ¡'Unesco, décembre1976).

La présence d'un certain nombre de dia¬dèmes féminins en or est venue confirmer

l'hypothèse que les tombes contenaient lesrestes des membres d'une population autre¬fois nomade, puisque c'est seulement parmiles nomades que les femmes jouissaientd'un statut privilégié (phénomène qui frappatoujours de stupeur les écrivains anciens).

Mais ces sépultures indiquent que les pre¬miers souverains du Kouchan avaient rompu

presque entièrement avec certaines de leursanciennes traditions. Par exemple, la décou¬verte d'une monnaie d'argent placée entreles dents d'un des squelettes montre qu'uneforte influence de la religion grecque avaitremplacé quelques-uns des anciens rituelsfunéraires des nomades. La forme coniquedu tumulus funéraire, qui rappelle les kour-ganes où l'on enterrait leurs ancêtres avecd'énormes tas de chevaux sacrifiés rituelle¬

ment, est en fait le seul lien que ces anciensnomades conservaient avec leur passé.

Si les bijoux de Tillia-Tepe sont d'un hautniveau d'élaboration technique, les critèresesthétiques des anciens souverains du Kou¬chan étaient très inférieurs à ceux générale¬ment en vigueur dans le monde "civilisé"d'alors. Les compositions rigides, frontales,de cet art "officiel" destiné à la classe diri¬

geante, sont loin d'égaler les productionshellénistiques, réalistes et vivantes, des arti¬sans gréco-bactriens antérieurs. Si les sou¬verains désiraient des bijoux, c'était la quan¬tité et la variété, plus que la valeur artistiquequi les intéressait. Par conséquent, bien quede nombreux ornements représentent desdivinités du panthéon grec et que des scè¬nes entières s'inspirent de la mythologiegrecque, leur exécution n'égale pas leniveau des de l'antiquité classique.Les artisans bactriens évaluèrent l'impor¬tance du nouveau marché, s'efforcèrent derester à la mode, mais se soucièrent peu de kla qualité artistique de leurs r

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Page 32: l'armée d'argile du premier empereur chinois

Ceci est particulièrement évident dans unesérie d'agrafes moulées représentant Erosassis sur un dauphin. De toute évidence,l'orfèvre bactrien ne possédait qu'une con¬naissance imparfaite de son sujet, phéno¬mène fréquent dans l'art antique, et il rem¬plaça ce qui était pour lui une créatureétrange et inconnue par des modèles plusfamiliers : les poissons qui abondaient dansl'Amou-Daria, le fleuve de son pays natal.Aucun artisan grec n'aurait prêté un nezaussi disgracieux à la déesse Athéna, qu'onvoit figurée sur un des anneaux d'or décou¬verts à Tillia-Tepe.

Mais la fusion des concepts traditionnelsbactriens avec' d'autres notions purementgrecques est poussée si loin qu'il n'est pastoujours possible de déterminer avec certi¬tude l'origine de nombreuses pièces. Si cer¬taines déesses ailées rappellent Nike, ladéesse grecque de la Victoire, on trouve unedivinité analogue, assise sur un trône ou surun dragon, dans maintes sculptures bac-triennes de l'âge du bronze du second millé¬naire avant J.-C. De même, la déesse assisesur un lion qui décore une ceinture en or deTilla-Tepe rappelle, au premier abord,Cybèle, la déesse-mère adorée dans la Grèceantique. Mais une image complexe repré¬sentant elle aussi une divinité ailée assise sur

des animaux, apparaît déjà sur les sceauxbactriens de la même époque.

Ces exemples montrent comment lesartistes du Kouchan firent appel à la fois auxmodèles traditionnels de l'art gréco-romainancien, et aux débuts de la mythologie bac-trienne locale de l'âge du bronze.

Les ornements en or illustrent aussi

l'influence artistique du royaume parthe(région qui correspond en gros à la région deKhorassan dans l'Iran actuel). Les spécialis¬tes savaient déjà, par la découverte de mon¬naies en Bactriane centrale, que les Parthess'étaient avancés vers l'est jusqu'en Bac¬triane, pour exercer leur domination politi¬que sur les principautés fondées par lesYueh-Chih, en particulier dans la région quiavoisine la ville moderne de Shibargan, àquelques kilomètres de la nécropole enquestion. La découverte de Tillia-Tepe four¬nit de nouvelles preuves de cette influencedes Parthes: les ornements d'or ont une

étroite ressemblance avec les objets décou¬verts dans des tombes parthes de la loin¬taine Ninive, dans le nord de la Mésopota¬mie. Ce n'est pas là une simple coïncidence.

Les images d'animaux sur ces ornementssont particulièrement intéressantes: ellesfont apparaître l'influence directe du styleanimalier scytho-sibérien qu'on trouve dansles tribus sarmates. Il est donc probable quel'arrivée des nomades de Bactriane eut une

influence artistique considérable. Même siles archéologues situent en divers endroits leberceau de cet art animalier, les uns en Eura-sie, d'autres en Asie centrale, les motifs desplaques d'or de Tillia-Tepe animaux lovéssur eux-mêmes formant un cercle, ou biendessinant un nlud, liés les uns aux autres etse mordant furieusement les pattes ou laqueue proviennent certainement desanciennes formes d'art du Haut Altaï en

Sibérie (voir le Courrier de ¡'Unesco, décem¬bre 1976).

L'étude des représentations humaines surles bijoux de Tillia-Tepe suggère l'idée que laBactriane était peuplée, à l'aube de l'èrechrétienne, de plusieurs groupes ethniquesdifférents. Une série de personnages com¬prenant le "prince aux dragons" présentent

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des visages larges, aux yeux bridés et aumenton volontaire de type mongoloïde tra¬duisant peut-être l'aspect physique des

Yueh-Chih, dont l'origine asiatique est cor¬roborée par d'autres données.

D'autres personnages offrent un type toutdifférent: ces femmes au visage ovale, ouplutôt arrondi, aux grands yeux et aux lèvresépaisses, rappellent plutôt les traits des pre¬miers habitants de la plaine de Bactriane.Des guerriers au profil grec classique sontfigurés sur un grand nombre d'agrafes d'or(sans doute importées de Grèce même), etsur certains autres objets.

D'autres influences extérieures, révélées

par les miroirs chinois et les objets indiens enivoire sculpté, nous rappellent que cetterégion était traversée par la grande route dela Soie, qui allait de la Chine à la Méditerra¬née.

Tillia-Tepe a beaucoup à nous apprendre,sur ces courants ininterrompus de marchan¬dises importées de Grèce et de Rome, del'Inde et de la Chine, qui convergeaient enBactriane, et, en même temps, sur la culturelocale, issue d'un mélange original de styleset de civilisations d'origines diverses. Unexemple typique de cet amalgame, c'est lefourreau du poignard en or dont le décorporte des svastikas de l'Inde ancienne, desdragons chinois et les ramures du cerf deSibérie.

Les thèmes traités dans les pendantsd'oreilles en or représentant le "prince auxdragons", proviennent de l'art eurasien:mais le prince lui-même a tout l'air d'unYueh-Chih. La noblesse de son rang est indi¬quée par le signe de caste typiquementindien dessiné sur le front. Et les dragonsqu'il combat ont les pattes rejetées en arrièreselon le style animalier de l'art des Scythes.Mais cette association de traditions et

d'influences culturelles diverses, est surtout

apparente dans les objets dont les thèmessont liés à la mythologie grecque. Certainesdéesses ailées représentant Aphrodite por¬tent sur le front le signe de caste, d'autresont des visages "asiatiques" aux largespommettes. On ne peut trouver de meilleurepreuve de l'importance des transformationssubies par l'art gréco-iranien.

Il est fort possible que les trouvailles deTillia-Tepe soient les premiers exemples d'unart hellénistique résultant du mélange de latradition artistique gréco-romaine avec cellede l'Asie centrale.

Derrière ce phénomène culturel, nous dis¬cernons aussi les événements historiquesqui aboutirent à la naissance de l'empire duKouchan, dont les fondateurs étaient origi¬naires du lointain royaume des Scythes del'Altaï.

Après avoir pris la tête d'une confédéra¬tion des tribus d'Asie centrale et renversé le

royaume gréco-bactrien, les Yueh-Chih seretrouvèrent pendant un temps soumis,dans une certaine mesure, au royaume voi¬sin des Parthes; puis, au second siècle denotre ère, ils commencèrent à fonder leurpropre royaume: le grand empire Kouchan.C'est pendant cette période qu'apparurentles premiers signes d'une culture propre¬ment kouchane née d'un mélange de tradi¬tions gréco-bactrienne, chinoise, indienne etperse. Il faut espérer que de nouvelles fouil¬les organisées par l'expédition archéologi¬que soviéto-afghane jetteront une lumièreplus vive sur le destin de cette culture.

Victor Sarianidi

Birmanie

Le seigneur duCiel Tavatimsa

Ce portrait d'Indra, le Seigneurdu ciel Tavatimsa ("le ciel des

trente-trois dieux") est l'une des

nombreuses peintures murales,

encore peu connues, qui ornent

les temples de Pagan, l'anciennecapitale et ville sainte de la

Birmanie (voir article page 35).Le culte d'Indra, l'un des dieux

les plus importants du panthéonhindou, se retrouve dans le

bouddhisme où les dieux ont

pour rôle de faire connaître et

vénérer Bouddha. Cette peintureoù l'on voit Indra, à genoux,

donner un coup d'archet sur uninstrument à cordes, se trouve

dans le temple Kamma KyaungU et date probablement du 18e

siècle. Quoique déjà en mauvaisétat quand la photo fut prise.cette scène n'a rien perdu de

son éclat; les couleurs rendent

toujours le luxe et la splendeurdes vêtements du dieu, de

l'instrument de musique et dudécor. En 1975, un tremblement

de terre a détérioré encore

davantage ce joyau de l'artbirman.

Page 33: l'armée d'argile du premier empereur chinois

r^iöcGooG^ ; [friera ^

Page 34: l'armée d'argile du premier empereur chinois
Page 35: l'armée d'argile du premier empereur chinois

Le livre d'imagesdes temples de Pagan

par Klaus Wenk

Les murs couverts de fresquesdes temples de Pagan on étécompares à un livre d'imagesillustrant les écritures et la

tradition bouddhiques. Nombrede ces peinture murales dont onmesure mieux aujourd'huil'importance dans l'art birman etoriental, représentent desépisodes des Jataka, les récitsdes vies antérieures du Bouddha

avant sa dernière incarnation au

cours de laquelle i>accéda àl'Illumination (voir aussi légendepage 25). Sur la photo degauche, Brahmadatta, le roi deBénarès, enserrant un palmier,contemple, fasciné, lessplendeurs de la nature. Aupremier plan poussent desarbustes aux formes étranges;on aperçoit un tigre sur unebranche fourchue. Cette

peinture du temple AnandaOkkyaung fut exécutée, avecbeaucoup d'autres, â la fin du18a siècle, époque où Paganconnut une nouvelle floraison

artistique, six siècles après lesac de la ville par les armées deKublaï Khan. "L'envol du

Bodhisattva Medankara hors du

monde" (photo couleur du bas)est une peinture située dansl'Upali Thein, "salled'ordination", qui porte le nomd'un moine du 13* siècle, Upali.Cette scène s'inspire d'unépisode du Buddhavamsa ("lalignée des Bouddhas") qui décritl'existence et l' des vingt-quatre Bouddhas qui vécurentavant Bouddha Gautama. Le

perroquet lissant ses plumes, enhaut â droite, provenant dutemple Yadana Myitzu, montreque les artistes de Paganpouvaient s'adonner â unepeinture purement décorative.Le motif décoratif qu'on voit surla photo de cette page orne leplafond d'Ananda Okkyaung. Unpersonnage avec une couronne

et les insignes royaux se dresseau centre d'un cercle.

LA peinture birmane est l'une des"grandes inconnues" de l'art mondialet seule une poignée de spécialistes a

idée de toute la richesse des fresques quiornent les monuments de Pagan, l'anciennecapitale de la Birmanie.

Située sur la rive est de l'Irrawaddy, à 145kilomètres en aval de Mandalay la ville dePagan déploie une floraison extraordinairede temples et de sanctuaires (le Servicearchéologique birman en a relevé jusqu'àcinq mille). Certains sont en ruines, d'autresdemeurent relativement bien conservés,

malgré les vicissitudes de l'histoire et la lenteentreprise de destruction des éléments natu¬rels auxquelles est venu s'ajouter, commeun coup de massue, le tremblement de terredésastreux du 8 juillet 1975.

Dominant la forêt de pinacles et de cou- wpoles au sommet pointu se dresse sur ce site f

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Page 36: l'armée d'argile du premier empereur chinois

grandiose la masse blanche, aux proportionsparfaites, du temple d'Ananda, le plus célè¬bre de Birmanie.

Juste en face de l'entrée nord de l'Ananda

se trouve un édifice, en forme de tour, assezmassif mais moins imposant, en briquesrecouvertes de plâtre. En Birman on l'appelleAnanda Okkyaung ou "le temple de briques(en face) du temple d'Ananda".

Cette position assez défavorable auxcôtés d'un eminent voisin explique peut-êtreque l'Ananda Okkyaung attire peu de visi¬teurs si l'on excepte ceux qui savent que sessombres corridors abritent le chef d'.uvre

de la peinture birmane du 18e siècle, unesérie de peintures murales encore en bonétat de conservation.

S'il pénètre dans le temple par les entréesaux voûtes basses et arrondies, le visiteur nemanque pas d'être saisi : dans l'atmosphèremystique de la pénombre brille un ensemblede peintures qui, par leur nombre et leur per¬fection, sont sans équivalent dans le restedu pays.

Bien qu'elles ne soient pas toutes de lamême main, ces fresques donnent uneimpression de totale unité. Elles sont carac¬téristiques de la peinture birmane et, pourbien les comprendre, il faut les replacer dansune longue tradition, elle-même inséparablede l'histoire de Pagan.

La peinture birmane est essentiellementbouddhique. Son inspiration principale lui

est venue de ce grand mouvement religieuxqui, parti de l'Inde au 5e siècle avant notreère, a propagé par la suite dans toute l'Asiedu sud et de l'est les enseignements duBouddha, celui qui a triomphé du monde.

En Birmanie, le bouddhisme du Thera-vada est devenu prépondérant sous le règnedu roi Anawratha (1044-1077), qui unifiapolitiquement le pays et entreprit de déve¬lopper Pagan pour en faire l'un des centresd'érudition bouddhique les plus importantsde l'Asie du sud-est. Selon la doctrine du

Theravada, les peintures qui ornent les mursdes temples ne sont que des décorationsaccessoires destinées à exposer et à illustrerles enseignements du Bouddha. Pour sesadeptes, ces ne sauraient en aucuncas être l'objet d'une contemplation pure¬ment esthétique.

Mais la peinture birmane ne puise pas sondéveloppement et son raffinement à cetteseule source. Elle reflète égalementles enseignements du bouddhisme duMahayana, ou bouddhisme du "Grand Véhi¬cule", qui, à l'inverse des enseignementsplus rigoureux du bouddhisme du Thera¬vada, admet la croyance en un grand nom¬bre de saints et de bodhisattvas (êtres aspi¬rant à l'Illumination, donc futurs Bouddhas)et répond ainsi au besoin d'une doctrine dusalut de caractère plus populaire. On relèved'autres influences tenant à la proximitégéographique de l'Inde et du Tibet, à descontacts étroits avec Ceylan (l'actuel Sri

Lanka) et aux croyances animistes profon¬dément enracinées dans le peuple. Les divi¬nités hindoues sont peintes sur les murs denombreux temples de Pagan et l'on trouveaussi des traces du tantrisme: ce "boud¬

dhisme magique", pratiqué surtout au Tibetà l'origine, met l'accent sur le rituel, l'obser¬vance rigoureuse des cultes, l'initiation, laconsécration et les formules magiques.

Peu de monuments du règne d'Anawra-tha ont survécu : ce n'est que sous celui deson deuxième successeur, Kyanzittha (1084-1112), que s'ouvre la grande époque deconstruction. Les fresques que l'on peutencore admirer sur leurs murs marquent ledébut d'une tradition artistique dont lespeintures de l'Ananda Okkyaung sont, à uneépoque ultérieure, la brillante expression.

De nos jours, il est encore possible de voirdes peintures murales bien conservéesdatant de cette première période dans letemple Wetyi-in Kubyauk achevé sansdoute en l'an 1200 ou un peu avant car lacouche de mortier fixée sur les murs, assez

épaisse et bien lisse, a été un support dura¬ble pour les peintures. Tel n'est pas toujoursle cas à Pagan, où le mortier était souventfabriqué avec une latérite locale où viennentse nicher les insectes pour se reproduire.Aussi le plâtre de la plupart des templess'est-il en grande partie détaché des murs;là où il tient encore, la surface et, par consé¬quent, les peintures murales, sont couvertesde nids de guêpes, de termites et autres»insectes destructeurs. I

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Ce lion gigantesqueaux crocs menaçants,montant la gardedevant une pagode,chassait les espritsmalfaisants.

Véritable forêt de temples et de stupa (5000monuments au total) le site de Pagan, lacité sainte bouddhique, s'étend sur plus de70 kilomètres carrés. Page ci-contre, duhaut des terrasses du Thatbyinnyu, le plusgrand édifice de Pagan (aussi élevé qu'unimmeuble de 20 étages), on distingue âl'horizon la silhouette blanche du célèbre

temple Ananda. En juillet 1975, ce siteincomparable fut secoué par un violenttremblement de terre qui causa de gravesdégâts. Certaines peintures muralessubirent des dommages irréparables. Legouvernement birman a entrepris une vasteopération de sauvetage (ci-dessous) desmonuments touchés.

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Ci-dessus, "Sur le fleuve Televaha", scène

tirée d'un Jataka qui oppose les attitudesde deux colporteurs dont l'un accédera plustard à la bouddhéité. Sur cette peinturebirmane l'une des rares où l'eau soit

représentée l'un des deux colporteurs(sans doute l'homme qui se tient, les braslevés, â l'arrière du bateau) traverse le

fleuve Televaha qui le sépare de la villed'Andhapura (toutes les photos de cettedouble page reproduisent des peinturesmurales du 18e siècle appartenant autemple Ananda Okkyaung de Pagan).

k L'année 1287 mit fin au premier âge del'histoire du bouddhisme: une armée mon¬

gole conquit et dévasta Pagan, incendiantses bâtiments monastiques en bois et sespalais ainsi que les missions et les cabanes.En cette seconde moitié du 13e siècle, la Bir¬manie, semble-t-il, avait perdu tout sens desréalités politiques, car seuls quelques bâti¬ments se trouvaient dans la partie protégéepar les murs de la ville. Ainsi, l'un des plussplendides témoignages de la ferveur boud¬dhique fut-il facilement détruit par les hor¬des mongoles.

Durant les cinq siècles qui suivirent, il n'yeut pas d'empire birman. Les diversesdynasties qui régnèrent sur les différentspeuples, de part et d'autre de l'Irrawaddy etde la Walwin, guerroyèrent entre elles sansqu'il y eût jamais d'issue. De nouvelles capi¬tales et de nouveaux centres culturels virent

le jour: Ava, Sagaing, Amarapura. Ce n'estqu'à la fin du 18" siècle que Pagan retrouvasa grandeur passée, avec l'exécutiond'incomparables peintures dans un grandnombre de petits stupa (tumulus commémo-ratifs contenant des images, des reliques de

saints ou des textes sacrés) et de temples.Construit entre 1776 et 1785, l'Ananda

Okkyaung s'inscrit dans ce mouvement derenaissance qui commença avec l'accessionau trône du roi Alaungpaya en 1752 et réta¬blit Pagan dans son ancien rôle de métro¬pole culturelle du pays.

Exécutées dans des tons dominants de

rouge et de brun, avec des ocres tirés desgéodes de fer qui jonchent le lit de l'Irra¬waddy voisin, les peintures murales del'Ananda Okkyaung reprennent les thèmesbouddhiques qui avaient inspiré les artistesde Pagan plusieurs centaines d'annéesauparavant. Un grand nombre de ces thè¬mes proviennent d'un ensemble de textesbouddhiques, les Jataka un ensemble decontes, d'anecdotes et de dictons vigoureuxqui relatent les épisodes des nombreusesvies antérieures du Bouddha.

Selon la tradition, avant l'Illuminationsuprême, le Bouddha Gautama a vécu ungrand nombre d'existences sous des formesdiverses vivant parmi les hommes tour àtour comme dieu, monarque, ministre,ascète, commerçant, jardinier, musicien ousous d'autres aspects. Il est aussi apparusous la forme d'animaux ou d'oiseaux

divers. Dans les Jataka, le Bouddha tient lerôle du héros ou bien d'un simple person¬nage. Parfois, il n'est qu'un spectateur, maisil manifeste toujours une ou plusieurs vertuscomme la sympathie, la compassion oul'altruisme, dont la pratique le prépare àl'Illumination. L'immense popularité desJataka comme véhicule de l'enseignementbouddhique se mesure au nombre de texteset d'images qu'ils ont inspirés.

Dans les peintures murales de l'AnandaOkkyaung, la liberté avec laquelle les pein¬tres ont conçu leurs thèmes est particulière¬ment remarquable. Comme le montrent lesillustrations qui figurent sur ces pages, ils nereprésentent pas seulement ce qu'il estindispensable de montrer pour relater lesJataka, ils en profitent aussi pour peindredes scènes de genre de la vie de cour et de lavie quotidienne de cette époque, apportantainsi une mine d'informations sur l'histoire

culturelle du peuple birman.

Les fresques s'inscrivent dans une tradi¬tion où la représentation de la réalité, dumonde extérieur, repose sur certaines for¬mules et certains schémas qui, une fois défi¬nis, acquièrent une valeur universelle. Enexécutant chaque tableau ou partie detableau, l'artiste birman prend pour point dedépart un certain nombre de personnagesou de modèles de base. Traditionnellement,

quatre formules artistiques, qu'on appelleKanut, Nari, Kapi et Gaja, commandaient lacomposition des peintures birmanes; cestermes palis et sanscrits définissaient à lafois le thème et le traitement. Par Kanut, on

entend toute décoration aux lignes arrondiesou courbes. La végétation, en particulier lesdifférentes parties du lotus, entre dans cettecatégorie, mais ces motifs aux volutesascendantes sont souvent utilisés pour lesserpents et autres animaux, les vagues et lesnuages stylisés, les représentations abstrai¬tes. Nairi au sens littéral: "femme"

désigne, de manière plus générale, toutereprésentation du corps humain, des dieuxet du Bouddha.

Le terme Kapi, au sens strict, s'applique à kla peinture des singes, mais il désigne, par*

38

Page 39: l'armée d'argile du premier empereur chinois

Bien qu'il ait cent frères plusâgés que lui, le PrinceGamani est choisi comme

roi en raison de sa sagesse.En haut à gauche, deux deses frères vont â cheval, un

autre est à dos d'éléphant.Ils sont escortés par desserviteurs, des porteurs dedais et des soldats armés de

fusils.

Précédé par uncortège de dixserviteurs portantdes vases en or,et suivi de trois

autres serviteurs

dont l'un porte ledais, un élégantcavalier franchit

le portail d'unedemeure, â

gauche. Détaild'une peinturemurale illustrant

le mariage d'unjeune homme etde la fille du

trésorier du roi,

histoire tirée d'un

Jataka. On

reconnaît, sur la

gauche, un métierà tisser.

Cette dame de la cour, svelte et

gracieuse, en haut à droite,semble danser au son de la

musique que tire d'uninstrument en forme de

crocodile l'homme assis derrière

elle. Les peintres des fresquesde l'Ananda Okkyaung ne se

contentèrent pas d'illustrer desthèmes bouddhiques: leur

prédilection pour les scènes degenre représentant la vie de

cour ou la vie quotidienne nousdonne de nombreux aperçus surle passé culturel de la Birmanie.

39

Page 40: l'armée d'argile du premier empereur chinois

KLAUS WENK, professeur au départementd'études orientales à l'Université de Hambourg,en République fédérale d'Allemagne, est l'auteurd'importants ouvrages sur l'histoire, la littératureet l'art du Sud-est asiatique. Il faut citer une étudeillustrée en trois volumes. Les peintures muralesen Thaïlande (1975-1976), ainsi que Les peinturesmurales en Birmanie, volume I, et Les peinturesde Pagan de la dernière période (1977), avec laparticipation du professeur U Tin Lwin de l'Uni¬versité de Mandalay, deux livres publiés par Iñigovon Oppersdorff Verlag, à Zurich. Ces deux étu¬des, d'où proviennent les illustrations de cet arti¬cle et de celui du professeur Adul Wichiencha-roen (page 25) ont obtenu le prix de l'Emblèmeinternational pour les travaux d'Art et de Culture.Franz Horisberger a réalisé l'illustration photogra¬phique de Peintures de Pagan en 1975, peu detemps avant que la région ne soit dévastée par unviolent tremblement de terre. Beaucoup de pein¬tures murales n'existentplus que sous la forme dedocuments photographiques.

. extension, la peinture d'animaux de toutessortes ainsi que de diverses créaturesmythologiques. Dans l'ensemble ce termeest lié à l'idée de mouvement rapideoiseaux en vol, animaux bondissant à

l'humeur joueuse des singes, à la noncha¬lance capricieuse du kinnari (être moitiéhumain, moitié oiseau), et aux harmoniesdes musiciens célestes.

Gaja sert à décrire la représentation del'éléphant, un thème courant de la peinturebirmane. Le corps de l'éléphant est associé àl'idée de taille, de hauteur et de longueur,mais il évoque aussi la force et l'immobilité.

A quelques exceptions près, l'ensemblede la peinture birmane ressortit à ces quatretypes fondamentaux. Elle représente le con¬cret, le visible, la forme matérielle des cho¬ses, la surface. Ce qui ne se prête pas à ladescription ou ne peut être que suggéréles impressions, les forces mentales et spiri¬tuelles qui agissent sur l'homme, les émo¬tions et l'intellect, les divers degrés de cons¬cience du salut ou du mauvais chemin

existent, à l'état immanent, dans les peintu¬res et se dégagent des formes matérielles.

Dans un Bouddha dessiné d'un trait ferme

et dépourvu des couleurs qui pourraient luidonner un attrait d'ordre esthétique, unadepte de la pensée bouddhique voit spon¬tanément un monde de paix intérieure etacquiert une perception plus aiguë des for¬mes de l'existence.

Ainsi, on trouve dans ces fresques birma¬nes une peinture décorative issue de motifsfloraux qui ont abouti à des formes géomé¬triques; une peinture figurative où des for¬mes pleines, indifférenciées, voisinent avecdes figures éthérées, d'une facture sédui¬sante; une peinture du mouvement, mon¬trant des scènes où jouent des animaux ets'ébattent des créatures mythologiques;une peinture des objets, qui ne s'apparentepas fondamentalement à la nature mortemais suggère l'immobilité par la représenta¬tion de créatures ou d'objets de grandetaille.

Enfin, comme dans toute peinture orien¬tale, les fresques birmanes ordonnentl'espace selon des perspectives parallèles.Elles s'étagent en plans successifs etdéploient personnages et objets devant lespectateur, sans donner (sauf à de rares

exceptions) l'impression de profondeur spa¬tiale. Ce type de peinture, d'où l'horizon estabsent, s'appuie nécessairement sur le des¬sin, sur des contours et des représentationslinéaires. L'horizontal et le vertical s'interpé

nétrent et ne font que diviser la surface sanscréer l'espace.

Les personnages et objets sont placés lesuns à la suite des autres ou par groupes,comme dans un livre d'images. Il n'y a habi¬tuellement pas d'harmonie entre le paysageet les personnages, ceux-ci étant isolés dece qui les entoure. Les formules picturalesKanut ne se rapprochent ni par la forme nipar la couleur de la peinture Nari; ce n'estque sur quelques fresques qu'on trouve

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Page 41: l'armée d'argile du premier empereur chinois

"// était une fols, dans le pays deKasl, un seigneur qui avait promisd'offrir un sacrifice à la fée d'un

figuier-banian qui se dressait à/'entrée du village. Un peu plustard... il sacrifia un grand nombrede bêtes et se rendit en personneauprès de l'arbre pour être délié deson v

Mais la fée, debout à la fourche de

l'arbre, prononça ces paroles:Songe à la vie future toi qui veuxêtre libre:

Pare/l/e délivrance est dur

esclavage.Ce n'est pas ainsi que le sage sedélivre

Car délivrance folle finit en

esclavage.Dès lors les hommes changèrent deconduite et empruntant le droitchemin affluèrent dans la cité desDevas. "

Sur cette peinture murale d'AnandaOkkyaung, l'image souveraine de ladivinité se dresse au centre d'un

arbre dont les racines, le tronc etles branches luisent comme des

flammes. Dans le feuillage il fautpeut-être voir une sorte de nimbe.A droite dans l'enceinte de sa

demeure, le "citoyen riche",entouré de ses femmes, est allongésur une couche. Cette scène de

genre, assez éloignée du récit duJataka, reconstitue l'atmosphèred'opulence dans laquelle vivait unhomme assez puissant pour sacrifierâ un dieu-arbre un grand nombre debêtes.

atténuée cette séparation entre les figures etentre les objets.

Ainsi, la démarche figurative de cesremarquables peintures ne relève-t-elle pasdu sentiment, mais de la raison. Cet arttémoigne d'un sens de l'ordre : la société estorganisée selon des principes hiérarchiques,et l'ensemble de l'univers est un systèmeordonné selon la cosmologie indo-bouddhique.

Klaus Wenk

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Page 42: l'armée d'argile du premier empereur chinois

Maquettiste du Courrier de ¡'Unesco depuis sacréation, Robert Jacquemin a pris sa retraite àla fin de l'année 1979. Plus de trente ans pen¬dant lesquels il a su marquer plusieurs centai¬nes de numéros de la revue au sceau de son

talent. Sans son exigence celle d'un vraiprofessionnel et d'un artiste la revuen'aurait jamais connu le succès qu'elle a ren¬contré auprès d'un vaste public international.A ce titre il s'est acquis l'estime et la recon¬naissance de tous.

Liste des librairies-relais UnescoAIX-EN-PROVENCE. Librairie de Provence S.A.

Librairie de l'Université AIX-LES-BAINS. Librairie

"Le Pierrot Lunaire" AMIENS. Librairie Poiré-

Choquet ANGERS. Librairie Richer BOR¬DEAUX. Librairie Mollat BREST. Librairie Jouan-

neau CAEN. Librairie de l'Université

CLERMONT-FERRAND. Librairie "Les Volcans

d'Auvergne" DIJON. Librairie de l'UniversitéGRENOBLE. Librairie Harel. Librairie Arthaud

LILLE. Le Furet du Nord - LIMOGES. Librairie Bara-

dat LYON. Librairie Camugli. Librairie DecitreMARSEILLE. Librairie Fueri Lamy. Librairie Laffite.Librairie Maypetit MONTPELLIER. Librairie Sau-ramps - MULHOUSE. Relais FNAC Mulhouse -NANCY. Librairie Didier. Librairie Michaud NAN¬

TES. Librairie Durance NICE. Librairie "A la Sor-

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bonne" PARIS. Librairie Unesco. Librairie de laDocumentation française. Librairie Gibert Jeune. Librai¬rie Joseph Gibert. Pédagogie-Information, Librairie dessciences de l'Education. Les Presses Universitaires deFrance. Les Presses Universitaires de France, Librairieinternationale. Librairie des sciences politiques. FNACMontparnasse. FNAC Forum des Halles POITIERS.Librairie de l'Université REIMS. Librairie MichaudRENNES. Librairie Cheminant - ROUEN. LibrairieVan Moe - SAINT-ETIENNE. Librairie Plaine -

STRASBOURG. Librairie Berger-Levrault. LibrairieGutemberg. Librairie Kléber. Librairie Oberlin. FNAC,La Maison Rouge TOULON. Librairie BonnaudTOULOUSE. Librairie Privat - TOURS. Librairie "LaBoîte à Livres".

Cartes de vBux de l'UNICEF

Des artistes et des musées de nombreux pays ont de nouveau fourni à l'UNICEF lesmotifs de ses cartes dev et de ses articles de papeterie. Cette année, la collectionde cartes pour toute occasion, grandes ou "mini-cartes", cartes-lettres, ensemblesde correspondance assortis, papier à lettres et enveloppes doublées, est illustréed'une grande variété de motifs, notamment une xylographie chinoise du 17e siècle,un manuscrit enluminé irlandais du 7e siècle, le "Livre de Durrow", une tapisserie pré¬

colombienne et un habit de couronnement imprimé du Nigeria. Le produit de la ventede ces articles, disponibles dans les nombreux points de vente de l'UNICEF répartis àtravers le monde, va permettre à l'UNICEF de poursuivre et d'étendre sonessentielle qui consiste à donner aux enfants les plus nécessiteux du monde, dansquelque cent pays en développement d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine, la possi¬bilité de mieux se nourrir, de s'instruire et de recevoir des soins médicaux. La collec¬

tion de l'UNICEF comprend aussi un agenda imprimé en trois langues (anglais, fran¬çais, espagnol) représentant des jeux, des jouets et des chansons d'enfants de 20pays des cinq continents. Certains jeux éducatifs de l'UNICEF rencontrent un grandsuccès, par exemple les trois découpages en carton "Educoll" qui permettent deconstruire des habitations traditionnelles d'Afrique et d'Indonésie, et un puzzle auxcouleurs vives représentant des enfants de divers pays qui forment une ronde en setenant la main. Ici, on voit un assortiment de vingt "mini-cartes" pour toute occa-

Nouvelles publicationsUnesco

Le Bureau international d'éducation au

service du mouvement éducatif

(153 p.) - 20 F.Science, technique et développement :la démarche de l'Unesco (124 p.)14 F.

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La Chine

par Peter Schicht, Ulla et JohannesKüchler

La Bibliothèque des Arts, Paris 1979La civilisation de la Chine classi¬

que

par Danielle et Vadim ElisseeffArthaud, Paris 1979

L'art de l'ancienne Chine

par Pr. William WatsonEditions Mazenod, Paris 1979

La peinture en Thaïlandepar Jean BoisselierLa Bibliothèque des Arts, Paris 1976

L'aventure archéologiquepar André ParrotEditions Robert Laffont, Paris 1979

Trésors de Chine et de HauteAsie

Dans le cadre du centenaire de la nais¬

sance de Paul Pe/liot (1878-1945), un

eminent orientaliste français, la Biblio¬thèque Nationale, à Paris, expose unecollection d'inestimables manuscrits,antérieurs au 11' siècle, quise rapportentà l'âge d'or de l'histoire de la Chine et dela Haute Asie (20 septembre-28 décem¬bre 1979).

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Page 43: l'armée d'argile du premier empereur chinois

Index du Courrier de l'Unesco 1979Janvier

ETRE UN ENFANT EN 1979 : 2 milliards d'enfants à la recherche de leurs droits (E. Boul-ding) ; les enfants de la faim (F. Monckeberg Barros) ; les fées U.E. Adoum) ; parents-enfants (A. McKenna) ; les droits de l'enfant ; construire un jouet, c'est un jeu d'enfant ;le droit à un nom et à une patrie (H. Gratiot-Alphandéryl ; l'exil ; trésors de l'art mondial :mère et enfant (Pakistan).

Février

LES HUICHOLS. Climats, attention I Fragile (W.W. Kellogg) ; des chiffres pour retrouverles lettres maya (V.A. Kouzmistchev) ; la vie des anciens Maya (I. Knorozov) ; les Huichols(J. Negrin) ; la culture haïtienne (R. Depestre) ; le centre du monde n'est pas toujours ceque l'on pense (G. Barraclough) ; trésors de l'art mondial : les petites déesses-mères de lagrande Mycènes (Grèce).

Mars

L'ENFANT ET L'IMAGE DU MONDE : L'homme fait la télévision à son ¡mage (J.Halloran) ; la drogue électronique (K. Goto) ; faire du cinéma avec les enfants (F. Truf-faut) ; enfances africaines (C. Laye) ; ce qu'ils en pensent ; les jeunes n'ont pas les livresqu'ils méritent (M. Soriano) ; deux coups de crayon pour communiquer ; l'Unesco etl'Année internationale de l'enfant ; les stéréotypes - un miroir déformant (H.O. Ortega) ;où commence le racisme (B. Benfield) ; des surdoués "comme les autres" (A.V.Petrovski) ; trésors de l'art mondial : un enfant (France).

Avril

LA COURSE AUX ARMEMENTS : Vouloir la paix (A.-M. M'Bow) ; la course aux arme¬ments ; la science contre l'humanité ; la surenchère technologique ; l'arme la plus meur¬trière ? L'industrie de la guerre ; trois mythes ; l'empire du militaire ; pour arrêter la courseaux armements ; trésors de l'art mondial : promesses de vie (Tunisie).

Mai

EINSTEIN : Histoire d'un génie (J. Ehlers) ; quelques pas dans la relativité (I. Asimov) ; lemonde à l'envers ; une théorie harmonieuse (P. Dirac) ; au rendez-vous de la lumièrecourbe ; science et subjectivité : le cas Einstein (P. Thuillier) ; deux mille ans d'explicationdu monde ; les frontières de la science (A.B. Migdal) ; la responsabilité morale du savant(A. Einstein) ; trésors de l'art mondial : le sourire de l'enfance (Inde).

Juin

LE VRAI VISAGE D'ALEXANDRE ? La renaissance de Sukhothai (M.C Subhadradis Dis-

kul) ; monde du partage ou partage du monde ? (M. Bedjaoui) ; le tombeau présumé dePhilippe II, père d'Alexandre le Grand (M. Andronicos) ; le mystère d'Elche U.C.Langlois) ; Janusz Korczak (S. Tomkiewicz et B. Maffioli) ; hommage à Margaret Mead(C. Lévi-Strauss) ; trésors de l'art mondial : un chef maori et sa descendance (Nouvelle-Zélande).

Juillet

RENOUVEAU DES PLANTES MEDICINALES : Avicenne (H. M. Said) ; une matière pre¬mière de grande consommation (M.A. Attisso) ; un savoir à réinventer U.-M. Pelt) ; lelaboratoire végétal africain (D.E.U. Ekong) ; l'Unesco et la chimie fondamentale des pro¬duits naturels ; la médecine tibétaine (L.L. Khoundanova) ; La Chine : renouveau scientifi¬que d'une pratique millénaire (W. Wen) ; Népal : la médecine végétale de l'Himalaya ; lapharmacopée de la mer (M. Piatelli) ; Steroides végétaux et fertilité humaine (P. Crabbé) ;la forêt brésilienne, une réserve phytochimique fabuleuse (O.R. Gottlieb et W.B. Mors) ;les plantes contre la drogue ; pour une "médecine verte" (V. Petkov) ; trésors de l'artmondial : fillettes totonaques sur une balançoire (Mexique).

Août/SeptembreL'AFRIQUE ET SON HISTOIRE : L'histoire générale de l'Afrique (A.-M. M'Bow) ; un con¬tinent en quête de son passé U. Ki-Zerbo) ; la parole écrite ; la dynamique du temps afri¬cain (M. Boubou Hama et J. Ki-Zerbo) ; la parole, mémoire vivante de l'Afrique (A. Ham-pâté 8â) ; la théorie hamitique (D.A. Olderogge) ; les artistes du néolithique ; de la naturebrute à une humanité libérée (J. Ki-Zerbo) ; la préhistoire africaine et l'évolution de'l'homme ; arts et métiers de l'Egypte pharaonique (R. El-Nadouri et J. Vercoutter) ;l'Empire de Koush U. Leclant) ; le règne des Candaces (A.M. Ali Hakem, I. Hrbek et J.Vercoutter) ; l'Empire du Mali (D. Tamsir Niane) ; l'essor de la civilisation swahili (V.V.Matveiev) ; trésors de l'art mondial : mère et fils (Mali).

Octobre

PAPOUASIE NOUVELLE-GUINEE : Les enfants de l'Apartheid (M. Kunene) ; PapouasieNouvelle-Guinée U. Kolia) ; l'art malanggan de la Nouvelle-Irlande (P. Godin) ; visage dela Papouasie Nouvelle-Guinée ; Bertina et la FAO (B. Wijngaarden) ; les déshérités de laterre ; la musique des pays arabes du Golfe (H. Tourna) ; le minaret de Djam (A. Bruno) ;trésors de l'art mondial : Déesse-mère de l'Age du Bronze (Turquie).

Novembre

SCIENCE, TECHNOLOGIE ET DEVELOPPEMENT : Les choix du développement (I.H.Abdel-Rahman) ; les nouveaux préceptes du développement (J.F-. da Costa) ; la pauvretéabsolue (N.A. Cox-George) ; pour une renaissance de la recherche scientifique dans leTiers monde (A. Salam) ; la croissance accélérée (0. Giarini) ; pour une stratégie mondialedu développement (D. Gvishiani) ; naissance du Japon moderne (K. Oshima et K.Furuya) ; les maîtres de la décision (F. Papa Blanco) ; trésors de l'art mondial : la mère etl'enfant (Royaume-Uni).

Décembre

ART ET ARCHEOLOGIE EN CHINE, NEPAL, AFGHANISTAN, THAÏLANDE ET BIRMA¬NIE : Chine (Gu Wenjie) ; Népal (C. Jest) ; Afghanistan (V. Sarianidi) ; Birmanie (K.Wenk) ; trésors de l'art mondial : naissance du Bouddha (Népal).

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ALBANIE. N. Sh. Botimeve Nairn Freshen, Tirana. ALGɬRIE. Institut pédagogique national, 11, rue Ali Haddad, Alger,Société nationale d'édition et diffusion ISNEDI, 3 bd Zirout You-cef, Alger. - RÉP. FED. D'ALLEMAGNE. Unesco Kurier (Edi¬tion allemande seulement) : Colmantstrasse, 22, 5300 8onn.

Pour les cartes scientifiques seulement : Geo Center, Postfach800830, 7000 Stuttgart 80. Autres publications : S. KargerGmbH, Karger Buchhandlung, Angerhofstr. 9, Postfach 2, D-8034 Germermg/Munchen. - REP. DÉM. ALLEMANDE.Buchhaus Leipzig, Postfach, 140, Leipzig. Internationale Buch¬handlungen, en R.D.A. AUTRICHE. D' Franz Hain, Verlag¬sund Kommissronbuchhandlung, Industriehof Stadlau, Dr OttoNeurath - Gasse, 1220 Vienne. - BELGIQUE. Ag. pour lespublications de l'Unesco et pour l'édition française du"Courrier" : Jean, dé Lannoy, 202, Avenue du Roi, 1060 Bruxel¬les, CCP 000-0070823-13. Edition néerlandaise seulement : N.V.

Handelmaatschappij Keesing, Keesinglaan 2-18,21000 Deurne-Antwerpen. REP. POP. DU BÉNIN. Librairie nationale, B.P.294 Porto Novo. BRÉSIL. Fundaçion Getúlio Vargas,Editora-Oivisao de Vendas, Caixa Postal 9.052-ZC-02, Praia de

Botafogo, 188 Rio de Janeiro RJ - BULGARIE. Hemus, Kan-tora Literatura, bd Rousky 6, Sofia. CAMEROUN. Le secré¬taire général de la Commission nationale de la République unie

du Cameroun pour l'Unesco, B.P. N° 1600, Yaounde.CANADA. Editions Renouf Limitée, 2182, rue Ste. CatherineOuest, Montréal, Que H3H IM7. - CHILI. Bibliocentro Ltda.,Casilla 13731 Constitución n° 7, Santiago (21). CHINE. ChinaNational Publications Import Corporation, West Europe Dept.,P O. Box 88, Pékin. - RÉP. POP. DU CONGO. Librairie popu¬laire B.P. 577 Brazzaville; Commission nationale congolaise pourl'Unesco, B.P. 577, Brazzaville - CÔTE-D'IVOIRE. Centred'édition et de diffusion africaines. B P. 4541. Abidjan-Plateau.- DANEMARK. Ejnar Munksgaard Ltd., 6, Norregade, 1165Copenhague K. - EGYPTE (RÉP. ARABE D'). National Centrefor Unesco Publications, N° 1, Talaat Harb Street, TahrirSquare, Le Caire - ESPAGNE. MUNDI-PRENSA Libros S.A.,Castelló 37, Madrid 1. Ediciones Liber. Apartado 17, Magdalena

8, Ondárroa (Viscaya) ; DONAIRE, Aptdo de Correos 341, LaCoruna ; Librería Al -Andalus, Roldana, 1 y 3, Sevilla 4. LibreríaCASTELLS, Ronda Universidad 13, Barcelona 7; Editorial Feni¬cia, Cantelejas, 7 "Riefno", Puerta de Hierro, Madrid 35ÉTATS-UNIS. Unipub. 345, Park Avenue South, New York,N.Y. 10010. - FINLANDE. Akateeminen Kiirjakauppa, Keskus-katu 1, 00100 Helsinki. - FRANCE. Librairie Unesco, 7, placede Fontenoy, 75700 Pans. C.C.P. 12.598.48 - GRÈCE. Librai¬ries internationales HAÏTI. Librairie A la Caravelle, 26, rueRoux, B.P. 111, Port-au-Prince. - HAUTE-VOLTA. Lib. AttieB.P. 64, Ouagadougou. Librairie Catholique «Jeunessed'Afrique ». Ouagadougou. HONGRIE. Akadémiai Konyves-bolt, Váci U 22, Budapest V., A.K.V. Kónyvtárosok Boltja. Nép-koztasasag utja 16, Budapest VI. INDE. Orient LongmanLtd. : Kamani Marg. Ballard Estate. Bombay 400 038 ; 17 Chitta-ranjan Avenue, Calcutta 13 ; 36a Anna Salai, Mount Road,Madras 2. B-3/7 Asaf Ali Road, Nouvelle-Delhi 1, 80/1 MahatmaGandhi Road, Bangalore-560001, 3-5-820 Hyderguda,Hyderabad-500001. Publications Section, Ministry of Educationand Social Welfare, 511, C-Wmg, Shastn Bhavan, Nouvelle-Delhi-1 10001 ; Oxford Book and Stationery Co., 17 Park Street,Calcutta 700016; Sandia House, Nouvelle-Delhi 110001. -IRAN. Commission nationale iranienne pour l'Unesco, av. Iran-chahr Chomali N° 300 ; B.P. 1533, Téhéran, Kharazmie Publis¬

hing and Distribution Co. 28 Vessal Shirazi St, Shahreza Ave¬nue, P.O. Box 314/1486, Téhéran. - IRLANDE. The Educatio¬nal Co. of Ir. Ltd., Ballymount Road Walkinstown, Dublin 12.ISRAËL. Emanuel Brown, formerly Blumstein's Bookstores :35, Allenby Road et 48, Nachlat Benjamin Street, Tel-Aviv ; 9Shlomzion Hamalka Street, Jérusalem. ITALIE. Licosa

(Librería Commissionaria Sansoni, S.p.A.I via Lamarmora, 45,Casella Postale 552, 50121 Florence. - JAPON. Eastern Book

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Paul Brück, 22, Grande-Rue, Luxembourg. MADAGAS¬CAR. Toutes les publications : Commission nationale de ía Rép.dém. de Madagascar pour l'Unesco, Ministère de l'Educationnationale, Tananarive. MALI. Librairie populaire du Mali,B P. 28, Bamako. MAROC. Librairie « Aux belles images »,282, avenue Mohammed-V, Rabat, C.C.P. 68-74. « Courrier de

l'Unesco» : pour les membres du corps enseignant : Commis¬sion nationale marocaine pour l'Unesco 19, rue Oqba, B.P. 420,Agdal, Rabat (C.C.P. 324-45). - MARTINIQUE. Librairie « AuBoul' Mich », 1, rue Pernnon, et 66, av. du Parquet, 972, Fort-de-France. MAURICE. Nalanda Co. Ltd., 30, BourbonStreet, Port-Louis. MEXIQUE. SABSA, Servicios a Bibliote¬

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Toutes les publications : Johan Grundt Tanum (Booksellers),Karl Johans gate 41/43, Oslo 1. Pour le « Courrier » seulement ;A. S. Narvesens Litteraturjeneste, Box 6125 Oslo 6NOUVELLE-CALÉDONIE, Reprex S.A.R.L., B.P. 1572, Nou¬méa PARAGUAY. Agencia de diarios y revistas, Sra. Nellyde Garcia Astillero, Pte. Franco N° 580 Asunción. PAYS-BAS. «Unesco Koener» (Edition néerlandaise seulement)

Systemen Keesing, Ruysdaelstraat 71-75. Amsterdam-1007.Agent pour les autres éditions et toutes les publications del'Unesco : N.V. Martinus Nijhoff, Lange Voorhout 9. 's-Gravenhage POLOGNE. ORPAN-Import. Palac Kultury, 00-901 Varsovie, Ars-Polona-Ruch, Krakowskie -Przedmiescie N°7, 00-068 Varsovie. - PORTUGAL. Dias Et Andrade Ltda.

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VIE. Jugoslovenska Knjiga, Trg Republike 5/8, P.O.B. 36, 11-001 Belgrade. Drzavna Zalozba Slovenije, Titova C 25, P O.B.50, 61-000 Ljubljana. - RÉP. DU ZAIRE. La librairie, Institutnational d'études politiques, B.P. 2307, Kinshasa Commissionnationale de la Rép. du Zaïre pour l'Unesco, Ministère de l'Edu¬cation nationale, Kinshasa.

Page 44: l'armée d'argile du premier empereur chinois

Les feux d'une époque obscureCes ornements en or décorés de bijoux ont été choisis parmi les milliers d'autres qu'on arécemment découverts dans une nécropole royale antique près de Shibargan, dans lenord de l'Afghanistan. L'extraordinaire mélange de styles et d'influences culturelles querévèle ce trésor fournit des données d'une importance capitale pour mieux connaîtrel'histoire encore obscure d'une société qui vivait au carrefour de l'Orient et de l'Occidentil y a 2 000 ans (voir l'article page 29). De droite à gauche en partant du haut: fourreaude poignard en or avec une scène en relief de combat d'animaux ; attache représentantune déesse ailée de la victoire, un couple (peut-être Dionysos et Ariane) chevauchant unanimal fantastique, et un satyre ; ceinture en or tressé ; coupe en or qui se trouvait sousla tête d'un souverain défunt; diadème décoré d'arbres et d'oiseaux en or, incrusté de

perles et de turquoises.

Photos Victor Sarianidi, Moscou Expédition archéologique soviéto afghane