la selecnon royale des membres des corps de ville en frange

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LA SELECnON ROYALE DES MEMBRES DES CORPS DE VILLE EN FRANGE AU XVnE SffiCLE: UNE NOUVELLE LECTURE. GuySaupin Universidad de Nantes Dans le discours faistoiiogr^hique classique', la progression de l'absolutisine dans la monarchie fran9aise du XVIIe siécle s'est logiquement traduite par une létiactíon de l'auto- nomie urbaine, aussi bien dans la gestión administrative que dans le renouvellement des corps de ville. Les représentants directs du roi, gouvemeurs pxiis intendants, ont été Tinstru- ment de cette mise en tuteUe progranunée de l'élite urbaine, au m^ris des anciens priviléges urbains. Depuis dix ans, une inflexión de la recherche &an9aise sur le pouvoir urbain a ce- pendant pennis de nuancer cette lecture . Les discussions issues des programmes de recher- che sur la genése de ^ t a t modeme^ ont souJigné la place essentielle des réseaux de clientéle dans ce processus politique, en pñvilégiant le role des hens entre les individus et les Ugna- ges dans l'émergence d'un systéme administratif et en invitant á conférer plus d'importance au relationnel entre les serviteurs du roi qu'á une logique bureaucratique d'un appareü d'Etat. Dans ce schéma, l'originalité £ran9aise viendrait du glissement progressif de la prééminence d'un systéme cUentélaire de type aristocratique, héñtier en paitie du féodalisme, á celle d'un clientéUsme ministériel, support du développement des offices royaux et des contrats passés avec tous les traitants'*. Dans cette redistñbution des rapports de forcé, le XVIIe siécle parait bien étre la phase de transition majeure. Dans les études consacrées á ees réseaux d'influence, l'attention s'est surtout fixée sur le sommet de la pyiamide, en postulant un enchainement logique avec des reíais basiques, comme par exemple les corps de vüle, sans qu'une analyse precise ne vienne en décriie les ' C. PETU-DUTAHIIS., Les communesfrangaises,París, 1947, H>. 180-245, 272-285. R. MOUSNIER., Les institutions de la France sous la monarchie absolue, 1598-1789, París, t. 1, R). 437-463. E. LE ROY LADURIE (dir.)., Histoire de la France urbaine, t. 3: la ville classique, de la Renaissance aux Révolutions, París, 1981, pp. 164-168. M. BORDES., L'administration provinciale et municipale en France au XVUIe siécle, París, 1972, ch. 9. ^ Pour míe mise au point historíographiqíie sur le sujet, voir G. SAUPIN., Tes coips de vüle dans la France modeme. Tendances historiographiques recentes", Bulletin de la SHMC, 3-4 (2000) pp. 123-135. J. MEYER e JJ. POUSSOU., Etudes sur les villesfranfoises,milieu du XVIIe siécle á la veille de la Révolutionfran- (oise. París, 1995, pp. 301-309, 350-354. II existe ainsi une diflBírence sensible entre le jugement a b n ^ de J. Meyer dans la premiére édition (1984) et l'appréciation phis nuancée de J J . Poussou dans la seconde. Le méme décalage existe entre les aiticles "échevins" et "maires" dans J. F. BLUCHE (ed.)., Dictionnaire du Grand Siécle, París, 1990, pp. 519, 939; et la présentation hesacovp phis fine tédigée par P. GUIGNET., dans la ruhríque "mme^aütés" dans L. BELY (ed.)., Dictionnaire de l'Ancien Régime, París, 1996, pp. 861-867. ' N. BULST et J. Ph. GENET (eds.).. La ville, la bourgeoisie et la genése de l'Etat modeme (XUe-XVIDe siécles), Paiis, 1988. J. Ph. GENET et G. LOTTES (eds.)., L'Etat modeme et les élites, XÜLe-XVIIIe siécles. Apports et limites de la méthode prosopogrcq>hique, París, 1996. W. REINHARD (dir.).. Les élites du pou- voir et la construction de l'Etat en Europe, París, 1996. * Y. DURAND (ed.)., diénteles etftdélités en Europe á l'époque modeme. Hommage á Roland Mousnier, París, 1981. S. KETTERING., Patrons, Brokers and Clients in Seventeenth-Century France, New Yoik- OxfOTd, 1986. N. BULST, R. DESCIMON y A. GUERREAU (eds.)., L'Etat ou le Roi. Lesfondations de la modemité monarchique en France pOVe-XUIe siécles), París, 1996. R. DESCIMON, J-F. SCHAUB e V. VINCENT (eds.).. Lesfiguresde l'administrateur. Institutions, réseaux, pouvoirs en Espagne, en France et au Portugal, XVIe-XDCe siécles, París, 1997. 149

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Seleção régia dos membros do poder municipal na França.

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LA SELECnONROYALE DES MEMBRES DES CORPS DE VILLE EN FRANGE AU XVnESffiCLE:UNE NOUVELLE LECTURE. GuySaupin Universidad de Nantes Danslediscoursfaistoiiogr^hiqueclassique',laprogressiondel'absolutisinedansla monarchie fran9aise du XVIIesicle s'est logiquement traduite par une ltiactondel'auto-nomieurbaine,aussibiendanslagestinadministrativequedanslerenouvellementdes corps de ville. Les reprsentants directs du roi, gouvemeurs pxiis intendants, ont t Tinstru-ment de cette mise en tuteUe progranune de l'lite urbaine, au m^risdes anciens privilges urbains. Depuis dix ans, une inflexinde la recherche &an9aise sur le pouvoir urbain a ce-pendant pennisde nuancer cette lecture. Les discussions issues des programmes de recher-che sur la gense de ^ t a tmodeme^ ont souJign la place essentielle des rseaux de clientle dans ce processus politique, en pvilgiantle role des hensentre les individuset les Ugna-ges dans l'mergenced'unsystmeadministratifet en invitant confrerplusd'importance au relationnel entre les serviteurs du roi qu' une logique bureaucratique d'un appare d'Etat. Dans ce schma, l'originalit ran9aise viendrait du glissement progressif de la prminence d'un systmecUentlaire de type aristocratique, htier en paitie du fodalisme, celle d'un clientUsme ministriel, support du dveloppement des officesroyaux et des contrats passs avec tous les traitants'*. Dans cette redistbution des rapports de forc, le XVIIe sicle parait bien tre la phase de transition majeure. Dans les tudes consacres ees rseaux d'influence,l'attentions'est surtout fixe sur le sommetdelapyiamide,enpostulantunenchainementlogiqueavecdesreaisbasiques, comme parexempleles corpsde vle, sansqu'une analyse precise ne vienneen dcriieles 'C. PETU-DUTAHIIS., Les communes frangaises, Pars,1947, H>.180-245, 272-285. R. MOUSNIER., Les institutionsde la France sous la monarchie absolue,1598-1789,Pars, t.1, R ) .437-463. E. LE ROY LADURIE (dir.)., Histoire de la France urbaine, t. 3: l aville classique, de la Renaissance aux Rvolutions, Pars,1981, pp.164-168. M. BORDES., L'administration provincialeet municipale en France au XVUIe sicle, Pars, 1972, ch. 9. ^ Pour me mise au point historographiqie sur le sujet, voir G. SAUPIN., Tescoips de vle dans la France modeme. Tendances historiographiques recentes", Bulletin de la SHMC, 3-4 (2000) pp. 123-135. J. MEYER e JJ. POUSSOU., Etudes sur les villes franfoises, milieu du XVIIe sicle la veille de la Rvolutionfran-(oise. Pars, 1995, pp. 301-309, 350-354. II existe ainsi une diflBrence sensible entre le jugement a bn^de J. Meyer dans la premire dition (1984) et l'apprciation phis nuance de JJ. Poussou dans la seconde. Le mme dcalageexiste entre les aiticles"chevins" et "maires" dans J. F. BLUCHE (ed.)., Dictionnaire du Grand Sicle, Pars,1990, pp. 519, 939; et la prsentation hesacovp phis fine tdige par P. GUIGNET., dans la ruhrque"mme^ats"dans L.BELY (ed.)., Dictionnairede l'AncienRgime,Pars,1996, pp. 861-867. ' N. BULST et J. Ph. GENET (eds.).. La ville,la bourgeoisie et la gense de l'Etat modeme (XUe-XVIDe sicles), Paiis, 1988. J. Ph. GENET et G. LOTTES (eds.)., L'Etat modeme et les lites, XLe-XVIIIe sicles. Apports et limites de la mthode prosopogrcq>hique,Pars, 1996. W. REINHARD (dir.).. Les lites du pou-voir et la construction de l'Etat en Europe, Pars, 1996. * Y. DURAND (ed.)., dintelesetftdlits en Europe l'poque modeme. Hommage Roland Mousnier, Pars,1981.S.KETTERING., Patrons,Brokersand Clientsin Seventeenth-Century France,New Yoik-OxfOTd, 1986. N. BULST, R. DESCIMON y A. GUERREAU (eds.)., L'Etat ou le Roi. Lesfondations de la modemit monarchique en France pOVe-XUIe sicles), Pars,1996. R. DESCIMON, J-F. SCHAUB e V. VINCENT (eds.).. Les figures de l'administrateur. Institutions, rseaux, pouvoirs en Espagne, en France et au Portugal, XVIe-XDCe sicles, Pars, 1997. 149 mcanismes. Cette question miite pourtant une vive attentionS. L'tude des conditions de l'tablissementducontroleroyalsurlerenouvellementdes membresdel'chevinagede Nantes au XVIIe sicle* se dfinit ainsi conune un eflfort pour commencer rduire ce dfi-cit. A partir des spciQcits nantaises, mises en relief dans une con:q)araison avec guelques autres sites, parait profitabled'insister, non seulementsur la diversit de la vie poMque -an9aiseauGtandsicle, maissurtoiitsur une ncessairerevisindela mthode^ et du questionnement^le plus souvent utiliss jusqu'ici pour traiterde cet anantissementdes li-bertes urbaines, spcialement de ce pouvoirsocial de l'oligarchie dirigeante autogrer sa reproduction. 1.Le cadre politique: de la logique absolutiste au rsped desfranchises urbaines Au XVne sicle, en traitant chaqu ville individuellement selon la conjoncture politique, en dehors de toute mesure gnraUse et systmatique inscrite dans un dit royal ou dans un article d'une ordonnance, la monarchie an9aise inqrase progressivement aux commimauts urbaines, pour le renouvellement du corps de ville, le principe de la foumiture de trois noms pour un poste, la nomination finale devenant le monopole de l'Etat royal. S' est possible de remonter une ordonnance de Saint Louis de 1256 pour trouver mention de cette prtention, cette procdure ne s'est dveloppe que fortlentement au XVIe sicle, dans la logique du premier age de l'absolutsme, avant de connatre une forte impulsin sous Henri IV, mme si cehii-ci a prtendu prolonger une poUtique largement gnralise avant hii'. La restauration de l'Etat et la rgulation de ses rapports avec les corps et communauts, dcptbs la grande crise politiqueentraine parlesguerresciviles et religieuses, ont naturellementrepresent une of^ortunittres favorable pour l'tablissementde ce controle royaL Par la suite, toutes les cites ont d entrer dans ce nouveau rgime, le calender s'tirant cependant jusqu'au mieu du XVme sicle. Cet exercice du pouvoir royal, conficoncrtement au secrtariat d'Etat ayant la ville sous son autoritselon la divisin du royaume, tait en ralit assur par l'hommedu roi 'A.FlNLEY-CR OSSWHrrE.,HemyIV andtheTowns.The PursuitofLegitimacyin FrenchUrbanSoci-ety,1589-1610,Cambridge,1999. Cet oiivrage a le mrite des'attaquer cette question,en dfidantde queleroiHenriIVn'a pu passer d'une lgitmit juridique unelgitmitpolitiquequ'en obtenantleral-liementdesessujets,et tcnit spcialementdesvillesliguoises.Pour ce&ire,l'action descuntelesloyalis-tes, tofifesdes lallis partir de1594, s'est rvle essentielleau sein d'une stratgie globale de rconcUia-tionautour dutrne,dansunedmarcheempiriqaes''adaptant touteslesspcificitslocales.C.GIRY-DELOISONeR .METTAM(eds.) ., Patronagesetdientlismes1550-1750granee,Angleterre,Espagne, Iteie), LUle m- Institut franjis du R oyaume-Uni,s.d. ^G.SAUFW.,NantesauXVnesicle.Vie politiqueet sociturbame.1598-1720,Rsmes,1996. ^ Trop souvent, lestudessecontentent de mettre en avant les exen^lesdeconfUtsans les leplacer au sein d'une peseglobale. Ainsi, des accidents peuventaisment passer pour la regle genrale, &ussant largement l'analysehistorique. L'affirmationdu princq>e deccmtrle royal, conforme l'idologieabsolutisterevendi-que, nesetraduit pasfcncmentpar uneinterventionbrutaledu pouvoircentral,dansla ngationdu jeu politique et social entre les diverses CQnqx>santes de roligarchie urbaine. L'analyse des conditions qui prva-lentpourl'obtentiond'accal govenunent in Toulouse, 1500-1789", in P. BENEDICT (ed.)., Cities and Social Change in Earfy Modem France, London, 1989, pp. 206-211. 156 Les deuxdeniires guerresdu rgnede Louis XIV, qui voient la crise fnancireattein-dre son paroxysme, entrainentde grandes pertuibations dans la vie potique urbaine dans la mesure o les expdients fiscaux ne connaissent plus aucune limite. Quand les charges mu-nicipales ne sont pas tiansfoimesofficiellementen officesvnaux, eUes le sontofficieuse-mentcommelesgnaleBasvilleaucontrleurgeneraldans unelettredu16 octobre 1711: "nnerestephisquequelquesplacesdisponibles,lesautresayanttvenduespourpayer plusieuisaf&iresextraordinaires". En1714, au retour dela paix, les Annales deToulouse clbrent le retour "aux lois fondamentalesde la Ville". La tutelle des couisde justice tant mal siq)porte, le cq)itoulat parvient,en1723, a faireglisser son profitle privge de r-duction24dtenu parlesnchaletleviguier.L'intendantBemage,successeurde Bas-ville depuis1713, rappeUedansunmmoirequ'ona reprochees deuxofBciersroyaux "d'avoirvendules placesdecapitouls,etquece motifd'intrtest undeceuxqui lesfait principalementagir d'autantplus qu'ils ont presque toujourspretenda qu'on devrait leur d-frerchaquannetroischaperons.C'estenquoiilsfontconsisterleprincipalattrbutde leurs charges...". Lademireallusionpermetdemieuxcon^rendrecommentimpersonnageaussi puis-santquel'intendantdeLanguedoc,commissaireroyaldontl'autoritpolitiqueparaitin-conteste,peserellementdanslerenouvellementducapitoulattoulousain34.Consider comme la pice cntrale du dispositif, il est assailli de recommandations qui proviennent de princesdusang, commeladuchessede Bourbonou le duc etla duchessedu Maine, de la haute noblessedecourcommele ducde Noailles^^ oule marchalde Villeroy,en posture equivalentedansleLyonnais,ou encorede ministrescommele comted'Argenson. Cette multipUcit de parrainages clientUstes oblige les commissaires royaux grer avec habilet la rpartitionde leurs bienfaitspour ne pas risquer de froisser durablement de teUes person-natsquipeuventiofluersurleurcarrire. Cette primaut reconnuen'entrainepasla dis-qualication des autres influences, mme la fin du rgne de Louis XTV. Ainsi Toulouse,la nominationaucapitoulatsembleavoirt partageentrequelques puissances locales, nest admis que l'archevque, le premier prsident du parlement, le sn-chal etle viguierdsposentchacund'une place, ce qui laissela moitides postesentre les mainsde l'intendantquidoit satisfaireunou deux Gb:ands et rsister la pressiondu prsi-dial. Derrireuneinotressionde dominationincontestese profileainsi unesituationphis difficequitransformeplusl'hommeduroienrgulateurdeladistnbutiondelafaveur royale parmi lesautotslocales et les grandes famlespresentes la cour qu'endmiurge de l'absolutisme triomphant. Lorsquelesrichessesarchivistiquesnouslivrentdeprcieuxtmoignagesdesacteurs, leur regardintrieurnous permet d'atteindrela coiiq)lexitdu jeu instabledes rseauxd'in-fluenceauseinmmederogarehieurbaine.TelestlecaspourAurillac, petitevilledu Cantal, a la fin du rgnede Louis XIV^'. Au sein d'une lite pourtant rduite, cinqgroupes "R.SICARD. L'admmistrationcapitulairesous l'Ancien Rgime. Toulouseet sescepitoulssous la R-gence, Thse de droit, Toulouse, 1952, pp. 9-24. AdriaiMaurice(1678-1766),gouvemeurdu Roussillonen1698, prsidentduconseildes finances de 1715 1718, tait le fils d'Anne Mes(1650-1708), maichal de France, gouvemeur du Languedoc depuis 1682, et le neveu du clebre cardinal de Noailles (1651-1729), archevque de Paris, piotecteur des jansnis-tes jusqu'en 1728. *Marc Rene de Voyer (1652-1721), lieutenant general de poUce Paris (1687-1718), garde des sceaux et psident du conseil des finances de 1718 1720. C.GRIMMER.,Vivre Aurillac auXyiIJesicle,A\iriaac,1983. Un manuscritanonyme, intitul "Anua-les de la ville", rdig par un notable membre du clan Passefons, dcrit par le men toutes les tractatirais qui prvalent lors de l'lectiHi au consulat AI). Cantal, 101, fol. 5. 157 depressionsemblentenmesuredeplacerdesprotegesauconsulat.Identisparleur chef'^, le plus souvent oflScier de justice, leur solidaiit releve avant tout de Uens personnels issus de la prente et de l'amiti, en dehors de tout clivage socio-professionnel puisque cha-qu part rassemble des juges, des avocats, des procureurs, des mdecins, des marchands et des bourgeois rentiers. Comme aucun de ees lobbies n'est assez puissant pour s'in^oser, des alliances sont concilles dont la portee ne dpasse gure trois ou quatre ans. Cette grande instabilit place l'intendant en position de mdiateur, non point parce qu'il i n^sesa tutelle de l'extrieur, mais parce qu'il est constamment sollicit pour arbitrer les conflits de personnes, parfois assis sur des diffrendsgestionnaires^*. En offiantun recours et en assurant une bonne rotation des responsabilits, il rassemble les diSrentes composan-tes de l'lite urbaine autour d'une autorit monarchique idalise comme quitable dans sa fonction redistbutive d'autorit et dlionneur. En rgulant la comptition des ambitions lo-cales, le conunissaire royal ne dtruit pas le jeu sodalqui anime l'oUgarcbie uibaine, mais garantitsonequilibreenreconnaissantsuccessivementles miitesde teloutellignage. Dans le cadre d'un loyalisme mbain assur, les quelques rejets de l'expression lectorale s-gnales s'interpretentplutt comme des corrections la marge, sorte de rappels de regle du jeu adresss des familles emportes par la comptition, et non pas comme l'e^qiression d'un pouvoir administratif centralisateur niant tout role rgulateur au jeu social au sein des struc-tures municipales. 4.La viepolitigue nantaise: les conditions de la cortcertation. La vie politque nantaise du XVIIe scle permet de mieux saisir les conditions dans les-queUes se noue une concertation paisible entre une oligarchie urbaineet le pouvoir royal. Pour la dsignation des maires, il existe un accord parfait entre l'expression des Nantais et le choix royal dans 58 cas sur les 83 analysables dans la priode1598-1720. Les dsaccords (20 exemples) sont plus assinlables des ententes partielles qu' des conflits puisqu'U s'agit le plus souvent d'un simple cfaangement d'ordre dans la slection prsente, aboutissant pour le plus grand nombre des oublis un simple dcalage tenqrarel de succs''^. Une nomina-tion hors liste, viitable desaven de l'autorgulation, ne se rencontre que dnq fois dont deux paraissent plus lies im manque de comprhension de la volont royale qu' ime sanction poMque de la monarchie'*'. Seules les dcisions de 1599 et 1641 correspondent rellement a ^L'auteur distingueles parts de Passenms(noble renter ?) , du ptsidentd'Aiches,du procureur du loiau presidia]Cambefort,du prvdtLacairireetdel'ofiQcialJacquetLemanusciitutlisedestennescomme hommes de, adhrents, amis, camarades, et des e:qiressionscomme l e sconsuls stmt faits pai...". "C. GRIMMER.,op.cit,H>.76-79. ^G.SAUPIN., op.cit, K>. 103-106. '*' En1608,HenriIVi n ^s ela prolongationdu maiieMichelLorot,snchaldeslgares(tribunalsei-gaeurial del'vque)alors que le corps politquehii prosait trois nouveaux noms. II s'agit du seulligueur dont le loiait acei t sur le poste de maire qui a t reserv auxfemillesdu part loyaliste duiant la grande crisede1589-1598.Lemonaique,rassursur la restauraton desonautoritenBretagne,entendainsiac-(xmspr tm gestesymbolique pour confinnerson q ^ l la rconciliatonau sein de l'oligarchie urbaine. En 1616, Maiiede Mdics &it de mme au profitde Fierre Bemard, prsident aux coiqtBS. Le climat d'incer-titudelilapartic>atonduducdeVend&aae,rebatardduroi,gouvemeurdeBretagae,auxprises d'aimesdesGiands, poussela regente s'assurer du controlede la viUeens'q>puyantsur des mles la loyautprouve.LesBemardsontintmementliesauxHarouys,unedesdeux&millessymbolisantle neuxla rsistance la Liguede15891598. Lecorps politquenantais nesemble pas avoir encor com-aisla prfrencedu pouvoir royal pour un maintien eachaige pendant deux ans. En1719, le maire en place est prolongpour tme quatri^eanne,sinq>lement parcequeleconseilde rgencedoitse prononcersur une reformelectorale demande par l'oligarchie nantaise. Une mauvaise artculaton entre pouvoiis provin-158 une vive ractond'un autoritarisme irrit*^. Pour les promotions Tchevinage, la concerta-tion semble encor plus aise puisque la monarchie ne choisit jamis hors slecton nantaise et que lesdsignationsexcluant totalement les deux premiissuf&agsne repisententque 29%de l'ensemble. Reste definirsi l'entente cordiale ainsi rvle, formede continuation de laculturepoMquehritedel'poquedes"bonnes viUes"^^ relevesurtoutde ngocia-tions oprant en amont ou en aval de l'lectioa L'existencede pratiques renvoyant une politique de candidature ofQciellen'est pas ai-se dmontrer fautede documentation. Les registres de dlibration sont quasiment muets sur ce sujet.lis fontsin^lementtat de la convocation armuelle du giand bureau, o les an-ciens mairesetchevinsviennentse joindreaux magistratsen fonctionafnde proceder l'ajustementdes listesd'ligibles,Quelques procs-verbauxmontrent que les dcisions sont toujoursprises la pluralitdes voix'*^. Seule unecrise survenue en1686 permetd'clairer partieUementles platiques usuelles, au-del des ractions contradictoires*^. Le maire, qui se reclamedumarquisdeMolac,gouvemeurdevle,prtendtreendroitdefeireinserir directement un candidatsur la liste prsente au corps electoral, ce que rutent les chevins quiontfaitappelauConseildu roiqui,aprs enquteconfieau premierprsidentdela chambre des concites, a donn raison aux protestataires. La prtenton du maire, bienq u ' ^ puye par le gouvemeur, a suffsammantscandas les chevins et les lecteurs pour que les seconds aient recus parleurssuf&agesle protege pendantque les premierssoUicitaientet obtenaient un atbitrage royal en leur faveur. Cescirconstancestendent montrerque le parrainageoflBciel, dont l'existenceest vrai-semblablemmesilesillustrationsnous manquent,s'est contentd'oprerdanslerespect formeldes regles habituelles de cooptation. Les discussions pralables entre l'intendant Fer-randetsonsubdeleguen1715 montrentque lesdonnesn'ontpas t modiQes^. Alors qu'il penchepour unecandidatured'unofficierdes comptes pourle postede maire, en re-poussant celle du snchai, la tadeslectionne par le corps electoral retent dans l'ordie le snchalCharette,lengociantJoachimDescazaux,etleprocureurduroiauprsidial BoussineaiL Cette voluton est pour le moins signe d'une intense ngociation. La correspondanceentre le marchalde La Meilleraye, parent du cardinal de Richelieu, lieutenant general en Bretagne et gouvemeur des ville et comt de Nantes de1632 1664, et lesecrtaiiatd'Etatauxaf i r estrangresquidisposaitdela Bretagnedanssondparte-ciaux et centraux a &it que des lections se sont tenues inutilement. *En1599, Henri IV in^wseson candidat Gabriel Hus, trsorier des tats de Bretagne, bien qu'il n'ait past retenu par les lecteursquiontsouhait maintenir le maire sortant. Charles de Harouys, pisidentdu fwsi-dial, pour unesecondeanne.Lesdeuxsontdesfigureseminentesdu partloyaliste pendant la Ligue.La divergencepmtedonesur la vitessede rotation des rcon:q)enses des famillesfidles.En1641, LouisXin imposeleprsidentauxConptesC3iristortantede snchalde1587 a1740 et en qjparaissantpiso-diquement,selonlesbranches,auparlementetlachambredesconstesdeBretagne.II s'agit de la plxis puissante dynastie municipale nantaise de tout l'Ancien Rgime, qui finit par rejoindrel'oppositionjansnisteetnobiliairebretonneauXVmesicle.LesHarouysont donn quatre maires a la viUe de1572 1627, tout en occiq>ant des officesmajeurstels que snchal,prsidentduprsidial,prsidentauxcomptes,conseillerauparlement,cequia men le troisime maire l'intendancede Chanq)agne au moment du vritable lancement de cette nouvellestructure parRichelieuen1635. CeMqui formel'apprciationde Molacen 1665 n'estautrequeGuillaumeHarouys, trsoerdes tatsde Bretagne,l'amideMadame de Svign, la ci de vote de tout le systeme financier bretn, ce qui le met en Uaison avec d'impoTtantsrseauxdetraitantstravaillantaveclecontrolegeneral,avantquesagestin hasardeuse ne le mne la &illite et la Bastille en 1687. Les recommandationsdu gouvemeursont pourtant parfois bouscules pard'autiesinter-ventions phisefficaces.En1672, le premierchevin install n'est pas le sieur Bcot, mde-cin, pourtant soutenu, mais l'avocat Nicols Libault, neveu du tres inqrartant marchand Gra-tien Libault, maire rlu pour unsecond mandat. D &ut noter que llieureux vainqueuravait t placeen tSte de liste parle corpselectoral. Un scnaiioidentiquese lejoueen1675 o l'acte prpai par lesecrtaiiatd'Etatdonne le poste de maire au prsidentaux comptes S-bastiende Pontual,filsdu mairede1657 1659, alorsquele maire finalement nommse Aichives des AE&iies trangies, Mmoiies et documents France, 1508, fok. 315-316. i6o Irouve tre le snchal Louis Charette de la Gascherie, le meleur suf&agaux lectons. La conjoncturede crise politique lie la rvolte des Bonnets rouges en Bietagne, aboutissant l'exilduparlementdeRennesVannes,acertainementjouunroledanslamesiueo Louis XIV a sans doute recherch la garantie d'un lignage clebre pour son loyalisme. Qui peutcourt-circuiterle gouvemeur? Un parallle avec une autre afiairede naturedif-frentepeutfournirunclairagesurlesprotecteuisencon^jtiton.Pourladsignation commedputdutiersauxtatsde Bretagnede1697, Julien Proust, mairede Nantespar officedepuis1693, affirontelesnchalet prsidentdu prsidial Louis Cliarettede la Gas-cherie, maireen1675, soutenu parle princede Conti. La correspondancedusecrtairedu comte de Toulouse, fils naturellegitimde Louis XIV, tout nouveaugouvemeurde Breta-gne, mais en rsidence permanente a la cour de Versailles, revele que Tafifairese traite entre ce grandprince,le marchald'Estres, nommcommandanten chef provincialetgouver-neurdesvleetcomtdeNantes,le marquisdeSvign,lieutenantgeneralauditcomt, maisaussil'vqiiedeNantes,fevorableProust'**.Siladecisinai^artientToulouse, l'intervention dcisive, en faveurdu maire, parait avoir t celle du marchal d'Estres. Ainsi, lecontroleroyal, trop aismentassimil une ngationdesliberteslocalesdans une visin historienne prime dfinissantla progression de l'absolutismecomme une saisie autoritairedes institutions uifoainessubie et rprouve par Toligarchie urbaine, prend plutt figurede ptoc