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Février > Cinq questions pour comprendre la crise belge. Les comptes de l’Etat ne sont pas si mauvais. Kim sourit, Justine pleure. Le monde arabe s’embrase LEFTERIS PITARAKIS/AP TOUTE L’ACTUALITÉ VUE PAR “LA LIBRE” (!4BD64F-gababg!:L;L

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LALIBR

EMEN

SUELLE

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Cinq questions pourcomprendre la crise belge.Les comptes de l’Etat ne sontpas si mauvais.Kim sourit, Justine pleure.

Le mondeLe mondearabearabes’embrase

LEFTERIS PITARAKIS/AP

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LBM_COVER02 29/12/10 14:35 Page 1

Février 2011 - La Libre Mensuelle 3

OUVERTUREBen Ali a compris, il est partiUPP. 4-6

Chronologie d’une révolutionUP. 7

Ben Ali, au doigt et à l’oeilUPP. 8-9

Nuits blanches de KabariaUPP. 10-11

Un hiver à La GouletteUP. 12

“Les dirigeants arabes ont peur”UP. 13

“Y a-t-il une menace islamisteen Egypte?”UPP. 14-17

PLANÈTE

L’origine de l’Univers, acte IIUPP. 20-21

Incidents nucléaires: le poidsdu facteur humainUPP. 22-23

Les nouveaux colons de l’AmazonieUPP. 24-27

BELGIQUE

La révolution “moules-frites”UPP. 30-33

Cinq questions pour comprendrela crise politiqueUPP. 34-37

Les politologues prédisent “l’aprèsVande Lanotte”UPP. 38-39

Affaire Wim De Troy: le juged’instruction a-t-il trop de pouvoirs?UPP. 40-43

Aider les futurs parents aprèsun diagnostic de trisomie 21UPP. 44-45

INTERNATIONAL

Haïti: un an après le tremblementde terre, pourquoi le pays reste-t-ildans le chaos?UPP. 54-59

Tibet: au bout de la route,la Belgique UPP. 60-63

La Belgique condamnée pourl’expulsion d’un Afghan en Grèce

UPP. 64-67

ECONOMIE

Les comptes de l’Etat ne sont pas simauvaisUPP. 70-73

Standard&Poors:“Un gouvernement ne suffit pas”U PP. 74-77

Propriétaire, l’inacessible rêveUPP. 78-79

Renault, victime d’espionnageindustrielUPP. 80-83

SPORTS

Justine Henin tire sa révérence,définitivementUPP. 85-87

Australian Open: Kim ClijstersimpérialeUPP. 88-89

CULTURE

Lubna Azabal, tout feu, toutfemme UPP. 90-93

Tom Lanoye enfin traduiten FrançaisUPP. 94-95

Jean Dutourd, le bon sens et le motd’espritUPP. 96-97

Vice-président du CA et du CP: Patrice le HodeyAdministrateur délégué-éditeur responsable: François le HodeyDirecteur général: Denis PierrardRédacteur en chef: Vincent SlitsRédacteur en chef adjoint: Pierre-François LovensRédaction: 02.211.28.11Abonnements: 02.744.44.44

Courriel: [email protected] Libre Mensuelle :Jean-Paul Duchâteau (responsable éditorial du mensuel),Hugues Feron (coordination), Jean-Pierre Lambert(conception graphique), Etienne Scholasse et Johanna deTessières (iconographie) et tous les membres de la rédactionde La Libre Belgique.

OLIVIERPIRA

RD

L’heure de la révolution “moules-fri-tes” a sonné en Belgique...

Ouverture | Tunisie

4 La Libre Mensuelle - Février 2011 Février 2011 - La Libre Mensuelle 5

lÉdito

Départs, espoirs

Gilles Milecan

L a pression de la rue tunisienne a eu raisondu président Ben Ali. La population égyp­tienne, elle compte les jours d’Hosni

Moubarak. Les “gestes d’apaisement” ne suffi­sent plus à reporter l’échéance. Les peurs sontremisées au placard. La détermination brave lescouvre­feux. Elle convainc la troupe de lalégitimité des aspirations. Lesmassacres ontété évités, même si plusieurs centaines de viesont été perdues dans les premiers jours desoulèvement.Cible principale d’une contestation entaméepour desmotifs économiques, le “dictateur­élu” Ben Ali, qui incarnait lemal­être tunisien,a quitté le pays. Son homologue égyptien émetle souhait de terminer sa vie dans son pays.Une exigence qu’il peut sans doute s’autoriser.Elle pourrait faire partie du “deal” au prixduquel les Etats­Unis tentent demaintenir lastabilité dans la région. Lâché par ses amisd’hier, Ben Ali régnait sur un paradis touristi­que comme il s’en reproduit aux quatre coinsde pays défavorisésmais ensoleillés. Moubarak,lui, détient plusieurs clés du Proche­Orient. Lecanal de Suez en est unemais il est négligeableen comparaison de la paix conclue avec Israëlen 1979. Cet accord résiste aux conflits impli­quant l’Etat hébreux depuis lors. Il contientaussi l’assurance d’une rente de plus d’unmilliard de dollars versés par les Etats­Unis àl’Egypte, dont 800millions sous forme d’aidemilitaire. Unmontant dont tiendra comptetout gouvernement avant de “désobéir” à sondonateur.La fuite de Ben Ali offre une chance à la Tunisiede devenir une vraie démocratie. Mais lesdifficultés économiques, l’absence d’emplois, lacherté de la vie demeurent, appelent de pro­fondes et rapides réformes. En Egypte aussi.HosniMoubarak ne peut être l’homme duchangement. Qu’il négocie son retrait est com­préhensible. Mais il ne peut pas tarder car iln’est plus en position de force.

Ben Ali a compris, il est parti

Z ine el Abidine Ben Ali n’est plus le présidentde la République tunisienne. Après 23 ansd’un pouvoir autocratique et autoritaire, il a

finalement cédé à la pression de la rue à peine unmois après le début des émeutes. Il a quitté le pays,vendredi 14 en début de soirée, au terme d’unejournée riche en rebondissements.

Après sa promesse faite la veille de quitter le pou­voir en 2014, à l’issue de son cinquième mandat, lePrésident a commencé vendredi par limoger songouvernement. Et, conformément à ce qu’il avaitlaissé entendre jeudi soir dans sa troisième allocu­tion depuis le début de ce mouvement de contesta­tion sans précédent en Tunisie, il a ensuite annoncéla tenue d’élections législatives anticipées dans sixmois. Puis, le Président a étendu le couvre­feu, dé­crété mercredi pour le Grand Tunis, à l’ensembledu pays. Et il a finalement proclamé l’état d’urgencepour “protéger les citoyens tunisiens”. “Cet état d’ur­gence signifie que les rassemblements de plus de troispersonnes sont interdits, que les armes seront utiliséespar les forces de l’ordre lorsqu’un suspect refuserad’obtempérer et, troisièmement, qu’un couvre­feu seraen vigueur de 17h à 7h pour une durée indéterminée”,a­t­on déclaré à l’antenne. En début de soirée, onapprenait que l’armée contrôlait l’aéroport et quel’espace aérien était fermé.

Tranchant avec les mesures d’apaisement prési­dentielles annoncées la veille, ces tours de vis sécu­ritaires donnés vendredi ont, d’une certaine ma­nière, masqué la fuite du dictateur qui a tenu la Tu­nisie d’une poigne de fer depuis 1987. Le Premierministre Mohamed Ghannouchi, 69 ans, assureral’intérim de la présidence. “Conformément à l’arti­cle 56 de la Constitution, j’assume à partir de cet instantla charge de président par intérim”, a déclaré

CHRISTOPHE ENA/AP

Des opposants au président Zine el Abidine Ben Ali manifestent à Tunis, le 14 janvier, le jour de la fuite du dictateur,qui a finalement trouvé refuge en Arabie Saoudite.

P Le président tunisiena quitté le pays au terme d’une journéeriche en rebondissements.

P Une fuite à son image,minutieusement orchestrée.

Février 2011 - La Libre Mensuelle 5

Ben Ali a compris, il est parti

CHRISTOPHE ENA/AP

Des opposants au président Zine el Abidine Ben Ali manifestent à Tunis, le 14 janvier, le jour de la fuite du dictateur,qui a finalement trouvé refuge en Arabie Saoudite.

Ouverture | Tunisie

6 La Libre Mensuelle - Février 2011 Février 2011 - La Libre Mensuelle 7

Épinglé

Chronologie d’une révolution‣ 17 décembre 2010 Mohamed Bouazizi, marchand ambu-lant âgé de 26 ans, s’immole par le feu devant un bâtimentadministratif de Sidi Bouzid (centre) pour protester contre laconfiscation de samarchandise de fruits et légumes.‣ 19 décembre Les manifestations de Sidi Bouzid prennentde l’ampleur et la police fait usage de gaz lacrymogène.‣ 24 décembre Le mouvement gagne Bouziane, 240 km ausud de Tunis, où un manifestant, Mohamed Ammari, est tuéd’une balle dans la poitrine lorsque la police ouvre le feu.‣ 27 décembre Unmillier de jeunes diplômés au chômagemanifestent à Tunis et sont dispersés à coups de matraques.‣ 5 janvier 2011 Décès du marchand Mohamed Bouazizi.‣ 6 janvier Plusieurs milliers d’avocats se mettent en grèvepour dénoncer la répression policière.‣ 9 janvier Les autorités font état de 14 morts après lesaffrontements de la veille entre manifestants et forces del’ordre à Thala, à Kasserine et à Regueb.‣ 10 janvier Le président Ben Ali intervient pour la 2e fois àla télévision – la première a eu lieu le 28 décembre– etdénonce à nouveau des “actes terroristes” qu’il impute à“des éléments étrangers”.‣ 11 janvier Les violences gagnent la banlieue de Tunis.‣ 12 janvier Le chef de l’Etat limoge le ministre de l’Inté-rieur, Rafik Belhaj Kacem. Un couvre-feu est décrété dans lacapitale et sa banlieue.‣ 13 janvier Le président annonce à la télévision qu’il nebriguera pas de nouveau mandat en 2014.‣ 14 janvier Le chef de l’Etat annonce le limogeage dugouvernement et la tenue d’élections législatives anticipéesdans les six mois. L’état d’urgence est décrété dans tout lepays. Ben Ali quitte le pays après 23 ans de pouvoir.‣ 17 janvier Mohammed Ghannouchi, Premier ministre duprésident tunisien déchu, a annoncé la formation d’un gou-vernement d’union nationale jusqu’aux prochaines élections.‣ 18 janvier Les démissions de trois ministres syndicalistesfragilisent le gouvernement d’union nationale. Le présidenttunisien par intérim, FouedMebazaa, et le Premier ministre,Mohammed Ghannouchi, ont également démissionné duRCD, le parti du président déchu.‣ 20 janvier Les pays européens sont tombés d’accord sur leprincipe d’un gel des avoirs du clan Ben Ali.‣ 26 janvier Interpol a indiqué que son bureau de Tunis a émisune alertemondiale en vue d’obtenir la localisation et l’arresta-tion de l’ancien président tunisien et de six de ses proches.‣ 27 janvier Le gouvernement d’union nationale subit unprofond remaniement. Les ministres labellisés RCD en sontévincés, à l’exception de deux titulaires de porte-feuilles“techniques” et du Premier ministre Ghannouchi.

M. Ghannouchi dans le palais présidentiel deCarthage. La population, elle, célèbre sa victoireainsi que la mémoire des quelque 70 personnesdécédées durant ce mouvement de contesta­tion du régime.

Vendredi matin, la pression populaire avait re­commencé à se faire sentir. Après certaines ma­nifestations de liesse populaire ayant suivi jeudisoir le nouveau discours du Président, la popula­tion est redescendue en masse dans les rues deTunis. Quelque dix mille personnes ont défilé àl’occasion de la grève générale déclenchée par leseul syndicat reconnu, l’Union générale tuni­sienne du travail (UGTT) dans la région du GrandTunis. Débordant les cordons de sécurité, cinqmille manifestants sont même parvenus à se ras­sembler devant le ministère de l’Intérieur, situéavenue Habib Bourguiba. Une première dans lesannales tunisiennes… Tenue à bonne distancepar un dispositif d’ordre renforcé, la foule abrandi des slogans éloquents demandant la dé­mission immédiate du Président. On pouvait no­tamment lire “Ben Ali dégage”, “Ben Ali, mercimais ça suffit”, “Ben Ali, va­t’en !, “Ben Ali, assas­sin”.

Emboîtant le pas aux manifestants, les princi­paux partis d’opposition tunisiens, légauxcomme interdits, ont également demandé “le dé­part de Ben Ali et l’instauration d’un gouvernementprovisoire chargé dans les six mois d’organiser desélections libres”, dans une déclaration communepubliée à Paris. Parmi les partis et associations si­gnataires figurent le CPR (Congrès pour la répu­blique) de Moncef Marzouki, le Parti commu­niste ouvrier tunisien (PCOT, illégal), le mouve­ment islamiste modéré Ennahda, le Comité pourle respect des libertés et des droits de l’hommeen Tunisie, mais aussi le Parti démocratique pro­gressiste (PDP), formation légale mais sans siège.

C’est évidemment l’heure pour ces forma­tions politiques, longtemps maintenues dansl’ombre d’un parti présidentiel tout puissant,de jouer leurs cartes en vue d’établir un nou­veau gouvernement transitoire, chargé d’orga­niser les prochaines élections et de jeter les ba­ses d’un nouveau système politique, au servicede l’idéal démocratique.

L’avion de Ben Ali, dont on a d’abord penséqu’il avait pris la direction de la France –mais lePrésident Sarkozy lui a interdit l’accès au terri­toire– a finalement atterri à Jeddah, en ArabieSaoudite.Vincent Braun (LLB 15 janvier) CH

RISTOP

HEEN

A/AP

Un portrait de Ben Ali déchiré dans le centre de Tunis,peu après sa fuite en Arabie.

Février 2011 - La Libre Mensuelle 7

CHRISTOP

HEEN

A/AP

Un portrait de Ben Ali déchiré dans le centre de Tunis,peu après sa fuite en Arabie.