la bataille de tchernobyl

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La bataille de Tchernobyl Par Jean-Louis Duhénois (cet article a été rédigé le 22 Avril 2006 par l’auteur) Le film évoqué dans cet article peut être visualisé sur Internet, http://www.dailymotion.com/video/x6xbsg_la-bataille-de-tchernobyl-15_news Nuit du 26 Avril 1986, 1H23. J’avais 20 ans depuis huit jours et presque douze heures… Le réacteur numéro 4 de la centrale de Tchernobyl venait d’exploser. Et je dormais. A l’époque, je me souviens très bien avoir eu la désagréable sensation que l’information était floue. Très très floue. Retard sur l’annonce de l’explosion. Puis flou sur son origine, sur sa vraie nature, sur son ampleur. Le nom de Tchernobyl émergea du néant pour devenir familier. Le reste n’émergea pas et ne devint pas familier. Ah si, une chose cependant: tout était sous contrôle et il n’y avait aucun danger. 20 ans plus tard, nous commençons à peine à avoir les moyens de mieux comprendre. Mais le veut-on vraiment ? La France n’est-elle pas le leader mondial de l’industrie nucléaire. Trompettes.

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La batailledeTchernobyl

Par Jean-Louis Duhénois (cet article a été rédigé le 22 Avril 2006 par l’auteur)

Le film évoqué dans cet article peut être visualisé sur Internet, http://www.dailymotion.com/video/x6xbsg_la-bataille-de-tchernobyl-15_news

Nuit du 26 Avril 1986, 1H23.

J’avais 20 ans depuis huit jours et presque douze heures…Le réacteur numéro 4 de la centrale de Tchernobyl venait d’exploser. Et je dormais.

A l’époque, je me souviens très bien avoir eu la désagréable sensation que l’information était floue. Très très floue. Retard sur l’annonce de l’explosion. Puis flou sur son origine, sur sa vraie nature, sur son ampleur. Le nom de Tchernobyl émergea du néant pour devenir familier. Le reste n’émergea pas et ne devint pas familier. Ah si, une chose cependant: tout était sous contrôle et il n’y avait aucun danger. 20 ans plus tard, nous commençons à peine à avoir les moyens de mieux comprendre. Mais le veut-on vraiment ? La France n’est-elle pas le leader mondial de l’industrie nucléaire. Trompettes.

A l’époque, pour mieux comprendre ce qui ne se disait pas, j’ai dû passer, pour un temps et délibérément, dans le camp de l’ennemi, celui des fanatiques du lobby nucléaire. Les fanatiques ne sont pas tous religieux. Ils peuvent être scientifiques, ou technocrates, ou les deux. En adhérent à la SFEN, la Société Française à l’Energie Nucléaire, je ne savais pas à quel point je rentrais dans une secte scientifique de promotion du nucléaire. Mais au moins allais-je comprendre, en ayant la possibilité de visiter des centrales et d’avoir accès à des documents explicatifs de cette technologie, à quel point ce qui s’était passé à Tchernobyl n’était sans doute pas aussi insignifiant que cela. Cette compréhension reste à faire pour la majorité des français.

Ce 21 avril 2006, à l’occasion du triste vingtième anniversaire de cet accident, France 3 joua son rôle de service public en diffusant un récent documentaire (2005) intitulé La bataille de

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Tchernobyl. France 3 aurait pu encore plus jouer son rôle en le diffusant à 21h00, heure de grande écoute, et non 23h00, l’heure où les enfants dorment, et pas mal de parents aussi. Mais il est vrai que ces 90 minutes ne laissent pas de marbre, et que le sommeil en est ensuite perturbé, tant ce récit, ces images d’archives incroyables enfin révélées, vous remuent les méninges et le reste. Derrière ce mot, Tchernobyl, il eut une bataille, une vraie bataille, avec comme toutes les batailles, de (très) nombreuses victimes innocentes, incrédules, et aussi de (très) nombreux sacrifiés, incrédules, que l’on appelle parfois des héros. Mais ces héros là furent des héros du désastre nucléaire, et donc, par la force des choses, ne purent en être vraiment pour pouvoir recevoir notre reconnaissance. Ils restèrent des sacrifiés anonymes et invisibles, invisibles à l’image de ce qu’est désormais le nucléaire dans nos sociétés. Le nucléaire, mon bon monsieur, est autant la science de l’atome que l’art du faux-semblant, de la langue de bois voire du silence. Chut. Les citoyens dorment… De toute façon, qui pourrait montrer du doigt un des 60 réacteurs de l’hexagone (à part les riverains et les employés  ?). Alors, de là à comprendre ce qu’il y a à l’intérieur ! Qu’on se le dise, le nucléaire est une affaire de spécialistes.

Mais au fait, que n’avez-vous pas su sur Tchernobyl?En vrac…

Mikhaïl Gorbatchev explique comment le lobby scientifique nucléaire russe ne diffusa pas les informations sur la gravité de la situation à la centrale, au point qu’il dût par la suite missionner le KGB pour obtenir des infos en direct. Gorbatchev est, depuis ce drame, devenu l’un des plus farouches opposants au nucléaire. Résultat, ce n’est que trois jours après l’explosion que les suédois détectent une anomalie de radioactivité au-dessus de leur territoire, sans en connaître l’origine. A Pripyat, ville de 45 000 habitants située à 3 kilomètres de la centrale, pendant deux jours, la vie continue, comme si de rien n’était, alors que les compteurs Geiger des techniciens crépitent à tout va, et que les films tournés alors montrent d’étranges flashs lumineux… qui ne sont que l’impact des rayonnements sur la pellicule. Au bout de trois jours, l’ordre est enfin donné d’évacuer tous les civils. Pour beaucoup, ce sera trop tard.

A l’issue de l’explosion, un jet de particules hautement radioactives est projeté dans les airs à une altitude de plus de 2000 mètres au droit du réacteur. On estime la radioactivité totale émise par l’accident de Tchernobyl à 200 fois celle d’Hiroshima… Une personne de la centrale décrira un feu incroyable, avec des couleurs qu’il n’avait encore jamais vues. Ajoutant, presque surpris par sa phrase: c’était très « beau ». Les pompiers sont d’abord appelés sur les lieux en pensant qu’il s’agit d’un banal incendie. De ces trente pompiers initiaux, 27 mourront dans les trois semaines suivantes. Il faut lire le début de La supplication de Svetlana Alexievitch, pour comprendre COMMENT ils mourront. Certaines images du film y aident bien aussi, à défaut de susciter une douce nuit. Ces 27 morts originels resteront pendant près de vingt ans les seules victimes officielles de l’accident de Tchernobyl…

Et puis ce qui caractérise Tchernobyl, et le nucléaire en général, c’est l’invisibilité de l’ennemi. Tchernobyl, une bataille ou l’ennemi est partout, ultra-dangereux, mais ne se montre jamais. Au point que les soldats, les civils, et même les scientifiques, se comportent

Les premiers intervenants périrent dans les semaines qui suivirent, dévorés par la radioactivité…

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souvent comme s’il N’ETAIT PAS là. Erreur mortelle. Alors on voit des tas de gens fanfaronner, ne pas comprendre pourquoi on finit par les évacuer (certains resteront, et y resteront). So far, so good ?

Au cœur du réacteur détruit, des centaines de tonnes de matériau radioactif, et un magma rougeoyant à plus de… 3000°C. En hélicoptère, à 200 m au dessus de la bouche de ce volcan radioactif construit par les humains, la température atteint 120°C… Quant à la radioactivité, elle est telle que les appareils des photographes finissent par ne plus fonctionner, que les pellicules sont brûlées par les rayonnements. Des quelques reporters autorisés par le pouvoir à couvrir ces faits, un seul a survécu, et témoigne.

Mais ce que nous n’avons, à ma connaissance, jamais su, c’est à quel point l’Europe est passée à côté d’une catastrophe incommensurablement plus importante encore. Pour tenter de calmer le feu de ce volcan, des hélicoptères larguent des tonnes de sels de bore ainsi que des lingots et des billes de plomb sur le brasier. En fondant, ces matériaux forment une croûte et colmatent les brèches, absorbant une partie de la radioactivité. On bricole, on bricole beaucoup, énormément, car la situation est claire : jamais l’humanité n’a été en face d’un tel scénario. Pire, jamais les spécialistes et promoteurs du nucléaire n’ont envisagé de plan dans un tel scénario, puisqu’un tel scénario était « impossible ». Alors on bricole. Pendant ce temps, en France, le SCPRI (Service Central de Protection contre les Rayonnements Ionisants) et plus précisément son directeur, un autre « grand expert » du nucléaire, répète en boucle dans les médias : tout est sous contrôle, il n’y a aucun danger. Certaines cartes de radioactivité seront truquées pour rassurer les foules incrédules. Monsieur pèlerin, votre langue de bois mensongère fut tellement haïssable que vous ne méritez même pas que je mette une majuscule à votre nom. Place désormais à votre procès (qui s’ouvre ces jours-ci) et à celui des institutions que vous serviez. Il n’est jamais trop tard pour payer ses fautes quand en outre celles-ci furent criminelles…

Mais le danger révélé par ce film est celui d’une possible super-explosion qui est alors redoutée par les spécialistes. L’eau utilisée initialement (et de manière inappropriée) par les pompiers s’est écoulée dans des salles sous le magma. Or, celui-ci et ses 3000°C fait fondre tout simplement le béton de la dalle qui supportait le réacteur. Si le magma perce la dalle et rentre en contact avec ce stock d’eau, alors une nouvelle explosion bien plus puissante que la première enverra dans l’atmosphère une quantité gigantesque de radio-éléments. Le mécanisme explosif est le même que dans certains volcans dits phréato-magmatiques. Un spécialiste déclare que si ceci s’était produit, la totalité de l’Europe serait devenue une zone INVIVABLE…Rien que cela.

Alors la bataille dont nous, français, avons tout ignoré va se poursuivre, et les sacrifiés vont se succéder. Un premier bataillon de sacrifiés va aller pomper cette eau sous le monstre. Mais la crainte reste entière : non refroidi, le magma va continuer à s’enfoncer dans le sol (ce qu’on appelait alors dans les médias sans rien y comprendre d’ailleurs le « syndrôme chinois »), et la nappe phréatique sera atteinte. Alors il faut refroidir. 10 000 mineurs soviétiques vont être envoyés au front. Leur mission : creuser de toute urgence une galerie souterraine de 150 mètres de long, à la pioche, à la pelle, et au wagonnet, par 50°C, dans une ambiance hautement radioactive et sans protection. Le but : aménager sous le réacteur une cavité de trente mètre par trente pour y installer un système de refroidissement. Le documentaire montre ces hommes-fourmis mener cette lutte héroïque contre le temps, se relayant toutes les heures, 24 heures sur 24, pendant un mois et demi. Autour deux, l’ennemi invisible les transperce, mais ils ne s’en rendront compte que plus tard. Pour l’instant, la vodka aide à

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tenir, la solde aide à se motiver. Finalement, le système initialement planifié de refroidissement sera abandonné, à la place, on y coulera une énorme dalle de béton qui finira par arrêter la course du cœur en fusion. L’explosion tant redoutée n’aura pas eu lieu. Qu’en avons-nous su, de tout cela ?

Une fois que le foyer fut à peu près maîtrisé (ce qui pour le cas présent est une expression très relative, on le comprendra), les ruines du réacteur, exposées aux quatre vents et à la pluie continuaient à dégager leur souffle mortel. En outre, des quantités considérables de radioéléments avaient été déposées sur des dizaines de milliers d’hectares alentours, sur les maisons, les forêts, les cultures… Commença alors ce que les soviétiques appelèrent d’un terme sibyllin : la liquidation. Objectif : tenter de fixer ou de retirer le poison mortel et invisible, par tous les moyens. Là encore le bricolage a régné en maître. Mais que faire d’autre  ? Au total, on estime qu’entre 800 000 et un million de ces liquidateurs s’affairèrent (et furent sacrifiés) autour du monstre éventré, exposés aux radiations avec des protections allant du convenable au rien du tout… Des bataillons entiers lavèrent les sols, les bâtiments des villes et des villages… et les eaux de lavage ruisselèrent et contaminèrent les nappes. D’autres battirent la campagne pour tuer toute la faune qui se présentait, afin de (tenter de) limiter les transferts de contamination vers d’autres zones. Les hélicoptères déversèrent des milliers de tonnes d’une étrange mélasse sensée coller au sol les dangereuses particules. Et puis, on enterra, on enterra beaucoup. On enterra… la terre ! Ne réglant rien au passage, il faut le préciser, les écosystèmes étant des milieux ouverts qui sont en échange permanent avec ce qui les entoure. Mais on s’activa. Frénétiquement, telle une multitude de fourmis après qu’un pied maladroit a écrasé une fourmilière.

Et puis, un beau jour, apparut sur nos écrans le fameux sarcophage de Tchernobyl. Tombeau gigantesque. Les Egyptiens enterraient leurs pharaons dans les pyramides, nous tentons d’enterrer nos erreurs dans un sarcophage. Enterrer pour ne pas se faire enterrer dans le cas présent. Comment est-il miraculeusement advenu ? Là encore, les images enfin montrées laissent pantois

Autour du bâtiment réacteur, zone hautement contaminée, on racla plus de 200 000 tonnes de terre que l’on… enterra dans de gigantesques fosses ! Mais la question la plus ardue devint : comment mettre en cage un monstre que l’on ne peut approcher, sous peine d’irradiation mortelle ? La construction d’un sarcophage fut décidée en hâte, restait juste à le réaliser. Le documentaire décrit comment cela se passa. Les engins de chantiers et les grues furent artisanalement recouverts de plaques de plomb pour tenter de protéger leurs occupants. On voit dans le film un de ces conducteurs approcher un bulldozer des ruines puis s’enfuir au plus vite comme face à un dragon invisible. Dans les endroits les plus proches du cœur, 45 petites secondes d’exposition furent considérées comme le maximum supportable par l’organisme sans conséquences mortelles.

On voit donc dans ce documentaire comment ce sarcophage fut érigé, et les images sont stupéfiantes. Il fallut d’abord retirer des toits des bâtiments annexes les débris hautement

Un bataillon de « liquidateurs» à Pripyat : le nucléaire, l’énergie du futur ?

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radioactifs qui y avaient été projetés. Des robots y furent dépêchés, mais très vite, on s’aperçut qu’ils tombaient en panne et chutaient dans le vide, machines devenues incontrôlables : leur cartes électroniques étaient détruites par les radiations. Ce que ces cartes n’avaient pas supporté, les organismes des liquidateurs allaient s’y exposer. Les « bio-robots » comme on les appela firent le travail. La veille, ils confectionnaient avec des plaques de plomb qu’on leur donnait une armure artisanale d’une trentaine de kilos. Ces chevaliers des temps dits modernes passaient ensuite à l’action. Par groupe de huit, 4000 de ces « chevaliers bio-robots » allèrent donc nettoyer le toit à coup de pelles : deux pelletées chacun au maximum à chaque fois, puis place aux suivants. Ces fourmis humaines firent parfois 7 ou 8 rotations dans la journée, et ces 16 pelletées les exténuaient comme si les grammes pesaient des tonnes. La radioactivité rongeait leur organisme, mais selon les scientifiques qui encadraient le travail, tout était sous contrôle. Pas de danger. Aujourd’hui encore, le mystère plane sur le taux de décès et de maladie de ces liquidateurs.

Le sarcophage fut érigé en huit mois. Aujourd’hui, il est en piteux état et l’eau y pénètre par les fissures du toit. Un nouveau sarcophage est en projet. Pendant ce temps, des réacteurs du même type que celui de Tchernobyl sont toujours en activité. Chose incroyable, les autres réacteurs de la centrale de Tcherbobyl continuèrent à être exploités jusqu’en 2000, et on peut imaginer les doses de radioactivité que les personnels subirent jusqu’à cette date. Quant aux matériels de nettoyage de cette gigantesque opération, eux-aussi ultracontaminés, ils gisent dans des cimetières étonnants, carcasses rouillantes exposées à la pluie.

Le documentaire montre bien d’autres choses, entre autres comment les chiffres des victimes potentielles furent véritablement négociées et minorées lors de la conférence de Vienne qui réunit les experts internationaux quelques mois après la catastrophe. La France, leader mondial du nucléaire, y pesa de tout son poids pour que l’ampleur de la catastrophe soit la plus contenue possible… dans les esprits des citoyens s’entend. Aujourd’hui encore, l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (l’AIEA) ne communique que sur un chiffre officiel de 4000 morts (tout de même plus élevé que les 30 victimes officielles d’origine…).

Mais où est la réalité ? Des 800 000 liquidateurs, qu’est-il advenu ? Quid de la santé des millions de personnes résidant encore aujourd’hui dans des zones contaminées. Les effets à long terme (maladies de tous types, malformation des enfants, etc.) ne commencent qu’à se

Le cimetière du matériel de la liquidation : radioactif et toujours exposé aux quatre vents…

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L’accident vu par les yeux d’un enfant de Tchernobyl…

Chaque petit point rouge est une centrale. Dans chaque centrale, plusieurs réacteurs…

manifester et à être évoqués, sans qu’un souci pressant de suivi ne se manifeste du côté des autorités. Mais qui y aurait intérêt, il est vrai ?

Chez nous, avec la centrale du Blayais, on est passé tout près d’un accident majeur lors de la grande tempête de 1999. Depuis, EDF a dû revoir ses normes liées aux risques d’inondations, en cas de crues ou d’évènements météorologiques centennaux. Avec le nucléaire, le risque est tellement important qu’une seule fois peut-être la « bonne », c'est-à-dire la mauvaise ! Le risque d’attentat est balayé d’un revers de main, alors que Greenpeace a déjà posé un ULM sur le toit d’une centrale nucléaire pour démontrer les failles du système. Fessenheim n’est qu’à quelques encablures de l’aéroport de Bâle-Mulhouse, un détournement d’avion ne laisserait que quelques minutes pour détruire cet avion avant qu’il ne s’écrase sur la centrale… dont le bâtiment réacteur est dimensionné (comme les autres) pour résister à la chute d’un CESSNA. Pendant ce temps, la France relance son projet de super réacteur EPR, à la puissance doublée, et à la sécurité « encore renforcée » ! Il y a 58 réacteurs en activité sur le territoire français, et plus de 500 dans le monde…

Les enfants de Tchernobyl : cancers et malformations, combien sont-ils ? Aucun

suivi sérieux n’a été mis en place…

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Toutes les photos et illustrations de cet article sont tirées du site http://www.progettohumus.it/chernobyl.php?name=dintoalbum

Note aux lectrices et lecteurs de cet article   :

J’ai décidé de remettre en ligne cet article que j'avais rédigé le 22 avril 2006, lendemain de la diffusion par France 3, pour la célébration du 20ème anniversaire de l'accident, du documentaire réalisé en 2005 intitulé La Bataille de Tchernobyl. De larges extraits de ce documentaire ont d’ailleurs été rediffusés ce Jeudi soir 17 mars 2011 dans l’émission Envoyé Spécial consacrée à la catastrophe japonaise.

J'avais en 2006 souhaité écrire cet article car comme je l'explique dans le texte, j'avais été très marqué par l'évènement à l'époque (je venais d'avoir 20 ans), mais j’avais aussi été intrigué par l'absence d'information sérieuse (et accessible) pendant et après cette catastrophe. La découverte par la suite de la REALITE qui s'était déroulée sur place avant, pendant et après l'accident avait été un second choc pour moi, y compris au visionnage de ce film.

Avec l’accident de Fukushima, je crains qu'il n'y ait dans ce qui y est décrit et dans le documentaire sur lequel il s'appuie (que je vous engage à voir si ce n'est déjà fait, même s'il peut choquer les personnes qui "ne sauraient pas du tout") des éléments qui pourraient connaître, malheureusement, une certaine actualité de nouveau. Je vois un peu partout sur les forums des personnes en quête d’information pour tenter de comprendre  « ce qui se passe » ou « ce qui pourrait se passer ». Tchernobyl est prononcé de nouveau mais pour beaucoup (je pense aussi aux moins de 25 ou 30 ans), en réalité, Tchernobyl, c’est quoi ?

Même si la technologie des réacteurs n’est pas identique à Fukushima, même si les circonstances ne sont pas les mêmes, un réacteur qui se détériore induit une problématique assez basique, avec des « solutions », au fond, non moins basiques à défaut d’êtres simples bien évidemment à mettre en œuvre. On commence a en avoir un avant goût dans les images diffusées à la télévision.

C’est peut-être même d’ailleurs ce paradoxe qui est le plus choquant : tant de « high tech » devant être « sauvée » par tant de bricolages, de souffrances humaines, d’horreur, de sacrifices… Le nucléaire est une technologie de guerre et de militaires à l’origine et avant tout, mais aussi après tout, lorsqu’il ne reste « plus que ça à faire ».

La seule grosse différence, c'est que cette fois, on saura sans doute beaucoup plus vite. On saura sans doute plus vite aussi quels mensonges sont commis. C'est déjà, en soi, une bonne nouvelle pour l'avenir: car savoir "éclairer nos lumières" sur ce sujet est essentiel, si je puis me permettre ce mauvais jeu de mots.

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Je voulais ajouter que cet article est AUSSI un texte à la mémoire des "liquidateurs" dont j’ai ignoré longtemps le travail car on ne nous l’a pas expliqué, situation que tente de réparer le documentaire. En le republiant je pense qu'en ce moment même, des personnes sont en train de mourir dans les locaux de cette centrale infernale. J'ai entendu ces derniers jours prononcée l'expression de "dose toxique, voire de dose HEROIQUE"... On n'est plus dans le domaine de la science et de la technologie, mais effectivement dans celui du roman, du sacrifice, de l'indicible.

Mais bien sûr, comme il s'agit d'une véritable guerre qu'il va falloir mener (d'où le titre du documentaire), les fantassins qui seront les victimes ne seront pas les généraux et décideurs qui eux continueront de répéter, pétri de leur suffisance confortable: faites nous confiance, nous savons ce qui est bon pour vous. Comme dans les vraies guerres.

La filière nucléaire ne peut cacher longtemps son origine militaire, car dans bien des cas, les premiers réacteurs civils furent aussi et avant tout construits parce que la Nation devait fabriquer "la bombe", et avait donc besoin de plutonium...

Le secret défense est une culture, presque un art de vivre...

Cet article est une modeste contribution pour tenter de lever le voile.